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Les cotisations sont les apports financiers obligatoires des employeurs et des salariés affiliés à

un organisme de sécurité sociale en vue de constituer une assurance dans les différentes
prestations gérées par cet organisme.
La sécurité sociale est traditionnellement financée par les cotisations des travailleurs et leurs
employeurs. Cette pratique est toujours d’actualité à la Caisse Nationale de Prévoyance
Sociale (CNPS) où l’essentiel de ses ressources est constitué par les cotisations sociales, d’où
la nécessité de bien calculer ces cotisations.
La présente formation sur l’assiette et l’évaluation des cotisations sociales répond à cette
préoccupation. En effet, elle va permettre aux étudiants de sécurité sociale d’appréhender
d’une part la définition et les composantes de l’assiette et d’autre part les éléments importants
à prendre en compte dans l’évaluation des cotisations.

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CHAPITRE I : L’ASSIETTE DES COTISATIONS

I- DEFINITION DE L’ASSIETTE DES COTISATIONS


L’assiette des cotisations est constituée par tous les éléments de salaire alloués à un
travailleur.
La loi N° 99-477 du 2 août 1999 portant modification du Code de Prévoyance Sociale
dispose en son article 23 que les cotisations sont assises sur l’ensemble des salaires y compris
les avantages en nature et indemnités diverses versées par l’employeur à son personnel salarié
à l’exception des indemnités ayant le caractère de remboursement de frais.
Par ailleurs, l’arrêté N° 003 du 11 mai 1983 en son article 1 a retenu la définition suivante :
« l’assiette des cotisations sociales comprend la rémunération totale du travailleur à
l’exclusion des prestations familiales et des cotisations patronales aux régimes des prestations
familiales, des accidents de travail et des maladies professionnelles et de la retraite ».

II- LES COMPOSANTES DE L’ASSIETTE


Il existe deux (2) grandes composantes :
- Les gains en espèce ou salaire ;
- Les avantages en nature

A- GAINS EN ESPECE OU SALAIRE


Le salaire est constitué par la rémunération en argent versé au personnel en contrepartie du
travail effectué. Le salaire est composé des éléments ci :

1- Le salaire au sens strict


Il est constitué :
- Du salaire de base ou salaire catégoriel ;
- Du sursalaire ;
- Des rémunérations pour les heures supplémentaires.
Les heures supplementaires sont définies par l’article 51 de la convention collective
interprofessionnelle qui propose les taux de majoration suivante :
- 15% de la 41ème heure à la 48ème heure ;
- 50% au delà de la 48ème heure ;
- 75% des heures de nuit des jours ordinaires et les heures de jour dimanche et jours
fériés ;
- 100% les heures de nuit dimanche et jours fériés.
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2- Les indemnités et primes à inclure dans l’assiette
Toutes les primes et indemnités n’étant pas exclues expressément par la réglementation
rentrent dans l’assiette des cotisations. On peut citer parmi les indemnités et primes les plus
courantes :

a- Les indemnités à inclure


- Indemnités de mise à la retraite ;
- Indemnités de tenue de travail ;
- Indemnités de logement ;
- Indemnités de responsabilité ;
- Indemnités de congés payés y compris la partie relative aux heures supplementaires ;
- Indemnités de licenciement n’ayant pas le caractère de dommage et intérêt.

b- Les primes à inclure


- La prime d’ancienneté ;
- La prime de bilan ;
- La prime d’assiduité ;
- La prime versée à l’occasion de la remise d’honneur de travail ;
- La prime pour événements familiaux ;
- La prime de rendement ;
- Les gratifications.

3- Les indemnités et primes à exclure de l’assiette


Le caractère de remboursement de frais est retenu comme principe pour exclure de l’assiette
des cotisations certaines indemnités et primes allouées au travailleur. Pour éviter que
l’essentiel du salaire ne soit constitué des indemnités à caractère de remboursement, des
dispositions ont été prises et sont contenues dans l’article 2 de l’arrêté N° 003 du 11 mai
1983 fixant l’assiette des cotisations à la CNPS.
Ainsi, les primes et indemnités de panier, de salissure, de tenue de travail, d’outillage et de
transport sont exclus de l’assiette de cotisation dans la limite suivante :
- Prime de panier : 3 fois le SMIG horaire ;
- Prime mensuelle de salissure : 13 fois le SMIG horaire ;
- Indemnité mensuelle de tenue de travail : 7 fois le SMIG horaire ;

