Vous êtes sur la page 1sur 4

1

CHAPITRE 1.
LE TRAITE

SECTION 1. LA FORMATION DU TRAITE (cours L2)


SECTION 2. LE DROIT DU TRAITE INTERNATIONAL
SECTION 3. L’APPLICATION (EXECUTION DU TRAITE)
PARAGRAPHE 1. LA PORTEE JURIDIQUE DE L’ARTICLE 26 DE LA CV69 (OU CHAMP D’APPLICATION)
PARAGRAPHE 2. LES PROBLEMENS D’APPLICATION OU DE MISE EN ŒUVRE DE L’ARTICLE 26CV69
A. L’INTERPRETATION DU TRAITE
B. LES TRAITES SUCCESSIFS OU SUCCESSION DE TRAITES (Article 30 CV69)
C. CONFLIT ENTRE LE TRAITE ET LE DROIT INTERNE
Quelques précisions d’importance :
- 1. Le conflit avec le droit interne se pose ici par rapport à l’exécution du traité et non pas sa formation. Question qui
est régi par l’article 46 de la CV69 (vices du consentement. Cours de L2).

- 2. Le conflit n’est envisagé ici que par rapport aux seuls traités régis par la CV69.

- 3. Par droit interne, il faut entendre tout le droit interne, c’est-à-dire par rapport à toutes les sources du droit interne ;
la constitution comprise.
- 4. Le conflit se pose sur deux terrains juridiques qui sont totalement différents : le conflit en droit international (notre
approche ici) et le conflit en droit interne ; exemple en droit tunisien

1. L’APPROCHE INTERNATIONALE DU CONFLIT ENTRE TRAITE ET DROITS INTERNES

a. Le principe : Il se résume dans ce qui suit :

Sur le plan international, il n’y a que le traité qui s’applique. Il est seul à avoir la qualité de source de droit
international. Les droits internes ne constituent que des simples faits, sans conséquence aucune sur le plan
international. La portée de ce principe est à la fois :

o Formelle : Ce principe s’étend à toutes les sources de droit interne, y compris la constitution,
o Matérielle : il s’applique à toutes les « dispositions » de droit interne. C’est d’ailleurs en ces termes
que le principe a été posé par l’article 27 de la CV69.

Et donc, sur ce terrain, et à la différence de l’article 46 de la CV69, l’article 27 n’est assorti d’aucune dérogation. Aux
termes de cet article : «Une partie ne peut invoquer les dispositions de son droit interne comme justifiant la non-
exécution d'un traité. Cette règle est sans préjudice de l'article 46»

b. L’application du principe :

C’est en vertu de l’article 27 de la CV69 que l’application du droit interne peut être étendue sur le plan
international. Autrement dit, le fait que le droit interne ne constitue qu’un simple fait juridique sur le plan international
ne signifie pas qu’il ne peut pas s’appliquer malgré tout sur le plan international. Auquel cas, il convient de
soigneusement distinguer entre deux choses qui sont extrêmement importantes :
2

o Le fondement juridique de cette application du droit interne sur le plan international : un traité qui en
fixe le principe de l’application du droit interne en droit international ; de même que sa portée
juridique.

o Les effets qui en résultent : l’application du droit interne sur le plan international n’est qu’une
conséquence de l’obligation qui incombe aux Etats d’exécuter pleinement l’engagement qu’ils ont pris
à cet effet ; autrement dit la règle pacta sunt servanda (article 26 de la CV69). Ce qui veut dire
surtout que dans ce cas :

 Ce qu’on applique, ce n’est pas le droit interne, mais le traité.

 Que le droit interne ne s’applique que selon et dans la limite de ce qui a été convenu ; donc
prévu par le traité.

Des traités de ce genre sont très fréquents dans la pratique, particulièrement dans les domaines suivants  : la lutte
contre la grande criminalité, l’entraide judiciaire et en matière fiscale (lutte contre les fuites d’impôts et de non-double
imposition en matière fiscale).

2. L’APPROCHE INTERNE DU CONFLIT ENTRE DROITS INTERNES ET TRAITE

Deux remarques pour commencer :


1. Quand on dit approche interne, cela ne signifie pas qu’il n’existe qu’une seule approche du rapport que les droits
internes entretiennent avec les traités internationaux. En fait, cette approche change :
- D’un droit interne à un autre. Même si, entre ces différentes approches, il existe des ressemblances, plus ou moins
profondes.
- Selon la nature du traité : exemple en Tunisie : la distinction faite :
* A l’époque de la constitution de 1959
* A l’époque de la constitution de 2014 (voir la constitution)
* Depuis la constitution de 2022 (voir la constitution).
2. La question n’est envisagée ici que par rapport aux traités. Ce qui ne veut pas dire que le problème ne se pose pas par
rapport aux autres sources du droit international.
Sur tous ces points, cela change d’un droit interne à un autre, d’une constitution à une autre.

