Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
ISDI
-------
Avertissement :
Introduction :
Section I – Le vol
Paragraphe 2. La répression
Paragraphe 2. – La répression
Section 3. L’Escroquerie
Paragraphe 2. La répression
Section 1- Le faux
I. Un écrit
2. Le faux intellectuel
III. Le préjudice
A. Préjudice matériel
B. Préjudice moral
A. Notion
B. Les pénalités
B. Ecriture privée
C. Les pénalités
C. La répression
Section 2- L’usage de faux
I. L’élément légal
A. Un acte d’usage
B. Un support falsifié
C. Le préjudice
Paragraphe 2. La répression
II. La complicité
I. L’élément matériel
A. La négociation
B. La participation à la négociation
Paragraphe 3. La répression
I. L’élément matériel
1. La notion d’inventaire
2. La notion de fraude
Paragraphe 2. La répression
I. L’élément matériel
1. La publication
2. La présentation
B. Le support du mensonge
C. Le contenu du mensonge
A. Le dol général
B. Le dol spécial
Paragraphe 2. La répression
II. Tentative
III. La complicité
IV. La prescription
A. La notion d'usage
B. Le contenu de l’usage
2. L’usage du crédit
2. Le bénéficiaire de l'usage
II. La complicité
III. Le recel
I. L’élément matériel
Paragraphe 2. La répression
I. L’élément matériel
A. La condition préalable
B. La non-révélation
Paragraphe 2. La répression
I. L’élément matériel
Paragraphe 2. La répression
II. La prescription
A. Premier cas :
B. Deuxième cas
2. Le mobile
C. Troisième cas
D. Quatrième cas
E. Cinquième cas
II. La répression
1. Premier cas
2. Deuxième cas
a) le détournement
b) la dissipation
3. Troisième cas
4. Quatrième cas
5. Cinquième cas
6. Sixième cas
1. Premier cas
2. Deuxième cas
II. La répression
Chapitre 2- L’usure
I. La convention usuraire
A. Le contrat de prêt
B. Les conventions assimilées au prêt
Section 2- La répression
I. Paiements en cours
I. La peine principale
II. La prescription
2. Les alertes
Ce cours de Droit Pénal des Affaires (DPA) qui s’intitule à votre niveau Master
professionnel - Cycle III universitaire, le Pénal dans l’entreprise, a été conçu
dans le souci de donner aux juristes une vision d’ensemble de la matière, à la
lumière des textes du droit pénal togolais en l'occurrence le droit pénal issu de
la loi N° 80-1 du 13 août 1980 instituant le code pénal récemment abrogé par la
loi N° 2015-010 du 24 novembre 2015 dont certaines dispositions sont
toujours en vigueur et demeurent toujours applicables en vertu des règles de la
rétroactivité de la loi pénale plus douce (rétroactivité in mitius, article 12 du
nouveau code pénal), le nouveau code pénal issu de la loi N° 2015-010 du 24
novembre 2015 susmentionné, du droit pénal français et du droit harmonisé
africain dit de l’OHADA issu du traité du 17 octobre 1993 révisé le 17 octobre
2008 à Québec (Canada) relatif à l'harmonisation du droit des affaires en
Afrique et ses actes uniformes, actes pris par le législateur OHADA dans le
cadre de l'adoption de règles communes dans les disciplines liées au droit des
affaires.
Il est notable que ces infractions ont été déjà étudiées dans le cadre du cours
de Droit pénal spécial ou même du droit pénal des affaires dispensé durant les
années antérieures ou dans les cycles antérieurs. A ce titre, il n'est plus apparu
opportun de reprendre de manière exhaustive, l'étude de ces infractions de
droit commun dans le cadre présent cours même si elles seront abordées.
Concrètement, seule une fenêtre sera tout de même ouverte sur ces
infractions. A ce titre, les questions et autres interrogations sur leurs éléments
constitutifs, leur régime de répression, leur sens, leur portée ainsi que sur
l'état de la jurisprudence en droit comparé seront les bienvenues.
Pour l’essentiel, il sera opéré une sélection dans le lot des qualifications
pénales intéressant cette vaste matière pour ne retenir en définitive que les
plus essentielles dans la vie des affaires, soit en raison de leur importance
numérique, soit en raison de leur actualité.
INTRODUCTION
Le droit pénal des affaires, c'est l'étude de tout ce qui touche au pénal dans les
affaires. Qui dit affaires, dit entreprise, entreprise individuelle ou entreprises
sociétaires. C'est pourquoi ce cours s'intitule : « Le pénal dans l'entreprise ».
Le droit pénal des affaires est né avec la loi française du 17 juillet 1865
incriminant et pénalisant la distribution de dividendes fictifs dans les sociétés
en commandite par actions. L’affaire Stavisky a été à l’origine de la
promulgation du Décret-loi du 08 août 1935 sur la répression de l’abus de biens
sociaux. Après la seconde guerre, les ordonnances du 30 juin 1945 relatives à la
réglementation des prix et aux infractions à la législation économique, ont
marqué le développement du droit pénal économique. La pénalisation est
inhérente à l’interventionnisme économique de l’Etat.
Le droit pénal est ainsi devenu le mode de régulation des marchés par le droit.
Le Droit des affaires, le droit des marchés publics, le droit social et même le
droit administratif etc., tous passent par là.
A travers ce cours, il est procédé à l'étude des incriminations commises par des
personnes physiques, la plus part du temps au cours de leur vie
professionnelle.
AUX AFFAIRES
BIENS
Section 1. Le Vol
Paragraphe 1. Définition
Aux termes de l'article 411 du code pénal togolais : « Le vol est la soustraction
frauduleuse de la chose d'autrui ». Le vol peut être simple, aggravé et même
devenir crime si il a été commis avec deux au moins de circonstances
aggravantes définies aux articles 416 et 417 du nouveau code pénal.
- Élément légal
- Élément matériel
- Élément moral
ELEMENT LEGAL :
Comme toute infraction, le vol nécessite un élément légal pour qu’il puisse être
constitué. Il s’agit de son incorporation dans un texte d’incrimination, qui décrit
un comportement répréhensible et prévoit une peine pénale.
Pour le vol, le texte de base qui prévoit cette infraction, est l'article 411 du
nouveau code pénal Togolais. Ce texte définit et encadre ce délit. Il s’agit d’un
délit également en raison de certaines circonstances peut être aggravé voire
devenir un crime.
ELEMENT MATERIEL :
Les tribunaux qui condamnent des prévenus pour vol doivent relever
l’existence de l’élément matériel
1- une soustraction
3 - la propriété d’autrui
- L’acte de soustraction:
- soustraire c’est enlever, retirer quelque chose à quelqu’un contre son gré, ce
qui implique, pour l’obtenir : une contrainte pouvant aller jusqu’à la violence,
où un acte matériel commis à l’insu du détendeur, dans le but d’entraîner un
transfert de possession.
Définition de la chose :
Le vol ne peut avoir pour objet qu’une chose susceptible d’être soustraite et
d’être appropriée.
Dans le nouveau code pénal du Togo, le vol simple est puni d'une peine allant
d'un (01) an à trois (03) ans d'emprisonnement et d'une amende de cent mille
(100.000) à trois millions (3 000 000) FCFA ou de l'une de ces deux peines
conformément aux dispositions des articles 414 et 415 du nouveau code pénal.
Mais lorsque le vol est commis avec deux au moins des circonstances
aggravantes visées aux articles 416 et 417 du nouveau code pénal, le coupable
encourt une peine de réclusion criminelle allant de cinq (05) à dix (10) ans.
Dans ce cas de figure, le vol passe de délit au crime.
- utilise les services obtenus au moyen des délits visés aux points 1 et 2 ci-
dessus ;
Enfin le dernier alinéa de l'article 413 réprime toute personne qui soustrait
frauduleusement les infrastructures de télécommunications ou
communications électroniques.
IMMUNITES :
1- Aux termes des dispositions des articles 427 et 428 du nouveau code pénal
au Togo, il n’y a pas de vol :
- entre époux
Paragraphe 1. Définition
L'abus de confiance est défini par les dispositions de l'article 429 du nouveau
code pénal.
- ayant obtenu un crédit d'un organisme de crédit public ou privé, en aura fait
un usage autre que celui déclaré ou n'aura pas été en mesure de justifier la
conformité de l'emploi à l'usage initialement convenu ;
. aura dissimulé les poursuites et saisies diligentées par un autre créancier sur
ce bien ;
L'article 429 du nouveau code pénal permet d'identifier les principaux éléments
constitutifs de l'infraction d'abus de confiance.
1 - Elément légal
Source légale : les articles 429 et 430 du nouveau code pénal servent de base
légale à cette infraction.
2 - Elément matériel
- Un détournement préjudiciable
Aux termes des dispositions de l’article 429 du nouveau code pénal Togolais,
l’abus de confiance s’entend du détournement d’un objet qui n’a été remis
qu’à charge de restitution ou d’un usage déterminé.
Les textes précisent que les choses ont été remises et acceptées « à charge de
les rendre, de les restituer, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé
».
- Billets ;
- Quittances ;
Détourner c’est donner à la chose une destination qui n’était pas celle prévue.
Exp : vendre une chose, c’est se comporter en propriétaire, tandis que le titre
de possession n’était que celui d’un mandataire, ou d’un locataire par exp.
Enfin qu’il s’agisse de détournement ou dissipation, dans les deux cas le délit
résulte de ce que l’agent se comporte en maître de la chose et s’attribue vis-à-
vis d’elle un pouvoir juridique qui ne lui appartient pas.
III- le préjudice :
L’abus de confiance étant défini par la loi comme étant le fait de détourner «
au préjudice d’autrui » donc il faut qu’il y’ait préjudice effectif. Cette notion est
très vague ce qui laisse au juge tout pouvoir aux fins de déterminer la nature du
préjudice (matériel ou moral).
ELEMENT MORAL :
Toute personne coupable du délit d'abus de confiance est punie d'une peine
d'emprisonnement d'un an à trois (03) ans d'emprisonnement et d'une amende
d'un million (1.000 000) FCFA à trois millions (3.000.000) FCFA ou de l'une de
ces deux peines seulement en application des dispositions de l'article 432 du
nouveau code pénal.
Circonstances aggravantes :
Quant à l'article 433 du nouveau code pénal, il dispose que si l'abus est commis
par un professionnel dans l'exercice de sa profession, il est puni d'une peine
d'emprisonnement d'un (01) à cinq (05) ans et d'une amende d'un million
(1.000.000) FCFA à cinq millions (5.000.000) FCFA de francs CFA.
L'article 435 du nouveau code pénal vise l'abus de confiance commis par les
administrateurs, le gérant d'une société ou d'une entreprise commerciale ou
industrielle. Dans ce dernier également les peines prévues aux articles 433,
434 sont applicables.
Aux termes des dispositions de l'art 549 du Code Pénal Français : Si l’acte est
commis soit par un séquestre désigné par la justice pour assurer la garde d’un
bien qui est l’objet d’un procès ou d’une voie d’exécution saisie, d’un curateur,
une personne chargée d’assister une personne majeure placée sous tutelle
(aliéné, prodigue), d’un administrateur judiciaire (société en cas de
redressement le tribunal désigne une personne qui sera chargée de
l’administration de la société jusqu’à la fin de la procédure).
L'article 436 du nouveau code pénal renvoie aux dispositions des articles 427 et
428 s'agissant du régime des immunités familiales.
Paragraphe 1. Définition
L'article 448 du nouveau code pénal défini l'infraction comme « le fait, soit par
l'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité, soit par l'abus d'une qualité
vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne
physique ou morale et de la déterminer ainsi à son préjudice ou au préjudice
d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir
un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge ».
Les articles 449, 450, 451 apportent des éléments complémentaires sur
l'emploi de moyens frauduleux.
Paragraphe II - Les éléments constitutifs
1 - Elément légal :
Texte d’incrimination :
2 - Elément matériel
- Le Lien de causalité
Emploi de moyens frauduleux : Les articles 448, 449, 450 et 451 du nouveau
code pénal donne la liste de tout un éventail de moyens frauduleux. Il s'agit la
plupart du temps de l'usage de manœuvres frauduleuses destinées à abuser de
la crédulité d'autrui.
Le nouveau texte pointe du doigt l'usage d'un faux nom, d'une fausse qualité,
l'abus d'une qualité vraie, emploi de manœuvres frauduleuses, manœuvres de
tromperie, affirmation mensongère, production d'écrits faux, intervention de
tiers, orchestration d'une mise en scène etc....
Remise de la chose :
Il s’agit de biens pouvant faire l’objet de la remise : des fonds, des moyens
financiers et non des fonds immobiliers ou fonds de commerce subi par la
victime directe de l’escroquerie, mais aussi par un tiers.
3 - Elément moral
Paragraphe 3. – La répression
Dans le nouveau code pénal Togolais, aux termes des dispositions de l'article
452 du nouveau code pénal, toute personne coupable d'escroquerie est punie
d’une peine d'emprisonnement d'un (01) à trois (03) ans et d'une amende d'un
million à trois (3000 000) millions francs CFA d'amende ou de l'une de ces deux
peines.
