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Éducation aux
médias et à
l’information
Sommaire
Introduction .........................................................................................................................................7
PARTIE 1
Notions et enjeux de l’EMI ................................................................................................................8
Institutionnalisation de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) dans le système
éducatif français : aperçu historique .........................................................................................9
L’éducation aux médias, à l’information et à la citoyenneté numérique, un puissant
levier des compétences du 21e siècle ...................................................................................... 12
Économie des médias à l’ère numérique ................................................................................ 17
La liberté d’expression ...............................................................................................................19
S’informer sur les réseaux sociaux........................................................................................... 22
L’EMI au service des pratiques des enfants et des adolescents...........................................24
Références ................................................................................................................................. 26
PARTIE 2
L’EMI au cœur du projet éducatif et des enseignements .......................................................... 27
Mobiliser les acteurs de la communauté éducative............................................................. 28
Mettre en œuvre l’éducation aux médias et à l’information ..............................................31
Ancrer l’EMI dans toutes les disciplines ................................................................................. 33
PARTIE 3
Des exemples de séquences pédagogiques et d’actions éducatives en faveur de l’EMI ..... 40
THÉMATIQUE 1 - La production d’information .....................................................................41
THÉMATIQUE 2 - Recherche, traitement et évaluation de l’information ......................... 45
THÉMATIQUE 3 - Désinformation ........................................................................................... 49
THÉMATIQUE 4 - Hiérarchisation et éditorialisation............................................................ 52
THÉMATIQUE 5 - Liberté d’expression : enjeux et limites ................................................... 56
THÉMATIQUE 6 - Économie et mutations des médias ....................................................... 59
THÉMATIQUE 7 - Représentations et stéréotypes de genre dans les médias .................. 63
THÉMATIQUE 8 - Données ....................................................................................................... 67
THÉMATIQUE 9 - Sciences, technologies et médias .............................................................71
PARTIE 4
Ressources et liens utiles ................................................................................................................ 75
ANNEXES ......................................................................................................................................... 80
ANNEXE 1 - La Semaine de la presse et des médias dans l’école® ......................................81
ANNEXE 2 - Les médias scolaires ............................................................................................ 84
ANNEXE 3 - Textes, images et sons pour la classe : cadre juridique ................................. 89
Quels sont cependant les " médias # dont il est ici question ? Longtemps, depuis le début
des années 1980, ils se résumèrent aux moyens traditionnels d’information, la presse écrite,
la radiophonie et la télévision – l’audiovisuel. Depuis plus de 20 ans maintenant, les médias
se sont étendus à l’ensemble de l’Internet et concernent, désormais, non seulement
la diffusion par de nouveaux moyens techniques d’une information préexistante, mais
aussi l’usage des réseaux comme médium privilégié et, par conséquent, des pratiques
intellectuelles et sociales nouvelles précisément engendrées par les réseaux – notamment
sociaux – et leurs logiques congruentes (optimisation des ressources, vitesse et
élargissement de diffusion, etc.) et concurrentes (news contre fake news, exploitation des
données personnelles, etc.). L’EMI est confrontée, non seulement à la mutation " passée #
des médias, mais aussi à leur mutation " permanente # et aux tensions systémiques, dans
l’ordre des savoirs et du jugement, qui en résultent.
Enfin l’EMI concerne bien l’information, dont la notion est plus difficile à cerner que ne
le laisse entendre l’usage commun que nous en faisons. On ne peut en effet se contenter
de réduire " l’information # aux contenus de connaissance ou aux opinions que diffusent
certains médias. Ce qui s’y joue concerne tout autant les sources de l’information que leurs
vecteurs et leur architecture, puisqu’il ne suffit pas de les compiler, mais bien de les croiser
et d’évaluer leur fiabilité et leur pertinence dans des contextes de grande concurrence et
de grande confusion. C’est donc la notion même d’information que le développement
des réseaux numériques remet en jeu, et ce sont à la fois les instances de production, de
régulation et de validation de ces informations, et la constitution des groupes sociaux
qu’elles mettent en jeu qui se trouvent au cœur des bouleversements en cours.
L’EMI n’a donc pas à proprement parler un objet ; elle vise à éclairer le paysage
informationnel dans lequel évoluent les élèves – enfants, adolescents, jeunes adultes –,
qu’il s’agisse de leurs relations au monde de l’école, de leurs relations interpersonnelles ou
sociales, enfin de leur ouverture au monde des adultes chargés de les accueillir et qui déjà,
au plan des médias et de l’information, exerce son emprise sur eux.
Ce vademecum clarifie les concepts fondateurs de l’EMI, précise son ancrage dans
l’ensemble des disciplines et propose des pistes utiles pour sa mise en œuvre pédagogique
en lien avec le projet d’école ou d’établissement.
Dans les années 1960 a émergé en France un courant associatif " presse-école #
réunissant de façon inédite des journalistes et des enseignants. Cependant, c’est
en 1976 que le ministre de l’Éducation R. Haby a préconisé l’utilisation des médias
en tant qu’" instruments pédagogiques # en raison de l’intérêt qu’ils présentent
dans les différentes disciplines1. La présence de la presse à l’école devient alors
légitime, comme support pédagogique de lecture et, dans une moindre mesure,
d’écriture, sous l’influence des méthodes pédagogiques actives inspirées des
propositions de J. Dewey, de C. et E. Freinet ou de O. Decroly promouvant
l’expression des élèves et l’utilisation de la presse d’imprimerie pour la production
de journaux scolaires. Les médias audiovisuels demeuraient quant à eux encore
peu mobilisés dans le cadre scolaire.
Rapport 1983
Gonnet & Vandevoorde
1983 Création du CLEMI
Centre de liaison de l’enseignement et des moyens d’information.
L’attentat terroriste perpétré en janvier 2015 dans les locaux du journal satirique
Charlie Hebdo et la prolifération " d’infox # sur les réseaux sociaux auprès
des jeunes ont mis en alerte le monde de l’éducation. L’EMI, objet d’une des
onze mesures pour une grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la
3. J. Gonnet et P. Vandevoorde, Rapport d’orientation pour l’introduction des moyens d’information dans l’enseignement,
1983.
4. Arrêté ministériel du 26-4-1983.
5. Code de l’Éducation, 2000. (Articles L.111-2 et L.131-1-1).
6. Voir Annexe 1.
7. Déclaration de Prague de 2003 ; Proclamation d’Alexandrie de 2005 ; Agenda de Paris - 12 recommandations pour l’ÉAM
de 2007.
8. C. Becchetti-Bizot et A. Brunet, L’Éducation aux médias, Enjeux, état des lieux, perspectives, Rapport IGEN/IGAENR n°2007-
083.
9. Décret n°2006-830 du 11 juillet 2006.
10. Loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école : loi n°2013-595 du 8 juillet 2013. Chapitre III, Article
53, L-332-5.
Présente dans tous les champs du savoir transmis aux élèves, l’EMI est prise en
charge par tous les enseignements. Le CLEMI a mené un travail de repérage de
connaissances et de compétences sur les champs de l’éducation aux médias et à
l’information ainsi qu’un travail de synthèse pour permettre aux enseignants de
s’engager dans une démarche EMI en lien avec les programmes : https://www.clemi.
fr/fr/emi_et_programmes.html.
Les C21 sont au cœur des orientations internationales qui repensent l’éducation
dans ses fondements mêmes pour répondre aux exigences d’un monde en
11. Parcours citoyen : mesure 3 des onze mesures pour une grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République
(janvier 2015).
12. Décret n°2015-372 du 31 mars 2015 – J.O. du 2-4-2015 – B.O.E.N. n°17 du 23-4-2015.
13. Circulaire du 23 juin 2016.
14. Dossier de presse, Année scolaire 2015-2016, Une école au cœur de la République, 25 août 2015, Fiche 34, Une éducation
aux médias et à l’information renforcée, p. 82.
