Vous êtes sur la page 1sur 11

26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne

Études platoniciennes
3 | 2006 :
L'âme amphibie
Plotin
4. Mises en perspective de la psychologie plotinienne

Proclus et le statut ontologique


de l’âme plotinienne
JAN OPSOMER
p. 195-207

Texte intégral
1 Aux y eux des Néoplatoniciens postérieurs, le « div in Plotin » jouissait d’un
grand prestige. Sa conception de l’âme comme essence intermédiaire, située
entre le monde sensible et le monde de l’intellect, douée d’une pensée
discursiv e, contemplant l’intellect et prenant soin des corps sensibles, reçut
un accueil fav orable chez les Néoplatoniciens d’Athènes. Conformément à
l’exposé du Timée (35A), Proclus considère l’âme comme « médiatrice entre
les principes indiv isibles et ceux qui se div isent dans les corps ». 1 D’une part,
elle transcende tous les êtres qui se div isent dans les corps, dont elle est
séparable, mais, d’autre part, elle participe aussi aux principes indiv isibles,
auxquels, par conséquent, elle est inférieure. Par opposition à l’âme
imparticipable, qui correspond à l’âme-hy postase, toute âme participable a
une substance éternelle et une activ ité temporelle. 2 Les âmes sont des
substances incorporelles et séparables du corps, elles sont indestructibles et
incorruptibles, elles constituent, pour le corps, le principe v ital et sont
intermédiaires entre l’intellect et le monde sensible. L’âme se constitue
comme auto-déploiement de l’intellect3, c’est-à-dire que l’âme, engendrée par
l’intellect, se constitue comme son image, manifestant sous le mode de la
multiplicité l’indiv ision intellectiv e.
2 Jusqu’ici, la doctrine de Proclus semble être en parfait accord av ec celle de
Plotin. Partant, lui aussi, d’une exégèse de Tim. 35A, celui-ci av ait défini l’âme
comme étant une réalité intermédiaire, à la fois div isible et indiv isible, sans
pour autant impliquer qu’elle puisse être considérée soit comme indiv isible au

http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 1/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne

même titre que l’intellect, soit comme div isible dans un sens absolu, comme le
sont les corps. 4
3 En dépit des ressemblances, Proclus trouv e pourtant quelque chose à
critiquer dans l’interprétation plotinienne de Tim. 35A.Au cours d’une brèv e
doxographie relativ e à l’interprétation des essences div isible et indiv isible, il
cite d’abord l’opinion de son prédécesseur :

D’autres, abordant le sujet d’une m anière plus philosophique, disent


l’âm e interm édiaire entre l’intellect (νοῦ) et la sensibilité
(αἰσθήσεως) : ainsi Plotin. (trad. A. J. Festugière). 5

4 Proclus reproche à Plotin d’adopter une interprétation par trop


gnoséologique de la composition de l’âme. Pour Proclus, il semble plus
important d’identifier les entités qui correspondent aux termes « essence
div isible » et « essence indiv isible » :

Contre les quatrièm es, < il faut dire > qu’il n’est pas question ici de la
faculté cognitiv e de l’âm e, m ais de son essence. Il ne fallait donc pas
dire l’âm e interm édiaire entre deux puissances cognitiv es,
l’intellectuelle et la sensible. 6

5 Il est v rai que Plotin a v oulu démontrer la position intermédiaire de l’âme


par le biais d’exemples tirés de la théorie de la perception. Mais cela ne v eut
pas encore dire qu’il a considéré la définition de l’âme du Timée comme la
définition d’un certain ty pe de connaissance. En fait, Plotin comprend l’âme,
comme le fait Proclus : elle est ontologiquement intermédiaire entre une
substance indiv isible (identifiée à l’intellect) et une nature div isible (identifiée
aux formes impliquées dans les corps). 7 Ce premier point de critique, selon
lequel Plotin ne définirait l’essence de l’âme qu’à partir de sa fonction
gnoséologique, me semble donc être un peu trop subtil et ne correspond
aucunement à une différence fondamentale entre les deux philosophes.
6 Le désaccord principal entre la doctrine plotinienne de l’âme et celle de la
plupart des Platoniciens postérieurs à lui s’explique par une div ergence
ontologique. Dans le néoplatonisme tardif, on v oit se produire une v éritable
prolifération des hy postases – tendance qui v a à l’encontre du désir exprès de
Plotin de limiter leur nombre. La multiplication des hy postases est le produit
de « la loi des médiations » introduite par Jamblique, c’est-à-dire du principe
de continuité ontologique. Selon ce principe, deux niv eaux ontologiques
successifs doiv ent av oir en commun une qualité essentielle, pour év iter des
sauts dans l’émanation. 8 D’où le désir de toujours trouv er un plus grand
nombre d’intermédiaires entre l’intellect pur, éternellement pensant, et l’âme
humaine. 9

Les ordres des dieux sont tous liés entre eux par leurs m édiations.
Toutes les processions des êtres s’accom plissent à trav ers des term es
sem blables. A plus forte raison les ordonnances des dieux jouissent-
elles d’une continuité sans rupture, puisqu’elles subsistent sous un
m ode d’unité et tiennent leurs déterm inations de l’un qui est leur
cause et leur principe.[…] Ainsi tous les genres div ins sont liés les uns
aux autres par des m édiations appropriées, et les prem iers ne
s’av ancent pas sans m édiation v ers des processions de tous points
différentes, m ais ils trav ersent des genres com m uns aux deux
extrêm es, c’est-à-dire aux principes dont ils procèdent et aux term es
dont ils sont les causes im m édiates. (Élém. de théol. 1 3 2 , trad. J.
Trouillard)