Si donc une confiance aussi grande devrait être apportée à l’écrit, dans la
société en général et le monde des affaires en particulier où les intérêts,
financiers notamment, sont assez énormes, il importe tout aussi que cette
confiance ne soit pas trompée au risque de menacer la paix publique. Or, la
paix publique exige en premier lieu que la confiance de tous, ce que nous
appelons la foi publique, ne soit pas trompée. La foi publique, c’est la confiance
nécessaire dans la probité de tout le monde. Le faux en écriture caractérise
mieux l’infraction contre cette foi publique.
Deux actes coupables peuvent faire l’objet d’une répression à l’occasion d’une
pièce fausse : la fabrication et l’usage de faux.
Le code pénal togolais prévoit ces deux formes de l’infraction. Bien que
l’usage du faux suppose la fabrication, ces deux infractions sont punissables
séparément. Le faussaire n’est pas toujours l’utilisateur, c’est pourquoi nous
allons les étudier séparément.
SECTION 1- LE FAUX
L'article 670 du nouveau code pénal dispose que « constitue un faux, toute
altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et
accomplie par quelques moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support
d'expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d'établir
la preuve d'un droit ou d'un fait ayant des conséquences juridiques ».
I. Un écrit
Le faux incriminé par les articles 167, 171 et 172 du code pénal togolais ancien
s’entend exclusivement de la falsification des pièces écrites en l’occurrence les
documents ou autres actes. Cette insuffisance est donc aujourd'hui comblée
par le nouveau code pénal en son article 670. La jurisprudence française estime
qu’il importe peu que cet écrit soit manuscrit, dactylographié, imprimé, ou qu’il
s’agisse d’un exemplaire unique ou reproduit par un procédé quelconque. Il
s’agit par exemple des billets de loterie, de la photocopie d’une fausse
attestation obtenue par montage photographique :
Il y a faux, que cet écrit soit falsifié personnellement par le faussaire ou par un
tiers, soit sur son ordre, soit à la suite d’une fausse déclaration. Donc, il n’est
pas exigé que la réalisation du faux soit faite de la main du faussaire.
En conséquence, ne sont pas punissables les faux commis sur des écrits qui,
sujets à vérification, sont totalement dépourvus de valeur probatoire ou ne
font naître aucun droit ou aucune obligation à la charge d’autrui. C’est le cas
des factures, relevés de compte, ou états de frais, des mémoires ou une fausse
attestation de domicile destinée à majorer le montant des indemnités de
déplacement.
Cass. Crim. 7mars 1972 D. 1972, 341 ou Bull. n°86 ; dans le même sens : Cass.
Crim. 23 novembre 1972, B. N° 357.
Mais le titre existe dès que l’écrit peut fournir une présomption à l’appui d’une
demande. Ainsi, des textes spéciaux assurent la répression de faux certificats,
art.174 et s. du code pénal togolais.
En outre le faux suppose que la falsification porte sur la substance même de cet
écrit, c’est-à-dire sur les mentions essentielles compte tenu de la nature de
l’acte. Ainsi, il n’y pas de faux si la falsification ne concerne dans un écrit
constituant un titre que les mentions complémentaires à l’exclusion de celles
qui énoncent ce que l’acte a pour objet de constater. Par exemple, quand une
concubine se prétend épouse en déclarant le décès de son concubin, il n’y a pas
de faux.
L’altération de la vérité constitue l’élément essentiel du faux. Elle porte sur les
faits que l’écrit a pour objet de constater. C’est elle qui est destinée à faire
naître une conviction contraire à la vérité chez les personnes auxquelles le titre
sera présenté. Cependant, cette altération ne se présente pas toujours de la
même manière. Elle peut se réaliser soit par commission, soit par omission.
Les articles 171 et 172 du code pénal togolais énumèrent plusieurs moyens de
fabrication de faux. Mais les praticiens classent habituellement ces moyens en
deux grandes catégories : le faux matériel ou altération matérielle et le faux
intellectuel ou altération intellectuelle.
1. Le faux matériel
Le faux est dit matériel lorsqu’il s’effectue par une altération physique d’un
écrit laissant des traces et pouvant être décelée par expertise. Il s’agit ici de
procédés les plus grossiers.
*C’est le cas de la fausse signature : c’est le fait du faussaire qui signe un acte,
soit du nom d’une autre personne, soit d’un nom imaginaire, soit de son propre
nom, mais au lieu et place de la personne dont la signature est requise.
*C’est le cas enfin de supposition d’écrits. C’est le fait de celui qui se constitue
un titre, soit parce qu’il n’en a pas, soit pour substituer ce titre à un autre
moins favorable.
2. Le faux intellectuel
C’est également le cas lorsque quelqu’un fait dresser une procuration notariée
sous un faux nom. Il y a enfin faux intellectuel lorsqu’il y a supposition d’un fait
ou d’une convention. Il y a faux intellectuel dès l’instant que le contenu de
l’acte, n’exprime pas l’exacte volonté du signataire. Par exemple, lorsque la
signature authentique d’un acte falsifié est obtenue par fraude.
Pour la première fois, la notion de faux en écriture par omission d'écritures est
consacrée par la Cour de cassation. Cette solution avait été adoptée par les
juges pour le délit de présentation ou de publication de bilans inexacts.
III. Le préjudice
Cass. Crim.16 mars 1970 JCP 1971. éd. G, II.n°16813, note BOULOC
C’est le cas quand le faux est destiné à donner foi à une allégation mensongère
qui se traduit par une atteinte au patrimoine. Par exemple, la fausse indication
d’un domicile de payement sur un billet à ordre et cela en raison des frais de
protêt qui en résultent pour le souscripteur.
B. Préjudice moral
Il est social quand il porte atteinte à la société. Il est ainsi admis que de fausses
signatures dans une pétition adressée au Parlement constituent des faux
punissables.
Enfin, il faut faire une distinction entre le préjudice éventuel qui justifie la
condamnation pénale et le préjudice né et actuel qui justifie seul la
condamnation à des réparations civiles.
Le mobile qui anime le faussaire importe peu. Le faussaire est punissable même
s’il n’a agi que dans l’intérêt d’autrui, ou dans un dessein légitime. Ainsi,
commet un faux, le contractant qui insère dans le contrat une clause convenue,
mais omise, ou celui qui fabrique, pour lui-même ou autrui, une preuve écrite
pour une convention qui n’était que verbale.
Crim., 20 févr. 1965, Bull. crim. 56 (au sujet de l'étendue territoriale d'une
concession faite à un établissement commercial).
A. Notion
Le code pénal togolais ancien donne dans ses articles 167 à 170 une liste
d’actes qu’on peut considérer comme publics. C’est le cas des actes revêtus du
sceau de l’Etat ou d’une Administration publique, les marques ou poinçons et
autres instruments utilisés par les Administrations publiques pour distinguer les
actes, documents, matière ou objets (art. 167, al.1er). Dans le nouveau code
pénal, ce sont les articles 675, 676 et 677 qui incriminent et sanctionnent les
faux publics.
La liste est déjà très large ; cependant devons- nous la considérer comme
limitative ? Si nous nous basons sur le principe d’interprétation stricte des
textes pénaux, nous devons répondre positivement à cette question. Mais il y a
lieu de noter que le législateur togolais a été très prudent dans cette
énumération. En utilisant des expressions comme « une pièce ou document
dont l’établissement est réservé aux Administrations publiques ou imprimés,
formules utilisés par les Administrations publiques », il laisse entendre que
cette liste n’est pas limitative. Ainsi donc, doit être considéré comme un acte
public, tout acte dont l’établissement est réservé à l’Administration publique.
1° Les actes politiques, c’est-à-dire des écrits émanant des pouvoirs publics
(tels que les lois, les décrets, les ordonnances, les traités) ;
3° Les actes administratifs tels que les arrêtés ministériels et préfectoraux, les
actes de l’Etat civil (expéditions d’actes de naissance et de décès, diplômes
universitaires, listes électorales, etc.) ;
B. Les pénalités
Il y a lieu de noter que dans tous les cas, l’infraction est un délit correctionnel.
Quand il s’agit d’actes authentiques selon l’art. 171 al.2 du CPT ancien, «la
peine sera de cinq (05) à six (0 6) ans de réclusion si le faux a pour auteur
l’officier ayant qualité pour recevoir ou établir l’acte». Cette disposition a perdu
toute trace dans le nouveau code pénal plus précisément dans le paragraphe II
consacré au faux public sous la section I du chapitre IX consacré aux atteintes à
la confiance publique.
L'ancien code pénal visait en son chapitre VI consacré aux infractions contre la
paix publique, la répression des atteintes aux écrits authentiques ou de
commerce.
Il n'est plus expressément fait mention d'écrits authentiques mais il est affirmé
dans le paragraphe 1 consacré à l'analyse des faux en écriture privée de
commerce ou de banque plus précisément à l'article 671 alinéa 2 que si
l'auteur du faux est un officier public ayant qualité pour recevoir ou établir
l'acte, il est puni d'une peine de réclusion de cinq (05) à (10) ans avec
possibilité de déchéance du droit d'exercer sa profession pendant une durée de
cinq (05) ans au plus.
La question qui se pose est celle de savoir si les actes des officiers publics sont
actes en écriture privée de commerce ou de banque ou des actes authentiques,
actes qui trouvent naturellement leur place dans les faux publics.
L'ancien article 168 du code pénal ancien punissait de trois (03) mois à deux
(02) ans d'emprisonnement quiconque aura contrefait ou falsifié un certificat,
une pièce ou document dont l'établissement est réservé aux administrations
publiques. L'article 169 affirme que lorsque la falsification émane d'un
fonctionnaire ou préposé ayant par ses fonctions accès aux sceaux, timbres,
marques, instruments, formules de documents, certificats mentionnés aux
articles précédents, la peine sera portée au double.
Enfin, sont également considérés comme des écritures de commerce, les écrits
de toute nature tenus par les commerçants ou échangés entre eux lorsqu’ils
ont pour objet un acte de commerce ou une opération commerciale. On étend
cette notion en présumant qu’un écrit émanant d’un commerçant se rattache à
son commerce.
Ainsi, ont été considérés comme des faux en écriture de commerce des
falsifications ayant porté sur des lettres missives, des reçus et quittances, des
télégrammes, les relevés de compte, des comptes entre associés, etc.. Mais par
contre la falsification ou la contrefaçon d’un chèque bancaire, l’usage en
connaissance de cause d’un chèque falsifié ou contrefait sont punis des peines
prévues par l’article 84 de la Loi Uniforme n° 98-007 du 18 mars 1998 sur les
instruments de paiement, (un emprisonnement d’un à cinq ans et une amende
de 100.000 F à 5.000.000 F ou l’une de ces deux peines seulement) et non des
peines de faux en écriture de commerce. Même la loi uniforme de l'UEMOA a
connu une évolution majeure ces dernières années.
B. Ecriture privée
Il est difficile d’en donner une définition. Nous dirons que sont considérées
comme écritures privées, celles qui ne sont ni publiques ni authentiques, ni
commerciales, ni bancaires. Tels sont les contrats, obligations, reçus et
quittances passées entre non commerçants, les testaments, les lettres missives,
les papiers de famille et tous autres écrits.
C. Les pénalités
L’ancien art. 172 du CPT ancien punit d’un emprisonnement d’un mois à 3 ans,
quiconque se sera rendu coupable d’un faux en écriture privée, de commerce
ou de banque. Selon l’alinéa 2 du même texte, cette peine sera un
emprisonnement d’1 an à 5 ans si le coupable a agi dans l’exercice de sa
profession.
Le nouvel article 671 du code pénal de 2015 distingue la falsification des actes
ou documents contenant reconnaissance, obligation ou décharge de celle de
document bancaire ou de commerce contenant reconnaissance, compte,
obligation ou décharge. Dans le premier cas, la peine encourue est d'un an à
cinq (05) ans d'emprisonnement et d'une amende d'un million à cinq millions
de francs CFA. Si l'auteur du faux est un officier public ayant qualité pour
recevoir ou établir l'acte, il est puni d'une peine de réclusion criminelle de cinq
(05) à (10) dix ans.
L’art. 174 CPT réprime sous le titre de faux certificats, les faux commis dans un
certain nombre de pièces. Ces infractions particulières constituent ce que nous
pouvons appeler les faux spéciaux. Ils sont spéciaux en ce sens qu’ils sont régis
par un texte qui semble les soustraire à la théorie générale de faux telle que
nous l’avons analysée précédemment. Mais en réalité, une grande partie de
l’analyse que nous avons faite au niveau du faux en général s’applique ici. Ils
sont spéciaux aussi parce que le législateur lui-même vise des actes particuliers
nommés.
L’infraction concerne les faux certificats et les fausses déclarations. Elle peut
résulter des faux certificats médicaux, des faux certificats de travail, des fausses
déclarations dans la rédaction d’un acte administratif, des fausses déclarations
dans la constitution d’un dossier administratif. S’agissant des faux certificats,
nous nous intéresserons seulement aux faux certificats professionnels dans le
cadre de cours.
Ces dispositions sont aujourd'hui reprises par les articles 679 à 680 du nouveau
code pénal.
