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CHAPITRE 5.

La théorie de l’assurance
Objectif du chapitre 5

Ce chapitre présente une application de l’axiomatique de


VNM à la demande d’assurance. Nous verrons, le principe de
l’assurance par mutualisation des risques, l’assurance et
l’aversion pour le risque ainsi que les limites de l’assurance.
I- Les mécanismes de l’assurance :

Un assureur agit en qualité d’intermédiaire auprès


de nombreuses personnes exposées au même risque.
L’assureur perçoit une somme appelée prime ou
cotisation. Les fonds recueillis servent à constituer
une caisse commune permettant d’indemniser les
victimes du sinistre.
Pour honorer ses engagements l’assureur doit tenir compte de
trois éléments essentiels :

1- la fréquence : c-à-d du rapport existant entre les


sinistres déclarés et le nombre d’assurés

2- Le coût moyen d’un sinistre : c-à-d le coût obtenu en


rapportant le montant total des indemnités au nombre des
sinistres.

3- la tendance : c-à-d la mesure de l’évolution d’une année


sur l’autre de la fréquence et du coût moyen du sinistre.
II- La mutualisation des risques
Considérons un individu ayant une richesse initiale w0
comportant un bien d’une valeur h pouvant être détruit avec
la probabilité p.

La richesse finale de l’agent est donc :

w f  Lw0  h, w0 ; p, 1  p 
Soit :
w f  w0  L h,0 ; p, 1  p   w0  ~
x
L’équivalent certain est déterminé par :

u w *  Eu w
~ 
f

La prime de risque est déterminée par :

 w0 , ~
x   w0  E ~
x  w *

Donc l’individu sera prêt pour obtenir un contrat de


pleine assurance à payer au maximum de :

 E ~
x    w0 , ~
x
Supposons maintenant que deux individus
identiques fassent un « pool ».

Trois cas se présentent :

1- soit il n’y a pas de sinistre et la richesse des membres


du « pool » reste identique w0 . Cet état survient avec la
probabilité :
1  p 2
2- soit il n’y a qu’un seul sinistre. Chaque agent devra
donc payer la moitié du montant du sinistre (y compris le
sinistré). La richesse finale de chaque agent est donc égale
à w0 – h/2. Cet état survient avec la probabilité :
2. p1  p 
3- soit il y a deux sinistres. Chacun des deux agents devra
donc payer la moitié du montant total des sinistres. La
richesse finale de chaque agent est donc égale à w0 – 2.h/2.
Cet état survient avec la probabilité :
p2

Donc lorsque les agents font un « pool » leur richesse


finale devient :
 h 2
~
w f  w0  L  h, ,0 ; , p , 2. p1  p  , 1  p  
2

 2 
Extension du « pool »
Supposons qu’il y ait n agents identiques qui décident de
former un « pool ». La richesse finale de chaque agent est :


w
 0 avec la probabilité 1  p n
, aucun sinistre
 h
w0 - avec la probabilité C1n p.1  p n 1 , 1 sinistre
 n
...
~ 
wf  
h
w0 -k avec la probabilité C kn p k .1  p n  k , k sinistres
 n

...

w0 -h avec la probabilité p n , n sinistres

Les caractéristiques du « pool »

Le fait d’intégrer le « pool » :

-réduit les probabilités des états extrêmes,


- ne modifie pas la richesse moyenne,
-réduit la prime de risque,
-réduit la variance,
-augmente l’utilité.
Exemple :
Soit deux agents identiques ayant les caractéristiques suivantes :
u w  Lnw
w0  50000€
~  1 4
x  L  5000,0 ; , 
 5 5

1- Déterminez dans le cas ou un agent est seul la richesse


finale, la richesse moyenne, la prime de risque, la prime
maximale de pleine assurance.