7 Entre un niv eau caractérisé par les qualités A et B, et un autre qui a comme
qualités essentielles C et D, il doit y av oir un niv eau intermédiaire constitué
des qualités B et C. D’où la nécessité de niv eaux intermédiaires entre les
http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 2/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne

hy postases reconnues jusque-là, et à l’intérieur de celles-ci. Ainsi ce qui


constituait l’intellect chez Plotin se compose désormais d’une hy postase
intelligible, d’une hy postase intellectiv e, et, entre les deux, d’un niv eau
intelligible-intellectif, pour ne mentionner qu’un seul exemple. En outre, il
faut trouv er un niv eau ontologique qui corresponde non seulement à chaque
attribut prédiqué de l’Un-Être dans la deuxième hy pothèse du Parménide,
mais également à chaque div inité et à chaque principe mentionnés dans les
différentes traditions théologiques (chaldéenne et orphique, notamment). Il
résulte de tout cela une ontologie extrêmement complexe. Ces mécanismes
ont joué également pour ce qui concerne la hiérarchie des âmes.
8 Selon Marinus, le biographe de Proclus, celui-ci a été :

le prem ier à av oir rem arqué qu’il existe une classe d’âm es capables de
contem pler une m ultiplicité de form es sim ultaném ent : cette classe, il
l’a placée à juste titre au m ilieu entre l’intellect qui intellige,
ensem ble et d’une seule saisie,toutes les form es,et les âm es qui,dans
leur discursus, ne considèrent qu’une form e à la fois. 1 0 (trad. H.D.
Saffrey – A.-Ph. Segonds)

9 En fait, Proclus lui-même consacre à cette question une digression spéciale


dans son commentaire du Timée (3.251.29-256.21). Il y distingue trois ty pes
d’âmes :
« limites »
expressions utilisées par Proclus niveaux ontologiques
correspondantes

(1) l’âme demeurant là-haut l’âme imparticipable lignes

(2) l’âme demeurant là-haut, mais en étant


hypercosmique / les âmes que le démiurge
les âmes des dieux
a gardées encore au-dessus du monde surfaces
hypercosmiques
comme n’ayant aucun contact avec des
corps

les âmes des


divinités
(3) l’âme demeurant là-haut, mais en étant encosmiques (dieux
solides
encosmique astraux et
sublunaires,
démons)*

* L’âme du monde, bien que non envisagée dans la digression (Festugière 1968,V, 120, n. 2 « L’âme
du monde est à exclure »), doit se trouver au même niveau, même si son harmonie est différente de
celle de ces âmes partielles. Elle est la première des âmes encosmiques (in Tim. 2.289.29-290.10).

10 L’innov ation de Proclus consiste à assigner aux deux dernières classes un


rang ontologique spécifique, tout en déterminant les harmonies selon
lesquelles elles sont composées. La dernière classe est à distinguer
strictement, en tout cas, des âmes simplement encosmiques, qui
constitueraient, alors, une quatrième classe :1 1
<4 : l’âme encosmique, ne demeurant pas là-haut> <l’âme humaine>
11 Proclus ne reproche pas à Plotin de ne pas av oir fait ces distinctions – il sait
bien qu’elles appartiennent à un dév eloppement postérieur du Platonisme. Il
av ance néanmoins une objection principale contre la psy chologie plotinienne
et cette objection n’est pas sans lien av ec les distinctions du tableau. Il s’agit
plus précisément du refus plotinien de reconnaître des différences réelles et
essentielles entre les différents ty pes d’âmes, et surtout entre les âmes div ines,
d’une part, et les âmes humaines, d’autre part. Proclus n’accepte pas « ceux
des Platoniciens récents » qui déclarent notre âme de même dignité ou de
même substance (ἰσ άξιον…ἢ ὁμοούσ ιον)1 2 que l’âme div ine. Plus loin, il en
http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 3/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne

réfère explicitement à Plotin, qui ne reconnaît de différences qu’au niv eau des
activ ités, et non pas au niv eau de la substance de l’âme (in Tim. 3.245.19-
246.28). 1 3 L’argument principal av ancé par Proclus contre cette position est
tiré du Timée : le démiurge a produit les âmes partielles « selon une seconde
pensée », en utilisant un mélange d’ingrédients qui n’était plus aussi pur
qu’auparav ant, mais qui était un mélange de second et de troisième ordre. 1 4
Puis Proclus énumère en détail les différences spécifiques qui définissent les
différents ty pes d’âme et qui résultent bien sûr « de la différence substantielle
et de la div ision due au démiurge » (ἀλ λ ὰπροηγεῖται τούτων πασ ῶν ἡ κατ’
οὐσ ίαν ἐξαλ λ αγὴκαὶἡ δημιουργικὴδιαίρεσ ις, 246.11-12).Proclus conclut1 5
qu’il ne faut ni penser que notre âme est consubstantielle aux âmes div ines, 1 6
ni, comme l’affirme Théodore d’Asiné de façon encore plus explicite, qu’elle
appartient, au même titre que les âmes div ines, aux astres et aux planètes, 1 7
sans être en rapport av ec la réalité corporelle. 1 8 Cette affirmation de Théodore
( = Test. 35 Deuse) est qualifiée de grandiloquence (μεγαλ ορρημοσ ύνη) et est
rejetée comme étant loin de la pensée de Platon. Théodore n’est toutefois pas
la cible principale. L’auteur qui a soutenu av ec le plus d’insistance la thèse de
la div inité des âmes humaines est Plotin. Il est toutefois remarquable que
Proclus estime les deux philosophes partisans d’une même doctrine (qui est
intimement liée à la thèse qu’une partie de l’âme ne descend jamais : cf.
infra). 1 9
12 Ailleurs, à propos de Tim. 41C6-D1, Proclus explique que les âmes humaines
sont « immortelles », mais seulement par homony mie av ec les âmes div ines ;
elles n’ont qu’une « immortalité factice », entièrement due à la fav eur du
démiurge ; elles sont « dites div ines », sans être div ines de la même façon que
les dieux. 20 Le « div in » ne conv ient selon Proclus qu’aux âmes immaculées et
toujours en acte de penser, l’« immortel » aux âmes solidement établies loin
du mortel. 21 Aux y eux de Proclus, Plotin traite l’âme humaine comme
équiv alente aux âmes supérieures, comme si elle aussi pouv ait bénéficier
d’une contemplation ininterrompue.
13 Déjà Jamblique, dans le De anima, av ait attribué pareille doctrine à Plotin, 22
associant ainsi ce dernier à Porphy re, Numénius et Amélius. 23 Ces philosophes
auraient eu tendance à traiter toute la substance incorporelle comme
« homéomère, identique et une, en sorte que, dans n’importe laquelle de ses
parties, il y a tout l’ensemble ». Ils « installent dans l’âme particulière le
monde intelligible, les dieux, les démons, le Bien et toutes les réalités
supérieures ». Plotin serait porté à cette doctrine, sans toutefois la professer
absolument, selon Jamblique. 24
14 Comme l’a montré Cristina D’Ancona, 25 la formulation même de ce passage
rappelle surtout Porphy re. Non seulement Porphy re a exprimé clairement le
principe que « tout se trouv e en tout, bien que dans chaque chose d’une
manière appropriée à l’essence de celle-ci », 26 mais de lui prov ient aussi
l’affirmation que la substance intellectiv e est homéomère. 27 Ainsi Porphy re a-
t-il schématisé et traduit en des formules rigides ce que son maître, en bon
équilibriste, av ait traité de façon plus complexe et flexible. 28 On pourrait
formuler ceci différemment : Plotin laisse subsister un certain flou ; en
fonction du contexte, il v a, ou bien souligner l’altérité de l’âme par rapport à
l’intellect, ou bien émousser leur différence. Cette conclusion est confirmée
par ce qu’a remarqué C. Steel : « Particularly in those texts where he
considers the soul in its pure essence, free from the bond with the sensible
imposed on it by cosmic Necessity, the difference between the soul and the
ideal forms is blurred. »29
15 Bien qu’un certain perspectiv isme ne soit pas étranger aux Néoplatoniciens
postérieurs, ils insistent beaucoup plus sur l’importance de distinctions