Un tel acte ne tombera pas sous le coup de la loi. Par contre, la loi s’appliquera
si le signataire adjoint à son nom la fausse qualité d’employeur ou de chef
d’établissement scolaire ou de formation professionnelle. Selon le texte susvisé
(art. 174-3° CPT), ce n’est pas seulement la fabrication de ces pièces qui est
punie par la loi, mais aussi l’usage desdites pièces.
Pour la répression de l’usage de ces pièces, bien que la loi ne le précise pas, il y
a lieu d’admettre que cet usage doit être fait de mauvaise foi. L’utilisateur doit
avoir agi en connaissance de cause. En ces conditions, il y a lieu d’affirmer que
si l’utilisateur ignorait le caractère faux de cette pièce, il échappera à la
répression. Les articles 679 et 680 ont défini des sanctions nouvelles dans la
répression de ces faux sus-mentionnés.
Il s’agit essentiellement ici des fausses attestations dans la rédaction d’un acte
administratif et les fausses déclarations dans la constitution d’un dossier
administratif.
Si par hasard lui-même a cru au caractère vrai des déclarations qu’il faisait, il ne
doit pas tomber sous le coup de la loi. S’il s’était lui-même trompé, l’infraction
ne serait pas consommée.
Ensuite, il faut que cette attestation soit faite devant un officier public.
Par conséquent, si les attestations ont été faites devant une personne autre
qu’un officier public le texte ne s’appliquera pas.
Le législateur vise un officier public. Il faut entendre par-là toutes les personnes
qui sont officiellement chargées d’instrumenter les actes administratifs ou
authentiques.
Enfin, il faut que l’acte en question soit destiné à prouver la véracité des faits
attestés par le coupable. Il faut donc supposer que si le contenu de l’acte n’a
aucun rapport avec les fausses attestations, la loi ne saurait s’appliquer. Donc
pour que l’infraction soit consommée, il faut dans un premier temps :
-que cet acte ait pour but de prouver la vérité des faits attestés.
C’est l’art.174-5° du CPT qui prévoit cette infraction. Ce texte punit quiconque
fera sciemment des déclarations inexactes dans la constitution d’un dossier
administratif relatif à l’attribution des prestations ou à la reconnaissance d’une
situation ouvrant droit à certains avantages ou distinctions.
A lire les termes du texte, nous devons admettre que n’importe qui, même s’il
n’est pas le bénéficiaire du dossier administratif, peut tomber sous le coup de
la loi. Ainsi, un simple employé de l’Administration chargé de la mise au point
du dossier en question peut être auteur de cette infraction.
Les articles 679 et 680 du nouveau code pénal encadrent la répression de ces
infractions.
C. La répression
L’art. 174 CPT punit toutes ces infractions que nous venons d’analyser d’un
emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 20000 F à 100.000 F
ou d’une de ces peines seulement. Il faut noter que ces faux spéciaux sont
moins sévèrement punis que le faux en général.
Toujours ce sont les articles 679 et 680 du nouveau code pénal ces infractions.
Chaque délit de faux peut être accompagné d’un délit d’usage de faux. Le CPT
dans ses article 167 al.2, 168 al.2 et 173 fait de l’usage du faux une infraction
distincte de la fabrication de faux. De même que l’auteur du faux est punissable
dès la confection de l’acte falsifié ou altéré indépendamment de tout usage, de
même la loi punit celui qui fait usage d’une pièce falsifiée sans être auteur du
faux comme coupable d’une infraction distincte indépendante de celle dont
s’est rendu coupable le faussaire. Si le faussaire utilise lui-même la pièce qu’il a
fabriquée, falsifiée ou altérée, il commet deux infractions successives.
S'agissant des faux publics, les articles 675 alinéa 2 et 676 alinéa 2 encadrent la
répression de l'usage de faux. S'agissant de faux en écriture privée de
commerce ou de banque, l'article 673 du nouveau code pénal en assure la
répression.
Le délit d’usage de faux est une infraction distincte qui peut être poursuivie
alors même que le délit de faux est prescrit.
Pour que l’infraction d’usage de faux puisse être retenue, trois (03) conditions
doivent être remplies. L’usage de faux suppose un acte d’usage portant sur une
pièce fausse causant un préjudice.
A. Un acte d’usage
Le législateur n’a pas précisé cette notion et ce qu’il faut entendre par-là. On
admet donc que c’est au juge d’apprécier à cet égard souverainement. Il peut
s’agir de l’utilisation auprès d’une administration publique ou privée, d’une
banque ; il peut s’agir aussi d’une production en justice ou d’un usage entre les
mains d’un expert, etc.…
Cass. Crim. 15.01.1969 Bull. n°30 voir le même arrêt dans R.S.C. 1970 p. 89
D’une façon générale, on considère que toute production d’une pièce falsifiée
doit être tenue pour un fait d’usage.
B. Un support falsifié
Il faut que la pièce présente matériellement l’aspect d’un faux punissable tel
que décrit plus haut. Toutefois, il importe peu que le falsificateur ait été
acquitté ou relaxé ou qu’il ait bénéficié d’un non-lieu comme ayant agi sans
intention frauduleuse.
C. Le préjudice
Il faut aussi que l’auteur ait agi de mauvaise foi. Cela signifie qu’au moment de
l’usage, qu’il ait connaissance du caractère falsifié de la pièce qu’il a utilisée.
C’est ce qui justifie l’adverbe ‘‘sciemment’’ employée par le législateur. Mais le
but poursuivi par le coupable est indifférent.
Par contre, il n’y a pas d’infraction si l’agent s’est servi de bonne foi d’une pièce
fausse.
Cass. crim. 27. 02. 1947 Gaz. Pal. 1947 .I. 173
Nous notons que les peines ne diffèrent pas, qu’il s’agisse de faux en écriture
ou qu’il s’agisse de l’usage de faux. Mais l’aggravation des peines suivant la
qualité du coupable que nous avons relevée dans la répression du faux n’est
pas applicable dans ce cas précis.
DEUXIEME PARTIE : LE DROIT PENAL DES
SOCIÉTÉS COMMERCIALES
Cette deuxième partie est réservée à l’étude d’un certain nombre d’infractions
essentielles dans le droit des sociétés. Il sera examiné les infractions relatives
aux sociétés commerciales en suivant le déroulement chronologique des
différentes étapes de la vie sociale. Nous étudierons successivement :
Le législateur de l’OHADA, dans les articles 886, 887 et 888 de l’Acte uniforme
du 17 avril 1997 relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique (J.O. OHADA n°2, du 01 octobre 1997), a entendu
sanctionner les irrégularités les plus graves commises dans la constitution des
sociétés.
En effet, lorsque les fondateurs et les premiers associés ne disposent pas dès
l'origine des fonds qu'ils estiment nécessaires au fonctionnement de la société,
ils sont conduits à rechercher ces fonds auprès des épargnants et du public.
Cette recherche peut parfois donner lieu à l'utilisation de procédés
répréhensibles, notamment lorsqu'il s'agit de l'émission de valeurs mobilières
par les sociétés par actions. En outre, pour assurer l'égalité entre les associés et
protéger les créanciers, le législateur sanctionne la surévaluation des apports
en nature.
Aux termes de l’article 886 de l’Acte uniforme relatif aux sociétés commerciales
et aux G.I.E., « Est constitutif d'une infraction pénale, le fait, pour les
fondateurs, le président-directeur général, le directeur général,
l'administrateur général ou l'administrateur général adjoint d’une société
anonyme d'émettre des actions avant l'immatriculation ou à n'importe quelle
époque lorsque l'immatriculation est obtenue par fraude ou que la société est
irrégulièrement constituée ».
Le délit visé par cet article consiste dans le fait d’émettre des actions d’une
société avant son immatriculation ou lorsque cette immatriculation est
obtenue par fraude ou lorsqu’il s’agit d’une société irrégulièrement constituée.
Il y a lieu de remarquer que les irrégularités dont fait état l’article 886
constituent une condition préalable à l’existence de l’infraction et non un
élément constitutif. Nous allons par conséquent déterminer les éléments
constitutifs de l’infraction et sa répression.
Paragraphe 1. Les éléments constitutifs
Elles sont constituées des irrégularités commises avant l’émission des actions. Il
s’agit notamment de :
II. La complicité
La complicité peut être retenue contre ceux qui auront, en toute connaissance
de cause, aidé ou assisté l'auteur ou les auteurs de l'émission dans les faits qui
l'auront préparée ou facilitée ou dans ceux qui l'auront consommée. La
tentative non prévue par l'article 886 n'est pas punissable.
EN NATURE
Une évaluation aussi exacte que possible est indispensable bien que difficile. II
faut sans doute protéger l'apporteur en nature contre un risque de sous-
évaluation, ou protéger contre le risque de surévaluation les apporteurs en
numéraire au nom de l'égalité entre associés, mais surtout protéger les
créanciers de la société dont le montant du capital social constitue le gage la
solvabilité apparente.
Dès lors, peu importe qu'elle soit le fruit de rapports écrits ou d'interventions
verbales. Tout au plus, devrait-on exiger qu'il y ait eu de la part du prévenu
accomplissement d'un acte positif pour « faire » attribuer une valeur
supérieure à la valeur réelle et non pas seulement silence ou réticence pour «
laisser » attribuer une telle valeur.
La loi punit ceux qui « auront fait attribuer » une valeur supérieure à la valeur
réelle: elle suppose, donc, qu'un résultat a été atteint. C'est pourquoi, la
tentative de surévaluation n'est pas punissable.
DES ACTIONS
Les délits visés par l’article 888 ont pour but de protéger les acquéreurs qui ont
des difficultés à vérifier la régularité de certains titres, ou qui peuvent être
trompés sur la régularité des titres achetés. Ainsi donc, le législateur a entendu
sanctionner la négociation irrégulière d’actions qui peuvent faire l’objet de
transactions sur le marché financier. Seule l’inobservation des formalités
légales relatives à la défense de négociation de certaines actions est réprimée.
Il faut préciser la liste de ces titres (parag.1) avant d'examiner les éléments
constitutifs (parag.2), puis la répression des infractions (parag.3).
I. L’élément matériel
A. La négociation
L’art. 888 sanctionne les auteurs de la négociation quels qu’ils soient. Il leur est
reproché l’inobservation des formalités requises. La loi ne donne pas de
définition de la négociation mais la doctrine et la jurisprudence entendent par
négociation, toute transmission de titre par l'un des modes du droit
commercial réalisée soit par le moyen d'un intermédiaire, soit de gré à gré;
l’endossement, le transfert…
L'incrimination ne concerne donc pas les transmissions selon les formes du
droit civil : cession de créance au sens de l'article 1690 du Code civil ou la
donation.
B. La participation à la négociation
La loi exige que les différents actes qui contribuent à la réalisation des
infractions visées soient intentionnels pour être réprimés. Les auteurs doivent
avoir sciemment négocié les actions non négociables. Par conséquent les délits
prévus par l’art. 888 sont intentionnels et supposent la mauvaise foi de leur
auteur.
Paragraphe 3. La répression
Pour cette infraction, l'article 1106 du nouveau code pénal assure un dispositif
de répression adéquat. Le choix des peines est laissé à la discrétion des Etats
parties.
CHAPITRE 2- LES INFRACTIONS RELATIVES À LA GERANCE,
À L’ADMINISTRATION ET À LA DIRECTION
DES SOCIÉTÉS
S'il est vrai que la finalité des sociétés commerciales est principalement de
partager les bénéfices entre les associés sous forme de dividende, encore faut-
il que des bénéfices aient été effectivement réalisés. Distribuer des dividendes
en les justifiant par des artifices comptables et des présentations frauduleuses
des bilans sans qu'ils proviennent véritablement des bénéfices, constitue une
tromperie et un danger pour la société que la loi sanctionne pénalement.
Une telle distribution est préjudiciable aux associés de même qu'à la société,
car c'est le capital social lui-même qui est entamé puisqu'en réalité il n'y a pas
de bénéfice à partager. C'est en effet par un abus de langage que le législateur
incrimine la répartition de dividendes « fictifs ». En fait, les dividendes sont
réellement distribués, seuls les bénéfices qui devraient les justifier étant fictifs.
Dès lors, cette répartition ne peut s'effectuer que par un prélèvement sur le
capital social au mépris des droits des créanciers, ce que la loi sanctionne.
Aux termes de l’art. 889 de l’AUSGIE, « Encourent une sanction pénale, les
dirigeants sociaux qui, en l'absence d'inventaire ou au moyen d'inventaire
frauduleux, auront sciemment, opéré entre les actionnaires ou les associés, la
répartition de dividendes fictifs ».
I. L’élément matériel
La loi ne punit pas toute répartition de dividendes fictifs, mais seulement celle
qui est effectuée en l'absence d'inventaire ou au moyen d'inventaire
frauduleux.
Il s'agit d'un tableau qui décrit et estime les différents éléments de l'actif et du
passif social: c'est le relevé des éléments du patrimoine de la société qui en
dresse le bilan à un moment donné pour permettre aux associés de connaître
et de contrôler la situation. Les textes qui réglementent l'établissement des
documents comptables soulignent que les comptes doivent être réguliers,
sincères et donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et
du résultat de l'entreprise (art. 8 et s. de l’Acte uniforme du 24 mars 2000
portant organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises, J.O.
