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Romain Lefebvre

Suis-je ce que j’ai conscience d’être ?

C’est Descartes qui posera la première affirmation qui relancera au 17eme siècle la réflexion sur la
conscience des philosophes. C’est le “cogito ergo sum” : “je pense, donc je suis”. Celle-ci est la
conscience directe, c’est-à-dire le fait d’être conscience que je parle au même moment où je parle,
et ne nécessite aucune réflexion. Mais, de ce fait, je ne sais pas vraiment qui je suis, c’est-à-dire
que je sais seulement que je suis. Mais, qui suis-je alors ? Quelle est ma nature, mon essence ?
Selon lui, je suis une chose qui pense, l’acte même de penser, une substance pensante au final.
Ce terme rapporte au fait que j’ai été créé par Dieu, que mon existence est tributaire de Dieu. Pour
exister, j’ai donc besoin de lui, qu’il me donne quelque chose, un intérieur, qui me permet par la
suite de penser (je pense donc j’existe) : c’est l’âme. Connaître l’existence de cette âme est déjà
en quelque sorte avoir conscience de ce que je suis, même si cette connaissance est mineure,
trop mineure à vrai dire.
C’est pour ça que Kant lui cherchera le “je transcendantal”. C’est au final un je “pur”, qui
correspond à notre être au plus profond de lui-même. Il correspond au centre de la roue d’un
véhicule quand celle-ci tourne : c’est un point immobile, intemporel et qui ne changera jamais. Le
moi empirique constituerait donc le reste de la roue, au final la grande majorité, qui se définirait par
ce qui me caractérise au niveau de la conscience médiate, tout ce qui se passe dans l’instantané
et qui me caractérise dans l’instantané. C’est ce qui constituerait ce que j’ai, et qui ferait donc du
“moi”, ce que j’ai. Je sais ce que j’ai, or tout ce qui gravite autour est changeant, temporel, et ne
permet pas de manière évidente une réponse à “qui suis-je”, car je serais un être changeant de
part le changement de ce que j’ai. De découvrir quel est ce “je transcendantal” serait alors pour
quiconque permettrait de savoir qui il est. C’est la seule réponse à la question de “qui suis-je”.
Puisque la conscience serait ainsi la clé de la réponse, c’est elle qui construirait la personne que je
suis et qui nous donnerait la perception distincte de “qui suis-je”. Elle aurait un rôle d’architecte.
Sartre, lui, avance “je ne suis que ce que je veux être”, et ainsi signifie que la conscience construit
qui je suis. Je suis encore plus facilement qui j’ai conscience d’être, en plus d’en être libre de
choix.
Je suis de ces manières ce que j’ai conscience d’être, à condition d’arriver à effectuer les deux
précédentes tâches, ce qui revient à l’épreuve entière d’une vie que peu arrivent à atteindre. Car il
s’agirait de douter de tout (exercer le doute philosophique), pour savoir si ça reviendrait à une
conséquence de la conscience médiate ou à la conscience réellement réfléchie, qui s’inscrirait
dans la conscience réfléchie. C’est ce que fait Descartes dans les Méditations Métaphysiques : il
est conduit à opposer la conscience d’être spontanément avant sa réflexion, à ce qu’il est vraiment
au terme de sa réflexion.
C’est ce même “je transcendantal” qui résout les problèmes des réflexions de Marx à propos de la
conscience, car il ne serait lui pas influencé par les classes sociales à l’instar du moi empirique.

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