http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 4/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne

rigoureuses : si on discute d’une âme, il ne faut pas décrire sa nature comme


étant essentiellement contemplativ e et non-discursiv e. C’est pourtant
exactement ce que fait Plotin, surtout dans des textes où il assigne un rôle
démiurgique à l’âme du monde. En comparant le mode de connaissance de
cette âme av ec le mode de connaissance de la nature, Plotin insiste sur le fait
que ladite âme n’a pas besoin de délibération ou de calculs ; elle crée sans
aucun effort. 30 En rev anche, si l’on compare l’âme du monde non pas à la
nature, mais à l’intellect démiurgique, c’est celui-ci qui se distingue d’elle par
son activ ité non-discursiv e. 31 Pourtant, même lorsque Plotin décrit l’activ ité
de la nature, il souligne le fait que celle-ci crée sans effort, sans mouv ement et
par une sorte de contemplation. Si l’on se demande lequel des principes
plotiniens doit assumer tout le trav ail, se charger des efforts, et a besoin de
délibération, la réponse finale est décev ante : « cela dépend du contexte ». 32
16 Comme récompense de son désir de rendre plus claire la pensée de son
maître, Porphy re obtient de se rendre v ulnérable aux critiques : ses
expressions sont reprises et critiquées par son adv ersaire Jamblique, et
Porphy re encore sert de cible à Proclus, lorsque ce dernier propose une
doxographie des doctrines antérieures relativ es au démiurge. Soucieux
d’élucider la pensée de son maître, Porphy re dit sans détours que c’est l’âme
qui est le démiurge. Plotin lui-même, par contre, bien qu’assignant des
fonctions démiurgiques à l’âme, dit clairement que le démiurge est l’intellect,
et il év ite de désigner l’âme par ce terme. 33 Une fois de plus, c’est Porphy re qui
se laisse prendre, 34 tandis que Plotin se tire d’affaire. En effet, Proclus se
montre plein de bienv eillance à son égard. Malgré sa mention du fait que
Plotin a refusé d’introduire des distinctions à l’intérieur de l’intelligible (c’est-
à-dire, à l’intérieur de l’intellect plotinien : πᾶν τὸμεταξὺτοῦ τε ἑνὸ ς καὶ
κόσ μου νοητὸν καλ ῶν), Proclus réserv e ici ses critiques pour quelqu’un
d’autre. 35
17 La question de sav oir si l’âme humaine est consubstantielle aux âmes
div ines est intimement liée au problème de sa descente. Selon Plotin, une
partie de l’âme reste toujours en haut. 36 Ces deux aspects de la doctrine
plotinienne de l’âme sont – comme Proclus le perçoit correctement – tous les
deux motiv és par le même souci : notamment par le désir d’expliquer
comment, en dépit de notre chute, nous pouv ons av oir une connaissance des
réalités intelligibles. 37 Il en v a de même pour l’assertion, elle aussi attribuable
à Plotin, selon laquelle nous possédons, en nous-mêmes, l’univ ers noétique. 38
18 Contre Plotin, Proclus maintient une séparation nette entre les âmes
humaines, les âmes div ines et l’intellect. Contrairement aux âmes supérieures,
l’âme humaine ne jouit que d’une contemplation intermittente. Pendant sa v ie
incarnée régulière, elle n’a pas de contemplation directe, mais possède
toutefois, en elle-même, les images des réalités ultérieures. C’est par le biais
de ces images qu’elle peut arriv er à une contemplation de l’intelligible. Elle
contient les intelligibles sous mode d’images, c’est-à-dire par participation, et
non pas sous le mode essentiel. 39 D’une part, Proclus sépare les niv eaux
ontologiques de façon plus radicale ; de l’autre, il les lie les uns aux autres en
insérant des ordres intermédiaires qui transmettent les images des niv eaux
plus élev és et assurent ainsi la continuité de la participation.
19 Proclus répète sa critique à plusieurs reprises. Celle-ci étant bien connue, 40
je me limiterai à quelques points fondamentaux. L’argument principal s’appuie
sur la conception platonicienne de l’essence de l’âme humaine : le fait qu’une
partie de l’âme demeure dans l’intelligible romprait l’unité de l’âme.
20 D’autres arguments sont tirés des expériences de malheurs, d’ignorance et
de v ices, ou s’appuient sur l’exégèse de passages platoniciens :

http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 5/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne

Dans le Timée (43C-D), il est dit que les deux rév olutions de l’âme sont
affectées par le dev enir – l’une est enchaînée, l’autre secouée –, tandis
que, dans le Phèdre, même le cocher, qui représente ce qu’il y a de plus
auguste en l’âme, dev ient mauv ais. 41
Si une partie de notre âme restait là-haut, nous ne v iv rions jamais
dans l’ignorance et nous n’aurions pas besoin d’anamnèse. 42 Or, non
seulement nous sav ons par notre propre expérience que cela n’est pas
le cas : selon le my the d’Er, chaque âme (encosmique) doit boire à la
coupe de l’oubli av ant de descendre. 43

21 Bref, il faut reconnaître à l’âme son statut correct, qui est d’être
intermédiaire entre l’indiv isible et le div isible, entre le monde intelligible et le
monde sensible :44