15. Lettre de mission des professeurs documentalistes, circulaire n°2017-051 du 28 mars 2017.
16. Annexe 3 : programme d’enseignement du cycle des approfondissements (Cycle 4) – B.O. spécial n°11 du 26-11/2015.
17. Orientations pour l’éducation aux médias et à l’information (EMI) Cycles 2 et 3, 15-12-2016.
18. J.O. du 28-7-2019.
19. Arrêté du 17-7-2020 et J.O. du 28-7-2020.
20. En 2de générale (exploration, littérature et communication : enjeux et perspectives), en 2de professionnelle (français), ainsi
qu’en 1ère générale (EMC).
! Les compétences du 21e siècle sont des capacités qui devraient permettre
d’améliorer les façons de penser, d’apprendre, de travailler et de vivre dans le
monde21 ".
Les C21 sont définies par certains comme ce que l’intelligence artificielle ne
maîtrise pas, c’est-à-dire des compétences spécifiquement humaines (l’empathie,
la recherche de sens, la résolution de problèmes, la créativité…). Dénommées aussi
" compétences globales #, " compétences de vie #, " compétences transversales #
ou " compétences transformatives #, elles sont souvent connues sous l’appellation
" 4C # pour " esprit critique, créativité, collaboration et communication #,
auxquelles s’ajoutent dans la majorité des schémas les deux familles " connaissance
de soi # et " conscience globale / citoyenneté mondiale #. Cet ensemble complexe
comprend donc à la fois des compétences cognitives, des compétences
numériques, des compétences sociales et comportementales qui s’articulent
entre elles et s’intègrent à l’école sur une base large et avancée des connaissances
disciplinaires.
21. https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-94-007-2324-5_2
Comme nous l’avons vu, il est difficile de poser une définition stabilisée de l’EMI.
Nous disposons néanmoins de recommandations internationales et, en France, de
textes officiels, dont les entrées dans les programmes et le parcours d’évaluation Pix.
Le terme générique évoqué plus haut de Media and Information Literacy (MIL) a
été défini en 2011 par l’UNESCO comme " une combinaison de connaissances,
d’attitudes, de compétences nécessaires pour accéder, évaluer, utiliser, produire et
communiquer des informations et des connaissances de manière créative, loyale
et éthique, dans le respect des droits de l’homme #. Cette conception reconnaît
la maîtrise de l’information comme indispensable à la formation du citoyen dans
la société numérique et met fortement l’accent sur les aspects participatifs.
Elle est le fruit de la convergence des littératies médiatique, informationnelle et
numérique qui servent de base conceptuelle et comprennent un ensemble de
littératies ou cultures (des images, des technologies informatiques, des données,
etc.) qui s’interconnectent.
L’édition 2021 mise à jour du manuel UNESCO de formation EMI pour les
enseignants se focalise sur " les compétences nécessaires pour comprendre,
interpréter et s’engager de manière éthique dans le contenu de tous les types de
fournisseurs #, et élargit considérablement son contenu aux sujets de l’intelligence
artificielle, du développement durable et de la citoyenneté numérique. Le
développement de la pensée critique y est central, pour la formation du jugement
et comme rempart aux désordres informationnels.
23. https://eduscol.education.fr/1538/former-l-esprit-critique-des-eleves
24. https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Actu_2016/31/3/a_l_ecole_de_l_esprit_critique_680313.pdf
25. https://www.reseau-canope.fr/fileadmin/user_upload/Projets/conseil_scientifique_education_nationale/Ressources_
pedagogiques/VDEF_Eduquer_a_lesprit_critique_CSEN.pdf
S’Informer
prendre le temps de s’informer
comprendre avant de juger
Écoute
s’intéresser à ce que pensent
et savent les autres Autonomie
accepter le débat
chercher à penser par soi-même
L’esprit critique est se méfier de ses préjugés
Évaluer les interprétations
à la fois un état d’esprit
Distinguer et un ensemble de pratiques Évaluer l’information
les interprétations validées qui se nourrissent mutuellement. chercher la source
par l’expérience comprendre qu’une connaissance
les hypothèses En effet, l’esprit critique n’est jamais
est construite et comment elle se
les opinions liées à nos acquis, il est une exigence, toujours
construit
croyances à actualiser. Il naît et se renforce
par des pratiques, dans un progrès
continuel : on ne peut jamais prétendre
le posséder parfaitement et en tous
domaines, mais on doit toujours
chercher à l’accroître.
Modestie
avoir conscience de Lucidité
la complexité du réel savoir ce que l’on sait avec certitude
accepter de s’être trompé ce que l’on suppose...
...ce que l’on ignore
Confronter les interprétations
prendre acte des débats entre les Distinguer les faits et les interprétations
interprétations et de la nécessité du différencier les faits de l’interprétation
pluralisme en ne s’arrêtant pas à la qui les relie et les explique
première explication présentée
Source : éduscol26
La mise en œuvre de l’EMI reposant sur les pédagogies de l’action et de projet qui
utilisent les processus introspectif, créatif, collaboratif et de questionnement de
l’élève pour lui faire prendre conscience de ses choix, valeurs et comportements ne
fait que le confirmer.
26. https://eduscol.education.fr/1538/former-l-esprit-critique-des-eleves
27. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000027677984/
28. Annexe 3 : programme d’enseignement du cycle des approfondissements (Cycle 4) – B.O. spécial n°11 du 26-11/2015.
Disposer d’une culture numérique au sens large, qui intègre les dimensions
sociales et éthiques à la maîtrise d’habiletés techniques, fait aujourd’hui
consensus pour répondre aux nouvelles problématiques informationnelles. Il est
essentiel d’apporter une réponse éducative aux phénomènes de désinformation
et de violence en ligne ainsi que de sensibiliser à l’éthique des données, par la
" formation à l’utilisation responsable des outils et des ressources numériques #.
C’est ainsi que le concept d’" apprentissage de la citoyenneté numérique # a fait
son entrée depuis peu dans le Code de l’éducation (article L 312.9), dans la droite
ligne des " ateliers de démocratie # promus par Jacques Gonnet, fondateur du
CLEMI. Dès lors que chacun peut endosser le rôle du journaliste ou du moins du
diffuseur d’informations sans avoir connaissance de la méthodologie et de la
déontologie requises, il est essentiel de développer la citoyenneté numérique des
élèves et leur esprit critique.
Depuis les années 1830, la presse écrite a fait appel au financement publicitaire
pour couvrir ses coûts de production et dégager une marge profitable.
L’information coûte cher à produire. Par nécessité de rester accessible au plus
grand nombre, Émile de Girardin, avec son titre La Gazette, a eu l’idée de faire
appel à la publicité comme seconde source de financement. Ainsi, la presse
écrite bénéficie d’un modèle d’affaires qui repose sur une structure atypique de
financement : la vente en kiosque, l’abonnement des lecteurs et la vente d’espaces
publicitaires aux annonceurs. Un siècle et demi plus tard, les premiers journaux
gratuits ont fait basculer ce modèle vers le seul marché publicitaire : la publicité
y subventionne intégralement la fabrique de l’information, la rendant accessible
gratuitement pour les lecteurs.
La radio et la télévision sont arrivées plus tard dans la vie des Français. C’est
à partir des années 1920 que de nouveaux procédés de transmission et de
réception de l’information furent mis au point. Il a néanmoins fallu attendre la
Seconde Guerre mondiale pour voir apparaître la radio TSF (télégraphie sans
29. Voir le dossier du Conseil national du numérique : " Votre attention, s’il vous plaît ! Quels leviers face à l’économie de
l’attention ? # : https://cnnumerique.fr/files/uploads/2022/Dossier%20Attention/CNNum_Votre_attention_s_il_vous_
plait_!_Dossier_VF.pdf
Autre exemple, la collecte massive de nos données et l’analyse qui en est tirée via
des algorithmes et la capacité de stockage donnent naissance à des systèmes de
détection, de classification et d’évaluation anticipative de nos comportements.
