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MANUEL

D'ART MUSULMAN
MATON. l'KOr.M KKKHKS. IMI'llIMIM'HS

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MANUEL
D'ART MUSULMAN
II

LES ARTS PLASTIQUES


ET INDUSTRIELS
PAR

GASTON MIGEON
CONSEIIVATKIIR DES OUJETS Ii'aUT III' MOVi;\ Al.H AT MISlhc l>i; MllVUi:
l'HOFESSEl'H A l/Éf.OLE lH' I.OIVHIC

DATE NQV 1 6 1989

PA15IS
AI.IMIONSI': IMCAIM) i:i' lll.S. 1 DIIIMIIS
Lihniircs des An-hircs ii;il ioii.il.s cl ilc l:i Sixiélr ilc l l\ri)lf ilcs (.'/i.ir/

N'J , m i; HoN Al' AH ri; , S"J

1!M)7
-___^^^^^^
A

MAX VAX BERCHEM

HOMMAGE DE GliATITUDE ET D'AFFECTIOX

(]. M
PRÉFACE

Il est iiuoiicevable (juc riiitcnse activité des recherches


qui se sont appliquées à élucider tant de problèmes de l'Ar-
chéologie auti(pie depuis cinquante années, se soit détournée
de l'Archéologie Musulmane. C'est une branche de la science

moderne demeurée en enfance, et si l'on veut s'aventurer dans


le dédale des civilisations islami({ues si complexes et si

variées, on y peut goûter les joies d'un dileltanlisinc ralliné

à respirer le jiarfum enivrant de leurs iloraisons arlisti(|ues ;

mais la curiosité archéologi([ue y trouve à cha([ue pas des


déceptions, devant les ténèbres de l'inconnu dont aucune
projection n'a cherché à pénétrer les mystères. J'en ai lait

moi-même la pénible expérience quand j'ai voulu en l'.lOi-

1905 esquisser pour la première fois à l'iuole du l.(tu\re

l'histoire des Arts industi'iels de l'Islam.

Kt cependant ce ne sont pas les laboratoires (|ui inanipient :

ce sont les bonnes Nolontc'S. |)eu\ (''tablissenuMils sr |)rèlaii'nt


parfaitement ii l'organisation de cet enseigiu-nienl : l'iù-ole

des Langues orientales et la l'acuité di's Lettres d'.Mgi'r.

Dans chacun d'eux il é-tait facile di- ti ansforniei' une des


chaires en une chaii'e (rArclu'ologic Musulmane, où I on aurait
donné aux ('lèves de bonnes niétluxK'S de tia\ail. on on leui'

aurait a|)|)ris en deliois des langues |)rin(i|)alrs de I islam, la

manièi-e de l'aire un b(M» estamjiage et un bon rliihe pholo-


graphi(pie.
( !fS ll'-sull.il s iil)|r|ltls. Il ;t\ ,lll -KM |»;is ;i Sil (IlSpOSlllOII Wlli'

l'icdli' tl ;i[i|tli(;itiiiii ;i(liiin .iMc, (|iii .1 ('•le* civiM» 51 deux (iiis, et

(li)iil une sciilr nis(|ii ici .1 (•If ))i»ursiii\ ic .'


I, Iiistilwl .ucIk'-oIo-

{^"•Klilc (lu (liiiif. i;iii(i' ;i l;i lcii;i(i' \ii|i>iilc d un M.isjjj'to. .1

Inniii' <l (xcriliiils l'Ij^-N |)|ii|ui^iii's : les (


[
iii •
l< |U''s Ar.'ihisaiits

(|iii 111 sniil sdilis, |>ri\(''s (le l;i (liicclmn d un iiiaitr»', sont
(les ;iulii(li(l;i(lcs i|ui)nl iiiil;.i liiiniil siniliiiiis Iciiis (|ii,i lih'-s

|)crs(iiiiii'll(s : MM. ( !.is;iiiii\;i, |'. |{.i\.iiss.'. Allxil (i.i\fl,

Silnioii. cl I un (les iiicillciMs c[)Ii,t;i|)Iiis|cs i\f milrc Icnips.

un Suisse. M. M,i\ \ ;i|i I )e|(lle|ll.

Il ;ilir;iil ele si liicile. :i ri'!cu|e des Laii^Mles (irielil.des 'et

|)('ul-t'tri' ^ioi-icux 1, (le diiniier un |)eu <l 1 laii ;iu\ (•(^•lieiiiics

dAic^lu'oloj^ic Musuliiuiiie. eu |)re|).ii ,inl |).ir de Ihuhh's


nuHliodcs CCS aïeuls considaircs. dont I .\ n^ lelenc a su hieii

S(iu\i'iit tirer si hoii |)arti le jirilisli Muséum et le Keiisin;::^-

loii [)('U\('iil en l(''iiiiM_i;iicr . el (|ui (le\raieiil loujouis eiii|i(ir-

t(.'r dans K>ur valise di|)l()inali(jut' lOutillacc si peu iMUdiiiliraul


de rarciu'oloi^ue. Vax dehors de MM. (11. Iluart et (ireiiard,

ou ne sauiail eili'i- dans tout \v eoi|)s di|)l(Uiiati(|ue ou consu-


laire, mi seul ai;'eiil (jui ait rendu à notre |>avs. (|ue|([ues

si'i'N ii-es de ci' ^cnre ; eu (.•iu([uaiite ans. c est \rainient trop

peu.
Va (jue penser de ce cpie recide encore de richesses artis-
li(pu's insoupçonnées le sol de lAsii' et de I .Mricpie? La l-"rance
ne s"aflirnie-t-elle pas politiquenieiil tut net' de llslani en
Afrique? Et cependant nous niarcpKuis une totale indilVérence
pour tout ce qu'une fouille niusuhnnnc pourrait nous apprendre.
Un trè'S j^ros cri^dit est accordé à la (léK''i;ation de M. de
Morj;an en Perse, de très grands privilèg'es y sont attachés;
les fouilles de Suse y sont heureusement poursuivies et enri-

chissent chaque jour le domaine de l'Archéologie antique..

Un elfort sera-t-il jamais tenté jxuir arracher leurs secrets aux


tuinuli qui jalonnent la [)laine où s'élevait, au début du
xiii' siècle, la célèbre ville de Heï ou Rhairès ? l'^t laisserons-
nous plus longtemps les mercantis fouiller si avantageusement
les ruines de Sultanabad?
Il est impossible qu'un si beau champ à exploiter demeure
éternellement en jachère, et c'est surtout comme un stimu-
lant que j'espère que cet humble Manuel agira. J'ai cherché
à V coordonner les quelques efforts isolés qui se sont exer-
cés dans cet immense domaine, à voir les choses d'un peu
haut, à en donner quelques idées d'ensemble. J'ai éprouvé à
chaque pas les grandes difficultés d'un tel travail, et c'est en
me répétant qu'il pourra rendre quelques services, que mes
amis ont soutenu ma constance.
Je n'oublierai jamais ce que je dois aux conseils généreux
et éclairés de mon ami Max Van Berchem, ce savant si

modeste, qui a revu toutes les épreuves au point de vue


épigraphique. Je n'ai trouvé qu'aménité auj^rès des professeurs
de l'Ecole des Langues orientales, MM. Barbier de Meynard,
Clément Huart et Demonbynes, auprès des Conservateurs
des grandes bibliothèques d'Europe, MM. Omonl , Blochet
et de la Tour à la Nationale, MM. Desliairs et Jean à la Biblio-
thèque de l'Union des Arts décoratifs, Moritz, à la Biblio-

thèque khédiviale du Caire, ainsi ([u'aujirès des Bibliothé-


caires du Britisli Museurn et de la Bibliothècjue inq)ériah' tic

Vienne. Mes collègues et amis (ili. Read au Brilish Muséum


et Skinner au Kensington, mettant à ma disposition tant de
documents ])hotograplii(pu's de leurs musé(\s, m'ont laeiblt' la

riche iUustration (pii sera un <h's phis grands ('h'menls diuté-

rèt de ce Hvrt'. (]'est en portant un égal inté'rèl aux mêmes


choses que l'amitié se l'ortilie de cet échange constant didi'es :

Raymond Ko'chlin, le comli' de ( )sma et Frédéric Sarre le

savent bien.
l^^.t je ne nie dissunulr pas ([uc la dnri'e de tout vvv\ est

éphémère, qu'un Manuel d'archéologie est bt)n (^([uand il l'est)

pour dix ans, el cjuun auti'e alors (h>vra le nH-oninicneei-.

('.. M.
PRECIS HISTORIQUE

CIVILISATIONS MUSULMANES

GASTON MIGEON

L AHAHIE IMUMITIVE
MAHOMET ET SES (X)MPA(;N0NS

A rexlrémité sud-occidentale de l'Asie, s'avance dans


Tocéan Indien une presqu'île dont l'Iusloire 1res reculée
nous est peu connue. P^nlourée de deux côtés par la nier
Ronge et le golfe Persi([ue qui l)aignent ses côles arides
et inhospitalières, elle se ratlache au continent par des
steppes pierreuses et désertes.
Un millier d'années avant l'ère chrétienne, la région
méridionale de cetle |)res(prîle. celle (pie les (irecs oui
appelée .Vrahie heui'eusc, (jue nous appelous \c ^éuu-n.
formait un rovaume, apanage de la Reine llalkis de la
dynastie des Ilimyariles, celle cpi'on a apj)elée la Reine
de Saba). Sa capitale aurait été Mareh, à deux jours de
marche au N.-E. de la ville actuelle de Saua, daus une
plaine où un grand nombre de pierres taillées, de coius
et d'insci'iptions retrouvés ont permis de reconnaître \c

plan (Tune grande cité.


La reiionnuéc du roi Sah);non (jui régnait alors à Ji-ru-
salem vint juscpià la i-emc Ralkis. (pu résolut di' nouer

des relations avec lui, et se dt-c-ida au lointain vo\age de


M \M I I II \ Il I Ml Ni IM \N

,I(''l'll>;ilcill. cllllcil^c (le ci )ii |i;i il le If-^ ~|ilr imIciii- tlniil li-r^

(•;ir;i\ Jiiiici'x ii|>|)<»il;ii('iil |ii>(|ii ;i rllf le iccil. Il ii r~l pas


(loiilciix (jiic (le ce |(tiir I .\i";il)ic. |>;ir If- IcL^finlf- ifli-
^Mciiscs (loiil 1 iiii;ii,Mii;ilioii ;ii;il)c s Ciiii);!!;!. ne i-i-ciil

I iiillin'iicc (le l:( ciN ilis;ili(»ii |);il('sliniciiiU'. (] <•-! ce (lu'oiil

ti'i'S Kicii clicrclii' à t'chiii'cr le- lrii\;iii\ iji- (,;iii--iii <lc

PorccN :il cl (le (le Slaiic.


()n Ile (•omiiil |)('ii(l;iiil hicii loiiL;lciii|t~ (|iic |n-ii (lcclin>c'

(le I Ariii)U'. Si'iiii- elle (lciii(Mir;i en (lcli(ti- de I ;iii lunh-


(I Ali'\;iii(li(' le (Iriiiid. liésoiii ii hi xtiinicl Ire. il moiiiiil
pu réaliser son dessein, l neaniu'e d AiiL;ii>le
a va 11! (la voir
commandée par .l'ilins (lalliis, y péin-li-a. l']lle siihil (\c^
revers désastreux. leureusemenl Sirahon (pu >iii\ail
I

Tariiun'. leiiail un journal de roule, don! lise ser\il<laii-


sa (iéo|4raj)liK'.
La dynaslie des Ilimyarites avait été sueeessivemeiil
remplacée, par un usnr|)ateur Juil". puis ])ar un |)riuce
d'Abyssinie. Finalement le Yemen élail deNcnu hihiilaiie
de la Perse Sassanide.
A une é|)o(|ue reculée, dillicile à préciser, une
sorte de |)élerinai;e s'était établi dans une vallée de la
région c(mtrale, qui avait ainsi pris de Ilejaz < la le nom
terre des pèlerinages », mais celte dévotion s'exerçait
surtout aulour de la montagne de miséricorde « Arafat >
où était vénérée la pierre sacrée', on eut vite lait d'en-
fermer cette pierre dans les murs d une construction
appelée Kaaba ou Cnbe, autour de laquelle on construisit
pins tard une mosquée renfermant une source nommée
ZemZem.
Comme l'argent des pèlerins afiluail dans ceUe région.
il important d'en être le chef. L'ambition y poussa
était
un certain Kossai, descendant de Fihr, surnommé le
Koreïsh, dont on sait peu de chose, si ce n'est qu'il y
accrut vite son ponvoir.Ily attira sa famille et, vers 440,
il y édifia un palais, d'où il réglait la marche des cara-

vanes de pèlerinages (astreintes à un impc")! de séjour et ,


.

LES CIVILISATIONS MUSULMANES

établissait les rites et cérémonies qui n'ont guère dû


changer depuis lors. Peu à peu une ville se créait ce fut :

l'origine de La Mecque.
Un peu plus au Sud, dans le Yemen, régnait un vice-roi
du Prince d'Abyssinie, nommé Ahraha, qui avait fait
de Sana sa capitale, et y avait créé des palais, des jardins,
des fontaines. Sana ne déchut jamais de sa première
splendeur; elle fut, aux plus beaux temps de THégire, le
centre d'un trafic considérable, la ville riche et pi'ospère
de TArabie. Et il n'est pas douteux, au dire des voyageurs
peu soucieux d'archéologie qui l'ont traversée, qu'on n'y
doive retrouver des- vestiges de sa gloire passée.
A Kossaï avait succédé Abd al-Muttalib dont un iils
Ahdalla, avait épousé une fille d une surprenante beauté,
Amina. C'est de cette union que devait naître le jeune
Mahomet, à la fin de l'été 569, disent les uns, 570 ou 571
disent les autres.
Nous nous dispenserons de relaire ici l'histoire de la
vie de Mahomet, ni d'exposer sa prédication, el les
conséquences en découlèrent. C'est un beau chapitre
(pii

de l'Histoire des lleligions,et l'on peut consulter à ce


sujet les travaux de Caussin de Perceval, de Deutsch,
de Sprenger, de Weill de Muir, de MuUer el de St.
,

Guyard.
La mort du Prophète, \c lundi (S juin ().')2', laisse
le champ lil)re aux prétendants. De ceux ipii
tous
l'avaient entouré, qui étaient h^s dépositaires de sa pen-
sée, le clioix se porta sur A/ni lieLr, cpie .Maliomel avait
d'ailleurs désigné lui-même, bien (pi'Ali ail pai'u aNoir
d'aussibonnes raisons de le l'cmplaeer. Si grande était
dans l'esprit de (juehpies-uns la croyance au succès de
ce dernier, ([u'iine secte portant sou nom existe' t'iu'ore,

et ([lie les Miisulinans de la Perse, atlliérant à l'inteiiué-


tation du (^oran selon les idées d'Ali, considèri'iil eiieori'
aujourd'hui .Vbu Hekr comme usurpatiuir. (\ cA ainsi «pie

I. Dix ;ms apii's l'IiL'yii't- i()22).


M \M I I II \H I Ml -I r M S S

deux grandes sucio -<c >«)iil |);iil;i:^u-f> I l>l;mi. I iiiic vi\

Perse, eoiimie S(Hi«> le ihhii d . \ //y/r.v. de l'nliniilis i)\\ de


Slilus, I itiilrc ihiii- \r rc-lc du iiKuide iiiii-idin;iii ^<)ii-« le

iioiii i\r Siiiinih's on I i;idit loiiiiisles. ;idlit'-reiil> oil liod(»\es


;ill\ |>l(leiil ion- (I .\|)ii |>ekl'.

!,;ielion <lr .\l;ilioniel . >a |>r(''i lic;i I ion ~ iii-|)ii;iiil Ir I;i

religion des Ilehreiix du principe d un l)icu iiiinpie


el

eoiiniU' ré\él;ilion nouvelle un peuple d idoli'itro. ;(\;iieiit


;i

eoinnie eoiolliiire rohilijalion de e;.il(''("liisei' el dr pliera


celle l'eliiîion nonxclle le |)lus ^iiand iioinhre d inliddc-.
même par la force. (À^lle lorci' n allail pas lardi-r a se
faiie senlir an monde. La pinnièi'e cxpédili(jii dWIni
iKUrlut dirii^ée conlri' la Perse, la Chaldée et la liabylonic.
Conduile par Kalid, en 083, elle n'i-nl à eiireifislrer (|ue
des succès. Une aulre expédition conire les (irecs de Syrie
fui moins heui-euse.
A 1)11seul an alors ses forces déclinei' avec
lleki' I ài^e, I

remit pouNoir
le )mar, un des (juatre comj)a;L;noiis di-
ii (

Mahomet, dont le j)remier acte tut de disgracier Ixalid.


Sans perdre de lein|)s. ()mai' rej»ril (U- siiile la lutte
conire Tlrak (jne suivit la soumission comj)lèle de la
Mésopotamie, ajnès la prise de la cité royale tle Médain
en 037, dans laquelle les Arabes liouvèrenl un riche butin.
Cette heureuse campagne détermina Omar à déplacer le
centre de son nouvel lùnpire, et à lonchtr Tannée suivante
deux nouvelles cajiitales. Bns.snrn dans le Delta de Ku- 1

phrate à 70 milles du ^olfe Persi(pu' el kiifu à même


dislance, au sud de remplacement de IJabylone. Ces deux
villes eurent aux premiers âges de Islam une très grande 1

iniluence. Leur population atteignit rapidement près de


20U.0(I() âmes. La littérature, la ]:»oliti(pie el la théologie

y étaient l'objet déludes très brillantes, el le luxe y


devint très vile raltirié.

A l'ouest, les armées d'Omar ne demeuraient pas


oisives; elles avaient reçu lortlre de marcher sur Damas,
cité fameuse, pleine des souvenirs d".\braham. de Paul, de
.

LES CIVILISATIONS MUSULMANES

David. C'éLait encore un centre de grand commerce, et


d'une population considérable. La beauté du climat, la
fécondité du sol, étaient de grandes tentations pour les
gens du Désert qui la considéraient comme un Paradis.
Ils s'en rendaient maîtres en 635, et poursuivant leuis
succès s'emparaient de Baalbek, de Homs, d'Alep et
d'Antioche.
Le Khalife Omar n'avait pasquitté Médine, d'où il orga-
nisait l'Empire mahométan dont chaque jour reculait les
limites. C'est là qu'il apprit un jour quAmrou, un de ses
généraux, marchant vers Jérusalem, repoussait les
Grecs et que leur général battant en retraite vert.
l'Egypte demandait à traiter. Omar vint en personne
recevoir sa soumission.
Il voulut du moins profiter de son séjour à Jérusalem,

pour choisir la place où il désirait qu'on construisît une


mosquée, (jui fut une des plus fameuses de 1 Islam.
Ami'ou poursuivit les desseins d'Omar (jui étaient de
porter la guerre en Egypte, et c'est en 040 qu'il y pénétra
à la tête de 4.000 hommes il s'empara de Misr, dite la
;

Babylone d'Egypte, un peu au nord de l'ancienne Mem-


phis, puis marcha de suite sur Alexandrie, la deuxième
cité de l'Empire Byzantin qui. par crainte du j^illage. se
rendit en mars 641
Alexandrie était un trop \ ivant symbole de la douiina-
tion romaine, pour (jue le Khalifat en voulut faire la
capitale de l'Egypte musulmane. Amrou dut choisir un
lieu plus central. Il choisit la plaine où il avail établi son
camp avant d'assiéger Misr, et décida d'y construire sa
mos(|uée, dont une des murs existe encore. Puis
])arlie
il commença les foiulalions de la cité nouvelle (|u'il aj)pela
]ù>.s/,i/ (la tente). Eostal resia la capitale di' l"l!gypU> pen-

dant plus tle trois siècles juscju'à ce ipie el-kaluia Li'


Caire) ait été fondé en UO'.I. l^lle demeura même la \ille du
commerce jusqu'à sa destruction par les ('loisés ctuuluils
j)ar Auialiic eu I I (iS.
MAM II. I' AU I Ml >>l I.MAV

l!ii l'rrsc. Ic< lid-'lllilc- ir.-iv.'iiclll p.is élc' >u.-|)(ii(l iio 1

(•oiiiiiitiifir-. (Il ('liiT. |)()iii-iii\ lo ;i\c(' (les loitiines

(li\d>('>. elles ;il)(tiil H iiil ;i l;i «lei';!! le 'le -i )ii lui "Je-IcL^Mrd

(lin (l(''|)(issi'Mlt-. ;iliiiii(l(»iiiie. Noiiliil iiiii- \ci>^ I>|);ili;iii cl

M(i\ '
el iiKninil en l).')l. pies de rO\ii-. I,;i r(-sisl;mce

(le- l*el>;ni-^ se |
ir( >li )|li;eil illSiin'ii ce (|lle le- (lell\ ilI'IlléeS

se l'iissenl l'eiieoiilreo ;i //e/ , un peu ;iii nord de 1 (duTiiii .

L;i l'erse ('•l;iil eoïKjiiise.


i,;i lin (In K liai 1 lui d < )inar ('-lail I ri()iii|)liaiile : ce i'nl en
(l'ii, ipi d nioiiinl : coinine il eiilrait à la inos'jiK'e de
Medine. lin esclave ramené de Nevahend, Ahii-Lnln, Ini

plantai! un poi^niard dans le dos. Il aval! comiiu-ncé


simple Llialife de Arahie; il moiirail maille de l-,L;"Vplt'.
1 1

(le la l'alesline, de Irak, de la Me-()|)()lamie et de la I

Perse.
Le poiiNoir oll'ert à .\li, àionditioii (pi il i^onveriu'-
l'iil

rait eonloi-mément an\ ])i-écé(lenls établis par .\l»n l'x-kr

el )inar. Il refusa. Nonhml ajoider au Coran et aux lois


(

(U- Malioinel son |>r()pre ju^emenl. (]e lui Ollmiau.


le (pialrième et dernier compagnon de MaliomeL (pii
reeiieillil le pon\(Mr. 11 ne (le\ait pas le conserver
longtemps ; il moiiriil lra[)pé |)ar un conspirateur.
On insista de nouNcan auprès d .\li. (pu après s'être
l'ail 11 dut tout d ahord briser les
prier, tinit par accepter.
coni|)lots des prétendants mécontents.
Ali établitalorsla capitale du Khalit'at à kufn délaissant
un |)eu la Syrii'. lient tort, car son gouverneur Monicin.
un converti à llslani, était un homme de premier ordre
(pii avait assuré en Syrie un tort pouvoir personnel. Il

se posa de suite en adversaire d Ali. et chercha à capter


le concours dAmrou, (piOthmann a\ait privé de son

commandement, et c[ui vivait traïupiillement en Palestine,

1. Mciv du Ivliorassan sous le Klinlifat suivant. Comino


lui cai)!!;!!!'
Samarkaïui Hokkaia, elle fut le Si(!'£rt; tl'une École de Lettres dans
cl
laciuelie le sultan Mainoun lui iiislruil. Lo Scldjoueides en prirent
possession en 1037.
.

LES CIVIUSATIONS MISULMANF.S

Dans Tespoir cfiine récompense, il ne repoussa pas les


propositions de Moawia. Une armée de 90.000 liommes,
à peu près égale à se mit donc en marche celle d'Ali,
contre lui en Télé de 6o7 à Siflin sur
; la rencontre se fit

l'Euphrate, au nord de Palmyre. Des mois se passèrent


en escarmouches meurtrières mais indécises. C'est
alors en 660 cpie trois fanatiques se rencontrèrent, qui,
désespérés de Télat trouhlé de llslam cherchèrent un
remède et ne surent le trouver ([ue dans le meurtre. Ils
se séparèrent, armés cliacun d'un poignard empoisonné,
l'un pour tuer Ali, l'autre Moawia, l'autre Amrou —
un seul réussit, et Ali mourait trois jours plus tard.
Ali fut un liomme d'un noble
caractère, de sjrande
sagesse et d'esprit délié. ne fut pas glorifié tout d'abord. Il

Ce fut plus tard qu'on le comprit, et qu'on lui rendit de


grands honneurs en lui élevant un splendide mausolée.
Aimant le luxe et le plaisir, ce fut vraiment le premier
Khalife qui ait cultivé les lettres et les arts et les ait
protégés à sa cour. Son Hassan n'eut pas la force de fils

lutter contre un adversaire tel que Moawia, et en moins


de six mois celui-ci devenait commandeur des croyants.
C'est Damas, qui j)()ur |)rèsd uu siècle allait devenir la
capitale du Khalifat, et dans la dynastie des Ommiades.
le pouvoir, chose nouvelle, allait se transmettre hérédi-
tairement. 11 devait en résulter une diininulion d'impor-
tance pour l'Araljie. Le pèlerinage ne devait jamais cesser
d'y être célébré, mais à une date fixe après (pioi les ;

deux capitales de l'IIeja/ devaient retomber dans le

silence.

HII'.I.KXiii.MMIll':

Alu 1,1 i;ii.\, Aiin.il'-s Miisicinici. 'rriidiiilcs |i;ii' .Ir.in .l.icoli fù'iski'.
"'.•
')
\{>\. in i. ( ',()|)('iili;iL;Uf. I TS'.t- 1 î

— ^/'(''()(//v//)/(/<'. 'ri;i(lucl idii |i;ir l!ci iiaml . -' vol. iii-i". l':iri>

I8i8.
— /.,/ r/c (/<• .U.i/(');/;<7. TiMiiiirlioii |i,ir DcsviM'^i'rs. in-S". IS.'IT.

MAMiiii. ii'Anr \ii si i.man. — II. /)


WIII MAMI I. h.VItl MtMI.MAN

liAiiiiri'ii i»i- Mi:VN,Miii, Vil' <l llir:iliiiii, fn-n- il llnriiii ni-Hn*lnil.


Jinirnnl .isinlii/iir. Murs INJiU.

(!.m:ssin m l'i;m:i;\ Al-, Husui sur ihislnin- ih-s Anihi:i uv.iiil I'ImI.i-

niisnir. il vol. l'.iris, ISi".


I ii'i iiiMi ii\ ,
.Mriiinirrs il'liisli)iri' orii'/il;ili'. '2 vol. iii-R".
Ih:i is( II, Isluin. I.omioii, (Miiiirily it-vicw, ocluhrc IHO'.I.
Do/Y, ICsmii sur l'/iislnin- ih- Ihl.imisiin'. Traduction (^liiitiviii. 1 \r)l.

iii-S", l'.iiis, \hi:k


i'is SiM II, Ui^lnni nfllir I ..i/i i,l,s. 'iiarl. .1 .ilf.t I . Cllcilllii. 1 HS | .

I''iii:i;man, /'//<• liisli>ri/ :iiiil ( ^nnifin'xl nf lin- S.trurrns. I.hihIm-s, lH!l(j,

ri'iMlilrc ni |S77.
1*'iii:sm:i. l'iil^ciicf ,
l.i'/Irrx sur l'/iislnirr ih-s .Xr.iln-^ .ir.iril i hiiinismr.
l'.iiis. ls;{().

(iiiMAN. The S.irnrrns. I vol. Loiidics, iN'.'.'i.

(il vAiih Sliiiiisl.is , J.u Cirilisiitioti MiisiilutniK'. l'iiris, \H\\.


(i<)i.ii/.iiii;u. Mnlmmnii'ilnnischo Sliiilini.
IIammkk I'iiij;sl;ill, Ceinulili'-Sanl ili-r /.i'l>i-iil>i-srlir''iliiiriiji'/i i/rnsscr
Mosliniir/icr Ili-rrar/ier. C» vol. Lci[)/,if^, is:{7-ls:{'.l.
lli;vt), Ilislniri' ilii ri>niincrri; du Li'v.iiil nu Mui/i-n Aijr. 'l'r.iil. l'mcy-
Haviiiiiid. l!SS:i-S)l, -2 vol. in-8".
IIkuhki or. liihliothi'ijue orieiilnle. Piiris, I777-I7T'.I. V vol. iii-'t'.

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Yakol-t, Dictionnaire géographique. Traduction Barbier de Mevnard,
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II

LK KIIALIFAT
LES OMMIADES. LES ABBASSIDES

Le règne de Moawia fut marqué par deux grandes


entreprises : première tentative des Sarrasins pour
la
s'emparer de Constantinople, et l'extension de la puis-
sance khalifale dans le nord de TAfrique.
La marche sur Byzance eut un peu le caractère du ne
guerre sainte, d'une croisade, comme celle qui devait
être dirigée par l'Europe clirétienne contre les Musulmans.
Elle avait le prestige d'être la réalisation des désirs du
Prophète lui-même, qui avait espéré qu'un jour la i)an-
nière de l'Islam flotterait sur la cité des Césars.
Ce fut vers 670 que l'armée se mit en marche avec la
fine fleur de la chevalerie musulmane. Il est regrellahle
qu'aucun souvenir ne nous en ait été transmis. L'histo-
rien arabe Tabari la ])asse sous silence. Nous savons
seulement cpie le siège de Hyzance fut long el sanglanl.
et dut être abandonné j)ar le Khalife mipuissant à s'en
rendi'e maîlre.
l\n AlVi(pie au contraire, les résultais iuit'iil loiil autres.
A la recpiète des colons grecs de ces régions, l'armée du
Khalife se i-endit de Syrie à Alexandrie, sous les ordi'es du
général Okba. l^lle longea les rivages de la L\ bii' jiis-

(ju'aux confins de la |)résenle runisu'. iioii loin de


l'ancienne Cartliagi'. Là le cou<(uéranl traça h's limiti-s
d luu' cité (piil nomma k/iiroii.iii et dont il lit uiu' place
de refuge. On n'est pas d accord sur la dalt' à hupielh-
•cette cilé fut fondée, mais il esta peu près i'erl:iiii (pie ce
fut vers ()77. Puis le victorieux Okba (pii avait iciHit- à
M \M II, Il \ll I Ml »l I M W
l\;iii(>ii;iii l:i |)i(iiiiiic (IniijisIic ;ii;il)c ilc- Ai^'hilnIfS,
(iiiil iiiiiii >;i II 1 il n lie \ ( r-< I miol . ;'i lr;i\ ci- Ic^ ji;i\ > Ix-ilici'S,

|ii-(|n ;iii\ ri\;iL,M~ de M)(t'-;iii alliiiil ii|iic. (JikiikI il Jillci-

^iiil celle liiiiile ml i;iiiclii->s;il)le, il |)()ii'--;i. ilil hi léj^H-iide.

son clieXiil (hili:- le- llol-. il \ |t|i)|im-;i -on eimt'UTI'l' eii

s('-cn;iiil (|iie -1 le- e;iii\ |)ii )!< mde- ne I en ;ivaiciil |)as

eiiipeelie. il aiiiail porli- la r(niiiai--a née de la Loi el les


liiniieie- de la l'ni ma lu inn'-la lie à de pin- loinlaines
C'onli'ees. e\leniiiiian! ceux (|ni aniaieiil |»er>l>ti' a eroirt'
à d'aiilres dieux.
l'elidaiil ce lein|)-. le- peiiples des paNS (jil il \eliail
de I ra\ iTseï'. les l)ei'l)ers. a\aieiil -iii\i |»a- à pas M>n
ai'rière-L;arde. Il jn^'a prudent di' rei;a^iier .-on ro\ aiime
oi'ieiilal. Mais il l'-lail hop dans
lard, renneini l'allcndail
un délilé nommé l'elmda, nn lerrii)k' comhal.
v\ aj»i'ès

les Sai-i-asins riirt-iil défaits el exterminés. )lvl)a lui lmisc- (

vt'li non loin de là. Son loniheaii exisle encore dans nn


jx'til \ illai;c N'oisin de lliskra.
Les inlirmilés de .Moawia le décidèreni à déposer le

|)oii\()ir enire les mains de son lils ^ ezid en ()7S. el

il mourait deux ans après. Ses tiinérailles eurent


louj I éclat conipaLihle avec le lasle dont il avait aimé
à s'enloiirer diiranl sa vie, dans Damas célèhre dans le
monde entier par la beauté (k- ses momimeiils. Ali
puis Moawia avaient rompu a\c'c les liahiliules de
simplicité des premiers Klialiies.
Les dilliciillés snri;irent aussitôt. Les j)retendaiits,
devant la jeunesse el rine\|)érience du jeune Yezid se
reiniièrenl, eL les partisans d'Hoseïn. lils d'Ali, le pous-
saient à la révolte. La ville de Ivuta tout l'iitiére se sou-
leva à son appel. Il marciia snr Kerhela. en longeant
riùiphrate. et vint se heurter à l'armée khalifale ; ses
troupes défaites se dispersèrent el Iloseïn d'nn j^ercé
coup de lance, resta snr le champ de bataille. L'endroit
fut un mouumenl sépulcral ijn On
sanctilié pins lard par
appela Mesched Iloseïn. Il fut. depuis lors, considéré
LES CIVILISATIONS MUSULMANE.^

comme im martyr, victime de la haine des Ommiades.


Il devint le héros des Persans, qui ont idéalisé el drama-

tisé son histoire. Chaque année la Peise célèbre une


grande fête qui dure dix jours, pendant lesquels l'histoire
tragique est re|3résentée avec un tel fanatisme que les
acteurs y furent parfois sauvagement sacriiiés dans une
action réelle.
Yezid ne jouit pas longtemps des fruits de sa victoire,
et Abdel-Melik recuedlit alors un pou^oir ])ien ébranlé.
Le généi'al Héjaj réprima énergi(|uemeut les li'oubk's. Il
entrait dans la Mecque, dont il détruisait la l\.aal)a. pour
la rééditîer ensuite. Puis marchant sur l'Irak, il entrait

en triomphateur à îs,ufa, à Bassora, et allait fonder non


loin de là une ville à Wnsi/ en 702.
Ce fut sous le kludifat d'Abd el-Melik qu "ap|)aiMirenl
les premiers coins monnayés pour les Khalifes. La pre-
mièie année oîi ils furent apportés à Lyzance comme
tribut annuel, l'empereur byzantin les refusa. Le Khalife
s'empressa d'en ])rofiter, pour cesser dorénavant tous
paiements de tributs à la Cour de Hyzance.
En Afrique des signes de désalfection décidèrent le
Khalife à y envoyer une expédition commandée par
Ilasan en 692. Elle marcha sur Kairounn et sur Cnr-
thage, et les habitants furent ex[)alriés eu unisse en
Sicile el eu rAndalousie. Dès lors les Herbères incor-
porés aux troupes khalifjiles alliiieiil en dcNcnii- les nu'd-
leurs soldats.
Le règne glorieux d'Abd el-Melik liiiil en 7(1.'), el son
fils W'nlid lui succéda. Il avait toutes les grandes (pialilés
de son père, avec une ambition plus haule eiu'oif. un
goût inouï {\\\ luxe dans les coslumes, el désireux di-
laisser sou nom al lâche à la ciéaliou de niagniliipies
édifices. 11 édilia au Caire une grande inosipiée (pi'il orna
de chapiteaux dorés. Il agrandil et einbi'llil la mosipiée
que son père avait fail conslriiire à .b'riisaK'm. Il einoxa
des archiU^cles à la Mi'ccpie pour reslaiirer les uioiiii-
\ll I Ml »l I M \N

liiclils NriU'l'cs (les ciox ;iiil >. A i);iiii;is iiiciiic. il (l(j)<»s-

>('(l;i les cliri-liciis de leur mmciciiiic ('•:,'Iisc de Swiiil .Ic;m-

I !;i|il i--lt\ «Ml |c«^ ciiii»!!!!!!'^ l()lii;illi~ ;i\;ii(iil Jicriiliiiilc les

rcli(|ii(> «lt> iii;iil\r> cl fl<> >;iiiil>. <l >iii- I riiiplwcciiiciil

il clllplnv ;i «les millicl> ddilN ll('l> ;i (•Ic'.cr IIIK* Illo-(|ll('-<-.

ou Iciidiiiil ;i iiiiilicr I iiiclulrcl lire t^Mcccjiic i-l |»t'i-;iiic.

il (•liciclmil ;i créer le -I \ le >iu r;i-iii.

Iloiiiine (le c(tiii\ iiiiiiilciir d iiil cl de pfx'sio. il i-ldlc-

U'iiiul ;iii|)lés de lui ^\^'^ |)()c'lcs (|ii il coiidd;! de iiclicssfs.


Les Ij-ois ^jr;iiids jxielo du kliidil;!! |»riiiiilil. .\kt;il.

l'iira/dak cl .Icrir vcciirciil à >a (!<nir cl ((Ichrerciil daii>


de heaiix nocmcs sa j^ddiic cl le- (•liainie- d une \ le

ralliiiec.

Ilomim- de i^iieirc. il cliarucail ses j^ciicraiix d asseoir


solidenicnl son a.iilorilc daii< loni ri\mpii-c. Ils ohlii^eaieiil
Hokkara cl Samarkand à lui paver lril)iil.
Son ^encrai Musa, à rcxIreiniU' de rAfinjuc. axail
de nonvcaii marche triomphali'inciil jnsfjii à Atlanli(jnc. 1

els'élait clal)li à (U'iihi. (ju'iin voyairenr en I i'.)7 dccrivail


encore comme une \ ille mer\ cillciisc.

Ce règiu' glorieux linit en 7!.'") cl Solmvin, IVère de


AVaiid. puis (Jnnn- II. leur cousin, se succédèrenl à
conrls inlervalles. nouveau Ions les etï'orls étaient
Dt'

diriiifés contre (^onstantinople. D'énormes préparatifs,


des flottes et des armées considérables ne |iurent faire
aboulir cette entreprise conlrecarrce par le Icrrihie feu
grégeois.
Les rèirnes suivants de Yezid II. i)uis d' Ili.schum sont
occupés à réprimer des révolles au Khorassan et en
.Arménie, à poursuivie la contpièle de l'Espagne et à
tenlei- même un envahissement de l'Aquitaine française,
qui aboutit au désastre des armées sarrasines non loin
de Tours, et non point à Poitiers, comme presque tous
les historiens français ont |)orté le l'ail à la gloire de
Charles NLirtel.
l\iis les règnes éphémères de \\';i/id II. d')cznl III.
LES CIVILISATIONS MLSCLMANES

à' Ihriihim semblent indiquer que la dynastie des


Ommiades chancelle, et que ne progressant plus, TEmpire
est arrêté dans son développement. Les sectateurs d'Ali,
et un nouveau groupe de mécontents groupés autour du
descendant d'un oncle de Mahomet, Abbas, se remuaient
sans bruit. La révolte éclata violente dans le Khorassan.
à Merv, où Abbas se proclamait successeur du propiiète.
Le Khalife Merwaii se porta rapidement contre lui.
C'était en 750. La rencontre eut lieu sur les bords de la
rivière Zab, au sud de Mossoul. Les troupes ommiades
fléchirent. Merv^'an dut s'enfuir et erra de ville en ville.
Damas même ferma ses portes. Dénué de toutes res-
lui
sources il en Egypte où il fut assassiné. Abbas
se réfugia
fut sans pitié. Il ordonna l'extermination de la race des
Ommiades. Leurs biens furent confisqués. Et pour que
tout souvenir d'eux disparut, il voulut que leurs tom-
beaux fussent détruits. Un seul des descendanis des
Ommiades put se soustraire à sa fureur, le jeune Ahd er-
Rahiiirtn, et nous verrons les conséquences que la sauve-
garde de sa vie devait avoir pour l'histoire de l'Espagne,
Pour fortifier le pouvoir de sa maison dans rh]mj)ire,
Abbas le divisa entre les membres de sa famille.
A Mansur, son frère, le gouvernement de l'L-ak et de
la Mésopotamie. —A un de ses oncles, le ^emen. A —
un autre, la Syrie. — A un autre l'Egypte. Et à Abu —
Muslim le Khorassan.
L'Afrique et l'Espagne, nous le verrons, échappaient
à son autorité.
Il nioui'ul à Anbar siii' 1 lùiplu aie . en 7*)'i, à I âge
de 32 ans.
La dynastie des . l />A;/.v.s7V/r.v ipi'il \('iiail de loiuiei. alhul
durer 5 siècles, et porter le klialilal à un (K'gré di' splen-
deur qu'il n'avail |)as encore coiiiiii.
(détail Mansur, son frère cpi Al)l>as avait désigné
comme son successeur. Son piiMiiiri' dcsir fui encore <le
réduire l'empire grec, mais sans s'allaipicr à la Icirible
MAM I I II \n r Mr>ri M \\

(';i|)il;ilc. il lit (lu iiiiiiiis (les cxpi-dil lon^ Ii(iii('ii>cs en


( ];i|»|);iil(M('. m I ';iiii|tli \ lie cl en (iilicic
\.\\ 7.">7, (le icloiir (je -un |)clcnii;i^c ;i l:i \Ii((|iir. il

se li'nii\:iil (Il li';ik. ;i Kiilii. (|ii:iimI il n-^dliil de loiidci'


une ca |)i liilc imui loin de l.i. il cliui^il un silc non loin
de Mc(l;iiii. lin |)cii an nord -iir le Til,'!'»' ri I a|»|)(da
l>.i(/(l:iil on |)aar al Salaaiii. la elle de la l'ai\. Il coiis-
Iniisil son |talai> an ccnlri'. cl rcnloiiia (\{- iiiiiiadles
cli'cnlairo. i.c- caii\ du Til;!'!- Inicnl ainciiccsati pied des
ifinpails an iiio\cii d un ro'-S(''. cl (»ll lonrs le dcrcndirciil .

— I. ai'l i\r ai'clH'ccIc. (In (l(''coralcnr. du >ciil|)lcnr de


I

pierre, (In pciiilic. de OiTevi-i-. lui nus a coiilrihiil ion 1

]K)Ui' cmhellii' les nionnnieiils de la iioiixelle elle. ( )n m-


|)ciil Muai^iiicr Cl- (|ni lui alors ciéé, les ('•cTivain- arahes
en on! laisse des descrij)lions (jiii eoiilondenl I imat,M-
iialioii. Maiisiir avait même songé à ravir à la sille de
Médaiii les colonnes cl les |iicrres(lu Palais di' (".liosroès.
I n eoiilideiil de sa cour osa Teii (U'Ionnier. l-ii 7(>2
])ai;'dad elail fondé. — Mansiir, après un règne j)aeili(pie,
loul adonné aux ails, inouriil en 77o. iaissaiil à ses
snjels le sonv(.'iiir {\\\c ses eliroiinpiciirs oiil perpélné,
d un sonverain d une siirliumaine heaulé pliysicjue.
Les goi'ils de son lils Melidi correspondaient aux siens.
Prince, sa maison était déjà diin faste inouï. Il y cul ii

pas de plus enlhoiisiasle bienfaiteur de mosquées. Sa


mort l)rus(pie en IHl) amena au |^ouvoir |)our cpielques
mois seulement sou lils Ilédi, |)uis son autre lils Ilaroun
ar-Rascliid célèhre tians I liistoiic, par ses rapj)orts avec
remj)ereur (lliarleinagne et les aml)assades (pi ils échan-
gèrent .

L'imagination des hommes a fait de ce temps (jnehjue


chose de féerique et de merveilleux. La réalité en fait
fut plus brutale. Jamais le pouvoir sans frein et sans
conscience ne maintint plus durement une société dans
la crainte perpétuelle.
Le règne d'Aroun ar-Haschid peut être partagé en
LES CIVILISATIilXS ML'SLLMANES

deux périodes la première de 7^^6 à 803 où. il jouit


:

pleinement du pouvoir, en demandant au luxe le plus


effréné les satisfactions les plus raffinées. Pendant ce
temps, les ministres et les généraux assurent au dehors sa
puissance. Mais dans la deuxième période, de 803 à 809,
règne dans les affaires du khalifat une confusion grandis-
sante Haroun, devenu soupçonneux, se défie de ses
;

ministres, les fils de Barmek, les Barmecides cette ;

cruauté, foncière chez les plus civilisés des princes orien-


taux, apparaît rapidement. Ce fut alors qu'il délaissa un
peu Bagdad, pour chercher une résidence plus tran-
amont sur TEuphrate à Rakkn.
quille et plusconforlable, en
Sa mort en 809 amena des compétitions entre
ses àew^ fils, Amin et Mamun qui en vinrent aux mains
sous les murs de Rey ou lîhagès. Amin vaincu, s'enferma
dans Bagdad, y fut assiégé et y périt '.
Mamun, proclamé Khalife en 812 à Bagdad, s'en remit
tout d'abord précepteur Fndhl, promu premier
à son
minisire, du soin de gouverner l'Empire, et avec ce
dernier l'intluence persane devint prépondéraule à la
Cour. L'autorité du souverain ne semblait pas très
assurée dans Bagdad même, où régnait un véritable état
anarchique. Les rues n'y étaient plus sûres, même en
plein joui'. Les Aliytes y fomentaient des troubles (pii
n'y étaient j)as localisés et s'étendaient à tout 1 lùnpire.
Mais, débarrassé de l'influence de son premier ministre,
il gouverna avec plus d'autorité, rétablit l'ordre, el celle
seconde péi'iode de son règne peul vraimenl eu èlri'
ap[)t'lé V;'i(ic dOr. Bien n égala il la magiiilicciUH' des
fêtes qu'il donnait dans ses résidences de \\ asil Les .

chronifjueiu's oui célébré à l'envi sa clémence, sa juslice,


sou libéralisme. Les aris el les lellres élaieiil cullivés
à sa Cour non moins (pi'à celle de son père. VA son règne
a pu èlre comparé à ceux des Médicis à k'Ioii'iUH' ou (\c

i. l'Iic klialilV Iliii'omi iil-Hnsciiid :iii(l saiiiccii i'i\ ili/alioii hy lui. 11.

Paliiirr. i.uiuli'cs et New York.


.

NI s M I J 11 \1M \|l -I I \| \ N

l.oiii- \I\ ni l"i;iiicc. L«'> saxiiiils ('•l;in*iil csliim-s |»;ii*

lui, i-l il II C-l |t;i- <lc li';iil(''s ^mccs d ;islr(»iM»iiii<-. de


^f(''()<^n'ii|iliif. (If iiicdccinc ou (if |»liil<)S()|)lii«'. (|ii il II ;iil

liiil I i'ikIii ne en iHiilic.

Il ;i\;iil (lc<i:^iic. (|iiiiii(l il moiinil en S'.V.\. |)()iir lui -iic-

ci-dcr, -«(iii liiic M(i/i,iMnt. iiuiis I ;iiiii»''c lui (»|)[»<)-;i le

|)ri)|)ic lils de M;iiiiim, . l AA./v. (|iii <l ;iillciir- r(dii>;i |t;iliH>-

I i(|ii(iiitiil de se prt'lcr ;i Jiiiciiiic Iciihilivc de rcvolU-.


Mdllil-llll '(• iclldlt de Mille cniiiplc. i\ <crl;iins j^iTincs
de dt''S()r^;iiii>;il mil , ((Miilticii l(-|tiil d«- l;i |t(>|iiil;ili(tii dr
lîiiL;(l;id riail |)cii sur. .\ii>>i n-uliil-il de loiidcr mu-
ii(»ii\ elle (';i|)il;dc' i\ une sni\;inl;iiiic de iiiilU-saii N.-<>..
(|ii il iioiiiiiiii S;nii;ir/-.i

LCmpcrciir i^vcv riit-ophiK' ;iv;iiil j»iis (|iiil(jiU'S iiv;m-


l;ii;c'S en (]i«|)j);ul()ee, viiil même en <S.')() a|)|)()iler la dévas-
lalioii jus(ju"eii Syrie. Moliasim lésolnl d'en lii-er \en-
i^eaiice. Il réiiiiil uie.' Momhri'use aniu-e 2J<I.(HMI h.
diseiil lesel sa\aii(a sur Aiunriniii
CdironKjues; une .

des de rem|)ire
|)lns rielies eilés (iràee à aide d un . 1

traître, la ville lui prise j)ies(jiie sans cmij) l'éiir. La


crnauté de Mohasim s y décliaina sans relenue. el le
earnage (jn'il appronvail fut si atFrenx. <|ue la p()j)ulali(tn
loiile entière lui passée par les armes. Il mourut en HH.
avant réané <S ans. laissant «S lils. S IJlU's. IS.U(K) esclaves,
S millions de dirhems, raisons pour les(jnelles on le sur-
nomma Oclnre. C'est sous son rèi^nie (pie les Tures. (jui
déjà s'étaient introduits dans armée, pénétrèrent justpie 1

dans le eonseil privé j)our s'y mêler de politique. Nous


ne larderons j^as à voir quelles eonséquenees redou-
tables pour les Khalifes allaient en découler pour l'avenir.
Klles ne se firent guère encore sentir sous le règne
très court de Wathek. qui dépassa peut-être son père en
magnificence. Mais à sa mort en SiT. on sentit déjà
l'intluence des Tures j)oussant an trône \v j)ère de Mola-
sim Motntrukel, jeune homme de 2(> ans. (juils crurent
leur créature. Mais il déjoua leurs espérances, rompit
LES CIVILISATIONS MLSLLMANES

avec les Alyiles qui avaient été comblés sous les règnes
précédents, et restaura linfluence des purs Arabes, allant
jusqu'à détruire la mosquée de Kerbela qui couvrait la
tombe d'Hoseïn, La capitale avait été retransférée à
Damas, mais ce ne fut que pour bien peu de temps, et la
Cour revint définitivement à Samarra, où fut édifié un
palais surpassant en splendeur tous ceux que les Khalifes
précédents avaient élevés. Si ce n'est avec Haroun ar-
Raschid et Mamun, jamais les poètes, les musiciens, les
artistes ne rencontrèrent auprès des Khalifes un plus
généreux appui.
Mais les officiers de garde turque, résolusà reprendre
la
l'avantage, \2 décembre 861. dans
l'assassinèrent le
son palais, en présence de son fils Mosfrinse>\ leur
complice, proclamé Khalife à sa place. Ce dernier lui aussi
s'aperçut vite de la nécessité de réfréner cette terrible
puissance. Il voulut témoigner plus de douceur que son
père aux Alyites et releva les tombes d'Ali et d'Hoseïn.
Mais le remords de l'assassinat de son père empoi-
sonnait sa vie, et il se plongeait dans d'horribles
déijauches; il mourait subitement après cin(| moisde règne.
Les Turcs, devenus main louant les maîtres, faisant à
Icui' gré les Khalifes, j)r()c'lauu'iil un fils de Mohasim.

Moslain vu HCy'I.
La populace commençait à s'exaspérer de ce pouvou*
occulte, qui s'exerçait durement cruellement. Des sédi-
et
tions éclatèrent dans Samari'a guerre civile ensanglanta
; la

les rues. (]e fut comme un signal (jiii mil le feu aux poudres.
Dans tout l^m|)ire, des soiilèvi'inenls si' j)i()diiisirrnt.
I

Modiz, à la tèle de la garde tiir(jue, cherche à s'emparer


du jiouvoir; vaincpieiii- de Moslain {jiron décapite à
^^ asil, ne peut satisfaire les exigences de ses partisans
il

insatiables dOr cl de richesses. VA em|U'is()niié par eux


dans un donjon, il y meuri de faim en (S()9.
In fils de \\athik, Mohidi, le iemj)lace de caiaetère ;

noble el éiiergi(pie. il m-uI réagir, revenir aux lois


MAMi:i. Il \n r mi -i i m w
(In (!(ti;iii. ;mi respect de hi rè^Me de Miilioiiiel. [irosciirt"
le \iii, le^ .1^'"^' (•li;is->er les mii-irieii-. d;inseiirs et
lioiill'on-. (|iii iidestiileiil le |);d;ii>. it\<ill( r l;i loi et i es-
hliilil' l:i |il>lice. rrn|) hild. Le> lilIC"' ne le |>einiel enlI

j);is, ens;in^d;inleiil de ndnNCîin le>« i nt~ de S;ini;iii ;i.

venleni lorcer li' KIwdde ii :d)di(|iier. et de\;int >es ié>is-


t;inee». le |)< >iL;ii;il-dent le '2'.\
jnin STO.
Moliiined piMiit tnr(|ne un hoii choix. (! <'-t:iil
il la i;:ii-de

lin doux, sans volontc'-. adoniK' an plaisir et Ion


lioiiinie
de luxe. ( !e lut sons son l'èi^ne «pi une faction élraii^èi'e
pai'xint à di'taclicr dn klialilat des pro\ince> an milieu
des(pielles des j^erines i\v désan'eclioii s étaient lentement
mamleslés. Oéjà sous le rèi,nu' de Maniim. un de ses ^'éné-
ranx. T;i/n'/\ gouverneiii' (\i\ Kliorassan. s n ('lait ciu'-é nn
pouvoir personnel si grand, (pi il a\aii pu j)res(pie s \-

rendre iiKk'pendaiil, el y fonder niie(hnaslie. Sous Mota-


Avakel, un ceiiain ).-icoiiJ), de la laniille des Sollarites.
couraj^^eux et obstiné, battit en brèche autorité ancienne 1

de Taher et le supplanta. Motamed, par faiblesse, ne fit


rien pour ramener le Khorassan sous son autorité, mais
il fut effrayé quand il apprit que Yacoub convoitait main-
tenant Bagdad. La morl de Yacoub permit à son frère
Amrou de négocier avec Molamed un traité, dune
ex'lrême habileté, Khorassan. le
(pii lui assurait oiilre le

Seislan et le Faristau, qui échappaient ainsi désormais


à la souveraineté khalifale c'était un commencement. —
Qu'avaient fait les Arabes de ri']gyple, depuis la mort
dWmrou, leur j)remier chef, qui y avait fondé Fostat ?
Un de leurs gouverneurs, Abd el-Aziz Merxvan. avait
bien cherché, eu achetant aux moines copies leur monas-
tère de Iluhvau, près de Memphis, à en faire sa capitale.
Il y bâtit même, disent les historiens, plusieurs mos-
quées, un pavillon de verre, un uilomèlre, un lac et un
aqueduc. Cela se passait à la lin du vii*^ siècle.
Les Abbassides avaient toujours pris les gouverneurs
de TFgypte dans leur propre famille. Ces derniers avaient
LES CIVILISATIONS MUSULMANES

tous contribué à rendre Fostat plus forte. Un camp mili-


taire avait été construit à Ilamra el-Kuswa au nord-est
delà ville; on l'avait appelé El-askar Tarmée;. Puis une
(

citadelle, appelée Kubbat el-IIa\va (le dôme de l'air;

du Mokaltam,
avait été construite en 810 sur la colline
où existe l'actuelle citadelle du Caire.
Mais dès 836, les Khalifes ne surent pas résister aux
suggestions de leur entourage. Ils n'envoient plus en
Egypte un seul gouverneur arabe, mais des Turcs pris
parmi les officiers de leur garde du corps.
Qu'étaient donc ces Turcs que nous voyons d année
en année prendre une autorité de plus en plus grande à
la cour des Khalifes. L'Arabe était entré en contact avec
le Turc sur les bords de ÏOxiis, et depuis lors les Kha-
lifes avaient toujours prisé les esclaves turcs pour leur
force, leur beauté, leur courage et leur fidélité. Souvent
impuissants contre leurs émirs, ils se confiaient peu à
peu à ces esclaves étrangers si dévoués, qui prenaient
une influence croissante dans le Palais. Ces barbares —
esclaves blancs embrassaient la religion de leurs
maîtres, apprenaient à parler leur langue. Ils étu-
diaient la science et la politique et quand une place
devenait libre au Palais ou dans les provinces, bien sou-
vent ils l'oblenaient. Puis les Khalifes peu à |)eu les
armèrent, en lirent leur garde du corps. Les Mannulouks
étaient créés, et dès lors allaient prendre une part très
grande dans toutes les révolutions de palais.
(iC fut un de ces esclaves turcs Ahmed ibn Touloun,
délégué au gouvernement de l'Egypte, qui chercha peu
à peu à la détacher du khalifat.
Le Khalife Molauied ne dut pas se dissimuler la gra-
vité dcMlél'ection, (pu, comme ci'lle du Khorassan, el sur-
tout de rEgypIe, ne devaient pas peu cdUlribuiM- a dimi-
nuer la juiissance Khaldal. Il iiiouiiil à Lagdad
du
en 892, et sa succession échut à sou ucncu Mo/.idcd.

A la mort de Touloun en Egypte, son lils. Khumara


M AMI.I, Il VltT Ml s( I.MW

W'cvli. I)icii (jiic le lihc (If ^^oiiN (•riiciii- ne lui |»;i- lnic'--

(lil;iii'c. s (-11 <-iii|):ini. il lu- liiil nijciin coMipIc de l;i

voloiilt- kli;ililiilc. III (lu LToiivcriiciir (judii ;i\;iil iioiiinjc


|)()iii' ri',i;v|)l(', cl ;ill;i iiu'iiic jii-(|ir;i le ((iiiihallri* ru
M(''S()|)(>l;iiiiic : il liiii---;iil |);ir ohU-iiir du KIkiIiIc (lu'il lui
l^iir;iiilil le i^oiin cniciiiciil de IMi^NpIc nom ;>() ;iii-«.

Mohidcd drlrc luochiiiu- Klwilile. (jii.'iiid. -;iii>


vciijiil

perdre de li'in|)-. l\liiiiii;ir;i\\ cn h i'iii-ail en -dilc (jiiil


épousai sa lille, Ivair en Neda, (jiii avait M) ans. On eul
(le la peine à ohlenir (pTii altendil (pTeile ail 12 an-.
D'exli-aoï'dinaii'es l'iiirnl éclian<.,'és avant le
|)ivsenls
mariage. Des j)arriinis de Ciiine et de llnde, des éUjIles
pi'éeieuses. un million de dirhenis précétlèieiil la (lan-
cée. Klle l'ut |K)i"lée en litière d'I^gyple en Mésopo-
tamie, el à eluupie étape elle Iroiivail eonslinil e\j)rès
pour elle, un palais avec le plus L;i'and eonrorl. Léiiu-
méralion des trésors (pi'elle emj)orlait avec elle devien-
drail vile l'aslidieuse. D'ailleurs les écrivains arabes oui
parlé avec prolixité de Tincrovahle luxe de Kliumara-
weyli. Il avait poursuivi au palais de Kalaï les constructions
de son père, l'ait du Meïdan un jardin merveilleux.
et avait
Des renfermaient
volières
y les plus rares oiseaux. Sa mai-
son d'or était décorée de peintures qui le représentaient,
avec ses femmes. Et pour reposer ses nuits sans sommeil
un lit ^ontlé llollait sur un lac de mercure, dont les
traces l'ureiil retrouvées en creusant le st)l sur remplace-
ment du palais. In lion apprivoisé veillait sur son som-
meil. Cependant il n'échappa pas aux jalousies des «.(eus
de sa maison cpii l'assassinèrent en 81)0.
Motaded ayant délinitivement reconnu iiulependance 1

des Toulounides en Egypte, avait à surveiller maintenant


les menées des SolFarides du khorassan. Il linit par faire
un traité avec Ismaïl Samana, homme de guerre, qui
avait établi sa royauté en Transoxiane, près de l'Cxus.
et fait de liokh;tr;i sa capitale, l^n échange, le Khalife
obtint (ju il marchât contre Amrou et les Sotfarides du
LES CIVILISATIONS MUSULMANES

Korassan. Amroii fut défait et sa mort mit fin à sa race


et à sa puissance ; le Khorassan passant tout entier au
pouvoir d'Ismail Samana, son royaume était ainsi devenu
immense, empiétant sur la Perse, allant jusqu'à la Chine.
Sa dynastie, lesSamanides, allait remplacer les SofFarides
et les Khalifes devaient dorénavant compter avec elle.
Il faut lire dans ^'ambéry {Histoire de Bokkara\ toute

Thistoire si curieuse de cette dynastie naissante.


Le nouveau Khalife Moktafi sentant l'Empire craquer
de toutes parts, tenta cej)endant une diversion en Egypte,
où les Toulounides abusaient du pouvoir absolu que leur
avait assuré leur ancêtre. Les troupes khalifales péné-
trèrent en Egypte, entrèrent dans Kataï le 10 janvier 905,
chassèrent les troupes noires, détruisirent leurs quartiers,
et démolirent la belle cité de Touloun dont ils respec-

tèrent seulement la mosquée. Sheyban et tous les Tou-


lounides furent emmenés captifs à Bagdad. Le Khalifat
en 907, pour un temps très court, se trouvait restauré en
Egypte.
Moktader, fils de Moktafi, Khalife en 908, à l'âge de
13 ans, était le jouet de ses femmes et de ses eunn([ucs.
L'empereur grec Constantin Pcn-phyrogénète, au cours
d'une campagne (jui s'annonçait heureuse en Asie
Mineure, fut rappelé à Hyzance par une invasion subite
de Bulgares. Il demanda au Khalife un échange de
prisonniers. Moktader, ([ui reçut les deux ambassadeurs
grecs, tint à les éblouir. Abulféda, historien arabe, nous
a laissé le récit de la réception qui leur fut faite à Bag-
dad. Elle dépassa en s|)lemleur lout ce (pie les précé-
(h'uls Klialiles avaieni pu déjà demander au fasie le plus
elfréné. La (lourde Bagdad n avait rien perdu de sou éclat.
— Quand les ambassadeurs pénétrèrent dans h's palais,
ils virent leudus aux murs 38.000 pièces de i)r(KaU'Ue

de soie brodée d'or, et 22.0t>0 lapis magnihques. Deux


ménageries de bètes sauvages apprivoisées laissaient
apercevoir I.OlMI lions, chacun avec son gardien. ()n les
M AM I I. I> AHI MISI IMAN

iiicii;i cii^-iillc :iii |i;il;ii^ de lAi-hrc "ii nu iirlirc ui-l ilicid

(lc\ cil»!»!»;!!! |S i;iiiic;iii \ ;ill\ rnilllc» de cuiilclir- \ ,i lier-.

sur lc>(|iicU (lc> ()i--c;iii\ d ni- cl d ;ii-:^m-iiI cliiiiihiK'nl ;iii

iiKiNc'ii (\r iiicciiiiismes (i)iii|)li(|ii<-> (lissiimdi'S diins leurs


jx'lils corps. I )rs Iriiils |)<'ii(l;iiciil ;i (rirm()n»l)r;d)Ics

ai'hi'i'S (\r l;i |)liis ^H'îiiidc i-;ircl(''. ( )ii les mena ciisiiiLc cii

nrcsciicc du Kluddc liii-iiiciiic ciciidii ~iir un siè^e


(I ("l)rii(' iiicrnsic d «n' cl d ar^cnl, le cou cl les hras eou-
M'i'ls (le colliers cl de hi'acidels. (Juaud reiilre\ue pril
lin, ou les rec-oudnisil a IraM-rs les |)alais. jn-fjn aux
(]ours ou ou leur uiouira des une ^Miale, i\c> él(''j)liauls.

lin\ cl autres caparaçonnés. I*uis on


hèles riclieuieui
les vèhl eux-inèuies de merveilleuses rol)es el ou les
chargea i\v |)réseuls.
Il est dillicde de dire cjuelle part de vérité renlei-uie
cet e.xtravaganl récit, mais il n'eu donne pas moins
(pielcpie idée des divertissements barbares et Ions aux-
quels se livraient alors les Khalifes.
Après Tassassinal de Moklader eu '.)."i2, ses meurtriers
se rcLournèrent \eis Kaher. Alors venait d'apparaître en
Perse une nouvelle dynastie, l^es Samanidcs avaient
confié le gouvernement de Dilem
un certain Ivahus à
qui l'organisa si bien (piil en lit un royaume, et fonda
pour son fds Buya. la dynastie des Buvides. Le Khalife
de Bagdad, Radi, allolé au milieu des troubles (pii bou-
leversaient Bagdad, l'appela à son secours. B s'y rendit
en 945, la ville ne put lui résister et pendant plus (F un
siècle allait demeurer sons le contrôle des Buvides.
Le Khalifat ne disparut pas pour cela, il devait durer
trois siècles encore.Mais le Khalife fut désormais entiè-
rement sous pouvoir de la garde turque qui exerça ce
le

pouvoir occulte analogue à celui de la garde prétorienne


à Borne, ties Maires tlu Palais en France, et pendant
oOd ans des terribles Janissaires à (^ouslaulinople.
Cette dynastie persane des Buvides, sectateurs d.Vli,
fournil 16 souverains à la Perse et demeura maîtresse
du Khalifat pendant 127 ans.
III

LA CIVILISATION ARAHE EX EGYPTE

Il nous faut revenir inainlenant à TEgypte. que nous

avons vue conquise par Amrou. général du premier


Klialife Abou Bekr, gouvernée pendant plus d'un siècle
par des gouverneurs choisis par les Khalifes Ommiades,
puis pendant un autre siècle par des gouverneurs choisis
par les Khalifes Abbassides, jusqu'au jour où Touloun, un
Turc, commença à s'y créer une influence personnelle
dont sa dynastie devait profiter pour détacher peu à peu
l'Egypte du Khalifat et la rendre pour ainsi dire indépen-
dante. Elle s'y maintint jusqu'en 905, date à laquelle le

Khalife envoya une armée victorieuse à Eostat pour


rétablir l'ordre ancien.
La Garde du Palais, en dictant ses volontés aux gouver-
neurs, rendait la situation instable. Avec Ikshid et plus
tard avec le régent de ses fils, son esclave Kafur. dont
les jardins et les Palais eiireiil une renom niée sans égale,
ri^gypte connut cependant (jueiijues années de Iraiicpiillilé

et de prospérité.
C'est au milieu du \'' siècle que thins T/vtrupie du
Nord, nous allons voir grandir, s'aireriiiir cl s'éli-iichr

l'influence de la famille des Ealimites. A la siiiU- (hi

schisme d'Ali el îles tentatives infrueluciiscs de sa


famille |)oiir s'emparer du Klialilal . ses di-sceiidaiils
ambitieux de coiupiérir les àmrs à (h'faiii du pouvoir,
se firent imans ou missionnaires. I/un d'eux Alxhil-
lah es-Sliii vint eu H\V.] eu IJarbarie, où (le|)iiis un siècle
la dynastie Aglabite, (pie nous avons vue loiider Ivai-

rouan avait vécu assez in(K''j>ciidanle du khahfal. 11


,

M.\Mi;i, d'Aut MrM'i.MA>. — II, i"


MAM II. I> AHI MIsllM AN

lil une Icllc |ti(i]):i;;;iii(l(' ([iic. siiiM cl ('•coiili'- do ruiilc-. il

('liii^>ii (le l:i (-oiili'('-(- /i vjidiil :ill;ili. (IciiiK-r |inii(-(- de la

raniillc (lt> Ai,dal)il('s en IMlK.d dt-xaiil !<• |hii|)|(' assfiiiMé


Al)dallali cs-Sliii. du iiiiiil)iii' de l;i imi--(|iiic de Ivairoiiaii.
iMoclainail en '.Mfl I iinaii ( tlx-ïdal hili roiiiiiic Ir \iai
Ivlialilc. Il- rci'l (oiJimMiidciir (\c> croxanls. c-cliii i|iii ('•lail

depuis |()iii^leiii|t-
SI ;illeiidu el-Mididi Le jiicuner .

Klialilelalmnle ne se mollira sans doiile pas a>>e/. ic-eon-


naissanl. au i^n-é de lailisaii de sa Inrlune: eelni-ci cons-
|)iia. d lui assassine, l'eiidanl un (jiiail de siècle, la
puissance faliniile s élendil depuis ri]L;"vple ju>(jira l'ez,
cl incnic en Sicile, par la lorce cl par la crainU'.
Sous les règnes ircl-Ivaïni, puis del-Mansur. laiilonlé
des nouNcanx niailres se lil durcnienl seiilir. A Kaii'onan
même, ils élaienl implacables contre la lamille des Agla-
bites, eL si la mosquée de Kaiiouan
parvenue jusqnà est
nous à peu près inlacle, ils ne laissèrent rien subsister des
beaux monumenls de la première coiupièle et ^l^'y^ autres
capitales.
Le f[uatrième Khalife el-Moizz. (jui pril le |)ouvoir eu
953, étail un tout autre homme, inlinimenl distuimié.
instruit, doux et juste. Il trouva eu son preiîiier ministre,
(lawhar. un ancien esclave grec, leconcoui's le [dus éclairé
et le |)lus précieux. Ileutà réprimei' une révolte au Maroc.

qui le rendit maître des villes importantes de Sii;ilmasa et


de Fez. Très clément avec les provinces lointaines de son
empire, il était sévère à Kairouan, où lesprit était mau-
vais, et les tumultes toujours prêts à éclater. Makrisi,
»!
riiistorien arabe, a pris de lui une interview, et nous en
a laissé le plus vivant et le plus pittoresque des portraits.
Le ij^raud l)ul de son règne était la conquête de
lEgvpte. Il sut profiter de lélal (ranarchie où se trouvait
Fostat en <S()9, et (iawhar, quittant Kairouan à la tête de
100.000 hommes entrait victorieux dans Fostat le 5 août.
Il y traçait aussitôt les limites dune ville nouvelle, un

peu au nord-est. dont rien ne devait gêner le développe-


LES CIMLISATIONS MISULMANES

ment, si ce nesl un couvent et le fameux jardin de


Kafur, qui existait par conséquent encore. Makrisi a
raconté que el-Moizz, en sa foi superstitieuse dans les
astrologues, avait voulu qu'ils annonçassent eux-mêmes
par le son des cloches suspendues à des câbles de part en
part de la plaine, le moment précis coïncidant avec une
phase de la lune où les charrues en commenceraient le
défrichement. Il advint qu'une corneille vint se percher
sur un de ces câbles, et détermina ainsi inopinément le
premier coup de soc de la charrue. La planète Mars
(el-Kahir) étant alors dans son évolution croissante, la
ville nouvelle reçut le nom dKI-Kahiru. La ville grandit
rapidement. En trois années 970-972, Gawhar y avait
édifié un splendide palais, et une merveilleuse mosquée
el-Azhar, qui subsiste encore, bien qu'il ait eu à repous-
ser deux attaques des Karmates, descendus des montagnes
d'Asie Mineure. Il finit par décider el-Moizz à quitter Kai-
rouan et à visiter sa nouvelle capitale, dans laquelle il fit en
décembre 972 une entrée solennelle et triomphale, accom-
pagné de tous ses fils, et de ses frères. Fostat était toute illu-
minée pour le recevoir; mais il l'évita, et passant le Nil à
Roda par le nouveau pont (|u'y avait jeté Gowliar, il
entra dans la ville du Caire, fille de sa volonté. Acclamé
parle peuple, il pénétra dans le ])alais mer.eilleux, pré-
paré pour le recevoii'. Sa première audience fut entière-
ment occupée par le défilé des présents (pii lui étaient
envoyés de toutes j)arts. (]eux de (lowhar étaient d une
particulièi'e richesse. Il vit aiusi |)asser odd chevaux
couverts de selles et de brides incrustées d Oi' et de pierres
j)récieuses, des lentes de soie tisséi's dOr. des collVcts
de vaisselle d'or et d'argent, des armes maguiliipu's.
un turban cousiellé de joyaux. Le jour suixaut. \\ uu)nta
lui-uiènie au luiubar de sa mos(piée, \ dit les prières,
et sou onction sacrrdolale loucha tous les coMirs. Puis
à la tête de ses troupes, entouré de ses (jualri' fils en
armures, précédé de deux éléphants, il rentra dans st)n
MAM II. I> Alll MIsri.M W
|>;iliii> ixiiii' \' (loiiiicr un l);iiii|ii(l iiKiii-liiifii \. — (]e j)al;iis

('•l;iil liii-iiiciiu' une \('iil;il)l(' cilf. Il -c coinposail du


^M'iiiid de
|);il;iis l'isl.Isa rc-sidciicc |)ci>(»iiii('llc. ccllf de
SCS rc'iiiiiK'S, de SCS ('iir;iiil~. de ses csclaNCS. de ses
eiimi(|iic^ cl de ses scr\ ilciirs. (jiii ^c coinplaiciil par inil-
licis. 1*11 is le palais de r( )iiesl. ou maison de plai-^ir. ouvert

sur les s|)a(icu\ parcs de Ival'ur. a\cc nii Mcïdan ou liipj)0-


droinc polir la (ioiir. l'ailrc les <lcu\ j)alais, nue place
(Be\n el-Ivasi'ciu oii KMIIKI lioininc.» pomaicnl faire la
parade (h la place (pToccupe aujoiird lini le Souk en
Naldiasiu ou marclic aux cui\ ics . A c(")lc clail le iiiansolée.

où il avait déposé les cercueds de ses ancêtres aj)|)orlés


par lui de Kairoiian. et la mosquée d"l"]l-Azliar où chacpie
vendredi il allait dire la jU'ière.
Les historiens arabes oui décrit le i^raud palais, couiuie
une chose prodigieuse, i. ()()() chambres la porte dorée ;

ouvrait sur le Pavillon de For. où le Khalife, assis sur un


trône de même métal, Icnail ses audiences. Hieii des
indications qu'on rencontre dans leurs récits jiermeltenl
de juger de l'incroyable faste qui régnait alors à la (lour
des Fatimites. Une
de Moizz laissa, en mourant. 5
fille

sacs d'émeraudes, et un prodigieux amoncellement de


pierres précieuses, 3.000 pièces de vaisselle d argent,
30.000 pièces de broderie sicilienne, 90 Ijassins ou coupes
de cristal —
une autre laissa 12.(1011 costumes tous diffé-
rents. L ne de ses femmes bàtil une luoscpiée dans le Kerafa
(cimetière) pour laquelle elle lit venir un architecte de
Perse, et des artistes de Bosra pour décorer les murs.
Moizz lui-même commanda une pièce de soie aux ate-
liers de Tustar en Perse, qui devait représenter en or et
en couleurs une carte du monde. Les représentations des
choses vivantes dans tous ces travaux d'art étaient loin
d'être interdites, car jamais les idées de la Perse ne les
avaient repoussées. —
Son goût raffîné des arts ne
détourna pas el-Moizz de l'administrai ion prévoyante de
son Empire, que ses armées surent partout garder intact
LES CniLISATKJNS MUSLLMANES

OU même agrandir. Il mourut en 975 à Tàge de 46 ans,


après un des règnes les plus brillants et les plus glorieux
qu'ait connus rislam. La capitale des Fatimites était doré-
navant le Caire. Mais ses successeurs ne surent pas con-
server intact son Empire. L'Afrique en 1046 retourna à
la soumission nominale de Bagdad. La Syrie fut secouée
de rébellions et de guerres civiles, et les troupes étran-
o^ères, recrutées au loin, en maintenant la force gar-
dèrent soumis au Khalifat les patients Egyptiens.
Son fds, El-Aziz, doué de toutes sortes de qualités,
marié à une chrétienne, très bon, très juste, avait comme
son père un amour immodéré du luxe. Son premier vizir
suivait son exemple. Il avait édifié le palais des vizirs
fortifié et plein de trésors. Gemal ed-
comme une citadelle
din d'Alep Makrisi ont parlé aussi des splendides
et
œuvres d'arts qu'on exécutait alors'. El-Aziz fit élever
dans leCairedes monunientscpii furent fameux à l'époque,
et excitaient l'admiration des contemporains, le Palais d'or
et le Palais de perles.
Son el-Hakem, violent et cruel, était cependant un
fils

homme de goût, et le témoigna par la construction de


quelcpies très beaux monuments, entre autres la mosquée
commencée par son père, et qui porte encore aujourd" luii
son nom.
Ce futsiirtont son petit-lils, M(isf;insir Bl-Ilhih, dont le
règne occupa prescjue les deux derniers tiers du xi'' siècle,
qui fit revivre les traditions heureuses de la famille des
Fatimites. C'est sous ce règne, en l()i().(pu' le voyageur
Persan Nassiri Kosrau visita l'Egypte, et ses récits ont
l'inestimable valeur (l'un document contemporain, bien
qu'on doive faire la pari de l'exagération arabi'. Les
défilés (le troupes (piil elierehuà dénombrer, les splendeurs
des costumes in(li(pienl une richesse inouïe. Moslanser
comme d'auti'es souxcrams de sa dynastie eut la chance
I. Une livs belle ai-iiiièfe eu eii>lal de luelie tli- Saiiil-M;iie à \'i-iiise

porle son luim.


M \M II h \lt I Ml -I I M W

(I rire sccoikI»'- ii.ir un cxccllciil \i/ii- cl-^ ;i/iiii .


doiil l;i

IxililK- ;i(lliiiliis| liiliDii Iniil eu (|(-cii |)l;ili I l:i lorliilic

|»iil)li<|iic, cnricliil tf)ii>i(lt''i;il)lriiiciil ^oii soun crjnii.

I/liisloiicii M;iki-isi. :i l;ii>s(' un (locunicnl de |»rt iiiici-

ordri'. I iii\ ciihiiic des ri'-ors


I de Mo-hiii-ci-. dmil *>]\ |trul

dire (iiroii cnul nixic en le ll'-iiul un ciuilc «le- Mille l'I

une \iills. Miiis louUs cc^ i iclio-c- di- MustiiiiscT


liiicul loii cnlamt'C's par la dila|)idali<»ii de sa t^arde
liir(|iK', <|u il nCul pas 1 Cik'I'l^ic de irpriincr. n dos l

inallu'ui's k's |)lus if<;rc'llal)lc> lui la dispersion de son

cxli-aordinairc l)il)liollu'(pK\ cpii possédail 2.iOO(>)rans


nianuscrils ciduniini'S, cl des copie- iiic-liiiial)lc>d n'uvres
arabes.
Sous le i'ci;nc de Mostansc-r axail i;randi en S\ ne. en l.ice

el souvenl contre TEgypIe. une puissance doni il nous


Tant dire quelques mois Depuis Touloun la Syi'ie élail
toujours restée dépendante de Kgyple. cl si sous les 1

l^'aliniiles, les Empereurs de B)^zance. avaient cherché à

la reprendre à rautorité nominale du Klialil'at. ri'.i,rypte

se eonsidérant comme sa vraie tutrice, n'avait jamais


laissépérimer ses droits, et lavait toujours reprise sur
Byzance. Et voici {|u'une nouvelle force irrésistiblement
poussée vers TOuesl, les Turcs, vieni chercher à prendre
en Syrie la place qu'avait si obstinément occupée IT^gypte
pendant longtemps. Nous avons vu les progrès lents el
continus de rintluence turque à la (]our des Khalifes.
Désormais nous allons la voir tentlre partout à la domi-
nation absolue, et réussir même à écarter le terrible
danger que courut le monde musulman, lors de la grande
invasion des hordes mongoles. Mongols et Turcs, telles
sont les deux races qui vont lutter pour la conquête et la

domination de l'Asie'.
La première fois que les Turcs font leur apparition dans
rhistoire, c'est au début du w^ siècle, alors que les tribus

1. Voii' Caluin. Inlioduclioii à l'hisloire de l'Asie. — Colin. Paris,


1904.
LES CIVILISATIONS MISILMANES

nomades qui composaient leur race, et qui promenaient


leurs troupeaux dans les steppes centrales de TAsie,
poussent leurs reconnaissances vers TOuest, et parviennent
à fonder un empire qui s étendit des confins de la Mand-
chourie aux Carpathes. Au Sud sur lOxus. le pouvoir de
leur prince Jaxartes fut contrebalancée par la dynastie
arabe des S.'imnnicles. Mais demeurés maîtres des steppes
septentrionales, chefs des troupes mercenaires qu ils
mettaient au service des Khalifes, ils allaient fonder à
Ghazni une dynastie turque des Gaznévides, dont nous
verrons les brillantes destinées —
pendant que quelques-
.

unes de leurs hordes allaient s'installer dans le Khorassan


et v fonder le splendide Empire des Seldjiil.s. (jui du xi"
au xiii*^ siècle, gouverna une bonne partie des possessions
asiatiques des Khalifes, et implanta Tautorité mahomé-
tane en pleines montagnes dAnatolie, préparant ainsi la
voie aux Ottomans, leurs successeurs.
A dater de ce moment, la partie en Asie va donc se
jouer entre trois adversaires Les Seldjouks, maîtres du
:

Khorassan et de la Perse l'ont locoiniaitre leur chef


Tugril Beg en 1(J55 comme lieutenant du Khalife à
Bagdad. Jérusalem et Damas tombent même entre leurs
mains, et y demeureront juscprà la lin du \i'' siècle.
C'est à ce moment (jiie la |)remière croisade louciie
aux rivages de la Palestine. Immédiatement Afdal
Shahansha, premier ministre d Kgy[)te. par haine et
crainte des Seldjouks oiï're aux croisés de marcher
ensemble contre rennemi commun. <|ui di\isé et dcsor-
ganisé l'ut vaincu. Les débris de l'empii'c Seldjouk
servirent à former les petites (l\naslu's ortokides de
Mardin et de Keyfa (1(198).
A peine débarrassée de ce souci. ri']gypte déchirée par
les luttes intestines, voit bientôt se dresser devant elle-
une iioii\(.'lle puissance, celle d'une laindle (|ui parlu'
d un petit royaume du Tigre, à Mossoul, s'était emparée
d'Alep, puis de Damas. Le sultan Nom- ed-din, lils de
MAM II 11 AU 1 Ml ><l I MAN

I ;il;il)cL (le M()s>()iil. /,(Iil;i. ih' s cm IiiiI j);is l;'i. cl ^ il

n'ciilr;! piis en l'!^\ |)tc. du iiinin- un de ses jciiiies ollicicrs

Siihidin ;ill;iil \ |);iic(tiiiir une cairii'rt.' cxl r.'ioi'diiiaii'c.

Son Jilhliidi- \ (»l()iil;iircmciil cn'.io'c 1 ;i\;iil r;iit iKiiniiicr


\i/.ii- (In Kliahliil t''i,fv|)lit'ii. I*ali(;mmt'n( cl jcnlcnicnl,
avec doiKU'iir, d ail'ci'md son aidonic. ca|)la le- I !l,'N[)Ih'Ii>,

et les anu'iia |)('ii a \)v\\ à I idt'c i\v coiislihici- un nt\aiinie


indépendanl. Ses succcs eu l'alcsliiic, la (Udadc des
(Croisés aii^inenlèrenl, encore sa popnlardc'. l!l lonL
natui'elleinenl. sans secousse, sans rcvolid ion, le klialde
l'aliunlc se Irouxa un joui dépose. Saladiu d ailleurs se
montra elievaleres(|ue ; d assura à la laniille Klialilale une
retraite dorée. De Ions les trésors amassés clans les |)aiais
Saladin ne garda rien, il les partagea entre son souverain
Nour ed-din, ses serviteurs, et fit vendre le reste au béné-

ficedu peuple. Il ne modifia rien des habitudes de sa vie,


demenra au Palais des vizirs, et livra les palais royaux à
ses ofïiciers.
Son règin,' jieut se diviser en trois ])éri()des, découvrant
trois champs d action bien nets :

1" Il se voua toutd'abord entièrement à la iuerre Sainte, (

son but étant de chasser les Francs de la Terre de ITslam,


en môme temps qu'il se fortifiait au Caire, et qu'il se
défendait contre Nour ed-din. qui pardonnaitdifHcilement
à son ancien liculenant son ascension ra|)ide.
2" A la mort de .\our-ed-din. il recueille son pouvoir
en Syrie en Mésopotamie, prépare et ramasse toutes
et
ses forces contre les Infidèles.
3*' Enfin il cliasse les Croisés de Syrie, la paix de
Ramleh en I 11)2 ne leur laissant que la côte.

Sa grande œuvre d'architecture au Caire fut la

Citadelle, du gouvernement. Il
place forte et centre
édifia aussi la première medersa ou mosquée-collège
de l'Kgyple, à limilation de la Perse, dans laquelle
devait être donné l'enseignement secondaire. Nour
ed-din avait été le premier à l'inlroduire en Syrie.
LES CIVIMSATIONS MUSULMANES

Les lendemains de semblables règnes sont toujonrs


menaçants. L'absence totale d'entente entre les trois fils
de Saladin permit à son frère El-Adil, puis à son neveu
El-Kamil d'arriver au pouvoir. Ce dernier par un règne
juste et bon de près de 40 ans, retarda au moins pour
l'Egypte les très mauvais jours qu'elle allait connaître.
L'adresse de Frédéric II en 122(S amenait el-Kamil à
s'unir à lui contre le sidtan de Damas cette alliance fut ;

heureuse surtout pour les Croisés, qui finissaient par


arracher Jérusalem au.v mains des Infidèles. Seuls le
plateau du Haram et la mosquée d'Omar restaient aux
Musulmans.
La mort d"El-Kamil amena une succession de révolu lion
de palais et de meurtres, à la suite desquelles la dynastie
de Saladin, celle des Ayyoubites sombra. Le règne des
mammlouks allait commencer.
Ce nom de Mammlouks signifie : « possédé, apparte-
nant à ». Il s appliquait aux esclaves blancs capturés en
guerre, ou achetés sur les marchés. Nous avons vu que les
Khalifes de Bagdad en avaient formé une garde personnelle,
recrutée surtout parmi lesTurcs de l'Asie (Centrale, et uous
savons ({uelle part ils eurent dans les destinées du Klialifat.
Il en fut de même à la Cour des sultans seldjoucides,

où des officiers de fortune fondèrent des dynasties


personnelles et indépendantes dans les provinces où ils
étaient délachés. Il n'est pas étonnant que l'emploi de
troupes et (rolticiers esclaves ail prévalu nécessairemeul
chez les dynasties issues de celte origine (aux (^ours de
Nour ed-din et de Saladin i. Salili Ayyub avait une
garde de ce genre qui était sa propriété pai-liculière.
Les Emirs eux-mêmes, avaient levé des troupes person-
nelles qui leur étaient dévouées jusqu'à la mort. Cyest
ainsi leui- valeur personnelle, étayée |);u' la force de ieui-s
troupes, (jui va devenir le uu'iiieui' lihi' de ces nobles au
trône à cluupie chaugenu'ut de royauté.
(xî n'est c[ue la force, un plus grand pouvoir personut-l,
M VM I r. Il Ain MI sri.M AN

cl 1 ;ic(|lll('scciiiclil ><)ll\i'lll |>lflll (le r(''l icciicr de- l'.IllII'S,

<|lll IX'IIIK'I iiii |)lllicl|)(' (llicndilc (le jH'cN ;il(»il' lions


venons ;iiii>i l;i iiiiiimiii de l\;il;iiiii ^c iii:iiiilriin- mm |)<)I|-

voir |)cn(l;iiil |)lii--iciii'- j^i'iicriilion» .

I, liisloiic (les Miimmloiiks c-l une Ioiil^iic snile de leiilit-

li\('-. ixMir l);illi'e en hi'èelie I ;iu loiilt- i\[\ snn\er;iin el le

ren\ crser |);ii' \ une siicee^sion de nieiiilres


loleiiee ; e esl
el d'iissiissinals. (loniniesa saii\eL,Mrde dépendail iini(|iie-

nu-nl de ia loi'ce, (In courage, el de la lidélilé de sa garde,


le snllan la soijL^niad. Il la irorijeait d"arL;cnl el de terres

(|ni di'\ l'iiaienl de véi'ilahles ii(ds. Hieii sonxeiil ((da ne

sidlisail |)as. v[ le sonveram n a\ail plu- alor- ([u'à

eonipLer sur la niuluelle envie el la jalousie de ses


ollieiei'spour nenlraliser les ell'els de leurs rancunes.
(diaeun de ces grands seigneurs, ofïicier de la gai'de ou
de la (]()ur, même simple noble, élail un vérilahle pelit
souverain. Il avail un somptueux palais, une gaicle parli-
eulière à sa porle, (pu 1 eseorlail. lonjoiii-s prèle à la S(''(li-

Lion, ou siinplemenl à allacpierles haiiis publics, à enlever


les femmes, ou à défendre le palais contre ratta(pie d'un
autre seigneur. —
Souvent aussi, dune commune
entente, naissait une coalition contre le sultan. C'était
alors le combat dans les rues, déchaîné. Le peuple territié
fermait les maisons, les bontirpies, les portes qui isolaient
chaque cjuarlier. Les factions ri \ aies j)arcoiiraieiil alors
les rues libres, pillant, tuant, enlevant, parloul où elles le
pouvaienl. Il y eut ainsi des ])ériodes où le Khan id-Kalili
fut fermé pendant plus d une semaine. Il esl suj)reiiant
qu'avec des règnes si courts et si troul)lés, les sultans
aient pu encore élever des monuments si beaux. Car cette
période de l'art égyptien fut admirable, et nous verrons
que bien peu d'arts ont égalé la splendeur de ceux (pii
fleurirent à la Cour des sultans Mammiuks pendant les
XIII'', XI v^ et xv^ siècles.
Pour se rendre compte du faste, du luxe (jui régnaient
alors, de la beauté des défilés oii se produisaient les
LES CIVILISATIONS MUSULMANES

costumes les plus extraordinaires, de l'éclat des grandes


fêtes publiques comme aussi des plus intimes qui se tenaient
dans les palais ou les jardins, il faut lire la belle histoire
de Makrisi. ou les charmants récits des Mille el une
Nuits qui datent de cette époque.
Les règnes des premiers sultans Mammlouks furent
diffïîciles. Le danger menaçant pour TEgypte était alors
l'invasion des Mongols. Hulagu, leur chef, venait de
s'emparer de Bagdad en 1258, et menaçait l'Egypte. Le
général Beïbars marcha contre lui et le défit en Syi'ie '.
L'Egypte fut pour Beïbars le prix de sa victoire.
Maître du pouvoir, il l'exerça sans faiblesse. Son règne
éminemment guerrier n'est pourtant pas pauvre en
monuments. Sa mosquée subsiste, et l'on peut voir
encore quelques restes de son collège. Une de ses grandes
créations fut un service de Postes, supérieurement
organisé entre le Claire et Damas.

Des règnes brillants suivirent le sien Celui de Kalaun, :

auquel on doit une des plus belles mosquées du Caire,


accompagnée d'un hôpital et de son tombeau, et surtout
celui de son fils Mohammed en Nasir. qui mêlé d inter-
règnes dura 50 années. Nul sultan n'avait aussi long-
temps (pie lui guidé les destinées de l'Egypte. Son
règne fui un (k's plus brillants qu'elle ait connus. Très
diplomate, sachant supérieurement négocier pour éviter
des guerres toujours funestes, se servant adroitement
des cbrc'liens dans sa nu'liaiu'i' muée vi justiliét' pour
les grands dignitaires musuhnans, il fut en même tenq^s
un prince ami des arts, et leur éclat sons son règne fut
un des plus rayonnants (juc llslam ait eus. Les monu-
ments (piil lit personnellenu'ut l'K'ver étaient uierNcil-
leux, tels le Nasiriya Collège dans le Souk en-.\abbasin.

sa mosquée, el son palais dans la citadelle '.

t. I,('S MonL;((ls, icji'li's en l'risc, y l'om Iricii I hi dyiiaslir des llivliaii^


ou lluiai;ui(los.
1. \ . (".iisaiio\ a. Mc'inoiri's dr la mission arcli('oi(>^i(|iir iVanvaisf au
("aire, I . \'I, i'' l'asc.
MAM I I 11 Alll Ml v| I.MAN

Mais il
!('•
l; lia Cil oui rc ciil rc le-- Ijiiir- une ('iii iilat n m de
vaiilU-, i|iii ili'Ici'iiiiiia an ('.ain- la coii^l nicl loii d uni;
IrciiUiiiic (le iiiDiiiiinciiU lllaL;lllli(|ll(•-^ |)orlaiil les noms de
Senj^ar (!-( iaw ali - Ivawsiiii — cl Maiidaiii — Ak^iiiik iir

— Slu'vkiiii — , dont Ihn iîalnla (|ui xi-^ila le (.ain- »n


l.')2l) parle a\('c une i^randc adiniial ion .

I/asccndanl d t-n-Xasii' a\ail (''U- si L;i'aiid (|iicsc-; ('•mirs


l'riinis de son
anloiir de inorl lircnl le >riiiiiiil de
lil

soiilenip sa maison, el le (inreiil pendanl 11 an-. Mai- <n

lail, le |)()ii\(»ii' |)assa entre leurs mains.

Un de ses lils, Hassan, régna (|iial l'c ans. j)iiis reprit le


ponvoir six antres années, an coni-s descpielles il eonstrnisil
sa niei'veillense nioscpiée en loG'i. Son pelil-lils Sliàhan
régna qnalorze ans. Mais en l'ail ce riirenl les grands
émirs Knsnn —
Taschlemir .Vksnnkoi' Slievkn — — —
Yelhngha — Sargliilmisli. cpii dirii^èr'enl les allaires dn
pays.
IjCs 1)1,11)1/1/ fil /, s (•//•(,/ s.sf Cl).s. — Puis \int II;/ /•/,///,. (jiii

après avoir hatln ses e()mpélilenrsdé|)osa le dernier snllan


de la maison de Kalanii el fonda la dynastie i{(.'> HiirL^i
on (]ircassiens.
Dès lors lions ne vem'ons pins
de succession héréditaire
acceptée. Le ponvoir échoit an premier mammlnk ou an
premier Emir élu par ses pairs el dépendant d'eux. Cdiacun
disposait d'un clan, el cherchait à accaparer le plus de
pouvoir el de richesse possibles. (iha([ue rèi^ne reposait
sur tout un système de coalitionset d inirioues. l']l (piand
le sultan luourait. si son lils occupait (piehpie temps le

pouvoir (un lem|)s très court) c'était de la pari des émirs


respect ou déterence à la mémoire dn sultan tlétunl, et
pour permettre au pins fort d'entre eux d arranger ses
affaires et de le remplacer. Très peu d'entre eux furent
des hommes de guerre, tel Farag. Mais tous furent des
diplomates hahdes et rusés, aidés par de courageux
officiers tels (pieTalar ou Timurbugha. Très artistes, d'un
goût délicat et raffiné, ils élevèrent nombre de monuments
LES CIVILISATIONS MISLLMANES

qui attestent leur grand sens de la beauté. Mais la plupart


furent cruels, en buta la violence d'une soldatesque sauvage
dont ils réprimaient les écarts avec la plus terrible cruauté.
Ils surent du moins garder intacte contre toute attaque
et toute invasion l'Empire que tant de dynasties avaient
contribué à consolider. Et quand toute l'Asie occidentale
trembla sous le choc de Timour, il trouva l'Egypte impos-
sible à entamer. Il avait pris Bagdad en 1393, et si Barkuk.
alliéau prince de Siwas et même à Bajazet, sultan Osmanli,
mourut en 1399, avant d'avoir pu infliger à Timour une
défaite probable, son lils Fanu/ eut du moins la gloire de
le repousser au delà de la Géorgie, et de profiter de sa
mort en 1405.
La dynastie des Gircassiens ne voulut pas abandonnei
les glorieuses traditions de la maison de Kalaun qui avait
couvert le Gaire de tant de merveilleux monuments. Si
Barkuk ne put édifier son tombeau —
mosquée admirable
que lui éleva la piété de son fils Farag,du moins il laissa

non
une magnifique medresa dans le Beyn-el-Kasrein, qui
témoiu'ue de son (jfrand ijoùt.
Plus d'un demi-siècle s'écoula, pendant lequel l'Egypte
connut de nombreux souverains durs et oppressifs,
jusqu'à ce qu'elle retrouva un instant de grandeur avec
l'émir K/u'/ l>ei/, ({ui de [M)H à i95 dul faire face à un
l

nouvel ennemi dont l'Egvpte voyait devant elle grandir


l'intluence, le sultan Osmanli. entre les mains dmjuel

Gonstantinople venait de tomber. A///7 hci/ trouva cepen-


dant les loisirs de surveiller l'exécution des deux
gracieuses mosquées ([ui ont perpétué son souvenir.
Mais bientôt le sultan El-.\shraf Knnsiih el-(ihouri/,
homme d'un courage et d'une énergie peu communes,
allait avoir à se mesurei' avec liajuzel II, vaincjueui' des
armées persanes à (^haldiran en l.'idi, devant leipiel la
Perse venait de se soumeltre, et (pu mainli'uant Noidait
abattre à jamais la puissance égyptienne. (^)uelcjui's aunéi's
sutlirent aux Tuics pour réussir dans leurs menées ami)i-
.

MAM II. Il AU I Ml >l IMA\

lieuse-, cl leur >-iill;iii Seliiii I''. ;i\;iil l<ii'_;iieil deiilrer


tn()lll|)li;ileilieill ;iil (-aire en |aii\ie|- l.iOT, \ elahll--
saiil uni' sii/eraiiiele <|ui <\\\\i- iiie(.r<\

Iil|{|.l()(.HAlMIIi:

Abi)-i:l-Latii\ Hrlutioii df rEjn/filc Tiiiliiclioii S. de S.m y. P.iris,


18 10, in-4".
Am i.i-KKA, OEuvro^ ci/ros.
H(»iiA KD-DiN lUN SiiKDDAii, Vi lu SiiLkI ini l-i-ydc, 17."»."», iii-f".
.

Casanova, Lu Cilndclle du Caire. Mrnioircsile lu Mission arrlu'-ol.^ \\.


Desckiption Dii lEgvpte. Rprneil des oljKrrra/ions... pondant rExi»'--
dilion de l'armée française. Iiii|jiiniiTie Impériale, IS0'J-I82H, 1<> vol. iii-f"
et 12 allas in-f».
Ki,-Mekin, Ilisfuri.i Saracenica, IKO'.l.

El-Kai.kasiiam)1, Die Geo(jraj)hie und Vonraltiintj V(jii (A-^<ji/i>l'-ii

El-Tahaixi [Cilé). Traduction Wustenfeld. Ciotlin^i-n, IHT'.t.

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M.-VRCO Polo, Itinéraire. Traduction Clolonel Yule.
Recueils des Histohiens des Croisades, Historiens orienlaii.r, j)ar de
Slane el Defrémery, 4 lonies en vol. in-f". Paris, 1872-1 •01-.
.">
IV

LA ciN iMSA ri(»N AitAiU" IN i:si'A(;m:

i;r DANS m: mamihi i?

An coiniiu'iui'iiu'iil du \ m' sil-cU'. (jii;iii(I li-s S;ii ravins


appaniic'iil au hord de Allanlujue alricain, doii ils pou-
I

vaient apercevoir les riches i'iva<,a'S de Andalousie, les 1

Golhs occupaienl TKspagne depuis plus de 200 ans. —


Il semble bien (jue ce fui une (juerelle entre Julien,
gouverneur de (a'uUi, el Roderic, roi des \\ isigoliis à
Tolède, (pii ouvril aux Arabes la porte de rKs|)agne. —
Les Iroupes berbères, sous la conduite de Tarik. débar-
quèrent en Andalousie, battirent lîoderic et le tuèrent.
Cordoue tomba entre leurs mains ainsi que Tolède. —
D'autres bandes arabes étaient allées dès le début du
viii^ siècle occuper le midi de la (iaule, prirent Garcas-
sonne, Narbonne et Bordeaux et marchèrent sur Touis
où la renommée des Trésors de l'abbaye de Saint-Martin
les attirait. (]harles Martel les y arrêta et les écrasa. —
Entre temps, (^harlemagne avait tenté de les chasser,
en les repoussant jusqu'à Saragosse, et c'est en rentrant
en France que son arrière-garde fut surprise el massacrée
à Roncevaux.
Les Maures allaient avoir en Espagne 300 ans de tran-
qyillilé pour aménager le pays. Ils firent le sacrifice du
Nord, qui resta aux Chrétiens. Ils gardaient le meilleur.
Ils purent organiser en Andalousie ce royaume de (Cor-
doue qui fut une merveille de civilisation, à l'heure où le
reste de l'Europe était encore plongé dans la barbarie.
Jamais cette partie de lEspagne ne connut de jours
meilleurs, sous un gouvernement plus juste et plus sage.
LES CIVILISATIONS MUSULMANES

D'où venait ce génie d'organiser, à ce peuple dont la


lointaine destinée avait été d'errer dans les déserts de
l'Arabie? On a dit cpi'ils avaient eu des conseillers grecs
et espagnols. Il n'en est pas moins vrai que ces mêmes
conseillers n'avaient rien su faire avec les Goths. La
population autochtone s'aperçut vite qu'elle n'avait rien
perdu à changer de maître. I^^Ue garda ses lois et ses
juges, ses gouverneurs et ses collecteurs de taxes. Et très
vite beaucoup se hrent musulmans, en calculant de suite
1 avantage matériel qu'ils y trouveraient.
La conquête de l'Espagne avait été effectuée surtout par
les troupes berbères, que leur récente adhésion à ILslam
avait embrasées d'une grande ferveur. Ces Berbères vou-
laient être traités par les Arabes comme des frères, et souf-
fraient d'avoir été évincés, éloigné» dans les mauvaises
plaines d'Estremadure, pour servir de tampon entre
arabes et chrétiens. Ils se soulevèrent, et l'anarchie
désorganisa cette première société musulmane dTlspagiie
que retenaient des liens encore un peu fragiles. Il fallait
pour que l'ordre revînt, (pTuu homme doué d'un grand
prestige, portant en lui le sang et l'autorité du Khalife,
vint refaire l'unité et grouper tous les musulmans sous les
plis tle son étendard. Gv[ homme fut celui (pie Charle-
magne voulait atteindre, AJxI ci'-lii/ini/in I'( hnininde. .

('était le seul survivant de la dynastie des Ommiacles


qui avait pu échappei' après de bien longs détours, au
massacre systématique de Ions les siens. Il aNail 2(1 ans,
nue hante stature, de énergie de raml)itu)n. une
I ,

remaripuible intelligence il était beau, malgré


; le stra-

bisme (pie les auteurs arabes ont signalé. 11 erra eiiu] ans
en Harbarie. Il saisit ti'('S \ili' les avantages du iliiimp
d'action (pTolfrait à un homme tel ipu' lui Andalousie 1

dixiséi'. 11 envo\a sou serviteur lu-dr aux chefs s\ rii-ns


(pu la plupart a\aienl étc' déxonés aux )innii;i(le>. In'dr (

les trouva bien disposes. 11 ii'lonrn;i au|)rès de sou


maître (pi'il trouva faisant ses prières an bord de la mer.

MaNII;!. ll'AllI Ml SI I.MA.N. — 11. d


MAM I I. I> Mil Nirsl I M AN

Siili-- |)lii- ;il Ifiulic Al)(l CI- 1 {;iliiii;iii liiitiil;i -iirl;i l);ir(jiir

(illi le- iillicll,! -Iir l;i idic (•SJ);iL,Ml()lc en 7.").').


-('l)!!-!!!!)!'!'
( ",( lui comiiif lin ciicliiiiilciiiciil . Le- \ifii\ sci'ViU'urs
(les ( )iiuiii;i(li'S \ iniciil lin ;i|)|)(»rl< r Iciii- liiiiiiiiia<^es et se
raiiL^cr sous son |);i\ill<)ii. I/lii\cr i|iii -iii\iiil. rtii(l;iiil

loiiU' cainna^iu' iiiipor-siMc , |u'iiiiil a Alxl t'i-l'ialiiiian

(le l'ccriiliM' l'I dOr-^aiiist r -o Ironpcs. Au piiiilcmps rie

7.")(> la ciiiiina^iic comiiiciica. liccii ii\cc ciil li<)ii:-i;i~'iiu' à

Ar{'lii<l<)iia cl à Sr\illc. il iiiarclia sur (lordcjiic. ou il

enlra lri(nnj)halc'in('ul . I/aiiutH' iirlaii |)as rrouK'-c. <|u il

iHail de l'-spai^iic iiiu~uliii;iiic. I.a (l\u;i~lic (U-s


luailrc I

Oininiades de (Jordoue cUail loiidée pour A siècles.


Les Abbassides n'élaienl pas demeurés daus igno- 1

rance de ce qni se passail en l']spa<^nie. Leur général,


11)11 Mui;liil. débanpia un jour (TAfrique la province ;

de Héja vil a])paraîlre élendard noii' du klialifc. l-*en- I

danl '2 mois Ahd er-lvahman. cnrcriné dans (^arinona,


sonlinl le siège. Il prolila (rime miuiile de relàcliemenl.
et suivi de 700 braves se rua sur rcnncmi (piil mil en
déroute. Le cliei" abbasside eut la tête tranchée, et on la

confia à un pèlerin de la Mecque pour qu'il la portât au


Khalife de Bagdad.
Abd er-Hahman consolida son autorité. Tolède s'était
donné même se rangea de son côté. Son
à lui et le nord
pouvoir était l'onde sur la force aidée delà cruauté. Ceux

qui l'avaient si joyeusement accueilli sécarlaienl de lui.


Leur horreur des Abbassides les avait livrés à un maître
plus terrible encore. Ils complotaient au risque de leurs
têtes. Abd er-Rahman vivait dans une morne solitude, ne
sortant de son palais qu'entouré d'une forte garde de mer-
cenaires étrangers. Le portrait de cet ellVoyable tyran a
été brossé de main de maître par l'hislorieii arabe Il)n

Hayyan.
La mort d'un tyran ne devrait laisser place qu'à la

révolution et à l'anarchie. Commeiil accepter qu il ail

un successeur pour l'imiter peut-être? Kt pourtant


LES CIVILISATIONS MUSULMANES

il n'en fut pas ainsi : son despotisme avait-il hél)été son


peuple, ou pensait-il trouver dans son complète fils la

antithèse du père ? Le jeune Hischam en fut accueilli


788 avec des transports d'allégresse. Il avait 30 ans et
avait été d'ailleurs jusque-là le modèle de toutes les ver-
tus. Très bon et très charitable, il n'était cependant pas
sans fermeté. Prudent, il augmenta sa garde dont un
millier d'hommes montait nuit et jour la garde autour
du palais. Cordoue devint grâce à lui une ville sûre, et
agréable à habiter. Peut-être aurait-on pu lui rej)ro-
cher trop de sollicitude pour les Imans dont il aimait à
s'entourer. L'un d'eux, un docteur Jahva, élève d'un des
grands maîtres de Médine. avait même pris beaucoup
d'ascendant sur Ilischaui. 11 mourut en 79(i. en odeur de
sainteté.
Aussitôt tout changea, llnkani n'était pas irréligieux,
mais il était uai et il aimait la vie. Les docteurs en théo-
logie le prirent en horreur. Ils priaient publicpiemenl
pour sa conversion, et l'insultaient. Puis ils décidèrent
de le détrôner. Les nobles de Tolède payèrent les frais
de leur tentative infructueuse. Le peuple en conçut une
vive horreur pour le sultan, et surtout pour sa garde,
composée de nègres cruels. Kt un jour la foule conduite
par les étudiants se rua sur le palais. (]e lui simple.
Ilakam appela ses ofliciers, et envoya un gros de cava-
lerie mettre le feu aux (piartiers sud de la vdle. (Juaiul
la foule vit ses maisons eu llammes, elle se retourua pour

y porter secours. Prise par derrière par une charge des


troupes, elle fut écrasée dans les rues. Les faubom-gs
furent détruits. Plus de lo.OOd habilauls exilés. A un
des chefs religu'ux (h' la sé(li(u)U iimeiu- (le\aiil lui. el

(pii lui criait sa haine ;iii nom de Dieu, il lil celU' réponse
mémorable : « (iclui (jui U' commaïuK'. comme lu le yvè-
« tends, de me haïr, me commandi" de le |)ai(lomicr. \ ;i.
(i et vis sous protection de Dicii
la '. llakiim mciinil
en S2'2 avant réi-né "2() ans.
\l \M I I. Il \n\ MI si I.MAN

A II'/ rr lii/i/ihiii If IroiiMiil iiii i<»\iiiiiiic ;i|);ii>t''. (l;ii

cl 1)1111 (•()mj);i^iioii coiiiiiic son pcic . il ii;i\;iil |);i^ ^a


rcrim-li'. ( ICsl Itii (|iii lit de (loidoiic une (lc> iiicr-

vi'illt'S (In nioiidc. |Mtii\;inl iixaliscr a\t'c Uat^dad par >os


palais, ses jardins, >cs niosijuc'cs cl ses ])()iils. Il -«'(nlon-
railde poêles. (^)iialrc |)ersoiines enrenlsin- lui nnc ^Mande
inllncm-c un |)o(lc. nn liu-olo^icii, une reiniiu' cl nn esclave
:

nègre. Le |)lns iiilliicnl lui le llu'oloj^icn ^alii;i. (•(•lui (|ui


avail eond)allu ilakani. La reine rariih eL esclave Nasi- I

dirigeaieiil la polilupie. Le clianlenr Zyrial) ne voniail


qu il lut (pieslioii (pie i\('> choses de la pensée et du goût,
(rélaiL 1111 Persan, élève du lameux Isaae le mosdile.
poêle musicien de lîagdad. Longtemps attaché à Hariin
ei'-Uaschid, du jour où il dépassa son maître en perfec-
tion artisli(pie, dut choisir en! re le haniiissemmenl (ni
il

la mort. 11 vint en l']spagne Ahd er-lîahman ne j^onvait ;

s'en passer, c'était à sa cour l'arbitre des élégances.


Makkari a donné loiiL au long ses méthodes d'enseigne-
ment, cpie M. Dozy a depuis discutées.
Après ce règne brillant mais un peu vain, ll-^spagne
connut des jours troublés. Aussi l'avènement (VAJjdcr-
RahniHn III k 21 ans, lui accueilli avec joie en 912. Sa
grâce el son esprit l'avaient rendu très populaire. Il

aflirma de suite avec fermeté cpril ne tolérerait pas de


désobéissance, el (pie loul devait rentrer dans Tordre.
Tout le monde y avail le plus immédiat intérêt. Très
ferme avec les vieux arabes, indulgent aux chrétiens,
juste et bon avec tout le monde, en IS ans il avait refait
l'unité de son Empire. Il gouverna en tenant le pouvoir
dans ses seules mains, en en déléguant des parcelles à
des officiers qui lui devaient tout, en évinçant la vieille
aristocratie arabe, et en donnant les hautes charges à des
parvenus. Pour soutenir le pouvoir central, nne forte
armée, el surtout une garde du Corps très choisie com-
posée de Slaves, de Francs, de Galiciens et de Lom-
bards. Les Grecs ou les Vénitiens les lui amenaient tout
LES CIVILISATIONS MLSULMANE^

enfants.Le snllan les élevait à la musulmane. Assez sem-


blable au Corps des Mammluks, cette garde acquit une
influence égale. Les officiers j)rofitèreni plus lard de la

décadence du pouvoir central pour fonder des dynasties


indépendantes, et amener la chute de la puissance arabe
en Espagne.
Abd er-Rahman III eut h compter avec un nouvel
adversaire dont la ])uissance grandissait, la dynastie
Fatimite d'Afrique. Tous les efforts, toutes les dépenses
tendirent à constituer une flotte qui piil lui disputer la
souveraineté de la Méditerranée.
Au nord, le vieil ennemi héréditaire, reprenait force
et courage. Ce fut pour les troupes arabes une succes-
sion de succès et de revers alternés. Si les chrétiens
avaient pu pousser vivement leurs avantages, l'histoire
d'Espagne pouvait être changée. Abd er-Uaiiman mourut
en 91) à l'âge de 70 ans, ayant régné près de 50 ans sans
I

avoir connu, disait-il, au cours de sa vie, [)lus de li


jours sans souci.
Il faut lire ce que les historiens arabes disent de (iOriloue
surtout Makkari. De grand Khalife, aucune cité
fait, sous le

d'Europe, sauf Byzance, n'aurait pu lui être c()mj)arée


pour la beauté de ses monuments, le luxe et le rafline-
ment de sa vie, etla culture de ses habilauls. Il faul pi-u-
ser ce qu'était alors le reste de l'Europe, où les habi-
tants vivaient dans des maisons de i)ois, où les langues
étaient à peine formées, les connaissances l'apanage di'
(piehpies moines. Seuls des pays comme l'Italie et Cons-
tantinople avaient conservé (piehpies traces de civilisation.
A CiOrdoue les rives du lleme étaient bordées de maisons
de marbre, de moscpu-es, de j;.rdius où h's ai'bri's el les
|)laules les [)lus rares étaient culliNfs. Et |>arlout ci" sys-
tème d'irrigalion (pi'on n a jamais égalé. L'eau était
ameiUH' des nioiilagucs poiii' eut ri'tciui' la Irairlu'iii'

de ces jardins, dans des bassins cl oi' cl d argciil.


Les historiens parlent di's palais du siillaii cl de leurs
Ail I Ml -II. M W

s|)lcii(li(lcs |)()ilc^ (|iii (»ii\ liiiciil >iir les j;ir(liii> de l:i

ri\i('r(', cl >iii' l;i l;i;iii(I(' iii(>s(|ii(''c ou le --iill;iii ;ill;iil

à la pi'icTi' If \cii(li('(li sous un j)alaiH|uin coiinciI des


plus riches ta|)is. Lo |)alais axaiciit des coIouik'S de
niaihi'c. cl des Nohhulcs |)a\(''S de iiio-aï(|ues. I.e dua-
(lal(|Mi\ir élail le délice des maisons, car les ()rienlaii\
n ainieiil rien lanl vue d nn couis (Tean.
(|ue d avoii- la
Un nol)U' noni le Irancliissad <|ui prouNail le lalcnl des
ingénieurs. La cilé eoniprenail plus de ."id.llOO maisons
de nobles et de lonclionnaires, plus de 70(1 mosquées, IHM)
bains publics.
Encore plus sui-prenanls sinon plus Ijeaux, étaieni la
cilé cL le palais de Medinel K/.-Zahra. (pi'Abd er-lîali-
man III avait conslruil près de ('ordone. C'avait été le

désir (rune de ses lemmes (pTon lui donnai son nom II

y consentit. Il v dépensait cliacpie année un tiers de ses


revenus et cela dura 2.') ans de son règne, et 15 de celui
de son lils continua. 10.000 ouvriers y peinaient
qui le

el (i.OOO blocs de pierre furent taillés pour les maisons

de la ville, 4.000 colonnes v furent employées, présents


de l'empereur de Constantinople, ou arrachées aux monu-
ments antiques de Home, de Ciarthage, de Sfax. (h\ y
comptait 15.000 portes. La salle des khalifes avait un pla-
fond et des murs de marbre et d'or el il y avait une ;

merveilleuse fontaine sculptée qui avail été un présent de


l'empereur grec. Au milieu était un bassin de mercure,
à chaque extrémité 8 portes d'ébène et d'ivoire ornées de
pierres précieuses quand le soleil y pénétrait, c'était un
;

tel éclat que les yeux éblouis pouvaient à peine le sup-

porlei-. Les auteurs arabes l'ont décrite à l'envi cette Medi-


nel ez-Zarah, comme elle fui appelée après la mort de la
Zarah du harem royal.
Cordoue était aussi le centre de la haute culture. Les
étudiants y venaient de toute lEnrope. Chaque branche
de la science y était robjet d'études sérieuses, et la
médecine y fut pratiquée de telle sorte que des décou-
LES CIVILISATIONS MUSULMANES

vertes y furent faites en médecine et en chirurgie plus


importantes que toutes celles accomplies depuis (iallien.
Abul-Kasim Kalaf, au xi*^ siècle, y fit des opérations que
ne désavoueraient pas n^ modernes chirurgiens. Avenzoar
a laissé le souvenir d'un homme dune surprenante habi-
leté. Ibn Beylar, le botaniste, voyagea à travers tout
rOrientà la recherche d'herbes médicinales sur lesquelles
il a laissé un traité remarquable, et Averroès fut comme

philosophe le lien entre les Kcoles de l'ancienne Grèce et


celles des temps modernes. L'astronomie, la géographie,
la chimie, 1 histoire naturelle y étaient étudiées avec fer-
veur, et pour la poésie à aucune épcxpie elle ne lut l'objel
d'une préoccupation aussi universelle. Dans toutes les
classes de la société, des poètes composaient des pièces
de vers, qui furent les modèles des ballades et des canzo-
nettes de FKspagne, de la Provence et de Tltalie.
Nous verrons ailleurs en détail ce (pie furent les arts
à cetteépoque de floraison merveilleuse.
Les successeurs dWbd er-Hahman 111 uv surent rien
ajoutera sa gloire. Iluhem II. pur arlisit'. (pu l'inoyjut
des voyageurs chercher pour lui des manuscrits rares à
Damas, au Caire, à Bagdad, vécut retiré dans sa laineuse
bibliothèque. Les femmes de son hareui v\ les ofliciers du
palais prenaient une autorité que jamais Abd ti-l\ahuian
n'aurait tolérée. L'un de ces ofliciers Ibu .\i)()U Ami/,
favori de la sultane Aurore, sut par sa courtoisie et sa
générosité s'attacher toutes les sympatiiic-s. 1 )"luinruses
victoires sur les (Chrétiens dont il sallribiiii peut-être
injustement tout le mérite augnu'nli'ri'nt ciicort' sa po|)u-
laiité. Devenu dv (^ordoue, |)uis pn-uiirr niiui>li'e,
|)rélcl

sous le nom d'Aliuanzor, il cxcrcail en n'aille K' pouxoir


absolu, le jeune Khalife lliseliaui II elaul lucapabh-
d'un acte de Noioulé. A la mos(pu''e. les pi leres étau'ul
ditesau nom d Alinau/.or. Les moiiiiau's poilauMil son elli-
gie. Il avait des robes tissées d or avec sou ucuu biode.
comme seuls les Khalifes avaii'iil riiabilude d'i'U porti-r.
MAM i;r, I) AH I Ml SII.MAN

i >lcil ([Ile (Icnoii l\ Il (le ^( •III 1)1 lies cl t rc> cilH'l . A I llliill/.ol'

imu'iKi I .\ii(l;il()ii>ic il un dcmi'i' (le l;I<)I1''' "'I «1«" |)ri)-|)('iilt''

Ici (jii l'Ile 1 ;i\;iil coiiiiii ,i\('c Alxl cr-l \;iliiii;iii .

De sa iiiori siirNCiiiic à Mcdiiiiicdli t-ii 1(102. :iii icloiir

(rime expc'dilioii coiilre fin do Ic^ clHH'licns. dalc l;i

la dynastie' OininiadeAndalousie. I>es Klialiles se


en
sut'C'èdenl au ^ré des lanlaisies de la popidaei* et des
lueurti'es. La ^arde slave avad été i('in|)lae('-e par (\i'>
lierhéres sauvages (jui iiépari^iiaieiit neii. Mediiiel e'/-
Zarah fut envahie par eux. pillée el iueeudiée en Kl KL
De tant de niei'veilles il ne resta rien.
(]e lut alors que TEspagne musulmane se subdivisa
en royaumes indépendants. Au début du xr siècle, on
pouvait compter une vingtaine de principautés musul-
manes. (^)uel(pu's-unes eurent de bons princes, d'autres de
sanguinaires tyrans, mais même ces derniers cultivaient
les lettres et les arts et accueillaient à leurs cours les
poètes et musiciens. Motcmid de Se ville entre autres
les

fut un prince d'un goût extrêmement raffiné, bien qu'il


conservât un parteire de têtes coupées enlevées des
épaules de ses ennemis.
C est à ce moment (pie les chrétiens, ceux des Astu-
ries, (le de Castille. réunis par Alphonse VI
Léon et
sous son autorité, devenaient pour les princes musulmans
un danger de plus en plus menaçant. Désespérant de
refaire l'union, ces derniers appelèrent à leur aide 1 étran-
ger. L'ne secte de fanatiques, les Almoi\iri(Ie.s\ comme les

appelaient Espagnols, venaient à la faveur d'une


les
révolution de conquérir le nord de l'Afrique depuis
Alger jus([u'aii Sénégal. L'un de leurs princes, 'ï usuf. fils
deTaschfin, débarqua à Algésiras et culbuta Alphonse ^ I
près de Badajoz en 1086. Puis laissant un corps d'occu-
pation de 3.000 hommes,
il retourna en Afrique.

Il en 1090. Aucune ville sauf Tolède ne


fut rappelé
sut lui résister. Valence même, malgré la défense héroïque
du Cid, se rendait en 1102 après la mort du héros. Toute
LES CIVIUSATIO.NS MLSLLMANKS

1Ksj)agne musulmane était devenue nne province du


grand empii'e africain des Almoravides. Mais très vile ces
rudes conquérants, au contact de la noble civilisation
andalouse, se modifièrent et perdirent toute énergie et
tout courage. Ce qu'une soldatesque lâche et
n'était plus
débauchée, qui bien loin de maintenir l'ordre le troublait.
Ils étaient incapables de résister aux (Castillans qui
reprenaient maintenant des avantages. Il était temps
quiine nouvelle dynastie africaine, celle des Alinohndes^
supplantât les .\lmoravides en Afrique et en Espagne.
En 1145 et 1 iU, ils avaient rétabli leur autorité sur tonte
1

l'Espagne tlu Sud. sur Séville, Malaga et Cordoue. Mais


x\bd-el-Mumin. le sultan Almohade, gouvernait de loin :

et c était sa faiblesse. Après de belles victoires, il con-


nut les revers. En 1212 les troupes de l'Almohade étaient
anéanties à las Navas. L'Andalousie allait lui échapper.
Un rovaume musulman, le derniei' que les Arabes
aient organisé eu l"]s[)ague. eut encore (piehjues années
de rayonnant éclat. Ce fut celui que Ijcni Xasr venait
d'organiser à Grenade.
Dans une région limitrophe du Maroc, la ville fameuse
de Tlemceu, d'abord urnhe quand Okba a sa première
migration vers l'ouest y était venu fonder la ville d".\.ga-
dii'. dcviul marocaine ([uaud rlK- fui prisi' eu T'.KI par Idris

et soumise dès lors aux sultans .VlmoraN ulcs et Almnhades.


Elle demeura leur vassale juscpiau jour où ^armoraseu
en Ht la ca|)ilale d'un roxaunie iu(li''|)eu(laul. celui des
Abd el-\\ adites, glorieux sous les règnes île ^ai-morasen et
d'Abou Tachliu, grands l)àtisseurs de beaux monument^.
Ils ne purent sauver le petit royaume des uouM'lle-
alla([ues des Mai'oeaius. el une uouvelK' l'aunlle. K-s
Meriuides. s'emparèrent de rii'mceu eu li>.">7, et peiulaut
2o ans la c()U\rireul di' ses plus beaux mouunu'uts. ceux
(K' Mausounali.

Iji i:>."i*.t iiu desceiulanl des .Vbd i'l-\\'adiles, AIkui


Ilaïuuiou .Mousa II. réussissait ii reprendre Tlenu-i-u aux
MAM'i:l. Il Mil MIM I.MW

.Mcriiii(l('s, cl loiKhiil l;i (I \ ii;i-l (( (les /ciyiiliMltv-. <jiii(liii';i

20(1 ;iiis Jiis<|ii ;i I ;iiii\r(' des Turcs.

Il I I'. I.MXiliA l'I! I r.

Amami. /,,'i S/orl.i (Ici Miisiihu.ini d Africu. f vol., l'Ioiciicc, 18!» t-l Hfj'l.

l^i;i).n;T-.Mi;.\KiN, The Lninl <,l Ihr Mnnrs. 2 \n\.. l..,ii(lics. i'.tOl.

CAUDONNii, Histoire lie l' .\/'fi'/iic et 'Ir /' /Jnii;i(/iii- smis h's Moiis d'apn'-s
des nianuscrils aral)es, \<>\.. l'iiiis, ITiiil.
'A

CoNDE, Storia de Indomiiiurioit de los Arahcs en Ksjinnn. vol., Madrid, '.\

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Amari, 1845.
V

LA PERSE MlJSri.MANE

L'an X^' de l'iiégire, Obeïd Allah Ihn Olbath, général


du Khalife Omar, vainqueur du dei-nier des Sassanides
Yesdeguerd, petit-fils de Khosroès II imposait à la Perse
la domination arabe. Dès lors la Perse devenait une pro-
vince du Khalifat comme l'Egypte. Pendant deux siècles,
les gouverneurs cherchèrent à s'y rendre indépen-
dants.
En 2()o de riiégire (820) Taher, émir du Khorassan
y
était parvenu, et sa maison s'y mainlinl juscpiau jour
où un certain Yakoub Ibn Leis, un fondeiir de cuivre
(Saffar) au service de l'émir du Servistan, s'empara par
surprise de Taher et le livra au khalile Mollawakel.
En récompense, Yakoub devenail gouverneur en 2o7 <S7l)
de toutes les provinces du Khorassan, de (Caboul, (hi
Ears et de Halk son lils Amrou en rece\ail iinveslilurt',
;

et de ce jour la Pei'se était à jamais séparée du khalifal.


La dynastie des SnIl'iU'ides vlnil l'ondée an Khorassan, cl
cette civilisation assez mal connue dnl parlieiprr (h' ctllc
de Bagdad.
Mais Amrou élail di'Ncnu pour le KhalilV' un objel de
crainte constanle, si bien cpi'il lit en soi'le de lui opposi'r
un homme de guerre, (pu axait clabli sa doniinalKtii en
Ti-ansoMane près de r()\ns, et lait di' lîokkarasa eapi-
tale.

Sur rinvitation du khalife, Uinaïl Saiiiana marcha


contre Amrou. et anéantit sa piiissaïut- . Aiiiroii fut

tué.
I.X M \M M h \ll I Ml >l I.M.W

(.(•Ile lioiixcllc (hliJisIlc (les ,S'//////////'/r.v dcxiiit liu-s \ltc


riclic cl |)iiiss;iiil('. l'.llc ;i\;iil ;iiiii(\('' le Klioi'jissaii ;iii\

j»i'()\ iii('c> (l;iii (lcl;i (Ir lOxii-- cl sCU'IkIjiiI )iis(ju Cm


(iliiiic. \ ;tiiil)(i\' (l;ins son lii^loirc de i>okkar;i a narré
leur ('•lonnanic loil une.
l'.llc (liiiaan jour on un noiiNcan \cini. coninic
|iis(|ii

gonvc'i'iicnr à la conr des Sanianidcs. snl > \ faire uni-


telle sihialion (|ii d se rendait independaiil dans son
gouvc'i'iieinenl de Ddein et y fondai! j)oni' son lils Hnva.

en 1)33, la dynasiie dc^ Jhi vicies (\\\\ devait, pendant nn


siècle (127 ans), exercer un sévère eoidrôle sur la ville de
Bai^dad, et donunei' les Kiialiles.
An milieu de la garde mercenaire lur({ue dont les
Khahles avaient aimé à s'entourer, il v avait toujours âv^
anihilions impatientes. Parmi ces Condottieri turcs un
certain Alptagiii vint en 902 sVdahlii' à (ihazni dans les
montagnes afghanes. Le royaume Samaiiide ne devait pas
tarder à devenir leur proie, comme 1 Inde si convoitée
dont ils tentèrent les prenuers 1 imasion |)ai' le iiord-
ouesl.
Mais du Nord, oîi les pâturages vinrent à leur man-
quer, des bandes nomades d'origine turcpie de la famille
d'un certain Seldjouk du Turkestan, marchèrent vers
le Sud, vers ces fertiles qu'avoisinait lOxus.
plaines
Elles atteignirent Bokkara et Samarkand, et finalement
obtinrent la liberté de venir dans le Khorassan, où les
Ghaznévides ne tardèrent pas à regretter de les y avoir
tolérées. En 104(1, ces bandes seldjoucides en étaient
maîtresses; en 1051 elles prenaient Ispahan aux Buvides,
et en 1055 leur chef Togrul Beg s'emparait de Bagdad.
Mais la dynastie seldjoiicide du Khorassan et delà Perse,
puissante au xi*^ et au xii*^ siècle, eut ensuite une période
déclinante, sous l'autorité des attabeks Solghour.
C'est alors qu'un homme. Djengis Khan, né vers l lOi.
dans les régions lointaines et inconnues de la Mongolie,
voisines de la Grande Muraille de Chine, où son père était
LES CIVILISATKINS MISULMANES

gouverneur, devint très vite un des plus puissants Khans


de la région. Vers 1210 il envahissait la Chine et s'empa-
rait de Pékin, puis gagnant progressivement du terrain
vers Touest, il entamait l'empire des Seldjouks, prenait
Bokkara et Samarkand, réduisait la Perse et étendait sa
domination juscprau Golfe Persique en 122(1. Il mourait
en 1227 ayant amené par ses guerres et ses massacres la
mort de cinq à six millions d hommes '.
Ses fils et successeurs étendirent encore son empire
jusqu'à la Russie et aux limites de l'Aile magne et de la
Pologne son petit-fils Ilulaghou, s'emparantde Bagdad,
;

y tuait le khalife Motasim, et se faisait reconnaître pre-


mier sultan de Perse. Sa dynastie, celle des ///.// //.v devait
y durer 150 ans, traversés de bien des luttes et des
troubles amenés par les résistances des Mozzaférides.
Une nouvelle invasion mongole, menée à la lin du xiv"
siècle parTimour Lenk, ruina Sullanieh de fond en comble,
dévasta Téhéran en DWT, oîi s'élevèrent des jnramides
de têtes tranchées.
ïimour durement et férocement était parvenu à ressai-
sir tout l'empire persan dans sa main, mais ses successeurs
le perdirent de nouveau. Les rébellions le ri'(li\ isèrcnt
entre les chefs tartares et Kurdes Jelayu-s ou rurct)mans
du mouton blanc ou noir) dont les luttes occupèrent tout
le xV' siècle. Leurs capitah^s furent Tebri/ et Kaswin, et

leur domination s'étendit jusqu'à l'Kuphrale.


Ce fut le Sefévi Shah Isniaïl, fondateur de la dynastie
Suli ou des Sefévis en 178, ([ui réduisit toutes ces ju'in-
I

cipautés (pii s'étaient partagé la Perse a|)rès les Mongols,


et (pii rclil lunili'-. \a' momcul \c |)lus brillaul de ct-tlr
dynastie fut le l'ègne de son 5'' sou\c'iain Shab Aiibas 1' '

(pii corresj)on(l à ce (pu* fut en h'ranee le règne <\c


Louis xn'.

I. 1,1' cdiillil l'iilif Turcs cl Mongols ilaiis l'A-^ic l'ciihalc ;i cic iii.i^isl imI<

ment cludii' |i.ii- M. ('..ilniii. (If. l?il)li()j;i-,i|)liii'.


MAMl I. Il Ain MISI I.M W

['. I i!i.if)(.i(.\i'ii II-:

CiiAninN, Vf>i/,'ii/cs en l'crsr. NoiiNclIt' l'diluMi |);ir I.;iii;^lrs. l'.iiis, 1841.


(!\Mi N, Inlriiihiclioii :i l'Iiisloiri' (Je l'Asip. Paris, lOO-i-.

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BEUfiKiiON, Voj/niji's f;iil)< j)i-iiti-ij):ileini-nl i>it Asie aux A7/". XIll", XI V"
et XV" siècles.
VI

LES TURCS ET LES MONGOLS

Un concours heureux de circonstances amena la race


turque, à Taube du par la libre expansion de
xvi*^ siècle,

son andjition tenace, à ce degré de puissance (jui 1 avait


faite maîtresse de Gonstantinople, de l'Asie-Mineure, de
la Perse et de l'Egypte.
Pour trouver l'origine des Turcs Ottomans, il faut
chercher très loin en arrière. Dans l'histoire reculée de
l'Asie centrale et orientale, tout est conjecture. Mais un
fait certain, c'est que pai'uii les nomades qui parcouraient
les plaines de Soungarie el du Désert de (iobi, et qui de
temps en temps déferlaient en vagues dévastatrices vers
les rives de l'Asie occidentale, il y eut deux races qui
alternativement jouèrent un grand rôle les Mongols et :

les Turcs.
Les Mongols apparurent la première fois aux premiers
siècles de l'ère chrétienne sous le nom de Iliong Xu,
dominateurs des Nomades, sous la dynastie chinoise des
Hang. et tenant phis |);n'licnlièremenl sous leur suzerai-
neté les deux grandes branches de la race tuitjue : U-s

Uighurs et les Turcs proprement dits.


