Vous êtes sur la page 1sur 32

Chapitre II : Machines synchrones

CHAPITRE II :

MACHINES SYNCHRONES

II.1. Généralités et mise en équations de la machine synchrone à pôles lisses

II.1.1. Généralités

Présentation :

Les machines synchrones constituent la deuxième catégorie importante de machines à courant


alternatif. Comme toutes les autres machines, elles sont réversibles et peuvent fonctionner en
générateur (il s'agit alors des "alternateurs") ou en moteur (il s'agit alors des "moteurs
synchrones" ou "compensateurs synchrones").

Figure II.1a : Symbole d'un Figure II.1b : Symbole d'un moteur Figure II.1c : Symbole
d'un alternateur triphasé. synchrone triphasé. alternateur monophasé.

Constitution :
Comme toute machine tournante, une machine synchrone comporte deux parties essentielles,
le stator et le rotor. Le rotor sera en général un électro-aimant alimenté en continu (appelé
"circuit d'excitation" ou encore "circuit de champ"). C'est l'inducteur de la machine. Les
bobinages polyphasés du stator (en général triphasé) forment l'induit de la machine. Le stator
d'une machine synchrone est identique dans sa conception à celui d'une machine asynchrone.
Les enroulements du stator sont appelés "phases". Lorsque la machine fonctionne en moteur,
ces enroulements reçoivent du courant alternatif du réseau, et lorsque la machine fonctionne
en alternateur, ils en fournissent au réseau. On parle de machines "monophasées"
(1 seul enroulement au stator), "biphasées" (2 enroulements au stator), "triphasées (3
enroulements au stator). Le rotor, muni d'un enroulement monophasé excité par un courant
continu, se présente sous deux formes distinctes définissant deux familles de machines
synchrones, à savoir:
a) Machines à rotor cylindrique (ou à pôles lisses): Le rotor a sa périphérie lisse à l'exception
des encoches. La réluctance du circuit magnétique, entre rotor et stator est pratiquement

1
Chapitre II : Machines synchrones

constante et indépendante de la position du rotor. Ce mode d'exécution d'enroulement


concerne les machines rapides à 2 ou 4 pôles accouplées à des turbines à vapeurs ou à gaz
(turboalternateurs), hydraulique (alternateurs hydrauliques) ou a des compresseurs centrifuges
(turbomoteurs). Du fait des contraintes mécaniques très élevées provoquées par la vitesse de
rotation correspondant à ces faibles polarités, le rotor doit être réalisé sous forme de cylindre
en acier forgé à haute résistance mécanique.
b) Machines à pôles saillants: Le nombre de pôle minimal et toujours fixé à 4 et la vitesse
périphérie du rotor est ainsi réduite. Le bobinage est réalisé de telle sorte que chacun des pôles
successifs sur la périphérie soit alternativement Nord et Sud. La réluctance du circuit
magnétique est donc variable et déponde de la position du rotor. Toutes les bobines
d'excitation sont parcourues par le même courant continu, en série. Dans ce cas, le flux est
canalisé de façon localisée sous les pôles.

Principe de fonctionnement d'une machine synchrone triphasée :

- Champ tournant inducteur d’un système de tensions triphasées, principe de


l’alternateur :
Les machines électriques à courant alternatif (alternateurs, moteurs synchrones et
asynchrones, etc.) reposent en grande majorité sur le principe du champ tournant, il est donc
impératif de bien comprendre cette notion et ses caractéristiques.

La façon la plus simple et la moins calculatoire de comprendre ce qu’est un champ tournant et


son utilisation est d’envisager le cas d’un matériau aimanté présentant deux pôles (un Nord,
un Sud) tournant à vitesse angulaire constante ω au sein de bobinages disposés sur une partie
fixe, le stator. Un schéma de principe est représenté sur la figure II.2 où on s’intéresse au cas
d’un bobinage triphasé. De ce champ constant et tournant, on s’intéresse à la valeur du flux
qui balaye les bobinages. On simplifie considérablement le problème en considérant que, lors
de la rotation du rotor, les flux interceptés par les bobinages sont cosinusoïdaux (maximaux
quand le flux est en phase, nuls quand le flux est perpendiculaire). À partir des flux embrassés
par les bobinages, on déduit facilement les tensions développées par les bobinages en
appliquant la loi de Lenz.

2
Chapitre II : Machines synchrones

Figure II.2 : Champ tournant inducteur d’un système de tensions triphasé direct.

