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Chapitre 4 

: LA DEMANDE D’ASSURANCE
Section 1 : Modèle d’assurance optimale à deux états

A. Hypothèses du modèle

Considérons un individu dont les caractéristiques sont les suivantes :


 Cet individu est risquophobe c’est dire que sa fonction d’utilité U(.) est strictement
concave (U ¿ ¿ ' ( . ) >0 ; U ' ' ( . )< 0) . ¿
 On considère que ce dernier fait face à un risque purement accidentel ;
 Cet individu est doté d’une richesse initiale W0 et il est confronté à une probabilité q (
0< q<1) de perdre un montant x
 Il est par ailleurs confronté à deux états aléatoires possibles : l’état favorable (W 1) et
l’état défavorable (W2), de probabilités respectives (1−q) et q ;
 L’individu a la possibilité de s’assurer : En échange d’une prime d’assurance P , il a la
possibilité d’obtenir une indemnité I en cas de sinistre ;

Revenu de l’individu
Etats Probabilit Situation de l’assureur
Sans assurance Avec assurance
é
W1 1−q W0 W 0 −P Recette : P
W2 q W 0 −x W 0 −P−x + I Dépense : I −P

 L’individu opère le choix de sa franchise d’assurance F , F ≤ x , en respectant l’égalité


suivante I =x – F .
 Mais, comme on suppose que l’assureur est en situation de certitude 1, alors pour
établir sa tarification, il se fonde sur l’espérance mathématique de coût de l’assuré (ou
la prime pure) : Pour F fixé, E ( I )=qI =q (x – F)
Une fois que la prime actuarielle (ou prime pure) est évaluée, la prime P est donnée par :
P= (1+ λ ) E ( I )=( 1+ λ ) qI =(1+ λ) q ( x – F ) où λ> 0 représente le taux de chargement (frais de
gestion, réassurance, taxes, …)
Spécification du contrat d’assurance :
Prime : P=(1+ λ) q( x – F)
Indemnité : I =x – F
Remarque: p=(1+ λ)q=prix d ’ assurance; x – F=quantité d ’ assurance
1
La loi des grands nombres s’applique pour lui.

1
B. Le problème de l’assuré

Si nous considérons que nous sommes face à un individu rationnel alors ce dernier va
maximiser son espérance d’utilité sous la contrainte du choix de son niveau de franchise F :
EU =(1 – q) U (W 1 )+ qU (W 2 )
EU =(1 – q) U (W 0 −P)+q U (W 0 – P – x + I)
EU =(1 – q) U (W 0 −(1+ λ)q ( x – F ))+qU (W 0 – (1+ λ)q (x – F) – x+ x – F )
EU =(1 – q) U (W 0 −p ( x – F ))+qU (W 0 – p( x – F) – F)
Dans ce cas, le problème qu’il devra résoudre se présente comme suit :
Max EU =( 1−q ) U ( W 0− p ( x−F ) ) +qU (W 0− p ( x−F ) −F)
La condition de premier ordre (CIO) donne :
∂ EU ' '
= p ( 1−q ) U ( W 1) −( 1− p ) q U ( W 2 )=0
∂F
De cette équation, on établit l’égalité suivante :
p [ ( 1−q ) U ( W 1 ) + q U ( W 2) ]=q U ( W 2 )
' ' '

Cette dernière égalité stipule que le coût marginal d’une unité d’assurance supplémentaire est
égal au bénéfice marginal de cette unité.
La condition de second ordre (CIIO) s’exprime comme suit :
∂2 EU 2 '' 2 '
2
= p ( 1−q ) U ( W 1 ) + ( 1− p ) q U ' ( W 2 ) <0
∂F
Pour déterminer l’optimum de l’assuré, nous devons considérer quatre situations possibles :
 Au cas où l’assurance est actuarielle (c’est-à-dire en absence de frais de chargement
λ=0 ), le prix de l’assurance est égal à la probabilité de réalisation du sinistre ( p=q ¿.
La CIO permet d’écrire :
' '
U ( W 1 )=U ( W 2 ) ⇔W 1=W 2
Puisque l’utilité marginale est strictement décroissante. Par conséquent, F = 0 ; l’individu
choisit l’assurance complète.
Proposition 1 : Quand le taux de chargement est nul, le contrat d’assurance optimal pour un
individu présentant de l’aversion au risque, offre une couverture complète.
 Au cas où le chargement est strictement positif ( λ> 0 ¿ .
' '
La CIO devient alors : p ( 1−q ) U ( W 1 )=(1− p)qU ( W 2 ).