Cette exploration systématique de nos données et leur profilage permettent de
personnaliser les offres de services sans que nous ayons explicité nos préférences.
Ces procédures peuvent nous déposséder de nos choix individuels et réduire notre
libre-arbitre.
La liberté d’expression
La question des médias et de l’information est fortement liée à celle de la liberté
d’expression, qui en constitue un fondement dans un cadre démocratique. La
liberté d’expression est garantie par l’article 11 de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen de 1789 : " La libre communication des pensées et des
opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc
parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans
les cas déterminés par la Loi #. Cet article n’est pas seulement une déclaration
de principe : la Déclaration de 1789 figure dans le " bloc de constitutionnalité #
élaboré à partir de 1971 par le Conseil constitutionnel. Cela signifie que la liberté
d’expression a une valeur constitutionnelle, donc qu’elle s’impose au législateur :
une loi qui ne respecterait pas l’article 11 tomberait sous le coup de la censure du
Conseil constitutionnel. Notre état de droit garantit donc la liberté d’expression.
La Cour européenne des droits de l’homme considère également que la liberté
d’expression est un des fondements de la société démocratique française.
Si la liberté d’expression est garantie par l’État de droit, elle est donc aussi
limitée par celui-ci. La décision du Conseil constitutionnel de 2016 précise ainsi :
" Il incombe au législateur d’assurer la conciliation entre, d’une part, la liberté
d’expression et de communication et, d’autre part, le droit au respect de la vie
Aujourd’hui, les principales limites à la liberté d’expression sont définies par la loi de
1881, modifiée à de nombreuses reprises, et peuvent être résumées comme suit :
Si la liberté d’expression s’inscrit dans l’État de droit qui permet le respect des
libertés de tous, la liberté d’expression est aussi au cœur de la démocratie : elle
garantit le pluralisme. Elle est ainsi liée au libre choix des gouvernants par les
citoyens, mais aussi au fonctionnement même de la démocratie : un libre débat
sur toutes les grandes questions qui nous préoccupent élargit le champ des
possibles et offre plus d’opportunités d’opérer collectivement le choix le meilleur
et le plus adapté. Comme le débat est fondamental au cœur de la communauté
des savants, il l’est parmi les citoyens. Dans les démocraties, les lois qui encadrent
la liberté de communication sont l’objet de débats passionnés.
Le principe de liberté d’expression est voué à être appliqué. Nous avons vu qu’il
est garanti par la loi – et donc par la justice. Cette garantie est fondamentale, mais
son application concrète pose immédiatement celle du statut des médias, des
vecteurs de la liberté d’expression.
La presse au sens large, qu’elle repose sur de l’imprimé, sur des supports
audiovisuels, sur la diffusion radiophonique, ou qu’elle aboutisse à la constitution
d’un site d’information professionnel, est confrontée à des nécessités
économiques : toute diffusion a un coût, et toute production d’information
nécessite un travail. La question des capitaux nécessaires se pose donc. Dans les
démocraties contemporaines, médias publics et médias privés se partagent la
scène publique. Les gouvernements peuvent aussi donner des aides aux principaux
journaux pour garantir le débat démocratique. La puissance publique ou les
groupes privés qui financent les médias peuvent leur laisser des degrés de liberté
variables. Ce problème est aussi ancien que l’émergence des médias de masse, et
les médias sont l’enjeu de grandes polémiques. D’autre part, des médias peuvent
être des " médias d’opinion # et s’adresser de manière privilégiée à un public qui a
une orientation donnée. Outre que les journalistes se sont donné des règles (par
exemple en Europe la Charte de Munich de 1971), la question du pluralisme est là
aussi centrale : tout monopole peut être dangereux pour la liberté d’expression,
aussi bien un monopole d’État qu’une concentration financière excessive. D’une
certaine manière, le fait que le débat sur les médias soit présent dans les médias
est un bon indicateur, dans les démocraties, de la sécurité offerte par le pluralisme.
Une éducation à la liberté d’expression ne peut donc être menée sans son
inscription dans l’État de droit et sans se confronter à la question du pluralisme ;
à travers l’éducation aux médias et à l’information, elle suppose à la fois une
conscience de sa situation juridique et le souci de son application concrète dans
nos sociétés. Parce que la possibilité d’une expression publique est désormais
offerte à la majorité de nos concitoyens, comme à la plupart de nos élèves, par
la numérisation de nos sociétés, la liberté d’expression est plus que jamais un
patrimoine commun à défendre, à la fois par une juste compréhension de ce
qu’elle permet, et par le souci d’être vigilant face à tous les acteurs qui voudraient
en remettre en question le principe30.
30. Voir également les ressources sur la liberté d’expression dans la partie 4.
Si cette domination des réseaux sociaux sur le marché de l’information est moins
anodine qu’il n’y paraît, c’est parce que ceux-ci transforment en profondeur
la manière dont l’information est produite, diffusée et consommée. Lorsqu’un
internaute utilise un moteur de recherche, il adopte une posture active
d’exploration à partir de mots-clés et d’évaluation des contenus proposés. Sur
les réseaux sociaux à l’inverse, l’usager se trouve dans une posture passive de
consommation : l’information vient à lui, par le biais des recommandations de ses
contacts. Or, les grandes plateformes de réseaux sociaux opèrent un tri quant aux
informations qui sont portées à la connaissance de leurs usagers. Sur Facebook
par exemple, ceux-ci ne voient, dans leur fil d’actualité, que les publications de
20 % de leurs contacts. Ces 20 % correspondent aux contacts qui sont jugés par
l’algorithme comme étant les plus proches de l’usager, c’est-à-dire celles et ceux
avec qui celui-ci entretient le plus de liens sur la plateforme. Or, sociologiquement
parlant, les personnes dont nous sommes les plus proches sont également celles
qui nous ressemblent plus, et qui pensent le plus comme nous. La manière dont
les réseaux sociaux organisent la diffusion d’information a ainsi pu être accusée
de favoriser la formation de " bulles informationnelles #, de " bulles cognitives #
ou de " bulles idéologiques # : sur les réseaux, l’information qui est portée à
notre connaissance est celle qui nous conforte dans notre opinion, évacuant les
informations contradictoires qui pourraient faire évoluer nos manières de voir.
On pourrait objecter à cet argument que ce ne sont pas les réseaux sociaux qui ont
créé ces bulles idéologiques et que, de tout temps, les gens ont consommé des
informations en fonction de leurs préférences politiques. L’orientation idéologique
d’un individu le pousse à choisir un média en accord avec sa sensibilité, et à
bouder les médias identifiés comme appartenant " à un autre camp #. Surtout, les
études portant sur la réception des médias nous ont montré de longue date que
notre attention aux contenus médiatiques est sélective : nous avons tendance,
lorsque nous écoutons la radio, lisons la presse ou regardons la télévision, à retenir
Une autre caractéristique de la diffusion des informations sur les réseaux sociaux
est que les publications y apparaissent toutes sous la même apparence, faisant
passer la source d’information au second plan. Comme l’avait noté la chercheuse
Louise Merzeau, les réseaux sociaux produisent une forme de redistribution des
circuits de la confiance : sur Facebook, Instagram ou WhatsApp, nous faisons
davantage confiance à la personne qui a partagé une information qu’à sa
source. Ce phénomène a notamment été mis en cause dans la controverse sur
la propagation des fake news. Parce que les réseaux sociaux sont des marchés de
l’information ouverts, où n’importe qui peut se trouver en position de produire
et de diffuser des informations d’actualité, et parce que la diffusion de ces
informations repose sur des mécanismes de recommandation interpersonnelle,
ces réseaux constituent des environnements médiatiques propices à la
propagation de rumeurs, de fausses informations ou de théories du complot. Les
principes, déontologiques ou juridiques, qui régulent le monde des médias " hors
ligne #, n’y ont par ailleurs aucun effet.