Quoi qu’il en soit, il faut, nous le disions, respecter les m esures de


l’âm e et ni élev er à son niv eau les m odes de perfection propres aux
êtres corporels, ni faire descendre ceux appartenant en propre aux
êtres div ins, pour que nous soy ons des exégètes de Platon et ne
rendions pas com pte des paroles du philosophe d’après nos propres
opinions. (in Alc. 2 2 7 .2 3 -2 2 8.1 , trad.A. Ph. Segonds)

22 À strictement parler, il est faux de considérer l’âme comme appartenant à la


réalité intelligible, comme le fait Plotin. Bien sûr, en un certain sens l’âme est
une chose intelligible. Ce mot « intelligible » a toutefois plusieurs acceptions,
comme Proclus l’explique dans la Théologie Platonicienne :

Au-dessus de l’âm e, l’intellect est aussi un intelligible ; aussi croy ons-


nous dev oir ranger l’âm e parm i les interm édiaires plutôt que la
com pter au nom bre des principes prem iers. 45

23 Cela dit, l’exégète fidèle de Platon doit se garder d’appeler « dieu » ou


« intelligible » l’essence de l’âme humaine. Proclus v ise Plotin lorsqu’il dit,
dans son Commentaire du Premier Alcibiade :

Nous n’adm ettrons pas non plus ceux qui disent que l’âm e est une
partie de l’essence div ine, que la partie est sem blable au tout et
toujours parfaite et que trouble et passions ne se produisent qu’au
niv eau du v iv ant. (in Alc. 2 2 7 .3 -6 ) 46

24 Dans son Commentaire du Timée, il appelle même la doctrine plotinienne,


« rév olutionnaire »47 – un terme péjoratif – et il loue Jamblique pour av oir été
le premier à combattre cette position par une panoplie d’arguments précis. 48
25 Les arguments qu’utilise Proclus sont d’ordinaire tous attribués à
Jamblique, mais récemment R. v an den Berg a exprimé des réserv es par
rapport à cette thèse. 49 Quoi qu’il en soit, Jamblique est l’allié de Proclus et des
autres Néoplatoniciens athéniens.
26 La position de Plotin est qualifiée d’hétérodoxe par la quasi-unanimité de
ses successeurs. 50 Pour eux, l’âme humaine est essentiellement différente des
âmes supérieures en ce qu’elle descend en son entier et qu’elle ne jouit donc
pas d’une contemplation ininterrompue. Elle peut remonter, mais doit passer
par des intermédiaires. En outre, une distance nette sépare la substance
psy chique de l’intellect. L’âme peut s’assimiler à dieu par ses activ ités, elle
peut déploy er une activ ité intellectiv e, mais quant à sa substance, elle reste ce
qu’elle est essentiellement : âme, et non pas intellect.

Je tiens à remercier M. Roland Hissette et M. Laurent Lav aud, qui m’ont


aimablement aidé pour la rédaction en français de ce texte.

http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 6/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne

Bibliographie
BLUMENTHAL (Henry J.), « Plotinus and the Platonic Theology of Proclus », dans
SEGONDS (A. Ph.), Steel (C.), Proclus et la Théologie Platonicienne. Actes du Colloque
I nternational de Louvain (1316 mai 1998).En l’Honneur de H.D. Saffrey et
L.G.Westerink, Leuv en Univ ersity Press - Les Belles Lettres, Leuv en - Paris, 2 000,
p.1 6 3 - 1 7 6 .
BRISSON (Luc), « Logos et logoi chez Plotin. Leur nature et leur rôle », dans Les
Cahiers Philosophiques de Strasbourg, 8, 1 9 9 9 , p. 87 - 1 08.
BRISSON (Luc), « Kronos, Sum m it of the Intellectiv e Hebdom ad in Proclus’
Interpretation of the Chaldaean Oracles », dans VAN RIEL (Gerd), MACÉ (Caroline),
Platonic I deas and Concept Formation in Ancient and Medieval Thought (Ancient and
Mediev al Philosophy . De Wulf-Mansion Centre, Series 1 , 3 2 ), Leuv en Univ ersity
Press, Leuv en, 2 004 , 1 9 1 -2 1 0.
CHARRUE (Jean-Michel), Plotin lecteur de Platon (Coll. d’Études anciennes), Les
Belles Lettres, Paris, 1 9 7 8.
D’ANCONA COSTA (Cristina), « Porphy ry , Univ ersal Soul and the Arabic Plotinus
», dans Arabic Sciences and Philosophy, 9 , 1 9 9 9 , p. 4 7 -88.
DOI : 1 0.1 01 7 /S09 57 4 2 3 9 00002 6 05
DEUSE (Werner), Theodoros von Asine. Sammlung der Testimonien und Kommentar
(Palingenesia, 6 ), Steiner,Wiesbaden, 1 9 7 3 .
DODDS (E.R.), ΠΡΟΚΛΟΥ ΔΙΑΔΟΧΟΥ ΣΤΟΙΞΕΙΩΣΙΣ ΘΕΟΛΟΓΙΚΗ. Proclus.The
Elements of Theology.A Revised Text with Translation, I ntroduction and Commentary,
Second edition, Clarendon, Oxford, 1 9 6 3 [ = 1 9 3 3 ].
FESTUGIÈRE (A.-J.), Proclus. Commentaire sur le Timée, traduction et notes, tom e
cinquièm e, Livre V. I ndex général (Bibliothèque des textes philosophiques),Vrin,
Paris, 1 9 6 8.
FESTUGIÈRE (A.-J.), La révélation d’Hermes Trismégiste, III, Les doctrines de l’âme,
suiv i de Jam blique, Traité de l’âme, traduction et com m entaire. Porphy re, De
l’animation de l’embryon. IV, Le dieu inconnu et la gnose, deuxièm e édition, Les Belles
Lettres, Paris, 1 9 9 0 [ = Editions J. Editions J. Gabalda, 1 9 50].
MONTET (Danielle), « Le Dém iurge du Timée aux Ennéades : Question des causes et
théorie des principes », dans Kairos, 1 6 , 2 000, p. 2 09 -2 2 6 .
O’MEARA (Dom inic J.), Plotinus. An I ntroduction to the Enneads, Clarendon, Oxford,
1 993.
O’MEARA (Dom inic J.), « Das Böse bei Plotin (Enn. I,8) », dans KOBUSCH (Theo),
MOJSISCH (Burkhard), Platon in der abendländischen Geistesgeschichte. Neue
Forschungen zum Platonismus, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darm stadt,
1 9 9 7 , p. 3 3 -4 7 .
OPSOMER (Jan), STEEL (Carlos), Proclus. On the Existence of Evils, Duckworth
Cornell Univ ersity Press, London Ithaca, 2 003 .
OPSOMER (Jan), « A Craftsm an and his Handm aiden. Dem iurgy according to
Plotinus », dans LEINKAUF (Thom as), STEEL (Carlos), Weltentstehung, Weltseele
und Weltstruktur. Platons Timaios als Grundtext der Kosmologie in Antike, Mittelalter
und Renaissance (Ancient and Mediev al Philosophy , v ol. XXXII), Leuv en Univ ersity
Press, Leuv en, 2 005.
PRADEAU (Jean-François), L’imitation du principe. Plotin et la participation (Histoire
des doctrines de l’Antiquité classique, 3 0),Vrin, Paris, 2 003 .
SAFFREY (H.D.), WESTERINK (L.G.), Proclus. Théologie Platonicienne, Liv re I (CUF),
Les Belles Lettres, Paris, 1 9 6 8.
SCHROEDER (F.M.), Form and Transformation.A Study in the Philosophy of Plotinus
(McGill-Queen’s Studies in the History of Ideas, 1 6 ), McGill-Queen’s Univ ersity
Press, Montreal – Kingston – London – Buffalo, 1 9 9 2 .
SCHWYZER (Hans-Rudolf), « Zu Plotins Interpretation v on Platons Timaeus 3 5 A »,
in Rheinisches Museum, 84 , 1 9 3 5, p. 3 6 0-3 6 8.
STEEL (Carlos), The Changing Self.A Study on the Soul in Later Neoplatonism :
I amblichus, Damascius and Priscianus (Verhandelingen v an de Koninklijke
Academ ie v oor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten v an België, Klasse der
Letteren, Jaargang XL, Nr. 85), KAWLSK, Brussel, 1 9 7 8.