OHADA n°10). À défaut, ces comptes seront réputés frauduleux.
2. La notion de fraude
Les procédés de fraude destinés à déformer la vérité sont toujours les mêmes
: majoration de l'actif ou minoration du passif par la sous-évaluation de certains
éléments ou omission de certaines dettes. La preuve de la fraude sera aisée en
cas de grossières inexactitudes matérielles mais celles-ci sont rares. En
revanche, la preuve est plus difficile à rapporter dans le cas habituel de la
contestation de l'évaluation d'un poste du bilan. C'est l'appréciation de
l'intention coupable qui permettra de distinguer entre la volonté frauduleuse
condamnable et l'erreur d'évaluation excusable.
Les textes n'emploient pas le terme de « distribution » qui laisserait croire que
le délit suppose que les actionnaires ont effectivement perçu les dividendes,
mais celui de « répartition ». Selon la formule déjà ancienne de la chambre
criminelle, la répartition consiste à mettre les dividendes à la disposition des
actionnaires par une décision ouvrant à leur profit un droit privatif.
Est fictif, tout dividende réparti en l'absence de bénéfices réels à distribuer (art.
144). Comment le du bénéfice distribuable est-il déterminé ?
Le délit consiste donc à répartir des dividendes réels alors que les bénéfices
sont fictifs et qu'il n'y a pas de sommes distribuables. Les dividendes distribués
sont donc prélevés sur le capital ou sur les réserves.
Paragraphe 2. La répression
Aux termes de l’art. 890, « Encourent une sanction pénale, les dirigeants
sociaux qui auront sciemment, même en l'absence de toute distribution de
dividendes, publié ou présenté aux actionnaires ou associés, en vue de
dissimuler la véritable situation de la société, des états financiers de synthèse
ne donnant pas, pour chaque exercice, une image fidèle des opérations de
l'exercice, de la situation financière et de celle du patrimoine de la société, à
l'expiration de cette période ».
I. L’élément matériel
1. La publication
2. La présentation
Dès lors, il est assez contestable que la seule délibération ayant décidé la
présentation des comptes infidèles suffisent à caractériser le délit.
Cass. crim. 29 nov. 2000, Rev. Sociétés, 2001, p. 380, note B. BOULOC.
B. Le support du mensonge
Cass. crim. 25 avr. 1995, Dr. pénal 1995, comm. 205, note J.-H. ROBERT
C. Le contenu du mensonge
Cass. crim. 12 janv. 1981, D. 1981.348, note COSSON; JCP 1981.11.19660, note
GUYON) ; ou le maintien au bilan d'un bien sujet à dépréciation
Cass. crim. 8 avr. 1991, Bull. crim. n°166; Rev. Sociétés 1991.777, note BOULOC,
ou encore les réévaluations incessantes des valeurs d'actif, sans référence aux
règles comptables usuelles, et la comptabilisation du montant de dommages-
intérêts escomptés à l'issue d'un procès en cours.
Lorsque le mensonge consiste à présenter comme exacts des faits qui sont
faux, la preuve du délit est aisée. Mais, il est rare en fait que les coupables se
risquent à de grossières inexactitudes matérielles. Plus fréquentes sont les
inexactitudes qui portent sur l'évaluation de tel élément d'actif ou du passif ou
de tel poste du bilan. Elles sont plus difficiles à déceler, car plusieurs méthodes
d'évaluation peuvent être utilisées et certaines inexactitudes apparaissent
parfois plus comme le résultat d'erreurs de méthode que l'expression d'une
volonté consciente de dissimulation.
A. Le dol général
Agir sciemment, c'est agir en connaissance de cause ; c'est savoir que les états
financiers de synthèse annuels publiés ou présentés sont inexacts. Les juges
répressifs doivent établir cette connaissance à partir des éléments propres à
chaque cas particulier et ne peuvent faire peser sur les dirigeants sociaux une
présomption de mauvaise foi. On ne peut décider à priori qu'ils sont
nécessairement informés de la situation en raison de leurs fonctions et de leur
expérience professionnelle. La preuve de la mauvaise foi découlera
directement des faits matériels compris dans la poursuite, notamment
l'ampleur du mensonge, la gravité des inexactitudes ;
Cass. crim. 8 févr. 1968, Bull. crim. n°42 ou la nature des moyens frauduleux
mis en œuvre ;
Cass. crim. 26 mars 1990, Bull. crim. n°133, par exemple la participation de
l'administrateur poursuivi à la délibération ayant décidé la présentation et la
publication des comptes en sachant que l'apparence donnée aux comptes était
contraire à la réalité.
Cass. crim. 29 nov. 2000, Bull. crim. n°359; Rev. sociétés 2001, p. 380, note B.
BOULOC.
Et il importe peu que le bilan présenté soit refusé par l'assemblée générale
B. Le dol spécial
Il importe donc peu que la dissimulation ait eu pour but de cacher des erreurs
de gestion, des malversations, une situation financière catastrophique ou,
parfois à l'inverse, une situation trop florissante... Toutefois, une cour d'appel a
pu relaxer un prévenu aux motifs que la comptabilité occulte avait dissimulé
des recettes ayant servi au paiement du personnel et à l'achat de matériel.
CA Aix-en-Provence, 23 juin 1994, Dr. pénal 1995, comm. 99, note J.-H.
ROBERT.
Les auteurs principaux du délit sont d’après la loi les dirigeants sociaux.
II. Tentative
III. La complicité
Les textes ne punissent que les dirigeants sociaux - de fait ou de droit - comme
auteurs principaux de l'infraction. Mais la commission de l'infraction suppose
souvent la complicité de ceux qui ont pour fonction ou pour mission d'établir
ou de contrôler les comptes annuels. C’est le cas du comptable de la société
(Cass. crim. 15 mai 1974, Bull. crim. n° 177), du commissaire aux comptes (Cass.
crim. 3 janv. 1983, Rev. sociétés 1984.114, note B. BOULOC), ou enfin du
directeur administratif de la société (Cass. crim. 14 janv. 1980, Bull. crim. N°
21).
Les articles 1108 et 1109 du nouveau code pénal définissent les pénalités
adéquates s'agissant de ces infractions.
IV. La prescription
Il est évident que les auteurs de ce délit - ou leurs complices - ont souvent la
possibilité de dissimuler leurs agissements. Face à cette réalité, les juges du
fond ont la tentation de retarder le point de départ du délai de prescription
jusqu'au jour où ceux-ci peuvent être découverts et connus. Mais, la Cour de
cassation estime que ce délit est instantané, réalisé par le seul fait matériel de
la publication ou de la présentation à l'assemblée des comptes infidèles (Cass.
crim. 18 mars 1986, Bull. crim. n° 110). Et, elle a maintenu récemment sa
solution en cassant un arrêt de cour d'appel qui avait retardé le point de départ
du délai de prescription.
Cass. crim.09 juill. 1996, Dr. pénal 1996, comm. 248, obs. J.¬H. ROBERT.
Cass. crim. 31 oct. 2000, Dr. Pénal 2001, comm. 20, obs. J.-H. ROBERT; Rev. sc.
crim. 2001, p. 397, obs. J.-Fr. RENUCCI.
Aux termes de l’art. 891 de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et GIE, « Encourent une sanction pénale le gérant de la société à
responsabilité limitée, les administrateurs, le président directeur général, le
directeur général, l'administrateur général ou l'administrateur général adjoint
qui, de mauvaise foi, font des biens ou du crédit de la société, un usage qu'ils
savaient contraire à l'intérêt de celle-ci, à des fins personnelles, matérielles ou
morales, ou pour favoriser une autre personne morale dans laquelle ils étaient
intéressés, directement ou indirectement ».
Le législateur incrimine le délit d’abus sociaux lorsqu’il s’agit des SARL et des
sociétés anonymes. II ressort de ce texte que le délit suppose la réunion de
quatre (04) éléments : un acte d'usage des biens ou du crédit (I), un usage
contraire à l'intérêt social (II), un acte accompli dans un intérêt personnel,
matériel ou moral (III), un acte accompli de mauvaise foi (IV).
A. La notion d'usage
Cass. crim. 6 févr. 1997, Bull. crim. n° 48; Dr. penal 1997, comm. 61, 63 et 70; D.
1997, 334, note J.-Fr. RENUCCI; JCP 1997, éd. G, II.22823, note M. PRALUS ;
Rev. sociétés 1997, p. 146; note B. BOULOC.
Tel est le cas assez fréquent de cadeaux ou de voyages offerts et dont le prix
est réglé après que le bénéficiaire en ait profité. Selon cette jurisprudence, « Il
n'est pas nécessaire qu'il y ait eu détournement ou dissipation ; le simple usage
des biens ou même du crédit social caractérise le délit, alors même que l'usage
n'a pas altéré la substance de la chose et que la société ne s'est pas finalement
trouvée appauvrie. Faire usage des biens sociaux, c'est accomplir sur eux, non
seulement des actes de disposition comportant aliénation ou cession au profit
d'un tiers, mais même de simples actes d'administration : prêts, avances, baux
etc.... ».
B. Le contenu de l’usage
Les biens sociaux regroupent l'ensemble des meubles et des immeubles qui
constituent le patrimoine de la société : matériel, mobilier, éléments
incorporels, créances, baux, brevets, etc… Il importe peu que la société
détienne ces biens en qualité de propriétaire, ou seulement de locataire
dépositaire. À cet égard, le texte ne comporte aucune restriction ou réserve.
Ainsi, se rendent coupables d'abus de biens sociaux, les dirigeants d'entreprise
qui utilisent le matériel de la société pour des constructions ou des réparations
dans des maisons personnelles. L'utilisation de salariés de la société, payés par
la société par des dirigeants sociaux, pour leurs travaux personnels constitue
une autre forme d'abus de biens sociaux.
2. L’usage du crédit
L'usage des biens ou du crédit de la société par les dirigeants sociaux n'est
punissable que s'il est contraire aux intérêts de la société comme l'exige
l’article 891 de l’Acte uniforme. En d'autres termes, il doit compromettre
l'intégrité de l'actif social et ses possibilités de recours à l'emprunt. La loi
pénale étant d'interprétation stricte (art. 2, C. pén.), le juge répressif ne peut
donc condamner pour abus de biens sociaux sans constater que les actes
compris dans les poursuites dirigées contre les prévenus ont comporté « un
usage qu'ils savaient contraire à l'intérêt de la société qu'ils administraient ou
géraient.
Cass. crim. 30 sept. 1991, Rev. sociétés 1992, p. 356, note B. BOULOC.
Le délit ne suppose pas seulement que l'acte incriminé soit contraire à l'intérêt
social. Le texte exige, en outre, que les auteurs présumés aient fait un usage
des biens ou du crédit de la société, « à des fins personnelles ou pour favoriser
une autre personne morale dans laquelle ils étaient intéressés directement ou
indirectement ». Cette exigence, qui limite la portée de l'infraction, se justifie
par le souci de fournir au juge un élément d'appréciation supplémentaire, en ce
sens qu’un acte qui se révèle défavorable à la société sans que son auteur ait
cherché à en tirer profit ne sera pas incriminé. La recherche de l'intérêt
personnel éclaire le mobile du coupable et sert de soutien à l'élément
intentionnel du délit.
Ainsi, est justement cassé, l'arrêt qui avait condamné pour abus de biens
sociaux, un dirigeant qui avait payé sur les fonds sociaux trois (03) factures
fictives sans que la société qu'il dirige en tire la moindre contrepartie, mais qui
n'avait pas recherché si ce dirigeant avait pris un intérêt personnel direct ou
indirect dans le règlement de ces fausses factures.
Cass. crim. 1er mars 2000, Bull. crim. n° 101; Bull. Joly Sociétés 2000, p. 710,
note A. MEDINA ; Rev. sociétés, 2000, p. 576, note B. BOULOC ; Rev. sc. Crim.
2000, p. 839, obs. J.-Fr. RENUCCI.
II en est de même de l’arrêt qui condamne sur le seul constat du caractère fictif
d'un emploi rémunéré par la société, mais sans rechercher où était l'intérêt
personnel du prévenu, président de la société.
Cass. crim. 4 nov. 2004 : Dr. pénal 2005, comm. 44, note J.-H. ROBERT.
1. La notion d'intérêt
Selon l’art. 891 l’usage doit être effectué à des fins personnelles, matérielles ou
morales. En France, la Cour de cassation a toujours considéré à travers une
série d'arrêts identiques que l'intérêt recherché pouvait être matériel ou moral.
Ils sont innombrables. On peut les regrouper autour de deux idées principales :
ou bien le coupable s'est fait verser par la société des sommes indues et s'est
enrichi à son détriment ; ou bien le coupable a évité de s'appauvrir en faisant
payer par la société ses dépenses personnelles.
Relève de la seconde idée, le fait de faire payer par la société des dépenses
personnelles de voyage (Cass. crim. 6 nov. 1979, D. 1980, IR 144), des frais de
mission et de réception n'ayant aucun caractère social (Cass. crim. 28 nov.
1994, D. 1995.506, note J.-F. RENUCCI ; Dr. pénal 1995, comm. 70, note J.-H.