Enfin, les réseaux sociaux ne sont pas neutres dans la manière dont ils distribuent
les informations. En tant qu’entreprises commerciales, leur principal souci est de
faire passer le plus de temps possible à leurs usagers sur leurs plateformes, afin de
les exposer au maximum de publicités. Si Facebook est un service gratuit, chaque
usager européen rapporte à la firme plus de 22 dollars de revenus publicitaires par
an, ce chiffre montant à près de 72 dollars sur le marché nord-américain. Dans ce
modèle dit de l’économie de l’attention31, tout l’enjeu est de diffuser aux usagers
des contenus qui génèrent de " l’engagement #, c’est-à-dire des visionnages, des
likes, des commentaires et des partages. Or, à ce petit jeu, ce sont les contenus
les plus radicaux, les plus catégoriques ou les plus virulents qui génèrent les plus
d’engagement, la colère étant identifiée comme l’émotion la plus à même de faire
participer les internautes sur ces plateformes. Pour servir le modèle économique
des plateformes, leurs algorithmes vont alors promouvoir ce type de publications,
en les mettant en avant dans les fils d’actualité, accompagnant ainsi une logique
de brutalisation du débat public en ligne.
31. Voir le dossier du Conseil national du numérique : " Votre attention, s’il vous plaît ! Quels leviers face à l’économie de
l’attention ? # : https://cnnumerique.fr/files/uploads/2022/Dossier%20Attention/CNNum_Votre_attention_s_il_vous_
plait_!_Dossier_VF.pdf
32. CORDIER, Anne. Grandir Connectés : Les adolescents et la recherche d’information. Caen, C & F Éditions, 2015.
33. Tels celui des " digital natives #, PRENSKY, Marc. Digital Natives, Digital Immigrants. On the Horizon, vol.5, n°9, p.01-06.
34. CORDIER, Anne. " Avec mon téléphone, le monde il est à portée de mains ! # - Anaïs, 18 ans. Colloque européen, 2001.
Pharmaphone : Sociabilités, affects, réseaux. Toulon, 2020, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03349696/document
35. CORDIER, Anne. Des formats d’information : Une mise à l’épreuve critique de l’expérience informationnelle. Conférence
internationale H2PTM ! Information : enjeux et nouveaux défis #, Paris, 2021, https://hal.univ-lorraine.fr/hal-03452769/
document
36. JEANNERET, Yves. Y a-t-il (vraiment) des technologies de l’information ? Villeneuve d’Ascq, Septentrion, 2000.
37. ALLOING, Camille, PIERRE, Julien. Le web affectif : Une économie numérique des émotions. Paris, INA, 2017.
38. BALTZ Claude. Une culture pour la société de l’information ? Position théorique, définition, enjeux. Documentaliste-
Sciences de l’information, vol.5, n°2, p. 75-82, 1998.
En premier lieu, dans les temps de cours – en classe ou au CDI –, l’ancrage dans
les disciplines ouvre à chaque professeur des opportunités de contribuer à
cette éducation. Le CLEMI a mené un travail de repérage de connaissances et
de compétences sur les champs de l’éducation aux médias et à l’information
et propose une synthèse visant à permettre à tous les enseignants de s’engager
dans une démarche d’EMI en lien avec chacun des programmes disciplinaires,
de spécialité et de l’enseignement moral et civique40. À l’école et au collège,
les domaines 241 et 342 du socle commun de compétences, de connaissances
et de culture soulignent les compétences à l’acquisition desquelles tous les
enseignements peuvent contribuer. La complémentarité des modalités de travail
sur chacune de ces compétences transversales proposées par les professeurs,
individuellement ou dans le cadre de co-interventions, et la variété des sujets
dans lesquels les apprentissages peuvent s’ancrer, confortent l’acquisition des
compétences par les élèves.
En second lieu, les temps hors la classe, dans toute la diversité des activités qui
s’y déploient, offrent autant de possibilités de conforter les compétences des
élèves en matière d’utilisation des médias et d’accès à l’information. À ce titre,
les conseillers principaux d’éducation, dans le cadre de leur participation à
l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique éducative de l’établissement43,
contribuent à l’acquisition des compétences liées à l’EMI. L’EMI a aussi toute sa
place dans un projet de vie scolaire.
40. https://www.clemi.fr/fr/emi_et_programmes.html.
41. Les méthodes et outils pour apprendre.
42. Formation de la personne et du citoyen.
43. Missions des conseillers principaux d’éducation, circulaire n° 2015-139 du 10-8-2015 MENESR.
44. Activités physiques et usage des écrans à l’âge de 2 ans chez les enfants de la cohorte Elfe – Analyse statistique et
rapport préparés par Malamine Gassama Unité mixte Elfe – Ined, Inserm, EFS Jonathan Bernard Équipe Déterminants
précoces de la santé – Centre de Recherche en Épidémiologie et Statistique (CRESS) – Inserm, Université de Paris Patricia
Dargent-Molina Équipe Déterminants précoces de la santé – Centre de recherche en épidémiologie et statistique (CRESS)
– Inserm, Université de Paris Marie-Aline Charles Unité mixte Elfe – Ined, Inserm, EFS ; Équipe Déterminants précoces
de la santé – Centre de Recherche en Épidémiologie et Statistique (CRESS) – Inserm, Université de Paris à la demande
de la Direction générale de la santé- 2018. https://www.ined.fr/fichier/rte/129/cote-recherche/Publications/Activite%20
physique%20et%20ecrans_2%20ans_enfants%20Elfe.pdf
EMI et philosophie
Faisant le lien avec le monde contemporain, mais aussi passant d’une discipline
à une autre, l’EMI peut ainsi aider à cristalliser certaines problématiques, par
exemple dans le cours de philosophie. Les réseaux sociaux ne constituent pas un
" lieu # de rencontre, ils forment une structure logicielle dont on est susceptible
d’exploiter les propriétés, à condition de les connaître et d’en avoir une maîtrise
suffisante. Sans se substituer à l’enseignement de la philosophie, l’EMI donne les
outils pour un éclairage particulier des enjeux de la technique contemporaine,
dont les traditions de la discipline ne permettent pas de prendre toute la me-
sure, se réfèrerait-on aux philosophes du XX° siècle. Elle enrichit donc la classe
des enjeux qu’elle met au jour et met à disposition des outils d’interprétation –
une connaissance précise, par exemple, des mécanismes de publication sur les
réseaux sociaux – dont le professeur s’empare selon sa propre logique de cours et
dans l’horizon de sa propre approche disciplinaire.
Sans que cette approche soit exclusive, à l’instar de l’EMC50, l’EMI se prête à une
pédagogie de projet conçue autour d’objectifs ciblés en termes d’apprentissages
inscrits dans une démarche pluri ou interdisciplinaire et construite sur une
temporalité qui facilite le caractère progressif des acquisitions51. Identifier et
indiquer aux élèves la compétence centrale qui sera travaillée et sera au cœur de
l’évaluation, ce qui a pour corollaire :
Penser l’évaluation
● la maîtrise des contenus, qui donne sens à la démarche, et qui ancre l’EMI dans
la mise en œuvre des enseignements et des apprentissages disciplinaires :
Lire, c’est toujours lire au pluriel, et lire au pluriel, c’est être amené à effectuer des
synthèses. Quoique difficile, l’exercice de la synthèse traverse toutes les étapes de
la formation scolaire et se projette même dans le futur âge adulte. Avec l’EMI, avec
les disciplines que l’EMI irrigue de son pluralisme critique, les élèves apprennent à
poser leur propre pensée, c’est-à-dire à consigner par écrit ou par oral leurs travaux
de lecture et d’analyse, à les unifier et à les présenter de manière intelligible, non
seulement pour eux-mêmes, mais dans le cadre de la classe, sous l’œil du professeur,
aussi à destination de leurs camarades, avec lesquels leurs réflexions entrent en
résonance. Ils apprennent également à concevoir une production médiatique qui
prend en compte un public, une ligne éditoriale, un canal et un format.