STEEL (Carlos), « ΥΠΑΡΞΙΣ


http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 chez Proclus », dans ROMANO (F.), TAORMINA (D.P.), 7/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne
STEEL (Carlos), « ΥΠΑΡΞΙΣ chez Proclus », dans ROMANO (F.), TAORMINA (D.P.),
Hyparxis e Hypostasis nel Neoplatonismo. Atti del I Colloquio I nternazionale del Centro
di Ricerca sul Neoplatonismo, Università degli Studi di Catania, 1-3 ottobre 1992
(Lessico Intellettuale Europeo), Olschki, Firenze, 1 9 9 4 , p. 7 9 -1 00.
VAN DEN BERG (R.M.), « Proclus, I n Platonis Timaeum Commentarii 3 .3 3 3 .2 8ff. :
The My th of the Winged Charioteer According to Iam blichus and Proclus », dans
Syllecta Classica, 8 (Iam blichus : the Philosopher), 1 9 9 7 , p. 1 4 9 -1 6 2 .

Notes
1 Élém. de théol. 1 9 1 ; cf. Tim. 3 5A.
2 Élém. de théol. 1 9 2 .
3 Théol.Plat. I 1 9 ,9 3 .2 3 -2 5 : ψυ χὴ μὲ
ν γὰ ρ ἀνελίττει τὸ
ν νού ν, νοῦς, δὲ αὑτὸ ν
ἀνείλιξεν, ὥσπερ καὶὁ Πλωτῖνος ὀρθῶς πού φησι, περὶτῶν νοητῶν ὑποβάσεων εἰπών.
Cf. Plot. Enn. 3 .8 [3 0] 8.3 4 ; aussi5.3 [4 9 ] 1 0.51 (l’auto-déploiem ent de l’intellect
entraîne une condition inférieure par rapport à sa condition originelle, donc une
ὑπόβασις) ; SAFFREY (H.D.), WESTERINK (L.G.), Proclus. Théologie Platonicienne,
Liv re I (CUF), Les Belles Lettres, Paris, 1 9 6 8, p. 1 55.
4 Plot. Enn. 4 .2 [4 ] ; 4 .8 [6 ] 7 . Cf. PRADEAU (Jean-François), L’imitation du
principe. Plotin et la participation (Histoire des doctrines de l’Antiquité classique,
3 0),Vrin, Paris, 2 003 , p. 7 7 -7 8.
5 I n Tim. 2 .1 54 .1 -3 : οἳ δὲφιλοσοφώτερον ἁπτόμενοι τῶν λόγων νοῦ καὶαἰσθήσεως
αὐτὴν μέσην λέγου σι, τοῦ μὲν ἀμερίστου , τῆς δὲπερὶτοῖς σώμασι μεριστῆς, ὡς
Πλωτῖνος.
6 I n Tim. 2 .1 54 .1 8-2 1 : πρὸς δὲτου ̀ς τετάρτου ς, ὅτι οὐ περὶγνώσεώς ἐστι ψυ χικῆς ὁ
λόγος, ἀλλὰπερὶοὐσίας· οὐκ ἔδει οὖν μέσην αὐτὴ ν φάναι τῶν γνωστικῶν δυ νάμεων,
τῆς νοερᾶς καὶτῆς αἰσθητικῆς.
7 Cf. SCHWYZER (Hans-Rudolf), « Zu Plotins Interpretation v on Platons Timaeus 3 5
A », in Rheinisches Museum, 84 , 1 9 3 5, p. 3 6 0-3 6 8.
8 Cf. DODDS (E.R.), ΠΡΟΚΛΟΥ ΔΙ ΑΔΟΧΟΥ ΣΤΟΙ ΧΕΙ ΩΣΙ Σ ΘΕΟΛΟΓΙ ΚΗ. Proclus. The
Elements of Theology. A Revised Text with Translation, I ntroduction and Commentary,
Second edition, Clarendon,Oxford,1 9 6 3 [ = 1 9 3 3 ], p.xxii.
9 Cf. FESTUGIÈRE (A.-J.), Proclus. Commentaire sur le Timée, traduction et notes,
tom e cinquièm e, Livre V. I ndex général (Bibliothèque des textes philosophiques),
Vrin, Paris, 1 9 6 8, p. 1 2 0, n. 2 .
1 0 Marinus,Procl.2 3 .3 -8 : πρῶτος γὰρ οὗτος ἐπέστησεν ὅτι γένος ἔστι ψυ χῶν
δυ ναμένων πολαὰἅμα εἴδη θεωρεῖν, ὃ δὴκαὶμέσον ἤδη εἰκότως ἐτίθετο τοῦ τε νοῦ τοῦ
ἀθρόως καὶκατὰμίαν ἐπιβολὴν ἅπαντα νοοῦντος, καὶτῶν καθ’ ἓν εἶδος τὴ
ν μετάβασιν
ποιου μένων ψυ χῶν.
1 1 En Élém. de théol. 1 84 , Proclus distingue trois classes. L. Brisson a établi un
schém a sy noptique de la hiérarchie procléenne, chaldaïque et orphique. Cf.
BRISSON (Luc), « Kronos, Sum m it of the Intellectiv e Hebdom ad in Proclus’
Interpretation of the Chaldaean Oracles », dans VAN RIEL (Gerd), MACÉ (Caroline),
Platonic I deas and Concept Formation in Ancient and Medieval Thought (Ancient and
Mediev al Philosophy . De Wulf-Mansion Centre, Series 1 , 3 2 ), Leuv en Univ ersity
Press, Leuv en, 2 004 , p. 2 09 -2 1 0 (p. 1 9 1 -2 1 0). Il m e sem ble que les
correspondances av ec les classes distinguées en in Tim. 3 .2 51 .2 9 -2 56 .2 1 sont les
suiv antes (pour ce qui concerne les classes 6 -8 distinguées par Brisson : les âm es ne
sont pas elles-m êm es les m em bres de ces classes, m ais sont associées à ces div inités ;
il est toutefois possible que certaines âm es regroupées sous (9 ) soient les âm es des
div inités regroupées sous (8)) :