En appliquant la loi de Lenz, on obtient :

 dΦ
VA = − N dt = NωΦ r sin(ωt ) = Vm sin(ωt )

 2π
VB = Vm sin(ωt − ) (II.1)
 3
 2π
VC = Vm sin(ωt + 3 )

Le principe exposé ici est celui de l’alternateur triphasé. En fournissant de la puissance


mécanique au rotor, on induit des tensions aux bobinages statoriques qui peuvent alimenter
des charges, c’est-à-dire fournir de la puissance électrique sous la forme de courants triphasés.

- Création d’un champ tournant à partir d’un système triphasé, principe du moteur
synchrone :

Le fait qu’un champ tournant induise des tensions et des courants triphasés dans les bobinages
en regard est un phénomène tout à fait réversible. On peut formuler cette réversibilité en
disant qu’un système de courants triphasés circulant dans trois bobinages déphasés
angulairement de 120° produisent au sein de ces bobinages un champ tournant d’amplitude
constante et de vitesse angulaire ω (rad/s). Cette formulation correspond au théorème de
Ferraris, théorème qui est valable de façon générale pour tout système polyphasé (par
forcément triphasé donc). Il est important de noter la configuration conventionnelle
correspondant au schéma de la figure II.2, celle-ci fige les conventions d’écriture des tensions
en système triphasé direct ainsi que le sens de rotation du champ antihoraire. Il suffit ainsi
d’inverser deux phases pour inverser le sens de rotation du champ.

3
Chapitre II : Machines synchrones

- Modification des nombres de pôles statoriques et rotoriques :


Nombre de pôles rotoriques :
Dans l’exemple de la figure II.2, le rotor comportait une paire de pôles (un Nord, un Sud). Il
est possible d’augmenter ce nombre conformément au schéma représenté sur la figure II.3 sur
l’exemple d’un rotor bipolaire. Il est à noter qu’en faisant un tour, ce rotor va ainsi induire
deux périodes de tensions sinusoïdales aux bornes des bobinages. L’alternateur équivalent, en
ω N
tournant à la vitesse angulaire ω va donc créer des tensions à la fréquence f = 2 × = 2×
2π 60
avec N la vitesse de rotation en tr/min. En généralisant ces constatations à nombre p de paires
ω N
de pôles, on comprend que la fréquence des tensions créées correspondra à f = p =p .
2π 60

Nombre de pôles statoriques :


Il est possible d’obtenir exactement le même résultat en symétrisant les bobinages statoriques.
On représente le cas d’un bobinage présentant quatre pôles (2 paires de pôles) sur la figure
II.3. Un tel bobinage, embrassé par un champ tournant, ou parcouru par un courant inducteur,
présentera ainsi la même relation entre la vitesse du champ (inducteur ou induit) et la
fréquence des courants (inducteurs ou induits). On retiendra donc cette relation dans le cas
général d’un système multipolaire possédant p paires de pôles.

Figure II.3 : Modifications du nombre de pôles rotoriques et statoriques, formule générale


vitesse/fréquence.

4
Chapitre II : Machines synchrones

Une machine synchrone est une machine dont la vitesse de rotation N est liée à la fréquence
du réseau par la relation suivante:
N = 60f / p=Ns (II.2)
Où :
Ns représente la vitesse de synchronisme (tr/s).
f est la fréquence du réseau (Hz).
p est le nombre de paires de pôles.
ωs = ωm (II.3)

II.1.2 Mise en équation de la machine synchrone à pôles lisses

Dans la machine synchrone triphasée, le stator comporte 3 phases identiques décalées entre
elles dans l'espace d'un angle électrique égal à 2π/3. Le rotor cylindrique comporte un
enroulement d'excitation excité par un courant continu. La figure II-2 précise la localisation
des différents enroulements.
Pour le système de référentiel de la transformation de Park, on adopte des axes correspondant
à l'axe du système inducteur (axe d), respectivement à l'axe interpolaire (axe q).
L'enroulement rotorique n'aura pas à être transformé en enroulements équivalents puisque
l'enroulement réel est par construction déjà localisé selon les axes du référentiel de Park.

sb
vb
d
ib
ra : axe rotorique

if ia sa : axe statorique
vf va

ic
vc

sc

Figure II.2: Représentation des enroulements de la machine synchrone à pole lisse

5
Chapitre II : Machines synchrones

La modélisation du moteur synchrone triphasée est basée sur un nombre d’hypothèses


simplifiant l’obtention d’un modèle mathématique simple à résoudre, pour cela nous
considérons que :
o L’effet de la saturation du circuit magnétique est négligé ;
o La répartition de l’induction le long de l’entrefer est supposée sinusoïdale ;
o Les pertes fer sont négligées (hystérésis et courant de Foucault) ;
o Les effets des encoches ne sont pas pris en compte ;
o L’effet de la température sur les résistances est négligé ;
o Le couplage capacitif entre les enroulements est négligé ;
o L’effet de peau, qui augmente les résistances et diminue les inductances, est négligé.