L’EMI peut faire également l’objet d’une évaluation spécifique dans le cadre de
l’épreuve d’EMC.
Pix Orga, la plateforme qui permet aux équipes pédagogiques de générer des
parcours de tests sur différentes compétences numériques, de suivre les résultats
des élèves et ainsi de les accompagner dans l’acquisition de leurs compétences
jusqu’à la certification, propose deux parcours en éducation aux médias et à
l’information :
53. Voir Annexe 3 : Textes, images et sons pour la classe : cadre juridique.
54. https://eduscol.education.fr/721/evaluer-et-certifier-les-competences-numeriques
Cette partie propose différents projets pour les premier et second degrés afin de
développer la capacité des élèves à analyser et à produire des contenus proches
de ceux auxquels ils sont confrontés dans les médias traditionnels (presse écrite,
radio, télévision), mais aussi les médias numériques (sites web de médias, pure
players, réseaux sociaux, applications de communication, etc.).
Exemples de projets
Classe Investigation
Source : CLEMI, jeu sérieux
Niveau : tous niveaux
Objectif : produire un contenu journalistique (format imprimé ou numérique) à
partir de la retranscription des informations découvertes via des contenus texte,
audio et vidéo.
Description : ce jeu plonge les élèves dans une enquête journalistique immersive
à l’issue de laquelle ils peuvent comparer leur travail avec celui de journalistes
professionnels.
Niveau
Cycle 1
Objectifs
● Découvrir le journal et sa fonction.
● Découvrir les fondamentaux de la construction de l’information.
● Utiliser le langage d’évocation.
Dans un premier temps, l’enseignant présente aux enfants un journal pour faire
émerger le terme. Il peut être intéressant d’établir un rapprochement avec l’objet
livre, afin que les enfants fassent la distinction.
L’enseignant annonce aux enfants qu’il souhaite créer avec eux un journal de la
classe (ou de l’école), afin d’informer les personnes extérieures, et notamment
les parents, sur ce qui s’y passe. Il définit avec les élèves le nom du journal, sa
périodicité, son format, sa Une, ses rubriques.
L’enseignant demande aux enfants ce dont ils vont avoir besoin pour " fabriquer #
le journal en listant les éléments constitutifs principaux (texte et photos) et les
amène à proposer différents outils utilisables pour en faire découvrir les usages.
● La construction du journal
Il demande aux enfants d’expliquer ce que l’on voit à l’écran pour construire
avec eux les légendes, en répondant aux questions essentielles (Qui ? Quoi ? Où ?
Quand ? Comment ? Pourquoi ?). Cette activité de dictée à l’adulte permet de
travailler le langage d’évocation, en prêtant attention au respect de la chronologie,
en incitant à l’usage de marqueurs temporels, mais aussi d’aborder la dimension
informative des images.
Cette démarche est répétée avec d’autres groupes d’enfants pour construire
progressivement le journal, en organisant les différents reportages photos selon
les rubriques choisies. Une fois le journal imprimé, il est présenté aux élèves pour
une nouvelle série d’échanges. Les élèves sont incités à présenter le journal à leurs
familles et l’enseignant les invite à exprimer les réactions recueillies à la maison.
Ressources
CLEMI Poitiers, " Un journal scolaire dans une école maternelle ? Mais pour quoi
faire ? #
Les projets présentés ci-dessous ont pour but d’initier les élèves à la recherche
d’information, d’abord par la découverte des médias, aux cycles 1 et 2, puis par
leur lecture critique, pour les autres niveaux.
Exemples de projets
Niveaux
Cycles 2 et 3
Objectif
● Initier les élèves à la recherche d’information sur les moteurs de recherche.
Compétences EMI
Cycle 2
Cycle 3
EMC
Sciences et technologies
o Les élèves sont invités à taper " le loup # dans un moteur de recherche et
prennent connaissance des résultats. Le professeur demande alors aux élèves
de mettre en évidence les pages utiles pour : découvrir un conte, avoir des
informations sur l’actualité du loup, avoir des renseignements sur la vie du loup.
o Les élèves font l’exercice et justifient leurs choix, ce qui permet de mettre en
évidence les points d’attention (adresse, contenu, etc.), le professeur corrige
et met en place une grille de lecture. Le professeur donne ensuite d’autres
thèmes pour que les élèves appliquent la méthode mise en place.
o Les élèves tapent le mot " étoile # dans un moteur de recherche avec la
consigne d’identifier, en vue d’un exposé en astronomie, quels sites seraient
utiles, lesquels semblent hors sujet et ne donnent pas d’informations assez
précises. L’échange avec le professeur et l’explicitation des choix permettent
d’aboutir à une grille de lecture autour des points essentiels à ce genre de
recherche.
o Il est ensuite proposé aux élèves une série de questions : chaque groupe en
choisit une, identifie des mots-clés à saisir dans un moteur de recherche et
sélectionne les sites pertinents trouvés dans la première page. Cela permet
d’appliquer le travail effectué, mais aussi de souligner l’importance du choix
des mots-clés et ceux qui ne donnent pas d’informations assez précises.
Ressources
● Évaluer l’information (CLEMI, séquence pédagogique)
Exemples de projets
Niveau
Cycle 4 (5e)
Objectifs
● Comprendre ce qu’est une rumeur : comment naît-elle ? comment se propage-t-
elle ? comment la déjouer ?
● Développer son esprit critique face à l’information.
Compétences EMI
● Se familiariser avec les différents modes d’expression des médias en utilisant
leurs canaux de diffusion.
● Distinguer les sources d’information, s’interroger sur la validité et sur la fiabilité
d’une information, son degré de pertinence.
Déroulé
La séquence peut être organisée en trois temps :
Ressources
● C’est quoi la rumeur ? Les clés des médias ;
● Jean-Noël Kapferer, Rumeurs, le plus vieux média du monde, 2010.
La hiérarchisation des informations désigne les choix opérés par les journalistes
dans une rédaction. Ils correspondent à des logiques de formats, de supports,
d’orientations idéologiques ou de recherche de proximité avec le public ciblé. Ce
classement est lié à une ligne éditoriale qui désigne la manière dont sont traités
les faits d’actualité : identifier et caractériser des lignes éditoriales permettent de
comprendre que tous les sujets ne sont pas abordés dans tous les médias et que
leur traitement diffère d’un média à l’autre.
Exemples de projets
Feuilleter la presse
Source : CLEMI, séquence pédagogique
Niveaux : cycles 1, 2 et 3
Objectifs : faire manipuler des journaux pour mettre en évidence leur organisa-
tion et leur structure, ainsi que la hiérarchie des informations. Montrer le plura-
lisme de la presse.
Description : en cycle 1, les élèves manipulent les journaux et identifient les élé-
ments communs. En cycle 2, ils comparent journaux et magazines pour saisir leur
pluralité et les publics ciblés. En cycle 3, les élèves identifient et analysent les élé-
ments communs à tous les journaux.
Concours de Unes
Source : CLEMI Créteil, action éducative
Niveau : tous niveaux
Objectifs : définir une ligne éditoriale par la construction d’une Une : sélection,
hiérarchisation et mise en avant des informations, pour faire passer un message
de façon rapide et efficace.