1 2 I n Tim. 3 .2 4 5.2 0-2 1 .


http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 8/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne
1 2 I n Tim. 3 .2 4 5.2 0-2 1 .
1 3 Cf. Enn. 4 .3 [2 7 ] 2 .1 -3 ; 58 ; 5.1 4 -1 7 ; 6 .1 -3 ; 2 7 -2 8 ; 7 .1 0-1 2 ; 8.1 0-1 3 ; 4 .7 [2 ]
1 0.1 3 -2 0.
1 4 Voir égalem ent in Alc. 2 2 7 .7 -9 .
1 5 I n Tim. 3 .2 4 6 .2 3 -2 8.
1 6 Cf. in Parm. 9 4 8.2 3 -2 6 : οὔτε ὁμοού σιον τὴ
ν ψυ χὴ
ν ὑποθετέον τοῖς θεοῖς· καὶγὰ
ρ
τὴν ἐξ ἀρχῆς ἡμῶν ὑπόστασιν ἐκ δευ τέρων καὶτρίτων παρήγαγεν ὁ γεννήσας πατήρ.
1 7 καὶτὰἄλλα (in Tim. 3 .2 4 6 .2 6 ) réfère aux niv eaux ontologiques supérieurs aux
astres, jusqu’à l’âm e hy per-cosm ique. Cf. DEUSE (Werner), Theodoros von Asine.
Sammlung der Testimonien und Kommentar (Palingenesia, 6 ), Steiner, Wiesbaden,
1 9 7 3 , p. 1 56 .
1 8 Telle est la signification du term e ἀσχέτως (in Tim. 3 .2 4 6 .2 5). Cf. DEUSE,
op. cit., p. 1 2 1 (ad Test. 2 0) ; Procl. in Tim. 3 .1 54 ,1 9 -2 4 = Theod. Test. 2 7 .
1 9 Voir aussi in Tim. 3 .3 3 3 .2 8-3 0 = Theod. Test. 3 6 DEUSE : ἀπὸ δὴ τού των
ὁρμώμενοι παρρησιασόμεθα πρὸς Πλωτῖνον καὶ τὸ ν μέγαν Θεόδωρον ἀπαθές τι
φυ λάττοντας ἐν ἡμῖν καὶἀεὶνοοῦν. I n Tim. 3 .2 3 1 .5-1 0 = Theod. Test. 3 5B.
2 0 I n Tim. 3 .2 3 1 .5-1 5 : Ἐκ δὲ τού των ὁρμώμενοι παρρησιασόμεθα πρὸ ς του ̀
ς
Πλατωνικού ς, ὅσοι τὴν ἡμετέραν ψυ χὴ ν ἰσοστάσιόν τε ἀποφαίνου σι τοῖς θεοῖς καὶ
ὁμοού σιον ταῖς θείαις ψυ χαῖς κτλ. […] πολλοῦ γὰ ρ δεῖ τοιοῦτόν τι περὶαὐτῆς λέγειν ὁ
Πλάτων, ὅς γε ὁμωνύ μως ἀθάνατον αὐτὴ ν ἀποκαλεῖ ταῖς θείαις ψυ χαῖς, καὶοὐ παρὰ
τὴν γένεσιν τοῦτο ὑπομένειν, ἀλλὰταύ την εἰληχέναι τὴ ν ἀπὸτοῦ δημιου ργοῦ τάξιν,
καὶλέγεσθαι θείαν, ἀλλ' οὐχ ἁπλῶς εἶναι θείαν.
2 1 Cf. in Tim. 3 .2 3 1 .1 5-1 6 : τὸγὰρ θεῖον προσήκει ταῖς ἀχράντοις καὶἀεὶνοού σαις καὶ
τὸἀθάνατον ταῖς πόρρω τῶν θνητῶν ἱδρυ μέναις.
2 2 C’est aussi Jam blique qui a form ulé toute une série d’argum ents (cf. Procl. in
Tim. 3 .3 3 4 .3 -2 8) dirigés contre la doctrine selon laquelle une partie de notre âm e
ne descend jam ais. Cf. infra.
2 3 Cf. DEUSE, op. cit., p. 1 55-1 57 ; FESTUGIÈRE (A.-J.), La révélation d’Hermes
Trismégiste, III, Les doctrines de l’âme, suiv i de Jam blique, Traité de l’âme,
traduction et com m entaire. Porphy re, De l’animation de l’embryon. IV, Le dieu
inconnu et la gnose, deuxièm e édition, Les Belles Lettres, Paris, 1 9 9 0 [ = Editions J.
Gabalda, 1 9 50], p. 2 03 ; STEEL (Carlos), The Changing Self.A Study on the Soul in
Later Neoplatonism : I amblichus, Damascius and Priscianus (Verhandelingen v an de
Koninklijke Academ ie v oor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten v an
België, Klasse der Letteren, Jaargang XL, Nr. 85), KAWLSK, Brussel, 1 9 7 8, p. 2 4 -
2 5.
2 4 Iam bl. De an. ap. Stob. I, 3 6 5.1 -2 2 .
2 5 Cf. D’ANCONA COSTA (Cristina), « Porphy ry , Univ ersal Soul and the Arabic
Plotinus », dans Arabic Sciences and Philosophy, 9 , 1 9 9 9 , p. 85 (p. 4 7 -88).
2 6 Porph. Sent. 1 0.
2 7 Porph. Sent. 2 2 .
2 8 Cf. D’ANCONA COSTA, op. cit., p. 85.
2 9 Cf. STEEL (Carlos), The Changing Self, 3 0.
3 0 Enn. 4 .4 [2 8] 6 -1 7 . Com parer égalem ent 3 .3 [4 8] 3 .2 0-2 2 av ec 3 .2 [4 7 ] 2 .8-
31 .
3 1 Enn. 6 .7 [3 8] 1 -7 .
3 2 Le v rai problèm e est que les m étaphores artisanales de la dém iurgie se
com binent m al av ec la m étaphy sique de Plotin. Cf. O’MEARA (Dom inic J.), « Das
Böse bei Plotin (Enn. I,8) », dans KOBUSCH (Theo), MOJSISCH (Burkhard), Platon in
der abendländischen Geistesgeschichte. Neue Forschungen zum Platonismus,
Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darm stadt, 1 9 9 7 , p. 4 3 (p. 3 3 -4 7 ) : « Das
demiurgische Modell gehört zum traditionellen Schulplatonismus, der die Deutung des
Timaios als Grundlage hat ; das Ableitungsmodell stammt eher vom
mathematisierenden Neupythagorismus, der zum pythagoreisierenden Platonismus der
Akademie und zu Platons sogenannter “ ungeschriebener Lehre” zurückführt. Beide
Modelle tau chen bei Plotin auf, obwohl er eigentlich das Ableitungsmodell radikal
einsetzen will und dadurch das demiurgische Modell unterdruckt. » BRISSON (Luc),
« Logos et logoi chez Plotin. Leur nature et leur rôle », dans Les Cahiers
Philosophiques de Strasbourg, 8, 1 9 9 9 , p. 9 3 -9 5 (p. 87 -1 08) ; CHARRUE (Jean-
Michel), Plotin lecteur de Platon (Coll. d’Études anciennes), Les Belles Lettres, Paris,
1 9 7 8, p. 1 3 2 ; MONTET
http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 (Danielle), « Le Dém iurge du Timée aux Ennéades : 9/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne
1 9 7 8, p. 1 3 2 ; MONTET (Danielle), « Le Dém iurge du Timée aux Ennéades :
Question des causes et théorie des principes », dans Kairos, 1 6 , 2 000, p. 2 2 0-2 2 3 (p.
2 09 -2 2 6 ) ; O’MEARA (Dom inic J.), Plotinus.An I ntroduction to the Enneads,
Clarendon Oxford, 1 9 9 3 , p. 7 6 ; OPSOMER (Jan), « A Craftsm an and his
Handm aiden. Dem iurgy according to Plotinus », dans LEINKAUF (Thom as), STEEL
(Carlos), Weltentstehung, Weltseele und Weltstruktur. Platons Timaios als Grundtext
der Kosmologie in Antike, Mittelalter und Renaissance (Ancient and Mediev al
Philosophy , v ol. XXXII), Leuv en Univ ersity Press, Leuv en, 2 005, p. 6 7 -1 02 ;
SCHROEDER (F.M.), Form and Transformation. A Study in the Philosophy of Plotinus
(McGill-Queen’s Studies in the History of Ideas, 1 6 ), McGill-Queen’s Univ ersity
Press, Montreal – Kingston – London – Buffalo, 1 9 9 2 , p. 3 6 ; 1 09 .
3 3 Enn. 4 .4 [2 8] 1 0,1 -4 ; 3 .9 [1 3 ] 1 ; 5.1 .[1 0] 7 .
3 4 I n Tim. 1 .3 07 .4 -5 : ὃν ἐρωτᾶν ἄξιον, ἐν τίσι Πλωτῖνος τὴ
ν ψυ χὴ
ν ποιεῖ
δημιου ργόν.
3 5 I n Tim. 1 .3 05.1 6 -3 06 .1 .
3 6 Plot. Enn. 4 .8 [6 ] 8.1 -3 : (καὶ εἰ χρὴ παρὰ δόξαν τῶν ἄλλων τολμῆσαι τὸ
φαινόμενον λέγειν σαφέστερον, οὐ πᾶσα οὐδ' ἡ ἡμετέρα ψυ χὴἔδυ , ἀλλ' ἔστι τι αὐτῆς ἐν
τῷ νοητῷ ἀεί) ;· 5.1 [1 0] 1 0.2 3 (τῆς ψυ χῆς τὸἐν τῷ νοητῷ μέσον).
3 7 I n Parm. 9 4 8.1 2 -3 1 .
3 8 Plot. Enn. 4 .8 [6 ] 8.3 .
3 9 Élém. de théol. 1 9 5.
4 0 STEEL (Carlos), The Changing Self, esp. 4 6 -4 7 ; 6 9 . Cf. Élem. de théol. 2 1 1 ; in Alc.
2 2 6 .9 -2 2 8.1 (cf. Enn. 1 .1 [53 ] 9 .1 -4 ; 2 3 -2 6 ) ; in Tim.3 .3 2 3 .2 -6 ; 3 .3 3 3 .2 8-3 3 4 .4 .
4 1 I n Alc. 2 2 7 .1 6 -2 0.
4 2 I n Alc. 2 2 7 .8.
4 3 De mal. subst. 2 1 .1 5-1 8 ; 2 2 .1 -1 4 . Les trois classes d’âm es distinguées dans ce
texte – âm es im m aculées, âm es interm édiaires, âm es tom bées – se trouv ent toutes
à l’intérieur du groupe des âm es encosm iques, puisque l’exposé de leur sort suit la
discussion des genres supérieurs (anges, dém ons, héros). Les âm es im m aculées sont
légèrem ent incom m odées dans leurs activ ités, les âm es interm édiaires sont
v éritablem ent gênées dans leurs activ ités et les âm es hum aines sont entrav ées
aussi bien dans leurs puissances que dans leurs activ ités. Une corruption de la
substance m êm e de l’âm e est par contre exclue pour toutes les classes. Cf. OPSOMER
(Jan), STEEL (Carlos), Proclus. On the Existence of Evils, Duckworth - Cornell
Univ ersity Press, London- Ithaca, 2 003 , p. 1 2 3 , n. 2 82 . Égalem ent p. 1 1 4 , n. 1 3 1 -
1 3 2 (la note 1 3 4 doit être corrigée : il doit s’agir non pas d’âm es div ines, m ais
d’âm es im m aculées).
4 4 Cf. Élém. de théol. 1 9 5.
4 5 Théol Plat. I 2 6 , 1 1 7 .2 1 -2 3 : ὅθεν δὴκαὶτὴ
ν ψυ χὴ
ν ἐν μέσῳ τάττειν ἀξιοῦμεν,
μᾶλλον ἢ τοῖς πρώτοις ἐνάριθμον ποιεῖν.
4 6 Cf. Plot. Enn. 1 .1 [53 ] 9 .1 -4 (ἔσται τοίνυ ν ἐκείνης ἡμῖν τῆς ψυ χῆς ἡ φύ σις
ἀπηλλαγμένη αἰτίας κακῶν, ὅσα ἄνθρωπος ποιεῖ καὶπάσχει· περὶγὰ ρ τὸζῷον ταῦτα,
τὸκοινόν, καὶκοινόν, ὡς εἴρηται) ; 2 3 -2 6 (ἀτρεμήσει οὖν οὐδὲν ἧττον ἡ ψυ χὴπρὸς
ἑαυ τὴ
ν καὶἐν ἑαυ τῇ· αἱ δὲτροπαὶκαὶὁ θόρυ βος ἐν ἡμῖν παρὰτῶν συ νηρτημένων καὶ
τῶν τοῦ κοινοῦ, ὅ τι δήποτέ ἐστι τοῦτο, ὡς εἴρηται, παθημάτων).
4 7 I n Tim. 3 .3 2 3 .2 -6 .
4 8 I n Tim. 3 .3 3 3 .2 8-3 3 4 .4 .
4 9 STEEL (Carlos), The Changing Self ; VAN DEN BERG (R.M.), « Proclus, I n Platonis
Timaeum Commentarii 3 .3 3 3 .2 8ff. :The My th of the Winged Charioteer According
to Iam blichus and Proclus », dans Syllecta Classica, 8 (Iam blichus : the
Philosopher),1 9 9 7 ,p.1 4 9 -1 6 2 . Van den Berg m aintient, sans doute à juste titre,
que, en ce qui concerne le m y the du Phèdre, Jam blique distingue le ἡνίοχος du
κυ βερνῆτης, ce que Proclus ne fait pas (l’identification du κυ βερνῆτης av ec
l’intellect de l’âm e est sans doute due à Proclus lui-m êm e ; selon Herm ias, in Phaedr.
1 52 .7 -9 , le κυ βερνῆτης représente « L’un de l’âm e »). En outre, selon Jam blique le
m y the n’exclut pas qu’il y ait des âm es qui ne descendent pas. Contrairem ent à ce
que pense Van den Berg, c’est égalem ent l’av is de Proclus. Cf. OPSOMER (Jan),
STEEL (Carlos), Proclus. On the Existence of Evils, p. 1 1 4 , n. 1 3 1 -1 3 2 . L’un de l’âm e
est « ce qu’il y a de plus intellectif et de plus élev é en l’âm e » (in Tim. 2 .2 03 .3 0-
2 04 .4 ) et est égalem ent appelé « le som m et » ou « l’hy parxis » de l’âm e, « sa fine
fleur », « le v estige de l’un », m ais est à distinguer de « la fleur de l’intellect » : cf.