2- Même question dans le cas où le « pool » est formé de deux


agents.
Réponse :
1- La richesse finale est :
~  1 4
w f  50000  L  5000,0 ; , 
 5 5

La richesse moyenne est :

E w
~   50000  5000 1  0 4  49000€
f
5 5

La prime de risque est :


x   E w
 w0 , ~ ~  w *
f
L’équivalent certain déterminé par :

u w *  Eu w
~   Eu w  ~
f 0 x
1 4
Lnw *  Ln45000   Ln50000   10,798
5 5
w*  e10, 798  48922,85€
x   E w
 w0 , ~ ~   w*  49000  48922,85  77,15
f

La prime maximale de pleine assurance est :

 E ~
x    w0 , ~
x   1000  77,15  1077,15€
2- dans le cas du pool avec deux agents :

0 sinistre avec la probabilité : 0,8 2  0,64

1 seul sinistre avec la probabilité : 2  0,2  0,8  0,32

2 sinistres avec la probabilité : 0,2 2  0,04

La richesse finale est :


~  50000  L 5000 ,  2500 , 0 ; 0,04 , 0,32 , 0,64
w f

La richesse moyenne est :


E w
~   50000  5000  0,04  2500  0,32  0  0,64  49000€
f
La prime de risque est :
x   E w
 w0 , ~ ~  w *
f

L’équivalent certain déterminé par :

u w *  Eu w
~   Eu w  ~
f 0 x

Lnw *  0,04 Ln45000  0,32 ln 47500  0,64 Ln50000  10,799

w*  e10, 799  48971,80€

x   E w
 w0 , ~ ~   w*  49000  48971,80  28,19
f

La prime maximale de pleine assurance est :

 E ~
x    w0 , ~
x   1000  28,19  1028,19€
Comparaison entre les deux situations :

Hors du pool Dans le pool


Richesse finale 45 000 (0,2) 45 000 (0,04)
50 000 (0,8) 47 500 (0,32)
50 000 (0,64)
Richesse moyenne 49 000 49 000

Prime de risque 77,15 28,19


Prime maximale de 1 077,15€ 1 028,19€
pleine assurance
Les contrats d’assurance :

Le contrat de pleine assurance est un contrat où


l’intégralité du sinistre est remboursée par l’assurance

Le contrat de co-assurance est un contrat ou seulement


une part du sinistre est remboursée par l’assurance

Le contrat d’assurance avec franchise est un contrat où


l’assuré prend à sa charge le sinistre jusqu’à un certain
montant fixé. Au delà de ce montant, la différence entre
la perte et la franchise est à la charge de l’assurance.
Par ailleurs on sait que :

Pv w0 , ~
x   w *  w0
 w0 , ~
x   E ~
x   Pv w0 , ~
x

D’où :  w0 , ~
x   E ~
x   w *  w0

w*  w0  E ~
x    w0 , ~
x

Équivalent certain = Richesse moyenne – Prime de risque


Le contrat de pleine assurance :
Soit un agent tel que la richesse finale est donnée par :
w0
1  p 
~
w f

p
w0  L

Le degré de satisfaction en l’absence d’assurance est mesuré par :

Eu w
~   p.u w  L   1  p .u w 
f 0 0
Supposons qu’une compagnie d’assurance propose un
contrat de pleine assurance à l’agent. Moyennant le
paiement d’une prime d’assurance P l’assurance verse une
indemnité I égal au montant du sinistre L.

w0  P
1  p 
~
w f

p
w0  L  I  P  w0  P

La richesse finale n’est plus risquée. Elle est sûre et certaine.


La prime d’assurance P vérifie la relation suivante :

Eu w
~ avec assurance  Eu w
f
~ sans assurance
f

Soit :
u w0  P   p.u w0  L   1  p .u w0 

Comme la prime est positive, il faut que la fonction d’utilité


soit concave pour que l’inégalité précédente tienne. U’’>0

La prime maximum que l’individu acceptera de payer est


telle que :

u w0  Pmax   p.u w0  L   1  p .u w0 


L’indemnité moyenne du sinistre coïncide avec l’espérance
mathématique du sinistre quand l’assurance fait jouer la
loi des grands nombres.
p  L  1  p  0  p.L
u w0 

u w0  P 

u w0  L 

w0  L w0  Pmax w0  p.L w0
On remarque que : Pmax  p.L
Le contrat de co-assurance :
Soit un agent tel que la richesse finale est donnée par :
w0
1  p 
~
w f

p
w0  L

Le degré de satisfaction en l’absence d’assurance est mesuré par :