Description : dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias dans l’école©57,
les élèves réalisent une Une de journal. Le concours se déroule sur une journée ;
les élèves reçoivent un ensemble de ressources de l’Agence France-Presse (AFP) et
doivent réaliser en temps limité la Une du journal du lendemain.
Niveau
Cycle 3
Objectifs
● À travers une figure médiatique et non consensuelle, faire réfléchir les élèves sur
la neutralité de l’information et leur faire saisir les biais, implicites et explicites,
qu’utilise un journal pour affirmer son positionnement ou qu’un journal porte de
manière involontaire.
● Comprendre le rôle et l’intérêt de la Une d’un journal.
EMC
Sciences et technologie
Déroulé
La séquence peut être organisée en trois temps :
o Le professeur demande aux élèves si, selon eux, un journal doit et peut être
neutre, si la presse représente la diversité de leurs points de vue. Plusieurs Unes
sont alors distribuées aux élèves, qui les analysent en groupe (description du
visage de Greta Thunberg, texte qui complète l’image…).
o La mise en commun sert à confronter les différents messages et à montrer la
variété des opinions, donc le pluralisme de la presse, mais aussi les façons de
mettre en avant ces opinions et le rôle de la Une. Le lien peut être fait avec
● Prolongement
o L’activité peut être prolongée par l’élaboration d’une Une sur Greta Thunberg,
où chaque élève exprime son opinion en respectant les règles de la presse et
les limites soulignées en classe.
Ressources
● CLEMI, "À la Une des journaux#. Séquence pédagogique
● Constant VAUTRAVERS, " Une éthique du reportage #, Éducation aux médias et à
l’information, 2004.
Il s’agit d’apprendre aux élèves à mesurer les enjeux de la liberté d’expression, mais
aussi à faire usage de cette liberté en prenant conscience de la portée de leurs
paroles ou écrits. Leur discernement doit également s’exercer dans leur pratique
informationnelle, quel que soit le support concerné. Ils sont amenés à comprendre
la nécessité de l’expression d’un jugement informé, qui accepte la contestation
dans le cadre de l’expression du pluralisme des idées et qui différencie opinions,
croyances, savoirs et vérité, ainsi que la nécessité que des limites communes soient
fixées par la loi.
Les scénarios proposés ici permettent de construire chez les élèves une culture
sociale et citoyenne, à partir d’une connaissance partagée des droits et devoirs liés
à l’usage des médias et de l’information. Par la lecture de textes qui définissent la
liberté d’expression, ils en comprennent les contours. À travers l’étude de textes ou
d’images, ils repèrent les dangers que cette liberté pourrait générer si elle n’était
pas encadrée. Surtout, ces activités permettent aux élèves, dans des situations
diverses, d’exercer leur propre liberté d’expression en respectant les droits des
autres citoyens.
Exemples de projets
Niveau
Cycle 3
Objectifs
● Définir la notion de liberté d’expression et ses limites.
● Participer à la réalisation d’une production médiatique en tenant compte des
règles juridiques encadrant la liberté d’expression.
EMC
Déroulé
La séquence est structurée en deux temps qui associent lecture, analyse et production :
Ressources
Exemples de projets
La captation de l’attention
Source : CLEMI, activité pédagogique
Niveau : lycée (2d et 1e)
Objectif : Comprendre les enjeux de ce concept d’influence et de persuasion.
Description : Les élèves découvrent cette notion à partir des vidéos Les Clés du
numérique et #DATAGUEULE.
Niveaux
Cycle 4 et lycée
Objectifs
● Comprendre l’influence du format sur la production de l’information.
● Savoir lire et réaliser une story.
Histoire et géographie
Déroulé
Popularisée par Snapchat et reprise par de nombreuses plateformes, la story
est destinée à un public jeune et conçue pour une lecture sur écran mobile. Les
images et les formats courts y sont largement privilégiés et transforment le rapport
à l’actualité. Cette séquence peut être divisée en trois temps :
o Les élèves décrivent les différentes stories produites par des médias
traditionnels et analysent la circulation à l’intérieur de la story et les contenus
proposés sur les différentes cartes en se demandant s’il existe des liens
hypertextes, du texte supplémentaire à afficher, des infographies animées, des
vidéos.
o Ils relèvent ensuite les éléments spécifiques à la culture web (gifs animés,
sons, références culturelles) et observent les interactions avec les lecteurs que
permettent ces nouveaux formats (appel au vote ou au témoignage, possibilité
● Faire produire aux élèves une story à partir d’un fait d’actualité
Ressources
● Xavier Eutrope, La story, reine de l’info mobile, Ina Global, 2018.
Décrypter les stéréotypes permet aux élèves de développer leur esprit critique et
de prendre conscience de leur impact sur leur choix d’orientation. La lutte contre
les stéréotypes est un levier d’action pour favoriser la diversité et l’égalité. En
réalisant une production médiatique, ils apprennent à identifier et déconstruire
ces stéréotypes, tout en renforçant leur connaissance de l’univers médiatique qui
les entoure.
Exemples de projets
Déclic’ critique ! Aborder les stéréotypes sexistes dans la publicité (1er degré) "
Source : CLEMI, séquence pédagogique
Niveau : 1er degré
Objectifs : repérer et déconstruire les stéréotypes sexistes dans la publicité.
Description : la séance présentée dans cette vidéo et accompagnée d’un kit pé-
dagogique permet d’aborder les stéréotypes sexistes dans la publicité dans une
classe de CM2.
58. Conseil supérieur de l’audiovisuel, " Présence des femmes dans les médias audiovisuels : le CSA
relève des progrès dans son rapport 2019, notamment à la radio #, [en ligne] 05/03/2020.
Niveaux
Cycles 3, 4 et lycée
Objectifs
● Définir, identifier et déconstruire les stéréotypes dans les médias.
● Comprendre les conséquences des stéréotypes dans les choix d’orientation.
● Réaliser une production médiatique pour s’exprimer sur les stéréotypes.
Compétences EMI
● Découvrir les représentations du monde véhiculées dans les médias.
● Participer à une production coopérative multimédia en prenant en compte les
destinataires.
Histoire-géographie
Déroulé
Cette séquence pédagogique est divisée en quatre temps :
L’enseignant propose une définition : les stéréotypes sont des idées préconçues,
des croyances communes ou des généralisations simplificatrices ; ils ne sont
pas toujours négatifs et sont parfois nécessaires pour saisir une information ;
cependant, en assignant et en confortant des rôles déterminés aux femmes et aux
hommes notamment, ils ont pour conséquences d’entretenir les inégalités et les
discriminations.
Ressources
● Parcours M@gistère Stéréotypes femmes/hommes et EMI
Exemples de projets
Niveaux
Cycle 4, lycée
Objectifs
● Comprendre les objectifs des différents types de datavisualisation.
● Analyser et évaluer la pertinence d’un choix de données.
● Réaliser une production médiatique à partir de données chiffrées.
Mathématiques (2de)
● Statistiques et probabilités.
Déroulé
La visualisation de données permet d’analyser et de rendre compréhensibles
des données parfois complexes à appréhender. Si certaines formes sont assez
répandues dans les médias (cartes, graphiques, infographies), ces derniers en
renouvellent les codes, mettant en scène des objets ou proposant de courtes
vidéos sur des réseaux sociaux comme TikTok. Afin d’évaluer la pertinence et la
qualité des data-visualisations, plusieurs critères peuvent être retenus : simplicité,
choix et lisibilité des données, clarté des images, choix des objets, originalité,
citation des sources. La séquence peut être menée en deux temps.
● Découvrir la data-visualisation
Dans un premier temps, il est demandé aux élèves de citer les différents types de
représentation graphique de données qu’ils connaissent. Après avoir observé des
cartes, des graphiques et des infographies, les élèves se demandent à quoi servent
ces images et s’interrogent : dans quel contexte sont-elles utilisées ? Quelle est leur
plus-value pour le lecteur ?