U ' (W 1) ( 1−p ) q
Le ratio des utilités marginales est égal à : =
'
U (W 2) p(1−q)

2
'
U (W 1)
Comme p>q et (1−q)>(1−p), il en résulte que : '
<1⇔ W 1 >W 2 du fait de la
U (W 2)
décroissance stricte de U '(W ).
Par conséquent, puisque W 1=W 0− p( x – F)et W 2=W 0− p(x – F) – F , la franchise
d’assurance est strictement positive : F> 0 ;
Proposition 2 : Quand le taux de chargement est strictement positif, l’assuré opte pour une
couverture d’assurance partielle. Dans ce cas, le contrat d’assurance complète
est sous optimal.
 Au cas où λ< 0, l’assurance est subventionnée. On constate donc que l’individu paie
un prix inférieur à son prix actuariel.
L’inégalité ci-dessus est renversée et l’on obtient F< 0 ; autrement dit l’individu se
sur-assure.
 Cas de la tarification d’assurance
Si la prime d’assurance se compose de la prime d’assurance actuarielle et d’un coût
fixe C (dans ce cas de figure, on aurait : P=q(x – F)+C ), deux possibilités se
présentent : soit l’individu souscrit à une assurance complète soit il renonce à s’assurer
(si C est prohibitif)
REMARQUE : Il est possible que la demande d’assurance d’un individu soit nulle. En effet,
de façon simultanée, si on a F=x et le coût marginal de la première unité d’assurance
supérieur à son bénéfice marginal :
p [ ( 1−q ) U ( W 1 ) + q U ( W 2) ] ≥ q U ( W 2 )
' ' '

Par ailleurs, en l’absence d’assurance, W 1=W 0 et W 2=W 0 – x , cette inégalité devient :


'
q U ( W 0−x )
p≥
( 1−q ) U ' ( W 0 ) + q U ' ( W 0−x )
Cette inegalité prouve que le prix doit dépasser un certain seuil afin de dissuader l’individu à
s’assurer. Ainsi, le prix d’assurance doit être supérieur au rapport Bénéfice marginal/Coût
marginal de la première unité d’assurance achetée.

Section 2 : Analyse comparative des différents effets de changement

Cette section permet d’analyser la réaction du consommateur face à un changement des


caractéristiques de l’assurance ou de ses propres caractéristiques.

3
A. Effet d’un changement de richesse initiale

Pour analyser l’effet d’un changement de richesse initiale, nous allons considérer les deux
états auxquels est soumis l’individu : W 1=W 0− p(x – F)et W 2=W 0− p( x – F) – F . Le
consommateur maximise son espérance d’utilité :
max
( 1−q ) U ( W 0− p( x−F) ) +qU ( W 0− p(x – F)– F )
F
Une solution intérieure (avec λ > 0 soit encore p > q) se caractérise par la condition du
premier ordre suivante :
∂ EU ' '
= p ( 1−q ) U ( W 1) −( 1− p ) q U ( W 2 )=0
∂F
Si nous décidons d’appréhender la demande d’assurance par le niveau de franchise F, alors on
pourra identifier l’effet d’un changement dans la richesse initiale à l’aide du signe de la
∂F
dérivée suivante : .
∂W 0
NB : La franchise n’est pas la demande d’assurance, toutefois lorsque la franchise augmente,
la demande d’assurance diminue et quand la franchise diminue, la demande d’assurance
augmente.
Dans cette condition du 1er ordre, l’expression à gauche du signe d’égalité à zéro est une
fonction, d’une part de la variable de décision F, d’autre part de toutes les variables exogènes
du problème (W0, p, q, x). On peut donc écrire :
' '
H ( F , W 0 , p ,q , x ) =p ( 1−q ) U ( W 1 )−( 1− p ) q U (W 2)
A l’optimum, H = 0. On s’intéresse à l’impact d’un changement de W 0, toutes choses étant
égales par ailleurs, sur le niveau de franchise. En calculant la différentielle totale de H, il est
possible de caractériser la réaction de l’assuré (en termes d’ajustement de la franchise) suite à
un changement dans la richesse initiale :
∂H ∂H
dH = dF+ d W 0=0
∂F ∂W0
Il est aisé de remarquer par intuition que suite à un changement de W 0, le consommateur
rationnel va chercher à réaliser de nouveau l’égalité entre C m et Bm de l’assurance (condition
garantie par H=0). Il va donc ajuster sa demande d’assurance (par le biais de son choix de F)
afin de garantir à nouveau cette égalité. Le fait que la différentielle s’annule (dH = 0) décrit
cette réaction de l’assuré.
On en déduit :