Pratiquement, il existe deux approches du rapport que les droits internes entretiennent avec les traités
internationaux :
- L’approche dualiste ou dualisme (on parle d’école ou de doctrine dualiste)
- L’approche moniste ou monisme (on parle cette fois d’école ou de doctrine moniste).

a). LE DUALISME

Le dualisme, très appliquée au temps de l’ex-URSS et de ses satellites de l’époque (ancien bloc de l’est), est une
théorie qui consiste à séparer le droit interne du droit international (et pas seulement des traités). Il n’existe aucune
3

combinaison possible entre les deux. Chacun a son propre terrain et si le droit international, en fait des normes
internationales intègrent le droit interne, c’est seulement à travers un processus de transposition ou de transformation
des normes internationales en des normes internes aussi.

Dans ce cas, il ne peut y avoir aucun conflit entre les deux droits, donc entre le traité et les droits internes. Ce qui veut
dire deux choses :

 D’abord, sur son territoire juridique, l’Etat ne reconnaît que son propre droit et ne confère aucune place à une
quelconque source du droit international. Donc, chaque droit a son propre territoire ; appelé territoire
juridique.

 Ensuite, si l’Etat décide malgré tout de donner suite en droit interne à un engagement pris, c’est tout
simplement parce que des normes internationales sont devenues internes aussi et ne sont appliquées en droit
interne qu’à ce titre (en tant que seulement normes de droit interne)

La conséquence de tout cela est bien claire : une quelconque norme internationale n’a de force juridique sur le plan
interne qu’une fois transposée en une norme interne et devient donc une norme de droit interne.

b. LE MONISME

A la différence de la théorie précédente, qui repose sur l’idée de séparation ou de dualité entre deux ordres
juridiques formellement et matériellement distincts, la théorie moniste part au contraire du principe que les deux
droits forment un ensemble uni et font donc partie du même bloc de légalité qui s’applique en droit interne. C’est
le cas de la Tunisie par exemple, puisque le traité fait partie des sources de droit interne tunisien, organisé et
hiérarchisé par la constitution elle-même. Le traité a donc vocation à coexister avec les autres sources de droit
interne et pose donc le problème de la place qu’il occupe et des conflits qui peuvent par conséquent l’opposer aux
autres sources de ce droit.

Attention toutefois :

1. En intégrant les droits internes, le traité ne perd pas sa qualité en tant que source de droit international.
Ce qui signifie que, sur son territoire :

 L’Etat n’en dispose pas librement et donc ne peut pas unilatéralement en changer le contenu par
exemple,

 Même sur son territoire, l’Etat peut être amené à rendre compte (responsabilité) du non-respect
d’un traité qui l’engage. Vis-à-vis des autres Etats, l’Etat du territoire peut être reconnu
responsable pour violation du traité, même si la raison qu’il invoque pour justifier cette violation
INTERNATIONALE est conforme à son droit interne.

En droit interne, les conflits entre le traité et le droit interne sont réglés selon l’une des solutions suivantes :
4

 Soit le monisme avec primauté du droit international


 Soit le monisme avec primauté du droit interne.
Tr Di
Conflit Conflit

Tr (fig1) Di Tr (fig2) Di

Et donc :

 Le monisme avec primauté du traité signifie, qu’en cas de conflit avec le droit interne, la primauté est
donnée au traité international (fig 1).

 Le monisme avec primauté du droit interne, est donc l’opposé de la solution

précédente (fig 2).

QUESTION POUR TERMINER : Est-ce que ceci signifie que les Etats ont opté, soit pour la 1 ère soit pour la 2ème méthode ?

Dans la pratique, les Etats optent généralement pour un mélange entre :

* Entre le monisme et le dualisme, d’une part


* Le monisme avec primauté du traité ou/et primauté du droit interne d’autre part. Il arrive souvent que les
traités soient catalogués entre ceux qui sont supérieurs aux lois et ceux qui ne le sont pas. Voir l’exemple du
droit tunisien : les traités approuvés et ratifiés et les traités seulement ratifiés (voir les exemples des trois
constitutions tunisiennes : 1959, 2014 et 2022.

Vous aimerez peut-être aussi