Les Uighurs secouèrentle joug mongol, s'alVraiuliiri'ut,
el sous les noms de Yueh U.hi ou Iluns lîlancs, Ixndi--
versèrent TKmpire grec (h* lîactriane el fondèrenl un
l^mpire avec linllih pour capitale, dont ri']inpire sassa-
nide ne fui (jue la conlinuiilit)!). cl cpii d un Jintre ccMé
exerça une plus grande iniluence (piOn ne croit générale-
ment sur les destinées du inonde hindou. La |)uissance
w

MAM I r. I> Ain Ml v| l.M

(les |)l'cllllcl> Moll^nls lui hnsc'C piir les (liillioi-^. 1)111-. se


rccoiisl ilii;i sous les ./o//,7//-./o//,7// i|iii riiicul iiiaiho des
slc|)|»c'S |iiS(|u ;i la \ ol^a.
Au (Irl)iil (lu \
!' sirclc. la seconde hrauelie de la lace
lurijue, se dresse |)ouila |)reinieic lois cou! re r-es niaili'i'S

mongols, el lail |)oui' la |)i'euiiei'e lois >un a|)|)ai'il ion


dans riiisioii'e. I*eu a |>eu, de siieees en siieees. i\>

liiiiasiMil par fonder un IJupire «pu si'-lendil de la niiiiadle


de ('dune aux (^arpatlies el loiuliail au sud a Indus. I

Puis des dynasties se séparaient de la lainille coinniune.


l'ondaienL un royaume à (iliazni. el un autre dans le
Kliorassan (jui allait être le berceau du hrillaiil Ijupire
des Stddjuks.
Nous avons vu par (juelles lentes et patieiiles menées,
s'introduisant à la cour des Khalifes arabes, ils avaient
capté leur confiance, el d'esclaves ayant formé une aris-
tocratie militaire, avaient fini ])ar devenir sultans eux-
mêmes.
Mais les Seldjuks et leurs vassaux les Shahs de Khuwa-
reyzm reçurent un coup imprévu (pii ruina leurs ambi-
tions. Ce fut l'invasion des Monn'ols de Djengis Khan,
ébranlant juscpien ses fondements le Khalifat et TEmpire
des Seldjuks. Les armées mongoles envahirent même
l'Europe, et sans la valeur des rois allemands, la civilisa-
tion occidentale aurait pu courir les plus graves dangers.
Les Turcs cependant demeurèrent maîtres de Asie 1

occidentale, puis refluèrent un peu vers le Sud. (^)uelques-


uns d'entre eux eurent une part imjîorlante dans his- 1

toire de la Syrie et de la Perse aux xn*^ et xv*^ siècles,


sous les noms de Turcomans du mouton blanc et noir.
D'autres entrèrent au sud en contact avec les Sultans
mamluks d'Egypte (qui d'ailleurs étaient de même race
qu'eux). Repoussés d'Egypte, ils vinrent se heurter aux
Seldjuks d'Asie Mineure (qui eux encore étaient de même
sang). Enfin l'une de ces tribus turques maltraitée par le

choc des Mongols, se trouva rejetée en Analolie, où elle


LES CIVIIJSATK>NS MUSLLMAXES

retrouvait encore des frères Cette tribu était celle d'Er-


toghrul, qui devint plus tard fameuse, sous le nom d'Ot-
tomans. Il était réservé aux Turcs, d'être les maîtres de
tout le bassin de la Méditerranée. Ils v étaient avant les
Mongols. Ils y sont encore.

Le xiii*^ siècle était déjà à moitié écoulé quand Kaï


Kubad, Sultan seldjoucide d'Iconium /Koniehi, fut un
jour en contact avec une armée mongole près dAngorfi.
Les Mongols avaient pris l'avantage, quand un parti de
cavaliers inconnus vint changer la face des choses en
chargeant en arrière de leurs lignes. La victoire, grâce
à eux, resta aux Seldjoucides. Les cavaliers ainsi venus à
la rescousse ne connaissaient pas ceux qu'ils avaient
secourus. A leur tête était cet Ertoghrul, de la famille
turque des Oghuz, que les Mongols avaient refoulés de
leurs plaines du Khorassan, puis dispersés ils avaient ;

marché sous sa conduite vers l'Euphrate, puis vers les


régions plus pacifiques de l'Anatolie, quand ils se heur-
tèrent aux combattants d'Angora. Avec l'amour du nomade
pour le coml)at, Ertoghrul jeta ses 40tl cavaliers dans la
mêlée, et la charge traversa les rangs mongols pris à
revers. Il ne pensait guère que par cet acte chevaleresque,
il avait jeté le premier fondement d un Empire glorieux

pour trois siècles.


Le Sultan Seldjouk, reconnaissant envers ces alliés
inattendus qui peu de temps après allaient lui apporlei-
encore une aide si ellicace contre ime armée iinie de
Grecs et de Mongols dans la passe dl^rmi'ni. leur a\ail
d'abord donué la cité de Su/,u/ (la Thebasion des (irecs,,
puis ensuite le district d Eskisheir (la Dorylée des
Anciens) cjui prit le noui de Sullanoni Sultaniehi
« l'avant-garde du roi, le front du roi ».

A Sukul, en 12.')(S, nacpiit (Mhman, lils dl'irlogluul.


dontles descendants prirenl le nom de Osmans, (>sni;in/i\
(Ottomans). De longues années de paix |)ermirenl a
Ertoghrul et à Othuian de forlilii'i' le l'Iau (|ni s'élail
MaNUKI, I>'.\in- MISII.MAN. — 11. t'
i,\\ I M am:i;i, d aiii \ii sii.man

(l(''V('l()|)[)('' (liiiis l;i [)i-()Viii{-c «)iiiiiisc ;i Inir miiIoi'iU', ;i

IjKjiicllc k- siilliiii Scidjiik ;i\;iil Jijoiih'- en 1 2-S'.) K;iraja


Ilisar (Melanj^c'ia . Le j)i(inicr soin d ( )lliiiian (|iian(i en
l:^(S(S, à la inorl (riù'Lo'diiiil, il dcviiil clicT du cl.in. lui

(le i)àlir à l'.sl,islicii\ uiu- iii()S(|iir't'. fl d l'Iahlii- une


homic adiiiiiiislialioii cl un slncl iilii<l de I I>laiii. Mais
Ijic'iil.ôl les iV'c'Oiidi'S occii|)ali()iis de la paix le lasseront:
la guerre l'allii'a de nouveau. Il lédiiisail un à un les
eliel's indépendants (|ui Tenlouraienl, prenait les loris
avancés des Grecs, et en j)eu de temps il était en vue
des riches cités grecques de Brousse et de Nicée. La
domination des Turcs s'étendait maintenant jusfjn'à
Yt'utscltcir où ils Iransportèrenl leur capitale.
Une nouvelle impnlsion allait être donnée à leurs
ambitions avec la lin du xiii'^' siècle qui vit la chute de la
Dynastie SelcIJu/, Dix états différents dont était Sii//;i-
.

iiyeh allaient snccéder à l'Empire des Seldjuks ainsi


,

divisé. Ils étaient tons destinés à faire partie de la maison


d'Othman, mais cela ne devait arriver que bien des
années a])rès la mort de son fondateur. Le plus puissant
prince de ces divers Klats était celui de Karamanie. mais
il élait trop redoutable pour que les Turcs pensassent
tout d'abord à se mesurer avec lui. La faiblesse de l'Em-
pire d'Orient en faisait pour eux une proie plus facile.
Otliman en peu de temps s'était emparé de plusieurs de
leurs forteresses, avant que les Grecs aient pu lui résis-
ter ou l'attaquer. Il rencontra leur première armée à
B.'iphœum la mit en déroute, et elle n eut que le temps
,

de se réfuofier derrière les murailles de Nicée. La ville


tomba entre ses mains. Il vint meltre le siège devant
Brousse. La tactique turque était toujours d'établir de
fortes positions autour de la ville assiégée, de ravager
les champs, de capturer les esclaves, d'interrompre les
communications, d'établir en un mot un blocus assez
étroit pour affamer les assiégés, et sans combat l'amener
à se rendre. Comme Nicée, Brousse capitula en 1326.
LES CIVILISATIONS MUSILMANES

Orkhan, fils d'Othman, qui commandait Tarmée,


planta l'étendard turc sur la ville, et revint à Sukut
annoncer nouvelle à son père. Le vieillard put mourir
la

satisfait à soixante-dix ans après vingt-six années de


règne heureux. Il demanda à être enseveli à Brousse, sa
nouvelle capitale. Le sabre d'Othman est encore conservé
à Constantinople, où chaque sultan le porte à son cou-
ronnement. Les Turcs l'ont toujours traditionnellement
considéré comme leur premier sultan.
La prise de Nicomédie, de Pergame, amena la paix.
Elle dura vingt ans, et la puissance turque put ainsi se
recueillir, se fortitierpour les luttes futures. Orkhan ne
fut guère tenté tout tkabord de s'adjoindre les petits
états qui l'entouraient, d'abord parce qu'ils étaient
pauvres, puis parce qu'ils étaient de sa race. Bien plus
tentants étaient les débris de l'Empire grec, et cette
Byzance dont il pouvait apercevoir les coupoles des rives
opposées du Bosphore. Déjà il avait acquis une grande
autorité morale près des Grecs d'Asie, qui le trouvaient
meiUeur que leur souverain et se trouvaient mieux pro-
tégés par lui.
Son lils Suleyman Paclui, passa le Bosphore avec
quatre-vingts compagnons résolus, et surprit le fort de
Tzimpe; trois jours après 3.000 Turcs l'occupaient.
Mourad L''" qui en 1359 recueillait la succession de
son père Orkhan devait porter jusqu'au Danube le suc-
cès de ses armes. Mourad reuira eu Asie en triompha-
teur, et y maria son fds Bajazet avec la fille du prince
de Kermiyan d'un des dix étals, débris de l'empire seld-
joucide. Il y eut alors en 1375 à Brousse une fête mer-
veilleuse, dont les chronicpieurs nous oui laissé le récit,
où les princes d'Aïdin, de Mentesha. de Karaman avaient
envoyé de brillaules aud)assades. Dix ans après. rcnq)irc'
euhcr des Seldjuks élail lurc. Di-vaul une nouvelh' coali-
tion des petils étals des Balkans, Mourad dut repri'udre
la canq)agne, mais il fut tué sur le chanq) de bataille
M.\Mi:l. Il Alt T MIM I.MAN

(le kossoNo (Ml IMS'.I, lue |);ir siiipnx- |);ir le Stilx-


Mllocli I\ol)ilo\ icli. I,c (•(irj)> (le MoillMil lui i;iliic|i(- |);ii'

I};ij:i/.c'l ;i iJioiissc cl iiiiiiiiiic (l;lll^llll ^plciididc iikiiisoU-c


;"i I oiicsl (le lii \ illc. Sur son loiiihciiii liirciil (léiiosés son
vriciiu'iil (le >;iU'rrc cl son l)onii(l.
Sur le clninii) <lc l);il;iillc de I\os-o\o, l);i|;i/cl ;i\;ill v\r
sahu' snihin j);ti' ses soldais. Il dni se relonrnci- hienlol
C(Milie une vraie croisade on les Ilcjui^^rois el \c l^ipe
axaieiil eiil raine les Iraneais. (]e lui à Nicoj)olis une
Lnerie où les Turcs \\v lireiil pas de quarlier l.'i'.).')i '.

De telles vieloires, niènie chèrcinent payées, aiij^ineii-

lèrenl encore rorgneil de Hajazel. ne rèvail j)his (jue Il

de nioiiLer sur Tautel de SainI -Pierre de Rome. L'empe-


reur grec clail devenu son vassal, el avait été obligé de
consentir à la ('onslrnction (F une mosquée ;) Conslanti-
nople, à hupielle élail adjoinl un collège où un juge ou
cadi l'cndait la loi de Mahomet, dans un quartier s|)éeial
de la métropole grecque. Puis vint à Hajazet lanihilion
de posséder Conslaniinople toute entière six ans de :

siège allaient en avoir raison quand le |H''ril Tut détourné


par l'apparition de Timourle Tartare. célèbre dans lliis-
toire sous le nom de Tamerlan.
Il était de race turque, né à Samarkand en l3o'>.
C'était donc un vieil homme de soixante-dix ans cpiand il
vint heurter Bajazet. Ses longues années avaient été
employées à établir son autorité sur l'immense empire
qu'il avait recueilli de Djengis Khan, après la mort de ce
slupide conquérant. Il n'était qu'un petit chef parmi les
autres, mais il se fraya sa voie, et devint gouverneur de
Samarkand et de la province de Transoxiane (nord de
rOxns). Pendant trente ans, il grandit, promenant ses
armées victorieuses de Delhi à Damas, de la mer d Aral
au golfe Persiqne. Kn bon musulman, il avait laissé
Bajazet trampiille, parce qu'il admirait les coups (juil
portait aux chrétiens.
1. V. Froissait.
LES CIVILISATIONS MLSLLMANES

Mais quand deux grands empires ont progressé ainsi


parallèlement, quand ils ont détruit quantité de petites
puissances, ces princes dépossédés vont demander asile
au rival, et chacun excite sa jalousie, dans l'espoir de
pêcher en eau trouble. Au retour de plusieurs de ses
ambassades, vis-à-vis desquelles les Turcs avaient été
arrogants, Timour avança sur Siwas Sebaste), en Cappa- i

doce, et passa ses défenseurs par les armes.


Bajazet abandonna le siège de Gonstantinople. plein
de fureur, courut à TAsie, mais Timour ne Tavait pas
attendu, et était redescendu vers le Sud contre les Mam-
luks d'Kgyple. Ce fui en 1102 que les deux armées se
rencontrèrent à Angora. Timour avait empoisonné les
sources. Les Turcs désespérés marchèrent contre un
ennemi supérieur en force. Bajazet et un de ses fds
furent faits prisonniers. II fut traîné à la suite du vain-
queur, enfermé, a-t-on dii, dans une cage de fer. Ainsi
dans les plaines d'Angora, où les Turcs avaient jadis
posé les premiers fondements de leur empire, ils le j)er-
daient. Nicée, Brousse, devenaient la proie de Timour
qui survécut deux ans à sa victoire (1404).
Au moment oîi on pouvait croire le pouvoir ottoman
brisé, il ne lui fallaitque (piehpies années pour se refaire.
Les mêmes causes de décrépihidc. (jui iiiiloiir de lui
avaient aidé à son établissemenl, siibsislaienl. II lui
fallait les mêmes anciennes vertus pour ivvivri'. il les
avait.
premiers souverains ottomans avaienl été occu-
L,es trois
pés, après avoir l'ail face aux (ii-ecs, à se relourner contre

les peuples des Balkans. |)armi Ies(piels les St'rbes et K'S


LIongrois dominaient .La deriiièiH tentative cpi allait tcnti-r
Mohammed II contre Bv/ance allait enlin rciissii'. 11 i-om-
mença par eonstiiiire la foiteri'sse d ap])r()clie di' liuincUir
Ilisnr vu pillant les autels et pilieis <les t'glises iliret lennes
pour en l'aiic les murs. II faut lire dans l'Iuslorii'U Saad-ud-
Din (traduction (ld)l)i les didails di' ce sièije mémoiabh\
MAM I I II AIIT MI -I I.MAN

coiniiK'iifr cil ;i\ril I \'.V.\. cl (|iii iilioiilil la j)ri>c de la


;i

ville par les Tiircs i|iii dcpiii-^ Im- n en mil jamais hoii^é.
(le «^doriciix i'\ ('•iicniciil -iillil a illii-lnr le i'cljiic de
MoliainiHcd II.

Siiecédaiil à son |)crc. l»aja/('l II. Seliiii II (liciclia


a\aiil loiil à <il>allrc la piiissaiicc i-cdoiilaiile jxhii' lui en
Asie, la Pci'sc. De ces deux ei\ ilisalioMs . a\anl j)r(t-

f^ressé parallèlement. 1 Une devail falalemcid disj)ai'aili-e.

A l'approche des Turcs, le Shah Ismaël s'empressa de


dévasler loul le pays depuis la rionticrc juscpTà sa capi-

tale Téhnz. Les Turcs durent Iraverscr un lei'rihie déser!.


A'ainqueur à Chaldiran en l'il i. Selim cuira à Téhriz
en Iriomphaleur, et massacra Ions les |)ii-(tnn!rrs. Il
rentra à Coustautin()|)le ramenant un millier d artisans
qui avaient endjcUi Tébriz de monuments lameux, et qui
allaient apporter leurs arts et leurs procédés dans la
vieille capitale. La Perse ne perdit dans cette aventure
que deux ])rovinces, celles du Kurdistan et de Diarbekir.
Se tournant ensuite contre l'Egypte, Selim entrait au
Caire en l'ilT. et les Turcs ne devaient plus en sortir.
Jamais ITslam n'avait été plus puissant. Soliman le
MaL;nifi(]uc allait inaugurer un règne glorieux de près
d'un demi-siècle (1520-15661, secondé dans ses desseins
par son grand vizir Ibrahim, avec lequel il vivait dans la
plus fraternelle intimité. Son règne est célèbre par ses
démêlés avec les Hongrois et leur prince Mathias Corvin
qui ne put sauver Vienne du terrible assaut des Turcs.
Les richesses de son palais et sa fameuse librairie prirent
le chemin du vieux sérail.

Après cette ascension de près de trois siècles, la puis-


sance turque ne pouvait que tendre à décliner. Ses sul-
tans Mourad III et Mourad l\ disputent aux Persans la
domination de TAsie centrale dans une succession de
succès et de revers, jusqu'à ce que la paix signée en
1555 rendit Erivan aux Persans et Bagdad aux Turcs.
Les XYii" et xviii^ siècles virent surtout se développer
m:s civilisations musulmanes

la grande autorité des vizirs, les sultans demeurant de


plus en plus enfermés dans leurs palais. Seul Moham-
med IV (1648-1689) fit encore parler de lui par ses
extraordinaires fantaisies, et le faste et l'éclat de ses
voyages, de ses chasses et de ses jeux.

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MI

Li:s en iLiSAiio.NS .musl'l.mam:s dans i. i.ndi:

Peiulaiil pi'c'S (If (SOdjiiis Ihisloire de I liidc a rlr liét" à


celle de la civilisation iniisulniaiu'. (lomiiu-iicée avec
l'arrivée des eoïKjiiéi'aiils dires, eoiiduils |)ar Maliiinid
rieoiioelasle an délnit du \i'' siècle, celle période pril lin
quand le dernier des souverains nuisuhnans. ne pouvant
réprimer larecrudescence des traditions hindoues, dut se
placer sous la protection de rAnj^leterre.
Au début passage des anciennes t'ornies de gouverne-
le

ment à la nouvelle avait été très facile comme la plupart des


évolutions en Extrême-Orienl. I/lnde ancienne était trop
imbue de ses vieilles traditions pour que Tintroduction de
rislamisme la bouleversât. Malgré les ell'orts dun Akbar.
jamais union complète ne se (il, sauf dans les classes
gouvernementales, et toujours les conquérants turcs, ])er-
sans, afghans ou mongols, restèrent des occupants armés
au milieu d'un peuple hostile on passif.
L'intérêt de celle histoire réside dans la vie et le carac-
tère des souverains, et aussi de quelques femmes surpre-
nantes, et non pas dan? celle du peuple résigné et sou-
mis, dont les modifications à travers les siècles sont à
peu près nuls. Des figures comme celles d Ala-ad-Din,
de Mohammed Tagblach, de Babar, d'Akbar ou d'Au-
rangzib sont dignes d'être comparées à celles des plus
grands conducteurs de peuples occidentaux.
Précédée de bien des incursions, n'ayant que le pillage
pour but, la première invasion sérieuse de l'Inde par
LES CIVILISATIONS MUSULMANES

terre se de Mnkrnn la plus lointaine province khali-


fil ,

fale sur le golfe Persique.


Elle coïncidait à peu près avec deux autres grands
succès des armes mahomélanes dans d'autres parties du
monde. L'Espagne gothique était à leur merci après la
bataille du Guadalete en (SKI. Les étendards arabes étaient
portés de Samarkand à Kashgar en 711-71 i. el la vallée de
FLidus envahie en 712.
Le gouverneur de Chaldée, el-IIajjaj, avait envoyé
son cousin Mohknsim^ à peine âgé de dix-sepl ans. faire
une incursion dans Tlnde et tâcher de s'y lixei-. Sa marche
fut victorieuse. Il prit Daïbul et Multan.
Des dynasties musulmanes indépendantes cherchèrent
à se maintenir, mais cette province du Sind était une
trop pauvre proie, sa conquête ne laissa rien de durable.
Masudi au x^ siècle, Ibn Kaiikal après lui la visilèrenl. Il
n'en subsistait rien. Il ne sera plus question des Arabes
comme concpiérants de l'Inde.
Nous allons voir mainteuaul apparaître les Turcs,
poussés non par un mouvement religieux (rexj)aiisi()u
de l'Islam, mais par un de ces lliix, par une vague
de ces grandes migrations, telles que celles ([ui. à |)lu-
sieurs reprises, déferlèrent de l'Asie (A'ulrale vers les
rivages occidenlaux.
Les khalifes ab!)assides de Bagdad avaient délégué
dans les provinces lointaines des gouverneurs |)ersans ipii
s'y rendaient assez indépendants, le pouvoir cenlial claul
faible et efféminé, (l'est aiiisi que se forma \\\ dynaslie
des princes Saninnide.s dans les contrées de IOmis.
Dans l'espoir d'échapj)er aux usurpalions des gouM-r-
neurs persans dissideuls. les Khalifes s't'U ri'uu'ltaienl au
dévouement de leui- gardi' hir(|iie. Le> premiers beiieli-
cuiires de cette inlliienee ser\au'n( leiii- tiibii. v\ il ne
lallul pas buMi lough'iups pour cpie le i'o\aiiiue S;uii.inii/r
devînt leur proie.
Parmi ces condolluM'i liires, un l'erlain Alplagni \inl
M AM II II Mil Ml SI I.MW

s\''l;il)lii';i\ c'f li.(llll) lioiiiiiics (l;iii> la loi lcr('>M' de (ili.izni,


an cifiir (U's iii()nla<nic'S al-Miaïu-s. en '.Ml^. Il sv li un
pt'lil lovaiiiiu' ; lin di' ses esclaves Sahiiklaifin y ix-^niail
t'ii UTC). A|)|)cl('' à l'aide j)ai' le |)riii((' Snniniiidc de
iJokkara, il en prolile M.ilimud an
[loiii' plaeei' son fils

gon\ crneineiil de la l'iclie jiroNince dn Klioias>aii. (]e


(|n il avait rèvc, son lils Maliinnd le réalisa, liiiNasioii de

rinde par le Nord-Onesl.


Il liL seize campagnes henrenses el leiilrail eliaijue l'ois

à (Ihazni avec de riches dépouilles. Il y mourut en lO-iO.


(]e lut là sa vraie capitale, dans laquelle il avait rapporté
les immenses trésors arrachés aux i-adjahs, et oii il vivait
entouré d'une cour eullivée, après y avoir alliié les
poètes et les artistes (jue la chute de la dynastie des
Samanides avait rentius disponibles. Il vécut auprès des
hommes qui Jui-enl les vrais précurseurs de la littérature
el de la science orientales, auprès des poètes Unsuri.
Farruki, Asjudi et Firdousi. Le shah Xameh de Firdousi
nous a laissé de longues mentions de la mosquée somp-
tueuse, faite de marbre et de granit, (piil avait édifiée à
Ghazni. Ce fut un grand conquérant, mais non un organi-
sateur. Dans les pays qu'il soumettait, rien ne subsistait
d'utile et de durable après le passage du vainqueur.
Le royaume que Mahmud avait fondé dura encore
nn siècle et demi après lui, mais alors les Turcs du Kho-
rassan et les Seldjuks qui de l'Oxus étaient descendus
jusqu'au sud de la Perse, devaient se montrer ses égaux
comme génie militaire et ses supérieurs comme organi-
sateurs. En moins de dix ans, ils devaient accaparer
toutes ses possessions persanes. En 1038, un Seldjoucide
Tughril Beg était proclamé sultan du Khorassan. Et
(juand le fils de Mahmud, Masud, voulut se débarrasser
de ce voisin gênant, il fut défait près de Merv. Jamais les
Ghaznévides ne devaient recouvrer la Perse. L'Inde fut
désormais leur objectif unique.
Ils se maintinrent plus d'un siècle encore dans Ghazni
LES CIVIMSATIONS MLSLLMANES

OÙ certains princes comme Masiid y entretinrent un très


grand luxe et bâtirent sans se lasser de beaux monu-
,

ments. Les récits qu'a laissés Baïkaki son chroniqueur,


,

sont d'un très grand intérêt parce qu'ils nous font con-
naître une civilisation (|ui devait être à peu près seml)lable
à celle qui fleurit aux cours de Lahore, Agraou Delhi.
Enfermés dans cet imprenable pays de montagnes,
certains d'entre eux y eurent des règnes pacifiques. Ils
arrêtèrent les Seldjuks par d'habiles mariages contractés
avec eux. Mais Ghazni était peu tentante pour une dynas-
tie dont les ramifications s'étendaient jusqu'à Damas et

aux riches régions de la Méditerranée.


Le danger naquit d'eux-mêmes. Dans le pays de Ghor,
entre Ghazni et Héral ,dans le château de Firoz-Koh,
vivait une race de montagnards assez indépendants. Ils
étaient très soumis à Mahmud, beaucoup moins à ses
successeurs. L'un d'eux, Wa Addin Hussaïn en 1135
finit par s'emparer de Ghazni. Il massacra toute la popu-
lation et fit place nette de tous les beaux monuments de
ses sultans. Il respecta cependant le tombeau de Mali-
niud. lidole des soldats, ainsi que deux minarcls (jui
sul)sislenl encore à peu de distance de la ville mockM-ne.
Sur un des minarets se lit encore les titres éclatants der^
briseurs d'idoles et sur une plaque de marbre rinsci'ij>lu)u :

« Hénédiction de Dieu pour le grand Kmir Malnnud. "

Chassés de (ihazni, les (ihaznévides ne purent garchn*


bien longtemps l'Inde elle-même et les sultans des mon-
tagnes de (ihor. Mohammed Glioii, puis sou esclave
favori Kulb addyn Aybck devaieiii \v\vy solidi'UU'ut les
bases de ce roijuume nuisulni;ui (le Delhi. (|ui des j)re-

mières années du xiu'' siècle (120t)|(lura iiis([u";i l'inva-


sion de Habar en 1520, et eut trente-cpiatre sultans.
Trois d'eutie eux successivement, .\llamish. I>all)au,
et .\.la ad-dîn. eurent fort à faire pour ilélouiiicr di'
1 Indt' le giave danger des invasions mongoles.
1^1 l'Inde après avoir sonlVerl des sinistres fantaisies
M \M 1 I I' SU 1 Ml -I IMAN

(Iun ex INC roi, Niisir Addiii, d un piiiicc JirlisU-, laslnrnx


1;

mais (lui' comme Moliammcd l'ai^dacli, sans cspi-it de


swilc. (jiii \()iiliil lin JOUI' déplacer' sa caj)dalc. aljandonnci-
l)(ddi avec son immiMise j)o|)nlalioii pour ensiiile s'y
rémslaller an milien des rnnies <pie lah^enec ava'L déler-
niinées ,Inde conniil eiilin les jours calmes el sereins
I

(]ne lui donna un exeelleiil souverain, l^iroz Seliah, ^nand


bàlisscur, (jui muuruL à qiiali'e-vin<^l-dix ans, en I3<S8,
ajant créé trois cilés r'a(lial)ad, Jaunponi- el Firozabad,
:

son ^^ indsoi- on son A'ersailles. Son liisloiien b'irishla


croiL (pid ne lil pas moins de S45 travaux pnl)lics :

canaux, réservoirs, ponts, bains, forts, kiosjjues, mos-


quées, collèges, monastères.
De grands h-oubles suivirent la mort de l^^iroz jusqu'au
jour où Timour envahit le royaume de Delhi. Il faut lire
dans Gibbon cette marche mémorable qui, de la Perse
par Samarkand et Caboul, l'amena, le 17 décembre 1398,
sous les murs de Delhi. Une ell'royable bataille la lui
livra. Il voulait l'épargner, mais, quelques jours après,
ses troupes la pillèrent et emmenèrent avec elles un
immense bnlin, femmes et richesses de tontes sortes,
ne laissant que la désolation et la famine et Timour ,

repassa ITndus. Delhi ne devait se relever d'un tel coup


que sous les Grands Mogols.

LES MOGOLS

A cette époque du du
xv*^ siècle àmilieu
laquelle nous sommes arrivés, nous voyons l'empire
arabe de Tlnde, atteint de déchéance et prêt à décliner.
Il n'y avait plus chez les Musulmans d'orgueil séparatiste.
Leurs harems étaient peuplés de femmes Hindoues, dont
l'influence devait parfois être grande et les Hindous ara-
bisés parvenaient de plus en plus facilement aux grandes
LES CIVILISATIONS MUSULMANES

charges de Le royaume de Delhi désorganisé, el la


l'État.
royaumes du Bengale, de Jaunpour,
constilution des petits
de Malka, du Gujaral avaient plutôt été pour la civilisa-
tion arabe une cause d'affaiblissement.
La dynastie de Taghlak était tombée sous les coups de
Tiraour. Les Sayyds avaient été d'indignes souverains.
Les Lodi Afghans, par leur énergie et leur sagesse
avaient bien essayé de relever le pouvoir, et refaire
l'unité par la réunion de Delhi et du Bengale.
Mais leur royaume était trop vaste, sans centralisation,
et l'esprit afghan indépendant et frondeur incitait les
gouverneurs à tenir peu de compte du pouvoir central.
Pour un des révoltes éclataient. C'est ainsi cpi'en
rien,
1518, Ibrahim, fils de Sikandar. se résolvait à demander
l'aide du sultan de Caboul, descendant deTimour Wlinlutr
est une des plus captivantes figures de TOrient, et ce (|ue
nous savons de lui |)ar ses propres mémoires n'est pas
pour en diminuer le charme. De sangs mongol et turc
mêlés, il joignait au courage et à lardeur d'un Tatar. la
culture d'un Persan sans avoir fondé un empire, il posa
:

la première pierre d'nn monumeuL (pie son petil-lils


Akbar compléta et paracheva.
Sa jeunesse avait été toute occupée à préserver sou
empire, et à làcherde reconquérir les provinces piiihies.
Quand il dut abandonner tout espoir de restaurer son
pouvoir sur r(^\us el Flaxartes ce fui j^our loui-nei- ses
.">"" lois
regards vers TLide. o fois il l'envahil v[ la la

coiupiil. Il v luoiinil il IS ans. Si sa i)lacc hisloriiiiu- est


d'avoir fondé une dynastie, sa place dans 1 liistoiri- des
arts est d'avoir été un délicieux écrivain, car tel était \v

goût (le homme (pie son anibiliou ii riail pas


cet plus
satisfaitede i'em|)orter une victoiri' militaire (pie de tour-
ner une pièce de verset d'écrire un beau manuscrit, el
cela en langue |)ersaue, le laliii de lAsic. M. Slauley Laue-
Poolf a consacré à liabar tout un ju'lil Noliimc paiu en
P.MIO, où il a revivre tous les liails. les iniprosioiis per-
l'ail

sonnelles et les réilexions originales de ce prince uni(pie.


M A MU. I> AHT MIM I.MAN

L'empire de 'l'imoiir ;i\;iil ('•((' li-op \]\i- \:\\\. -on


iiiissaj^e ;i\iiil ('le cominc un ;ic(i(lciil . une louiiiiciilc
;i|)i'ès la([iielle ancien ('lai de clioscs Icndail
1 rrpîiiail iv. ;i

(]e (jui reslail de \)\\\< slaljle de son vaste empire, éLail ee


pelil l'ovannie (pi un princ-e e\dé de soti sani^ élail alk'
fonder an delà des j)asses afghanes, el d On de\ail >oilii'
rexlraoï'dinaiic maison des (irands Mo^a)ls.
(i'esl ainsi (jne liahai'. à I I ans, (Maii devenu sullan du
Fari^hana par droit (rhéré(li(('' de la ()""' ffénération de
Timoni'. Il lil di' Ni^onrenses lenlaliv(.'s |)onr reprendi'e

Samai'kand, lonle pleine des souv(.'nirs de Timoui-. Il


(.'choua, el en 1512 repi-enanl le chemin de son royaume
de (lal)oul, il se rendit compte (jne le vrai champ de ses
and)itions (Jtait Tlnde. Ce ne fut (pien loi 4 qu'il alla
résolument à sa conquête. A Fappel d'Ibrahim, sultan de
Delhi, il marcha snr Lahore, el après une série de succès
rentra à Caboul. Il réorganisa Tannée suivante ses
troupes pour une 2'"*' campagne, renqjorla une bataille
décisive en lo2() dans la plaine de Panipnt. el se retour-
nant contre son allié, qu'il battit, se rendit maître de
Delhi.
Mais il vil alors se dresser menaçant devant lui le

radjali de Chitor. Il n'avait plus a faire aux Musnlmans


de Delhi, déjà épuisés, mais aux vrais Hindous, terribles
adversaires. II vint camper à Sikri, où plus tard Akbar
devait créer la merveilleuse cité de Fnlhpur el après ;

avoir dans une harangue superbe adjuré ses soldats de


renoncer au vin de revenir aux préceptes du Coran, il
et
délit complètement les Radjputes et brisa leur puissance.
Il rentra à Agr//, qu'il embellit de splendides palais,

de jardins, de pavillons de marbre et de parterres de roses.


Il y mourut en 1540 il y fut enseveli.
;

Son fils Humayun n'était pas sans expérience. Il avait


commandé les armées de son père, mais il était faible,
léger et incapable d'un effort suivi. Il n'avait pas la
puissante main nécessaire pour maintenir le faisceau des
LF.S CniMSATIONS MISULMANES

provinces soumises. Menacé par les Radjpiites, qui repre-


naient courage, par les Afghans inconsolables d'avoir été
dépossédés, par ses propres frères, hésitant et tergiver-
sant, il subit l'attaque des Afghans menés par Sher Shah
et manqua de Ne pouvant rentrer à
rester sur le terrain.
Agra. il temps dans les déserts du Radjputana
erra quelque
et du Sind, où un fils Akbari lui naquit, et dépistant ses
(

ennemis se réfugia en Perse à la cour du shah Thamasp.


Il se retrouvait comme 25 ans auparavant son père

Babar, et peut-être pour longtemps car Sher Shah par,

une excellente administration avait réussi à capter la


confiance de tous les Musulmans, si ce dernier n'avait
été tué en loio par les Radjputes au siège de Kahnjar.
Des désordres suivirent, à la faveur desquels, lluma-
yun descendant en 1555 de Caboul avec 15.()t)0 cavahers,
trouvant la route libre devant lui, reprit Delhi, Agra;
pendant que son fds Akbar anéantissait les derniers
Afghans. Il mourut en 1551) à Delhi où un splcndi(k'
mausolée lui fut élevé.
Akbar à 13 ans ne pouvait se vraiment (pie roi
dire
de Dellu. Les Afghans tenaient encore le Bengah' cl hi
vallée du Gange. Les Uadjputes, l'Inde Occidentale. Le
règne d'Akbar fut un continuel efîort pour réduire tous
ces adversaires, puissamment aidé dans cette tâche par le
vieux général Raïram et l'éminenl financier Raja Todar
Mal.
Les intlueuces persanes, enfin, fnrenl grandes snr
resj)rit d'Akl)ar. Faizi, le poète myslicpie, (pii 1 avait
accompagné au siège de Chitor, attira auprès de lui \c
charmant Abnl Paz, idéaliste et philosoplu' cpii développa
dans l'esprit du sultan la curiosité intellectuelle, et lui fil
encourager les débats religieux et phil()so|)hi(pies. (Test
dans ce but (jiie fut créée la grande salle de liaxail
Iladat KhaiiM. (pi'on croit être le l)i\;iii Klias d aii|(Mir-
d'hui. édilié en \lu\ à Fatlipur. devenue la residi'iue
favorite d'Akbar. Le for/ Hoikjc d'.Vgra, oii résidait la
\IA\I I I I) \ll 1 Ml

(ioiir, c'Iiiil Mil |)('ii aiiIcMiciir. i)(llii cl I^iilioïc des inrciiL


aussi des cités liiNorilcs (pu se |)(mi|)Ic!"('IiI de niomiiiicnls.
Fnllipm- Siliri, cilc- smimIc. IiiI (Tc-rc j);i]' Aklj;ir, dans
la joic (|iii' la |)r()[)licli(' d \\\\ >aiiit criiiilt' (|iii lui avait
pioiiiis un lils, s(.' lui l'C'alisrc. l'ueii ne lui ('|)ai-;4iit'' pour
la i)i'aulc'' de celle cité, (|ui siiixéciil lies jx'u a Ahkar,
j)uis([iie \\ illiain b'inch (|ui la \isila .">
ans a|)rr> lui. la

trouva dévasiée.
Akhar voiilul être aussi le chef" rdij^iciix. le |)a|)(' di-

son église. Sa première nianii'eslalion dans ce rôle y


fut dramatique, sans lavoir voulu. Lu vendredi, en lo!SO.
il alla à la grande mosquée de l'allipiir j)()ur v dire la
prière, quand lout à coup il tomba sans connaissance.
Son fils Jahanjii' a laissé de Tempereur Akbar un por-
trail, dont Ions les traits précis tendent à la vérité et à

la ressemblance. I.a renommée de son espril large et


généreux dépassait de beaucoup les limites de 1 enq)ire
et engagea de nombreux européens à la visiter, tant son
accueil était réputé.
Les annalistes de sa Cour sont très nombreux, et
quelques-uns jouissaient d'une grande autorité littéraire,
mais ils ont les défauts des panégyristes, exagérant les
beautés, dissimulant les ombres; leurs récits précis et
abondants nous initient du moins aux mœurs et aux
coutumes du moment.
Les voyageurs européens viennent heureusement les
compléter. Une nation, les Portugais, avait alors le
monopole du commerce dans les Indes orientales. A'asco
de Gasca doublant le Gap avait débarqué à Calicut en
1498, et assura à sa patrie des avantages que les caboteurs
arabes puis vénitiens avaient jusqu'alors accaparés.
Les héros, Paçheco, Almeida, Albuquerque, assurent
cette suprématie, mais le déclin arriva vile quand
FKspagne eut annexé le Portugal en 1580.
L'Angleterre vient alors prendre position, avec la créa-
tion de la première Compagnie des Indes en décembre
LES CIVILISATIONS MUSULMANES

1600, el sa première factorerie à Surat. Suivent immé-


diatement les voyageurs Hawkins et Herbert, Thomas
Roe, Fryer et Hedges.
Puis les Français Pirard de Laval en 1607, ïavernier,
Thevenot. Dernier, et les Italiens Pietro délia ^alle,
Mandelslo, et Kareri.
L'Anglais Hawkins fut le premier européen reçu à la
Cour du Grand Mogol à Agra. ofticiellement, pour y rece-
voir la consécration des droits du commerce britannique
en 1577, et le récit de cette audience mémorable nous a
été conservé au milieu de mémoires du plus vif intérêt.
On y trouve en particulier des pages très savoureuses sur
de longues soirées passées dans le palais de Jalianghir,
où le brave marin anglais parlant admirablement le turc
divertissait le sultan par des histoires cpii n'avaient rien
de mystique, entretenant sa gaîté par de copieuses liba-
tions de rhum, à la suite desquelles on trouvait le malin
le souverain étendu inerte sur ses tapis.
Jahniighir (|ui avait succédé à Akbar lors de sa mort
en 1603, ne le rappelait en rien. Violent et cruel à l'occa-
sion, terriblement adonné à la boisson, il eut la chance
que le bon gouvernement de son père ait rendu l'empire
inébranlable. Il eut du moins à côté de lui \u\l' femme
d'une grande intelligence, très bonne et libérale, et (jui
eut sur lui une grande influence. Le voyageur Pietro
délia \ aile nous a laissé de nombreux portraits de la
sultane persane Nur .îahau ou Xur Mahall (lumière du
palais). Elle eut assez de part aux choses de l'I^tat. j)()ur
que leurs deux noms figurassent sur leurs monnaies.
Su' Thomas Hoe, très cultivé, ancien vVvw (\c Magda-
len Collège d'Oxford, lils d'un Loi'd maire, ijui \iiil eu
1615 comme andjassadeur, a laissé sur cette t-poipie des
mémoires dont il faut tenir gi'and eompU'.
Quand .lalianghii' mourut en II) il), il lui poilr dans
son tombeau à Lahore. Son lils K/iiirr.ini a\ail pris le
pouvoir sous le nom (\cS/i;i/i ,hi/i;i/i malgré r()j)[)()situ)n île
,
Ain Ml >l I.MAN

la l'ciiic, l(tiinl('iii|)S aii|)ara\ aiil en Hlli'S. Il li(»inj)a l(»iis

ceux (iiii le croNaiciil diii' cl ciiicl. d tic- hoii iiiii-iil-

maii, lui La sidlaiic ra\oi'ilc Aijii-


adori- de ses siijels.
maiid ou Mumlaz y MalialL de lacpudlc il ciil
Jiaiiii I 1

enfaiils, eul iiuc très graudc inlliiciicc sur lui. (! c>\ pour
elle qu'il avait édifié le merveilleux palais du T;i/. à Ai^ia.
Très tolérant, très accueillant, il accorda aux .lésuiles
tout ce (ju'ils voulurent, on voit encore leurs nombreux
tombeaux dans le Padre Sanlo.
La beauté des villes où sélevaienl comme par enchan-
tement des monuments merveilleux, nous est alleslée.
par le Père Sébastien Manrique, missionnaire Au^nislin
dont l'itinéraire a été publié à Home en Kiil), et (jui
décrit At^ra et Lahore où résidait le sultan. L'Italien
Mandelslo, dans le récit de son ambassade, décril A(/r;i
comme la plus belle cité de Tlndc. Mais tout semblait
devoir être éclipsé par Delhi la Neuve f{ue décrit Ber-
nier.
Quand Shah Jahan tomba très malade en 1637, ses
4 entrèrent en lutte pour sa succession. Ils étaient
fils

tous quatre vice-rois de provinces, très riches, et avaient


organisé chacun de puissantes armées. La victoire resta
à Aurengzih. Shah Jahan fut interné par lui dans le fort
d'Airra, où il vécut encore 7 ans au milieu de ses femmes.
Puis quand il mourut, il fut inhumé dans le raj auprès de
son épouse préférée.
Aurengzib se montra très puritain, proscrivit le vin et
la viande, et s'enfermait dans la lecture du Coran, qu'il
savait par cœur, et qu'il recopiait en manuscrits qu'il
envoyait à Mecque. Sa capitale fut Delhi, et le voya-
la

geur Berniernous en a laissé d'enthousiastes descriptions.


Les Radjputes de Bijapiir qui s'étaient révoltés, furent
vaincus, et il peupla cette ville de superbes monuments.
Quand son fds Muazzam ou Badahar Shah lui succéda en
1707, il se trouva en face de terribles difficultés. Les
Persans victorieux, conduits par Nadirshnh s'emparent
LES CIVILISATIONS MISCLMAM-:

de Delhi en 1739. Mais les Marathas Hindus, dont la

force s'était accrue au milieu de toutes ces divisions,


écrasent Mogols et Persans à la bataille de Panipat en
1761, C'était à tout jamais la fin de la domination isla-
mique dans rinde.

iHBLIOGHArMIIH

Akuah, The iiisllfales of lin- l-'.nijicror A/ihitf. Tradiiil du Persan, par


(iladvvin, Calcutta, 1786.
Ei.LiOT et Dawson, Hislori) of liidin. Londres, 1<S77.
Elphinstone, Hisfory of Iiidiu.
EitSKiNE, Hialory of India iinder Haljar nnd Iltiniai/iin.
Keene i'^G.), Sketch of the histonj of llinduslan.
\jK Bon il)"" Gustave), Les monumenls de l'Inde. Paris.
Stanlev Lane-Poole, Medievial India Under Molianunedan iiile.

Londres, l'.UCL
— Hahnr. Londres. l'.lOll.
— liulers of India. 2 vol., Oxl'ord.
l'iioMAS, (Ihronicles of Ihe Pathan kings.
Voyages, 7't» Ihe Kasf Indien, hy Révérend Edw. Terry. l(K(.'i.

— De Pielro délia Va/te. noma, 16:)0.


— De Jean B. Tavernier. Paris, 10 iO.
— De M. de Thevenol. lîelaliuns d'un voyage fait ;iii Levant.
Rouen, 16;Ui.
— De Francis Dernier. lO'i'J.
Une liste détaillée des mémoires des principaux voyageurs européens
dans rinde est donnée par Stanley Lane-Poole à la fin de sa préface
dans ( Médiéval Indi.i -i.
Fif,^ I. — F"ronLispicc clc Coran (Bibliothèque de Gonstanlinoplej.

MANUEL D'ART MUSULMAN


TOME II

CHAPITRE I

LA PEINTURE, LA MINIATURE

SoMMAim-;. —
Manuscrits arabes. (^orans cg'yptiens. — — Manusoi-ils persans.
—Miriiatnres indo-pcu'sancs. Manuscrits tin'cs. —
Les Arabes ont eu des peintres, et des peintres très célèbres.
Des lù'oles véritables de peinture s'étaient constituées dans cer-
taines villes de l'Orient et elles eurent leurs historiens. Makrisi
nous a|)prend «pi'il avait composé Ini-niènie une l)iof;rapliie des
peinties inusuinians; le manuscrit a mallicureusement été perdu.
Selon Monradja (r()lisson, le Khalife .\I)d el-.Malik avait l'ait élever
à Jérusalem une uioscpiée dont les portes étaient décorées d'imaj^es
<lu Prophète ; les murs à l'intérieur étaient recouverts de [)eiutures
représenlaid ri'lid'er avec les habitants du l'eu éternel et le double
pai'adis des croyants, re|)rési'n(alions dues sansdoule à des artistes
byzantins.
Il sullil de se repf)rler .Makrisi nous a laissé du
à l'inNcntairi' cpie

Trésor d'el-lVIostanser pour être éditié sur le f^oùt (|ue les


liillah

souverains fatimites d'I^gyplc enrcnl pour les représentations ani-

MaMIHI. Ii'AhT MI'Sl'I.M.VN. — 11. I


LA PEINTURi:, LA MINIATIRE

niées; et l'un de ses vizirs Yazouri, qui s'occupait surtout pour le

souverain de ses commandes de travaux d'art, avait un goût très

raffiné des beaux manuscrits enluminés. Aussi pavait-il fort cher


les travaux des artistes qu'il pouvait attirer au Caire. De ce nombre

Fi^^ 3. — Miikiiiiial de Ilarii-i ' Hil)licp| lir(|ii.- Nalicinalc. Iniuls Si-lu-lfr. ii" iiSi").

était'iil (l('ii\ pcinli-cs célcbrcs : Ilin cl-A/.i/. cl KaMi'. i un <ic lîas-

sora, l'aulrc de l'Irak, (|n"ll cliari^ca de couvrir de peintures le«<

murs (le son palais, l'aiini les compositions de Kasir, on \o\ail


une alint'c doiil les 1cl;cis Noilcs Mancs se délai'haicnl sur un fond
noir. a\cc ini cll'cl lic pcrspcctiNC surprenant. Ibn cl-.\/i/ an con-
Iran'c a\ait rcpi't'scnlc une danscnsc dra[)cc dans des vodi's rondes
sur un fond jaune. a\(>cdcs cll'cis dr rclicl.

.Makrisi rc\icnl adlciirs sin- ce lalcnl de donner du ridicf aii\


4 MAM 11. I) AllI Ml SI I.MAN

li^Mircs, t'ii [);iiliiiil d une [tciiiliiif iT|)r(''sciil;iiil .lo>-<'|)li |fl<' p.'ir ses
l'iHTcs (l;iiis I:i cilcnic ilc l)(i||i;nii. et dmil le corjjs nu d un Itl.inr

mal se délacliail sur un loiid noir, et scnihlail sdilir de sa prison


soiilciTaiiic.

ÏjC lcrn|»s n'a rien icspeclé de ces inailns fameux dont Makr.'si
nous parle. iJicn non plus de ccl .\l)nu lickr .Moliainincd. lil- d Has-

Makainat de Ilai-iri (Bibliothècjue Nationale, l'omis Sehel'er, n" 5847 ).

San, qui mourut en 365/975, et dont nous parle Abou T-Feda. Rien
de cetAhmed ben Youssouf, dit le peintre, rien de ce Mohammed
ben Mohammed, ni de ce Schodja ed-din ben Daïa, ce hadjeb que le
sultan Beïbars envoyait en ambassadeur auprès du prince Berekeh,
et qui lui portait trois tableaux de sa main, représentant le céré-
monial du pèlerinage.
Peut-être cependant des peintures murales récemment décou-
vertes par M. A. Musil au dans le
château de Kosseir-Amra.
désert à Test de Moab, prochainement publiées par
et qui seront
MM. H. Riegl et J. Karabacek, nous apprendront-elles quelque
LA PEINTURE, LA MINIATIRE

chose sur les origines de la peinture arabe * . M. Musil a même pu


rapporter à \ ienne un assez grand l"rag"ment de peinture à fresque
où se trouvaient des restes crinscriptions qui permettraient à
\r. Karabacek de dater la construction de Koseir Hamra de Tannée
850 de l'ère. C'aurait été l'un des châteaux du prince abbasside

l''ig-. 5. — Hihliotlic'vjuc Naliuiiale, inamiscrit fonds arabe, ii" ItilS

Ahmed, né en (SIÎC), (pii lui Iviiiililc de StrJ à <S()(), sous h- nom d'i'!!-

Moustaïn -.

il cxislc à I Alhanibra de Grenade, aux voûtes des trois ak-incs


de la paroi du Tond de la salle du ri'ibniial, daiu-icnncs pi'uilui'i's

exécutées sui- cuir en couleurs albiiiuiiicuscs siii- I'oikI d oi- on sur


fond bleu, et clouées sur des phupu-s (h- bois. Les contours soni
es(piissés au trait noir, et les surfaces ne sont en général (pi'à une
seule (cnilc non i-oni|tMc. (le son! des su|els de chasse ou de lonr-
luu, cl uiu' soi-le de dl^a^ on iciinioii. où se tronxcnl rassiMuMcs
les l'Ois maures de (Irenade.

1. Itaiijxirl iiiiirisoirr ilr M. Miisil. Sil/uii^slx-iiclili' dcr kaisci-liclicii Aka


(Icinic (kl- Wissi-iiscliaflrii in Wii-ii. Ml), lil. /..i rt'hilion (/«• nn/.K/c «/i-
.1/. Miisil. I'' |)arlii', 20 iv])i-(i(l. cl 2 plans, clic/ (iciold. HiO'J. iii-K". — /f.i/)/»»//
tie M. K;u;tl);iceli. Vii'iiiu-, Iinpiiinciic Inipciialc, chez ('.. (îcrnhl, l'.Mi.t, in-S".
2. Oblij^oaiilc comiiuuiication Af M. li- |)i(>IVsscm' lùilin^', de Slinslxiurj;.
f. MAM I I. 1> Altr MIM I.M AN

()ii :i (111 |)<'ii(l;iiil liin;;lciii|)>, cl ('iir;iiill de l'i;iii;,a'y les aviiit

(|cil;ir-(T>- Icllo'. (|iii' (• l'I.iil l;i ilrs irii\rc> duc- ii des arlisles
arabes. < >n c-t il acccud ;iii|ciiird liiii pDiir \ \nirdcs travaux exécii-
Ics à l;i (!iiiir (\i-y~ i(ii> de (iiiiindc, ;ii].\ \i\' «mi w" siècles, pai- des
-'.
;ll•llstc^ d.ilicii>

I.ai'l i\f l;i iiiMii;il me , (•"csl-à-dlrc i\f I i>iiii-iiicnlal luii du Iintc

iiiiiiiiiMiil |i;ii- dc>- |ia^c> Mlii-Irccs df ciiiiiiioMlion."- cxcruli-cs à la

"(Uiaclic, csl iiii i\i- <ci\\ lin le- M ii>idni;iiis «mt cxcclji-. cl |)ai-mi eux
plus parlic-ulicrciiiciit les Tmo el le- l'er>aiis. I )e cet ail i\f la

Fi^^ 6. — Dessins de bèlcs. miiiiatiii'e ( Iîihli(illu'(|iie de Constantinople .

miniature, de iKunhi'cnx nionumenls sont heureusement parvenus


jusqu'à nous.
Dans les manuscrits ordinaires, larlisle dessinait les ^^randes
li{,'-nes de sa composition au crayon noir ou roui^e, et peignait
ensuite. Dans les manuscrits très soii^nés. la miniature nétait pas
exécutée directement sur la page du livre où elle devait li^'"urer.

D'après les intéressantes observations de M. E. Blochet, le copiste


laissait la page en blanc, et l'artiste rapportait ensuite et contre-
collait la feuille spéciale sur laquelle il avait peint. Cette leuille
était recouverte d'une couche mince de plâtre très lin délayé dans la

j^onuiie arabique, et c'est sur cet enduit qu'il dessinait et^peignait.


Sur certaines feuilles la peinture est siépaisse qu'elle forme
comme une sorte de relief. Il est certains joyaux qui ont été repré-

1. Cjiraultde Pran^cy. Essai sur iarclutechire des arabes en Espagne. Paris,


1811, pa^'es 158-160.
2. Ces peintures sont reproduites dans louvrajje Plans, coupes, ëlëvalions :

et détails de l'Alhamhra, par MM. Jules (louiy et Owen Jones, architectes.


Nous verrons à la fin du chapitre ce que la Perse pourra peut-être un jour
nous révéler de peintures anciennes.
LA PHINTlRi:, LA MINL\Tl HK

sentes en couches de leuilles d or superposées, puis retrav;iillées au


stviel, absolument comme dans certaines peintures vénitiennes.

l'"i^^ 7. ~ l';i;;c ciiliiiiuiu'i' «li- (^oran. \i\" s. i


ISihliol lu-([iu- l\lu'(ii\ lalo ilii C.uiri-^

Quand larliste a laissé son luuu, il la dissiniulc vniixcn! d in> un


coin de la n)inia(urc en caracti'rrs |;dik -i lins (|ii il est lrc>- dil-

licilc de le (léi-hiHVci-. S'il \ a une maiMtn icprcscnlcc. il arme (|iic


Fig. S. — Page enluminée de Coran égyptien (Collection de M. Jeuniettc.
L\ PEINTURE, I,A MlMATl'RE 9

les noms du souverain et de l'artiste simulent une inscription qui


•court le lon^ du fronton. Les manuscrits portent souvent à leur
dernière pag^e la mention de Tannée où ils furent terminés, mais

souvent les miniatures leur furent postérieures.

Kift'. y. — l'iij;c iiiilialf (lo (.iii-aii '


Uihlml lic'i|uc df ( !i)ii>l.iii( iiiii|>U- ).

S"v rcconuaili'c cl Iciilcr (ropri-cr parmi loiiU's ih's hmixi-cs un


classt'iniMil , selon les pa\s d'orif^incs l'I m-Ioii les i;i-(MipcnuMils par
lù'ok's. csl iiiir larlic ciicoi-c fort ditlii-ilt', far d est r\\ somme fort

pou d(" iuaniisci-ils (pu suiciil signes |)ar les pcinlrcs ri dalo. Ils

porlciil ricipicinmcnl do muns de callii^iMplics. rai'cinciil des iicms


trenlunuiu'iiis. (.v (pu laisserai! suppoM-r tpic I aii «lu (.•allii;rapli('
Kl MAM II. Il \l(l Ml ^1 I.M AN

t'hiil l'iicorc [ilii^ l'ii liniiiiciir (|ii(' celui ilii [Minlrc. I!l de plus. <l;iiis

(('Ile ciHUirlc (III ImiiI icsIc à r;iii-c. il ^iiiiMi- lucii (|iic les conscr'x ;i-

Iciirs (les liil)li(i||ici|iics |)iil)l i(|iic- (|iii (hMiciiiiciil liiiil i\c iiM-iX'-iJ-

Iciix Iri'sois, f;riiii(ls liseurs de ddcunients écnis. se sont ;issc/, peu


souciés détiidier le slvie de loiiles <'es (iMi\res d ;iit. d iiistilucr (les

Fi^-. 1(1. — Frontispice tlii (".ni'au <\c Mulc^' Ziila;i

(
Hihlidllioqiic de rKsciirial).

companiisons utiles, de l'aire, en un mot. dans tous les dépôts de


livres de IKurope, ce travail daiiaivse et de synthèse que les histo-

riens de la peinture en Occident poussent activement depuis trente


ans, et qui a du moins abouti à quelques résultats utiles. Du moins
le prochain livre de M. (^1. Huart, nous rendra peut-être quelques
services en nous faisant connaitre un g-rand nombre de calli.^'raphes.

Pour tenter des ideii' ilications, il t'aiidra (U»nc ipie nous nous en
LA l'EINTlRi;, LA MIMATIRE 11

Kiff. 11. — ( llii()iii(|uc (If ISasIiid cddm, (•(iiiimciicfiiuiil ilii mv sn'clt

( Djt'iij^is Khan iccc\ aiil 1 lii>iiimaj.'(' di- m's deux liU .

( Hil)liotlu'-(iii<' Naliiiiialc, Siiiiiilcnicnt i>fis;iii. ii' lli:i).


\-2 MAM 1:1, I) Ain Ml SII.MAN

»-aj)[)()iii<)ns pliilnl ;i (les ("ii'.'icU'res exlériciirs. Nous coiixtiilcroiis

une fois (le |tliis (hiiis les iii;iiniscrils le |)cii de scriipiilo i|ni' 1<'^

Vil 12. — 'l'railr d'^i^t n >niiMi ic i- Xt'Cii I


! .1 S;ii 1 m ik a 1 1
J , iiiiliiMl du \v' siècle
I

Bibluit lif((ue Nalinnak'. tniuls aralii-. 11 a036 .

artistes ont apporté à transgresser la loi du Pro|ihèle, et à mépriser


la défense de représenter des formes \ivaiUes, que l'Islam avait
héritée des Juifs'. (Test même dans les miniatures de manuscrits

1. Lavoix, dans une étude parue dans la Gazette des Be.iux-Arls, 1875, t. II.

" Les peintres ar\ihes », écrivit quelques intéressantes pajjes sur ce sujet. —
Voir aussi Kremer, Cullur Geschichte des Orients iinter den Chalifen, II,
p. 302. —
V. Chau\in, La défense des images chez les Musulmans (Annales de
V Académie d'archéoloffie de Belgique, 1896, Anvers .
LA PEINTURE, LA MINIATURE 13

que Ton peut se faire l"idée la plus complète du génie avec lequel
la figure humaine.
quelques-uns des maîtres orientaux ont traité
I j M AM'i:i. I> AH I MIM I.M W
Icrc lu'i<iïi|iic iiii II' |nl l(pics(|iic cl le sens du nu )ii \ riiiciil , no s;iii-

r.iinil i^iici-c cire di-pii^sos. surtniil (l;iii-~ \c> in;imiM'i-ils persjiiis.

il f^[ Icis |)(irli;iilN (|ni, poui- I ('•Inde JuiiÉl \ I h|iic. I;i pn^c de posscs-
siiiM (In iNpc, \r cinMcIci-c indi\i(ln(d prolond. cl l:i niii^nslridc

cnnsl nicl ion d<' hi iii;ni'c linrn;iinc, \;dcnl l"> pins ;,Tiin(ls clicls-

d'icn\rc en vr i^cnrc de imlrc ()riidcMl \l\<j,. ',H\ . (jCrlairis des.sin.s.

Fig. 14. — Apocalypse de Mahomet (|British Muséum y.

par la précision du trait, la souplesse de la lig"ne, ne sont pas iné-


gaux aux dessins d'Ingres (lîg-. 37, 38) certains dessins d'animaux ;

valent ceux de Pisanello {iig. 6, 33, 34).

En tenant compte seulement de ou de l'Ecole dont le l'artiste,

livre dépend, et non pas de la langue ou du pays dans lesquels

il a élé écrit ou enluminé, on peut distinguer trois groupes de


manuscrits Les manuscrits anihcs, per.s;ins et fiircs. Ce sont tou-
:

jours des livres de luxe, destinés à des bibliothèques princières, ou


à de grandes collections particulières :

Afanuscrits ara/ies. — Les Arabes ayant toujours observé avec


plus de rigueur que les Persans ou les Turcs la loi de Mahomet, il
I.A l'F.INTLRE, I.A MIM.VTLRE 1.')

esl iiMturel qu'il n v ;ul eu qu'exfepliounellemeul des mauuscrils


enluminés de miniatures purement arabes.

Fi^. 1.'). — Apnc ily|>M' lie MaliiMiu'l

( lîi!ili..llir(|iu' Nalicm;ilo, .Sf;/)/i/('))i('/i/ lirr. ii' I!>ll).

il nCsl |>a> (le nianusirils arahes cnltiniitics (juDu [)uiss(> l'aire

rcnionici' pins liaul (pu' le \ui" sk-cIc. ('/est sous la d vnasiie de Sala-
din, ('elle des .\\ nidulcs. «pu ne se reeiunuianda pas Imiioiirs par
son orlliodoxii-, (|iii' lc> prcniiei-s livres arahes orne-" de'pcini nres
It> MANUEL I) AHT Ml SI I.MAN

apparaissent. Ils sont d'ailleurs très rares et ne sont pas fort remar-
(juables d'exécution ; ce sont plutôt des documents que de réelles et
Ix'llcs œuvres d'art. Ils dénotent une absence à peu près complète
d'iniaf^ination et d'invention, et ne font que répéter les j)eintures des
manuscrits byzantins illustrés du vmi'- ;iu xi'" siècle, et les artistes

étaient si ig'norants, que bien souvent , sans le comprendre, ils nim-


baient leurs personna},'es des disques d'or des saints de l'Kglise
{^-^recquc. Cette aveuf,'^Ie soumission aux traditions de Hy/.ance se
retrouve aussi chez les peintres qui travaillèrent ;i la cour des
Seldjoucides du pays de Rouni, comme le montre ce 'J'railé (l\'islro-

logie et de cuhale (Bibliothèque Natioiinle, fonds persan n" 174j,


copié à la cour des Seldjoucides, à la lin dn \\\\'' siècle, monument
de l'art turc primitif.
Et cependant la littérature arabe, éminemment épique, se prêtait
merveilleusement comme Les Mille
à Tilluslralion, et des ouvra^'-es
et une Le poème d\\ntar ou les Histoires des héros de
IVuils,
rLshim présentaient une richesse et une abondance de sujets extra-
ordinaire, qui auraient dû inspirer les artistes '.

L'un des plus importants manuscrits arabes connus, est une


copie du Makamat, ou Séances de Hariri ^, inscrit à la Bibliothèque
nationale au fonds Schefer, sous le n° 5847 •*.

Il contient 198 feuilles et 101 miniatures, et fut exécuté en Méso-


potamie en 1237. Une page représente une troupe de soldats de
l'armée des Khalifes Abbassides, portant l'étendard noir de la

famille, et sonnant d'énormes trompettes (fig. 3). Elle est intéressante


parce qu'elle représente une scène vraie, et qu'on y peut étudier les

1. Comme la désignation des écritures reviendra souvent au cours de cet


ouvrage, il est bon d'indiquer que le terme de coufique (sinon le caractère qiie
nous désignons improprement sous ce nom), vient de Koufa, la ville qui sup-
planta Hira comme capitale d'un état arabe pré-islamique, et un des premiers
centres intellectuels de l'Islam avant Bagdad, dont la fondation date de 762.
La coufique avait été employée surtout comme écriture monumentale, concur-
remment avec le naski, écriture courante des manuscrits dès les premiers
temps de l'Islam, ainsi que l'ont démontré Silvestre de Sacy, Karabacek, Clé-
ment Huart, Max van Berchem.
2. Les Makamals de Hariri sont infiniment populaires en Orient. Après le
Coran, c'est le livre le plus .manié.
3. Lavoix, Les peintres arabes, cité. —
E. Blochet, Mussulman manuscripts
and miniatures (Burlington Magazine, juillet et décembre 1903). Un assez —
grand nombre des miniatures ont été reproduites par M. Schlumberger dans
Nicéptiore Phocas el l'épopée byzantine, et dans le Livre des merveilles de
l'Inde (édition Vander Lith et Devic).
LA PEINTURE, LA MIMATLRE

Viii .
1<"). - Miniiitmc iii'isjiiu' à inlhH'iKC iliiiioisc Nlusi-e dos Arls tli-ODralilV

Mam 11. i>'Ain' vrsi i.M.vN. — II. 2


18 M \\I I I, Il AHI MISI l,M AN

c'osluiiics cl les li;irn;iis de I i'|)(i(|uc. |)';iiilrcs pîi^T.'s repi'ésenlent


une irc('j)ti()ii [)<)iii|)cus{' à l:i (Imir du KIkiIiIc, des j,'rou[){'s de sol-
dais à clicxal on il cliaincaiix, une ass(Mid)lét' de savants, un prêche
à la l'onlc, renlerrcnienl dun clieik, une halle au désorl. un mar-
ché d'esclaves, nn idiiccrl enlin les sujets des 50 récits (|iic llareth
;

hen Ilamnian l'ait des voyag^es et aventures de son ami .Ahou Zeid
de Saroudj. Dans tontes on retrouve la trace bien visible de l'in-
iluence byzantine par leur exécution libre et larg-e, analog^ue à
celle des fresquistes de basilicjues, et qui se rapproche bien plus de
Part du peintre, que de Tari précieux de Tenlumineur où triom-
phèrent les Persans mais ce qui donne à ce livre son caractère, et
;

une saveur si particulière, ce sont les souvenirs de la vie au désert,

de la vie des nomades; c'est un document inestimable sur la lii)rc

existence des pasteurs arabes à cette époque (fig-. 2, 3, i).

enlumineur à la fois, a signé son nmn au


l/artiste, callif^rajjhe et
dernier feuillet du manuscrit. « Vahia ben Mahmoud ben Rallia
ben Abou el-IIassan, » il était de cette ville de Wassit que ses écoles
avaient rendue célèbre dans tout TOrient, et dont Ilariri aurait pu
dire comme de Bassora, sa patrie, qu'elle était la mère de la science.
Une Hisloire de la Conquête du monde de Djouveini, datée de
689/I'iUO, Bilîliothèque Nationale, fonds persan, n° 205, se rap-

proche beaucoup du Alakamat de la collection Schefer malheureu- ;

sement les pag-es sont en assez mauvais état.


Deux autres manuscrits des Séances de Harin\ de moins belle
exécution, de la même époque et de la même École, se trouvent
aussi à la Bibliothèque Nationale.
L'un d'eux (n" 1018, fonds arabe) est cependant très curieux par
toutes les scènes de la vie arabe à laquelle il nous initie. Une
léo-ende en lettres d'or court sur le bord de la miniature, l'explique
et nomme les personnages ' (fig-. 5).

Deux autres Séances de Hariri sont au British Muséum ;


l'un a

des peintures assez analogues à celles de la Bibliothèque Nationale,


l'autre un in-folio, daté de 723/1313, fait pour Ibn Djalba
est
Ahmed de Mossoul, collecteur de la dime à Damas. Très intéres-
sant en ce sens qu'il nous dévoile la facture des miniatures. Le
contour des figures inachevées est indiqué par un léger trait au pin-

ceau. Cette même finesse de trait, ce pur dessin que n'a pas encore

1. Dcrenboury, Journal des savants (mars-juin lOOli.


Fi!. 17. Husliiii (If Siiiidi :illril)iu- ,'i un arli-lr dr UnUliara ni 1 .'xi i

(
ltil)liii|lii'-(|ui- Naliniialc. N;i/)/i /(;/! cm/ ////•(. ii" 7(>'J ).
20 MAM I I. I» Alll Ml SI I.MAN

iiloui'di l:i ;^i>ii;icli(', s<' iclidiixc dans un li\rc de la I»iI)Ii((||r'(jiic

lni|)(''i-ialc de ( loiislaiilinoplc, on (\c> aniinaiix soiil ii-pi-c-seiiU-s avec


robscrvalioii aif;u{î cl rcxcciilioii scitcc d un Pisanclln.
Un lrcsl)caii Makamal esta la IJihliolliccjuc Impci-ialf de \ icnni' '.

Il est dair du "JU mars i:{:{i cl sij^iic de Ahou T l-'adliad il.n .\l)i Ishak.
J^es luiiiialures en sont oxlrrinemcnl iiiLéressaiilcs : les person-
nages soiil un |)cu conils et lourdauds, mais les compositions s(jnt

remarquables : un snllan se donne une i( pi-ésenlaLion {racrobales,


des défilés de cavalieis, une scène trécole, dans lesquels les person-
naj^es ont une noblesse cl une dij^nilé imposantes.

Les .Vrabes lirenl aussi cnluniinei- des livres de j;éo^i-aj)liie ou


d'histoire naturelle, 'ici esl un curieux livre (rel-Kazwini, Ac.v
merveilles de la nature^ daté de 1283, qui dénote bien peu d'obser-
vation des animaux, mais une curieuse imagination dans la repré-
sentation de bètes fantastiques.

Corans éqypiieiis. — En E^^yple, la beauté dans rornemenlalion


des livres l'ut réservée aux Corans, Ils apparaissent enrichis de titres
enluminés et de médaillons marj^inaux de la plus extrême mag-nili-
cence. Chaque sourate est inscrite elle-même dans une enluminure

en or et en couleur. Jamais avec plus de finesse, de souplesse, de


grâce, jamais aussi avec une j)lus intarissable fantaisie, ne s'est
exercée l'habileté du décorateur arabe dans les mille combinaisons
du décor géométrique. Jamais non plus la palette de l'artiste n'a
enrichi d'une plus splendide et riche harmonie, une page de livre,
que le peintre ég'yptien dans son art souverain de marier l'or aux
couleurs (fig. 1, 8, 9).

On s'en convaincra en feuilletant le splendide Coran du


xui'' siècle conservé au British Muséum (Orient lOOUi, dont les deux
premières et les deux dernières pages sont comme des taj)is mer-
veilleux.
Un autre Coran conservé au British Muséum, add. 22.406, au
nom de Beïbars Jachenkir en l'an 704/1304, fut fait certainement
pour son tombeau, fini en 706.
Les deux premières pages d'un Coran magnifique du début du
xiv^ siècle, sont au Kensington, avec de beaux caractères d'or sur
fond bleu, limités de lig-nes roug^es.

1. Catalogue n° 268.
LA PEINTURE, LA MINIATURE
. 21

'•-iK. IN Hns(MM
- .1.. S„..l, .nnl.n.^ •.
M.-I,...l., Iis7-,:.,i
:H'l.|.,.||,...|u.-KlH..lis,al,. .InCair.o. ~ CI,,-/,,. M„n,z.
22 MAMi;i, DAHT MISII.MAN

M;iis les j)lus Ix-mux (>oi-;iiis soiiI ceux de la JjiblioLliequc Khédi-


vinlc (In (laiie, (|m piov leiiiu'iil des |)iiii(ij);dt's mosquées'.
Le j)lus ancien, très endomma;,a', aurait été écrit en c<)nlif|ne,
si Ton en croyait les traditions, il y a lir)()ans. par l)|arar es-Sadik,
lils de Molianinicd ej-i'.àkii'. liis de .\li /eni el-Ahidin. lils de
Housseïn, iils d'Ali, lils d'Ahou Talib et f^endre dn Prophète. Les
plus beaux sont ceux des sultans Haliarites : celui de Mdlianuned ibn
Kalaoun. l'JlKi-llMl. écrit en lettres dorées pai' Alini;id Yonssouf,
un Turc, en l'MK
D'autres dateiil du sullaii (liiàban son ])elil-lils 1 l?():'-I :i77 , soit
de 7t)0 ou 77(1. ce dernier a\ec des paj^es de tète exlraf)rdinaires
[ii^. 7 . I n deux porte le nom de Khawend Baraka, la mère de
Chaaban. Ils élaient tous destinés à l'iù-ole l'ondée par lîaraka, la

mère du sullan, dans le Khatl el-Tabbaneh.


Trois autres (lorans sont au nom de Barkouk 1382-1:^99), le plus
ancien éci-it par nrdie de Mohammed ibn Mohammed, surnommé
Ibn el-Boutoul. par Abtlerrahman es-Sa'ïg-h, en 60 jours, |)uis revu
par Mohammed ibn Ahmad ibn Ali, .surnommé el Koul'ti.
Un Coran au nom du sultan F'aradj, son fils, el daté de 814, porter
le nom du même callii^raphe. Un autre de Tannée 810, écrit par

Mousa ben Ismaïl el-Kinani, surnommé Gag^ini, l'ut fait pour le sul-
tan Moayyed.
el

l n Coran dune dimension inusitée, mais en fort mauvais état, est

daté de 909 et provient de la mosquée de Kail-Bev.


Tous ces Corans sont écrits sur papier rougeàtre ou crème,
sortis des papeteries de Fostat. L'esquisse du dessin est tracée en
lignes blanches, les couleurs posées à tons plats, simples ou nues.
Les dorures sont protégées par un glacis de laque pourpre qui leur
donne un éclat métallique. In trait noir cerne les contours, et v
profile les ornements courants.
En Egypte, on enlumina aussi les livres historiques écrits aux
xiv'' et xv*^ siècles. La première pag^e est remplie par un cadre
coloré en or, en rouge, en bleu, avec le titre de l'ouvrage et le

nom de l'auteur. L'ornementation est lourde, l'emploi de l'or


excessif. Les Persans apporteront dans l'enluminure plus de dis-
tinction et de sobriété.
Au ^Maghreb, l'enluminure est encore plus commune ; les enca-

1. La reproduction d'une de ces pagres de la Bibliothèque Khédiviale est due


à la ^gracieuseté de S. E. Artin Faclia. el de M. Moritz. conservaLeui- de la
Bibliothèque.
LA l'EINTlRt:, LA MIMATLRE 23

Fi^. 1!». Husiaii iU- Siiadi .iltiil)!!.- à IW-li/.iiili-, 1 iST-irill

(Hil)li..|lu'i|ur Ivlicliviali- .lu Caiiv).


24 MAM I I. I> AU 1 MI sri.MAN

(Ireiiiciils sont diinc cxc'ciil ion sonimiiii-c cl niahidroilc, les coiilciirs

pauvres ilc piiiiic d'orii r('ni|)l;ic(- lOr . I.c rouj,'i\ si l)c;iii en l'.^-^yi)!!-.

est (Icvcmi \ iiiciix on ilc Ion l)ru|nc'.

Les tminiiscrih pcr.suns. —


Va\ Perse, les ouvrages qu'on se plul

à faire enluminer ne sont jamais les livres de droit ou de reli^Mon ;

ce soni |);n l'ins, mais

Kiy-. 2(1. — Divan de Mir ali Shir Nevai, exécuté à Hérat en 1527
'^^ Bibliothèque Nationale, Supplément turc, n" 316)

scrils historiques, les vies de souverains, les ouvrages de géo-


graphie ou d'histoire naturelle. Ce sont surtout les Recueils de

poésies et de contes, les œuvres de poésies légères qui s'adressaient


au grand public, et auxquelles bien peu de Persans étaient indifl'é-
rents ce sont les Bostans de Sadi, les Gulistans de Hafiz, et surtout
:

les cinq poèmes de Nizami. Ce sont encore les cinq poèmes de


Hateli, les deux divans et les sept trônes de Djàmi. C'est enfin le

Chah Nameh, le Livre des Rois, l'immense poème où se ti'ouve une


grande partie de l'histoire légendaire de la Perse.
J^'influence de la Grèce sur Part de Perse fut à peu près nulle,
la

tellement la puissance khalifale l'avait isolée de IKmpire byzantin


I.A. l'KINTlRi:, LA MIMATIRK 25

dont la séparaient la Syrie et le royaume seldjoueide de Roum.


d'Asie Mineure. Si elle apparaît vag-uement, c"est à travers une pre-
mière interprétation arabe, née en Syrie de manuscrits bvzantins,
les Persans ne devant pas se trouver en contact avec les orij^inaux

grecs. Si Ton \oulail li-ouxer imc parcelle de ccHe injluence, ce

Kig. 21. — Divan d.- Mir ;ili Sliii' Xevai. .\i'i-iilo ;'i lli-ial on \y21
(
l?il)liii|li('(|in- Nalidiiiilc. N(;/7»/c'/(i(';i/ liin\ n" .HKi).

serait dans ccrlains niannscrils inai;i'|iit's cl ;i>tr()nonii{|uc<. celle


science cluv. les Musulmans ayant dcri\c jxmi- une foi-lc pai-l de la

science licllciii(|iic '.

D'ailleurs, ce ^oùl inné de la |.einlure clic/, les peuples d«> la

Perse semble remonlcr assez liaul, s'il es! \i-ai(prau milieu di- leurs

I. Iv lUdchcl. /.es iiriijiiH's ilv l;i in-inl lire ru l'vrsf (iuzi'llc ilrs lh\ni.r-
Ar(s. aoi'il l'.M).). p. |-_>1 I.
l>f. MAM i;i. 1) Ail 1 \ii sri.M \\

^•iioiTC's coiiliniicllc's ;ivec lés Honiiiiii- , les .\rs,-i(i(l(;.s n'en conli-


nnaicMil pas moins à orner leurs sonipl iiciix palais de Shiz d'admi-
rahlos peintures'. I,es Persans de lépocpie Sassanirle ne f^oûtaient
pas inoins cel arl avec nn sens assez senihlahlo à celui des Persans
de rislain. {];ii- i'jinlciir iiicoiiim de l;i clir'jnifjue " Modjniel e(
tewarikh » ciLe un (ju\raj;e drnoniiiic l'url mils des sonrerHins de

l--]. Maiiu^Liil persan, n" i:,)',iiiii IJiili.-h Mii>i'uiii

la dynastie sassanide, dans lequel se trouvaient des enluminures


représentant tous les princes de la famille. Et cet ouvrag-e, contem-
porain des Sassanides ou copie exacte faite postérieurement, fut
encore vu longtemps après par Massoudi, qui raconte qu'en l'an
30:i de rhég-ire, il vit dans 'la bibliothèque d'une vieille famille

d'Istakhar du Fars, un manuscrit avec "27 portraits des souverains

Sassanides. Il en protite pour les décrire, tout en n'ayant pu 'déter-


miner comment ils étaient exécutés (papier ou parchemin) ^?

1. Massoudi, Livre de l'avertissement, trad. Carra de Vaiiv. p. lôO. Paris,


1S97.
2. E. Blocliet, Idem.
LA PKINTURF,, I. A MINIATURE 27

Les trois f,Tancles I*lcoles de peinture en Perse se succèdent sans


inlerrii|)ti(Mi du comniencenienl du xiii*" siècle à la fin du xviii" siècle,

correspondant aux trois «^'randes dynasties maîtresses de l'Iran pen-


dant celle période de près de cinq siècles : les Monj,'-ols, les Tiniou-
rides et les Sélevides.
I" Les premiers livres illustrés apparaissent en Perse avec la dvnas-
tie des Mongols, dont Tancètre Iloulagou fut envoyé con([uérir la

Fiir. 2.'i. — Maiiusciil pcisaii. n" afiOOO i


Hrilisli Miist'uin

Perse par son i'vvvc ri'.nipri'cMr de (".lune ManLou-Kàan, cl (pu m


tarda pas à l'cuiiir sous le niciiic sccpli'c les populations de I Iran cl

(\\i Turkcslan. ( lonuail ra-l-ou jamais l'acliNilc ailislupu- aux


r-pocpics les plus aiuicniics de ce Turkcstan. où durcnl s clahori-r des
lurmulcs ai'tisl i(|ucs dunl ré|)an<uiissemcnl apparu! dans 1rs mcr-
vcilli'uscs l'",cn|('s de minialunslcs (pic nnus \t'rniii~-à la solde des
'i'imoiiridcs . et tpii rcaliscrciil (pichpics-uiis des plus purs clicls-
du'iix rc (pic i-vl ail ail |)rodiiil-- '.'
Il scinhic ccrlain ipic les lidiiis
liir(pics (le I Asie ((Miiralc curciil de lies honuc heure un j;t>ùt arlis-

lupie Ires \\\\ el (pi au dchul du \mi' sk'h'Ic. un de leurs princi-s,

Koulti^in elaiil uiorl, son l'ii'i-e l>il|a Kai^aii manda à ri'.mpereur


de ( ".lune d a\ on- à lui eii\ over des arl isles pour elevi'r un temple
28 MAM ir. I> Ain Ml SI I. M VN

;i la mrmoirc du (léfiiiil '. Six arl islcs \ iiii-ciil et coiix i-ireiit les murs
(le ce temple de rres(|ut's comniémonilives ^.

(]e fail e\|>lit|iie déjà l)i('ii des cIkiscs. |)f's ra|)[)f)rts élroits avaient
toujours existé eiilrc le lurlvcslaii cl la (^liiiic l,c> Monj^ols eux-
mêmes, (|iiaiid ils sahallii-eiil sur la l'crsc. n auraient, dans leur
barbarie, rien pu ni'i^aniser sans le secours des sccrélaires-inler-
prètes chinois don! ils claicnt accoiupa^'-nés. i.a langue |)crsaiie se

Fig. 2i. — Manuscrit persan, ii" •2b[H)0 >


J5iil i>li Muséum ,.

trouva dès lors pénétrée d'une foule de mots turcs, et lart d'une
quantité de formules chinoises. A ce point de vue particulier de la

technique^de la peinture, que les Chinois étaient bien


il est certain
plus avancés que les Iraniens. C'est ainsi que s'élabora en Perse et
dans le Turkestan, un art dilîérant certainement des Ecoles de
peinture chinoises, mais qui cependant ne se dégagea jamais de
certaines de ces influences.

1. E. Blochet, Les orirjines de lu peinture en Perse Gazette des Beaux-Arts,


p 123).
2. Thomscn, Les inscriptions de l'Orhhon. 1896, p. 7S.
LA l'KINTURK, LA MINIATURE 29

Durant la période moag^ole (


1258-1335l, les manuscrits ne furent
pas très nombreux, les loisirs que laissaient la j^uerre et la chasse
étant trop rares pour qu'on pût ^-oûtcr les plaisirs 'artistiques. Ils

ollrent une assez grande unité dans le choix des sujets : ce sont tou-
jours des scènes de batailles, des prises de vailles, des combats san-
g-|aiils, auxquels succèdent des banquets et des beuveries, car les

l'"\'^. '2\i. — M;iiiu'-c'iil persan cxt-oiitc |)uiir K- (^liali riiama--|) irï'Jl-lfi"!

Collei-tioii dc'Cli. Heati).

Mongols élaicl grands buxcurs et s"ciii\ rauMil . Ils ainiaicnl à se


faire rcprésciilcr en |K'rs(iiiiu's (hiiis leurs inaïuiM'iils avec lcur>
femmes, 'l'i-ès parliculicr cl en mcnic temps l'orl intert'ssanl pai' le
caractère chinois (pie les ai-listes monj^ols iiilroduisaicnl avec eux
en Perse, es! un iiianuxiil de l;i I {ibi ml liè(pie .Nalionale, Mipplé-
ment persan 20,"). l.'Inshiirc des .\hir(/n/s dAhi ed-diii DjouNeini,
daté de l'iUO, nwv nue miiIc miniahire oii Ma ed-din est i-epivsenlc

à f;'eii(>u\, (ill'rani un mamiseril de sa cliiuiiKpie au soiivi'rain per-


san Ar'Miun. Très endoinmai^éc, celle iiiiiii.il lire esl execulèc
.

30 MAM ir. Il MIT MISI I.MAN

|)i-('s(|iic (•iilicrciiicnl ;iii li;iil. s;uis (•(iiilciirs. ));ii- tciiilo |il;ilc'.s, à


I ciicrc (le ( lliiiic '

I.;i (|ii;iliU' (rc'xécutioii des [jciiiluics n'est alors ni rare, m i-alliiiée.

J.es Mongols iiY'laieiil pas des délicats, ils voulaient être servis de
suite; le liaxail paliciil cl soij^iK' n"a\ail {)a'- lcin> [irélerences. (le
sont i\ci< dociinieiits cunciix. <c ne ^mil p.is de i)c||c< n-inrcs d arl.
( Ici I
( \ai lie ni(in;;n|c ne put
d adicurs li-a\aiiler (|u au
nidicii des désordres coiis-
lanls (pu laissaienl pm de
loisirs pour s'occuper de
livres d'art.

Il" I, arrn éc de Tiinour, à

la lin du xiv" siècle, mit lin

à cette anarchie, et le rèf,'-ne

de son successeur ("diah


Hokli l'ut une période de
paix, lelle que la Perse n'en
a\ail pas connue depuis
longtemps. Les Tiniourides,
ceux qui régnèrent dans
lest de la Perse et en Tran-
sokiane après la mort de
Timour, et ceux qui cher-
chèrent fortune dans THin-
doustan, furent de grands
amateurs d'art et de littéra-

ture. Timour lui-même,


dont la cruauté et la sauva-
j;erie sont demeurées légen-
Fig-. 26. — Djanii par 15L-hzadé, dalc 1 109
(Bibliothèque Nationale, daires, se délectait à la lec-
Supplément persan, n° 1416).
ture des poésies d'Hatiz et
de Nizami. Lui-même écrivit, et l'apocryphe de ses mémoires
n'ayant jamais été prouvé, quelques-unes des pages qui lui sont attri-
buées sont parmi les chefs-d'œuvre de la littérature orientale. Il

aimait beaucoup la exécuter des portraits de toute sa


peinture, fit

famille et de lui-même, et l'on a conservé le nom d'un artiste célèbre


de Bagdad, .Abdhali, qui vivait à sa cour. Son pelit-tils (~)uloug Beg,

1. E. Blocliet, Les Écoles de peinture en Perse {Revue archeoloyifi ue.^uillel-

aoùl 1905, reproduction, p. 125).


LA PEINTl'RK, LA MINIATURE 31

fui un des Musulmans qui lircnl le plus a\ancer les sciences, surtout
astronomiques. Le sultan Husaïn \i\ail dans sa capitale d'Hérat,
entouré des plus grands écrivains et des plus fameux artistes de son
temps. Il en fut de même de Babar et de ses descendants les (irands
Mogols de Delhi dont les sceaux se retrouvent sur de nombreux
livres qui proviennent de leurs mag'uififjues biblidthèques.
L'iniluence chinoise est
bien nettement marquée
dans tous les livres à minia-
tures de cette époque et de
ces Ecoles et on peut se
;

demander qui les exécu-


tèrent, des artistes persans
éduqués dans les bxoles
chinoises, ou des artistes
chinois attirés en Perse. On
sait (|ue vers 630, un
peintre originaire de Kho-
tan se rendit en (Ihine avec
son père, et ce ne fut sans
floute pas le seul '. Il y a
une constatation cei'laine et
immédiate pour ceux qui
ont (pielque pratique des
(L'uvres de T l'Extrême-
Orient, c'est l'analogie d'es-
prit, de style, de caractère
entre les mitnatui-cs per-
sanes, et certaines peintures
chinoises ou japonaises,
|)lus particulièreniciit celles V\i 11. — DJami par dati
H»' li /a (!('•.
Itil)iicillu'-(|uc National!',
de la vieille Ecole japonaise
Sniiiilt'nicul juTsun, ii" IJlti .

aristocratupie de Tosa et

ses beaux makinioiios. l'"ii Iciiaiil coiiiplc ;lc la dill'éivnce des civilisa-

du choix tout autre des su)(•t^, les coin positions ont


tions, et très sou-

vent une grande ressemblance, de niriiic (pic la hcliiiupie lig. IC) .

(j'est certaineiiiciiiciil diiii alclici- du 'l'iirkeslaii ou de la 'l'raii-

soxiane tpi est sorti un li\ic adiiiii ablc, (


'./iraiiii/ ne de li.ic/iitl ed-
din [/lisloirc des princes l)jcn(iiz l,/i;inidc.-, l>ibliotlie(pic Nalio-

1. Ilirlli, l'cbcr frvindc /•,'//i//i;n.s(' in ilrr rli iiicsischvn hiinsl . |>. :V:
Fig. 28. — Miniature d'un manuscrit persan, xvi' siècle
(Collection de M. Henri Vever).
LA PKINTI'RE, !.A MIMATURK 33

l'"ii.''. '2'.K —M iiiiiil iii'c (I un maïuisiiil persan, \\ i'' sit'cU


C.nll. (If M. Ha.\ 1111.11,1 I\.r,-liliii .

Mamki. i>'Aur Ml sri.MA>. — 11.


34 MAMi;i, l> AHI MISn.MAN

iiiilc, Snpplrnu'ul />cr.s;iii, ii" I I I !? . cxcmiiIc ;iii coiiiiiiciiccmeiil du


xiv'' siècle, sons le rc^nc du siilhm ( >l(l|aïlnii.

Avec le c;ir;ictère chinois très car;ictérisé de ses lij^iires f>riiées

de coillures bien curieuses, j'y vois encore un esprit artistique assez.


\'oisin de celui des eiduiuiiicnrs arabes du \mi'^ siècle. (Test certaine-
ment un des livres où se sent le mieux la transition a\ei' \cs Séfinccs
de Ilarirt du fonds Schcler, par ses compositions si e\pressi\e»
encore de la libre ic nomade des steppes, ce l'i-n alhinié près de la
\

tente (f" iiOi. ou celle poiirsiiilr de ca\ alicrs dans la plaine l^''^'2'^'^ .

Le dessin en esl loulet'ois pins maigre cl le don de jjeindre inoin-


puissant. C'est cependant une bit'ii belle composition que celle oii
Djenf^is Ivan est rej)résenlé assis sur son Irone, avant auprès de lui
sa sultane préférée, enlouré tie ses femmes cl de sa cour, et rece-
\ant riiommagc de ses deux 111s agenouillés devant lui (fig-. 11;.

L'un des beaux manuscrits exécutés à cette époque est bien cer-
tainement V Apocalypse de Mahomet (Bibliothèque Nationale, Sup-
plément turc, n" 190), exécuté h Hérat au début du xv*^ siècle, sous
le règ-ne de Chah Rokh les fig-ures de la chimère qui emporte le
;

Prophète au ciel, et des ang-es qui raccompagnent ', ont la rondeur


joufflue et les yeux bridés des fîg-ures de rExtrême-Orient (lig. 13 el
15). Les fonds enluminés en bleu sont traversés de nuag^es en forme
de tchi chinois. Bien que les compositions en soient un peu mono-
tones, il y a lieu de signaler, à la pag-e 50. un bien beau paysag^e où
l'on sent un vif sentiment de la nature.
Cette influence est peut-être plus frappante encore dans un
manuscrit (Bibliothèque Nationale, fonds arabe, n''5036i. contenant
le texte arabe d'un Traité d'astronomie fameux d'Abd er-Rahman

Soufi, exécuté à Samarkand pour le sultan Mirza Ouloug- Beg- (1447-


1449), ce passionné d'astronomie, qui avait fait élever aux portes
de sa capitale, Samarkand, un petit palais de porcelaine apporté
tout entier de Chine par morceaux. Ici la peinture à légères teintes
d'encre de Chine et à quelques traits de couleur est tout à fait dans
lamanière des maîtres de l'Extrême-Orient. La décoration réduite
au minimum, est d'une discrétion rare l'artiste semble avoir cher- ;

ché l'unique intérêt de figures dessinées d'un trait sûr (fig-. 12 i.

De ces mêmes ateliers sont sortis : cette belle Histoire de la


Conquête du monde de Djouveini, exécutée en 1437 avec laitière

1. E. Blochet, Les origines de la peinture en Perse, pp. 115 el 117 (repro-


ductions).
LA l'IilNTLRi;. LA MLNL\TL"RE 35

Fi^. M). — C.liali Naiiicli ou I.i\ ic de- \{>>i>. cciil i-t illiisliv en I .'uili

IHMii- U- Cliali 'l'hainasp l" Ccll. .Ir M. Ir harmi l-;iliii..iul .le K..I hsrliil.l
•M\ MAM 1,1. Il AHI Ml SI I.MAN

|>r(''srii(ii(i(iii (le CCS cax ;ilicrs se pn-sciihirit (lc\;iiil les inufs d imc
|)hicc l'orlc' liililidl lir(|iic .\:il luiiiilc. Siifiph'-mi'nl ficrsiiii. "JOC» . mi
Cl' l)c;iu pociiic (le .M<)li;miinc(l ;il I\;iiii);iiii. Ac.s iininiirs de IIoiiiiuiï

cl (Iv llinini;ijn»ui\ Hil)li()( Ihmjiic liii|)(-ii;ilc de X'iciiiic. ii" 'JHI c;il,il. .

e.\(''ciilé ;"i IN'-riil en \


\'1~ . d Une cxccnlioii si liiie. d'un dessin si

^J^>^lfz^!^,f)>yff^ù%^^f'^

i'^^xJyJ^.^^
'
jC '<c *^'^'^i^^a;U^'-^-

Fi^. 31. —
Histoire des Pi-ophètes, Les sept dormants
^ Bibliothèque Nationale, fonds persan, n" 13131.

charmant, (Ui le caractère des tiyures et la j^ràce féminine sont ren-


dus avec une originalité si rare.

In autre manuscrit du xv*' siècle, de la Bibliothèque de \'ienne


in°"2Ul catal.i, renferme à chaque pai^e des scènes de chasse du plu.s

1. Reproduit par Bl(jcliet, Les oriylnes de lu peint tire en Perse [Gazette des
neniix-Arts, août 1905, p. 12â .
LA l'EINTlUE. I.A MIMATIRI. 'M

puissiiiil caractère un pcrsoniia;;t', une Heur, un i»nieineut, eiiler-


;

iiiés flans un médaillon, interrompent le texte; un lion à iallVil.


prèl à bondir sur une gazelle paissant, est une chose d'une i;ran(leur
inoubliable.

Les peintures des nianusciuls des lOcoles dv^ Tunourides sont


inlininienl suj)épieurcs à celles des Écoles monj^oles. Ils étaient

V'iii. :<•->. Hisloiic .1rs l'n.pJuM.-s. SuciiluT .l"AI)iali;i

( nil)licillir<|iic Xiili..ii;rlc. l'niids i)fi-sim, il' I31:i .

deslint's à di's juinnucs d une iniliii'c bien ;mln lucnl laHinci', i-l

renrernienl iniinnncnl moins de scimu-s de baladlcsi-l de carnaf,H's.


(détail une époipic de bbi'c expansion arlisl Kpir, on dans les villes

comme Samarkand nu lleial, leur dernière capitale dans le Klm-


rassan, tout de\ai( concourir à reclal d un inoinent unupie dans le-

fastes de rOiienl.
1-es Iradil ions des blcoles 1 1 mou rides se p<'r|iel iiereiil i ulcéra lein en I

dans Ions les pa\s de l'exlreine bis! de l'Iran, où les princes I /beUs
:w MAM'KI. Il AHT Ml SI I.MAN

se miiiiiliiirciil dans les \illcs de iJnkliaia. klii\a. Tachkenl. \.r-~

iiiaiiiiscrits f|iii en j)i-()\ icmiriil sont inniihiciix à la liildiothi-qui-

Nationale, et ccriams, lorl beaux, (IcudIciiI un art liinjoups éj^al.


In livre de Ni/.aini Stipplèmenl pers.in. n" 'JS.') . ijln-lic- en |.');{7

par Maliiuoud |)()ur le sultan l'/.bek de KliDdjeud ;


— un autre Su/j-
jilv/iit'iil pcr.suiK li.")() , dal('' de IJcSO; un su|)erl)e Hostaii de
.'^aadi {Siipplénu'iil f)cr.s;iii . IIS7 . t'o|)ié à linkliara par M ir I loii^-cin

Fi^-. 33. — Miniatui-es (Bibliothèque de Constant iiici])li' .

el-IIousseini en 1585, et rapporté des Indes par Darmesteter; — un


autre beau manuscrit [Supplément lurc, 762), \ raisemblablemenl
écrit à Bokliara le règne du sultan Iskeudcr itîg. 17
en 1564, sous :

— entin un Chronique de Mirkhond Supplément


manuscrit de la

persan, n" 1511, daté de 1604, et très probablement exécuté à Khi\a


ou à Bokhara sous le règne de Arab Mohammed '. I'''"

III" Cependant, à la lin de l'époque des Timourides, on sent


déjà qu une évolution va se produire, et que le style noble, un
j)eu hiératique, de tant de compositions admirables, va se détendre

et produire, à l'époque des Séfévides, des (ouvres d'un charme plus


persuasif.

1. lîlocliel, Les Écoles de peinlure de la Perse Revue archéologique, juillet-

aout 1905).
LA l'IilNTCRK, LA MINL\TLRE 39

îm ii n iir

^^:

^#?^'^^^.!V\l^niiÊ^^^
U) «-ri '
\

Kig-. ;<1. — Mmiiiliiics I


Kil.liMlli, ,|iir .!. (:..n>l,iMl iiiMpI,
40 \IAM i:i, i> Aid \irsi I.M AN

Toi ce Ix'iiii livre «le hjiiiui. coi)!!' en IMI.')/ 1 11»*.», pur Siilhiii Ali

el-Meehhé(li, et cjui lui illustré par un eeiMain Maliinud de très belles


miniatures (^liibliothèque IValionaJc, Stip/)lrnu'nl /)('rs;in. n" I 1l(i .

(>e livre ofFert à Akbar, et possède- dcpui.- pat- le Mdlan (lliaii hielian,
(loni il porte une noie inamisci-i(e, ('lail ciilrc' dans la cullect ion
Srlieler (^
11--. -JC, '21 i.

Le même caliif^raplie a\ait écril cpichpies années aiipara\anl nn


Tort remarquable manuscrit ( Hihliolliéque Nationale, Siipplêmeii/
/lire, IHKV), en 89()/ii85, qui se distiiif^ue ])ar la jurande linesse de
son exécution et léléf^ance de ses personnaj^es élancés, dune min-
ceur bien persane, qui contraste avec la rondeur et la lourdeur des
types moiif^ols. M. Scheler en avait attribué les miniatures au
célèbre peintre Behzadé.
Ija Bibliothèque Khédiviale du (]airc jjossède de ce Beh/adé un

Bostan de Saadi, qui est une pure merveille. Rédigé en S'.Ki/l4S7


par Moustakim Zadé, pour le sullan Ali. les dernières paj.;es y l'urenl
ajoutée-s en 919/1514, par Chems ed-din Mohammed el-Karamani.
11 contient entre autres six mer\eilleuses compositions de ce
^rand peintre, un banquet sur une terrasse, puis dans un grande
salle, une scène de chasse, un intérieur de mosquée, un intérieur de
palais, des juments au pâturage. Il y a là un don dobservation, une

justesse dans les attitudes et les mouvements, un esprit et un talent


à agencer des scènes à nombreux personnages qui sont demeurés
inégalés < (fig. 18, 19).

L'une des œuvres les plus belles de cette époque de transition est
le splendide Divan de Mir Ali Chir Nevâi (Bibliothèque Nationale,
Supplément lurc^ n^Sie), exécuté à Hérat en 934/15'27, par un artiste
qui continua à y travailler après la chute du dernier sultan[]du Kho-
rassan, Bedi ez-Zeman Mirza (-]- 1517). Ce livre fut un des joyaux
de la Bibliothèque des Grands Mogols de Delhi. On ne saurait trop
admirer sa belle rosace enluminée, ses bassins et ses kiosques
peints sur fond dor, la bataille entre l'armée d'Alexandre et celle
de Darius (f° 415), les trois navires voguant sur la mer, peints
d'une touche si éclatante animée de Bahram
(f° 447), la chasse si

Gour (f'' 350), et la jolie scène dans laquelle le Cheik de Sanâan


récite des poésies à une femme qui l'écoute avec candeur f" 169) i

(fig. 20, 21).

Les manuscrits qui nous sont demeurés de l'époque des Séfévides,

1. Reproductions ducs encore à roblig:eancc de S. E. Arlin Pacha et de


M. Moritz.
MIMATIIli: 41
LA PKINTlKi:. I.A

l.'i„.. ;c>. - Miniature (


l<il)linllu-.,iu' <U- Cnnslanlin..!-''- )•
i-y MAM i:i. I) AKT MLSl'LM AN

depuis lextrénit' lin du \\'' sièi-lc, sfnil cxlrcim'iut'iit iKindjruux. p;ir


conséqueuL l'aciles ii éUuIicr. J>a i'orle empreinte dont les Tiniou-
l'idcs avaient marqué la civilisalif)n de Tlran [)endant plus de deux
siècles, devait être indélébile, car jamais elle ne selFaça complète-
ment. Jamais les Sélevides ne purent l'aire ajjoutir leurs ellorts de
réaction contre le réj^ime touranien. Ils ne purent jamais se passer
du concours tles Turcs qui conservèrent les (lauls j^rades de l'armée
et les grandes charges civiles.

La chronique de Chah Abhas I'"", le Tarihli-i Aleiii Arnï .\hl);isi

nous apprend (jue la |)lu|)arl des <,''ran(is peintres (pu illustrèrent ce


j;rantl règne, %'enaienl des
lù'oles de Samarkand et de
Holvhara, si florissantes sous
le rèyne des Timourides.
(>et art est merveilleux ;

sou|)le, aisé, facile, la recher-

(die du sentiment tendre et


délicat y est d'un charme tout
à l'ail insinuant. Les artistes
ont essayé alors tous les

i^enres , et ont dans tous


excellé. Certaines scènes de
guerre ont tout le caractère
épique des œuvres plus an-
ciennes, les scènes de chasse
oll'rent un mouvement et un
pittoresque surprenants, et
V'v^. 3(1. — l^ortrail
(Bibliothèque de Constantinople sont en intime accord souvent
avec Fart de décoller les tapis.

Les paysages avec des perspectives déplacées, y témoignent d'un


amour et d'une observation de la nature des plus fervents. Dans
beaucoup de scènes trintérieur se rencontrent un sentiment de
rintimité, un art de groupement et de composition tout à l'ait
rares. Il est enfin certains dessins au crayon qui, pour la sûreté ilu
trait et le serré de la forme, égalent certains crayons d'Ingres
(fig. 37, 38).
Du fondateur de l'École, Oustad Goung de muetl, nous igncn-ons
tout, si ce n'est qu'il forma un bril'ant élève, Djahangir. La seconde
génération formée par Djahangir produisit Pir Seyyid Ahmed de
Tébriz, et le célèbre Behzndê de Hérat ou Kemal Lddin perfection
LA l'KINTnU;, I.A MlMATlRi; 43

(le la Velij^ion . La HiblKitlirqui' Klicdixiale du (laii-e possède de


l)caii\ li\ res de ees arlisles. De Diahar.^ir. iiu liostau de Saadi, et

Ki^-. 3". — DcsMii .111 tiMil. l'.'i'sf, XVI" sii-ele

C.ollceliiui (le M. ll.iviiiimd Kd'clilin .

lin de poésies de Mali/; de l!«dJian. une \p(>r;d\p^c de


Kcciieil
Malioiuel, dnni on ne peul oul)lii'i- le e ri d'un Mcn pi'oloiid coupe
de llaniiues d'or el de sillons de l'eu.

Djanii semble aussi, dans un ^i-and /)ir;iii de C.lieilJi Ihialnni dm


Moliaïuiued el (louleliani, à la Hdiliol lie<pie du (".aire. a\oir ele un
44 MAM l.l. I) Ain Ml SI I.MAN

^iMiid |);i vs;i;;isl('. de iiirinc (\\\r .\l;iiii. iiii IIuhIimi. (|iii fx-i^Miil :i la

(]niir de (^hali .\l)l)as.

lieauc'oup daiilros iioiii^- d'arlislo. loiil a l'ail di^Mio de Ictndr-

Fij.-. 38. — Portrait dessine au trait. Perse, xvr siècle

( Collection de M. Raymond Kœchlin).

iillentive et sympathique qu'il faudra bien leur consacrer un jour,


ont illustré cette heureuse époque *.

1. Tel ce Riza Abbassi dont le British Muséum possède plusieurs manuscrits


et le D' Sarre plusieurs miniatures, et sur lequel il fera un jour prochain une
intci'essante étude.
LA l'KINTlRE. LA MINLXTIRE 45

J>'un des plus importaiils livres qui aient été faits pour les Séfé-
vicles est cerlainemeiil le fameux Chah Xaineh ou Livre des Bois
(le la colleclioii de M. le baron Edmond de Rothschild, qui avec ses

Fiji. M). Miiliiiluif. l'i-isc. wir -i,-,!,- .\l usée tics Aris ilrr.ir.ltlIV .

J.").S Ml 111 ial lires esl K' inixlèle supt-riciir des li\res de cel le i-pocpu".

h.cril en *.(i i/ 1.")(')(> par le seril)e kaieni Msriri, il fui oll'ort à Ispalian

au Chah de Perse Sélevi Thamasp l"'' !.")•_> i-l.")7 l . \)ci^ scènes de


i(S MAMi:i. Il Alir Ml SI I.MAN

Fig-. -40. — Portrait équestre de sultan niogol, art hindou, wu" siècle

i
Collection de M. Ravmond Kœchlin .
LA PEINTURE, LA MINIATURE 47

chaise, de festin, de combats s "y suivent dune façon peut-être un


peu monotone, mais l'exécution en est admirable '
\ tîg". 30 :.

Kij:. 11. — l'oi'lniil di- sullan motrol ili- llmlf, wir sii'cU

, t^ollcction clo M. S. Hinjr .

1. On en (l'ouvei'a de bonnes repi'odiictions dans E. Hlochel \Biirlin(jliin


l/.if/.c/dt", juillel-déccnibre 1903). cl (•. Mij^eon [Les tr/s. avril 1903 .
48 \1( 1 Ml >l l,M AN

Dune liiic^^c |)lll^ siil)lilc' cncdre est pcul-t'lrc le (lliali Niiiiicli de


l;i Hihliollu'qiie Nalioiuile {Siip/i/i-nieiil liirrJYM')! iivec ses scènes de
proineiKide el de chasse d'uiie couleur si ravissante.

Fig. 42. — Reliure en eiiir i;aiii'ré el doré


(Bibliothèque de Constant inople).

J^es collections anj^laises possèdent également quelques mer\eii-


leux livres de ces époques. Le Britisji Muséum a un petit li\re

^n" "25900) d'un style admirable et d'une surprenante conservation,


avec des compositions imprévues de combats à chameaux (lig. ±2.
•23, 24), et un recueil de miniatures portraits n" 23610), dans (

lequel les fif;ures ont une élég-ance et un charme bien rares.


LA PEINTIRE, LA MINIATIRE 49

Un livre de la colleclioii de M. Ch. Head nous montre encore


Tari suprême avec lequel un arlisle persan savait camper une ligure
de lière allure, un fauconnier par exemple, et la puissance de ton.
les beaux rouges profonds dont sa palette était riche. C'est encore

un livre qui fut exécuté pour le (]hah Thamasp 15-24-1574 par (


!,

le callig-raphe Chah Malinioud Nichapuri tig-. 25). i

BSi9sMai«l i
r-THl lll -
MIL,, ! -..
! !
J- -
^ 1
-
If^

^^é^M~r0^
1^
Fi^. l;i. — Uc'liurc ( l!il)liul Ik'.|iu' .K- ( loiisl.inl inM|.l,

P(»urra-(-(in nii joui', grâce à des iiidiiat ion> de ce gcin'c. par


une comparaison attentive, et une analvsi-, tenter de grou|)cr par
analogie des livres (pii |)ourraienl èli'c parents d'un oii\ rage i-oinpo^c
dans une \\\\v dcti'iannu'c, ((Munic ce hvrc (h- Nichapoiir. I'"l par
ipielles lluall(•(•^ (hllci-era-l-d d un autre \olunu' écril à Kaswin.
comnif le lui par cxcnipic cii |0!5/I()(M». par Imad e!-llus>cin. ce
l'ioslan de Saadi. (pu apparhciil aii^si à M. (!li. licad, >i rcinar-
MAMia. nAni Ml SI I M VN. 11. 1
jo MANLl-.l. 1> Mil Ml SI I.\I AN

(|n;il)l<' j);ir ses Mi;ir;^('s roses cl I)I(mic- mi do Ix-lcs (11111 iiiervc-illcux

dessin sélireni ;iii niilicu de I i^cs de Meurs |)eiiite>;i hi ^omme iVov.


(les spleiidides iiiiir^o illiisli'ées l'iireiil un des I noniplies des

Fig. 44. — Reliure i


Bil)liolhèque de Constantinople).

arlisles persans des Séfévides elles sont incomparables dans le


;

Khanisah ou cinq poèmes de Nizami du British Muséum n*^ 2265 i

daté de Tébriz sous Djoumada II 1539-1543, avec ses 14 admirables


miniatures, — dans le très beau livre de la collection Vever * i
fig-. 28 .

1. Reproduction dans Les ar<s avril 1903;.


LA l'EINTlKi:, I.A MIMATURK 51

cl dans cette page isolée, récemment entrée dans la collection de


.M.Raymond Kœchlin, un des chefs-d'œuvre de la miniature] per-
sane avec ses iig-ures d'une .si grande distinction et ses couleurs
dune si sua\e harmonie dans les roses et les mauves ilî"'. 29).

l'i;;. 1"). — Ucliiii-o Xiziimi


l!il)lici|ln'(|uc Naliiin.ilc. Sii/iplcnicnf iiersnn, ii" 9X5).

Mais de toute celle IÙmiIc de pemlri^s des Sel'exides, il ii'.'sl neiil-


eli-e pas d'artiste plus eiii(Ui\aiit ((ue raiionynie de V //isluire Jcs
Pn)/)/ièies de la Hil)liolhè(pie Nationale, 'onds persan. l'.W.i; celui-là
a le sens di-ainati(jne dans le sacrilice d'Ahrahani I" |U\ K- siMiti-
Mienl |)rof()nd de la nature et de la poésie, avec cette t^i-aiide h ir(nie
à Noile tendue (jui lentement descend le cinn-anl \page lOi'), le i^m'it
(lu MKiuvement et du pittoresque dans cette poursuite à che\al d un
52 M AM'II. Il AH r Ml SI I, M \\

dessin si vil" (pa^c I \2 . Il ;i le seul inicnl de l;i l)c;i iilr du l\ pe h uni a in.
dans celle superbe tclc d lidniinc a htanx nciix cl ;i |iiii;;ii(' l)ai'l)e

(page 147), et i-ieii nesl plus éinoinanl dans la rcclierclie des alli-

ludes, le ealnie el la heanlé cxiJi'essix i- des \ isa^^c» (pic celle pa},'^e

Fiji'. Î6. — (tarde de reliure à lilets ajourés


Bihliolhcque Nationale, Snpj)léinenl pej'san. n° 985

inoubliable des Sept Dorinanls, ehel-d'ieuvre sublime qui devrail


suffire à rendre ce livre universellement célèbre (tig. 31, 32).
Ce qu'il y a lieu de constater dans tous les manuscrits de ces
époques, c'est le peu de variation iconof^raphique dans les sujets.

Non seulement ce sont presque toujours les mêmes scènes qui


sont représentées, mais dans ces mêmes scènes, la composition
et les types ne varient qu'insensiblement. Constatation qui trou-
LA l'KIMTBi;, l.\ MIMATIRE 53

verait d'ailleurs à s'appliquer à beaucoup de manuscrits latins et


français, deceux qui sont dépourvus de génie. Ainsi dans tous les
Livres des Rois de Firdousi, Rousteni, le héros iranien, est toujours
coiffé d'un bonnet fait d'une tète de lion. Dans la rencontre de^Chi-
rin et du roi de Perse Khosrau, le roi passe derrière un monticule, et

l'i^- 1". ("liudr (le ii'liiiic papici- Xi/aiiii


IJihlinl liiMiuc Xat inii.ilc. Sii/iiilrnifiil jirrsuii. n" OS.)

aperçoit la jeune fi-minc assise près de la source, dévêtue el peij^niml


ses lonf^s che\eu\. Sa (unicpie et s(ui canpiois sonl suspendus aux
branches an\(ni('llcs le clicx.il csl ;i(l:irli('.

(v^nand on renianpu' un souci de la pcrspcil i\ c. i! n \ r.iiil |i.i-

chercher une inilialivc pcrsomicllc, mais scidcinciil liiinl.il nui d wuc


(l'uvre occidciilaK' ; où riiinininc c^l phis calc^^onquc eiicoi-c, c csl
r)i MAM II. I> Ain MISI I.M \\

(I;iMs lin ;issc/ ;^r;iii(l iniiiil)i'(' (Pumiv lo ii Mi|cl> clin-licMs. mules dc^
c'shiMi[)cs (Ir I < (ccKlcnl .

Il n'i'^i pas iiii|H>>v||)lc (|U(>ii iirnvc iiii puir à (li'-mniil icr. par iiiic

rliidc (|iril r(iii\i(ii(lia t\r l'aire sur place. ipiM a exisli- en l'erse

s-i:S^îV

'i

ti

Fig. 4s. — Ueliiiro i


l}il3li(illu'(|ue de Cdiistaulinuple ;.

SOUS Chah Abbiis, le Louis XI\' de rOrienl, une École de peintres,


peut-être même de fresquistes, exécutant dans les palais du souve-
rain de grandes décorations murales, dont il doit subsister certai-
nement des ensembles importants.
Au palais d'Ali Kapou, sur le Meïdan à Ispahan, qui lut construit
par Chah Abbas à la fin du xvi'' siècle, deux panneaux peints, à
fresque semble-t-il, se font face au 1" étage sous la colonnade; de
chaque côté une femme est debout dans un jardin, vêtue d'une robe
LA l'EINTlRi;, I.A MIMATlRi: 55

iliil tante d'un vert très pâle, (^es ligures délicieuses, à la minceur
(levante, dessinées d'un trait précis et net, rappellent exactement
pai leur stvle. leurs sci'urs des beaux manuscrits enluminés. Tout le

palais a été recnu\crt au xvni'" siècle rm au \i\'' d'un épais hadi-

Fii;-. lit. — Hcliuiv HililinlIiriMic (iiaïul (Iii.mIc de (M.llia).

f^enn^; et d n est pas diiulciix (|u on ni' puisse un jour, avec laulo-
nsalioii (\\i ('.iiali. rcirouxcr sons (h-I cndiiil les numIIcs peinlnrc- du
\\ r' siècle.

( )n sait combien alors rinllncncc de Pail italien l'iit i;randi' vu


l'erse, à en juj;er par de Iro iioml)reu>e> niinialnie^ : il ii e^l pas
impossible que la renommée des i^M-aiidc- deeoiM(ioii> nuiiale- ila-

liennes y soit parveniu'.


.

5r) \l \M I I, Il \1( I MIM I.M \N

.\ii |)al;ii> (les <^)ii;n-;iiilc-( loloiiiics >(• I ii >ii \ ciil «'iicofc des ^mmikIo
|)ciiil iii-f> (le cliiissc cl (le l);i(;iill<'s. (|iii -ciiililciil ;i\()ir élé pciiiles ;i

I liiiili- Mir (oilcs. |)ii:> miiroiillc't's. l,i-s cdldriitioiis en sont |)lii>

Miiiil)i(s, cl lr> ((iiniJuMl ions sc'iiil)lc'iil sf r;ij)[)i'oclRT plutôt di-s


l;i|)is (le lu nu'iiK' ('|)o(|iic '

Sur les murs de la uios(|ucc du \ cudrodi à Ispali;ui, au tonii)cau


du (]liali Isniacl, se Irouxciil deux peintures où les lij^ures <l Ali.
cendre du l'iopjird', cl peut-être de l'aima voilée, ne semhleiil p;i--

(I une é|)o(pu' liés ancienne


'-.

Mimuliires ludn-persnnes. — Quoi (piii soil souvent assez dilli-

cile de dislinj^uer les deux l']eoles. il semble bien (pie les |)eintre>
dans rinde, clierehèrenl à l'aire (piehpie chose de |)arliciilier, et (pii

tendit à se raj)prochcr de la peinture plus que de lenluminure. Ils

atténuaient les Ions, rpie les Timourides avaient aimés N'ils et tran-
chés; aussi les j^rands Mo<.,'-ols de Delhi coiilinuaienl-ils à l'aire \enir
du l'urkestan ces livres à \ives enluminures.
Il ne faut pas chercher les chefs-dceuvre de I art indo-persan
dans les livres, qui ne sont ((ue ài}^ i-eilets, et sans la beauté de la

couleur. Il faut les chercher dans les feuilles isolées, œuvres de


caractère personnel, qui sont de petits tableaux représentant des
scènes de la vie privée, ou des spectacles épiques, joutes ou com-
bats. Parfois des paysaj^-'es, tout pénétrés d'un sentiment moderne
de la nature, nous font assister à de beaux spectacles de lumière.
humaine, pour en déyaiicr
.Ailleurs lartiste s'est attaqué à la ligure
un portrait ; l'acuité la maîtrise de son dessin,
de son observation,
la fermeté du trait sachant donner un si bel accent aux caractères

particuliers d'une figure, ont concouru à parfaire des œuvres qui


*
s'égalent aux plus belles miniatures de nos Ecoles occidentales

(%. 40, 41).


Il subsiste encore dans les palais ruinés de Fathpur Sikri. tout
pleins des grands souvenirs du sultan .\kbar, des restes de fresques
oîi est manifeste l'influence exercée à la Cour des Grands Mongols
par les Pères Jésuites au xvi'" siècle. Des artistes, peut-être chinois.

y interprétèrent des sujets chrétiens tels qu'Adam chassé du Paradis,

1. à l'olslifïcance de M. Jean Scliopfer.


Communication due
lieproduites par (jcrvais Courtellemont, Lea arts, septembre lt'04.
2.

3. Pour les portraits des Grands Mogols de llnde, voir la pajre frontispice
de l'ouvrage de Stanley Lane Pool Médiéval Indiai où sont représentés Babar.
Ilumavun, Akbar et Jahanjjrir. "\'oir aussi (î. Mifjeon. Les arts, avril 1903.
LA PEINTURE, LA MLNLVTLRE o/
58 Il Mil Ml SI IMA\

f)ii r.\nin»iu-i;ilioii. (le muiI I;i do (lipciimciil- |)i(''Cicii\ pour I Ihs-


liiirc (Iv l;i /x'iiihiii' d/iiis I /iidc '.

M.iiiiisrnis liircs. — Ia'S Turcs < -iii:iiilis ii f>iil jfimjiis eu fir

j)ciiili-('s ni irciiliiiniiiciirs. ]/,\ lui de Miiliomcl ;i\;iiit Inujniirs (•(<•

Fig-. 51. — Intérieur en cuir d'un bouclier


Armeria ou Musée de Madrid, n" 1582 .

par eux comme par les Marocains observée avec une plus >,'randc

rigueur. I-es miniatures que nous possédons furent exécutées par


des mains de Persans attirés à la cour de Brousse ou à celle de
Constantinople. L'art n'en est par conséquent qu'une dégénéres-
cence de l'art iranien.

1. E.-^^^ Smith, The Motihiil architecture nf Fathpur Sikri. 1 vol.. 1894. —


Stanley Lane Pool, Medievul India. Londres, 190.'?, p. 273.
LA l'KINTl Ki;. L\ NriMATlRi; 59

de cuir (jnufré ou verni.


J.es reliures Les reliures des niauu- —
i^crits musulmans
témoif,'-nent d'un arl admirable à f^auf'rer le cuir

ou à le laquer au moyen de vernis, et les motifs décoratifs qu on


V retrouve sont bien souvent analogues, dans le décor polygo-
nal ou la comjjosition animée, à ceux qu'on retrouve dans les pago
mêmes du manuscrit enluminé.
Les reliures musulmanes, généralement en maroquin, sont à

tranche plate et presque toujoui-s munies d'un rai)at ornementé


comme la reliure même.
J^es ornements des plats sont en creux, dorés ou coloriés, alors
que le cuir des fonds conser\e sa couleur naturelle. I/ornemenl
est surtout polygonal et épigra])hique en Lgv|)te. et cesl loujour.--

les fers l\ gaufrer qui sont employés malgré la ciimj)lication ou la

fantaisie des foi-mes.

l']n Perse el dans les pays soumis à la Turquie, le caractère natu-


raliste des motifs jirédomine. ( )ii ne se sert plus des fers, mais des
matrices ou des moules, où le cuii- fortement comprimé y prenait
ces saillies accusées. Les relieurs |)ersans el tnri's, pour ol)lenir de>

effets en profondeur, avaient recours à deux épaisseurs de cuir


super))osés, en découpant l'épaisseur supérieure qui avait ensuite
])our champ on |)onr fond l'épaisseur inférieure i
lig. i'J-i'.' .

Les Persans pral iqiiérciit aussi des reliui'es lacpiées, en se servant


au début dune gninme mate (|ui K'ur permit de réaliser de superbo
compositions de chasse ou de bataille, semblables à celles tles

miniatures ou des (apis (lig. 50! i Kunslgewerbe Muséum de Ous-


seldorlf). Plus tard, l'artisan enduisit la phupic de cuw (K' plâtre
iin, puis |)eigiiait (ra|)rès nalnic des Heurs et des oiseaux, el passait
ensuite sur le ton! mie conclu" de xi'niis proteelrici'. Laspecl Irop
brillant de ces phupies de reliure est souvent desagréabh'.
()(> MAMl I, HAUT MISIIMW

IMI'.l.Kx.liAI'llli:

XuHnnuli-, 1""
Cil.ilof/iif 'A's in.inimrrilx nr;il)r>i ih- l:i liihtiollii-f/iii-
2'' iiiamiscril.
voliiiiic par i>i: Si.ank, 1883-18'J'l ;
voliiiiit;

(Intnlorjue dex nianuscrils persans, par E. Hi.oimiet. I^aris, Lcruiix,


l'"" vol., 190;>; 2" vol. on préparation.
(Catalogue (1rs nianuscrils de la llih/lDllii-ijin- Hh. Srlu-fcr. \>:\v K. lii.o-
(iiiii .

Inrcnlaii'i' ri di-scrijilioii di's iiiliiial iirrs drs inaniisrrils urii-nl.m.i- di-

la Bibliolhrquo Xalionalc, par H. Hi.ochkt. Bouillon, Paris, l'.KJd.


Dkiœnhoiiu;, Les nianuscrils arabes de la Coll. Schefer à la lHhlio-
llièque Xalionale [Journal des savanis, mars-juin IVXH .

E. Bi.ocuET, Les miniatures des nianuscrils musulmans (iazelle îles


Beaiix-Arls, 1897 .

E. Blochet, Mussulman manusrripis and ntinialures Burlini/lon


Magazine, juillet et décembre 1903).
E. Blochet, Les Ecoles de jieinture en Perse Ucvur arcliroloi/i'/uf.
juillet et août 1903).
E. Blochet, Les origines île la peinture en Perse (jazelle des licuu.r-
A rts, aoùl 1903).
HiEti, Catalogue of Ihe Persian manuscripis of the Brilish Muséum,
2 vol.. i supplément.
Ai.wAHRT, Manuscrits orientaux de la Bibliothèque de Berlin.
Catalogue des manuscrits et xylographes orientaux de la Bibliollu'que
de Saint-Pétersbourg, 1852.
HosEN (Baron Victor), Notices sommai/'es des manuscrits arabes du
Musée Asiatique. Saint-Pétersbourg:, 1881.
Catalog des niiniaturen ausstellung Ilof Biblioleh, \'ienue, l'.lOl
i .

(Catalogue des manuscrits orientaux de la Bibliothèque de Madrid.


Dehenbouug, Les manuscrits arabes de l'Escorial. Leroux, 1884, l'"" vol.
seul paru.
Catalogue des manuscrits orientaux de la Bibliothèque de Munich.
HuABT (Clément), Les calligraphes et les miniaturistes de l'Orient
musulman. Leroux, éditeur ^à paraître prochainement .
CHAPITRE II

LA SCULPTIRE

SoMMAiru;. —
La sculpture de pierre, de marbre et de stuc en Éfrypte. —
Les pierres tombales. —
Plaques de fontaines. La sculpture de marbre —
et de plâtre en Espaj;ne. —
La sculpture de pierre et de plâtre de Icmpiie
des Seldjouks de Konieli. —
La miisaïque murale et de |)a\ement.

L"élémcnl épij;r;i|)lii([UL' a jniié un 1res ,!.;raii(l i-ole dan.s la sculp-


ture uKuuuncutale des .Musulniau.s. aussi bien au point de vue
déeoralir qu au jKiinl de vue eommémoratil'. In des monuments
épiji^rapliiques arabes les plus anciens est rinseriplion bilingue
(arabe et grecque; qui se Irouxt' sur le linteau de la porte d'une
ancienne chapelle à Ilarràn. dans le J.edja, canton montagneux de
la Syrie centrale, rcle\ée par ^^'etzstein et ^^ addinglon, et qui par
le texte grec donne la date de 5GS de lèi-e clirétienne .")0 ans a\;uil
riiégirei. Gomme la très bien démontré M. (11. iluai-l, elle ndllrc
que peu de dillerence avec linscription coulicpie de
très la Koubel
ez-Sakra. cpii donne la dali' de l'ondalion de l'édilice par le khalife
ommiatle .\bd el-.\lalik "ri de riiégire 691), ou avec- les inscrip-
tions découvertes par \]. lîeiian dans la campagne de Hvbios, cl
relevées j)ar \'ogu(' dans le désert de Sala *. 1^1 il apparail nette-
ment cpu' cette écnturi- est dén\ée de l\'slrang helo écriture
svriacpie-arcliaique . et de lai'améen.
I^es peuples de Ilslain oiil-lls pralicpié la Si'ulplure eu soi? out-
ils cherché à exprimer par des foi'ines plasti(pies leur sentiment de
la béante? .\(Mis xt'rrons cpie pour être irilininu-nt rares, et linute^
à une seule civilisation, (lueUpies uioimiiu'iits nous eu ont néan-
moins a|)|)(U'lé le témoignage rorinel. r\\ (lehor> même di's objets
exécutés eu brou/c, (pu. |)oiirelre i'insi réalisés, oui dû être pi'éi'é-
dés débauches v\\ terre i-iiili-. |)remières expressions de la pensée
du sculpteur.

I. Pli. Mi'i'j^ei'. Ilisliiirv de r(-i-riliirf il;ins /'.i/WK/f/i/e.


(>2 MAMi;r. I» \1< I Ml SI I, M \\

CJuaiul Al)(l er-Haliiiiaii. Klialil'o dr (lordoue, ff)i)(la la villi; de


Mediiict c/.-Zalira. [xtiii- salisfairc un caprice de feniiiR-. il plaça,
dil-oii, an milieu mi'iiic du p;il;iis. la slahie de la t'a\r)rite sous le>

Iraits i\c la l'Iore aiilupie.

Ibii Hassam rappin-Je (pie le |)(iele sicilien AIxmi l'-Ai-jib, exilé en

Fij;-. yi. — l^)sacc de la mosquée faliinite. Kl-Akmai' (^aii

Cliché S;il;i(lin.

Ivspagne, se présenta un jour dexaul Molianimed, rui de Séville, et le

trouva occupé à admirer des figurines d'ambre.


Ailleurs, en Mésopotamie, Yakouti vit sur la koubba d'une mos-
quée de Bagdad la statue d'un cavalier la lance en main, et sur
une autre koubba une statue d'homme marquant les heures.
A Émèse, sur la porte d'une mosquée, on voyait une étraii,i;e
sculpture, un buste d'homme qui se terminait en queue de scorpion.
l.e voyageur Ibn Batouta, au xiv*' siècle, vit dans de nombreuses

villes des statues qui représentaient des animaux, en particulier des


lions.
I.A SCLLI'TLRE (i:i

Quand on lil Makrisi, on voit que même avant la dynastie des


Fatimites en Ég"vpte, chez lescjuels la loi mahomélane avait déjà bien

lléchi comme rii;ueup.

des sultans Toulounides


t

o mme K h o m a ro u i eh .

avaient fait placer dans


une salle de leur palai>
des bords du Nil. leurs
statues, celles des leni-
mcs du harem et de leurs
enlants, ainsi que celles
(les musiciennes de la

(]()ur. (^es statues, d'un


mcr\ei lieux Ira \ ail,

élaient exéculées en lu us,

Iradilidus (pu stMublaienl


continu e r |)e u l-(^" t re
celles (les grands aleliers
de statuaire des Pha-
raons, dont d"impéris.-a-
bles chels-dieuvre son!
conserv(?s dans le Musée
darL antique ét;yptien
du (]aire.
Aucune de ces leux res
ne'iujus est parvenue, et
nous ne pou\()ns ju^er
(le I art des seid|)leurs
arabes de ri"]j;ypte (pie

par les tra\aux de la

seiil|il lire (léc(U'ati\(' des


nidimmeiils en piei-re.

en stiic cl en buis.
Mil l']^yj)te, le .s7;/c a

été emplové dès lOri-


Imu-. y.\. l'ilicrilc iilniuiliu-ilt lui lllllti' (lu ( itiM'i'.
^me ; cl c est ainsi (pidii t'.Uilii' \';u\ licrcln-in.
exécuta les premiers nr-
nements arehitectnraiix. la nicisipiee d'ibn Tcii un. (|ni date de
iS7(), de luéine (pie les miis(piées (rel-.\/liai- '.*7 l'ii (rel-llakcm
(lOI'i"), j^'ardent encore en |)artie leur decoi-atuui |)rimili\e en stuc.
i)i M \M I r. Il Ain Ml SI I.MAN

mm pas inoulc- nu''(aiii(|iu'mciil, mais s(ulj)lé par des mains lé;,'éres

el adi-dilc's. Los plus anciens molils sonl ^M'(imétri«pifs. ries rin-


ceaux V comctil avec la |)ln- ^M-acieuse lanlaisie li<,'. .')•_'. .'>;{. .">
i .

An Mil' siècle, la lecliiii(|ue en était très sni-e. ainsi (piOn jjeut en


jiii^ci' a la m()S(piée-l()ml)ean du sultan kalaonn. (ui à celle de
Miiliiiiniiicd cl-Nas-ir. don! hi décorai ii m iap|)cllc un peu le |)re-

Fijr. ôl. — U(jsace de mosquée fatiiiiilc du Caire.


Cliché Van Berchem.

mier art mauresque de lEspa^t^ne. De bons exemples nous sonl


fournis par les fragments d'encadrement dune fenêtre de la mos-
quée du sultan el-Kamil (12"24i aujourd'hui en ruines'. On y voit
bien que les ornements sont taillés dans le vif de la matière et se
présentent à deux plans différents, le moins en relief préparé tout
dabord. le plus en relief en second lieu, technique toute semblable
à celle que nous rencontrerons dans les travaux du bois.
Alors même que la pierre était en la plus haute estime, on conti-
nua à emplover la décoration en stuc, comme dans la splendide
frise d'inscription coullque de la mosquée d'Hassan, et dans les

1. Musée d'iirl .irahc du Caire, Calalo(jue. Ilerz Bcy. n° 84, pi. I.


LA SCLLl'TURK 65

beaux ornements de h oinipole de la mosquée Ak Sounkor. à Darb


cl-Ahmar (1347i.
Au XV'' siècle, alors que la technique en semble tout à fait ahan-
<lonnée, un monument en l'ournit encore [
-• « ..»' - ' - «ji

un exemple. L'intérieur du tombeau


(rel-Fadaouieh, au Caire, est couvert
d'ornements et d'inscriptions en stuc.