4
∂H

dF ∂W0
=
dW 0 ∂H
∂F
∂ H ∂2 EU
Etant donné que = 2
< 0, il en resulte que le signe de l’impact recherché n’est ni plus
∂F ∂F
∂H
ni moins que celui de .
∂W 0
Ainsi, à parttir de l’expression de H :
' '
H ( F , W 0 , p ,q , x ) =p ( 1−q ) U ( W 1 )−( 1− p ) q U ( W 2 )

H ( F , W 0 , p ,q , x ) =p ( 1−q ) U ' ( W 0− p(x−F ))−( 1− p ) q U ' ( W 0 − p ( x −F )−F )


On obtient :
∂F '' ''
= p (1−q ) U ( W 1) −( 1− p ) q U (W 2 )
∂W 0

∂F
∂W 0
'
=− p ( 1−q ) U ( W 1 ) '
(
−U ' ' ( W 1)
U (W 1)
'
)
+ ( 1− p ) q U (W 2 )
−U '' ( W 2 )
'
U (W 2) ( )
'' ''
−U ( W 1 ) −U ( W 2 )
En posant A ( W 1 ) = ' et A ( W 2 ) = ' , on a :
U (W 1) U (W 2)
∂F ' '
=− p ( 1−q ) U ( W 1 ) A ( W 1 ) + ( 1− p ) q U (W 2 ) A ( W 2 )
∂W 0
' '
Et sachant qu’à l’équilibre, on a : p ( 1−q ) U ( W 1 )= (1− p ) q U (W 2) , l’égalité précédente
devient :
∂F
= p (1−q ) U ( W 1 ) [−A ( W 1 ) + A ( W 2 ) ]
'
∂W 0
Et comme p > q, W1 > W2 et A(W1) < A(W2), alors sous l’hypothèse intuitive d’une aversion
∂H ∂F
absolue au risque décroissante avec la richesse, on a par conséquent, > 0 et >0
∂W 0 ∂W 0
Résultat de la démonstration :
La franchise d’assurance augmente avec la richesse initiale. Autrement dit, la demande
d’assurance décroît avec la richesse, ceci sous l’hypothèse d’une aversion absolue
décroissante avec la richesse.
Comme remarque, on observe que l’assurance est un bien inférieur !
Par intuition, on observe que lorsque la richesse augmente, l’aversion absolue au risque
diminue et l’individu perçoit un bénéfice marginal de l’assurance moins important dans la

5
mesure où il a moins peur d’un risque inchangé, ce qui l’emmène à s’assurer de façon
moindre.

B. Effet d’un changement de prix

∂F
En procédant de la même manière, on arrive à calculer . Aussi, la différentielle totale de H
∂p
permet d’écrire :
∂H ∂H
dH = dF+ dp=0
∂F ∂p
∂F ∂H
On arrive ainsi à déduire que le signe de est celui de
∂p ∂p
Une intuition trompeuse pourrait tronquer notre analyse :
En effet, on s’attend à ce qu’un accroissement du prix d’assurance favorise, toutes choses
égales par ailleurs, la rétention de risque et réduise la demande d’assurance.
Ceci n’est pas si simple pour autant.
En partant de l’expression de H :
H ( F , W 0 , p ,q , x ) =p ( 1−q ) U ' ( W 1 )−( 1− p ) q U ' ( W 2 )

¿ p ( 1−q ) U ' ( W 0− p (x−F) )− (1− p ) q U ' ( W 0− p ( x−F )−F )