ROBERT). Présente également un caractère délictueux le paiement par la
société des honoraires d'avocat d'un de ses dirigeants (Amiens, 11 juill. 1962,
Gaz. Pal. 1963.1.438; Rev. sociétés 1964.148) ou des amendes prononcées
contre lui à titre personnel (Cass. crim. 3 févr. 1992, Bull. crim. n° 49; Gaz. Pal.
1992.2.687, note J.-P. DOUCET; Dr. pénal 1992, comm. 209, obs. J.-H. ROBERT).
Rappelons enfin, que, pour la Cour de cassation, les prélèvements occultes de
fonds sociaux par un dirigeant social le sont « nécessairement » dans son
intérêt personnel.
Cass. crim. 9 juill. 1998, Rev. socié¬tés 1998, p. 821, note B. BOULOC.
2. Le bénéficiaire de l'usage
Dans la plupart des cas - et notamment dans tous les exemples précédents -
l'acte incriminé a été accompli dans l'intérêt personnel du dirigeant social. II
semble d'ailleurs qu'il incombe au dirigeant social poursuivi de prouver que les
biens ont été utilisés dans l'intérêt de la société, car la Cour de cassation estime
que « s'il n'est pas justifié qu'ils ont été utilisés dans le seul intérêt de la
société, les fonds sociaux prélevés de manière occulte par un dirigeant social
l'ont nécessairement été dans son intérêt personnel ».
Cass. crim. 11 janv. 1996, Bull. crim. n°21; Dr. pénal 1996, comm. 108; note J.-
H. ROBERT ; Rev. sociétés 1996.586, note B. BOULOC.
L’élément moral est donc double : la mauvaise foi de l’auteur de l’abus pris
comme un dol géréral et un dol spécial relatif à la poursuite de fins
personnelles.
Cass. crim. 19 déc. 1973, Rev. sociétés 1974.363, note BOULOC ; Bull crim. n°
480 ; Cass. crim. 13 mars 1975, Bull. crim. n° 75)
Tel est semble-t-il le sens de l'arrêt qui censure une cour d'appel qui avait
condamné un président de société au motif qu'il avait connu et couvert des
agissements qu'il savait irréguliers. Un tel constat ne suffit pas à caractériser
une responsabilité du fait personnel, faute de participation personnelle aux
faits poursuivis.
Paragraphe 2. La répression de l’abus de biens sociaux
Pour le cas du gérant de fait d’une SARL (Cass. crim. 12 oct. 1995, Dr. Pénal
1996, comm. 46, obs. J.-H. ROBERT; Cass. Crim. 11 janv. 1996, Bull. Crim. n°21).
Mais la simple constatation qu'un associé possède 45% des parts sociales, ne
suffit pas à établir sa qualité de gérant de fait. (CA Douai, 9 avr. 1993, Droit
pénal 1994, comm. 14, obs. J.-H. ROBERT).
II. La complicité
Si seuls les dirigeants de droit ou de fait des sociétés visées par les textes
peuvent être poursuivis comme auteurs principaux de l’infraction, rien
n’interdit de poursuivre d’autres personnes comme complices, dans les termes
du droit commun (art. 13 et 14 du code pénal ancien/article 48 du nouveau
code pénal), pour aide ou assistance apportée en connaissance de cause. Que
ces personnes appartiennent à la société, ou qu'elles lui soient étrangères.
III. Le recel
DES SOCIÉTÉS
Ces infractions sont encadrées par les dispositions des articles 1120 et suivants
du nouveau code pénal.
L’article 899 de l’Acte Uniforme AUSGIE et l’article 1122 du nouveau code pénal
prévoient une double infraction : le délit d’informations mensongères (Section
I) et le délit de non-révélation de faits délictueux (Section II).
I. L’élément matériel
C'est la fonction même des commissaires aux comptes qui est de donner ou
confirmer les informations sur la situation de la société. Cependant, les
informations fournies par le commissaire aux comptes doivent être exactes et
fidèles. L’article 899 sanctionne les informations mensongères ; il punit le fait,
pour tout commissaire aux comptes, de donner ou confirmer soit en son nom
personnel, soit au titre d'associé dans une société de commissaires aux
comptes des informations mensongères sur la situation de la société.
Deux cas sont envisagés : soit le commissaire aux comptes aura «donné» de
telles informations dans des documents dont il a pris l’initiative, soit le
commissaire aura « confirmé » les informations fournies par la société, par
exemple dans un rapport qui approuve un bilan inexact.
Cass. crim. 12 janv. 1981, Rev. Sociétés 1981.612, note BOULOC ; D. 1981.348,
note COSSON.
Cass. crim. 2 févr. 2000, Bull. crim. n° 56 ; Dr. pénal 2000, comm. 91, obs. J.-H.
ROBERT; Rev. Sociétés, 2000, p. 743, note B. BOULOC.
En la forme, le moyen utilisé pour donner ou confirmer une information
mensongère importe peu. La plupart du temps, il s'agira d'un avis formulé par
écrit dans un rapport ; mais on ne saurait exclure une intervention orale pour
confirmer une information donnée au cours d'un conseil d'administration ou
d'une assemblée générale.
L'article 899 ne punit que le commissaire aux comptes qui aura donné ou
confirmé des informations qu'il savait mensongères et dont il avait eu
connaissance dans l'exercice de ses fonctions auprès de la société. En fait, la
preuve de cette connaissance ne soulève guère de difficultés, car elle découle
directement des faits constatés : certifier la régularité et la sincérité d'un bilan
dont il connaît la fausseté pour avoir participé à son élaboration.
L'article 899 punit le commissaire aux comptes « qui n'aura pas révélé au
ministère public (Procureur de la République) les faits délictueux dont il aura eu
connaissance ». L'application de ce texte, qui impose aux commissaires aux
comptes une obligation spécifique de révélation sous peine de sanctions
pénales, n’est pas sans soulever de nombreuses difficultés, par rapport aux
dispositions de l’article 717 de l’Acte uniforme qui l’astreignent au secret
professionnel.
I. L’élément matériel
A. La condition préalable
Puisqu'il s'agit de déterminer les éléments d'une incrimination, il faut s'en tenir
à une stricte application du texte. Le commissaire aux comptes a seulement
pour obligation de révéler tous les faits susceptibles de constituer des
infractions pénales, c'est-à-dire ceux qui ont une incidence directe sur les
comptes et la situation patrimoniale de la société, qu'il s'agisse d'infractions de
droit commun (Faux en écriture, escroquerie), ou plus fréquemment
d'infractions spécifiques du droit des sociétés (abus des biens ou du crédit,
dividendes fictifs ...) ou qu'il s'agisse de faits concernant la constitution ou la
gestion.
Le commissaire aux comptes ne doit révéler, bien entendu, que les faits
délictueux dont il aura connaissance dans l'exercice de ses fonctions. Toutefois,
deux difficultés se présentent.
D'ailleurs, une hésitation sur l'exacte qualification pénale des faits ne peut
justifier le commissaire aux comptes qui ne les aura pas révélés, s'ils sont
incontestablement délictueux. C'est aux juridictions répressives qu'il incombe
de leur donner, ou de leur restituer leur véritable qualification, si le ministère
public décide de mettre en mouvement l'action publique.
B. La non-révélation
Quant à l'erreur de droit, erreur sur la qualification pénale des faits, elle sera
habituellement écartée, comme inconciliable avec les aptitudes et les
connaissances du prévenu.
Paragraphe 2. La répression
Cass. crim. 9 mars 1999, Bull. crim. n°32; Rev. sociétés 1999, p. 650, obs. B.
BOULOC ; Rev. sc. crim. 2000, p. 416, obs. J.-Fr. RENUCCI
Aux termes des articles 710 et suivants de l’Acte uniforme, les commissaires
aux comptes sont des experts chargés de contrôler la comptabilité de la
société, mais aussi de vérifier que celle-ci fonctionne dans les conditions
exigées par la loi. La loi leur donne une mission très étendue de vérification et
de contrôle sur les documents comptables, livres et documents sociaux. En
conséquence, pour leur permettre d'exercer leurs fonctions en pleine
connaissance de cause, la loi protège les commissaires aux comptes en les
faisant bénéficier de certains droits, au même titre qu’elle leur impose certains
devoirs et sanctionne pénalement tout manquement à leurs obligations. C’est
pour cela qu’elle punit tout fait d'entrave aux vérifications et contrôles, qui
constituent les principales fonctions des commissaires aux comptes.
Paragraphe 1. Les éléments constitutifs
Selon l’art. 900 « Encourent une sanction pénale, les dirigeants sociaux ou
toute personne au service de la société qui, sciemment, auront mis obstacle
aux vérifications ou au contrôle des commissaires aux comptes ou qui auront
refusé la communication, sur place, de toutes les pièces utiles à l'exercice de
leur mission et notamment de tous contrats, livres, documents comptables et
registres de procès-verbaux ».
I. L’élément matériel
Il faut que cet obstacle soit mis aux vérifications et contrôles; le délit ne serait
pas constitué s'il ne s'agissait que d'une entrave à d’autres fonctions du
commissaire (rédaction ou transmission du rapport, dénonciation des faits
délictueux, etc.). Le délit peut également être retenu si l'obstacle est mis au
contrôle et vérifications effectués par les collaborateurs et assistants choisis
par le commissaire (art. 718 al.2).
D’autre part, le texte sanctionne plus précisément le refus de communication
sur place de toutes les pièces utiles à l'exercice de leur mission, et notamment
de tous les contrats, livres, documents comptables et registres de procès-
verbaux. Pour la jurisprudence, peu importe le moyen utilisé : des réticences ou
des productions partielles de documents suffisent à caractériser l’infraction.
Mais pour que le délit soit constitué, il faut une demande expresse et précise, -
car on ne peut refuser ce qui n'a pas été sollicité-, et que les documents
demandés soient effectivement utiles à la mission de vérification et de
contrôle, seule visée par le texte.
Paragraphe 2. La répression
En revanche, le délit peut être imputé à un salarié qui exerce les fonctions de
secrétaire générale de la société et qui refuse l'accès des locaux à un
commissaire aux comptes après annulation de sa suspension.
Çass. crim. 8 juin 1993, Bull. crim. n° 204: Rev. sociétés 1993.860, note
BOULOC.
Cass. crim. 12 sept. 2001, Rev. sociétés 2001. 859, note BOULOC.
II. La prescription
Il s'agit en principe, d'un délit instantané qui se trouve réalisé par l'obstacle mis
aux vérifications et contrôles ou le refus de communiquer les pièces utiles.
Mais si l'entrave se perpétue, le délit devient continu. Dans le premier cas, le
délai de prescription commencera à courir à compter de l'entrave ; dans le
second cas, à compter du dernier acte d'entrave au contrôle ou de la dernière
manifestation de refus.
D’AFFAIRES
ASSIMILÉES
L'Acte uniforme du 10 avril 1998 portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif (J.O. OHADA n°7 du 01 juillet 1998) distingue,
les banqueroutes pro¬prement dites et les infractions assimilées aux
banqueroutes. Nous allons les étudier les unes après les autres dans leurs
éléments constitutifs avant d'examiner les règles de poursuite.
Selon les termes de l’art. 228, est coupable de banqueroute simple toute
personne physique en état de cessation de paiement qui se trouve dans un des
5 cas qui sont énumérés par le texte. L’élément matériel de la banqueroute
simple se retrouve par conséquent dans ces 5 situations, desquelles découle
également l’élément intentionnel pour certaines.
A. Premier cas :
Le cas de celui qui a contracté, sans recevoir des valeurs en échange, des
engagements jugés trop importants eu égard à sa situation lorsqu'il les a
contractés (art. 228-1°).
Les engagements inconsidérés sont souvent à l'origine des difficultés des
entreprises comme d'ailleurs des particuliers;
B. Deuxième cas
L’élément matériel de l’infraction se réalise aussi dans le cas de celui qui, dans
l'intention de retarder la constatation de la cessation de ses paiements, a fait
des achats en vue d'une revente au-dessous du cours ou si, dans la même
intention, elle a employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds (art.
228-2°).
L'article vise, d'une part; un procédé précis - l'achat en vue de la revente au-
dessous du cours - et, d'autre part, un procédé plus général - l'emploi de
moyens ruineux pour se procurer des fonds.
Ici, c’est bien évidemment la notion de revente à perte qui soulève en fait des
difficultés. Quel est le cours normal ? Que décider en cas de revente sans
bénéfice, à prix coûtant? Comment distinguer une vente promotionnelle d'une
revente délictueuse ?
Seul le mobile qui anime le coupable permettra au juge de fournir une réponse
à ces questions. La Cour de cassation a ainsi estimé que, pour fixer le prix
normal, il fallait prendre en considération une opération indivisible combinant
prestation de service et produit.
Cass. crim. 7 mai 2002, Bull. crim. n° 109, Dr. pénal 2002, comm. 127, note J.-H.
ROBERT
Sous cette appellation générale, la loi vise tous les procédés frauduleux
destinés à se procurer des fonds utilisés dans le but de maintenir
artificiellement l'existence d'une entreprise défaillante. Parmi d'innombrables
procédés, soulignons ceux qui semblent les plus fréquemment employés.
Cass. Crim. 13 févr. 1997, Dr. Pénal 1997, comm. 98, obs. J.-H. ROBERT: Rev. sc.