Eu w
~   p.u w  L   1  p .u w 
f 0 0
Supposons qu’une compagnie d’assurance propose un
contrat de co-assurance à l’agent. Moyennant le paiement
d’une prime d’assurance P l’assurance verse une indemnité
I égal au montant du sinistre L pondéré par un coefficient 
positif mais strictement inférieur à 1 : I=L.

w0  P
1  p 
~
w f

p
w0  L  I  P  w0  1   L  P
La prime d’assurance est déterminée par l’espérance de l’indemnité :
~

P  E I  p. L
L’individu choisira le pourcentage  maximisant son
espérance d’utilité :

max p.u w0  p. .L  1   L   1  p u w0  p. L 


   arg max p.u w0  L  1  p . .L   1  p u w0  p. L 

En dérivant par rapport à  on obtient :

 1  p L. p.u ' w0  L  1  p . .L   p.L1  p u ' w0  p. L   0


 u ' w0  L  1  p . .L   u ' w0  p. L 
 w0  L  1  p . .L  w0  p. L

  1
Donc l’individu choisirait toujours un contrat de plein assurance

La compagnie d’assurance doit nécessairement


appliquer un facteur de chargement  pour que
l’individu accepte un contrat de co-assurance
pour lequel il acceptera de prendre à sa charge
une partie du risque.
La prime d’assurance sera alors :
~

P  1   E I  1    p. .L

A votre avis pourquoi une compagnie d’assurance à


intérêt à proposer un contrat de co-assurance ?
Dans le cas d’un contrat de co-asurance, la richesse finale est
donnée par :

w0  1    p. .L
1  p 
~
w f

p
w0  L   .L  1    p. .L
Le contrat avec franchise :

La décision d’assurance consiste donc à déterminer un


montant D qui correspond au montant en dessous duquel le
risque incombe à l’assuré et non à l’assureur.

Pour les même raisons que la co-assurance la prime


d’assurance P est de la forme :


~
P  1   E I  1   E max~
x  D,0  1    pL  D 
Dans le cas d’un contrat avec franchise, la richesse finale est
donnée par :
w0  1    pL  D 
1  p 
~
w f

p
w0  D  1    pL  D 

L’individu choisira le montant de la franchise optimale qui


maximisera l’espérance de son utilité finale :

D  arg max p.uw0  1    pL  D   D   1  p uw0  1    pL  D 


Exercice :
Un propriétaire de chevaux de course possède un cheval acheter
150000€. Sa richesse initiale est de 1 000 000€ et sa fonction
d’utilité est logarithmique.
La compagnie d’assurance lui propose 2 contrats :

Contrat 1- co-assurance avec un coefficient de chargement de


2%

Contrat 2- Franchise avec chargement de 2%

Pendant la période de préparation, le cheval a une chance sur


1000 d’avoir un accident le rendant inutilisable.

1- Calculez le taux de couverture  du contrat 1-


2- Calculez la franchise D du contrat 2-, concluez ?
Réponse :
Le risque auquel fait face le propriétaire est :

~  1 999 
x  L  150000€,0 ; , 
 1000 1000 

1- le taux de couverture  est donné par la résolution du programme :


   arg max p. lnw0  1    . p.L  (1   ) L 
 1  p lnw0  (1   )  . p.L 

Avec :
p=1/1000, w0=1 000 000€, L=150 000€, =0,02
Après de nombreux et douloureux calculs
que vous ferez ….on obtient :
1 p w0 
 
1  1    p L 1   1  1    p 

  86,92%

La prime d’assurance est :


P  1    p. .L  132,98€
2- La franchise optimale est déterminée par :

D  arg max p. lnw0  1    pL  D   D   1  p . lnw0  1    pL  D 

 w0  1    p.L
D
1    1  1    p
D  19625€

La prime payée est déterminée par :

P  1    p.L  D   132,98€
Comparaison des deux contrats :

Contrat de Contrat avec franchise


co- assurance
Prime 132,98€ 132,98€

Rétention en cas de (1-)L


sinistre (1-0,8692)x150000=19620 D=19625

Montant versé par L=0,8692x150000=130395 L-D=130375


l’assurance

À quelques Euros prés, Le propriétaire devrait être


indifférent entre les deux contrats

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