Ressources
● Déclic’Critique : l’usage de la data-visualisation dans les médias
● MAURER Alexandra, WEISS Denis, Le journalisme de données, parcours EMI.
Exemples de projets
59. Décret n° 2015-372 du 31 mars 2015 relatif au socle commun de connaissances, de compétences et de culture
Dossier Coronavirus
Source : Fondation La Main à la pâte, séquence pédagogique
Niveaux : cycles 3, 4 et lycée
Objectif : développer l’esprit critique des élèves en s’appuyant sur l’enseignement
de la méthode scientifique.
Description : ce dossier pluridisciplinaire propose une séquence à réaliser en au-
tonomie par les élèves. Cinq séances permettent de renforcer leur esprit critique :
observer, expliquer, évaluer, argumenter et inventer.
Niveau
Lycée (1ère spécialité SVT), adaptable au cycle 4.
Objectifs
● Adopter une approche critique sur les informations à caractère scientifique.
● Adopter des réflexes d’autodéfense intellectuelle avant de partager un message
ou une information à caractère scientifique.
● Pratiquer des langages : utiliser des outils numériques, conduire une recherche
d’informations sur Internet en lien avec une question ou un problème
scientifique, en choisissant des mots-clés pertinents, et en évaluant la fiabilité
des sources et la validité́ des résultats.
● Adopter un comportement éthique et responsable : fonder ses choix de
comportement responsable vis-à-vis de sa santé ou de l’environnement en
prenant en compte des arguments scientifiques.
Déroulé
En amont, les élèves sont interrogés sur les informations douteuses qu’ils ont reçues,
notamment via les réseaux sociaux. La séquence peut être menée en trois temps.
L’enseignant réalise une mise en commun avec une conclusion sur l’importance
d’identifier la source et d’évaluer sa fiabilité. La notion de niveau de preuves,
indispensable pour cette évaluation de l’information à caractère scientifique, est
également introduite.
Ressources
● Agence Science-Presse, COVID-19 : dépister la désinfo
Médias scolaires
Production de l’information
● Vidéo Les Clés des médias/ La générale de production, CLEMI, Canopé : C’est
quoi, une information ? Les journalistes sont-ils objectifs ?
● Une série de vidéos sur les notions essentielles pour appréhender les médias :
L’information en 5 questions / Arte, CLEMI.
● Vidéo La Collab de l’info / France Télévisions, CLEMI : Tous producteurs.
● Vidéo Journaliste ? Pas si simple / France Télévisions : décryptage des différentes
facettes du journalisme, pour mieux les faire comprendre, mais aussi pour en
cerner les dérives potentielles.
Analyse d’images
● Trois regards pour voir / CLEMI : réalisée par Charlotte Pouch, cette série de 15
courtes vidéos en ligne est dédiée à la photo de presse. Dans chaque vidéo, un
cliché de presse provenant de l’AFP est décodé et commenté à travers le regard
de professionnels de l’image.
● Ersilia / Le Bal : plateforme collaborative d’éducation aux images.
Hiérarchisation et éditorialisation
Désinformation
Liberté d’expression
● Safer Internet Day : cette journée annuelle internationale est une action
de prévention et sensibilisation au numérique. À cette occasion, Internet sans
crainte propose des ressources pour un usage responsable du numérique.
● Cybervengers : une bande-dessinée en ligne pour permettre aux adolescents de
comprendre les règles d’usage d’Internet et en déjouer les pièges. Pour conduire
des échanges avec eux, un kit est proposé aux adultes (parents, enseignants,
animateurs).
● Non au harcèlement : édité par le ministère de l’Éducation nationale, de la
Jeunesse et des Sports, ce site accompagne les élèves, parents et professionnels
avec des outils de sensibilisation et des ressources pour agir face à des situations
de harcèlement, dont le cyberharcèlement.
● https://e-enfance.org/loi-cyberharcelement/ : l’association e-Enfance met à
disposition des supports de préventions à télécharger, ainsi que des clips de
prévention et un film interactif.
Données
● Carte Médias français, qui possède quoi ? (Le Monde diplomatique et Acrimed).
● Vidéos Les Clés des médias : Le coût de l’information # " La publicité dans les
médias # " Un réseau social, ce n’est pas un média # Le pluralisme des médias La
publicité déguisée.
● Vidéos / ARTE France / Les Bons clients : Dopamine.
● Dossier La course à l’attention / Réseau Canopé : regards croisés et pistes
pédagogiques pour aborder la captation de l’attention et les algorithmes.
● Vidéo Les Clés des médias : Les stéréotypes dans les médias.
● Vidéo La Collab de l’info : La représentation des femmes dans les médias.
● Vidéo Déclic’Critique Aborder les stéréotypes sexistes dans la publicité.
● Module de formation Égalité hommes/femmes / CSA, Académie de Créteil,
CLEMI.
● Module de formation La lutte contre les discriminations et la promotion de la
diversité / CSA, Académie de Créteil, CLEMI.
● Ouvrage Dans la tête de Juliette / CLEMI : une bande dessinée éducative
destinée aux pré-adolescents et adolescents, qui nous plonge dans le tourbillon
de la vie d’une adolescente connectée. Elle interroge avec pédagogie le rapport
des plus jeunes aux écrans, en particulier avec leur smartphone.
Pour la famille
Partenaires
● Les partenaires de la Semaine de la presse et des médias dans l’école (SPME) sont
indiqués ici.
● La liste des associations agréées ou financées par les ministères de l’Éducation
nationale et de la Culture est régulièrement mise à jour sur éduscol.
Elle mobilise chaque année 4,5 millions d’élèves, 260 000 enseignants, 1 800 médias
partenaires, avec une ouverture sur l’Europe, le monde et de nouveaux publics
de plus en plus nombreux, au premier rang desquels les familles, notamment au
travers d’actions d’éducation aux médias et à l’information dédiées aux adultes,
aux parents.
À l’école maternelle
À l’école primaire
Avec la mise en place d’un kiosque présentant les journaux et magazines reçus,
on peut organiser des séances de lecture et de tri d’articles de presse à partir du
feuilletage ou d’analyse de la Une, dégager la notion de message essentiel (5W) à
partir de la lecture d’un article, analyser une publicité. Des activités de production
peuvent aussi être mises en œuvre pour aboutir, par exemple, à la réalisation d’une
Une, jusqu’à la participation à un concours de Unes, ou encore à la réalisation d’un
Au collège
Au lycée
Il s’agit d’approfondir les notions déjà étudiées et d’introduire des questions plus
complexes, comme la déontologie journalistique, l’économie de l’information, les
algorithmes de recommandation ou encore les données ouvertes.
En lien avec les équipes du CLEMI en académie et au national, et avec les médias
partenaires, des rencontres en ligne ou en présentiel sont organisées tout au long
de la semaine – qui se prolonge bien souvent. On peut y questionner les notions de
liberté d’expression et de liberté de la presse, mais aussi découvrir les métiers de
l’information et plus largement le fonctionnement de la sphère médiatique.
Dans tous les cycles, cette opération est un excellent moyen d’encourager
l’expression médiatique des élèves : favoriser des pédagogies actives en mettant
en place des ateliers de production sur différents supports (webradio, webtv,
médias sociaux, papier). On peut aussi participer à cette occasion à des concours
organisés par le CLEMI comme Médiatiks, le concours national des médias
scolaires, ou Zéro Cliché pour l’égalité filles-garçons, qui invite écoliers, collégiens
et lycéens à déconstruire les stéréotypes sexistes dans les médias, le sport, la
mode, l’école, la famille.