Crim. 1997, p. 852, obs. J.-Fr. RENUCCI; Cass. crim. 12 mars 1998, Bull. crim. n°
100.
Mais, tel n'est pas le cas d'un prêt gratuit consenti par des parents et des amis
venant au secours d'un commerçant en grande difficulté financière, même s'il
retarde l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire.
Cass. crim. 21 mars 2001, Dr. pénal 2001, comm. 103, note J.-H. ROBERT.
Cass. crim. 26 sept. 1996, Rev. Sc. Crim. 1997, p. 396, obs. J.-Fr. RENUCCI.
2. Le mobile
Est coupable celui qui, par ces procédés, augmente l'importance du passif alors
qu'il est déjà dans l'impossibilité d'y faire face avec son actif disponible
Par conséquent, les ventes à perte et le recours aux moyens ruineux sont
également des causes fréquentes de difficultés des entreprises, d'autant plus
graves qu'elles conduisent à une véritable insolvabilité.
C. Troisième cas
Cass. crim. 17 nov. 2004, Dr. pénal 2005, comm. 61, note J.-H. ROBERT
Le texte veut punir le débiteur qui viole l'obligation qui pèse sur lui de tenir une
comptabilité régulière permettant de connaître son actif et son passif. Or
l'absence de comptabilité ou son irrégularité est un handicap à la bonne
gestion de l’entreprise ; à ce titre, elle compromet les droits des créanciers, par
exemple en retardant l'arrêté de l'état des créances.
E. Cinquième cas
L’art. 228-5° incrimine la situation de celui qui, ayant été déclaré deux fois en
état de cessation des paiements dans un délai de cinq ans, ces procédures ont
été clôturées pour insuffisance d'actif. La sanction concerne les débiteurs qui
seraient des habitués de la fraude, les «industriels de la fraude» ou, tout au
moins, qui ne font pas des efforts suffisants pour éviter la survenance de la
cessation des paiements ou pour assurer le paiement de leurs créanciers.
II. La répression
Le code pénal du 13 août 1980 dispose en son article 118 : « les commerçants,
les gérants ou administrateurs de sociétés déclarés coupables de banqueroutes
selon les prescriptions du code de commerce seront punis :
L'article 229 distingue selon que l’agent est en cessation des paiements ou à
l’occasion d’une procédure de règlement préventif.
A. En cas de cessation des paiements
1. Premier cas
Cass. crim. 11 juin 1998, Dr pénal 1998, comm. 1.55, note J.-H. ROBERT.
II n'est évidemment pas nécessaire que la disparition ait porté sur la tota-lité
des documents - livres de commerce ou autres écritures - mais peut se limiter à
certains d'entre eux. La loi entend sanctionner la disparition des moyens de
preuve de l'activité de l'entreprise, de sa situation comptable ou de la réalité de
ses opérations.
Cass. crim. 19 janv. 2000, Bull. crim. n° 29; Rev. Sc. Crim. 2000 p. 841. obs. J.-Fr.
RENUCCI; Rev. sociétes 2000, p. 574, note, 13. B. BOULOC.
Cass. crim. 25 févr. 2004: Bull. crim. n° 52: Dr. pénal 2004, comm. 112. note J.-
H. ROBERT.
Il faut dire que l’incrimination par le législateur OHADA de cette faute qu’est la
soustraction de comptabilité s'explique ¬ce sens que, d'une part elle complique
l'établissement de l'actif et du passif, d'autre part elle est généralement faite
pour dissimuler un ou plusieurs éléments de l'actif.
2. Deuxième cas
La loi incrimine deux faits matériels distincts, dont l'un peut exister sans l'autre,
et qui consistent à faire disparaître tout ou partie des éléments mobiliers ou
immobiliers compris dans l'actif de l'entreprise et devant répondre du passif
exigible.
a) Le détournement
La Cour de cassation le définit de façon générale comme « tout acte de
disposition volontaire accompli sur un élément du patrimoine du débiteur
après la cessation des paiements, en fraude des droits des créanciers ».
Cass. crim. 11 mai 1995, Bull. crim. n° 172: (en l'espèce, il s’agit de la vente de
fonds de commerce à des sociétés dirigées par l'épouse et par le fils du
prévenu et dont le prix a servi à payer les dettes de la société dont le gérant
s'était porté caution solidaire).
Mais le détournement désigne plutôt des actes positifs de disposition des biens
sociaux, sans qu'il soit nécessaire - à la différence de l'abus de biens sociaux -
d'établir que le prévenu a agi dans son intérêt personnel et qu'il a nui à l'intérêt
social.
Cass. crim. 24 avr. 1984, D. 1984.508, note J.-H. ROBERT ; Gaz. Pal. 1985.1.25,
note COSSON Cass. crim. 21 avr. 1980, D. 1981.33. note COSSON
Cass. crim. 2 juill. 1998, Dr. pénal 1999, comm. 6, obs. J.-H. ROBERT.
Cass. crim. 23 oct. 1997, Bull. crim. n° 348; Dr. penal 1998, comm. 6, obs. J.-H.
ROBERT ; Rev. sociétés 1998, p. 141, note B. BOULOC : émission d'un chèque à
son ordre prélevé sur le compte de la société;
Cass. crim. 27 nov. 1997, Bull. crim. n° 405; Rev. sociétés 1998, p. 596, note B.
BOULOC: rembour¬sement du compte courant créditeur de certains associés,
ou versement de rémunérations excessives ou de commissions injustifiées.
Cass. crim. 18 juin 1998, Dr. pénal 1998, comm. 156, note J.-H. ROBERT,
cessions d'actif à des entreprises constituées intentionnellement ou transfert à
de prétendues filiales dont le prévenu est 1e dirigeant ou l'associé.
Cass. crim. 19 janv. 1981, JCP 1981.11.19640
Cass. crim. 22 févr. 1996, Petites Affiches 23 déc. 1996, p. 7, note M.-Ch.
SORDINO; Bull. crim. n° 90.
b) La dissipation
3. Troisième cas
Il s’agit du cas de la personne qui, soit dans ses écritures, soit par des actes
publics ou des engagements sous seing privé, soit dans son bilan, s'est
frauduleusement reconnue débitrice de sommes qu'elle ne devait pas. La loi
ne précise plus les moyens par lesquels doit être réalisée l'augmentation
frauduleuse du passif, de sorte que la fraude peut consister à recourir à
n'importe quel procédé, action ou omission, entraînant cette conséquence
pour le débiteur.
4. Quatrième cas
5. Cinquième cas
Il consiste à payer un créancier au préjudice de la masse après la cessation des
paiements. En effet, l'égalité entre les créanciers est un principe fondamental
du droit des procédures collectives; sa violation a donc paru suffisamment
grave au législateur OHADA pour être incriminée.
6. Sixième cas
Selon les termes de l’article 229 al.2-1°, est coupable du délit de banqueroute
celui qui, à l’occasion d’une procédure de règlement préventif a, de mauvaise
foi, présenté ou fait présenter un compte de résultat ou un bilan ou un état de
créances ou de dettes ou un état actif et passif des privilèges et sûretés, inexact
ou incomplet.
2. Deuxième cas
Dans les deux cas, l'objectif visé est d'obtenir le respect des règles régissant le
règlement préventif afin d'assurer sa moralisation et son efficacité.
II. La répression
Pour ce qui est des faits incriminés, la distinction est à faire ici également entre
banqueroute simple et banqueroute frauduleuse.
Ces dirigeants sociaux ont, en cette qualité et de mauvaise foi, posé des actes
considérés comme des fautes graves que cite l'article 231. Pour une grande
partie, cet article reprend des faits incriminés à l'article (231, 2°, 4°, 5° et 6°) ou
à l'article 229, (231, 3°) avec la particularité que ces fautes sont commises au
détriment de la personne morale: par exemple, les achats pour revendre au-
dessous du cours ou les moyens ruineux visent à ¬retarder la cessation des
paiements de la personne morale; c’est la cessation des paiements de celle-ci
qui n'est pas déclarée dans les 30 jours ; c’est sa comptabilité qui n'est pas
tenue ou qui est irrégulière ou incomplète elle qui contracte des engagements
jugés trop importants; c’est enfin après sa cessation des paiements qu'un
créancier est payé au préjudice de la masse.
D'autres cas sont spécifiques. C'est le fait pour les dirigeants d'avoir :
- consommé des sommes appartenant à la personne morale en faisant des
opérations de pur hasard ou des opérations purement fictives ; c’est la pure
spéculation qui est ainsi condamnée ;
Frauduleuse
CHAPITRE 2- L’USURE
Le nouveau code pénal en ses articles 1097 et 1098 du nouveau code pénal la
répression de cette infraction.
S'il est vrai que le crédit est l'âme du commerce et des affaires, il est non moins
vrai que le formidable développement du recours au crédit et son corollaire,
l'endettement, est devenu un phénomène de société. Par conséquent
l’emprunteur a besoin d’être protégé contre les désagréments liés à ce
phénomène notamment lorsqu’il devait avoir sa source dans l’usure. Cette
protection passe par des mesures de prévention, mais elle peut le cas échéant
être assurée par la répression des comportements qui induisent les situations
désagréables pour les citoyens victimes.
Le délit d'usure tout comme les autres délits implique, pour être constitué, la
réunion de trois éléments.
I. La convention usuraire
L'article 1er mentionne en premier lieu « tout prêt ou toute convention » c'est-
à-dire le contrat de prêt à intérêt au sens des articles 1905 et suivants du Code
civil.
Cass. crim. 6 mai 1964, D. 1965. 468, note GAVALDA ; escompte assimilé à un
prêt soumis aux règles sur l'usure).
Selon l’art. 1er al.1 de la loi de 2000, constitue un prêt usuraire, tout prêt ou
toute convention dissimulant un prêt d’argent consenti, en toute matière, à un
taux effectif global excédant, à la date de sa stipulation, le taux de l’usure.
Le taux effectif global, c’est le coût réel du crédit supporté par l'emprunteur.
Ainsi donc pour déterminer le taux effectif global du prêt, il convient d'ajouter
aux intérêts, les frais, commissions ou rémunérations de toute nature, directs
ou indirects, y compris ceux qui sont payés ou dus à des intermédiaires
intervenant de quelque manière que ce soit dans l'octroi du prêt (art. 3 alinéa
1). Toutefois, n’entrent pas dans le calcul du taux effectif global d’intérêt les
impôts et taxes payés à l’occasion de la conclusion ou de l’exécution du
contrat.
Le TEG doit être fixé par écrit ; il est librement débattu entre l’emprunteur et le
prêteur sous réserve de respecter le taux plafond. Le législateur a voulu éviter
la fraude trop facile - et trop fréquente - mise au point par d'habiles prêteurs
qui consiste à fixer à un niveau relativement bas le taux d'intérêt proprement
dit, mais à ajouter des frais accessoires sous diverses qualifications qui viennent
gonfler le coût réel du crédit supporté par l'emprunteur: frais de recherche, de
dossier, taxes, commissions...
Cass. crim. 5 juin 1989, Gaz. Pal. 1989.2. somm. 473, obs. DOUCET et réf. citées
- Rev. sc. Crim. 1990.578, obs. BOUZAT; Bull, crim. n° 237.
Pour déterminer le TEG, i1 faut donc se placer du côté de l'emprunteur et y
inclure toute somme qu'il sera dans l'obligation de payer pour obtenir et
rembourser son prêt.
Cass. crim. 12 oct. 1976, Gaz. Pal. 1976.2.762; Bull. Crim. n°288
Aix 29 septembre 1990, Rev. Banque 1991.96 note Rives-Lange (taux usuraire).
Pour vérifier si le TEG est - ou non - usuraire, il faut ensuite le comparer au taux
plafond de rémunération du crédit autorisé dans chaque cas, tel que prévu par
les dispositions de l’article de la loi.
C’est le taux plafond, tel que défini à l’art.1er de la loi et au-delà duquel le délit
d’usure est constitué. En effet, Le délit d'usure est très précisément défini par
les textes légaux, eu égard au taux plafond au-delà duquel l’infraction est
constituée. Il suppose que le TEG dépasse d'un certain pourcentage le taux de
l’usure ou TIM au moment où le prêt est accordé. Le taux de l’usure est
déterminé par le Conseil des ministres de l’Union Economique Monétaire
Ouest Africaine (UEMOA). Il est publié au Journal Officiel, ou dans un journal
d’annonces légales, à l’initiative du ministre chargé des Finances (art.1al.1).
En France, une cour a pu ainsi constater un taux de 120 % l'an dans une
convention de prêt ; (Paris, 9ème ch. B., 29 févr. 1996, Juris-Data n° 020388).
Les juges du fond doivent donc préciser dans leur décision de condamnation et
le montant du taux d’intérêt maximum (TIM) pour l'opération considérée et
l'importance du dépassement.
Cass. crim. 11 mars 1991, Bull. crim. n° 119; Dr. Pénal, juill. 1991, n°211, obs. J.-
H. ROBERT. Il s’agit d’une décision de cassation de l'arrêt qui se contente de
relever, qu'en l’espèce, les prêts litigieux étaient consentis aux taux de 45 et
48%.
Le délit d'usure n'est légalement constaté que si les juges chiffrent l'excès
d'intérêts (Aix, 11 mars 1991, Droit pénal 91 N° 211).