BLUMENTHAL (Henry
http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 J.), « Plotinus and the Platonic Theology of Proclus », dans 10/11
26/2/2017 Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne
BLUMENTHAL (Henry J.), « Plotinus and the Platonic Theology of Proclus », dans
SEGONDS (A. Ph.), Steel (C.), Proclus et la Théologie Platonicienne. Actes du Colloque
I nternational de Louvain (13-16 mai 1998). En l’Honneur de H.D. Saffrey et L.G.
Westerink, Leuv en Univ ersity Press Les Belles Lettres, Leuv en Paris, 2 000, p. 1 6 7
(p. 1 6 3 -1 7 6 ) ; STEEL (Carlos), « ΥΠΑΡΞΙΣ chez Proclus », dans ROMANO (F.),
TAORMINA (D.P.), Hyparxis e Hypostasis nel Neoplatonismo. Atti del I Colloquio
I nternazionale del Centro di Ricerca sul Neoplatonismo, Università degli Studi di
Catania, 1-3 ottobre 1992 (Lessico Intellettuale Europeo), Olschki, Firenze, 1 9 9 4 ,
p. 9 6 -1 00 (p. 7 9 -1 00).
50 Dam ascius, lui aussi, rejette la doctrine plotinienne : STEEL (Carlos), The
Changing Self, p. 4 9 -51 .

Pour citer cet article


Référenc e papier
Jan Opsomer, « Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne », Études
platoniciennes, 3 | 2006, 195-207.

Référenc e élec tro niq ue


Jan Opsomer, « Proclus et le statut ontologique de l’âme plotinienne », Études
platoniciennes [En ligne], 3 | 2006, mis en ligne le 01 septembre 2016, consulté le 26
février 2017. URL : http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 ; DOI :
10.4000/etudesplatoniciennes.992

Auteur
Jan Opsomer
Artic les du m êm e auteur
To find the maker and father. Proclus' exegesis of Plato Tim. 28c3-5 [Texte intégral]
Paru dans Études platoniciennes, 2 | 2006

Droits d’auteur
© Société d’Études platoniciennes

http://etudesplatoniciennes.revues.org/992 11/11

Vous aimerez peut-être aussi