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- Prime mensuelle d’outillage : 10 fois le SMIG horaire ;
- Indemnité mensuelle de transport : elle est exclue de l’assiette des cotisations dans la
limite d’une fois le montant exonéré par l’administration fiscale. Actuellement à
25 000 FCA

B- LES AVANTAGES EN NATURE


Les avantages en nature sont constitués des éléments matériels que l’employeur met à la
disposition de ses travailleurs pour en faire usage. Conformément à l’article 3 de l’arrêté N°
003 du 11 mai 1983, les valeurs mensuelles des avantages en nature retenues pour la
détermination de l’assiette des cotisations se présentent comme suit :

1- Logements et accessoires

Nombre de
Valeur du Mobilier par Electricité
pièces
logement pièce Hors climatisation
principales
1 40 000 6 000 10 000
2 60 000 9 000 12 000
3 80 000 12 000 15 000
4 100 000 15 000 18 000
5 120 000 18 000 20 000
6 150 000 28 000 25 000

2- Domesticité (personnel de maison)

ELEMENTS MONTANT

Gardien, Jardinier 21 000


Gens de maison 30 000
Cuisinier 45 000

3- Climatisation : 9 000 F par pièce climatisée


4- Eau : 1 500 F par personne habitant la maison

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5- Nourriture : 5 000 F par personne
6- Blanchisserie : 6 000 F par personne
7- Linge et vaisselle : 3 000 par personne

NB : Ces montants sont comptés pour moitié lorsque les avantages en nature sont consentis à
des travailleurs du secteur agricole.
Il faut indiquer que les montants précités constituent des minimas à défaut de chiffre supérieur
établi soit d’un commun accord entre les travailleurs et les employeurs soit à la référence de
convention collective de travail.

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CHAPITRE II : L’EVALUATION DES COTISATIONS

I- LE SALAIRE PLANCHER

A- DEFINITION

Le salaire plancher est le salaire minimum soumis à cotisation. Il ne peut être inférieur au
salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) fixé par la loi pour garantir un minimum
social à tout salarié. Ainsi, un employeur qui calcul ses cotisation en utilisant des salaires
inferieur au SMIG est en infraction avec la législation de prévoyance sociale.

Pour ce faire, les services de la CNPS sont autorisés par la loi à lui demander le paiement des
cotisations complémentaires. Le SMIG actuellement en vigueur est de 60.000 FCFA par
mois et 346 FCFA par heure.

SMIG (ancien) = 36.607 soit 211f/h

B- CATEGORIES DE SALAIRE SOUMIS AU SALAIRE PLANCHER

En règle générale, le salaire plancher s’applique à toutes les catégories professionnelles


quelque soit leur mode de rémunération et non au travailleur payé à l’heure. Ainsi, les
travailleurs rémunérés à la pièce, au rendement ou à la tâche bénéficiant également de la
réglementation du salaire minimum.

Cependant, il existe certaines catégories de travailleurs pour lesquelles la loi ne leur fait pas
obligation de payer le SMIG. Il s’agit :

- Les apprentis ;
- Les élèves des lycées techniques et formations professionnelles ;
- Les pensionnaires de prisons.

II- LE SALAIRE PLAFOND

C’est le salaire maximum retenu pour le calcul des cotisations sociales. Il est fixé par le
décret N° 76-21 du 07 janvier 1976.

Trois principes soutiennent le salaire plafond:

A- L’ANNUALITE DU PLAFOND

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Le plafond annuel est fixé par le décret N° 76-21 du 07 janvier 1976 (article 1er est annuel)
c'est-à-dire que ce sont les salaires perçus par l’assuré social pendant une bonne année qu’il
faut considérer pour examiner si leur montant atteint ou dépasse le plafond.

En Côte d’Ivoire, les plafonds appliqués par la CNPS sont les suivants :

- prestations familiales, l’assurance maternité, les accidents du travail et maladies


professionnelles : 840 000 F par an.
- retraite: 19 767 780 F par an.