Le délit d'usure est un délit intentionnel, ce qui est établi par l'emploi, dans
l'article 10 de l'adverbe « sciemment ». Bien que le terme « sciemment » utilisé
par l'article 10 ne semble s'appliquer qu'à celui qui apporte son concours à
l'obtention ou à l’octroi du prêt usuraire et non à celui qui consent lui-même le
prêt.
II sanctionne donc le prêteur qui, en pleine connaissance des taux plafonds
autorisés, exige un intérêt ou perçoit une rémunération globale qui les
dépasse. L'intention résulte du dépassement du taux de référence ou de la
connaissance qu'avait le contrevenant d'exclure du taux effectif global les frais
qui doivent y figurer.
SECTION 2- LA REPRESSION
Il faut distinguer selon que les paiements sont en cours et les intérêts usuraires
encore dus ou que la créance est éteinte en capital et intérêts.
I. Paiements en cours
Le délit d’usure étant un délit de droit commun, il est soumis aux dispositions
du Code de procédure pénale et relève de la compétence des juridictions
correctionnelles. Le législateur a prévu pour la répression de cette infraction
une peine principale et des peines complémentaires facultatives.
I. La peine principale
En cas de récidive, la loi prévoit que la fermeture définitive sera ordonnée (art.
11 al.5).
Tel n'est donc pas le cas du directeur d'une agence bancaire qui poursuit en
justice la caution du débiteur, lorsqu'il n'a pas en connaissance de cause
participé à l'établissement ni au suivi des intérêts.
Cass. crim. 2 oct. 2002, Bull. crim. n°179; Dr. pénal 2003, comm. 11, note J.-H.
ROBERT.
II. La prescription
Il faut remarquer que cette disposition rompt avec celle de l’article 7 CPP
précité. En effet, L'usure est en principe un délit instantané dont la prescription
doit commencer à courir à compter du jour où le prêt a été consenti. Toutefois,
pour des raisons évidentes tenant aux nécessités de la répression, l'article 14
dispose que le délai ne court qu'à compter du jour de la dernière perception,
soit d'intérêt, soit de capital, ou de la dernière remise de chose se rattachant à
l’opération usuraire.
Cass. crim. 15 mars 1994, JCP 1994, éd. E, I.378, obs. GAVALDA et STOUFLET ;
Bull. crim. n° 98.
Cass. crim. 26 sept. 1996: Bull. crim., n°357; RTD com. 1997, obs. B. BOULOC.
Pour conclure ce chapitre sur l’usure il faut retenir que le taux d'intérêt légal
(TIL) est, en toute matière, fixé pour la durée de l'année civile. II est, pour
l'année considérée, égal à la moyenne pondérée du taux d'escompte pratiqué
par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest au cours de l'année
civile précédente. Il est publié au Journal Officiel, à l'initiative du ministre
chargé des Finances. Selon la jurisprudence, en l'absence de stipulation écrite,
seul le taux d'intérêt légal est applicable.
Pour prévenir et réprimer tous ces agissements au Togo, il est institué un cadre
juridique et institutionnel approprié qui prend en compte le cadre juridique
international (I), le cadre juridique national (II) et le cadre institutionnel (III).
I. LE CADRE JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LA
CORRUPTION
Par cette loi, l’OTR intègre les directions générales des Douanes et des
Impôts au sein d’une structure unique, laquelle est un établissement public à
caractère administratif, doté d’une autonomie de gestion administrative et
financière. L’article 5 de la Loi portant création de l’OTR, précise les missions
de cette entité placée sous la tutelle du ministre chargé des finances, en ces
termes, je cite : «
Pour remplir ces neuf (09) missions qui viennent d’énumérer, l’Office
Togolais des Recettes, s’est doté le 29 octobre 2015 de deux (02) outils
juridiques entrés en vigueur le 1er janvier 2016. Il s’agit premièrement, du
Statut du personnel, et deuxièmement, du Code de conduite et procédures
disciplinaires. L’on ajoutera aussi la mesure La déclaration de biens ou de
patrimoine qui est une norme visant à prévenir l’enrichissement illicite, le
conflit d’intérêt etc., mesure qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive,
sans parler des jurons et autres grincement de dents. Cette disposition de
déclaration de biens est pourtant prévue par la Convention de l’Union Africaine
sur la prévention et la lutte anti-corruption, la Charte Africaine de la Fonction
Publique etc, ratifiée par le Togo le 14 septembre 2009. Pour la première fois
au Togo, la déclaration des biens est expérimentée par l’OTR (Office Togolais
des Recettes) qui l’a introduit dans sa panoplie de dispositions anti-corruption.
Tout agent de l’OTR doit déclarer ses propres actifs et engagements et ceux de
certains membres de sa famille y compris les enfants: maisons, terrains,
comptes bancaires, dons, véhicules, bijoux etc. bref, tout bien valant plus de
200. 000 F CFA. Enfin, l’instauration d’un numéro vert.
• L’instruction
• Le jugement
Alors qu'une nouvelle ordonnance relative aux marchés publics a été publiée le
23 juillet 2015, nous en appelons à un assainissement et à un renforcement des
moyens de prévention, de lutte et de sanction contre la corruption.
Préambule
2. Les alertes
Préambule
Dans tous les domaines d’activité, les marchés publics constituent l’un des
supports privilégiés du développement de la corruption et des détournements
de fonds publics. Tous les montages possibles ont été réfléchis,
professionnalisés et les argumentations huilées et organisées dans les
moindres détails afin de ponctionner sans risque les caisses publiques.
1.1. Les montages
Les montages sont conçus et adaptés à chacune des phases des marchés et
permettent de « guider » la décision portant le choix du bénéficiaire. Ces
manipulations ont pour conséquence financière une surévaluation du coût de
la prestation. En effet, le paiement de la corruption inhérente à ces
manipulations exige pour l’entreprise l’émission de surfacturations des
prestations qui permettent de payer le corrompu.
Ces montages se matérialisent par des surfacturations, par des prestations sans
existence générant une caisse noire à la disposition du corrupteur. Les experts
évaluent la « déperdition » financière due aux fraudes relatives aux marchés
publics à 20 % des montants engagés et à près de 25 % pour les marchés privés.
S’est-on jamais intéressé aux emprunts toxiques des collectivités ? Qui s’est
soucié des édiles qui détiennent des postes de contrôle, en général
d’administrateurs dans les banques qui ont vendu ces contrats ? Qui s’est
intéressé dans le cadre de partenariats publics privés aux liens directs ou
indirects entre les édiles et les sociétés qui ont bénéficié de cette manne ? Qui
s’est intéressé à la cohorte d’intermédiaires qui ont démarché des collectivités
pour placer ces produits nocifs et ces prestations incontrôlables ? Qui s’est
intéressé aux liens pouvant exister entre les membres des divers conseils
régionaux et les entreprises locales lors de la création d’éléphants blancs. Les
pays du sud ne sont pas les seuls à bâtir des barrages qui n’ont aucune
justification économique. La vente de terrains et les plus-values liées peuvent
constituer des raisons suffisantes à un engagement à fonds perdus ! Rien de
tout cela n’a été fait et pourtant certains conflits sont patents. S’il fallait
prendre une seule mesure de protection des deniers publics, nous pensons
qu’un contrôle approfondi de la régularité des opérations afférentes aux
marchés publics serait une bonne manière de protéger ces derniers.
Gallimard, 2012
L’implication criminelle n’est jamais très éloignée des marchés publics : cela
permet
Le racket affecte aussi l’achat public : il faut payer pour se protéger d’un risque
qui n’existerait pas sans la présence criminelle. Il se matérialise, entre autres,
par des vols de métaux, des vols de matériel, des prêts usuraires à des
entreprises en difficulté, des chantages à l’embauche fictive ou par l’obligation
d’utiliser tel ou tel sous-traitant proche des criminels. Les vols divers sur les
chantiers (câbles, etc.) sont tels que, pour éviter l’arrêt des travaux, les
produits à risque sont livrés en plus grand nombre que nécessaire, le racket est
donc anticipé. Plus de cent cinquante millions seraient perdus par an pour ce
motif. Précisons toutefois que cette pratique affecte le secteur public comme le
secteur privé.
La corruption affecte les agents publics et privés et constitue l’une des dérives
majeures des marchés publics et privés internationaux. Elle se matérialise par
des montages organisés en amont des grands marchés (on paye pour obtenir
un marché) et par des paiements de facilitation destinés à « huiler » l’exécution
des travaux. Elle affecte aussi bien les « vieilles démocraties » que les pays
émergents.
Mais encore une fois ces modes de prédation ne seraient pas possibles si elles
n’étaient accompagnées par des techniciens du droit, des techniciens « métier
» et tout un ensemble d’accompagnateurs sans lesquels ces montages
deviendraient réellement risqués. Il est vain de traiter les problématiques de
corruption dans les marchés publics sans y intégrer les problématiques de
blanchiment. Les manipulations comptables savantes permettent d’emplir les
caisses noires et les comptes camouflés des corrompus, de les gérer et
d’installer à cette fin une protection juridique pertinente, de favoriser leur
rémunération financière et de rendre l’utilisation personnelle aisée.
Ainsi le secteur privé peut être tenté ou contraint d'offrir certains « pot de vin »
à ceux qui acceptent ce type d'arrangement. De même, certains élus
favoriseraient leurs entreprises locales pour maintenir l'emploi. Au niveau
européen, plus de 4 entreprises sur 10 considèrent la corruption, mais aussi le
clientélisme et le népotisme, comme une source de problèmes dans les
affaires. Lorsqu’on leur demande précisément si la corruption est une source
de problèmes dans les affaires, 50 % des entreprises dans le secteur de la
construction et 33 % dans le secteur des télécommunications/technologies de
l'information estiment qu’il s’agit d’un problème grave2.
Par ailleurs, les entrepreneurs honnêtes qui dénoncent de telles manœuvres
frauduleuses sont de plus en plus exposés à des pratiques de rétorsion de type
mafieux. Ils ne bénéficient d'aucune protection de l'Etat et sont même mis en
cause dans certaines procédures, notamment pour diffamation. Ceci contribue
à mettre en place un réel système de cooptation entre personnalités politiques
et entreprises, parfois sous la contrainte.
des partenaires une entreprise intervenant dans les travaux publics. En tant
que co-gérant il était amené à signer des paiements de l'entreprise. Il s'est vite
rendu compte que ses "partenaires" entretenaient des ententes avec d'autres
entreprises. Un jour, on lui a demandé de signer et remettre un chèque pour le
compte d'un élu local aux fins de financer une campagne électorale. Il a
rapidement pris la décision de dénoncer à la direction générale de la
concurrence, de la répression et de la répression des fraudes (DGCRRF) ces faits
délictueux. Sur la base de ces faits, une instruction a été ouverte, qui a connu
aujourd'hui trois magistrats différents. Depuis dans sa région d'exercice, aucun
marché ne lui est attribué, même lorsque sa nouvelle société apparaît la mieux-
disante ; il a dû ainsi déposer son bilan. Mais ce qui est plus grave c'est que M.
M a été victime d'atteintes directes à sa sécurité. Il demande aujourd'hui à
l'Etat d'organiser sa protection et celle de sa famille. Cette affaire qui a plus de
cinq ans n'a toujours pas été jugée.
2. Les alertes
Le rapport 2014 du SCPC décrit le droit des marchés publics comme "mouvant
et facilement contourné": l'acheteur public dispose de nombreuses possibilités
de détourner les règles pour avantager certaines entreprises à des fins
d’enrichissement personnel, ou pour soutenir des proches, ou encore pour
financer l’action politique".
10
Cependant il peut être difficile de réunir le quorum puisque dans les grandes
collectivités ces commissions sont régulières et se déroulent souvent en
journée. De plus l'analyse réelle des offres, parfois complexes, a été
préalablement réalisée par les services de la collectivité qui ne font que
présenter le résultat de leur analyse sans réellement avoir le temps de rentrer
dans le dossier. Il n'existe pas de base normative ni en termes de définition et
choix des critères de sélection, ni en termes de méthode d'analyse. Ceci laisse
une grande liberté aux pouvoirs adjudicateurs, et il devient dès lors difficile
d'expliciter une méthode plutôt qu'une autre devant le juge, Il est regrettable
que les CAO ne soient pas plus collégiales et ouvertes sur des personnalités
civiles tirées au sort par exemple ou sur un complément de personnalités
qualifiées respectant une compétence métier. La convocation des
représentants de l'Etat que sont le comptable public et la DDPP est seulement
facultative (contrairement aux commissions de délégation de service public).
En deçà d’un certain seuil (207 000 € HT pour les marchés de fournitures et de
service et 5 186 000 € HT pour les marchés de travaux), les marchés publics ne
passent même pas devant la CAO. Le pouvoir adjudicateur peut également
prévoir une phase de négociation dans la plus grande opacité. Quant aux
marchés de moins de 15 000 €, la mise en concurrence n’est pas obligatoire.