Nous avons constaté l'emploi assez


tardif de la pierre dans les construc-
tions arabes de ri'>fj;yple. l']llc allait du
moins apporter à la décoration une
matière d'une plasticité supérieure. Les

V\^. .').'). — Sciil|)l Mil- |irii\ l'iiiml lie l'()Url l\;iit Mc_\ \ \ " sit'i'lo

MiiS(''(' (lu C.aifc <',liilir N.1/.11///1.

coii[)()les d('\aiciil m paiM iculicr s \ prcliT la\ tirablciiiciil . (uiiinn


à la Mioscpiéc liiiu'raii-c de liarknnL I i(l.")-l IIO .

Ma.m'i:i. i>'.\nr mim iman. — 11.


"" MAMI-I. |>*AHT Mr SI I.MW

I.a picMTC ;i|)();ii;iil malièredécoralive dans la mosquée de Souvr.ur


^almich I :{.-)(•)- i:C)<.» . puis diins la mosquée du sultan Hassan.

ïMôSfaé'ê '^tA^eif^r

Fijj. 56. — Minbar en jrrès


au Désert, au Caire.
blanc de

la
m
mosquée du sultan Barkouk
Cliché Lekegian.

Ici la décoration est simplifiée, réduite à Tinterprétation florale


du bouton et de la feuille, comme livrée à des ouvriers
qui
n'ont pas encore bien Ihabitude de travailler la pierre ce sont des ;

rosaces formées de rinceaux, de boutons et de fleurs, autour d'un


LA SCULPTURE 67

bouton central. La pierre s'enrichit de merveilleux motifs sculptés


dans tous les monuments du sultan Kait Bey (1468-1496), nulle part
])lus splendidement qu'à Tare du sanctuaire de sa mosquée uitra

F'ip-. 57. — 15alu.s|iailf |> uljili f. Miis(|iiéo ol-(îauIi il'.iiirc).

/niiros, et surloul (|u"à sou ire/ùila ou liluin. au sud de I;i luoscpu-c


d\'l-A/.liar, ddiil la drcoral ion oxlérieui-e ollVc une souri'o inépui-
sable de spleiidides niolils i^éonuiricpu-s et <l'arabi'S(pii"s '
itif;. 55>.
(le n'est pas scnlcMiciil dans les i^rauds édilii'cs cpic la |)UM'i-e

I. .Voii' I,aiic-I'(i(ilc, Snrarvnir mis, (i;;. I 1 cl 1.). cl pp. lo-j cl Idl.


«)8 M \M Kl, l> AH I Ml SII.MAN

cliiit iitiliséf, in;iis aussi diiiis les dikkas i>[i lril)uiies cl dans les
iiiiiibars ou cliairi's à prêcher des fu(»sf|uées, ainsi que dans les
(•(Midlaplies cl les slcies fuiiéraires. In monument merveilleux
lions a été conser\é. c'est le ininhar en çrès blanc dont le sul
hiii Kail Ik'v a doté la inos(juée funéraire du sultan Ijarkouk au
désert ii'i^. 55). Ce tra-
vail de la fin du W
siècle f 1 i8!i; est un de>
Ivpes les plus parfaite
de la décoration arabe.
De forme trianj,'ulaire.

au lieu d être formé,


comme le sont les miii-
bars de bois les plu.-
nombreux de pan- ,

neaux de bois assem-


blés, il est formé de
plaques de pierre, dont
tous les motifs décora-
tifs y sont finement
•sculptés.

Les pierres toinbu-


les ou stèles funérai-
res châhid) sont géné-
i

ralement en serpentine
ou en diorite, maté-
riaux provenant de
monuments antiques.
RUes sont souvent à

surfaces ondulées, et
Fi^. 5S. — Plac[ue funéraire en marbre
des formules de prière
Musée arabe du Claire". — Cliché Lekegian.
avec les noms du dé-
funt et date de sa mort y sont g'ravés en caractères coufiques, sur
la

un fond légèrement piqueté ', ou bien encore sculptées en relief sur


un fond excavé, comme dans une belle plaque ornée d'une lampe
de mosquée et de deux flambeaux- (fig. 58). Ces stèles funéraires
sont en général datées des ni'' et iv® siècles de Thégire ; des dates

I. Herz Bey, Catalogue du Musée du Caire, pi. 1, 9.


•2. Herz Bey. Catalogue, p\. I, 10.
1 .

LA SCULI'TIRE fi9

antérieures sont exlréniemeiits rares. Les plus anciennes proviennent


des nécropoles d'Aïn-Sira au Caire et du cimetière d'Assouan
(Haute-Egypte) '.

()n fit aussi au Caire de jurandes jarres de l'orme oxoïde zir

taillées en pleins blocs de marbre et ne pouvant tenir debout cpie


^ race] à des supports de marbre ikailaghii évidés en bassin pour
les recevoir. Ces jarres portent des ornements. Les suppoi-ts de
l'orme carrée, précédés d'un
large bec incliné où le liquide
des jarres pouvait s'écouler
du trou dont elles étaient
trouées à leurs parties infé-
rieures, portaient eux aussi
une décoration d'ornements,
d'inscriptions coufiques, et

même de personnages assis,

ou de muflles de lions dans


deux petites niches ménagées
aux angles de la pièce. Le
Musée d'art arabe du Caire
en possède plusieurs (fig. 59
{Catalogue, pi. II, n"'' 98,
107, 108, 127, 128, I30i, le V\'^. 59. — Jarro en niai'hi-e
Musée du Louvre une. Musée arabe'dii (-aire .

Cliché I.ehcfiiun

Œuvres d'art, i'urcnl également ces grandes platpies de fontaines


en marbre blanc sculpté, iiistalh-es an fond de nit'hes, et sur les-
(pielles l'eau ruisselait pour se rafraicliir au contait de l'air. L'une
d'elles, conservée au Musée arabe du (^.aire ^, oll're di-s lignes ondu-
lées ; sa bordure contient une snilc d animaux (rniie sur|iri'nanle
liiu'sse et d'un grand caractèi'c, lièvres à grandes oin-illes. ciiiens,

panthères. I"]lle provient du sébil ou fontaine pnblupie. construit en


I par le sultan Faradj, lils de Barkouk lig. <)0).
'«(»<»

lue de ces |)la(pies de fontaine se \iiil encore au sébil de la


mosquée d'el-Ghouri làOIV. La frist cpii l'encadre est semée de
poissons s'él)altanl. l'rise ci snrfact- ondulées sont dorées, une

I. Ilcrz Bev, Le Miisce :ir;ihc du Cuire (luzelli (les lli':ill.i-.\rls, l'.)02.

"i" semestre).
'->.
kl., Cnln loti lie. |>l. Il, :M.
70 M.\Mi;i. I) Ain Ml SII.M AN

iiiscriplioii dit : < r(';,';ii'(lc in;i bciiiili'' ; mon cmu, liirsr[iip je rf-p-iiKl"-.

déroule tics ili;iiiics de crishil sur un lil •.

Le Musée (In Si Mil 11 kciism^'^liiii possi-dc (•(i-l;iiiicincnl le plus mer-


veilleux niouuuieul (le siulplure arabe en marbre (jui nous ail été

(•onsei'\é. (lesl une grande \as(|ue octo^-'onale, dont les huit ciMés

FifT. 60. — Plaque de foiiLaine ^ Musée arabe du Caire;.


Cliché Lehegian.

à plans bien nets sur la marf;elle, s'adoucissent en épousant la

convexité de la cuve. Elle est décorée de splendides rinceaux lleu-


ronnés se détachant en assez forts reliefs sur un fond plus mince de
lég-ères sculptures, selon le principe connu de décoration à deux
plans. Sur le bord extérieur de la niari.;elle se lit une belle inscrip-

tion aux noms de Malik Mansour Mohammed, sultan de Hama


en Syrie (642-683 de Ihég-ire), et la date de 676/1278. Il suffit de
LA SCULPTURE 71

se rappeler à quel point les destinées de la Syrie furent liées à cette


époque à celles de l'Egypte, pour voir là un type incomparable et
merveilleux de la sculpture syro-égyptienne du xni^ siècle ifig. 61).
L'église San Pietro di Castello à V enise renferme un grand siège
de marbre dont la forme est essentiellement occidentale, mais le
dossier est décoré d'une sorte d'arc en fer à cheval portant des
étoiles sculptées au milieu de rinceaux avec une large bordure

Fig. 61. — \';is(|iH' cil iiiarl)re blanc- au nniu de MaliU Maiisur Mnliaiiiiiird .

sultan (le Ilaiiia eu S^^ie, datée 127s Keiisinf;(<iu Muséum


>
.

diiisci-iptioii. .le ne crois pas (|uc le nionumeiil ait é(('' impoiic ;

j'iiuliiierais à le croire fabricpié en Italie même par des oii\riors


arabes comme il y en avait tant à \ cuise, à moins cpie l"inscri|)lion
ne soit purement ornementale et scul|)tée sans prétention épigra-
pliitpie [)ar un arllstr clirrlien. Nous aurions ainsi un monument
de plus où constater riniluence de l'an oriental sur I art occitlental

au Moven Age (lig. ()"2).

Il n'est pas possible de douter, après la lecture des écrivains


arabes, que la si'ulpture n'ait été des plus llorissantes en l'ispagne,
aux premiers siècles du Klialilal. Nous en a\t>iis du m. uns l'onservé
un inagniii(|U(' spc'i'imcn, a\rc lu inrc h .ihliilnm en marbre, pro-
MAM I I. 1) Altl Ml SI I MAS

VCIlilIll (le Mcdiiicl c'/-/iilir;i. cl (|iii i\ i'\f (Irposcc iiii Musée archéo-
lof^iquc (Ic M;i(lri(l. Mlle fsl de l'orme rcctiiiif^uhiire. ses parois assez

('•levées son! (lc((iri''fs. Siii- les liiiif,'-s colés, de ^Miiiidv ;(r(s en l'cr a

(•lic\ al , sous les-

(jiiels se dressent de
faraudes tig'es en
candélabres pi'oje-

laiil des lleurs slyli-

sées et des pommes


de pins. Les [)elils

cotes sont décorés


d animaux airrf)nlés

cl d aigles les serres


posées sur des bi-
ches li'r. <)!?,.

11 existe aussi à

I Alhambra de (ire-
iiade, dans la salle

de la .luslicia ou de
los Uevcs, une vas-
que de marbre pi- ,

la), qu'on vil long-


lenips au pied de la

':r-^ Tour de la ^ ela, et

(pii est décorée de


curieux reliefs, de
-:P^I lions dévorant des
cerfs, [ne inscrip-
4^ - ~"<I
tion qui s"v trouve,
datée de 1305, se
rapporterait à Mo-
— Siège en marbre blanc hammed III. J.e
Fig. 62.
à San Pieiro di Cas^tello, à Venise, style du décor la

rapprocherait beau-
coup de la cuve à ablution du Musée archéologique de Madrid. Ne
serait-ce point une copie faite au début du xiv*' siècle, d'une

(euvre bien plus ancienne? (fig. 64).


La fontaine des lions à l'Alhambra ifig.65i est certainement un
des plus importants travaux de sculpture que TEspagne ait conser-
LA SCILPTUKK

vés. C'est une vasque (loflécaf;one de marbre blanc surmontée dune


autre plus petite portée par douze bons d'un caractère fruste et

sauvage. La grande vasque porte une inscription. La fontaine date


certainement de Tépoque de construction du patio, c'est-à-dire du
règne de Mohammed ^ , dans le dernier quart du xiv'' siècle. Le

l'M^'. (KV — (ai\(' à al)lulii)ii |)ni\ ciiaiil do Méilincl ('/-Zaliia \' sioolc i

Musoc arc'lici)l(jj,''i<nic' do Madrid .

Musée du Lou\ rc possède un lion isole, pro\ ciiaiil sans doiile d une
fontaine analogui'.
Kn l'absence do send)lal)l('s monnineiils, le> chapiteaux de marbre
ne suniraieiit-ils pas. en Ivspagne, à h'-moignei", jiar la vigueur har-
die de leur e\(''eiilion, (bi génie (pie les (Ui\riers pouvaient apporter
à la scul[)lure de |)iei-re ou de niiilii-e? 1! si-iait cepenilani pré-
som|)tueux de les daler, d'api'ès les insenplions (pi'ils porleid très
fréquemment, beaucoup de ci-s inscriptions pouxant fort bien a\oir
été mises en sun-harge sur des chapileaux plus aiuiens. l'resipie
tous les musées |)ro\inciau\ de rivspagne imi (Uil recueilli de inagni-
.

74 M.\N( l.r. I> Ml I Ml SI I.MAN

liqiics spôcimciis ; il n'en t'sl f;iière qui [luissenl en montrer df |)lus


hcaiix (|iic (iliii (k- Sara{,'Osse : ce sont ceux qui proviennent de
rAljaferia, dont les f^ouverneurs pour les Khalifes avaient fait leur
château de [ilaisance; il serait diUîcile de trouver ailleurs une inven-
tion el uiir t'anlaisii- décoratives plus personnelles.
QucUjues chapiteaux provenant de Mcdinet ez-Zahra, cl (|ui
demeurèrent lon|,''temps dans le patio de la maison du baron de San
(^alixto à Cordoue, ont été depuis dispersés. 1/nn d'eux est entré
an Mnsc'e du Louvre, trois autres dans la collection de M. <lli.
Ciillol. et un cinfinième dans celle de M. Sarre à Berlin.

Fi^. iji. — (]ii\i' à aiilutioii dalée l'.Wb Allianibra de (irenadc).

Ils portent, d'après lectures concordantes de M. Amador de los


Rios et de M. Max van Herchem, les noms de l'Imam el-Mustanser
Hillah, l'émir des Crovants el-IIakam, les dates de 362/972. de
364/974, et M. Amador de los Rios prétend avoir lu sur l'un le nom
de Xakar, majordome supérieur du Palais, et sur un autre la sig'ua-
lure d'artiste, de Fatah. Ces noms auraient été relevés sur d'autres
inscriptions de Cordoue par l'éminent épigraphiste espagnol'
En Espagne, la décoration sculptée des monuments ne fut jamais
autrement qu'en plâtre, et en plâtre moulé mécaniquement. Tout
en reconnaissant la surprenante fantaisie et la merveilleuse habileté
que les artistes espagnols apportèrent dans leurs modèles, où ils se
jouaient des complications du décor géométrique, il n'en est pas
moins vrai que la matière est un des éléments primordiaux de la

1. Un recuerdo de Medinal andalus, par Rafaël Romero y Barros Bulletin


de la Royal academia de San Fernando, mai 1888).
LA SCULPTURE 75

beauté générale d'une œuvre d'art, quelle qu'elle soit, et que le


monument espagnol manque de cette beauté dans sa sculpture déco-
rative. Quand on pu admirer la noble splendeur d'un monument
a

de pierre tel mosquée du sultan Hassan au Caire, on n'a


que la

plus le courage de revenir à la charmante pâtisserie de plâtre de

l'AIhambra.

Fig-. 65. — Fontaine des lions à l'-Mliambra de Grenade tin du \i\ >ièclc).

Nous allons avoir une fois de plus l'occasion de constater, a|)rès


J^avoix lui-même ', que l'alfirmation de quelques vieux historiens
de larl musnlman, à saxoir que les peuples de l'Islam n'ont jamais
représenté de formes vivantes, j)ar suite de la défense coranique, est

fausse non seulement littéralement, mais se trouve sans cesse con-


tredite parles monuments.
(]eux dont nous allons parler sont tout à fait inconnus et inédits,
et appartiennent à une civilisation, celle des sultans Si-ldjoucides de
Konieh, (|ui a laissi" des monuments d'architecture admirables,
encore im|)arl'ailemciil étudiés, malgré l'excellent tra\ail ([ne leur a

I. Cnzctlc ili-s lh\ui.r-Arls, 1S7.), I. II. pp. '.I7, :W1 et i2.i.


"» vr \M I I, r> \nr \ii si i,m \\

t(iiis;ici(' M. If D' Smiic '. (|ir;i\;iil |)ic((-fl('- le lies Ixm relevé épif,'r;i-
|»lii(|iic- (le M. (Ih'incnl Hu.irl -.
('(• l'ut eu !".t(t;i (|iie j'eus, iivec mou aun Haviiioud Ka-cliliu. la

f)reuiièrerévélation de cet art, devant une vitrine rlu musée de


(ionslanlinople, où se Irouvaient f|uelques frises Iraf^^meutaires eu
stuc sculpté de hétes se poursuivant an milieu de rinceaux^. Impos-
sd)ilile de saxoii' Iciu' ori^^ine. pas plu- tpie d'un splcndidc fronton

Fig. 66. — Fronton de porte, art seldjoucido .Musée de Constantinople .

Cliché Lebiih.

de porte avec frise d'inscription couiique et animaux affrontés


iiVfi. C)6). Quelques semaines après, M. R. Kœchlin se trouvait
à Konieh, en Anatolie. doù il rapportait des fragments tout sem-
blables, qu'il donna, à son retour, au Musée des Arts décoratifs,
et qui précisaient Torig-ine.
Il eut, de plus, la bonne fortune de

découvrir au petit musée de Konieh, trois bas-reliefs sculptés d'une


miportance considérable, si Ton veut bien reconnaitre qu'infiniment
rares sont les sculptures à formes humaines, vivantes et animées,
que nous ont laissées les monuments arabes '. Le premier, en stuc.

1. F. Sarre, Reise in Kleinasien. Berlin,


Reimer, 1890.
2. Huart. Épicjraphie arabe d'Asie Mineure (Revue Sémitique. 18!M
Cl. .

3. M. Sarre possède à Berlin une ^'rande plaque avec des bandes


d'inscrip-
tions et des animaux courant à travers, des rinceaux, qui doit en être rappro-
chée.
4. V. Sarre-Jahrburclî d. l^r. Kunstsammlunfjen. J<»04,et
Max van Bercheni.
Orientalische Studien, mars 1906. 2« vol., sur l'iconographie musulmane de la
LA SCUI.PTURK 77

égale en précision les plus fines sculptures de la Renaissance. Il

représente deux cavaliers au galop, la lance au poing, se faisant


face, l'un tuant un dragon, Fautre transperçant un lion, qu'il pour-
rait être intéressant de rapprocher de certains bas-reliefs sassanides

Fifi;. G7. — Bas-relief en stuc sculpté, art scldjoucicle. .\iii° siècle.


Musée (le Konieh ( Asie Mineure). — Clirhr It. Kd'clilin.

de Taghc Hostaii. à répocpic de Chosroès II, qu'a publiés .\1. Dicu-


lafoy, ou certaines représentations analogues de tissus l)v/anfin>
(lig. 67).
Deux bas-reliefs vu pierre qui furent trouvés dans les inuraillo
el qui soutenaient |)eut-être Técusson aux armes des sultans Seld-
joucidcs, représentent deux anges ailés, en sculpture mé{)late, repré-

Mésopotaniie, et les représentations de lij;ures humaines, par exemple, sur les


monuments de l'Atahek Lulu à Mossoul. La porte de la \ille Hah Sindjar serai!
décorée tie bas-reliefs re|irésentant un lion déeliirant un hudle, un lièvre pour-
suivi par un carnassier, un liomme assis tenant un ci'oissant comme sur les
monnaies orlokidesj. ICt dans une des salles du palais (K> Lulu s'ali^nei-ait.
sculptée en relief sur le mur, une ranf,'ée de personna};es as.vis é);alemenl
comme sur les monnaies^. A rapprochei* les sculptures de Konieh et d'.Vmid, de
celles de Mossoul, il semblerait {ju'il y ait eu au.v \\i' et xin* siècles, dans ce
coin d'Asie, une école de sculpture sur laquelle une enquête tievru bien un
JOUI' être menée sur place.
78 mam;i;i. i> Arn misii.m w
seiilalitin (|iii n'fsl |);is (Ircoricerlaiilc, (jiiaïul du se rap[)clle que dans
cortaiiics iiiiiiialure.s de manuscrits, Mahomet, montant au ciel sur
sa jimiciit, est précédé d'anges volant ' (fig. 681.

I.t'-toile en stuc sculpté cpic le musée du Louvre acquit il


y a

quelques mois, se rattache étroitement aux frises du mus('-e de Oms-


taril iimph' et du
musée des Arts
d(''cnratifs. Elle
ic |) iM'sc M te un
(•a\alier au f,''al<>j}

sur un fond de
l'inceaux, repré-
sentation qui se
retrouve sur cer-
taines monnaies
de cuivre des Or-
tokides, ainsi que
(les Seldjoucides
(le Si\vas et de
Konieh. et sur
une très belle
monnaie d'ar-
gent au titre de
Kilidj Arslan IV'

Fig. GS. — Has-relid" en stuc sculpta', art scldjimcide. 11- . (19 655-656
xnr siècle. Musc-e de Konieh (.Asie Mineure). de Thégire ) au
Cliché lî. Kœchlin.
Cabinet des mé-
dailles de ParisJ/endroit où elle fut trouvée n"est pas indilférent;
'^.

ce fut dans une caverne dite de Roustem, près d'El-Goureischa,


entre Téhéran et Mechhed, région où la domination seldjoucide,
d'origine turque d'Asie centrale, dut certainement élever des monu-
ments, avant d'asseoir solidement en Asie Mineure et en Anatolie
un pouvoir militaire redoutable.
Une petite plaque de terre cuite, sans émail, sur laquelle sont
représentés deux lions dressés et affrontés se tenant par les pattes

1. A rapprocher un aigrie lKTal(Jique à deux têtes et une inscription donnant


ladate de construction des remparts imust-ede Konieh). \'. M. van Berchem. —
Inscriptions arabes recueillies par C.-F. Le/imann, Gottingrer Gelehrten Anzei-
gen, 1906.
2. Se reporter au chapitre des monnaies, et aux illustrations qui l'accom-
pagnent.
LA MOSAÏQUE 79

de devant, est aussi difficile à situer comme orig-ine que comme des-

tination (fig. 70). Les têtes carrées, la queue terminée par un fleu-
ron, sont d'un caractère bien arabe ; il est difficile d'affirmer que
ce g-enre de petits carreaux de terre cuite put servir de décoration
architectonique. N'est-ce pas un de ces essais moulés d'un bon
creux, par lesquels l'artiste jugeait l'état de son tra^•ail. méthode

antique qu'ont connue les Grecs?

LA mosaïque

L'origine de la mosaïque remonte aux Romains qui la pi aliquèrenl


pour les pavements des édifices, pour le revêtement des voûtes cl
des murs (Pline, lib. 36).
Elle était constituée par
la combinaison de petits
cubes et de petits mor-
ceaux de marbre de di lié-

rentes couleurs.
h'opus alexandrin II m
des Byzantins consistait
en une combinaison de
petits fragments de
marbre, de porphyre et

d'autres matériaux, tail-

lés et disposés en dessins


réguliers et géométri-
ques. Les Byzantins
vulgarisèrent sous le

nom iVopas gnecum on itilf SfUlpIt


cfrœranicnm un genre art soldjoiicidc, \iir sièclL-
de mosaupir composée '
Miisi'-c (lu I,ini\ rc ).

(le petits cubes en pâtes


\''
et en verres colorés et dorés, (jifoi. icli'om i' i>ii Ihilie au el au
vi" siècle (au mausolée de (lalla IMaculi,! de cl à Sainl-.\[)ollin;nro

Ravenne), à Venise, au Mont Cassin. en Sicile ci en i.omhardic.


Ce procédé dut être apporté à ('ordoue, où la niosqucc en picscnto
(le nombreux exemples i
llg. 7i ; lOdrisi. dans sa desi-ripliou ilc la
,H(» M \M 1 I. Il AU I MIM I.M \\

m()S((ut''L', racoiilt' (jiu- \v ifvi-ti'nu'iil (|iii couvre les murs du luihrab


lui a[)[)(irl('' (le (>(>iisliiiilin(>|)le \);\v des ouviiers forées. (|u'Al)d-er
HilliiiKin a\;iil lail \ ciiii' dans ce seul l)iit. Les rndsaujues y sont en
tiulie S(>u\enl eonsliluées par de petits cubes de verre sur lescpiels
est appli(|uée une leuille d'nr, recouverte à son tour par un eruluit
vitreux, et sur ce fond icliilanl se d(''l;nlicn( des ornements, des
llcui's, des j^uirlandes, des entrelacs,
même des inscriptions. Ce l'urenl

|»eul-etre là des travaux locaux, plu-


sieurs ral)n(|ues d'Andalousie ayant
été renoniniées pour un genre de
mosaïque qu On appelait el-mof.iss.a^
,voir Makkari, traduction Pa.scal de
Gayan-^'^os ' i. Il n'est pas douteux que
les premières mosaïques exécutées
dans les plus anciens monuments
arabes, le furent par des artistes
grecs pénétrés des traditions de By-
zance. Les chroniqueurs arabes les

70. — Pla([ue de leri-i


nomment fusctfosa, et s'accordent à

( Musée (lu t. ouvre i


les regarder comme des travaux
byzantins. On ne peut considérer
autrement les merveilleuses mosaïques qui revêtent d'une somp-
tueuse parure les murs et les voûtes de la Koubbet es-Sakhra à

Jérusalem - (fig. 73).


Ibn Saïd nous apprend que quand le Khalife Walid voulut édifier
la grande mosquée des Ommiades à Damas, il s'adressa à l'Empereur
de Hyzance, qui lui fournit une certaine quantité de foseifosa ou
mosaïques, et un grand nombre d'artisans pour les placer. Ibn
Batouta et Mukadassi nous disent « que la mosquée fut décorée de
« mosaïques d'une extraordinaire beauté et qu'au-dessus des lam-
« bris de marbre jusqu'au plafond brillaient des mosaïques d'or et
« de couleurs représentant des villes, des arbres mêlés d'inscrip-

« tions, du travail le plus somptueux. » De tout cela de terribles


incendies successifs n'ont rien épargné '.

1. V. Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen. pp. 75 et suiv. Paris.


1903. Sur la mosaïque et son évolution en mosaïque de faïence.
2. Pour les détails se reporter au magnifique ouvrafîe de M. de \'ogué. Le
temple de Jérnsalem.
3. Les belles mosaïques byzantines de la gjrande mosquée de Damas ont été
détruites par lincendie de 1S93, avant d'avoir été étudiées: M. van Berchem,
Inscriptions arabes de Si/rie, p. 12.
LA MOSAÏQUE 81

En Egypte, à l'époque arabe, la mosaïque se fit de deux façons :

elle consista en petits cubes de marbre appliqués dans un lit de

Fij;- 71. — l'iafonil cii imis.iHjiu- tlo Ijois. CIimuiIc salle au liai-.lo Ac l'imi-

Cliché Snls<iin.

mortier, ou en divers morceaux de marbre scellés dans uni' seule

pièce formaul le fond principal de Touvraf^e, procédé assez voisin de


rincrusiation.
MaM i:i, l>"Al«T Ml Sl'l.M.VN. — II. 6
n'AHT MIMIM^^
m MVMIl.
.-<• .lu
-l.-'u .•-.!. .11.
,„,„, ,.., .,...nx .In
l';ii-r(>i> on prrlciii n'iii|

Mini)liliiiil le liMViiil.

à A^ra Inde.
Ki„.
1 ip- '- _Pui-U- de marbre
-;•)

mosaïques
1.^ nlus
plu^ commu.iémenl employés clans les
commu
Les marbres I
le. ^^.^^^ ^^^^^
jaunes
u Caire sont vouées, "--^^^^^,^,.,,,.^^01 que ces
.., ....rlif^nlièrement
parliculièreme admn-able On pense ^l.
ton
LA MnSAIQlE 83

marbres étaient importés (TKalie, tout polis et prêts à être mis en


place. Mais il est évident que cela souffrit des exceptions, et Ton
dut faire emploi de quantités de matériaux provenant de monu-
ments antiques et chrétiens.
La décoration mosaïque aussi bien dans les fjrands monuments
religieux ou funé-
raires du Caire
que dans les mai-
sons privées, con-
sistait en plaques
de marbre de di-
verses couleurs
et de diverses
dimensions, ar-

rangées pour for-


mer des séries de
panneaux réf^u-
liers, divisés par
des bandes plus
étroites ili^. 75).
C'est ainsi qu'est
la niche de la

mosquée funérai-
re du sultan el-
Ghouri I lâ03),
incrustée de mar-
bres bleus, jaunes
cl ronges, ainsi
cpie celle du .Mo-
rislande Kalaoïin.
l*(inr xai'icr cl
Fiu. Mi>>,iï(|iu' à hi K(iul)l)c| es SakiM.
rompi'c la mono-
M(is(|urc (!'( tinai- .iiTiisalcm .

tonie des asscm-


blages de mai-brc, on introduisit entre cii\ (k's bordnri's de niartuic-

lerie de petits cni)cs de (li\c-scs coulciu-s, mclangcs di- cubes de


poterie ronge on d'i'inai! bleu, cl parfois au^si (K- lamclh'> do nacre.
Cela pi-oduisil parfois des l'Il'ets imprévus cl cliannanls. connui- dans
le splendide panneau dn Kensinglon Mnscnm, nroxciianl de I an-
cienne Collection Av M. de Sainl-Manricc '
, dans 1rs nian>oli'i'> iK-

I. ShinlcN J.imc- Podlc, Siiniirnii- mis. liir. 2S.


si M \M I I h \ll I \ll -I IM \N

Fis. 1. — Plafond en mosaïque à la mosquée de Cordoue.


LA MOSAlyll-: 85

Kait Bey ou d'el-Achraf ou clans la mosquée rl'el-Maridani.


ffif,"-. 76j
L'intervention dela céramique se remarque dans la niche de la

mosquée de Kalaoun, et dans deux beaux ensembles exposés au


Kensin-lon Muséum n"^ 1499, 1499»-. i

Fifî. 7ô. — PlaqiU'cn iii(is;iï(|ii ai'iilii' (lu ( laii'i (Uirhi- Ij'IiCfiiun.

Il existe au Caire trois belles demeures quv i-réèrent M. de


Saint-Maurice, M. Haudrv et M. Delort de Gléon, devenues aujour-
d'hui les léf^ations de France, de Belgique el d'Italie, dans les-
(juelles ont été utilisées
décorativement de merveilleuses m(>saïï|ues
provenant d'anciennes mos(piées ruinées ou démolies.
Des niosaùpies très analogues de technique à celles dos Arabes se
reIrouNcnl dans les tribunes des églises Coptes, et il \ auiail
Fij;-. 76. — Mihrab en iimsauiue de la mosquée Hordeini au Cinvi

Cliché Lekegian.
LA MOSAÏQUE <S7

quelque raison d'y voir un ti-avail chrétien conservé par les Coptes
d'Kyvpte, alors qu'ailleurs il était supplanté par le travail en
mosaïque de verre des By/anlins. Une mention d'Eusèbe, de
« marbres variés sur les murs de Tég-lise Saint-Sauveur de Jérusa-

(( lem en 333 », semble bien se rapporter à cette sorte de mosaïque.


Un exemple topique en Europe est à Tabside de l'église de Tor-
cello dans la lagune de Venise, dont les mosaïques ressemblent à
celles d'un mihrab de mosquée ou d'une tribune d'église Copte'.

Les mosaïques de pavement au Caire sont d'un caractère un


peu différent de celui des décorations murales. Le verre et la nacre
y font toujours nécessairement défaut, car ils noil'riraient pas de
suffisante résistance au frottement des pieds. Dix-huit carrés de
pavements se trouvent au Kensing-ton Muséum-. Çha(|ue carré est
fabriqué isolément, et les cubes de marbre sont posés non pas dans
le plâtre, mais dans une composition de chaux et d'argile.

Ce g-enre de mosaïque servait généralement à faire le paM'inciil

des vestibules d'entrée qui contenaient en outre fréquemment une


fontaine, faite également en mosaïques de marbres de couleurs. Le
Musée du Louatc, et le South Kensinglon Muséum ont i-ecueilli
tous deux une fontaine en niosaï(pie de marbre de ce genre.

m HLI()(iH.\l'IIIE

IIehz Bev, Calnlogue du imitirc d':\rl nruhc du (^;iiri\ |>. I-IS.


Stanley Lane-Poole, Saracenir arts, ch. III, Slono aiul |il;islci'.

1. Voir lUitllcr, Ciiiilir ihnrriirs. Sl;iiilcv Laiic-t^oolo, Saracenic aris. p. I lit.

2. Staiilcv Liiiic-l'oolc, /(/.. lii;. 2!i-.il.


mmmmi^i
Fig. 77. — Pannoau, arl l'aliinite du Caii-e ^ Collccliuii do M'"" Gillot ;

CHAPITRE III

LES BOIS SCULPTÉS

Sommaire. — Rois arabes du Caire. — Panneaux, portes. — Mihrabs, Mouclia-


rabichs. — Plafonds. — Clôtures colites — Travaux de bois de Kiiirouan et
du Maghreb. — Plafond de Palerme. — Travaux du bois en Espagne en el
Asie Mineure. — Bois seldjoucides de K<inieli et du Turkeslan.

Quand on .songe à la pénurie du Lois (nn'rable en I\g\pti', sou


usage si étendu y surprend. I,a produrtion en étant pour ainsi dire
ludle, il n'est pas doutcu.v (ju'il dut v être importé des contrées les
plus voisines, de la Syrie et de l'Asie Mineure, riches en beaux arbres
dessences résineuses, pins ou cèdres.
'.Ml MAM II. I> Alt I MI SI I.MAN

^;i-e (|ii on il l'i'iii- II' iiiii|)ilier de l;i mo.squée y est bcaii-


nlus ri'sliv '1'"' ilaiis I ('^lisc clirélieiiiic. .Nul [«-.soin de
sièges -(ail.-. Imllcl (1 (irj,Mic. de cldlurc de clin-iir. ( )ii ne s"cii

SlTvil <Nnis Irises déeoial i\es, dans les plal'ond.s, dan.s les
chaires à prêelier (ou niiiihars).
dans les liilmiies à lire le (loran
I
ou dikkasj, dans les j)ortes dar-
nioircs où Ton ran<,'-eait les fjbjcts

(lu ciille. Il II riail |ias rare, dans


les cliaijelles où des personnaj^es
iiuporlanls étaient inhumés, quon
eulourât leurs cercueils de beaux
panneaux de bois décorés avec art.
Les maisons eurent de même des
|)ortes, des placards, des meubles, et

même des treillag-es de fenêtres mou- !

eharabiehs), façonnés et .sculptés.

La caractéristique du travail du
bois au Caire est sa division en
nombreux panneaux, précaution
climalérique plutôt que méthode
doctrinale. Pour se défendre contre
le resserrement du bois causé par
le soleil et la chaleur, on imagina
une division superficielle en petits
panneaux ayant entre eux assez de
1m m. — Panneau de bi)is copie jeu pour que le resserrement ne
( Musée du Louvre ). puisse nuire à la disposition totale

des panneaux.
Les plus anciens bois arabes qui nous sont connus sont conservés
au Musée arabe du Caire, et proviennent de lancien cimetière
Toulounide. Ces de bois arrachées aux meubles et
vieilles pièces
aux portes avaient été employés à empêcher les éboulements dans
les caveaux des tombes. La plus ancienne proviendrait d'une tombe

d'Aïn el-Sira, au sud du Caire, du viii* ou du ix*" siècle. Quand on se


mit, il y a une dizaine d'années, à exploiter ces tombes, on décou-
vrit ces intéressantes boiseries '.

1. Herz Bey. Le Musée arabe du Caire Gazelle des Beaux- Arts . 1902. 2'
semestre.
Fi^. 7'.l. l'orlc lU' la mnsinuT du Millau (lilakcin. \' sii

Musée ai-abf du Cairi' . ('.liclir /.<'/rc(//,Hi.


.'J M \M I I, I) AHT Ml SI I.M \\

Hii |)()iiir;iil en i:i|)|)ri iilicr, ((iiimii- <l ijiiiijiic ;issr/ xoisiiic. |;t

|i"rl<' <!•• I:i iiii>^i|iicc (le 'l'diiliiiiii ;iii iiiiix'c ilii (>airc', (InlnliKjue.
Ilciv licv, ((iiiIdii- Il I . ilmil l(v Miliilcs «Tciisées assez prof'oiidé-
iiK'iil dans la masse rappi-llciil k- slyle Inzaiiliii, ainsi (|iic' les [)la-

loiuls (les haies des portes d"ll)n 'rfniloiiii innst-e du (laiie. (luta-
hii/iiv. eoiiloir ii" ",")
. Si ce iTol dail caille, en avaiil miIii du moins
1res l'oi-li'menl I inlliieiice, est un IVai^inenl de bois (res prol'ondé-
meiil sculpté d'iiiie tcle d'oiseau au .Mu>ée du Louvre li^'. 7(S .

La Irise décoralne en bois de la innsipn'e de Touldnii renl'ermail.


d'après la tradition, sculpté sur ses laces, le (^oran entier en earac-
lères eoulicpies. I)ans liMude (piil a eonsaeréc à la mosquée',
M. Corbett Uvy, a consLalé cpie la Irise ne j)ou\ail contenir (pie
1/17 du Coran. M. lier/ ik'v, à son tour, a reclilié une erreur de
M. (lorbelt Hev, en ce sens (pie les Ici lies ne seraient pas décou-
pées et clouées sur la frise formant fond, mais au contraire sculp-
tées en relief sur le fond même.
Dans grandes portes de bois à deux \anlau\. pro-
la série des
venant des mosquées, qu'a recueillies le Musée darl arabe au
(-aire, la plus ancienne, qui est en même temps un superbe docu-

ment de sculpture, est la porte au nom du Khalife eJ-Hakem hi


iimr Illah [996- /()'./()] provenant de la mosquée el-Azhar, où ,

il avait fait exécuter cpielques travaux. ]a>s panneaux présentent


des feuillaf^es à robustes reliefs, où le mouvement de l'arabesque
naissante est déjà aj^parent. Lue restauration postérieure en a

modilié la charpente, ainsi cpie quelques panneaux lif^-. 79'.


In peu moins ancien est un beau fragment de linteau du min-
bar de mosquée el-.\maoui d'Assioul dont l'inscription cou-
la ,

lique donne le nom de l'Imam el-Mostanser Billah (ô*" khalife


fatimile, 1036-1094]. Musée arabe du Caire, n° 27 du (Jnla- ^^

logiie. I

Tout le caractère de l'art falimite, son style et sa beauté,


se trouvent exprimés dans trois mihrabs de bois, conservés au
Musée aral)e du (]aire, où se manifeste de plus une recherche
assez n(Hnelle et rai'e dans la décoration de la niche sainte. Le
premier, provenant de la mosquée el-Azhar (n° 32 du Cata-
logue), est flanqué de deux colonneltes ; le creux est en bois de
dattier, et d'une décoration de feuillag^es très simples, encore très

1. Corbell Bey. Lf/e itnd trorlis of Ahmed ibn Tniiloun Jnurnnl nf the R.
asiatic Society, 1891, p. bil .
,kk«j<TwiA:<:<4ai)V.<!U^
Fij!'. SI. — Niche de prière provenant île la cliapelle de Sitla Rukayali.
xir' siècle Musée arabe du (>aii'e . — CUché Leheffian.
Vi^. S2. — Ni, 1,0 .l.-pni-ir do la ohapollo ,!,• Silla \o|-|i>a. \n- sioo
^Musoe ai-aho du CairoV ClicliO Lclir;/ i;in.
\m l> Mil Ml >l IMAN

ar('liaï(|ii('s '. Je crois nécessaire il'eii rajjproclier, car elle «levait


faire partie de ce milirah, mie fil.iifiie niniiiu'nioruhrc en bois
sculpté, poiii' la cuiisinicl ion d un niiliiiih dan^ la iii'tsquée el-
Azliar in' 'A\ du dtilnhxfiic . dont rinscri[)tion en caractères cou-
licjiies donne la date T)!*.) 1 l 'jr) i et le nom du'Klialile l'atiinile Amer
bi ahkam Allah fi-;. 80 .

Le second mihrab de bois, formé de panneaux sculptés


[)elits

d'une très «grande beauté, provient de la mosquée de Sitta Nelisa.


datant du xn'' siècle' (11g'. 8!2i.

Le troisième, qui est le plus important, d une sculpture incompa-


rable, provient de la chapelle de Sitta Hukayah au Caire, que
la tradition indique comme fille adoplive du Khalife Ali ii" &2 du
Catalogue, ]iï. XIII)' (lig. 81, 83). Lencadrement est composé d'une
série de petits panneaux entièrement sculptés, et disposés en étoiles
ou en fifi:ures géométriques. La frise ajourée est d'une merveilleuse
beauté. Les ornements de la niche intérieure sont analo<:ues à ceux
de l'encadrement, mais les listels et les champs sont sculptés surle
vif du même bois. Au revers convexe du monument et sur ses
deux côtés, certains panneaux portent une décoration sculptée de
vases d'où sortent d'éléj^^anls rinceaux avec des fleurs et des fruits.
Dans ces deux derniers monuments seretrouvenl, comme unecarac-
téristique de la décoration dans la sculpture de bois, ces tif,'esbac-
cifères, vigoureusement modelées, particulières à l'art du xn'' siècle.

M. que le mausolée fut construit par la prin-


P. Ravaisse croit
cesse Alam, dernière épouse du Khalife el-.\mir, avant l'année 528.
Une lecture subséquente fit croire à M. Max van Berchem que le
mihrab n'est pas antérieur à 549, et se rapproche beaucoup par son
style du minbar de la mosquée de Qous (Haute-Egypte), dont la
planchette, au-dessus de la porte, porte inscription « Exécuté au :

nom de l'îmam el-Faiz bi-nasr Allah, par son serviteur le vizir al-

Malik as-Salih » en l'an 550/1155 -.

La caractéristique du traxail du bois au xni'' siècle est une éman-


cipation des formules décoratives; les panneaux sont plus petits,

les lignes bien plus minces et les formes plus variées.

1. P. Ravaisse, « Sur trois mitirabs en bois sculpté » [Mémoires présentés el


tus à l'Institut égyptien. Le Caire, 1889). —
Ma\ van Bevchem. Corpus Ins-
criptioniim unihicarum, n° i55, n" 457.
2. Prisse d .\vennes, L'art arabe. Atlas II, pi. "tî el suivantes. — Ilerz Bey.
Bulletin du Comité de conservation, XIII, XIV, XVI, XVII, pi. III. IV. —
Max van Berchem, Corpus, u" 323.
i.i:s Hois scri.i'TKs
97

M
l"'iK..S.H.- l{..v,.,s ,1,. la nic-l.o ,|.. p,i.-,v ,1,. Silta n„kav;
Ml sircl,. Mii-.r,. .nMl,.' .lu Caiiv '.

Mamh:!, i.Anr Misi i ma.n. — II.


98 M \M 11. Il Altl Ml M M.W
I

Aiiiiiii monument ne
|ii>inr;iit rivîilisor de beauté
avec le ( 'riKilnjilic (|iii pro-
vient (I lin loinljcaii voisin
(le la mos(|iiée de 1 linani
el-Clialcv, dniil trois côtés
sont au Musée arabe du
Caire (n°* 49-50 du (Catalo-
gue), et !r (|ii,iliièinc rôté
f revers I
au Kensiiif,'-lon

Muséum, df'iiiiaiil la dale


(il3/1216* ilig. M->^i\K Les
trois côtés du Musée du
Caire sont aussi merveilleux
par leurs ornemcnls que par
leurs bandes épij,'^raplHcjues.
J/iuie (le ces inscriptions
dit que le cénotaphe fut
élevé pour Abou Zahir
«

Ismaïl, fils du ^raïul émir


riisn ed-din Thaleb, lils de
"\'
a kou b ». Remarque
curieuse. Tenvers des pan-
neaux porte des ornements
sculptés ejî très fort relief,
caractéristiques de Tépoque
de Touloun, ce qui indique-
rail qu'ils durent provenir
d'un monument ancien, et
furent remployés et l'edéco-
rés au xni'' siècle. La tombe
elle-même existe encore ; on
Ta retrouvée dans un ora-
toire, reste dune mosquée
funéraire connue sous le

nom de Sadat el-Talba, et

on peut y constater encore

1. St. Lane-Poole. Saracenic


arls. fig. 41. —
Herz Bcy. Cata-
logue. — Max van lîerchcni, Cor-
/H/.s. n" 460.
LES BOIS SCULPTES 99

les traces d'adaptation de Tancien revêtement de bois. Les dimen-


sions comparées permettent ainsi ce rapprochement. Le tombeau a
même encore conservé sa stèle portant les mêmes noms et titres

que panneaux de revêtement '.


les

On peuten rapprocher deux frag'menls dun cénotaphe, qui pro-


vicnnciil de la mosquée de riniam el-Chafey (Musée arabe, Cala-

*v--fa?f6êiï«&-<iâc«i*f<?!îaf^^

^'^-
V" 'l--'»ilwv.*':*•'''l*^''*!:^..,â^^''

mmÊaummmtmmÊÊmÊmmÊmtmmmtmim*.'

wmÊÊÊmÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊimmÊiÊÊÊÊÊimÊÊmÊmmmmmtÊÊm «»
l-'ig. 8j. — l'aiiiKMu (lu c'i'-niilaplu' il Isiiiaïl SadaL cl-Taalljc ; 121G).

lof/uc, i\"'2\], dont les ornements, sculptés à deux plans, son! d'un
lra\ail iiutn cillcux de vi<^ueur dans le refouillemeut.
(a'IIc mode dorner
tombes de panneaux de bois sculpté
les

semble siècle. Le beau tombeau de Salih


s'être généralisée au xm''
Avyoub est de 1249^. C'est le plus ancien exemple d'un travail
en assemblage de panneaux si-ulptés fpu' nous possédions, anté-
rieur de cinquante ans aux panneaux du sultan Ladjin. et dont les
arabesques très simples s'inscrivent dans des étoiles hexagouali's
très fines, où aj)parait déjà rem|)loi des filets de bois de couleiu- et

1 inci'usIaliiHi cncoi-i' linudcs. Les tiges baciMl'èri's s y Iriunent encore


t'onuni' dans la st-nipture du xu'' siècle, cl dans la niche de Sida
Koukavva.

1. Max van Hci-riu'in, Corinis. u" fiS.

2. St. I.aïu'-I'ooli', Snntcoiiir ;irls. litf. 13.


100 M \M I I h Ml I Ml ^1 I M \N

Des Irises de hnis i'i simpK's iiisciiplioiis sciilplécs ><• n-iu .mlri-iil

iiiissi iisse/. soiivciil. ciiloiiraiil les diillc-s inorlii.iires. (hiiis les lom-
|„.i,ii\ (le hi rainill.' il(> .\l)l);i>>iilcs. diiiis la cliain-llc «lerrière la

iiins(|ii('(' (le Silta .\cli>a. < )ii l>irii les iiis(ii|)t ii-iiv v'a^^réinciiU'iil «le

(lélicalcs aral)C'S(|ii( •?-. lonimc dan^ la toinhr d'im clu-ik provciianl


d'un ciiucliri-c \()i>in du Caire, ciuiservée au Keiisin^dou Mu-i-um '.

cl duiil les |)amiean\ ^niil t'ails d'un hois 1res dur.

Nous |.(Mi\i>ns run-lalef (jik' iu-(|u'i(i. dans aucun monument de


|;i seulnlurc -ur l)..i- en K-\|>le. ii"a\ail r\r I raiist^ressée la délVn>e

Kij;'. Sfi. — Paiiiu-aux nntaplu'. Mil' siècle Keiisin^'tim Miisouin .

C()rani([ui' iulerdisanl la représeutalion des l'ormes de créatures


\ivaules. \ Oici (|u un mcinunieut fameux va nous en a|iporter le

premier démenti, (^e sont les célèbres Portes ihi Monslan de


K;ihioun, que Prisse d'Avennes put jadis étudier en parfait état et

relever pour les planches de son album -. Ce sont huit panneaux de


bois de cèdre, sculptés de représentations de jeux, de sports, et de
chasse. .\u centre d'un panneau, au milieu de rinceaux à enrou-
lements, est un (^enUiure ailé comme les tètes des bas-reliefs assy-
riens, se retournant pour décocher une tlèche sur une gazelle à une
seule corne, tandis qu'une autre gazelle se trouve symétriquement
devant lui. Des roues fleuronnées décorent l'articulation des
épaules et les cuisses des bêtes. Ce centaure coilTé dune tiare très

particulière est une variante du Sphinx ailé ou Marichore que les

1. Si. Lane-Poolc, Saracenic arls, fii;-. 4i.


2. Prisse d'Avenues, pi. 83-84. — St. Lane-Poole. Saracenic arts.R^. 46-48.
LES BOIS SCl'LI'TES 101

lliéologieiis prêtent à Mahomet et ;i .Ui t'omme in()iitiire> ;iii j<uii'

(lu jugement dernier,


pour distribuer aux élus
leau paradisiaque du
Kauther, et dont les

représentations sont fré-


quentes sur les miroirs
de bronze et sur les

étoiles, et dans les livres

eiduminés Dans le
^
.

deuxième panneau dont


le centre est formé duri

|)aon, des personnages


act'ordant le théorbe,
assurant les cymbales,
j)ortant en main des
coupes, sont en\eloppés
<le rinceaux dun enrou-
lement curieux. Dans
un panneau longiludi-
ii;il, divisé en dnci's
compartiments par li'^

lignes des rinceaux à

enroulements, se licnl

ini personnage un genou


on terre, comme prêt à

se relever, avec une


gazelle en travers sur
ses épaules ; au-dcssu>
deux aigles svméli-i-
(|ucs, et de cluupic colc
deux grands perrcxpiels,
les tètes di\ei'gt'u(cs.
Imh-. X- l'iiinicMii (lu iiicirislan de Ivaliioim
Ailleurs des gazelles as-
iiii ( '.lire xiir sirclc .

saillies par (K's aigles,


les ailes éployécs. Mn haul deux caiiaid^ ((Uiilial laiil licc à lier, eu
bas deux ceulaiircs a:l('s cl ciiiii-,imic>, cl plu> ba- ciicure i\ri\\
petits lapins aH'rnnlés iig. S" .

I. Hfiiiaïul, Moiuinu'nts itrulws du CiihincI du dur dt- llUicis.


lOJ M AM I I. I) Ain Ml SI I.MAN

Il liiiil r.i[)|)r(i(|icr de ce inoniiinciil (•.ijut.il pour 1 hisloirr du


l)()is l'ii l'!;;\|)li', un piimiciiii de pliiloiid provenant de la baie d une
|)()rle du Moristiin de Kalaoïin Musée arahe du (lairc, n" 51 du
(!.tl;ili)(j iw , diinl le cliainp central encadr'- de doubles l);Uf)ns

courbes présenlc des l'euilla^es et des arabesfjues ; en liaul. dans


Taxe même, un aulre champ lenlerme deux f)iseaii\, et deux per-
sonnaj^es assis, celui de droite buvaiil à une coupe.
Le musée du J. ouvre j)ossède un petit [)an-
neau reclaiif;ulaire, provenant de la collection
Aini)roise Haudry, profondément sculpté de
bêles et de i)ersonna},''es ( lif,^ 88;; et le Ken-
siiii;lon Muséum, sous le n° 901, quatre autres
éj;alement décorés dOiseaux sculptés dans des
rinceaux.
Toute cette décoration est dun style inti-
iiiment vit" et spirituel; il est évident que lo-
ri^ine doit en être cherchée dans l'art de la

Perse ou de la Mésopotamie, où les traditions

artistiques des Assyriens, des Parthes et des


Sassannidcs s'étaient le mieux conservées, et
où elU's se retrou\eiit phis tlirectement encore
dans les travaux de cuivre et de bron/.e de
Mossoul et des rég^ions voisines.
nadiuel pas que certains de ces
Si \'in\

du métal, appelés en Egypte, y trou-


artistes
Fi^. SS. — l'anneau, vèrent une occasion heureuse d'y travailler le
ww siècle
il faut reconnaître que leur influence sur
Musée du Louvre . bois,
les artisans du Caire y fut incontestable.

Ainsi nous voyons celte intluence se manifester au Caire dans le


premier quart du xiii'' siècle, en même temps que sallermissait le
pouvoir des princes de la famille d'Ayyoub, dont Saladin fut le per-
sonnage le plus fameux. Ces Ayyoubites étaient sortis des rangs de
la garde de Nour ed-din, prince d'Alep et de Damas, issu de la

souche des Béni Zenki de Mossoul. Ils avaient franchi le Tigre


et l'Euphrate avant d'arriver en Syrie et en Egypte. Cette famille
avait été des premières, dans le monde musulman, à adopter les

coins animés de figures. Leurs monnaies portent de saints person-


nages empruntés à l'iconographie byzantine, et des symboles tirés
de l'astrologie persane, au lieu des simples inscriptions des mon-
naies de Khalifes orthodoxes.
LES BOIS SCULPTES 103

Nour ed-din pas plus que les autres princes tartares ou kurdes,
fil'ouverneurs de provinces pour les Khalifes de Bagdad , ne vit
de profanation à ces représentations animées. Saladin lui-même
importa ces idées au Caire, où il faisait sculpter sa propre armoi-
rie, un aif^'le, murs de sa
sur les
citadelle au Mokattam. lit nous
verrons, en étudiant les cuivres,
que certains de ses successeurs les
premiers Mamlouks eurent dans
leurs armoiries, ou décorant leurs
objets de luxe, des représentations
de figures animées ; tels Beïbars et
son tils BarakatKhan.

Sous le règne de Mohammed en-


Nassir, le lils de Kalaoun, en même
temps que dans la déc-oration des
cuivres reparait rancienne décora-
tion purement arabe, qui d'ailleurs
n'avait jamais été abandonnée, la
mode revient aux petits ])amK'aux
géométriques dassemblage en bois
sculpté d'arabescpies, en bas-relief
bien plus conformes |);n- leur nature
même au climat du pays. C'est à
partir de ce moment que les min-
,

I- < 1 '
I*'i|;'. Ni». — l'aiiiii'jmx (l'asscMibliiui'
l);irs en parliculier vont être déco- ilopomlant lU- raïu-icn mii.l.ar
rés d'un assemblage de panneaux <1'' la nios<nu'.- de T^uloim au Caire

p..l,vg..naiix sculptés de la plus ( Kc-nsiM^lon Muséum .


merveilleuse façon.
La chaire à pi'ècher de la mosquée dont ( ri'lgxplr, nous le verrons,
ne nous l'oui-nil pas \c plus ancien spécimen) '
esl lou|i>ni-s, comme
nous I "avons noU' dans rexceptionnel minbar de pierre de la mos-
cpiée l'unc-i'airc de Barkonk au déserl, formée dun escalier droit,
dont les dc[\\ colés i'oi-manl liunpcs <onl pleins, el |ti'ecc(lcc d une
porte surmonlée dun l'iiuilon (lig. Ul 1 : elle se termine en li.mt

l)ar une |)elil(' |)lale-foi'me avec un banc, couverte d'une coupole.


l*]lle élail (onjoni's placée dans la nio>(picc, à gauche à droite

1. Nous pai'lci'iins uu peu plus luiu des iniul)ai's îles uinscpiées île Ivaimuau
el (le KiMiieli, ele...
loi M \M I I l> Alt I Ml -1 I.M AN

pour le s|)C(l;ilciir ilii im/inih. on niche d oiicnt;ilioii pour l;i prière.

|-]n (Irliois (le l:i poilc, loiilc \:i IxmiiIi' du lr;i\;iil de décoralinii
scnlplcc l'tail r(''ser\('c ;iii\ deux colo, rorin(''> de r;iss('nil)l;i;,'e

(oiiipli(|ii('' de celle l'oide de petits p;iiiiieiiii\ pol\f,'^f)iiaii.\, dont les

ar;il)es(pies et les dessins variés se di\ersilieiil ;i l'iidiiii el révùleiil

une iné|Miis;d)le in\eiili<)ii. et une \ i^iieur d"e\<''(ution <\u\ ne lurent

):ini;iis plii> ii'iiiai(pi;il)ie> (pi'aiix (•|)0(pi{> le- pins anciennes.


( hi ne vanrail cilcr de |)lns beaux spc-ciinens (pie les panneaux
pr(>\ eiiaiil du iiiini)ar que le sullaii mamlonk I.adjin lit l'aire dans
la nioscpiée (V/hii 'rmiloun. (piaiid il en eiilicpiil la reslauralion
en l-J'.M)'. Il ('lail encore en |)lace et coni|)lel.en l^Si^), et M. James
W'ild. coiiservaleiir du Musée Soane à Londres, j)ul alors au (Zaire
rétudier et li' dessiner iiiimil ieiiseineiil . ( >ii peut constater aiusi que
chaque côté reulerniail une •grande lif^ure circulaire ^''éomélrique,

décorée au centre dune étoile entourée de huit j,'-rands panneaux


octogonaux, sculptés alternativement d'étoiles et d'arabesques, et
de quatre demi-dispositions du même plan, en haut en bordure de
larampe et en bas. L'ossature, la charpente existent encore dai s la
mosquée d'Ibn Touloun au (>aire, mais les jjanneaux manquent. Us
ont en 1884 pris le chemin du Keiisington Muséum, qui les acquit
de M. de Saint-Maurice, et M. W'ild, j;ràce à ses dessins, put jadis
les remonter en un grand carré ; ils ont de|)uis été séparés, et expo-
sés isolément sur les murs tlu Musée n" 1(>85> (iig. 89 . Deux des
panneaux horizontaux portent le nom du sultan Ladjiu et la date de
construction du minbar (696, hégire Les autres sont sculpté^ |.

d'ornements à enroulements, et de feuilles plumées à forts rclielV.


exécutées d'une favon assez grasse et très larg-e. C'est la plus belle
sculpture de minbar, en bois pur, sans iiicru^lalion d aucune sorte.
que nous connaissions.
Le Kcnsingtou a rei-ueilli égalcnieiil des panneaux intacts à dispo-
sitions polvgonalcs, provenant de la moscpiée el-Maridani, émir du
sultan Kalaoun, qui fut construite en 739/1338. Us ont dû appar-
tenir à la jiorte du minbar ou de l'armoire; ils portent l'inscription
répétée « la providence delà veuve et de l'abandonné, le soutien du
<(pauvre et du misérable, l'humble serviteur de Dieu, Altounbouga,
« réchanson, le mamiouk de Mohammed en-Nassir », ce qui le

montre comme manilouk à la Cour de ce sultan, et y tenant oiTicc


d'échansoii. un des postes les plus inllueiits. La sculpture des ara-

1. Stanley I.anc-Po()le. Sanicenic .1;•^s•, t\v:. ;r>-'iO.


LES Î50IS SCULPTKS 105

besques en relief à deux plans y apparaît pluï^


2
délicate, plus fine que dans les panneaux du min-
bar de Ladjin, et deux tilcts divoire y paraissent #
dans lencadrement.
Très voisins de ces derniers panneaux, se trou-
vent au Kensington des panneaux horizontaux por-
tant le nom du '. Nous
sultan Zein ed-din Hassan
ne retrouvons pas surnom de Nassir cd-din ici le

<:[ui s'applique au nom d'Hassan dans ses mon-

naies et ses monuments publics, mais, dans lou>


les cas, le caractère du travail est bien celui

de l'époque du sultan Hassan (milieu du \i\'


siècle M. Wild a conservé des dessins du min-
!.

bar de la mosquée de l'émir Kousoun, très ana-


logues à ces panneaux-ci. Rien n'interdit l'hypo-
thèse que ce put être le sultan Hassan qui les
ait lait mosquée de Kousoun.
exécuter pour la

Leminbar typique de la mosquée égyptienne,


celui où se trou-
vent réunis l'in-

tégrité, la déli-
catesse, la llnesse
-a)
et la variété in-
finie des motifs
géomé riques l .

est le beau miii-


l)ar ;iii lumi du
sultan Kail \ic\,
(jue possède en
>(in pariail clal
le Iv e n s i n i; l () n
Mnscun) -'
lig.

<»(! . Mais M le

minbar de la

mosquée de Shei-
klion i:r),s

1. Slaiilcy I.Miic-
Pixili- , Siirncenir
aria, fif^. il- 12.
2. Idem. Til'. .Ti.
l'iir. !U). — Minbar de la iuos(iur<' de Kait-Hov
xv» siècle [
KiMisinj^lmi Mumiiiii .
KKi MAM I I. Il Mil MI >l I.M AN

«1 j)liis encore
celui de lu mos-
(|iiéc (lu suUan
cl- M oay yed
1 iJO indiquent
(lé);t une lac,' on
(le sculpter plus
'•! -J,'' >cclic, en même
temps que moins
de fantaisie et de
charme, il faut
bien reconnaître
que le minbar de
Kail Bev n'indi-
que pas une ré-
^'^énérescence; on
peut en être dau-
laut plus surpris

([uc le rej^ne de
Kait Bey l'ut un
de ceux où les

travaux d archi-
tecture furent au
Caire particuliè-
rement brillants.
J.a sculpture de
pierre y fut iné-
{^cûée ; peut-être
y absorba- 1 -elle
tout le i,'^énie ar-
tistique de lépo-
que. Ces! le mo-

ment où le petit
panneau d ivoire
sculpté vient
s'intercaler dans
le panneau de
bois, et s'encadre

l'iy. ;i|. Porte et clôture du lnuibeau en outre de filets
de Barqouq au désert.— Cliché van Berchem. de bois de cou-
. .

r.ns lîois scLLPTKs


leurs. L'effet en
est charmant,
pittoresque et
coloré l'outil
;
y
réalisa des fines-
ses d'une pré-
cision surpre-
nante.

L'n des objets


mobiliers de la
mosquée où le
talentde l'artiste
sut aussi réaliser
des merveilles,
'ut le koiirsi
un support
C'est
en forme de pu-
pitre sur lequel
on plaçait le
Coran pour la
lecture. Le pla-
teau, générale-
ment hexag-onal,
supp(,rlépardes
cotes pleins,
comportait com-
me If iniiibar
"ne (léforalion
<lc panneaux
^eiilplés (.( i,,_

ciMisl(-s. Prisse
'I VNcniics |(j.

"^^ III en (|()iiii(.

I'" l)cl cxcinplc,


"^ec I,. lu.ursi
iijani ;i|)j)ar(ciiii

à la ni(.s(|iie,' d,.
l^arkoulv au dé-
péri. Le .Miiséc'

FiK. 02 - Komsi ,1.. h,m..s,,mV ,l„ .snl(,,n Cl.àhan


<iC'c\c
Mt.s.-oaral... .luCni.v, -Cliché- Whr
!l I» H
108 M \NI 1 I. I« Altl Ml SI r.MAN

,|';,,-| ;ir;il)c (lu Clllli' eu |)n>sf(lc pIllMrlII- ilnjil |r |)lll- l)C;iUl->l

]p[g_ 93. _ BoiLc à Coi'Uii du sultan Cliàban Must-c ai-aho du Caire .

Cliché Lchetfian.

cerfaiaemenl ce'.ui qui provienl de la mosquée du sullau Chabau,

décoré de délicieuse:? incruslalions d'ivoire el de bois de couleurs '.

I. IK-rzlk\v. Catalogue du Musée, n" 50. pi. XIV.


Ll-:s BdlS SCLLl'TÉS 109

Les cofl'rels et boites ;i Coran se prèlèrenl à une décoration du

KiK'. i'I. l'iMlc Mns(|iu'.' lîal•i;\^:lll :ni Ciiii-c. Clirlr- v;in lU-nhrm.

incmc ,i^rnrc. La belle bcile iiexai^onale. (JceoriH- c-\lei-ienreineiil i-l


iiilerieuri'nieiil dc^s plus |iiie> iii()s;ni|iie>. |in>\ienl. c.Mnine
la lable
.

I 10 M \M I I 11 \ll I \ll ^1 IM AN

koursi, (le l:i iiuis(|iic(' du siiltjiii (^li;il);iii li^^ U'2, '.>!i . l)";iilleur.s,
*
les molils (l('(ni;ilirs, iKtliimmeiil les pelils ;ires, y sont bien ana-
logues. Celle l)i>ilc e>l ornée (le clijiniii'res de Itron/.e incrusté
d'or cl dju^cnl '

Pig. 95. — Plafond de la Raqah. Grande salle. Palais de l'émir Beclak.


Cliché Saladin.

Les portes d'armoires ou de placards de maisons privées ou de


palais comportaient une décoration sculptée en petits panneaux
d'assemblage du même genre que les minbars, qui suivit la même
évolution que ces derniers (fig. 94 .

11 existe au Caire une autre forme de sculpture du bois, qui lui


fut toute spéciale, c'est le mechrebiya ou moucharabieh. On nom-

1. Hei'z Bey, Catulngue, n° 65, pi. XV.


LES BOIS SCULPTES m
12 M AM II. Il AU I Ml

iiiiiil ainsi la clôliirc Ircilla^M-c. (|iii. dans ( rrlaiiifs riiosfjnces. scivjul

Itarlois à isoler le loinlx-an ; le pins (•(•léhrf cnsfinhk- esl la clidurc


(In liiiiilican ilc Kalanmi dan- son nmrislan. assomblaf^e de l)ahislres

de l)iiis laillt- lantol en eairt-s. laiilnt en arrondis, et olFranl des


disposilions carrées i

liJ,^ •.»(>. Mais celle clulnre. (|iii ne manf|ue pas


de foi'ie ni de lar-

^-^eiir dans lexé-


ciilioii. oH're bien
nloin^ de variété
et de la n t a isie
(juVin n en ren-
contre dans les

moue ha ra bichs
des maisons pri-
vées; c'étaient le

«grandes baies tlé-

bordant extérieu-
rement des mai-
sons sur la rue,
et desquelles on
pouvait voir en
prenant le frais,

sans être vu. Ici

toutes les combi-


naisons g^éométri-
([ues ont trouvé à
semployer. et ce

Fig-. 97. — Clûturo do clueur fie lV't;lisi' copte n'est pas tant
clAboii Ser^ali. — Cliché Leke<jian. dans les dispo-
sitionsconstam-
menl renouxelées cpie réside cette inépuisable fantaisie, que dans
le tournafie même des bobines de bois. C'est tantôt un produit du
tour, tantôt des morceaux découpés en triangles, en polygones,
qui se trouvent lonibinés avec des pièces tournées'. En ajoutant
des baguettes de conjonction, on produit parfois des inscriptions et

des ligures. Des arrangements permettent de reproduire une lampe


suspendue, le sceau de Salomon, des inscriptions, des cyprès entre-
lacés, même des croix.

1. Ilcrz Bey, Caltiloi/ue. n" 6."). pi, XVI.


1

LES BOIS SCILPTÉS


113
Les plafonds, qui furent parfois de merveilleux
travaux de bois,
apportaient à certaines mosquées ou maisons, la plus
riche des

;:'"""'!'' "..>sqn..c. de Tn„|„nn.>,„| qn Vil.. auM,!


1^'
chm.. . K.,.,-
*•""''• "'""-vil.'
nu,d...M,dcnn-nMulr...„|qn-,.n K. ;„1 nvnnvrrles

Mam i;i, I, Ain Mi-i I M vN 1


ni M \M II, Anr Misii.Mw

plaiiclic^ «Ml Inniic liiiTi'i'. |)c loiili-s ra<,..ii>. .-n lc> rccniivrc
<li'

,1 uni' ((Miclic ilr |ilalrc. aiialn-iic ail -^csm) italic-ii. coldiV-


••! drcuV-
en lilni. a\cc i\r \'<'\- et <lii l)laiic cfiriimt' rc-liauls. Ia-s
en roii^-^c cl

ciriix ciilic Ic^ |)(>iilrr>, ((iii|)r-> par des traverses, suril divisés en
i)elils (ai>>(ms. el peiiils de iiieiue. I.i'> |)laii«lie- ><iiil é},Mlcnienl
|»eiiiles darii-
hescjucs cl de
Ixaux dessins.
l'ne autre
décoration des
plat'oiids coii-

>islail à appli-
([Lier d'éj)ais
lilets de bois
sur les plan-
ches qui consti-
tuaient le toit;

des éléments
11 o r aux e- N'

naient se mêler
aux formes géo-
métriques.
l.es beaux
plafonds n'exis-
tent pas seule-
ment dans les

mosquées ; il

existe quelques
Fi Porte de Sidi Okha près Hiskra, ix'-x" siècles.
palais qui en

possèdent encore au Caire, tels le palais de lémir Bectak du


xiv« siècle (dans la rue el-Nahasyn) (fig. 95), et la maison de Djâmal
ed din ez-Zahabi datant du xvn*" siècle (quartier el- Gourieh).

Quelques archéolog-ues ont cru pouvoir tirer parti d"un rappro-


chement entre les travaux d'ébénisterie arabe, et des travaux de
sculpture de bois incrusté d'ivoire semblable à celle des minbars
dont les chrétiens coptes d'Ég-ypte cherchèrent à orner les clôtures
de chœurs de leurs églises. La croix devait naturellement y jouer
un grand rôle décoratif. MM. A.-J. Buttler et .Albert Gayet - ont '

1. A.-J. Buttler, The ancient coptic churches of Egypt.


2. Albert Gayet, L'art copte d'Egypte. Paris, 1901.
LES BOIS SCULPTES 115

été tentés de supposer que les mêmes ouvriers exécutaient les

mêmes travaux, et que les Coptes ayant été les premiers artistes
que les Arabes aient employés comme constructeurs de leurs mos-
quées et décorateurs, il est fort possible qu'ils aient continué à
s'en servir comme sculpteurs du bois. C'est une question qui ne
peut être résolue que par des dates bien vérifiées. Le furent-elles?
M. Bultler établit bien que la clôture de bois du couvent de Abou
1 H) MWIII, l> Mil MI<IIMA\

nécessilé de climat, en ait-iil fiisnilc IraiiMnis le principe aux


Aralx's. l'M échatij^e, les Miisiilinans leur lirciit l'acilemcnt adopter
les Inriiu's de décoralinii ;i ligures vivaiiles, dérivées des travaux
de métal de la M('S(ij)()lamie, et nous voyons la clôture du tril'o-

i-ium (le Sanla lîarhara et celle de Sainl-Serj:e .\I)U Sar','-al) au


\ieu\ (laii'c. décorées de saiMt> ^ui-rricrs. cl de ix'tcs se poursui-
vant, tout comme dans les cui\res de Mossoul li;,^ 07 . Mais liàlons-
uous de reconnailre (|ue cet apport y put être irulirecl, et put fort
bien ne par\('iiir aux (".opt<'s cpiaprés cire passé auparavant par
l'art bvzantii). a\rc les l'oi-mule> dutpiei il pai'ail avoir un rapport

plus étroit.

]/Kj,''vpte neut pas seule le priNiléj,^' de chercher par l'habde


sculpture du bois à rehausser la prestigieuse beauté du mobilier

de ses mosquées. Aux piimilives éj)oques de llslam, à Kairouan,

la ville sainte du Maj^hreb, bien avant les plus beaux travaux du


bois que pratiquèrent les ateliers qui travaillaient pour les Fali-
mites en Égvple. furent sculptés un minbar et une maksoura, mer-
veilleux travaux que le temps a fort heureusement respectés [iv^. 98 1.

Ce minbar est entièrement sculpté à jour; les contremarches, les

rampants de Tescalier. sont couverts d'ornements ^--éométriques


qui procèdent visiblement tle l'art byzantin. Les montants et les tra-
verses reliant les panneaux sont aussi sculptés d'une ornementa-
tion touirue inspirée de la flore stylisée. Nous avons sur ce monu-
ment remarquable les références de trois écrivains arabes, et nous
savons ainsi que Ibrahim el-A^lab, le premier sultan Af^^labite.
aurait fait venir de Baj^^dad les carreaux de faïence lustrée qui
ornent le mihrab. et le bois de platane destiné à construire le min-
bar. Ce serait là le plus ancien monument de menuiserie arabe de
la fin du ix** siècle que nous posséderions '. .A coté du minbar.
s'élève la maksoura, clôture à jour, qui isolait les émirs de la foule

à l'heure de la prière. On ne saurait imag^iner plus beau mouchara-


bieh. Une inscription coulique entremêlée de rinceaux, court
au
sommet, nous donne
et le nom de celui qui la fît faire Abou ,

Temim el-Moizz, émir du khalife falimite d'Eg-ypte, el-Mostanser


Billah 11031-1078) c'est donc un travail postérieur-.
;

En dehors de la belle chaire de la mosquée de Djama Zitouna,

1. H. Salailin, Là mosquée de Sidi Okba ù Kairouan. Leroux, Paris. 1S99.


2. Missions Houdas et Basset.
I>KS BOIS SCfLPTÉS 11'

•'r- ll'l. Mini,, "'l''l^' "i-.,ur.. Al.


K.KIi,,.^ K.,M,..|,. nul,.-., .lu m, si.Vl..
118 MWIIf. I) \l(l MISII.MAN

sign;ili''(> j;hIis jiar M. rWiuiclicl , mai^ i|iii \-t->[i- ;i ('-l iirlicr, il existe
encore en Al^^érie, une Ixllc porle de bois de eèdre à deux hallanls,
à la pelile mosquée de Sidi ( )kha prés de Hiskra (ig. ÎM>|, qui permet

de juf^er des beaux lia\aii\ de ce ^eiire, (pTc-taient alors capables


d'exécuter les Herbéres. rrf)is baf(uettes sculptées couvrent le joint
des ais ; riuiis est richemcnl flécoré d'arabescpies ou (rornements
plais sur l'ond de iiiiccaiix qui rappclliiil licaiiciiiqt les soutaches
des brodeurs, et dOrnemenls en S. La tradition veut que cette
porte ait été apportée de Tobna, ville voisine importante du vin''

au xi" siècle. L'hypothèse de M. Blanchet qu'elle j)ourrail provenir


de Thouda, où le tombeau de Sidi (Jkba lut embelli par le khalife
l'atimite el-Mansour, en ramènerait toujours l'origine au x" siècle
environ '.

Le musée de Palerme a de son côté recueilli une partie du


plafond de bois de la Chapelle palatine, qui date du xu" siècle,
composée de petits panneaux
ensemble, procédé assez ana-
joints
logue à celui qui avait été usité en h'gypte, et où l'on voit délica-
tement sculptés des animaux courant dans des enroulements de
feuillages.
En Espagne, la mosquée de Gordoue en son état primitif, dut
renfermer de merveilleux travaux de menuiserie et d'ébénisterie.
Il n'existe plus rien des plafonds anciens, que Morales [Antigue-

dades de Esparla, Cordoba) a décrits avec soin, et qui furent


remplacés en 1713 par des voûtes légères en briques. Ce plafond
en bois de mélèze peint en rouge un éblouissement.
et or, était
« L'or, disaient les chroniqueurs, rayonne du plafond, comme
le feu il brille comme l'éclair, quand il sillonne les nuages. »
;

Le mobilier de la mosquée dut renfermer une maksoura (tri-


bune mobile pour le princej dont Condé, d'après les chroniqueurs,
a donné une longue description -, et un ininhar qu'Ambrosio de
Morales a décrit, et qui semble avoir été également mobile, si

nous l'identifions grâce à la désignation de la Silla del Rey


Almanzor (trône du roi Almanzori, sorte de char en bois, à quatre
roues, richement travaillé, détruit en 1572, et sur lequel était placé
le beau Coran écrit tout entier suivant la tradition de la main du
Khalife Othman, que Makkaridit couvert en or, garni de perles et

1. P. Hlanchet, La porte de Sidi Okba {Bulletin de iAsxociation historique

de l'Afrique du .Xnrd. Leroux, 1900.


2. Condc, Hixtoria de la dominacion, t. II, p. 329.
K'K. loi!. - l'..r(.. on l,„is srulpl.'- provc-iuu.t
do Kun.oh. mh m.tI.-
(Musof ,io (:.iiistantin,.plol. _ CUchc Seh.ih.
120 MAM i;l, liAHI MISIIMW

(le nilils Mil' llll IdikI (II- suie, et li\('' |);ic dey cldll^ (1 or MIT llli ^|c;;i-

en l)i)iv (I .iliH-v.

I.c Milice ;ii-ilici)|ii;^i(|iic (le MiHlrxl II" I iS ;i recueilli une Imt


helli' sl;ille ;i lidi^ bancs, Ires Min|)lc. (Imil le^ pieds ul les aci'o-
loii's soiil >ciii|)les (le Ires lieaiix oiiieiiieiil> ileurniiiM'S ([ui

llKUiIreiil Cdiilliicii au \lll'' siècle les lia\aii\ l'a i I s poiii' les cjil'clieiis

c'Iaieiil |)iiiir le huis coinnie imm- I nnnc pleins des Inrmules déco-
ratixes iimsulinancs. l'ille pniNieiil du cnuveiil des reli'.'-icMiscs de
(IradelVs ! ix'on ) (li^. lOt»!.

Luc jxtrli', d une menuiserie rude u" '}l'.i , déeorée de ^'"'"^

clous, sans doute du xn'' siècle, provieul de Darnea. et une belle


porte décorée de petits panneaux assemblés comme ceux tri']j,^yj)le,

sculptés d'un lleurou, est au Musée des Arts décoratifs de Paris.


Iax frise dinscriplion en caractères f,;-olhi(|ues, qui lencadrc, inditpie
assez (pielle ser\it de porte d Ciitrée à une é,i;lise '.

I']n Asie, eiilin, la mosquée el-Aksa, à .h'rusaiem . conserve


encore son ancien minhar, avec ses riches incrustations divoire et

de nacre; il est évident que les principes du décor et de la tech-


nique ne s'écartèrent pas de ceux qu'appliquaient les ateliers

dl'l^Nple. L"insi'ri|)lion très im|)orlante nous apprend qu il tut

exécuté sur les ordres de Nour ed-din par un artiste dAlep, en


564/1 lOiS ; il fut mis en place par Saladin lors de la restaurati<m
(|u il lit de la moscjuée.
]>a j^n-ande mosquée seidjoucide d'Ala Eddin à Konieh, a con-
servé aussi son beau niinbar en bois dur (ébène ou tecki dont les
rampes sont découpées à jour dornenients polyg"onaux, et dont les

côtés pleins et le fronton de la porte sont ornés de lassemblaj^e


parqueté de petits panneaux polygonaux, analofii^ue aux travaux du
Caire mais dont le relief est plus accusé et forme bossag-e. Sur le

côté droit de la chaire, une inscription très complète nous donne


le nomdc lartisan « (cuvre du maitre mecquois - Zizeni?) le pèlerin
d'Akhlat i
Arménie ,
qui a été terminée dans le mois de Redjeb fie

Tan 550 (septembre ll55i », par conséquent 70 ans avant lachè-


vement de la mosquée où se trouve inluimi' le f,''rand souverain
Kaï Khosrau h'"' ^ (fiy. 101 .

Il existe au Musée de Constantinople, deux g-randes portes de

I. liepviyduciion. [Porlefeiiille des Arls décoratifs. Calavas, Paris, pi. 6S6.


J. Iluarl Cl.), Epiçfruphie arnbe d'Asie Mineure. Paris, Lemaire, 1895.
LKS BOIS SCILI'TES l!>l

bois, d'un art admi-


rable, qu"en rabseiu-e
de toute indication
de provenance im-
possible à obtenir de
rindiiFérence ou de
la mauvaise volonté
directoriales, on peut
présumer oiMg-inaires
de Konieh, comme la

plupart des belles


(Buvres de sculpture
musulmane possédée
parce musée! liy. l()"i,
103). L'ornement
polygonal s'y retrou-
ve encore dans ces
beaux panneaux cen-
traux où la compli-
cation des lif^nies s'cn-
l'icliit (lu lin tra\ail
des l'onds. Les bor-
dures se couvreni
d'une foi son na n t c

véf'i'étation, de rosa-
ces, d'entrelacs et de
llcunuis traités avec
une habileté merxcil-
Iciisc, vl ceci nous
rappcUi' |)i,-ii les
beaux et si riches
portads(lcsmos(pi<'cs
seldjoncidcs de Ko-
nieh. Snr Tiinc de
ces portes appai'ais-
sent aussi, traites en
sculj)turc incplali,
di'ux Irritions ados-
sés, di'ux lionsalli-on-

tés sur un fond (!<

^ l'orlc .Mi l.nis siMilpIr pn .\ rii.uil


de K..i,i,-li.
\nc sici-lc Miiséi- (II- ('.iiiisliinlinn|ilc
Cliché Sol,;, h.
Fiy. loi. — Piuto de la mosciuee de Sliah Zmde à Samarkand,
fin du xiv —
siècle. Cliché H. Kraft.
,

LKS BOIS SCLLPTÉS 1 2'i

rinceaux, formules bien particulières à Tart de la Mésopotamie, et


même en un médaillon, un personnage accroupi de face, les jambes
largement écartées, où Ton retrouve le souvenir d'une influence
hindoue, toujours si sensible dans l'art de la Cour des Seldjoucides
au xni" siècle.

Le South Kensing-ton Muséum possède une spleiidide |)orte en


bois revêtu de stuc et de grands rinceaux, de fleurs polychromées
sur fond doré, dont le style rappelle étonnamment celui des beaux
velours de Scutain du xvi" siècle. Elle provient du tombeau de
Mahomet, fils de Soliman le Magnifique à Gonstantinnpie '.

Le mausolée de Chah Zindé, à Samarkand, possède aussi sa porte


ancienne en noyer sculpté lOL. C'est un des très rares travaux
fig.

de bois qui puissent nous apprendre quelque chose sur cette indus-
trie artistique à la Cour des sultans mongols, à la lin du xiv*^ siècle.

Nous n'y retrouvons pas la technique des petits panneaux assem-


blés sur parquetage, mais au contraire une belle disposition déco-
rative par grands panneaux pleins, sculptés à léger relief d'orne-
ments d'une rare finesse et d'une grande élég^'ance, et où se retrouve
l'art de ménager le décor sur deux plans, comme nous Pavons

constaté au Caire -.

IUHI.IO(il{AIMIIK

Hkmz (Max), (l;il;ili>(/iii' <lu iniiaée. «Varl uralx- du ('.;iirc fK'.Hi, lioiserii^s,

pp. 96 et suiv.
Stanley LANK-Pooi.ii, Sinracenir .///s. l.oiidoii, tHStl, WooinlorU
p. 124.

I. Kcpinduil dans le l'oi-li'ffuillc di's .\rls i/i'cor.i/i/s. ('.:ilii\ as, l'aiis. |)l. lidO.
'2. llcpriKliiclioii duc à l'aiiiial)lf oblififaïu-c di' M. II. Ki-al'I.
H4 \

Fig. 105 et 106. — Plaques de Iroiilnii de minljai- égyptien xiV siècle

CIIAPITHK IV

LKS iVolHKS

Sdmmaihi:. — l']j:fyi)lieiis. — Il ispinm-iiioresques. — Mésopiilainieiis. — Indiens.


l'ji |);irl;inl (1rs lr;i\;m\ de la sciilpliirr de l)ois v\\ l\i;v|)le, iiou.s

avons \ li il parlii- (liiiic (cihiiiit' ('|)i>(|ii(' \v rolo (|u n avail joué


1 ivoire coiiiiiu' lra\,iil d iiuriislalioii, ou luenu' cmploM' en pclils
panneaux d ivoire pliMii sculptes i-l assemblés dans de> xanlaux de
portes ou des rampes de uunliars, et alteniaul parjniv a\ce de petits
|)anneau\ peidanimaux eu uiaripu'lene d idieue lii^. 1(17 Mais '
.

l'es 1res beaux travaux prcMMiterenl t'>U|nur> pln> de -eeliei-esse i-l


de durel('' (pu' ceux du l)i>i>, et iiCureut jamais cet te souplesse cl l'e

j^i'as j)ar où ces derniers ikmis enidiantenl. ( )n ne peut en aeeust'i"

I. Slaidey l.iiiie-Poolf, .s',i/-.i(('/i/c ,/;/.s. li}; , liv, To, 7|. -S. .Mit.-ec.M. E.ritnsition
(Icsnris iDtisiihiuiits. l'aiis, 1,c\n, l'.MCt, pi. •_'
el :\.
I-JC) M \M I I, Il Ail 1 \II ~l IM \N

(|iic l;i iii.ilirrf cl

iiiiii lc> ,irl i>tc> (|iii

liirciil >;ms iloiilc

I (•> m ( m es (| Il 1

>cnl|)lcrciil le l)'i!>

;iii \i\' ;i\i'c l;iiil

(le \ lll llii>.i|(''.

Il <-l 1res ïri'-

(|iK'iil (|ue dans les

iiiiiil);irs. une f,Tan-


(Ic j>la(|ue (liNoire

r'cc I a M f^u la i re ,

^(•iilplée fl"un|e
l)c 1 1 ( iii>cri|)lion

courant sur un fond


de rinceaux d'un
n 1 ( 1 i 1 1 d re relief,
d('-c(ire le haut de
la porte denlrée,
doiiiiaiit parfois le

nom du i'ondatcur
et la date. Le Mu-
sée arabe du Caire
en possède une aux
noms et titres de
Mohammed el-
deux autres
Nassir.
en moins bon état
provenant de la

mosquée du sultan
(]haban, et quatre
autres avec d'ad-
mirables rinceaux *

li-. Des 105, 106).


plaques d'ivoire
analogues ne sont
pas rares dans les
principaux musées
d'Europe.
Fig. 107. —
Porte à panneaux assemblés de bois et d'ivoire. 1. HevzBey.Catalo-
Art du Caire. \iv= siècle (Collection de M""= Gillot). ffuen"^'. 44, 45. pl.XA .
LES IVOlRi; 127

Livoire travaillé seul en dehors de sa combinaison avec le bois


est rare en Egypte,
bien que la facilité à
s'en procurer par le
Soudan y fut grande.
C'est le Kensington
Muséum qui nous en
fournil deux spéci-
mens : une petite
coupe portant près
(lu bord une frise

d'inscription gravée:
(( En vérité le juste
boira « avec une
Fif;-. ION. — Hoîte d'ivoire
coupe parfumée de au nom du Khalife el-Hakem, 961-976
camphre » et au South Kensington Muséum).
revers : « Faite par
Mohammed Salih au Caire en 927/1 5'21 )i. et une écriloire de cette
forme assez usuelle en Orient formé d'un cuh^t ou récipient d'encre,
au bout d'un manche où Ion mettait des plumes en roseaux. Sous
la cavité à encre décorée d'un ornement floral d'ancien style, est
gravée l'inscription « fait par le Seyyid Mohammed Salih à Misr (le

Caire) l'an 1082/1672 ^ ». L'identité de ces doux noms est-elle acci-

Fig. 109. — IVlil . ..Ilirl ,1 iN,.iM ,iu u.iui d .\hd <T-l{iiliniiui 111. apios mil
Siiulh Kciisii)j;lon Miiseiuu .

I. Slanlev I.anc-l'(n)le, Sarncciuc uris. Il


L>H MAM i:i. I) Ain Ml Sri.MAN

(Iciilcllr, «m l'iiiil-il V voir dt-s nicml>rcs successifs duiu' niénie


rainilli.'? I.cs (l(ii\ [lit'ces ne sniil jins des ivf)irfs très anciens, mais
la rareté des ivoires »'•;;% pi iciis niriiic du \\\' et wii'' siècles les rend
intéressants.

Parmi les artisans c|iii s'implantèrent en l*]spa^Mie au dé-but du


hiillant Khalilat de ('ordoue, et cpii y im[)ortèrent des iniluenee>
arlistiques de Inririil. |)aili(ulièrement de Cfuistantinople et de
|{a;;d;i(l. Iiiidiist l'ie de I i\dii'e fut une de^ |)liis iiiiporlantes.

Vi'^-. 110. — Ciillnn ;ui nnm dAr.Mansniir: daté 1005


f Trésor de la cathédrale de Pampelune .
— Cliché Laurent.

On manque absolument de rcnsei^'-nemenls précis sur les points


de la péninsule ibérique où elle se développa avec plus d'éclat. .\

examiner les objets qui nous ont été conservés en assez f^^rand

nombre, on constate un art très sûr de ses moyens d'expression,


dune suprême habileté technique. L'exécution pleine de vigueur et
dun modelé savant, sait merveilleusement rendre l'ingénieuse com-
position de thèmes décoratifs, d'une féconde variété et d'une fan-
taisie exquise. Cet art de plus est très complexe, et les influences

orientales v sont indéniables, aussi bien celles issues de l'art

bvzantin, que celles qui proviennent de la Mésopotamie que nous


avons déjà constatées obstinément attachées à l'art égyptien, dans
l.KS IVOIRES l-iU

toutes ces scènes de banquel, de musique ou de chasse que nous


retrouverons sur les cuivres de Mossoul.
Les x'' et xi*^ siècles turent en Kspag'nc des époques dun luxe
artistique suprême-
ment rafïiné dans
cette merveilleuse
Cordoue, à Tincom-
parable splendeur.
L'ne belle boîte cij-
lindrique avec cou-
\ ercle rond exposée ,

au Kensington Mu-
séum (217/65) nous
en apporte le témoi-
gnage éclatant. Klle
est sculptée dans
son pourtour avec
des bandes entrela-
cées formant qualre-
l'euilles, et parmi
(files du couvercle
(|uatre aigles sont
dressés les ailes
('|)loyées. l'n petit
bouton sert à pren-
dre le couNCTcle.
I )ans tout le pour-
lour les quatre-
l'euilles sont sépa-
rées par une étoile
V'v^. III. ColVivt au iinm tl i-i-.MuKiral.
à ornements i'euil- lils d.Mxi i'i-l{aliman 111, iliité '.Mis

liis, et de même sur ( Miist''i' (lu Louvre).


le couvercle. Mlle
est toute entière scnl|ilci' à )oiii'. cxccijIc iiiic Irise à la |)ar(it' l'ir-

culaire inrcricmi- du couxi'n'le, (|iii porte I niMTi|)tioii arabe :

" l'a\('nrs de hicii. III sci'\ iliMir de l)ieii, el-llalvciu el-Moslanser


I >illali, coininaiidcMi' des (!ro\aiils ». ("/est le Klialile (pu régna ;i

Conlouf '.IC)l-'.l7r) '


li . MIS .

I. Maskcll. Irnrii's. js' i. — IJiaiici, Sp;iiiisli ;irlx. p. l'Js.

M.\M'i;i. I) .\iir \ii SI IMAN. — II. 9


-,

130 \I \M I I II \in Ml ^I IM s\

'Jiiiilic |iclil- ( iillVrK rr(l,iii;,'iil.iii es ;i cuiiN ricit's j)l;ils. duivciil


(Il cl ic i;i|»|)rii(li('-s : le j»rt-

llliiT (iiliM'jM- ;ii| Ivcllsinj,'!!)!!

!50l /l')!") r>l (|i-(ui(- (I (i|-|icillcill~

-(iil|il('>. (Il' riiiill;ij,'f.>« ;i t- Il l'on

hiii.Mil- li,-. Il»'.»i. Les clwir-


iiirii^cl le l'iTinrur suni d'jir-
^(•iil iiiclh'-. Sur un des (•ù|('->

coiirl I iiiscri|)lii)ii (•(iiili(|iir :

" An nom de | )icii {-cl te Imilc


fut coninKiiidi'c |);ir Scidd
\ll;ill. .|)niivr d.M.d cr-lJldl-
iii;iii. j)nnci' des lidelos, i)ic'ii

>(iil plein de misérieorde pour


lui ». II sîi-il dAhd er-Hah-
man III. premier Khalife de
(loi'doue (|iii [loiia le lili"e

déinir el-niiinieiiiii. J.a sup-


plupie de misérieorde semble
iiidupier (pi'il élail alors (\r-

cédé. Donc après 961. J,e

second eolTrel. de même l'or-


FifT. 1 12. — CollVet fiait- 070
Soulh Kcnsiniilon Must'uiii me et dimension, avec des

rineeaux plus toullïis, d Un slvie


moins souple et moins ])ni', esl
dans la eoUeetion Chahnère Ai'lès à
Paris, anciennement dans la coller-
lion Spitzer. Linscription donne le
nom de Zahra, la vieille Cordoue. el
Tannée '^'y^) de hégire 966 Le
1 ( i
'
.

troisième appartient à M. Sallinj;-, à

Londres. J>e quatrième, qui est passé


de la collection Goupil au Musée des
Arts décoratifs, |)orte éfjalemenl. au
milieu de formules de bénédiction, la
Fig. lia.— Hnife.
Donation L)a\illicr
date de :{:):)/9(îr) -. (Musée (lu Louvre

1. G. Mififeon, Exposition des arls musulmans, pi. 5.


2. Lavoi.\, Oazetle des Beaux-Arls 2° pcrs. XVIII. 7ST. XXXII. o05. ,

Catalorjue vente Goupil n» 2i9, 188S. Schlumberger, .Mréphnre Phocas —
p. 125."
LES IVOIRES 1:51

Pour ce même Abd er-RnlniKin III, ainsi qu'indique rinseriiJtion.


fut fait un diptyque d'i-
'^AjrTt-yviixt.
voire conser\é au Musée
provincial de Burg^os.
l'ne des pièces d'ivoii-e
les plus extraordinaires (jui

soit sortie des ateliers


maures de Th^spaj^nc, est
un ^rand coH'ret appai'le-
nant à la cathédrale de
Pampelune et qui provient
de Sau^ucsa (province de
Xavarre ^ Cette splen-
)

dide boite est entièrement


sculptée en relief, avec des
médaillons polylobés ren-
ferma ni des scènes ani-
mées, des hommes assis à
Torientale, d'autres chas-
sant au faucon, ou combat-
tant des bêtes sau\ af;es, cl

<les animaux Vi'^. I I ;. - Hoilc liihiilaii-t", arl (l'Kspajiiu'


isolés, lions,
(lolloclinii (11- M la cumh'ssc (le lU'-ani .

cerfs, etc. Les espaces in-


lernu-diaircs l'cidV'rnicnl une orncnicnlal ion de feuilles cl Ac llcurs.
ari-anj^ées dans li' style
j;éomélri(pu' de Tari arabe
lii;. I !<• . Au Ims du con-
wrclc une l'v\>c (Tinst'rip-
lion coiilicpu' porlc : « I ,a

IxMwdulKui t\i' I )ieu, ieli-


l'ili",bonheur, espoir de
bonnes mmini'cs, rccid du
lalal dcnoncnu-nl la mori i

soient an hadjib Scif Vi\-

danla i;lai\i' de rf.lat


Abd cl-Melilv ben Alman-
Kiu. H."). l'.'tilc l.dile, (loiialioii D.oilli.T sonr. .. Ce u-ollVel lail
MllS(''(' (lu I.dUNlC .

snr son ordre, sous la

dircclion dv son elief .. eiinucpie N'onieïr ben Mohannned Alannieri.

I. itiano, Spuiiish ,•l/•^s•, p. llil


132 \l \M 1 I l> Ml I Ml -1 I.M \N

son ('scl;i\(\ en l'iiii !{'.».">; I


(»().") ... |);iii.~ h- iiiim|,iiII(iii ccnlr;!!, upposr
:iti fcilc' (In Icrnnnr, csl ri'prcsciilc un Imninu- ;itl;H|n<' \><iv (I IcnxMins.
Il |)<)rli' il son l)r;is un IxniclitT f^riis ('•
(rnin- inscription niysliipR- " Il

iiCsl (rjnilrc hicii (|ii Alhili ! . de ciiTiiclcM-c.^ ;issc/, conriis cl in-n

lisibles. .\n cciilic du IxnulifP st- lit : " l'iiil |);ii- //nïr >. un ;inli-c

nom diiilislc prohiiMe ;i[)p;ir;iit illisible diins nn ni('-(l;iillon du côlé


opposé. |-;i Mil- l;i cnissc d'un des écris iithicpii'- |»;ir un Ihmi mi lit

Ki^. 116. — CollVet liispano- moresque


(^iilicctioii ("aiM-aiid au Harg-ello à Florenco .

encore : « l'ail |)ai- ()hcïdat >•. Hautrcs inscriptions pi-u lisibles


apparaissent encore ailleni-s.

Ce qui frappe tout d'abord dans cet extraordinaire coll'ret, lomnie


dans les pins belles pièces d'ivoires de lart aral)e dl'lspaf^ne, c'est
la largeur dexécntion, que laitisle y a apportées,
et la \i,i.;uenr

absolument connue attaqué à un morceau de grande


s'il s'était

sculpture. La boite conique du Louvre a elle aussi ces rares quali-


tés, de même
ordre que celles par lesquels les beaux travaux de
bois sculptés du Caire nous avaient paru supérieurs.
De forme et de dimensions assez semblables, le collVel de la
i-atliédrale de Palencia '
ne sani'ait l'cpendant faire oublier celui de
Pamj)elunc.

I. E.rposirit)n liisloi'iio eiiropen île Mmlriil. 1891'. pi. I.


LES IVflIRES 133

lue hnite de même caractère cl de même époque, l'ail partie


(lu Irc'sor de la cathédrale de Hra^a en Portugal '. l/inscriptii)ii <|ui

court autour du couvercle mentionne les mêmes personnes cpie


le coll'ret de Pampelune, mais une bri-

sure empêche de lire le nom de lexé-


cutanl. Cel Abd el-Melik pour lequel
avaient été faits ces deux collVets était le
ministre de Hicham II.
La boîte du Musée du Lourrc ne le cède
en rien comme beauté de tra\ail. et

richesse décorative au collVel de Panq)c-


lune - (fig'. 111). La l'orme en est toute
dilï'érente ; elle est cylindrique avec un
couvercle sphérique, et décorée dune
profusion de merveilleux sujets sculptés
à iiyures humaines et à animaux luttant.
Deux cavaliers sont affrontés de cliaquc
côté d'un hom, un souverain trône entre
deux personnaf^t's ,
|)artoul sont semés
des oiseaux au milieu d'entrelacs et de
feuillaj^es.

['ne frise circulaire an bord du eiui-

vercle porte linscriplion coufi(pie : " lié-

nédiction dWIlah, et bienfaits, ynv cl

contentement à el-.\Iu^ira, le lils de l'é-

mir des Grovants, qu.Allah ail pitié de


lui. Ceci a été fait en lannée 357/'.'<)<S ...

Le l\l),ilil'e de (jirdoiu' alors r(''i;naiil ('lait


l'"iK. HT.
llakem el- .Mostanser liillah <.»()| -<.I7C) .

li.mu'-c (irpi-i- Cl) i\ ciirc


(le .Munira, intitule'' lils du Khalife, c^l
(".(.lli'olion de
probablement le l'ièic de llakcni II. JiU l;i cnmlcssc de Mi'arii

coninie lui du Klialile Mid ('l'-ltaliinaii

111, il lin iiKuiiciil I'IktiI ici- an Iroiic de mui l'vrrr llalvein 11. pui>
assassine le •_'
(uiobic \)'{\, le Iciidciiiaiii de la inoi-| de son frère.
l ne seconde IkuIc, de iiicine rdiiiic. ipii Ion! en ('-lanl piMil-elre

I. Arles (• lAilras, ii" (i, .J" soric, |). '.'1. I.isliipniii-, Is7i.
•J. ]•]. Molinii-r, Cutzelli' don Hciiu.r-Arls.
I/ii)st'ri|)ti(iii a été f;raciiiiist'm(Mil r.li\<'c, .iniiiii.- ImiLi-s (•cllfs ilos (>l)J»Ms
aralu-s du Musée du Louxi'o, par mou cvcclli-ul auii, le savant épifirapliislo
Max \au {{(Mi'licui.
\:\\ M \M 11, I) \ii I \ri

il iiii iiKuiis sj)li'ii<li(li' lr;i\iiil. i>| ciicdrc iiiic pic-ce rrii);in|iml)lL- »e


InuiNc ;iii Kfiisiii^liiii Muséum, «m \ lit : ••
Au iioiii du |)ieii clé-
iiieiil e( iiiiM'i'iciirdieiix, Ix'iK'd ici luii . [)ru>|)crilc, Ixirdinir Mmir
" l{iv;id l)cii .\ll:di. ciipiliiiiie de l;i ^Mi'dc du curps. I'';nl d;ius l'au-
« liée !ir)î( '.('(l. .. (Télail aussi sous le de llakeni el-Moslauser
r(';,Mie

Hillali. I,e couvercle niallieureiiseiiieid


li-oiii' pni'le une >[)lciidide d<''C(ii;i| idn d'ai-
gles cl de ('('l'Is li;4. Il "J . I,c |)< m il m r i de
l;i l)i)ile j)()rlc' des ^Till'ous assis et allViudi-s,

des cliiens poursuixaiil des liè\iis. iiu |)ei-

sonnaf,'"c porté en palaïupiiu sur uu ele-


phaid. un autre liDnaiil >ur uu sièf^e entre
deux lioninics. nii autre persfMinajre à rhv-
\al purtani un lauci>nau |)()iii,:; cl poursui-
vaul uu lièvre, uu j^uéjiard eu croupe. ()n
reconuailra là lacilemeut toutes les IV)rniu-

les (lécorali\es rauiilières à larl de la .Méso-


potamie, et l'on saisit sur le vit' létroite
dépendance de l'un à l'autre. Doit-on sup-
poser que des artistes orientaux aient été
attirés par la cour de Cordoue '.'
Il est
j)lus naturel de supposer que la brillante
civilisation de ll'lspagne arabe eng^endra
dans toutes les branches des industries
l-'i^-. IIM. — Poignée
d'ôpéc liispano-nioresqiic
darl une activité prompte à emprunter à

lîiilish Muséum .
r.Asie des thèmes quelle développa libre-
ment.
Il me reste à sij^-naler encore comme vraisemljlablemenl du
x'' siècle, une petite boîte cylindrique de la collection de M""^ la
comtesse de Béarn, décorée de médaillons en tresses renfermant
des feuillages et des licornes affrontées', ainsi qu'un charmant
coifret décoré de chèvres affrontées et d'oiseaux au milieu de jolis
rinceaux de feuilles dentelées appartenant au Musée du Barg-ello
(collection Garrandi. Une petite boite rectanj,adaire à couvercle plat,
que le Musée du Louvre a recueillie avec la collection du baron
Davillier, offre avec cette dernière d'assez grandes analoj^ies fifj. 1 15).
11 arriva cpie quelques épées, qui demeurent parmi les j)lus par-
laits et délicats chefs-d'ieuvre que l'art arabe d Ksjiai^ne ait créés.

1. G. Mijreoii, Ii.rposition des arts iniisiilmans. p\

à
LES IVOIRES 135

eurent parfois leurs poig-nées en ivoire ; l'incomparable Armeria


de Madrid a ainsi TEspada de Aliator', et M'"" la comtesse de
Béarn possède une poignée d'ivoire isolée de l'arme, qui provient,
je crois, de l'ancienne collection Fortuny ilig-. 117, 118).
Quelques boîtes d'ivoire portent par k'urs inscriptions des dates
du xi" siècle, sans qu'on puisse constater que l'art en ait évolué

V iiX. Il'.i. — ("idlrct (l'i\()ii'c liis|);niii-iiiiiri'M|iu' l\i'iisiiij;t(iri Mumuiii .

dans un sens ou dans laulrc; les inènios Ivpcs décoralilV s


y
icIrouN l'ul et traités d'une façon qui n'est pas inférieure, i.a pièce
|)riii(ipale est un coll'ret conservé à l'ég^lise de Santo Domingo de
Silos, pi'ès de Hurgos'-. 11 ol (Iccdi'c (\c feuillages i-t de Heurs,
alternant a\ec des sujets de chasse, des lidUinies tirant de l'ari',

chassaiil le lion, des animaux fanlasticjues, et des léopards terras-

1. l-:.rii()sl<i(>tt ./(' Mmlriil, IS'.'-J, |>l. Cil.


•J. Déposi- au Musée provincial de Huimis. pui)li('' pai- Don Houlin Aniirn
Iri'sor (le l'uhhnfie île Sih)s\ ]r,iy ATuailoi- »lf los Uios ^Miisco A'n/i.i/h)/ iIc ;inli-

liui-ilinlcs. I, \!ll . pai- K. lîerlaiix (;:izclli- ilrs lU-nii.r- .\ils. \u\[\c\ liXiii .
I
:?(•> MAMI I. Il AU I MI SI I MW

siiiit (les hiilllcs. l ne IVIm- <|iii cniirait mit \c^ (|ii;ilr(' colrs portr
une iii-(ii|>lii)ii (•(>iili(|iic dniil les deux ^r;iml- nAr^ m;iii(|iiciil. cl

ont él*' rcinpi.iio |>;ir des l);ui(lc->

('m;iill»''t's ; sur les «Icux aulix-s on


lil hi (l;ilc 117 (Ir rii('-irc-. lO-iC).

Ir m >Mi (le I ;ii'l :slc M<)|kuiiiiic(I

iliii Zc'iviui > . et les deux prc-


mièi'es lelti-es de l;i ville où l'oh-
|<'l lui fini " ( !ii. .. • |»rnl);d)le-

iiiiiil (!iieiic;i. (^;ir lùlrisi, vova-


L;(iir (lu \n"sièele, flans sa j,''éof,'Ta-

pliir. elle seulcineiil i\r\\\ \illes

doul les noms pourraienl coïn-

Fig. 120. — 15i)ilf (liMiiro ajourée eider avec ces deux lettres, Coria

{ Hrilisli Miisciiiii .
et Cuenca. Mais (àienca était
une ville bien jjIus importante.
D'ailleurs un aulri' coUVet consei-vé à la cathédrale de Narbonnc
porte dans sou inscription : k l'ail daiis la \ilU' de Cuenca pour
Hadjib, caïd des caïds Ismael » w ([xw ((irrohure notre hypothèse
précédente.
Il faut en rapprocher un coffrci jxissédé j)ar le Kensing-ton
Muséum (H)/(îti) '
et richenienl sculpté en bas-relief de feuillages
et d'animaux dans des enroulements. J,e cou\ercle en talus et
les côtés présentent la décoration acc(uiluinée de sujets de chasse,
de combats d animaux et de
scènes de festins jtif^". I19l. l ne
représentation assez sin<;ulière

se rencontre sur le cou\ercle.


c est le buste dun homme sans
jambes posé sur un che\al, peut-
être le portrait de celui pour qui
fut fait le coUVel. Il l'anl citer
encore deux grands coH'rels tl'i-

voire conservés à la cathédrale


Fi,u. 121. — Hoite d'ivoire
Brilisli Musi'uni .

de Tortose (Catalogne)-, un et

troisième que possède encore aujourd hui, à \ enise. M""' l'ortuny.

Une boite à couvercle bombé, d'ailleurs ajouté après coup, sans

1. Maskell. Ivories.
2. Villamieva, Viage i>i)r Esiiufui. vul. \', p. 111.
LES IVOIRES VM
doute au xiv*" siècle, faisant partie des collections du Kensin^'-ton,
nous olFre un décor un peu diirérent. Ici les rinceaux sont traités
en sculpture méplate, fleuris d'une fleur épanouie, au centre de la

volute, qui renferme parfois un canard. Le fond sur lequel se


détache la sculpture fut jadis peint. Cette boîte, qui doit dater à
peu près du xii*" siècle, dut être utilisée par léi^lise pour la réserve
eucharistique, comme une pyxide i
fîf,^ l'H)j.

Fiji'. 122. — Dessous lie coiïret incrusté tlivoire île couleui-


i
Musée de Madrid i.

11 faut en rapprocher une boite send)lable cpii se trouve dans les

collections de M""' la comtesse de liéarn ', et une autre qui li^aira

en 190i dans la vente de la collection Houri;eois à C.olof^ne.


Daulres objets, |)eul-élre un pou moins anciens, présentent une
scul|)tnre peut-être encore plus méplalc. Ii'l> (pic la boite tubnlaiiH'

de M""' la maiwiiiise Ari'oiiati, à I*aris '. ci \r |)clil cdllVel cw l'ornic

de châsse, <ln Musée archéoloj^icpie de Madrid n" tdl.") . a\cc un


\érital)U' clianipl('\é (Tanimaux dans des rinceaux. Ti-oi^ pcliti-s

boites cylindricpics ajonives d (''loiles ci d entrelacs à Iri's l'ail)le

l'clief sur un fond |)lein, ^c li'(in\enl dans la i-ollccl kmi de M. I'cn-

l(d. a Paris, an Hntisli MuM'um li,-. J-Jd . et à la lal lu-.Iralc de


SaiMi^'osse -. lue aniic dunl parla jadis M. ( "iildrincister et ipii est

1. (i. Mifieoii, K.riiDsilioii des urls iiiiisiil iii;iiis. pi. 7.

2. E.riioxicion tle M;iilrlil. ls«.t2, |»l. iT.


i:w MANl II. Il AH I Ml SI I, M \ N

jnisséc.' (lan.s la rdllccli lu hai.m lùliiinnd i\<- |{( il liscliild. [lorle


une inlrrcsMiiili' in-cn|il mu aii\ mnii'- du Millau luaiuluiik d l'!;:\ple

al Salili. lils (lu Millau M u liaiinncil. I ii.') I


- I
:{.') { <.

Idiilcs CCS l)iiilcs cl coil'rcls claicnl dcsliiics à ri-iircriiicr des


l)i|<iu\, dos [lierres |)r(''eieuses el des iiarluiiis. (]"esl ce (|u nidH|iu'

une iiiscri|il Kin (|ne [i(ii-lail un collVel d ixoirc [irnNeuaiil de (lov-


dmie. el (|ui lij,Mira à \ K\-
[iiisil Kui u n i \c rsc 1 1 e de
l'ans en I.S(t7.

l'ji deli(ii's de ces beau\


lra\aux d i\<iirc sculptés,
par lescpicls silluslrerenl
les artistes maures de TEs-
|)af^ne du x'' au .mv*" siècle,

il existe (pii-lques objets


eu ivoire, uou plus sculp-
lé. mais pcinl eu or et en
toidcurs. ou décoré t/'/n-
criLslnlions de c(nileur.s.
Fii:. 12;<. ColTrct ;i iiici-uslalions c['i\()lrc
.Miisoe de Matli-id :.
Tel est un grand coffret
conservé au Musée archéo-
lop;ique de Madrid, qui fut décoré eu iucrustations sur toutes ses
laces, puisque le dessous même de la pièce porte une superbe inscrip-
tion coutique réservée eu blanc dans la plaque d'ivoire, et sur les
côtés en rouge, dans un
encadrement de filets incrustés verts
(fig. Vl'l). Un autre coffret au même Musée, peint en vert, rouge

et bleu, [)orte une inscription à la partie supérieure « faite par

Mohammed beu es-sarradj >i. Kt un troisième, très analogue encore,


déposé à TAcadémie de Tllistoire à Madrid, porte des inscriptions
reproduisant des sourates du Coran, ainsi que lécusson aux armes
des rois d'Aragon, qui n'y fut vraisemblablement apposé qu après
coup, quand il (k^int la possession d'un membre de la maison.
Il est enfin une généralement des boîtes de
série d'ivoires /je/zf/.v,

forme cylindri{[uc décorés au pourtour du couvercle d'une ins-


.

tripfion coutique. et sur la surface de la boîte, de scènes à ])lu-


sieurs personnages, de cavaliers et d'animaux fig. 127 . Parfois la

1. Exposilion des nrls mtisulmnns. 1003. difulogiie W^ 2r). .\llnuii. |)1. s.


LES IVOIRES 139

l'orme de ces boîtes est celle d'une châsse avec couvercle talulé. La
couleur est toujours apposée à froid, en rouj^e, en bleu et en or. On
a pu les croire orif,'-inaires d'Espag'ne, le pays sans contredit le plus
fécond en travaux d'ivoire; j'inclinerai à les croire plutôt stciihi-

Fii;. l'Jl. - Ci'oix divdirc de Saint Isidore (!. I.i-..ii Miisrc de Madrid

nnihcs^ en doiiiKiiit ;~i ce (crnic un sens cxIcnsiC (juj \\\'\\ v\v\\\v\\\[

pas ritnlic nu'i'idiDiialc, v\\ Mra|»piiMiiil sur un iil)|cl du ki'nMni;liin


Muscuin. (]"('sl un i^raud collVcl ;'i ciuncrclc lidiitc. dcccu't' de
sujels c/iicliciis, de pri'Sduiia^cs iiunbcs, cl diiiMiipliniis ar.dio,
(pu proNJcul bien sùih-micuI de lu i al ln-di-ali- de itaii. I .c menu-
Musée |)()ssèdc ('iiciirc un ani rc i^rand collVrl 7(MI I SS i niai;iii-
I il) MAM i;i. I> AHI Ml

li(|iic. ;ivi'c (It's piioiis.

(Ic> (ii>caii\. (k'> eiilrclao


en or. Le petit Musée
(le hi chapelle Palatine à

i'aleriiie pn^x-de un autre


(le cev ;,M•all(l^ ((illVct^ rec-

ta iij;ulaires. Ja's l)()ites (le

moveiiiies dimensidiis c\-


lin(ln(|iie> ^ll^l plii^ mmi-
hieuses ; 1 une ties plus
belles est celle du Musée
(le Nnrenil)erj4 rlécorée
(I une feniine. une autre
est au Hrilish Muséum
( fig. 1"J<S . une au Musée
de Cluny. deux dans la

collection parisienne de
M. lloniher^.
Le Must'ede la (Ihapelle
Palatine de PaliM-nie ren-
ferme un très beau coU'rel

rectanf^ulaire à couvercle
l)()nihé, décoré de frises
dinscriptions . de ban-
deaux d'ornements en
croisettes, de médaillons
en rinceaux représentant
des combats de bêtes fau- \

ves et oiseaux i. Les motifs


sont en minces plaques
d'ivoire plates, sans aucun
relief ni gravure, incrus-
tées dans un fond de bois,

par un Iraxail tout à fait

analo<;ue à celui de la tar-

sia italienne lii;. l"2i' . Il

est vraisemblable que ce


très bel objet a été fait en
une époque relati-
Sicile à
vement basse et selon les
Fi^. 125. — liras de criîi.v d'ivoire.
Don de M. Uoistau Musée du Louvre).
.

LES IVOIRES 14

procédés italiens du w'' siècle, avec des formules décoratives arabes '

L ne très jolie boîte de marqueterie de bois et d'ivoire se trouve


aussi chez M. le baron Edmond de Rothschild, avec une inscription
au nom de Bajazet II, fils de Mahomet II, et datée de 888 I48:i-.

Il est des ivoires chrétiens faits en Espaf,''ne, qui présentent tout le

caractère et tout le style

des travaux musulmans


que nous venons d'étu-
dier, et qui dénotent à
quels modèles d'inspi-
l'ation les artistes chré-
tiens empruntèrent
tous ces motifs géomé-
triques, ces fleurs, ces
feuilles, ces animaux,
ces oiseaux ; au cas où
Ton refuserait d'ad-
mettre que les artistes

maures de ri^spaf,''ne
aientpu travailler sur
l'ordre des chrétiens à
des objets cpii leur fus-
sent destinés.
l'U exemple intéres-
sant est la châsse que
le roi don Sanche lit
l'i^. 126. — Hnili' d'ivoire
faire en 1033 pour y Kt-nsin^ldii Musfuni .

déposer les restes de


saint Millau, conservée à San Millau de la (loi^nla j)r(>\ ini'e de
IJiojai. lue inscription chréliennc avec le nom de larliste Maj^is
" Iro cl Hoddlplid liiio • ((Uii't mènie au-dessous des scènes à

|)ersoiuia};es.

Mais cela est surtout frappant dans deux objets admiral)les.


Ions deux de lornie essenlielleincnl clii-elienue , deux croix en
ivoire : la pin-mière est la (h-oi.r de S;ii\ Fcrihittdn , au Musée

I. l"\M/.i AiuliTir, Lu cupelia lii S. l'ielro nellu rc(i(fii\ ili l'alermu. Miaii^i.
l'atiTiiKt, 1H89. —» Mifîcon ((i.)i .Vo^c.s (l'archt'iiloiiie mnsiilin;iin' (ÎHZi'tli' des

l}(';ui.r-Arls), inai-s IMdii.


'2. l'exposition lies iiris nui.tiiliiniiia, p.ii).!. (,',i/,i /<)(/(/» ii '
l'i. Alhutn. |>t. S.
M-_> MAM i;i. Il Alll MI SI I.MAN

Vi'j:. 127. — Détails d'un collVet d'ivoire peint.


LES IVOIRES 143

archéologique de Madrid, avec la fi<:;ure en haut relief de Xotre-


Seigneur, et l'inscription ihe. nazarenvs.rex. ivdeorvm '

i\f!:. 124!.
A la partie supérieure est re-
présentée la fig'ure du Christ au
moment de la Résurrection, à la

partie inférieure la figure symbo-


lique d'Adam, tous deux en haut
relief. Au-dessous, sur deux
lignes :

FKRDINANDVS REX
S.WCIA REGINA

Au revers de TAgncau.
la croix
les sym-
quatre bras,
et sur les
Fig. ]2S. — Boite d'ivoire peint
boles des évangélistes. Tout jau- ( Hi-itish Muséum 1.

tour de ces symboles purement


<'hrétiens, le champ est couvert de feuillages, de cercles entrelacés,

Ki^^ 129. — CollVel du Musée de la eluipelle l'ah l'aie


(,7i(7i(' lintiji.
\\\ MAM'IJ. 1) AH I Ml SI I M \N

(le lif^iirt's (r;iiiim;iii\ cl d lioniino cf)!!!!);!!!;!!)!, (oui celii dinclc-


iiUMil issu (le I ;iil iii;iur(s(|iic- cl scinljl;il)l(' ii l;i (l(''Cf)r}ilioii iisuelk-
(les ( >l)|i'l s ;i i;i hcs.

Ia' roi l''iT(lii);iii(l I'' niounil en MX)'), s(iii ('[xnisc S;iii(li;i en 1071.
Kl des (KtciMiieiils diircliivrs iiuiis nppreiiiienl (lueii lOflIi, ils ddii-
nèreiil w diiiir;d)l(' nhjcl ;i\('c (|iicl(|ucs jnilrcs. ;i léf^lise de S;iii

Isidoiio ;"i cnii, où \\ deineui;i iiis(|iren 1S70. ('potiue ;i liKjiielle le

rli;ij)i(i'e de li-f^lisc rollril ;iu Musée


jirclii'olo^KHie de Miidrid. l,;iuli'e

objet, qui en son ensemble dut


être non moins beau, eonsiste seii-
'in Cl il ;iii|iiiii(l
l( ni en deux bnis il

d une ;;r;iii(le croix divoire, déco-


rés (riinimaux, aif^des. bouquetins.
Passés de la coljcclion de M. Mail-
let du I)oulla\ dans t-elie de
M. DnisUni. ils riircnt en 19(»4

j^énéreusement ollerls par ce der-


nier au Musée du Louvre '
fi^.

1-25).

In très curieux collVet d"i\oire


roman sculpté de sujets chré-
Vi'^. 130. — Platjue il'ivoire
,

Kensinuton Musoum). tiens dun coté. j)orte de Tautre


des inscriptions couliques, et des
Irises d'animaux se poursuivant dans des feuillages, très semblables
à ceux de la petite boîte à couvercle plat du ]>ouvre legs Davil-
lier)2.

En dehors de l'Espagne, dont il est facile de classer en un groupe


compact les objets d'ivoire qui nous ont été conservés, grâce à

des inscriptions qui on ne peut parler des autres


les identifient,
monuments d'ivoire connus, qu'isolément, sans les rattacher à un
art bien déterminé, ni à une époque bien certaine. De plus, il est

bon nombre d'ivoires (les oliphants par exemple) que l'on ne devra
pas s'étonner de ne pas trouver cités ici, leur caractère arabe, à
défaut de toute inscription, étant aussi impossible à ailirmer catégo-
ritpiement que leur caractère byzantin.
Nous allons donc passer en revue ces quelques monuments, peu

1. (1. Mificoii. Expositinn des arts musulmans, pi. (i.

2. Exposicion de Madrid, 1892, pi. CLXl.


.

LES IVOIRES 145

nombreux à la vérité, en émettant pour leurs origines des hypo-


thèses, que des rencontres ou des études épigraphiques ultérieures
pourront fort bien iniirmer.

Fif;-. 131.- l'lac|iic d'iviiii-,' Mii-cc d,- l{a\ ciiiu' .

M. (iildcMU'isUM" a |)uMic une pclilc hoilc cn IiikIi'khic du IVcmH'


de Sainl-(i(''ré()ii de (lologuc, iw rc de cuncux oniciurnls géo-
métriques et une insiTipImn (|u d rapporte à laii ".").")
cl à un
gouverneur du Yenien, poui- le KlialilV de Hagdad cl-Maii^i'ui- '

1. ("liliK'iiu'isliM', Anihisclif iiisihrit'lvii niifillfciiln'in Inicliarn. Hmin, ISTO.


M.vMi;i. Il Aux Misri.MAN. — 11. 10
I i(> MAM II. Il Ain MI SI I.MAN

l,c TiM-sor (le l'(-j;lisc S;iiiit-Scr\ ;iis de M;ir.-ln(lil rciilVnm- un


(•oUVcl d'ixdiic II couvercle' cil liiliis ;i|)l;ili> du li:iul '. I.ch (|iialrc
I>iinnc;iii\ c. c ceux du couvercle [)orleiil. d;iijs des ni(''d;iilloiis,

des pliudcs ciil icliic(''cs ;i\cc des hèles se poursiii v;inl ; ou ;i)terçoit
iiii j)ersoiiii;i^c soiiiiiiiil du cor. un (•l('|)li,i ni . un sphinx. Le> (|u;itrc

Fit;. 11-'. — Deux plaques d'ivoii-e. art uiésopotamien, xur siècle


Collection Carrand, au Bargello à Florence).

moulauts des angles sont formés de pilastres auxquels sont appuvés


des personnages barbus, coiffés de turbans; la caisse est portée sur
(|uatre pieds reliés par une balustrade ajourée de petites colonnes
cvlindriquci^. Vn petit colïVet tout à fait semblable fut vendu en
décembre 190 i avec la collection de M. Bourgeois à Cologne.
Je c-roirais volontiers arabe, à certains motifs, tels que la dispo-

I. Chanoine Bock et vicaire W'illemsen. Antii[uités sacrées des colléffiales


de Saint-Servan et de Notre-Dame de Maëstricht, fv^. 22. Maëstricht, 1873.
LES IVOIRES 117

sition décorative en étoiles pour enfermer le sujet, ou encore les

roues ou écussons aux articulations des épaules des bètes comme


sur les étoiles ou le grilfon de bronze de Piseï, une j)hi(/iie d'iroire,
du Musée de Ravenne. Mais il est vraisemblable que lart (jui Ta
produite, était loin d'être pur de toutes iniluences bvzantines el
chrétiennes (fig'. 131). Le personnage en cotle de mailles, étendu
au centre de la composition, qu'une
hyène commence à dévorer, n"a

rien de musulman ;
c'est un cheva-
lier chrétien, peut-être normand.
Que cet ivoire ait vu le jour en
Sicile, vers le xii'' siècle, cela nau-
rait rien de surprenant. Il existe-
rai! au Musée de TErmitage à

Saint-Pétersbourg, des |j!aques


d'ivoire analogues.
lùilin deux ixDires mer\eilleux,
uniques, nous laissent enlre\oir
une l'A'ole d'artistes sculpteurs
(TiNoirc (pii du! cAvv i)rillanle, el
sur laquelle hélas, deuv docu-
luenls même exceptionnels, sont
impuissanlsànousêclairer.desoiil y[,^ i.s.v— Fi,,,, d'.'.hiciuiiT. iv.,ii>.-,

.h. Tivs,,i-
deux phuiues conservées dans la ,
l>'-;'v^-'i;.nl
' ' (le I al)l)avc de Samt-Dcnis
(•«.liection Carrand au Musée de
Hii.iioil,..,,,,,. Xaii„nalo .

IJargello à Florence' (lig. 132).


Dans Tune, deux personnages assis dans des i-inceaux où pendeni
de grosses grappes. 1/iui boil, l'autre joue du tambourin. Sur l'aulri'
plac|ue, dans des nnceanx d'une sonplcsse rlonnanlc. deux grillons
ailés sont allVonlés de cliacpu' colé d'un arbre cnicigcanl d'un \ase
(réminiscence du hom orit'ulal i. N'ons a\iMi> là, à nin pa- donlcr,
deux exemples remarcpiabk's de ce (pTa jni clic ci'l ai'l dv l'ixoire
sculplé en Mésopolaniic (Ui en Pcr-c, :in xni'iui an \i\'' >iècle :

sur le premier ikuis a\(Mis nii sujcl riripicnl Mir de iminhiTnx


cuivres mossouliens; sur le sih'oikI des elenicnls de decnralinn
beaucoup plus aiieieiis, |ta»(''s dans lait arabe de l'Asie ipii loug-
lenips conlimia à les iiilcrprclci'.

Il n'esl pas coiileslablc cpic riiidc ciil (K'> aleliers de siailplfiirs

I. \'an ("iracvcii, /.7/V/i /nw/iiicrAc //i ll.ilii-n. Umiiu-, I'.mhi. pi. ;i;i-i().
14H MAM II. Il AHT MI SI I,MA\

«Inuii-c t'xlrrnu'Miciil llinissjinls : lii du inuins l;i m;ilicrc prciiiitM-o


(l;ii( (I une iilxiiidiiiur peu coimmiiir ; iiiiil licureuscmeiil l';iii ;ir;i|jf

<'l I iirl liiiii(l(llii(|ii(' s y iii(''l;iii^'ciil m)ii\ciiI de fartm ;i les rendre


mal ((•mniiKles ;i dissociei'.
Il .seiid)le cepeiidaid assez. |)laii.Nd)le d'accorder a l'arl arabe de
I Inde, une ^Maiide pièce de Jeu tl'cc/icr ({iii e.\isla cdinplet à rancien
Trésor de lahltaye de Sainl-I)eiiis. et (|iii a été versé lors de sa
dispersion an (laljinet des Médailles de la Hihiiothèque Nationale*

La tradition vonlail, même au


siècle où doin Doublet s'en
.wii*^

faisait rinlerprète, (pie ce un don que Charlema^-ne avait


fût là
revu du Klialili- llaionii er-Hachid. l'ij^inliardl cependant nen
avait pas dit un seul mol. De ce jeu il ne subsiste aujourd'hui que
celle unique pièce, le Hoi ou
Tour, sous forme d'un éléphant la

surmonté d'une tour sur laquelle un roi hindou est assis dans l'at-
titude bouddhique, portant un collier et des bracelets. .Autour de
la j,"-alerie qui entoure son siè},'-e apparaissent sous des arceau.x huit
Autour de Téléphant, quatre gardes
fiuerriers indiens à pied, armés.
à cheval, n\oc une armure diirérente, suivant
le {,'rade ou la fonc-

tion. Le cornac (qui est mutilé) était assis sur la tête du pachv-
derme, qui porte é;;alemeiil un acrobate, la tête en bas. De sa
trompe, l'éléphant, comme un jeu, soulève encore un chevalet son
cavalier.

HIBLIOGR.VPllIK

RiANo (Juan Spunish nrls. Ivories, \>. 12ti. Londres, 1890.


,

GiLDEMEiSTEu, Aiahisclie Inschriflrn uiif Elfenheinhi'ichsen, dans


Alterfhumsfrrii/Klp im Rhrinhnd XLIX : Bonn, 1H70.

1. E. Babelou, Guide illnslré du Cabinet des niédnilles de la Bihiinthèqiie


Nationale, p. 304, l\^. 139.
CHAPITRE V

i;ORFÈ\'KKHIK ET LA BLIOL'TERIE

Bien que le Prophète ait absolument interdit l'usage des orne-


ments dor, et bien que la masse des musulmans dévots ait observé
celte prescription, il est impossible qu'il n'y en eût pas qui Taient
enfreinte, et dont les f^oûts fastueux n'aient étoulfé les scrupules
de conscience. D'ailleurs n'y avait-il pas là les femmes, et peuvent-
elles, quelles qu'elles soient, résister au goût des bijoux ?
Les annalistes arabes nous ont fait connaitre les extraordinaires
quantités de pierres précieuses que recelaient les trésors des Khalifes
et des princesses de la Cour. Abda, la sœur du khalife fatimite el-
Moi/z, laissa à sa mort des boisseaux d'émeraudes et de rubis, l>e

Khalife el-Mostanser, son neveu, laissa des quantités de pierres pré-


cieuses, en dehors de celles (pii avaient servi aux montures de mer-
veilleux objets d'orfèvrerie. Il est évident que toutes ces pierres
devaient être utilisées non seulement dans la décoration d'objets
d'orfèvrerie où elles devaient se trouver incrustées, mais ausM dans
des bijoux montés en or. Il pourrait parailre assez surprenant cpi au-
cun historien arabe ne nous ail décrit aucun bijou de ce genre, si

nous ne réiléchissions (|ue les denieiiri's des l'enimes étaient idosi's,


cl (|uil n'était guère fai-ile de connaitre les bijoux cpii s'y trouvaient.
Poui- les imaginer, M. Staidey Lane-P<>ole a eu une idée qui pour-
rail parailre ingénieuse, si elle ni' de\ait être l'erlde en erreurs
certaines. Si les objets ani-iens nous mantpient. dit-il. interrogeons
les bijoux modernes, t-eux cpi'on veuil artuellement dans les bazars,
ils iv|);-ésentenl d'aiifii'ns modèles (pie les artistes se sont repassés
de pères en lils, et dont les tiM(lititiii> se -ont p/i-|)>'tuees. Malheu-
reusement ce raisonnement ni' tient aiieim r.uiipte des mlluences
OCcidentaU'S plus l'a •ileineiil I iMiisini>sil)les de nos )oiii'>, cl ipii

né.'essaircnuMil oui bien sni\ciil iiiilili'lc> formes aiicii'ii ne-.

Les plus anciens historiens onciil :iii\. (|iii ii,ii-i;ncii I le- iiu'r\ cilles

(inils a\aiciil sons les mmis. ne sont lam us :i court d "éloges siir les
150 M \M I I, Il AIIT Ml SI I.MAV

lia\;iii\ (Il iihhil (le liiir r'|)(i(|iic'. .\;issiri Klii)sr;iii (l;iii> mhi Srfi'r
i\;iinc/i, lOIiô-KM'J, siirrèU' cnniplaisiunmciil sur les n'uvri-s que
SOI» voy.'if^e lui réxéla : ce sont les lustres d'or el (l'iir^^eiil «le la

ville (le Sour (Tvr! et aussi les portes du liaiani i\c .Icriisalcni.

revêtues de plaques de l'er et de cuivre iner\eill(ii'-riii(iil liavail-


lées et toutes cftuvertes d'arahesques.
!,(' iiiciiii- \ it\ af^ciir \iMhiiil la iikixjiicc cl-Ak.-a. a .l(»ni>alrMii, v
rciiiar(|iia une pnilc ddiil la licanlc cl la richesse ('"laicMl Mirpi'e-

Fif;. \'ik. — (^ollrL't (l'ivoire et miniture d'arfient niellé, xn" sitl'cle

Cathédrale de Bayeux .

liantes Le cuivre était couvert d'incrustations dargent niellé; on


'.

y nom du Khalife el-Mamoun qui lavait envoyée, disait-on.


lisait le

de Baf^dad. M. de \'ogûé a donné copie de l'inscription que le Kha-


life el-Mamoun fît graver en 261/831 sur quelques-unes des portes
de la mosquée -. Moukaddassi parle aussi de la grande porte en
cuivre qui, à Jérusalem, se trouvait en face du mirhab, et dont
les j)laques de cuivre qui la recouvraient étaient dorées.

