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23/03/00
Professeur J.F. BLICKLÉ Service de Médecine Interne Clinique Médicale B
HYPOGLYCEMIES DE L'ADULTE
Syndrome aux manifestations cliniques polymorphes engendrées par une baisse anormale de la
glycémie, l'hypoglycémie reconnaît des causes très variées. Dans la majorité des cas, elle survient chez
un diabétique traité par l'insuline ou les sulfamides hypoglycémiants. Ailleurs, elle est spontanée et
répond alors à plusieurs mécanismes possibles :
I - MANIFESTATIONS CLINIQUES
L'hypoglycémie peut être un temps latente, mais le plus souvent elle se manifeste en dessous
de 0,50 à 0,55 g/l par deux séries de signes :
2) Signes de glucopénie
- asthénie
- difficultés de concentration
- modifications de la thymie
- diplopie, flou visuel.
C) M ANIFESTATIONS CHRONIQUES
On sera ainsi orienté vers des hypoglycémies organiques en cas d'accidents survenant à jeun,
de fréquence et de gravité croissante, corrigés par l'absorption de glucides et s'accompagnant d'une
glycémie à jeun basse (triade de Whipple). A l'inverse, des malaises mineurs survenant en période
post-prandiale sont plutôt évocateurs d'hypoglycémies fonctionnelles.
2) Le diagnostic repose sur la mise en évidence d'une insulinémie inappropriée par rapport à la
valeur glycémique, à jeun essentiellement ou lors d'un épisode hypoglycémique à distance d'un repas,
par exemple à l'effort.
a) L'indice de Turner a une excellente valeur diagnostique. Il est calculé par la formule :
Ins (µU/ml)
----------------
G (g/l) - 0,30
Normalement, chez un sujet non obèse à jeun, ce rapport est inférieur à 50.
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En cas d'insulinome, il est le plus souvent supérieur à 150, mais il faut savoir répéter les
dosages et parfois sensibiliser la méthode par une épreuve de jeûne.
En général, à Strasbourg, on a recours à des jeûnes de 24 h, c'est-à-dire que le malade reçoit
son repas du soir et reste à jeun, sauf l'eau qui est permise, jusqu'au lendemain soir. L'épreuve doit être
faite en milieu hospitalier et interrompue en cas d'hypoglycémie. On réalise de 7 h du matin, des
dosages de glycémie, insulinémie et peptide C plasmatique toutes les 3 ou 4 h. La surveillance de la
glycémie capillaire donne une sécurité supplémentaire.
Eventuellement, le jeûne peut être poursuivi, au maximum 3 jours, et suivi d'un test d'effort, ce
qui permet de ne laisser échapper aucune hypoglycémie organique. Il peut être remplacé par un régime
de Conn, hypocalorique très hypoglucidique pendant plusieurs jours.
a) Hypoglycémies factices :
. par administration clandestine d'insuline : intérêt du dosage du peptide C plasmatique dont
la valeur sera anormalement basse en présence d'une insulinémie élevée.
. par prise de sulfamides hypoglycémiants : diagnostic beaucoup plus difficile dont la
preuve formelle ne sera apportée que par le dosage plasmatique du médicament.
b) Hypoglycémies auto-immunes :
D'abord décrite au Japon en 1970, puis aux USA et en Europe, ces hypoglycémies se
caractérisent par des malaises survenant à distance des repas, en rapport avec un relargage d''insuline
fixée à des anticorps spontanés anti-insuline (dont l'apparition pourrait être favorisée chez certains
sujets par une exposition à des médicaments contenant un radical SH).
4) Diagnostic morphologique
Une fois affirmé le diagnostic d'hypoglycémie organique avec hyperinsulinisme, il faudra
essayer de localiser l'adénome ou la néoplasie endocrine responsable. Les frontières entre ces deux
types de tumeurs sont peu nettes ; si l'on s'en tient à la possibilité de métastases, 10 % environ sont des
néoplasmes.
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a) L'échographie est le plus souvent non concluante car ces tumeurs endocrines sont de petite
taille. Cet examen est néanmoins utile car il permet de révéler d'éventuelles métastases hépatiques ou
une tumeur rétropéritonéale.
d) L'artériographie sélective reste l'examen de référence, mais elle peut être d'interprétation
difficile. L'adénome apparaît en général comme une formation hypervascularisée de 1 à 2 cm de
diamètre.
Ces examens n'ont aucune place dans le diagnostic positif et ne seront réalisés que lorsqu'il
existe une certitude d'hyperinsulinisme.
La localisation de l'adénome est autant que possible souhaitable. Si elle n'a pu être établie avec
certitude en préopératoire, le chirurgien peut s'aider de l'échographie peropératoire ou des dosages
extemporanés d'insuline.
5) Traitement
L'ablation chirurgicale de l'insulinome représente le traitement de choix.
Dans les cas où la chirurgie est contre-indiquée ou impossible (hyperplasie sans adénome), on
peut recourir au traitement médical par Diazoxide 150-600 mg/j (Proglicem®) en connaissant le risque
de rétention hydrosodée. En cas d'échec, on a proposé le propanolol (40-80 mg/j) et la
diphénylhydantoïne (300-600 mg/j). Le fractionnement des apports glucidiques est une mesure
complémentaire utile. En cas de néoplasie, on utilise préférentiellement la streptozotocine.
IV - HYPOGLYCEMIES FONCTIONNELLES
Elles sont probablement plus fréquentes que les hypoglycémies organiques, même si le
diagnostic est souvent porté de façon abusive et que sa preuve par un dosage de la glycémie au
moment du malaise est souvent difficile à obtenir.
A) DIAGNOSTIC
Les malaises sont presque toujours mineurs et sont évocateurs par leur survenue post-
prandiale.
L'HGPO prolongée sur 5 h ou un repas d'épreuve sont les épreuves diagnostiques de choix,
mais en toute rigueur le diagnostic d'hypoglycémie fonctionnelle ne peut être retenu que si la glycémie
basse (0,40 ou 0,45 g/l) s'accompagne des manifestations cliniques habituellement ressenties par le
patient. Même en prenant ces précautions, la concordance de l'HGPO avec un repas-test n'est pas
toujours bonne.
B) ETIOLOGIES
1) Hypoglycémies alimentaires
Elles concernent les patients ayant subi une gastrectomie, une gastro-jéjunostomie ou une
vagotomie-pyloroplastie.
Cliniquement, les malaises sont de type plutôt neuroglucopénique qu'adrénergique. Ils
surviennent en règle deux heures environ après le repas et sont volontiers sévères. L'horaire les
différencie du dumping syndrome plus précoce.
L'HGPO objective une flèche hyperglycémique accrue et brève (parfois non visible si les
prélèvements initiaux sont trop espacés), suivie d'une chute rapide et profonde de la glycémie,
résultant d'une réponse insulinique excessive (intervention des hormones pariéto-digestives dans
l'amplification de la réponse insulinique).
Ce même type d'hypoglycémies a été décrit chez des sujets n'ayant pas subi de chirurgie
gastrique mais ayant une vidange gastrique accélérée.
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C) TRAITEMENT
V - HYPOGLYCEMIES ALCOOLIQUES
Elles méritent d'être individualisées en raison de leur relative fréquence et de leur gravité.
Plusieurs mécanismes peuvent intervenir :
2) Il peut être responsable d'une majoration de la réponse insulinique induite par le glucose.
Les hypoglycémies sont souvent tardives par rapport à la prise de la boisson type gin-tonic, whisky-
coca, rhum-coca, vodka-orange.