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Axe 1 le désir de plaire/ la fable sert à plaire

Les fables de la Fontaine, fidèle à l’esthétique classique, ont pour but de plaire pour
ensuite transmettre efficacement une morale. Autrement dit, « une morale nue apporte de
l’ennui/ le conte fait passer le précepte avec lui. » La Fontaine s’applique ainsi à divertir le
Lecteur par des situations étonnantes (« Le Loup et le renard » ; « La fourmis et la cigale » ;
« Les obsèques de la Lionnes » ; « Les animaux malades de la peste» ; « La Cour du Lion »,
etc.). Les titres de ces quelques exemples sont révélateurs. Les fables ne sont donc pas
dépourvues d’une certaine fantaisie. Au lieu de dresser une argumentation directe, le fabuliste
utilise des détours, des métaphores, l’humour voire l’ironie. D’ailleurs, dans « Le pouvoir des
fables », La Fontaine souligne la nécessité de flatter son public par des contes plaisants. Cette
thèse est confirmée par la moralité finale : « amuser encore comme un enfant ». Le poète
prend du plaisir à nous surprendre par des péripéties (« les deux pigeons »), par des moralités
paradoxales (« l’ours et l’amateurs des jardins »), par des vérités déguisées en mensonges
(« Le dépositaire infidèle »), par les dangers et les plaisirs de l’imagination (« Le Curé et le
Mort »).
Ainsi le choix de la forme et des personnages n’a rien de gratuit. L’aspect merveilleux
que contient les fables a pour objectif de plaire le lecteur afin de mieux retenir son attention.
L’imagination permet, en effet, de divulguer des vérités qui ne sont ni faciles à dire, ni à
entendre, et qui risquent d’irriter le roi ou les courtisant. Le récit plein d’imagination qu’est la
fable, « Sous les habits du mensonge,/nous offre la vérité » (Le dépositaire infidèle »). Par
ailleurs, il ne faut pas oublier le milieu social où La Fontaine a évolué. Le fabuliste appartient
au XVIIème siècle, siècle de Louis XIV, siècle où la production artistique est destinée à un
public cultivé et aisé. C’est pour cela que La Fontaine a dédié la première fable de chacun de
ses livres à un personnage important : Madame de Montespan, Monseigneur Le Dauphin…
Ainsi, pour plaire, le poète a recourt à une forme esthétique particulière. La forme choisie est
une forme versifiée, une forme poétique qui représente souvent un schéma de rimes et de
mètres variés, procédé qui rend la lecture du texte plaisant. Parfois, comme c’est le cas dans
« La Cour du Lion », le rythme du vers ne coïncide pas avec celui de la phrase.
D’autre part, les fables sont souvent dynamiques et ludiques. Les fables, à titre
d’exemple, des Livres VII à XI sont des récits vivants. Contrairement aux fables d’Esope, le
lecteur est séduit par la précision des descriptions, des décors et des portraits ; par la
multiplication des péripéties et la complexité des schémas narratifs. D’autres fables donne à
voir des récits souvent cour et animé ; un schéma narratif très proche du conte, avec des effets
de renversement de situation, comme c’est le cas dans « Les animaux malades de la peste ».
Cet effet de surprise est recherché par La Fontaine. L’art de la variation empêche l’ennui. La
fable devient ainsi plaisante et le lecteur se laisse prendre au jeu de la narration.
Dans un autre exemple, « L’huître et les plaideurs », La Fontaine nous propose une
fable courte, très théâtrale, où on remarque l’emploi de tous les procédés du comique
(comique de mots, comique de situation, comique de caractère, comique de gestes).
Confirment à l’esthétique classique, elle est plaisante. Mais l’intention du fabuliste est
également parodique. Il s’appuie sur des personnages allégoriques pour faire passer sa satire
de la justice. C’est aussi cela le plaisir de la fable. Lire en filigrane, en d’autres termes,
chercher le vrai propos de ce qui est « enseigné ». Le Fabuliste, grâce à l’imagination, suggère
le sens plus qu’il ne l’impose. Il laisse le lecteur construire sa propre réflexion.

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