Le contrôle de légalité pêche aujourd'hui par une réduction des moyens qui le
rend presque inopérant, puisque tous les actes n'y sont pas forcément soumis
et que les agents chargés du contrôle sont de moins en moins nombreux et
formés. Ce sont souvent des agents de catégorie B qui doivent contrôler
aujourd'hui des montages complexes pour lesquels ils n'ont pas été formés
(type partenariat public-privé, délégation de service public) et qui ont été
élaborés en collectivité par des fonctionnaires A+.
D’une part, en créant des jurys citoyens volontaires par tirage au sort
concernant tout ce qui aurait trait à la conception ou l'attribution des marchés,
Les risques de corruption s'avèrent plus élevés au niveau local, où les garde-
fous et les contrôles internes tendent à être moins stricts qu’au niveau
national. En collectivité, les agents des services marchés et finances effectuent
un contrôle interne avant paiement (contrôle ordonnateur). Ensuite la
Direction générale des Finances publiques (DGFIP) après visa de la dépense met
au règlement les sommes dues.
13. globale : il devient urgent qu'un pilotage et une coordination des services
soient mis en place et que les administrations travaillent de concert.
Le SCPC ne peut pas enquêter sur des allégations ni réparer les préjudices
qu'un lanceur d'alerte est susceptible d'avoir subis.
Ses membres pouvaient constater par procès-verbal les infractions au code des
marchés publics. Ils avaient, sur autorisation judiciaire, le pouvoir de procéder
à des perquisitions et saisies. Ils étaient habilités pour effectuer des enquêtes
sur des marchés couverts par la secrète défense. Mais, à partir d'avril 2003
aucune ne demande d'enquête n'a plus été adressée à la Mission. Le dernier
rapport, paru en 2004, fait état d'une réticence des autorités habilitées à saisir
la Mission en raison du risque pénal encouru par les acheteurs publics. Puis la
mission a été neutralisée par le non renouvellement de ses effectifs.
Les officiers de police judiciaire sont aussi compétents pour constater les
infractions en matière de marchés publics. Mais il n'existe plus de service
central réunissant l'expertise de plusieurs ministères et prenant en compte la
complexité de la commande publique.
14 préalables, pour les aligner sur les montants de l'Union européenne. Un élu
d’une collectivité de taille moyenne peut désormais passer l’essentiel de ses
marchés de travaux sans recourir à l’appel d’offres.
• par l'accès effectif des conseillers aux documents afférents aux marchés et
contrat en temps utile avant les réunions délibératives ;
Il devrait aussi exister une base de données accessible aux acheteurs publics ou
un lien vers les plateformes centralisées d'achat, qui recenserait les données
des tribunaux et chambres de commerce concernant les entreprises
soumissionnaires (reprises d'activité, cessation de paiement, etc..).
Moniteur émanation du secteur du BTP, qui est le plus proactif sur ces
questions, même si la question de sa neutralité peut se poser. Du point de vue
de la formation et de la montée en compétence des agents sur des procédures
de plus en plus complexes et auxquelles s'ajoutent un certain nombre de
contraintes techniques ou réglementaires, environnementales, la puissance
publique n'a pas l'ingénierie de formation nécessaire aujourd'hui. D'ailleurs la
formation continue, notamment des cadres dans la Fonction Publique
Territoriale (FPT) ou la FPH (Fonction Publique
Hospitalière), atteint des niveaux inquiétants. Enfin, il est manifeste que dans
les secteur des travaux publics, de la gestion de l'environnement, de
l'aménagement urbain et du développement d'infrastructures, devant cette
complexité technique croissante, les entités publiques recrutent de plus en plus
de chargés d'opérations issus de bureaux d'études techniques, souvent
prestataires permanents des acheteurs publics. Si une vigilance existe
concernant le contrôle du pantouflage c'est-à-dire le départ d'un fonctionnaire
dans le secteur privé, il serait opportun que l'inverse puisse aussi faire l'objet
au moins d'un code de déontologie spécifique ou de procédures de contrôle.
16
Cela s'explique par le fait que les agents sont sous l'autorité hiérarchique des
élus et d’autres fonctionnaires. Ils sont soumis au pouvoir disciplinaire des élus
siégeant en
Commission Administrative Paritaire (CAP), constituées de pairs mais aussi
d'élus qui peuvent être de leur propre collectivité.
Et des deux tiers des 36 497 recrutements externes effectuées en 2011 par les
collectivités locales et les Etablissements Publics de Coopération
Intercommunale ont été effectuées sans concours (agents contractuels et
agents de la catégorie C).
Revue du Grasco
17
Le cas échéant, il est difficile pour les agents de trouver un avocat de droit
public pour les défendre, car les collectivités travaillent avec beaucoup de
cabinets en matière d'urbanisme, de contrats, mais aussi de discipline et il est
donc soit plus rentable d'avoir un contrat avec une collectivité apporteuse
d'affaires, ou simplement il existe dans beaucoup de cas des conflits d'intérêts
des avocats qui ne peuvent défendre leurs dossiers. Et contrairement à ce que
l'on croit, il existe peu de présence syndicale, surtout dans les petites
structures et leurs représentants ne connaissent pas suffisamment l'approche
de la dénonciation motivée d'infractions en droit public. Enfin les frais dits de
dépens des affaires administratives que sont les procédures disciplinaires sont
mises à la charge des seuls fonctionnaires et sont très importants, alors que ces
mêmes charges pour la partie adverse publique rédactrice d'un acte
disciplinaire est mis à la charge de la collectivité. Il y a donc une distorsion de
moyens ouverts en termes de voies de défense entre les parties.
Il est donc manifeste que ces agents sont très peu encouragés à dénoncer des
faits de corruption, puisqu'ils se retrouvent à en subir les risques sur leur
carrière de manière durable, d'autant que les tribunaux administratifs mettent
deux ou trois ans pour statuer sur leur cas individuel. De plus s'ils parlent, on
leur reproche d'avoir trahi leur collectivité.
en 2005.
18
Ce droit d’accès s’applique à tous les documents, quels qu’en soient la forme et
le support, que produisent les autorités administratives, mais aussi aux
documents qu’elles reçoivent des personnes publiques ou privées. L’article L.
Plus généralement, il est difficile aux citoyens d'exercer leur vigilance. Dans ce
contexte, Anticor a proposé aux candidats aux élections locales la signature
d’une charte éthique. Sur ce modèle, le dernier rapport du SCPC propose
l’élaboration d’une charge déontologique-type nationale, déclinée pour chaque
collectivité, afin notamment de prévenir les conflits d’intérêts. Une formation
adéquate devrait aussi permettre aux intéressés de s’approprier les
dispositions de cette charte. Cette charte serait aussi opposable, c’est-à-dire
que des sanctions seraient attachées au non respect de la déontologie.
Cela explique en partie au moins, un exercice très modéré par les préfets de
leur pouvoir de déférer aux tribunaux administratifs des marchés publics
posant un problème de légalité. Cette situation n'est pas compensée que très
partiellement par la possibilité pour des citoyens de saisir cette juridiction, car
ces derniers doivent démontrer leur intérêt particulier à agir.
Certes, le Conseil d’État a ouvert récemment aux tiers justifiant d’un intérêt
lésé par un contrat administratif la possibilité de contester sa validité devant le
juge du
contrat8. Mais seuls certains tiers seront recevables à former un tel recours, et
7 Rapport du Sénat, op. cit.
Cette réforme peut être faite à coût nul, par une évolution des fonctions des
rapporteurs publics dont le rôle est aujourd’hui limité à la présentation de
conclusions devant la juridiction administrative et la mise à leur disposition des
fonctionnaires qui sont actuellement en charge du contrôle de légalité.
21
Par suite, un certain nombre de missions complémentaires non prévues ont été
facturées à l'aéroport, couvrant des dépenses personnelles des dirigeants.
9 par ex. Circulaire du 10 décembre 2014 relative aux relations entre l'autorité
judiciaire et les juridictions financières.
22 (?) disparu, et lui indique qu'il faudrait fournir à nouveau toutes les pièces
pour
le reconstituer...
La chambre régionale des comptes juge dans son ressort les comptes de sa
compétence produits par les comptables publics. Elle juge également les
comptes des personnes qu’elle a déclarées comptables de fait.
Si les comptables n’ont pas satisfait en totalité aux obligations de leur charge
et, notamment, s’ils n’ont pas exercé, en matière de dépenses et de recettes,
les contrôles leur incombant, la chambre peut exiger d’eux les justifications
complémentaires nécessaires et, à défaut, les mettre en débet. Elle peut aussi
les condamner à l’amende pour retard dans le dépôt de leurs comptes annuels.
Dès lors que ceux-ci ont satisfait à leurs obligations, la chambre les décharge de
leur gestion et leur donne quitus lorsqu’ils ont quitté leurs fonctions.
Ainsi, seuls les comptables publics sont traduits devant de telles cours, étant
finalement les seuls garants de la fiabilité et de la qualité comptable. Cette
responsabilité non partagée (alors qu'ils ne sont qu'agents d'exécution des
paiements et encaissements et externes aux collectivités dont ils ne
connaissent souvent pas assez le fonctionnement interne), les amènent à être
mis en débet c'est-
Point n'est besoin de commenter son activité : voici ce que nous retrouvons
dans son rapport annuel 2013 : le nombre d’arrêts rendus en 2013 s’établit à
quatre. Il est en nette diminution par rapport aux sept arrêts rendus en 2011 et
en 2012, étant précisé que les chiffres de 2011 incluent deux décisions rendues
sur voies de rétractation (demandes en rectification et en révision) dont les
délais d’instruction et de traitement sont beaucoup plus courts. Ce
fléchissement contribue à l’augmentation du nombre d’affaires en stock. Le
nombre des dossiers en stock s’établit à 34 au lieu de 31 à fin
Ils citaient aussi pour exemple de faits qui ne pourraient être sanctionnés ceux
commis lors de la réunion de l'Union pour la Méditerranée : "Le ministère des
affaires étrangères a dépensé 16 millions d’euros pour organiser cette
manifestation qui n’a duré que quelques heures (...) Tout cet argent a été
dépensé dans le plus grand désordre. (...). Il n’y a eu aucun appel d’offres. On a
fait n’importe quoi, au point, d’ailleurs, que le comptable a refusé de payer. Le
ministre du budget a trouvé une solution : il a expliqué à son collègue des
affaires étrangères qu’il suffisait de réquisitionner le comptable, qui, dès ce
moment, ne pouvait plus être considéré comme responsable d’avoir couvert
toutes les irrégularités afférentes à ces 16 millions d’euros. Le ministre n’étant
de toute façon pas responsable financièrement, tout était réglé !" Mais, à la
demande du gouvernement, l'amendement a été rejeté.
La CDBF sanctionne les fautes personnelles des fonctionnaires qui engagent des
dépenses en infraction avec les règles applicables. L'activité de cette juridiction
est modeste. Elle a rendu en moyenne trois arrêts par an depuis sa création.
Les élus ne doivent pas être exonérés de cette responsabilité. Il faut donc
permettre à la CDBF de les sanctionner.
La lutte contre la fraude et l'évasion fiscale doit être intégrée dans le droit de la
commande publique.
Genève": Pour avoir une chance de lutter contre une criminalité qui profite
largement des réglementations en vigueur dans les différents pays européens,
il est urgent d'abolir les protectionnismes dépassés en matière policière et
judiciaire. Il devient nécessaire d'instaurer un véritable espace judiciaire
européen au sein duquel les magistrats pourront, sans entraves autres que
celles de l'État de droit, rechercher et échanger les informations utiles aux
enquêtes en cours. (...).
En 1997, un groupe de juristes des quinze États membres, animé par Mireille
1. Renforcer les Commissions d’appels d’offres locales en créant des jurys tirés
au sort et en rendant obligatoire la convocation d'un représentant de l’État.
2. Créer des structures spécialisées et développer les conditions de contrôle de
la commande publique.
12. Exclure des procédures de mise en concurrence des marchés publics les
opérateurs condamnés dans un pays de l'Union européenne pour des faits
d'atteinte à la probité ou de fraude fiscale.
-*-*-
BIBLIOGRAPHIE
1. Ouvrages
CONTE (Ph.) et JEANDIDIER (W.), Droit pénal des sociétés commerciales, Litec,
Affaires Finances, 2004.
2e édition.
JEANDIDIER (W.), Droit pénal des affaires, Précis Dalloz, 5è éd., 2003.
LARGUIER (J.) et CONTE (Ph.), Droit pénal des affaires, Collection U, A. Colin,
11è éd., 2004.
LAURET (B.) et GAUTHIER (P.), Droit pénal des affaires, Economica, 6è éd.,
1996.
MARTOR (B.), PILKINGTON (N.), SELLERS (D.) et THOUVENOT (S.), Le droit
uniforme africain des affaires issu de l’OHADA, avec la participation de Pascal
Ancel, Benoît Le Bars et Roger Masamba, Litec, Editions du Juris-Classeur.
PANSIER (J.-F.), Droit pénal des affaires, Que sais-je?, PUF, 1996.
SANTOS (A.P.) et TOE (J.Y.), OHADA Droit commercial général, Collection Droit
uniforme africain, Bruylant Bruxelles, 2002.
VERON (M.), Droit pénal des affaires, Armand Colin, 6è éd., 2005.
VITU (A.), Traité de droit criminel, in Droit pénal spécial, éd. Cujas, 1982.
2. Revues