Les dérivées de cette fonction par rapport à p donnent les résultats suivants :
∂H
= (1−q ) U ' ( W 1 )−q U ' ( W 2) −[ x−F ] [ p ( 1−q ) U '' ( W 1 )−( 1−p ) q U '' ( W 2 ) ]
∂p
∂H ' ' ∂H
= (1−q ) U ( W 1 )−q U ( W 2) −[ x−F ]
∂p ∂W 0
∂H ∂H
=EU ' − [ x−F ]
∂p ∂W0
Ce résultat permet de mettre en exergue deux effets opposés :
 Un effet de substitution (positif) (EU’) : L’accroissement de p incite l’assuré à
substituer de la rétention de risque à l’assurance (donc la franchise F augmente par cet
effet).
∂H
 Un effet de richesse (négatif) (−[ x−F ] ∂W ) : Une augmentation de p équivaut à un
0

appauvrissement réel. Sous l’hypothèse d’une aversion absolue décroissante avec la


richesse, la peur du risque s’accroît. Il en résulte que le bénéfice marginal de la

6
couverture d’assurance augmente. Par cet effet, l’assurance augmente (donc la
franchise F diminue, d’où l’effet négatif).

C. Effet d’un changement d’aversion au risque

Toujours dans le même contexte de risque et d’assurance, considérons 2 assurés qui ne


diffèrent que par leurs fonctions d’utilité U(.) et V(.). Même richesse initiale, même tarif
d’assurance, même probabilité de sinistre, même perte x .
•Point important : on suppose que p > q – l’assurance n’est pas actuarielle.
Les conditions du 1er ordre s’écrivent respectivement pour les consommateurs U et V :
∂ EU
= p ( 1−q ) U ( W 1 ) −( 1− p ) q U ( W 2 ) =0
' U ' U
U
∂F
∂ EU
= p ( 1−q ) V ( W 1 )− (1− p ) q V ( W 2 ) =0
' V ' V
V
∂F
En supposant que la fonction d’utilité représente un comportement plus « risquophobe » que
la fonction d’utilité U (.) au sens d’Arrow-Pratt, alors on peut considérer V (.) comme une
transformation concave et croissante de U (.) : V (.)=k [U (.)] et V ’(.)=k ’ [U ( .)] U ’( .) avec
k ’ >0 et k ’ ’ <0 .
Les conditions de premier ordre permettent d’obtenir :
U (W 1 ) V ' (W 1V ) (1− p ) q
' U

= ' =
U ( W 2 ) V ( W 2 ) p ( 1−q )
' U V

En utilisant la relation entre U (.) et V (.), cela implique que :

U (W 1
'
) k ' [ U ' ( W 1V ) ] U ' ( W 1V ) ( 1− p ) q
U

= =
U ( W 2 ) k ' [ U ' ( W 2V ) ] U ' ( W 2V ) p ( 1−q )
' U

L’assurance étant partielle, alors V


W 1 >W 2
V
et U ( W 1V ) >U ( W 2V ) . Dans ce cas,
'
[
k U (W 1
V
)] < k ' [ U ( W 2V ) ]; nécessairement, on a : W 1V >W 1U et W 2V >W 2U . On en déduit donc

que l’individu V s’assure davantage.


Résultat des démonstrations :
Toutes choses égales par ailleurs, la demande d’assurance augmente avec l’aversion au risque.

Section 3 : Analyse comparative de l’Auto-assurance et de l’autoprotection

Pour rappel, notons que l’auto-assurance et l’autoprotection sont les deux types de
préventions auxquelles a recours tout individu pour gérer le risque. Ces deux types de
préventions entretiennent des relations singulières avec l’assurance.

