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Origines Structuration dans les Structuration dans les Structuration dans les années
années 1950. années 1980. 1990.
Modèle scientifique Le néo-libéralisme et le Le mouvement marxiste, les
rationnel-global. monde de l’entreprise. luttes urbaines des années
1960 et les travaux d’Haber-
mas sur la communication.
Objectifs et La science pour réguler L’efficacité pour obtenir L’interaction des acteurs pour
valeurs fon- l’usage du sol. des résultats. construire un consensus.
datrices
Territoires Territoires politico- En fonction des forces En fonction du contexte spatial
administratifs. et faiblesses du territoire mais surtout des acteurs.
mais surtout de la straté-
gie adoptée.
Acteurs Les acteurs tradition- Les acteurs politiques Tous les acteurs participent au
nels : les responsables s’associent aux acteurs processus sans qu’aucun ne
politiques et les économiques. prédomine.
planificateurs.
Rôle du pla- Le planificateur a un Le planificateur a une Le planificateur est un négocia-
nificateur rôle central, (celui de attitude pragmatique teur qui va laisser aux acteurs
l’expert) assuré par ses (vers les résultats). la possibilité d’agir comme
connaissances scienti- médiateurs
fiques et techniques. Dans le cadre de l’advocacy
planning le planificateur peut
se mettre au service de la
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La planification stratégique
La notion de planification stratégique est assez ancienne. Elle tient ses origines
du domaine militaire où elle permettait de mettre en œuvre une stratégie,
notamment dans un contexte de guerre. Ensuite, elle a été appropriée par le
monde de l’entreprise qui la voyait comme un moyen de rationaliser son activité.
Enfin, le secteur public a suivi ce même objectif de rationalisation pour atteindre
une plus grande efficacité. L’avènement du référentiel global néolibéral (Jobert
1994) à partir des années 1980 permet sa généralisation et son application au
domaine de l’aménagement et de l’urbanisme dans un contexte où le processus
de décentralisation permet un renforcement des élites locales.
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directeur de l’agglomération lyonnaise en proposant une vision centrée sur le cœur de la
métropole. La stratégie territoriale est organisée autour de deux axes majeurs, un premier
suit le fleuve alors que le second va d’est en ouest en suivant les principales implantations
des fonctions urbaines. Au-delà du cas de l’agglomération lyonnaise, ce document a marqué
un véritable tournant dans la pratique française de la planification (Motte, 1997) (voir figure
page suivante).
La planification collaborative
L’approche collaborative a donné lieu à de nombreuses interprétations et inves-
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« Dans l’idéal de la planification collaborative, les porteurs d’enjeux représentant des intérêts
divergents se rencontrent et dialoguent pour travailler collectivement à une stratégie afin de faire
face à un problème. Les participants dressent un état de la situation, identifient un problème,
conviennent d’une mission et d’actions. Les acteurs apprennent et évoluent ensemble. Dans de
bonnes conditions, ce dialogue peut produire des résultats supérieurs à la somme des différentes
parties » (traduction de Innes et Gruber, 2005, 183).
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L’EXEMPLE DE L’ENQUÊTE PUBLIQUE POUR L’AMÉNAGEMENT DES BERGES DE LA SEINE À PARIS (2010)
Introduite par une loi de 1833, la procédure d’enquête publique se généralise en 1983
avec la décentralisation. Elle concerne toutes les grandes opérations d’aménagement ou les
documents de planification.
L’enquête publique vise à informer le public ; recueillir, sur la base d’une présentation
argumentée des enjeux et parfois d’une étude d’impact, ses avis, suggestions et éventuelles
contre-propositions et enfin élargir les éléments nécessaires à l’information du décideur et
des autorités compétentes avant toute prise de décision.
À titre d’exemple, l’enquête publique relative au projet d’aménagement des Berges de la Seine
s’est déroulée du 4 juillet au 14 septembre 2010, soit pendant 73 jours. Après une large
concertation qui a donné lieu à plus de vingt réunions publiques, à des ateliers participatifs
et des travaux impliquant des jeunes de Paris et de la Métropole, elle a permis de recueillir
1563 avis dans 10 mairies d’arrondissement et à l’Hôtel de Ville, ou encore par courrier. La
commission d’enquête, placée sous l’autorité d’un commissaire-enquêteur indépendant et
après avoir pris en compte l’ensemble des éléments portés à l’enquête, a émis dans son
rapport un avis favorable au projet d’aménagement assorti de deux réserves et de huit
recommandations, notamment pour préserver la réversibilité des aménagements projetés.
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2. Six DTA ont été approuvées, celle des Alpes-Maritimes en 2003, celle des bassins miniers nord-lorrains
en 2005, celles des estuaires de la Seine et de la Loire en 2006, celles de l’aire métropolitaine lyonnaise et
des Bouches-du-Rhône en 2007.