1. Sefer \ameh, p. Ml.


2. Marquis de Vogi'ié. Le temple de Jérusalem, p. 86. Max van Ik-rchem.
Inscriptions arabes de Syrie, p. 8, pi. II.
L ORFEVRERIE ET LA BIJOLTERIE 151

Quand Khosrau entra au Caire clans le palais des sullant'


Nassiri ^

Fatimiles, demeura stupéfait du trône du jeune sultan el-Mos-


il

tanser. En pur métal


d'or et d'arg-ent, il était
couvert d'inscriptions.
et de charmantes scènes
de chasse.
Que penser des ri-

chesses qui se trou-


vaient dans ces palais,
en lisant l'inventaire
que riiistorien Makrisi
nous a laissé du Trésor
des P^atimites, qui fut
pillé par la soldatesque
du Khalife el-Mostan-
ser. Ibn Abd el-Aziz,
inspecteur du Trésor,
déclara dans son rap-
port que plus de cent
mille objets précieux,
et deux cent mille piè-
ces d'armures avaient
été adjuj:;ées en sa pré-
sence. L'énuméralion
des pièces d'orfèvrerie
qui s'y trouvaient,
donne la plus haute
idée du dej^ré de per-
fection auquel élail

parvenue l'industrie du
Kij;. l;i.). (:(iiricl eiiai>;i'ii( niflle
métal en Kf^ypte à cette Trésor de Saint -Marc à W'iiise^
épocpie, c'esl -à-d ire art m('"<(i]iiilamifii, \iir sic'clc.

vers laii lO(M). Tout


en li'iiaiil coniijlc des pièi'cs d'aulrcs aris. vi nicinc ancuMino (pii

pouxaiciil s y Ii'oiimt. il nesl pa^ (Imilciix (pic la |)!iiparl claiiMil


diudiistnc locale. c[ surlaiciil des alrlicrs si ll(iri>saiil> (pii Iravail-
laienl |)()nr la cour éprise d'un lii\c Ion des l";il iiniies.
Le luxe (les Khalifes de Cin-doiie ii'elail pas iiidiiidre ; une des

1. Sffer .V.iHic/i. p. SI
|.")_' MAMir. KAKI Ml >-l IMAN

|»i>i-|c> (le la lIll)^(|ll((' ('lail il m- pur. \i- iilalniid en ar;,'cril ilc la

iiiaIvsiiiMli clail Mi|)|)i)it(' |»ai- (\i-<. cnloimcs iiicriislécs iVor el (!(; lapis
la/iili. Au |)alais il l'!/. /aiali. uni' rniilaiiii' clail foriiiée «Juii lion
ciiliT uiir aiililu|)i' et nii iiornililo. cil m- r.ni;;c oi-ih'' iIc perles cl
(le pierres |)rL'fii.'Usrs ; un ilra^'^nn, un ,[[<^U\ un rainon d nr lançaient
(le leau ]iar le hec.
Nous avons cnnscrxé un léinDi^-^na^^c de celle >i)in|)l im-iic dans
la [)orte pla(|uée dar^^^cnt ciselé de la j^i-ande iiiDsipiée d"I>paliaii

en Perse lij;. l*.»() .

De loiil cela il ne nous e>l pour ainsi dire rien parvenu, les

niaténaiix précieux élan! Inn)(iui> sujets aux pires deslructions par


la ciiiiNiiilise ipi ds cximIciiI, cl par la \alciii' iiieine des nialières
dont (Ml peu! Iirer a\anta^''c inirnédiat.
(.ependaul ne nous reste-l-il pas quelques nionumenls que nous
pourrions à cel éf^^ard interroger a\ee l'ruil ? .le ne m'en suis pas
occupé au chapiti'e des Ivoires, parce que cesl vraiment leurs
montures dorlevrerie qu il importe seules d'étudier.
C'est d'abord le célèbre coffret d' ivoire de la cathédrale de Baveux^
(li^-. 13ii. Lonj^ue de 0'" i2 sur 0"'-27 de lary^e, cette boite d'ivoire
rectangulaire à couvercle plat, montée sur 4 pieds, est garnie d'ar-
matures, décoinçons, de charnières et de l)andeaux en argent ciselé
et doré, portant une décoration de paons et d'oiseaux aH'ronlés par
couples. L ne inscrijilion coutique gravée sur la plaque de serrure
ne nous apprend rien : ^ Au nom de Dieu, clément et nnséricor-
dieux ». Autrefois le colFret de Baveux passait pour très ancien,
parce qu'il servaità renfermer les ornements épiscopaux de saint

Regnobert (•]- vers 668) on en faisait alors un objet d'époque ;

mérovingienne, et ce fut l'avis formulé dans les Mémoires de Tré-


VHUX (17l4i. Le P. Tournemine y voulut voir plus tard un objet
du butin de Charles Martel sur les Sarrasins. Interrogeons l'his-
toire la cathédrale de Baveux fut pillée en 1106 par Henri
; I"""",

roi d'Angleterre il y a donc de grandes probabilités que le coffret


:

y soit entré postérieurement à cette date. < )u peut donc sn])poser


qu'il a été rapporté d'Orient au xn'' ou au xni'' siècle. .V (piel art

se rattache-t-il ? voilà ce qu'il est plus diiRcile d'affirmer. Je n'y


vois aucun raj)port avec l'art de l'Espagne, et je me rallierais
volontiers à l'opinion de Longpérier qui pensait que la cassette

1. André, Antiquités arabes de ta Normandie. lU'nnes. 1869. — BiiHelin


monumentat, 1871, XXXVII, p. 101. — Album des Musées de province.
L ORFEVRERIE ET LA BIJOITERIE 153

avait pu être apportée de Sicile en Normandie. Nous aurions donc


là un spécimen précieux de Tart des orfèvres arabes de l'époque
fatimite, dont nous parlions un peu plus haut.
Le coffret de la cathédrale de Coire \ un peu plus petit 33 21 , ,

par sa similitude de forme et de monture, doit en être absolument


rapproché. La décoration de toutes les armatures darg-ent est for-
mée de feuillages, de rinceaux, stylisés, et danimaux fantastiques.

Fij;'. l.'ltj. — GollVel en ai-j^'ciit i'c|)iiiissi'', 2" moitié du x" siècle


( Ti'ésor de la catliéclriile de (îcrone >.

moitié draf^on, moitié oiseau, adossés ou allVoutés de l'haquc colé


dune {'v^c véj,a'lale, alors que dans le coUVet de Hayeux l'c sont des
paons.
Deux coll'rets d'ivoire ollVaul entre eux de f,''ran(ie> simililuds(>
de forme el d'armatures d'arj^enl iiiell('', apparlieiiiu'iil luii au
TiH'sor (h' Saiiil-Serxais (ir Maeslrp-hl -, I autre à la t'olli'cl kui (Iha-

brières Arles •'. (le diTiiier a iH'tte L;aniil un- di' lii^es el di' bandeaux

1. K. Moliiiier, Trésor de la ealliédrale de (loire. pi. .\!Ii-Xl\'. I.évv, Paris.


2. Anluiiiilés saci'ées îles Colhh/inh'x de Suinl-Servuis fie MiieKlrichl, par

Cil. Hoek. pi. XXIll.


;i. (i. Mig-eon, E.rposilion ilcs ;irtf> iiiiisiil iiutns. \90:\.
loi M \M II II Ail I Mr>l l.\l \\

;il)Miliiiiiciil ^iiiij)lr; le |ticiiiicr. |)lii> cihm'iis, jxiric Mir son cou-


vt-rclf un poisï^oii avec des écailles ajumces, el sur la parlie aiilé-
rieiire (piatre petits cadrans poiteiil des ai;,Miilles devant tourner
MIT (les Irltres aialics (|ni s(int sans doute d(•^ mots de con\c:ilion
pour iiMiverture . nrij,^ine dillicile à préciser.

L'n petit colFret tout en arj^ent niellé est d'un inli'-ivl plus ;;rand
encore, puisque nous avons là un objet de pure orfèvrerie, et d une
beauté sans éf;ale ilig. 135). Il se trouve dans le Trésor de Saint-Marc
à \'enise'. Sur le dessus sont représentés deux personna}^es assis
joiiaiit (le l:i harpe ou de la f^uitare; des arabesques et des bandeaux
de caractères couliques encadrent la composition ; sur les côtés sont
gravées des rosaces enfermant des arabesques disposées en croix,
eldeux autres rosaces renferment des sirènes ou des oiseaux à tètes
de femmes. C'est une pure merveille, par la volonté et la sûreté
avec lesquelles les sujets sont présentés et exécutés par un artiste
arrivé à la plénitude de ses moyens d'exécution. L'n chef-d'œuvre tel

que celui-ci n'a pu sortir que d'un atelier de Perse ou de Méso-


potamie, à la belle époque où les ouvriers du cuivre incrustaient

les beaux objets que nous allons bientôt étudier, et par le sujet et
le style se rattache intimement aux deux splendides plaques d'ivoire

qui se trouvent au Bargello de Florence dans la collei'lion Garrand


(liK. 132i.

Les objets d orfèvrerie d'argent ou d'or, sortis des ateliers des


Maures de l'Espagne, ont été un peu plus épargnés par le sort et se
trouvent encore assez nombreux dans les Trésors des églises d'Es-
pagne, pour que nous puissions en concevoir quelque idée.
Un beau coffret se trouve aujourd'hui encore conservé dans la

cathédrale de Gérone où il est exposé sur le maître-autel (fig. 136».


Sur une âme de bois sont appliquées des plaques d'argent décorées
au repoussé de feuilles entourées de cercles de perles. Sur le bord
du couvercle court une inscription niellée en écriture karmatique :

« Au nom de Dieu, bénédiction, bonheur, prospérité, joie perma-


nente au serviteur de Dieu el-Hakem. le prince des croyants,
el-Mostanser Billah, pour avoir fait faire ce colfret pour Abd el-
\A alid Hischam, héritier du trône des Maures. Il fut achevé parles
mains de Juden, fils de Bozla. » El-Hakem II régna de 961 à 976-.

1. Durand. Annules urclièitUujiques. u" 25. — Pasini. Tesoro n" 160.


pi. LXV.
2. Davillier, Recherches sur l'or/'èvrerie en Espaffne. isTit. p. 18. — Lectures
de M. K. Claudio (]irhal el de M. Adrien de Longpàrier.
L rjRFEVRERIE ET LA BIJOUTERIE 155

Deux autres cotTrets d'argent provenant de l'ancien Trésor de


Saint-Isidore de Léon, sont au Musée archéolog-ique de Madrid,
mais sont d'un moindre intérêt l'un de forme elliptique, est décoré
;

de feuilles et de vrilles de vignes. Une inscription mentionne le


nom d'un possesseur, Abdu-Xakir. L'autre colfret de forme carrée,
est en argent doré, et d'une assez pauvre ornementation, il porte
deux inscriptions coufiques louangeuses '.
Un troisième coH'ret d'argent avec des médaillons à figures, ayant
contenu les reli-

ques de sainte
Eulalie, se trouve
encore au Trésor
de la Cathédrale
d'Oviedo.
Enfin deux cof-
frets d'argent do-
ré , oll'rant entre
eux quelque ana-
logie et pouvant
dater à peu près
du xiT' siècle, sont
conservés, le pre-
mier, décoré d'en-
trelacs au Trésor
<le la cathédrale de Fig. 137. — CollVcl d'arjicnt gravé, xn" siècle
Trêves- i fig. l!57i, (Trésor de la cathédrale de Trêves).

le second décoré
de rosaces et de figures géométriques exécutées en très fins lili-

granes, au Trésor de l'abbaye de iioucevaux •'.

EmniUcric. —
Pour être d'une extraordinaire rareté le procédé
de VcDinillcrie appllcjné au métal plutôt conmuin comme le cuivre,
n'en fut pas moins connu et praticpié par les Musulmans. Le monu-
meiil le plus reniarcpiablc de ce genre tpii nous ait été conservé est
un grand hnssin, cpii se trouve au l"'erdinandeum d'Iiinsbrurk
ili^. 138). Peu profond et très évasé, il est décoré faïc e( revers

1. Amadnrck' los Ui.is, Miist-o Kspunol </<> ,i;iN(/(;('(/,i./cs, (. Vlll, Mailnd. IS".
2. Aus'm ^^'oorlll. Kimsldenliiuiiler des chrisllichen Millelallers. .\lhis.
\)\. .)(). —
Léon Palustre, l'n'-sor de Trêves, pi. XV. — K. Moliuier. Trésor de
Cotre, pi. Xlll.
3. .1. Marque! de Vasselol, Gazette des lie;ui.r-Arls. ISOS.
.»(> MAM M. h Ail I Mr>l I M \N

("Il rimnl clnisoiiiic ^iii <iii\rc de conii),!!! miciil- rriircniianl «-ii un


incdiiilldii cciili;!! iiii Miu\cr;iiii asMs cl lioiiaiil. un sccplre tlaii.s

(•ha(|ii(' ni;nn l\|)c Ires hw.andn . llaM(|ni- de dcn\ ^rillfuis cahrés.


rcprc'si'ulal nui (|iii M-iiiItlc avoir Irait a la l(>;,'cnilc d ,\lf\aiidrc.
Dans (les iiu'dailloiis disposés dans une deuxiénic zone coneen-
trif|ue se relrnuvenl des fardions et des aij,'^les. une lionne alla-

FiL^ 13S. Hassin émail tldisunin'' sur cui\


l'ii au uoiii i (.', il un Alabuk d'AiiiiLi.
xiV siéi'K' Ferdinaiidi'uiii il'Iiisbi'uck .

quant une j^azelle. Les fonds sont toujours yaruis de rinceaux ou


de tiges à chevrons. Le revers porte également dans les médaillons
des sujets semblables. Deux Irises circulaires sur les bords portent
une inscription |iersane et une inscription arabe déjà signalées par
,1. Karabacek '. J/inscriplion historique arabe donnerait le nom du

l. J. Karabacek, lieilriige ziir Geschichle dcr Mazjadilen. Leipzig,


Brockhaus, 187i, p. 36. — A. Ricgl se préparait avant sa mort à le puJjlier
dans Die Spat-rômische Kunsdndustrie in OEslerreich-Ungarn. II. Band.
— G. Migeon, A'otes d'archéolof/ie musulmane. Monumenls inédits {Gazette
des Beaux-arts, février ll)06j. Face cl revers publiés '.
L (IRKKVKKRIK ET LA BIJOITICRIE 157

prince ortokide dAmid el de Hisii Keïl'a « Roukn el-daula Daoud


ibn Sokman ibii Ortok » qui réj^-na jusque vers 543/1148. Histo-
riquement le monument est de première importance, puisqu'il
fournit à Tépigraphie un document nouveau sur un souverain dont
on ne connaissait encore au-
cune inscription. Artistique-
ment, la pièce n'est pas moins
précieuse, puisque c'est l'uni-
que objet d'orfèvrerie émaillée
à date certaine qui nous soit
parvenue des peuples musul-
mans. Un seul peuple à cette
même date du xn'" siècle était

capable de l'aire des tra\au\


d'émailleric cloisonnée où il se

jouait de toutes les diflicultés.


c'était le peuple chinois. El
nous voici une fois de plus
ramenés à celte question des
influences (que je crois indu-
bitables 1 exercées à partir
du ne certaine époque par la

Chine sur les arts de l'Asie


Centrale. Les Turcs en furent
les agents de transmission, cl

nous savons quels ra|)p()rt>

étroits entretenaient avec lo


Empereurs de la (.iiine toutes
ces dynasties turcomanes, les
Seldjoucides, les Orlokides,
l'"iff. I;H>. — Hijun\ en <ir re|»iussé el eiselé
les Zenfjuides, (pii parties des Collée! inii de M. Massomieiiii .

conlins de l'Asie désertique,


vinrent toiiderdesi brillantes royautés daii> l'Asie Centrale et (laM>
l'Asie Mineure. Ces inllueni-es, on les ti'oiixf dans l'arclntei'ture,
dans renluminure des manuscrits, dans les cui\ re>. Et \oici que le
j,M-an<l bassin du l''er(linandeum d'lnnsl)ruck \ ieni nous les révéler

dans oi'l'è\rerie en émail cloisonné.


I

( >n lit CLialenienl en l']^|)aL;iie (piel(|ue> très beaux 1 l'a \ aux d'émail-
leric inoresipie, en a|»|)li(piaiil le |irocede du cliain|)le\ e aux \i\'"el
I .')(S MVMll HAIII MISII.MVN

xv" siècles ii l:i (l(''(<ir;il khi do cciiil iiri->- cl de- li;irii;icliciiiciits. Le


décor esl j;(''iicr;deiii(iil luinic dciilichio d;iiis les co|or;iti<)Us
l)l;iii(lics cl \(•I•lc^. I ,;i Cl illicj ion de M. Si^^isiiioiid liardac possède
une ccml lire coiii|)lclc de ce ^ciire : il en e\i>lait (jiielques l"'';!^'-

iiieids diiiislii collée lion de M. l>o\. xciidiie à l'aiis en P.M).').

M;iis là où I ;irl de reiii;nlleiir espa^iKd réalise surtout (le> mer-


veilles, cesl dans le> einauv I r;iiisliiii(Jcs don! il orna les {gardes

d épées, les bouts dt' courroies li^. ".'OO-".'!)-.' . |,;i technique parfaite
et le splendide éclat de ces eiiiaii\ -i pin- conliihiia beaucoup a la

nclicsse iiiinpic de ces ariiies iiut\ (Mlleiise- que nous (''tiidieroiis à

leur plai'c.

lUjoutene. — On n a coiiserxc (pie fort peu de spécimens de


la bijouterie musulmane, cl l:i |)liipail des bijoux que nous con-
naissons doivent être déi^xpie assez, basse, cpicl (jue soit le carac-
tère archaïque de leur décoration. J.es l'orniules en ell'et se sont
perpétuées sans que leur évolution soit souvent bien perceptible.
Il esl les bijoiix kabvies par exemple doi\eiit axoir
certain (pie
conservé purement le caractère arlistiipie j)articulier à l'art du
assez,

Maghreb aux époques anciennes il est loiilel'ôis lacheux que ces ;

régions, dans les arts sompluaires aient été très pauvres en réalisa-
tions vraiment artistiques et originales; le style de tous les bijoux
(jue Ton rencontre encore chez les populations du Maghreb est
extrêmement composite, et dillère peu de ceux que Ton rencontre
dans toute TAsie antérieure en Syrie, en .Arabie, et dans toutes les

provinces de la Turquie '.

Très intéressants à cet égard sont ces deux bijoux tr(ui\és dans
des tombeaux du (]aucase, et où les animaux alFrontés rappellent
pai* le style les motifs des tissus lig. Ili9).

L'Espagne a conservé quelques types de bijoux des derniers


temps de la domination niaures(pie. Assez, intéressants sont un
bracelet, des fragments de collier e( des boucles doreilles, pos-
sédés par Musée archéologi({ue de Madrid. Ils sont en or, cou-
le

vert d'un ornement géométrique ou repoussé, et d'un liligrane.


Ces bijoux, probablement du \i\'' siècle, furent trouvés dans une
fouille faite à Andujar. L ne semblable décoration se retrouxe sur
un bracelet et des pla((ues ovales et rectangulaires en argent doré,
exposés au Kensingloii sous les n""* I i 17-1455/70.

1. \'nii-P. Kiulel. Orfèvrerie :tUi('rii'nne et lunii^ienne. Al;;ei-. 11)02.


CHAPITRE VI

LES MONNAIES

Au début de l'Islam, les Arabes qui n'avaient pas eu jusque-là


de monnaie jDarticulière, charg-èrent du monnayag-e les ouvriers
persans, grecs ou juifs qui imitèrent pour leurs maîtres, en la repro-
duisant, la monnaie des peuples qu'ils avaient soumis.

Le dirhem sassanide fut au début respecté dans son type et ses


lég-endes le profil du roi y apparaît ceint de la couronne ou de la
;

tiare, au revers deux gardes avec ou sans armures se tiennent debout

de chaque côté du pyrée ou autel du feu (%. 1 iO, n" 1) les légendes ;

pehlevies continuent à donner le nom du souverain accompagné de


vd'ux. C'est ainsi que nous apparaissent la monnaie du Khalife
Omar, portant toutefois la date de l'hégire, et ces nombreuses
monnaies de villes soumises au Khalifat, grands fiefs qui s'en déta-
cheront peu à peu pour former des royaumes indépendants, le Fars,
le Khorassan, le Kerman, le Sidjistan au milieu des caractères ;

pehlevis, se (iétai'iient en arabe des légendes pieuses, par hasaril


un nom de gouverneur.
1mi Syrie, où les traditions grecques sont deineurées longlenips
si vivaces, le le type monétaire impé-
Khalife ()mar a\ait accepté
rial, [mais peu monnaie devient bdingue, la légende
à peu la

musulmane y prend de |)ius en |)ius dimportance. Moawiya fut


sans doute le premier à l'aire frapper des dinars d'or a\ec une etlî-
gie musulmane, où il était, dit Makrisi, représenté ceint truiie épée.
(jclte monnaie dOi- a totalement disparu, fondne lors de la reforme
monélaire d'Alxl el-Malik. I.a monnaie de bronze nous est iienreu-
semenl resiée, et les félons nous montrent le Khalife debout cl de
cheveux séparés snr
face, les le front el lenani K" cimeterre de la

main droilc. Ancun nom.


Le II! re apparail a\('i- Abd el-Malik, résolu à nnilier le I \ pe moné-
taire. Il inslllna le dinar d'oii l'elligie dn Khalife elail bannie, mais
(|iii portail (les h'-gendes arabes, niii' <lale (rémission el ile> roiiniilcs
KiO \I\M II. I> AHI Ml SI I, MAS

F'ig-. 140. — Monnaies d'or, d'arjrent. de bronze.

Arpent, imitation sassannide, Haddjadj Ibn Yonsoui. —


2. Or, Khalifes ommiades, Abd
1.

el-Malik, 684-705. Dinar d'or à l'effiarie de l'an 695. —


3. .\rffent. Klialifes abbassides,
Kl-Mouktadir, 907-932. —
4. Bronze', Seldjouks de Roum, Kilidj Arslan 1, 1092-1106. -
5. Bronze, Avvoubites. Salah ad-Din. 1174-1193. —
6. Argent, Seldjouks de Roum.
Soleiman. 1200-1203. —
7. Bronze, Seldjouks de Roum, Soleiman, 1200-1203. —8. Bronze,
Seldjouks de Roum, Kilidj-Arslan III, li57-1207. —
9. Bronze, Danichmendites, Branche
de Siwas.
LES MONNAIES 161

12
10

IJ 15
13

16

Monnait d'iirm'iil . <li' liniii/o.


Vie:.

,„ |!,.,m/,r. lK.ni,l,nH.»,lil,.s, Ur.uu-Uc ,lr M.!,!.-,,,.


1 IUmn/r. M.U-rks ce N ....oui.
.

V.vA 1" (1140-11 W). - 1^-!. Bn.n/..-, I;.l..'ks


.1.- Moss.n.l. l.ulu l2:t:t-lJ.V.i
~
1.1. ron/.e.
. -
Alal.cks.l'Al.'i.. -li-l..l(i. Hi-on/c, Orlokides
.lAnii.! ^l)iaI•l.tki^). _
17-lS. Hroim>.

()i-tc>ki(l('s (h' Martlin

Il
MaNIIÎI. ll'Alll Ml SI l.MAN.
\iV2 M \M M II \ll I Ml >l IM W
(•()r;iiii(|iic> li:; . I iH. n ' •_'
. .\<)ii> |)()>m''(|(iii> dr ccI le iinnmiiii' \ r;iimciil

iiiilioiialc, (|iii (liilf |»('nl-cl ic <lc I ;iii 7.) mi "Ci. (ic". -|)<•(•lllll•ll^ de 1 iiii

" (le I li(';;ii-c : iT lui I ;i|i[);inl inii de ccllr iiiiii\illr iiioiiiiîiic d'or
d;iii> le li-iliiil aiiiiiicl |i:in<' ;i I l'iiiipcrciir '^yrr. |;di>ii\ de ce privilé*;*,'

iimiiciii(>ri;d. (|iii imiii|iiI le IimiIi'" de |);ii.\, cl d((li;iiii;i hi ;^iiri-rc'.

Mil Afiiciiic. ;i l\;m(Miaii. la iiioiiiiaic arabe n'aiipariit (|iic du jour


(111 le Ivlialil'al lui diniiia un ('niir iiidrpriidaiil de 11'",;^ y|»tc-. I.à t-iicori'

l'iil ai'cc|»l(-c au dclml la iiiniin;iic du \aiii(ii. \r> h'^ciido >niil

eiilièrL'iiU'iil laliiu'>. Le iiiomiayaf,^' |hii'imih'mI arahc pour lo .Maj,dircl)

ol rAndalmisic n'est j,aière aniérieiir à l'an K»» de l'hé^^ire. Il

semble bien (|U il w \ eiil en b]s|)a;;iie (jniiii >eiil alelier lîioilélaire

d'abord à S('\ ille, eiisiiile à < '.nnldiie. l,e> deux dynasties ( )mmiaflc'S

ninseriv iiH'iil sur leurs lunnnaies (|iie le iiinl el-Andalous ». Des


dirhems d'Abd ei-l!aliinaii II! pinleiil lé.^ende : <' a été Trappe dans
la secca de l'Andalons ... 1,'alelitM' se t ians|)()i-ta un moment à Medi-
net ez-Zahra. Des (uiieinenlalions s'y introduisent, la rosace, la

<-roisette, la llenr, la i^renade. la ,^rappi' de i-aisin. la pomme de


j)in et quelcpiebKs le palmier. Des umns jjropres y apparaissent
parfois, sans doute ceux des fermiers di' la moniiait'.

Des sept premiers |)riuees )mmiades d'l"]spagne on n"a que des (

dirhems et des félons. Les dinars d'or n'apparurent qu'avei- .\bd er-
Halinian 111, qui y lit apposer ses noms et ses titres. (^)uaiid le

Khalifat de Cordoue se disloqua, les petits royaumes particuliers

se créent des monnaies, justpi'au jour où les Berbères, avec 1 ous-


souf ben Tachelin. refont l'unité de ri';ir.|)ire. et frappent le dinar
almoravide, si beau et Almohades le modilièrent com- si pur. Les
plètement, et créèrent cette monnaie carrée, ou du moins au carré

inscrit dans un cende, (pii porte les noms du prince et ses litres,

sans date aucune.


En Egypte, les premiers gouverneurs a<loi)lèrent les mêmes types

monétaires que ceux des Khalifes. Pour la [première fois, avec la

dynastie des Avoubites et le sultan Saladin, apparait une tigure de


sultan tenant un globe de la main gauche, la main droite à la

hanche, assis à Torientale sur un trône [iig. 140, n"' ô . En se

rappelant que la famille des Ayoubites était d'orig-ine kourde d'Ar-


ménie, et que son orthodoxie très relative ne lui avait pas fait

repousser dans la décoration artistique la représentation des sujets


animés, il y a là un fait assez important qu'il faut rapprocher de
quelques autres.
Nous allons constater également la présence de la tig-ure humaine
LES MONNAIES 163

et des sujets animés sur les monnaies de toutes ces dynasties tur-
comanes qui fondèrent de brillantes royautés en Asie Centrale et
en Asie Mineure, les Seidjoucides, les ( )rtokides, les Zenf,'-uides, et
non moins par indifférence religieuse que par nécessité dun
cela
médium de commerce avec les marchands européens de la Médi-
terranée, qui entrèrent en rapport d'échanges si actifs avec les
principautés de la Haute Asie après les croisades (fig. 140, 141,
n"' 7-18).
Il y a là un phénomène artistique par où les monnaies nous
intéressent plus particulièrement encore, par suite de leur étroite
connexion avec les autres arts décoratifs. Nous verrons combien
les monnaies peuvent aider à létude archéologique des cuivres.
Des Seidjoucides, ceux qui demeurèrent en Perse, très respec-
tueux des Abbassides, modifièrent très peu leurs monnaies, en n'v
introduisant que quelques ornements. Ceux d'Asie Mineure allèrent
plus loin ; dans leurs plus anciennes monnaies, apparail un guerrier
à cheval, lépée au clair : un peu après, Souleïman II adoptera au
revers de ses pièces d'argent un cavalier brandissant une masse et

la nimbée, un personnage llanqué de quatre (|iia(lruj)è(lrs.


tète
et un cavalier pointant une lance, qui peut fort bien avoir été

inspiré par une monnaie byzantine représentant un saint Georges


ou un saint l'Eugène lig. 140, n""* 7, 10 i
.

Sous Kaï Kubad I'"^. les monnaies d argent sont ornées de nom-
breux tracés darabescpies la ligure en est absente. L'épouse 'géor-
;

gienne de Kaï Kliosrau lit rrap|)ei- une monnaie |)niianl un linii


surmonté du soleil (lig. I4<t, n'M) Après une interru|)tion, il faut .

attendre les monnaies d'argent de Kilidj Arslan 1\' pour retrouver


des figures de cavaliers, assez sou\ent nind)ées. analogues à celle
de Souleïman II.

Chez les ( )rloki(h's, connue t'Iuv. les Zenguides, K-s repivseu-


tations animées et les ligures sont la règle. ( >n y rencontre même
assez fréquemment des tètes et des l)n>[rs (pii si'inlilenl bien inspi-
rés des monnaies des Sassanides. des (îi-ei's et <!(•> linniains. on
y trouve même représenté le (]|iri>l el la \ ierge. Il lanl \ \oir le
désir de posséder des monnau's ri>nipii>e> des elire[ien> axce K'>-
quels ils commervau-nt. Les /iMii^nido frappèi-enl |iln> parlii'u-
lièremeiil des inoiniau-s de eni\re grandes et lourdi'>, poi'tant (le>
portraits el des lignres.
ICidin les sultans nionguls de I Inde enrenl de> nionnaie> d nne
trappe tmil pail lenlierenienl l'emarcpiable. el etda dè> le xm' >ii'ele
|(>l MAM i:l. DAIIT MIsri.MAN

iivc'c le caviilicr :iii K"l"|* *''"^ niniiiuiit-s (r;ir;^ciil de Toiir.'ikiiiii \'2\\-

\'2U'>'. Mais k's l)i'aii\ {licrs-d'u'in ri' iniiniMiiali(|iiC's sont li-«. dt'-li-

cieuscs inoiiiiaics d"iu- de 1 )i(liaii;;ir I »»(».')- K'cJS rra|)|>ccs daiii-

inaiix cl do |)i'rsomia;,a's d un dessin si (lailail. cl d nn relui >i

précis el si vil".

lu TU.] or, H Al' Il 1


1-:

Makiusi. irnilr di-s monruiie^ iitiisiilin.iiirH. Traduction Silveslre ili-

Sacy.
Tiesenhausen résuma en lîSTo Ions les travaux numismatnjues faits ii

ce jour sur question (d'Adler, de Caslif,dioni, de Fraehn


la .

Stanley Lane-Poole. Catalor/ue of oriental Coins in the Brilinh Musi-tin,


8 vol. 1875-1883 (admirable monument d'érudition).
LoNGPÉHiER (A. de!. DorinncntH niimismafir/ups pour servir à l'/iisloin'
des Arabes d'Espayne.
Sauvaire (Henri). Matériaux pour servira l'/iistoire de la numisma-
tique et de la inétrolor/ie musulmanes. Paris, 1882.
Lavoix Henri Catalogue des monnaies musulmanes de la Bibliothèque
.

Nationale, 3 vol. 1887-18'.t2, le 3'" volume terminé par M. P. Casanova.


CHAPIÏIiE VII

LES CUIVRES INCULSTÉS

Sommaire. — Les cuivres incrustés. —


Les procédés crincrustatinii. CuivrcB —
antérieurs au xiv° siècle. Groupe oriental, Perse, Khorassan. Mésopotamie.
— Groupe occidental syro-égyption. —
Cuivres sans indications précises.
— Groupe syro-é(j:yptien, époque des Mamlouks, fin des .xui"", xiv* et
.\v« siècles. —Cuivres de la dynastie rassoulide du Ycnicn. Groupe —
persan; firoupe turc. —
(luivres vénitiens.

Les monument.s bien cerlaiiis de riiidiisirif du ciiiNrc iiicruslé


chez les Arabes ne nous perniellenl ^uère de reinouter j)lus haut

que le xii" siècle, et plutôt à son déclin. Toutefois on ne saurait


douter, d'après l'extraordinaire beauté du travail de celte époque,
que celle industrie nail eu anlérieurenienl une Ionique période de
perfectionnement dans les réf;ions de la Persi' el de la .Mésopota-
mie. .Vu début de Fère musulmane le respect des prescriptions
coraniques avait été assez général j)our qu'on proscri\il la représen-
tation des formes vivantes. L'essai avorta cpie lit .Vbd el-Malik
pour imiter les Byzantins et placer son imaj;c sur ses propres
monnaies. Mais quand les Turcs prirent autorité à la Cour kliali-
l'ale, et se répandant comme ^gouverneurs dans les provinces,
y
fondèrent tles dynasties, cette défense perdit très \ ite son caractère
absolu, car ils tinrent peu de compte des mesquines exif^ences de
la nouvelle relif^ion qu'ils avaient embrassée. Nous devons leur
en être reconnaissants, car c'est à eux ([ue luuis devons lachun-able
essor de l'art musulman dans ll'^st. Il sérail 1res intéressant tle raji-
procher les monnaies des dvnaslies Orlokides el Zenijuides, où
apparaissent au xn'' siècle les preinièi'cs liijiires humaines, des
représenlalions que vont ollVir en si j;rand nondire h-s bassuis, les
écriloires el les i-ollVels en cuivre incruste.
On p(unT;ul peul-i'irc chei'cher aussi 1 exiraordinaii'e dilVuMon à

cette épcxpie des i'ui\res gravés en ces réj^ions mésopolamiennes,


dans le j;rand développemenl industriel dexploilation nunière,
parliculièremenl à Ai-;;aiia Maden. I>an> \c bassin supérieur i\\\
ir>( MAM'II. I> AU Ml SI I M AN

'l'i^-^i'c occidciilal se lidiixc encore un centre mimer Ire^ iiiipor-

hiiil. Miiden Kli;i|)iiiii- ; la iiioiila^'iie voisine, le Ma^'arat, l'ouniit


en al)(>n(lan(c du minerai de cuivre (|ue les ouvriers forées, armé-
niens ou turcs
londcnl en par-
I le sur j)lace, cl

dont la |) I n s

iorle pari esl

expédiée après
exlraclion aux
cilés de la Tur-
(| Il I e d A s i e.

Diarhekir. \ir-

zérouni el Tré-
bi/.onde. J^a
jiroduclion en
a l'orl diminué,
mais nap:uère
tous les Orien-
laux, de Gons-
lanlinople à Is-

pahan. s'appro-
visionnaient de
cuivre el même
duslensiles de
cuivre battu à
Khapour el à

Ar^'^ana. Diar-
hekir. dans la

vallée du Tigre
supérieur, et
Fiji'. 1 12. — Aij;uière, art persan, datc-c cli' 1 l'JO
Mossoul, sur le
Collection Piet-Lalaiidrio .

Tigre moyen,
cités puissantes et riches, durent au .M(\ven Age utiliser largement
les minerais de cuivre de Khapour. Il v a d'ailleurs un fait remar-

quable, c'est qu'au xii" siècle les monnaies d'argent avaient loul à

lait disparu de Mossoul, el avaient été remplacées par des monnaies


de cuivre repoussé, el déjà dans ces monnaies l'artiste commence à

prendre ses sujets dans la vie qui l'entoure aux légendes du champ
;

commencent à se substituer des figures, même des scènes composées.


LES CUIVRES INCRUSTES 167

Le souverain e^t parfois représenté assis à l'orientale, coiffé du tur-


ban. Les monnaies portent aussi parfois des cavaliers.
Il semble bien, en rap])rochaiit les monuments, que lornement
^ravé et en relief, repoussé, fut le j)i-emier mode de décoration

.!. ( iliaiidrlici'. M(''>.i ipi i| :iiliic, iMiiiiiU'ncciiU'iil du \in' siri'K'

Culloclinii l'icl l.iilaiuli-ii- .

des objets de cnivi-c de même (pic sui- les monnaies ; riiicrusla-


lion précieuse dai'^enl ou dOi- n \' inl(M'\iiil (piim jumi plus tard,
et d'alxu-d I iiuidcnu'iil .

L arl mcsopotamicii. ou pins pi-écisémen( d après le nom di' la

princi|)ale ville. Tari de Mossoul, cilé célèbre vantée |)ar Ihii Saïd.
se carai'ténse par la decoi'alion predonunanle de ii:.; iire> (riioninii's
MIS M AM i;i. i> Anr mi si i,m v\

t'I il ;iiiiiii;m\. I
)(••- (MVMlicrs. soint-iit iiiiiil»(->. \ |ii;il i(|ii(iil divers
iihkIcs (le cliiissc-s, ;iiix(|iielles les l'ers;iiis éliiieiil juloiiiiés, ;ivec la

hiiicc (III lare; des cavaliers ()(>rlaiil un léopard dressé en rn)U[)e.


lin hiiicoii Mir le (x'iii^. acciiiii|»a^iiés |iai' dis l(-\ i-ici>. jii>iirsuiveiil
I mirs. le liim <>ii I :inl il(i|tc. I )es primes coiininnés ou niiiibés. assis
à Poriciilidr Mil- Iciijs In. lies has. Ilaïuniés de |»a;,^es. leiiant la

(iuij)c de \iti fil iiijiiii. (icciipciil


lies iii(''d;iill((iis ; des danseurs, des
iiiii>iri(iis les diverlissenl. Les
ligures du zodiaque enrerinées
daii> de pelits iiiédMilloii'- fliversi-
lieiil un jKMi lc> >llie^^. Il n'en esl
j^uère de plus beaux <[ue les coni-
hals entre hommes, oiseaux el ani-
maux. l)e loiif^ues frises de bêles
s(' poursuivant, lions, panlhères,
antilopes, lévriers, oiseaux el
lièvres, au milieu de rineeaux à

enroulemcnls, divisenl les diverses


zones de décoration jjendant que
les espaces intermédiaires sont
souvent occupés par des canards
ou oiseaux deau volant, hes fonds
sont enrichis de hardies el souples
arabesques ou dune sorte de cro-
chet ou fer à T. Des inscriptions
en étroites bandes courent en ca-
Fi^'. 141 — Aii^uioie. Mésopntamie. ractères neskvs, quelquefois mais
commencement du xiii' siècle
i .
^
/AI,,,. .„.
Alusec du baron t;,.. ,.,
bliefjlitz
plus
'
rarement les hampes '
des
(
.

à Saint Pétersbouig- ). lettres finissent en tètes humaines,


comme dans le jeu de jonchets.
Lon^périer avait déjà jadis constaté combien ces sujets de chasse,
dans leur esprit décoratif et leurs formes de dessin, rappellent les
bas-reliefs assyriens,comme aussi la décoration des portes de Bala-
\\al, celledes bas-reliefs Sassanides de Taghé Bostan ou des coupes
d orfèvrerie de la même civilisation '.

La tet'hni([ue particulière à ces primitifs travaux du cuivre est

1. Lonj.^périer. Monuinenls Hrubes. lome I, p. 71. 254-390.


LES CLIVRES INCRUSTES \œ
celle de l'incrushulioii d'anjenl (l'or au débul ne lui pas employé
et parfois, mais plus rarement de cuivre rou}4e. Chaque trait du

dessin, préalablement ^ravé, était couvert d'une l'eudle tl argent, cl

les espaces intermédiaires étaient recouverts dune couche de com-


position bitumineuse noire,
qui cachait le tond de cuivre
et taisait d'autant mieux res-
sortir le vif éclat de Tarj^ent.
J/ari^ent est posé à la surface
même du cuivre, sans soutiin-e ;

l'apposition en est si délicate,


si superficielle, que le temps
et l'usaj^e l'ont facilement fait

disparaître, et qu'il est assez


diflficile d'observer exactement
la méthode de travail. I*"lle

consistait à entailler la feuille

de cuivre selon les formes du


décor, et dans la rainure ména-
gée par l'outil, à faire entrer
en la forçant la feuille d'ar<;enl,

en rabattant ensuile les bords


de l'évidement sur la feuille

d'arf,'-ent incrustée, qu'ils };rip-


paient. Ce procédé était appelé
par les Arabes Ac/V, et Makrisi
en parle assez fréquemment.
Quand* il y avait à couvrir fîp'aîri*'*-'.
d'argent d'assez larj^es surfaces,
comme nous le verrons dans
les f,'-randes inscriptions d'I-]-
l-'ij;-. W'ô. — Aijiuièrc. Mésdpntamii
eoininenceiiu'nt (tu xiir siècle
j.;yjile, les rainures étaient non
1^
Uritisli Muséum .

seulement évidées, mais aussi


pointillées : la feuille d'arj^enl posée à |)lat était alors marli'lée au
marteau et adhérait à toutes les jx-lilcs pointes ipic la nioK'tle a\;iil
ménaj^ées à la surface du cuivre; i-e procédé n'est |)as Inidii-c de la

fiibrication la plus curieuse.


Dans les pièces lourdes, à alli;i^-e de bronze, le traxail e>l ;inaloj.;ue

à celui des émaux cham|)le\és, les l'oiuls étant réservés, et le dessin


formé par des i-i-eu\ oii Tarifent était déposé, puis tasse et poli.
\r \M I I II Mil MI SI IM \N

iiis(|u';i ce (|iic' l;i sniracc f)résciil;il un ;is|ic(l îihsiiliiineiil uni '.

C^Miinui lii rciiillc (le cuivre ;iv;iil été iiiiisi é\ idée à loulil. et que
l:i feuille diii-^'iMit v ;i\;iit élé iiilroduile el fixée, le lrav;iil de l'ar-

lisle nélail (|u à ileini leniiiné. Il lui ralhiit ic|)rcn(lii" la suri'ace

de cliaque l'euille

dar^'eiil ; les létes


el les vélemetits des
j)ersftiiiia},''es, le pe-
\n<ie des animaux, le

plumage des oiseaux


devaient être line-
meril gravés, avec un
soin quignorenl les
artisans modernes, et
une minutie exempte
de toute négligence.
Mahmoud le Kourde,
jiiii- arli>aii oriental,
qui vint travailler à

\eiiise. pruissait si

loin ses scrupules


qu il traçait son pre-
mier pointillé sur un
Il nul (le rinceaux et

d enroulements, bien
quil sût que la feuille
dargenl allait mas-
quer ce premier tra-
vail. Si les accidents
n'avaient pas fait dis-
Fit;. 116. Aij^iuérc. Mussm
Hi'il isl) Miisfuni pai-aitre certaines de
ces feuilles d'argent,
on naurait jamais soupçonné pareille conscience.
Tous ces détails techniques s'appliquent aussi bien aux travaux
de cuivre incrusté syro-égyptiens qu'à ceux de la primitive École
mésopotamienne. La renommée des premiers artisans de Mossoul
dut être immense, car de nombreux objets de cuivre inscrusté.

1. Ces techniques avaient été déjà vajîuement indiqués par Lavoix. Les
Azziminisles Gazette des lienux-Arls. XII. 64-71 et par le comte de Roche-
chouart, Voyage en l'erse. isfiT, p. 236.
LKS ClIVRES INCRLSTES 171

portant des inscriptions, nous apprennent les noms d'ouvriers de


Mossoul en Kg-ypte et en Syrie par les princes Mamlouks,
attirés
et y poursuivant un art qui ne se dég-agea jamais de ces premières
influences. Sans doute le décor s'y modifia lég-èrement les sultans :

Mamlouks d" l'Egypte, et

leurs suites, ayant pré-


féré aux su jets abondant
en personnag"es et en
animaux, les grandes
inscriptions rayonnan-
tes sur les plateaux,
qui rappelaient leurs
titres ; les cuivres sy-

riens d'Alep ou de Da-


mas, tout en conservant
les personnages et les

bêtes, attestent le g-oût


pour les oiseaux affron-
tés, les groupes de ca-
nards présentés circu-
lairement les têtes se

louchant, la rosette de
feuilles et de lleurs que
M. Stanley i.ane-Poole
considère comme essen-
tiellement l'a racléns ti-
que de la Syrie), et 1 em-
ploi de Vor dans les

i mr us la fions, décor
favori des l)amas(piins.

I 17. Ai^iiièro. Asit> l^ont l'aie,


\ oilà la façon dont
)inmL'ncenient du xiii'' siècle.
la question des cuivres
orientaux se pose, en ses termes les plus simples; mais à l'aborder
d'un peu plus près, elle a|iparail bien plus complexe. Comme la
très bien dit Max van Ijcrchem '
: << Ce nesl qu'en classanl un
très g'rand nombre de monuments à inscriptions bien lues qu Ou
pourra, par un examen conqiaratif. i-lioi'cher à en tirer une s\ n-
thèse provisoire, point de (lL'|iarl d une nouvelle analyse ».

1. \oles d'arflicologie orii'iilnli'. III. ]>


IV_> M AM I I |P Ail I Ml >I I.M \S

Ci- cliissciiuMit |irn\ ivoire pjn- iii^ciipl ioii> (Ic'clii Urées (|u'a
. |j;irli('l-

'«•iiiciil tenir M. .M.i\ \;iii iJciclicni. lui ;i [«•nuis de r.-ilt.'iclier U'.>

ciiivrcs 1rs [)lii> ;iiHirii>.. criix de l;i lin du \ii' d du vin" siL'clc, ;i

(lrii\ ;,T(iii|>rs |>iiii(i|);iii \ :

Fig. ] iS. — Plateau au nom de lAtabck do Mossoul, Lulu. 1233-1239


:
Hibliothèque Royale de Munich .

1" Vu groupe oriental qui se serait dévelojjpé aussi bien en Perse,

au Khorassan, qu'en Mésopotamie, à Mossoul ;

'2" groupe occidental, peut-être déjà syro-ép;-yplien. auquel on


l'n
devrait rattacher tous les beaux cuivres ayoubiles de la première
moitié du xm*^ siècle.
Tne attentive étude comparative perniellra seule de voir les
LES CriVRKS INCRISTES i::\

(liirérences qui peuveal dislinguer ces deux «groupes el auquel


des deux il conviendra de rattacher tant de beaux monuments
anonymes.
Ces deux groupes de monuments occupent donc la lin du
xu*^ siècle et la première moitié du xin''. ()n peut constater un
arrêt brusque de toute production de cuivres gravés à la date
approximative de l'iôO. Cette date coïncide avec Finvasion des
Mongols et la chute
duKhalifaten r258,
qui entravèrent en
Asie toute produc-
tion artistique.
C'est sur ces ruines
que s'édifient de
nouvelles dynasties,
etque Beïbars fonde
le régime des Mani-

louks en l'Egypte ; il

construisitbeau-
coup, laissa un
grand nombre d'in-
scriptions monu-
mentales ; mais les

arts industriels
semblent, sous son
règne, être demeu-
Ki^. I il». - Hoîtf à sujets clirrliens.
rés bien négligés. !" moitié flu xiii» siècle ,
Keiisiii);li)ii Museimi .

On ne peut expli-
quer ([u'ainsi la médiocrité de bien des objets de celle époque de
1-250 à 1-270.

J^'éclipse lut heureusement de courte durée, et la lloraison nou-


velle l'ut merveilleuse sous les règnes de Kalaoïni el ses succes-
seurs. 1/arl des enivres imruslés se releva comme les autres el
|)ro(luisil celte belle Kcole syro-égyplienne des xiv« el xv" siècles,
(pion j)eul dénommer des Mmnhmks, qui nous a laissé des ukmiu-
ments si nond)rcu\ (pTil sérail dillicile de les énnméri'r Ions. La
seule leclure altenlixc des iiiciipl ions nous monirei'a là ciuiui»
combien Tari cl rinilucncc des arlisl.\s mesopolaniieiis. >.uiloul
mossouliens, lui prépoiidéi-anl en P'gypie el en S\rie.
Celte Henaissance niésoputainienne, i'a\(>nnanle à r()uesl, ^endile
I7Î M AM II. I) Altl Ml SI I.MAN

;ivoir |;iil Mii-ii;i llvst iiiic iKiuvelle lùx.lc pers;iiie. synirniant p;ir
lin si vie (hiiis les |)crs()iiii;if,rc's iissez iifnivc.iii les lif^uros
;
eiilermées
<l;iiis les médaillons, procédé déconilif iihaiidoiiiic à l'Ouest, se sont
all()ii>,>^ées el amincies. I.e costume est aiilre : ou ne reirouvc plus
guère le coslumc araho. ni la gandourali serrée à la (aille par une
ceinture, ni le haïk
enserrant le télé ;

ce sont des robes


lâches et demi-flot-
tantes, et fréquem-
ment de longs ru-
bans noués autour
des têtes et retom-
bant de coté. Ce
sont en outre des
inscriptions proto-
col a i res persanes
anonymes, mais
parfois déformées.
De ces deux
l"]coles syro-égyp-
lienne et persane,
prolongées jusqu'à
nos jours, se déta-
chèrent , vers le

xvi^ siècle, à iOuest


l'École vénitienne.
Kit; 110 A(S. — Chandelier à sujets chrétiens. g^ j, l"l<]st TÉcole
xni" siècle (Musée des arts décoratifs).
(Ancienne collection Goupil hindoue.

I. — Groupe orienta /. Fin du XII'' et moitié du XIIt


/''''
siècle.
Perse {Khornssnn) et Mésopotamie (Mossoul).

La pièce la plus curieuse est vraisemblablement le petit cadran


de poche du Cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale
au nom de TAtabek Nour ed-din Mahmoud ibn Zengi, signé Abou
1-Faradj-Isa et daté 554/1159. Une écritoire de la collection orien-
tale de M. SioufTi, aurait porté lafils d'Abou
signature d'Omar,
1-ala, fils d'Ahmad, d'Ispahan en 569/1174, d'après une note manu-
scrite de feu M. Siouffi. .Malheureusement les cuivres de cette col-
LES CUIVRES INCRUSTES 175

lectioii furent dispersés à Paris, avant que M. Max van Berchem


ait pu relever et contrôler cette inscription si précieuse '.
La petite ai<^uière de la collection de M. Piet-J^ataudrie est un

Fif;-. 150. —
Aifiuière inci-ustée dar^i'iit et de cuivre rouj^e,
1" moitié du xiii» siècle ('olleclion H. Kieclilin
( .

document certain du [)liis liant intérêt - i'J Clar elle porte sur
lij;'. 1 .

la panse deux handes dinscriptidn. ddunant le nom du propriétaire

Othman, HIs de Souleïman. de Nakhlchivan, et la date du mois de


Chaban 58tî/septeml)re 1190. {vctlo petite aij^uière au bec en l'orme
de lampe antique f,M-avé d'un lion ailé à tête féminine, légèrement

1. Max van Herclieni, .Xotex d ;trcliéi)lo(jte oricntulc. Ili. p. IM et 27.


2. Casanova, l' Exiiosilion des peintres orieiit;disles. \i. 2()-27, 1893. Lahure.
— (i. Mijicon, Gnzelte des Beaux-Arts. (Ie(cml>re ls',19 et niai 1903. —
Max vnn
Berchem. Xotes, ill. p. 2S.
170 M \M I r. Il Mil Ml -I I \l W
mcnisir' cii ;ii'i;('nl. jiurhini sur I ;iiisc nu limi criuclK- r;iis;iii| s;iillic,

est un (liicnmcnl ilc l;i jiliis ^r;iii(lc iin|)iirl;mcc. ;i\cc s;i (l;ile ivi-
t;iini'. Il |i(ul clic inlcics>;inl de r.i|i|)(|cr ipic les deux |)lii> .inciciis

idiiicL'sdc N.ikli-
Icliivan sdiil (l;i-

lùs (II- r).")? I


!».-_>

cl .")«•_'
I ISf) ".

I II (• (I (• 111 i
-

^plifii- lok'léc,
incnislt'c (le cui-
\ !•(' rf)u^c. avec
<K's nicHlaillons
(I ('(•() l'fs (le ca-
nai-(l>, cl an ini-

lu-ii une Mirlf lie

médaille soudée
rej)réseiitanl un
sphinx daii> dt-s

l'iiiceaux. |)i)i'te

une inscription
circulaire coufi-
C|ue : " l'ail jKir

Ahd er Haz/.ak
de Nichapour- ».

Une astrolabe du
Musée de Nu-
11 reinherj;". l'aile à

uneépoquepeul-
Vi^. 151. — X'ase Harbcrini au iKim d'un sultan cl"Ale]). être moins an-
1236-1260, art syro-éf;ypficn (
Musée du Lou\re. cieniie i)(UU' un
sultan a\(Uil)ite

de Hama en Syrie, porte aussi la sii^nalure d'un artiste de Niclia-


pour (Perse) ^.

Enfin une petite coupe appartenant à M. Peytel, indique par son


inscription qu'elle fut faite pour Amirancliah que ses titres proto-
colaires révèlent comme un personna^-'e imjjortant du Khorassan.
Très analof;"ue de forme et de style à une grande coupe de la ol- (

1. Sarre, Denkmiiler der persischeti Baulmnsl.


2. Calaloçfue de rExposilion des nrls musulmans. 11)0,'3. n" 172.
3. Van lîerclicm, Xoles. II. p. 1!».
LES CUIVRES INCRUSTES 17

lection Sarre, au nom et titre de Malik Mouazzam Mahmoud, fils

de Sandjar Chah, Atabek zenf,aiide de Mésopotamie 1208-12**), les

deux pièces peuvent être attribuées au débul du xiii'^ siècle.

Bien qu'aucune des pièces qui vont sui\ re ne porte une seule
inscription à si-

^nilication uti-
le, c'est bien
aux ateliers du
no rd de 1 a

Perse ou de la

Haute Méso-
j3 ota m i e , a u
début du xiii''

siècle, qu'il,
convient d'at-
tribuer une as-
sez nombreuse
série de chan-
deliers et d'ai-
guières très
singuliers, dé-
corés en ronde
bosse ou ep
bas -relief re-
poussé, de cou-
r(Mines ou de
Irises d'à n i-
t'ij;. i:)2. — \'as(', Mussmil, 1'" iiiiiilio du xm" sii-cli
inaux, lions ou i5rilisli Miisiiiin .

oiseaux, de
rinceaux curieux, et (pu'hpu'ltus (riiisci-ipliniis (ion! les hampes de
caraclèrcs s'épanouissent en Irics humaiiio.
L'élément caractéristicpic, Voriwnu'Dl ci) relief, m- Inune à l'ctal

is(il('', lin petit Ikmi coucIk' en i-chcf sur I iiiisc de l;i l'uiicuse aii^uièi'c
de M . l*u'l-l.alau(h'ie i ci-dessus signalée . I ,c grand rhiiiidehci' céK'bi'i'

delà même collection une décoration en rclirl Incii plus loiir-


oll're

nie '
litJ'. 1 't'^ . Sur la bax'coiirl une larLic Irise (rorncnu'iils lloi-;ui\

I. ("i. Mii;('iiii, lliizrlh' lies lir:iiir-.\ ris. drctiuhrc iNfi'.i, cl l-'.ri t.silioii ilis
iirix niiisiilnintis. l'.Xili, pi. 10.

M.v>ri:i, ii'.Vni mi sri,M.\>. II. 12


.

I7.S \l \M I I 1) \ll I Ml SI I,M \N

ciilic (l(ii\ lii^-r-- lie Ikuis iissis fil rclicl Irùs ;iccus»'" >iir iiii cli.iMip

^r;i\ ( (II' iif,''iirc'S de Ik'\ tes cl d oislmux. J/c|);iiile |)f»rle une couronne
(I oiseaux exécnlés en ronde hossc. l ru- inscriplion en pclils carac-
lères eouli(|iies an-dessiis de la Irise iiirerieiiic des lions, pn'-senle de
1res minces inerusial mn^ d ar^eiil. de simples lilels f|ni n fK-enpenI
pas la laiyenr de la lellre. M. le pi-ofessenr Harlmann a cru v lire

une inseripi ion en ainK-nieii, opinion qui a (de reprise par M . SaiTe '

Mais celle inscriplinn aniieiiieiiiie paraît avoir ele ajonlee apri-s

Viy;. 1»;!. — Baptistère de' Saint-Louis, Mossoul. milieu du xiii" si(>cle

(Mus(!'e du Louvre).

j^ratlag-e de la primitive au wu^' siècle par un possesseur arménien


qui dit avoir cadeau du chandelier à son éf^lise.
fait

Deux superbes aiguières de rancienne collection dn duc de


Blacas au Brilish Muséum présentent éfj^alement cette couronne
d'oiseaux en ronde bosse sur Tépaule, et les lions assis, en relief
repoussé sur le col - [iig. 145).
Il en est de même des trois surprenantes aif^uières de la collec-

tion de M""" la baronne Delort de Gléon, du Musée de l'Ecole d'art

décoratif du baron Stiéglitz à Saint-Péterbourg lig. I4i . et de


M. Sarre.

1. Jiihrhuch (1er Kiin'ui lichen Prenssischen Kunslsnmmlunnen. 190 L I.

2. Abb(!' Lanci, Trailain délie siinboliche rappresenlunze arahiche.


Lies CL'IVRES INCRUSTES 79

Parfois le lion assis en relief sur le col de Taiguière est seul


resté de la décoration en relief repoussé, comme dans une magni-
fique aiguière à pans coupés très fournie d'argent du Musée du
J.ouvre, dans d'autres aiguières du Kensington, du Musée des arts
décoratifs de Paris et des collections de MM. Ilomberg, Gillot et

KiK. I.'il. — Massin. Mosscml. milieu du \iir >~i.''cK' Musée FivdcTJe de Hei'lni

Sarre, et sur le sommet d'une lampe à <pia(ie becs, surmontée d un


oiseau en ronde bosse (Musée de Lyon, n" 'Mît du (]ulhliujue. re|)ro-
ductioni.
Dans toutes ces pièces, rdlcl clicrclic pai- le rt-iicf, Mihi lin- ;i

ilneiicedu fori inoniiavage de Tépcxpu', des ciVigies de monnaies de


cuivre de Mossoul. (le (h'cor en reli(>l' stMiiMc y axoirété eu grande,
peut-être même en nniipic l'axcui-au dchnl. Puis l'emploi dune
matière plus prcciciisc, l'onnne iai-giMit, séduisit sans doute les

I«() M \M I I II Alt I Ml ^1 I.M \\

artistes; il ;i|)|nir;iil d jlxnd I iimkIciiiciiI . ((Pimiu' ^iir la (tetile


ai^iiirrc cl le (liaiiiiclirr (\,- M. I'icl-J,alaii<lri(', puis l»ienl<'»l il

cinaliira la |tir(r rnlicic. ,| (nii\rira les lf|li-c's de riiisci'i[)lioii.

dniiiiaiil a ri.|)|c( nii aspcci de jurande nclic^x'. I/cIlcl clicrclié ne


sera plii^ daii> le irlii'l', iiiai> dans la i/r;iiiirc cl dan-, l' iiirnisl/ition.
dette secuiidc inaiiicrc ;i Iroiivc >a |)lii> r.p|ii|»lcl<' expression
<laiis une pièee (lc|»iiis l<iiiL;lciiin>

<'élèl)re , (pii ol ;i\cc la pclilc


aif^uière l'iel - J.ataiidrir . le

pi\<)l de I l'Inde des preniiei-s


eui\i'es uicrustés arabes. (]"es|

la petite aiguière de raneieiiiie


eolieetion dn (hn- de lilaeas,
passée an Hritisli Miisenin,

Fig. Ij6. —
Roilc aux sit;ncs du /.odiaeiiu-. Viy:. lôj. — Hoitf. atelier de Mossoul,
Mossoul, milieu du xnr siècle milieu du xiii' siècle
(Collection P. Garnler;. 'Collection P. Garnicr).

déerite an niilieu d'un xerhia^e extraordinaire par Heinand. citée de


nouveau par Stanley Lane-Poole, et que j"ai publiée pour la première
i'ois en 190(H (fig. 146). C'est une aiguière de forme un peu basse,

dont la panse à pans coupés est faite de zones décorées dinscriptions


et de personnages. l/iii\ eut ion dans tontes ces scènes de plaisir, de

festin, de musique, de chasse, est surprenante, et l'habileté tech-


nique, la finesse et la précision d'outil de l'artiste qui couvrit d'in-
crustations d'argent cet objet admirable, n'ont jamais été dépassées.
11 est inutile de décrire après Reinaud toute la série de ces_médail-

1. Reinauil. Moninitents miisiilmnns du (Cabinet ilii duc de Bhicas. II. p. 423.


— Lanei. Trallato — Lon^périer. Mouumenls arabes. — Laxoix. Gazette
II. 1.31.

des Beaux-.\rls, XVIII. — Stanley Lane-Poolc.


t. p. 170. S.ir.ice/iiV .ir/.«ï.

G. Mijieon. Gazelle des Benu.i-.\rls décembre ISP9. — Max van Bcrchem, .

Xoles, III.
.

LES (U'IVRES INCRISTES 181

Ions dans lesquels revivent dune façon si curieuse les mœurs de


rislam au xni'" siècle, i^inscription qui se trouve à la partie supé-
rieure du col, déchilFrée une première fois par Reinaud, relue par
Max van Berchem dit « Gravure de
; Choudja, fils de Mana de
Mossoul, dans le mois d'Allah béni, le mois de Redjeb de Tannée
629 à Mossoul ». a\ril et mai l"i3'2. l'n nom d'artiste, une origine,
une date, un lieu tic i'ahrication, ensemble d'indications inestimables,
trouvées toutes i-éunics sur un même monument scientitîquement
étudié, et pou\aiit nous scrxir |)(>ur Ihisloire de celte industrie

Fif;'. 15". — IJassiii. art ik' Mn^sdul, iiiiluu ili! xiii su'-ilc (".nlk-clioii 1'. Sa ITC '

artistique. C'est le seul cuivre que nous connaissions (|iiiiiic mst-rip-


lion assure avoir été fabricpié à Mossoul même.
Les cuivres du tvpc de la petite aii;uicre Blacas, voul apparailrc
de plus en plus nondjreux vers le mdicu du xui'' siècle; la pièce se
couvre d'une parure très l'ic'lic dar^ienl ; les scènes de la vie y sont
pressées, li's ligures \ ont un i-araclèi'c Irapu cl \ii;(>urt'U\ pai'ticu-

lier, les fonds appai-aissciil couverts di- la décoraliou de Icrs à T.

V^oici d'abord les monuments dates : une lulilc .islrammut/iic de


calcul (In liMn|)s an linlisli Mti-cmn. inciiislcc A <^r cl d"ar_i;ciil ,

(cu\rc (le Mohamnii'd. lils de 1\ lioniloukli de Mossoul. en l'an

():{ii/i-iii '.

1. Ma\ Viin li.T.hcm, Ao/cs. III. p. M).


IH: M \M I r II AU 1 MIM IM \s

I ne Ititi'lc cN liii(ln(|ii(' ii (•((iivcrclc de I iiiiciciiiic ((illcclioii llcii-

(liTSdii ,111 l'.iili-~li Miisciiin II" S7 i . ;ni\ iiniii- <•! tili'o (le Miiiik

Hahiiii l.'uilnii, .\l;il(ck /cii-iiiilr (le Mnssoiil \ l'.V.^-l'li'iM i, décorée


sur le (ipux ciclc il nii h.iiir de |i( .is»< iii>. ri Mir le [n piii-l mir de lif,Mir<'>

Fi};. J57 /x'.s. — Uoxors du bassin

nssises. nimbées, lenant des coujjcs, alleniaiil avec des arahexjues


sur uu fond de fers àT '
(fig. 149).
Aux noms et (ilres de ce même sultan I.oulou de Mossoul, inscrits

1. Lanci, Trutlalo JI, 169. —


Lane-Poolc, Saracenic arts. p. 172. — Mij^eon,
Gazette des lieaiu-Arts. décembre 1S99. Max van l?eicliem. .Yo/e.s% — III. p. 30.
LES CIIVRES INCRUSTES 183

sur l'étroit rebord, est un su])erbe plateau conservé à la Bibliothèque


royale de Munich, un des plus beaux qui soient connus li^. I48j.
Un médaillon central est décoré de sphinx ailés, et partant du centre
deux zones circulaires de sujets divers, cavaliers en chasse, person-
nag-es assis buvant, d'autres luttant, séparés Fun de l'auli-c par une
admirable zone d'cntrehics '.

Enlin, un miroir de rancienue collection du duc de Hhu'as, por-

l<"ig. 158. — MortiiT t'u l)i'()n/.t', incfusté d ar.n'enl ot de iui\ ic ri(iii;o.

Mossiiul. Mil" sii'cle ( .Musée cr.Vmsloi'iliim .

tait les noms cl tili'cs di' Malik Mouizz ( )rtolv ( lliali. |)riucc (ul(dvidc

de la brani'lic de Kaïla milieu du mu' siècle» -.

II. — (irmipc <iccitlciil.il si/ro-cf/ i//)licn.

l'.p<i<HU' (les Ai/niihi les. /" riKiilté du \///' siècle.

L'ne série d'objels \a pouxoii" ii'iii> donner les iiiim>de trois miI-

1. Si,nii;ili'' |);ir Ma\ \iin liciclicm, \iilcs. 111, p. :ut cl pulilu' ])iir lui ilim>
Orienl.ilischc Shnlirn. II. i'.Miii.

2. Itciiiaiid. Il, p. io.). I.aiiri, Ti.ilhiln I. p. s:t. M,i\ \ an IUti-Iumii.


Xoh's. 111, p. :!().
ISi M \M ir. Il AHT MI SI r. M W
laiis successifs (ri']},'v|)l<' «t de l);iiii;is. (Icinoiilranl ainsi l'iiitéiél

historique qui f)eu( sal lâcher à l'clinh' (h-s cuivres arabes.


Un phileau sij,'-iiah' par l,a\(>i\. el (pii n'a pu élrc retrouvé, tlou-
uail les noms de Mahk Kaiiiil Mdhariiim-d. >-ullari d"|-;j,'^vj)te el de
Damas 1
•_>
I S- iV^S
1
i.

Fi;^. 159. — Plaque, xiii' siècle Colleclioii du comte Isaac dcCaniondu .

Le Musée du Louvre, grâce au don généreux de AL Doistau.


possède un bassin aux noms et titres de ALdilc Adil Abou Bekr IL
sultan d'Egypte et de Damas (1238-1240), signé du graveur Ahmed,
d'Omar, surnommé Dakki ou Dikki au revers est gravé « Fait
tils ; :

pour le cellier de Malik Adil. » Lintérieur est un peu usé, mais le


pourtour extérieur est finement décoré de deux rangées de niédail-

1. I.avoix. Gazette des Beau.T-Arts. S' sér.. .WIII. p. 785.


. .

LES CUIVRES INCRUSTES 185

Ions renfermant des chasseurs, des oiseaux de proie attaquant des


antilopes, et des bètes affrontées, sur un fond de fers à T '.

Une petite du Kensington Muséum


hoile de forme cylindrique
(8508/1863), décorée de six figures nimbées, un cavalier avec un
faucon, un homme transperçant une hète sujet répété porte sur .

le pourtour du
couvercle une in-
scription au nom
de ce même sul-
tan ayo u h i t e

Abou Bekr II.

petit -neveu de
Saladin ^.

lu grand ]);is-

sin , appartenant
au duc d'Aren-
berg à Bruxelles,
avec un magnifi-
que décor » inté-
rieur d'inscrip-
tions , de rin-
ceaux , dentre-
lacs, de person-
nages debout sous
des arcalures et

nimbés, porte les ,,;„. ,,.„ ^Ur, );iil'uiiis iiu nom d'émii' IJeïsari, tlatc- l'JTI,

noms et litres de art du tlaiie , lîrilisli Muséum .

Malik Salih Ay-


youb, sultan d'I^g-ypte et de Damas I -J iO-l'iiUi. A l'extérieur, le
caractère chrélien de cet important cuivre arabe s'accuse par des
représentations en médaillons, telles (pie la (lènc. rAuuoniMalion.
la Vierg'e et l'Enfant, la Résurrection de J. a/are. rentrée de .Jésus

à Jérusalem, tous sujets tirés de ri']vangile •'.

Nous a\'ons {V)\\r là un cxenipli' rrni;ir(pial)li' cl ipii u est pas

1. (î. Mi^'c'dii, Expitsilion <lcs uris niiisiiliii.ius. l'.M):!. pi. l.t. - Max \aii llor
cliciii, Notes, III, p. :u
2. Stanley Lane-Fnnle. Surnccnic :irls, ]>. jos, i-epicul. tij;- s(>. — Max \aii
lîei'elieni, .\i)tes, 111, p. .W
3. (î. Mif;'ei)n, Hr^Dnil ion ih-s ;irl.s miisiiliitunx. l>i().(. |)l. Il et TJ. — Ma.x \aii
Hei-clicm, .\olcs. 111. p. .'^I.
IHC» MAM II. I> Ain MISIIMAN

iiiii(|iii' (II- niixrc iiiiihc r.'ilii'i(|ii('- |)oiir nu |inii<'c iinisiiliii;iM. doiil

le (li'cor siiiv|)iic (le I i((iii();;r;i|ilii(' l'Iirc'-l iciiim-. ( Idiiiiiif I .1 Ires

iiisicincnl rciii;Éi(|iic M;i\ \;iii r>ci(lifiii : " Si ce fjiit ciinciix ne


prouvi- |);is (|iic Iniis CCS cuivres soient I ou\ imj,"^!' d ;irlisles cliré-
liens, il ti;ihil du nuiius réclectisnie de ces |)rinces. en in;ilière

<r;irl. ( )ii |)cnl i;i|)|iclci- ;i ce |)i'i)|ii)>, les r;i|»|)url> (''li'oils. sciuveiit

;iunc;ui\. (|ui cMshiieiil cnlic les princes inusiilnuins el les princes


chrclieiis de S\rie. l'I les leud;inees chréliennes très nuirqnées fie

plusH'urs j)rmces ;i vduhiles '


. »

L;i pri'seiice de sujets chrétiens d;ins les cuivres orientaux se


i-enconlic eiuoi'c sur un uia;;nili(|iie cliaiidelii'r (pu est passé de la

colleclion (îoupil 11" 80 du (^fil.tl(i(/iie Je renie an Musée des arls


décoratifs de Paris iij^. li'.t /)is . Deux /ones de personnaj^'es le
décorent, parmi lescpieis des ()raiits, les deux mains jointes, ou
bien écartées el levées, el sur la hase du (diaiulelier quatre rosaces
^•ravées et incrustées d argent poiteiit des sujets nettement chré-
tiens : la \ ierj^e et TEniant Jésus recevant ladoration des maj,'^cs. le

Baptême dans le .lourdain. la Circoncision, la (2ène-.


J/iusciMj)t ion porte : " (HMivre de l)a\\oud. iils de Salama de
Mossoul, l'u rauuée (iifi » (l*>48l. Sif^iuilure du même artiste (pie

nous retrouverons dans un bassin du Musée des arts décoratils,


provenant aussi de la collection Goupil avec la date de 650 1 l'2o'2 .

Au revers est remir Hedr ed-diu lU'ïsan, tré-


f^-'ravé : •< l'ait ])our
sorier de Djamal ed din-Mohammed », personnage tpi on retrouve
dans les chroniques égvptiennes vers 050, dans lesquelles il est cité
comme très généreux et j^rand amaleui' de choses dart '.
Des sujets chrétiens se reucoutrenl encore sur une très curieuse
petite boite cylindrique à cou\ercle du Kensington Muséum
(n" 320/1866) décorée dune Irise de personnaj^es se suivant por-
tant des croix et nimbés ; sur une belle aiguière de la collection de
M. Octave Homberg et sur un grand plateau de la collection de
',

M. Piet-Lataudrie sur lecpiel des |)ersonnages assis et nimbés


,

tenant des calices, sont adorés |)ar d autres persoimages nimbés


également, se tenant non plus dehoul. mais agenouillés, ce tpii
est une pose de respect ou d adoi'ation chez les chrétiens. De plus

1. Jourinil Hsiutique, 9^ série, XIX, p. -439.


2. Lavoix, Gazelle des Beaux- Arts, oclolire 1SS5. — (ï. Miiieon. Gazelle des
Beaux-Aris, décembre 1899. Max van lîerohem, ?\oles. III. p. 2,').—
3. Signalé pai- Lavoix, Gazelle des Beaiix-Arls. XXXII. j). 29S. — Max van
Berchem, Notes, III, p. 23.
i. G. Mij^eon, Exposilion des arls nuisnlmaiis. 1903. pi. X^".
l'"l^. KiJ. — Koiiisi pr,.\..iin,/ 1

.ii.iDt (lu (,;,irc -_ Clirh.i


.
I .,1.
I.S8 MAM i;i. I> Ain Ml SI I. M \N

un (les ((imiKirlinuMils liilohcs rciifoniie un pcisomiîif^e vctu d'un


^'raiid m;mlc;iii. coifri' d'iiii c^ijucIkhi. coinmc un ini)inc. cl lcn;iiil

une croix de l;i niiiin dinitc.


l nr hcllr ;iiL;iiirri' (le l:i <(.llcclir.ii liiivinond Kucidin. |)i<.\ ciiiuil

I(i2. — Dessus ilii Uoiu'si. — Clichi' Lelieijinn.

du palais Massimo à Rome, porte une décoration un peu plus com-


plexe iti^'-. 150 . De forme un peu basse, elle olFre trois rani,'-ées de
sujets. La première est une frise de personnag-es portant des faucons
et des cavaliers suivis de lévriers, présentant leurs hommages à un
prince assis à l'orientale sur un siège élevé ; le deuxième rang olfre
dans des compartiments faits de grosses tresses gravées, des groupes
de personnages assemblées symétriquement deux à deux, tantôt
.

LES CUIVRES INCRISTES 189

assis sous des arbres pliant sous la charg-e de gros fruits, tant(")t

tirant des oiseaux, causant ou jouant de la cithare. Le rang infé-


rieur est fait de cavaliers jouant au polo. Ici toutes les ligures
humaines sont nimbées. Et même un personnage couvert d'une
armure de chevalier chrétien, ne laisse aucun doute sur le modèle
dont l'artiste arabe
s'est inspiré. A noter
que déjà (la pièce
n'est guère antérieu-
re au milieu du xni'"

siècle) l'incrustation
d'argent apparaît as-
sez riche, et alterne
avec l'incrustation de
ciiirre rouge dont la

plupart des têtes hu-


maines son formées' I»

Enfin deux pièces


de cuivre, de techni-
que toute musul-
mane, furent bien
certainement exécu-
tées pour {\q^ chré-
tiens. C'est d'abord le

grand bassin de la

collccliou IIiMii'i Dal-


lemagnc décoi-é -'
,


Vi'^. \^yi. (^liaiidi'lltT. art éi;y]ilifii. \i% '
sitH-l<
uniquement à l'exlé- (Collection du baron Kitnioiul di- Itotiistliild .

rieur d'une gratide


inscription arabe, coupée de médaillons lleuris, c( comprise entre
deux frises d'animaux se poursuivant. Sur le reboi'd du bassin se lit
une belle insc-ripl imi ni Icllrrs gothiques Très haut cl |)uis- : •< -]-

sanl roi lluguede .Ihérusalcm et de C^hi[)re, que Dieu manleignc •>.

Hugues 1\' de Lusignaii fui loi dv Chypre de \\V1\ à VMW Le fond


.

du bassin est diH'oré de I'.* niét'aillniis, douze re|)réseiilaiil les

signes du /oduKpie, et six autres, les saints sans doule en hon-

1. (i. Mi};i!(m, (luzcllc ilrs Ili'.iii.r-Aris. ili'-ri'iiihi-i' IS'.c.i. — H.rpnniliiin ili'X

nrls m II s II l m uns, pi. l.'i.

2. Kiilarl, L'ai'l iiolhi<nn' cl l;i lieniiissiinci' vu ('.liiiprc. p. T l.î. I.fi'nux, ls>i',i

— G. Migoon, Giizi'lle lies lietiiix-Arls, ik''ceml)i-(' Is'.".».


.

I*)ll M AM 1 I II Altl Ml

iK'iir (l;iiis le ri'\,iiimc «le (lli\|)i'c. iii;ns ;ls^(•/ dillicilcs ;i Kiciilillcr

|j;ir suite du uianc|uc' d incrusliilioiis d'ar^'cnl.


J/aulro |)it'(f' lii-s inlcTcssaulc os( un ^rrand hassiu de cuivre
|)i'i\<'' d"ar;;ciil. du Miiscc d Aiiislcrdaiii. I. iiimii|iI ion cxtr-rieure dit

« Meuteiii sca sp. (nilauie ouorem I). et patr. libcrafirui. . qui


peut s"cx|)lif|uer ainsi : " Mentem sanctaiii liabuil. s[M)ntaiieam se
< ohliilil. li(ni(irein Deo dédit, el patria- liherationeni t'ecit. >- C'est
iusteiiicnl rins(ri[)li()n luiiéraire de sainte A^ratlie cpii \écul en
Sicile, el lui luarlvrisée par Quintilieii en •_*.")!. A I inicrieiir. une

Fig'. 161. — Hassin, art syro-éj^yptifii. xiV sièeli' Hritisli Miisi'iini .

inscription arabe banale de lelicité, pour el-Malik. Ce bassin qui


porte aussi les armoiries d"Araf,'^on, Sicile et Souabe, ne semble

pouvoir se rapporter qu à un roi de Sicile après 1282, cesl-à-dire


après le mariage de Pierre III d Ara,t;on a\ec Constance, tille de
Manfred de Sicile, qui apporta la couronne de Sicile dans la maison
d'Aragon '

Le groupement de ces quelques cni\res à représentations chré-


tiennes ne doit pas nous écarter plus longtemps de la liste des
cuivres incrustés bien certains du groupe syro-égyptien.

l. Communication due à laniabililé do mon collèfrue et ami Pit. conservateur


du musée d'Amsterdam.
LES CUIVRES INCRUSTES 191

Lun des plus exceptionnels, non seulement par sa dimension


iO"'45 de hautl, par la beauté de sa forme qui est unique, mais
encore par la qualité de sa décoration, et l'intérêt de son inscrip-
tion est le vase Barberini qui du palais Barberini à Rome est entré
au Musée du Louvre '
i fig-. loli. Apporté en Italie au wii*^ siècle, il

Fifi. 1')."). - Fl;il<'iiii. ai-l >vrii-.'-v|)lii'ii, \i\ "


siècle Hiilislj Miisi'um).

avait été oITerl au pape Barberini, L'rbaiu X'III, sans doute par des
rcvenani de Terre sainte. La panse est décorée de médaillons
|)èlei-ius

polylobés rciirci-iniml des scènes (L- chasse ou de coinltiil, les rorns


des personuaj;es et des animaux étant formés de j^raiules feuilles
frargenl g-ravées, s'enlevant sur un fond d'enroulements ciselés en
lé.trers et minces reliefs de cuivre, les fonds |)or(cu( (radmirabicv

I. I.iiiu-i, Trultiit,, II. l(il. — (;. Mi^'cuii. Gazette dcx lieaiuArts diT.-inl.i-.-
IS'K.I.
!*»•_> MAMII. I» Mil Ml N| |,MA\

nii(r;iii\ ll('iiii>. |)c>(iii<( Irises d iiis< ri|»l k uis (|iii I (»rnt'nl, ressort

II- imm (le \I;iliL Niissu- ^ (uissoul, siilhiii .\\i>iil)itc d .\l('[) de \'2'M'>

à l'JCiit, cl <|c I );iin;is depuis l"J.')0. Sniis l;i pièce esl ;4r;i\é : • pour le

celliei' (]{ .M;ilik /;i)iir .., peiil-ilrc Heihiirs. siiIImii .M;iiii!oiik.

d"l'!^\ple ipii rciiiiil ;i SCS l']l:ils le diini;iine do .\\ niiltitt-s de Svrie.


Au iKnii (le ce inciiie siillaii ^ luissmir ol une lielle aif^'uièrc

C'\j)osée iiii li'oeiidcio en I S7<S . cl si^ii;iiée pjir J.avoix. dont M;ix


\;iii lîerciu'in déplora la dispanlioii . ci (pii seiiihie être joui n-cetn-
nieiit ronlrée dWnj^Ictcri'c dans la colleclion de madame la harorinc
DelorI de (Iléon : Sur le col on lisait en caractères damasquinés
dar^^Mit : •• (iravé par Iloiisseïn, lils de Mohammed, de Mossoul.

Fig-. 16(i. — Écritoii-e. art syro-o^vpticn. xiv sièck' lîritisli Muséum .

à Damas la bien ^--ardée, l'année 659/1-J61 ». Les Mon^^^ols venaient


de s'emparer de Mossoul, et Houssein ben Mohammed, quittant
sa ville natale, s'était sans doute réfugié à Damas dont Youssoui"
était alors le souverain.
Nous retrouverons ce même nom de famille d'artistes sur la

1,'rande aiguière du Musée des arts décoratifs de Paris, et sur un


bassin de la collection Piet-Lataudrie.
A ce g-roupe doit encore être rapporté un ;istrohiJ)C du Bri-
lish Muséum décoré à jour en plein cuivre, de rinceaux, de
feuillages, d'animaux et de personnages. De belles inscriptions
portent : « Œuvre de Abd el-Karim du Caire, le fabricant d'astro-
labes au Caire, de ^lalik .\chraf, de Malik Mouizz, et de Ghihab i^ed-

din) en l'année 633 ». Max van Berchem, dillérant d'avis avec


M. Stanley Lane-Poole, qui y voyait deux princes : l'un de Damas,
.

LES CLIVRES INCRUSTES 193

l'autre de Mésopotamie, y reconnaît deux sultans du Caire 648-


650 le dernier Ayoubite Malik Achraf Moussa, et le premier
,
Mam-
louk Malik Mouizz Aïbak ^

Le Cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale possède


une très belle coupe montée sur pied, faite d'un alliage de cuivre,
d'étain dur et cassant, et qui porte un trou -. La partie extérieure
décorée de magnifiques rinceaux gravés, d'enroulements contrariés.

Fig:. 16". — Boite à Coran, ait syro-of;yi)tien. xiv siècle


Musée arabe du ('aire . — (Cliché l.ela'iiinn.

iinissant par des fruits inci'ustrs d'argml, porir >i\ médaillons avec
un cavalier en chasse, dont l'incrustation d'argeul s'enlève sur ce
fond de petits rinceaux à enroulements parfaits. L'un des cavaliers
portant un guépard en croupe, est une de ces représentations fré-
cpientes sur les cuivres arabes, qui a donné lieu à une longue dis-
sertation de Heinauil sur un passage du Hegestum de l'I'^mpereur
Frédéric II |)ul)lii' par (".arcani en ITcSC), dans leipiel il est cpiestiou

1. Slaulev F.aue-l'ooK-, Sur^cenir arls. p. 177. — Ma\ \an lU'relieiu, .\t)tcs, 111,
p. 32, eu note.
2. 'Lon^\>énci\ lici-nc arrhènloiiiinie. is l i-ls i;>. 2* partie, p. hits. — (1. Mi^reon,
(i.izctte lies lieaux-Arls. (léi'euil)re 18!»'.».

M.VXrKl. IlWnT MCSII.M.W. — II. i;<


MM M \M I I I> \ll I Ml >l ; M AN

(le Ici»|);m-(|s .. (|iii vcmiil (•(|iiil;Ér(' . ; cclii chiil (Iciiiriuc- ;i>>c/ ohsciir-

iiis(|u .111 jinir <.ii lin iiioiniinciil csl venu ('•chiircr ce [);isîs;ij,'-e, en
lif^iiiMiil jii^lciiiciil une de ces l)ële< (|iie les ( )rieiil;iu\ (lress;iicnl
|)<iiir hi cIkissc, C(piiiiiic les r;iiic(>iis. cl l;iiiç;iiciil -ur le ^nhicr (|ii:iii(l

il était il |)(irlce. Il;il)ilii(le (railleurs liansmise aux Floretilins du


x\'" siècle, car nous voyous Heud/./o Cioz/itli eu tirer iiu é|)isride
cliai'uiaul dans une des rres(|ues dn palais liiccaidi.
l II autre inicrel hicn particulier de la coupe de la Hil)liollié(pie
-Nationale, lonsisle dan> une irise de pei-sf)Mnaji;es et d aiiiiuaux

Fij;-. liis. — lîoile à Cniaii. art s\i-i)-e^yptii-ii. .\i\' siècle


Musée Frédéric à lîerlin .

ornant le bord supérieur, et dont les jambes lorment les hampes dune
inscription, dont les tètes sont lépanouissement. M. P. Casanova y
\oyail la fantaisie du j>;-raveur, qui. commençant à calligraphier son
niscription, se faisait sans préméditation un jeu naïf et enfantin
d'en transformer les traits supérieurs en formes humaines drola-
tiques. Sur le pied circulaire de la coupe se lit en un petit médail-
lon « el-Malik el-Achraf ». nom dans lequel Long-périer vovait
:

un prince ayoubite de Syrie, qui avait frappé monnaie à Miafarkin


vers I'215-r2'20. mais dans lequel on pourrait peut-être trouver
aussi le dernier sultan ayoubite dKgypte et de Syrie. Malik Achraf
.

Fio. ,,H). _ Porto (le mosqiuH- .1KlMnvvar.l, |„M,v..n;in( d.- h, mos.iuco


cl'el-llassan an Cai.v ,
m\ si.-rK-
'

, Clirh,- l.i'licui.ui
lUC) M \M I I h \ll I \|IM I.M SN

Moiiss;! (')1S-('.r»(t |-_»r»l, les iiiolilV (IccdiMlil- i\v \'i>\)y{ le t;i |i|il< mIkiiiI

pinliil (le I ;u-| s\ rii-(''^\ |illcii de ccl le ('•|)ip(|ilc.

(Icllc |)ail i(iil;iiil('' (Ircoriit i\ (• (riiiscripl iims ;i liiimpfs lU-iiries de

Irics liuiiiiiincs u'v^[ d'îiillcui-s |);i- ;il)s<)liiiiiciil r;ii-c diiiis les ciiiNres

oi-icidaux. l'illc se rrlroiiNC sur un vasi- (|iic posst-da jadi^ lMi;;riic

l'iot, el (|iu' l'VaiiIvS ac(|iii( un J'uii' pour If Hrilisli Miiscmiiu. clicz un


pi-til niarcliand de I.undi-cs '
li,-. !.")•_>. Ni Hcinaiid. aprrs lecture de
riiiscn|il idii, ni l'idl, n axaicnl mile CKniinc lail rarr cl minvcaii la

|)résence de ces caraclères à Icics Imniaincv (pu. .^cinlilahles à un


jeu de jonehels, se présenicnl (lan> le \a^c l'iot a\cc phf~ de rai-

deur, e( niiiins de souplesse (\\iv dans la coupe de la r)d)lio| |i('f|ue

Nal lonale.

Des iKunhrenx cui^^es sit^nés d'artisles de Mnssoul, Iravaillanl


à Damas, à Ale|) nu an (laire, il a|)|)ei-t (pie de iionihrenx ouvriers
mésopolaniiens a\aienl cpiillé leur pavs d'origine pour aller Iran.--
mettre leurs procédés el leur arl en Syrie ou en l'^-^ypte ; soitque
la domination monj^-ole leur ail été intolérable, soit que le'ur renom-
mée ail décidé les sultans de ces deux l)ays à les attirer auprès
d'eux. Cet exode nous est certilié par toutes les |)ièees de cuivre
incrusté cpii, par leur caractère el leur style, devraient être consi-
dérées connue nées en Mésopotamie, si larliste an nom de la \ ille

ou du personnaj^e étranger pour lecpiel il travaillait, l^a^•ait pas


tenu à ajouter sa propre origine, à laquelle il semblait attacher un
sentiment de légitime lierté.

Si nous avons pu le constater sur les quelques cuivres que nous


venons d'étudier, nous allons avoir à le relever encore sur un bien
plus grand nombre de monuments.

III. — Ciu'rres sans indivalious épiffmphiques précises,


(le ciractère plulùl rnésapolamien-mossoulien
(:>•-• moi lie M If'' s.).

Nombreux sont les cuivres dont les inscriptions ne rcntermenl


aucune indication alisolument précise, ou cpii même ne portent
aucune inscription. Pour ceux-là, seule une élude comparative
de leurs éléments décoratifs avec ceux des monuments à inscrip-

1. Piol, (Jahinet de ruinuleiir, Lomé III, p. 385. — G. Mijçeon. Gazette des


Beaux-Arts, doceinhrc 1891».
Fij;. 1T(I. — l'iirli' lU' iimsiiiu'c ilii \iv' siiH'le Miisoe Ai;il)i' ilii Claire)
Cliclir l.clu'<iiitn
l'JS M AM II. Il .\l( I Ml M l,\| \\

lions prc'ciscs, |)(iiiii;i |)criiicl Ire de les liiltaclier ii un f^ronpe plu-


liil (|n il iiii aiilic. Ii;i\;iil de clnsscnicnl (|n'ijuc*uii ;ircliéolof(uc ii ;i

iiiiui'c Iciilc, (|iii ne l;u>sc |i,c> (|iic dclrc iiiliniriKMit (li'lical ol que
lions ne |)oii\iins avoir daiilic prcluntion (|iie d ébaucher ici.

Examinons ces objels de enivre :

Le Musée du Liiurrc possède un faraud l)assin célèbre sous le nom


de « Haplislère de sainl Louis' ['v^. \W.\ . >, (]eUe aj)pellalion lui

l'iit donnée siir la l'oi de la légende accréditée |)ai- Millin >


AiiIk/uiIcs
nulnm.ilcs, 17'.)1, l. il, p. Vy2i (jui crut (pie saiiil Louis avait rap-
porté ce bassin dOrienl à la suite dune de ses premières croisades.
(Certaines Irises décoralncs où il avait cru \(>ir des (^lir('-tieiis

persécutés par des Mnlsumaus. avaient l'ortilié en lui cette ojiiniou.


Il s'appujait d'ailleurs sur l'autorité de Pi,i;aniol de la l'Vjrce. auquel
il faisait dire tpie ce bassin avait rie fait |ioiir le baptême de Philiijpe-
Aufjuste, ce qui aurait aiif;nieiilé t-ncore tie près dun siècle l'anti-
quité de l'objet. Or, Fii^-^aiiiol de la l'orce n'avait jamais émis
pareille at'lirmation. Il avait \ ii l'objet à la Sainte-Chapelle du
Château de ^'ince^Iles, où il était i-onservé, et il dit : k Qu'il avait
" longtemps ser\ i au baptême des enfants de l'rance, et été porté
« à Fontainebleau pour baptême du Dauphin qui régna ensuite
le

« sous le nom de Louis


C'est une espèce de cuvette qui
XIII.
« fut faite, à ce qu'on dit, en 897 - ». Piganiol de la Force se faisait

donc l'écho d'une opinion qui, à la suite dune mauvaise lecture de


l'inscription prise pour des chiffres mal tracés, avait reculé encore
l'ancienneté de la pièce, et la faisait contemporaine des derniers
Carolingiens. Opinion qui se trouvait d'accord en cela avec la tra-
dition qui voulait que les objets orientaux conservés au Trésor de
Saint-Denis eussent été envoyés à Charlemagne par le Khalife
abbasside Ilaroun er-Rachid. Adrien de Longpérier, le premier,
lit justice de tous ces racontars, et démontra par la seule autorité

d un examen attentif et dune judicieuse comparaison avec les


monuments alors connus de lui, que ce bassin ne pouvait être
attribué qu'à la première moitié du xiii'' siècle, et plutôt même au
milieu de ce siècle c(u'au commencement.

1. ReiiiaïKl, Moniiinenis iniisulninns Blaciis. II. 12:^. A. de


ilii duc de —
Lon^'périer, Montimeiils arabes, I, itiO. — Lièvre.
Collections célèbres, pi. 17-48.
— Stanley Lane-Foole, Suracenic arts. p. 151-182. G. Mij^reon. Gazette des —
Beaux-Arts, l" semestre 1900.
2. Pifraniol de la Force, Description de Paris, édition de 1712, t. Mil, p. 43,
édition de 1765, t. IX, p. 508.
LKS CIIVRES INCRUSTES 199

Le rebord intérieur nous montre deux grands médaillons repré-


sentanl, entre deux personnages debout, un prince assis à lorientale,
les jambes croisées, et tenant une coupe à la main. Kntre les médail-

lons sont représentés dun


côté six guerriers à cheval
combattant à l'aide de lan-
ces, d'arcs, de masses, de
1 autre, six cavaliers chas-
sant des bêtes féroces et
des oiseaux. L'un deux
porte en croupe un once
apprivoisé. A lextérieur.
une belle frise de grands
personnages, divisée par
cpiatre médaillons renfer-
mant chacun un prince à
cheval tuant un ours, un
lion ou un drag(ui, ;i coups
de lance ou de llèche. Des
ofliciersou serviteurs ap-
portent des armes
ou du
gibier, ou conduisent en
laisse des chiens ou des
guépards dressés. (letle
haute frise est comprise
entre deux petits bandeaux
décorés danimaux si- poui--
sui\anl, recou()(''s à inter-
valles égaux j)ar huit dis-
cpies chargés d'inie lleur de
1 vs ajouli'c à 1 cpocpic mo- l'iK- ITI. — Aif;iii(''re

au iiniii d'uii siilliiii riissnnlidc <lii ^ cincii,


derne.
ail l'LiypIicii, Mir sièelr
lue signature darliste se Musée lies .\ils ilécmalirs .

lit trois l'ois r(''p(''tée, ilissi-

mulée sur le dossier du trône princier, sur la coupe cpie lient le

prince, et sous le rebord du bassin :


h (Hùivre dn inaitre Moliaunuetl,
lils (1 e/.-Zeïn c'est -;V(iire '/.vin ed-din . (|iril Im soil pardonné ».

L'exécution des incrustations d'iii-enl. cloniKininienl eonserv«'es,


la gravure des larges feuilles p;ii' l;i(pielle le^ |i;iii> des visages et
les plis des vèlemenls son! aeeenlues. esl loni ;i f;nl cxhMordinair-e.
20(> M \M I I. Il Ail 1 Ml SI I,\IA\

,1e suis surpris (|ur l>iiii;;|)(-iicr ii^iit |);is al hiclu' (riiii|»iirlaiicc au


caraclrrc des liiiun"- si iicl Iciiiciil lisihlc. 'l'oiilcs ces l'accs porlciil
le I \ |><' Moiii^nl II ni eu II 'Il I iiiai(|ii('. cl hicu f|uc les .M(iii;,'<i|s au di'-bn-

(lu \m'' siècle ne lussciil pas des inciuimis en Mi-soixilaillie. un


niouiiiiicnl, (111 la |)i'c(iccn|)alii>n du Upeesl si ciMislaiilc cl si f^éné-
rale, luc sciuhic hicu iic dans mi inilieii m'i riiilliiencc nK)nj,'-olc

<• I a 1 1 de veii uc
impérieuse dans
une réf,M'>n (ui ils

devaient avoir
depuis quel(|ue
temps déjà établi
fortement leui-

autorité. Mossoul
tomba en leur
pouvoir en 1 255.
.1 incline à croire
(pie le Baptistère
de saint Louis fut

fait à Mossoul, à

une date fort voi-

sine de celle-ci

sinon un peu pos-


térieure, et qu'il
peut fort bien
été exécu-
Fig-. 172. — Plateau au nom d'un sultan du Yenicn. a\'oir

art égyptien, xni° siècle ( Musée du Louvre \ té pour un prin-


mongol. ce
Le Musée Frédéric de Berlin possède un grand bassin de cuivre,
d'une dimension inusitée (0 "' 83 diamètre), et d'une forme
particulière, à bords dentelés et godronnés extérieurement par le
repoussé, qu'on retrouve dans un autre bassin de la Collection
Sarre '
(lig. y est faite en assez larges
154). L'incrustation d'argent
feuilles l'incrustation d'or en blets minces de fers à T dans de
;

petits médaillons ronds. Dans un médaillon central apparaît le motif


chinois de la Lutte entre le Dragon et le Phénix avec guirlandes
de fîeurs et bourgeons. Deux bandes concentriques séparées par

1. F. Sarre, .liihrhiich iler Preiissisrhen Kunslsniniuliiitffcn. 1004. I repro-


duction .
LES CUIVRES INCRUSTES 201

une étroite frise d'entrelacs renfermant une suite de cavaliers


chassant ou combattant el de soldats armés interrompus par des
médaillons ronds avec des animaux.
Les types de personnages sont tout semblables à ceux du Baptis-
tère de saint Louis et dénotent une iniluence monf,''ole indéniable
qui a dû trouver à s'exercer de même au milieu du xni'' siècle. De
plus, une indication intéressante est fournie par les deux emblèmes
héraldiques, l'aij^le double
et l'oiseau de face qu'on
rencontre dans un des
champs du bord, et où il

est permjs de voir des ar-


moiries orlokides ou seld-
joucides.
Il en est de même d un
petit flacon de cuivre, qui
se trouve au Kensinglon
Muséum ( 1 :-598/ 1 888 \ (jui

est décoré d'un aif^le en


relief de face les ailes

éployées. C'est un objet


non seulement du plus
grand caractère, mais aussi
de la plus insif^ne rai-elé,

qu'on peut même dire uni-


que. L'oiseau de face les ailes éployées, comme l"aii;le doubli' i-sl

remblème héraldicpie (|u'on retrouve sur les armoiries des princes


ortokides de la deuxième moitié (\u xiu'' siècle, ainsi ipie sur leurs

momiau's. ()ii peut donc supposer (pic ce i'ui\re t'xl rcmcnienl


curieux est sorti d'un atelier d'une des \illes |)uissantes de la Méso-
potamie septeutricuiale, Keïfa, Diarbekir (.\mid;, Mardiii ou Mos-
soul.
l ne placpiette en bronze vert, sorte d'écusson au Miimc du
Louvre, porte eu relief un ai;;le à deux têtes ipii est aii>»i un
eiublèmc IVéïpuMil sur les inonuaio des /cniiiiidi's et do ()rlokides.
Ch. 'l'exier I "aiirail \ ii jadis si-ulplé dans la pierre aii-desMis d une
des portes de la \ille de Konieh. C/esl oenl ciri' ineiiie la plaque
recueillie au Musée de Konieh. ('.elle même re|ir('-seiilalion de
l'aigle à deux têtes se relronve senlplee dans la pierre des iniirailles
de Diarbekir l't de pliivieiirs \ille> d .\>ie Mineure.
202 MA M II 1> AU I Ml

1 rcs iiiossoiiliciis smil fiudic (lcii\ liirilc-|);u riiiii> <\ liii<lfi(|iic>


|)(irl('s s[iv lidis jiicds ;i\ ce cdii \crclcs ;i)iiiircs en liprinc de coujjoles,
tous deux ;iii lînlivli Miisciim, I un lanciomie ctillecliiMi llcniJerson
(Î8I) ;i\cc (l(> |)<iM>iiii;ij;cs iiinihés assis à rorientale sur des Inmes,
coinnif sur lc> iiioiiiiaies de Saladiii m ll'.M», cl (\o> (trtokides de
Mardiii en I •_*;{(! ; laiilrc faiiciciiiH' collcct mu I Iciidci>i>ii (178 jjor-

laiil une inscn|)l mil en nmi un l'eu (rcnrrr. niai> ;in dehors les
odeurs les plus sua\c>, l'ail rn l'iin (iil 1 2 i.') '.

Les caraclérislifiiu's ni(''(lailli>iis de l'ers à T et de li^-^ures assises


se renconlicnl aussi sur la helle éeriloire passée de la collection
Scliel'erdans la collt'i'tion Uayniond Kn-chlin. et sij^iiée à linlérieur
du couvercle AI)ou-l-Kasiin, lils de Sad, lils de Molianiined. lils de
Djniidi.cl (lal('c de raiiiiée {')i'.\j \'2'i') - de inèine (pie les beaux \

sujets de chasse et de combats, ou les scènes de l'estin ou de


musique se retrouvent dans le plateau creux du Hritish Muséum
(Henderson 706) sur le supiiorl du plateau du Kcii>ing'ton
•',

(917/1884), sur deux beaux bassins et un admirable chandelier


des collections Sarre et Kœchlin ilig. 157 et 157 hi.s- et surtout sur .

le splendide bassin tin Kensing-ton 2734/185(), où se trouve une

extraordinaire chasse aux canards, avec nn bateau monté par trois


hommes, la poursuite d un chasseni- par un alli',''ator ', vraiment
un des plus beaux cuivres qui existent.
Très mossouliennes encore sont deux petites boites de la collec-
tion Paul Garnier, décorées des signes du zodiaque et de cavaliers
(lig-. 155 et 156), deux petites écritoires rondes du Musée du Louvre
décorées d'inscriptions en arrondi et en conlique orné, très fine-
ment beau brùle-iKuluin sphérique en deux
incrustées, ainsi que le

hémisphères repercées à jour, du British Muséum Henderson 682 1 ;

des médaillons renlerment les aigles à double tète, les ailes éployées,
les fers à T et rinscrijjfion donne le nom de Témir Hei'sari, Mam-
louk d'Egypte vers 670/1371, un des émirs les plus puissants sous
Be'ïbars, au nom duquel nous avons vu déjà le beau bassin du
Musée des Arts décoratifs.

Difficiles à classer à une série précise mossoulienne on syro-


égyptienne sont plusieurs aiguières d une admirable forme, dont la

1. Stanley Laiii'-Ponle. N.nvice;i(V .4;-/.s, pp. 20(3.213.


2. Catalogue de renie Scliefer, ii" 131. G. Mifrcon, (razelte — îles Beaux-
Arts, l" semestre 1900: Max van Bci-cheni, Xotes. p. 33.
3. Stanley Lane-Poole, S«rrtce;itc ylr/.s, pp. 214, 21(3.
LKS CLIVRKS INCRUSTliS 203

panse à pans coupés s'orne de ligures incrustées cl"arf,'-ent. La col-


lection Homberg en possède une '
et M"'' Baronne Uelort de
la

(iléon une autre mag-nifique à six pans décorée des signes du


zodiaque, dont l'inscription au col « fait par le pauvre serviteur el-
Hadjadj Mohammed, en lannée 709/1309 » avait été relevée déjà
par Lavoix-.

Fij;-. 17 i. — Seau, art |)t'rsaii, xiv sioolo (lollortiim di- M. .Mu(iau\ .

IV. — Groupe stjr(i-c<jijj)lu'ii.

Ii/)(>(/in' (les M.iinhiiihs^ fin des XIII'\ A/\'' et A \ ''


siècles.

Nous a\()us (lil (pie siii' les i-iiiiu's causées |);ir les dex :islalions
des Mongols, sciait édilié le roNauinc des Manilniilvs imi S\ imc et

en l"]gvpte, et (pie sous son rondaleur lleihars. on pciil aiscinenl


constater une éclipse passagère, une déraillaïu'c des arls industriels
entre I
'_>;)( )
et |-J70.

Deux seuls objels de cuivre sont bien cerlaineiiicnl allribuables


à Heïbars lui-mcnic : 1" les deux lustres ajourés au nom de

1. G. Mifijeon, Les Arts, lOOi. m" :f(i I<a ('ollei-tion de M. II«(ml)ort.'.


•J. K. Lavoix, Lu Galerie nrienlule du Trocinlént; (riizetle tles lienii.r-.[rls
iioxcmhre 1H78.
•_'(»i MAMII. I> Altl Mlvll.MAN

l)Cil),ii> I", (Iniil l'iiii csl [);iss('' (le l;i ci ilicct ion Scluier cIk.-/. M. le

l);iii)ii l'idinond de |{()l lixliiM '. fl l'îiiitrc se lioiivft clic/ M. le

hiinm Niitli.iiiicl (le Holliscliild. ;i \ icmu;.


HicMi (inrllc porlc 1rs litres de Beïhiirs. il seiuhle dillicile de lui

;il 1 1 ihiicr iiiir cdiipe iii;i;;i(|iie en i)iipn/e (\\\ MnM-e i\\\ Louvre, ;ivec

tics in.scriplions l;disni;ini(|ues cl la dale VAljï'Iii, celle dale étaril


bien antérieure à ravèiienienl de lîcïbars au Iroiie. On ne saurait
li'o|) admirer les superbes |»la(|ues de bronze incruslé des [)orles
de la uios(|uée de lieïbars ejlr;i niiiros, datées de l'IùH, et (|ui pas-
sèrent des mains de M. de Saint-Maurice au Kensing-lon Muséum'-.
J^es objets (pii portent des noms de personnag^es de la Cour de
Beïbars sont alors assez, médiocres, comme le plateau de la collec-

tion lui. .André, aux noms et titres d'un de ses émirs Kouloundjak
/aliiri Saïdi. Cependant nous axons i-eniarcpié au Brilish Muséum
(pie le beau brùle-parfums sphérique au nom de lémir Beïsari à la

date de 670/1271, singulièrement influencé d'art mossoulien, était


déjà supérieur aux autres cuivres de cette époque (lig. 160 .

Celte éclipse de courte durée allait être suivie de périodes


d'activité surj)rcnanle qui ont produit en l'ij^'vpte et en Syrie, sous
Kalaoun et ses successeurs, des cuivres si nombreux qui! nous
sera très diflicile d'y faire une sélection. Ici encore les initiateurs
continuent d'être des artistes mésopolamiens, et l'influence de 1 art

mossoulien continuera d'être prépondérant.


C'est un chandelier du Musée arabe du Caire ^, à décor de per-
sonnages et d'animaux, qui |)orte l'inscription : '< Fait au Caire
par Ibrahim de Bagdad, en l'an 668/1269. »

C'est le grand bassin de la collection Pict Lataudrie \ dont le

rebord porte gravée en neskhi mamlouk ancien : « Gravure d'Ali,

lils de Houssain, de Mossoul, fait au Caire l'année 684/1285 », signa-


ture que nous avons déjà relevée sur l'aiguière du Musée des arts
décoratifs.
C'est le superbe koursi en forme de prisme octogonal, du Musée
arabe du Caire, que la tradition dit provenir du Maristan de Kalaoun'^

1. Prisse crAvenin.'s, pi. lâ!S. — Stanley Lane-Poole. — G. Le-Bon. 11^. 76.


(Civilisation des Ar;ibes, fig-. 190. — Ebers, .ligi/ple n. 2S2. — Calulocfiie I, île Ih

collection Schefer, n° 97.


Stanley Lanc-Poole. p. 22 1, reproduites.
2.

G. Mig:eon, Gazette des Beaii.r-Arts, 1" semestre 1900.


3. — Herz Bey. Gazette
des Beaiii-Arls, 1902, 2" semestre, p. ô7.
4. Max van Berchem, \otes, III, p. 21.
Stanley Lane-Poole, Saracenic arts^
5. fig. t7-ls. — Gustave Le-Bon. Civili-
sation, ii^. 289. —
Franz Pacha, iijx. 130. — Herz Bey, Catalogue, salle 2. n° 13,
pi. IIl-H'. —
Ma.x van Berchem, (Corpus. I. A. I, n° 466.
LES CUIVRES INCRLSTES •205

ifi^^. 161 el l(V2i, remarquable par Fabsence de ligures, la prédomi-


nance d'oiseaux et de canards, la présence de médaillons entourés
par des rosaces fleuries, et la rosace centrale de son plateau supé-
rieur avec les belles inscrip-
tions coullques sur champ
animé de canards. Sur le pied
se dissimule l'inscription : « Le
maitre Mohammed, fils de
Son kor, de Bagdad. 728/ 1327.-
L n très bel autre koursi au
nom du sultan Mohammed en-
Nassir, lils de Kalaoun, avec
des compartiments ajourés,
est entré au Musée du Caire.
11 dut être fait jxmr sa mos-
quée '. Au nom du même sul-
tan ! 1293-13411 est un grand
bassin superbe au Hntish
Muséum, un plateau au
et
Kensing-ton 420/1854 et un
grand plateau de la collection
du comte de Toulouse Lau-
trec ^.

-V peu près de lépocpu' du


règne de Kalaoun, à la lin du
xm*" siècle, doivent dater une
série de chandeliers, à pans
coupés, concaves, dont le style
se perpétua, et dont lesalvé- i T."). — iîoiti', art |)t.M'saii, \vi' sii'cli'

oies concaves ont comme pro- Cnilcclion (lo M. 1'. (".ainior).

totypes archilecloniques les

minarets de la même époque el parliculièrt'incnl ^'clui du Maristan


de Kalaoun. ;
XOir Prisse d'Avennes, L.irl ;ir;iln'. '.'>'
vol. l)ou\
taisaient partie de la collection (ioupil.
l u grand thaiidelier avec des ligures de cavaliers dont les
incrustations d'argent smil très bit'ii conservées. ap|)arlieijt à
M. Pevtel-'.

1. CntnlixjiH' tic l'c.fftnxilittu ilcs nrts musnlinitns. ii' l'.'l /)/.<.

2. Staiilt'v I.aiic-I'ddto. Snnucnic iiris. 17. — lier/. Hcv , Culutiniiic . sallo 'J.

n" 12.
'>. (1. Mijii'oii, K.rfiDsilittn des nrlx iniisitliiutns. pi. Iti.
J()6 \i\Mit d'aiii misii.mw

Le Musée de Kciisiii^lnii en possède plusieurs jiiilres lout à fait


reuiar(|u;d)les : I/iiti i!{,'{:i/ IHU'i oll're des ui(''d;iill(iii>i ronds, léj^ère-
uieril eu reliel', (h-cofés de uiusicieus, les luuds sont d(''<-or('-s do
[)oissous. lu autre, d une jortnc cniiense el rare, esl décoré de
cavaliers liWO/ISUT .

( n autre encore. (|ui est non inoui'- vjilcndidc. es] (\rr,tv(' de


cavaliers cl de musiciens du style le |)lus uohie *Jll j \HHi . Vu
dernier, très usé, porte sculenieul des rinceaux I I l!W/IU(>"i .

La hase seule subsistante, d un de ces chandeliers, c(Hiser\'ée au


liritish .Nhiseuni, porte une uiscription curieuse, avec le nom du
(h)nateur à une é<,''lise de la \ ierj^e. à .\ni. et la date de I'2l9, ce qui
reculerait assez. rorij.;iiie de celle tonne de chandelier.
Un petit chandelier de ce fleure. (|iii appartint jadis à Ch. Sche-
fer, est passé dans les collections di' M. le baron Kdmond de
Rothschild <
ih-. KilL.

A partir de léjjoqne du sultan Kalaoun et de sou fils Mohammed


en-Nassir, les monuments de cui\ re incrusté. |pendant tout le

xiv^ siècle et une bonne partie du \\'', \()iit devenir si nombreux,


qu'à moins d'en faire masse et d'en établir le corpus, il est tout à
fait impossible d'en tenter l'énumération.
Il me suiïira de citer les objets les plus intéressants, en les clas-

sant par catég-ories de formes. Rien que M. Stanley Lane-Poole s'y


soit évertué, il me semble impossible, jusqu'à plus ample informé,
et plus stricte observation, de partai^er tous ces cuivres en deux
{,''roupes, lun syrien, l'autre éj^vptien.

Bassins. — Un très beau bassin dont le fond porte des fleur? et

des poules d'eau, et l'extérieur une sorte de six-feuilles entouré


d'ornement losange, a une inscription au* nom d'un courtisan de
Mohammed en-Nassir"-. (Rritish Muséum, Ilenderson, 686.1
Un bassin de l'ancienne collection du duc de Rlacas, au Rritish
Muséum, est décoré des fig-ures assises des planètes : la Lune, Mars,
Mercure, Jupiter, \ énus, Saturne, avec une inscription et les titres

habituels à la Cour d'en-Nassir ^ ( fi^"-. I(î4 i.

Chandeliers. — Un chandelier à forme tout à fait orii^inale se


trouve au Kensiui^ton Muséum i91'2/1844'i. Porté sur trois pieds

1. G. Miffenn. Exposition des nrls lunsiilmans. pi. 18.


2. Stanley Lane-Poole, p. 22. fig. 87.
3. Reinaud, 11, 359, pi. VII. Stanley Lane-Poole. p.— 2t>.
,

LES CLIXRKS INCRUSTES •-X)"

et recouvert de coupoles sur ré[)aule-


menl, il est incrusté d'oiseaux, daralies-

ques. La frise centrale renferme les

titres dun capitaine de la <^arde]Jdes


Manilouks au xiv'" siècle '. Autre chan-
delier semblable au même Musée de
Kensin^'-lon '
i:)Or)/1858 '.

Plateaiix. — In très beau plateau du


British Muséum i Blacas , à décor de
rosettes et de dessins g-éométriques
avec une grande frise d'iiiscriiilions,
donne le nom du sultan (Ihaban -'.
In
autre très grand plateau, du Hril
également , doinic dans sa grande ins-
cription le nom (lu sullan h'aradj, tils

de Harkouk l.'VJS-l ![•_>) •'


lig. ICô ,.

Ces g-rands plateaux destinés à servir


le café étaient posés sur des supports
toujours artistement incrustés d'argent,
comme celui du K en sington (934/1 8<Si i
'.

lÙTihiircs. — (]o fut là un genre


d'objets qui semblent avoir été en parti-
culière faveur en h^gvpte. La forme
usuelle est celle dune boite longue,
rectangulaire et creuse, divisée eu deux
comparlinu'nts pour les roseaux, deux
récijjients |)our" l'encre. Le couvercle
est décore aussi bien à l'extérieur (pià
l'intérieur, de niénu^ (pi(' les parois exté-
rieures. Le Hrilish en possède un très
beau spécmu'u an nom du sultan "Jiaban, (

et un superbe anlre aeliele par l'Vanks


eu liSSi, ce dernier Micnisle d argen' (

de ciiirrc, ce (pu e>.( rare pour

I. Sl.iiilcN l.jinc l'iiiilr, |). l'.l el lii.'.

2. Iteiiiaiul. p. \M\. Sl.itil.'N I.;iii,-

l\)oli\ p. '11.
{i;;. I7(
3. Hi'iiiiKiil. II. p. i ;i. iK.ic.
1. SliiiiJc.v i.aiu' l'.Hilr. p. •_>;.
•J((ÎS MAM I I. I> AHT MISII.MW

les écriloircs. (It-corr sur Imil le [xpuiloiir di-s si^^iic» du /.<)(1i;i(|ih'

(H{^. l'iC» . I II linisiciiu' (•( ritdirc, décjjré de (lix-sc[)l liffures JDuaiil,

hiiv;inl. cluiiihiiil '. cl nu <|ii;itri(Tn(' s;ms lif,'-iirc's. mais avoc <\os

()isc;iii\ Ix'c ;'i ln'c. cl des uni l;i illuii> de l'ers ;i 'I' eu nv. sout il lui

sInIc jiIus \iii>iu (lu ^(Mil dauiascjuiu cl peuveul 1res l)ien, ainsi (|ue

le (Tdi! Slaulev Laue-l*i>()le. avoir été fabriqués en Svrie an d<'l)ut

(lu \iu' siècle sous nue iullueiux' nellemenl niésopolamieune.


l.e i.(uivre possè'de lui (.'criloire dalé de 7(M Kini . el le (lahiiiel

des médailles un maj^niilique au nom du sullau (^liabau. iiU J-Kilt).


.le n'aurais garde d'oublier une ma^MiiHipu' c-iis.sc ;i (lurun en bois,
du Musée arabe du Caire, plaquée de eui\re jaune ciselé, el incrusté

(Kar^enl et d'un peu d'or (fi^^ KiTi. l.a belle inscri[)lion des cotés,

en carac-tères couliques el soulous. ne donne pas la date historique,


l'allé provient sùremenl de la mosquée du sultan el-(ioury. Elle
serait donc antérieure à 1503 -. Une autre superbe caisse à Coran,
très analogue, fui acquise récemment |)ar le Musée Frédéric, à
Berlin (fig. lC)8i.

Une belle clé de bron/e, splendidement décorée d'argent, de la

collection Peytel, porte sur les quatre côtés l'inscription : F^ait

pour la maison d'Allah, sous le règne de notre maitre le sultan


el-Malik el-Achraf Chaban, de Houssaïn en l'année 765/1363 ». fils

Il n'est pas douteux qu'il s'agit de la Kabah, édicule de la cour de


la mosquée de la Mecque. On sait qu'en 766, le sultan Chaban en
fit réparer le pavement. La clé se rapporte sans doute à ce travail
du xiv'' siècle -^

Dans la même collection est enti^ée une seconde clé. comme la

première à poignée annulaire mobile, tournant sur un pivot fixe,


se prolongeant par plusieurs boutons en une tige droite terminée
par quatre crochets pour la serrure. Elle est couverte d'inscriptions
incrustées en or. Celle du bouton à facettes, pivot de la poignée,
dit : « Allah ! porte secours à notre maitre le sultan el-Malik. en-
Nassir Faradj, fils de ton serviteur notre maitre le défunt sultan al-

Malik az-Zahir Barkouk La similitude avec la pre- » 1399-141:2 .

mière clé autorise à croire à une origine semblable, si on veut 1

bien se rappeler que Faradj en 803 avait ordonné de rebâtir la


grande mosquée de la Mecque.

1. Stanley Lane-Po()I(% p. 13.


2. Herz Bey, Catalogue n" 5:, pi. V et Gazette des Beaux-Arts. 1902.
3. G. Vligeon, Exposition des arts musulmans, pi. 18. Max van Berchem, —
Noies. III.
LES CUIVKES INCRUSTES •209

Il t'aiil noter encore que sous les règ^nes des derniers sultans
Mamlouks du Caire, les plaques des g-randes portes de leurs mos-
quées sont toutes dilFérentes de celles qui décoraient les vantaux
de portes de la mosquée de Beïbars au xn!*^ siècle elles brillent :

d'une ornementation splendide où l'argent scintille comme dans le


])lus beau des objets d'usage. Telle est la spleiulidc porte d'Almas
que nous fit connaître Prisse
d'Avennes les belles plaques ' ,

de la porte de la mosquée de
Barkouk -, 'celles de la mos-
quée d"el-(iouri ou de celle
de Talaï Ibn Rouzzik •*. Mais
aucune n'égale en merveil-
leux lra\;ul. en sompluosili'
décorative la g'rande porte
cpii fut enlevée à la mosquée
de Hassan en 1 ;?.")(» pur le

sultan el-.Moayyed pour être


remployée à sa mos(piée.

(hiirrcs (le l;i (hiuuslic


r;iss<)iili(/c (lu )eni('n. —
.liiscpi'à ces derniers temps
loute une série de cuivres
labi'icpiés poui* une dviiaslie
li-ibulaire de ri']gypte, élail j,-j,, ^ — I"'hu'iiii. ai'l (lu l'cndjai)
tiemeurée mêlée à la foule IJrilish Miiscuiii .

iniioinbiahle des e u i \res


syro-égypliens, jusqu au jour où Max van Hercliem, |)ar un soigneux
rele\é de toutes les inscriptions (piils porlent, s"a\isa (pi d |)ou\ail
V a\'oii' là un pelil gi'ou|)e ini|)(irl;iiil <loiil il eoiiNcnail de fairi-

lionneui' à la dvnastie des sullans l'assoiilides du ^enien. (pu les

a\aicnt commandés '.

(jctte (Kiiaslie cpii i-égna |)lus de deux siècli's du milieu du


MU'' siècle au iiiilieii du \\'' siècle i sur l'Arabie méridionale, ei lii

place en I i iC) à celle des Tahirides, est inléressanle, surtout au

1. i:;irl iinilic. xol. Il, |>l. joo.


-'. SI. I,:inf-l'()<)lf, Suniccnic uris, \)\. <.>ti.

:<•. 1(1.. pi. lo-.>. |.l. \y.K

1. Ma\ \iiii Ucrelicm, Ao/c.s- (/'.irc/irii/ix/fV .i/'.i/m', III. Ji)iirii;il .i.sw.i/k/i/c. l'.iiii.

MaM l:l. Il .\ltl Mlsl l,M.^' II.


•Jlo M \M II, 1) Alll \ll vl l.MAN

|»i'ml (II' \ lie (|iii II. MIS (•(•(•ii|)i-. |);ir les r;i|)[)()i'ls ('IrfHt.s (juc riludjaz
(lui ciili-clciiir avec ri';^v|ilc. |)cii(!aiil la sdiivcraineté (les souverains
Maiiiloiiks. l-'A les suii\ eraiiis rassoulidcs les imilèreiil par le faste
(les j^raiids iiioiumieiils el le luxe des arls indiisl ricU ciilreleiius à
leurs (Idiirs.
(!(• lui à ri']\|)osili()ii des ;irls iiiiisiijiiiaiis oi-^aiiisée à Paris eu
1 '.•<).'{, (|iie Max van Hereheni.
Iroinaiil un cerlaiii iioniljre
de ees cuin res réunis, eut 1 idée
d en dresser la liste.

La j.;raiidc ait; iik rc d ii M usée


des arts déeoratils ancienne
eolleelion (iou|)il , li'^. 171 en
esl néeessairenienl un des
nionunienls capitaux '. Munie
dune anse, d un jl;ouIoI el d un
((»u\erele. elle est tlécorée
d inscriptions, de rinceaux,
d'entrelacs, de fleurons et de
personnaj^es. In I a rf,''e bandeau
l'irculaire autour de la panse
porte : <( (iloire à notre maître
le sultan al-Malik al-Mouzal-
lar, lils du sullan al-Malik al-

Mansdur ()niar ». Les médail-


lons ou cartouches renlermenl
des Heurs à cinq pétales qui
paraissent être des armoiries
rassoulides. Un petit bandeau
Viy;. 17.S. — Cafetière,
circulaire à la naissance du col
art de l'Asie (-enli-ale, xvir i>ii win' siècle
(Uiché Saludin. porte : " Gravure d'Ali, tils de
Iloussein, lils de Mohammed
de Mossoul. Fait au (^aire dans les mois de l'année 674 (J'_'75j. »

Pièce ineslimable, j)uisque c'est celle où nous trouvons réunies le

plus grand nombre d'indications épigraj)hiques. La l'orme et sou


décor permettent d'en rapprocher une autre grande aiguière de la

collection Carrand au }>ari;ello.

Lavdix. Gazelle des He;iii.r-Arls. XXXII.


l. ('.Hlnlocfue de — lu vente Goupil.
Il" "/
1. —
G. Miiieoii, Gazelle des lieuiix-Arts. ]'• seiiicslre 1900. — Ma.\ van Ber-
eheni. Xoles, III, p. 17-20.
.

LES CllVRES INCRUSTES 211

I,e nom tle ce même sultan rassoulide du Yemen se retrouve sur

un grand plateau que M. Max van Berchem vit en 1903 entre les
mains d'un marchand de Paris *

Un mag"nifique écritoire, de la forme rectan^-'ulaire oblong^ue


habituelle, avec les inscriptions, les armoiries, les médaillons à
canards, les rinceaux et les fers à T, incrustés en or et en argent,
est au Kensington Muséum (370/1897) un des cuivres les plus
somptueux qu'on [)uisse voir. Un bandeau sur les quatre côtés
<lu couvej'cle porte
rinscription au nom
du sultan rassoulide
Malik M oa y yed
Daoud, et la date de
702/1302 -. Gonlem-
|)(irain de Técritoire
du Lou^'re, il rap-
pelle plut(')t comme
richesse Fécritoii-e
du Cabinet des Mé-
dailles.

Un grand chande-
lier de la collection
Hugues Kraft cou-
vert de rinceaux et

d'inscriptions, donne
le nom de ce même 17!». l'iatrjiii. ail \ i''iiil ii'ii. wi" siècle
•'.
sullan cl idii lie M. Massiimu'au .

l n plaleau d'une
dimension don! M. hclori de (llcmi lit jadis cadeau au
iiiusih'e
.Musée Louvre ilig. 172 dccdrc (U' l'inceaux et de canards, e(
(\u ,

d'immenses inscriptions rayoniianlcs du centre même de la pièce,


donne le nom dn sullan rassoidide ;d-.Malilv al-Moudjaliid \li, liU
du sultan al-.Malik al .\Ioayyed Daoud, lui (|ui i-éunil la gloire

(les deux dignités, celle de l'épée et celle de la [)liMne ». (À'tte

pièce, admii-able (rdl'cl cl de conser' alion, nous donne ainsi le


nom du sullan (pii siiixil \r piH'ci'denl '
. I
'

n chandcliei- ipTa cou-

1. Ma\ van lU'iciiciii. \nlcs. III. |). io il.


2. /(/., p. 17-18.
:<• /./., .Vo/c.s-, 111, |). is.
i. /</., Xolcs. III. p. (il.
•_'
I J MAMI'I I) Alll Ml SI I.MAN

SCM'NC M"" l;i l);iiiiniic hclml de (ilciui ;i\cc un ^mmikI ItiiiidiMii cir-

ciilaii't' Jiiildiir (le l;i l),i-r (Iniiiic cncnrc le 111)1)1 (le ce nit-mf siilt;iii.

l 11 Mulrc ^imimI |)l;ilcaii clic/ M. I'icl-I,;il;iii(lric. i\rciivr <\ iiiscn|>-

liuns. (le c;irliiiiclic> cl (\c niicc;iii\. ;i\cc un l;ir;^c l);iii(lo;iii cii'cii-

hiii'c iioi'lc iiiic iiiscn|)|i(>n .111 iiiijii (In v'.ilhin r:iss(iiili(lo. Malik
Aidai c'l-AI)l);is '.

I']iiliii un |)lalc;iii de la ci ilicci h m ilii^^iics krall. déçoit' (\c rin-

ceaux, de canard-, de Icrs à T. cl de chasseurs à cheval dan- des


ni(''(lailliiiis |)(irle un i^rand handcan cii-ciilairc a\('c I iiiscri|)ti(Hi au
nom du Uasside koll) ed-din. (|ue son
« ('•h'x alion soil dural)le » ;

il sa^il ])i'nbaljlciiieiil d un ionclioiiiiairc à une des (]ours rassou-


lides du xin*" siècle -'.

Que conclure de ces dillcreids Iciiioimiaiics scieiilili(|iiemenl con-


trcMcs parun oricnlalisie aussi ('inincnl (|ne Max \aii IScrchein?
Pouvons-nous su])j)oser ([ue nous nous trouvons en lace d une Mcole
du Vemeu (ainsi que le pensait' M. Casanova qui la rattachait à
rKcole svro-égyplienne)? Mais voici que la jurande ai;,''uière du Musée
des arts décoratifs (document considérable nous révèle quelle fui
faite au Caire, ce qui nous confirme les relations étroites des deux
pav.s, et les commandes que les sultans rassoulides du Yemen pou-
vaient faire en Ég-ypte. Elle nous fait connaître aussi le nom dun
artisan de Mossoul, augmentant ainsi la somme de témoi^niag'es qui
nous confirment le succès cl liniluence des artistes mésopotamiens

dans toutes Cours des sultans d'I'If^ypte, de Syrie ou dYemen.


les

Et les pièces que nous avons étudiées à la suite de lai^uière prin-


cipale, d'esprit essentiellement syro-égyptien, n'apportent toutes
que des éléments plus nombreux et plus forts de certitude sur celte
question cjui du moins semble bien tirée au clair.

Groupe persan des XIV' ef siècles. La Renaissance méso- W" —


potamienne du xn"" et du xv'' siècles qui inspira, ainsi que nous
venons de le voir l'Ecole syro-ég^yptienne, sous les sultans Mam-
louks détermina, semble-t-il, à lEsl, une nouvelle h'cale pers/me
qu'il semble assez difficile de relier au i^roupe primitif de monu-
ments de la fin du xii*^ siècle qui a été notre point de départ, et
qu'il est peu commode d'amorcer à une époque bien ]îrécise en
l'absence de toute inscription qui eiil pu nous donner un nom ou

1. Max vaii lîerclioiii, Xoles. III, p. (iS.

2. Id., p. 86-90.
LES CriVRES INCRISTES 213

une date certaine. Il semble bien pourtant qu'à un certain nombre


fie caractères communs qu ils partagent avec les cuivres de Mossoul,
les cuivres que nous allons examiner doivent dater du xi.''etdu
XV'- siècle et que cette l'xole ilorissait en Perse, sous la dynastie
mong-ole corresj)ondanl ainsi à Fl'cole éf^yptienne des Mamlouks.

Fi^'. ISO. — l'ialcaii, ail \ l'iiil ii'ii. \\i -^ii'ili'

i(;<.lk'c(inii (!, M. C.liahiM.Ti.-s-Ai'l.'s .

Nous en a\(>iis (''liidu'' le slvic pai'l iri'lici' dans la discussiou préli-


minaire de ce chapitre.
Une des pièces les |)liis rciuarcpiablcs {pu* nous connaissions de
celle série, es( une f;iaii(l(" lioilc (ichx/on.i/c ilii Mii>cc du I.oii\re
(lig". 171^) à paiiN coiiitcs, (h'-rort'c trinscriplioiis cl de médaillons île

cavaliers; le couvercle de même roniic ol lioiubc dan^ la forme des


214 MAMII, DAHT MI^IIMW

<'uii[)()k's li;il)ihiillc> ;mi\ inumiiiiciils de; I;i l'orsc. Le travail (le cise-

lure el (le (iiÉm;i>(|iiiiir \ csl (rnnc cxl iMordiiiiiire liiiesse. ( ne l)f)ile

analof^ne a|)parleii;i:l ;i M. Lcmi l)rii ' ;iii |<)iirilliiii ;iii l.uii\ic

l'ii >c;mi (je la imnic ciimiihc. |ii()|ial)lemeiil \iv'' siècle, dé'corc* de


grands nlédad^)il^ idikI.- (mi (I(> |inn('es assis à rorientale, re(;(>i\enl
les h()nima},''es de snjels dehoiil, ollVe d l'-lroiles Irises d'inscriplidns

aral)es recoupt'es an cenli-e de cur.iclèrcs jicr.s.ins, senlevant sur le

l'ond de fers à T bien connu des enivres de Mdssonl icfilleclion de


M.Muliaux)'-^ (^lf,^ 17i).
l'n lorl beau chandelier (lé((>r(' de petits nK-dailions de cavalier>
entre deux hautes inscriptions |)rotocolaires aux titres d'un sultan
de Perse ou d'Asie (centrale collection l'.dniond (ini-rin el un

bassin (m(}me collection) où ces nu-nies inscriptif)ns sont recoupt'cs


de caractères coulicpies, oirrenl dans des médaillons des scènes inli-

ninient curieuses de la \ ie persane. Les personnajtfes sont dune rare


élég^ance el ^^roupés avec un art j^arlail. Ce sont des scènes de la

vie de Cour, réce|)lions et fêtes, avec le souci de faire intervenir


dans les fonds des détails de nature. Heurs ou oiseaux.
Cet art du cui\re damasquiné se poursuivit lonj;tenips en Perse,
mais il tendit de plus en plus, comme c'est la loi. vers la finesse

el l'adresse, au détriment de la force, et de la lar^ciii- de style et

d'exécution. Le f.;oût de la nature était en outre devenu de plus en


plus vif en Perse sous la dynastie des Séfévis, et les artistes savaient
lui emprunteréléments de plus en plus vrais de leurs décorations.
les

On peut s'en rendre compte avec une petite boite à couvercle


bombé de la collection Paul Garnier, incrustée en arj,''enl de rin-
ceaux llcuris au milieu desquels jouent des animaux, chats sauvaj^es,
lièvres, antilopes, et qui est le plus délicat cuivre jiersan du
xvi^ siècle qu'on puisse voir. Presque tons les détails décoratifs
de cette petite pièce, nous pourrions les retrouver dans les pag-es

des beaux manuscrits persans, sur la panse des belles bouteilles de


faïence à reilets où triompha lart merveilleux de ce beau xvi'' siècle.