Equations des tensions

Les équations de tensions de la machine synchrone triphasée exprimées dans le repère


(a,b,c) s’écrivent :
 d [Ψs ]
[Vs ] = [Rs ][I s ] + dt
 (II.3)
[V ] = [R ][I ] + d [Ψr ]
 r r r
dt
Où :
 Rs 0 0 va   ia  ψ a 
v  ;
[R s ] =  0 Rs 0  ; [Vs ] =  b  [I s ] =
i  ; [Ψ ] =
 b s
ψ 
 b
 0 0 R s   vc  ic  ψ c 

[R ] = R ; [V ] = v
r f r f
; [I r ] = i f ; [Ψf ] = ψ f

Equations des flux

L’équation du flux est donnée par:

[Ψs ] = [Ls ][I s ] + [M sr ][I r ]


 (II.4)
[Ψr ] = [Lr ][I r ] + [M rs ][I s ]

 La M ab M ac  M af 
[Ls ] = M ba Lb   
M bc  ; [Lr ] = L f ; [M sr ] =  M bf  ; [M rs ] = M af [ M bf M cf ]
 M ca M cb Lc   M cf 

Avec :
La, Lb, Lc : Les inductances propres des trois phases statoriques a, b, c;

6
Chapitre II : Machines synchrones

Lf : L’inductance propre de l’enroulement du rotor f.


Mab, Mba, Mac, Mca, Mbc, Mcb : Les inductances mutuelles entre phases statoriques ;
Maf, Mfa, Mbf, Mfb, Mfc, Mcf : Les inductances mutuelles entre phases statoriques et
l’enroulement du rotor.
L'inductance propre du rotor Lf est constante, elle est indépendante de la position du rotor.
Les inductions mutuelles entre les enroulements statorique et rotorique sont fonction de
l'angle électrique θ entre l'axe de la phase a du stator pris comme référence et l'axe d (fig.
II.2) :


 M af (θ ) = M fa (θ ) = M fs cos θ

 2π
 M bf (θ ) = M fb (θ ) = M fs cos(θ − ) (II.5)
 3
 2π
 M cf (θ ) = M fc (θ ) = M fs cos(θ + 3 )

Avec Mfs est l'inductance mutuelle maximale stator-rotor (lorsque θ=0).


Dans une machine à rotor cylindrique, les inductances propres statoriques et rotorique sont
constantes :
La = Lb = Lc = Lso (II.6)
Ainsi les inductances mutuelles sont égales et constantes :

M ab = M ba = M ac = M ca = M bc = M cb = M so (II.7)
Le système ainsi obtenu est non linéaire car les inductances sont en fonction de la position du
rotor, sa résolution est assez lourde. Le problème est simplifié en adoptant la transformation
de Park.

Expression du couple électromagnétique

L’expression du couple électromagnétique est obtenue par dérivation de la Co-énergie :

∂Wco 1 [I s ]  ∂  [Ls ] [M ] [I ]


T

Cem = =     sr s

[L ]  [I ]
(II.8)
∂θ 2 [I r ]  ∂θ [M rs ] r r

II.1.3 Modèle biphasé du moteur synchrone triphasée sans amortisseurs

Le modèle biphasé du moteur synchrone triphasée est obtenu en transformant les


enroulements triphasés (statoriques et rotoriques) en deux enroulements biphasés orthogonaux

7
Chapitre II : Machines synchrones

dq. La conversion implique la transformation aux enroulements équivalents, du point de vue


électrique et magnétique. La figure II.2 représente cette transformation.
ωm
sb
ra

q d
vb ra
isq isd
vq
rb θ vd
sa θ
vf if
va
vf
sa

vc

sc
rc

Figure II.3 : Passage du système triphasé abc au système biphasé dq

Cette transformation est définie par sa matrice de passage [P(θ)] tel que :