La pratique d’un média scolaire permet à chaque élève qui s’y investit de
développer des compétences fondamentales comme lire, écrire, s’exprimer,
argumenter et réfléchir. Cela lui donne l’occasion d’entretenir des rapports
différents avec les enseignants qui animent le projet, mais aussi d’être reconnu
dans sa capacité d’initiative, dans sa créativité et dans ses compétences qui
sortent du registre purement scolaire.
De plus, le média scolaire propose un cadre collectif qui offre aux élèves l’occasion
d’acquérir une solide culture du débat et de la prise en compte des opinions
différentes. Il est un excellent outil pour leur faire comprendre comment se
fabrique l’information et apprendre à se prémunir contre les manipulations qui
peuvent l’altérer.
Chaque mois, le CLEMI donne la parole aux élèves et enseignants qui conçoivent
et produisent des médias au sein de leur établissement scolaire. Ces témoignages
vidéo sont accompagnés d’une sélection d’articles, de vidéos ou de sujets radio pour
montrer la richesse de ces contenus et donner ainsi envie à d’autres de se lancer.
Chaque année, des milliers d’élèves prennent la parole et réalisent, avec l’aide de
leurs enseignants, des journaux papier et/ou en ligne, des programmes radio et des
vidéos. Afin de valoriser les médias scolaires, le CLEMI a conçu une carte interactive
et collaborative. Inscrivez votre média pour le valoriser ! À retrouver sur Clemi.fr
Dépôt pédagogique
Le média scolaire ne doit pas être instrumentalisé à des fins disciplinaires, même
s’il permet d’améliorer les compétences générales des élèves : lire, écrire, compter,
s’exprimer, débattre, argumenter, synthétiser, organiser, etc. Il doit être avant
tout un vrai média, destiné à des lecteurs avec lesquels dialoguer et qui repose
sur le fonctionnement collectif d’une équipe de rédaction. Sa ligne éditoriale est
définie par les élèves, selon leurs goûts et leurs centres d’intérêt. Parallèlement
à la production de contenus, les élèves observeront les médias professionnels,
(graphisme, ligne éditoriale, rubriques, genres journalistiques, iconographie, etc.),
et découvriront leur fonctionnement (conférence de rédaction, métiers, notion
de responsabilité, etc.). Avec le journal en ligne, ils réfléchiront à leurs usages sur
la Toile et à l’écriture numérique : liens hypertextes, fonctionnalités sociales (les
commentaires, etc.), infographies, narrations multimédia.
Plusieurs séances seront nécessaires pour cerner le média à créer et pour que
chacun y trouve une place. L’analyse de la presse professionnelle (imprimée et/ou
numérique) servira à établir une typologie des contenus sous forme de tableau.
Les journaux lycéens disposent d’une réglementation spécifique qui permet aux
lycéens, même mineurs, d’exercer la responsabilité de publication. Les nouveaux
programmes du lycée incitent fortement les lycéens à s’exercer à la prise de
parole publique, en profitant des moyens médiatiques dont ils disposent. Les
enseignants ont un rôle essentiel à jouer dans cette expérience pour amener
les élèves à assurer la responsabilité de publication dans leurs médias. Quel que
soit le projet de journal, le désir d’expression des élèves devra rencontrer le
besoin d’information de leur public. Tout retour des lecteurs sera une occasion
d’éducation pour toute la rédaction. L’enseignant encouragera les élèves à prendre
en compte les réactions tant positives que négatives ; le débat impliquera toute
la rédaction ; la déontologie sera interrogée, de même que la conformité des
contenus du journal avec les lois sur la presse. Au fil des situations rencontrées,
l’équipe de rédaction pourra élaborer une charte des droits et devoirs des
journalistes lycéens. Elle s’appuiera sur les chartes professionnelles existantes et sur
la charte des journalistes jeunes de l’association Jets d’Encre.
La webradio conjugue le travail sur les modes d’expression (oralité et écriture) avec
ceux des techniques de réalisation (création, production et diffusion en ligne) et
des démarches d’apprentissage collaboratives (investigation, projet).
Cet habillage sonore se crée avec les élèves. Quel que soit le matériel à
disposition, tout est possible : depuis les matériaux qui composent la classe et son
environnement proche (un stylo raclant le radiateur), le téléchargement de sons
libres de droits, un montage de voix… Le jingle fait souvent quelques secondes à
peine. Il annonce le début d’une chronique, d’une émission.
Pour les fichiers de faible taille, la mise en ligne du podcast se fait directement
sur le site de l’établissement scolaire ou du blog dédié au projet médiatique. Pour
les fichiers volumineux, il est préférable d’utiliser les plateformes académiques
dédiées ou les audioblogs d’Arte (audioblog.arteradio.com).
Les indispensables
Le pied permet de faire des plans fixes de qualité. Si l’on fait plusieurs prises,
inutile de régler plusieurs fois le cadrage et la mise au point. Si toutes les prises
sont réalisées avec les mêmes réglages, on peut plus facilement les mélanger au
montage.
● Le micro sur perche permet de s’approcher au plus près de la source sonore sans
entrer dans le champ de la caméra.
● Le micro-cravate discret permet d’assurer une captation régulière de la voix. Il
est fixé sur les vêtements et reste donc à la même distance de la source sonore
et toujours tourné vers la bouche.
● Le micro main a les qualités de ses défauts : il n’est pas discret mais sa sensibilité
directive est recommandée dans les milieux bruyants.
Le fond vert permet de réaliser les incrustations. Pour atténuer les ombres portées,
il est nécessaire de l’éclairer.
Ces accords sont conclus entre le ministère de l’Éducation nationale d’une part et
les sociétés qui représentent les ayants droit d’autre part. Renégociés tous les trois
ans ou reconduits tacitement, ils précisent les conditions de mise en œuvre de
l’exception pédagogique. Ils sont répertoriés sur une page éduscol régulièrement
actualisée.
Dans quel cadre peut-on reproduire et montrer des textes, images et sons
protégés par le droit d’auteur ?
L’utilisation pédagogique n’est possible que dans le cadre d’une " activité
d’enseignement et de recherche #, pour un public " composé majoritairement
d’élèves, d’étudiants, d’enseignants ou de chercheurs #.
Autrement dit, les œuvres peuvent être incluses dans un cours, un TP, un exposé,
un mémoire, un sujet d’examen ou de concours, une conférence dans un cadre
scolaire ou universitaire, une formation. Mais, en aucun cas, elles ne peuvent
être employées lors d’un cours particulier, de la fête de l’école, ou d’une séance
récréative. On mentionnera, comme il se doit, le titre, l’auteur et l’éditeur de
l’œuvre lors de son utilisation, ainsi que les artistes-interprètes, dans le cas des
œuvres musicales.
Un livre
Sa reproduction en totalité n’est pas autorisée dans un travail pédagogique, mais
seulement une " partie ou fragment d’une œuvre d’ampleur raisonnable et non
substituable à la création dans son ensemble #. L’utilisation des livres édités à des
Un article de journal
Sa reproduction en totalité est autorisée. Cependant, les publications périodiques,
éditées à des fins pédagogiques, peuvent être utilisées, à condition que l’extrait
n’excède pas deux articles d’une même parution, dans la limite de 10 % de la
pagination, par travail pédagogique ou de recherche.
Enfin, n’oublions pas que l’expression des élèves dans le cadre d’un média scolaire
est soumise aux règles relatives au droit de la presse : l’injure, la diffamation, les
propos racistes et négationnistes relèvent du régime général de la responsabilité
délictuelle, comme pour les journalistes professionnels.
Quant aux productions des élèves, elles aussi bénéficient du droit d’auteur. Mais,
afin d’en faire profiter le plus grand nombre, on se souviendra que les licences
libres (les Creative Commons, par exemple) offrent un cadre favorable à leur
diffusion et leur réutilisation.