D'un charme analogue est une petite chope en cuivre gravé et doré
décorée de fleurs, de palmes et d'ornements, tous analogues à ceux
d'un beau tapis d'Ispahan (collection Paul Garnier) [iig. 175).
Plus tard, l'art du cuivre en Perse ne produisit plus que des
pièces de plus en plus froides, d'une gravure très précise, mais très

1. G. Migeon, HdjiDsilinn des nrls nuisiiliuitus. Catalocjne iv n4. Allmm.


pi. 2-2.
2. G. Mij^eon, Ej;j)oxilioii des arts iniisitlnians. \)\. 10.
LES Crn'RES INCRUSTES •2\')

rigide, sans fantaisie, et limitée à un très petit nombre de motifs


se répétant avec monotonie, g-ravés sur des fonds niellés de vernis
noir.
J.une des plus belles pièces de ce xvn'' siècle persan est une
vasque en forme de nacelle, terminée à chaque extrémité par des
têtes de dragons (collection Edmond de Rothschild *, ou ces très
nombreux chande-
liers à fûts droits,

décorés de che-
vrons ou d'inscrip-
tions gravées sur
un fond de \eniis
noir ffig. 17<) .

De cette lù'ole

persane des xiv*",

xv^ et xvi'" siècles


se détacha V lù-ole
hindoue dont il

faut étendre les

ramilicalidiis aux
khans de l'Asie
Centrale, particu-
lièreniciil celui de
Bokhara, et aussi
V'vj:. 1M. l'ial eau. aii \ iMiit ii'ii. \\i' sii'olc
à la vallée du Ca- MusL'C dfs arls iiKlustrii-ls à A'ii'iini' .

chemire.
Tout à fait exceptionnel dans ce groupe est un ilacon plat en
bronze vert, avec deux anses à forme de bouquetin, où se ressent
toute l'intluence persistante en .\sie de cet art Sassanide. où let
élément déi-oratif intervient sans cesse dans les pièces d'orfèvrerie
(un bouquetin d'argent de l'ancienne collcrlion Tieschievicz est au
Musée du Louvre). Sur la pause plaie du Ilacon, une IVise l'ii-eu-

laire porte une inscriplion ineiiislt'-e en ai-geni sur de>. finceaux.


Cette pièce nnnpie es( inscrile an Hrilisli Mn^euni, coinnie origi-
nairedu Pendjab à la lin du \n'' siec'e lig. 177 ?

Mais énorme quanlile de pièces l'onrnies par


1 i-e i^roupe consiste
en plateaux, en bassins, el snrioni en aiguières et en cafetières

I. G. Mifjeoii, Frpnsilimi ili's urls luiisithiniiis. pi. 2.").


216 MAM II DAItl Ml SII.MAN

(i;il;iiil (les wiTCI wiii'' siècles. Ja's iiiu's ;i .'nnlc de ciun ic lotinlc.
naNJnil (|iriiiic dcci ii;il ion j,t;i vi'c sans nulle uk riislalioiis (rarf^ciit
soiil >oii\('ii( riicorr Ar l'iii-nirs assez, iiohies ou ('•léffaiites, avec de
beaux im Mi\ciueiits danses, el ruiciil lahi'iiniées à Samarkaïul ou à

Holvliara : les aiil res, à l'onle de cun l'e cliarj^c'e d'élain. j^ra vées, rai-e-
iiieiit daiiias(|uiiiées li^. 1 78 , avec des orneineiils parfois ajourés,
sont de inalièrc laide, de l'ornies sèches el niaif^res, et d une déco-
ration exti'èinement pauvre, ce sont surtout les pièces l'ai)ri<juées

dans riiide el au ( laeliemire, aiiMpiels M. de I ji'ah v a l'onsacré un


li\re dun dé\eloppenu'nt excessif', l'oiil ce groupe dailleurs ne se
reconiinande pas plus par la beauté (|ue par riiitérél historique, el
ron nous pardonnera da\()ii' été si bref à son endroit.

Nous ne nous ari'élerons pas (la\anta^e à toute une série de


cuivres jj-ravés et dorés, composée surtout de bassins, daif^uières
et de cafetières, trouvés en g'rande quantité en Turquie, qu'on dut
fabriquer au win"^ siècle en .Asie Mineure et peut-être aussi à Gons-
taiilinoplc. Ces pièces du moins ont presque toujours une «grande
beauté de formes, et la dorure usée y a pris un ton admirable.

C'est vraiment, en matière vulgaire, une des plus belles orfèvreries


de table qu'on ait créées. La collection de M. Piet-J.ataudrie, en
possède une suite tout à fait remarquable -.

Les cuivres vénitiens. —


Il n'est pas douteux que des objets dun

art aussi charmant que les cuivres incrustés d'Orient, naient trouvé
en Europe des marchés tout ouxerts. Il est certain que même avant
les Croisades, les monastères occidentaux recevaient des bassins ou

des boîtes en cuivre dont ils faisaient usag"e. Le moine Théophile


en fait déjà mention. Le mouvement dut être plus accusé encore
à une Cour comme celle de Frédéric II, qui était presque celle
d'un souverain oriental, et qui employa tant de mercenaires arabes.
Ces troupes tinrent f,''arnison dans certaines villes de l'Italie où bien
des traces de leur séjour ont subsisté Lucera s'appela aussi Nocera :

des Païens; Pise, durant une bonne partie du xiu*^ siècle, avait un
quartier oriental, le Ivinsica à Ferrare, il y avait une via Saracena
; ;

à Gênes et à Florence il y avait de vrais bazars orientaux, et l'on


sait qu'Amalli dans le sud était le grand port ouvert sur l'Orient.

Mais ce fut surtout \'enise dont les intérêts en ()rient étaient

1. Lea enivres du duliemire, par M. de Ujfalvv. Paris, Leroux.


2. G. Migeon, Exposition des arts miisulinaris. Cutalogiie, n"' 195-210.
LES CIIVHES INCRUSTES 217

considérables : ses colonies s'éparpillaient en Turquie, en Grèce, en


Palestine. Elle avait des traités avec FEgypte et la Syrie, et leur
offraitun échange de privilèg^es. Le Fondaco dei Turchi existe
encore sur le grand canal.
Cette cité presque orientale l'ut le centre du travail du métal à
la façon de TOrient; mais les objets qui sont sortis des ateliers
vénitiens en portent la marque bien personnelle ; les formes en
passant de TOrient s'y sont épurées et disting'uées, elles ont plus
de finesse et de délicatesse. J^a décoration s'en est sensiblement
modifiée ; on n'y trou-
ve plus de médaillons
à inscriptions ou à ar-
moiries musulmanes,
mais des écussons eu-
ropéens. L'incrusta-
tion d'arjL,'-enty est |)lus
modérément employée
et même fait sou\cnt
défaut. Le dessin est
indiqué par un léger
et fin relief de lig-nes

et non par l'opposition


des deux métaux. l']t
quanti il y a incrusta-
tion d'argent, elle se
fait en filets excessive-
ment minces et gri|)-
pés. I'"i^. iSli. I,aiM|)0 i\c in(>s([ULH', cuixre ajoiii'é,
provt'iiani lie la ni()S([U(!'e ti'Oniar
On a jadis donné à
à Jénisali'in (Musée du I.iuni-e V
cet art de \ Cnisc, le

nom (Tai'l des .V/./.imiiiisIcs. Don \cnail celle ap|)cllalion?


La colleclion du marcpus 'i'ri\nl/,io ,"i Milan possède un l'ollVcl

d'acier, décoré d'arabcscpies incrustées en or, qui est bien ancien-


nement connu. Dans le fond de la casselle, sur une légère phupu*
d'or se dessine une planisphère en l'orme de cienr. An ('(nnci-ele

une carte de lllalie el des risiigcs \(ll^Mls, damastpiniee en or. el

sur la corniche une insenpiion : < Lanins ageininius faeiehiil . A


la lin (In \\ in'' siècle celle easselle r[;[\[ eiiire li-s mains d'un eerhini
Meneghctti, marchand au l{ialli>, e| ('.;ino\a (|ui la eoiinai^sail la

prônait comme une merveille.


.

218 M.\N(i;i. DAlil Ml SI I.MAN

Un «•l;iil i"<'l Jij^ciuiiiius ? l*]liiil-fe l;i un nom <l";irlisle, une iii(Jic:i-

Imii (I on^^iiic, nii UNO infifcssinn ? l/iihl)!' M;iuro Boni :i préleiidii


<|iic lu [aciiic (lc\;nl clic ( iliciiinic, \iII;é^c <\\\ M ihiiiais. et fiu il v
r,ill;iil \iiir un iKiiii (I niit^inc. 1' r;iii('fsc<»iii ;i prc-lciidii (|uo (•"(•tait un
iiiuu iii(li(;ilir (le iiH-licr. Mil arabe, la Perse se disant el Af^em. on

en avait lir«'' " laxori alla ;,M'liiiiiia. on alla ^^cinina. on encore ail
A^eininia, ail a/./iinina • i-l il noinniail l'aoln i{i//o. orlVjvre véni-
tien, coninie aiitcnr prohalilc de la caNscItc.
M. Ileiiri ].a\<>i\, le dernier (|ni se soit o((U|)(> de la cassette
d acier nu ruste d'or de la colleclioii Tmiilzio. v trouva le prétexte
de r(''tiide si intéressante el si iieuxc. (|u il consacra aux cuivres
iiicriist(''s de \'i )nciil '

A r(''po(|ue où ce j;eiire de tra\ail comiiieii(,'a à être ])ratifpié à


Venise, les artisans durent être des Orientaux, et parmi eux le |)lus

fameux fut ce Mahmoud leKourde dont nous retrouvons le nom


si<;né sur lui très },'-raiid nombre de cuivres connus, el qui était en
Italie le véritable héritier des traditions mésopotamiennes.
(n beau plateau du Kensino-ton Muséum porte son nom "-'.

(il autre beau plateau de la collcclioii de M. (Ih. Maniiheim,


])orle aussi sa signature dans une étoile au centre de la pièce •',

ainsi qu'un bassin du Trésor du Chapitre de (^iAidale en Frioul.


L'n pot à anse, c('>lelé, dans la collection de M. Paul (iarnier,
porte la sipialure « j^-ravure du maitre Kàsim ».

La présence d'ouvriers musulmans à \'enise est encore attestée


par le caractère nettement persan de deux chandeliers qui se
trouvent dans la collection du D"" Sarre à Berlin. Et cependant
l'artiste persan qui les travailla à la mode de son pays, était obligé
de travailler pour l'ég-lise, puisqu'il y ajouta des écussons réservés
sur la pièce même, avec une croix -}-. Ils provenaient de la chapelle
des Colleone à Tiene près de Vicenze.
Mais les purs Orientaux ne furent pas les seuls à être attirés par
léclal delà Gourdes Doges; il en vint sans doute d'ailleurs puisque
dans un grand ])lat de cui\ re incrusté, avec des médaillons d'entre-
lacs, qui se trouve au Musée d'art et d'industrie à ^ ienne, on trouve
la signature d'un certain « Nicolo Hugina Greco da Corfu, fecce
1550 », plateau d'ailleurs d'une [jerl'ection inimitable lîg. 181).

1. Lavoix II. Les Azziniinisles, Gazette des lienux-Aris. l" semestre 1862.
.

2. Stanley Lane-Puole. .Sa r,-ice;iic ar^s. p. 20,"}. fijr. "9.


3. Exposition des arts musulmans, 1903. Catalogue n° 215.
LES CUIVRES INCRUSTÉS "219

Il existe au Musée du J. ouvre, un objet tout à fait singulier, qui

n'a pas son pareil, et dont nous devons nous occuper en dehors
de toute série. C'est une lampe de cuivre très bruni, ajourée \
mais faite d'une feuille si mince que le moindre heurt la déforme-
rait. De la forme habituelle des lampes de mosquée en verre
émaillé, destinées à être suspendues par des chaînes passant par
des bélières, elle est entièrement repercée à jour sur ses six zones
horizontales, chacune comportant un système de décoration diffé-
rent, qui par son style se rapprocherait assez du xii*' siècle.
Provenant de la mosquée d'Omar à Jérusalem, elle fut rapportée
en France et offerte au Louvre, sur la demande de M. de Saulcy,
par M. de Harrère, consul de France à Jérusalem fij^'. f82).

HIIHJOdHAlMflI-:

Lavoix II.i, Lci< Azziitiiius/i>)i {(inzctto ^A's lirnu.r-Arts , f8r)2, i'"'

semestre ).
Casanova iPaul), Dciixii'inr (Wposilioii di's pciii/r<'s (trioiit.'tlislcs fr:in-
*
çais. Paris, Lahurc, i89^j.
Stanley I^at^e-Poole, S!ir;icpnir arl^i. Mft.il W'oik, p. 180.
Hehz Max), Calalofjue du Musée (l'art arahe au Cuire. Métaux, p. 3.'^.

MiGEON (Gaston), Les cuivres arabes {Gazette des Beau.r-Arts, 1S'.)9,

2" semestre).
Van Berchem (Max), Xoles d'arr/irnlot/ie orienlale. /.es ctiirres ar;i/>es
elles verres [Journal asiali<jue, 1904, tirage à pari .

Martin, Altère Kupferarljeiten aus der» Orient. Lt-ipzi;;, 190-J, t vol.,


texti>-alhiiin 7i pi.
1

1. I.nuji'pt'i'ier. .\r(li('t)l()(ji<' orienlule cl iiii}nii iiicnl.'i unihes, t. I, p. iâ6.


CHAPITRE VIII

LES HUONZKS, LE FER

Sommaire. — Fontaines, {uiiiaiiianiles et brûle-parfums. —


Vanlaux' de portes.
— En Espaj,'nf. — En Éj;-vi)le. — Les iniioirs. la ferronnerie.

Quclque.>^ niouumenls de hron/e remédient Irè.'^ hcureusenienl à


rextrème rareté des monuments tie seulplure ])ure, el nous |ier-
mettent de juj^er en quelque sorte du sentiment plastique des
artistes musulmans. Quelques-uns de ces bron/es peuvent, à peu
près certainement, être attribués à cette splendide époque des Fati-
mites, qui dura deux siècles, du milieu du x*" au milieu du xu'' siècle.
Ce ne sont que des épaves, qui nous font d'autant mieux regretter
Tabolition de tant d'objets monumentaux ou ixtrlaliis qui sortirent
alors de ces ateliers de fondeurs.
Nous ne connaissons, h vrai dire, (|ue deux (y])es de ces bron/.cs,
les pièces à destination de fontaines ou d'aquamaniles, el les brùle-
parfums.
Le monumeni le plus fameux est le célèbre f^ri lion de bi-on/.e île

Pise, liant de I -"(l,"), el liuif^' de (('"(S;"), (pii se trouve actuellement


exposé au milieu des sculptures, sous un des portifpies du Campo
Santo [û^.^
La légende, accréditée par les ncunbi-eux historiens
IH',)).

qui s'en sont occupés, nous apprend (pTil aurait été a|)|)orté d'I^gypte
en Italie |)ar le roi .\maur\, aii lcm|)s des ci-oisades. Il a le cor|is

d'un Ikui, cl la trie d un aigle. Sui' la ci'ouiit' est jclée une Imussc
à laquelle sont susjiendus sur les cuisses et les articulations des
épaules, cpiatre écus décorés de ligures d'aigles et de lions. Le |i(^i-

trail est garni d nnc l'oljc de mailles, cl deux ailc> ^ fploicnl aii\

épaules, hérissées de pennes bouclées. (Ici le bctc d nue si liére

allure et d'un si beau caractère, est tle l'clles (pinii n'oublie |)as.

Mamis dclails de la deeoral ion gra\( C nous ramènent eni'ore à l'i't

art lalimilc, (dmnic ces roues an\ arl iciilat ions des l'panli's, cpi'on

1. Lanci. Trulliiln délie siinholirlie miipresenlunze .i/'.i/iiV/ic. l'arisi, isi.i-


1S46. — Et Roiiauil de Fleiirv, Àloiiiimenis ile Pixe.
222 MAM II, l> AHI Ml >-l l.\l AN

relroiivf sur (|iicl(|iic'- iniM-cs de ccl iiil. cl [laiticiilicrcriu'iit (hiiis

les l'Iollcs.

l'ii ci-rrcii l)i'(iii/c \(Tt O'" J7 (!< ImiiI >ui-n"':{(( (le Ion;; . I;ii-;iiil

Fij;. \x'.i. — (irill'ipii du (^anipo Santo de Pise. arl t'atiiiiiti". \r-xir' siéclo;
Cliché Alinari.

partie des collections du Musée National Bavarois à Munich, qui le

reçut en 1899 de lantiquarium où il avait été versé en 1868 avec


les collections du roi J.ouis I'''" de Bavière, vient siiioiiler à cette
\

LES BKONZES, LE FER •223

série des bronzes fa limites '


ilig-. La tête couronnée de hauts
184).
andouillers, la partie postérieure du corps légèrement all'aissée sur
des jambes assez courtes, il porte aux articulations des épaules la
roue traditionnelle. Il a le corps j,''ravé de j.,'-rands rinceaux et d'ara-
besques, et son
cou est entoure
dune inscri|)-

tion coulicpie
banale. CJuel-
ques traces de
bi'isure permet-
tent de croire
qu'il portail
une anse ratta-
chée au cou et

à la croupe, et

qu'il devait ser-

\irainsid aqua-
manile. Nous
aurions |>eu(-
èlre ici la plus
ancienne l'orme
decct ustensile,
et ce serait alors

les Arabes rpii

en auraient
transmis l'idée
aux Chrétiens.
<jes derniers
auraient \ ulga-
risé au moyen
l'i;;. Is i. Ccvi\ iiil latiiiuli'
àf^e, d'abord à ;^l,i it''i' Xalidiial HavaiMiis di- Miinicli
I époque roma-
ne, ce }.;'eiirc d"ol))e(s, (piOn a dnn leinu' trop Imiiliil lidcMi^iu- du
nom de ili ii;i ik/ciics lig. I S.") .

IjV, Musée de (lordoue possède un cheval de bronze ' i


|)lus l'ounu
sous ra|)[)ellaliou de ccvï (pie sa l'orme ne parait pas lui mériter
<pie Ciitaull (le l'range\' dit avoii' \ii jadis au conxeni de San Ciero-

I. (î. Mi^'i'oii. (jiizftli' (les lii'iiii.i-:\ils. juin l'.'Oô.


-- t MVMII. Il AKl MISII.MW

iiiino |iic-. (le Coidniic. dii il i'iil icciu'illi ;i|)i-(-> (|ii'(iii l'ciil décoii-
^t'il 'laii- Icv iiiiiio \MiiMiics (le .\Ic(liiM'l-c/.-Z;ilii;i. I;i ville fi'.Alxl

(i'-H;ilnii;iii III, il v srr\;ii( sjiiis (l-mlc de l'(iiit;iiiic <l;ms une do


cours (In |i,il;u>. Smi (mimcI cic r;i|)|);ii-i'iil(! aux (Il'u.v bronzes précé-
dents; une (•oiniiiiiiic (ui^inc ne scr;iil conlcstable qu'au cas o:"j des
oiniicr.s iii;d)i'> ;iiii;iicii( ('le ;ij)|)clcs cl cdiiqués à lacour d'Ahd er-
Halunaii III, pour v
ral)ii(|ii(M<lcsol)jols

de hronze, cl ranj,'e-

ni c n l anal()j(ues
dcspril à ceux qui
pou\ aient alors sor-
tir des ateliers d'I']-

gyple ou de Sicile,

au milieu du x*" siè-


cle, pays qui con-
nurent alors simul-
tanément, sous les

mêmes princes, une


égale floraison ar-
tistique.
l']t c'est peut-être

plutôt à la Sicile

qu'il faudrait ratta-

cher le bel aquama-


nile de bronze en
l'orme de paon, con-
Fi^-. 1S5. — Clu'val du Muséo de Coi-doue.
(in du x' siècle.
servé au Musée du
J.ouA're, tpii lui étu-
dié jadis longuement j)ar Adrien de Longpérier llig'. 18()i. Ce paon ^

a la tête surmontée d'une aigrette, cl un oiseau de proie ou gerfaut,


en lui attaquant le cou, a ainsi fourni la forme d'une belle anse
creuse qui permettait à l'eau de couler jusqu'au bec de l'oiseau.
Sur sa poitrine est tracée une inscription bilingue :

+ opus Salomoms erat ^

Et en aral)e :

I AIT F'AK AliO 1:L-MALIK I.I: CHRETIEN.

1. A. de Louj^périer, vase araho-sicilien de Tivuvre Salomon, Archéologie


orientale, l", p. 442.
2. L'œuvre Salomon désignait au moyen âge les travaux dune grande habi-
leté, Salomon étant considéré comme un modèle de sagesse.
LES BRONZES, LE FER 225

La ligne latine précédée dune croix olfrc des caractères à formes


grêles, appartenant au xn'' siècle. La déclaration formelle de reli-

gion de Tartiste, n'aurait pu se produire dans un pays profondé-


ment islamique et fanatique. Peut-être faut-il y voir par consé-
quent, une origi-
^SBfafrJiinipy 3«Bnp.j-
ne sicilienne, les i:i^r'MSBgmsm«miiià)m*mmm
princes dé Paler-
me ayant été to-
lérants aux deux
religions.
De même ori-

gine serait peut-


être alors un lion
en bronze du Mu-
sée de Cassel '

(fig. 187), aqua-


manile ou pièce
de fontaine, qui
porte gravée sur
le dos une inscrip-
tion en coulique,
(pie Max v^in Her-
chem attribue au
xn** siècle, peut-
('treau xT' « (ruvre
(le Abdallah......
le dernier nml par
la disposition de
ses lettres prèlaiil
à une trcnlaiiic
(le combinaisons l'i^- li^'i. — l'aou-iKiiiimianili', ai'l tiitimilo
(pii en rendent la i
Miist'O (lu I.niivrc .

Iccinre dontciisc.
n Serviteur de Dicn " est nn nom iVcMpicnl clic/ les nouveaux
convertis. Il faudrait pcnt-flrc \ \(tiinn iico-innsninian. ipii aurait
Icnu à conserxcr son aiuicnni' cpialil" clircticniu', i-oinnic >ni' le
l'aon du l.ouxrc, les inscriptions des deux pièces axant d ailleurs
certaine similitude (''|)igra|)lii(pie.

I. Ci. Mi|;c(.ii, (iizi'llv (1rs l{r;i ii.rA ris, mars l'.iOil.

Mani;i;i. dWut misilman. II. 15


,

•_'•_»( I

l.c Milice (lu l.iiiix rc ;i ;i((|iii> il \ ;i (|iic|(|iic> ;iiitn'es iiii oiseiiii

(le l)r(iii/,i' ;i lonnc (\r /)crr(Kfii(>l *


l\<^. IMX , doiil le fios se leviinl ;'(

(•liarinérc el iijoiuw'. iii(li<nic hicii (iiiil lui ;i rlcsliii;ilif)ii clo hrùle-pHr-


liini>. Aiil (lu coii une iii-(ri|)l ii m i);iii;ik' : " Piiissjiiifc dunihlc.
(lurcc el le^nc •. Les riiu-e;ni\ jijoiiivs ou j,M-avés qui le <lc'Cf)reul

seniljleut (\c style é^yplien, el l:i n;ilure des lettres ne permellniil


j^uère d iii(li(|iii'i' une (l;ilc .iiilc-iiciirc ;'é
I I .S(». (|;i[c de linli'i iduclimi
(Il ll^ypte. avec
S;ila(liu, du ea-
l'actcrc arrondi

nasklii . Nous
aurion> là un
ohjet de bronze
de I époque où
rKgypte des
Fatimiles allail

passer au \
Ayoubites. l'n
oiseau de bron-
ze assez analo-
g'ue se trouve
dans les collec-

tions de M'"" la

comtesse de
Béa m, deux
autres moins
Fi^'. ls7. — Lion, arl faliinili' Musée de t^assel décorés d orne-
ments gravés et
dun caractère plus banal, au Hritish Muséum el chez M. Octave
Homlierg.
Le beau lion aquamanile en fonte de cuivre, qui fut trouvé en
Espagne, à Monzon près de Palencia, par Fortuny, et qui est passé
depuis lors par la collection Piol a\ant d'appartenir à M"- Louis
Stern - (iig. 18*Ji, se trouve au point de vue de ses origines dans le

cas du cheval de bronze du Musée de Cordoue, qui lui est sans


doute bien antérieur, son caractère le rattachant aussi à lart qui
ilorissait dans le ba'ssin oriental de la Méditerranée, sous la dvnastie

1. G. Migeon, Gazette des Beaux-Arts, ^uin lOOô.


2. G. Migeon, Exposition des arts iniisubnans. 1903, pi. '2~.
I.ES HRONZES, LE FER

(les Fatiniites. i.a crinière arrangée eu coiirlies sym(''lrif|ii('s. comme


sur les antiques sculptures de l'Assyrie, la queue articulée terminée
par un large lleuron, le corps g-ravé crornemeuts. i! porte sur le
dos et sur les C(')tés une insci-iplion coulique Bénédiclion |)ar- : <'

i'aite, bonheur comijlet. lu lion laquamauilc tout à l'ait sem-


•>

blable a été acquis tout récemment par M. Salting à J.oudres.


Cette' même tr<)u^aille de Monzon
près Palencia, où se tr()u\ait un châ-
teau arabe l'uiné, cpii était tombé au
début du \i'' siècle aux mains des chré-
tiens, révéla un mortier de bronze cir-
culaire à douze pans cou|)és prisma-
tiques. Deux tètes de lions de\ aient
sei'vird'anneaux de suspension ou de
poig'nées. I.e pourtour était décoré de
fines arabesques gravées, mêlées d'oi-
seaux et de quadrupèdes, lue inscrip-
tion répétée dit « Bénédiclion com-
:

plète et bonheur croissant, prospéiité


de tout geiu'e, situation sociale éle\ée
et heureuse pour son possesseur' ».

On peu4 également mettre eu doute


l'origine maure d'l']spagne, d un mor-
tier de bronze de ce genre, beanciuip
d autres avant (dé IrouNc's en ()ncnl; V'iy:. I,s,s. — l'iTi-ii(|iiol

l'un des plus beaux (Manl sans (huile le 1)1 ùlc'-parrums. arl i'-f;\ plieii,

morlicr ipii lui exposé en WHVA ;iu


XII sit'clc Mus(''C(ln I.huvih'

l'a\ ilhin (le Marsan '".


(^erlains, cdinine
nous le \crr()ns, oui i'e(;n nue incni>lal ion d argent ou de cui\ re
rouge, Ifiiil à l'ail elrangére aux li'clini(|iic-- (!c> aldicrs iiiaiircs de
ri"]spagiie, l'amiliere an C(mliaire à ceux de ! Amc cl de l'hlgApIc.
I. un des plus beaux de ce gcni-e e>l assurcmeni le iiKuiier à \)Hi\>

cou|)és du .Musée d Am>le]'(lani lig. I.")«S).

I . Ivs|):igiu' n esl pas cepemlanl >aMs nous a\ mi' conscr\ é (pii'hpie-


mouumenis de brou/e (pion ne >aiiiail laisoiiiiablemenl allribuer
à d autres aleliers (pi à ceux de la peniiiMile ibei'Kpie. ( -e -on!

1. El iiilc en Esftnii;!. \nl. III. Mailiitl. isiii.


2. G. Mij;o(iM, Exi>()sili(iii des mis imisiilniHiis, l'.'ii;!, pi. II.
•j-js MAM II, I) AIIT Ml SI I.MAN

(I ;il)i)i(l (les ri;i;riiicnl? d iiiir Iniihiuic de ln'oii/f cl des lampes au


Miisi'c (le ( "iiciKiilr. (|iii rnrciil lr<niv(''s dans les Iniiillcs de l:i pri-

mitive cilt- d lllil)ciis, al)aiid(iiiii(''c au xT' siècle ([iiaiid les habitants


choisirciil le silc aciiicl de (îreiiade. Les fraf^meiils probahies dune
loiilaini' (•(iii-.i>|ciil en un pclil lcin|)lc de viii;,M-deux pouces de l:aut
sur iiiic lia-r Jiexa^oiiale. axcc d<iii/.e petites colonnes supportant
t\v^ (•iiii|Kilc.s. des tours, i-t llain|ii(''es d'oiseaux aux anj,'-les. Les six

lampes mutilées, et incompléles, certaines même à demi l'ondiies,

léuii liguent (le lincendie (pie la mosqu('e subit à It-porpic arabe.


Tous ces objets de broii7.e ne sont pas dc'pouix u> d un certain

Fi^. ist>. — J.iuii, ait l'atimito Cdlloclioii do M"" Lmiis Stern ,

caractère arlisli([ue, mais la décoi-aliou en est lourde et assez gros-


sière.

lue lam|)e de bronze trouvée à (^ordoue, d'ornementation assez


analof^ue, est couverte dune décoration gravée, représentant un
chien poursuivant un lièvre, plusieurs fois répétée '.

Beaucoup plus importante et remarquable est la lampe datant du


règne de Mohammed III de Grenade, au Musée archéologique de
Madrid, qui la reprit à l'Université de Alcala de Hénarès, où le
cardinal Ximénès emportée'
l'avait ( lig-. 190). Elle est composée
(1 une partie inférieure devant porter la lumière, surmontée d'une
sorte de cloche à quatre C(")tés, en forme de pyramide, complétée par

1. lliauo. Sjiaiii.sh arts. p. 72.


LES BRONZKS, LE FER '2-29

un couvercle octo^'-onal, suspendue par quatre boules de suspension.


L'objet est décoré en ajours repercés avec la devise des rois de (ire-
nade : « Dieu seul est vain-
queur. » Autour de la partie
intérieure de la cloche pyra-
midale , court rinscrijjlioii
arabe disant que la lampe
fut faite par ordre de Mo-
hammed III. en 705 de Thé-
gire (1305). Cette forme de
lampe de bronze fut usuelle
dans tout TOrienl. Xous
verrons un peu |)lu> loin
que rÉgypte en eut d'ana-
logues, et on en rencontre
de toutes semblables dans
les mosquées d'Asie Mineure

et de Turquie.
Pour les travaux de métal
«'appliquant à la décoration
des nKfinumerits, il en existe
bon nombre en Espagne,
dans lesquels les styles mo-
resque et chrc'tien se mêlent.
L'exemple le plus typi(|ue et
le |)!us remarcpiable est celui
des jxirics de bronze de la

cathédrale de 'l'olède, cou-


vertes de deux C(')lés de
plaques de bron/.e. I.e colé
extérieur est décoré de des-
sins géoméiricpies cl d'ins-
<'i'ip(iiiiis arabes à pd ils ca-
ractères, alternant a\ec des
Fi-, l'to. — Lampe do Mi.l.iiimiu'.l 111
proviMiiuit tio (îiciiaiii'. l.<0.')
châteaux et des devises ara- MusiT aiiliri>l(ij;i([ui' de Madriil.
bes. Sur un des C(')(és, à la

partie iidcrieuiH-. se lit en espagnol : ., Ces purlcs l'ui-cnt Unies au


mois di' mars de Tan 1375 ».

Les porles magiiilicpies de la callicdrale de Coi-doiio, dilc du


Pardon, soiil d'un s(\le aiial(>i;iic. filles soûl de bois et recmn crtes
2'M) \l \M II. Il \l( I Ml M IM \V

(le liiiucs (le l)r<iii/<' dccoi-i'i-s (riii<cri|il loiis j^nlIiKjiio cl ;ir;il)cs.

" l/l'liuuiif ;i|>|i;irlicnl ;i l)ii'ii. I"iil csl >icii. Aiiliuir de ces porlcs,
;illrni;iiit .ixcc Ir^ .iiiiirN de (^jisliHc cl de l.f'-Dii i-st riiiscri|)lii>ii suj-

vjiiilc ; M l,c 2 <lii mois (\i- in;ir.- de rcic de (^(•sjir de liiii lil")

Fi^'. l'.n. — Appli([ucs (\c bronze ciselr. art c'fCNptien, .\iv-\\- siècle
Musée arabe iluC^aire .

(A. 1). linTi. sous le règne du très haut et j)uissaiil D. lùiriqiie.


roi de (bastille ». (]es portes lurent restaurées en 1530. La porte du
Pardon de la cathédrale de Séville est d'un style semblable, très
bon spécimen de travail moresque.
La porte de bronze du palais de don Pedro à Séville. a\'ec sa dis-
.

231

jio.sitioM de petits
coins |)oly<^nnau\,
rappelle beaucoup
rassemblaf^e des
panneaux de bois
des portes ou des
minbars ég-yptiens.

I/Kyypte connut
aussi une décoration
métallique des van-
taux de grandes por-
tes de monuments,

dont on peut sui\i'e


s \ V V V:
assez aisément les
transformations au
Caire dans son Mu-
sée d'art arabe et

dans quelques-uns
de ses ddifices.
Les plus anciens
sont ceux (pii pro-
viennent de la mos-
quée Saleh Telayeh
(xu« s.), e( ont été
déposés au Musée.
Ils sont pi a f( nés
de cuivre jaune, i-l

chargés (Tt-loilcs ^-'^V>'


à

liuit branches m
bronze londn, sans
aucun di'ccn- ^ra\('.
Sont au coniraire
f;ravées i\v diar-
mants dessins, les
ap|)li(pii-s (le Innle
de bronze ra|)|)(irlccs
>^iir la porte à ,|,.ii\

battants,
de la
proxcnant
inos(pn'c de la H'-. Lustre en
i
Itroii/c
pr.-v l'ii.'iiil I.- lii m(isi|iu-,. ,|ii suitiiii il;is-;iii.
Mus iirahi' (lu (iiiirc Clirhr l.cln-iiinn
"2IV2 M\MII II Ain MI>IIMA\

princesse riihir cl llc:^;i/i('li. |)clilr lillc ilii ^iilt;iii Ivaliioiiii. Idiidée


vu 7f.i i:<.v.i.

I.;é jniilr d une iii(>>(|iicc de I ).ir>|);ii, ;iii Miix'cdii ( i;iii-c, (léc(jrée

d ;i|t|ili(|iies de lirmi/c, en ciiIrclMo ;iVfc do ;iiimi;iii.\, il nicinc le

f;i';iiid iiili'icl (If [iMilcr iiii iidih d ;irl i-«tf. (!li;iiii> cd-diii Sniiiikur
el-'P;i<.iiil. cl l;i d;ilc r.dO d,. rin-iic.
( >n \il ciisinic le ^eiire décoiMlil' de- l'oiilc- de hronzc ;É|)|)li(mées

aux faraudes portes de musquées, se luodilicr el suivj-e les rielio


pr()c-é(l(''s de riiicnistalioii (ror et d"ar;,'^eiil ap|)li(piés aux plus petite

(>l)|els. Nous avons \u, au cliapili-c de» riii\re>, les merveilleuses


iiieruslalioiis dOr el d ar^ciil (jui lurent applicpiées à la porte du

tombeau du sultan Hassan, eonime à exiles de la mosquée de Har-


koulv on (I i'l-( ilioni'i.

Ladmirahic poi'te de la grande mosquée dlspalian. plaquée d'ar-


gent ciselé, est un pur lra\ail d Orfèvrerie flonl nous ne connais-
sons l'analogue dans aucune ri'-^^ion '
lii;. IWA .

D'une très i;raiule sim|)licilé, dune or(loniia:K-e pure el sobre,


est la ma,i;nili(pie ]iorte en bronze (pii se trou\ail à la mosquée
incendiée (U's ( hniniades à Damas, el qui (Ic\ait datiM- dune dc^
restaurations de la mosquée, ('elle |)orle . dont |)arle Tlievenot
dans son voyage, et qui portail le i-enlv ou l)la^on de kait-liey,
datait sans doute du \\''' siècle li^. 104).

Les lustres de bronze allèctèrent en l''j;v])te des formes assez


semblables à celles que nous avons |ui constatei' en Espagne. Tel
est le lustre à base octogonale, fondu à jours, (pii provient de la

mosquée de Serghalmach en 1375 -.

Un autre plus élégant et plus lin jxu-lc une iiim riplion au nom de
Mohammed en-Nassir, le lils de Kalaonn •'. Dauti-es c(nisistent en
une sorte de construction à galeries destinées à rece\ oir les nom-
breuses veilleuses. Au-dessous pendait le plateau destiné à masquer
l'intérieur grossier du lustre, mais surtout à empêcher que huile I

des veilleuses ne se répandit sur les fidèles, (^esl ainsi qu'on peut
voir le lustre percé à jours et repoussé, qui provient de la mos-

quée du sultan Kansou el-Ghoùri i.\i\''s.i ', ou celui en forme de


pyramide octogone à trois étages repercés, provenant de la mosquée
du juge .Abd el-l^assit, au Caire ', ou enfin celui non moins beau

1. Gervais Cinirteltemont, Les arts, 1904.


2. Herz-Bey,
'
Catalogue du Musée arabe du Caire. \A. Vl.
3. Id. /(/. pi VII.
4. Id. Id. salle T. n° 56.

5. Id. Id. pi. VIII.


.

LKS BRONZES, LE FER


233

Fif,'. \'X\. — l',„.|,. -iir.iio (I,- plii.iik-s


(lai-.Mil cisolr
^Tmi.lo „„.s,,ur.. .ri>,,,-,|,,.,n IVrso . - CUrhr Cerrnis Cnmîcllomnnl
'2',\i MWIll liMll Mr>IIM\N

|inMii;il ii|iii' |iri>\ ciiiiiil i\f l;i mi>-(|iii'c d ll.i^'^.iii. an Mii-i-c du (.iiirc,

cl (|ui piulc |;i >i^n;ihiri' (In iii;iil II' I li'dr Mai ^ ;il;i CM \'.\'2\i li^'. l'J'i .

I )(.' iii;i^inrK|iir> lrii\;in\ de lunlr ^\i liiun/c ;iii (>airu liirenl aussi

li's L;rillf> dcsliiK'rs smlmit ii rcniici- le- l'cncli'es tles sébils. Les
riii'nd> en soiil ^mivi'nl :;i;i\i'^ ;iii\ \i\' l't w'' sièclf. I)abnrcJ fon-

dues cil |>liiMcnr.s iiiiiiccaiix cl ajuslccs. un tendit ;'i simplilicr en les


londaiit ciiMiilc v\\ une mmiIc pièce.

Les mirair.s. ('.(unnie les Anciens, les Miisidinaiis ne se ser-


virent },''iière (jne de miroirs de nii'-lal. Il en existe \iu certain
nombre de lornie circulaire, en l"onle"*(le brr)n/.e, dans laquelle
semble être entrée une forte |)ro|)ortion d'ar^a-nt.
Ils sdiit très sou\('iit décorés au rexcrs de lii^nrcs et <1 insi'i'i])-

tions.
Une des représentations les plus frécpientes sur les unroirs esL
celle des deux Sp/iin.r ;iilvs, dans lcs(|ucls on a voulu \oir 1 ani-
mal fabuleux (pie les Orientaux appelaient ;inh;i, ou bien encore
Viilbnnik, autre animal fabuleux sur lequel Mabomet serait monté
au ciel. Nest-i'c ])as aussi (piel(|ue imitation de li<,''ures analog'ues
qu on rencoiitiH' sur les miroirs antifpies? l n de ces miroirs est
signalé par Hi'inaud dans le (labinel de HIacas'. l n autre se
trouve au Musée du Louvre, un autre aussi à la Bibliothèque
Nationale (coll. de Luynes).
Reinaud signalait encore un miroir d'un plus grand intérêt,
appartenant alors à Fabbé de Tersan -. Il portait au revers une
sorte de chat-huant les ailes éployées sur une bande intérieure ;

les figures tles sept |)Ianètes. Sur une bande extérieure, douze

métlaillons avec les signes du zodiaque L'inscription était très •'.

importante, car elle nous donnait le nom d'un souverain ortokide, ce


qui est très rare dans l'épigraphie arabe : « Honneur à notre maître
X Aboul Fadl Ortok Chah, lils de Khider, lils d'Ibrahim,
le sultan...

« fils d'Abou lîekr, tils de Kara Arsian, lils de Daoud. tils de

« Sokmau, lils d't )rlok ». Cet Aboul P^idl descendait de ce Tur-

coman Ortok, qui venu de l'Asie Centrale avec les Seldjoucides,


vint fonder en Mésopotamie une dynastie qui posséda >LTrdin et
d'autres villes considérables. Celui-ci, qui régna à llisn Kaïfa,
vivait à la lin du xiii*' siècle.

1. Reinaud, Monninenls arubi's ilu Cabinet dn i/hc de Blncas. II. p. 390.


2. Reinaud. hl. p. 404.
:i. Id. Intéressants développements sur celle représentation , p. 4.S0.
l''i^-. MU. Tortc <lc l)r..ii/,.,
aiu'iemu- iiu.stnu'o dos ()iiiini;ulcs à Damas, w sircU^ - t:lirl,r S;il;„lin.
'236 M \M II II Ail I Ml

/ crriniiiiTic. Les artisans uriciilaiix ii ont pas non pins


ni'^^Ii;^»'' If lra\ail du W-v. Na^siri Klio-ian le coiistalail <l<"jà dans

Fig. ]95. — Porte plaquée de lames de fer découpé Mus''»e arabe du Caire).
Cliché Lekéyian.

les plaques de revêtement des portes du Maram de Jérusalem ; les

portes de la ville de Mehdieh qu"il visita, et dont parlent aussi


. ,

LES BRONZES, LE FER 237

Yacout et el-Bekri, étaient en fer massif. I>es grilles en fer forgé


n'étaient pas rares au Caire ; il en existe encore à la mosquée de
Mohammed en-Nassir, à la Citadelle.
On appliqua aussi sur les \antaux de bois des portes, de belles
|K'ntures de fer ajouré où se marque avec plus de vi<,'-ueur encore
qu'avec le bronze, l'ingénieuse décoration arabe ( fig. 195 .

Les clefs offrent également dans leurs ajours mille ingénieuses com-
binaisons. En Espagne, où l'on en a conservé un très grand nombre,
particulièrement au Musée archéologique de Madrid, à Ségovie
et surtout au Musée épiscopal de \ ich leur état parfait indique ,

qu'elles durent servir particulièrement de symboles aux cités et

et aux citadelles, et qu'elles étaient offertes en certaines circon-


stances aux rois et aux seigneurs, l'ne tradition qui s'est conservée
fait qu'on offrait encore de nos jours une clé aux princes étran-
gers reçys au Palais royal de Madrid. Quand le roi visitait une
ville de son rovaume, comme "Fdlèdc ou Sé\ille, une clé lui était
offerte en souvenir de sa visite.

Une de comte de Trigona à A'alence ori-


ces clés appartient au ;

ginairement dorée, un charmant décor en relief, et une


elle offre
inscription couliquc autour de la tige où se lit le nom de l'artiste :

« Fait par Ahmed Hassan >•.

Deux autres clés analogues à l'Hôtel de \ ille de \'alence, dune


plus grande dimension, étaient considérées comme fort anciennes,
mais oii( \);\yn (lej)uis n'être guère antérieures au commencemenl
du \\n'' siècle.

Deux clés du Iréscu- de la C>alhétlrale de Séville, soûl l'une en


fei-, l'autre en aigent ; la première bien arabe, est couverte d'in-
scriptions couficjues d'une lecture diflicile ; il est permis de supjio-
ser que ce fut celle qui fut donnée au roi Saint-Ferdinand le con-
quérant de Séville eu l'iiS, le jour où il pi'it |»ossession de la cité.

]>a deuxième clé en argent p(uie une iiiM-ripliou lirhraïipie '

Les Persans du \\n'' siècle nous ont laisse ([uchpu-s beaux


objets en fer tlamasquiné d'or, coulants et bonis de ceuilure Musée
du Louvrei, vei'rous, où la beauté du décor est égale à la sùrelé
de la U'chniqui'.

1. Hiani). Nyj.i/u.s/i arts. p. (i(i. Muscd iIvs .\iitiiiiu'il:itlcs. xol. 11.


CHAPITRE IX

LES ARMES

SoM.MAinE. — En Eî^yple. — En l']spa^nc. — En Tnrqnic. — En IV-rse.

I/histoire des armes orienlales reste encore à écrire, et ce n'est


pas clans les quelques paj^es que je puis iii lui consacrer que
j'ai la pi»étention d'en fixer les développements si (!i\ers. Tout d'ail-

leurs reste à peu près à faire dans ce domaine immense des armes
en général, où l'emploi, les l'ormes et le décor sont autant de ques-
tions inliiiiniciil comijlcxcs.
Pour rislam, il me dindupier les étapes suc-
paraît impossible
cessives de cet art, parce tpie nous ne pomoiis a\ec quelipie certi-
tude en identilier, siluei' el dater (piehpies monuments qu'à une
époque relativement niodenie et pour deux régions seulement,
l'Espagne et TMinpire ottoman.
En Egypte, la l'ahrication des armes dut être très florissante au
Caire; les arabes parlent d'un marclié darines qui y
liisloriens

était très rié(piente au vm'' siècle, eiilri' les heux (lliàteaux (la

rue en-Nahassin actuelle). Mais comment pouvoir identifier les


armes qu'on y \eiidail alors, s'il en subsiste ? Il existe à la Tour
de Londres deux t'as(pies en lesipiels Lane-Poole itii l'eeonnnilrc ;i

une apparence égyptienne, et altribuables à lépocpie du snllan


Kalaoun (]'. du xn'' siècle). Sur l'un des (Kmi\ on lit biiMi > el-
Malik el-Mansiir », mais ce surnom de roi \uioneu\ (pion •

lrou\(" accob' an nom de kabionn, peiil être attribue également à


beaucoup d autres son\ ci-ains. el iiienie elix- anon\nie. El si les

caractères des lettres rappi'Menl l'EgNpIe i\[i \i\ '. les roniudes de
bénédiction (pu snixcni son! |ibilol -\nennc--. ('.es deux c as(pies ne
peu\'eiil (jonc lions sei'x ir de Icnioiiis |iiMir I liisloire des armes
égypliennes.
Peii(-oii d ailleni's dislingner les armes (pu l'iirenl rabri(pit''es an
('aire, de celles (pu t'iiicnl lailes en S\ rie on l'ii iV'i'si'.* Pour K's
240 MAM 1 t. Il Mil Ml M l.\l AN

.M;iiiil(iiiks, l);iiii;is ('•t;ii( une capihilr au iiiriiic litre (jiic le (laiix',

fl la iciKiiiiiiicr (les arnica de haiiias (ch'-liri-c^ par li>ii> |c> histo-


l•iLu^^, est aiii\(-c |iiM|ir;'i ikmis. |)aii>. la liste des [)re>-eiit- ([iic le
Millau l)eïl)ai> eii\n\a a I llkliaii dr Perse,
Haraka. il ot (|iicsli(ni d armes de |)iiniiis;

il n'est |pa> ((iieslioii «l'armes du (laire.


|) ailleurs le tenue f;éiiéri(|iie (iiii dans
tdiit rOrieiil servit à dési;,Mier la lame.
Il esl-il |)as le mol /);ini;is. sviioiivme d'a-
eier de (|iialit('' sii|)iciiic ; < Cst a la (jiialité

de la lame, à la hnnlc de I acier que les


()rieiitaiix se sont allaeliés avant tout. La
iiioiilnre n'y \enait s'ajouter (|u après
COU]), si bien qu'on rencontre une quan-
tité de lames de trempe f,'-énéralement
syrienne ou persane, ([ue des amateurs se
repassèrent de f^énéralions en f^énérations-
en y faisant adapter selon leurs nationali-
tés des poignées de l'Asie Centrale ou de
l'Inde. (Test ainsi (pTà FArmeria de Turin
Tépée du duc lliiiiuanuel Philibert milieu
du \\ i'' siècle) porte une superbe lame de
Damas avec inscription damasquinée en
or, qu une des belles épées de notre
et

musée d'artillerie .1. 1(S0 porte une i

superbe lame courbe remontée au xvu"


siècle avec une poi<^née allemande. Il

semblerait, d'après l'examen comparatif


|)u l'aire un amateur aussi
des lames qu'a
Fi};-. 196. — Épée que M. Hultin, que les Dnnuis qui
attentif
hispano-moresque, dite de
Boabdil, .\v« siècle sont toujours un mélanf;e de fer et d'acier,
(Colleclion du marquis
sont plus souvent fondus en Perse, et que
^'illaseca .

dans l'Inde s'ils ont été moirés i)ar la fu-

sion, ils furent frisés par le martelaj,''e.

Les Arabes en s'emparant de l'Kspagne au début du vui'' siècle,


y importèrent avec leurs arts et leurs industries, des armes parti-
culières, dont une bonne partie étaient inspirées des modèles
syriens ou persans. Leurs épées, leurs casques, leurs boucliers
sont dignes d'étude. C'est surtout dans les deux premiers que le
.

LES ARMES 241

décor est intéressant, c'est surtout dans les épées que leur art s'est
appliqué. L'auteur arabe du Canious dit qu'ils avaient mille termes
pour désigner Tépée. Aux premiers temps de l'hég'ire, leurs histo-

riens vantent les épées du Yemen el de l'Inde, plus tard celles de


Syrie. C'était Damas le grand centre
de fabrication des armes dans tout
l'Orient. Différents manuscrits arabes
traitent de ces sujets *

Les manufactures de Syrie tom-


bèrent en décadence au xv*" siècle.

D'autres centres gagnèrent en impor-


tance, en Kgypte, au Maroc, en Espa-
gne, surtout, rivale de l'Orient pen-
dant tout la moyen âge.
Il est bien vrai que les Arabes
apportèrent avec eux cette industrie.
^Lais des traditions anciennes de
t"emper l'acier existaient à Hilbilis

et à Tolède, on sait qu'Abc! er-Hah-


man II (822-852) restaura la manu-
faclure d'armes de Tolède, el cpie
cl-IIakem II en 965, envoya de ri-

ches i^i'oduits de la manufacture, en


présent à Don Sanche, roi de Léon.
Hien que Cordoue ait été la grande
capitale de la doiniiialion aral»' en
l']sj)agne, elle ne fut jamais un cenli'c
de [)roduction d'armes : Almeria,
Murcie, Séville et Grenade, s"v dis- - Kpi'o liispano-nioresquc,
tinguèrent plutôt "-. xv sièelo
(^uileoliDii (lu marquis cio \'iaiia .

Nous savonsd'après Makkari i


.l/(*- ('liché l.itiirenl.
/Jr•t/?Jmcf/.'<7J tl ijihisln's m Sj);iin l. I,

qu'Almeria, duraiil les \n'' et xni' siècles, rlail fameuse |)<ini" la labri-
calion de (ouïes sorles de \ascs cl uslensdes cii inchil cl darmes.
Ll .\l)(Mi Saïd, écriNaiil au \iu'' siècle, dil à propos de Murcie,
(juon y faisait des objels de cuixre cl de i'vr (aciers, couteaux el
ciseaux décorés en or. Le nu'ine aulcur parlant des lames de

1. TiMili- des laiiifs (la.i.T I{il)lint li,'(|Uf .le Collur.


\'
2. y. Foriiaiuli'/. (Inii/.alcz, Miisco hsji. dr .\ iitii/iiciludcs. I. I,

Man'ii:!. ii'.Vur visri,MA>. II. Iti


2\'2 MAM 11. I> Ail I Ml >! I M \\

Srvillc. (lit (|iii' r;i(icr y ('hiil de prrinici- nidi-c. d (|ii'i| lui |';nj-

(Iriiil liicii (In lcrn|)> pour <'iiiiiii('i('r tuu-» jc^ ddiciils ohjcls quoii
V r;il)i'i(|ii;nl . I , iiidii^l ne \ (l(inciii;i ;iii\ iii;Éiii> do Mjiiii'cs. bien
;i|)r<-s (|iic I;, cil,'. ,.|',i yi^;

'•'>ri(|iiisc |);ii- li'N cliréticns


^111 \iir >i('-(lf. Au siècle
-iii\;iiil. le ri>i don Pc'dro
dcxail duc : ..
,|f dolerai
iimii lils d'une t'-prc caslii-

laiii'. (|iir |';ii l";iil faire à


Scxdlc', Mruct.' de j)ierreries
cl d'or. ..

Il ne Mil)>-i>(c aiu'iiiie

*'|>i'c lii>|)aiin - iiiDresque


aiilcnciii'r au w'' siècle.
( lidlt's (|ui nous ont clé con-
scr\ccs de celle époque
lu l'en l l'ahriquécs à (îre-
iiadc. Il- dernier ceulrc de
la ei\ilisalion hispano-
nu uesquc. La plus célèbre
esl Vcpcc, accompag'née de
Vi'/)cedeux m/iiiis, de la
à
du couteau, con-
(hiifite et

MT\és avec le costume de


IJoabdil, — dernier de roi
(Irenade — dans collec- la

tion du marquis de \ illa-

seca à Madrid, qu on vil la


Fi^'. 19«. — lîpée moresque,
dite de Boabdil, xv siècle
dernière fois au pavillon de
fliihliutlièciiie Nationale de Paris rKsjJaj^nie. à l'Exposition de
lUOO llif,^ 19(1 . Ces objets
furent la |)arl de butin de rancètre du marquis qui lit Boabdil
prisonnier à la bataille de Lucena, 148-2. h'épée a 31 pouces
de La lame est d'une date plus récente, et semble avoir
lonf,^

été ajoutée quand rancienne disparut, (."est une lame de Tolède,


marquée de TS, analogue à celles de Tatelier de Alonson Sahagun
Tainé, et creusée dune rainure au centre '. La poignée est

1. l'^ernandez Gonzalez, \'. ji. 3i5.


LES ARMES 243

tn
MAM M. Il Mil Ml Ml. MAS

r.lllc (I ii|- ('•iinilllc (11' lilrii. (le |)l;iiic et de roil^^c. ( ](• (lécf)r s ijppliqilf

iiii |i('iiini(';iii cl ;iii\ (|iiill(iiis. I.;i |);irlic iii(''(li;iiic i-.sl divoirc sc'ul()té

;i\cc iiiK' f;i'iiii(U' julrt'sse. Doux coiiipiiiliiiHiils oclf)<,'^r)ii;iux rcii-

l'crinciil (U- cliiKiiif cn[(' une iiiscriplioii en coiilifjiic' : i


F^uissiez-
voiis) « ;itlciii(lri' NoIrc Iml , cl di' Ijnilrc culc' « en syiivof:;!! (I;iiil

\(ilrc vie ». .Au-dessus et iiu-dessous, jiinsi (|ue sur le pommeau,


diiulies iuseriplioMs inysticpies rele\éL'^ par l'ascual de Gayangos.
et ment Kiiiiii'cs pai- lliinio.

PasciKil (le (layan^os csl d ;i\i> cpie celle ('pce devait se porter
peiidiK- anifinr du cou cnlre le^ deux nmoplates II dans une gaine
de cuir laliali . (pic le m:ii(piis de X'iilaseca a aussi conservée.
ï^\}j)ée il (U'ii.r iihiiDs (pidii disait montante i, a une poignée
cylindrique tracier, incrustée divoire. I''lle porte la devise des rois
de Grenade : n Dieu seul est vaiiupieiir. ' l.a lame, dont une partie
manque, est marfpiée du croissant.
].,a da(fue est (11111 |iliis haut iikm-iIc arlisliipie. J.a poignée est en
acier, orné d'ivoire délicatement gravé d'arabesques. La lame est
damasquinée d'or, avec inscription flun côté « Richesse, gloire et :

bonheur », et de l'autre « Faite par Hidoiian. » :

\jC fourreau de la dague est vraiment merveilleux, il a des lames

d'argent émaillées de vert, et le reste est de velours cramoisi brodé


d'or; un gland de soie tressé d'or y pend.

Une autre épée tle la collection du marc[uis de Camjiolt'jar. des-


cendant de Adi Jahia, prince maure qui fut converti au christia-
nisme, est chez l'administi-ateiir du généralité à Grenade.
Une du même genre au martpiis de ^ cga de .Armijo.
Deux au Musée d'artillerie à Madrid, pro\eiiant de .Vliatar.
fin moins
l'ne épée de Boabdil est à l'.Vrmeria, sinon à Hoahdil.
à un prince des Béni Nasir.
Une an Musée archéologique de Madrid. (|ue porta pendant long-
temps un saint dans l'église de San Maii-elo à Léon.
Une épée décorée de llligranes lins, sur les garnitures, le pom-
meau, la poignée et les quillons en trompes d'éléphants avec viroles,
médaillons et écussons émaillés et portant inscription coufique :

« Dieu seul est vainqueur, » devise des rois de Grenade, répétée


en filigrane d'argent sur le fourreau de maroquin. Sur la lame un
perillo, petit chien, marque de l'armurier. Otte merveilleuse épée
passa aACC les collections du duc de Luynes au Cabinet des
médailles de la Bibliothèque Nationale i tig. 198).
LES ARMES 245

C'est dans la (lécoralion de ces épées espagnoles que triomphèrent


les émailleurs démaux translucides dont nous avons parlé au cha-
pitre de Torlevrerie.

Ki^,^ 200. — ('.iis(iuf liirc, lin \v sii'-c'lc (".nllrclioii Niit li.iiiicl de Hnllisi'liilil .

(';is(/iics. - \,rs v:\si\\irs usuels des Maures (ri'>|)a,L;'iu' l'iaii'ul

S('inl)lal)lcs à vru\ di's cliri'l iens, mais (rune onieniciilal ion dilVe-

rente. Les croisés eu en iniporhinl , renduHMit la sundilude plus


grande encore.
•jiC) MAM II. I) Ain Mr>n,MAN

l,c .iliiKif.if. (Iniil le iiiiiii is( liicii ipijciihil. i-l (|ir<iii troin e coii-
sl;miiiiciil (hiii-- lc> (liiciimciits fS|)ii^Mi()ls «lc|mi> le pncme du (lid.

[)r()|('^i';iil l;i Idc, cl ;i\;iil une l'orme ;iii;il(i;,''ii(' ;i celles usuelles eu


l''r;iiice cl iiiilio conl [('•es, (•oiisishmi en un ( ;i|)iicli()ii de cotle
diifincs, (Clin iMiil l;i li'lc cl i;iiss;iiil hiiic l;i liicc. I >csmi- cl;iit |)i;i-

(•('•(• l;i cdillc (In (M>(|iic.

(^>iiel(|iics c;is(|iics (riiiie orij^iiic ni;iiircs(jiic Minl ;i 1 Afmeria de


Madrid, l'arnii cii\, deu.\ 1res reui;ir(|ii:il)lc> ;il I nhm's ;i Hoalxlil,
dernier roi <\r (Irciiade (n"* '21^45- Jli.')!). ('.iil.iliKjiH' . Il> muiI décorés
de lilij.;i"iinc dur, dr nicllo. d oniciiicnU ^éoiiK'lriijiics d un style
niaj;nili(|uc cl d un iiicin cillciix Iravail.
[il aiilre c'as(|uc de nu-iue online cxislc dans la jtnix iiicc d .\l-

uieria.

/Unic/icrs. — Les houcliers ou adar^-'as seul plus variés; ils

fureiil rréqueuiuieiil adoptés par les chrétiens. Ciénéraicnient ronds,


avec un poini saillant en ombilic au centre, ou une sorte de grille

tie fer pour emharrasscr rc'pi'c de lathersaire. Ils sont laits de


bois ou de peau et portent des ornements variés, parfois des plaques
de fer repercé, ou de bandes de cuir formant arabesques.
Des boucliers oblont;s furent aussi employés, terminés par un
demi-cercle à la partie supérieure '. Ils ne sont g'uère antérieurs au
xv" siècle. Les plus intéi-essants, n"^ -233, 253, 389, 591, ti(>7 du
C;tlnh><jue de Madrid, sont admirables de tra\ail.

Ces boucliers, bien qu'appartenant à la dernière période du


moyen âge, étaient usités avant, car on peut les voir sur un cotï'ret
d'ivoire de la cathédrale de Fam])elune, daté de 1005, et dans des
peintures de manuscrits espagnols de cette date. Excellent exemple
dans un manuscrit du British Muséum Add. II, 695) peint au
monastère de Silos près 13urgos, et complété en 1105.
A cette époque du moyen î\^*^, il n'y avait pas de manufactures
à monopole d'État; les armes étaient fabriquées en maints endroits.
Leur grand mérite consistait en la manière dont les artistes
trempaient le métal. On le faisait généralement de nuit, afin de
distinguer dans l'obscurité la réelle couleur de Tacier chaud au
moment de le tremper dans leau.
I^es épées, dites pernlloa, furent très estimées en Espagne aux
xv*-' et XVI'' siècles. Elles portaient une marque ressemblant à un

1. Cf. les peintures de la salle de la justice à l'Alhambra de Grenade.


LES ARMES 247

chien'. C est un Maure de Grenade qui les faisait. Il était armu-


rier de Boabdil et se fit chrétien sous le nom de Julian del Rey ;

le roi Ferdinand fut son parrain. Il travailla aussi à Saraj,'-osse et à


Tolède.

Fi|j:. 201. — (".Jis(|iu' (ui-c, lin \\ sircli" Collccl ion li. l\(rrliliii ^.

A ré[)(i(|iic (le la Ueiiaissaiicc. Tiilcdc axail al)Mirl)c Idiilc riinpor-

tance de i-cllc nidiislrie de rafiniii-cnc, J'i>(|ii a ce (jiic le i-oi i-n ail

fail en 1~()0 une manufacl lire l'ovale.

.\/7/*e.s lunnH's. — l II assez L;raii(l iiiMultic darmcs admirables


nous sonl coinuies, (juc nous |)ou\()ii> idcnl ilicr a\cc (|U('i(|uo pré-
cision, (^e S(Uil li's ai'inures el li's casfpies (pu piu'leiit une luaripie,

1. \ . (^l'i'vaiiU'-s, liinconrlf i/ ('.Drliulilhi. c{ hmi (Jnifliatlr.


•Jis \l AM II, l> Aid \ll SI I.MAN

celle lie r.\i>eii;il lie ( li )iis|;i iil !iin| île. I!lle> ne |)eii\ciil elre (|iie pos-

térieures à la prise de la \ illc par les Turcs, eu 1 iM.


Si iKius coiiuaissitns dans des cDlleclions [)arliculières (pieKpics

i-as(pies liMll seinl)lal)les à ceii\ ipie < Iniislant iimple a Cf)iiservés,

c'esl (pi'ils en M>ilirenl à la siille d'iin Mil iin[*i>ilaiil (|ui s'y pro-
duisit il \ a une viut;laiue
d'années. Il est vraisenibla-

hlc cependaiit fjue les 'l'urcs


en lireiil i'ahricjuer dans
d'autres arsenaux de leurs
villayets d'Asie Mineure;
on a pensé que certains
pouvaient avoir été laits à

lùv.érouni.
Tous ces casques à timbre
conique, tantôt unis, tanti')!

à cannelures droites ou
ohlicpies, tantôt encore à
pans coupés, sont incrustés
de beaux rinceaux et de
liantes inscriptions dorées
ou arj^-entées. Leur l'orme et
surtout leur diamètre inté-
rieur considérable, vraiment
caractéristiques , indiquent
assez qu'on les posait sur le
turban.
Le trésor des sultans au
vieux sérail, en reiit'ernie
Vi'f^. 202. — Casque au nom de lîajazel II.
encore quelques-uns qui sont
sultan de Coiistantinople
(Musée d'artillerie des Inxalides .
d'admirables monu men ts
bistoriques.
Notre Musée d'artillerie en possède cinq (fig. 199), de formes très
variées, dont l'un à cannelures courbes, porte en beaux carac-
nom du sultan a Haya/id, fils du sultan Mohammed
tères d'or le
Khan », 1481-1512 (lig. '20-2).
En dehors des beaux casques des collections X. de Rothschild
et R. Kœchlin (fig. •_><»(), "iOl i, reproduits ici, on se rappellera
les beaux spécimens exposés en WHY.i à l'Lxposition des arts

musulmans à Paris, et surtout le casque fameux de la collection

i
LES ARMES •249

(iérôme V îiinsi que ceux qui appartenaient à la collection du duc


de Dino ^. Une forme très rare est celle de deux casques du .Musée
d'armes impérial de Berlin et de la collection R. Kiechlin, dont le

Malioiiicl II 11- Cciiniui'iMiil. Baja/.rl II. S<-lini.

Vi'^. 2()i}. — Siil)iH's turcs (


Trésor du \ioii\ sôriiil à ( "ouslaiil iiii)|)l

tiinlirc (oui nui, sans aucune ({('roi-alion. se pi-olnni^c en une pomle


ellilée (rune hauteur extraordinau'e.
Les arnuircs orientales ont cvc\ de parlunluM- (pu- les lai'i;cs

])la(pies |)rcs(pic |(mi|iiui's incrusd'es diiist'ripl ions iMi arL;("nt, son!


arliculc'cs par de larL;('s zones imi colle di- mailles, (pu Irnr laissent

1. (1. Mig'(!(iii, Kx/tosiliiin lies nris mtisiilmnns en l'JO:!, pi. ti;..

2. Hnron Cosscm, Lo cithiiiol il'urmex iln duc de l)ino,\tl. \'III, Paris, li'ol.
'2'iO MAM i;i, DAlll Ml>l r.MAN

l»caiic<ni|i (le s(iii|)lrssf et pcniicl Iciil |ilii.s d'îiisîmce fli' iiionvc-


ineiils. Les .l;iiiis.s;iirt's pDrliiiciil sur hi piiitriiic un lar;,'e disque
qui se trouvait relié au i-esle de larniure par de lai'^M-j. Iiaiidcs <\c
inailldMs.
I.cs sal)rcs correspoiidaiils à ces armures cl à ces casques sont à
Lunes citur/tcs, cl le pommeau Huit en crosse de pistolet, avec
l'nniir an-diidic de poii-c li;;. •J(i;}|.

Armes pcrsniie.s. — I']ii Perse, le f^oûl des armes à toutes époques,


y dut déterniiiuT une lahricalioii très ilorissaiite. Il nous est tout
à lait impossible d'idenlilier les armes cjui lurent particulières aux
dynasties les plus anciennes, antérieurement à celle des Sélevides.
Je ne doute pas qu'une étude très attentive des miniatures de
ri'>cole iuonj,'^ole ne nous apprenne beaucoup sur ce point.
La collection Henderson a du moins enrichi le liritish Muséum
(section etno;^raphique) de deux armes capitales qui ont appartenu
au fameux sultan de Perse Ch;ih Ahbiis (lij^. 204). C'est (n°772), le

casque avec son nasal et son couvre-nuque en maillons serrés. Il

est incrusté d'inscriptions en or, et ciselé en relief de superbes


arabesques. En dehors de vers du Bostan de Saadi, et de citations
dautres poètes, on y peut lire une date « terminé en Tannée :

101^5 l(rJ5. Bénie soit la tête qui porte ce casque ». Ce casque

nia^nilique et si précieux pour nous, est accompagné de deux


garde-bras (n"77L) damasquinés également etdécorés darabesques
ciselées et portant la même date 101^5, ainsi que des versets de
poèmes persans.
La Bd)liothèc[ue Nationale a de même reçu de la générosité du
duc de Luynes un casque d'une admirable exécution, décoré de
douze médaillons portant les noms et titres de Mahomet, de sa tille
Fatima et des douze. Imans, tous personnages chers aux (Chiites, et

sur l'arrièredu casque et des un nom titres assez eiFacés qui


semblent être ceux de Chah Housseïn, Chah de Perse Séfévide
du commencement du xvni'' siècle.
L'n sabi-e que le Cabinet des médailles de la Bibliothèque Natio-
nale a recueilli également du duc de Luynes, d"une grande finesse
de grain et dune superbe trempe, porte une inscription intéres-
sante « t'ait par Assad Allah d'Ispahan. » C'aurait été, à en croire
:

Reinaud L un fameux armurier de Chah Abbas. Il cite du même

1. Reinaud, Cabinet du duc de Blacas, II, p. 309.


LES ARMEï' 251

artiste un autre sabre, qui se trouvait alors dans la collection

Lajard, et qui ])ortail la même signature, et de |)lus une inscription


au nom de Chah Abbas lui-même.

l''ii.'. liii'i. — ('.asciiu- l't itrnuii-e au iidmi <lc("-liali Al)l)as. I'i'i'm".

ciiiiiiiu'iu-einciit du xvn" sii-rli- Miitisli Muséum i.

M. Delort de (iléon possédai! encore plusieurs armes problable-


menl persanes; un beau castpie, de timbre bas incrusté en or de

I
2iy2 MAM I I. I) A»r Ml SI I.MAN

chevrons el (rinscriptions, c|n il (l(iiiii;i ;iii I.<mi\ic. cl iiiif ('miI belle


cuirasse de cheval Inule incrustée d ar^a-iil l\'^. "JO.") .

Va\ Perse, les lornies des armes blanches sonl relalixenienl


simples, snrtnul si (ui les compare aux formes multiples des armes
blanches de lliide. Les types se résument à peu prés à trois : le

sabre persan, couilje, à poif,'-néc diuil le piiminean se recourbe en


crosse de pistolet, et (pii est muni de quillons; le couteau poif^nard
à lame di-oiti', et le poignard courbe, dont la poignée est générale-
nienl d os ou d i\i)ire.

Fig. 205. — Armure de cheval. Perse, xvn" siècle


(Collection de M"" Delort de Gléonl,

Dans rindc, ce fut bien autre chose ; la variété des types y fut
extraordinaire. Mais sauf les armes, où s'aflirme la tradition persane,
où se retrouve la beauté d'exécution des damasquineurs musulmans,
le caractère décoratif y apparait g-énéralement tout autre, et je ne

vois la plupart du temps aucun lien étroit qui puisse les rattacher
aux arts dont nous nous sommes occupés, que ce soit les poi^y-nards

à double courbe de TAfghanistan. les longs couteaux de Peschaver,


aussi bien que les armes indo-musulmanes de rilindoustan ; les

sabres de sacrifice dOrissa, les sabres à gantelets des mahrattes,


les épieux et piques de cornacs en fer ciselé de Vizianagram, les

couteaux de Coorg, les koukri du Népal, les couteaux et sabres

i
LES ARMES 253

cin^-'alais. et toutes ces armes si bizarres, kouttars, chakras, saintis,


etc. ... M. Ilolstein de I.yoïi, qui depuis tant d'années s'est attaché
à l'étude des armes de l'Inde, et qui est arrivé à en sérier les
types, nous donnera prochainement sur ce beau sujet le livre défi-
nitif.

HIBLIOCiHAPHIK

\VrLBit.\iiAM Egehton, An illuatraled handhook of Indlan urina.


Londres, 1880.
Lord EGEnTOJ< o{ TaHou. A description of Indian and Oriental arnioiir.
Londres, 189G, nouvelle édition.
BuRTON F. The hook of the aiiord. Londres, 1884.
.

Wnffenkunde. Leipzig, 1890.


BoEHEi.M,
BntDwooD G.), The industrial arts of India. Londres, 1880.
Maindron 'Maurice!, L'art indien. Paris, 1800.
Baron (Iosson, Le Cabinet d'armes du duc de Dino. Rouveyre, Paris,
1901.
Valencia (.ointe de (latalogo de la lieal Anneria. Madrid. 1898.
,

RiANO, Spanish art, cliap. Arms, p. 79.


Angelucci, Catalogo délia Anneria reale di Torino.
Robert (Colonel), Calalotjue du Musée d'artillerie des Invalides.
Preli.e de i.a Nieppe iDei, Catalogue du .Musée d'armes de la Porte de
Hall à Bruxelles.
Catalogue de la collection d'armes de Tsarskoie Selo Russie .
CHAPITRE X
LA CÉRAMIQUE

Sommaire. — Faïence à lustre métallique, ses origines mésopotamiennes. son


épanouissement en Perse, en Egypte, en Syrie. —
Faïences polychromes en
Perse, à décor chinois. —
Faïences décorées syro-é[;yptiennes. Céra- —
mique bleue turquoise, syro-éfjyptienne, à décor gravé sous engobe égyp-
tienne. — Faïence bleue à décor en relief jiersane. Les carreaux de —
revêtement. —
La mosaïque de faïence dans les monuments seldjoucidos. en
Turquie, Perse, Turkestan. —
Carreaux de revêtement en Turquie, à Cons-
lautinoj)le. —
Faïences turques dites de Rhodes. Faïence syrienne de —
Damas. —Faïences hispano-moresfjues. —
Carrelage et revêtement mural en
Espagne.

La cérami([ue que ikuis ont laissée les pcu|)les de r()rieiit iniisul-


man est (ruue abnndaïu-e el d'une variété surprenantes. ( >m u ad-
mirera jamais trop la beauté de ses formes plastiques, rcclat do
ses couvertes, la laiitaisie el la liberté en même temps qur la

richesse de ses décors. Mais dès qu'on cherche à savoir dans quelles
régions, à quelles époques telles espèces céramiques sont nées, on
se heurte à des énig-mes bien souvent impénétrables. Il est très
rare, en que les pièces de faïence de TOrient portent des in-
ell'et,

scriptions, que ce soit un nom d'artiste, un nom de lieu, une date,


il n'est pas d'exemple d'un nom de souverain, toutes indiialions
que nous ont fournies en abondance les enivres incrustés et les
verres éinaillés.
Clieri'lier à mettre (pii'hpie méthode, nn peu d ordi-e et de ilarté
dans un classement que devant tant de richesses il ol i)ien néces-
saire d'opérer cnlin, est une tâche très délicate, la |)lus ditli-

cile de tontes celles rpiolliM" r;ir(licoloi;ii' orn-nlale. Nous ne n(Mi>


dissinnilons pas (pie le classement (pii sera tenté ici ne peut être
(pie provisoire, et (pie bien des déc(ni\ertes futures ne tardi-ront
pas à le niodiiicr ; (J;ins notre (le>n' (pie d acli\i"s rei-herrlies se |)ro-
duiseiit dans cette braiulie (K> clndes ;nii>ti{pu'>, nous allons mènie
jusqu'à le souhaiter.
25() .M.VMi;i. It AItT M( SI I.MAN

I,A FAIKNCK A I.ISTIJK MK TA I.M(,»rK

.le crois Ixui. |);ii'mi loiis les sujets c-éi-iiiniqncs (|ui xawi solliciter
iioire atleiilion, de débulci- |);ii- IcMikIc de celui qui rions ;ij)j);ir;iil

le plus complexe, la céraimipic liislrcc, de rexamiiiei- sous tf)us

ses aspects, cl de le sui\rc dans son cdinplcl d(''\ cloppcincnl . f|iiitte

Fig. 206. — Carreaux à décor lustré, mosquée Sidi Okba de Kairouan,


siècle. — Cliché Saladin.
ix"

à revenir ensuite sur nos pas, pour nous attacher à des espèces
céramiques qui lui auraient peut-être même été antérieures ou
contemporaines.

Composition du lustre. — Il ne faudrait pas croire que le reflet

doré en céramique soit produit par Tor. Brongniart déjà en 1854,


LA CERAMIQUE 257

dans son traité des arts céramiques, rappelant les expériences de


M. Laurent en 1831, y constatait la présence du cuivre, sous forme
d'une mince pellicule inappréciable de silicate de protoxyde de
cuivre.Des expériences de Riocreux aux ateliers de Sèvres, y révé-
lèrent aussi la présence d'un peu d'arg-ent. Louis Garrand, qui se
préoccupa de cette technique, jiensait que le cuivre et l'argent
n'étaient pas toujours employés simuUaiiémeiit le lustre très rouge ;

lie contiendrait
que du cuivre ;

les rellets plus


doux, dun lus-
tre plus clair et

plus jaune, ré-


siilteraieiil d un
alliage de cuivre
et d'argent.
Le problème
<k's origines de
la l'aïence lus-
li'ée a suscité
les recherches
<le nombreux
archéologues et
Il a pas encore
été entièrement
résolu. Il a été — C.uupc
V'iii. 'iin. liislrrc. alrlici' il.' Hakka
jusqu'ici admis :it t rihiire au w sii'clc ( inilcil inn 1!. Kd'chjin
(pielle (IcAait

être née en iVrsc, le pays par excellence des tr;i\;in\ ccraniupies ;

lesbeaux revèlemeiils des moscpii'cs de \ ciiinun cl dlspahan témoi-


gnaienl fFun degré de pcri'eclion Icclinicpu' qni liiiss;iil sn|)poscr de
longs siècles de làldnncnicnls cl d essai, (iesoiil les \ovagcs rciidns
|)lus faciles en Orient, cl les roiiilIcN ;iiihti;iiiI ,in jonr d('> IragMiienls

ig"norés, qui ont permis de pron'lcr sur ci'ilc (piolnui une lumière
pins dirccic.

Sun iintjinc nH'snj)i)t;intH'iuH\ cirrr.ni.r de l:i niiis<iiirf de /\;ii-

nman. —
Au-dessus de l;i niclic <!ii iiiilir;il> de la innscpicc Ac Sidi
Okba à Kainmaii, le mur i\c tond ol drcorc diMarrcaiix de taïence
lustrée de ioriiic I(isani;('e i iig. "J(M)'. (a's l'ari'i-anx, urnes de t'cuil-

MaMIIH, I>".\lir Ml SI IMAN. 17


'258 MAMi;i. iiAin mi si i.man

hi^cs cl (le llriirs si vliM'S. pnilciil .iiism des inxii pi i< iii>. il iiiipi iric

que CCS ciiiTciiii \. m;^ii;iI(''S pnur !;i [)iciiiii-it lui- par M. Saladiii *.

sdicnl cxaclcuiciil rclcv l's, cl lo iii>cii|)l n iii> liio. (loi un dcxoii-


(le la I )irecl iDii (le> Aiil i([u ilc'.s de l'iiiiiMe. La Iradilimi. > a|)|)U\anl
sur les alliriiialniiis de pliisieiii's aiileiiis arahes s accorde à alliriiicr

t|Uc le roiulaleiir de la dviiaslie des A^^lilahiics , Ihraliiiii Ihii ci-

A^hlal), CM '2\'2 de llie;4irc. S'.li. ainail lail \ciiii- de iJaj^-^dad les

carreaux de raïeiicc pour (Hiier le iiiihi-al), cl li- bois de platane


pour couslruire le iiiiiihar de l.i inosipu'c. il se trouverait ainsi
ceiiirK' qii aux |)rciiiicrs Iciiips de rii(''^irc. la .Mi'>np(i|aiiiie aurait
coiiuii les procédés de la céraniKpic liislri'c. Il c(in\ieiidia d exa-

iiiiiier attentivement la qualili' du luslrc des carreaux de Kainuian.


cl de le comparer a\'ec celui de pièces assez, réccnimeiil (diiiiues
dont I Orii^me mesopolaïuieiiiie esl prnhahle.

Alclicrs (le /};i/,/i;i. — (le soni des fraL^nieiils de coupes, de vases


cl de plais, ini|)orlés en lùiropc j)ar des marc liands arméniens,
reconstitués avec soin, en terre blanche assez. <.;rossière, et recou-
verts (Fune couverte siliceuse transparente, avant souvent coulé
extérieurement en gouttes é|)aisscs au rebcM'd du |)ied. J.a déco-
ration lustrée esl d'un Ion brun un peu \ lolacé. pupu'U' par
le séjour dans le sol ; elle oll're soit des inscriptions dun beau
caractère coul'ique, soit des rinceaux simples, ou des Heurs styli-
sées, |)lutot des boutons non épanouis. Des bandes de i;randes vir-

gules en retlets brun sombre sont limitées par des médaillons, et


parfois par de larg'es traits bleu clair. Ce serait là les rebuts de
l'ours de ))otiers installés à B;tkka, une ville sur TEuphrate, entre
Alep et lîaydad, qui devint aux premières années du ix'" siècle le
séjour préféré du Khalife Haroun er-Rachid, quand, après la dis-

grâce et le meurtre de ses ministres les Barmécides, il j)référa

s'éloigner de Bagdad. J^a Cour des Khalifes ayant toujours été un


ardent foyer d'art, il est assez naturel de supposer que des ateliers
de céramique y ont j)ros])éré. Quelques [lièces intactes nous sont
parv-enues : un plat au Hritish Muséum, un bassin chez M. B.
Kœchlin (fîg. '201], deux superbes vases chez M. Mutiaux et
M. Jeuniette '-, un grand bol dans les collections de Madame la

comtesse de Béarn.
De cette même Aille de Rakka proviendrait peut-être une série

1. H. Saladin, La ;/ios(/iiee de Sidi Okha à Kuiroiiaii.


2. G. ]Migeon, Les nrls, avril 1903.
LA CliRAMIync 259

peu nombreuse de vases à couvertes bleues iplus raremenl jaunes ,

décorées de f,'-randes inscriptions fleuries, en relief noir, du plus


grandiose elFet; nous en parlerons plus loin.

La faïence lusfrée en Perse : Beï ou Blraffèa. Peut-être s'est-il —


passé pour la céramique à reflets ce qui s'est passé pour les cuivres
incrustés<' et pouvons-nous suppo-
ser le même phénomène de dif-
fusion, des procédés vers l'est en
Perse, et vers l'ouest en Syrie
et en l'I^ypte, et jnsfju'en l']spa^ne.
(]"es( u:i artiste an^^Uiis, .M. Henry
A\ allis. (pii If preniu'i-, d'uiic façon
méthodique, nous iil cuniiaili-c par
une suite de publications '
une sc'ric

de cérainifines à rcllels bien ori;;!-


nan-es de Pei':<c, ri fpi il pinxMit |)ar
de bonnes l'aisons aiilc-i-iciii'c an
|»remK'r licrs (\[\ xiii'' siècle. (](''(ait

de iioiubi'ciix l'i'ai;ineiils (i'on\és


dans les inniiili de I ancienne \ ille

de /{(•/ ou /{/h'K/ès. lin peu an nord-


est de réhéi'an, (pii, ra|)prorlics
de ipichpies rares pièces inlacles,
a\aient permis à M. W'allis (rétablir
solidement sa discussion.
(^Miaiid ^acollb, le f^éo^rapln-
arabe, la \isita en t)I7 I
•_'•_*!. Iteï
alclici- (le ]\i-\ en IilNiK('-- l'erse),
venait d'être ruinée |)ai- 1 inxasion Mil' sièele Miisi'c du LniiNi-o;.
des 'l'arlares. Son aiilitpiih- ('(iiil

très reculée : elle ('lail ib'jà |uiissanle sons les Sassanides. Il esl
certain par ce (piCii diseiil les hisloneiis arabes, (pTelle (•lail à
l'apoi^c-e de sa spleiideiii' soii> le Uiiilifiil Ar Manvonr. el passait
pour la i-i\ale de lîa'^dad. Ahmed lia/i. l'aiileiir d<'s Sept climals.
lait nii d(''iionibreiiienl Inperboliqiie de ses mo^cpu'es, de ses con-
vents, de ses collèiics. Les liisloriens orieiilanx racDiileiil (pie

1. II. \\':illis, \i)lcs (III soiiif r.irhi /jc;\/,/// liisirr r.i.scs, (J(i;iri(ili, I.dii.l.iii.
lss:)-ls,s!». l'risliin ci-r.iniic ;irl in Ihr ciilircttini u/ iln i:;tnr
.1/. (iinhitiin .

ISOl-l «!);?. - - Tl/piatl c.r.iiiiiili's iif iiiTsI.ii) ;iiiil nririilnl irr;iinir ;iil. I s'.tH. —
l'ersitin lustre vuscs. is'i'i.
.

2('A) \IAM II, l> Altr MIM I.MAN

7(»0.(>()(l li;il)itaii(s v fureiil éf^orf^és quand les 'iaitarcs s"tMi enipa-


rèreiil. 'Foui en tenant conij)te de rexagération orientale, on peut
croire qu'elle renfermait une j)o|)ulalioii (f)nsid('M-al)le.
Anc-anlie pai- la len'd)le invasion de |-_>-J|, |{cï. sous le l'ègne de
(llia/an Kiian. essaya de se relever tle ses ruines, mais \'eramin et
Ispalian dcxcinis les ;^i-ands cetdres de la dynastie sélevide. ne lui

piMMUireid jamais de rcpi'cndrc le prcniicr lani^. Ahandoiniée peu


;i peu, cl ( ne lui bientôt plus (|u"un
vasie déseil. on des tnmidi iiifliquaient
seidemcnt la place (piavail tenue cette
nclie eih- '

Ions les IVai;'mcnls li'on\és dans la

plaine de l{liai;és. rappi-och(''.'« des rpiel-


ques vases intacts ou étoiles qui existent
encore, nous ont ré^ élé une céramique
où le lustre mclallupic (Hait apposé avec
une sûreté extraordman'c ; le reflet d un
\erl olivâtre sur un fond dun blanc
crémeux est d inie sou\eraine harmo-
nie, et détermine, selon lan^le sous
Ictpiel la lumière le trappe, un cha-
to\ant éclat dont toute la |)uissance est
assourdie; les terres sont sableuses,
assez cuites, recouvertes démail stan-
Fig. 209. —
Itouteille, Les plus anciennes j)ièces por-
nifère.
atelier de Rey ou Rliag-ès
(Perse ), .xni" siècle
tentun décor de fig'ures, hommes ou
(Musée de Louvre .
femmes assis ou debout, eineloppés
d'amples étoffes, la tète souvent voilée :

les lij,'-ures, comme les formes indiquées des corps, sont faites d\in
coup de pinceau, avec une simplification toute extrême-orientale,
et ont cette rondeur formulée qui seule serait la marque même de
lorij^^ine persane. Ce sont des formules de dessin de ce yenre, perpé-

tuées par la tradition, qui peuvent sûrement prouver une origine,


quand les preuves authentiques manqueraient elles-mêmes. Et quand
on feuillette les manuscrits dont de grands artistes anonymes ont
trois siècles plus tard enrichi les pages dilluslrations si charmantes,
on retrouve les mêmes ligures poupines subtilement gouachées.

1. Etienne Quatremère, Histoire des Moncfols. Major Ra^vlinson, Journal —


of the Geograjjhical Society îtomeX). —
Barbier de Meynard. Dictionnaire de
la Perse, extrait du Modjan el-Bouldan de Yacoul.
, .

LA CERAMIQUE 261

Les pièces capitales de cette série sont : les beaux vases de lin-
comparable collection Godman à Horscham ( Ang^leterre), le plus
beau musée qui existe de la céramique persane un g^rand vase '
;

au Musée du Louvre ancienne collection r3anna de New Yorki i

(fig. 208), un troisième dans la collection H. W'allis ^, tous déco-

rés de femmes assises ; d'autres avec un décor darcatures au Ken-


sington, ou de fleurs dans tles médaillons (Collection \\'allis '),
une bouteil'e de la {ollei-lion W'allis.
porte une frise d'animaux se poursui-
vant, et des colombes affrontées. Deux
|)()rte-bouquets munis de cols adjacenls
à la naissance du col droit pour rece-
voir les ileurs, rappellent des formes
analogues de la céramique égyi)tiennc.
celui de M. ^\'allis•' est décoré de ca%a-
liers passant dexant des sortes de cv-
pres, celui du Louvre (lig. '210 i, spleii-

(lide de retlels, est décoré de mollis


géométrupies cl liiic'aires. Les plats
sont rares: lun deux très fi'agmenlairc
est décoré délranges cavaliers en lile.

passant dcxaiil une lrd)une un dv< fem-


mes sont assises i
.VLisée Frédéric à

Berlin). Deux autres dans la collection


(îddmaii, —
Le Louxre accpiil récem- l'ii;. l'Ki. — l'dile-fleurs.
ment une des pièces les plus pai-faites alflici- ck- licy eu Hlia-i-s
Porsc , .xiii" sii'cK-
de la série, nue himleillc dont le col
Miisro chi I.diivn- .

long à l'cnllemcnt est dnnc Min\eraiiu'


éh'gancc lig. J0',( ;
; décoiH'c de h'-gers riiu-eaux et de molilV en lustre
olixàtre di'licat (pi'on l'ctronNc snr un iVagnient dv la collection
(lodman '. l n scnl xascdrla collcclion ("lodinan di'con' de rnbans
entrelacés portant des inscriptions coni-antes, nous ap|)orti' une
date: m .1 erre dans li- dc-sei'l >(''|)ai'(''c de ma bien-aimce ; |"écris
ces mots snrct'tte bouteille en l'année 1)0'.» di' riu'gire. l'I'.U
''
».

1. Ooitinnii n>lli>clii>ii. pi. \, Luncirt-s. l'.MU


2. H. X'allis, 'l'jiiiicil i-.i^iinpU's of l'crsi.in :uul Oriental ;irl. pi. 111. —
(i. Mincoii. tiuzrllc lies Iif;ni.i-.[rts. \'.u\\

•<. W'allis. I'risi;in Insiri- ruses. \,\. W . |.l. lit. pi. I.

1. (1. Mif,'-('(m, llcriicll ili's inniiii iiicnls l'inl. 1, l>iO(i. - Gmlntun co/Zcc/i'on,
pi. 1.

;>. 'l'Iic Citihiinn rollcrlioit. ii" isn. pi. lAW".


•2()-2 \I A\l 11, Il AU 1 Ml >l I.M \N

Il cxislc 11)1 liT.s j,;r;iii(l iKimliic di-loilo ;'i rcllrl^. |)i'o\ eiuiiil ili-

l{li;iijès. dans Ions les iiiiis(''('s cl cullccl iiiii>. di-sl nn-cs ;i emlioilcr

Fig. 2J1. — FragnicuL découpe. Hhagès, xni'^ s. {Colleelinii Ilnmberg

leurs branches dans les bras de croix de même technique et à for-

mer ainsi des revêtements de murailles qui devaient être du plus


splendide elTet. Un assez j^rand nombre sont décorées de femmes
assises ou de musiciens, d'autres danimaux une des plus belles ;

appartient à M. de Osma à Madrid ', représentant une caravane


en marche ( lii;. "213 i. l ne de ces étoiles qui fiji^ura à une exposition

du Burlington Club en 1885, à décor de


deux lièvres, était datée de 614/1'217 '.
Rhagès ayant été détruite en 1221, en
admettant même que les vases à figures
l'ussenl d'après leur style un peu plu.s

anciens, il semble difllcile dadmettre


que celte fabrication ait été antérieure
au début du xm'' siècle.
11 faudrait, je pense, considérercom-

me (le même origine, et dune époque


semblable, des fragmenlsdont les motifs
Fi;;-. 212. — lîol lustré
sont d'un style absolument analogue.
(Musée du Louvre .

C'est une faïence de terre grise, un peu


rougeàtre, assez dense, recouverte d'un émail mince, assez cuit, por-
tant une décoration non lustrée de figures peintes en noir, en gris,

1. II. ^^'allis, Ti/pic;il exaniiiles. l'v^. s.


LA CERAMKJLE •263

en roug'e de fer, parfois léf,'-èrenient rehaussée de ]ioudre d or. et qui


nont été recuites qu'à tout
petit feu. Le fond est f,'-énéra-
lenient bis, parfois vei-dàlre.
Ce même dessin très naïf,

mais enniiiême temps très

libre, cette même façon d'in-


terpréter la forme humaine,
les proportions courtes des
corps, la rondeur poupine des
visag'es, le galop des chevaux
déjà très étudié et très vrai,
laissent supposer que ce j^ein-e

de céramique, qui devait être


plus vulgaire, plus populaire
l-'i^C. 213. — Ktuile lustice. Hlia^os. xiii
([ue celle à lustre doré, lui : Collection de Osnui .

était contemporaine, et doit


avoir comme elle Hliaiiès cninme origine. Le Brilish Muséum en
possède douze à quinze fragments très intéressants, dont plusieurs
sont publiés ici pour la première fois : on trouvera dans la col-
lection (iodnian. le fragment d'un sn|)erl)e plal exécuté en reilel,

avec des sujets de cavaliers lout send)lables u" 'MWK pi. L The
(jodni.in collerlton . Le Musée du Louvre en possède un important
fragment, un fond de conix- a\ec un ca\alier; le .Musée des Arts
flécftralil's en recul deux (h- .M. .Iules .Maciel lig. iMi, "215 .

La céi-ami(pic de IJhagès sur\écut à la ruine de la \illc. l ne


set-onde eloilc. à celle même ex])osition
du lîtn-linglon en ISS."). poi-|ail la date
(K' I2(>2: rllr olIVail de grandes analo-
gies (le lc(hni(|n(' axcc la première. Des
dc'predal ion> ci im iiii>e> à la nioscpiée de
I Iniaii /adc ^,l\lla à \(''raniin (pu date

de celle mcine année \'li't'l oui i'e\éle

à I Lni'opc |icaiicon|i de l'roix e( d étoiles

à rellcl-, (pu r\\ coiuposaienl les re\'ète-

ini-nls lig. 2I'I . cl (pu ollVi-nl une si


V'v^. '_'! i. I''iiliil (le i'iill|)i',

Mlcii<M- .Ir lir_\ nii HIlilKt'S


grande \arM'le cl \\\\r m charmanle fan-

M iis<''c (lu l.ini\ rc ).


taisie de dei'oral loii. \ cramni clail deve-
nue capilale. cl allait, à la lin du \iu''

siècle, jonu' d une splendeur inconq)aral)le.


•_>(•>
i
MAM i:i. DAln MIM l.MAV

Fijs. 215. — FraKments de poteries non lustrées. Rey-Rha-ès


xn.« siècle (Rpitish Muséum et Musée des Arts décoratifs^
LA CKRAMKJIK •2f)5

M. Otto von Falke a noté ce fait que tous les carreaux à reflets
'

du xni'^ siècle en Perse portent une glaçure sur surfaces unies, et


que ce n'est qu'au xiv'' siècle qu'on voit apparaître ces superbes
plaques avec de j^rands motifs èpi-rapiiicpies en relief
ûf^. 216 ).
i

Vi'^. "JUi. I'l;u|iic iiiiiiiili', l'erse, .\iv" sii-i-lc ( inlU'cl ion de M. IIhiiiImm-}; ).

j,''(''iu'Talcnu'iil ciiiiiilli's en hlcu, mii' un iliaiii|) iiii>ui'[)ft('' de i-('IK'l.>,

où des rinceaux de llriirs l'nrcnl réserves en hlani'. l'arfuis (les


frises à la partie supérieure portent des oiseaux. |)lus rarement des
jHM'sonnaj^es. Le Musée de Sèvres i li^^ "217 el M. (ïodman pos-
sèdent aussi deux supcrhcs econiçon?" dv-cores de i^rands rinceaux
fleuris en relief hleu sui- un l'oiid xcrniicidc cl puinl illi' dOr. Cml-
m;in ro/Zcr/Zo/i, pi. \\I.

1. (). Niiri l'alkc, M.iinlilai. p. IT cl /.,is.sw;i .


•im M \M 1.1. 1) Ali 1 \II >l l.\I \N

l'n'n'uci's liislicfs :i rclic/s. en J'crsc. Ni- leur sont (('rUiiiiC'-

iiiciil |i;is |»()^-lcnciii'fs, (le Ix'llo j)l;i(|in-- |)iirl;inl ;iiism. iiiii(lr|i'-c> en


l'clicl', (les Irises de cav iilicrs ci niihal t an I clic/ M. ( i( )l(lscliiiii(l t '.

ou l'iic/. .\l. Max I.Miii . (lc> |)(iiirsiiilcs (le hcics l'aiixcs cl aiil liopcs.

iiii (les (Iciili's (le caia\aiies. l,e luodelé en esl iisscv. fond. I.a pièec
loiil à lail capilale ci e\l raordiiiaire de ce ^cnrc csl le j,Taiid vase
(|iii esl entre'' an Musée de rMniiila^^e, à Sainl-l'i-tershonr^'-, avec la

eollection de iJasilcwsl^i lii;. '_*


I S . Trouvé par M. Mécliin en
Perse, il ii;;nra a nue xcnle l'ailc par lui à Pans le \ a\ril 1.S70

(n" I (In (Uitnhxjuv, JO.OOI) fr.incs. ;) /!;isi lcirs/,i . Les cinq zones
circulaires porlenl des sujets |)ressés, niusii-ien assis, cavaliers et

|)ersonnaj;es, liftes de Heurs au milieu desquelles sont semés des


oiseaux ou des antilopes '-. Dcniiimi '
I a\ail cru antc-rieur à I inva-
sion mon;.;'ole el par consécpient du xiV siècle; F. Sarre le croit du
Mil'' siècle, alors que les niolirs monyols-clunois ne sélaient pas

encore iin|)érieusemenl substitués à tons les autri's, bien cju ici les

types des personnag-es soient monj^ols. S'il esl vrai que certain
vase bleu à décor en relief (collection Kelekian) ( lig-. 'iio ,
dont
nous parlerons, porte une inscription du premier quart du xn''
siècle, je ne vois pas de raison de ne pas considérer le vase de llù'-

mitag-e comme lui étant à peu près contemporain. )n doit rappro- (

cher de ce beau vase celui du musée ethnog-raphique de Berlin


publié par Sarre ^, et certaines miniatures d'un manuscrit de la
lîibliothèque Impériale de \'ienne, n" li(V2 '.

Fuïcnccfi dorées ;tii fvii de ni(iii/h\ en }\'rsc. — A coté de cette


céramique lustrée, à rellets d"or, on elle ne connut pas de rivale,
la Perse pratiqua aussi une céramique décorée d'une véritable
dorure, sur une couverte d'émai! transparente, bleu foncé ou bleu
turquoise. Les contours du dessin étaient tracés avec une couleur
d'un brun rouge, puis couverts d or en feuilles qu'on fixait au
moyen d'une cuisson au feu de mouile. J.e décor comporte des
motifs de tiges végétales, ou des oiseaux Aolaiit en or, parfois des
rehauts de petites virgules d'émail blanc sur fond l)leu. In léger

G. Mi^con, Les arts, avril IOo:v


1.

F. R. Martin. The persinn liislrc vase in (lie Impérial UermitaijC. )>!. I.


2.
Stoclvholm, 1S99. —
F. 'Savvc. .lahrliuch. ilei- l'reiissischen Kiinstsaiiiiiiluiufen,
1904, I, pi. 13.
3. Demmin, Ilisloire de la càrainiciue. I, pi. 73, Paris. ls::i.
1. Cataloijiie de V Exposition de miniatures. n° 266. — ^^';lllis. Godmau r(d-
lection. fi;;. 16.
LA CliRAMlQlE 267

relief modelé au pouce y' est sensible. Cette céramique semble


s'être surtout a])pliquéeaux carreaux de revêtement, croix et étoiles;
elle produit un elTet dune rare somptuosité. Les musées et collec-

tions en ont recueilli de nombreux spécimens provenant probable-


ment de il'ébriz. Une grande phujue formant niche de milirab en
est un des plus importants (coll.

Sarrej.
Cette céramique qui date peul-
être du xv*^ siècle, se poursui\ il

plus tard encore, et ses procédés


s'appliquèrenl, au xvn" siècle sans
doute, à des pièces de forme,
exemple une curieuse chope du
Musée de Sèvres, objet unique
sur lequel des bétes, des arbustes
et des tleurs se détachent en
feudles d'or sur un l'ond \ert clair.
On constate de même ce j)r(»-

cédé sur certains carreaux de la

.Mosquée verte à Brousse.

Fr'iïences luslrtk's en Perse.


XVI'-XVI/' siècles. — Cet arl

de la décoration en reflets mélal-


licpies se poursuivit en Perse pen-
dant les deux siècles suivants, cl
alteigiiil un (le,i;ré de perfection
lechnicpie vraiment sur|)i'eiiant.

J^a terre des [oièces est alors |)liis


Vf. .'2\~. l'la(|uc lii- ff\ cli'iiii'iil
line, mieux lra\ ailUn', le loiinias- lu^tirc l'orsc), .\iv" siècle
sage en est d une rxirciiic habile- ;
Miis('-c (le Sèvres).
té, 1 émail plus JKiinoj^èiu' , sans
Iressaillnre. I , liaiiiKuiie des surfaces, d un blanc diNoire. axi'C
le relU't d or hnini, (^sl iliiii raHinenicnl rare, (".erlains ceraïuo-
g'raphes oui \<iiiln \(>ir là de \ (•rilal)li'> poreidaines, Irompes par
Tenq^loi de terres blanches donl la cuisson i'nl poussée à haute
température, .l'adoplerai plutôt la (Iciioiiunal ion de denii-iaïeiu'i's
(pie leur a donnée M. I'"alke. Ce sont stirloiil des Ixuileillo cl des
coupes ([iii son! sorties des al('l:er> pei>aiis dn wi' et du
xvii'" siècle i lig. •2-2(), -J-Ji ,
_'_'•_' . Ces! tantôt un dei-oi- di' feuilles
J(18 MAMKI, llAUl MI sri.MW

très sIvHm-o, on parlois s'(''^'-;irt' un oisc.iii «m un liiuvc, tantôt un


semis (le hclcs jclcr^ ;i lr;i\ci> les ;irl)ro> mi lo pliiiiles, s.iiis souci
<k' sviiH'Irit'. jivcc mic faiilîiisif (Min-iciciix-. I )(> motifs empruntés
;"i I ;ii'l chinois, cl ([iii rclléloiil I inlliiciicc (!(•>- .\Ioii<,'ols loiij,'tc'm|)s

«loiniiiiiU'iirs du |);i\s, iiilci'v iciincnt rri'-(|iirniiiiciil : le (lr;i',''oii, IVn-


seaii (le l'O, le phénix Fonj^-IIoan^. la hianriir de pécher en ih'iirs.

Tons motifs quon rcneonlre en abondance dan- lr> hcanx tapi> per-
sans dn wi'' siècle. I^e rellel d or esl d un hean Ion lanvc; j)arfoi>

deux harmonies se répondent, le jaune houlon d'or et le ron<,'e

rubis. .\sse/ rai-ement. mais alors riiarmonie est dvi^ plus subtiles,
le fond esl bien piofond ou ^•ert lendi-e. (>e j;enre de céramique
atteignit le summum de sa réussite technique et de sa beauté arlis-
ti(pie, sous la dynastie des Séfévides, et surtout sous le rèf^ne de
("Jiah Abbas le (irand i 158f)-l()"_>7 . Il est impossible de dresser une
liste des faïences lustrées de cette époque, tellement leur nombre
est considérable. Il ncst pas de musée, ni de collection d'objets
orientaux tpii n'en possède de remartpiables s])écimens. Notons
toutefois une bouteille de la collection \\ allis '
qui, chose rare,
porte une date I08i KîTIi.

F/iÏL'Dccs jji)/i/(/iriiincs en Pcr-sc. .sous (lhnh Al>l>;is I'\ — Il esl

intéressant de reli'ou\er une représentation de bouteilles à reflets


semblables, dans un j^raud panneau céramique à émaux jaunes,
bleus et blancs, du Kensing^ton type de céramique qui y Muséum,
fut alors très pratiquée; cette plaque provient du Pavillon des qua-
rante colonnes, que Chah Abbas avait fait édifier à Ispahan. On y
voit des dames persanes dans un jardin, recevant des visites- iif,"".

i223i. In panneau analo<;ue proAcnant du même ensemble décoratif,


est au Musée du ]. ouvre.
D'autres représentations de ces bouteilles à reflets se retrouve-
raient aussi dans les miniatures de manuscrits |)ersans de l'époque.

Faïences h décor chinois en Perse. — Nous avons déjà vu com-


bien rinlluence chinoise sur l'art persan, si manifeste dans les

tapis, s'était étendue à toutes les industries d'art. Djenf,'-is Khan


et Houlag:ou avaient amené derrière eux des colonies d'ouvriers

1. \\'allis. Typicnl e.Tiimples of Persian and drienlal ccramic arl. pi. II et

%. 1-
2. Descrijition des jardins d'Ispahan dans le voyage du sieur Adam Oléa-
rius, 1637. Amslei-dam, 1727.
I~\ CliRAMIglE 269

l-'ij,'. l'IS. — \'iiso. tli Tor à rcliors sur- l'ond liistit' l'cisc . cnm. \i\
(iDlIcciioii H:isil.\\ ski. Kiiiiil aj-'i' de Saint IVlfisliourg .
•JTd M \M I I. 1) Alt I Ml ^1 I.M.W

cliiiKH^. (|iii liii'iil MPii(|ic> (hiiir- lt'|);i\.'«. ( )ii :i loiij,'lcm|);< cru que
l;i (Ihiiic ;i\;iil r;il)i'ii|iic ;'i I iis;i;,'c di; l;i l'cix- l»c;iiicnn|) de pièces
tli- porceliiines
(Idul les fftrnie.
el les (léeors
s'a(la|)l;iieiil ;iu

;,'oût |)ersaii.

U)lll CM COMSOI-
vaiit nu proloufl
cachel chinois.
Il srnihlr très
[)ii)bable cjue la

plupart (le ces


pièces cpi une
analyse (leM.
\ ()j,'^t à la manu-
facture (le Sè-
vres a recon-
nues porcelai-
nées I
lu re n l

Fig. 219. — Etoile à i-ellets Pci'se . mm" siècle. fabriquées eu


Perse même.
soit dans des ateliers chinois, soit dans des ateliers persans, qui
avaient utilisé toutes les recettes de TExtrême-i )rient vers la lin du
xvi*^ siècle. C'est ainsi quon peut considérer comme bien persanes
ces porcelaines blanches, portant parfois un discret décor yravé
sous la couverte, et dont Fémail a cette
qualité qui man(pie à la porcelauie de
Chine, la profondeui- el laspect j;ras qui
nous enchantent.
Au moment où l'intUicnce chinoise
était devenue le plus manifeste, certaines
poteries porcelamées, attribuées à la ville
de Kirman, conservaient encore un joli

goût persan, mal^a-é linterventiou de


toute la faune imag:inaire de lExtréme- Fi i;..l ;i rellets
Orient. On y rencontre le dragon, loiseau Perse ^, xvr' siècle
Musée (iu Louvre .

de Fô, etc., mais au milieu dune flore


d'une agréable fantaisie et dune certaine liberté, bien que la facture
en soit sèche et les contours déchiquetés fly. '2'2i . Les couleurs
LA CERAMIQUE •271

mêmes se sont all'aihlies, et la (lominanle est un l)leu gris qui


manque cFéelal et de vibration. J.a plupart de ces pièces de céra-
mique,', bouteilles à long-s cols et plats, portent des marques.

Faïences de (joiuriin (Perse). — Certaines demi-faïences, sili-

ceuses, avec peinture sous vernis transparent, dans lesquelles le

bleu a été fixé avec un


^ ' peu plus (le puissance.
sont attribuées à la

Fitf. 221-222. — UouUmIU-s m icllrU siècle

ville de (loinriin : elles porieni des trous en i'dnnes de croix, (pii

oit été (li''C()iip(''> (lan> !a \^^\•\r dciiourdic axaiil la cuisson, e( reni-

p is eiisnilc pai- li'-niad, de Mtric (pir ^(^ parties ajiuii'ées resleni


i i'atispa:('nli'>. ( ](•> p',il> mi ((Mipo (pu dalcnl de la première moi-
lic (In win' siècle, suiii (Incclcnniil iiiilncnit's par les poi"C(daines

de (lliiiif dites >< ^rain de v\/. •. Nous \crri>n.- (pir bien des siècles
aiiparaxanl on a\ail, pciil-cirr en S\rie on en l\c^|'te. I"'e de ce
procédé d admirables iiintii^ de dceiir.
•_>7-i M \M I I II \H I \lt SI I.M \ V

l'.iïciiccs il liisirc nit'l.i lli(fiif tri /.(finilr. — Nous ;i\oiis \ii riiie

iicc |iciil-cl ri.' l'ii .\Ics(i|)()t;iin le :iii\ |)rciilicis temps de I lit'i^'irf, l;i

|)imIi(|iic (Iii liislri- ;i\;iil en d licmriisfs Idrliiiics en l'erse, raclions


(le suivre miiiiileii.iiil s;i iiiaiclic \tTs r()tiesl, le Inii^'' des ri\*'s de
la Méditerranée, a\aiil de cdiotnlrr les dc-liiM-es iiieiNcilleiises cjuil

reiicotili-a en l^spaj^Mie.

1 )es t roiixailles assez récentes l'ailes d;iris la |j|;imr de I-'osla(

\ ICII\ (]ain' , îliills (Ult l'i'\ l'Ii' une d'iMIIIKIIIr ;i lll-lrr m|i\ ;'ili-i-. nù
le s(\le de I art ratiinite i-cnaraii IV/'f! iiriii incii I d;iii> le- t'urinnles

Fif:;. 2'J.'i. — PaiiiuMU de céramique (


Pavillon des 1000 C( iri--i)alian

.\\ir siècle (Kensin^4on Muséum i.

décoratives. On peut donc supposer que l"lv;,^ypte dut attendre


Tépoque si brillante de la dynastie fatimite pour pratiquer cette
céramique de luxe qu'avaient peut-être connue a\ant elle les régions
plus fortunées de la Mésopotamie et du Maf,^hreb. La collection du
D' Fouquet est encore ici une précieuse réserve pour étudier les
multiples nianil'eslalions de cette décoration céramique dans les
nombreux i'raj^ments recueillis à Fostat File renferme de plus le
'.

monument capital de toute cette série : un ^rand vase de (• '" !i3 de


hauteur, d'un émail légèrement bistré, et décoréen lustre dor jaune
pà'e, sur la panse, (rornements géométriques, et sur Tépaulement de
grands poissons - ( lig. '2'25). Un bol creux décoré de fleurs styli-

1. Iteiulons lutmmage à la générosité du D'' I'"ouquet, c[ui a enriciii de col-


lections précieuses de fragments céramiques d'Egvpte, les Musées de Sèvres,
lie Rouen, etc.
2. G. Mineon, Recueil des monitinenls Piot. 1" fascicule, 1906.
LA CKRAMIyUE 273

sées, et de larg-es traits en reflets cerclant le décor, ainsi qu'un

superbe frag-mcnt de vase avec une grande inscription coulique en


relief, dont les reflets portent de minces filets réservés en blanc par

la g^ravure collection R. Kœchlin!


i
^ seront aussi intéressants à rete-
nir. M. Marquet de \'asselot a déjà noté ce qui difTérencie cette
céramique lustrée du Caire de celle de la Perse, la couleur un peu
crue de Témail blanc,et la double couverte stannique-siliceuse.

Nassiri Khosrau nous apporte peut-être une fois de plus ici une
utile indication au sujet de celle céramique ^. N'isitant la ville de

Fifj. '2'2i. — Plat à décor cliiiiois ^ Perse , xvii' siéele.

Misr en Kg'vpte au milieu du xi*" siècle, il écrit « On y fabrique de


:

la faïence de toute espèce On fait des bols, des tasses, des


assiettes; on les décore avec ties couleurs analof^ucs à celles de
rétoife appelée houknlcinoiin ; les nuances cliangenl selon la posi-
tionque Ton donne au vase ». Le boukalemoun était un lissu fabri-
qué dans rilc de Tinnis, el (]ui cliauj^'-eait de couleur selon la réfrac-
tion de la lumière. (]'cst bien là une des (pialilcs de l;i l'aïeiuH' à
reflets métalliques, il est intéressant de iioler que le [lersan .Nassiri

1. Wallis, Pi'rsinu hislvc v;txes, ii^;. :\. — Ci. .Mij^eoii, (iiizelle des Hcmix
Arls, se|)teml)re 1<.)01.
2. Scfor Nameh. 'l'niiliiclion Srlicfor. p. l.")!.

M.\Mi:i, u'.\ur Misri.M.v\. 11. IS


274 M \M I I I> \lt I Ml M I.MAN

KliDMMii. Mii|)riv ,1 l.i \ iir tic ccllf (•i'i;imi(jiic ;i rcllct. iic (lc\;nl
pas en asnii\ii (raiialo^^iif dans son |ia\> an xi'' siècle, (iii d ailleurs
n<ins la cunslalons ponr la |tieniièie luis a |{liaf,'és, îi lexliY-ine lin
(In Ml' siècle.
Mil l'ail, dans la nclic si'-ric du I
)' I''(in(|i!cl se ri-ncnnlrcnl deux

V'iy;. 225. — \'asc lusti-é, art fatiniilc t'fivplien. \r siècle


Collection du D' Fouqiiet .

pièces complètes : nn l)ol décoré an nivcan de lonihilic- dnn mot


arabe illisible, el à la jKirtie snpérieure de la face interne, d'une
insci'iption circulaire répétant le nom d'Allah, et un j)lat décoré de
cercles concentriques et d'un lièvre à longues oreilles (à rapprocher
un f"raj,''ment décoré d'un oiseau). Ces deux pièces par le style du
dessin olTrenl un caractère franchement fatimite, si on les com-
LA CERAMIQUE

pare aux décors d'étoffes et de bois de cette époque. Les dates con-
corderaient assez bien avec celles du voyage de Khosrau.
Une autre série trouvée à Fostat et à Achmouneïn présente la
même ici recouverte non plus d'une
pâte siliceuse et blanche, mais
g-laçure transparente, mais d'un émail stannifère. Un beau fragment
de plat (au D"^ Fouquet) décoré en lustre d'un lièvre passant entre
des bouquets de formes étranges, est d'un style encore bien fati-
mite. Une dou-
ble inscription
a été lue par
M. Casanova...
la fait au Caire
an ) La cas-
sure nous prive
hélas dune date
el flun nom qui
auraient pu
nous être d'une
inestimable im-
piirtance. Du
moins l'origine
cairote est bien
certaine '.

Fnïences dé-
corées dajours
rilrifiés. — Par Ki^. '220. — Aiguièi'o à dcCDr. ajuiirrc et li-ansiiioicio

un vér i t a b e
1 xi"-.\n" siècles (Colleclioii lii' M. Mutiaux .

tour de force
(le pratique, fui labi'Kjiice a\ec une \irliiosité inn>inparai)ie. sans
doute en I''gypte, une cérainicpu' de |)ur eiiclianlemeut. Nous
savons par la lecture de Nassiri Ivhosrau. \ isileur du (^aire au \.''

siècle, qu'il fut surpris de voir au ba/.ar cei-tains vases d'une


matière (liapliaiie (pidii \oyail an traxers la main appli-
si liiie et si

quée Des céramographes Dock entre autres, ont cru


à l'extérieur.

qu'il s'agissait de pf)rcelaine de ('liiiu- transparente importée. Le

D' l''()U(pict eut l'idcr de cherci.ei- une ulentilé a\ec cei'taiiics

1. 1)' l''()U(iii('t, l'.tinlvihiition h l'élude de l:t <\'/-.i/ji i(/i;t> itrient;tlc. I,c Caiii-,
I!t(iO, |)|). <,i:)-9:. |)l. Xlil.
•JTC. MAM i;i, n AHT MI >I I.MAN

i)i(''(i's li-()ii\ fcs l'M l'];;v|)li' «Ml (Il Svric '. <( en [tarticulicT sur une
pclitc coiiitc (le sa cdIIccI mn lioiivi'-c ;i 'l'ripoli de Syrie, et (l"v voir
une lecliiii(|ue syro-éj^y|)lieiiiic du m" siècle.

Heiix petits rraj^nieiils se Iroiiveiil conservés au lirilisli Muséum,


cl le .\[us(-e du I.oiimc eu a((|uil un li^^ _*•_") , il y a quelques
aimées, du plus admiiidile >l \ le. (mi riiiseri|)lioii fine et élé^^ante mêlée
à des rinceaux lleiiii- cimuI vm- un véritahle fond translucide fait

d une pellicule vitreuse. Sa-


cliaiil (pi'il lui avait apparte-
nu. I
appris de M. .""«idney

(lliiircliill. cMiisiil (FAng'lc-


leire à Falermc, qu'il l'avait
recueilli au coursd'uncurag'C
de réservoir d'eau à Kachan.
(Il Ire Téhéran et Ispahan.
Tout récemment une pièce
complète, une petite aif,'uiè-

re. trouvée entre .Alcp et

l)a,i;{la(l, entrée dans la col-

lection de M. Mutiaux, nous


ap])orta un élément def,''rande

importance. Avec sa belle


inscription sur la panse, son
col droit, et son anse munie
d'un bouton pour poser le

22". — \'ase à décor pouce, elle est dune forme


Fi};. lustré
sur fond bleu, art syrien, .mV siècle toute semblable aux aiguiè-
Collection de M'"' la comtesse de Béaru res de cuivre incrustées les
plus archaïques du groupe
perso-niésopotamien. I/origine de ces ravissantes céramiques
demeurera longtemps encore, je le crains, un mystère.

Faïences à lustre me t,i Nique en Syrie. — On peut considérer


encore comme du bassin oriental de la Méditerranée,
originaires
sans qu'on puisse leur fixer une origine exclusive, toute une série
de pièces qu'on avait jusqu'ici dénommées siculo-arabes. parce que
la plupart avaient été retrouvées en Sicile, et qui se divise en deux

familles étroitement parentes. Ne nous occupons ici que de celle

1. D' Fouquet. Contribiilion. p. 35. 36.


LA CERAMIQUE

qui,porte le lustre niélallique. La pâte dargile claire jaunâtre a

reçu une couverte bleue plus ou moins foncée, ou bien une cou-
verte blanche crémeuse. Les motifs du décor en lustre olivâtre,
laissent apparaitre de minces fdels blancs réservés par la gravure
dans le reflet. Le décor est épigraphique, géométrique, ou à mot.f

animal ou végétal. Un grand vase de la collection de M""*^ la


comtesse R. de Béarn, à couverte bleue fig. 2'27), décoré sur la (

panse de grands et larges orne-


ments linéaires quelque peu
dérivés des lettres arabes, au
milieu de rinceaux et d'arabes-
ques, porte à sa base une frise
d'inscription : « Fait pour Assad
d'Alexandrie (ou « d'Alexan-
drettei parYoussoufà Damas ».
Cette lecture de AL Max van
Berchem est capitale, car elle
nous permet le classement sy-
rien de cette série dite Siculo-
arabe. Les pièces principales
sont ces vases bleus ou verdà-
tres, décorés en lustre olivâtre
d'oiseaux, de paons au milieu
de grands feuillages. Leirol du
lustre sur ces pièces est parti-
culier, il fait pour ainsi dire
Vi^. Tlx. — ^ ase décor lustré,
corps plus intinie a\'oc la cou- t'ciiul hleu, art syrien, xiv" siècle
verte bleue, et ledécor \ laNoiine IviMisinj^'ton Miisciim .

d'un vague et doux éclat cullcc-


tiotis (le M""' la comtesse de Béarn cl de M. (ïodnian lig. '2'2H].

In joli |)()t, de forme albarello, à pans couj)és, et dont le décor


lougiludiiial se présente en bandes d'entrelacs, est entré récemment
au Musée du Louvre '.

l'n de ces vases à frises de rinceaux et d inscription Kensinglon


Muséum), qui devrait être relue attenlivemeiil, donnei ail le nom île

« N.S. leRoi CoMcpiéraiit, Mdvyaod el-Maiisoiii'??" ,>ullini d'Lgv pie'-'.

A ce même gi-oupe svrieii doil-rlre ralladuH* une mmmc de

I. (1. Mim'on, Miinuiiirnls l'iiit. 1" l'asc. liiOti.

•2. Wallis. /;,(;/i/ l'i'rsimi liisirc ruses, pi. \'!1, ISh;»


21 s M.\\|:|;i. 1> Mil \ll

(Hi('l(|iK'> (•mi|)0.s, les unes i'i foml hicii. les .iiilrcs ;i loiid hliinc.

porlaiil lonjours le niénip lii>tic oliviilre. L;i coupe du l.riuvre, don


de raniiral I)cs|)ointcs, diin bien [);ile de turquoise ininiilaljle, a

son déror lornic de iaij,M's i-nl);iii^ d ni- fornianl compartiments, où


des sortes de cv|)[cs allcriiciil a\ec des inscriptif»ns en caractères
arabes déforiiKV-. I,a Icrre blanche en est peu cuite*, très réfrac-
laire, elle n'ainail pu sid)ir une liaiilc température. l'^lle est très

line, très lioniogéne, et lartiste cpii la uindcla était dune suprême


habilelé; les parois sont d'une inincciii- >urprenante. une C'est
inci\ cille de couleur rare et de décor approprié ii Le reflet
l'objet.

esl li\é avec une absolue

sûreté, et harmonie tur-


1

tpioise et or esl dune


souveraine beauté '. L ne
autre coupe, décor ana-
logue, d'un bleu plus in-
tense, est au Musée de
Sèvres n'^3-29-2 . lue éti-

(juetle écrite au revers de


la main même de M. Hio-
creux indique qu'elle fut
I louvée à Danuin en 1 840,
par le contre-amiral Des-
pointes, dans un puits
profond de 4() mètres,
avec deux autres coupes
Fit:. 229. — Bol à rellels. art syro-éfryiiticii semblables. D'autres
xii° siècle iMusée de Sèvres .
coupes à fond blanc avec
les mêmes reflets d'or
verdâtre se trouvent une au Rritish Muséum -, une dans la
:

collectiondu D"^ Fouquet au Caire provenant de Tripoli, de Syriei,


une au Musée de Sèvres, décorée d'un canard entouré de fleurs en
rinceaux d'un très beau style lig". 'l'IVi i .

Le Musée du Louvre vient d'acquérir une coupe de même genre


décorée d'un lièvre dune stvlisalioii mervedleuse. entre deux ou
trois brindilles jetées avec un art et une discrétion admirables
( fig-. 'l'M) . lue autre portant des inscriptions i-ayonnantes estentrée
dans la collection Sarre i
lig. ^l\^'2 ; une troisième décorée, chose

1. G. Mig:eon, Gazette des Beaux-Arts, septenihic 1001.


2. Wallis. Harli) Persian lustre vases, pi. III.
LA CKRAMIQLK •279

imprévue, de lig^ures encadrées de deux ailes l'orniant comme


médaillons, où lout le caractère byzantin s'accuse encore, fait par-
tie de la collection de M. Mutiaux li<;. "231 !. luifin trois coupes
malheureusement fraj^mentaires du Kunst|newerbe-Museum de Ber-
lin iv^-. 233
I
à décors d'ornements et de caractères coufiques, de
,

forme usuelle au .xu*' siècle, furcMil acquises |)ar .M. Lcssinjj;, en 1884,
à Rome, à la vente Castellani '. (lui aHii-niiiil les a\tiir \ nos encas-
trées dans le mur d'une éf^lise en Italie. I.e l'ait est intéressant ; nous

Fi^. 2:50. ~ Uni à ifllots, ai'l s\ r(>-<V'-.v|)lii'ii. \ii' sii\-|


.MiisiH' (lu I.iiin il' .

savions déjà qu'il lui IV(''(|U("nt en Italie de \(>ir des plais à rcllels
surtout liispau(>-ni(ii('>(|ii('>. cnraslrt's daii> do murs d'éi^liscs. à

Pise, oii la léf^ciidc xdiilail ((n'iU iumiI élé rapportés des Haléarcs
en !!!."> par les l'isans \ anupu-ins, cl dans le canq)ande de Santa
l'"i-aiico( a liiiinaiia, à Hiunc. l'ar la date do nnuiumenls m'i on U-s
relrou\a, M. fort iiiiiii .Maiolicii |i(Mi^ail |)()ii\(iir faire i-enioiilci-

jus(praii\ \ii'' et \ni'' siei'lcs la dali' dt' 1 introduction des l'ak'iu-es à

lustre en Italie. Avec un peu de réilexion, et en posant comme


on sonic jHTsian ruse, \'
!. \\'alli--, .\<ites p.r:nui>U's of c;irli/ liisiri' ii" ;%. [>1.

et \'I, Londres, 1H8Î>.


•_>H() MANCI.I. Il \lir Ml •<II.MAN

[)iiiici|>c (|iic liicii ([lie nous jiyoïis des (locumerils écrits sur la
polciic iloirc (ri>|);i-;i)c ;iii \ii'' nous n'en connaissons aucun
siècle,
intiiumieiil ;iii(érieiii- ;iu xiv'" siècle, nous devons nous tenir en
^"^îirdc cdiilrc les un peu lé^-^èros des [)reiniers histo-
C(itisf;i(;itions

riens de la M ;i|i nous rappeler ipie de- (il '•(pies encastres dans
il upic. et
les niiii> de San Tendorn de l'a\ie. crus à décor liisire. par |)a!-lfiii

Fiy. 'J;5I. — Bol à reflets, art syro-éfryptien, xii" siècle


Collection de M. Mutiaux i.

{Archilecliire U>inl)nr(le .,
furent reconnus de|)uis par M. (]. Bram-

billa iCeramiai ii) J*;iria), de fabrication locale, et que lajjparence


lustrée n'était tlue qu'à une irisation déterminée sur la couverte
par les intempéries comme par le sable sur les pièces de fouilles.
Des coupes de faïence à reflets analoji'ues furent en France même
utilisées ainsi, comme ornements, encastrées par exemple dans la

façade de Thotel de ville de Saint-Antonin de Rouergue : \'iollet-le-


Duc en fit une brève mention dans son Dictionnaire d'architecture
(tome VI, p. 9, note 2), et en reproduisit même une.
Il nous faut ici rendre hommage à la perspicacité de M. H. ^^'allis

qui en étudiant jadis ces céramiques à reflets ', et en se demandant

1. H. W'allis. Eitrli/ Persian lustre vases, pages 10, 11, 12.


LA CERAMIQUE 281

s'il ne fallait pas les rattacher aux céramiques de rEspag"ne, où les


minces filets réservés en blanc se retrouvent au début, avait vite,
abandonné cette hypothèse, pour les attribuer aux ateliers syriens.

Fifr. 232. — Bill à rctlots. art syn>-cffyplien, xii" siècle


'
CoUeclion de M. Sarre .

DIVERS T^ PKS I)K FAIKXCKS DECOREES OHIKNTAI.KS

Terres cuites non émaillées niésopolumiennes. — Latteiitioii lut


attirée y a peu d'années sur quelques pièces, qui smit |)lutôl
il

«L'uvros de potiers que de céramistes. Ce sont des IVag'ments de


jarres en terre cuite, de forme ovoïde, munies d'anses larj^es et
plates très peu débordantes, et d'un décor très archaïque, modelé
en relief; elles n'ont reçu aucune couverte émaillée. Successivement
furent connus, le beau fra;.,'mcnt du Kensiiif^lon Muséum lie. --^ t .

puis celui de M""' la lomtesse de Béarn et prcs(|uc eu mémi>


'
,

temps ceux du j)' Sari'c de Hcrlm cl du Mu^cr du I.diivri''-


,

1. (i. Mi^aMin,Album de l'Exposilion des arts tniisulnuimt. 1903. pi. ;U.


2. tî. Mipeon, Gazelle des /<c<Ti;x-.4r^s, juillet lOOj.
•_'s-_> MAM I I, Il AIIT Ml SII.MAN

1
lij;'.
'2',\'>
. II osl ciniciix ((Ile le iJntlsIi Mii^ciiiii et le Mii-<'-c (Jii

Louvre aicnl ro(;ii, il y a plus de (|uai-anlc ans. des i'ra<;nic'iils de


moindre iinporlance, mêlés à des ohjels antiques ju-ovenanl des
fouilles de Habylone, avec lesquels ils étaient demeurés confondus.
Dans Ions se retrouvent les masques ou avant-corps de lions,
déhordanl de la suiface de la pièce. )ans quelques-uns sont mode- I

lées en relief des tèles de peisonna^ies ceintes de diadèmes, le front


bas, les sourcils marcpié^ el se rejoif^nant à la racine du nez, décri-
\aiil un accent circon-
flexe renversé, la bou-
che minuscule, le men-
ton rond, les joues
pleines, avec de lourds
cnlliers à pendelof(ue>
^iir la ])oilrine ; un air
(le famille avec les têtes
de liouddhas des sculp-
tures de riiide. Des
espèces d ornements à
entrelacs, ou à forme
d S, légèrement mode-
lés sur un fond poin-
tillé, rappellent des for-
mules décoratives plus
Fv^. 233. — Coupe à rends
anciennes, de même que
Kunsti^-ewerlie Muséum tle Herlin
ces sortes de pantins à
bras et à jambes raides, qu'on retrouve dans certains petits bronzes
]iarthes (Collection des antiquités assyriennes et parthes du Musée
du Louvre).
De^ant les fragments qui que ces éléments, à peine
n'ofTrent
libérés de toutes ces influences,on conçoit très bien quon ait pu
voir là des monuments antérieurs à Thégire. Mais qu'on examine
le fragment de M""° la comtesse de Béarn, avec son oiseau fré-

quent dans les étoffes arabes, avec son personnage debout, vêtu
d'une longue tunique, un poignard au côté, tenant un verre en
main, comme on en rencontre sur les cuivres gravés, ou bien le
sommet de la jarre du Kensington, plus musulmane encore avec ses
deux faucons alfrontés, et ce personnage assis sur un fond de
rinceaux ajourés, tenant un verre en main, assis à l'orientale, dans
celte présentation si fréquente dans l'art persan. Il n'est plus pos-
LA CKRAMlQLi: •_><s:i

sible alors de chercher d'autre orig-ine à ces poteries que l'Asie


islamique, à une époque voisine du début du xni*' siècle, comme
l'indiquent certains caractères du frag-ment de la collection de
M"'" de Béarn. M. F. Sarre les étudiant récemment', a cru
pouvoir établir un ra[)[)rochement avec certaines sculptures de la

Fit;. 2.ii. — liant (le J;iri-c en terre cuite, art mésopolimiifii, mi' siècle
( KensirifîloiiMiiseimi .

Porte du 'l'aiismaii à liagdad. et avec certaine tèle de l'emmo relevée


par Ains\\(ulh dans un monument de l'Alabek Lulu à Mossoul
(vers 650 1
-.

Nous sommes bien daccord du moins sur une origine mésopola-


mienne, où les tradition> antiques iparthes peut-êtrel, et les tradi-

tions liindoucs, auraient trouvé a\ec une relative l'acilité à se

I. F. Sarre, .hihrliiirh ilcr l'r. h ii iisis.i n; m I ii inim . l'.Ki:). Il, cl Max \aii Itci

ciicm. ( )ricnl;ilischc SIikUcii. inai> l'.Hiii. vnl 11. p. 'Jlil.

J. Tnii-cls :inil )-rsf:irrlis lu \si;i Miiiar. I.ihiiImii, isl-j.


•JH1 M AM I I. Il Ain MI^I I.M \N

rejoindre en crllc cniil i(-c ^(•ci;;r;i|ilii(|iHiiiciit oiiverle ;i ces


iiinueiKX's. I )";iill(iirs laiil de \ill(siiii l;i jniissance klialifalc eul

ses moments de splendeur ont dispjnu. ne laissant à peine quun


nom dans la mémnii-e dos lK)mmes. (pTon ima{,nne bien des llorai-
soiis d arl irn-niissiMcniciil faïK-cs. In .\ii,L;lai>. if-commenl. ne nous

a-t-il pas révélé les restes exlrememenl l'urienv de toute une civili-
sation if,''norée, dont les modestes moniimcnls terre décorée, étofTes,
|)oi- . ont été
recueillis par le

Hritish Muséum,
et qui sont le

l(''mf)i;,''na,:,''es in-
liiiinienl curieux
(I une époque de
tiansition entre
I
"
a n t i
q u 1 1 é et
i"l>lani '.

La miss ion
Morj^aii a rap-
[Kirlé de Suse un
petit bol en terre
cuite décorée en
relief moulé de
tij^^es baccifères
du i^'oùt le plus
c h a r mau t , et

— de jarre en terre cuite.


a\ec une belle
Fig. 235. IlaiiL

art mcsopotamien, xn" siècle Musée du Louvre). frise d'inscrip-


tion éy^alement
en relief qui reste une énig-nie. Il est exposé au J>ouvre dans une
vitrine des salles de la mission Mori^an 11^-. '2'M^).