 2π 2π 
 cosθ cos(θ − ) cos(θ + ) 
3 3
2 2π 2π 
[P(θ )] = − sinθ − sin(θ − ) − sin(θ + ) (II.9)
3 3 3 
 1 1 1 
 2 2 2 

La matrice de passage [P(θ)] écrite sous cette forme est orthogonale, ce qui conduit à la
conservation de la puissance instantanée. L’orthogonalité nous permet d’écrire:

 1 
 cos θ − sin θ 
 2
2π 2π
[P (θ ) ] −1
= [P (θ ) ] =
T 2
cos( θ − ) − sin( θ − )
1 
(II.10)
3 3 3 2
 2π 2π 1 
 cos( θ + ) − sin( θ + ) 
 3 3 2
On a ainsi :

[X ] = [P (θ ) ][X ]
dqo a abc
(II.11)

X : pouvant représenter la tension, le courant ou le flux.


8
Chapitre II : Machines synchrones

Lorsque les sommes des composantes réelles (abc) sont nulles, l’équation traduisant la
composante homopolaire devient inutile.
La transformation inverse s’écrit :

[X ] = [P (θ ) ] [X ]
abc a
−1
dqo
(II.12)

Equations des tensions

Les équations des tensions pour un référentiel d,q lié au rotor sont obtenues en appliquant la
transformation de Park à l’équation donnée par (II.3), on aura:

 dψ d
vd = Rs id + dt − ω mψ q

 dψ q
vq = Rs iq + + ω mψ d (II.13)
 dt
 dψ f
v f = R f i f +
 dt
Ces tensions statoriques, sous forme matricielle, exprimées dans le référentiel (d, q) :
v d   R s 0 0  id  ψ d  0 − 1
     d   ψ d 
v q  =  0 Rs 0  iq  + ψ q  + ω m 1 0    (II.14)
v   0 R f  i f 
dt  
  ψ q 
 f  0 ψ
 f  0 0 
Equations des flux

En appliquant la transformation de Park à l’équation du flux statoriques donnée par (II.2), il


vient :

[ψ sdq ] = [P][Ψs ] = [P]{[Ls ][I s ] + [M sr ][I r ]}


[ψ rdq ] = [P][Ψr ] = [P]{[Lr ][I r ] + [M rs ][I s ]}
 (II.15)

En introduisant la matrice de Park et les expressions des différentes inductances données par
les relations II.6 et II.7, on obtient:

ψ d = Ls id + M f i f

ψ q = Ls iq (II.16)
ψ = L i + M i
 f f f f d

Avec :
Ls = Lso − M s 0 : L'inductance synchrone ;

9
Chapitre II : Machines synchrones

3
Mf = M fs : L'inductance mutuelle cyclique stator-rotor.
2

Ces flux, sous forme matricielle, exprimées dans le référentiel (d, q) :

ψ sd   Ls 0 M f  ψ sd 
    
ψ sq  =  0 Ls 0  ψ sq  (II.17)
ψ   M 0 L f  ψ f 
 f   f  

Le passage des grandeurs d, q aux grandeurs de phase statoriques est donné par la
transformation inverse.
II.2. Étude du fonctionnement de la machine synchrone

II.2.2 fonctionnement en alternateur

On représente le circuit triphasé correspondant aux


caractéristiques de l’alternateur sur la figure II.5.
L’équation de la maille correspondant à la phase 1 du
schéma équivalent triphasé d’un alternateur, s’écrive en Figure II.5 : Circuit triphasé d’un
notation complexe comme suit : Alternateur

E1 = R s I1 + jLω I1 + jMω I 2 + jMω I 3 + V1 = Rs I 1 + jLω I1 + jMω ( I 2 + I 3 ) + V1 Si la machine est

équilibrée, I 1 + I 2 + I 3 = 0

E1 = Rs I1 + jLω I1 − jMω ( I1 ) + V1 = Rs I1 + j[( Lso − M so )ω ]( I1 ) + V1 = [ R + j ( Lso − M so )ω ]I1 + V1

Les même calculs pour les phases 2 et 3, et en pose Ls = Lso − M so , soit :

 E 2 = [ Rs + jLsω ]I 1 + V1

 E 2 = [ Rs + jLsω ]I 2 + V2 (II.21)