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la différence de la DTADD, les PIG sont opposables aux tiers et peuvent concer-
ner un projet d’ouvrage, de travaux ou de protection, jugé d’utilité publique,
par exemple une ligne de TGV.
3. Le contrat de projets État-région (CPER), anciennement contrat de plan État-Région, est un document de
programmation et de financement pluriannuels engageant l’État et la région pour une durée de sept ans.
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4. Le code de l’urbanisme introduit une hiérarchie entre les différents documents d’urbanisme, plans et
programmes, et un rapport de compatibilité entre certains d’entre eux. La notion de compatibilité n’est pas
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rapport aux anciens SD, le SCOT est moins focalisé sur la destination générale
des sols et plus sur la stratégie et la prospective. Avec un objectif de mise en
cohérence territoriale, le SCOT traite de la localisation des différentes fonctions
et équipements. Il doit traiter également des grands équilibres du développe-
ment (extension/renouvellement/protection des secteurs naturels), de la mixité
sociale, de la diversité des fonctions urbaines ou encore de la gestion économe
de l’espace. Il doit aussi permettre de mieux lier les enjeux d’urbanisme et de
déplacements, le SCOT devant favoriser l’urbanisation des secteurs desservis
par les transports publics. Par ailleurs, le SCOT définit les localisations préféren-
tielles des commerces et comprend un document d’aménagement commercial
(DAC) qui définit des zones d’aménagement commercial où sont autorisées les
implantations de commerces de plus de 1 000 m2 .
L’élaboration du SCOT renvoie à un processus partagé et concerté entre les
personnes publiques associées à leur élaboration (État, régions, départements,
chambres consulaires, autorités organisatrices des transports...), mais aussi avec
les représentants du monde socio-économique et associatif. La concertation est
un processus continu qui se poursuit même après l’arrêt du projet au cours de
l’enquête publique, toutefois cet exercice est rendu ardu par la dimension du
territoire d’assiette du SCOT.
Les périmètres peuvent prendre des formes très diverses avec généralement
plusieurs dizaines de communes de plusieurs intercommunalités, mais peinent
parfois à prendre en compte l’ensemble d’une aire urbaine. De nombreux SCOT
dit « défensifs » se sont constitués aux abords des grandes agglomérations, par
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Articulation spatiale
Dans un contexte urbain marqué par l’augmentation et l’intensification des
flux d’informations, de personnes et de biens, caractérisé par l’étalement et la
différenciation accentuée de l’espace urbain, les limites et les frontières de la
planification ont tendance à se superposer, voire à disparaître. Dans ce sens, il
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Articulation temporelle
Les acteurs mobilisés dans un projet s’inscrivent dans des temporalités différen-
ciées en fonction de leurs intérêts et de leurs attentes. Le projet, quant à lui, est
soumis aux temporalités spécifiques de ses étapes d’avancement en fonction des
possibles conflits politiques, des obstacles techniques ou financiers, ou encore
des contraintes administratives. Acteurs et projets peuvent aussi être confrontés
à l’urgence générée par différents types de risque : économique, technique,
naturel, voire politique. La question de l’intégration temporelle ne se résume
pas uniquement à la différence entre court terme et long terme ; il s’agit de
dépasser les temporalités électorales ou budgétaires pour retrouver le temps de
l’aménagement qui par définition est un temps long.
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Articulation environnementale
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Articulation politique
La pratique de la planification territoriale mobilise un nombre croissant d’ac-
teurs susceptibles d’être des porteurs d’intérêts ou de points de vue par rapport
aux projections et représentations soulevés dans le processus d’action. Cepen-
dant, les différents groupes d’acteurs (élus, techniciens, experts, associatifs,
citoyens, journalistes, universitaires etc.) n’ont pas le même statut (pouvoir,
légitimité d’expression, niveaux de reconnaissance), ni les mêmes compétences
(connaissances détaillées, capacités de communication et de persuasion, apti-
tudes stratégiques) pour défendre égalitairement leurs intérêts. Le défi des
processus participatifs est donc de créer des plateformes d’expression et de
décision plus égalitaires pour rendre plus effectif cet idéal participatif en per-
mettant l’articulation des différentes formes de ressources et de légitimités dont
peuvent disposer des acteurs différents (élus locaux, élus nationaux, acteurs éco-
nomiques, société civile, bailleurs...). Dans ce sens, l’apprentissage collaboratif
doit se poursuivre pour trouver de nouvelles modalités pour une planification
aux processus plus ouverts.
Finalement, l’ensemble de ces défis d’articulation d’échelles territoriales et
d’objectifs énoncés dans les différents processus tend à réhabiliter et renforcer
la place de l’activité de planification spatiale mais pose surtout la question de
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