Wi.scs bleus à décor en relief, nrl mésojxdnmien. — De celte

même Mésopotamie, terre si riche de passé, peuvent très bien pro-


venir quelques vases qu'une fouille révéla il y a
mag-nifîques
quelques années. Les marchands qui les ont apportés ont nommé
Hakku, celle ville des bords de LEuphrate, pour laquelle Haroun

1.Aurel Stein, Exploration of chiaese Tiirkestan in Ihe Khotan territory


;ind Talilamakan Désert Geographical Journal, décembre 1902,. Id.. Sand —
hiiried niins of Khotan. 2 vol. London. l'iselier a. t'n^^•in.
LA CKRAMIQLE 285

er Raschid avait abandonné Bag-dad. Cette attribution par sa


nature très sujette à caution, n'a pourtant, étant donné le caractère

des pièces, rien d'impossible. Nous nous trouverions ici devant des
céramiques du ix*' siècle. Ce sont des vases à panses renflées, à cou-
verte d'un bleu épais et profond qui parfois a coulé en grosses
gouttes figées au bas de la pièce le décor de larges rinceaux, déri-
;

vés décorativemenl du coufique fleuri, émaillés en noir, se détache


en léger relief, et forme avec le bleu foncé du fond une harmonie
])uissanle et sévère. Deux de ces vases sont à Paris dans les collec-

Fijr. '2'Mri. — Hol en terre cuite, décor en U'-j^i'i- i ri ici'

Musée du Louvre (Mission de Morgan .

tioufe de .Madame la comtesse 1{. de Ik-arn, et de M. 1{. koH-lihii .

le troisième, le [)lus beau, dans la collection de M. ilii Cane Cod-


man, à llorsham i .\ngleterre) ( fig. '2'M .

On doit attribuer encore à celte même ville de Kakka. (pichpies


pièces de fouilles de décoi- très libre et ^arié i
trois grands bols au
Musée du j. ouvre, à zones i-ayonnanles, à décor d'oiseau, et toute
cette série de coupes et de plats à reflets biuns, ilonl nous avons
|)arl('' au (h'i)ut (K' vc l'hapiti'C.

Cér;uiii(nn' hU'uc liir(f ti(nsi\ ù décor' iiDir. fici's.iiir. |) une


oriiîine assez (lillicilc à dctinu-, saii^ donif de l'rr>c, est toute
•jsr. M AM I I, l> Mil Ml v| I M \\

une série do pièces éniaillées en hirti liir(/iit)i.s('. j)rjrt;iiil souvent


mie (léconilioii soit t''pif,M-;iplii(|iic. xjiI ll(ii;ilc lies slviiséc. soit
linénirc, soil ^(•oméli-icpic tio Minplc, j)lus i;irciin'iit un (Jécf)r d'ani-
maux et (r<)is(;iii\. m noir. Ce sont de |)etites ai^'uiéix-s avec anses,
à becs léj^èreiiicnl pinces, de^ coupes à hords 'plal<. des pots, des
[)l;il>, de pelilcs l;iiiipcs de roriiie .iiilKpic ( ](.||ec(ioiis ICdrnond
(iiiiiin, .\Iiili;iii\. II. Koclilin . (ne Irise doiseaux dans des rin-
ceaux décore une coupe
(l'IlctlKJii Mutiauxi. un
liciiii \;ise surbaissé est
(Iccorc- de deux frises cir-
ciil;iii-es, ^"-azelles et oies,
onicnienls en volutes col-
lection Peyteli i
11^,'. '2'AS i,

une clianiiante aiguière est


({('Corée de ci^-'og-nes, une

jialle le\éc Kensinj^ton i.

Toules ces pièces d'après


le >tyle semblent antérieu-
ii'> au \\'' siècle, certaines
-^/ mêmes doivent être de
bien des siècles antérieures
le vase de la collection
Peyteli. Presque tous ont
|)ris l'irisation dorée qui
Vi'f^. 237. — Pot à décor en rclielnoir •

"idique
j- i
le

séjour dans le
i i

i^ur fond bleu, atelier do Itakka, i.x«-x« siècle


(
(>iilleclion de M. du (^ane Godnian î. sol.

l n certain nombre de
frai^nneiils de bols de cette espère céramicpie a été retrouvé en Italie,
où ils avaient été utilisés dans la décoration architectonique de
certaines ég-lises. P^ortnuni en découvrit un dans le mur extérieur
de Santa Gecilia à Pise, église du xn*" siècle '.

D'autres sont encore encastrés dans les panneaux en mosaïque


de la chaire de marbre de San Giovani. à Ravello, près Amalfi, qui
date dela fin du xn" siècle, à Amalfi et à Sessa près Capoue-. La

mise en place de ces fragments nous fournirait ainsi pour cette


céramique une origine antérieure au xni'' siècle.

1. Fortnuni. Cataloq of maiolica. al Kensinqton Muséum. is73. Introduc-


tion, pi. XXXIII.
2. Wallis, Italian Ccrnmir arl. —
Albarelli. Londres, 190i, pi. 105-117. Ber-
taux (Eni. L'art dans l Italie rncridinnale. p. fiUii, 603. 622.
,
LA CERAMIQUE •281

De nombreuses pièces de même technique, décor noir sur fond


bleu clair, sont admirablement conservées, sortant de
log^is où elles

étaient encloses. moins anciennes,


Elles sont certainement bien
portant le décor familier de toutes les céramiques des wi*" et
xvii*^ siècles, la fleur observée sur nature, comme ce beau boucjuet

de tulipes noires du plat de la collection Edmond Guérin.

Céramique noire, à décor réservé en vert clair^ peut-être persane.


— Très encore est une céramique qui ne nous élail con-
énif^'-matique
nue que par un fra/^mentdu Brilish Muséum, avant que deux pièces-
complètes ne nous aient
été récemment révé-
lées. Une très belle
coupe possédée par M.
Kelekian, à pans cou-
pés, porte réservée en
vert clair, sur un fond
d'émail noir une in-
scription. L ne petite
coupe dernièrement ac-
quise par le Musée du
Louvre porte un décor — \'ase, décor noir sur Iniul
Vig. 238. bleu sombre
linéaire rayonnant du .\r-\ir' siècles Collftlinn de M. PevLel '.

même ;.,'-enre, et un
rebord plat. L'ellét obtenu est surprenant, le fond très sombre
augmentant encore la profondeur et la transparence du décor
réservé ( lif^. -l'-VJ-'HO).

Céramique sqr(i-éqq/)tienne. — 11 est bien dillicilc dattribuer ce


genre de céraniif|ues à une région précise, beaucoup de fragments
en ayant été recueillis dans le sol de la Syrie, comme dans celui de
rivgyple. Il dut y avoir là une produi-tion généralisée, s'étendant à de

nombreuses régions méditerranéennes. Il en fut de même j)our une


autre espèce céramK]ue (juon dénomma pendant longtemps siculo-
arabe, parce (pie la pluj)art des pièces avaient été retrouvées en
Sicile, et qui se divise en deux familles étroitement parentes : l'une
à fond hleu, et décor floral et animal à rellets ddr olivâtre étudié
parmi les faïences à lustre niétallMpic , rautro à fond hlanc mi
hleu^ et à décor soit géométrique, soil lloral ou animal, on noir
grisâtre et bleu pâle, l'n décor fréquent est celui ilo grands
oiseaux ou de paons au milieu de fcullhigcs coll. de M""' l;i ^-omtesse
•JSS MWMI h Mil Ml SII.M.W

(le lii'iirn'. Miis('C dcdliiiiv. I\cii>-i n- on| . \ .c drcnr v\)iiiv,\\)\u<\U(i ou


linc.iir-c >( |-clniii\c (l;iii> les v;isc^ du Mii^i'-c du Loin rc mi du Musée
de Sevrés ou (In M u>ee de ( lluii V li^. 2\-2y2\'.i . ( »u ;i Irouve l.int de
rraf^uiciits de (elle e>[)i'-ee d.uis les luuiuli dp l''nsl;il, d";uilros dans
les eM\'ii'(>iis de l>aui;is. (|u il eonxient d ;i|i|ieler doi('-u,i\ ;iul cetlo

(•('niniiiiue s\ ro (';; vptieune. M. le I'' i''oU(|uel - I ;i ('-ludiee. d après


les Udinhreux l'iii^UM'uts reeiu-dlis \);\v ses s(uns. cl a 1res li'},'ilime-

iiii'iil ,il I iiluie à des ideliei's cairotes, j)cut-(^'lre dirij^és par des étran-
"cis, (le> morceaux lr(''s curieux u"^ KH} planche X. KM planche
XI, n" !•_'<• planche \ll . sur lesipiels il a menu,' relevé des signa-
Inres ou (les niono;,Tam-
mes. Ce souci dinscrip-
lions, si sensd)le dans les
cuivres éj^'^yptiens , est

nnicpiedans la céramique
oi-ieidale. cl mililerail cer-

laineincnt en l'aveurdune
origine égyptienne.

Cérumique à décor
cjrnvè sous encjohe égyp-
tienne. — Cette origine
ne ijeut être mise en doute
,,.
l'If;.
,,
2151). — ,,
Loupe r
a loa(.l noir, I

'

décor épifc^aphique vert clair, art persan, pour une série de pièces
.\ii"-xnr siècles (apparleiiiinl à M. Kc-U'kiani. (dont on n"a retrouvé des
fragments que dans les
luniuli de Fostat), et tlont quel([ues-unes portent d'ailleurs des
armoiries d'émirs des sultans mamlouks. Elle a été longuement
étudiée par le D"' Fouquet ^. Ce sont des poteries vernissées sur
engobe, décorées de motifs épigraphiques ou héraldiques, parfois
de bêtes d'un très noble style, gravés ou modelés sur la pâte
fraîche encore avant le vernissage. Cette technique était d'ailleurs
fort ancienne dans tout le bassin antérieur de la Méditerranée un :

grand nombre de coupes montées sur un bas piédouche. décorées


de façon fruste à l'intérieur de personnages ou d'animaux gravés
ont été découvertes à Chypre et sur la cote de Syrie. Il est assez

1. G. Mif^'con, Les urfs, avril 1903.


2. D' Fouquet, Contribution à l'étude de la céramique orientale, pa^es 70 et
suiv. Le Caire, 1900.
3. Idem, chap. \", pj). 119-133.
,

LA CERAMIQUE •289

difficile de dire si ces céramiques sont d'époque islamique ou


byzantine. D'autres poteries trouvées à Éphèse par M. Wood '

d'autres trouvées plus récemment à Lindos de Rhodes par la mission


danoise, d'autres à Pergame même par la mission allemande, pré-
sentent de frappantes analogies avec celles de Chypre. Il en est de
même de pièces rencontrées en Grimée et au Caucase, d'un style
décoratifsi curieux et étudiées par M. de Bock-. Peut-être la pre-

mière fabrication du Caire fut-elle contemporaine de ces terres ver-

Fig. 2iO. — Bul à décor \crl clair sur l'ipiid sombre, art pei'saii
( Hi'ilish Miiscum ).

nissées étrangères : un iiiiporlaiil riauiucut de coupe •'


cho/. le

I)"" Fouquet parait être du début de l'hégire, de doux zones limitées


par des bandes striées, l'une [mrte une inscription : fait par .Vbi
Nasr le ha forme de ICcnl iire hi diderait, d'après Casanma,
chrétien,
assez vraisemblablement du \Mr Ou du i\' siècle. Il est possible ([ue
la fabrication de la tene line et des laïeui'es lustrées, si hrilhinle.

I. ccramic nris (iodimui collcrlion I^ondrcs, IS'.U.


W'allis, Persiiin ,

'2. De Hdck, vernissées du (^.aucuse cl de lu Crimée {Extriiit dea


l'dierics
Mémoires de lu SociiHé des nnliij uni res de France, li" série, l. ^'I. Paris, ls'.»T).
A. U' Fouquel. Cnntrihulion, pi. \^', (i^'. 1, li^,'. 2.

MaM!i:l i> Aicr misciman. 11.


•_>9(> Alll Ml SI I.M AN

ii<iii> le vcn-oiis, sous les l''aliiiiil('s. ;iil iiilcrronijui cctlc iiiduslnc


\ iil;;;iiic (les Icri'cs \(;riiiss(''cs, (ImiiI |;i i-cii;iiss;iiicc lui rciii;(i-(|ual)lc
sous la (Iviiaslic des Mamiouks, ainsi (jue nous le dénioiilre le 1res

faraud noiiihrc dt; Iraj^inenls relrouvrs. Los armoiries c[ les inscrip-


lioiis \ licnneiil une place considi-i'aMc. cl ce pciil clic la le sujet
d'une étude é|)i^ia|)lii(|ue {|u'Ai-lin i'aclia a ebaucliee. J.es fornios
de ces pièces sont en f,'-énéral évasées, à bords plats et ;i talons bas.
ou liciiiispli<ii(pn's >ur pii'douches. Les Tonds sont lisses et inono-
fliroines. à moins (piijs ne soient nuancés de taches blanchâtres
ou \ertes*. Les nuances les plu>
i.dtitiieiles sont le jaune et le vert.
I.cs pièces coni[)lètes sont très
rares; la j,'^rande coupe jaune sur
|)iédouche à décor dinscriplion,
apparlenant à M. K. Kœchlin n'en
c>i (|iic plus précieuse. Le Louvre
p()>sède un petit bol jaune à in-

scriptions, intact lui aussi.

Fttïence bleue à décor en relief.


Perse. — Il faut, je pense, con-
sidérer comme persans ,
par
Fig. 241. —
à décor blanc épais
13()l leur caractère, tous ces vases
sur fond bleu sombre, art i)ersan, . i

xiv- siècle Brilisl.Mus'n.n. .


" ^'Ouvertes ,
monochromes, géné-
ralement bleus clairs ou foncés,
sans décor, souvent irisés par le séjour dans le sol, si parents par
les formes et la couverte de ceux que les missions Dieulafoy et
Morgan ont retrouvées dans le sol de Suse. et qui garnissent au
J^ouvre une vitrine de la salle de Darius. Beaucoup ont pu être
trouvés ailleurs, peut-être en Mésoj)otamie ; ne voyons là qu'un
déplacement d'ateliers dont l'origine première était persane.
Ils forment un des anneaux dune chaine de traditions qui ne dut
jamais être rompue, et dont nous retrouvons la survivance avec
une beaux vases, assez lourds et massifs, de terre assez-
série de
grossière, avec décor en relief sous la couverte, également mono-
chrome, bleue foncé ou turquoise.
Un vase de ce genre, à couverte gros bleu, décoré au sommet
dune frise de lions affrontés en léger relief, et plus bas d'une sorte

I. D' Fouquet, Contrihiilinu, pi. X\'. iii;. 1. fiy-. 2.


LA CKRAMiylE 291

de cordage zigzaguant, a été déposé récemment par .M. Peerce,


consul à Ispahan, au Kensington Muséum. La pièce capitale, admi-
rable, est le grand vase, appartenant à M. Kelekian, dont la panse
est décorée en faible relief (rarbuslcs, de rinceaux de Heurs, d'oi-
seaux et de g'azelles, et en haut dune inscription qui donnerait une
date du début du xiv'' siècle '
li"-. '2ii .

Fi};. 2 42. — Vase, décor bleu el noir, fond hhmc, art syro-t'K.vptifii,
XIV" siècle Musée de (".liiin' .

Du nu'nic art serait encore un vase a l<>iig col là .M. kcltduan


et une belle coupe trouvée à Nisapour (à M. 11. l)alleniagne , avec
(les inscriptions en relief sous une couverte bleu pâle ', ainsi quun
cliai'inant petit \'ase a\ec une frise de ca\alier> et d li(Uiiines armés
chassant [h .M'""^ la comtesse de Béarn).
Des monuments durent être décorés en l'erse île revèlemenls

1. G. Mii,^i:(iii, l.i-s ;irls. avril l'.iu.j.


!>l)2 MAM 1,1. 1> AHI MISI I.MAN

(le ce fleure ; nous en coriiiaissfjris des exemples sous forme de

|)laf[iu's isolées, où sonl représentées sous couverte bleue turquoise


des poursuites de bètes, fauves et antilopes, ou des suites de cava-
liersmarchant en caravanes. Nous avons vu plus haut que des
formules décoratives toutes semblables se retrouvent dans des
nombreuses plaques, à décor éf^alemenl en relief, dont les fonds
sont rehaussés de lustre métallique.

LKS CAHUKAUX DK HKVl rKMKNT

La mosuï(/ut' de faïence dans les nionii/nenls scldjoucides. —


Nous avons vu le revêtement des murailles se continuer en Perse
au Moyen Ay^e, comme une antique tradition nationale, et tirer le
plus merveilleux
parti (le la techni-
(jue du lustre à
reliefs d'or dont les

carreaux assem-
blés formaient aux
murs des mosquées
la plu> élincelante
parure. Peut-être
est-ce de la Perse
encore cpie naquit
une autre tech-
nique qui (levait
avoir en Asie occi-
dentale une extra-
ordinaire fortune,

Fig. 2 i3. — Plat, décor noir et bleu, fond blanc, et que plièrent sur-
art syro-éjryplien, mV siècle (Musée du Louvre tout aux nécessités
décorali^es de
leurs beaux monuments les souverains de la dynastie seldjoucide :

la mosaïque de faïence sur de grandes plaques céramiques. La


technique en est des plus compliquées. Dans de grandes plaques
de faïence, de coloration uniforme, sont découpés des morceaux
d'après un dessin donné. Ces morceaux sont ensuite accolés seuls,
ou mêlés à des morceaux de colorations dilférentes, de façon à for-
mer le motif d'un décor en mosaïque prévu. Puis le tout est recou-
LA CERAMIQUE 29:i

vert d'une couche de mortier liquide qui pénètre dans les inters-
tices des morceaux, et est destiné à maintenir la cohésion de tout
l'ensemble. On obtient ainsi de véritables dalles de mosaïque dont
on peut revêtir des parois. Des dillicuUés jjIus jurandes se pré-
sentent dans le revêtement des surfaces courbes. Les céramistes

des Seldjoucides les ont triomphalement surmontées. Ils ont


emplové quatre couleurs dans ces mosaïques le bleu clair et foncé :

(turquoise et cobalt), le violet de manjL;anèse et le blanc.


C'est pour la première fois

dans les monuments de Konieh


que nous constatons l'emploi de
ce procédé dans les revêtements
céramiques. D'abord à la Meder-
sa Kara Taï., construite par
Djelal ed-din Kara Taï, émir de
Kaï Kaus II en 649/1251. L'in-
térieur du mausolée est entiè-
rement revêtu de mosaïque de
faïence, dont les dominantes
sont deux bleus clair et foncé,
et un blanc (motifs géométri-
ques, épigraphiques et étoiles! '

(%. 24()).

Plus important encore est le

revêtement en mosaïque de I-'ifr. 'lii. — \ asc. (li'corà i-elief


sous CDUverle bleu l'oncoi', art persan,
faïence de la Medersa Sirtcheli xiv s., a|)part(.'iiaiil à M. Kt-li-kian.

à Konieh, construite en 1"24"2,

par Bedr ed Din, pour servir d'bxole de droit. La faïence bleue


claire s'y marie avec les carreaux de terre cuite crue, ce qui est une
trouvadle bien persane. lue inscription relevée |)ar Sarre '
nous a
livré le nom et le pavs du céramiste qui y travailla. « Moliammeil,
fils d'Osman, le maitre compaj^non de 'foiis ». Tous, c'est .Mechlietl,
au nord-est de la Perse, près de Merv, dans le Khorassan. C'est à

Tous que se trouvaient les tombeaux dllaroun er Raschid, de Fir-


dousi, -|- 1020, du philosophe (iazali, âc Nasir etl-Din, il'Ali el-Hida.
La ville magnifique de Nisapour élail à Irois jdunu'o de marche de
Tous. Ces villes du Khorassan furent ctIIcs (|iii Mibircnl, dans leur

1. F. Sarre, licise in Klein nsien. —


Denlininler dcr i>crsirln-r Hunlmnst.
liv. III. — Cl. Huart, Epi(jrnithic arabe, Asie Mineure.
•J'.li M AM II. I» Ail I MIM I M AN

position ;;co^i;ij)liiquc avaiu'L'f, le preiiiicr clioc de I iiivaMon inoii-


^,-010. il esl probable que comme leurs savants et leu~s philosophes,
leurs ailisaiis fuirent tlevant les dévastations, et que beaucou[>
\iiirent >e réfuj,^ier à la cf)ur des Seldjoiuidcs. (\u peut donc, en
s"a[)puvanl sur 1 inscripl loii de Konieh, considérer que celte belle
technirpic de la mosaïque de l'aïence, brillante aux murs des deux
medersas de Konich, de la mosquée du sultan Ala ed-din li^^ "ii') .

est sortie du Ivliorassan jjersan. ( >ii a d'ailleurs retrouvé à Merv


des vestiges très intéressants d une ancienne ville seldjoucide per-
sane « sultan Kala », avec des mosaupies de faïence verfiissée.

Vig. 215. — Mnsaï(iue île l'irR-m-L (jrandc iiiosciiu

La niosn'ujue de faïence en Turquie. — Il faut voir dans ces


artisans persans venant travailler dans les monuments des Seldjou-
cides de Konieh (et sans doute d'ailleurs), les ancêtres de ceux qui
vinrent revêtir de céramiques les murailles des mosquées de Brousse,
de la Mosquée verte (1424) et de llpck Ilan qui date de Moham-
med I""^ [tv^. -247 !.

On les retrouve encore un peu plus tard au jo'.i pavillon de Tchinli


Kiosk à Constantinople, qui date de l'époque de Mohammed le

Conquérant (2*^ moitié du xv*" siècle).


LA CKKAMlglE 295

Un autre procédé de mosaïque de faïence, celle-ci incrustée dans


la pierre, se voit à Coiistantiiiople dans le mausolée élevé à Moham-
med Pacha après
sa décapitation
(1474), ainsi qu'à
Éphèse et à Milet,
de même qu'en
Perse.

La mosaïque de
faïence en Perse et

en Turkestan. —
Cette technique de
la mosaïque de
faïence, vraisem-
blablement née
dans le Khorassan,
se sera conservée
en Perse, où nous
la retrouvons em-
ployée dans de
nombreux monu-
ments des xiv" et

xv** siècles. A Sal-


lanieh , dans la

mosquée funéraire
de Khoda beiide
Khan, prince moii-
^^•ol (i:i04-i:M«)), à
Téhriz , dans la

Mosquée bleue
coiisl ru le i |)a r

Djek haii Shah


(1437-1468) (des
l''ij;. 2 il). - Mdsaùnif clo fi U'Ilfl-,
panneaux en oui Kai'iilaï Mcdersa. Ivoiiii'li, niilicii du Mil '
siri'lo.
été recueillis jiar

le Musée de Sèvres et le Kuuslj^owerbe .Muséum de Ihm Im , et à


Ispa/hin au poi'Iail ruiné de I)cr\\a/e li'.Mii '.

I . V. Sarre, Dcnbiniilcr 1, II, \y ("ii'i'\ais ('.Diirli'llciiMiit. /.C:


arts, scptemlji'c l!i() i.
296 \I\M)I, 1) Ain MI-||,M\V

Les arlisaiis [lersiiiis diirciil 1 ;i[)[tf)iter aussi au lurkestaii, à

S;ini;irli;ni(l . <>ii ii()ii> l;i icIithivoiis au inausolrc de Timour (]- 1405),


avec celte (liHéreiicc cjue les morceaux cubiques v sont découpés
avec moius de précision. Il y cul ainsi dans les monuments des
Timouridcs, à Saniaïkand, des merveilles de revêtements céramiques
soit en mosaïques ou en véritables champlevés avec prédominance
du blanc et du jaune, soit en décorde rinceaux assez profondément
découpés dans l'épaisseur de la plaque avant cuisson, et se déta-
chant ajourés et émaillés verts sur fond plein. On la retrouve à la

mosquée Tilliakari, construite en 1598, dans le mausolée de Kussem


ibn Abassa, datant du xvii'" siècle. Des motifs chinois y apparaissent
alors de plus en plus caractérisés.
De Samarkand, le procédé passa dans Tlnde avec la dynastie
mongole des Timourides au xvi'' siècle. On rencontre au palais de
Lahore des mosaïques représentant des scènes animées, hommes et
animaux. Mais le travail est loin d'égaler celui de la Perse et du
Turkestan, comme beauté des couleurs et éclat de lémail.
La mosaïque de faïence fut également pratiquée dans lOuest. en
Espagne et dans le Maghreb. On la rencontre couramment dans les
monuments de Tlemcen '. Aucune trace d'influence orientale per-
sane n'y est sensible. Le dessin géométrique y prédomine, l'ara-
besque y est plutôt rare.

Les carreaux et Turquie^ à Cnn.stantmople.


pièces de forme en
— L'Asie Mineure Turquie connurent au xv*^ siècle une décora-
et la
tion céramique de revêtement qui ileurit particulièrement sous le
règne de Mohammed P"" aux murs de la Mosquée verte à Brousse,
terminée en 14'24 par Ihias Ali, et de la mosquée du sultan. Dans
ces monuments les carreaux de revêtement ne couvrent pas entiè-
rement les parois, mais seulement les surfaces murales les plus
importantes. La terre rouge brique, sableuse, est émaillée sans très
vif éclat en deux bleus clair et foncé, en vert, en jaune, en blanc,
en violet et en brun. Sur les émaux blancs, comme nous l'avons
dit, des traces de dorure à feu de moufle sont encore visibles. La
couleur préférée est surtout le vert de cuivre. Les motifs sont

empruntés à l'arabesque pure combinée avec les guirlandes de fleurs


traitées à la manière des Persans, mais à formes un peu rigides ^.

1. W. el(ï. Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen. Fontenioing. Paris.


1903.
2. Parvillée, Architecture et décoration turcjues nu XV' siècle. Paris, Morel.
^ k4^

A -IV r>-

r^-f- Hîî.AV^

Fif,'. 247. — Mosaïque do ffriViuc tiiilir vcil, w- siocle


(MosqiuH- (If Hrousso ;. - Cliclu' Sch.ih.
(icKc tccliiii-

i|iic (I iiispiralion
-I |»t'rs.'iiie se re-
in uivi' dans les

levêlenieiits cé-
i-a iniques en
Perse, aux xvi*' et.

\\ II'' siècles, alors

(|ue la céraniique
à lustre dVtravail
(li^|iaru, el la où
l;i inf)saïque de
laïciicenY'lailpas
adoptée. C'est
s u rt o u t à /.s/;a Aa n

(|ue cet |art céra-

mique s'épanouit*
i.a domination
al'^^'^hane au xviii'"

siècle détruisit
un très grand
nombre de ces
beaux ensembles
de revêtement.
On en voit encore
d'assez bien con-
servés à la mos-
quée royale bâtie
vers 1590 par
Chah Abbas 1".

J.e style du décor


y diilere sensible-
ment de celui de
Brousse : l'écri-

ture et l'arabes-
que n'y ont plus
la même impor-
tance ; le dessin
fioral, les jjuir-

landes s'v mon-

Rc\ oUiiKiil imual au niausolce de3Mi]iu'ad[^III


[Constantiiiiiple .
— Cliché Saladin.
LA CKRAMIQIE 299

trent avec labondance décorative qu'on rencontre sur les tapis de


la même époque. Le jaune est
la couleur dominante le bleu et le :

blanc y sont employés le rouge y est très rare.


;

La céramique qui fut bien spéciale à l'Asie Mineure, et qui four-


nit aux mosquées de Constantinople en particulier cette éclatante

Vifi. 219. — Rt'\i'ti'nu'nl mural à la miis(|iii''o du sullan Aluiu't


C.iiiistanlinopli' .

parure vitrifiée, doit être {)lacéc au |)remier ranj,'' dans l'hisloiro di'
la céramique orientale, pour la bi-aulé de sa couleur, la fantaisie de
ses décors, et la nia,i;islrali' ix-rfi'i-liDii iK' sa U'rhiii(]iu' ipii sans
doute n'a jamais été dépassée. Mlle se com|)ose de carreaux de
i-evèteinent carrés; un décor à assez vastes dispositions v devait
:iiMi M Wl I I. I> Altl Ml >l I.MAN

soinciil cire rc|»cic |.l;ic(> li-. •_>i.S--j:)l .

I!llc produisit aussi


iiiir (jii.iiitili' (le [)iè-

(•(•> (le loniics usa-


f;eres, plats et vases
i'f)ii(ls, bassins pro-
I'oikIs. aiguières,
1(1 II' Iles à couvercles,
l)i)ult;illes, brocs, et

(les pièces de forme


piirliculière, les ha-
iiai)s à anses rectili-
gncs !
li'^-.-_>:)r)--259).

Le décor se compo-
se de trois éléments
pi"iiici|)au\ : 1 orne-
niciil floral, tulipe,
(l'illel, rose épanouie
avec ses boutons en-
lr"ouverts, hyacinthe
longue et mince à l'é-

l;it sau\ai;e ; Vorne-


nicnl s.irnwnleiix per-
san Awc une Heur
qu'on n'a pas encore
bien définie et que
nous appellerons la

p/ilmelte persane; et
Varahesque qui, dans
cette céramique, passe
au second rang" '. Les
couleurs sont généra-
lement le bleu plus

— Hevèlement mural au vieux rail


ou moins clair , le
Fifï. 250.
(
Constautinople i.
— Cliché Saladin. vert, et surtout le

roiuje toniale, ton


d'une puissance incomparable, apposé avec un très lég-er relief

modelé, se détachant sur un fond blanc.

1. Ce décor a été fort bien analysé par O. von Falkc. dans son Manuel
« Miijolika ».
LA CERAMIQUE 301

Faïences turques dites de Rhodes. — Pendant très long-temps on


a désigné ce genre de céramiques du nom de faïences de Rhodes
ou de Lindos, en l'appliquant aux pièces de forme, plats ou vases.
Les carreaux de revêtement ne leur étaient nullement assimilés.
C'est M. Otto von Falke qui le premier a très carrément répudié
cette dénomination, trop légèrement adoptée, et cette légende des
potiers persans faits prisonniers pendant la première moitié du

Fig. 251. — lU'VoU'iiu'ut niiiial au \icMi\ sérail de (loiistaiil iniiplc

XIV'' siècle, par les clie\ ;ilici's français (le l'ordre de Saml .Iran ot,
(ransplanlés à l.indos de Hiiddcs. (Ida ne iT|)osai( ^ur aucune
réalité, et M. Karahari'k a |»n iii\ c (pn' K' mol if (11111 plal du Musée
de (lliinv tpii scrvail à ('laver celle explical idii, ira\;iil rien à voir,
par son iconographie, a\-ec l'Iiisloire des (nplij's persans du
.viv*" siècle, attendu (pie c'esl un iiionmiieiil (rep(i(pie liasse, et de
de décadence du wii'' siècle. Il n'esl pas plus sûr de croire le cata-
logue du Musée de (^liiiiv, (piaïul il alliriue (pie celle céraini(pic à
Rhodes y devint populaire cl pavsaiie a|)res la t-oiit|uèlc de lile par
'M-2 MAM II. IJ AU I Ml -1 I.MAN

li-s 'I lires en l.")-.'-.'. Il ol (lillicilc (rc\j)|i(|iicr ri-norrne j)ro(luctioii


(le (•([!( (•(•i;iiiii(|iic (Idiil il fxisic encore! une iiiiil(it iide crobjets, si
"Il l;i liinile a lile rlixiienne. c-t ;iii eiuirt esf);iee de temps qui la

vil iiailre et mourir. Si


liliodes fabriqua ce genre
(le céramique fies mai-
sons de IJikIos en con-
tiennent de nombreuses
pièces) elle n'en eut cer-
tainement pas la fabrica-
tion exclusive. M. Kara-
Ijacek prétend de plus
avoir relevé sur des piè-
ces dites de Rhodes, des
sif^-^nes particuliers à des
\illes d'Asie Mineure,
Nicée, Demitoka, Kou-
tayeh. Le seul raisonne-
inenl, né d'un examen
attentif des yeux, aurait
dû d'ailleurs suflire à

ruiner la théorie rho-


(lienue. 11 sulFisait de
tenir compte des car-
reaux de revêtement,
qu'on a tenus alors pour
inexistants. L'identité de
technique et de décor est
absolue. Or. on n'a pas
trouvé un seul de ces
carreaux à Rhodes, mais
au conti'aire sur tout le
FifT. 252. Plaque; murale, aii syrien de Damas
Musée de Sèvres \.
territoire de l'Empire
turc, partout où les Os-
manlis ont laissé des traces de leur architecture, et surtout à
Gonstantinople et à Andrinople, ainsi qu'en Asie Mineure, à Scutari,
à Nicée, à Angora, à Brousse, quelques-uns mais plus rares, à
Damas et au Caire.
Au xvi*^ siècle, Nicée portait le surnom de Tschinili , Isnik
Tschinili Nicée des faïences , ce qui indique que cette industrie
LA CERAMIQLE 303

y était prospère, et il est vrai-

semblable qu'elle fournit la

majeure partie des carreaux


employés dans les mosquées
de Constantinople et d'Asie
Mineure. Peut-êtredes fouilles
plus tard nous donneront-elles
raison. Il est certain qu'au
commencement du xvn'' siècle.

les carreaux de la mosquée


d'Ahmed à Constantinople,
avaient été fournis par Nicée ;

un peu après, la ville ruinée


par les guerres civiles vit son
industrie décliner et s'éteindre.
Nous avons des dates par les

mosquées ; les carreaux qu'el-


les renferment, identiques aux
pièces de formes, peuvent
ainsi nous fournir des indica-
Fifr. 253. — Lampe, art crAnalulit.'. xvr siccU'
{ Kensinglon Muséum .

=^^ii£^ lions assez précises. L'apogée de cet


art fut au xvi« siècle à l'époque de
Soliman le Grand (1520-1566).
D'ailleurs, un certain nombre de
vases turcs qui reçurent à cette

époque en Europe tles monluros


(lorfèvrerie, ne peuvent que corro-
i)orer celle opinion. Il semble qu'on
en importa beaucoup eu Italie.
puis([ue la fabrique de nuijoliques
(le (^andiana, près de Padoue, en
l'iiuruil de nombreuses iniitalions

(Ml Ire [{'y20 et 1650.


Il est actuellement impossible de
distii.guer entre eux les produits des
(Ii\ers ateliers.
1" In groupe bien delini dont
Vig. 254. — LamiH' pioxenant les [iroduits ont triiMii|ilu' à C'.ons-
de Jérusalem, ilalé !»5()'ir)ll»
( Britisli Miiscuiii .
'M)i MAM II. Il Alll MI SI I.MAN

Ile
tiiiitiin>|il «Ml le-- illVriit laiil ili' revùlL'Mic'iils, est la

^rr\t' (le carreaux aux


(li'ii.i hieiis L'I ;iu roiif/e

loiii.ilc (|ui en est la

caractérisliquci i
lif,'. "J 18-

•J.')! t. Il sérail fasli-

(licux et inutile deii


/liihlir la li.ste. l)eux
((iiaiilillou.s reniarqua-
Ml'.s en peuvent être ad-
mirés à I^aris et à Lon-
dres : les deux beaux
Ivnipiins du palais de
l'i.ili l'.icha il Constanli-
iinplc, (jiii lurent oflerts
au Musée du J. ouvre
par M. Germain liapsl,
Plat de faïence d'Asie Mineure,
et la belle lampe de
xvi" siècle.

mosquée appartenant au Kcnsington Mu-


séum provenant de la mosquée de Soliman
à Constantinople (ti}^-. -253). Nous avons
cherché à réunir les spécimens les plus

intéressants et les plus variés de celte

céramique si 259
brillante ( fig. l.

Un autre groupe où les céramistes


"2°

semblent avoir remplacé ce rouge tomate


caractéristique par le manganèse, toutes
les que le décor ne se contente pas
fois

des deux bleus, du vert et du noir. Celte


fabrication dut s'étendre assez loin en
Anatolie, jusqu'en Arménie, à Erzeroum
^
et même à Uiarbékir. C'est à celte série j^
qu'appartient l'admirable lampe de mos-
quée du British Muséum lig. 254 1, pro- (

venant de la Koubbet es Sakhra, dite mos-


quée d'Omar à Jérusalem, où elle fut sans
KiiT. 25(i. — Bouteille,
doute apportée lors de la restauration que faïence tl'Asie Mineure,
xA-r siècle
Soliman lit de la mosquée. Les médaillons,
Musée de Sèvres^..
où zig-zaguent les Ichis mongols, sont bleus
LA CERAMIQUE 305

et verts, et une larg'e frise porte une inscription qui la date de


956/1549 *.

Faïence syrienne. Dansas. — Tout en n'ayant aucune preuve pour


contester Torig-ine turque (d'Asie Mineure) de ce groupe, je croi-
rais volontiers qu'il exista en Syrie des ateliers florissants qui fabri-
quèrent avec prédilection ce genre de céramique, d'aspect moins vio-

Fij,''. 257. — Plat (le l'aïi-iiro d'Asie Miiuuit', \\r siéci

( Musée (le ('.lun\ ;.

lent, plus apaisé, dans des liarmoiucs bleues et xcrles lig. 'l'vl . (h)
rencontre eiicoi'e, à 1 )amas, un cei'laiii ikiiiiIjic de maisons auiMcnncs,
de hammams décorés de ce genre de can'eaux de i'e\élement ; la

rareté des autres y est notable, l ne prei'erenee si mar(|uée dul


s'attaelu'i" smkui à pi-oliler, du moins ;'i laii\' iiailre l'i's aleliers
locaux.
Il est de pins, curieux, (|u"aii ( ^aire, où les re\ étiMiienls ceraniupies
furent si rares, luie seule mosipiet- en pi-eseiile. (l'i'sl cidle de AL

1. Foi'liiuin, .1 rc/i,('()/()(/(,i, noI. \'1. pi 'Jo

Mani'i:i, h'Aht misim.ma.n. — II. 20


:<()»> M AM I I. Il Alt T Ml SI I.MAN

Soiuikor. (l;iiis l;i(|iu'llc', en la restaurant, Ibrahim Aj^ha introdui-


sit en \iK)'.\ te }(c'iire de décoration. Tous les carreaux sont de celte
niènie espèce bleue et verte, et les échanfjes entre TM^^^ypte et la

Svrie ;n;inl loiijoiirs (Hr plus actifs ivci|»rri(piciiii-iit (pi;i\ic toute

P"!;;. 2ô8. — Plats d'Asie Miiit-iire, .\vi- siècle, apjiarlenanl à M. Kalcbjian.

autre ré^-'ion, il est vraisemblable de supposer que ces carreaux


furent demandés à des ateliers syriens ou anatoliens.
Lorig^ine syrienne de ces purs chefs-d'œuvre céramiques qu'on a
toujours dénommés /j /a /5 de Damas, doit-elle être maintenue? Ce
sont assurément parmi les objets usagers, de table, les plus mer-
veilleux monuments de la faïence décorée que l'Orient ait inventés.
Il n'en est malheureusement pas un seul qui porte une marque, une
LA CERAMIQUE 30-

inscription,une date. Je ne vois pas de bonne raison de débaptiser


une série dont le nom nous est familier, pour lui donner une autre

dénomination tout aussi problématique, surtout si l'on admet,


comme je le pense, que cette famille aux deux bleus et vert, a pu
fleurir en Syrie. C'est surtout sur ces beaux plats que l'élément
floral trouve un facile triomphe. Il serait difficile de rencontrer
plus heureuse adaptation du décor à l'objet. On y retrouve la

tulipe, l'œillet, l'hyacinthe sauvag"e, la rose épanouie, et de plus la

pivoine dont la longue tige flexible se plie avec une grâce singu-
lière. Tantôt le décor se détache en violet, en mauve, en manganèse

Fitr. 250. — Plat (l'.Vsi<- Miiu-ui-o, t'niitl i;ris. .\vi' sièrle.

ou en blanc sur un fond bleu fonce, ([ui pàlil par places ice sont
les plus rares) ilig. '2{V2 t
: tantôt en deux bleus, en mauve et en
vert sur un fond blanc dont l'éclat et la transparence sont remar-
quables. Le point de départ est généralement ruuriii par une souche
racineuse, d'où les tiges s'élancent avec une grâce charmante, et
qui donne au décor un sens i lig. 'H\\ .

lue seule fois ranimai v est intervenu, sons la loi-mc d'un paon,
dont la suave note iriauve, et imprévue au milieu
la mise en plact'

(les gerbes de fleurs, sont d'une invention subtile, en même temps


(|ue l'harmonie en est une des plus delit-ales qu un t'éi'amisle ait
jamais inventée icollection i{. lueciilin lig. iMîO . Les beaux pla(>^
308 M \M 11, l> Alt 1 Ml SI l.M AN

Fif,'. 2(iO. - Pliit de Damas, wi- siècle :


CoUcctidii de M. U. KutIi

Fi .T. 261. — FlaL de Damas, w r siècle ,


Musée d'Amsterdam j.
LA CERAMIQUE 'M)9

de Damas sont si nombreux qu'il est tout à fait inutile de les

dénombrer. J^es deux musées anf^lais en possèdent d'extraordinaires,

Vig. -16-2. — I^lats de Damas, xvi" siècle : Hritisli Mus.

l'"i^;'. 2<i:!. I''aïeii( (•.!,• Koiil ,i\ eh, \\ nr siéelc ( ".dll.'i't n .11 .Iniinrl to 1.

doiil partie ;i|)|iai-liciil ciicoïc ,1 M. S;illiii-; 1111 i\c^ plus pai-fails se


tr(iu\c' ((Mi;iiiiciniMil au Mun.m- <lr la \ill<' «le l'ari> rolloi-lion
Duluil).
Mi) M \M I 1. Il Ali I Ml MI. M \\

Fuïciiics (r.\n;iliili('. /\<>nl;ii/i'/i .


- Lfs (Ici'iiicr.s jn-iuliiits rlo la céra-
mi(|iic luiiiiii' ;iii\ wii'' d wm'' sic-clos sont k's r;nL'iiccs d'Anatolie,
(Idiit le cciilic cl;!!! i\iiiii,i\ cl). années donné( )ii a (loj)ijis (juc"h|iies

celle (IciKuniii.il 1(111, musées anf,'lais, à certaine


siiiloiil (i.iiis les

série de \;is(|ii(s, de |)l;its, dt- vases el de lampes de mosquées,


i<)ii<;ltMii|is ((inldiidiie avec celle de Damas, à deux bleus sur fond

blanc, el à réserves blanches sur fond


bleu. J.e décor est surtout {géométrique
el épifiraphique, plutôt que floral, ou
du moins (piaiid la fleur v est interpré-

tée, c esl dune façon sèche et froide.

Fi^'. 2()i. — l'aïoiii-c de Koutayeh, xviii" siècle Ccillerliini .Icuiiielle;.

sans la libre fantaisie, el le génie décoratif des artistes de Damas'.


L'art céramique d'Anatolie tendit de plus en plus vers la g^râce et
la mièvrerie, et au xviii^ siècle furent en grande vogue les services
de table, tasses, coupes, cafetières, aiguières, soupières, maigrement
décorées dans des colorations nouvelles, où le rose el le jaune pré-
dominent. Cette série qu'on peut surnommer « le Sèvres de
l'Orient » n'a plus, malgré son agrément et sa grâce, le moindre
intérêt archéologique. La collection parisienne de M. Jeunielte en
possède une riche variété ( tig. iOli, "264 L

B B L O G R A P }n E
I I

FoKTNUM. Maiolica.
VoN Falke (Otto). Majnlika.
Foi-QUET (Docteur). Contrihulion à l'i'hidi' de la céramique orientale.
Le Caire, 1900.

1. G. Misi'eon, Alhuiii de i I-h'posilion des arls nuisiilnians, pi. 44.


LES faïences HISPANO-MORESQUES

Les faïences, g^énéralemeiiL tlésig'nées

aujourd'hui du nom d'hispano-moresques,


ne sont archéolog-iquement connues que
<le])uis 1844. Ce fut M. Riocreux, conser-
xateur du Musée céramique de Sèvres,
(|ui les si;^nala alors pour la première fois,

ri les distingua des faïences italiennes à


reflets métalliques, avec lesquelles elles

avaient toujours été confondues, et qui en


i^V 265. - PcliL plat creux, .^ .
., ,, '
/,.-
décor en émail veil clair étaient d ailleurs vraisemblablement deri-
Kspagne, .\v» siècle
vées. J . Labarte leur consacra ensuite une
(Musée du Louvre). ,. . ,
n ,•
,

courte notice \ et quand , ,


la collection
Soulages fut achetée en ISâT par un trust d'amateurs anglais pour
passer tout entière au Kensington Muséum, M. Robinson consacra
aux faïences hispano-nKjresques un c-hapitre du (Utluloque qu'il fit
tle cette collection -. La même année, Joseph .\I;irrval résumait ces

divers (ravaux dans son Iliatoire ^. l'^t en IHtil, le baron Ch. Davil-
lier faisait faire un grand pas à la question en publiant son opus-

cule ', dans lequel il nieltail en (i'ii\ i-c un ccrlaiii nombre de docu-
ments écrits, au moyen desquels il faisait un essai de classeineut.
I^lnfîn J.-F. Riano lui consacrait un chapitre '.

La (piestion en était restée à ce |>oiiit, cpiaiid [)liis récemment

M. Ollo von Lalke traita avec une plus grande précision Ihisto-
ricpic (le (ctle branche céramique*^; L'an dernier même, M. van

de Lui faisait |)araiti'e nu livre' ou la cpieslion se trouvait étudiée

1. .1. I.aiiailc, lh'srrij)lLi)n (li'sohit'lair.irlrontpox.tnl lu ntllcclion lichriK/c-


Diiniéiiil. l'aiis, Isi7,in-H".
2. Robinson, (J;iinlo(}ne of f/ie Soiilnij.s cDllection. Lniulros. 1857.
3. J. Mari-yat, llislori/ of polleri/ ;uul iiorcvlain. London, 1857.
1. (lli. Davillicr, llistoiri' des l'uicnccs liisinino-moresijitcs .i reflets métal-
li(lties. Paris. Diilron, IStil.

5. Riano, Spanis/i art.


.I.-F.
6. O. von (If Falkc, M:ijnlil<:i.
7. Van (II- Put, ///.s/i.irir) (iinrc.sv/uc i/'/irc nf the \V" cenitirij. London. 1004.
.<,
I
•_>
MANCII. Il Altl Ml sri.MAN

avec une iiu'llindc nouvelle, au |i<>iiit de \ ne li('Mal<lK|ue, et

M. (lestoso V Perez consacrail loiil deiuieienieiit un excellent


travail aux ateliers cérami(|iie>^ de Si-ville '.

L'l')s[)af,''ne musulmane, depuis les premières lieures rie la domi-


nation omayade, avait loujours éti- en rapports étroits avec les

Vi'^. 26(). — Cdiipc à lustre, atelier de Malajra, xiv siècle


(Collection Sarre).

pays de rislam orientaux, et commerçait avec eux '-.


11 est donc
vraisemblable qu'elle reçut de lOrient, pour les industries de la

céramique, bien des leçons comme elle en a\ ait reçu pour dautres
industries. Il semble bien que ce l'ut de Bai^dad que l'art de la

faïence lustrée pénétra dans le bassin occidental de la Méditerranée,


d'abord à Kairouan ; il est impossible de dire si ce fut de Bag^dad
qu'il ]3énéfra en Es])a^'-ne, ou indirectement de Kairouan par les

chemins du Maghreb.

Gesloso y Ferez, Los harros vidriados Sevillanos. Séville, lîtOâ.


1. J.
Lettre du juif espagnol Chardaï ibn Schaprut, traduite par Carmoly.
2. 7//-
néraire de Terre-Sainte. Bruxelles, 1847.
LA CKRAMIQl'E :U3

Au XII* siècle, Edrisi , moins dun siècle après Tinvasion des


Almora vides (1086), me ntionne la manufacture de la poterie dorée
à Galatayud, qui en
exportait à de très
lointaines distances.
L n deuxième té-
moignage nous fait
connaitre une fabri-
que à Jativa pro- i

vince de \'alence i

sans que nous sa-


chions cependant si

elle pra icj l u a i l le

lustre, dont les po-


tiers reçurent de
Jaime I*""^ d'Aragon,
leurmaitre, en l'2i8,

une charle peiMuel-


tant, contre un im-
pôt, la libre pratique
de leur métier -'.

A le tiers de Mala-
(fa, XIII' -XV siè-
cles. — l'n peu plus
tard, Malaga aurait
été un des centres
les plus anciens de
la fabrication céra-
mique dans la pénin-
sule ilx'-i'Mpic. I.a

ruine de I cmpirr
a 1 nie 11 a dr la \ a i I

laissée dcpriidaiile
l'iK. -Ji.:. — \iisc- .1 r.'iU-ts.

ali'lici- (le Mahif^a, xiv" sii'-cli-


du royaiiiiic de Mu-.(-f (le riùiiiila,!;»' à Saint -l'cli'rslxiiir},').
(îreiiade. Va\ I "iTli

ctaienl coiniiiciici'S I lra\aii\ de 1"


Vlliamhra. el nul doiitt' (pic les

t. litlrisi. Drsrriiilidii tli' /'.l/V/./f/c c/ </c / /•.'.s7),i(/;ic. Ii:)i. tMilioii I).i/\ et ,\c
(•ocjc. |). -J.'id. istiti,

2. K. l'Vniaïulc/. v (iiin/aliv. i:sl;iiii> socl;il 1/ /itititicil ilr lus ;»u(</c/,ircN i/c


(^astilht. lS(i().
MAMI Ain MISI I.M \N
A\\ I. I>

y:„ 06S — Vase à lustre, dit de lAlhambra. atelier de Malaga,


xiV siècle.
.

LA CERAMIQLE 315

nécessités de décoration, les revêtements des murs, n'aient con-


la

sidérablement stimulé l'activité des ateliers andalous. Une indica-


tion nous est fournie par Ibn Batoutah, natif de Tanger, qui après
avoir voyagé en Orient, débarqua à Malaga. Écrivant vers 1350. d
dit « On fabrique à Malaga la belle poterie ou porcelaine dorée,
:

X que Ton exporte dans


« les contrées les plus
« éloignées' >. Parlant
ensuite de (Grenade, il nv
mentionne aucune fabri-
que de faïence. Deux
-autres voN'ageurs arabes.
Ibn Saïd au xm*^ siècle,

et Ibn el-llalib au \i\'

mentionnent aussi Mala-


xa. Malaga tomba au pou-
voir des rois c»alholiques
en 1487 et sans supposer
que ce pût être la lin de
ses industries moresques,
on peut admettre que leur
éclat ait pâli. C'est donc
dans cet espace de deux
siècles que dut s'épanouir
la production des ateliers
Fig. 269. — l*iiits en leiTc ciiili' vernissée,
•céramiques de Malaga. aleliei's d'.\ndalnusie,
Les monuments nous .\iV siècle (Musée de Madrid).
apportent-ils un témoi-
gnage conlirmatif? M. Sarre, de Herliii, a acquis de M. le I)'' Bode,
qui l'avait trouvée en Italie en 19(»i, une jietitecoupe décorée
d'arabesques en lustre olivâtre i lig. 'it»») ,
portant au revers une
inscription sur laquelle les épigraphes allemands se sont tous mis
d'accord |)our v
lire » Malaga - : ». et qui est la seule pièce connue
pouvant être sûrement attribuée à un atelier de Malaga, -«ur la Itu

d'une mar([ue de fabrique. Les motifs arabosipies qui décorent cette


petite coupe peuvent être comparés à ceux tpii décorent les grands
vases et aux reliefs vu stuc dr I Alliainbia.

1. \ oi/.-ir/cN tt Ihn li;ili>ul:ilt. Iradiicl iiui I )flV.-iiifry. Paris, 1H;>S. (. IN. p. Mi'
2. l)"^ Sari^c. Jahrhiiih ilrs Kiil. l'r. Kii nsl.'inininl ii n'im . Merlin. \W:i.
:nr, MAM I.l, I) Ain Ml SI I.MAN

I 11 iii;i;;iiili(|iic \;isc qui ;i[i[);ifl iiil jadis ;i l-oit un v li;^. -•'»'/


, l'L

(|iii est plisse iiii Muser de I l'.riii i t;i;^e ;i l 'l'I ei-lx iiir^ . ollre di'-lroils

r;i|)I>(irls de di''ci)i;itiiiii. ii;il uridloiiieiil iivfc iinc lucii plus j;r;iri(Je

al)()ii(l;iiiee, avec la Julie ciniiie de la ((dlecl khi San-c. l)c'UX savants


es])aj^iiids, M. lialae] ' Idiil iei;is el |)(iii .inaii de hinsde la Hada*,
ra\aieiit déjà jadis allril)Ue à iiii atelier di' Mala^-a.
|)eii\ aiilres li'ès beaux \ases à Iiislre iue(alli(|ue. I un au Musée
de l'aleniie, laulrt' au Mus(''e de Stockliolni, peinent être comparés
au \ ase de I l']rmitaye ".

(^'iKHipie un peu dillë-

reiil , eai' sa ili'ci n-at h iii de


liisire métallique cdiuporte
un peu de hieu. de mémo
(pi un \ ase du même j^enre
du Musée archéoloj^ique
de Madi'id. on peut avec
\ raisenihlauee a t tri hue r
aussi aux ateliers de Ma-
!aL;a le \ase fameux, connu
sous le nom de r;isc de
r Alhiimhru liy. 2()8 , qui
s'y ti-ouve exposé dans un
anyle de !a salle des Deux-
Sœurs, l'ar la l'orme des
caractères et le style de ses
ornements, il j^irait bien
V'vji. 270. — Jarre en terre eiiile vernissée,
Le
(H'iieineiils gravés, ateliers d'Andalousie, dater du xiv*' siècle.

xiv" siècle (Musée d'Altrer .


décor est formé d'entrelacs
et d'arabesques charmants
et ca| ricieux, au milieu descjuels court rinscriplion ornementale. Au
centre, deux antilopes all'rontées (^iit au-dessus d'elles la iarj^e inscrip-
tion qui fait le tour de la panse du vase. Le dessin est indiqué en
reflets d'or ])âle s'harmonisanl avec le bleu qui cerne les lettres et
les arabcs(pies, et avec le fond diiii blanc crémeux si doux.
Son attribution Hiano qui
fut contestée par le croyait oriental,
à cause des antilopes, animaux inconnus en Espag-ne , et par

1. L'Alcaziii-, rAlhiuiibni cl la (jrnnde »io.sf/iiee d'Occident. Madi'iil. I.N89.


Miiseo Espanol di anlir/tiedndes. Sarre. /(/., t\^. 10.—
2. Sarre, /</., fip. el 12. U —
Darccl et Delanj^e, Faïences ituliennes. \)\. IV.
Paris, 1869.
LA CERAMIQUE 317

MM. Contreras et de la Racla qui, par l'examen de l'objet et son


aspect matériel, ne croyaient pas qu'il pût rentrer dans la catégorie
des vases à reflets métalliques.

l'"i ,'. 271. - .liiri'c (Ml Icri-c oiiito f;i';iN


('!• cl xciiiissoc, aU-lici's (rAiiilalniisio,
xiv siiH-lo (MiisiH' (lu I.omre;.

CcpcMidaiil lu iiiilurc même de sa dccural ion, m |)ai'('iilc de ih-IIos

des autres grands vases, la teehnupic menu- de sa dci-oratitm


lusti'ée prouvent bien i|u'il ne peul èlrc (juc de (('Ile fanulie. Les
rellets en sont |)eul-rlre nu peu dcffcl iicu\ coniini' réussite : d
318 MAM 1 I. 1) AHI Ml >l I.MAN

n'y faut voir qu'un (K'Iaul de cakinalion, ([ui lui serait commui»
avec le IVa^Miieul diiu ;,'rarul vase entré réremmcnl au Kuii^l^re-
wcrhc-Miisi'iiiii (le Iiciliii. l'iuil iiii [)lii> [lourrail-oii due (|iie le

vase de I ,\lliand)ra est peut-être un peu postérieur aux autres, et

de la lin du xiv'' siècle et d'une si-rie qui nétail [)as destinée à


l'exporlal ion. mais rc'-servc'c ;iii l'alais roval de (ireiiade.
Le vase de lAlliainhia v lui li<ni\('" ;ivcc deux autres, pleins de
pièces d'or, au x\ i'" siècle : un (!(> aiilio de même forme avait ses

Fig. 272. — Plat aux armes de Marie, femme de Alphonse V d'Aragon.


Valence, 1414-1458 (Musée de Sèvres).

anses décorées non pas d'inscriptions, mais d'arabesques et de


feuillages dans lesquels jouaient des oiseaux. .Au lieu des deux
antilopes, il v avait trois cercles avec un écusson à la devise des
rois de Grenade : « Dieu seul est vainqueur », et au lieu de la

grande inscription, il v avait des entrelacs élégants et variés ^.

11 exista également en Espagne, à une époque assez ancienne, une


industrie de vases en terre vernissée, qui s'appliqua surtout aux

1. Publié par Lozano. Aniiguedades arubes. Madrid. in-4^\ 17S5.


LA CKRAMlQfE 319

tinajas, nu grandes jarres destinées à conserver Ihuile ou le vin


Il en existe une au Kensington Muséum
'
(fig-. 269, 270, 271).
(n"330/66i décorée dans sa partie supérieure d'une frise de rinceaux
finissant en grandes feuilles de pampres, et sur la partie inférieure
de petits carrés estampés en creux dans la terre. On fît aussi en
terre émaillée des margelles de puils dont on connait quatre ou
cinq spécimens au Musée de Tolède, au Musée de Cordoue, au
Musée archéologique de Madrid, au Kensington Muséum et au

l"'ig. 273. — Plal lustré à iusciipl imis déroi-iiu-es, X'alcnoe, .w" siècle
:
Miist'f (lu Louvre ).

Musée de Glunv. Les fonts baptismaux dt^ San Salvador de Tolède


sont aussi de cette sorte.
Une série de pièces, une jarre et de grands fragments découverts
récemment dans les fondations d'une maison do Séville, sans doute
sur remplacenieiil d'un ancien four, cl (pu sont riilro au Musée
du Louvre, au Musée de Sèvres et au Musée d'Amstei-dam. nous
éclaireront peut-être sni' i'nrigiue de toule celle l'ahricalion. Toule
une suite de jarres analogues se Ir-iuve au Musée archéologique de
Séville, et une avec médaillon à sujets el ligures dans la collection

I. RiaiU), Spnnish nrl, p. Itli.


:{!>(» MAM I I. I) \l(l MI Sri.MAN

(le M. ,l(i-c Moinii. |.;i l'niiiic (i\(>j(|c (le <•(•> |)icct's est celle (les
^r;iii(ls \iises à rellels ; iniiis l;i U'cliiii(|iic en est (lillV-rente. J.a pièce
;i revu, ;i |)einc (léf,'^oiir(li('. mie (l('-((ii;ili(iii f,M-;ivée <rni'iienieiils très
variés se (léve!()|)|»aiil en iViscs aiildiir du ((pj. cl aiilmir de la panse
de la pièce, (le soiil des iiiscriplinns >;uis si;,'-iiilieali(iii, des feuil-
lafi;-es, it siii- deux d'eiilre elles an l.nuvre el sur une autre au
Musée de S('ville ' des zones de inolil'.- dai-cliilecturc. des arealures
<ln phiv pur sly'c nuirc-qnc. Il (•>! iiitiTc^sant de cDM-taicr que

Fig. 274. — Plat lustré, \'aleiice, xv siècle


[ Musée du Louvre, don Leroux !.

rémail vert (^
très irisé en arg-ent par le séjour dans le soF) a coulé
de bas en haut, les pièces à cause de leur forme instable ayant été
cuites la tète en bas ; en outre, cet émail apposé au bord d'une
zone, s'arrête au bord de la zone voisine, sauf quelques gouttes
accidentelles, dénotant ainsi la volonté du céramiste de ne faire
qu'une décoration émaillée alternée et de laisser en réserve une
zone sur deux. L'admirable forme de ces jarres dont la courbure
si accentuée, s'amincissant dans le bas, développe à la naissance

1. .1. Gcsloso y Ferez, Los harros vidriados Sevillanos, tig. 37 et 38.


LA CERAMIQUE 3-21

du deux anses en forme d'ailes, rappellera immédiatement les


col
vases comme
celui de TAlhambra. Une telle similitude plastique
ne peut guère s'expliquer que par l'identité d'origine, et l'on peut
croire que dans cette région de l'Andalousie, au xiv"-* siècle, se
pratiquèrent de façon simultanée deux genres de céramiques, celle
du lustre métallique et celle de la gravure dans la pâte avant la
couverte, sans doute |)liis franchement locale, dans laquelle les

Fijî. 2'J. — Dôcor lusli'r cl l)lcu, \'ak'nce, xv" siècle


I Musée (K- S(-\res, Icirs l)ii\ illier ).

artisans s ins[)irèi'('iil (les niolifs (Ic'cni'alirs (pie tant de iii(Miiiim'nl>


aiilicpu's cucoi-c existants leur |)r(''S('nlai('iit en L;i'an(l noiuluc, cl

que les moiinnicnls de rarclnlcclurc in(ii-('S(|uc en pai'l iciilirr

l'Alhandira ^ coniiuciK aiciil à leur ollVii-,

IMiis lard, à la lin du \\'' sicclc r[ an dchiil du \\i'', dans les


at(diers de Triaiia oii dès le di-hnl >Claicnl i^nnipcs poin- plusieurs
siècles les céi'aïuisles sé\illaiis, on faluupi;' il cui-orc de helles et

Mamiki, ii'Aur MrMi.M.vN. — II.


'A-2'2 MAM II. 1» AHI Ml SI I.MAN

f4r;iii(lc> fii\c> l);i[)liMii;ilc>, riclicinciil <l(''cnrr'i'> ilc iiiulil's modelés


il pjirt ( rosiicos, rouilles, j,M';i[)|)es )
'
.

Airlirr.s de M.ijdiy/iic. I,e hiirun |);i\iiliri- ;i |icii^(- (ni;i[)re>


M;iI;il;;i, I île de M;i|()r(|ue ;i\;iil pu elic ii;i i\c> |)iiii(i|);iiix centres
de lii eér;iiiii(|ue ;i rellets liis|);iri()-iii()re-(|uc. Il ;i\;iil. ;i\ce f[iiel(HJe

27(i. Décor lustré et bleu. \'alencc, xv siècle


Musée de Madrid).

léf,''èreté, accordé crédit au renseig-nement d'un de ses amis d'Espagne,


dont son imagination se servit pour faire d'Ynca le centre d une
production céramique à lustre. Un érudit. Don .-Mvaro Gampaner,
a parfaitement démontré l'inanité de pareilles suppositions -. Un
de ses arj^uments était le terme de nnijolica, par lequel on dési-
g"nait, au xvi'' siècle, en Italie, les faïences à reflets métalliques,
première erreur qui donnait au mot majolica un sens limitatif,
alors qu on entendait par là toute terre vernissée ou émaillée. Il
est vrai que les fabriques de Majorque sont sig'nalées une première

l. J.Gesloso y Père/, p. 111. ])laiielic.


'2. Museo Balear de historin, lilteratiir. sciencias y arles. 1875.
LA CERAMIQUE 3-23

fois en 1442 dans un traité de navigation ^ comme ayant un grand


débit en Italie ; l'importation en France en aurait été également
assez courante, si nous nous en rapportons à cette mention : « 3 plats
de terre de Maillorque » extraite des comptes du roi René -. — Et
cependant on ne peut s'empêcher d'être surpris qu'aucun auteur
espagnol n'en parle, alors cpTils citent à cette époque à tout instant
les ateliers de ^'aIence. De plus, comment expliquer que le Siennois

Fig. 277. — l'iiit liistri- à furdiins. \'alt'iice, w" siècli"


(Collcrtioii (h- M. de Osiiia .

(lalgano de Ik'Horlc, dont nfuis parlerons dans un msliiiit, ne soit

pas allé à Majorque si lile avait eu à Sienne, sa pairie, la réputa-


tion que lui auraient valu ses ateliers céramiques si actifs? Peut-
être ne faut-il voir là (piune erreur d'appellation, assez explicable
quand il s'agit de centres de protluction aussi éloignés cl inconnu^
des consommateurs.

1. Giovanni di licrnurili (Li l'zzano Ji' Pise 14'i2), piil)li('' par l'agiiiiii.

Luctines, 1765.
2. Exlraits des comptes et nicmuriaiix du roi liené 1447 . Kdilion Lecoy île

la Marctie.
A-2\ MAM ICI. I> AIII MI SI I.MAN

Ali'lici's lie \ nlciicc. ' Nous sMVoiis :iii coiilriiirc. |>;ii' «lo textes
précis. (|iicllf lui I iiiipnrhiiicc des i';il)ii(iiifs \ ;ilciiciciiiie>. (Juiiiid

.liiiiiic I" (I Aiii^tiii se lui rendu mailre du rov.iuini' de \ ;deiice,

l'iul (If l;i cériuiiiiiue devait y rire d('j;i a\aiicé |»ui-f|u d octro^'a

en l'JiS une cliailc spéciale aux |Milicr> sariasiii> de .lativa, près

de \ alcnce '.Il e-l Inil p(>ssil)le qu'où y lahrupial depuis longtemps


de la ccrauiupii- populaire et enuraiile. dout le> procédés se sont

Fig. 278. — lîassiii luslrt' e( bleu aljofaïnaz . ^alcnce, xv siècle

! Musée de Madrid .

perpétués au \\\" siècle et au ,\\'' dans ces plais à émaux vert clair

parvenus jusqu'à nous lif;. 'Jlio . Marineo Siculo, qui écrivait en


1517, parle « de vaisselles el ouvrages de faïence de \'alence qui
sont si bien travaillés el si bien dorés- ». Enlin Martin de
Vicyana, dans sa Chronique de 1564, puis un autre Valencien
Kscolano, F. PYancisco Diago (1613' et Fr. Xavier HorruU 1634 i ,

citent des localités des environs de \'alence où l'on fabriquait de

I. Citée par D.-M. Salva, Colleccion de documenlos inedilos.


2. Marincu Siculo, De las cosas mémorables de Espana. Alcala de Henarcs.
1539.

I
I.A CIORAMIQIK Mb
belles poteries, à Mislata, à Manisès, à Carcer. à Gesarle, à
Patcrna ; mais jamais A'alence même n'est citée. Nicolas de Pop-
plan, en visitant TEspag-ne en 1484, cite ces quatre villes comme
fabriquant la plus belle poterie bleue et or f[u on puisse voir.
La réputation décorative de ces belles faïences était j^énérale, car
leSénat de \'enise rendait déjà en 1455 un décret probibant toute
importation de céramiques dusai^e journalier, à l'exclusion des
« majoJKpu's de \ alcnce » considérées déjà comme |)urement

Ki;;. 27<». — Plat lustri' et blcii, alclicr de Vnlenoe. xv" siècle


(Collecti(}n de M. de Osma).

décoratives I. b]t en France même, dès 1 i5;î, un simple scribe cliariré

de rédig-er les comptes de la \ente de .lai-ipics (ln-ur, sa\ail fort

bii-n les dislinguer des autres poteries : •< item cincj plats de lei're,

ouvrage de \ alcnce Arrhircs Xnfion.ilcs, regisli-e KK :^iS, ('"'


\M
et IfiO). De ménu^ dans !cs imcnlaires du l'oi nciu', les plats de
« [vvvc de \ alence >> son! dcsluiés à la cliapt'lle ou au rliàleau
d'Angers i
M7 I '.

I/e\|)<>rlali<)n en dni être c(msidcrable, à en pigi-r par les innom-


brables fragments de [ilals (pion iciicoiilre dans les déblais cpii

parsèment la plaine de l'o-(;il \ifn\ (.aire v[ par les spécimens


•A-2i) MAM I I, 1> AH 1 Ml SI I.MAN

relrf)U\(''s dan- la I-Vaiicf du siid-ouesl tels que ceux qui >ni\l con-
servés au MiiMc de Naihiiiiiic. ainsi qu'eu ,\uf,'letorre,où le Britisli

Muséum a rcciu'illi un Ixui noniljic <\i- ri'Hf,'ments de provenances


Ircs (li\ci>cs. cci-lanis limixis dan> la Tamise ; le fryf,''men( d'un
1res bran |ilal axcc dcn\ anliln[)c< en Mcn l'ul même trfiuvc à

Bristol.
Dans liMilc (•(•((( lanidlc de laïcnccs lii>lri-('- \ ali-ncicnues . ;i

dclanl d une dixisKm [lar at(dici>. qn aucune jnndli' -ni' d anciens

Fij;-. 280. — Plal lustré et bleu, atelier de \'alence. xv siècle


'CoUectinn île M. Personnaz i.

l'ours scieutiliquemenl menée n'a pu encore permettre de faire,


contentons-nous, comme la fait M. van de Put, d'établir un clas-
sement par iniilif» décoratifs. Nous y rencontrons i
lii^-. 27'J-
280) :

1" Le décor à farauds et petits caractères arabes déformés déco-


rativement, et émaillés en bleu sur un fond très bis, décoré
d'ornements lustrés. Certaines de ces pièces portent des écussons
d'armoiries ;

2*^ Le décor à fonds de hachures et à bandes avec éperons. Peut-


i.A cKUAMiyri-; A-i:

êtreM. v;in de Put a-l-il \li une i'orniule décoralive qui 1;i n est

simplemenl quiiiie déformation de la «grecque courante ;

.'i" I.e décor de (leurs et de feuilles en rinceaux terminés par une


Heur ou un fruit à c'inc[ pétales ou baies sur un fond pointillé :

A" Le décor de larges feuilles de vig^ne :

5" Le décor de petites feuilles et de petites Heurs, parfois di\isé

par des cordons, pcMictuéde boutons saillants ;

(V Le décor d'im animal, gazelle, oiseau, émadlé en bleu sur nu


fond décoré en lustre, cpii s'ac^ompag-ne souvent d'une inscription,
et parfoi> de rin-

ceaux floraux ou
baccifères du 'A'

gi-()U[)e. Il se peut
aussi que lanima
soit gravé dans la

pâte.
Le caractère gé-
néral des faïences
valenciennes, c'est
d'odrii-, à rencontre
des faïences de
.\Ldaga, un décor
luoins convention-
nel, où la stylisa-

tion des motifs reste


|)lus près de la

nature, et rend V'f^. '2X\. — Bassin, émail l)iaiu- i-t l)lcii. A'aii'ii

avec plus de \éi"ité .\v siéfle Muséi- (lu I.iiiivn' .

la llore locale.

L'étude héral(li(pie de M. \an de Pul lui a du moins permi- de


constater que les grandes insci-ipticms en l)leu st' reti'(Mi\ent sui-
tout sur les plats à armoiries des prédécesseni-s d'Alpbonse \

d'Aragon, mais il est peu pi-obable (pu' celle anlérinnli' reuKuile


plus haut (pie M(M>. Sous Alphonse \' d Aragiui, IC)- M:>S. les I i

inscriptions oui moins (l'im|)or'anee déctu-ative. Sous ,l(\in IL


Mr)S-l i7',>, api» iraissent pluli'il Ie< larges feuilles de \igue bleues
et or cl p;irrois les eiuirnnue^. Les godrons ni' seraient \rai<em-
blablemeiil ipie de la lin du W' siècle.

Le nombre des pièces de f.iïeiu'e liispauo-moresipie e^l tel que


pour les eilei- il serait nécessaire d'eu dresser le cttr/iiis. b.lles vmil
.{•JS MAM i:i, HAUT mi si i.man

(le rormes iissc/. viiriée.s : f,^i';iii{ls hassiiis rreux, dits ul/nfnïniis

(Irois .Kliiiifiiljli's oxem[)l;iir('s au Musée de Cluiiy, sans analo^^jc


— j,M"aii(ls plais à Ixirds didils el d<iul)le rebord LMusée du Louvre.
Musée de Sèvres, Musée de (lluiiy, Musée de Madrid, Keusinj^lcui,
eolleclious du coiute de Osma el de M. (iodmanj, fjj-rands —
plais à bords plais (mêmes eollectious, Hrilish Museuui, eolleclioiis
Alphonse el (iuslavc de liolhschild), — vasques sur piédouches,
^M'andes écuelles, vases à oreilles, pots à qualre petiles anses,
piehels, pois lubulaires de la l'orme dile albarello.
J^cs revers des plais sonl aussi décorés. Ils porleut souveul un
aigle d'une grande allure, les ailes largement éployées.
.Après 1500, les mêmes molifs persistent, mais inlluencés par le

style ornemental italien ; le lustre devient alors plus rouge, et

l'émail des fonds plus jaune ; l'usage du bleu et du manganèse


tend à en disparailre entièrement, l'ne sorte de feuilles d'acanthe
apparaît aussi dans les molifs du décor.
In fait intéressant et fjui a été iiettenienl mis en lumière par
M. van de Put, est limitation que lit du lustre valencieu un potier
siennois, Galgano di Belforte, qui alla l'étudier à \'alence et le
rapporta dans sa patrie, en y revenant en 1.")! i. Il y lit alors de
nombreux plats à rellets, aux armes des familles florentines el
siennoises '.

Séville. —
Sans qu'aucun document ni monument permette de
1 affirmer,semble bien probable qu'il dût exister à Séville des
il

ateliers qui fabriquèrent la poterie lustrée à l'imitation de celle de


Malaga ou de Grenade. Les relations très étroites des villes anda-
louses entre elles le laissent supposer. Le document le plus ancien
qu'on possède ne date que de la deuxième moitié du xv*" siècle,
c est un texte de Fernand Martine/. Guijarro qui parle de « tiendas
del dorado » à Séville-.
Mais, au xvi* siècle, la pratique du lustre s'appliqua abondamment
dans les ateliers aux azulejos. On en fît de fort beaux
sévillans
pour le revêtement des murs de la Casa de Pilato les écussons ;

d'Enriquez y Rivero sont dune remarquable réussite*. Deux


beaux devants d'autels sonl ainsi décorés dans les chapelles du
Séminaire et du palais du duc d'.AIbe à Séville, ainsi qu'à la Casa

1. Tizio, HislorindiSienna, VU, 131i. — !.. I)ouj;las, Ilislori/ o/' Sieniia, 1902.
—V. de Put, op. cit. p. 21, pi. 16, 20, 22, 31.
,

2. Cité par .T. Gestoso y Perez, Los bnrrnx vidriados sevillanos. p. 285.
:i. Idem, fii;-. 61.
Vi'^. 2X2.-- l'iaiiiu' à l'clli'ts, M.ilau.i. r. iiiuncnocuu'iil w" sirrlc

((.^(illi'clinii lie M. (li'Osma . aiuii-muMiUMit à l'urliiiiy.


.VM) M \M II. Il Ail I Ml -I I.MAN

lie los I^iiH-liis, cl ;iii l 'a I ii > d ii ((Piixciil de la Mitl' de hicn acliirl-

Iciiicnl l'!i-()l(' (II' iiH'iIcciiic .

V'i'^. 2s;i. — PliKiiii- ;'i rcllcis C.ollccl ion de M . ilr ( l-iii:i .

cl rerélemcnl niiinil.
CurrehKjL' On sail l'iisaj^c éleiulu (Hic —
liiviil Orientaux des carreaux céramiques pour eu couvrir le
les

s(d ou eu revêtir les murailles. Il en lui de mèuie eu Ks[)a',Mie.

Il est assez curieux qu'à ("irenade. si Ton a retrouvé au Cuarlo

rcal di San Domingo, ancien château de plaisance, des carreaux de


revêtement des murs décoi-és du
luslrc, oïl nCii a pas lroii\('' à

r.\lliainl)i;i. si ce n'est coninie


cirrcLific: (pieltpies restes dans
la Sala de .Insticia. datant du
\i\'' siècle.

("n carreau recueilli par le

lvunstj;e\verl)e-Museum de Ber-
lin ', pro\enant de Sé\ille, olVre

les plus Jurandes analogies de décor


avec les grands vases d'Andalou-
sie lig. -283, •_>84).

l'ig-. 2.S S. — Azulcjo lustré La pièce capitale qui. i)ar sa

(Collection de M. de Osma richesse décorative et ])ar son


caractère, est, dans l'art du revê-
tement céramique, ce qu'est le vase de l'Alhambra dans la céra-

mique plastique, c'est la grande plaque iix'A .


-JS-J , qui de la col-

lection Fortuny est passée dans la collection de M. de Osma à

Madrid. L'inscription lue jadis par Schefer si Ton en croit le i-ata-

Siin-e, Jnhrhiuh. l'iir. 19-20.


.

LA CERAMIQUE 331

Itif^uc de la vente iMn-tuuy .

donne le nom de Youssout", qui


n'est autre que Youssoul' III

(1408-1417,.
N'omettons pas ce détail pré-
cieux que nous fournit un docu-
ment français. Il semble que le *l
paiement des appartements de
la Tour de Mauberfj;-eon, à Poi-

tiers, comportait des carreaux


commandés par le duc de Berri,

comte de Poitiers 1384- 1380 ( ,

à un potier espag"nol, un certain


l'if;'. '2sb. —
Azulfjo. .\iir sicili
Jehan de \'alence. Ces carreaux :
Collection de M. de < >sma .

étaient certainement émaillés.


jK'ul-étre même lus-

/v^ très, à en croire cette


nu'iilion des comptes :

" I-'oiiiMii I i-dis li\-rcs de


liniiiil pour IVm'c le \ert

cl or " . ( tu ohiciiail

\ ra i se m 1)1 a hl c ni v lit

aiii>i les ih'IIcU liislré^

par applicalKui de li-

niadlc (le ciiix rc >ui' la

(•(UiNcrlc an iiioN en de
la i-('(liicl loi: au four '

I'"ii dcliois de ces


|>la(pics on carreaux
lie i'c\ élenuMits à roilets

J iiié(alli(pi('s. il a existé

en l\>pa^iie iiiie indus-


Ine (le carreaux de
I .^> i(\ eleineuls, dits ,•/:(;-

I'"ij;. 2SI). A/.ulcjo, Andaliiiisic, w' sii'


Ir/ns, (|ni furent pout-
((:f)llc,linii (l<- M. ,1.- OsillM .
éli'e anieneurs aux

I. (j)m})les lin Duc ilc llciri. '1 i-i'^istre, le\i-iei- l.<si. .\i-eliive> iia(i<iniile>.
— De (^liampeaux et <îaiieluM-_>', 7';-,-ir.n/.r il'iirl csi'ciilcs pour Jviin île /-V.i/ir*».

iliir lie Herri. IS'il. I,, Ma^ne. le l';ihiis île .liisliee île l'uiliers. Paris. 100 1.

— Ci. Mij,'cun. Chrnniiine ./es l/Zs. Deeemlire l!>(»:i.


:VA'2

prcriilcrs. M. ,|,. ( (.ma. dcnl la ,-, ,||,.,| ,,,,, ,ra/iili|(.>. c-l iiM-rvi-illou^c
<•! ("iiiplclc, ;i (•«.iiiiiiciKc a lo (•IikIkt ,|aiiN imc [irciniciv bro-
<lllllC '. I|lli SCI"I. IKMIS I (•>|l(-C<MI> I)IC1|. v|||\;c (|,- |illlMC'lir> ,'iiilre^

(lo |)rciiiici> ;i/iilc)(i> du mu' -h-, le munliciil une lc(liiii(|u<' lre>


liiistc; ce soiil (les (•aiic;iii\ de h'rrc ciiilc a^scz roii^^c. iwi-tus n.'ir

l'I^K'' 'I "Il ciii.mI \('rl. .111 <rmi ciikiiI -..tiihrc cl In'^lc (|ui <lf)if élrc
du iii;uij,MiU'^(j. Il> -oïd
|i;ir\finis juscjuii nous
;isse/, (lésémaillés. I)cux
canviiu.x eu In.sang'e dé-
corés eu relief dans des
écuss(iii> d un château
l'ii'l. cl d'iiu ai^^le les
ades é])l()yées, furent
trouvés sous le sol de la

( liapeTe de la Piedad,
paroisse de Santa-Ma-
nua à Sé\i!le ; deux
autres analo}^ues avec
un château loii et une
croix pi'OA lennent de la

nef del Laj,''arle dans le

cioilre de la cathédrale
de Séviile.

l ne très grande série

F"if!:. 2S7. — Azulcjo, Aiidaliiusic, xv sii-cle


d'azulejos peut encore
(Collection de M. do ()snia .
aujourd'hui être étu-
lA- diée sur place à
Ihambra de Grenade et dans La Casa les monuments de Séviile-.
de Pilato en oll're les sujets les plus variés. Un très grand nombre
ont été dispersés qui se retrouvent dans tous les musées et collec-
tions particulières d'iùirope. Cette production des xiv'^, xv« et
xvi« siècle fut extrêmement active, et Séviile surtout posséda alors
de nombreux ateliers dans les faubourgs de Triana.

1.Azulejos Sevilhinos: del Siglo XllI.


2.Tous réunis dans l'ouvrage de 0\\en Jones, Plans and élévations of
Alhambra, Londres, I,si2. et dans la grande publication « Monumentos archi-
teclonicns de Kspai'ia >.
LA CERAMIQUE :v.VA

"jmj'^^i^^ /^mLjÊÊk:!rify\ ''.dm -.s^^-:^^:^ ^i»^

Fij;. 2SS. — A/.uli>j(ts CdIIci-I ion de M, di- Osma


:vM M AM Kl, Il AHT MIM I.MAN

\:\\ (Irlims (lo cjirrciuix. jtlulol di- pi-lilc (Iiiiiciimoh. où se

retrr)u\oiil dos îiiinoirios, parfois nussi une hc-lc, l:i carjictrrisliquc


décorali\o do Ions les tiulres, J.es com-
cesl rôlémenl <,^'oiiu''li-i(|uc.

binaisons de lif^nes v La couleur est fournie


sonl variées à I inliiii.

|);ii- un l)l( et un verl très clairs, souleiius par un hrun, presfjue


Il

Iciic de Sienne, (pii sonlionl l'Iiarnionie de lous les ensembles par


la vigueur de son ton. Les iij^nes sonl indiquées pav un léger relief

Fi^-. 289. — Azulejo, Andalousie, .\V siècle.

qui contribue à donner beaucoup d'accent au dessin i


fig. "286, 287,
288).
Dans la techique des azulejos. les procédés employés par les

Arabes ont été de deux genres :

A Lépoque primitive, c'est-à-dire au .xui'" siècle, le procédé fut

celui dit à lu mosaïque, par petites pièces assemblées par les maçons,
les tonalités étaient blanches, vertes, bleues, noires et jaunes. Le
procédé était difficile et coûteux. Le procédé en a été décrit par
.

LA CERAMIQUE 335

M. W. Marçais dans son livre sur les monuments de Tlemcen^.


Plus tard, au xiv'" dans l'entrecroisement de grands rubans
siècle,

blancs, les petits espaces réservés entre eux étaient remplis par de
petits morceaux.
Au xv*^ siècle, il fallut trouver un procédé plus facile et moins
coûteux : ce fut celui dit de cuerda seca, où le dessin était exécuté

(Je ulano, à [)lat, avec un pinceau à la gi-aisse. afin d'empêcher, en

JÊ^J^,

Fi;;. 290. — Azulejos, xv" siècle ' Alhaml)i-a de (iii'nadf.


salle des deux sœurs V — (Uirhr S;iLi(Un.

les a[)posanl, les touches d'émail de fusionner entre elles, formant


ainsi une sorte de cloisonné cérami(jue i fig. "JSO, '290. "JUl . Ci-

fut aussi celui d ini|)ivssioii à la matrice, tians la (erre dégour-


die, dit cueiica, (ju on |)eut encore appeler \v procédé de 1 estam-
page, qu'on retrouve du début du xvT' siècle jns(|u"au milieu du
XYii" siècle.

Mais (le|iiiis loiigleiups alors, si l;i Iradilioii pei'pi't iiail ee> pra-

1. W. Mai"i,"ais, l.i's ninniniiciils ;ir:tlit's <lr llfiiurn. Paris, l",io:v Inl rmliicl uni
p. 53 et 75.
J

:VM\ MAM I I. Il Ali I MISI I.M AN

lu|iic>, le ^onl (le hi raiciicc peinte et |)n| ycliroinee ;i I ilalieime,


s't'liiit irpaiidii fii l'>|iiif(iie, el la c(-raiiii(|iie. <lile i\i- /tis.i iin. allait v
l'CMicoiil rcr iiiie lorluiit' surproiiaiilc.

Il senihle bien (|n<' lo |((i|i.t> île IVia.ia (|iii l'ahriqiiérenl ces


a/iile)i's. (Iiireiil etic leii|e> (I a|i|)li(|iiei- l(> meniez [ti-nci'dés ;i\i\

plat- el aii\ \ ases (|iii étaient (rn>a^c al(>i> courant. l'A de fait

iinn>- cDiinaisMiiis loiile mie ^('•ne de ceiainupie- de nieiiie espèce.

Fi^-. 21)1. — A/.iili'jos. XV' sicolo Mosciuéc de r.Drdniu


Cliché Siilndin.

auquel le baron Davillier donna ])our origine la |)etit(' \ille de


Puente del Ar/.obispo ', près tie Tolède et de Talaxera. Là encore
le baron l)a\illier avait conclu un peu \ite sur la loi d'une
l'ommuuication de son ami M. de Goyena, el l'existence atlirmée
d'un plat portant au revers, en oxyde de maui,'-anèse, la marque
<r\ /TN ^ * Jamais il n'a été possible de
Û^
J^ '^r^K^ Jl / retrouver trace de ce plat,
' \J> jamais cette fameuse marque
-^
ne s'est retrouvée sur aucun autre. 11 est vrai que dans la collection

de M. Osma se trouvent deux plats de cette espèce avec la marque

I. lîaron Gti. Davillicr. /.es nrU décoratifs en EspiKjne. iNTi». — L'Art.


LA CERAMIQUE 337

"^fr qu'avec de rimag-ination on peut interpréter comme il


.

/ ' mais c[ui peut fort bien n'être qu'une marque d'ou-
plaira,
vrier et non de lieu. En examinant attentivement ces plats, le procédé
est identique à celui des azulejos ; la présence des animaux qui les
décorent se retrouve sur les azulejos, et étant données les traditions
de la cuerda seca à Séville, il est tout naturel de penser que des
plats et des vases y ont été fabriqués d'après ce procédé. Les couleurs

Fig. 292. — Aqiianianilc, .\ndalousie, xv" siècle


[
Collection Picl-Latiuidi-ie ).

dominantes y sont le blanc, le jaune et le \ert clair. V.w dehors des


plats décorés d'animaux (particulièrement de lièvres dont la col- i,

lection de M. de Osma est si riche, et qu'on rencontre encore au


Musée de Madrid, au Hritish Muséum et au Kensinj^'-ton, ainsi
qu'une pièce intéressante au Musée de Si^'-maringen, il existe des
pièces de formes assez rares, comme la cruche à buste de femme
du Musée de Sèvres ', et l'étonnant aquamanile on forme de (pia-
drupède (gazelle ou mouton), dans la collection de M. Piel-Lalau-
drie ( i\<^. "iO-J l.

Telle est l)riè\enient (Mi son (lé\ elo[)pcment Thisloire de la céra-


mique, telle que les Maures la |)i-ati(pu'ri'nl en l'"spaj;-ne. l'^lIc csl

1. (1. Mij;i-((ii, llcrtic ilc l'url :inilcti ri iiinilvrne. .\vi-il l'.Mltj.

M.\Mlil. li'.\in' MISl l.MA.N. — II.


'A'M MAM 1 I. I) Mil MI-II.M\N

(I lin iiiliTt'l rf)iisi(l(i;il)li' \),\v Iniil (<• (|ii tlir dnl ;iti ;,'(Miic décriratil
(le I < )iii'ii(, et [»;ir luiil ce (|ii elle ;i|H)nrl;i a I Itiilie <I;iiin I;i lefliiiKliie

(lu lii^li'c ;i|)|)li(|m'' ;i la ciTii iiii(|iic.

i.A (:i:ha M Kjc !: in \i ac ii h i;n

I.e Ma^lii'cl) lui son-- I inllmiKc (liirclc de I AiHialoiisie. c csl ce


que rexcellcnl tra\ail de MM. \\ illiarn et ("ieorf,''t's Marvais a aboii-
dammoiil proint''. In Irxli- d Ibn Uialdoiin, (.-ilé par Marrais
|)at;e Ii7 , ne laisse aucun dniite sur les cnipninls artisliriiies (|u un
prince tlemcénieu comme Abou Tâcliiin dul l'aire à larl f^reiiadiii.
et M. Marçais a nellemenl prou\é que les carreaux de re\èlemeiil
céramique à reilels niétallupics et à inscriptions, de la nn)>quée du
Méchouar à Tlemcen était sûrement de l'abricalion aiidalouse. Il

semble bien (|ue le procédé de mise en place employé ail été celui
de la mosaïcpie de faïence, en combinaisons de carreaux vernissés
de tons diirérenls, découpés selmi un dessin et encastrés les uns
dans les autres. Les couleurs sont le blanc, le brun, le jaune et le

vert de cuivre. Le qarlâs signale le déi)ul du \ï\'' siècle comme


Tépoque où Ton commenta dans le Ma;.;lireb à employer les revê-
tement de faïence, et son cinpldi par fra^^ments isolés ou petits
ensembles dans la pierre ou dans un appareil de briques en l'ut
des plus heureux. Nulle [)ail dans tout l'islam occidental, ne se
trouve de plus beaux et complets spécimens de revêtements céra-
miques que dans certains monuments mérinides de Tlemcen.
La céramique est éf^alement représentée à Tlemcen par des car-
reaux de pa\ement à estampages.

RIB 1. 1 r. RAPHIE

Di:cK,La faïence. Bibliothèque de rEnseignement des Beaux-Arts.


Falke (Otto von), Majolika. Berlin, 1896.
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Wallis (H.), F^ersian lustre vases. London, 1899. Leroux, Paris.
CHAPITRE XI

LES VERRES ÉM A ILE ES

Sommaire. —
Verres émaillés. — Orij^ine. — Ég-ypte. — Espagne. — Perse. —
Les vitraux.

L'industrie du \erre éinaiiié eu Orieul a produit, au point de vue


de la forme, aussique du décor, des œuvres d'une orig-inalité
l)ien

incontestable. Aux |)remiers temps de la domination arabe, lindus-


trie du verre semble avoir été limitée à la fabrication des étalons

de poids, en formes de disques ou de g-rosses bajoues, avec les dates


qui les précisent ;
quelques-uns même avec les noms des premiers
gouverneurs de ri"]gv|)le, sous les Khalifes de Damas et de Bagdad,
puis ensuite avec les noms des sultans fatimites du x" et du
xi" siècles, indiquent assez que la fabrication comme lusage durent
en être courants en Egypte '. On a retrouvé aussi des estampilles

qui s'appliquaient sur les vases, et en donnaient les exactes capaci-


tés, ainsi que des ampoules à parois très minces, destinées à conte-
nir sans doute des |)arfums. In grand nombre de ces ampoules, de
formes extrêmement variées, sans décoration, nous sont parvenues
dans un état complet d'irisation, ([ui indique un séjour |)rolongé
dans le sol ou du moins dans l'ombre des tombeaux (u'i on devait
les déposer remplis d'eau ou de |)ai-|inns, poui- accompagner la

dépouille du mort, à la mode aiilicpic. ( )n pi'iil c\|)li(pier ainsi

l'absence de classement de tons ces verres délirais (pu mmiI venus


dans les musées rejoindre les \ ei-r(^s aiilicpies dans les eolK'elions

desquels ils sont demeiwés eonl'ondiis.


Il en est |)armi eux cpTil conx leiidra de reelieri'lier, ce sont sur-
tout ceux qui ont revu nne décoraluui rnonlce. \.c Musée du Louvre
a acquis récennnent une pi'tile conpc en vert \i"rdàlri', déioree île

petits lions passants, dans des uit'dailloiis, d'une .illure tout à lait

héraldifpn'. M. Havuiond K(eeliliii a\ail aiiteiiein iineiit trou\e, .lu

1. (]asaiu>va l'aiil), Ktiulc sur 1rs insrriiiliitiis uralics di's /loii/.s cl nu'siirrs en
verre, des colleclinns Fomiiirl cl lunes liiillclin de l'inslitiil étii/plien, 1S91 .
•A\-2 M \M I 1. h \ll I Ml SII.MAS

(lairi-, 1111 1)1)1 cil vciic l<'';,a'ifim'iil ()|);ilis('' i\'^. 'JlKi , dôcon'- d un

semis (I (>isc;iii\ (|u un pciil 1res hicii , à leur (Mniclère, su[)|)'>sur


(répiKnif fiilimilc, ri".j,'V|)l(' coninio l;i Syrie pouviiiil cire é',Mlement
Miiiixisco tniuiiic |i;iv.s (rori^iiic. I lu' [telitc Mif^iiière d'un décor
lont ;iii;ilii^ue se lioiixc diiiis hi colleclion du iJ"^ S;in-e à lîerlin.

M;iis les plus iiiijKnhiiits iii)|c|> en verre ([ue les iilcliers oricn-
l;iii\ iinii> iiiciit coiiM'i-N ('•> sdiil : \r~. ijo/iclcls, les r.iscs et liotilci Ues^
cl lc~ hiiujx's cm;iillccs (jiic l'iiii susjiend;iil |i;ir des cli;iiMe.-5 aux
|)lii|nii(l> des niostpK-es. I.c- \ cniers élnient , il l'iiiil le reconnaître.
d une rare hahileté
|)i)ur exéculei' des j)iè-

ces de verre dune di-


iiiciisinn aussi impor-
laiilc. mais la matière
ncsl pas toujours de
|)remière qualité, il

arrive bien souvent


que le verre est plein
de bulles et dedéi'auts.
I, cmaillaj^e a dû être
parmi les li'aditioiis

artistiques transmises
par Byzance.

Fi^ 293. — B(il, dccoi- arcliaï(iiic, cpoquc l'atiiniti


I.e décor est fourni

(Collection de M. lîaymuiul Iviecliliii .


|)ar 1 épigraphie au
moyen de grandes in-

scriptions, et aussi parle motif floral ou animal. Parfois, mais bien


plus rarement, des personnag-es, dans des sujets de chasse ou de jeux
de polo, rappellent le décor des cuivres incrustés mésopotamiens.
Le fond de la pièce est parfois réservé, ou bien émaillé lui-

même, et c'est alors le décor qui est réservé, indiqué par des traits
lins d'émail. Les couleurs employées sont le rouge, le bleu, le vert,

le jaune et le rose.

J>e Musée d'art arabe du Caire a recueilli, provenant de ses


vieilles mosquées, un grand nombre de ces lampes de suspension
en verre émaillé, une soixantaine environ. C'est la collection la

plus complète qui existe, et qui serait bien [ilus considérable encore
si la cupidité des amateurs et des musées n'en avait pas enlevé
d'Egypte un très grand nombre. Comme la plupart portent des
noms de sultans, il est ainsi facile d'en faire, le classement.
LES VERRES EMAILLES 343

Quelle est Tori^ine de tous ces verres éniaillés? l)"l];,'-y|)te même,


ont prétendu quelques archéologues, parmi lesquels M. Ilerz Bey*.
Et ce dernier en donne deux raisons l'extrême dej.;ré de civilisa- :

tion et de raffînement de la société é<;yptienne. (jui seule à celte

époque était capable d'une industrie aussi parfaite, et lextrème


iVag-ilité de tous ces objets délicats entraînant par conséquent la

difficulté de leur
transport. Cette der-
nière raison ne sau-
rait être prise en
sérieuse considéra-
tion, depuis que nous
s o m m es certains
qu'il l'ut tait une
Jurande exjiortation
de serres émaillés
en Chine, et cpie

nous connaissons un
certain nombre de
pièces qui sont en-
trées dans des col-
lections européennes
à leur retour de
Chine. LMiistoire
des civilisations mu-
sulmanes de r.Asie
rend en outre |)arrai-

tement admissible le
l'^iir. 2!tl. l''iac<)i). iirl s\i'ii-i''i;yi>l ifii. \i\ sii'cli
dé velo[)peme n l
I

Collcilinii (le M. l'.'vti'l .

d'une industrie (elle

que celle des Acrres émaillés, dans des réf^ions où d'autres industries
artistiques eurent une lloraison adinii-able. Je croirais donc plutôt,
avec MM. Schmoraiiz cl Max \aii licrchcm, à une orij,Mne syrienne
et mésopolamicmu', cl an rôle l'onsidcrable cpi aui'aicnl jonc dans
cette industrie les \ illcs d'Alcp et de Mi^ssoul.
Les Icxli's \(Mil (raillcur> appcrlcr à iiolic (ipiiiidii une autorité
particulière. Il c>l c(Mlain (pic haina- cl Vyv ciirciil une lrc> i^rande

renommée |)onr la l'abiMi-al ion des \ crro ciiiaillc>. M. Si'liclcr a

1. Ilfiv. Moy, (inzi'llf ilcs lh-;iii.r Arts. \W2. -y scmosi rc.


A\\ MANtna, I> Mil Ml

cite |)liisicui> ;iul('iir> ;ir;il)c> (|iii |);irlriil (|c> \ erres de 'l'\r '
. '^huind
Nassiri Klinsraii nous raconle ce (juil \il m li^-^xidc. il parle
bien d'iiii niaivlié de lampes près dAminii, ;iii Souk el-Kana-
(lil ; mais un m- vaiirail Iciiir complc de ce rpi il dii des épieiers cl
des diof^iiislo (pu roiiniissaieiil eux-mêmes les vases en verre el en
l'aïeiu'e, poiii' ((iiileiiir ce (piils M'iidaicMl. ()n conviendra rpi'il ne
saiirail \ axnir ncii de ci iiiiniiin ciilic ces \erres iiecessairemenl
communs, (-1 les beaux verres
cmailles dont nous nous occu-
pons.
In f^cof^raphc arabe, el-.Mou-
kaddassi (|ui a laissé une descrip-
tion (les musulmans au
pays
\'' siècle, nous a|)prend que Tyr
élail renommé jjour ses verreries
l'açonnées au tour -.

Guillaume, arclievêque de Tyr


(1130-1188), constate ég-alemenl
Tact Mlle (le rinduslne du \erre
en Syi'ic •'.

Benjaniiii de Tudèle 1173,


jiarle de dix fabriques de verre-
rie quil vit à Antioche, et des
célèbres verreries de Tyr, appré-
ciées partout ''.

Jacques de \'itry nous aj)prend


que l'industrie du verre était
Fif,'. 295. — Lanipe '
- .

au nom du sultan Khalil, fin xiir siècle


''i^^s' florissante à Samt-.Iean
(Mus(3e d'art arabe au Caire .
d'Acre qu'à Tyr.
Dans les inventaires royaux de
France sont citées plusieurs fois des pièces de verrerie, dites de
style de Dama.s, en particulier dans l'inventaire de Charles A , dressé
en 1380^, où l'on trouve une lampe de voirre ouvré en façon de
«

Damas, sans aucun garnison » " uny jurant ilacon à lettres de—
Damas » —
« uny grant voirre ouvré à la façon de Damas par

1. Nassiri Khosrau, Sefer Xameh. traduction Schefer, page 47.


2. Descriptio imperii moslemici, édition de Goeje. Leyde. 1877, p. 180: tra-
duction de Strange, p. 70.
3. Guillaume de Tyr, livre XIII, chap. III.

l. Benjamin de Tudèle. éd. Lempereur. p. 31 et 30.


b. Labarte J.i, Invenluire de Charles V. 1879.
.

LES \KRKi;S KMAII-LIÎS 345

dehors, séant sur uiig hault pié crarj,'-ent » — « Item unj,-- aultre
petit voirre ouvré par dehors, à yma^es. en hi façon de Damas,
assiz sur un pié d'argent véré ».

Il V eut en Svrie, au moyen àf;e. une activité industrielle et


commerciale tout à l'ail surprenante', et l'existence dans de nom-
breuses villes syrien-
nes de fabriques de
verre y est attestée
par ce traité de l'i77.
conclu entre le doj^e

(]onlarini pour la

République de \ eni-

se, et Bohémond \ 1.

prince d'Antioclie.
pour réy^lei" lexpor-
tation des \errc's bri-
sés syriens - : < l^t si

Venecien iraict wvw


brizé de la ville, il

est tenuz de pavei- le

dihme ».

Api'ès la ruine de
Tyr, les industrie.s de
luxe si prospères fu-
rent transférées à
Damas, el pendant
tout le .\i\'' siècle,
les verres émaillés Fil 2'.M). — I.aiiipr. \i\ sii'

cpii en provenaient, Kfusiiiirhiu Musciiui '.

élaienl très renom-


més. Pogg^ibonsi, qui \ isila Damas en i:Ur>, vil les ouvriers verriers
établis dans une rue, le Uiw^ de la moscpu'e des Omayades, près des
ouvriers du cni\re •'. i'oul cela In! dcliiiil par Tauierlan cpn pial la

ville en mars 1 lOO, el emmena Ion- les ou\ riers à Samarkand, l'in

i i:V2, Herlrandon de la Hrocpnère ne parle plus dans sa visite à

I. Mcy. Cohinirs /V,i/i(/i;("x ilt- Si/rir. |>. 'JJ >. Sur lt>«i vciiH-iic- -vriiMiiic> au
mn\ m :'i-c, \(iir It's soin rcs ciU'cs |)ai- llcvtl. Uislitivf ihi ri>iiiinci if du l.riniil.

1, p. l:u) : H, p. 710.
J. Nassiri Klinsraii. Sefcr Xnnn'h. I railiii-limi Scliofcr. p. 1"J.

'\. Lihrn il'ollnimurc (li l'r;i Mniiln /'ix/f/Z/io/is/. Hol<i},Mif. IsM. t. II. p. 2\
Mil M AM II. Il Ail! Ml SII.MAN

h;miiis (les (iii\ nci- du \crrr. Mu S\ iii'. (Irii\ l;i|)ri(|ii('s cxisL-iiciil


<'>'»;<>'|' '•Il I i i'.l. cllr-, (rAniicii;i/. el celle .riJ.'liiMH. (|iic vi>ila
(lmii|iciil)i'i- m liii'. \'A ciics ont siil)sis|i'.

.Nous :i\nii>. Mil- le- ;ilrlii'i> de \circnc (I .\lc|). (|iic (les ouxi'iers
<l Aniicn.i/, |ii-c> (Ir Tvi-. (hnciil \riiii> Inndci-. do i-ciisei'MU'nieiils

' Il ;iiil''nr du didiiil du \\'' mccIc. Il.di/ \|,r,,ii ,], [{('m-mI. fsl raté-

,l^<>ri(|iic ;i cet f<^;ivi\ : .<


l'iie

mdiistiif |);iiliciilière à Alcp,


(lil-iL est ccdlc de l;i \ cnvrie.
Xiiilc |);iil ;idl»'iii- (jiiiis le

iiiiiiidc ciihei'. mi ne \i)i(

de (>lii- l)i';iii\ iili|i-l- de


\ eii'c. IJiiiiiid 1)11 eiil re diiiis

le l);i/;ir oi'i on le> \eii(l. on


ne |)eiil >e delenniiier à en
>oihi'. InnI on e>| x'duil par
l;i l)e;iule de> \iise> ([m sont
([('•eorc'-s ;i\ ec une éléf^aiice el
nii ,t;onl iiu'i-\eilleii\. Les
\ l'i'i-ei'ies d'Ale]) sont tnins-
poi'h'e^ dans (on- les pavs
])oni- être oll'erlo en pré-
sents. » l'étant il lierai, on ne
|)ent (lire qu llaliz .Abrou
a\ail un intérêt personnel à
\anter Alep.
Saadi, dans son (iulistnn
FifT. 297. — I.ampc à lilies éi,''yplic'ns,
\iv' siècle.
(en 1"258 -, rapporte une
conversation ipi il eut dans
File de Qich avec un nég'ocianl. Celui-ci lui parlait de ses projets
<rim|)orler de Facier de Tlnde à Alep, el en échan»,'-e dv ])rendre de
belles verreries à porter Yemen.
dans le

Quant à Tori^ine mésopotamienne présuniable d un certain


nombre de vei-res éniaillés, il est é\i(KMit (pie les traditions de la

fabrication du \erre axaient bien pu subsister en Perse el en Méso-


potamie où elle a\ail été si prospère sous les Sassanides. La coupe

1. (îuiiipenl)erj;-, liei/sshiich des heiliçien Landes. Francfurl. lâsi. f" 239 v".
2. liiilistHn de Saadi, traduclion Defiémcry, Paris, 1858, p. 178.
LKS VERRKS EMAILLES 347

de Ghosroès que possède le (];ibiiiet des médailles de la Biblio-


thèque Nationale, esl là pour en témoigner.
Ibn Djobaïr de Valence qui A'isila la Mecc(ue en 1 \'.)H l'ait remar-

quer comme Xassiri Kliosran que lo Iciietres de la Kaaba étaient


g-arnies de verres de Tlrak, siu' Icscpicls étaient yravées de fines
arabesques'. Ces \crres de l'hak le nml est resté dans la lauj^ue
espagnole sous la Ioimiic

irage, iraga ) étaieiU l'abi-i-

qués à Kadessia, sur le

bords du Tigre, et ex])é-


diés au loin. Un manu-
scrit arabe, enluminé à

Bagdad en 1235, présente


des gobelets, bouteilles et

lampes dorées et émail-


lées, que Tartiste en minia-
tures devait avoir sous les
yeux dans son pavs mê-
me -.

I*",nlin le Maugi-abiii li)n

liatiiuta, au milieu du \i\ ''

siècle, au cours de ses


voyages mentionne aussi
les verreries de l'iiak. Il

vit à Antalia en Asie Mi-


neure des lustres en verre
de ITrak, et des \ases de Vh LiiTupi' à tilics ('>'\ ptii'iis,

même origine t-he/. le carli \i\' >it!'fli'.

de Khare/m •'.

\'i;hhi:s syhii:ns

Nous allons essaver, grâce aux lectures d'in^t'nptKuis (pu ont été
faites d'un certain nombre (Tenlre eux, ddix'rei- un classement

1. Tr;ir,'ls oflhii l)i,,l,;iïi\ ('dilidii Wn-lil, I.cv.lr. ls^-2. |.. SI.


-'. ('.ili' p.ii' S(licl<T, (pii a malliciireiisciucnl i.iiiis iluniH'rla rorériMico
il.-

cnmplrlc (11- ce inaniisc ril ; il s'agit pc):'.-él !•>• d nue ili-< iiiiiiiat uros lie son
(('•Irlu-c Ilariri, aujoiir-d'hui Nalidiialc. ipii rcprosento la
i\ la Hil)lii>l liéipic
l'aiiicii>(' iiiadrassa MnnslaM--ai'i\ a à Katjdad. di'IU'c do limiiu'^ en \ ciTf ilorr »'t
('niailli'.
<>. l-)i/,i,/cs- ,////,/ n.ilniil.ih, ,(l. l)elV.-iiici\ et Saii-iiilU'Ili. I 'an>. 1 :^.> 1 . I II.

p. •Jti.i, I. III. pp. S, 1 I.


MH M AM i;i. I) AHT Ml

|i;iriiii Imi^ ces \ erres éin;iillc> <|ue ii(tii> cslinions ime fois pour
loules (i oi'i^iiie sifrit'iiiu\ h moins (jue certaines lormules déeora-
lives ne lions mcilenl :i les coiisidi-rer plnlot criinnie ori;,'iiiaires (Je

la Méso|)o|;iiiiie.
Nnns ne poiixons vrainiciil mm^, r;iii-e ;iucmie idée de> \erreries
les |)lii-- anciciiiio (|iii soiil Norlics de* aleliers de ï\i\ à moins (jue
iiiiii> ne considérions comme
Iclles deux pièces qui pen-
dant loii;;lemps iurenl re-
j,'^ardées comme taillées dans
des pierres précieuses, et
(pu sont l)ien réeriement
(les \crres. ( ] es! le \ ase dit
s;ici-(t (luluii) de la catlié-
dialede Gènes que la pureté
de sa matière et le vif éclat
de sa couleur avaient au-
trefois fail prendre pour
une énorme éineraude. La
tradition voulait (pi il ail

été ])réseiité à Saioiiiou |)ar


la reine de Saba, et quil
ait li^^-^uré sur la table de la
Cène. Il fut pris dans la

grande mosquée de Césa-


rée, quand les Croisés y
entrèrent en IIOÔ. I^autre
verre que sa couleur bleue
Fig. 299. — Lampe à titres égyptiens,
xiv siècle.
prendre lonj^-'lemps pour
lit

un saphir, monté sur un


pied d'orfèvrerie au .xiv*' siècle, fait partie du trésor de la Basilique
de Monza, à laquelle il fut offert par la reine Théodelinde.
i.e Musée arabe du Caire possède deux bols, qui sont peut-être
les verreries les ])lus anciennes qui aient été faites pour TÉgypte.
Sur lun, 1 iiisc'n|)ti(iii à Dieu » est estam-
répétée « le j)ouv(~)ir est

pée, ce qui est très particulier. Sur


une inscription coutique l'autre,
rè^Mic autour du bord, plus bas deux boucs se font face. \ lori-
^Miie, les lettres et les tigures étaient ornées d'émail bleu. La partie
supérieure dune aiguière porte ég-alement une inscription émaillée.
Schmoranz avait cru du xui*^ siècle, époque à laquelle, comme
LES VERRES EMAILLES 349

nous le verrons, peu\enl être attribués deux seuls verres à date


certaine, deux pièces qu'il est plus raisonnable de rajeunir : c'est

un pclil [hicon i'v^. "294 qui de la collection Hakky Bey est


i
jiassé

dans la colleclion de M. Peytel à Paris, et qui lut jadis attribué


par Schmoran/. à Mahmoud, sullan ortokide de Diarbekir, vers
615 1"218'. Etudié de plus près par M. Max van Berchem, l'ins-

cription a été déclarée par lui anonyme, et il assure que le gerfaut


chaperonné et

éventré qui dé-


core ce Ihicmi
fig-ure dans plu-
sieurs armoiries
d o r g n e s
'
e li i

d'époques diver-
ses et ne saurait
être une indica-
tion.
Il en est de
même de la peti-
te coupe à i'ond

d'or, avec ses


émaux bleus et

blancs, ses ar-


moiries, SCS
courses de
chiens et d'ani-
maux, que M.
Sclici'er \eiidit
jadis à un Ami'- Fif,'. Mw. — \iisc. MV sii-clc.

ricam, cl (huit il

est bien re-^rcttablc cpTon n'ait pu retrouver la tr,u-c. |-'lle a\ait éle
allribnéc |)ar lui à un ollicicr de Heïbai's. Bcdr cd-din Zaliii-i attri-
bution (pu- icnclcrcnl L;i\(.i\-, (n'rs|)acli •'
et Schmoran/. '.

Mais snixaiit M. Max \an rxTilii'in ', cette at t rd)ulic.ii. (pu ne

1. Sclimniim/. Mlnricitlnlisrlic iil;iss(H'l'-isso i'ii:. (!, p. i.

2. Lavoix (II.), Unzclte des Ht';iii.r-.\rls, .Wlli. 7s|.


3. Gerspacli, Histoire de lit eerrerie.
1. Sclimnranz. IhidcDi, p. b.
f). Ma.\ vai) Mci-clu-m, .\olrs il';iirfivi)lniiiv :inihi\ iil. e.ili\tit du Jour-
p
nul ;isi;ili(iiic .
:i5(» M A\l 11. I) Mil Ml^l I.M \N

repose sur juicmic li;i>.-. csl d^iiihuil |.lii^ doiilni-r ([ur |.- ic-n,-
(le Hcïl);iis ni' i s ;, laisse iinciin % ,.,'rc ('iii.iilh- cerl;!!!! .'Iiic /„.///,-
/xitilcillr /)lcnr i\\u de l:i c, ,||c,| i, ,ii Spil/cr r^l |i;i>sci- elle/. M. I.-

I>;irnii \||)li,.ii-.. ,|c ll.illiv.liiM. ,-.|,-.


,i\;ii( ,!,• niciic ;illril)ii(-c ;iii ^d-
liiii l>cd);ii-. I']! (•(•|»ciid;in| . l'iiis-

<ii|'liiiii icliic ,illciili\ ciiiciil [);ir

Max \aii licrclicrii ol aiifunnie.


l'I 'I'' |ilii>. le Imii (|ii'c||c |i(.ilc
<'^l iiii ciidjlnne li(M-aldi(|iic lin|)

IVi'<|n(iil |i(Mir |)uii\.)ir cire al-


lnl)iic >aii> aiilic |ti(-uve plus
ciMix amcaidc an Millau Hcïhars.
Il m- rôle dune, ((imiiic uiii-

f|iu' pièce de \errerie bien aii-


llieiili(pienieii( eertaiiie du xm*'
siècle \)(i\w ri^gypte iiious \ er-
rons (piil en existe une seconde
|)our le ^'émeni. qu'une petite
lampe inoscpièe de
liy. 295)

conser\éc au .Musée arabe du


(".aire salle III, n" 1-2 du C;(ia-
liKjuc . V.Ue est à col plus élancé
(pic dOrdinaire, et son pied
iiiaïupie. Le col porte une guir-
lande de petites Heurs d'émail
rouye. Le bord porte un ruban
orné de perles démail turquoise.
La panse a une belle inscription
Fin. ;i()i. „_ \ase, XIV siècle légèrement dorée, avec des fils

(Cathédrale Saint-Étienne à Vienne . très minces d'émail rouge. D"a-


près M. Herz Bey *, elle provien-
drait du londjeau du sullaii ayyoubite Salih Xedjm el-din .Ayyoub,
de la famille de Saladin, qui mourut en 1245, et dont le tombeau
existe toujours au Caire. M. Max van Berchem a repris la lecture
de riiiscription et la trouva tout à fait erronée-. Le nom. selon
lui, lie |)eut s'appliquer qu'au siillaii Malik Achraf Salah ed-din

1. Ileiz Bey, ^'ci<,'i/(K/ue, salle III, n» 12. et Gazelle des fiemix-Arts. décembre
1902.
2. Ma.\ van Berchem, Corpus iiiscriplionum nrabicurum, n° 4(51 ; Schmoranz.
Ihiilem. p. 1 I el 35.
LES VKRRES EMAILLES 35]

Khalil. dont le mausolée, élevé en r)S7. existe encore au Caire. II y


fut déposé après sa mort en 693 l'iUS. et la lampe en question doit
dater de cette époque, par conséquent de la tin du xui" siècle.

Il semble qu'avec le \i\'' siècle, 1 industrie du \erre émaillé ait prl^

un g'rand essor,
et que rKg-ypte
ait été alors la

meilleure cliente
des ateliers sy-
riens. Les sultans
Mamlouks en
commandèrent
un très grand
nombre pour
leurs mosquées
ou leurs tom-
beaux, et leurs
émirs et officiers

les imitèrent.
Nous ne saurions
en tli'esser ici la

liste complète et

nous nous bor-


nerons à parler
des pièces capi- FifT. .^02. — Flacon, xiv siècle.
tales, soit par
leur beaulé. soi! par iiti'rél liistorupie (pii s"al(;iclu' à leurs ins-
criptions.
Ce sont (1 abord le- lampes purtaul de> noms de sultans et cpii

("ureid laites pour leurs mosquées :

(lie lampe décorée de lleurs et de rinceaux polvcliromes, portant


au col une inscription dun verset du (loran, et sur la panse, en trois
compartiments allongés : « gloire à notre maitre le sultan Malik
Mouzall'ar fie roi victorieux) le sa\ant, le juste, Houkn cd-dtuinva
wed-din pilier du monde et de la religion », est passée de la ml- i

lection Goupil au Musée des arts tiécoratifs. l-'.tudiée par l.a\oi\ '.

I. I.avoix, Gazette dex lii-uiir-Arls. •-'


piriodi-, WlU. TTii; XXXIl, 30;i. —
Schuior-atiz. AltonenfHlisrhc ^i/.i.si/c/Vi.ws-c, p. i7.
•A'r2 M AM 11. Il AKI Ml >l I.MAN

[iiiis |);ir Si-liiii(>i;iii/., Max \aii iit-i'clicin a l)U'ii \f)ulu en relever


olilij^i'aiiiiiiciil riii^(ii|)li(iii, et c"esl sa lecture que j'ai donnée.
Selon lui. Il' seul Millau (i"l';<,'-y|)le, rpii ail jKii'lé conjointement les
(l(ii\ Miniiiins sus iii<li(|ii('s, est Heïbars II,(|ui rég-na au Caire et en
.Syrie «le i:i(»<S à KiOU, et (|iii l);ilit au un mausolée d"où cette
(]aire
lampe pdiiiiail pioN cuir. — une pelif lampe en verre lileu, qui est
pass('e a\cc la cnlleelioii Maniilieini entre les mains (le .M. Pierporil
Moi-f^aii ((lé|)osée au Sriuth Ken-
siii^'^ton .Muséum . (lonne les deux
inclues MiniDins sans le iKun prrjpre.
Au Musée arabe du Caire isalle

III. n ()1 du
une calalof^'ue I est
lampe très décorée, portant deux
bandeaux (rinseriptions lune ,

réservée en transparence sur fond


d émail bleu, ou ('maillée de bleu
avec des rinceaux blancs ; celle de
la panse donne le nom du sultan
Mohammed en .Nassir. dans la

mosquée duquel elle fut trouvée'.


Furent de même trouvées dans
la mosquée du sultan Cha'ban
plusieurs lampes déposées au Mu-
sée arabe du Caire (n"® 13, 14, 15

du catalog-ue) et portant son nom


dans les inscriptions réservées sur
Fij;-. ;îO.'î.— Lampe
nom un fond démail bleu.
du do Tulvuzdimdr, xiv siècle
[ British Muséum). Le même Musée du Caire possède
plusieurs lampes, dont quelques-
unes de la plus j,'-rande beauté, toutes trouvées dans la mosquée
du sultan Hassan ,1347-1301) ( n°^ 19, l>0, 35, 39 du catalogue)
(i\g. •29(i, '297, "298, 299), portant des inscriptions à son nom, et

couverts soit dun réseau en émail blanc dont les lignes s'entre-
lacent pour former des cercles polylobés et autres figures géomé-
triques agrémentées de feuillages et de fleurs, l'élément floral y
semblant toujours traité d'une façon assez naturaliste.
Le Musée du Louvre possède aussi une lampe i
fig. 300), prove-
nant de la collection Spitzer, dont la grande inscription de la panse

1. Herz Bey, Gazette des Beaux-Arts, décemlire 1902


LES VERRES EMAILLES y^i

dit : « Gloire à notre maître le sultan Malik Nassir (roi victorieux),


Nassir ed-dounya wed-din (auxiliaire du monde et de la religion),

Hassan, fils de Mohammad, que sa victoire soit exaltée ' «.

Enfin, M. Gavet avait exposé à l'Exposition universelle de 1878


une lampe (fig. 301) portant le nom de Malik Zahir Abou Saïd.
Lavoix ^ l'avait attribuée au sultan Mamlouk Djakmak (1438-1453;.
Mais ces surnoms étaient en même temps ceux du sultan Barkouk,

Kig. :<0i. — X'eiTC ,'111 iKirn il un --iill.iii i iissniilirlc du ^ oinon, (_)iiiur II,
lin xiir sic'clc (IdlU'climi tic M'"" Dcldit de (iléon).

plusieurs lampes retrou\ées dans sa mosquée K-s portant i KicS'J- 13^0^1.

Il a paru à Max van Herclieni'' plus nalurcl d'attribuer la lampoau


sultan Barkouk.

Les sultans ne furent pas les seuls à commander pour letirs'

moscpiées ou leurs tombeaux de s.>mplueuses lampes de verre

1. LcL't lire lie Max \an I?orclu'iii.


2. Lavdix, (iiizelle des liemi.r-Arls, 2" pi'riode, .\\'III.
;<. Max vaii l^crciicm, Notes il'archéoloçfie nriendtle, III, p. 55.

Mami;;. Il Ahi misi i.ma.n. II. •2i


:?.) \ M AM I I. Il AK I Ml ^1 I MAN

«'•iiiiiillr : Icms imiii>lic> ou Iciio i illicicr.s lc> iiiiilcrciil . cl inmi-


hriMisfs .soiil li's l;iin|)c> (ii>il;iiil des iioiiis de ces dciiiicrs. On ti'<iuvtr

iiii Kciisiiij^liiii Mnsciiiii une l;ini|)c (l.S'JO iHdO ;in inmi do Kafour
le (ii-ec. tiV-soncr' de Mjhk Silili '.

l ne adinir;d)lc lanij)c dn Mnsee ai'ahe dn (laire n" )(» du cala-


|()j;nei a sa panse di\ iscc |iar les six coulants enrei-iiiés dans des
cafliMichi's (li'ciiri's de l)iiu(|nels e| ddiseanx loid à lait reniar-
(|nal)les. l-c (nl |i(irle nn i^rand handean à inscriplion d'une éléf^anlc
nnncenr- (|ui donne les li-

Ire^ (1 un en)ir>urii<unnu'
Sail ed-dni. an service
d un sultan surnommé
Malil. .Nassir-.
.\u Ivensington ('sl une
laui]te émaillée de dis-
(|nes et de médaillons en
blanc, en rouf,^" Cl en
l)leu (1055/ 18m» Sur la .

panse, les coulants de


suspension couiienl Tins-
(•i-i])li(Ui au U(Uii du j;raiul

émirSeil'cd-din Akbof,'-a,

serviteur del-Malik. en-


Nassir. Nous savons que
cet Akhoga mourut en
13i;i ; eettc lam|ie doit
dater à |)eu près de cette
Vi'^. 'Mib. — Lanii)e à inst-riptidu
époque •'.

indiquant la provenance de la nécropole de


Damas ( Collection de M. Magjiiar .
l'ne autre lamj)e au
nom de l'émir Yelbo§^a,
appartenant à M. J.1885 au liurling-ton
Dixon, fut exposée en
Club à Londres. Corrij^eant Taltribulion de M. Lane-Poole, Max van
Berchem a montré que celte lanqie date environ de Tannée 1375''.

Stanley Lane-Poole. Sanicenic :trls, p. 255.


1. Max van Bercliem, .\otes, —
III, p. 81. Celle inscription el les suivantes sont dijnnées d après ies lectures
corrig'ées de Ma.\ van Bercheiu.
2. Hei-zBey, Gazelle des Beaux-Arts, 1902, p. 502.
3. Stanley Lane-Poole. Saracenic arts, p. 257 Max van Berchem. Xotes. III. :

p. -cS.

4. Lane-Poole, Art nf Ihe Saracens. p. 219: Max van Berchem. Corpus ins-
criptionum arabicaruni. I. p. 679. n. 2.
LES VERRES EMAILLES 355

Deux lampes, Tune au Musée d'Edimbourj; ancienne collection


Myers), Tautre chez M. le baron Gustave de Rothschild, j)ortcnt
les noms et titres cFun fonctionnaire important Nadjm ed-din
Mahmoud ibn Gbarwin, et sont datées de 7 H \'M1 '.

Les noms d'autres personnages importants de la (]our du sultan


Malik Nassir (Mohammed) se rencontrent encore :

Viy;. 300. — Flacon, .\i\' sirclo Callu'-dralc Sainl-l'^l icmic à N'iiMUie:.

Au Hritish Muséum, sur deux lampes de vei'rc émaillé aux


noms et lilres de Toulvou/dunour, rnnr audicucirr du sultan -,

et sur lampe au u(uii de Scil' (>d-din


une seconde ( '.lu-ikliou,

mamlouk de Malik Nassir, pour K(picl clic fut l'aile \ ers '<.').').
I.

Ma.\ van lU'i'c-lu'iii, Soles, III.


1. \k 7'.».

Stanley Lani'-I'oolo. S,-ir,-ic<'/iic


2. .ir^.s, p. 217. pi. 'l'o'.K Scluiioran/.. pi. 48.
-\Ia\ \an lU^rclicin, .\olcs, 111, p. 80.
!{.")(') M \ M I I, Il \11 I MIM l.vrAN

Ail l\('iiMii;;l(iii. MIT uni' l;iiii|)c .')^S() I.S"'.' ;iii iioiii Ar Kiilili-.

jiiilic iiiMinloiilv «II- Miilik N;isMi- '.

\a' .Miis(''(' ;ir;ilK' du (l.iirc n" \'2 du ( ]:iI;iI(i^mic posM-do iiiic jiplic

l;iiii|ii' dmil \r ci'l, (M'iii' d l'cusxiiis d «'•(•Ii;iii'-iui. pinlc de Iits Ixdlos


lliiii'> t'iiiiiilli TV. I,;i |i;iiiM' .1 une I ii>cri|)l i( m :iii iiniii •< du f;nu^•cl•-

iii'iir .\l;i cd-diii. le dcriinl ciiiir Ali cl-Mardiiiii ". I{(i^''i'i's licv^ l'a

idciitilic a\('c' i-cliii (|iii cnii^lriiiMl :iii (iaiic iiiif cliariiiaiilc iiin!»-

<|iu''C'-l(ind)('aii (ini cmsIc ciiciirc, cl (jui \ mnmiil en 7 H ll{i!{.

lier/. i)c\ cl .Ma\ \aii liercliciii I idciil iliciil a\cc un antre per-
sonnage, réiuir .\li (.'U-Mardiiii. i|iii iiiininil xicc-rui de ri']t;v|ile
'
en 77"J.

i'-nliii le .Miis(''e du l-oiixic accjiiil à la xcnle Spil/cr une grande


houleille en vcire emaille I'il;. i^f-J , dnnl I iii>eri|il k m en f^rand^
caraelères >ui' la |)aii.'~e dés'iyne le cellier diiii riinetinmiaire de
Malik Kaniil, cesl-à-dire peut-être du sullan (lliahan. ipii lé^na
au ('.aire en \'M5 ci l'AW). M. Max \aii lierehem, en la décliillVant^
a déclaré cette insei'ij)tii)n 1res eiiiiense et peu ordinaire. Kes armes
(de f,''neules an ^erl'anl et à la coupe d or, une sur laiilrci se I

retrouvent sur les deux lampes du Hrilish Muséum au nom de émir 1

Toukouzdimour ! li^-. liO.'î dont nous \cnons de parler, et sur un


i,

clian(l(dier de la (lolleelion IIovos à \ lenne.

VKIUll':S FAITS POUR LES SULTANS UASSOULIDKS l)f YKMKX

Jus(|u'à ces dernières années, on avait classé dans la même


l'amille toutes les pièces de verre émaillé à inscriptions que les

archéolof^ues avaient crues soit dori^-'ine égvptienne, soit d'ori^nne


syrienne. A la suite de l'ExDosition des arts musulmans à Paris,
en 1903, M. Max van Berchem a pu, f,''râce à des pièces inédites et
à inscriptions déchillrées, pro|;)oser une nouvelle série coni|)osée
de verreries faites pour les sultans rassoulides du Yémen — , sans
qu'il y ait d'ailleurs de raisons |ilus péremploires de leur donner
une autre orif^ine que la Syrie, de même que pour les verres des
sultans d"l\f;vpte.

1. Stanley I.ane-l^oolc, Suracenic arts. p. 25S.


2. Bullelin (le l'Institut égyptien, 1880, p. 123.
.•^. Corpus, I, p. 665, et Gazette des Beaux-Arts, 1902. pp. 502-503.
LES VERRES EMAILI.KS 357

Le plus ancien serait une petite lampe privée de col, ou un j^odet de


lustre ' I
fi^'. 304', appartenant à M""' la baronne Delort de (iléon.

Elle est ornée d'inscriptions, d'armoiries et dun décor très sobre

de rinceaux, de poissons et de dauphins au trait i-ou^e. Un petit

bandeau circulaire autour de la panse porte 1 inscription : « (iloire

à notre maître le sultan el-Malik el-Aclirai" Omar » Omar 11 . l'J*.».")-

1296. Nous aurions là, avec la


lampe du sultan Khalil, du Musée
du Caire (voir ci-dessus) qui ne
lui serait que très lég-èrement
antérieure, les deux seuls verres
à dates certaines du xni^ siècle.
De la collection Spitzer est
passée dans la collection Strauss
à Vienne, une bouteille à lon^-
col, décorée d'inscri[)tions, de
cartouches, de Irises d animaux
et de rinceaux ])olvchromes. l'ii

bandeau circulaire sur la jjanse,

divisé par (pialrc carlonclies aux


armes rassoulides, poi-le en émail
bleu l'oncé l'inscription : « \'oici

ce qui a été fait pour le sultan


el-Malik, el-Moayad Daoud -. »

De i)lus, dans la collection de


M . le niai-fpiis de V'og'ué se trouve
un bassin, décoré d'inscri[)lions.
de cartouches et de rinceaux pi'

lycliromes, axcc un bandeau cir


culaire (rm^^erlpl iun en (''mail

bleu mleri'onipu par ipialre car- l'i^;-. 30- lîiiulrillr. \i\ •


sii'-rlc.

touches aux armes rassoulides


qui dit : « \ oici ce (pii a été fait pou!- le sullai le roi savant et juste
el-Malik el-Moayad-' ». Les deux pièces |torlai les niéme> armoiries
doivent élre allribuées à ce même snllaii haoud, (pii veul des sul-

1. Expositiidi (les Mils musiihiKiiis. r.'.i/.i/of/Kc n" (i.tT. -- Max van Hci-clicm.
Nolex. III, p. 1(1.

2. Scliinoi-aii/, Ml(irienl;ilisrlic f i7.in(/c/Vix.sc. |>. lii. — Ma\ \aii Itccclifiu.


Notes, ni, pp. 50 M.
3. Mif;('(in, l'J.rpositinn ili's :irl^ mnsnhn^iiis. I'.iO:t, pi. (is. Max vaii Mcpiliciii.
Noies, III. pp. 32 à 58.
;i.')8 MAM II. liAIII Ml SI I.MAN

liiiis i'jissoiiIkIcs |)(irl;i le "-iiinum de Mulilv \lcp;i\;i(| I "J'H')- 1


:{•_> | .

Nous ;i\<)iis (lc');i si;^ii;ilc le nom de ce Milhiii r;i.>-Muiliilc', |);i(»ii(l,

sur |»liisiciirs oNjcIs Ai' cuivre nu riisU- d aij;ciil, sur un (-cnloire


(lu Kciisiii^ldii. l'I iiii cliiiinKlicr ;i|)|);iik'ii;iiil ;i M. IIu;,'ucs Krafl.
l'jiliii. <l;iiis hi (illi'clioii de M. le li.iriiii (iiis(;i\c de l'xilliscliiM

est une belle honlcdlc a Ioul; cid. déenrée de cartouelies, de lleu-


rons, de rinceaux cl d inscii|>l nm^. (lelle de la panse dil : « Tiloire

« à notre inaili'c le siillan cl-.\lalik cl-Modjaliid , le sa\aiil, le

'( juste ", et les earlouelies renteniient les arnioines des Hassou-
lides '. Il sa^Mt sans doute là du sultan Ali, dont nous avons relevé
le nom sur deux enivres de la collecliou helorl de (îléf)n llVil-

136:V).

Nous venons de voir que si le xni" siècle ne nous a laissé que


deux spécimens bien certains de rindustrie du verre émaillé en
Orient, le xiv'' siècle au contraire avait été une épotpie diiitense
production pour THy-ypte ou rVémen. Au xv" siècle, nous allons
voir celte production se raréfier, au point que nous n'en pourrons
rencontrer d exemples ([uc pour le xiii'' siècle.