 E3 = [ Rs + jLsω ]I 2 + V3

L’écriture des équations de maille de chaque phase (Equation (II.21)) met en évidence un
schéma monophasé équivalent simple basé sur une inductance équivalente dite inductance
synchrone. Ce modèle s’appelle le modèle linéaire équivalent monophasé (Figure II.6). Ce
modèle est basé sur la linéarité du circuit magnétique qui constitue la machine, linéarité qui se
traduit par la légitimité d’utilisation des inductances (propre et mutuelle).
L’équation de la maille du schéma monophasé équivalent s’écrit donc :

10
Chapitre II : Machines synchrones

E = [ Rs + jLsω ]I + V (II.22)

Où E est la force électromotrice à vide et Ls est l’inductance dite « synchrone ». On parle


aussi de la «réactance synchrone» donnée comme suit :
X s = Lsω (II.23)

Rs Xs

Figure II.6 : Circuit monophasé


équivalent d’un Alternateur

L’équation (4.5) devient donc:

E = [ Rs + jX s ]I + V (II.24)

Le diagramme vectoriel est le diagramme de Fresnel correspondant à cette relation :

δ jX s I
φ V Rs I
I

Figure II.7 : Diagramme vectoriel d’un Alternateur

Remarquons que dans le tracé du diagramme, nous avons exagéré l’importance de la chute de
tension dans la résistance Rs pour permettre une bonne lisibilité. En respectant les échelles
avec les ordres de grandeurs habituels, le vecteur correspondant à la chute de tension résistive
est peu visible. Cela justifie la simplification souvent opérée qui consiste à négliger
l’influence de la chute de tension dans la résistance Rs. Le schéma monophasé équivalent est
alors allégé en conséquence pour l’alternateur (Figure II.8).

11
Chapitre II : Machines synchrones

E
jX s I
δ
φ V
I

Figure II.8 : Diagramme vectoriel simplifié d’un Alternateur

Si la puissance est constante, en modifiant la valeur du courant inducteur on modifie


l’amplitude de la tension E. Ceci a pour conséquence de permettre que le courant fourni par
l’alternateur soit en avance, en phase ou en retard par rapport à la tension V. On représente
ces différents cas sur la figure II.9.

E E E
δ jX s I jX s I
δ I δ φ jX s I
φ V I V V

Déphasage arrière, φ >0, Q>0 En phasage, φ =0, Q=0 Déphasage avant, φ <0, Q<0
Figure II.9 Maîtrise du déphasage du courant de l’alternateur à puissance constante.

II.2.2 fonctionnement en moteur

La figure II.9 représente le circuit équivalent par phase d'un moteur synchrone à pôles lisses.

Figure II.9 : Circuit équivalent


d'un moteur synchrone à pôles
lisses.

L’équation (II.24) devient donc:

V = [ Rs + jX s ]I + E (II.24)

Le diagramme vectoriel est le diagramme de Fresnel correspondant à cette relation :

12
Chapitre II : Machines synchrones

δ jX s I
φ E Rs I
I

Figure II.7 : Diagramme vectoriel d’un Moteur

Remarquons que dans le tracé du diagramme, nous avons exagéré l’importance de la chute de
tension dans la résistance Rs pour permettre une bonne lisibilité. En respectant les échelles
avec les ordres de grandeurs habituels, le vecteur correspondant à la chute de tension résistive
est peu visible. Cela justifie la simplification souvent opérée qui consiste à négliger
l’influence de la chute de tension dans la résistance Rs. Le schéma monophasé équivalent est
alors allégé en conséquence pour moteur (Figure II.8).

V
jX s I
δ
φ E
I

Figure II.8 : Diagramme vectoriel simplifié d’un Alternateur

Si la puissance est constante, en modifiant la valeur du courant inducteur on modifie


l’amplitude de la tension E. Ceci a pour conséquence de permettre que le courant consommé
par le moteur soit en avance, en phase ou en retard par rapport à la tension V. On représente
ces différents cas sur la figure II.9.

V V V
δ jX s I jX s I
δ I δ φ jX s I

φ E I E E

Déphasage arrière, φ >0, Q>0 En phasage, φ =0, Q=0 Déphasage avant, φ <0, Q<0
Figure II.9 Maîtrise du déphasage du courant du moteur à puissance constante.