B- LE FRACTIONNEMENT DU PLAFOND ANNUEL

Le principe du plafond annuel ne peut être appliqué tel que, puisqu’au moment du règlement
des salaires, l’employeur doit prélever les cotisations salariales sans attendre la fin de l’année.
Pour permettre à l’employeur d’effectuer les prélèvements selon les périodes de paiement des
salaires, le législateur a fixé des plafonds périodiques proportionnels au plafond annuel qui
sont les suivant :

- prestations familiales, l’assurance maternité, les accidents du travail et maladies


professionnelles : 70 000 F par mois.
- retraite 45 fois le SMIG soit actuellement : 1 647 315 F par mois.

C- LA REGULARISATION ANNUELLE

Elle permet de vérifier si l’employeur à payer plus ou moins de cotisations qu’il aurait dû
normalement payer. Cette opération consiste à totaliser toutes les rémunérations versées par
l’employeur au cours de l’année et à calculer les cotisations sur cette masse prise en
considération, dans la limite du plafond annuel.

La différence éventuelle entre le montant des cotisations ainsi déterminée pour l’année et le
total des cotisations calculées lors de chaque paie conformément au plafond périodique et
versé à la CNPS donne lieu de régularisation.

Les documents permettant à la CNPS de réaliser la régularisation sont :

- La Déclaration individuelle des salaires annuels (DISA)


- La déclaration annuelle des salaires et des cotisations (DASC)

Ces documents doivent être produit et déposé à la CNPS par chaque employeur au plus tard le
31 mars.

L’employeur défaillant est tenu de verser une pénalité de 10% du montant total mensuel des
cotisations dues (article 30 du code prévoyance sociale).

La DISA et la DASC permettent :

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- A la CNPS de verifier le compte individuel de l’employeur par comparaison entre le
relevé annuel (DISA) et les déclarations périodiques mensuelles ou trimestrielles ;
- Aux agents de contrôle d’effectuer les contrôles en entreprises ;
- La reconstitution de la carrière des travailleurs ;
- La mise à jour du fichier des salariés en activité ;
- L’ouverture et la détermination des droits des salariés ;
- La tenue régulière des comptes employeurs.

La DISA permet par ailleurs d’avoir certaines données statistiques utiles tant pour la gestion
de la CNPS que pour les instances nationales et internationales.

On peut citer en autre :

- La masse salariale des travailleurs du secteur privé ;


- Le salaire moyen ;
- Le salaire de référence (AT/MP) ;
- La répartition des salaires par secteur d’activité, sexe, nationalité, âge …
- La répartition des employeurs par secteur d’activité, zone géographique.

III- L’EVALUATION FORFAITAIRE DE L’ASSIETTE DES COTISATIONS

A- JUSTIFICATION

Les règles relatives à la détermination de l’assiette des cotisations déjà examinées ne peuvent
pas s’appliquer dans tous les cas. En effet, il existe des assurés sociaux qui exercent leur
activité dans les conditions particulières rendant difficile voire impossible l’évaluation et le
contrôle de leur rémunération. Il s’agit :

- Les élèves de l’Enseignement Technique et les personnes placées dans des centres de
formation, de réadaptation ou de rééducation professionnelle ;
- Les membres des coopératives ouvrières de production, les gérants non salariés et
leurs préposés ;
- Les présidents directeurs et directeurs généraux des S.A ;
- Les gérants de S.A.R.L. sous certaines conditions ;
- Les apprentis ;
- Les détenus du régime pénitentiaire exécutant un travail pénal.

Par ailleurs, la loi a prévu la taxation d’office de l’assiette des cotisations lorsque les éléments
permettant sa détermination feraient défaut par négligence de l’employeur.

B- METHODE D’EVALUATION FORFAITAIRE

L’évaluation forfaitaire de l’assiette des cotisations peut se réaliser en utilisant les éléments
ci-après :

- Les salaires fixés par la convention collective en vigueur ;


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- Les salaires pratiqués dans la profession et la région à défaut de convention collective ;
- Les déclarations des salariés des entreprises concernées ;
- Le SMIG ;
- La taxation d’office.

La taxation d’office consiste à relever à partir du compte cotisant de l’employeur le


montant des cotisations le plus élevé des déclarations et les plus récentes majorées de
10% (note d’instruction N° 79/DG/CNPS/98 du 28 décembre 1998).