Le Musée arabe du Caire possède une lampe de mosquée salle III, i

n" 81 du catalog-ue) très dillérente de toutes celles que nous avons


juscjuici étudiées Les émaux sont sans éclat, les ornements ont
"-.

un quelconque et les caractères assez maladroits, de plus


stvie
rinscrijjtion au nom du sultan Kait Bey a paru à ceux qui l'avaient
relevée peu conforme aux formules habituelles. Les archéologues
qui Font les premiers étudiée. Font considérée comme assez étrange,

et l'ont tenue pour moderne, à moins qu'elle n'ait été fabriquée à

Tépoque par un atelier vénitien. M. Max van Berchem. qui relut


l'inscription, la trouvée absolument conforme au protocole du
sultan Kait Bey et, sans nier une provenance étrangère, tient la
pièce pour bien de son époque (1467-I495i.
De ce même xv" siècle serait encore une lampe de la collection
du baron Gustave de Rothschild, avec inscription « faite ])our la
madrassa du sultan Malik Moayyad Abou Nasr Cheïkh », lampe
qui fut faite sans doute pour la célèbre mosquée de ce sultan au
Caire, achevée en I i"20 3.

1. Max van l?epclicm. Xoles, III. p. 67.


Hcrz Bey, Cadiloyue, n» 81. Yakoiib Artin Pacha, Bullelin de
2.
l'Institut

égyptien, p. 130. Max van Berchem, Corpus, n" 500.


3. Max van Berclieni, Xoles, III, p. 56.
VKHRES EMAILLKS 359

Une lampe du Brilish Muséum, sans médaillons, ni écussons, et


dont rinscription est étrang-ement distribuée sur les trois anneaux
de suspension, nous apprend qu'elle fut faite pour le mausolée dun
certain Taki ed-din peut-être un vizir'. Cette lampe proviendrait
de Damas, orig-iiie que les termes trop >a^'-ues de l'inscription ne
démontrent pas péremptoirement. En
revanche, une jolie lampe de la collec-
tion de M. Mayi^iar i
lig". 305 i, qui
figura à ll^xposition des arts musul-
mans en ll)((3-, porte une inscription
qui la désigne expressément comme
provenant d'un mausolée de Saliliiye,

la nécroj)ole de l)amas.

Comment parvenir à expliquer l'a-

bondance des verres émaillés au xn''


siècle, entre ces deux époques des xni''

et xv'' siècles où ils sont si rares ? Max


van Berchem ^ l'explique par ce lait

que les verres émaillés ont élé fabri-


qués surtout en Syrie. La jtrise de
Saint-Jean d'Acre par le sultan Klialil
en 1291 avait rendu la Svrie pacifiée
et prospère aux Mamlouks ; limpor-
tation des verres émaillés en l'igvpte
s'y fit donc tout naturellement. Mais
en 1400, plus d'un siècle après, l'inva-
sion de 'l'iniourleiik porta à rindu^lnc
verrière d.Alep et de Damas un coup
Fi^ :t()s.

fatal (c'était déjà l'avis de Schmoran/..


Au cas où l'on acH-e[iterait l'Ii vjiol lièse

de la fabrication des verres émaillés en Mgv[)tc, ce brusipic arrêt,


si bien constaté, ne saurait s"i'\pli((uer, rien d'anormal ne sciant
passé en cette conli-ée juscpi'à celte cpiMpic.
La fabrication passa alors à N'cnisc. D'après un acte ,iullu ut i(|ue

1. Stanley I.anc-Poolo, Siirncenic mis. p. 'Jiii) : li'ilure i-on-iî;vi' P""' Mi"^ ^i""
BcM-cluMii, qui tii-iil la invlciiduc date iMi I rrii-vi'c par I.aiic-l*t>t>li\ pixir un
sigle iiu'xplltpu'.
2. Mij;(.'i)ii (i.;, l-'.ii)nsili(Ui îles ;irls iiuisiihii:tns. l!>0.'!. pi. (il.

.1. \Ia\ van Rcrclicni, Cor/iirs-. I. tiso, ,-t \nlrs. III. pp. ,." :>^
'M'A) MAM 11. I» AHI Ml >.| l.MAN

•fi»iisfr\ (' ;iii.\ Mpcliivcs des I'imii m \Ciii-c. M niiiiin recul de (loiis-
l;iiil iiH i|)lc. en IT)!)'.*, iiiic ckihiikiikIc |)i)in- (|ii;ilrc cçiilsliimpcs dp
jii()S(|iic('s ;iii;il()j;iics ;i cillo de l'I'^j; vpk-, d^iprcs un croquis pro-
posé '
.
!']( nous s;i\(iiis par' un iinlix- Icxlc tpie ri'!','-yple elle ;iussi
xf résidul ;'i ï;\\vv ;ippcl aux alclii'r> \ (Miil icii-. I,c Milanais lirascdia
qui fil le prlci-iiia^c en I '».S(>, raconte (pie le capilainc de son
bateau, le \ ( iiilien C.ontariiii, « exj)édia de.lalla à Damas des vases
en verre de Mnrano, destinés an diddai- de Syrie », c'est-à-dire
à nn l'oiiel idiinan-e de Kait Hey-.

VKHHKS MKSOl'orAMiKNS

l'.n deliors de la considérable série de verres émaillés, (pii oui


été faits pour {"i'^g-ypte sous les sultans Manilouks, et auxquels il

est vraisemblable d'attribuer une origine syrienne, il existe une


série assez homogène de verreries d'un caractère diirérenl à laquelle
nous avons supposé une origine mésopotamienne. Ce sont des
vases, des aiguières et surtout des bouteilles à longs cols d'une
belle eau dorée, laiteuse ou verdâtre, décorés de rinceaux, de per-
sonnages et de frises d'animaux d'une allure magnifique, pai-fois
aussi de motifs d'un style chinois très prononcé ( fig. 3()(), !i07,

^Î08). Aucune de ces pièces ne porte dinscriijlions, comme on


en voit sur les verres faits |)our l'Egypte. L'ne exportation impor-
tante en Chine, pour lac[uelle certaines de ces verreries ont pu être
faites, nous expliquerait (piOii en ait de nos jours retrouvé un
certain nombre dans le Céleste Empire, et qu'elles nous soient
revenues avec les potiches des familles rose ou verte.
Les motifs décoratifs de la plupart de ces \erreries et en parti-
culier les scènes de jeu de polo, les poursuites de fauves, les
chasses, sont ceux qui nous sont familiers sur les cuivres de
Mossoul. Nul doute qu'il n'y ait là parenté d'origine.
Je me contenterai de citer les pièces les j)lus belles et les plus
typiques. Les vases sont parfois merveilleux, comme celui qui
appartient à M. Baron Gustave de Kothschild, décoré de ])er-
le

sonnages ;
comme celui du Kensington Muséum (1330 1900), légè-

1. Gerspacli, La Verrerie, p. 114, lia, 170. Cli. Yriarle, Venise. —


2. Voyage de la sainte cilé de Hiérusalem, édition Schefer, cité par Max van
Bercheni, Corpus. I, p. 679.
LES VERRKS EMAILLKS 361

remenl opalisé et décoré de cavaliers dorés tenant tles oiseaux à


plumes routes et montés sur des chevaux jaunes.
Le British Muséum a recueilli de l'ancienne collection Slade, un
admirable vase eu forme de tlacon aplati, en verre assez foncé,
décoré de médadlons renfermant sur les côtés des cavaliers.
Un petit flacon en
\erre bleu du Museo
Civico, de Bologne,
émaillé de blanc, de
rouj^e, de bleu, de
jaune et d'or, est un
objet tout à fait excep-
tionnel. Une frise

d'ornements i^éticulés

renferme des étoiles


d or.
On ne saurait, je
pense, citer de plus
belles bouteilles en
ce genre que celle de
M. Sigismond Bar-
dac , à panse très
renflée, décorée de
grands médaillons
renfermant des per-
sonnages musiciens
de type mongol très
accentué ' , et aussi
ce'le du JVlusée Impé-
rial de \'ienne dont Vh 309. —13i)iileille, xiv sièclo
le col porte des ondes (Musée de Vienne 1.
émaillées2 Ijg. ;]{)<,)].

Ua frise inférieure de la panse rcn fer nu- un cmnliat de i'a\ alier>, la frise

supérieure, de grands cei-clcs à décor de l'uiceaux, et des i'lie\rons


d'un bleu é|îais sur fond d'or. I.i' lype des personnages est très
mongol, comme sur le Ba|)lislère le saiiil l.oni> au F.t^uvrc. (".elle

belle bouteille fut envovéc par le \ice-i'on>nl ( '.liani|)inn du (".anv

1. (i. Mij;'C(iu, l-'.iposilioii ilcs uris ni iisidiii;iiis. pi. iiii. — Max \'aii Hciclieni.
Notes. III, p. .")".
2. Schinor.in/, Mloriciitiillsrhe Glnsçifpissv. pi. \'\. \icnnf, ISOS.
:iB2 M AM I I. I) Alir Ml SI I M \N

.•11 IS-J.-). ,.,] Cj.lunrl ,!,•> .\,,l,.|,n|,.. ,1,. |.;,n|.,.n.|ir


|
.r.\iiln.-|,o.
D.-iix v<Tiv> hvs iiu|...r(,u.l.s,
s;.n>-inMii,,|,„ns. .scln.inc.il encore
<Imms la ,n||,T(iui, .1,1 !) Sarre, c est un vase à
(..uveicle lapporlé
•'^' <'"'"• '•' "lie s| l.-ri.lidc riui\H' montée sur mi pied très élevé
'"''''''""1"' "" ""•"'!• 'I""l .!' ne ronnais pas .laiilre spécimen
I'-"'

a.ialo^ne. et .pn e>l ,<>,.• .I.'s ,,1,,^ Inlles p.eees ,1e verre aral,e eonnues.

(;(>1{i;i.i;ts

Il existe enliii lonle une x'-i-ie rie

(/tihelcis lie \(ire émaillé donl un


certain iioudjre sont venus depuis
de lon<^s siècles en l*]urnpe, y ont
joui à leur arrivée d'une haiile esti-
me, y ont été montés au haut nioven
àye sur des pieds d'orfèvrerie, et y
jouissent d'états de possession an-
De nos jours,
ciens et respectables.
de nombreux verres, de l'orme toute
semblable, sont arrivés en Europe
couverts d'une chatovante irisation
cpii iiaNail pas d'autre cause que le

séjour dans des tombeaux où selon


la mode antique on les avait dépo-
sés comme réserves d'eau ou de
parfums devant accompagner la

dépouille du mort. .M. Massonncau,


Fi^. :^10. — GnbL-k'L. xm siècle
un Français établi on Crimée, en a
Collection (iilk>l .

constitué ainsi une collection con-


sidérable (lonl tous les éléments proviennent de tombeaux explorés
dans la iét;ioii du Caucase. M. Octave Homberg-, à Paris, en possède
plusieurs '
; l'un porte une frise d'inscription sur un fond délicate-
ment perlé en relief, qui est très caractéristique d'un f;rand nombre
de ces gobelets. La collection de Ch. Gillot à Paris- en possède
également plusieurs ( tig-. 310), dont un très remarquable avec une
frise de personnages dont la rondeur des visages indique une orig-ine

toute mésopotamienne. Certains de ces gobelets sont décorés de

1. (i. Mif;eon, Les Arts. Décembre 1904.


2. Ct. Miffeon, Les Arts. Avril 1903.
LES VKRRKS EMAILLES 363

poissons émaillés en or Musée du Louvre et Musée tle Gluny), à


moins que le dessin n'y soit indiqué en simples traits d'émail roug'e
(British Muséum).
Il nous reste à dresser
la liste de ceux qui sont célèbres histo-

riquement ou archéolog'iquement. M. Schmoranz, qui le premier


eut le mérite de s'en occuper, ne leur crut pas une plus haute orif,'-ine

que le début du xni" siècle, surtout si Ion observe le caractère des


boites où ils ont été depuis lors conservés. Elles i'ui'eiil l'ailes pour
eux lors de leur arrivée en Europe qui
devait être de très |)rès contemporaine de
l'époque où ils furent fabriqués.
L'un des plus célèbres est certainement
le gobelet dit la « Coupe de Charles-le-
Grand » ( fig. 311) quune très ancienne
tradition prétend avoir été donné par
Charlemagne à l'abbaye de la .\Lideleine
à Ghâteaudun, et porté à (.hartres en
1798 '. L'abbé Bordas la vil encore à
Ghâteaudun [Histoire soinrnuire du Danois
en I 762j. G'est un gobelet monté sur un
pied d'orfèvrerie en cuivre argenté avec
des côtes en bossage. Le g-obelet de verre
est à parois lisses dans sa partie supérieure
avec une frise d'inscription arabe banale
de souhaits, à caractères en émail doré Viy:. M\. — ('.(.bolet,
Mir sii'clo
liserés de rouge, et au centre une lianlc Miiséo (le Clijirtros .

frise à entrelacs se détache sur ce l'ond

liabiluel [)erlé en relief blanc et bk'u, Imiilé par <lts lilcls dorés.
L'attribution au temps de (^h.iriemagne ne j)eut se soutenir, aucun
verre n'étant cité par l'igiiihardt dans les présents envovés par 1 laroun
er-Hat'hid. l/nisci'ipiioii, coiifornu' aux i-èi^it's ch' la calligraphie
arabe, a toujours paru aux é|)igraphistes bien carai"térisli(pie du
XIV'' siècle. Ce gobelet fut sans doute au apporté en Franco
xn'' siècle |)ar un pèlerui de Hamas, mi par un marcliaud xciiupar
une des galères cpii faisaieiil aiiiiinu'llcnieiil la iia\etlc ciilrt' la

l'rance et la S\rie "-'.

1. M. DdiihU^l (le Hdis 'riiihault licriic i;'c/m"()/(I(/;(/im', I8,')7i Nhi,u:asin pido-


ri'S(|ii(>, lX7i). — M. (hi ('(iiulray ylliillrlin île la SdcicU' ililnoisc. 1885 .

(>li. Sciiefer iAII)iui> des Musées ilc iirovincc. \" li\ i-aisoii^ I,«m-(ui\. l'iiris.
2. (>élostin Port, Hssni sur l'histoire du ('i)iinuerre imiriliine de \;irlinnne.
Angers, liS54.
:if>i \IA\l I I, l> Mil Ml SI I.M.W

l.c .\Iiis('c (le |)()u;ii possi-dc un ;;(i|)clc| loiit ;ina|(p;,'iic-, iiiuiilé .sur
1111 |iic(l (l'oi-lï'vrt'ric di-corr (11111 l.ir-c li,'iiii|c;iii de losaii^-^es dorés
sur ce mémo loiid [kiIc, fiilic deux pdilfs IVisrs diiiscriijlioiis
dorées. Ce ^(ihclcl, dit < des Imil pit'-li'cs .., ;iiir;iil ;i|»|);ii-leiiu ;iii

.\i\ siècle ;'i une (('rliiiiic d;mic M;ii-^iiciilc .M;illcl.

lu ^"-oheleL de même csiiccc. dil " \CiTe de Sjiinlc llcdvi^-e >, est
ooiiservé au Musée des ;iiil i<|iiil(> silcsieiiiies de l>i-c>hiM.
I 11 Jiidre, ciiiiiiii sous le iiom de
Liudv dlvleiiliali, a été |)ul>lié dans
la .]/;iffn;i /iril;inni;i de Li/sons, Cum-
berlaiid, p. cciv.

Fif;. 312-.si:i. — Gobelets, xiv siècle Musée de Dresde .

Tout un i^M'oupede gobelets, décorés tle Irises animées de persou-


nag-es, est beaucoup plus intéressant encore. Celui du Musée de
Dresde (fîy. ;îl"2, 313), monté sur un pied d'orfèvrerie, est décoré,
entre deux frises d'inscriptions, d'une zone de cavaliers jouant à la
])aume '. Vu i^obelet tout analogue se trouve au Musée de Cassai
(lîg-. 314). Celui de la Lô\\enhurg de ^^"ilhemshohe près de Cassai,
est décoré de deux personnages musiciens nimbés, séparés jiar une

1. A. GayeL, L\\.rl ariihe. Ci^. 123, p. 2ii. — Gerspach, La Verrert


.

LES VERRES EMAILLES 365

lige verte fleurie dont le caractère est bien senil:)hil)le à celui du


petit colFrel d'argent niellé de San
Marco '

Le gobelet entré au British Mu-


séum lig. 3l5j de la collection
(

Ferdinand de Rothschild, monté


sur un joli pied d'orfèvrerie à nceud
de cristal de roche, est bien inté-
ressant parle noble style des figures
dessinées avec le plus vif esprit -.

Un beau gobelet qui fut offert au


British Muséum par M"*^ Alice tle

Rothschild nest pas d'un moindre


intérêt ;
il est en verre blanc émaillé
de deux médaillons avec des rin-
ceaux d'or sur fond bleu, séparés
par deux palmiers stylisés ^ dont
les trônes
sont iiidi-

ques j)ar des


I r la ngl es .
Fi^ 311. — Gobelet. .\iv siècle
Les espaces 'Musée de Cassel).
libres sont
semés de rosettes. L'objel pro\ lendrait des
environs d'Alep. Le savant conservateur du
Jjritish Muséum. Ch. Read, cpii l'a |>ublié ^,

a fait à son sujet une ren>ar(|iic iiilcressanle ;

(' est ([ue ce verre était porté sur une base


rapportée, et que le fond du verre était rrcnx,
comme l'est celui (ruiic boiiliMlIt' de Cliam-
pngne, et percé dun pt'tit trou, dette l;n,'on
est bien spét'iale à ces gobcK'ts oi-icutaux, cl

lOii ne trouverait à la conslati'r dans aucune


Fi|,^ 31.'). (;..i)clcl, \crrerie européenne.
MV siècli'

Hiitish Muscuni).
De cette série de gobelets de vci-re orien-
(

taux, il [leul cti'f intéressant de rappr<u'lii'r

1. Sfliiniiranz, Mlorivitlulisrlic (Uiiscficfiissc. Iif,^ "J^. .il. pi. .t.'t.

•1. Cil. \{r:H\j:;iliil(>!iiie ofthi- Wuddi'siloii /{<>(/ iicn/. jil \l\'. Hiili-^li Mii-emn.
Londres, 1902.
3. Cil. Ilead, Archui'UxjLt, \ii\. W . [il. Xl\'.
306 MAM 1 I. Il Alll Ml >l I.MAN

«•(•ii\ (|iii (Mil ('-Ir (•(•rhiiiiciiiciil l'jiils ;i \'(Miist' : los formi-s sont
p.ircillcs, ii.s en di-riv ciil (•(•ilainciiicnl . cl ils no (|(ii\ciil j);is leur
cire Iri's ikisIi'ticiii's.

(l'ol (I .ilinrd lin lies l)i;iii -nliclcl en \circ vcrdâlro (If Taii-
<'i('iiiic (•(iIIccIkui liopi' ;iu|(iui<l Imi ;iii Urili-ji Miisciim. l'cpiV-soii-

taiil la \'icr-c ri ri-ji-

Jaiit .IcMis cnloiiif!'.^ (le

deux anges lliurifcraircs


séparés par des plantes
stylisées a\ec une Irise

dinsc-riplion chrétien-
ne '. C'est en outre au
lîrilish Muséum encore
un gobelet décoré d'é-
cussotis à armoiries,
séparés aussi par des
plantes stylisées. « Au-
dessus, une Irise porte
une inscription :
j Ma-
gisler AIdrevaiidin me
lecil i>, d un grand inté-
rrl, car nous avons là

un nom de verrier ou de
peintre cpiil conviendra
de rechercher dans les

archives de \'enise. La
collection Ch. Gillol à
l'ij;'. .llij. — \'crre persan, \vir sicvh Paris possède encore un
(Musée de Limogres). gobelet côtelé décoré
dimbrications et de per-
les de verre, qui semble bien aussi d'origine vénitienne'^.

Je ne trouve à classer dans aucune série une pièce singulière,


que je n'ai pas eu entre les mains, que I.avoix a jadis publiée sans
la décrire ^ (car il ne la vit pas lui-même). Cette pièce a été étu-
diée par Guidi dans les Acles da XP Congrès des Orienlalisles.
Paris, 1897, Section musulmane, pp. 39 suiv., comme pièce de

1. Ch. Read, Archiieolocjia, vol. I\'.


2. G. Migeon, Les .Ir/.s." Avril 1903.
3. H. Lavoix, Gazelle des Beaux-Arls, décembre 1887.
LES VERRES EMAILLES 367

cristal de roche. C'est un vase qui tle la succession du comte de


Cavour, était passée dans la possession du marquis Aliiéri à Flo-
rence, qui le léf^'-ua h sa mort à la reine .Marf^-uerite d'Italie. Ce vase
est décoré sur la panse et à Tépaulement d'arabesques en émail
blanc, bleu et rouye. L ne inscrip-
tion se lit sur le col en caractères
couliques, contenant des formules
de glorification d'un sultan ano-
nyme et, semblent désigner, par
les titres et le style des caractères,
un sultan de Syrie ou d'Kg^vpte
du xHi'', peut-être du xiv'^ siècle.
L'extraordinaire monture qui l'en-
serre semble bien d'époque mo-
derne.

Lindaslric du verre en Ksp;i-


(fne. —
Hien qu il semble certain
que cette industrie de la verrerie
ait été Espagne
llorissaute en
sous la domination des Maures,
il n'en est parvenu aucun spé-
cimen )u>(iu"à niius. ()ii peut
cependant en soupçonner les for-
mes d'après les pièces de la
Renaissance qui ont conservé des
g'albes et des décors bien arabes.
L'n ouvraj;"e sur les pierres pré-
1.317. — ^'el•lc• ijcrsaii, .\vu'
cieuses, Lupidurùt, écrit par un Musée de Liniotres^
certain .Abolaïs', tpii fut traduit
en 1"2."')() par un Juif Juda Mosca, donne i-erlaius détails tcrlinicpies
sur les matériaux l'uiployés pour faire le \i'rri' l't sur certaines
substances employées pour le jieindre et l'émailler. D'autres indica-
tions peuvent encore être cherchées dans el-Makkari, (pii cite un
passaj;e d ini \\\\\' arabe du xuT' siècle où m' Iihuxo uuMitioiinéc
.Alméria, fameuse pour la iabncalion de tnulcs sortes <lf \ascs, de
cuivres et de verres.
Les traditions de cette industrie du \erre se sont d'ailleurs tou-
jours maintenues à .Mméria et dans les \ illaf^res de la pro\ mce de

1. (li)iisfi\ (• il la lîildiol ln(|iii' (le ri'lseuiial.


•M\H MAM I I, Il \HI Ml <l I M \\

(ireii;i(lc «mi Imis les (il)jc'ls de celle iinlnsiiic (nil eoiiserNc un


e;ii";i('lei(' aiMlie lies |)rfiiioiu;é.

|{i;iii() ' eile (lilIV'iciils \ill;ij,'-es où oui (•!( relroméo le> Inices

(r;iiieieiiiie> \ cneries sur lesquelles [xnnrail èlre iiil(''ress;iiil


il

(ropérer un joui- (|uel(|ues fouilles, à Pinar de la V'idriera. a (laslril


de la l'ena, à Hayo Molnia dans la [irf)\inee de
.laen, à Mafia dans la province d Almi-ria.

hn /V/-.sr, A \//-.\ r//A .s/ér/f. - lui IVrse.


cnlin, à une époque relativement moderne, aux
xvii'" et .wni'" siècles, on fil des bouleillet; à très

lonf,''s cols, somciil lerniiiK-es par des orilices


évasés, qui servaient à contenir de leau de
roses, et d'autres parfums. J.eurs formes variées
sont toujours d'une extrême élét,''ance, el sans
oH'rir l'extraordinaire ténuité des pièces de
Murano, ces verres sont dune finesse et d'une
léj^èreté remaixpiahles li^. 'MO, 'Ml, 'MS).

I.ca nliHu.r eu lùjypte i hamariyns . — Il

nous faut revenir maintenant à ri']<^yple, où le

\erre fut utilisé dune façon toute spéciale,


pour la fermeture des baies, à la façon de nos
vitraux, habitude (|ui d'l'>f^vj)te passa naturelle-
ment en Syrie.
A une éi)oque ancienne, puisqu'on en trouve
Fig. 318. Verre des exemples à la mosquée d'ibn Touloun. on
persan, xvii" siècle pour
avait pratiqué en l^g-ypte, la clôture des
fenêtres, des claires- voies en stuc, découpées
^

^!i"'.!,!!!..^.îr.'^'^^

dans d'épaisses tables de plâtre (fig. 319).


(D'autres exemples se retrouvent dans les ruines de la mosquée de
Beïbars, et au moristan de Kalaoun ^.)

A partir de la deuxième moitié du xni" siècle, des plaques de


verres de couleurs viennent remplir les ajours. On les trouve
toujours au-dessus des niches de mihrabs, et au-dessus des mou-
charabiehs des maisons. Ces kainariyas ou chenisiyas con-
sistent en un cadre de bois rectangulaire, renfermant une plaque

1. Spanish arts. Glass.


2. Voir Herz Bey, Gazette des Beaux-Arts, 1902, 2' semestre, p. 52.
LES VERRES EMAILLES 369

de plaire ajourée, qui |)rimitivement coulée dans une forme,


a été ensuite entaillée à la gouge pour ménager les ajours. Les
plaques de verre ont été ensuite insérées, en les maintenant au
début par des baguettes minces également en plâtre i tombeaux des
sultans Salih et Kalaoun,
mosquée funéraire de
Sangar el-Gaoulii, jiuis

plus tard aux \i\^' et xv"


en les iixaiit à lexlé-
rieur de la fenèlre par
un peu plus de plâtre
rapporté (mosquée de
Barkouk et édifices de
Kait Bev).
L'art dajourage du
plâtre y est presque tou-
jours d'une fantaisie
charmante. C'est un dé-
cor floral, architet'lural,

épigraphique ou d'ara-
besques; des (l'illcls sont
merveilleusenuMil dispo-
sés dans un vase, des
cyprès s'élancent \ers le

ciel, où sont accouplés


sous une arcade, à moins
qu'ils ne llaïupiciil un
kioscpic, (les liges à f^ros
boulons, ou tles cni-ou-
lements de feuilles et de
fleurs.
l'i.i,'. •il'.". — Kiiiiiiiiiali. \i(i;iil Ac |)làlr(> ajoiuv.
De plus, le gciiie rai- art (lu Caire, xiv -w sièrlc. —Clirlu' /.(/,c(/i,in.
liné de la couleur se ré-

vèle toujours dans la (< toi-alion des verres, destinés à apporter à

ce décor la couleur el la dclicalesse de s.i coinposilion liannoiiicpie.

MaM1;I. ll'.VllT MlSriMAN. II.


;i7(> MA.M II. I> AHI Ml M I.MAN

m lll.KX.KA l'il IK

("iKIlSPACM. /-.( vrircfif liiltli<>l/ir(/iir- (h- l' l'iisrii/ nciifH I '>/cs lii-.iiix-

Arh).
IIerz Bi;y. Caluloi/in- ilu Miisi'-f il.ui :ii-:il,c <lii ('.;tlrc Lu vrrn>rif.
KAUiii.li. Madl. Kiinsl uml h'ii/isllt;iii(lir, //;. IN'.'H.

RiANO. Spnnish arts, (il;iss.

ScHMonANZ (G.). Altorienlnlisrhe (iLtugefusac.


Id. Oriental enuineltcd (/l.-iss. avec 44 pi. Vienne, I89('.

Stanley Lane-Poole. Sa'Hcenic aris. (il;is!<.


Van Rerchem (Max). A'o/es crarchi-ologic miisiilniane Journal asia-
tique iOOi .
CHAPITRE XII

CRISTAUX DK HOCHE ET PIERRES GRAVÉES

L'usage de graver sur les pierres Texpression de quelque pensée,


ou la représentation de quelque sujet, remonte à la plus haute
antiquité, et les Musulmans en cela ne différèrent j)as des peuples
f|ui les avaient précédés.
Ils se sont servi des pierres qu avaient emplovées les Anciens,
le jaspe, Fagate, l'onyx, la sardoine, l'hyacynthe, la cornaline,
laméthyste, Ihématite, le jade; mais, il semble, exclusivement
pour leur cachets et sceaux, ou pour leurs bagues. Le cristal de
roche seul semble leur avoir servi à composer de beaux objets
d'art, coupes ou buires.
Il semble d'ailleurs qu'ils ont attribué aux véritables pierres, des
\ertus particulières auxquelles ils allacliaient leurs préférences.
Sur ce sujet, que sur la technique de la taille des
aussi bien
pierres, et sur les inscriptions qu on y rencontre, Heinaud a consa-
iré les 130 premières pages du premier volume et les -295 pre-
mières pages du second volume de son ouvrage « Les monuments
inusulmans du cabinet de M. le duc de Bl»cas ». (Imprimerie
royale 18281.
Il v aurait l'iicoi-f à \ rcxcuii', la lillcralurc arabe étant pleine
d indications cunciiscs, luallicnrcuscmciit perdues dans Ic^ ouvrages.
les plus (li\ci-s, m partie ignorc's encore '.

Des textes snllisanuiieiit précis atlinuent en (pielle estime les-

\oyageurs ou les écrnaiiis contemporains tenaient les beaux objets-


de cristal de roelie (pi'ils pouvaient admirer alors. \'oici, Nas-
siri Klidsi'aii, an m' Mecle : » .Iv ai reniarcpie aussi au (laire i

1. N'iiir 1\hi:mi it. C.iil liiriii'srliiclitvdes Orirtil iinlcrdvn (Htulifrn II, p. .TtiL',
et Kai»aiia<:i-;k, luu riiiiiixche dnmen,ptciii de curieux ({('tiiiis sur la (l'oliiiiqui'
(les pierres ^i-jivées et siu- les aiieiennes l'olleelinus niusiiiinunes, d'après uu
I l'ès eurieux iiuvraf^c lic ("inu/diili. xv sièele.
\l-2 Il \HI Ml

(lii ciisliil (le loclic (le loiiU- i)c;nil(;, (;l iirlihleiiiciil Irav.iiHi'
|);ir (les oiivricrs |)lciiis de f,'oril f| ;iv;iil été ;ipport('' du
Mii^dirc'l). Mi;iis (ui disiul (juc rcTenimeiil on t-ii ;iv;iit reçu de
l;i nuM- Hou^c, imi- ((u'oti Tavail Iravailli- on l'";,'vplc »*. Kl
dans I inventaire des In'-sors
de Moslanscr hillah, dres>é par
Makrisi, se trouvent mention-
nés : " plusieurs collres conle-
« nant un grand nombre de
« vases, de la forme de ceux
Il où I on met labière encore
« aujourd'hui en Orient, tous
« du cristal le plus pur. uni
" ou ciselé. Deux coffres rem-
« plis de vases précieux de
« différentes matières, un bas-
" sin et une aiguière en cristal,
" un carafon et un bocal de

" cnslal d une transparence


j)ari'aite et d un travail mer-
'( veilleux, sur chacun desquels
'< était gravé le nom dAziz bil-
'
lah : 1.800 vases de cristal
< dont quelques-uns valaient
« jusqu'à 1.000 dinars (15.000
« frs.);beaucoup d'autres piè-
ce ces cristal, parmi les-
de
Fii f.
320. — Aif^uière en cristal de roche te quelles une boite ornée de
au nom du khalife fatimitc
« figures en relief du pouls de
el-Aziz Billah, x' siècle
(Trésor de Saint-Marc à Venise,. « 17 roks. )i

Devant des textes comme


ceux-là, et devant une pièce si absolument catégorique que l'ai-
guière du trésor de Saint-Marc, dont je parlerai bientôt, il est

surprenant que M. E. Babelon, dans son histoire de la gravure


sur gemmes -, se soit obstiné à attribuer à des ateliers occidentaux
travaillant sous des influences orientales, toutes les pièces de
cristal taillé c{ue nous connaissons. La « sécheresse d'exécution »

1. Nassiri Kliosrau. Sefer Xameh traduction Scliefer. p. 149).


2. E. Babelon, Histoire de lu gravure sur çicnimes. Paris. 1002.
CRISTAUX DK ROCHE ET PIERRES GRAVEES 373

inhérente à la matière même qu'il .s"ag"issait de travailler, ne peut


être un argument défavorable à l'orig-ine orientale. Il y a donc de
g-randes probabilités pour que tous ces beaux cristaux de roche,
dont nous a parlé abondamment Makrisi, datent de l'époque des
Fatimites, et ici encore, je ne limite pas ce genre de travail à la
seule Egypte, qu'ils gouvernèrent pendant tant d'années, et où ils

donnèrent aux arts une protection si efficace, mais aussi peut-être


à la Sicile, si prospère sous leur autorité.

Un certain nombre de vases conservés


au trésor de Saint-Marc à ^'enise ont
donc une origine orientale bien cer-
taine ; ils sont (cuvres de lapidaires
arabes, ainsi que le témoignent les ins-

criptions que portent quelques-uns


d'entre eux. Ils étaient nécessairement
travaillés à la meule, l'artiste obtenant
le décor à la roue, par usure du cristal
même. D'autre part, leurs formes élé-
gantes ou nobles se sont accommodées
(les belles montures d'orfè\rerie adap-
tées par des artistes italiens, ce ([iii en
augmente lintérét.
La plus belle de ces pièces du trésor
Fi :521. — Aiguière, \' siècle

(Musée du Louvre).
de Saint-Marc, dont l'inscrijjlion fait le

\n\()i de toute étude des cristaux de roche taillés, est une superl)e
aiguière piriforme lig. !i"2(> , dont l'anse, prise dans la masse, est
surmontée d'un boufiiielin ; la panse est tlécorée de deux lions en
relief, accroupis et aifrontés, et séparés par des feuillages. .Autour

(lu col. l'inscription ai-abe lue par Longpérier, dit : « Bénédiction


de Dieu à l'Iman el-.Vzi/. billah », qui fut Klialife falimit(> d'i-!gypte
et de Sicile, 3(J")-38») de l'hégire (UTô-UUC) '.

De cette pièce capitale, doit être rapprochée une aiguière tout à


fait semblable, qui ,
pi'o\enaiit du trésor de l'abbaye de Saint-
Denis, apparlieiil au .Musi-e du Louvre"- ( lig. iV-M . La dccdi-aliou

l. Loii^'pc'iiei-, 1. !>. —
Devillc. //^s^»(rf i/c lu vcrri'iic (l:tns /Mn/n/iJ ifi',
153.
pi. XC. — Le trésor de S;iinl-M.irc. u" US, pi. LU.
.Mj;i- l'iisini. Habelon, rito. —
2. Dom (uMiuain Millel. Ci/.i/(k//u' du trésor de iabbat/e dv Snintnenis,
ir..?s, ]). 120. —
l'V'lihicu, Histoire île rnhhni/e de Saint-Denis, 1706. Trésor,
pi. \'. li{î. 6. —
De l.iiias. Oriijines île iorl'évrerie eloisonnée. I, p. 257. Har- —
ijcl lie Jouy, Gemtnes el /oi/.in.r île l:i ('onronne. (l.izelle des HeHur-Arls.
2« pt-i-iode, t. II, p. 3i7, t. .XII. p. 112.
•Mi M AM I I. Il .MIT Ml SI I.M.VN

Cil ol liMitc sciiil)l;il)lc, iii;ii> r.nisc a |iciilu le l)(iii()iic| in . dont la

liMcc csl vimIiIi' cmiirc .1 l;i liiiMiir. Sni- lu |i;iiisc xiiil taillés (les
j)cn'(i(|iicl>, et aiiliiiir (In (1)1 riiixiiplic m relue receiiiniciil par Max
\aii l'x'rcliein dil : I leiiedicl idii el ci m leiil eiiienl et sic a .-on
.

possesseur •. erreur de repi'l il ion. rr('(pieii|e paiMil-il. dans les iiis-


criplioiis arabe-, l.e inol cunlfiilcinciil . (jin a\ail paru illisible à

l.oii^^p(''rier. iii' peiil

donc ser\ir à la de-


inonstralidii de M.
I îaheloii . enclianlé
d V \(iii' une main
occidentale ij^ni^»-

iiinh' de l'arabe.
I iiecoupe nioatée
-iir pied (fi,r. '^^2'^
1,

(pii a également ap-


parleuu au trésor de
1 al)l)av(,' de Saint-
I )enisaA'ant de venir
au MuséeduLouvre.
nie parait ég^alement
une œuvre arabe in-
contestable . ainsi
cpie lindiquent les

aniinaux qui déco-


ri'iil le pied, quoi
(pi'en pense M. Ba-
belon qui conteste
Vig. 322. — Aif;uit'rc, .V siècle
'

Keasini;l(iii Museuni .
le calice même, dont
les rinceaux lui pa-
raissent d'une orthodoxie musulmane douteuse. Il doit sullire
cependant d'examiner la jietite frise du pied, à bouquetins cou-
chés, si semblable à celui d'une aiyuière de Saint-Marc, el qu'on

retrouve encore dans la pièce de cristal du British Muséum. Dona-


tion F. de Rothschild.) On sait qu'un des ancêtres d'Éléonore de
Guyenne tenait la pièce d'un certain Mitadolus, personnage encore
inexplicjué, àmoins qu'il ne faille voir dans ce nom qu'un jeu de
mots de Suger. Suger fait allusion au don de cette coupe par Roger
II, roi de Sicile, au comte de Champagne Thibaut, qui l'offrit à

Suger. L'origine sicilienne de l'objet apporterait une probabi-


CRISTAUX DE ROCHE ET PIERRES GRA\EE 375

lité de plus à son authenticité arabe'.


Dans cette série, dont les deux aijiuières
du trésor de Saint-Marc et du J.ouvre,
ainsi qu'une troisième toute analot»-ue con-
servée au Kensington (iig. 32"2 i, forment
la tête, viendraient se classer encore plu-
sieurs objets du trésor de Saint-Marc ( tig.

3'24, 325). L'n vase, dont Fanse


malheu- a

reusement disparu, décoiv de deux bon-


quetins affrontés, séparés par un bouquet
de feuillages, i\\ec une monture d "ai-gent,
adaptée au
xm'' siècle - ;

une coupe
oiMiée de
Vig. 323. — Coupe, x' siècle
ligures de (Musée du Louvre).
guépards ' ;

un grand xase de i'oruu' c\liudrique,


<u'iié de feuilles (Feau sur le culot, et
\ ers sou orifice dune haute inscrip-
tion contenant un souhait de bon-
heui-, (pii fut monté également en
orie\rerie, a \'énise, au xui'' siècle ',

et une grande aiguière décorée d'un


bélier couché, de lleurons et den-
roulemeuts •''.

D'autres aiguières ou \ ases en


cristal de roche taille se rencontrent
encore : .A la cathédrale de l'ermo
{ Italie I, un \a>e pu'iforme. en cris-
tal a\('c décor (le niucaiix iloi'aux et

inscri|»tion (•(iuii(pie en rclicl Ac sl\le


fatiinile. an nom d un Malik Man-
s(un' peul-clrc un l'atnnilc
Fij;. 32 1 — .M^uii'i-c. \" sir
\\/.iv ,

(Ti-('-S(ii- (le Sailli -Marc). decnl par ( "lUidi ''.

1. Hiiihct lie ,l(Ui\ . (icinincs el jojimi.r ilc l:i CmiraniH'. pi. 1\'.

2. l^asiiii. Cili-. pi. I.i. n" 1 l;').

3. //)((/.. 1)1. .\\'. 11^;. su.


1. //)((/.. pi. 1,1. n" 1 I i.

5. //)(•(/..
i»!.
Ll, IV 11.').

fi. (".(liili, Actes (lu \ I' Coiui rrs des Orioiilalislos. Taris, \W:. Scrlion intisiil

mane.
.

M{\ MAM ir. Il Ain Ml -I I.MAN

Miis('-c d'iiisldlrc ii;itiii-cllc ;'i l'ion-iicc, ;i\cc un (li'-coi- de

^^ |i;i(iiis îillVoiili-^. et une iii>cn|i-

a Imii II iriiiiihiiil (lc> \u'iix (l<; lutn-

liciir |H iiir son |)(isscs>ciir ;

Ail Mll-/r .le l'.iohill :

.\ll Musée <le N IlICMllxTJ!:


;n ce nu (\ri<<v de lions el d o:-
^i';iii\ :

An nieiuc Musce, un rrnissaiil


en ciisliil de roclie pièce uni-
(|no et de (lestin;il inii iiu-onnue
nionlé sur un pied d orievrerif
est ^Tavé d'une inscript:i>n con-
lirpie ;

Au trésor du l;i l'atliédralc

d"|-:ssen ;

Fig. 323. — \'asc, x" siècle


'Trésor de Saint-Marc).

.\u trésor de léylise dWstorg'a


en l-'spagne '
;

A Téglise (le Marval ( Haute-


\'ienne^), petit vase monté en
France en orlevrerie i li<;". ',V2Q) ;

A Téglise de Saint- Kiquier


(Somme), petit cylindre en cristal
monté aussi en orlevrerie, tous
deux pour servir de reliquaires :

Que'ques flacons en cristal de


roche taillé ont été aussi sijrnalés :

1. Expoxicinn Kurnpen de Miidrid. ISii2. pi, AM-XI^'.


2. E. Molinier, l-'xpnsilion d'nrfèvrerie reliçiieuse à Tulle.
.

CRISTAUX DIC ROCIIi: ET PIKKKKS (IKAVKFS 377

Au trésor de Saintc-
['rsu'e (le Cologne, un
tlacon eu forme de lion
accroujîi portant sur son
dos une tour sin'ajou-
tée '
;

Au trésor de Tabbave
de Quediimburg,, un fla-

con |)er{-é dans le sens


de la hauteur de trois
trous parallèles, et dé-
coré de deux oiseaux
adossés, séparés par des
feuillages stylisés, ainsi
qu'un petit vase en for-
me de mitre sans doute
un pion déchifpiier !

couvert dornemenls
stylisés ^.

ImiIIu au trésor de la

llofburg, à Vienne, le

ponnncau du sccphc
(les l'ois de I longrie est
décoi-('' diui lion en
cristal de roche cnloun''
de migra lies '.

M la comtesse 11.

de Immimi possi^'de une


sc'nc (robjets iiili-

niincnl curieux cl

rares, les dix pirccs


massi\('s , profond (-
niciil gravées de rin- KiK. .'••21-i-2H. — I'i.,ns (l\'clii(|ui.M-
ceaux, d'un jeu (rcclircs en ci'islal de i-oi-lu' i;i-;i\o, \" sii'clc

en cristal de idclic Cnll.rli,,!! .le M li, rninlosc de Moairi

I. l?()ck, nus liviliin' /w»//i, pi, \'III.


li. .1. Min-(|iict (le N'assolol, f,,(:, //(• ,l,-s l!i\iiir Ails. no\,inl,rc ls»s Hal)e-
l"n. Cil'-. |)1. W. li};'. 10.
''. iicuk. Die Kh'indtlirn ilrs hril n'imisrhrn lin
. -lies ,lciitsrli,T Wiliniuililul
pi. -W, — lialirloii. Ci/r. p. L».!.
•M H MAM 1.1. 1» Alir MISII.MAN

lri>ii\ (• |(> l'ormcs diverses hii-

lnl iicllc- (l;in- un |cii d'i-clifo.

l)iii'l :ir:il)(- iiou> [i:ir:iil

liicii ciHin-c iiiic ^M";iiirlf'cou[)c

{|ii;iilrili>h('(' . (•(l|l^(Mv«'•(' iiii

trésor de S;iiiit-.\I;irc. >iir

I;k|ii('II<' sont rcpri-sciih-s en


;i->c/ liiililc i-clicl ciiKi lir-

vres. J>a inoiiLurc, un ^mmiuI


haiidojiu d or j,aMnmc cl lili-

^raiic. csl oiiK-f de placf on


place d émaux cloisouué:-.
(IcUc coupe passe pour avoii-
Fi^. 32:t. — Gobelet en verre moulé. élé donnée à la Hépuhlifjue
.\' siècle Musée d'Amsterdani .

de \ euise en 147'2 par le sul-

tan de Perse Ouzoun Hassan, mais le fut en iail bien aulérieure-


mcnt à cette date. Déjà étudiée par Montraucon Diarium ihiliciim.
17(ll> . rinscription lue avait donné ]5ar Allao. opil'ex l»cns .:

ce qui veut dire que Dieu


seul était capable d'un tel

chef-crœuvre. Gravée très


mal dans les Voyages de bi
Met fraye (t. I). Durand et
d'autres après lui avaient
considéré cette coupe com-
me un verre de ton vcrdâlre
pâle, dans lequel on aurait
même aperçu des bulles
d'air, détail conlirmatil'. —
Mgr Pasini et M. lùiiile

Molinier, ses plus récents


critiques, Tayant examinée
de très près, l'ont trouvée
toute opaque, croient
et la
Fiu. MO. — Autre côté.
travaillée dans une vraie
turquoise '. — Il semble douteux i|iie la monture de la coupe lui

l. Durand, Trésor de Saint - Marc. Annales archèoloijicuies de Didrou


(t. XX, isfio, pi. XXI-XXII M?T Pasini. Cité.
. —
CRISTAl.V Ki: ROCHE ET PIERRES GRAVEES 379

soit contemporaine;
les objets arabes n'ayant pas de lilif^ranes aussi
tins, médaillons circulaires enfermant des flcui-ons n'avant
et les

pas un caractère arabe bien franc.


Peut-être est-ce un vase de même sorte que nous trouvons aussi

Fi^-. 332. — Boule de cristal montée eu masse, .\« sièelc


;Zeu};haus à Bei'lin).

dans le Trésor de Saini-Marc. en tui'cpioise prescpie

opaque. C'est une coupe, à cinq pans coupés,


cliacnn décoré d'un lièvre en bas-relief, avec une
nitinlure en liliL;rane. |)ieri'e cl émaux.

II e\istc, au Mux'c d Amslerdam, niie pièt'e

remai'cpiablc, ([ui par sa matière de\rad prendre'


place an chapitre de> \ erres , si je ne crovais
d('\(iir la joindre aux cristaux de roche avec les-
(pu'l.s, par >a forme, son décor e( son aspect, elle
o lire la |)lus jurande allinilé. (
",
e^t un ,i;(>belel de
verre très éj)ais et léyèremenl l'unie, d(Uil le di'cor

nioidc |)rt'>entc d un culi' un aiiile, de I autre un


j.'j,, j;,! lion assis 11^. iVJU-ii!?') ; bien (juOn l'ail cru lon^'-
lem|)s bv/.aidin. je ne crois pas (piun ra|)proche-
nienl avec les limis do aii;uiere> de .^anil-Marc ou du l.tunre. ou
même cerlam mnlle de lion de bronze du .Musée de (lassel. auli>-
l'ise à écarter celle pièce du j.;roiqie oriental musulman.

l ne pièce snii^uliei-c est cnn>i'r\ci' au /cni; liaii^, Mu-^rc iinpi'nal


:vs() MAM II. I> Alll Ml SI IMAN

(les iiniU!S il IScilm. ( ! csl iiiic miiIc de iihissc d ;iiiiir>, loiiiit'-c d'iiii

1(111^'^ l);iloii U'riiiiiK'c [lar un Mue de cristiil, f^ravc |)nd<)ii(lciii('iil


d'oiseaux I rès si \lis(''s, a (|iiiii(n rcdrc-si-cs cl à Ix-cs criMdiiis coiniiic

sniil les |)fiT<>(|iicls ii;^. i<:i I -;<;^J . lîirn (|iic rn|»Min>ii aiilorisùe
alltMiiiiiidr ail \niilii \ \(iii- un (il)|('l sassaMidt', Ici ii Csl pas mon
a\is; le caraclric de I m-^cau (•~l assez \disiii de celui (|u'on relrouve
sur iai^^iiièic du Miisce du l.iiu\ ic. .le ne crois pas (pi il laille voir
en ce cristal laiHi' aiilre (diosc qu'un Iravail arahe 1res aiialoj,Mie à

lousccux (pic lions a laiss(''s Tari faliinile. I/ohjel en son ensemble


paraît un ai'i'anj^cnicnl loiil niodcnic, et la lionjc (\c cristal de
roche ;;a;;iicrait à en cire isolc'C '.

1. I)(;ssiii c<)ninuiiii(|uc n'raciciiSL'iiu'iil par M. \im l'hiscli, cuiiserval(.Mir du


Mus(ic clarines de Hcrlin.
.

Fig. 333. — Tissu de soie à influciifL' sassariide

Eglise Saint-Etienne de Ciiinon :, xi'-xii" siècles.

CHAPITRE XIII

LES TISSUS

SoMMAiitK. — Décoration des tissus. — Tissus à imites <rEf:yple.


inst-ri])liiins l'at

— Tissus scldjoucides. — Tissus syriens d'Anlioclie. — Tissus inésopota-


miens. — Tissus siciliens. — Tissus hispano-mores(|ues.

J/élude (les tissus de nibricalinn ;ir;ihe rnmèiie f;il;iIoni(Mil à celle

des tissus sassanidc^, cMipIcs cl l)\/.;nilins. l);iiis cet art, moins


encore peul-èli'c ([uc dans lnul auli'c, d n"\ a de Iransilinii l)rusi[ue ;

les lois (révolulion, r(\i;issanl loules les nianiicstalKuis de 1 arti\ ih'


humaine, s'appliquent ici comme ailleurs, (l'est peu à peu, pai- des
étapes leides, successixcs et ui vsli'iMenses, que les choses chanj^enl
de milieux de c()ns(unniatii)u, de centres de production, abandon-
nant les pa\s eu dccadeiu'c où les |)i'oduits de luxe \\v trouviMil
[)lus de possihihlés de cuvulatiou, pour passer- l'u des pa\s en pro-
f^ression où les marchés leiu' sout ou\i'rts. ("/est anisi cpic lart
(du'iniuc, portant eu lui tous les germes di-closiou cpn Iructilicroul
si le milieu est propu'c à leui- dé\ (doppcnuMil
CJuaud ri\:^'vpte de\ ud musulmane au \im'' su'cle, les arts indus-
triels y étaient pralupK's par les (loplt's, cl nous axons dit (piclle
|)ai"t (riulluciicc lis a\aicnl pu axoir >ur le i'oiupi(>ranl de nature
nomade, cl pixpic-la peu curliii a rc>-culir des impressions darl.
Mais tout eu recoiuiaissant la part d'iiilluciicc ipic lait copte a\ail
pu exercer sur l'art arabe d"l\i;yptc à ses d(d)uts, il ne faudrait tiuit
'M'2 M AM II, Il AHI Ml >l I SI AN

(le iiiciiic |i;i> [>oii>scr li-s clinscs ;i l'cxt rciiic . (•(imiiic l'ii l'ail

M. (laycl, cl i'aiic du (;n|)lc le seul ((liicatciir de l'Aialic. I,a

(|iicsli()ii t'si l)caii(i)ii|t |)lii> (imiplcxc, [larcc (jiio la (loiiiiiialioii

araix' ne s"c>l |ia> liiiiilcc a ri\-\[)lr. (|iiCllc ^i-k'iwlil sur de vastes


réj^iDiis de I Asie cl (\t' I AriKjiic m'i clic pril coiilacl a\cc des
|)cii|)lcs df)id 1 liisloirc ('lail tics vieille cl les traditions séeidaires,
cl (HIC (|uel(|iic autoritaire et rehelle à rinlliienee des vaincus (|ue
soit un eoiiiiin'i'aiil , nu li-a\ail Iciil, m \ ^(('rieiix cl sourd |M'uclre
peu à |)eu ses manières de penser, de sentir et d exprimer.
haiis la décoration des tissus, en parlieulier, les Arabes en iiaine
des (dirctieiis diircnl i-c|iousser toutes les rc|)r(''sentalioiis reli;,''icuscs

(|uc les (]o|)lcs axaient enipruiilées à Hvzance. Au contraire, tout


ce (|ui i('le\ail de la ^(''ouK'Irie, de la combinaison des lig-nes, et

(|iii (liez les Copies (Mail peiil-clix- un \ ieux son\enir. un refleL

lardif de la \icilli' civilisai ion phrMiicicime, cadrait fort bien avec


le caiMclèrc arabe cl de\ail devi'iiir le premier fond des composi-
tions (h'coralives. Les Arabes devaient conserver du bv/.anlin lor-
donnance décoratixe, la disposition des roues tanjji'entes ou isolées,
les lignes horizontales de la disposition losangée, et la disposition
hiératique (ranimaux atlVontés ou adossés très fréquemment de
chaque côté du Honi des Perses. Puis intervient souvent une
inscription à 'a louante de celui auquel le tissu était destiné, ou bien
répétant quelque verset du Coran ou les noms du prophète et de
ses lieutenants. Les tissus à inscriptions, on les retrouve dans tout
rOrient, et ils ne sont pour nous des documents précis que par les

noms de possesseurs qu'ils portent. J/inscription accomjja^^-ne sou-


vent la décoration animée ou linéaire du tissu ; parfois aussi elle
constituera toute la tiécoration.

Des historiens ont cru pouvoir tirer un critérium de la forme


même des caractères : il faut, je crois, nv pas attacher trop
d'importance. On a dit que l'écriture coufiquc avait réi,nié sans par-
tage jusqu'au x" siècle ,
quand apparut l'écriture nes/ihi, qui arron-

tlissait et assouplissait La vérité est qu'on retrouve


'es lif^atures.

l'écriture neskhi même avant l'hégire, du moins sur des papyrus,


et que si le coutique a dominé, notamment dans répi.yrajdiie monu-

mentale, il n'a pas régné sans jiarta.i^e.

Ce dont les Arabes feront quelque chose de personnel, c'est

l'ordonnance à semis qui leur permettra plus tard, quand ils seront
émancipés, d'aiiporler dans la composition moins de rigidité et de
raideur, plus de souplesse et de fantaisie.
r.Es Tissrs 383

Où ils retrouvaient un rrlii> cerlam de leurs goûts, un rellet de

leurs aspirations, c'est dans ces compositions sassanides, dans ces


scènes de guerre ou de chasse, qui étaient à leurs yeux la meilleure
part de la vie. Et cela était venu juscprà eux directement par les
peuples sassanides qu'ils avaient soumis, et indirectement par les
Coptes d'I^'p^ypte chez lesquels ces l'orniules llé(•orati^•es a\aient été

subies, puis cultivées.


C'est alors que la difîiculté devient i^randc de distinguer les tissus
fabriqués à Bagdad de ceux qui fiu-enl laits au Caire. J'incline tou-
tefois à ci'oire que ces sujets de giiei're (Ui de chasse, toutes ces

représentations de ca^aliers au galo|). liraiil de 1 arc >nr les fauves,


sont plutôt o'uvres d'.Vsie, de cet Orient nuisuliiiaii dont Bagdad
était alors la ca|)itale ; car il v a là une tradilioii d art si étroite-
ment respectée qu'il est plus logicpii' de la chercher pi'ès de ses
sources mêmes d'inspiration.

nous faut voir maintenant ce que les textes nous fournissent


Il

d'indications sur l'industrie du tissu chez les peuples de l'Islam.


La première fois rpi'il est (piestiini de tissu arabe, c'est dans la ville
sainte, à laMecque, (pii avait demandé à riiidustrie textile les élé-
ments princi|)aux de décoration de la Kaaha. A l'origine, ri''g'ypte
avait fourni le voile tendu aux murs de la Kaaha. L'an 157 (774),
le [)oids des étoiles et tapis sus|)endus aux parois du sanctuaire
était tel, (pi'il en compromettait la solidité. Par la suite, l'éclat

de cette décoi-atioii ne iil cpic s'acci-oîire . et le voyageur sicilien

Ibn Djobaïr, ([ui \isila la Meccpie en II S!? , s'extasia devant la

richesse de la décoralioii. A 1 Cxlcin'ur. Ireiile-cpialre elolVes ('taieiit

cousues ensemble ; ces tissus de soie \crle coiiti'iiaienl de nom-


breuses insc!"ipl ions el des sorli's de niches leriniiiees en Inangles.
A I iiil(''neiii-, les colonnes iiiriiies ('•laienl l'ecoin erles d'eloll'i'^.

L'acluilc des métiers à lis>er la soie en l^g^pte na\ail |>as été


moins grande après la coinpiéle arabe. Makrisi cile un grand
nombre de \illes n'-piilées pour leiir> tissus : mais jamais sans
doute on ne \ il |)liis grandes richesses en ce genre (pie sous la

dyiiaslie laliinile. Il faut lire dans Makrisi la descriplion des mer-


veilles (pie ces siillans axaienl cnlas^cc-- dans leur-- pal,ii>. L'un
d eux, Moe/z li-din .Vllah, avait fait exécuter une elull'c représen-
tant la terre, avec les montagnes, les mers, le> lleu\i's, les l•oute^'

les villes, et specialenieni la .Meccpie cl Mediiie. ("Iiaipie localile


était acc(unpagnée de son nom lisse en lils de >-oie. d argeiil el
iiSi MAM II. DAHT MISI I.MW

(I or. .MakiiM lions ;i coiixtn ('•


1 iii\ fiil.nrc du In-sor du -iilhiii cl-

Mosliiiiscr (|iii, CM lOC)". (lui ;d);indoiiiiri- ses richesses :i s;i f,'.ii'de

turconiiiiu' iniil iiK'c. (icilc Iccliiri' \;(ii( celle d iiii coule des Mille
et nui' Xtiils.

\lc\,iii(lnc ('l;nt ci-lchi'c dans le inonde eiilier |):ir ses tissus, el les
itnilcs ,ilc\:iiidniis -oui cil<'-> ;'i tonl inslanl dans nf>s anciens
|)iMiii(s on i-oiu;ni>. il e>l |)id|)al)lc lonldois (|n"il n'v Canl pas voir
une ori:;iiie de l'abrical ion : .\le\andnc ('lant nii iinineiise entrepôt
où \ciiaienl > a|)|)ro\ isionner les j^rands né^ocianls européens du
nioven à^e. ( )n ne saurail nier c'e|)endant qu'on ail fabriqué en
lOyyple de très beaux tissus décorés. En 1414, le snllan (ri;','ypte
pour remercier le snllan Mohammed I'"" des félicilalifuis qu'il lui

a\ail adressc'cs à l'occasion de sou a\ènemenl an troue, lui expé-


diait cinq ueu\aines de pièces (réloires é^'-y|)liennes.
A Damielle, à Dahik, à Domaïrah, à Touneh, on fabri(|uait des
étoiles lines, des robes tissées d'or, des élolFes à (leurs d'or dites
ilahihi el même des étoffes à représentations animées de person-
(
naf^es. '/était des l'êtes, des chasses, des l'estins. des concerts, des
danses d'aimées, ou même des luttes et des combats, l-^t ces mar-
chandises ])récienses étaient emportées j)ar les navires sarrasins ou
chrétiens qui les acheminaient par l'océan vers les pays du Nord.
11 doue pas lieu de s'étonner du récit que font P)ernard le
n'y a
Trésorier el Jacques de \'ilrv, quand ils racontent que les croisés

s'étaut emparés de Damietle en 1219, y trouvèrent entre autres


richesses « abondance d'étoires de soie chez les nég'ociants ».
D'autres voyageurs nous ont parlé élo^ieuscment des tissus de
l'É^'-ypte, Ibn Batouta en particulier des étoffes de laine de Behnessa.
Nassiri Khosrau dit ii'aMiir \ n dans le monde entier de plus beaux
lissus de laine pour turbans cpi'à .\ssioul, si lins qu'on aurait
j)u les prendre |)our des lissus de soie. Tinnis était ég'alement
renommée ])our que les tisserands déco-
ses lines baptislcs
raient de vi\ es couleurs. Nassiri nous apprend même qu'il existait
à Tinnis un liraz, une manufacture royale qui ne fabriquait que
pour les besoins des souverains d'l']j^v|)te. < In roi de Fars, dit-il.
offrit -JO.OOO pièces d'or pour une robe c[ui sortirait de la manu-
facture royale, mais il ralteiulil lanl d'années (pi'il ordonna à
son ambassadeur d'annuler la commande. » A Tinnis ég-alement,
était fabricpiée cette étoffe merveilleuse qu'on appelait houkale-
inoun. et cpii changeait de couleur selon les heures du jour. Elle
ser\ail aux housses de selles, et aux couvertures de litières. On v
I
LES TISSUS 385

fabriquait pour le kabyle une robe appelée hadna, dans laquelle


il que deux oukiah de lil le reste du tissu était d'or.
n'entrait ;

Les souverains Mamlouks eurent à leurs cours un luxe effréné :

amateurs d'étoffes somptueuses, ceux qui les entouraient Tétaient


parfois plus encore. I/émir Salar se rendit célèbre par l'introduc-
tion à la cour d'en-Nasir, d'une nouvelle mode de vestes de lin de
Baalbek, finement décorées et ornées de pierres précieuses. La
soie était d'usage courant, elle servait à faire les étendards, les
gonfanons, les vêtements des serviteurs, les caparaçons des
chevaux, les ten-

tes de guerre et
de chasse. Dans
les liraz on tis-

sait des étoffes à


inscriptions ou à

emblèmes pour
l'usage du mailre
et de son entou-
rage. C'était sans
doute des mar-
chandisesqui ser-
vaient à faire des
cadeaux diplo-
matiques. Les
étoffes de soie et
Vi'^. 3^i. —
Tissu (le soie, xi° siècle
d'or faisaient par- Trésor de Saint-Sfrnin tii' Touicuise).
tie de tous les

Irésors des princes musulmans, et au même litre que le numéraire


était pour eux une valeur d'échanges commerciaux : il en est qui
payaient de cette façon tributs à leur souverain, he nombreu.x
textes occidentaux nous parient de i"ini|>(iitatioii tonnuerciale de
ces tissus en Occident. l)amas cl A'c|) au nn^yen âge étaient dos
places très importantes, et il s'v tenait des foires tjui adir.iiciit uii

très grand nombre de marchands, l^a^ chroniqueurs du vni'' siècle-

parlent de caravanes cjui en revenaient chargées d'étoffes de soie et

de jiourpre de diverses sortes, de siglaloiis. de matelats ou coussins,


de soie habilement brodés à l'aiguille, de paxillons et de tentes
d'un grand [)rix.

Les croisés ne se liront pas lautt' de diriger contre ces caravanes


leurs entreprises, et le siro de .loiin illc, dans son histoire de s.iiiit

MA.>UliI. h'AmT MlSl'I.MAN. — 11. 2j


lise, MAM I I 1) AKI Ml M |.\) \\

l,()ins, iMcoiilc : " rpic le ciuiilr de iJriciiiic, (|iii lu (oiili- de


.lallc... (Ii'scoiilil une ;,'r;iiil (|ii;iii(il('- (le S;in-.'iy.in> ipii mciioiiMit
^Tiiiil loisoii (le (Inis ' i\'i>\- et de soie, lesquiex il gaaiiif(iia tous ».

Le drap (rAnliinlic . ^ il est rarenieiil cite; au xn'' sit;ele , [)ar


exemple, dans le /Inm.in de l'urscrnl de Chresticii de 'l'i-nves, I'cnI

à t()u^- momeiils dans les inventaires des xni" r( \i\'' siècles. Dans
un inventaire de la eathé'drale de Saint-l'aul a Londres, de 1295.
il est (|nesli()n d une cliapi' de ccilani diap d .\iil inclie mit champ
noir avec des ornements tissés en lils dnr. In autre de la catln}-
drale de (]anterburv de 1315, parle dune chasu'ole rouf(e, dite
d'Anticxdie, avec des oiseaux rouges hi-odés, puis des vètcnienls de
drap rouge a\ec des oiseaux bleus à t(}te d'or iccci est à retenir,
car nous rencontrerons des soies toutes semblables à cette dési-
gnation), ou de drap bleu avec des oiseaux d'or.
On fabriquait également à Chypre des tissus précieux. (Ihres-
tien de Troyes, au xu" siècle, en parlait déjà. Mais ce lui au xni"
siècle que les fabriques s'y niuUij)lièrent M. de Mas Latrie- nous
.

dit qu'après 1*291 , la prise de Saint-Jean d'Acre avait donné un


grand essor à a prospérité de l'île entière. Les Lusignans encou-
rageaient des manufactures dans les principales villes de leur
royaume. Nicosie fabriqua des tissus de soie comparables à ceux de
Damas, et qui étaient exportés en Europe sous le nom de damas
de Chypre, des brocarts de soie tramés d'or. Les teintures v étaient
célèbres pour l'éclat et la solidité des couleurs. J/or de Chypre, si
recherché au moyen âge, et imité par les passementiers italiens du
xv** siècle, n'était autre chose que ces petits cordonnets en or,

tressés encore aujourd'hui avec une extrême adresse par les

femmes chypriotes.
Dès le vn*" ou le vni" siècle, Damas produisait aussi des pniles
de soie. Edrisi dans sa g^éographie afïlrme qu'on y fabriquait des
étofTes de soie et de bourre de soie, et notamment des brocarts
d'un prix très élevé, et d'une rare perfection de travail, qui les

fait, dit-il, les égales des plus rares productions d'Ispahan et de


Nisapour.
Marco Polo, en bon ^'énitien que la chose intéresse, ne manque
pas de noter la beauté des soieries fabriquées dans LAsie Centrale.

1. Le mot dra, drap, est iitilisiî au moyen âg^e (dans un sens g'énéral, qui ne
le limite nullement à l'étoffe tissée en laine.
2. Souvenirs de Nicosie iLe Correspnnd.-iiit. IS47).
.

LES TISSL'S :«7

Quaiid il arrive à la cour du Khan de Tartarie, il s'émerveille fie


la splendeur des vêtements de css IJirlxires. Les lits mêmes
des maisons de poste
avaient de riches draps
desoie. Quandilarrive
en Perse, il est frappé
de la beauté des draps
d'or et de soie, et il

note Tint ense exporta-


tion qu'on en fait.

Kazbin, rancienne.Ar-
saciedes Parthes, était
particulièrement re-
nommée. 11 voit jiar-
tout les métiers tra-
vailler chez, des Tur-
comans, et à Mossoul.
Là les étoiles de soie
brochées d'or étaient
appelées njo.s»////. d'où
le nom de mousselines
transporté depuis aux
toiles de coton.
Dans la Perse et l'A-

sie Mineure, les tissus,

à côté de motifs pui'e-


ment ornementaux,
contenaient des por-
li'aits (le souxcrains.
1 )e ce nombre ('laienl
ceux (pTon admirait
dans les palais (le Kjii;-

dad, (lu temps du


Khalife abbassidcMo- —
•<•>.'>. 'l'JNMl (II-

lawaklvcl, mort en MiiS(-c (II- (".Imiv;.

SC)| '.

7V.S.S7/.V iiiscrif)li(ins f.iliniilcs iF


,7
/:'(/ i//)lr. l 11 certain nombre
<le tissus, par l("^ in>(i-ipt loiis (piiU porli ou le eaiMclere i\c

1. l\ai'iil)incU. /)„ iH-rsisrhr .\ii Ici iii.iU'rci Siis;inilsrlunl


;{SS MAM II. KAKI MI SCI.MAN

Iciii' (Iccnrat luii, (|iii\ciil cire ;it I nlmcs ;iii.\ ;il<'li<'i'> de I l'];,'^\ pic sons
les l''iitiiiiiU's. (]('>! (liilmiil nue (•!< illc tic soii- di-cinv'-c de iiH'd.-iil-

loiis rcMiiVrniaiil (h-- li(\r(!s ;i loiij^iics oreilles, reii(''s cuire eux par
des sortes de llciiiims siipporlaiil des canards. La hordiire porte
une loii^^iic iiiscn|)lii)ii en caraclcrcs cmilifiiics. aii\ iiuiiis c| titres

du Klialifc i'atimite dllf^ypte, llakeiii lii aiiir lilali. et de s«mi père


(lin (In \'' siècle), (^e tissu, fpii appartenait an 'l'résoi- de l'abbaye
de Sainl-I )enis, passait ponraxoir été lapporli'- de Paiesline par
saint Louis'. — Trésor de \olre-l )anic de Fari^.
.\u trésor de Noire-Dame d'Api se trouve une clullc. dite voile
de Sainle-Anne, enlermée dans une bouteille de verre de \'enise
à col étroit. G'csl une mousseline arabe, brochée d'or et de soie
sur trois raies parallèles. Sur deux raies se voienl des entrelacs
enfermant des oiseaux d'or, el des fleurs d'or sur fond rose. La
bande du centre porte sur fond d'or une bordure d'S noirs, une
U^nc de caractères arabes, et un enlrelac avec des chiens et des
perroquets aUVonlés. Le milieu du voile est partaj^é verticalement
dans sa hauteur, par une bande renfermant trois médaillons circu-
laires, encadrés dune léj^ende arabe en lettres rouges; des sphinx
couronnés y sont adossés, les queues entrelacées, et les ailes amor-
ties par une tête de cheval. Le fond est d'or, et les ornements bleus,

verts, roses, blancs et noirs. Les inscriptions sont dune lecture


difficile. M. de Qualremère a lu : » L'iman .Vboul Kassim Mostali
billah, prince des croyants, la bénédiction soit sur lui el ses
enfants ». Ce serait un Khalife fatimite ayant rég"né de 1094 à IfOf,
par conséquent le voile serait contemporain de la prise de Jérusa-
lem parles croisés. On sait que Isoard, évéque d'.Vpt, Uaimbaud de
Simiane, et Guillaume de Sabran, Aptésiens, firent partie de la

première croisade '-.

A rapprocher, parce que les décors sont assez analogues, el

qu'on ne saurait en une série à part faire :

Lin tissu du trésor de Saint-Sernin de Toulouse, décoré de deux


grands paons affrontés de chaque côté d'un hom, et dont les queues
se rejoignent en éventails formant ainsi compartiments îfig. 334 .

Ils sont dressés sur une console portant une inscription arabe :

« bénédiction parfaite », inscription banale^.

1. Willcmiii, Monumenls lr;in{';iin, pi. 11 '.i. — Iteiuaiul. (Juhinct du duc


de Blacns, t. II, p. 165, cité aussi par Lanci, Tratlato. etc.
2. De Linas, Archives des Missions scienlifiques et litténtircs. t. W.
3. De Caumont, Bnllelin nionniitenlal, ls:31. t. XX, p. 40. — Cli. de Linas, cité.
LES TISSUS 389

Fi^-. XMi. — 'l'issu (II- soii'. M" sii'clc Miisi'-c Inn-aiii de Naïu'V
liUO MANIII. liVIII MIMrMAN

'l'issu, (le l'(';;li>c du M» immsI icr I I;iiilc-I.f)iic . dit "-u.iiri" de s;nnl


l'>iides, ;i\cc des iii(''d;ull<iiis i-iuids rc-nlV-iiiiiiiit des |);iiiiis ;dri-<)ii|(''>.

lùilre les médaillons sont des petits (•;mi'(''S verts, décorés de denx

lilelsse ci-oisanl Le dessin est violacé sur fond nankin.


;i an;,''les droits.
lne cliiHc aii;d(>;;nc, mais pins mcr\ cdlcnse encoi'e, dn Mnsi'-c
de (]lnn\ les denx paons de lace, l'aisanl la roue, sont séparés par
;

un liom 11^-. '.VAr>]. Les bêles sont d'un dessin tout à fait beau;
mais ce (|ui esl inimliliiiblç. c'esl linlensilé. la |)nissance et l'har-
monie de Ion des deux tiiolilV, 1 Un n»nj,'^e rubis, I autre jaune d or.
(]"i'>l à ciiup sni- I un des ^ramls chels-d'ccuvre parmi les tissus
arabes.
Etoire (In Musée archiépiscopal d"l'lreclit . à décor de |)aons
rouj,^es, allroiilés hi'c à bec. rappelant les ;uirci Hcripilres de Quirile-
(]nrce. |)ent-être d'époque moins ancienne que le précédent'.
LU tissu de soie, du Musée Lorrain de Nancy, avec cercles déco-
rés de deux lions alFrontés, très rij^idiliés, n'ayant rien de réel, et
séparés par le hom traditionnel, ayant un peu ici l'apparence du
palmier ( fig-. 330). Ces lions ont des roues sur la cuisse, cl des
oclof^'ones ornemanés à larticulalion de l'épaule (tels qu'ils existent
sur le g-nlFon de bronze de Pise . Entre les médaillons courent des
bêtes, et se dressent des homs dont les branches sont en rinceaux'-.
Des étoffes de soie, avec deux aigles allrontés portant un écus-
son sur l'épaule et tenant au bec une branchette, sont au Kunst-
gewerbe-Museum , Berlin 70. 360, et dans la collection Errera
(Musée de Bruxelles.)
Un tissu de soie axec des perroquets et des gazelles adossées, ayant
des roues h l'épaule, est au Kunstgexverbe-Museum de Berlin.
L'n autre avec de grands aigles héraldiques à deux tètes, sépa-
rés par deux grandes palmes, serrant dans leurs serres les cous'de
deux g-azelles alTrontées, avec une petite Irise d'inscription cou-
tique, « bénédiction parlai te », est au Kunstgexverbe-Museum de
Berlin, 81 474. provenant d'un reliquaire de Siegburg^.
.

In autre tissu de soie jaune, porte en rouge ce même décor


d'aigle à double tètes, tenant tlans ses serres les reins de deux
gazelles, les tètes brodées en or, xi'-xn'' siècle, avec une bordure
de roues à quadrupèdes afTrontés, xi'" siècle. — Kunstgexverbe-
Museum, ()(I.U3, trouvé dans un relicpiaire de (Juedlimburg.

1. Prisse d'Avenues.
2. Prisse d'Avennes, A. (layet. J.'urt arabe, p. 249.
3. J. I.essing-, Die geu'erbe-S;uninliin;i des Kiinstyeiierbe Museiinrzu Berlin.

Livraison III, livraison \.


l.KS TISSUS 391

Vi'^. .I.'IT. 'rissii (I,- ^nic. \i--Mi" sircli-,


ri'li-onvr dans les ai-rlnv,-- ,1 une cal IumIi aie d'I'lspai;!!.'
:u>'j M \M I r l> \ll I Ml M I.MAN

'/'i.s.sii.s ;ir;iln's ;i iiifhiciucs .s;iss;iiii<Jfs cl Iniziinlincs.

h.'iiis relie catégorie scrniil réunis un certain nombre de tissus, ou


le> caracleres sassauidcs cl hv/ani iiis se (rouveni nellenient marqués,
cl à mon avis cependanl hien arabes, [larce (pic I ai-liste semble
s v elle déf,^agé de la r;iideiir arcliaï(|iie de cev deux arls. Nous v
rencoiilrerons encoi-e la lyraniiie (hi coiiiiiail iiiieiil ipii encl('>l le

décor, le l'oi-ce à la svméli'ie ; mais je ne sais quelle liberté, quel


inslinct pittoresque s v font déjà jour. Ailleurs le compartiment a

disparu et le décor s'épanouit, semble s'étirer d'un long rêve,


(piand bien même il demeurerait soumis à la loi éternelle de la

symétrie, et répéterait des formes décoratives qui nous sont con-


nues.
Le Kunslgewerbc-Museum de Berlin |)osséde un tissu de soie
84/279, à grandes roues encadrées dune bordure, où des paons et

des oiseaux se trou\enl allrontés. Deux gi-ilTons ailés sont assis de


(diaquc côté du hom. M. Lessing croit arabe du x'' siècle ce tissu de '

soie étonnant comme exemple d'influences sassanides. Il y trouve


encore des traditions chinoises, plus difliciles, à mon avis, à préciser.
Au Musée des tissus de la Chambre de commerce de Lyon est
un tissu de soie, décoré de deux paons ne formant qu'un seul corps
avec deux têtes et deux pattes, les ailes éployées, posé sur deux
tigres qui dévorent des biches. Une sorte de bande qui coupe les

ailes porte des caractères coufîques. On pourrait croire absolument


sassanide cette étoffe qui doit dater des premiers temps de l'hé-
gire ^.

Deux fragments de tissu de soie rouge, conservés au Musée


épiscopal de Vich (Catalogne), offrent également un décor gran-
diose : un aigle bicéphale tenant terrassé sous ses serres un lion.
Une indication précieuse nous est que ce tissu ici fournie, par ce fait
enveloppait le corps de San Bernardo Calvo, évéque de Vich
(1233-1243), et lui est par conséquent antérieur. Il dut être pris à
\alence, quand y entra Jaime le (Conquistador, que l'évêque
accompagnait ^.
La tyrannie des roues tangentes byzantines se retrouve encore,

1. Lessinp. cité.
.1.

R. Cox, L'art de décorer les tissus d'aprè» les collections de


2. la Chambre
de commerce de Li/on, 1900.
3. Calalotjo dol Miisen de Vich. iv 790.
.

r.ES TISSUS 393

enfermant dans la bande circulaire une belle inscription arabe,


dans un splendide tissu conservé en Espagne. Dans chaque roue
deux paons adossés et se retournant bec à bec, portent un écusson
ornemental à Tarticulation des ailes fig. 337). Ce tissu a été (

retrouvé cousu sur un document du règne fie Ferdinand II de


Léon (1157-1188), dans les archives d'une cathédrale d'I^spagne,
par M. Gomez Moreno, et est par conséquent anlériem-.
L'étoffe de
soie , transfor-
mée en pluvial.
de de
l'Église
Pébrac Ilaule- (

Loire), est dé-


corée d'un
étrange cl har-
monieux méan-
dre, un entrela-
cement de tiges
de rinceaux,
d'enroulements
d'une surpre-
nante fantaisie,
où l'interpréta-
tion d'un motif
floral est aussi
lointain que Vi^. ''i^H. — Tissu i\c snio, xi'-\ii" sii'fles.
ÉKlise de P("lji-ac Uaiitc-Lnipo ).

possible (fig.

338). Au milieu de ces rinceaux en deux bandes parallèles, \\nu>


voyons représentés des groupes alTrontés de fauves terrassant dos
onagres, ou de grands oiseaux dont les pattes à cuisses apparentes
et les plumes ébourillees rappellent assez des autruches becquetant
le sol. Entre chaque gron|)e, montent des figes verticales |)ortanl

des ornements diflicilcs à déterminer, où Ton a voulu voir lantel


du feu f)u Pyrée des Perses. Les couleurs dominantes sont le car-
min, le vert et le jaune sur un fond noir qui les f;iit exlraoï-dinai-
remenf \aloir '

Cé'èbi'c est la grande éloll'e de soie de l'église de Saint-I'.l icnne


de C^hinon, IransJVu'niée en chape, dite chupe de S;iinl-.\fcsnn\ dis-

1. Ayiiinid, Animlfs ilc l;i snciôlr acnrlrmiijiit' ihi l'in/. I. \\1.


MM \1 Wl I I KAKI Ml

cijtlc lit' S;ti iil-M,i/li II, ;i loiul |jlrii louer', (Jt-coré <lc" Mi|iiT|iovili((iis

<lc ;;u(|)iir(ls ciicliiiiiK-s .séparés |);ir une liante plaiili-, le lioiii. Mir-
iiKiiilc (l'un i)l)jfl pviaiiiidal, nouvelle iiileiprélalion du l'vrée. ^lei

l'neore laspecl sassaiiide est l'orniel el réloll'e poiiiiail élre consi-


dérée coiniiie Iclle c é[;ii( l'ax is de Leiioriiiaiil (pii n"a\ait jja.» |\ u
rinscri|)li<)n I, si elle ne pinlail une inseriplion aiahe de >oiiliait^ an
|)ossesseur *
( fif,'. '.VSA .

In tissn de soie, di( siuiire ilc Suiiil-'J'/irnfrcih'. de lé^^lise du


Monaslier i^IIaule-Loirei, renl'ermé dans un husle reli(juaire en
argent, est décoré de j^'-nlFons ailés (composé de lion et fie vautour',
affrontés, séparés les mis dvi^ antres par le lif)ni. don! les hianches
charf^ées de feuilles et de fruits supportent deux oiseaux et deux
petits quadrupèdes. Les g-rilfons saisissent par le bec la queue d'un
cheval ou d un âne qui fnil. J>eur corps est tacheté comme celui
des g'uépards de I étoile de Cliinon. Le fond est de ton carmin,
les sujetsen \ eri rehaussé de carmin el de jaune -.
Le Musée de Cluny possède enfin un tissu en soie havane dune
merveilleuse finesse. Décor traditionnel à roues des By/antins, avec
deux grilfons adossés; dans les intervalles, deux 'oiseaux s'af-
frontent de chaque côté d'un hom très niodilié, auquel \ient sajou-
ler l'arabesque orientale.
Un autre tissu de soie à fond vert, est décoré en jaune de médail-
lons ovales dans lesquels deux léopards rampant se [)résentent la
tête en bas, de chaque côté d'un hom transformé, et dans les inter-

valles deux oiseaux adossés.

fmsii.s seld/<iuculi's. — In tissu extraordmairement curieux, con-


servé au château d"( )l'cn (Hongrie), est décoré de roues tangentes
reliées par un écusson à croissant, renfermant les corps de quatre
tigres divergents autour d'une seule tête centrale formant noyau.
La tradition veut que cette étofTe ait servi de doublure au manteau
de couronnement des rois de Hongrie, et ait été primitivement la
chasuble de la reine Gisèle donnée par elle en HKil â l'église Sainte-
Marie de Stuhhveissenburg •'.

1. Lenormant. Abécédaire de de Caumont, 1851. p. 19. Reiiiaud, Bulle- —


tin monumenlid, 1846, —
V. Lazarche, Bulletin de la Société archéologique de
Touraine. mars 1X51. —
Cahier et Martin. Mélnnçfes. t. III. |)1. XIII. — Moli-
iiier et Marcou. Exposition de 1900.
2. .A.ymard, Annales de la Société académique du Puy. t. XXI.

3. Bock, Geschiclile des lilurgischen Geuander des mitlelalters. II. Bonn.


1S71.
LES TISSUS :î9ô

Fi^. .VMK 'l'isvu ,1,- silil- Sl'llliillicillc. MU" siiH-li-

Mil-.'.' lu ( '.h.iiiilii'c (11- (iimmi'ii'o île I.von .


tiOf) MAMII. Il Altr MI SI I MAN

("-(• (Iccitr si (Hraii^^^e se rclromi- sur un Iismi capifîil en soie et

oi , (|iii \ ;i nmis ddiiiier une ccrtitiKlf |i,if sfm inscrijjliou cl qui de


rancit'iiiic collection Com{)a}(iioii de ( llciiiionl est passée au Musée
(le l;i ( !liaiiil)ic (le comnicrcc de I.voii. Il lut traiisloi-iné en rha-
siiMc. |);iiis (les roues ;[)alliuin circumrolatum ', disposées svnié-
Irupieiiieiil (piaire |»ar (piaire et séparées entre elles par des roses
à six lobes, deux lions léo[)ardés sont adossés [)ri\és de cpieues, et
soudés par larrière-train. ]>eurs têtes s'allrontcnl , et de leurs

Vi'j;. 3i0. — Tissu de soie, xii-xin'' siècles (Musée de \'ieli

gueules partent d'élégants rinceaux. Ils portent à 1 épaule une sorte


de cœur en écusson (toujours comme
de Pise). Sur sur le grifFon

la lisière une inscription en neskhi dit


inférieure « Ou-ed-din :

Aboul fath Kei Cobad, fils de Kei Khosrau, lils » (fîg. 339 .

C'est assez pour nous faire reconnaître un des deux sultans seld-
joucides d'Asie Mineure qui régnèrent, le premier dans la première
moitié, et le second dans les dernières années du xui*^ siècle; tous
deux, en elFet, étaient fils d'un Kei Khosrau. L'étoffe aurait ainsi été
fabriquée soit à Konieh soit à Siwas Sebaste), villes principales
de l'empire seldjoucide fondé au xi*" siècle par les bandes venues
du Turkestan qui chassèrent les Byzantins des plateaux dAnato-
.

LES TISSUS 'M)~

lie '. — Liuas s'est donné un mal infini pour serrer de plus près la

question, et trouver le point exact d'origine; comme il na pu


aboutir i(u"à une hypothèse, contentons-nous de notre attriinition
à une réf,non déterminée par l'inscription. Il y a, je crois, des rai-
sons séi'ieuses de croire que ce genre de tissu provenait d'un atelier
royal, d un liraz, établi dans le palaiio même du souverain.
L ne étoile d un extraordinaire caractère, conservée au Musée
épiscopal de Vich {Calaloçfne], nous apportç encore un élément

l'i^-. :^ 1 1 . — Tissu de soie, xir-xur' siocli-s iMiisoi- de ^'ich'.

décoralil' dim esprit aiialogui'. Ici, sur un i'oud de soie cerise. îles
espèces de grandes poules de \uiuidie Udiri-s et !)I,nu lies s al-

IVontenl, de chaipie cn[r d une sorte de liinre à branches svuié-


tritpies. Au-dessus, sous une double arcade, deux l'oi-ps d't^iseaux à
pâlies gi-ill'ues s allVonlcraienl encore, si leurs deux tètes ne
\en;ucnl se sonder en luie seide et énoruu' tète de lion, aux \enx
dardiinl des llainnies- lig. 'Mi) .

1. ('.11. (ir I.liiiis, lli'nic ./( /',(/•/ ihrriicii. Is.i'.i. •_>


ailicic. — l'iiiiscl. Ao/c sur
un tlr;tii tior du Musée ilo /.i/d». ('.oiniiitiiiioalioii à {'.Veaiièmic ilc I.\ un. |ss-j.

— liiscii|)tiuii fi'liio par Slaiili\v Laiio-l'uoli-. Surnrenic urtn.


•J. (::il:\ln,i„ ,lrl .Uns,;> ,lr \ irh. \r y^l
.398 MAM i:i, ItAin Ml SI I.M A\

Maisaiiciiii lisMi n'c'sl plus imprc'ssiounîinl, ne piopose une énigme


plus trouhhiiilc (|ii(' icliii rpii se trouve encore dans cet inléressanl
musée de \ iili. (ICsl le seul Lissu arabe archaïque dans lequel
nous voyons humain, avec un caractère
a[i|i;iiailic le pcisonna;,'e
de sauvag'erie, un innnoir de hantise qui le rend inoubliable. (Test
encore la dispositinn ( radit iomicllc des Byzantins, les roues lanjfentes
à larj;es bordures circulaires portant des léopards ailés et alFronlés.

Au centre de chacune d'elles un homme à épaisse chevelure, vu de


lace, \ètu diiiic robe serrée par une ceinture, étreinl de chacun de
ses bras, comme cherchant à les étran}j;'ler, deux bêles ressemblant
à des tigres, dressées contre lui. En haut, une Irise de caractères
coutiques. Le décor s'élève en roug»; sui- un luiid vert sombre
(fig. 341). Ce lissu prodigieux a été retrouvé envehjppant les restes

de San Bernardo Calvo. évêque de \'ich, à la lin du xi*^ siècle'.

'/Y.y.sw.s .si/ricits d' Aniioche. — Va\ examinant les textes, au début


de ce chapitre, nous avons parlé de soies fabriquées à .Antioche,
où les animaux avaient des têtes en or. On pourrait donc avec
quelque vraisemblance considérer comme ayant cette origine un
certain nombre de tissus de ce genre, dont jusqu'ici on a parlé
d'une façon bien vague, tels qu'une étoffe jadis à la collection Suer-
niondt à -Aix, et passée dans la collection Errera au Musée de
Bruxelles, n'' 9 du Ca^a/o^ue, décorée de perroquets, têtes et pieds

brochés d'or; ou comme une belle étoffe de soie, à roues tangentes,


de l'église de Brauweiler (Allemagne) -, décorée de deux aigles
affrontés tenant une branchette au bec, pattes et têtes en or. Ils

sont séparés par un arbuste, ressouvenir du hom, projetant au som-


met des feuillages traités d'une façon assez naturaliste. Transformée
en chasuble, cette étoffe de Saint Bernard de ClairrHux,
est dite
\- J J53, parce qu'il s'en serait servi pour dire la messe en 1143,
à la fête de Saint-Paul.
Connue à plusieurs exemplaires, est une très belle soie verte,
décorée d'oiseaux, soit aigles, soit poules de Xumidie. portant des
roues à 1 articulation de l'épaule brochées d or comme les tètes et

les pattes. AITrontés, ils alternent avec de curieux quadrupèdes,


sorte de girafes dont les têtes et les sabots sont aussi brochés d'or

1. Catidojfuilel Museode\'ich. n" 791.

2. Alan Colc, Ornament in Eiiropean silks. Londres. 1899. p. 32.


LES TISSUS 399

{ fig. 34'2 ). — Musée de la Chambre de commerce de Lyon ancienne '

collection Yemeniz , collection Errera, Musée de Bruxelles, n"31.


Dans un autre tissu semblable, les quadrupèdes affrontés, patte

de devant levée, alternent avec des perroquets affrontés, tètes


détournées. — Kunstgewerbe-Museum de Berlin. (>0-93-3-.
Tissu semblable, en bas d'évèque. trouvé dans le tombeau de
Pierre I>ombard, archevêque de Paris, mort en 1I()0. enterré dans

Fig. 3i2. — Tissu de soie syrien, xi'-xii" siècles


(Musée de la Chambre de commerce de Lyon).

léj^iise [)ar(Mssiah' de Saiiil - Marcel ancicniic al)i)avc de Saint-


\ ictor ,
passé avec la colioclion BcmhI ;iii Miixh- du l.ouNfo, puis
déposé au Musée de (^luiiv.

De ce luénie (oinbeau de Pierre i.oniiiard [)r<i\iciil nii petit mor-


ceau de soie d une finesse remaripiablc. ilc Ion ha\anc. on se
(rou\ciil superposés de ^'•rands oiseaux de |n'oic allVonlés. cl ces
mêmes j^^rafcs, mais ici Iri's alloii^ccs, très Unes, plus élevantes.

1. W'illcii.in, Moniinti'nls fruni^nix, [ . I. ]>l. Ts, - H.("ii.\, rilc. — Alan c'ul»-,

J. Lessitig, ('('/c'. livrai-^on 1.


ii){) MAMI.I. I> Ain Ml >1 I.MW

;if,''CMHHiill(''c> cl ;ill'i(inlccs ;iussi. I.c (Ifssiii de ces bêles est dune


beauté sans éf^'^ale. — Musée de (lluuy.
Tissu (le soie, analo>,'-ue encore, déiioiunK- à loil sii.nrr de S.iiiil-

S/irinicn '. — Trésor de Sens.


Tissu encore semblable au Musée de Berne. Des ai{,des a\ec une
sorte dV'Cusson brodé d'or à rarticulalif)n des ailes, et des lions
aUVoiilc's, an nidieu (Tun liiisoniiciiiciil de nicr\('illeii.\ motifs déco-
l'atil's. Ici la roue a disparu, et cependant c'est une j)Uie merveille
de .symétrie obleimr par la disjiosition des motifs dont le lytlinie
accuse même une diNision c[ue les lif,'-iies iiillcxiblcs ne sont plus
chargées d'accentuer.
Un curieux tissu de soie lui trouvé dans le (onibeau de l'abbé
In^^on, -|- l(>i5, quand ou ou^rit la plupart des tondjeaux que ren-
fermait l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés en prairial an \TI. Il

avait été inhumé avec ses habits poiititicaux encore très bien con-
servés. Ce tissu est celui des guêtres qu'il portait. Il est de soie
très fine. Dans des compartiments polygonaux des lièvres, des :

gazelles et des paons sont tissés de fils d'or. Les compartiments


sont entourés il'inscriptions arabes, invocations à .Allah "-. — Biblio-
thèque de l'Institut.

Le Musée de Gluny possède encore quelques (issus de la même


espèce Un tissu de soie portant dans un compartiment hexagonal
:

un paon flanqué de deux petits paons, et aussi encadré de carac-


tères arabes. Ce serait le vêtement de Pierre de Gourpalay, mort le
3 avril 1334 (anciennes collections Yemeniz et Revoil 819) ^. Un
autre tissu de soie avec des cercles décorés de lions passant et

d'oiseaux (818). Enfin les fragments de vêtements sacerdotaux


d'un des abbés de Saint-Germain-des-Prés, l'abbé Morard (990-
1014), dans un état déplorable, à demi calcinés. On peut toutefois
reconstituer par places le décor, d'esprit bien arabe. Des perroquets,
adossés sont séparés par une sorte de candélabre surmonté d'un
croissant, chaque groupe séparé lui-même par un ornement lancéolé.

77i-.sui- mcsopotumiens. — Ne pouvons-nous une suffi-


pas, avec

sante vraisemblance, attribuer à ces ateliers mésopotamiens du

1. Chai'lraire, Trt'sor de la cathédrale de Sens. p. 21.


2. Willeniin, Moniimenls français, pi. XV. Il est impossible de savoir à llns-
titut ce qu'est devenu ce tissu.
3. Willeniin, /(/.. t. I, pi. 11.3. —
Albert Lenoir, Musée des monumenis fran-
çais.
LES TISSLS 401

klialifat, à Bag^dad, à Mossoul, tous ces tissus qui nous oflrent un


décor de chasse, bien traditionnellement transmis par les Perses,
et que nous n'avons aucune bonne raison de chercher très loin de
ses sources d'inspiration, alors que nous savons pertinemment que
nous rencontrerons ces mêmes sujets traités avec le même esjirit.

le même sens pittoresque, |)ar h-s j^raveurs de cui\res de Mossoul.


L'un de ces tissus porte en bordure une ins(ri])ti(in au ikuu du
Khalife abbasside el-Moktadir biUah 9(>.S-9:V_> '.

l'^i;;'. ;5i;i. — Tissu de soie, l'crso, coumicinciiu'nl du w ii' sirt'lc.

Au trêsoi' di' la imI licdiiilc ihi l'ii\ est un lV;i^;niciil de lissu à

trame de lin, chaîné Ar soie cl d or, où se \<)il la parlic siipcncurc


du (•(ii'ps (riiii liomnu' cliassanl, purlanl sur le poiii:; i^aurjii' un
t'aucon. In chien cdiirl en se i^'huiniaiil \cr> un clu'\al liariiacdié.
La cathédrale d Auliiii possède un lissii de soie l'I d'or, décoré
de sphinx ailés, allcniani a\ec di's li^;iies i\v caxalii'rs chassant à

l'aide du laiicoii el du ^^iicpai'd. A iioirr (pi une inscnplion en petits

earadéres donne le nom (lAlninladar. inmislre d iiii khalile

I. lv:ii'.il);u'clv. l'iihi-ri- tliinli ilic A uslclln inj ,


|i, J2S.

Mam'i:i. u'Aht mism.m.vn. — II.


. 1

i(|-_> \I\MII. Ii'\in Ml SI I.MAN

()ili;i\ii(lc (le ('.ordniic. ;iii ci iimiii ! i cci iH 1 1 du \I' >-icclc. ce (|iiic(iii-

liriiicr.ill lr> iM|)|ii ni v cl 1 1 iil> Cl iii-cr\ (•- ;i ce Itc i''|)()(jiic cul n- ( ,i i|<|i mi-

el l'.;i-(l;i(l '.

'l'issu (lo soie, (Ircorr (l";ii'c;il iiio mmi^ Icstnu'llt.'s s ;i\ iiiiceiil I un
Ncrs Inulrc des caN ;ilici-s [(oriaiil un laucoii sur le poiii^', coillV'S

(Tri railles l()(|ucs siii-indiih'c^ <\r lim- |hiiiiIc-.. I)cii\ Ii'-\ i-ifi> s al-

IVdiilcul (lc\aiil k'S clicvaiix. landis i|nc deux j^cais soiil adossés au-
dessus i\r> ia\ alicrs, drcor en ihul^c cl jauiic. (Iclle ('lollV- do la

callicdralc du Man> lui linuvce eu \ eh i|)|)aiil lc> rcli(|uev de >aiul


.1 ulieu
I>a catlK'di'alc de hiiiliaui eu Anulelcrre a un lissii de soie, dr
couleui- aiuhiHH', liss(''e d Or lamé, dil loln' ilcs.iinl I liilh hvrl- . I)aus
uu niédailliui rm'UK' par liui! arcs de cciclç. un cavalier clu'\aii(du'
un chcxai liaruat'Iic à loiicnlale, un luscau de \n| au poin;^, un
(diicn couri cnlrc les jainhcs de la uKuilurc. cl des lièvres s'cn-
ruicnl. A ra|)|ii'oc'lici- (run lun'oir |iid)li('' par de J-iui^p(''rier dans la

/icrtic iirr/u'<)lo</{(/iii\ IS'icS, pi. iS.

Certains tissus ollVcnt la disposilion parhcnlièrc de Irises hori-


zontales superposées ci allcrnantcs. I\'IK' c^t une
décorée de élolle

deux oiseaux alFrontés portant des l'euilles cou entouré


au bec et le

(Tune sorte de collier à banderoles. — Musée de Cluny, 6.421.


Puis une autre, décorée (Tarbres très stylisés. — Musée de
(]luny.
Telle encore la soie jaunie d'un coussin pruxcnant dune châsse,
et trouvée sous la tète (Tun di's coi-ps sainte ap|)nrl(''s à Troyes au
commencement du xni'' siècle. Sur un fond de feuillages légers,
dont les liges parallèles sont leruiinccs par une sorte de tuli[)e
bleue, lUie bande \crt clair à inscription, alterne axec une anti'e (u"i
un paon l'ail la roue-'. — b'glise Saint-Pierre de Troyes.

D'autres tissus ollVent enlin la disposition à semis." L'n semis de


pois jaunes réunis trois par trcMS sur l'ond bleu se trouve sur la

ch;isiihlc (le s.iinf Ih'ffuoherl, éxèque de Bayeux, 666. Désigna- -|-

tion traditionnellement l'rronée, à hupielle nous |)rérérons Tindica-

1. lU'inaud, C;il)inel du duc de Blacus.


2. James Raine. LiS2<s. —
l''r. Michel. Ilistoiri'iles lissiis de soie décorés. Paris.
1S60.
3. Arnaud, Voyage arcliéidofiiiine el pilloresiiiic dans le département de
rAnhe. Troyes, 1837.
I i:s Tissi s 403

Fifi. .iii.— \Cl()iii-s. l'crsc. \M' sii'cli' Nliisi'i- di- l'iMM-llf-. ( :..ll. lOrivra ).
loi M\MII. DAlir Ml SI I.MAN

lioii (|ii(; Cl' lissii lui liiii|(uiis ciiux-i-N ('


(hiiis l;i cMsselk' d ivdirc
avec; f)rlV'vr('fic. de la cat JK-di'aJi' de IJasciix. (|iic nous a\oiis ("tu-

(liée au (•lia|)dri' de rorlV-v rené '.

Tissu aiial(i;;iic, à la cal li(''dialc Ai' Sens, dil sii.iirc (Je suinl S:ii i-

nien, jadis conserxc dans une cliawr de cniNic du Trésor de Tab-


bave de Saiiil-Pi('rrc-le-\ il, i|iii lui rcslaiir(''c au xm'' siècle j)ar

(icollVoN- de .Moiili;;n\. Il csl |io>^il>lc ([lie le liauiincnl d i-lollç y


'-.
eiilra à (.'elle ('|)0(|nc

Tous les lissu> doni nous \ciioiis de lions occuper sont, sans
iloulc, aulérieurs an \i\' siècle, cl alors inciiie (|u'uue certaine ori-

fginalilé s'y marque, ainsi (|irnnc l'açoii parlicnlière de comprendre


le décor, nous a\'ous le plus soum'iiI rcirouvé les motifs tradition-
jiels qui s'imposaient quand même à la l'anlaisie (\(^s (isseurs musul-
mans.
Il semble qu'avec le xiv'' siècle et surtout avec les x\'' et xvi*" siècles,

une modilication assez profonde s'opère dans l'industrie du tissu

chez les peu|)Ies de r()rieiil, et toute racti\ilé de ces industries


semble s'être alors particulièrement portée vers la Perse, vers les
plateaux de TAnatolie et vers les rives du Bosphore, où des villes
comme Konieh, Siwas, Hroussc et ("onslantiiiople rivalisaient de
luxe et de richesses.
Mais alors il y a lieu de l'aire une distinction enti'e les deux

phases de cet art musulman oriental dans les tissus. 1" L'une dans
laquelle la composition, quoique débarrassée du compartiment géo-
métrique qui la limite, conservera quand même la rigidité et la
symétrie, avec une extrême stylisation du motif, une flore irréelle,
oià les éléments apparaissent déchiquetés et allongés. L'ornement
floral qui est la palmelte (palmelle calice, palmelte couronne ou
palmette en éventail), présente ce détail caractéristique des feuil-
lages rayonnant autour d'un noyau central généralement ovale,
L'aster est aussi une des floraisons courantes de l'art persan-isla-
mique. — "J" L'autre phase, où tout s'assouplit, où les lignes perdent
de leur inexorable rigidité. Cela correspond a-sec Tinfluence chi-
noise, favorisée par les invasions mongoles du xni'^'et du xn'*" siècles,

qui mit tout le pays, de l'Euphrate au Pacifique, sous la même


domination. Dans cette seconde phase, on peut percevoir aussi un
grand changement, l'observation plus rigoureuse de la nature.

1. Bulletin archéologique ^ t. III, 1844, p. 37.


2. Charlraire, Trésor de la cathédrale de Sens, n" 35.
I.KS TISSUS 405

Si Ton cherche la cause de cette modification très certaine du


décor oriental, il v a lieu de se demander si cjuelque influence

Vv^. :V'ir>. — Si)i(', Pi'rsf, wr sireU-.

extérieure ne \ inl pas la ddci miner. Quchpies historiens du lissu,

M. (iOX entre autres', onl cni \ iiuonnaitri' une iniluence occi-

1. U. Cai\. Le Mtisi'w (Ifs lissiis df l;i ( 'h:iinl)n' ilf vDiiiinrrfC i/c l.tfon. Pri'fis.
UH'} \i \ m II. H Mil Mi^i I \i \N

(Iriilalc ; sollicilcs |);ii- lo (IciikiikIo di"- (< iniiiii'^-ioiiiijÉirc^ cijru-

pC'Ciis, siirtiiiil |i;ii- Ic^ Niiiiliniv. ;4imii(U |miiii\ i i\ ciir- di-s iii;irc|iés

inédllcrriiiu'c'ns, les ( »iiiiil;iii\ ;iur;iic'iil \ersé dans les tendances


l'éalistes des primililV i\c l;i inciiiicrc Renaissance. Je crois que la

chose fui plus simple ipic cela. (|iie la I iaii>r<irnialion se fit plus
l'alalcnienl, selon le^ I(M> llL;l>ll^ell^e^ de> ('n nlnlions de I art qui
lend de plus en plus a repi'nilinic la naliire imi ses aspects niiiltiples

cl variés, ile souci de la réalité, ikhi^ piMi\(in> le rel rniiNcr à celte

époque du xv'' et du wi'" siècle, dans tous les arts industriels de


rOrient, dans les cuivres, dans la céramique, dans les tapis, dans
renliiininnre des inamiscnls, tontes choses dans les(pielles on ne
|)ent \raiinenl dire (pie 1 ( •ccideiit ait l'herché à imposer ses j^'-oùls.

Ceci dit, constatons (pi'aNcc le \\'' siècle, le décor oriental se


naturalise par une ohserx atinn pins \raie de la flore, restreinte
(Tailleurs à un très |)etit nombre de l\|)es : /,/ jmutlhe. I;i liilipe,

I c</l;niliHL\ r<i'ilh'l. ht /leur de jxJvlwr. (le (pu est alnis remar-


quable, et ce qui l'ait de ce moment liin des j)lus rares de larl
oriental, c'est la simplicité a\ ec laquelle le dessin est exprimé,
c'est une merveille d'abréviation décorative. Les lonj^-^ues tig-es

décrivent d'harmonieuses arabesques, les étoffes seront rie j^rrands


jardins où poussera librement cette flore touffue, au milieu de
laquelle l'homme va de nouveau apparaître, non plus héroïque,
mais familier et mêlé aux choses de la nature. Il semble \raiment
que le rêve de l'Inde, ce grand amour de honmie pour la nature, I

est parvenu jusqu'aux plateaux de l'Iran, pour raf'raichir une


inspiration épuisée par tant de siècles d'art hiératique.
Au point de vue technique, les deux procédés que la Perse
musulmane employa concurremment, et par lesquels elle produisit

de merveilleuses œuvres, sont la soie lissée et le velours coupé.


Aux belles époques du xv'' au xvi'' siècle, elle produisit ainsi des
tissus splendides, animés de personnages, au milieu d'une flore
toutrue. Tous les auteurs du temps sont unanimes à vanter Kachan,
réputée pour ses tapis tissés d'or, ses brocarts, ses velours, ses taf-
fetas. Sa fondation remonte à Zobeïda, femme d'Haroun er-Rachid.
Le nombre de tissus qui nous ont été conservés, de ce genre et

de cette origine, est considérable, et il ne peut être question den


dresser la liste. Les musées d'art industriel en possèdent des collec-
tions infiniment riches, et un ouvrage qui leur a été consacré,
renferme de nombreuses et excellentes illustrations qui en facilitent
Li;s Tissrs 407

singulièrement la connaissance'. Jamais le charme et la grâce ne


se sont plus librement é'^anouis que (lau> ces compositions
exquises où quelques aspects du monde de ilslam nous appa-
raissent. Ce sont comme des (xmtes des Mille etillu>lralions des
une Niiils, où nous ^•oyons le poète dire des vers à la bien-aimée,
ou bien ce pers:)nnage légendaire, sorte d"()rphée persan, demander
celle qu il a perdue aux échos des jardins; nous voyons le chef
assis sous les arbres, Icndanl h' gobelet à 1 échanxm qui lui [xcrse

Fi},'. Ma. — \'i'l()Ui's. l'erse. \\r sièele ( ".olleel inii du 1»' Sarre .

à boire. Puis les scènes de chasse ou de guerre reap[)aiMissiMil a\ec


ces galiips (h' ca\alK'rs |)(>ur>ui\ aiil le guépard ou ii- bon. lançant
la biche ou le liè\re, mais traités a\t'c plu> Av \erite (pie chez li'>

Sassanides, a\cc i-elte grâce (dégante et liiie. ce >t\le di>tiiigueet


noble (pii caractérisent 1 art de Mossoul on disp.ilnin ("olleclion
Kélélvian , Musée de KeiiMii:;lon , M.nx.n linpernde d'Antrudie .

Des |)ersonnages sont perdii'^ an indien des tleui''- Mnsec ('.oimvm'.

Musée de la eh ambre de commerce de .\ on. M iisee de >n>>eldortl' ! 1 .

In Ix^au brocarl iiilei prèle le eonte célèbre du |)oéte .MeiUKUiu et de


la princesse Leila lig. AW . cl Ion voit des idiameaux portant de

1. Martin, i'iii iir:ili' iirrsisclw Sliilfr, il ierseinaim. I.ei|i/i},'. I S'.''.'


408 M \M II. Il AHI \I( SI I.MAN

;,M;in(l> |);il.iiH|iiin^ circiilci- ;i Ir.ivers une lion- IouII'ik; an milieu de


la(|ncll(' (les limi^ alla(|iicii( des aMtilo[)es ( collecti(Jtis Krrera au
MiiM'c (le Hnixcllc-. Musée des ails décoratifs, {ollecliori Sarre.
Deux Iciimio scpaii'es par une lij,'e de llenr é(lii(|nenl un lançon
(colleclion rcliiikin. <\i' Moscou). Des sujets sont répétés sur des
lignes liori/onlale>. un lionime reste agenouillé devant une femme
appuyée sur une i^raiidc canne (Musée de Bruxelles, Musée de
Carlsrulie). Lu j)ersonnage demi-nu, décharné, est rencontré par
une femme (Musée de la chambre de commerce de Lyon), (n sou-
\c'iin'(lc la \ icr^c clirélienne semble se rencontrer dans cette femme
assise allailaiil un nil'anl Musée (]orrer à \'eiiisei. Très mon^rol

Fi^-. 317. — \'clours de Brousse, xvn" siècle.

estun tissu où l'on \oil un personnage brandissant un rocher sur


un dragon cpii vomit des flammes (Palais Ornsheinaja, à Moscou .

i/activité des ateliers de tissage si grande en Perse, s'étendit au


xvi" siècle en Arménie, en Anatolie, et particulièrement à Brousse
et sur le Bosphore. De là, ces productions se répandaient à \'enise
à Florence, à Gènes et en France. C'est un fait acquis que Soli-
man II amena de Tauris en Turquie plusieurs familles de tisseurs
de soie au milieu du xvi*^ siècle.
Soies ou velours, et ces derniers semblent avoir alors été d'une
fabrication très étendue, on a depuis longtemps dénommé ces
tissus du nom de la ville de Brousse, étiquette commode à appli-
quer à ces étofl'es d'une technique et d'un décor admirables, et où
se marque l'étroit rapport décoratif quelles iprésentent avec les
placiues de revêtement céramique qui proviennent des provinces
turques d'Furope et d'Asie Mineure. L'animal et le jpersonnage en
sont bannis, et le décor s'y réduit, comme sur les céramiques, à
LES TISSUS 409

rinterprélatioM élrang-emeut schématique mais grandiose, de quatre


fleurs principales (la tulipe, l'œillet, la jacinthe et l'é^îlantine;, de
la palmelte et de Téventail ; fig. 347, 348, 349, 350 i.

V'enise et Gènes ne tardèrent pas à s'emparer de ces modèles

^^^^ '\M^
». !» .M

il

^' Y
1 »
i l<» \l \\l I I, It AU I MISI I \IA\

( )|i l)ro(l;i iiii^si (I lin dccur IIoimI iihtx cillciix-iiiriil ;i|i[)i-o|)cic. de


^r;in(ls miircc;iii\ de sdic soii^ luriiK- i\r [x-lil- l;i|iis de l;d)lc

<
i\y:. 'Xy\ collrctioll AyiKlld, M llx-r Si K'-IiIz '
.

Il cxislc ciiliii iiiic siTic de grandes pirci's de sfiie lissée, décorées


exc'Iusivenieiil (riiiscnptioiis, hiiitôl encloses d;iiis des médiiillons
souveiil ovales, lantûl en li;^nes horizontales, Mii\aiil les an|^les
d mil' liaiidc (Ml cIicn roiis li^. "J^'i i
. ( )ii \- I riiiix e mui \ ciil n'' pi' lés les

noms desqualre premiei-s khalifes : Abou liekr, ()niar, Osman, Ali,


j)uis des prières emprunlées aux sourales du (]oran. (les élolîes
sont on des étendards, (ui des voiles de lomheaux. (^hichpies-nnes
de ces éloll'es nia^iiili(|ues durenl èlre tissées dans les aleliers
maghrébins du Maroc nous en possédons du moins des exemples
;

dans ces beaux élendards conservés à l'Ai-meria de Madrid, cl (jui


proviennenl de prises faites sur les Maures. Il n en esl f^uère de
plus splendides que la bannière que la Iradilion dit avoir élé prise
aux .Alniohades, à la bataille de J>as Navas en l'Ji'2, et qui esl
conservée au monastère de Las Huelg'as à Burgos. Ce tissu de soie
est brodé d'or et de soies de couleurs. Quatre larg^es bandes portent
des inscriptions arabes en bleu, et au centre esl un larg-e disque
à beaux ornements g'éométriques -. L'n étendard du même genre
est conservé à la cathédrale de Tolède. On en rencontre fréquem-
ment encore en Syrie, il en existe de semblables sur le tombeau de
Saladin à Damas, dans les lurbés de Sainte-Sophie, sur les tom-
beaux des fils de Mourad III (fin du xvi'') et sur le tombeau de
Roxelane, femme de Soliman le Magnilique.
En résumé, tous ces tissus à inscriptions, surtout quand ils
offrent ces dispositions en chevrons, peuvent èlre approximative-
ment datés des xvi^ et xvn*^ siècles, et sont turcs ou du moins de
pays soumis à la Turquie (Syrie et Maghreb).

7 ISSUS siciliens. — Bien que dépossédés de la Sicile à la fin


du XI*' siècle par les princes normands, les Musulmans v avaient
conservé leurs mœurs, leurs coutumes et leur religion. Les mos-
quées continuèrent à être aussi fréquentées que les églises, et les

Musulmans étaient enchantés de leurs nouveaux maîtres. Moham-

G. Migeon, Exposition des ar-ts musulmans. 1903, pi. 86.


1.
Amador de los Rios, Trofeos mililares. Madrid, 1893. E.rposicLon
2. fiisto-
rico Europea de Mndriil^ 1892.
M.S TISSTS 41 1

med ibn Djobjiïr, un |)i'lcrin (ri-]s|);i^ne. f|ui \ isihi la Sicile à la lin

l'if;'. 11!». — W'idiii's (le Sciilari, xvr sièflc


.Miis<-c (les Aris .Ircoiat ifs i.

(lu xii'' sH'cli', nons imi a laisse un cniHMix laMcan '. le dt'xouc-
nicnl (li'> Mnsnlmaus à la r<)\aiili' nni-uiandc clail Ici i|n'à la mort

1. Trailuctiim Ain.iri, .lonriuti ;isi;itiiiii('. Isiii.


\\-2 .MAMi;l. I) Alll Ml >l I.MAN

(le ( 'iiiilhiiiiiic !'' on \il les rciiniics ;ir;(l)cs >c |)i<''ii|)iler diiiis les
riR's (le Piilcnnc en xclciueiils de deuil ft les clicvcnx épars,
;icc(iiii|);ii;n;inl leurs cliiiiil^ rmiehres du liniil di; leurs l;iml)niirins,
pleiiiMiil le loi iiunii;ii)d ( ommc ellos ;iiir;iicnl
l;ill (I llll elllll' liniMlIlIKIM.

1 )e ce m(''i;iii;^L' orif^iiial ne pouvait niaii-


(|iiei- d(> naître un f)uissaiil inou\ emeiiL artis-
ti(|ue. (les princes norniands. ^Mierners illet-

trés, devinreiil au lendemain de la con(|uéle


d admirables promoteurs des arts, et surent
em|)runler aux (li\ers éléments artistiques
rassend)lés en Sicile, les traits caractéristiques
de chacun d'eux pour les fondre en combi-
naisons des plus intéressantes.
Au milieu du xii'" siècle H 148), Rof^er II,

roi de Sicile, ayant entrepris une expédition


contre la (irèce, s'empara de Corinthe, de
Thèbes, d'Athènes, et ayant pillé ces villes,

emmena en captivité les ouvriers en soie


qu il y trouva. Il les installa à Palerme, et

ordonna d'enseigner leur art à ses sujets '.


leur
Une autre version qous apprend que Roger
avant traité avec l'empereur Alexis, et ayant
rendu les prisonniers grecs, aurait retenu à sa
cour les Corinthiens et lesThébains de nais-
sance obscure, ainsi que ceux qui étaient
habiles dans l'art du tissage -.

Telle est l'opinion accréditée qui fixe

l'introduction de l'industrie de la soie chez


les Latins vers 1146 ou 1147. Mais elle fut
Fig. 350.
Soie de Brousse,
combattue par un homme admirablement
xvi" siècle. au courant de l'histoire de la Sicile.

Amari •*.

11 paraît en effet probable qu'il y avait, bien avant les rois nor-
mands, un hôtel du tiraz annexé aux palais des émirs kelbites qui
gouvernaient la Sicile pour les Fatimites. En cela, comme en bien

1. Othon de Friesinj^cn, De Gestis Frederici /, liber primus.


2. Nicetas Choniate. De Manuek- Comuène.
3. Amari, Storin ilei Musulmani <U Sicilia. Firenze, 1872. 4 vol.
LES TISSUS 413

d'autres choses, les chefs de hi Sicile alFectaienl de copier les sou-

verains d'Orient. Mais cette manufacture devait être bien restreinte,

Fij^'. M.')!. — Tapis de soie l)iiul(''i-. \\r sicr


Musée Stién'il/. à Saiiil-l'clofslxiiii-i; .

ne niarchci- (iu"a\cc des (mi\ ricrs iniisiilin;ms, et se ^^ardcr de l'aii-r

des apprends chi-c't icns. De plus, iiiic unupir nianuriicluit» à


Paleiinc, (-"(iait hien pou. l.'expcdil ion de Cirèrc, il n'en l'aul pas
.

\ I 1 MAM II. Il" Altl MIsri.MAN

doiiLci', iliil clic une cvccllciilc occm-ioii (ri'U'iuli'o en Sicile hi

ciilliirc (lu nninrr. I;i piodiicl imi <\v l;i muc cl son lissiij,^' : le (léve-
l(i|)|iciiiciii lie celle indii^lnediil cire l;i\<irisc |);ir les ouvriers ila-

liens (|iroii j'oniiii cl };râce aux iiiaj^naiieries (jiiOn iiislalhi.

i/aiclicr miisiilinaii iiislalN' dans le [lalais des rois de Sicile,


dura loni;leni|)s ; ces! |)nil)al)leineiii de cet atelier (|iie sorlireiil les

étoiles (le soie envoyées en I l*)l par lancréde à liicliard (^cur-de-


Lion, el celle l'anieuse tcnle de soie qui pomait contenir 'iOU clie-

\ alici's al laMcs '

Il est \ raiseinblable que ces tissus de Falernie durent conserver


loiif^lemps le caraclère arabe. Les princes siciliens étaient devenus
les l'ournisseurs des croisés (pii avaienl piis en Asie le j^oiil du
i'aste oriental, el |)our lesquels on l'abnquait des lissus dans le

goût orienlal. X'enise. dont les navires silloniiaicnl eu tous sens la

Méditerranée, venait chercher en !*^icilc des li>siis i(''pnlés (juelle


répandait ensuite dans toute la chrétienté.
.le crois fort dillicde de caractériser avec ])récisioii les tissus
sortis des fabriques siciliennes pendant la domination arabe, et
ceux des princes normands qui reproduisaient les motifs décoratifs
chers à Fislam, avec une persistance de hi(Tatisme et de symétrie
dans la fa(;on duliliser les éléments fournis par la faune el par la

llore.

Peut-être cependant dès le xni'' siècle, est-il permis de si^^naler


([uelques signesaux étoifes siciliennes. I>"oii y voit
particuliers
aj)paraître le tlécor à ordonnance horizontale, plus ou moins nette-
ment exprimé ou délimité par des lignes. Parfois la bande est sup-
primée. Reste les motifs décoratifs qui se répètent, mais sans che-
xaucher lun sur Fautre. L'animal y est très fréquemment inter-
prété, à la différence, semble-t-il, des tissus hispano-moresques à
ordonnance plutôt géométrique. Le détail épigraphique y est plutôt
négligé. Quelques symboles chrétiens y subsistent, comme aussi
certains motifs héraldiques (croix, écussons, couronnes D'autres .

fois la composition à divisions limitées a disparu, et le décor est


en semis. Enfin une des formes les plus intéressantes, à cause du
développement considérable quelle va prendre, est l'ordonnance à
compartiments dérivés d e Tare lancéolé, de l'ogive, renfermant
des motifs décoratifs qui, au xiv" siècle, tendront de plus en plus à
se rapprocher de la nature.

I. Cf. IIu^o Falcaiid, qui rùdij^ea vers 11S9 une histoii-e de la Sicile.
Fi;;-. .Kfl. — Tissu de s, I''li4- •'••'-'• Tissu .ir
i\ clicvroiis, .\\' sirclt liispaii()-moi'esi|iu
(Miiséo de C;imi\ . Miisi''(> (le ("luii\
i\V) mam;i;i. dahi misi i.man

Cerlîiiiis (les lisMis les plus fiiiiiciiv du lir;iz des njis de Palerme,
se Iroiivciil (•f)iisci'\ ('-s ;iii (n'-siir de i;i MiiiMtn Impériale d'Au-
Incdif, ;iii |i:il.iis de l;i iJiii-^ ;i \'iciiiic. Il> IumI partie des joyaux
cl jvliques de raiicii'ii Saiid-I'^nipiic romain, (pilleiiri \'I, après
son (ourniiiictiiciit à l'alci-mc. en ll'.K"). r;ip|i(irla en Allcniafine el

([111 scrxircnl depuis ;'i (diaipic ('niii-dmicniciil iiiipi'ii.d. Après de


rumihrciix drplaceiiu'iits à Aix-la-( llia|)cll(', à Pi-a};ue, à Nurcmljer^,
ils fiirciil ciiliii raiiK'iu's dc-fiiiiliN cniciit à \ iciiiic le I I juillet 1801.
Le m;iiilc;iii du (louronuciin'i}! fut lalMirpié ;i Palerme lan
528 I i;i:i, sous le roi de Sicile, Uoj;er 11. J>e tissu est un ras de
pourpi-e ; il est en forme de chape d'é^dise, mais déj)ourvue du
<;raud cliiipcioîi r;il)allii, e( di\iséc en deux j)arli('s, dont cliacurie
représenle un cpiart de cercle, j)ar un ornement ressemblant à un
palmier, de cdiat|ue côté ducjuel est représenté en broderie d'or
chevronnée et de perles accentuant les lij^nes du dessin, un lion
terrassant un chameau et s'apprêtant à le dévorer (lif^. 353). Cer-
tains motifs ornementaux, les rinceaux, la crinière du lion, le licol
du chameau sont réservés en tissu ])oiii|)rc. L'ne larf,'-c bordure,
porte brodée en fils d'or l'inscription : "... l'ait partie de ce qui a
« été travaillé dans la manufacture royale, où règne le bonheur et

« l'honneur... etc., (dans la) capitale de la Sicile, l'an 528 de l'hé-


« gire/1133 '
». Rog-er II répnait alors sur le rovaume des Deux-
Siciles. Aucun mot ne peut donner une idée de la grandeur, de la

puissance décorative et de la resplendissante richesse de couleur de


cet extraordinaire tissu.
h^aube - est faite d'un talTctas de soie l)lanche. lourd, quon
nommait s/tmit. Elle est ornée autour du cou et aux manchettes
d'une bande de pourpre brodée de perles et d'or. .Au bas est une
large bordure de pourpre violette et de soie blanche, entre quatre
bandes plus étroites dont deux portent des inscriptions latines en
fils d'or « Operatum felici. urbe Panormi XV anno
: reg^ni Dni
W. Di. Gra. régis Sicilia^ ducat. .Apulie, et principat. Cap. fdii régis
W. indictione xiin (date correspondant à l'année 1181).
Kt les deux autres bordures portent des inscriptions en neskhi

^^'enrich, Commentaires sur l'histoire des Arabes en Italie et en Sicile.


1.
— Reinaud. Journal asiatique, i' série, t. AU, avril 1846. Chanoine Bock, —
Die Kleinodien des Heil. Romischen Reiches deutscher nation. 1S64. WU- —
Icmin, Monuments français. I, pi. 23. De Farcy, La broderie. Francisque — —
Michel, cité, t. I, p. S5.
2. Willemin, id., pi. 21. — Chanoine Bock, cité.
LES TISSUS 417

indiquant que l'aube a été faite « dans les ateliers royaux du roi Guil-

laume II... daté et de la petite ère xnii, en 1181 de l'ère chrétienne ».

La dalmalique en étoffe de pourpre est décorée de bordures de


grandes arabesques brodées d'or et de perles, et le fond de petits
lames d'or, avec perles.
On a long-temps, mais à tort, dénommé cette aube et cette dal-

matique « tuniques de Charlemagne » ; les vraies, celles qu'on


appelait ainsi en 1494 parmi les « chapelles » de Charles VI,
étaient de samit blanc semé de fleurs de lys et de broderies à
orfrois de France.
On conserve encore entre autres souvenirs, du roi Roger II, à la

Fig. 3.Ô3. — Manteau cli' soie au nom du roi do Sicili' llo^oi' II. ilaté 1133
(Trésor de la maison impériale d'Aulriche).

cathédrale de Cefahi, un fragmcnl de sa ceinlure, où la soie et l'or


dessinent un vérihihK' ojiiis rchcir f\f}}mn\\\^\ (|ii'uii IVai;ineii( de sa
tunique, tissu de soie deuil le fond bleu esl iM)ii\ert de cercles
rouges entrelacés de manière à former des quatrefeuilles, lescpiels
sont cantonnés de boucpiels.
La cathédrale de Ualisbonne conserve deux tissus de soie qui
passent pour lui avoir été oU'erts par lempereur Henri VI, qui par

son mariage avec la piimesse Constance a\ ait hérité des possessions


normandes ilalienno '. l/insi-riplion (pic porte liiii d'eux nous dit
qu'il lut lait par le mailn- Alxl cl- \/i/. \^^n\v le mi "inilLiiime 11 (

1. Kislihaili. />/<' ijfsihiilili' ih's If.ilil l\iinst. n"' I 1 i-1 i.i. — .Vian Cole, Oriin-
DU'Jtl in l'urd/icuii aillis. liir. 'JM, 'J 1 . |). 1,).

MA\ri;i, ii'Aiir Mrsii.MAN. — II. "JT


•il8 MAMIIvl. k'aHT MISI I.M.W

(lir)9-ll89); une ;iii(i-f iiis<ii|)li(in coiiliciil des formules de héné-


dicLinn. Cosi un sprciint-n 1res eararlérislique de tissu sicilien :

avec SCS l)rl(s cliiissinil , ses rosettes, ses médaillons renfermanl


des (iincnicnts f^c()nictri(|ncs cl sa lar^^c Irise (rinsci'iplion. il

semble (|iii' les tissus de ce j^cnrc oui hien pu inlliiencer les Maures
{ri'vS|);i^iie.

cinieux tissu de la collection I^rrera, au Musée de Hruxelles ',


(il

est une soie rayée de rose, de rouf,'c, de bleu et d'or, par bandes
parallèles d'ornements, les unes brodées en compartiments rectan-
gulaires avec entrelacs ou animaux isolés dans cliacpje com[)arti-
ment (ce cpii semblerait confirmer avec le tissu de Halisbonne une
forniule bien sicilienne), les autres en rosaces à inscriptions rayon-
nantes autour (lu point central, aitei'nantes avec des sortes doiseaux
<lc Paradis, où semble persister une inlluence de rKxtrême-Orient.
Il est assez étrange de retrouver ce même oiseau de fong-hoang
sur les robes du Christ et de la \'ierge dans le couronnement de
la Vierge d'Orcagna à la National Gallerv. M. Karabacek croit avoir
déchifîré dans les inscriptions : " Faits à Palernie sous (luillauine II

(1169-1189).
Dans un autre tissu, la division par étoiles présente des lions et

des oiseaux adossés*. Sicilienne encore est la disposition par


bandes verticales chevronnées, chargées de quadrilatères renfer-
mant un décor de deux oiseaux et de deux lions affrontés alterna-
tivement, qu'on retrouve dans la chasuble de Saint-Rambert-sur-
Loire ^, lamée de soie, à fond rouge jaunâtre et à décor de fils

d'or tordus. Linas avait rapproché cette étoffe d'un tissu exhumé
du tombeau de l'impératrice Constance dans la cathédrale de
Palerme. Pour dater celte étoffe et la croire de la fin du xi'" siècle,
J.inas affirme avoir vu un des éléments décoratifs semblables sur
un orarium ])orté par un ange de l'admirable décoration en mosaïque
du chœur de la cathédrale de Cefalu, ainsi que sur le manteau
dont est revêtu l'amiral Georges d'Antioche dans la mosaïque de la
Martorana à Palerme. Comme date, cela s'accorderait avec la tradi-
tion qui veut que ^^'ildi^, comte du Forez, ait fait transporter les
reliques de saint Rambert, du Rugey, à son église même en 1076.
Un tissu de soie du trésor fie Coire, décoré de bandes fond bleu

Alan Cote, Cité, fig. 36, p. 63 fig. 30.


1. ;

Ahécéilaire de Caumont, 1851.


2. —
Bulletin monumental, t. XII. Linas. —
Revue de iarl chrétien, 1,S59. —
Molinicr et Marcou. Exposition rétrospective.
1900.
LES TISSUS 419

sur lesquelles se détachent des inscriptions traversées de rinceaux,


alternant avec d'autres bandes où des rosaces sont cantonnées
d'oiseaux et de dragons, a bien encore le caractère sicilien, mais
les caractères arabes de l'inscription sont apparus déformés aux
premiers archéologues qui seu sont occupés. Max van Berchem v
lit au contraire des titres sultaniens anonymes qui lui paraissent
épigraphiquement du xiv'' siècle, et l'on peut fort bien supposer
l'inaptitude dun ouvrier chrétien cherchant à s'en servir décorati-
vement '.

Même observation peut être faite au sujet du suaire de Saint-


Potentien au trésor de Sens -, cru déjà sicilien par Linas, avec ses
médaillons de
griffons adossés
et doiseaux af-

frontés , et sa
fausse inscrip-
tion coupée du
hom cantonnée
par quatre oi-

seaux. Un IVag-
ment d'étoffe
semblable euAc-
loppait le chef
de saint Loup Fifi'. .'5.')!. — Tissu liis|)aiin-in(ircsiiiu'.

quand pour faire

une ostension de ses reliques on ou\rit son rclicpiaire de\aii( l";ir-

chevêque Pierre de Corbeil en llMS. Iiidicatioii iiti'r |)oiii' dater


approximativement le tissu.

l^asus ht'spnuo-rnoresque.s. —
Il n'est pas douteux qu'en venant

s'y fixer, les Arabes n'aient importé en Espagne les pratitpies du


tissage telles (pi'elles existaient en ()rienl. 1 )(• noin!)i-euses provinces
eurent des métiers qui tra\aillèrent activement, mais à croire les
écrivains contemporains, nulle \ille ne prima alors Alméria. Un
écrnani eordonan, au (Irbul du xui'' siècle, lù'li-( lliakandi, alliiMUe
« ipic (les roi)es d'argcnl aux |>lns I)i-illanl('> couleur^ v sont fabri-

1. I''. Millheiliinrjen ticr unliiiimrischen (iesetlschul'l in /.urifh.


Kellcr,
(. XI, 1X50. —
Ri'inaud. Ciihinal tic l'inmiletir, IS13. p. Mi'2. K. Moliiiier. —
l'rcsor de lu ciilht'Jrulc de Coire. pi. 23.
2. Abbé Chartraire, Invenluire du Iréaur tle Sens, lSi>", n* :Vi.
iJH .M.\Mi:i, d'ahi mi si i.man

(|iu'('s '<. Il iiu'iiliimiic ;i l;i Miilc .\l;il;i;^;i i-l Mincie, célèhrfs pour
lciii> I i>Mis rlc soie.
( Il anlrt" ('crivaiii (l-.Maklviiii ajiuilc (|uiiii fai.vail à Aliiiéria des
éloll'es ex(r|i(i(iiincllcs. le dil);!] on étoile (rar},'eiit à (tlusieiir.s Ions,
le liraz élnUc mit la(|iicllc les muns fies princes étaieiil iiiscrils, et

(les tissus j)lii> \iilL;aiiTs appt'li'» Imlnl. l'Mrisi el Wni el-Khalih,


vautaiil l.i riclicsx' d .Miiicria. pailciil imi\-uiciiics de lous ces tissus
qu "ds noiiiiiuiil , lous ces noms élanl pour nous d'un intérêt
médiocre, car nous ij'ii'narons absolument à (piel ^"^eiire de tissus ils

s'applicpiaient .

l>es textes nous ap|)reniient ipie la culture de la soie avait été


introduite en Espagne a\anl époque à laquelle cette le x*' siècle,
culture y était déjà très |)rospère. Conde nous apprend cpi'au tem|)s
des califes de Cordoue, TKspag'ne exportait une grande (piantité de
soie brute el de tissus, aussi bien dans les pays du noid. c|u"en
Afrique jusquà Alexandrie, l^éjà au ix*" siècle les étoiles espagnoles
étaient célèbres : Anastase le bibliothécaire en parle sous le nom de
sjf.misciini , en trailaiil des tissus de soie, l'n historien anglais,
Uaoul de Dicet, parlant du mariage de Philippe de Flandre avec
Béatrix de Portugal à la fin du xn'" siècle, est plus clair encore :

« Le roi, dil-il, chargea les navires envoyés de Flandre des trésors


de TEspagne, c'est à sa\oir dor, d'habits en draps d'or ou ornés
de broderies d'or, d' étoffes de soie ». Celte industrie était

devenue si prospère au xm*" siècle, que le géographe Edrisi pouvait


dire que dans la seule province de Jaen, il y avait 3.000 villages
où on élevait des vers à soie. Quant à Séville, elle comptait
1

6.000 métiers.
Le romancero Gastellano, dont le fonds appartient à Ihisloire du
xiv'' siècle, nous représente un roi d'Aragon, peut-être Jayme IL
contemplant la mer d'Espagne sur laquelle naviguent des vaisseaux
chargés de soie et de riches étoffes, voguant vers le Levant ou la

la Castille. Des lois fiscales régissaient les villes de Grenade et de


Cadix autour desquelles florissait la culture de la soie, si bien que
Fernand d'Aragon, duc de Calabre, pouvait retirer un revenu de
30.000 ducats des vers à soie de ses propriétés des Alpujarras,
d'après la Chronique de Francès de Zuniga. Don Pedro de Lima,

archevêque de Saragosse, et frère de Don Jayme, roi d'Aragon,


apporta en 13'27, à linfante Léonore, à l'occasion de son mariage,
des draps d'or et de soie aussi nombreux que variés, et nous savons
qu'un ministre de don Pèdre le Cruel possédait dans sa maison de
LES TISSUS 4-21

Tolède 125 cofFres de draps d'or et de soie qu'on v inventoria à sa

mort iChronkjue de don Pedro par Lopez de Avala, 1360). Le


commerce d'échang'es entre ITtalie et l'Espagne était d'une très
grande une des monnaies d'échange
activité, et les étoffes étaient
les plus commodes moins encombrantes, d'une valeur équi-
et les
valente à celle des métaux précieux. Des pièces d'archives génoises,
consultées par M. Silvestre de Sacy (Mémoires de rinatifiil royal,
t. III), nous l'apprennent il y eut des traités de commerce avec
;

le roi maure de ^'alence, autorisant l'établissement de deux fondaci


à Valence et à Dénia, de même avec le roi de Grenade.