7
A. Relation entre auto-assurance et assurance

Le problème auquel est confronté l’individu est de choisir de manière optimale son niveau
d’auto-assurance étant entendu que ce dernier dispose d’une richesse initiale W0 qui est
confronté à une probabilité q de perdre une part x de la richesse finale.
En l’absence de protection contre le risque, l’état de richesse de l’individu est donné par :
W 1=W 0 (état sans sinistre) et W 2=W 0−x (état de perte).
S’agissant de la technologie d’auto-assurance, on suppose que la taille de la perte est une
fonction de a , le montant investi en auto-assurance. Par conséquent, x (a), la taille de la perte,
est une fonction décroissante de a : x ’ (a)< 0. De surcroît, on suppose que x ’ ’(a)> 0, ce qui
implique que les rendements de l’auto-assurance sont décroissants.
Compte tenu de ces éléments, la richesse finale de l’individu dépend de l’évènement survenu
(absence de sinistre ou sinistre) et s’écrit : W 1=W 0−a et W 2=W 0−a−x (a)
Les préférences de l’assuré sont caractérisées par la fonction d’utilité U (W ), strictement
croissante et concave (U ’ (W )> 0 ,U ’’ (W )<0). Ainsi, en l’absence de contrat d’assurance,
l’assuré choisit le niveau d’auto-assurance, a, qui maximise son espérance d’utilité EU (a) :
EU (a ¿ ¿
Max
a )=( 1−q ) u ( W 0−a ) +qu(W 0−x ( a )−a)¿
Le niveau d’autoassurance
∂ EU ( a)
=−( 1−q ) u ( W 0 −a ) −[ 1+ x ( a ) ] q u ( W 0 −x ( a )−a ) =0
' ' '
∂a
On en déduit :
( 1−q ) u' ( W 0−a )+ q u' ( W 0−x ( a ) −a ) =−x ' ( a ) q u ' ( W 0 −x ( a )−a )
Interprétation : L’individu choisit son investissement en auto-assurance de façon à égaliser
le coût marginal de l’auto-assurance à son bénéfice marginal. Ce coût marginal est évalué par
l’espérance d’utilité marginale perdue suite à l’investissement supplémentaire d’une unité
monétaire (terme de gauche), tandis que le bénéfice marginal (terme de droite) est égal au
gain d’espérance d’utilité marginale dans l’état de perte, pondéré par le rendement marginal
de l’auto-assurance.
Combinaison de l’assurance et de l’auto-assurance : une prime P en échange de la garantie
d’une indemnité I en cas de sinistre. Compte tenu de ces éléments et du fait que l’auto-
assurance est disponible dans les mêmes conditions que précédemment, la richesse finale
dépend de l’évènement survenu (absence de sinistre ou sinistre) et s’écrit : W 1=W 0 – P – a et
W 2=W 0 – P – a – x ( a)+ I .

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On suppose que l’assureur n’observe pas l’activité d’auto-assurance de sorte que le contrat
d’assurance est indépendant de a , la dépense d’auto-assurance. Par convention, nous
supposerons que l’assureur construit sa tarification sur la base du niveau de perte atteint en
l’absence d’auto-assurance : x=x (0).
Le contrat d’assurance spécifie une quantité d’assurance (l’indemnité I), ainsi qu’un prix p par
unité de couverture d’assurance. Si l’on adopte les notations suivantes, respectivement pour la
prime d’assurance et l’indemnité d’assurance : P= p( x−F) et I =x−F , où F représente la
franchise d’assurance et p le prix d’assurance, on obtient :
W 1=W 0− p ( x−F )−a
W 2=W 0− p ( x−F )−a−x ( a )+ x−F
Comme précédemment, les préférences de l’assuré sont caractérisées par une fonction
d’utilité U (W ), strictement croissante et concave (U ’(W )> 0 ,U ’ ’ (W )<0). L’espérance
d’utilité dépend de deux variables de décision, la franchise F et le niveau d’auto-assurance a .
On la note EU ( F , a) et elle s’écrit de la manière suivante :
Eu ( F , a )= (1−q ) U ( W 1 ) +qU (W 2 )

Eu ( F , a )= (1−q ) U ( W 0 −p ( x−F )−a ) +qU (W 0− p ( x−F )−a−x ( a ) + x−F)


L’individu maximise son espérance d’utilité en fixant sa franchise d’assurance, F , ainsi que
son niveau d’auto-assurance a .
•Conditions du premier ordre:
∂ EU
=( 1−q ) pU ' ( W 1) −( 1− p ) qU ' ( W 2) =0
∂F
∂ EU
=− (1−q ) U ( W 1 )− [ 1+ x ' (a) ] U ' ( W 2 )=0
'
∂F
La première condition détermine la franchise F et montre que son niveau s’établit de telle
façon que, pour l’individu, le bénéfice marginal de l’assurance soit égal à son coût marginal :
p [ ( 1−q ) U ' ( W 1 ) + qU ' (W 2 ) ]=qU ' (W 2 )
Les conclusions associées à cette condition du 1er ordre (Smith (1968)) : lorsque l’assurance
est actuarielle ( p=q), l’assuré choisit une couverture d’assurance complète (F=0), par
contre, il opte pour une couverture d’assurance partielle (F> 0) lorsque le prix d’assurance est
supérieur au prix actuariel ( p>q) .
•De façon similaire, la deuxième condition s’écrit en faisant apparaître bénéfice marginal et
coût marginal de l’auto-assurance :
( 1−q ) U ' ( W 1 ) + q U ' ( W 2 )=−x ' ( a ) qU ' (W 2 )

9
En effectuant le rapport de ces deux conditions on obtient la relation suivante :
1
=−x ' (a)
p
D’où la proposition suivante :
•Proposition 1 : En présence d’auto-assurance et d’assurance, l’assuré rationnel choisit son
niveau d’auto-assurance, a , de telle sorte qu’il égalise le rendement marginal de l’auto-

assurance (−x ’( a)) au rendement marginal de l’assurance ( 1p ).