C- LES TAUX DE COTISATION

Les taux en vigueur pour le calcul des cotisations sont les suivants :

- 5, % pour les Prestations Familiales (article 12 du code de prévoyance sociale);


- 0,75 % pour l’Assurance Maternité (article 12 du code de prévoyance sociale);
- 2 à 5 % (selon le secteur d’activité) pour les Accidents du Travail et les Maladies
Professionnelles (article 17 du code de prévoyance sociale);
- 12 % pour l’Assurance Vieillesse (article 12 du code de prévoyance sociale) et 14% à
compter du 01 janvier2013.

Les cotisations relatives aux prestations familiales, l’assurance maternité et les accidents du
travail et maladies professionnelles sont à la charge exclusive de l’employeur. En revanche
celles à l’assurance vieillesse (la retraite) sont à la charge conjointe de l’employeur et du
salarié à raison de 6,6 % pour l’employeur et 5,4 % pour le salarié. A compter du 01 janvier
2013 7,7 % pour l’employeur et 6 ,3 % pour le salarié.

IV-CALCUL ET VERSEMENT DES COTISATIONS

A- LE PRINCIPE GENERAL

La règle est que l’employeur est responsable du calcul et du versement des cotisations
patronales et ouvrières (article 10.8 pour les PF ; article 13.6 pour les AT/MP article 21 pour
la retraite).

Les cotisations des salariés font l’objet d’une retenue à la source au moment du calcul et du
versement des salaires. La substitution de l’employeur à ses salariés comme débiteur des
cotisations sociales présente d’une part l’avantage de réduire le nombre de débiteur et d’autre
part, elle offre des garanties de solvabilité plus solide. L’employeur est légalement tenue
débiteur de l’ensemble des cotisations sociales. Le salarié ne peut s’opposer au prélèvement
de cette contribution. Le paiement de la rémunération effectuée sans déduction de la retenue
de la contribution ouvrière vaut acquis de cette contribution à l’égard du salarié de la part de
l’employeur.

B- LA DETERMINATION DES EFFECTIFS

1- La périodicité

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La périodicité de déclaration et de paiement des cotisations sociales est :

- Mensuelle si l’entreprise emploie 20 salariés ou plus ;


- Trimestrielle si l’entreprise emploie moins de 20 salariés.

On utilisera à cet effet l’appel de cotisation mensuelle ou trimestrielle qui est un imprimé
spécialement conçu et qui tient compte de la nomenclature des salaires d’une entreprise
donnée.

2- La date d’exigibilité ou échéance

L’arrêté 1264 ITLS-CI du 18 février 1956 en son article 20 stipule que les cotisations doivent
être versées :

- Dans les 15 premiers jours de chaque trimestre si l’entreprise occupe moins de 20


salariés ;
- Dans les 15 premiers jours de chaque mois si l’entreprise occupe 20 salariés ou plus.

En cas de cessation d’activité ou de cession, le paiement des cotisations dues est


immédiatement exigible.

C- MAJORATION DE RETARD

Le versement des cotisations au-delà de la date d’exigibilité (le 15 du mois qui suit le mois ou
le trimestre échu) expose l’employeur à des pénalités de retard dont le taux est fixé à 0,50
pour mille par jour de retard.

MJR = C x 0,50/1 000 x N

MJR = (C x N)/2 000

C : cotisation à payer

MJR= majoration de retard

N : nombre de jour de retard

Exemple

Cotisations dues : 19 000 F dont PF = 6 000 F / AT = 4 000 F / Retraite = 9 000 F

N = 10 jours

Calculer la majoration

MJR = (19 000 x 10)/2 000 = 95 F

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Eléments de réflexion

- Fonctionnaire détaché du privé : produire un arrêté ministériel. Dans ce cas la retraite


et les PF sont prises en charge par la fonction publique. Les cotisations sont versées au
titre des AT.
- j'aimerais avoir les informations suivantes dans l'évaluation de l'assiette de cotisations:

- Les premiers soins pris en charge par l'employeur au profit d'un travailleur victime
d'un accident de travail;

- les boites de pharmacie payées par l'employeur pour l'équipement de l'infirmerie de la


société.

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