Fiff. 355. — Tissu



de soie au miiii du (".;dil'c Ilicluiui, ,\" siècle
(Académie de Ihisldirc à Madrid;.

Le tissu le phis ancien, d'un caractère 1res parlicidici-, et (pii


semble bien d'origine nettement hispano-morescjue, est un grand
iVagment de soie très fine, conservé à l'.Vcadémie royale de l'hisloirc
à Ma(h'i(l Dans des médaillons sonl re|)résenU''s des ligures assises,
'.

paraissant un roi et une reine ailleurs des lions, des oiseaux et


èli'e ;

des quadrupèdes lig. 355 Dans deux bandes court l'inscription cou-
( ).

lique An nom du Dieu clrniciil el misérn(U'(ln'u\, la briu'-


: <i

diclion de Dieu el la l'élicilé au Klialii'e. Iluian Abdallah lluliain,


ra\ori de Dieu ", ipii l'égiia à |>arlir de *.17(). ( li- lis>u du plus
hanl int'''i'el iiil li-(iu\é dans nu pelil edilVel déposé sur I aulel de
l'église San l'.sleban de (lornia/, pi'(i\ inee de Soi'ia. Célail peut-
être un li'opliee (le guei'i'e. ( )n p(iui"'ail le elasseï' dans la série des

lissus dits hra/., car nous saxons ipi un des luxes dn s<>u\erain elait

(le l'aii'e niellre son nom ou l'un de ses allnbuls sur I étoile di' ses

1. ("oMuuiniicat iiiu aimaldc cl jirccicusc {.\k- M. le cnmtc de Osma.


.

i-2-2 MAMI I. Il AU 1 Ml <l IM W


robes, (les iiiscri|)lii>iis ol;iiciil |nii|oin> en oi-. mi d mir coiilciir

diirércnlo du loiid, el ces robes royales éUiicnl ti)ii)(>iii> de lir;i/..

Les cabfes de (lordniie ;i\aicnl des },'^arde-rf»bes pailiciilieres dans


leur palais pour eonser\er ces riches vêlements. La («lulume s eu
pei-dil au xi'" siècle, mais re\iiil au xni'' siècle a\ec les i-ois de
(irenade '

Une superbe clolle de soie à bancb's de liuccaux eulrclaccs, \erls,


liserés de rou^a' sur Iniid bis, a\cc ilcnx spiiuix à tètes de Icmiue

Fijî. 356. — Tissu de soie liispauo , CollecliDn de ^'alencia de Usina).

ailés et airrontés de chaque coté dun arbre de vie. se trouve dans


la collection Pierpont Moryan -.

Un des caractères principaux qui permet de classer à ])art un


certain nombre de tissus rencontrés dans les musées ou les trésors
déj^lise et d'en former un groupe hispano-moresque, est l'absence
de sujet animé, et la prédilection pour les motifs linéaires et g'éo-

métriques, goût que semblent leur avoir transmis les Arabes, et


qui est général à tout du Maghreb. Les bandes horizontales
l'art

d'ornementation y alternent avec des bandes d'inscriptions tig. ;

35-2, 354 1.

1. Pascual de (layaii^os. Museo espunol de Aiiti(jued;ttle!<.


2. Lessinu;. Cité, livraison III.
LES TISSL'S 423

Tel semble être, au Musée de Cluny, un magnifique tissu (6526),


d'or pâli sur lequel se détache une splendide inscription en carac-
tères bleu pâle (fîg. 356), une bande de soie cerise à inscriptions
coupées de bandes chevronnées, et une autre bande de soie à entre-
lacs rouges, jaunes et noirs.

Dans la collection Errera, au Musée de Bruxelles, comme au


Kunstgewerbe-Museum de Berlin, ce goût de la décoration géomé-
trique et linéaire se retrouve dans un bien beau tissu de soie décoré
d'étoiles enchevêtrées.
La collection Errera n° 17 possède encore un merveilleux frag-
ment dun mince brocart de soie rouge, bleue, verte et or, qui
provient de la robe de Tlnlant Philippe, frère du roi Alphonse X,
et qui fut trouvé dans son tombeau à \ illarcazar de Sirga (province
de Palenciai. Des rangées d'inscriptions louanges à Allah» alternent
avec des rangées d'entrelacs mêlés détoiles. Semblable morceau est
au Musée archéologique de Madrid (n" 1049) *. Des étoffes sem-
lilables étaient probablement originaires des ateliers d'Andalousie,
où le style moresque se maintint plus longtemps qu'ailleurs on y ;

retrouve d'ailleurs tous les éléments décoratifs qu'on rencontre


dans les monuments andalous.
Un type parfait de tissu hispano-moresque, et d;in> un merveil-
leux état, se trouve dans la collection célèbre de M. le comte de
\'alencia, actuellement à M""' de Osma, sa lille, avec la disposition
par bandes horizontales, nettement limitées ; une belle inscription
en caractères neskhi souples et élégants, répète la formule :« Gloire
à notre seigneurie sultan » (lig. 35r) . Ils s'enlèvent en blanc sur
un fond de soie tissée d'un bleu foncé sur lacpu'IK' idui-ciil (le

légers rinceaux rouges. Deux éti'oilcs bandes d'aiilres inscriptions

lui sont parallèles, jaune sur fond Mru el (IimmiI : <> D'.Mlah Aient
le pouvoir du sultan. Il le lui doiiiia anisi cpie le bonheur en
aide ».

I. Kraneisci) Siinoii y Xicto, Los .-i/i/h/i/on auiipos (iiitiro.s (le Mmlriil. |>. l'.'.'i,

1859. — .Vlan Colo, <:iit\ li},'. 2.5, 2 1-25.


\2i MAM II. DAIII MIM l.MAN

HlIM-IOdliAIMlll'.

Coi.E (Aliin , Orivinicnl In l-!iir<)pi;in sil/:s. I.oiidics, 1K!K).


Cox (R.), Le Musi'P historirjue 'h's /issus di' lu ih:nnl>i-<- (h' roiniiu-rro
Je Lyon. Précis et album. Lyon, 11*02?
DupoNT-AuBERViLLE, Vortiement des (issus, l'.uis, 1877.
EituKHA (Collection de M™»^), Catnlofjiie. BuincUcs, llt()2.
FiscHBAH, Geschichie der Texlilkunst.
KAnABACEK, Die persische Nadelmalerei Siisnndsrhird. Leipzij^, 1881.
KuMscii, Musler oricntalischer Getoehe und iJrur/i stoffe (Musée royal
de Dresde). Seemann, Leipzig, 1893.
Lessi.ng (Juiius), Die(jeu'elje-Saniinliinr/ dcsK. KiiftsIi/eiforljo-Musfum.
7 livraisons parues. Wasnuith. Berlin, 1900.
LiNAS Ch. de). Missions scientific/iies et lllli''r,-tir('s. T. IV. lier m; des
snciélés savantes. Février, 1853. Anciens rêlenienfs sarordolaux conservés
en France, Bévue de l'art chrétien, ISTJO, t. 3.

Martin, Fiç/urale pcrsisclw Stoffc, I .')(H)-I .')(>(). iliersiMuann. Leipzig,


1899.
Id. Morgenlandische Stockliolm, 1897.
slo/J'e. Die l^ersischen Prach- —
Knpenha<jae. Leipzig, 1901.
sloffe in schloss liosenber;/ in
Michel (Franciscjue), Histoire des tissus de soie décorés. Paris, 1860,
2 vol.
RiANO (Juan F.), Spanish arts {Textile fal>rlrs.\). 2oO . Londres, 1890.
CHAPITRE XIV

LES TAPIS

Le terme de tapis, au Moyen Age, a été employé dans un sens


très étendu. Nous entendons ne parler ici que des tapis bouclés ou
noués, c'est-à-dire des grandes pièces tissées sur les métiers, et dans
lesquels les laines ou les soies, débordantes en boucles du fond de
la trame, élaient ensuite égalisées au ciseau, et i'ormaicnl une sur-
face de laines denses et élastiques.
Toutes les descriptions rencontrées dans les auteurs anciens, de
pièces « dites tapis », pourraient donc nous induire en grossières
erreurs, si nous ne les passions au ci-ible dune sé\ère cnlKiiu'. .le

me dispenserai donc, comme l'ont fait certains auteurs, désireux de


trouver de lointaines origines aux beaux tapis du moyen âge, de
parler des |)ièces de tenture (pie signalent les auteurs anciens, et
qui furent si recherchées par les cours de Rome et de Byzance.
M. Karabacek, dans son livre plein d'érudition ', a cxcellennnent
parlé des exti'aordinaires (apis brodés à l'aignillc, (pic l'armée d Ilé-
raclius trouva dans le palais de Dastagerd, (jnand CJiosroès II lut

vaincu, et des merveilleux tapis tramés d'or et d'argent et ganus i\Q

pierres précieuses que les armées khalifales trouvèrent comme but in


dans le palais de (^tésiphon, capitale des derniers rois sassanides.
Il s('nii)ie bien (pie rMgyplc n'a pa> (•luiiui le hi|)is noné; les des-

criptions (pie nous oui laissées les aulcni's arabo ne nous laissent

supposer (pie des tissns de soie, I ra\('rs('>s d'or ou d'argenl, l'I repré-
sentant des snjels (•oin|)li(piés. Il fanl hre à cet égard l'nnentinre
du Irésorde Moslanser billali, l'un des khalifes falimitesdu (-aire.

A peu pr('s aux nK'-nies épixpu's, la l'erse fabri((uail peut-être des


tissus analogues, d'un aspect li-e> riclic el 1res précieux, deslines a

être portés, on à scixir de xoilcs on de |)orli('res. l{ii'n île sem-


blable, parait-il, aux la|)is (pu piiisicnrs siècles plus lard de\aien(

1. Die [icrsisilip \;i(lclin:ilrrri Sn^nndschiril . I.cip/ij;, ISSl.


i-jr, MAMll. Il \Itl

èlre éleiidiis mh' If sol des iii(ist|u(JL'S ou des j>iil;iis poiir die loulé.s

|);ir les pieds des lidéies on des sujets. C'est ;iitisi (juc K;i<li;iii.

fondée par Zol)eid;i , femme dlliu-oiiii ei-- Hiicliid , esl cilc |);ir

Vakoiit dans son liirtionnmrv (/cn(jni/)hi(ftie, comme célèbre ponr


ses lapis tissés d'or, ses i)i-ocarts et ses tallelas. Il esl vrai que
^'acoul cite \ an en même lemps comme célèbre [)onr ses taj)is de
haute lisse, cl cjuiin autre ji-éo^M-aplie. (d-Mou-kaddassi. parle de
Fous coiMmc d une \ die rrnlcnnanl un ^imikI nondjrc de tissaf^es
on les ouvriers Iravaillaient la laine. Si nous inclinions à croire
(pi d s"ajL,'-il là des premières fabrications de lapis noués . il fau-
drait reconnaître qu'aucun spécimen de cette première fabrication
nest parvenu jusqu'à nous.
Il n'esl pas possible acluellement de dire en (piel point de l'Asie
(^noiis supposons provisoireniinl que c'est en Perse;, ni à quelle
épo(pie l'art de tisser les lapis noués prit naissance : en elFet, tout
texte ceilaiii nous que tout objet portant
fait défaut, de même
une inscription, cjui comme nous l'avons pour tous les autres
arts décoratifs de l'Islam, pourrait nous apporter une indication
utile.

Un seul tapis, nous le verrons, porte avec lui ce témoij^'-nag'e,

mais il nous confirme seulement l'assurance qu'il nous avail donné


par son aspect, que nous avions là un très beau monument de la

lin du \vi'' siècle, apogée de cet art en Perse, précédé, il n'eu faut
pas douter, de longs siècles antérieurs de perfectionnements.
('.ommenl alors faire un classement rationnel des lapis? I.e j)lus

simple est un classement par types, et qui pour être un jk'u |)1us

libre que le leur, ne ditFère pas sensiblement de celui qu ont


adopté les archéologues allemands. Je veux ])arler du classement
qui a pris pour base l'étude des tapis représentés dans les tableaux
des écoles de peinture flamande, hollandaise et italienne des xv" et

XVI'' siècles.
Ce M. Lessing qui, le premier, imagina cette étude compara-
fut
tive la méthode a été reprise depuis par le D"" Bode, sur un
'
dont
plus grand nombre de cas, dans les deux volumes qu'il a fait
paraitre successivement sur cette question, qui olfrent le grand
avantage de nous avoir fourni, pour nous éclairer, un très grand
nombre d'illustrations "-.

1. Altorientalische Teppichmiister. \A'asmutli. lîerlin, 1S77.


2. Vordeniifiatisrhe Knûpfteppiche. Seeman. Lcipzitr. Et Altpersische Kniipf-
teppuhe. (irote. Berlin, 1904.
LES TAPIS 4-27

Il V avait là, en effet, un excellent critérium. La présence si fré-

quente de tapis de certains genres, bien déterminés dans les tableaux


de ces trois écoles, nous apportait la certitude que ces types de

Fi};. •i'iT. — Tiipis de laine aiiliaï(|iu' atliilmc au \iu'' mi xi\' sii'oh


Musi-c l-'i-i'(li-iif à Merlin . — Clichr du D' Itiulc.

lapis ne |)(Pii\ aiciil pas clri" d imc diilc posicruMin" à colle i>ii les

tableaux a\.iieul elé peints. Il aurait fallu appurter cependant plu>


(li> si'ej)tieisine à eniisiderei' eonnne leU t;iiit de tapi>, de ee> e>-pece>
1-JM M \M I 1 11 \H I Ml ^1 I.MAN

(|lll n^'hui'iit (|iii' (les ic|)(''l il iiiii^ lllii(|cilir>, pirii \r- ihi rr-v|icrl (\i-'^

;ui i.Miiis (I .\^ic Miiiciiir a lciir> liaditmii^.


(•il aiiiail |iii SL'iik'inc'iil ohic-clcr (juils poiu aiciil être (lune date
l)irii anlciiciiic, impossible à préciser, en absence de loiilc inscrip-

lidii de dalc. Mais le lail iiiciiic i\c leur I ic(piciici' indupic ar^se/.

l'inleiisc iiii|)nrlal ion ipii en dail laile alors dansées divers pays,
snrlonl par \ riiisc cl par linii^o ; renj,''oneiHenl dont ces tapis
étaiciil rol)|cl, siirhuil de la pari des |icinlres sédiiil> par la

béant»'- de leurs
cou leur- et I in-

térêt de leurs
compositions
d l'c o ra I 1 \ es,

eut sa part din-


ilnence sni- la

coule 11 V des
peiiilres \éni-
tiens.

.\ vrai dire,
c'est là tout
rinlérèt insuf-
lisaiit au point
de vue docu-
mentaire des
deux li\rcs du
D' Hode, servi
Fij;-. 358. — Tapis arcliaïque, xin'-xiv siècles une l'ois de plus
( Kunstgewerbc Muséum de Berlin).
dans cette élu-
Cliché (in /> Bode.
de par sa mer-
veilleuse mémoire, et la connaissance si étendue qu'il possède de
tous les tableaux des ij^rands maîtres.

Tupis .irchaïques à dccor très sfi/lisé.

Un grand lapis conservé jusqu'alors dans la collection de M. l h.

Graf, à Vienne, et qui vient d'être récemment acquis par le Kaiser


Friederich-Museum de Berlin, est décoré d'un dragon debout dans
un médaillon, et dans les médaillons voisins de taureaux, de pan-
thères, de lièvres, disposés deux à deux. Les encadrements des
I.ES TAPIS 429

niédaillons et l'étroite bordure ollViraient des rinceaux de feuilles


ou de fleurs, c[u on poui'rait prendre pour de \a,t;ues inseriplions, et

I''if^. .'t;")!). — Tiii)is (le laiiii' à It'li's (riiiiim.ui.v. \V sii'-i'Ic

(Cdllcclinii .1. uni. II.' .

<pi(iii pcul \ ('nlalilcniciil consKlcrcr i( innir do reluis' i

lij,'. i^")? ^
M. kai-ahacck en s'en occiipani, a prcli'iidn (pie ce tapis de la C(d-
IcH'lioii (irai, orne (riiiia^;c'> >\ iiilKili(pif-. d aiuiuaiix et Ar |ilaii(cs.

Hodc, \()rdi'r!isi;ilixflit' Kiiujiflt'piiiche. Vvj:. Ttl.


i!Ul MAMKI, Il Mil MISII.MAN

et (I iiiscr'ij.)! ions aral)C.N, [»rii\('ii;iil de hi iiioxiin-c Mdiilii ed-diii ;i

Siililiiyc (le I);imas, cf qu il lut lahruiiu'' :iii (•(imniciiceincnl du \ui'

sirclc ;i l'inicssc , dans le 'nord de la Syrie, pour un [prince fie la

(htiasiie des Ayyoubiles*. M. Hie^l a ciilifiué celte opinion, au


poiid de vue du style du décor, et a pro[)osé une orij^ine assez voi-
sine des pays chinois-, autre assertion qui ne laisse pas que de sur-
prcndi'c. l'inlin, tout réccniincnt M. Martin, dro;,''nian de la Jx'^'a-

lion de |Suède à ( Constant inople, m'a anirmé oralement, avant de


récrire dans Fimportanl ouvraf^-^e qu'il a préparé sur les lapis, qu'il
a retrouvé, dans la ;^rande mosquée de Konieh, un tapis toul sem-
blable au tapis de la collection Graf, et qui porte les mêmes inscrip-
tions qui se trouvent [sur le monument lui-même, les rattachant
ainsi tous deux au sultan [seldjoucide fin xni'" [siècle, constructeur
tle la mosquée. In Fait inijiorlant, noté par M. Bode, c'est qu'on

rencontre des lapis loiil analogues dans des tableaux italiens du


xv" et même du xiv" siècle, par exemple un lapis ii','^uré dans le
tableau de la Madone avec saints Come et Damien, j)ar Fra Ang-e-
lico, à l'Académie de Florence (1438), dont le décor est sinj^ulière-

menl barbare.
D'autres lapis préseiilenl un décor d'oiseaux all'rontés, très raides

et exlraordmairemenl stylisés, par exemple dans le tableau siennois


des fiançailles de la \ ierj^e (National Gallerv, n" 1317), ou dans un
tableau de Giovanni di Paolo à la paierie Doria de Home.
Peut-être un [)eii plus archaïque encore, quoique d'une stylisa-
tion moins fruste dans l'interprétalion des oiseaux, apparaîtraient
des tapis figurés dans des tableaux du xiv" siècle, mais je ne crois
pas qu'il soit possible de remonter plus haut avec des exemples
bien précis. Dans les fiançailles de la \ ierge, de Niccolo di Buo-
naccorsi (National Gallery, n'' llOO)-*, datant de 1380, deux oiseaux
très raides, peut-êtredeux coqs, s'alïrontent jaunes ou rouges, sur
fond rouge ou jaune; et dans une Madone de Lippo Memmi, vers
1350 (au Musée de Berlin, n" 1072), deux grands oiseaux, peut-être
deux cigognes, s'affrontent séparés par un arbre ^. Dans un tableau,
plus vieux de vingt ou trente ans, de Simone Martini, représentant
saint Louis de Toulouse à Saint-Laurent de Naples, des comparti-
ments répètent sur un tapis l'aigle double h deux têtes, comme
encore dans un triptyque de Giotto qui se trouve dans la sacristie
de Saint-Pierre de Rome.

1. Karabacek, IKadelmulerei.
2. Rie^l, MillheiluTifjen des kk. Ôeslerreich-Miixeiim. IsOl.p 405.
3. Bode, Vorder. Knùpf. ii^. 77-7S.
LES TAPIS 431

Kifî. MM. Tapis iK' ili.isso, Porsi-, xvr sii-i-lc

^ Musée des Ails décoratirs).


\',\2 M.VM II. Il Altl Ml SI I.MAN

'IVès ;ir(li;iï(|uc ciicitrc, i-l en son ;,'^fiirc ('xliciiiciiR-iil ciiriciix. est

lin liipis (iii Kiinsl;,a'\\t'rl)<'-.Miiscum de Hcrliii '. cii loiiiic de l<)ii;,'iie

cl flroid- ^Mlcnc, ;i fond de coiiliMir hhiiiclu-, c-l ;i hniduru de hieu


ronce. \a' iiiiitd' cil csl \ r;iisciiil)l;iljlciiiciil un ;irl)ic. Sur un tronc
f,TL'le se dccioclieiil ;i iiii^les droits deux siippoils (|iii pru-leiit des
^l'iindes lli'iirs ii l'oiiiKilion ;ircliitecloiii(jue. An milieu, une arcade
fermée dune sorte de volets. Mlle est surmontée <run toit pyrami-
dal, et sur les côtés s'étendent des l'euilles rif,'ides, an},'uleuses, avec
des crochets. J>a bordure porte une .sorte d'écriture coulique qui
répète les paroles il
•<n y jias (r;nitre Dieu qu'Allah
;i ». .l'estime

(pie ce taj)is, dont on ne connaît aucune représentation dans la


peinture occidentale, doit être de date assez reculée, si ce n'est le
plus ancien lapis (pie nous connaissions.

Un tapis extrêmement curieux, conservé au Kunstgewerbe-


Museum provenant dune ,
éj^lise de l'Italie centrale, et qui ne
devait pas être de grande dimension, n'a plus que deux médaillons.
Chacun renferme, stylisé à l'extrême, et presque totalement déformé,
le sujet du dragon combattant le phénix, d'un dessin très dur et
très net. Le tissu est très sec, le fond d'un jaune vif, les animaux
bleus et rouges ; la bordure est à ornements 'géométriques ou à motifs
végétaux anguleux sur fond noir un rap- (lig. 358). M. Bode a fait
prochement bien ingénieux, en retrouvant une peinture qui restitue
ce tapis si particulier, et par conséquent le date approximativement ;

c'est la fresque du mariage des Enfants trouvés à rh(")pital de la


Scala à Sienne, peint par Domenico di Bartolo, entre 1440 et 1444.
C'est donc un tapis de la première moitié du W" siècle -. M. A. Riegl
a reproduit •'
un tapis norvégien, tout à fait analogue d'esprit et de
décor, qui serait alors copié d'un tapis d'()rienl du xiv*^ siècle ; c'est
une occasion de rappeler les incursions des pirates norvégiens qui
poussaient leurs courses hardies jusqu'au fond de la Méditerranée.
Je ne sais vraiment les raisons qui ont |hi déterminer M. Bode
à rattacher à cet intéressant tapis du Musée des arts industriels de
Berlin, certains autres, dont il a faitun groupe particulier, où, sur
un fond de rinceaux ou de branches fleuries, des compartiments
renferment des animaux isolés ou groupés deux à deux, assez sty-
lisés les bordures renferment aussi des compartiments avec de*
;

1. Bode. Vorder. Kniipf.. fig:. "9.


2. Bode. Ihid.. pi. Ti.
3. Riegl, AUorientalische Teppiche, p. 32.
LES TAPIS 433

".r^^r^^v^Hà H
1V5rr^^^W: ?rf^t-jrv':^Sa5!WT>>WKr: i:-**.'.' ^

,...M'':^.

MaMKI. Il'Ain MlsllMvN. 28


434 MAM i:i, d'art MISII.MAN

riiu'i'iiux el di-s lleiirs, parfois avec des iiiscri[)li()iis décoratives. I.e


caraclère j^éiiéral en est Iruste el primilif, le coloris vi^oureiix, mais
liiiiial. 'l'cis Miiil deux lapis des cdllccl ions .lerkès ii San Hcino, et
(]|ani ('ialla> à \ ieniie '. J.e type du décor, la stylisation de ses élé-
nu'iits, v[ le caractère du dessin, ne dillerent pas seiisiblemenl, à
UKHi a\ is, (K's lapis lleuris de la l'erse au x\r" siècle ; en |iiii> cas,
ils sontheanconp plus laineux el dun esprit décoratif tout ditlérenl
du lapis du Kunsl^a'werhe-Museuni de Heilin. 'l'ont en niant lana-
logie, je veux bien croire cependanl (piils soient antérieurs au
xvi'" siècle. |)uisciue M. Hode dit les axoir rencontrés dans des

tableaux de la première moitié du x\'' siècle, et pimais plus tard.


Je considérerais pour ma part comme archaïque un type de tapis
de laine dont je ne connais que deux spécimens en fraj^menls (col-
lection de M. Jeuniette et Musée des arts décoratifs). ]>e décor est
formé de {grands rinceaux très flexibles, terminés [)ar des têtes de
lions ou d'animaux fantastiques (ii^. 3.59 his); il y a là quelque
chose d'analog-ue à ce que nous avons vu sur certains cuivres où
les hampes des caractères se fleurissaient de tètes humaines,
comme dans un jeu de jonchet.

Tout en faisant la part de l'interprétation que les anciens peintres


italiens faisaient des choses qui les inspiraient, il douteux
n'est pas

que tous ces lapis devaient être d'un dessin très sommaire et très
fruste.
D'où venaient-ils? L'ne seule hypothèse se présente : des régions
de l'Asie antérieure qui n'étaient pas trop éloig^nées de la mer. Ces
};rands tapis étaient trop lourds, et leur valeur marchande était
tropminime pour justifier de coûteux et longes transports par terre.
Marco Polo en parlant de cette industrie en Asie Mineure, en Tur-
comanie et dans l'empire des Seldjoucides vante ces tapis aux plus
belles couleurs du monde, et désigne les Arméniens et les Grecs
comme les artisans de ces beaux tapis.

Tapis à sujeis de chasse ou de combats d'animaux.

Un groupe autrement important, assez homogène, et qui marque


pour l'industrie des tapis orientaux le point où vraiment s'est

1. Bode, Vorder. Knûpf., pi. 25-26. — Robinson. Eastern Carpets, 12 early


examples, 1882, fig. 3.
LES TAPIS 435

l-'ij,'. '.W2. — Tiipis do cluissc. l'cisc. wr' siiTlc


(Musocdi's Arts ili'inialifs .
i:u'. MAM II. I> Ain Ml

iiKiiiircsh' le j,m''iii(' (Ircoiiil ir(lc> ailisic- [ici>;iiis. <'sl cclm ries liinis

(If clijisscs (111 (le cdinljnl^ il ;iiiim;iii\ . Il^'^iml |t;ii-rois li.ssés de soie,
(le lils (Tor cl (r;ii-;;(iil. le plus s<)u\('iil de hiiiics très fines et 1res
I)iilliin(rs mcicos de sdies, et ces derniers ne soiil |);is lr> moins
l)caii.\ |);ir la |tiiissaiic(' (l(''C()i'al i\ e. (les lapis ('-laienl nniNres inlini-
nienl csl imco à rc|)(i(|ii(' où mi les exéciila, car l)eaiicr>n|) parvin-
rent cil lùiriipc coiuinc cadeaux aux maisons n'-:^ naiili-s.

Le j)liis (•('lèlire cl rnii des plus licaiix (pu c\|v(ciil ol le l'amenx


tapis de la chasse .> (pu appailienl a la Mai^-cm linp('-rialc d An-
triche et y est entré Cdiniiic cadeau du l^al l'ieirc le (iiaiid : il

est conservé an chàtean de Schonhiniiii |)rès de \ iciiiie '.

Un faraud nK'dailloii cciiiral très lin, s'enlève sur un cliamp entiè-


rement cou\ert de chasseurs tirant de Tare, ou de cavaliers au
i^alop chassant de réj)ieu et de l'arc des [antilopes, des saiij,''liers,

des l)ou([iietins dans les inou\einciits les ])liis variés, l'ne extraordi-
naire bordure répète des ^rouj^es de deux génies ailés, au milieu
de rinceaux lleuris, l'un assis recevant les liommaj^es d'un autre
demeuré debout.
Un maj^niiique tapis, de décor tout analogue, ne lecédant guère
en beauté à celui de la Maison d'Autriche, est passé du palais Tor-
riggiani à Florence, dans les collections du baron Adolplic de
Rothschild à Paris.

Un beau tapis de laine à fond rouge, donné par M. Jules


très

Maciet au Musée des arts [décoratifs, dont le champ est couvert dans
un seul sens de sujets de chasse et de cavaliers, a une bordure
décorée de génies ailés, de bêtes s'attaquant, et de petits person-
nages assis dans des médaillons ( fig. 360 i-.

Un immense tapis acquis par M. Bode à A'enise, provenant dune


synagogue de Gênes et déposé par lui au Musée Frédéric à Berlin,
renferme des éléments décoratifs que nous allons avoir à noter
dans de très nombreux spécimens de ce groupe c'est-à-dire les •',

motifs dérivés de Fart chinois. C'est le type de tapis à grand


médaillon central, ici de nuance rose, décoré de grues volant épeu-
rées au milieu de rubans (qui ne sont que le tchi, nuage stylisé et

éclair, de lart chinois). Il se continue de part et d'autre par un


deuxième médaillon de forme ovale, et par un troisième en forme

1. Hode, Vorder. Knûpf., pi. I.

2. Bode, Ihid.. fig. 3. — G. Migeon, Exposition des arls musulmans.


pi. 74.
3. Bode, Ihid., ûg. 18.
LES TAPIS 437

d'éventail, décorés de fleurs et feuilles stylisées et de rinceaux. Le


fond de couleur crème est tout couvert d'animaux, lions, guépards,
buffles, cerfs, .bouquetins et dragons (chinois i, au milieu d'arbres
fleuris et de cyprès. La large bordure bleu foncé est ornée de fleurs
et feuilles. Les deux bandes des petits cotés ont été supjjrimées

Fi^. MV.i. — Tapis de sou-, l'i-i'so. xvi siocli-

Mu-.,c l',,l,|i l',//,,li à Milan î. — f.7iV/i(' .\/iM.i/-i.

pour l'aii'c (li>p,iiail n' K-s i'e|)n'si'iila( mus de liguivs luiniaines ipii
s"v nidiilraiciil . et ([ui étaient conlraiiTs à la loi ju-braùpie. On voit

enrorc les bas des jambes des personnages. l'I costume est netle-
K'

inciit lie niiuli' elmioise lig. iiCil . 1 1 est à noter l'iicore, dans les lapis
de ce type, (pu- les racines des arbres et des (leurs sont indi([uees
sous la foiiur d nu amas noueux. a\ec prolongements. In (a[>is très

analoiine, l'I d(Uit la spleudciii- décorative et colorée e^l adnnrable.


i;{,S MWIII. I) Mil Ml^l I.MAV

a éU'; olliil ;iii Miim'c de- ;iil> (IccmimIiI- pm- \|. .Iul<'- Mucict '. Il

esl ;"i loi 1(1 |;iiiiif cil l'iiii. d I nii m- |hiiI < niMicr hi l)c;iiili'" di-s f,^raii(l.-s

c'vpi'C's (lui le (k'cori'iil, cl aiiloiir (l(,'^(|llL•l.s iirciileivl des fauves


|i()iirsiiivaiil des aiildopcs li;;. 'MV2). ( iic nioiliô seule s'y trouve,

l'aiilrt' iiKiilit' claiil ilciiiciiri'c à (Iracovie, dan- le \icii\ |»alai> des


rois de Pologne.
Des dt-laiis (ronicnifiils l)icii (•|iiiioi>, iiirji's aux aniiiiaiix de la

l'aune persane, se rel rou\ ciil encore dans un beau tapi- de la col-
leclion du priiiee Scliwar/enberj;- à \'ieunc-; un ^nand iiR-dailifui

centrai (roriienieiils \é^étaux rubaïK's enleniic iiii plu> |)etil médail-


lon avei- (les canards na^^eanl sur des \a;iues. Le clianip porlc di'

nombreuses bettes au milieu darbres. d'arbustes el de cyprès. Le


i"onj;-hoaiig, l'oiseau du décor cliiiiois. y apparaît. La bordure, d"un
dessin dentelé el ondidé, porle des Heurs cl des oiseaux.
Un tout à fait merveilleux ta|)is de laine esl celui du Kensinj,'ton
Muséum •', dont le très petit médaillon ceiilra! l'enferme des pois-
sons ; de chaque côté est répété le motif j)rincipal, un {Lfrand écu
rond à bords dentelés, llanqué de (jualre ])etits médaillons ovales;
il est soutenu par un vase chinois cjui porle des dra;,''ons et auprès
duquel s'étirent des lions. La larj;;e bordure porte un décor dentelé
et Henri, et le fond en est décoré d'amandiers lleuris et de grena-
diers. On
un décor assez semblable dans un tapis du
retrou\'e
Musée dc^ arts industriels de Berlin, ou dans un autre du Musée
du commerce à Vienne dans les rinceaux duquel passent des
',

carnassiers et des daims, et dont les bordures poi'lent de grandes


pivoines rubanées.
Mille fois plus précieux encore de matière, sont en ce genre les
tapis du Musée Poldi.Pezzoli à Milan (lig. 3(^3 ), et du Musée Stiéglitz
à Saint-Pétersbourg. Ce dernier est en soie d'un éclat surprenant,
la grande rosace centrale porte des rinceaux fleuris les écoincons ;

sont décorés de perroquets et d'oiseaux huppés. Le champ est


semé de rinceaux fleuris dans lesquels passent des daims suivis par
des jaguars. Les bordures décorées de grands cartouches lobés ren-
ferment des inscriptions. Un parti pris analogue, de grands car-
touches à inscriptions dans les bordures , se constate dans deux
très fins tapis, tout tissés de soie, d'or et d'argent, appartenant au

1. Gaston Migt-ou, E.rpositinn des nrls inusiilin;ins, |)1. 73.


2. Bode, Vorder. Kniipf.. pi. J9.
3. Bode, Ihid., pi. 20, 21. 22.
4. Bode, Ihid.. pi. 28.
LES TAPIS 439

baron Edmond de Rothschild, dans le splendide et éblouissant


tapisque le Musée des arts décoratifs acquit à la vente du regretté
A. Goupil fig-. 366),
i et dans le tapis qui de la cathédrale de
Palencia est passé en la possession de M. Chappey '
l\^. 367 .

Mais rien n'égale peut-être le surprenant taj)is de la collection

Fi^. 361. — Tiipis de soio. Poi'si'. xvr siècli-

1 AniiiMUU' ruIhH'tidii (ioupil).

Milan -, il est tout soie et argent; le petit luédailltm


l'i.ldi Pe/./.oli à

ncetral orné de gracieux entrelacs de lleurs. l.e champ a de


est
grands buissons lîeuris au milieu desquels se meuvent des dragons,
des lions, des tigres, des faisans dorés et des grues; le lilii et le
nuage chinois v sont ré|iétés. Au centre, sous un ilais, deux curieux
génies ailés s'inclinent devant une table en l'orme de vase. Pareil

motif se retrouve sur un l.i|)is des C()llei'lii)ii> tle M""' l.i coni-
tesse de Héarn-'.i I.a large itoi'dnre a de grautles |)ivoines se reliai\t

1. Alloricnlulisclic Tcjiiiicln-. \'- liviiiiscm. pi. 1 I.i'ip/ii;. l'.'Oi»

2. Biide, \'oriler. Kniiiil'.. (i^. 1.


3. (i. Mif^eoii. h'Tpnxition ilrs ;irls miisiihiinns. pi. Tii.
440

|);ir une clrinlr


l'ciiille cil l'oiiiK'

(le saln'c, (laii>

Ies(|uelles i-ircu-

Iciil (li's bêles.


Sur le cadre iiilc-

riciirdc la bordu-
re courent des
caractères, qui ne
sont que des vers
en persan li;^'.

3()()!.

Les c'i III h:i I s

d'iinim;nix pren-
nent plus d'ini-

portance dans la

composilion de
certains tapis de
laine, comme ce-

lui de M. Sarre à

Berlin (ancien-
ne collection
Thiem^ ', sur le-
quel on \oit, au
milieu de rin-

ceaux tleuris, des


lions attaquer des
onagres qu'ils

renversent (fig.

368). Ce merveil-
leux tapis est

peut-être le j)lus

fin qui existe, car


on pu y dénom-
a
brer 650 nœuds
par pouce carré.
Il provient de la

1. G. Migeon, Ex-

posilion des arts


musulmans, pi. 79.

Fig. 365. — Tapis de laine à lampe et lleins. provcna


MUSILMAN 441

musquée d'Ardé-
bd en Perse, de
même que Tim-
mense tapis à ins-
criplion duSoutli
Ivensing-ton Mu-
séum tl^^ 365 .

Ces mêmes
combats de fau-
ves se retrouvent
sur le tapis que le
0' Rode a donné
ia(li> au Kunsl-
^ewerbe-Museum
de Berlin, avec sa
splenilide bordu-
re d'oiseaux fong-
lioanjL^- dans des
rniceaux '
; dans
un IVai^iiu'iil re-
marquable que
possède M. C\-la-
\e Iliunber^" -,

el surbuit dans
\c prlil hipi> (pie
M. IVylel aiipnl
de Ilakkv Hey-'.
Ce dernier est

pt'iil-rlre le plus
beau de tous
ii'uime caraelère
lie dessni ",
ou \

rclroux e la même
iavon puissante

1. Hodo. \,>nU'r.
I\ Il il
pi'., lif^. S.
•J. (i. Miî;fnii. Afs
.ir/.sMli''i'«'ml)i-i' lyOi.
;(. (1. Mif,'('(iii, A'j-

IKisilion ilvs ttrls

m1 il' aU'' I ,'i.i,)


[ Ki'iisiiij;l(pii M 1
iii) M AMII. 1) Alir Ml SI I.Nr \N

cl ^r<iii(liii.sc (l'iii(li(|iici- ralliliidc lin l'aiivr. hi ili'Iciilc iriiii iiiuxle


on Tal hiclic (I uni' ciianl" i|iic ilans li-s ^M'anilrs IVisi-s di-^ nioiiii-

iiiC'iils a>s\ririis.

Fi^'. :iti(i. — Tapis; de soie. Perse, xvr siècle


Musée des Arts décoratifs, ancienne collection Goii])il .

l'ne petite série de ta|)is tout à l'ait à part, qui ne [)eu\ent être
que pera^ms, ollVent une technique tout à fait |iarliculière, celle de
la haute lisse, en point de tapi.sserie, comme les produits de la

manufacture des Gobelins. Le plus beau de tous est celui que


M. Doistau oll'rit au Lou\re en 1904, décoré d'animaux et de ca^a-
liers liiJ. 309
'
I
D'autres se trouvent chez la comtesse de Béarn,
.

1. G. Mi^'eon, Les arts. Exposilian des arls musiilmuns. pi.


LES TAPIS 443

au Musée de Munich, un fragment au Kunstg^ewerbe-Museum de


Hambourg-.

Nous venons d'avoir l'occasion de constater, dans tout ce g^roupe


de tapis, l'enipreinte de motifs décoratifs chinois, si nombreux

i'ij;. :iti7. — 'l"a|ii^ lie ~iiic. l'risc, \\r »n


'

('.iillu'-dialc (If l'iilciUMii .

([u'on serai! prcxpic Iciitc de les ci'oii'c d une l'piupic (m"i la l'erse

et la Chine se sont trouvées réunies sous le même sceptre, celui de


Djengis Khan i-t de ses successeurs. .\voc plus (ratlenlion. il appa-
\\i M \M II. Il Ml 1 MISII.MAN

riiit {'v kIciiI (|iir III le >t\lc (Iccni'iiliC, m le- coî-luiiius cju «m v roii-
foiitre ne coricspomlrnl ;iii(iiiiciiieiil ;'i I ;irl de cette épriquc, ni;ii?

hieii pliilûl ;i I ;irl de lii deuxièiiic iiinitié du xai'' siècle el du cfini-

nieiicenieiil du xvii'' siècle. I)";iilleurs hi parenté <irtisli(|ue de lf)ule>


1rs lonmilcs de dcc(ir des lapis scinhlc 1res élroile avec celles (\o>

Fig. 368. — Tapis de laino à combals d animaux. Perse, xvi" siècle


(Collection du dueleur Sarre .

autres arts de la même époque, cui\res, céramiques, miniatures et

reliures. Sans nier les infiltrations artistiques chinoises qui ont pu


se produire en Perse dès ces anciennes époques, et Ion sait que
Houla^''ou avait amené avec lui des artisans chinois, céramistes et tis-

seurs, il est non moins certain que jamais peut-être les iniluences de
Tari chinois ne furent si g^randes sur les artistes persans que sous le
LES TAPIS 445

l'"i};. IKi'.t. Tapis ilo suio (Itilii'liii. l'iT-f, wr >ici"li

( Musi'-o du Louvre i.
iH) MAMKI, d'aHT MlSll.MAN

rc},Mie (le (]|i;ili Ahhiis I''^ i'.v soin cniiii ;itlir;i ;i s;i cour les artistes
(le l;i (lliiiic, et iii\il;iil ses artisans à les imilcr. l'iic énorme
ini|ioi'|;il ion >c lil ;iloi> en l'erse des porcelaines de l:i (liiine, et

(les alclicrs se fondei-enl en l'ei'se pnnr lal)ri(|ner de i;i poreelanie.

Ilors de loni ;;ronj)etni'nl se presentenl (|ueli|ne^ la|)i>. donl Inii

|»eul Tort bien être antérieur à l'époque dont nous verM)ns de nous
occuper, ('/est nn petit lapis de soie tissé de lil (Tarifent, décoré de
l'uhans en /.i^/.aj^s, et de rinceaux de lleni> i)lens et roug'es, sous
un arc on revit le souvenir du niihral) des monuments. L'nc bor-
dure d'entrelacs {)f)rte aux angles quatre rosaces (rarf,'-ent avec des
sceaux carrés de kliahfes à caractères cnnliques. l't sur rextrème
bord court une inscription ( tiji,''. 'MO ]. Ce petit tapis ', qui appartient;!
M. Kelekian, dut l'aire partie, comme ceux de .M. le baron l']dmond
de Rothschild, a\ec lescpiels d a des rap|)oi-ls d'aspect, d'une série
dont j'ai retrouvé un type tout à l'ait semblable à Constanlinople,
chez un marchand.
Le second lapis est très nettement de la lin du xvi*^ ou du com-
mencement du xvn" siècle; mais il est unique comme composition.
Sans médaillon central, il est décoré sans symétrie, plutôt comme
une miniature, ou une reliure de livre, avec intiniment de fantai-
sie et de liberté. Le fond est garni d'arbustes fleuris et de buis-
sons sur lesquels sont perchés des petits oiseaux ; sur le sol des
grues, des faisans, des paons traités d'une façon très réaliste, et
non plus purement décorative ( fig. 37*2). (Musée du commerce à

Vienne) "".

Bien intéressant encore est un tapis de la collection Sarre, décoré


d'arbres, et de poissons nageant dans des ondes, ressouvenir des
jardins de Ghosroès, dont la collection Figdor à \'ienne possède
un type analogue divisé en six compartiments réguliers-"'.

Tapis à grandes fleurs, à lampes et à vases.

Revenons maintenant à un autre groupe nombreux et admi-


rable, celui des (apis à grandes fleurs, à lampes de mosquées et à

G. Migeon, Gazette des Beaux-Arts, 1" mai 1003, reproduit.


i.
Exposition de Vienne, Calalocjne '2'24.
2. Bode, Vorder. Kniipf.. fip. 29. —
3. Riegl (A.), Ein orientalischer teppiche von. 1202." Siemens, Berlin, 189» —
(cette date ne s'applique pas au tapis de la collection Figdor).
LES TAPIS
447

l'ij;-. ;iT(). 'l'apls (le soie à (•.iilouclics iipparlciiaiU


.1 M. l\(l.kian,
l'ri'sc, \\ - \\ ! v,ii^|,'s.
418 MAMII, l> AHI MIsn.M \\

vases. IjCH Ivpes de fleurs exlrémeiueiil slviisées sont empruntés


au Ivs, ;ui soleil ; elles sont purlées sui- de lou{,'Ucs lif;es minces,
(]ui piirl'oiv (iiil l;i liiidcur de m((Mt;iiit> de l'eiTonnerie. Ce sont
;uissi des l)ou(|ii(ls de niireisses. de jiieiiil lies, de lidipes émcrf,a';nil

Fifî. 371. — Tapis de laine à cartouches. Perse, .\v'-.\vi« siècles.

de vases, ou bien des lampes de mosquée suspendues par leurs


chaînettes (fig. 373).
De fort beaux tapis de ce genre sont conservés au Musée du
commerce à \'ienne, au Kunstgewerbe-Museum de Berlin, au
Musée des arts décoratifs de Paris, dans les collections Sarre de
LES TAPIS 449

Berlin et Ginskey de \'ienne '. Mais aucun n'égale en importance


ni en beauté Tinimense et extraordinaire tapis daté du Kensington-
Museum.
Sur un fond bleu semé d'une l'iche décoration de rinceaux fleu-

Fijj. 372. — Tapis de liiiiu' aux oiseaux, l'erse, xvi" sièt'lt


Mtiséi- (lu ccpiiiiiierce à N'ieiiiie ).

ris délicals, cl i\c li^cs liiu's, un ^rand rucdaillon ccnlral jaune


|)àle à seize pointes, est cnluuic de sci/c ciu-ldnchc- \crls, roui^o
ou crème. Des deux ccn(r;iu\ |)cnd nue hiiii|ic de inoMpicc. Li-
tres grand iiilérèl rcsidc dans nii carlonclic place à l'iiiie îles extré-

I. Hdiie, Vonicr. /\ ;u//)/'.. ."jI , j'J, Ti».

M.\Nri:i. i.'.Vur misii.mvn. II. 29


i')() MAM I I, Il AKI Ml >l I.M AN

iiiiU'S (lu cliaiiii», i|iii pnilc uni' iii-cn|)l mn en ciii-îiclcn-s iioii-.n >m-
un 1(111(1 ciéiiHiix :
> .le II ;ii d iiiilic i( lii^^c (l;iii> le iihiikIc ([ul- ton
seuil. iiKi l)'l(- Il >i (I :iiiln' inolccl nui (pic Ion |)<)r(-|ic. (iMMiil du
scr\ ilcili- cil ccl ciididil hciii. Miik^niid de K;i(li;iii en I iiiini-c

NdUS ;i\'()ns donc l;i un (lncuiiiciil iiiiii|iic sur I iirl des t;i[ti- t\i-

Peise, (hile t\r 1 .iiiiicc I


.");5."')
, cesl-ii-d ire \,\ doii/ieiiie ;iiiiK-e du
iX'^ne du (".liidi T;! iii;is|i . (;i|)i> ipii l'iil l'iiil poiii- |;i iii()s(pi(''e do
St'Iex ide> d Ardclid. dOii il m'iIiI pour eiilrer iiii Keiisiiij,d<>ii '.

lu autre ^rnupe Imil parallèle au préec'-deiit esl celui des l.ij/is

H décor Ihirnl lle\il)le ci smiple. sans iiilerveiilKni d aucun autre


élémtMil (kH'oralil; le elianip cl la bordure en sont eoinerts; les

lleiiis pixoines cl les feuilles lihremenL dessinées se trouvent réu-


nies par de lines li^cs ilexibles, ou par des rubans, qui sont sans
doute eiieore du },'-enre sont dans les
lelii chinois. Des tapis de ce
collections du comte lùi/emberj; à \'ienne, de Thiem à San Hemo,

de Dirksen à Berlin, du baron Tucher à Home, de la comtesse de


Béarn à Paris, des Musées de Kensington et des arts décoratifs de
Paris Ces tapis à pur décor floral sont généralement de deux
"^.

(pialités, la première line de laine, la seconde plus ordinaire nouée

plus lâche, et aussi de dessin niciins régulier, et de couleur.- plus


vulgaires iStebbing \,\ àénommA afghane th. La date de ce groupe
doit être postérieure à celle des tapis à chasses et combats d'ani-
maux, toujours d"un dessin bien ])lus noble et plus serré, et aussi
d'un bien plus grand style. On retrouve ces tapis fréquemment
dans des tableaux non pas de l'école italienne, mais de l'école ila-
mande Bubens, Xaw Dycki et surtout de l'école hollandaise des
i

Intimistes fl'erburg, Metsu, Netscher, \'ermeer, Pieter de Ilooch,


Mieris). On peut donc en fixer probablement l'époque à la fin du
xvi'" et au comnienceinenl du wiT' siècle.

Tapis à décor floral rigide.

Il existe encore une série de tapis à grand médaillon central à


décor lloral extrêmement stylisé, et d'une grande rigidité; les bor-
dures sont à décor iloral.

Stebbing (Ed^v.
1. The . holij carpet of ihe nwsqiie at Ardehil. LoncJre-.
1893. — Bode. Altpersische. 13. —
Vorderasiatische, 36.
2. Bode, AUpetsische, 3, 11, l.î, 16, 17. —
G. Mijjeon. Exposilion des arts
musulmans, pi. 80.
LES TAl'lS 451

Il en est un au Kunst^ewerbe-Museum de Berlin ', à fond bleu


foncé et rouge, à décor jaune, bleu clair et vert. Ln plus remar-
quable de l'ancienne collection Castellani est dans la collection
Strog-anoir à Rome ; d'autres dans les collections
Guterbock à Ber-
lin, et du comte DonhoU' Friedrichslein. Prisse d"A\ennes en a

['iy:. ;}73. — Tapis de laine à \iisc cl lliuis si ylisrs

Perse, xvi" sièoli'.

rc])r(uliiil un n" I , <|iril <li( du \\ m' sicilc. ( )n a Ironvc l)i'iiMi'i>u|r

de ces (ii[iis, i^ciuTidcint'iil de j^imikIc dinicnsidii, vu llidii-, en


Espagne, en l'.irliii^al, en 'l'vnij et en AIKinat^iic. ( »n lc> i-cnrc>nli-c
dans plusieurs l;dile;iii\ eelehre- de /iiil):iraii. de TerliuiL;. d'ilol-

1. Hodc', AUj eifisi lu\ li^:. i i. 1.^. -Jl


i^}'2 MAM i:i, DAHI Ml SI I.MAN

l)fill (Hciin \lll . (Ir l'iuliliiiic \.,\ |)(i)i)(lc (le pliidiictioil cil Sflll-

bleriiil (loue iissiv. l(Hi;;iic. dr \>vr> de cciil ;iii>, du wi" iiii .wii'"

siècle.

Tu jus il (Irinr rii]tilc ii /c/riiiiiit'rw.

Tous les j^i'oiipi's de hipis ipif nniiN \cii(iii> d(''liidicr Mini, les

uns snrcincnl, les ;iiili'i'> Ires \ i;ii>cinlil;d)li'iiiciil diinj^iin- persane;


il lions rcsic iiiimilcnaiil à |);ii-Iim- d'une >ci-ic' inliniiiieiil plus ufun-
l)rouse, de t;ipis ((iu|()nrs de hnnc. cl t\r petite diiueiisioii.

Ils sont à divisions, ;'i c(iinp;ntiniculs i-:f;i(les cl iiillcxihics, le décor


sans fantaisie es! dune laidenr toute },'-éomélri(pie '. Il est fourni
par de i^randes llcni's extrèincincnl stylisées di-cssc'cs sur (\(is tif^es

qui se briseuL en bias de ferroinierie : parfois dnn \asc partent (le

maigres rinceaux llcuris. J,es caractéiisti(pics sont la symétrie, la

.stylisation excessive, un coloris net et ti-an-


la raideur anguleuse ;

ché, très vigoureux. Ia's bordures à compartiments olfrent même


décor. On les rencontre fréquemment dans les tableaux d école
hollandaise (Thomas de Keyser, (^odde, Netscher, (lornelis de
Xos). Le plus récent tableau qui en présente serait le portrait de
rimpératrice Marie-Thérèse, au Musée di' \'ienne. La date en sci-ait
donc de 1650 à 1750.
Des tapis à formes géométriques encore plus accentuées, très

ras et très secs de laine, s'étaient déjà icncontrés "200 ans plus tôt,
dans tableaux des vieux mailres tlamands et italiens
les (Mem- "^

ling, Crivelli, Ghirlandajo, Carpaccioi, qui les dessinèrent d'une


netteté plus inflexible encore. \'an l]yck et Petrus (^ristus les

déforment parfois, en y introduisant des motifs gothiques.


Tous ces tapis à base géométrique ne doivent pas être persans,
mais bien plutôt d'Asie Mineure. Les armateurs vénitiens qui fai-
saient l'importation avaient surtout des relations commerciales
avec de la Méditerranée les plus proches et les plus acces-
les côtes

sibles. Ces tapis étaient de trop jjcu de valeur pour valoir les
difTicultés et les frais de transport dun pays éloigné comme la
Perse, isolée d'ailleurs de l'Europe par renipire des Turcs. La
crovance une origine caucasienne n'est guère plus valable, car la
à

chute de Conslanlinople avait rendu l'accès de la Mer Noire de

1. Bode, Altpersische, Vig. 6.

2. Bode, Id.,iig. 22, 23.


453
i.KS r\\'\>

^^^^^^ju^j^gj^^^y
ilÉÉtei.
i')! M \M I I n Ali I Ml M I M VN

|ilus Cil |)lii> (lilliiilr ;iii\ ( llin'-t irii>. m Ihi-m (|iic |c> ((ildincs {^énois«'>

iiiciWK^éc's «lurent s en iclircr. An ciiiiliMiri', lc> rchil khis ;i\fC lo


celles (le Sviie cl d Asie Mineure éhiieiit lnii|i)ni> Ire- suivies.

De même ()ri},'^ine doivenl être êj,-^;!!!-!!!!-!!! de petits liipis de


pnèit' avec motifs d'jirchileclure, arcatures et coloimelles, simu-
laiil sans doute la niclie sainte, le miliral). ilunl le> plus anciens
ne doivent diiler (pie dn wii" siècle. Toiiie mie catéj,n)rie que les

ni;iii'liaiid> déiioinnu'iil Jurdcz. pro\ leniieiil même peut-être des


provinces de la Turcpiie d'Iùirope'. In Ires beau se Iroine au
Musée National Iia\arois de Muiiieli, un antre au Musée de lierlin.

un autre encore dans la (>olleclion de M. Doistau li;;. 'M \ .

M. .1. Lessin^- a proposé le Maroc comme pavs dorii^ine de cer-


tains lapis de laine à poils de chèvres très lins, quil croit être du
.w' et du xvi'' siècle. Un grand est au Kunstji^ewerbe-.Museum de
Berlin^, de plus petits au Kensinf^lon aux collections Dirksen, ,

Tucher et lîo<le. La Maison Impériale d Autriche en possède un


exceptionnellenienl en soie. Ce qui a pu l'aire croire à une origine
marocaine, cest Tanalogie avec des décors céramiques d'édifices
mauresques; mais à celte époque, les conditions dune semblable
industrie au Maroc y auraient M. Bode y voitété bien défavorables.
une analogie qui ne me semble guère plus plausible, avec les car-
reaux de revêtement d'Asie Mineure, hypothèse qu'il dit coniir-
mée par les recherches du D"" Ludwig, qui aurait retrouvé men-
tion de ces tapis dans les inventaires vénitiens, sous le nom de
tapis de Damas.
D'autres tapis, encore d'après M. .1. Lessing, seraient espa-
gnols •*, d'après européen de certains motifs, empruntés
le style
aux Robbia et à la Renaissance italienne. Karabacek serait tenté
de les attribuer plutôt aux Iles grecques ou à Rhodes, d'après le
motif de la croix retrouvée à l'intérieur de couronnes.

Tapis dits polonais.

Enfin un certain nombre de tapis sont dits polonais, désigna-


tion qui date de l'Exposition universelle de 1878, où quelques-

1. liode. Altpersisclie, '. — Vorderasialische, il-i9.


2. Lessing, Cité. pi. (i-8. — Bode, AUpersische, 25. fig.
3. Bode, All})ersische, fig. 26.
455
LES TAPIS

Cracovie avaienl été exposés


uns, déposés depuis au Musée de
,

dont ils portaient les armes dans des


,.ar le pnnce Czarlorysk.
,

M,»^- .!.• Mn.noli 1.


Vvs. 37:.. TMpis.lil l'nl..na.>. vv.rsio.-K-

u.ruu- rn. xou- dau^ 1.- I.>nlu,v>


la
médaillons c.utraux. Ou ava,l
ral.n,,ua a Shuk.au xxu.' mc.-U-.
l,ll,.e M, marcp.ed. Ma/ar.k.. qu.
.

456 MAMII. |i'\HI \IISIIM\N

loiilcs CCS (•(•iiiliiics (le soie l;iiiicc> d or cl (r;ii'j,'rnl . ili- Iccliiiiqiie


cl fie (Iccoi- Idiil ;i l'inl |»ci>;iiis. I,c dccdr liaijiluci de rinceaux
et d ;ir;d)es(|iies ol llnr.d. iii;ii> Ire- inicrpi-ctc, très slviisé, plus
rif^ide cl plu-- Imid (|iic ee (|iie ikuis coiiiiaissions du dcc«»r floral
persan. < -<'s (apis soiil dune riclies-e de maliére exlraordinairc,
loujniii's de soie sur un rond lame d i>v cl d ai-;;eMl li;,'. liT;"), '.ilC>>.

( )n les a alli-ibucs encore à I é|»o(pie de Sobicski, idi de l'oln^rie


( 1G"29-I <)•)() . soi! (piil les ail l'ail l'ahricpu-r- en ^(doj^nc par des arti-
sans orienlanx, soil (piil les ail i-a|)|(orlés dans les butins de ses expé-
ditions l'onlre les Tnris cl les Tarlarcs. ( )n n v rcnianpic aucune iilia-

lion persane; tous Inrenl Irnnvésen Polo^'^ne, en liussic. en Turquie,


en Hongrie, (piehpie- ailleurs les ont crus de Conslanlinople. si flo-

rissante en industries (rétoifes de velours et de soie à ces époques,


d'autres de lAsic Mineure. La question est loin dètre résolue. On
n en reiiconire jamais 'dans les laMeaux. G'étaienI (eu\resdc trop
};rande valeur, qui étaient envoyées comme cadeaux aux souverains.
Les palais de Rome en possédèrent, ceux des familles Corsini,
Golonna, etc. Le palais Ijarberini en contenait une belle collection
envoyée en cadeau par le sultan au pape Urbain \TII. On en peut
voir de superbes au Musée de Cracovie, au Musée de Munich, aux
collections Lichtenstein et Nathaniel de Kothschild à \'ienne ainsi
qu'àla Hofburg *

La fabrication des tapis n"a pas cessé en Orient mais au lieu de ;

demeurer obstinément fidèles à leurs traditions dans lusag'e des colo-


rants, les artisans prirent l'habitude d'utiliser des substances miné-
rales occidentales de colorations brutales ^.

Certains produits sont demeurés cependant en faveur : la noix


de galle pour le gris et le noir, la garance d'Anatolie mélangée à
la cochenille pour les rouges, la baie jaune de nerprum provenant
de Césarée de Caramanie, la racine de curcuma provenant de
Chine.
Les teinturiers persans gardent religieusement leurs secrets de
métier, l'art de faire du rouge avec la laque des Indes, le kermès

et le tartre du vin ; du vert de mer avec un mélange de limaille de


fer, de lait caillé, de vinaigre, ou de jus de raisin. La jielure de
grenade leur donne les Ions crèmes, et la feuille de vigne les tons
jaunes.

Bodo. Vorder. Kniipf.. fi^^ 31. 32. 33.


1.

2. vicomte G. dAvenel. Le mécanisme de


\'oir la vie moderne, tapis et
tapisserie [Revue des Deux-Mondes, Avril 1904 .
LES TAPIS

wii- sii\-K-. ai.p.iiliMi.mt .1 M. K< li'kiMii.


Via. ;i7(i. Ta u> .lil l'oluMiii-,
i;)S M Wl 11. Il AHI Ml SII.MAN

l.c <,M-;iii(l (•(•iilic (le r;il)n(iiliiiii do l;i|)i> en .\>ic Miiicmc (•>(

Oiischiik, où S.(»(KI ;i <.».0()(t ()ij\ri('r(>s soiil (»cciij)éfs ;i hi coiifci-liMii

(lu l;i|>is loiiid (lil (le Smyiiic ; les hiiiics soiil fournies |»;ir les Iroii-
|»c;iii\ (les li;nil> |i1;iI(Mii\ de l*)iiv;^ie (|iic |);ii-( uiirciil les Kunle.-.
cl Mibissciil (hnis les e;uix cliiiiules des iuoiitiij,Mie> \ ojcanifuii'-
de Kouhi un hiviif,^' soi^Mié où elles perdent moitié de leur |)oid>.
Le |;i|)is turc est dnii tissage pins '^ro. nioin> >oi<,Mié (|ue le

tii|ii> |)erMin, (|n'extH'ulenl li'> l'eninius dw Knrdi>l;ni ou de.Meclied.

Kil'.lJOdirMMMI-:

HoDE (D""). Voi-dersaainlische Knupfloppichc. Soomaini, Leipzij;.


— Altpersisc/ie Kniipfli'ppirlii\ Grole, Berlin, lOOi-.
Ghig(;s. Asiulic carpels dcsii/ns, livi-aisoiis, 1 !)() pi., (Jiiarileh.
Londres.
Altorienlalische '/'(-ppic/ic, 4 livraisons. Leip/i-,'-, l'.tOCi (sous la direc-
tion de M. von Scala).
GcLBELKiAN. Ln faJ}ric;t( ii)n des /,//u's i-n Orient. Londies. Bevui'
archéologique, t. XVII, 1891.
Lkssing (Julius). AUorientalhche Tvppirlimuster. ^^'asmntll. Berlin
1877.
— Modèles de tapis orienUiiix d'après les tableaux, Paris,
F. Didot, 1879.
Mautin
(D'j. Les tapis d'Orient. Vienne en préparation).
Mu.MFORD. Oriental ru(j(/s. Londres, 1901.
BiEGL (Aloïs). Altorienlalische Teppiche. Vienne, IN'.M.
Teppich Erzeugung ini Orient. Herauszegehen ruin KK. Oslerr. Ilan-
delsmuseuni. N'ienne, 1893.
Les tapis d'Orient. Album en trois langues, publié par le Musée com-
mercial autrichien à l'occasion de l'Exposition de Vienne. Vienne, 1893-
1896.
On Oriental carpels \Burlington magazine, mars, mai, juin, août.
1903..
RoiîiNSON (Vincent). Eastern carpels. 12 earlv examples. Londres.
1882.
CONCLUSION

LES INFLUENCES DE LART MISUL.NLVN


SUR lp:s arts de LOCCIDENT

Il V a lonylenips que rinfluence orientale sur les arts de Tocci-


dent, surtout constatée dans les monuments d architecture, est pas-
sée à létat d'axiome archéolo<;ic|ue. Mais tous ceux qui en ont
parlé pensaient surtout à rinlluence byzantine.
Nous n'avons nullcmenl à nous occuper de celte question, et

laissant de côté toutes les influences orientales, qui à travers larl


byzantin et par cette voie indirecte sont |)arvenues jusqu'à nous,
nous nous limitons aux l'ormes bien originairement musulmanes
reti'ouvées dans nos arts et, par cette étude seule, inuis pourrons
délimiter les inlluences directement subies.
Kn\isagée à ce poinl de \ ne. la (|ueslion est assez iieuxe. l-'iilre-

vue vaguement par \ iollel le Duc, devinée de l'avon éparse par


Emeric David, pai- Mérimée et de Caumonl, très près d'être llxée
pai- Loiii;périer. estpnssée [)ar (lourajod, elle na l'ail 1 objet di'

constatations précises et d'idées générales cpie tout récemment,


grâce aux tra\aux excellents de M. lùnile Bertaux sur les monu-
inculs de lllalic nicndioiiidc. cl aux deux cliapili'o picius {\c laits

et d'idées (pie M..icaii Maripict de \ asselol lui a cousaci'cs dans


l'Histoire générale (\r I art dirigée par André Michel.
J/inIluence arlisli(pic di' l'Islam se lil seulir en l",uro|)c des les
|)reniierstemps de sa doiniualiou sur les rcgioii> de l'itrienl medi-
lenauéen. Dès ICpocpie arolingicuuc les bar(pic> arabe> >a\eulu-
(

raicnl à I'oucnI jiixpià Al lanlKpie, cl les pays lc> plus rei'ule> du


1"

monde scj)leiil nouai paiMis>cut a\(ur élé dè> lors liMbulairo dc>
marclu's musulmaii>. (In a relnn'\é des nioiuiaics des (Immiadcs
I J)ar coiise(pienl de la "2'
uioilic du \ii' Mèclc . non >eulcincul eu
Hn>Me ci en l'('loi;ne, mais |u->iprcn Daucniark cleu Suéde. Il ne
semble pas douleux la rarele de> objels gciu- un |ieu ci'lle
.

4«)0 Mil Ml ^1 I \| \N

(ll'im.ll.shMlioll , (|11(' |)(M||((.|1|) (r,)|.|cU ||;||| (||. |||\,. Illilisc^s (Ml


I']iii-<)j)e cmciil une fifi^^ru; oi'iciiliilc.

Cm (les premiers niotirs (léci.mlilV (|iir rOccidriil ;iil <-iii|)niiité


'I l<»rieiil est le lu, ni on ;iil)ie s;icr(-. ohjel (\':\(\nv:\\\i>\\. >vmiI)oIo
(riniinnr(;ililé cl de vie l'ulure, .|irnii lio'ixc (jéj;! cln/ li- Assy-
riens el les Perses s;iss;ini(Ies, iMiiinnil i'ej)i-ésetilé seul, jdns sou-
Ncnl ll;in([iic iWi nim:iii.r ;i/fn,nli's n\\ .n/nsscs m()s;iH|ne de (lernii-
gny (les Vrùs, l'ix ;iri^eli;nre de J.olliiiire el Hihle de Clnirles le
Chauve à la liihliollièfjiie nationale, cliapileau de la ( ivple de
Sainl-I.aurenl de Grenoble i. Sou\enl Tarlisle oecidental , ne le
eomprenaril pas, a sensiblement modilié le motif initial, ou en fai-
sant [une simple palmelte, ou en le plavant entre un lièvre et un
saj^-iltaire (pii le [)oni'snil. iiKnilraiil ainsi son i^Mioranee de la loi
ancienne de symétrie, j.a liUle des deux .iniinnux pres(|ue toujours
superposés apparut déjcà sur de rares monuments tels (jue la plaque
d'ivoire de Tutilo, au trésor de Saint-Gall ou le saeramentaire de
Gellone, comme la fleur stylisée transmise par les Assvriens aux

Persans et par eux aux Byzantins dans la mosaïque de Germi{,'-ny


des Prés.

Ces inlluences musulmanes, perceptibles et assez rares dans le


haut l^moyen âg-e, vont devenir impérieuses et multi])les à Tépoque
romane : cause de Farrivée conti ue des ouvrages de TOrient,
1° à

2" cà cause de l'assimilation plus facile que les artisans occidentaux


pouvaient en recevoir '

Les motifs décoratifs qui ont pénétré les arts de l'Occident à


l'époque romane sont encore le hom ou arbre de vie, reconnais-
sable dans de nombreux chapiteaux de l'époque romane, le plus
souvent 'flanqué d'animaux aifrontés dans les miniatures et dans
les tissus. Quand ils ne comprenaient j)as bien ce motif, les artistes

occidentaux l'ont parfois supprimé, et ont affronté les animaux


directement, ou les ont adossés -.
L'autel du feu ou Pi/j-ée, tel qu'on le rencontre dans la chape
de Saint-Etienne de (]hinon, ou sur le suaire de Saint-Bertrand à
Tég-lise de la Couture du Mans, ne se trouve clairement interprété

dans aucun monument de l'époque romane.

1. Les influences sur la littérature ont été admirablement étudiées par Gas-
ton Paris.
2. La liste en a été consciencieusement dressée par M. Jean Marcjuet de

Vasselot, Histoire de rart. t. l.


CONCLLSION 461

l'n motif fréquent sur certains tissus musulmans est celui de


l'animal ayant deux télés soudées sur le même corps, on le retrouve
sur de nombreux chapiteaux romans, au Musée de Beauvais, à

Saint-Gildas de Uuys, à Moissac, à Ang-oulème, à San Ambro^-'io


de Milan, et dans des manuscrits.
Les animaux s'entrc-dé\orant de lart roman proviennent de
deux sources : de Tart barbare septentrional qui les représente en
files enchevêtrées, se mordant les uns ou pris dans des
les autres,

entrelacs ; et de Tart musulman qui les représente montés l'un sur


l'autre par g'roupes isolés. C'est ainsi que ce motif apparait dans
des chapiteaux de Notre-Dame du Puy, de Saint-Eutrope à Saintes,

et dans le manuscrit de l'apocalypse de Saint-Sever.


L aigle, les ailes éployées, du tissu de Saint-Germain d Auxerre,
de certains cristaux de roche arabes, ou de certains colfrets d'ivoire,
se rencontre sur des chapiteaux à Morienval, à Tracy le \'al, au
Ronceray d'Angers, à Issoire, et sur les disques d'émaux du coll'ret
de Sainte-Foy à Conques. I. 'aigle à deux tèles sur le tailloir dun
pilier de Moissac, et au chapiteau du Musée de Toulouse.
L'art musulman avait emprunté aux Sassanides qui a\aieiil 1

interprété déjà sous (^hosroès II à Taghé liostan, le g^ritl'ou, bête

irréelle. (|ui au corps d'un lion ajoute la tête et les ailes d'un
oiseau, et la (piene d'un serpent. Nous retrouvons i-e grillon dans
des chapiteaux de Hayeux, de la Clouture au .Mans, de Fonte\ raull,
de Notre-Dame du Fort à (^lermont, et de Mo/.ac. \.oise;iu h Icle

hum.iine, autre bête irréelle, se retrouve aux églises du Mans, de


Poitiers, de !~>aiut-l>eii(til \iennei, de ."^aint-Anloiiiii, di' Sainl-
Michel de Fa\ie.
L'éléphant, analogue au Fion (rFclilcpiiei- de riiule. de la Biblio-
thèque nationale, ou (pi'on ^(lil sur le suaire de ( iharlenuigue
d'Aix-la-Chapelle, se i-elrouve dans les ehaj)ileau\ de .Montierueuf
<le Foi(ier>, dAnlnay, i\v la Trinité de Caen, et dans les ehaiid(>-

liei's de eui\ri' alU'ni;ui(l> ou llamauds. où l'aniinal poije une loiir

sur le dos.
<x*uaiil à la Heur stylisée, assez, rai'e dans Tari nuiMilmau axant
le xn'' siècle, I i'e(|iieiile a|)i'ès le Mil'' siècle, et adopléi' d'assez,
bonne heure p ir les artistes bwantiiis. il est assez dillieile de dire
si n(Uis la dexdiis à lart uuisiiIiii;mi direelemeiit . ou mdireetemeiit
à l'art byzantin. ()ii la retn>u\c eoni imielleineiit dans les émaux
champlevés limousins.
Il existe aussi une lacdii pari leiiliéri' de represi'iiler la fcnillf.
\{V2 MAM II. I) Mil MISIIMAN

(HIC les iiiiisiiliii;iii>. ciiipiiiiilèreiiL peul-cire iiux Byzaiillns. I.c riii-

ic.iii ;i une li^c unie lourbée ré^'ulièrenicnt , avec ;'i (Imite et ;i

^iiuilie (le> lenilles sviiuHru|ues, ^rariiissanl le creu\ de l;i imirhe;


ce^ reiiilles ont nn cote lisse, cl I antre avec trois mi (|n;ilic deiil-

([ui c()iTes|)(iii(leiit ;ni\ c\ i(leiiu'iil.s de la surlace. M. .1. .\I,irf|iiel

de \'assel(ji (|iii a très in',''(''iiieiiscmeiil analys('' ce iiidlil' j^ra\('- siir

les erisianx de roclie iiinsiilmans, ou scul|)lé sur les ('léplianls


d'ivoire, la relioiixe sur des has-relieis à \'iviers, sur des cliapi-
leaiix à la rrinile de (^aeii. à Sainl-.\nl)iii d Aiij^ers. à Saiiil-Scr-
niii (le Bordeaux et au Musée de Toulouse.
l/elémeiil épij^rapliique , eni|)lové sans si^iiilicalioii. de laçoii

|)ureineiil ornenienlale , |oiia dans la d(}coralioii romane nn r(')le

assez faraud qu'avaient déjà constaté J.on^^périer et (x)urai(^)d. l)ans


un manuscrit de l'apocalypse dit de Sainl-Sevcr, à la Bibliothèque
nationale i
fonds latin 1075) les bordures du IVonlispice présentent
une imitation assez frappante des inscriptions maures du xi" siècle.
Longpérier les a ra|)prochées de l'inscripLion dune tombe maure
de Badajoz datée de 1045.
Dans l'encadrement des portes de N(jtre-l)ame du Puv en Velay,
court une frise d'inscription coufique déformée. Le nom de « Petrus
Kpi... » (scopus) correspondrait assez bien avec celui de l'évèque
Pierre II (^1050-1073) '. Autour de la porte de l'éf^dise de la V'oûle-
Chilhac (Haute-Loire), court ég-alement un bandeau décoré dun
ornement indéliniment répété, qui n'est que la déformation de
caractères couliques. Pareilles constatations ont pu être faites dans
des chapiteaux du Musée de Toulouse, de Saint-(îuilhem du
Désert, à la porte du tombeau de Bohémond i-j- 1111 à Canossa,
sur le retable de Klosterneubour'^-, autour de la f;'ort;e du beau
Ciboire d'Alpaïs dans la ji;alerie d'.Apolloii, au Musée du Louvre.
Enfin dans certains cas, les artisans occidentaux ont été plus
loin, et ont dans leurs travaux copié textuellement certains objets
orientaux, comme dans certain chapiteau de la cathédrale de
(Chartres.
Comme l'a justement remarqué M. Jean Marquet de ^'asselot,
romans vers les motifs musul-
ce qui a attiré les artistes décorateurs
mans, ce n'est pas leur charme, ni leur valeur artistique, mais
leur extrême stylisation, qui répondait assez biea à leur incapacité

I. Voir Longpt-rier, Monuments urabes , p. 386. — Molinier et Marcou.


(Ihefs-iV œuvre de VExposition rétrospective de 1900.
CONCLUSION A(\'^

à rendre la complexité de la nature, et à la facilité qu'ils ;i\aicut à

rimiter sans la comprendre.

A Tépoque gothique, et jusqu'à la Renaissance, il serait aisé de


retrouAcr encore dans bien des objets des arts industriels occiden-
taux nombreuses inlluenccs qu'exercèrent sur eux les l'ormules
les

décoratives de l'Orient musulman. Elles sont perceptibles dans


nombre de pièces en fonte de cuivre qu'on dénomme Dinanderies,
dans les beaux tissus de soie décorés des ateliers italiens, dans les
premiers essais des céramistes de l'Italie. Cette dernière question a

été plus particulièrement étudiée par M. Wallis ', qui a fort judi-
cieusement noté toutes les inlillrations artistiques qui se produi-
saient eu Italie par Amalfi, Pise, (iénes et \ enise, et qui permet-
taient aux protluils céramiques de l'Orient de s'imposer aux mar-
chés italiens, d'inspirer les poteries sauvages et archaïques, comme
celles que le professeur Argnagni a trouvées dans les fouilles de
Faenza , inspirées des poteries gravées des rives orientales de la

Méditerranée, et d'être utilisés dans la décoration architectonique.


On a retrouvé en effet des bassins ou des fragments de poteries
orientales, encastrés dans les murs extérieurs d'églises des xui'" et
xiv^ siècles, tandis que par ailleurs l'importation des faïences à

reflet de l'Espagne mol de majolique prove-


fui si intense, que le

nant du nom de Majortpic, fut à partir de ce moment adopté pour


désigner toute espèce de céramique, et que les ateliers mêmes de
l'Italie partirent de ces procédés du lustre céramique pour réaliser

ces mer\eilles qui ont illustré à jamais les ateliers de Derula el de


Gubbio.
Dans la rcniaicpiablc ciuiui'lc ipie M. Emile Ht'rlaux pour.-unil
plus rêceminciil pariui les iiioiiumciils de I llalic niêridioiialt' -, il

y nota foi'l bien toutes les iiilluences sensibles de l'Orient, au ti>m-


beau de Hohéniond |)rince d'Aulroche, à Canossa, si semblabK'
avec sa cou|)ole sur plan carré à un lurbcli funéraire, a\c'C sa porte

de bron/.e damascpiinée dai-gent, loule musulmane. A l'église de


Monlevergine dont le siège sacerdotal est fait de païuieaux de bois
à médaillons scid|)lés daiiiinaux, (oui à fail rumine les minbars
égyptiens, à (larsoli do Abrii//rs, on la porte diinc [jclite cglisi-

1. II. Wallis, Tlie aricnhil inllnciirr nn Ihr ccriunir ;irl nf lluUnn llomtis
sauce. Loiulrcs, 1000.
2. K. Hcrlaux, L'url il.iiis l'IlitUc iiirriiliitmili'. Paris, lOOi, paj^fs .11 i, ilL'-

413, 556, (il 8-61 9, 657.


U'ii MAM I I. Il AHI MIM I.M.W

olIVe (les bandeaux séparatils de sciilpluifs où se trouvent imités


(les caractères cnudqucs, au portail de l;i catlii-drale de 'l'rani. à la

chaire de Hitonto, aux cloîtres d'Anialli.

Ces inlluences de I art oriental pourraient être recherchées encore


à des époques beaucoup plus modernes, bien qu'elles aillent eu se
rarétiant, au xvi'' siècle où l'impérieuse iniluence rie l'antiquité
classicjue supplanta toute autre, aux x\ n'" et xvni'' siècles où ap|)a-
rul MM l'acteur nouveau, le goût des choses de rivxtréme-Oricnt, et
jusqu'à l'époque contemporaine. Le dernier mol dans cet ordre
d'idées n'a d'ailleurs pas été dit, et run ne saurait trop recomman-

der l'élnde des arts de l'Islam aux artistes décorateurs et aux


ouvriers d'art. Par la puissante beauté de ses formules, par sa fan-
taisie toujours régie par les lois les plus rigoureusement logiques,
f)ar le ravoiiMaul éclat de la couleur, il n est j)as dart tpii oll're

plus de richesse décorative et plus de souveraine harmonie. Il ren-


ferme des germes féconds qui transplantés doivent fructifier à lin-
fini.
TABLK ALPHABÉTIQUE
DKS MATIÈRES

Abbas (Schahi, 12. 1 1. .")!, T)!. 250. 251. .Vlbum des musées de province, 152
268, 298, lié. -Vlcalade Ilénarès. 228.
Abbassides, 100, 160. I6.H. 198. Aldui-andin. 366.
Abda, 149. Alep, 102, 161. 171, 196, 258.343, 346.
Abdallah, 225. 359, 365, 385.
.Vbd er-Rahman. 62. xo. \:M). 131. i:i;i Alexandre. 40.
135, 162, 221, 211. Alexandrie. 381.
-Vbd er-Rahnian es-Saïj^^h. 22. Alexis, 412.
Abd er-Ralinian Soufi. 34. -Mgérie, 118.
Abdhali, 30. Alhambra, 5, 72, 75, 246,313.315. 316,
.\binassi, 289. 318. 321. 330, 332.
Abolaïs. 367. Ali, 10, 56,96, 101, 201. 2lo.
.Vl)()ii Hekr Muliamiiifd. 1. Alialor, 135, 2 11.
Abou Rckr II, 1S5. .\li Kapou. 54.
Aboiil Arab, ()2. .\li el-Mechhedi. 10.
Aboiil Fadl ibn .\l)i Ishak, 20. .\llemaj;ne (Henri d" , 189, 291.
Aboiil l'Vda. i. .Vlniaiizur. 1 ls. 131.
Abou Saïr Isiiiaïl. 98. .\lmas. 209.
.Vboii Si'illciu, 115. Almeria, 211, 216. 367, 368. 119.
.\bou Zcïd, ls. .Vlmohades. 110.
-Vboii Tacliliii, 33S. Alm(n-a\ides. 313.
.Abraham, 51. -Alnuifiador, 401.
.\chiiiour)cin. 275. -Alphonse V d'Aragon, 326.
.Vchi-af (cl), 85. .VUaro {".ampana. 322.
.\crc (Saiiil-Jcan d . 3 1i. 359. 386. .Vltonn Hou^ha, 104.
.Vdaiu, 56. .\ma(inr de les Rins. 7 1. I3ii,
AdltT, 161. 110.
Ad ni, 115. .\mari, 111, 112.
.Vfi;haiiislan, 252. -Vinaurv, 221.
.A^hoiii !(!-), 218. Amer bi Akkam Allah, 96.
.V^lab, 116, 258. .Vmid. 77. 157. 161.
Aliniar (l)aibcli, 65. .\mir, 962.
Ahmed, 5, 181. .\miraneliah, 176.
.Vhmed bon ^'oiissoiif, 1. .\mri)u, 3 11.
.Vhmi'd ^'oiissouC, 22. .Amsterdam, 227.
.\in Sirali, 69. — ;Mnsée), 190. 3l!l, 37
.\iiis\V()i't,h, 283. .\naslase. 420.
.Vi.v, 398, 416. .\nalolie. 76. 78. 301, 310, lOS.
Aksa (cl-).120, 150. .\ndalousie, 80, 162. 321. 330. 33.^.
Akbar, 10, 56. André, 152.201.
Akhlal, 120. .\ndrinople, 302.
.Ma l-'.ddiii, 120. 355. .^ ndujar, 58.I

.\lam. 96. .\ni, 20ii.


AUw (Dur d';, 32S. Ani;elico Fra . 130.

MANriîi. ii'.\iir Mrsii.MA\. II.


.

i()(» MANIIKI, I) ARI MUSULMAN

Aiif,'i'lncci, 2r)3. jtiirbcrini, 191.


Ari^t'i's, •'(•Jf). liarb.l (1.- .Iniiy. 373, 375.
AiiSleU-ire, 192, :»2fi. de .Mcynard, 260.
Itail)i(-r
Angola, .'{02. Hairelone, 136.
Anlfilia, 'Ml. Bar-dac ;Sigismond 158. 361. ,

Ail iK-lic, 'Mi, 347, 3S(i.


t. 3<)K. Baijr<-llo. 131. 147. 151.
Anloniii (Saint-), 280. Hiiikouk. 22, 65, 68. 69. 103. |(I7. 20
Api, 3«.S. 20K, 209, 353, 369.
Ai-ahic. ir)S, 20!). Baii, 139.
Aral) Mohainmedi I"'. ."SS. Hai-mécides, 258.
Ara^-on, 13S, 1<»0, :u;5. Harsbai, 232.
Ai'Cdnali Visconli. 137. Harr('-re.2l9.
Anlel>il, 111. i.'iO. Ba-^ilcwski, 266.
ArcmIxTj;- Ul'). IS.'). lia>san Ihn 62. .

Ai'gliana Madcn. lOf). Hass.-t. 1 16.


Ar{.toiin, 29. Bassit, 232.
Arnicnaz, 316. Ba'^sorali. 3. 18.
Arménie, 304, lOS.
120, lt)2, Batoiilali llui . 62. 8(1. 315. 34
Ai-mcria (de Madrid). 135, 244. 246, ;;8 1

253, ^lO. Hainirv, S5. 102.


Armei-ia (de Turin), 210. 353. liaycu'x, 152, 153, 402, 404.
Arnaud, 102. Béarn (Comtesse de), 134, 135, 137.
Arsacides, 26. 226, 258, 277. 281, 282, 283. 285. 288.
Arslan 160, 163.
(Kilidj.1. 291, 377, 439, 442, 450.
Artillerie (Musée
d'), 211. 24s. Beehlak. 114.
Arlin Fâcha. 22, 40, 290. Bedi es Zeman Mirza, 10.
Arts (Lesi, 50. 56, 203, 362. Bedr ed-din. 293.
Arts décoratifs (Musée des), 120, 123. Bfdr abu Vallah. 234.
130, 178, 179, 186, 192, 202, 204, 210. Behzatlé. 40. 42.
212, 263, 351, 434, 436. 438, 439. 148. Beïbars, 4, 20, 103. 173, 204. 209, 240.
450. 319, 350, 352.
Aschraf Omar, 357. Beïsari, 186. 202. 201.
Assad, 250, 276. Bekri (el). 237.
Assouan, 69. liel forte, 323.
Assiout, 92, 384. Bcni Zenki. 102.
Assyriens, 102. 227. Bi'HJainin de Tudèle. 311.
Albo^ha, 354. Behnessa, 3.^4.
-Mhènes, 412. Benozzo Gozzoli, 194.
Ausm'werth, 155. Berbers, 162.
.\venel (d"). 456. Berchem (Van 16. 74. 76, 78, 80 81.
, ,

Azhar. 63, 67, 92, 96. 96, 98. 99. 133. 171, 172, 175, 176.
Azi7, 3. 151, 417. 180, 181, 182, 183, 185, 186. 192, 193.
Aziz Hillah, 372, 373. 202, 204, 208, 209. 210. 211, 212, 218.
Aymard, 393, 394. 219, 225, 277. 283, 343, 319. 350. 352.
Aynard, 410. 353, 354, 355. 356. 357. 358, 359. 360.
Ayyoubites, 15, 102, 160. 162, 172, 17(), 370,374, 419.
192, 194, 226. Berekch. 4.
Berger, 61.
Baalbeck, 385. Berlin. 60. 208. 380.
Babar, 31, 56. — (Musée ethnolofïiquej, 200
nabelon. 148. 372. 373. 374, 377. — (Musée d'armes\ 249.
Habvlone, 282. — (Kunstgewerbe Sluseum), 279,
l?afi:dad. 16, 30, 62, 103, 128, 150, 204. 295, 318, 330. 390. 392, 399. 422, 432,
205, 258, 259. 283, 285, 296. 312. 311. 434. 438. 440. 441, 448. 451. 454.
317. 383, 387, 401. 402. — (Jahrbuch 178. .

lîaliarites, 22. Bernard. 3S4.


Bahran Gour, 40. — Saint .398.
Bajuzid, 141, 248. Berne. 100.
Bala-wat, 168. Berri (Duc de . 331.
Baléares, 279, 322. Berlaux Eni.l. 136.
lîapst. 303. Bertrandon de la Broquièrc, 345.
Baraka Khan, 103, 210. Bibliothèque Nationale, 29, 31, 34, 36.
l$arbara S";. 116. 38. 40. 47. 50. 51. 60. 78. 148. 164.
.

TABLE ALPHAHETigii: 1>KS MATIERp;S 46-

174, 193, 194, 196, 208, 211, 231. 241. 240, 272, 273, 275, 288, 289, 302, 303,
247, 250. 305, 325. 342, 348. 350, 351, 352. 353.
Bibliothèque Khédiviale, 22. 40. 12. 355. 356. 358, 362, 371, 383.
43. Calalayud, 313.
Bilbilis, 241. Cali.xto (Dei, 74.
Biljaa Kagan. 27. Calvo (Bernard , 392, 396.
Binj;, 261. Cameo, 371.
Birwood, 2o3. Cainrius Le 241 ,

Biskra, 118. Canipritejar Marquis de), 241.


Blacas (Duc de. 101. 17s, Iso. isi. Canova, 217.
1S3, 198, 206, 207, 234, 371. Candiana, 303.
Blanchet (P.j, 118. Canterbury, 386.
Blochct (E.), 6, 16, 25, 28. 30, 34. 36, Capoue, 286.
38, 45, 60. Carcer, 325.
Boabdil, 242, 244, 246, 217. Carcani. 193.
lîock (Chanoine!, 146. 153, 289. 377. Carmoly, 312.
394,416. Cai-lsruhe, 408.
Bode (D'), 315, 426, 428, 429, 430, 431, Carrand, 134, 147, 154, 257.
432, 434, 436, 438, 439, 441, 446,449, Casanova, 164, 175, 194. 212. 219,
450, 451, 452, 454, 456. 289, 341.
Boeheim, 253. Cassel. 225, 364, 379.
Bohémond V, 345. Cassin ;M.), 79.
Bokkara, 38, 42, 215. 216, lOi». Castellani, 279, 151.
Bologne, 345, 361. Castellano, 420.
Bon (Le), 204. Castiglione, 161.
Bordas, 363. Castille. 230.
BoiTull, 324. Cauniont. 388, 418.
Bourgeois, 137. 1 16. Caucase, 158, 289. 362.
lioy, 158. Cavour, 366.
Braga, 133. Céfalu, 417, 418.
Brambilla, 280. Cervantes, 247.
]h-ascha, 360. César, 230.
Bi-au\veilcr, 398. Ccsarée, 348.
Bresiau, 364, 376. Chaàban, 22, los. IKi. 126. |75.
Bristol, 326. 208, 352, 355.
Brilish Muséum, 20, 17, 137, 1 lo, 161. Ciiabrières-Arlès, 130. 153.
178, 180, 181, 182, 192, 196, 202, 201, Chat'ev ei-;, 98. 99.
207, 215, 226, 246, 250, 258, 263, 276, Chakandi, 119.
278, 282, 281, 287, 304, 326, 328, 337, Châlit", 371.
355-356, 359, 361, .363, 365, 366, 371. Chanipeau.x (Dej,33l.
Brongniarl, 256. (^liappey, 139.
Brousse, 58, 2t)7, 291, 295, 296, 298, Charien'iagne, 148, 198, 363, 117.
302, 104, 108. Charles le (îrand, 363.
Bruxelles (Musées), 253, 312, 390, 398, Charles \', 34 1.
399, 108, 418, 422, Charles VI, 417.
Burg (La), 416. Ciiartraire (.\.i>bé . loii. loi, 419.
Burgos, 131, 135, 110. Chartres, 363.
Burlington, 60, 262, 263, 351, ('hateaudun, 3)>3.
Burton, 253. (>hau\'in, 12.
Butlin, 210. Ciieik Ibi'aliim ei-Coidchaiii. 13.
Buttler, 87, 111, 115. ("heiUhou, 3,")5.

Byblos, (il. Chcnis ed <liii Mnlianuiicil cl-K


Byzance, Ki, 70. 3 12, 3X2. iiiaiii, io.
Chiites, 250.
t.abinel «le l'aïualeni', P.Mi. Chine. 28. 30. 31, 31, 157. 270, 275,
Cachemire, 216. 362, 1 13, 1 1().
3()0,
Cadi.v, 420. Chinon. 393.
(Rallier et Martin, 39 1, Cliiriii, 53.
Caire H7
(I.eJ, 22, 63, 65, ti9. 82, 83, ,S5, Ch()si"i)ès, 77, 317, 125, 146.
90, 92, 96, 98, 100, 102, 103, 10 1, 106 Choudja, 181.
108, 110. 111, 115, IKÎ, 120, 123, 126 Chreslien de Troyes, 3st>.
127, 132, 151, 193, 196. 204,205, 208 Ciirisl, 103.
209, 210, 212.231. 232. 231, 237, 239 Chypre. 189, 190. 2S8, 289. 3st;.
.

4C)S M \M I I. I) AH I MC st I.MAN

(>ivi(ljilc en Frioiil, 2ls. DereiiiixKjrj,'. Is, 60.


Clillll (fdlliis, i'M. Di'i-\va/.e. 29.'».
Cliiny (Miisi'-e), MO, 2«K. .iOI. .'il'J. .Vjs. Dev|„,inli's. 278.
:<(j.t, .ioo. :î!ii, AO'j, /lOO, un. 42:». Dcville, 373.
Coliad Kjii. .«!)(). Dia^'.i l'r. 321. .

Coii-c, irj.i. iix. Di.iihekir, 161. 166. 201. :»()!.


C.nlc" (Alan). .'iDS, .-t!»!». il7. Ils. 12:». l)i('el (Kaoni de . 120.
(>ill«!(inc, 2IH. l)i«ulaf(>y, 77. 290.
Colo^fnc, 1:57, 1 tj. .577. Dikki. 181.
(^>ni|)(i^non, .'!!)(>. Dini) Due de), 219. 253.
C.milc. IIS. I)iikven. 150.
Constance, lOO, il 7, i Is. Djaken Shah, 295.
Gonslan(iii()i)le, 20, r)8, 7fi, 7S, 80. 120. Dianiak. 353.
12.'», 128, l(J<i, 216, 2iS, 29i. 2!»6. 2!)!>. '
D.jami, 2 4, 40. 43.
302, .ioa, 30 1, 3(i0, 101, li(i. Djalianfiliir. 12. 13. 56, 161.
Coîilarini, 31.'), 3(i0. Djanial ed din es Zaabi. 114.
ConLrc'i-as {Haplia"!), 3l(i, :il7. — Mohamed. 1S7.
CnrbclL (bcy), !)2. DjaCai' es Sadik. 22.
Cordoiic, 62, 71, 79, Ils, I2.s, 12'.). 130, D.j<'han Sliali), lo.
133,131, 138, 151, 162, 223, 221, 226. Djengis Khan. 31, 34, 26S. 143.
228, 229, 211, 319, i02, 420, 122. Djobaïr. 317,383, 410.
Corl'ou. 218. I )inumafkT, 50.
Coi'ia, 136. Djimveini, 18, 29, 34.
(>orintiie, 'il2. Diiislau. I 1 1, 181, 142. 154.
Correr, -407, 408. Dnmera. 38 1.

(]()sson (Baron), 249, 253. Dolhain. 4.


Couipalay (P. de), 100. Diiuai, 3()1.
Cox. 3!>2,"399, iOi. I)(Md)lel I 18, 363.
(j'ac'ovie, 13S, 455. Di)iinyah. 351
Crimée. 289, 362. Dresde, 361.
Ctésiplion, 123. Dru (Léon^, 211.
Ciiarto. 330. DiilVéniy, 31 5.
(Aienca. 136. Diinois. 363.
Cuinbciland, 364. Dui-and, 151, 378.
Czartorisky. 455. Duriiani, 402.
Dusseldorir, 59. 407.
Dabic. 384. Diiluit, 309.
Damas, 18, SO, 102, 171, 181, 185. 192.
196, 232, 240. 241, 277, 278, 288, 302, Ebers. 201.
305, 306, 309. 310, 311, 343, 341, 315. EtlinibdurfT, 355.
346, 359, 360, 373, 385, 410. 4.30. Kdrisi, 79. 136, 313, 3sti. 12(1.
Daniietle, 3S4. Ech\ijïe (Sainte), 361.
Danistcr, 3S4. l':Ki^''"lon, 253.
Daniclicmenditcs. 160. 161. Ki;inliardl. 148. 363.
Danna. 261. KiiVpLe. 59, 61, 63, 65. 71. 81, 87. 89
Darius, 40, 290. 100, 102, 103, 116, 118, 120, 125, 127
Darmesleter, 38. 138, 151, 162, 169. 171,172. 173. 174
Darocca, 120. 18 1, 185, 192. 194, 196, 202. 203,201
Dartein, 280. 207, 209, 210, 212, 213, 217^ 221, 226
Dasla^crd. 425. 227. 231. 239. 211. 259. 272. 273, 275
Davillier (Baron). 131, 144. I.")4. 311. 276, 277, 287, 306, 341. 342. 313, 344
322, 336. 3 48. 350, 351, 355, 358. 359, .360, 367
Dawud. 157. IX(i. 211. 357. 358. , 368, 372, 373, 381. 382. 383, 384. 387
Dcck, 275,338. Kléiinore de Guyenne, 37 1.
DefVémery, 347. Emesse. 62. 430.'
Delhi, 31. '40. 56. Eniniaïuiel Philiberl. 2i0.
Delines. 373. l-:nlai-l. isii.
Delort de Gléon, 85, 17s, 192. 203. 211. Enrique Don . 230.
212, 251, 357. 358. Enri([ucz y Hivei-o. 328.
Demmin, 266. Éplièse, 289. 295.
Demilka. 302. Ermitajre, 266.
Dénia, 121. Errera,' 390, 398. 399. 408. 118. -422.
Denis Saint . 148. l<)8. 373. ;î74. 3ks. Erzeroum. 16().2l8. 301.
. 3

469
AI.l'IlABÉTIQUi; DES MATIERES

80, 244, 422.


Gavangos Pascual de),
Escorial, 60,367. Gayet 114,364,382,390.
Espagne,62,6 4,71,, -3, -'..S9 1 8.
Gazali. 293.
131
S:
132, 135, 135,139.
la-; 15H: 162, 226,
237.239,
141. 1.',
227.
240. 241, 2-42,24-., 2.0.
m Gazç^te des Beaux

m, 202, 203. 204,


0--
A.ts^^j-o,J3,
«a -.^ i.-ifi

208, 356.
318. 193; 196'.
259 272, 280 281, 312,316, 373'.
325', 3.31', 336, 337, 367. 376. Gazit. 161.
Essen, 376. Gcnès. 216, 348. 409.
.0..
Eudel.158. GeolTrov de Monligny.
Eudes, 390. Georges îSainl 163. .

Eufiène (Saint-, 160. Gérome. 249.


3/0.
Eulalio fSaiiile., 155. Gerspach.349, 360,364
Euphratc. 102, 258, 284. d6, 232, -yo.
Gervais Couilellemont,
Eusèbe, 87,
Euting, 5
Gesarlc. 325.
Gestoso y Ferez. 312, 320,
322, 328. ^
Euzemberg, 460. Ghazan Khan, 260.
Ghenima. 2is. ^
'^•
Fadaouieh, 65. Gildemeister. 13'- «^^ >

Fadl (Abou\ 234. Gillot (Cl..). 74, 179,362,366.


Faiz bi nasr allah, 96. Ginskey. 4 49.
Falcand (Hugo), 414 6. 223.
Giraull de Prangey.
300. 30 1, 31(
Falke (Von), 265, 267, Girbal 'Claudio . loi-
311. (;ipèle Ueine\ 3<)4.

Faradj,22, 69. 207, 208. Gobelins. 4 42. .,--


26b. 2,..
Faradja Isa, 174. (lodman. 259. 261.263.26.,
Farcy, 416. 285. 289, 339.
Fars, 26, 384 Goldschmidt. 266.
Fatah. 74. Goniez Mo<_eno, 393.
Falimilcs. 62, 290.3/3.3/5. Gomrun, 271.
Falma, 56, 250. Gonzalès, 241,242 313. .-l.
Fatpur Sikri, 56. Gormaz Saint-Eslebande.
Félibicn, 373.
^"- -'
Ferdinand iSaint), 23/. î;°;!Si"?î''''-"-- ^--
Ferdinand, 144, 247, 39_3. 439.
Ferdinandeiim, 155, lo/. 78.
Goureisha el-).
Fernio, 375. Gourr. 209.
Ferrare, 216. Gouriyeh (el-). 114.
232.
For/.i. 141. Goury .er 6. 69. 83. 20s.
Figdor, 446. Gouzouli. 371.
Firdousi, 53. 293. Goyena ;De .
336.
Fischbach, 417. Gràdetes, 120.
36/,
Florence, 154, 194, 216, Graf. 429. 430.
Flore. 62. Grèce, 412, 113
Fontainebleau. 198.
l'"nie/, 418.
i30. 3;M
Grœven, 1 17.
G.enade. 22K. 22<.. 211, 2.2,
' .

>
l.„,UH.y. 135, 136, 226,316,
X.W. X-Vl
216.247.313 315, 318. 32S.
3.39.
Forlnum,279, 286, 310. ;16S. 120. 121, .22.
2K«, 32:).
Foslal,22.272.275. Grées. 163. .
27,.
Fou.iuel (DM, 272, 27.. GueriniEdm. ,2I1.2S...2N,
290. 31(1. 33'.i. 3 il US.
2SS, 28',),
Guillaume 11.31.. .11, .1 -.

iM-aeiin, 1t'>i-
21rt.
Franeeseoiii. Ilil>il ibn el- 315. .

120.
Franeis de Zuniga. lladjaj Moiiamnie.l.
20:i.

Franks. 196, 207. 11 a II'/, 21.30. 13.


Fi-an/. Paelia. 20 1.
Uati/ llabrou, 316.
92, 151.
Frari, 360. Ilakeni el- 6:». , 7 4.

Fréde.-.c 11, 193.216. H2S.


Fi'iesingen Otion de ,
.l--
llaUU\l>e>. m.
323,
Uama, 7o. 176.
('alj;ano de UeHoiti .

Uand.ourg Musée .
..<.
C.arnier lFanl:.202. 211.
•-

\^.
Maietli bel. .\n\iuan.
(iaiieiierv, 3;U .

llariri. 16. IS. .W.


317.
(îavel 3;.:i.
17(1 M AM.II. Il MIT Mt -I I.M \\

Ihii-miM i-i'-Has(lii(l, I îh. Mis, Jalla, 360.


2!!.'». .<().», lOfi. 12(1. .laimc I", 313. 302.
11,11 r;iii, (il. — II. 420.
I larlniiiii, 17K. Jaliva. 313, 321.
Hassan, 01, tiii. Vf). LMUI. '>:\-2. L'.tl, Jean II. 326.
:\b:\. MH. .Icaii Saint . 301.
llalcli. 2i. Jcrki'S. 131.
Ilcluf)!!, itlti. Jénisalein. 1, KO. f(7. 120. 150. 185.
IIc'n(k'i-s(tn. Ih2 '-'02, -IMt. 210, 230, 301, .360.
Henri I ^ l:)2. .leniiictle. 310, 131.
IIiMiri \'l, IMi. 117. .Iftin\ille. 3K5.
Ilc'ial. :n. M, Mi, A ill. )î*i. .Iiirdcz. 151.
IIorl/-Mcy, til, ON. 0<». S7. 00, ! 2, «Ki . !»S. .Joseph. 1.
los, I 10, I2.«, 120, 201. 20.S. 211», 2.32. •loiirdain, |S6.
.lin, :<r)0, 3.^2, 35 i, 355. 35S. Julian (le! He.v. 217.
Ilicliam, 133, 155. i21. Judcin, 151.
lliasali. 2!i(;.

IlindoMsIaii. 30. Kaaba, 208, 383.


JlisM cil (lin Talcl). iis. Kaccni Esrii-i. 15.
llira. II). Kadessia. 317.
Hofhiir^-, 377. Kafour. 354.
Ilolstein, 253. Kaïfa. 157, 183. 201, 234
ilonilxM'ff ;(). iMti. 20:i. 22ti, Kairouan. 89, 103. 116. 162. 257, 258.
302, 111. 312.
llonjii-ic, 377, :{!>i Kait Rey, 22, 6", 6S. 85. 105. 100. 232.
Ilorsham, 201 358. 360, 369.
Hope, 300. Kala. 294.
Hoiulas. 1 1(>. Kalaoun. 61. S3. 85. 100, 102. 103, 112.
!Ionlaj;-oM, 27. 20S. 111. . 173. 201. 205. 206. 232, 2.39, 368. .360.
Iloiiinaï. 30. Kaiuil el- 61. 355.
,

llonmayoïiii. 30, 50. Kanakil Souk;. 341.


llousseïn. 31 201, 210, 250. Karabacek, 4. 5. 16, 155, 301. 302.371,
Hoyos, 350. 387, 401. 418. 425, 420. 430. 151.
Iluarl \C\.). 10, 11), (il), (il. 70. 120. Karalaï. 293.
Ihiclfjas (Las). 1 lo. Karini .\bd el 192. .

Kasciian. 276. 426, 150.


Ibi-ahim Kasini, 21 s.
A;.;Iia. 306.
Imad cl-Husseïn, 45».
Kasir (Ibn 3. .

Inca. 322. Kas%\ in. 40. 3S7.


Inde, 103. 210. 2 10. 211.
Kai
Kaii-^ II . 203.
252. 25.'>. 290.
3.»6.
Kaulher. 101.
IngTes, S2. Ka/.wini, 20.
Innés, 341. Kelekian. 260, 28 201. 107. 416.
Insbruck. 155, Keller. 110.
157. ,

Institut (Bibliothi-quf de loo.


Kemal ('d-diu. 12.
1 .

Ipek Han. 204. Kensinfrldii i.Museuni 20. 70. 83, 85.

Irak, 3. 347. 87, 98, 100, 102. 104. 105, 123, 127.
Iran, 27. 2S, 37, 12. 129, 130. 134. 130. 137, 139. 158, 179.
Irida Mosca, 307. 185, 186. 201. 202, 204. 205, 206, 207,

Iskender. 3.S.
211.218. 268, 277, 281. 282. 286. 288.
Isniaïl (Chah), 50. 291, 304, 311. 319, 328, 337, 352, 353.
Isoard. 3.S7.
355. 358. 361, 375. 407, 438. 441. 449.
Ispahan. 450.
15. 54. 56, 152. 166. 174. 214,
232, 257, 200, 262. 26S, 276. 291. 295,
Kernian. 159.
Khalil. 350. 357. 359.
298, 386. 107.
Istakar, 26.
Khanisah. 50.

Italie. 71, S3.


Khareiii. 317.
101. 210. 221. 280,303.
315. 323. 33S. 375.
Khalt el-Tabbaneh. 22.
Khatib Ibn el 420. .

Khaxend Baraka, 22.


.lacquemart. 338. Khiva. 38.
Jacques Cœur. 325. Khotia Benkhan, 295.
Jaen. 368. 420. Kliodjend. 38.
TABLi: ALPHABETIQLE DKS MATI1:R1:S 471

Khorassan, il. iO, 159, J72, 293. 219. Louis I' de Bavière, 222.
295. Louis XIII, 198.
Khosrau Kaï . J.'i. 120. 16.3. 39(). Loup Saint , 419.
Khotan, 31. Louvre, 69, 73, 74. 78, 87, 92, 102. 132.
KouUouk, is. 133, 134, 135, 141. 179, 184, 191. 198,
Kilidj Arslan, 7S. 201. 204, 208, 211,
202, 213, 215, 219,
Kirnian, 270. 224, 226, 234, 237.
225, 251, 252. 257,
Kœchlin (R.j. 51, 7(j, 1S8, 202, 2i8, 2i9, 261, 268, 276, 277,
263, 278, 281, 282.
258, 273, 285, 2Sf5, 290, 307, 3il. 284. 28S, 290, 304.
285. 319, 320, 328.
Komarouveh, 63. 311. 355, 361, 363.
352. 373. 371, 375,
Konieh,()K76. 77, 78,89. 103. 120. 121. 379, 399, 442.
380.
201, 293, 29 S. 396, 401, 130. Lo%venbur};. 364.
Kosseir Amra. 1, 5. Lucena, 242.
Kotb ed din, 212. Lue d'Edendal. 361.
Koubetl es Sakra. 61, SO. 30 i. Ludwig-, 454.
Koufa. 16. Lulu. 161, 1S2.
Koullij,nn, 27. Lusij^nan, 386.
Kouloundjak, 201. Luynes ;De). 244, 250.
Kous, 96. Lyon (Musée). 179, 392. 396, 399. 107.
Koussoun, 105. 408.
Koutaveh, 302, 310. Lyon (.\la.\ 266. .

Kraft (Iluj^ues), 123, 211, 212, 3.58. Lysons. 361.


Kremer, 12. 371.
Kubad (Kai), 163. .Maeiet, 263, 4.36, 43S.
Kubscim ibn Abbassa, 296. .Madeleine fLa), 363.
Madjar, 359.
Labartc, 311, 341. Maden Ivapour, 166.
Ladjin, 99, 101. 105, 115. Madrid et .Musée;. 60. 72, 120. 132.
Lajarte, 332. 135. 137, 13H. 113. 114. 155, 158. 228.
Lahore. 296. 237, 242, 214. 316, 317, 318. 319, 328.
Lanci, 180, 182, 1S3. 191, 221, 388. 330, 337. 376. 421, 423.
Lane-Pole (Slaiilev), 56, 58, 87, 98. Maesti-ieht, 146. 153.
99, 100, loi, 105.'' 115, 123, 125, 127, Maî,'arat. 166.
1 19, 161, 171, ISO, 182, 192, 193, 198, Magne (L. . 33.
202, 201, 205, 206, 207, 208, 209, 218, Mafjhreb, 22. S9, 116. 158. 162. 272, 296,
219, 239. 353, 354. 355, 356, 357. 359. 312, 338, 372, 423.
370, 397. Mahmoud le Kurde, 170. 21K.
Lapidark), 367. Mahmoud. 3S, 10, 319.
/..auront. 257. — Xisapuri. is, 19.

Lavoix, 12.16, 130, 164, 170, IHO,


75, Maillet du lîoullay. Ml.
181, 186, 192, 203, 210, 218, 219, 319. Maindi'on, 253.
351,366, Majoniue, 322, 323.
Layard, 251. Ma'Uamal. 16, 18, 20.
Lazarche, 391. Makadasi, 80.
Ledja, 61. MaUkari, 80, 118. 241, 367, 120.
Leïl'a, i07. Makrisi. 1. 1, 63. 151. 159. 163. 169,
Lenoir, 400. 372, 373, 383, 384.
Lenormant, 393, 391. Maksoud, 450.
Léon (Saint Isidore de , 1 11 155. Malaxa. 313. 315. 316. 321. 327. 32n.
Lessinf,', 279, 390, 392, 399, 122, 420.
454. Maiik ei- I59. 160, 165, 190.
.

Lièvre, 198. Malik Adil ai)u Mekr. 181.


Liiias (Ch. de), 388, 39 lis. 119. .Maiik afdal el-ahbas, 212.
Lindos, 289, 301, 302. — .\sehrar. 192, I9l, 20S.
Lisbonne, 133. — .Vssalyh. 96.
Lombard (l'ierre , 399. Malik Kami) .Mohamnicd, isl.
I,()ml)ar(iie, 79. Malik .Maii-ur .Molianiuiud. 7o. 23«t.

I.niidrcs, 196, 301, 332. 375.


Loiif,-l)éiier, 152, 151, 161, 168, 180, Mahk Man-^ur Omar. 210.
193, 191, 198, 200, 219, 373, 37 1, Malik .Musa. 193.
102. Moui// .\ud)ak. 193.
Lope/ de .\yala, 421. M.)ui/v Orlok, IS3.
Louis (Sain'l . 19S. 200. 20|, 3(H, 3,s7. !).• C.liilial). 192.
il'2 MAM'l;l. I) Mil Ml

Malik Mniin/./.aiii Miiliinoiid. IT .\lrr\. 293.


Miilik Nassir ^'ii-siif, 1!»2. Mési.polaiDic, 16. 62. 77. 102. 116, 123.
Malik Kiiliiiii I.iiiii. IS2. 125, lis, 131, 117. 151, 165, 170, 172.
Malik Salih Avv<nil). IS:'). a:)'!. 177. 193, 196, 200. 201, 231, 25K.
Malik Zair. I!i2.' 276. 281. 290, 346, 348.
Malik /air Alx.ii Saïd. .l.).'*. Miafarkin. 194.
Malisla. 32:.. Micliel ll'v.), 402, 116.
M al Ici (Mar(,M. .101. Mijfcon (t;a'*lon 45. 56, 125. 130. 131.
,

M al va, :r«. 137, 141. 144, 153, 155, 175, 177. 1X0,
Maiiioiin. IfiO. 182, 185, iNfi, 189, 191, 196. 198, 202-
Maiiiiiilniiks, 171, l":t, li>2, 'JO'J, 20:i, 206, 208, 225, 226, 227, 219, 261. 266.
207, 2i)'.i, 210, 212 •l.i •JÎO. 290, 351. 272, 273, 277, 281, 28S. 291, 331. 3.37.
;U)!t, M)0. 3.39,357, 359, 361, 362, 366. 410. 436.
Mana de Mossoiil. IHl. 438, 439, 440, 411, 442. 146, 450.
ManlVed, 100. Milan, .360
Maiii, i i. Millan 'V.; de la f:o|.'.>la. 1 11.
Mîinkdu Kaan, 27. Niillet, 373.
Maniilu'ini ((>li. 21 H. ;îr)2. Mir .\li Cliir Nevad, 40.
Mannissc's, 325. Mil- Ilousseïn el-Housseini. 38.
Mans (Le), 102. Mirkhond. 38.
Mansoiir, 118, 155, 259. Mir/.a Oulouf; bef;. 31,
Marc (Saint), 155, 372, 373, 37i 375, Misr, 127, 273.
37S, 379. Moab, 1.

Marçais, KO, 296, 335, 33.S. Moa\via. 159.


Marcel (Saint), 399. Moayyed, 22, .106, 209, 277, 357, 358.
Marco Polo, 3S6, .'i34. Mud'iniil, 26.
Marcello (San), 2i4. Moezz .V'ddin .Vllali, 383.
Mardin, 101, 201, 202, 23». Mni/z el-i, 116, 140.
Mardina, 355. Mnhanuned I, 293. 294. 296.
Marguerite (Reine:, 367. Mohainnied II. 381.
Maria, 368. Molianinied 111. 228, 229.
Maridani 'el-l, S5, 10J. Molianinicd V. 73.
Marina iSancta), 332. Molianiuicd al Karniani. 36.
Marineo Seculo, 32i. Moliaiumed Khan. 2 18.
Maroc, 58, 241. ^^lllanunetl ibii Klialafiun. 22, 64
Marquet de Vasselot, 15.' 273. 37' Mdhanimed ibn Mohammed, 22.
Mavryat. 311, 338. Mohammed ibn .Alimad ibn Ali.
Martel (Cli.l, 152. Mohammed ben Mohammed
Martin (!)), 219, 266, 338 107. 130. Mohammed en Nassir. 61, 103. loi.
Marlinez Guijarros, 328. 126. 205. 206. 232, 237, 352 353. 351.
Marhirana, 118. Mohammed Salihye, 127.
Masarski, 155. Mohammed ben Saradj, 138.
Mas Latrie, 386. ISb.katlam, 103.
Maskell, 129, 136. Molinier. 130, 133, 153, 155. 376. 37.S
Massimo, 188. 394. 118, 419.
Massonneau, 362. Monastier (Le), 390, 391
Massoiidi, 26. Monfï<ds. 27, 28, 29. 30. 31. 10. 56. 172
Matidolus, 37 1. 192. 200, 203, 268.
Maubergeon, 331. Monlfaucon. 378.
Maurice (De Saint 83, 85, 104, 20 1. Monza. 348.
Meched, 78, 293. Monzoïi. 227.
Mécliin, 266. Morales. US.
Méchouar, 338. Morarl. 400.
Mecque (La), 208, 382, 383 Morgan, 290. 352.
Médine, 383. M.ii-gan (I)e^ 284, 422.
Medinet es Zarah, 62 73. 74, 1.30. 152 Moritz, 22. 140.
162, 22i. Morron (José;, 320.
Méditerranée, 163. Moroboni (Abbé), 218.
Medyeh, 236. Moscou, 408.
Meïdan, 51. Mossoul, 77, 102, 116. 129, 161. 166.
Meïnioun, 407. 167, 170-172. 179 181, 182, 186. 196.
Mélitène, 161. 200, 201, 204.212-214,343,387, 101.
Meneghetti, 217. 107.
TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES 473

Muslali billah, 388.


Moslanser billah. 1, 7 ». 92, 116, 129,
133. 131, 119. 151, 151. 372, 38 i, 125.
Mota Wakel. 3.S7.
Mouhieddin, 130.
Moujaïd Ali, 211.
Moukadassi, 150, 341.
Mouktadir 160.
Mourad, 410.
Mouradja dOlissiin. I.
M(jusa, 196.
Mousa ben Isinaïl ol-Kiiiaui. 22.
Moustaïn, 5.
Moustakim Zadé. 40.
Mouzzailar Malik 210, 351. al ,

Munich (.Musée 222, 244, 443. 451.


, (iO,
— iBibliolliéquei, 1S3.
Murano, 360. 368.
Murcie. 241. 420.
Musil. 4, 5.
MuLiaux, 214, 258, 276. 279. 286.
M vers, 354.

Nadj Eddin Mahinud. 355.


Nahazyn ;E;i .111.
NakhlchÎNan. 175. 17G.
Xaiicy, 390.
Nai-bnnnt', 136, 326. 363.
Nasii- Béni', 244.
;

Nassir Eddin, 105, 293.


Nassiri Kosi-au, 150, 151, 236. 273. 274.
275, 344, 315, 371. 373. 384.
Navarre, 131.
Navas (Las , 410.
Nicôe. 302, 303.
Nicéphore Phocas, 16.
Niceta.-; (Lhoniale. 112.
Nirhapour. 19. 176. 291.293. 3S6.
Nicosie. 3S6.
Nil. 63.
Nitrian, 115.
Ni/.anii. 24. 30. 3.S. 50.
Nocera. 216.
Nomeir ben Moiiamnied .Vlanieri.
131.
Normandie. 153.
Nour Eddin, 102, 103, 120, 174.
Nurenibor";. 110. 176, 376. 416.

Ofen, 393.
171 MAM i:i. I) Ain Ml

Prisse d'Avi-iims. "Mi. Kio, loT. 'JOi, Romcro y baros:. 7 i.

20.'), ;HM). s 51. RoiK-cvaiix, 155.


Piiciilc (lel Arzohispo, '.i'y.y. Roseii. 60.
Via Viiii (11- . :U'j. :vjt). :»'.>:, aw. Roliiscliild .\d(>l|)lic . 136.
l'iiy Le . .'«(II. — Alpiiunscy, 360.
— P'crdiiiand, 365, 37 4.
iJiiMi'iiiilc ( i(ii(iiiiif> l'iilais (les;. Tili. Edmond de;. 4 4, 13K, 141.
^Mi.iticiiUTC l'Micmuv. I><i0. .INT. 201, 206, 214, 4.39, 446.
(^)icli. Mii. — (inslave), 32S. 350, 355.
(Ju.'(lliiiil)niii-. :(77. MU). 358.
Rouen iMnsd'c). 272.
Roulin fDon^, 136.
Uiic'liid (-(I (lin. :n. Itoum, 16, 25.
Hada (Dios de lat. HKi. .(17. Rouslcm. 53, 7s.
Haiiid)aii(l de Simiaiic. •(xs.
Itaini' .1. . iO'J. Sal)a. 318.
MakUa. 2.-)S, 2Si. Sabran (De 388. ,

Hambort Saint). Ils. Sacv fSilvesli'e de . 16. 165.


Uassonlidcs. li.'iK. Saïf, 202.
Ualisl)i)nnc'. 117. Ils. Sada el-Talba, 98.
liavaissc. !t(i. Sàdi, 24, 38, 40. 43. 49. 250, 346.
Havello. :2S(i. Sala, 61.
liavenne, 7!>. 1 17. Saliaf^un, 242.
Raulinson. JtiO. Saïd .\bou;. 2 il.
lîayo Molina, Mix. Saïd lim;. 80. 167, 315.
Ha"/./ak (Ahd ci-), 17(i. Saïda Roukkaya, 96, 99, 100.
Uazi Almiedj. 25<.>.
( Saladin. 15, 02, 103. 116, 120, 160, I6:i
ReadVCii.i, is, .{<), ;565. :(()G. 202, 226, 258, 350. 410.
Rej^nobi'ii, 152, 102. Salama, 186.
Reï ou Rhagès. 25!>, 2tiO, 2().i 262, Saieh Talayeh. 231.
315. Sali .\vyoùb. 99.
Reinaiid, 101, iso. isl, IS3, 193, 196, Salih. 369.
198, 206. 207, 2.31. 250. 371. 388. 394. Salidj' (lin lùldin .Vyyub. 350.
402, 'ilG, Il il. Salar, 385.
Renan. 61. Salomon, 112. 224. 348.
RiMic rtoi 301. 302. . SaUinî,^ 130, 227, 309.
Revoil, 3<»it, 100. Salvador San . 319.
Ri*\ ne ai'cliLM>l()i;iqni'. 60. IM3. Salval. 32 1.
Rhodes, 151. Sanclia. 111.
Rialto, 217. Sanche Don;, 141, 241.
Riano, 12!), 131, 136. Ils, 22S. 237 Sanfj:ar el-Gauli, 369.
253, 311, 316, 319. 36S. Sanjfueza. 131.
Riciiard Ql-ui- de Lion, il 1. Samai-kand. 31. 37 123. 216, 29ti
Rida 'Ali cl-). 293. 345.
Ridouan, 2il. Sanaan, 40.
Riejil, l, 5, 155, 130. 132. 116. Sangiiinetti, 317.
Rieu, 60. Saragosse. 74, 137, 247.
Riocreux, 257, 27S, 311. Sarre F.',
: 71. 76. 176, 177, 178, 200.
Rioja, lil. 202. 218, 266, 26". 278, 281, 283, 293.
Riquicp (Saint), 376. 295, 315, 316. 330. 342. 362,408, 440.
Riyad ben Attlaf, 131. 446, 448.
Rizzo (Paoio), 21 S. Sassannides. 102. 163. 168. 215, 259.
Robbia, 451. 346.
Robert (Colonel). 253. Saulcy De), 219.
Robinson, 311, 43i. Sauvaire, 164.
Rochefoucauld (La). 170. Savinien Saint . 400, 402.
Rods, 289, 301, 302. Schefer, 16, 40, 60. 202, 201,
18, 34,
Rofïer IL 372, 412, 416. 117. 206. 273, .330, 343. 317. 349, 360, 363.
Rojicrs bcy, 355. 372.
liohault de Fleury, 221. Schoplei". 56.
Rokh (Shahl, .30, 31. Schodja ed din ben daia. 4.
Romains, 163. Sculari. 123, 302.
Rome, 191, 279. Schlumberg^er. 16. 130.
.

TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES 475

Schnioranz. 343, 348, 349, 351. 352, 196, 203, 204, 208, 212, 217, 239, 241.
357, 359, 361, 363, 365, 370. 259. 271, 276, 287, 288, 305, 306, 307,
Schœnbrunn, 436. 312, 3 51, 345, 355, 359, 360, ,363, 367,
Schwarzemberg, 438. 368, 410, 430.
Sefei- Nameh, 273.
Séfévides, 27, 38, 40. 42. 44, 50. 51. 21 1. Tachrin.162.
250, 268, 450. Tachkent, 38.
Ségovie, 237. TaKlié Hoslan, 77, 168.
Seïdct Allah, 130. TakinEddin, 359.
Seldjoucides, 16, 61, 75, 77, 7S. Si», 123. Taiiirides. 209.
157, 160, 163, 234, 293, 294, 431. Talaï ibn Ruzzik, 209.
Sens, 400, 402, 419. Tamise, 326.
Serge (Saint), 116. Taneréde, 414.
Sernin (Saint), 388. Tan^-er, 315.
Sessa, 2S6. Tarikh Alem Araï Abbassi, 42.
i

Séville, 62, 162, 230, 237, 241, 212. 31J. Tatar el-Egazieh, 232.
319, 320, 328, 332, 337, 420. Tehukin. 408.
Sèvres (Musée), 257, 265, 267. 27(t. Tciiinli Kiosk. 294, 295, 302.
272, 278, 288, 295, 310, 311, 319. 32X. TéJM-iz ou Tauris, 50, 267, 295, 408.
337. Téliéran, 78, 276.
Sheikhou, 105. Tersan (Abbé de\ 234.
Shiz, 26. Tewai-ikh, 26.
Sicile, 79, 140, 147, 153, 190. 221, 276. Thamasp (Shah), 45. 48, 49, 450.
287, 373, 374, 410, 412, 413, 411. Thébes, 412.
Sidjistan, 159. Thé(jdelinde, 348.
Sieg:bur^^ 390. Théophile, 216.
Sienne, 323, 432. TliéolVède (Saint), 393.
Signiaringen, 337. Thevonot. 232.
Silos, 135, 136, 246. Thibaut (Comte), 374.
Simon y niéto, 423. Thiem. 140, 450.
Sionlli, 174. Tliouda. 118.
Sira (Aïn el-j, 90. Thomseii, 28.
Sirtehelî (Mcdressa), 293. Tiesenhausen. 1(54.
Sitla Nefissa, 96. Tigre, 102, 166, 317.
Siwas, 78, 396, 40 4. Tiiiakari, 296.
Slade,361. Tinidurides, 27, 30, 37, 38, 42, 56.
Sluck, 455. Timiiur Lenk (Tamerlan), 296, 345.
Smith, 58. Tinnis, 273, 384
Soane (Musée), 104. Tlemcen, 80, 296, 335, 338.
Soliman, 123. 160, 163, 175, 303. Tobna, 118.
408, 410. Tolède, 229, 237, 21 1 .
319.
Somme, 376. 336, 410, 421.
Souabe, 190. Toreello. 87.
Soudan, 127. Torrij;iani, 436.
Sounkor, 65, 205, 232, 306. Tiirtosc, 136.
Sour, 150. Tosa, 31.
Spit/.er, 130, 350, 352, 355. T<.uloun,63,90,92,98, 104. 113,1 I5.:i6s.
St,el)binJ,^ 450. Toidduse l.aulree. 205.
Steiu (.\urel). 284. Touneh, 383, 38».
Stern, 226. Tourakina, 164.
Stie},ditz (Musée), 17s, 410. l.is. Touraiiiens, 12.
Stockholm, 316. Tournemine. 152.
SI raille, 3 14. Tous, 293.
SI rauss, 357. Tr.msoxiani, :wi, 31
Stfoj;ano(r, 451. Trébizoude, 166.
Su^'ei-, 374. Tré\aux, 152.
SuermondI, .398. Tiiana, 321, 332. 336.
Sullanieh, 295. Ti-ipma, 237.
Susc, 2S4. 290. Tripoli, 278.
Suyur}.;al hmish, 66, 232. Tiivulee .Mar(|iiis). 217. 218.
Sydney Churehill, 276. Ti'oi-adéro, 192. 203.
Syrie, '25, 61, 70, 71. 80, 89. 102, 15,s. Troyes Saint-Pierre de). 402.
159, 172. 173, 17 i, 176. 1S6, 192. 191. Tsarkoie Selo, 253.
<7f. M \M Kl l> AU I MISI I M AN

'rtikii(i|(iii)i(iiii', .'<5ri. \<iKiié, 61. Ml. l.M). ;i.'i:.

l'iicker. l.')0.

Turi's, 12, ir)7, Ki.'i. Waildinf.'!"!!. 61.


Tuikcslfin, 27. 2S. :tl. rxi. s;p. j'.t.), W'alid. KO.
W'allis II. 259. 261. 262, 266, 26-
.

Tiin|iiif, jl), ITiS, 211). 217. 22<t. 273, 27H. 279. 2X0. 2H1. 286. 2K9. 3.1'.
296, iOS, 410, i.')i. W'assil. 18.
Tvr. !')(). :r.:i. ;til. lil.'). .'lir). :iis. W'erii'icii. 116.
\\'.l/-l(in, 61.
l'jralvy, 21ti. Willcniin. 3SS. :599. 100. 116.
U'ihain VIII. 1!H. \\ ild .lames). 101. 105.
Utri'clil, -.m). Wildin, 118.
llzzano (^Giov. du . :v2.i. William. 338.
U/.becks. .)7, 3S. Wnod.
\'alonce. 237, 313, ;$23. .VJi. 32:». -Xalier, 7 1.

332. 3i7, 392, 521. Xakir, 155.


Valence (Jean dc), 33J. Ximénés. 228.
Valencia (Comte de), 253. 123.
\'an, 426. "\'!K-f)lit. 237, 260. 126.
\'ct?a (le .Xrniijo, 'Jll. - 11.331.
\'cla, 72. "l akoub,98. 259. 260.
Vendi'cdi (Mos(]uée du 56. , '^'akoidi. 62.
Venise. 71. 79, S7, 136, 154, 170. 216. "\'a/.oiiri, 3.
217, 218, 32.5. 345, 360, 366. 375. 37 S. Vaya bcn Malinidiid. Is.
i09, 111. ^ ayia. 211.
Véramine. 257, 260. 263. "^'(•Iboga, 354.
Vever (II.), 50. Yémen. 145, 209, 212. 241.
Vich, 237, 392, 307. 398. Yénicniz. 399, 100.
Vicyana. 321. Yniissmif (Ilad.jaj ibn , 160. I>t2. 277
N'iennc (Musée, lMs.
— iHiblioLlièiiue .36,60.204. 266. Zadé Inian
Rallia 2()3. .

355, 356, 357, 361. 377. 116. 136. 13S. Zaiiir (Hedr ed din .319.
4 16, 4 IS. Zeïii ed din. 199.
\'illaniieva, 136. Zein ed din Hassan. 105.
\'illai'cazar de Sirga, 423. Zeiyan (Moli ben 136. .

^'i,lla.seca (Marciuis de). 212, 211. Zenjrnides. 157, 16.?. 165.


Vincennes iChapelle de 19s. . Zeuiilians. .i79.
Viollel-Ie-Duc. 2K0. Zindé Siiah 12.i. ,

Viti-y iDe), 344. 381. Zilouna Djama), 116.


Vivienne, 361. Zizeni. 120.
V<)y:t. 270. Z<ii)eïda. inii. 126.

MAÇON. l'ROTAT FHi:HRS. IM l'HIMEIKSi.


TABLE (lÉXERALE

Plu'jFACE VII

PliKC.IS HISrOIilQtJE I>KS crviI.ISATIONS .MUSULMANKS XI

I. La peinture. La miniature. 1

n. La sculpture 61

m. Les jjois sculptés 89


W . Les ivoires 12:i

\' . L'orfèvrerie et la bijouterie 149


\'l. Les nionuaies i •>9

\'II. Les cuivres incrustés n»'»

Vlll. Les hronzes. Le fer :2:21

IX. Les armes 239


X. La céramicpic -aii

XL Les verres émaillés '^'t \

Xll. Les cristaux de roche et pierres <;ravéos 371


Xlil. Les tissus 3K1
\\\' Les tapis
. V2;>

(loNci.usioN. —
Les induenccs de l'ail musulman sur les ails de
rOccidenI Va!»

Table al| lialiéli(|Me des matières. 'Hi''>

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