Une conséquence immédiate de cette égalité est la substituabilité de l’assurance et de
l’auto-assurance (Ehrlich et Becker (1972)). En effet, d’après cette équation, lorsque le prix
d’assurance augmente, son rendement diminue et l’assuré, afin d’égaliser les rendements de
l’assurance et de l’auto-assurance, s’ajuste en investissant davantage en auto-assurance.
1
=−x ' (a)
p

B. Relation entre assurance et autoprotection

L’objectif de l’autoprotection, abusivement assimilée souvent à la « prévention » est de


diminuer la probabilité de survenance du sinistre. Ainsi, grâce à des dépenses
d’autoprotection b , l’assuré peut agir sur q :
q=q (b) ; q ’( b)< 0 ; q ’’ (b)>0
(hypothèse de rendements décroissants dans l’activité d’autoprotection)
En présence d’autoprotection, la richesse finale prend la forme suivante :

~
{
W f = W 1=W 0 −x ; probabilité 1−q(b)
W 1 =W 0−x−b ; probabilité q(b)

Dès lors, l’espérance d’utilité s’écrit comme suit :


~
EU ( W f )=( 1−q ( b ) ) U ( W 1) + q ( b ) U (W 2)

EU (~
W f )=( 1−q ( b ) ) U ( W 0−b ) +q ( b ) U (W 0−x−b)

La condition du premier ordre


~
∂ EU ( W f )
∂b
[ ' W 1 '
]
=−q ( b ) [ U ( W 1 )−U ( W 2 ) ]− ( 1−q ( b ) ) U ( ) +q ( b ) U ( W 2 ) =0
'

Interprétation :

Dans cette égalité, le terme de gauche est le bénéfice marginal de l’autoprotection et celui de
droite représente le coût marginal de l’autoprotection.
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On remarque qu’en cas d’égalité entre W 1=W 2 , le bénéfice marginal est nul.

La présence conjointe d’assurance et d’autoprotection permet d’écrire la richesse finale sous


la forme suivante :

~
{
W f = W 1=W 0− p ( x−F )−b ; probabilité 1−q(b)
W 1 =W 0− p ( x−F )−b−F ; probabilité q (b)

On en déduit l’expression de l’espérance d’utilité (hypothèses identiques) :

~
EU ( W f )=( 1−q ( b ) ) U ( W 1) + q ( b ) U (W 2)

~
EU ( W f )=( 1−q ( b ) ) U ( W 0− p ( x−F )−b ) + q ( b ) U (W 0− p ( x −F )−b−F )

Ces résultats laissent entrevoir deux possibilités (ou cas) selon la capacité (ou l’intérêt) des
assureurs à répercuter l’effort d’autoprotection dans la tarification. On peut donc énoncer
deux hypothèses alternatives :
 Le prix d’assurance est indépendant de b . Dans ce cas, la prime d’assurance est
indépendante de b .
 Le prix d’assurance est influencé par le niveau de prévention de b . Dans ce cas, la
prime d’assurance peut s’écrire : P= p ( b )( x−F )=( 1+ λ ) q (b)(x−F)
Remarque sur l’observation de b
A priori, il n’est pas possible d’observerb . L’individu choisit son niveau d’investissement b et
ne le divulgue pas nécessairement. Cependant, l’assureur peut contrôler le choix de
prévention b à l’aide d’une clause de prévention inscrite dans le contrat d’assurance. C’est en
cela que l’hypothèse 2 n’est pas irréaliste.
Les résultats observés sont à l’origine de la proposition de Erlich et Becker (1972) :
 L’assurance et l’autoprotection sont complémentaires lorsque la prime d’assurance
dépend du degré de prévention.
 Elles sont substituables si la prime est indépendante du niveau de prévention.

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