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Focus
Une main colossale envahit la plus grande partie du dessin de Krauze. Elle enserre un groupe humain
dont on ne voit que les visages envahis par la peur et la souffrance. Du sang coule sur les doigts, tombe en
goutte au-dessus d’un espace indéterminé dans lequel se tient un minuscule bonhomme qui regarde ce
spectacle. L’obscurité envahit le reste de l’image. Elle nous plonge non pas dans l’ombre d’un lieu réel, mais
dans un espace qui nous montre notre ignorance même.
Le contraste est fort avec les figures claires du premier plan, tracées d’un léger trait de plume, colorées de
couleurs légères, en dehors du rouge sanglant. Il ajoute à la violence exprimée par la scène, accentue l’ap-
parition menaçante de la main.
La main est un symbole toujours riche d’expression. Celle-ci sort donc du néant, géante, telle la main d’un
Dieu. Le poignet recouvert d’une manche kaki évoque un uniforme militaire, un ordre sans appel. Elle est
la main de fer de la dictature qui maintient si fermement sa population qu’elle finit par l’écraser, symbole
d’une force et d’une volonté implacables. Face à elle, le spectateur, qui pourrait être nous, est extérieur à
l’emprise et sans possibilité d’action.
Le photographe Yannis Kontos a, lui aussi, pris le parti d’isoler son sujet de son contexte. Hormis le ciel bleu
éclatant, nous n’en voyons rien d’autre que le monument. L’effet est le même, le sujet s’en trouve idéalisé.
Le point de vue en forte contre-plongée amplifie la perspective ascendante produite par les bras levés, les
mains qui empoignent vigoureusement le marteau, la faucille et le pinceau, dressés vers le ciel en un élan
conquérant.
Le spectateur, par le choix du point de vue, est invité à suivre ce mouvement. Par le cadrage, les mains sont
essentielles dans la photographie comme dans le monument. Les formes sculptées en pierres apparentes
sont puissantes. Les masses sont imposantes, les arêtes droites, les angles nets. C’est une géométrie de
mains de travailleurs surhumains.
Dans les deux images, la main est l’allégorie de la force et de la volonté. Si dans le dessin de Krauze elle
montre l’horreur de la dictature, dans la photographie de Kontos, en épousant par son choix de prise de
vue la signification du monument, elle offre une glorieuse vision du projet communiste, tel qu’il a été pro-
bablement imaginé par ses créateurs. Mais en prenant ce parti, Kontos ne révèle-t-il pas aussi ce qu’il y a de
manifestement écrasant dans l’esthétique du monument ?
Activités
L’enseignant adaptera ces brèves propositions pédagogiques aux besoins de ses élèves. Pour le second
degré, les activités suggérées pour le premier degré pourront être reprises et approfondies.
À l’école
• Faire verbaliser les premières impressions et susciter les interrogations sur ces images. Comparer les élé-
ments qui dans les compositions relèvent du changement d’échelle, de la création d’un espace de re-
présentation non réaliste et signifiant. Repérer les signes qui montrent la violence de la situation dans le
dessin de Krauze.
• Décrire les signes qui montrent quel point de vue a été choisi dans la photographie de Kontos. Évoquer
les significations que l’on peut associer à ce choix.
• Analyser simplement les caractéristiques plastiques du monument lui-même et la manière dont Kontos
les met en avant.
• Rechercher un titre au dessin, puis à la photographie.
Au collège et au lycée
• S’appuyer sur des images présentant des éléments de composition proches : détachement des figures
sur un fond uni, identifiable ou non. Comparer les deux images étudiées et un choix de reproductions
d’affiches relevant du réalisme socialiste. Situer dans le temps et l’espace l’origine de ce style d’images.
• Constituer un ensemble documentaire qui mette en avant la manière dont les régimes dictatoriaux ont
utilisé les images dans la propagande. Définir le terme de propagande.
• Rechercher d’autres exemples d’utilisation allégorique de la figure de la main. Réaliser des productions
plastiques utilisant cette figure allégorique.
• Expérimenter des prises de vues photographiques utilisant de façon signifiante un angle de prise de vue
affirmé.
• S’informer sur les contextes géographique, économique et politique de la Corée du Nord.
Des livres
Murmure à la lune, Kim Huang-yi, Flammarion, coll. Chan-Ok, 2010.
Les Larmes du phénix, Pascal Vatinel, Le Rouergue, 2010.
Version anglaise
Sunday May 1, 2005, Pyongyang, Democratic People’s Republic of Korea (DPRK). The monument to
the founding of the workers’ party of Korea in Pyongyang. The tower body depicts a hammer, sickle
and brush held by a worker, farmer and intellectual with the height of 50 m.
The monument to the founding of the workers’ party of Korea in Pyongyang. It was erected to convey
down the glorious history of the Workers’ Party of Korea composed of workers, farmers and intellec-
tuals.
Built on the occasion of the 50th birthday of the WPK on October 9, 1995, it is situated in the heart of
Munsu Street opposite the Taedong River. It occupies an area of 25 hectares. The tower body depicts
a hammer, sickle and brush held by a worker, farmer and intellectual with the height of 50 m. For
decades North Korea has been one of the world’s most secretive societies. It is one of the few remai-
ning countries still under communist rule. Hopes that its rigid isolation might have been coming to an
end have been scotched by an ongoing nuclear crisis. North Korea emerged in 1948 amid the chaos
following the end of World War II. Its history is dominated by its Great Leader, Kim Il-sung, who shaped
political affairs for almost half a century.
The political philosophy known as Juche became the official autarkic state ideology of the Democratic
People’s Republic of Korea (DPRK) in 1972. Often described as «self-reliance», Kim Il Sung explains it as
being the master of revolution and reconstruction in one’s own country. The Juche philosophy is Kim Il
Sung’s creative application of Marxist-Leninist principles to the modern political realities in North Korea
with three specific applications: political and ideological independence, especially from the Soviet
Union and China; economic self-reliance and self-sufficiency; and a viable national defense system.