13
Chapitre II : Machines synchrones

II.2.4 Bilan de puissance

Dans une machine synchrone, il existe quatre types de pertes:

Pertes magnétiques (ou pertes fer) Pfe dans les tôles du stator. Ces pertes ne
dépendent que de la valeur maximale de l'induction le long de l'entrefer, donc ne
dépendent que de la f.e.m. induite synchrone Eo (c'est à dire pratiquement que de la
tension V). Par suite, si la tension est maintenue constante, ces pertes restent
constantes.
Pertes mécaniques Pm :
Elles sont dues
- aux divers frottements mécaniques,
- au déplacement du fluide entourant le rotor (air ou hydrogène)
Ces pertes ne dépendent que de la vitesse.

Pertes par effet Joule: Dans l'induit et dans l'inducteur.

Dans l'induit, elles résultent de la résistance Rs de chacune des phases statoriques

Pjs = 3 Rs I2 (II.20)
Dans l'inducteur, ces pertes sont constituées par la puissance dépensée dans le système pour
faire circuler le courant Ir.

Pjr = 3 Rr Ir2 (II.21)


L'emploi de la machine synchrone comme alternateur est le plus fréquent. Dans ce
fonctionnement elle reçoit de l'énergie mécanique de la turbine d'entraînement et fournit au
réseau de l'énergie active et réactive. Le flux de puissance dans le fonctionnement en
alternateur est représenté par la figure II.9.

Rotor Entrefer Stator


Pfr Pfs

Pu= Cent.Ω Pem Pu= 3VIcosφ

Pm PJr= RrIf2 PJs= 3RsI2

Figure II.9 : Bilan de puissance d'un alternateur synchrone.

14
Chapitre II : M
Machines synchrones

Lorsqu'elle fonctionne en moteur, elle reçoit du réseau de l'énergie


l'énergie active et réactive et fournit
de l'énergie mécanique Le flux de puissance dans le fonctionnement en moteur est représenté
par la figure II.10.

Stator Entrfer Rotor


Pfs Pfr

Pa= 3VIcosφ Pem Pu= Cu.Ω

PJs= 3RsI PJr= RrIf² Pm


Fig. II.10 : Bilan de puissance d'un moteur synchrone.

II.3. Différents systèmes d’excitation

II.3.1. Excitation par machines à courant continu

Le courant d'excitation peut être fourni par une génératrice à courant continu dite l'excitatrice,
l'
d'ordinaire accouplée, directement ou par l'intermédiaire d'un réducteur ou multiplicateur de
vitesse, à l'alternateur. L'excitatrice peut être auto-excitée
auto excitée ou excitée par une excitation
auxiliaire (Figure II.11 et II.122).

Fig. II.11 : Excitation d'une machine synchrone Fig. II.12 : Excitation d'une machine
au moyen d'une excitatrice auto-excitée
auto (E). Synchrone au moyen d'excitatrices
principale (E) et auxiliaire EA).
II.3.2. Excitation par redresseurs statiques

Le coût et l'entretien des machines à courant continu ont amené les constructeurs et
utilisateurs de groupes synchrones à les remplacer par des redresseurs statiques, par ailleurs,

15
Chapitre II : M
Machines synchrones

beaucoup plus performants. Pour assurer l'autonomie du


du groupe, le dispositif d'excitation à
redresseurs peut être alimenté par un alternateur auxiliaire calé sur l'arbre de l'alternateur
principal (Fig. II.13).

Fig. II.13 : Excitation statique et réglage à thyristors à partir d'un alternateur auxiliaire.

II.3.3. Excitation par des diodes tournantes

Pour éviter des contacts glissants, on préfère accoupler à l'alternateur l'induit d'alternateur
d'excitation qui débite dans l'inducteur par l'intermédiaire d'un redresseur à diode tournant lui
aussi. On règle le courant d'excitation par l'inducteur fixe de l'alternateur auxiliaire (Fig.
(
II.14).

Fig. II.14 : Excitation à diodes tournantes à partir d'un alternateur auxiliaire


à inducteur fixe.

16
Chapitre II : Machines synchrones

II.4. Réactions d’induit

Lorsque la machine synchrone est en charge, les enroulements de l’induit sont traversés par
des courants triphasés et créent un champ magnétique tournant à la fréquence de
synchronisme. Ce champ s’ajoute vectoriellement à chaque instant à celui de l’inducteur, qui
tourne à la même vitesse. Le champ résultant, et le flux résultant sont modifiés, ce qui
entraîne une modification de la f.é.m. induite. Similairement à la machine à courant continu,
ce phénomène est dit la réaction magnétique d’induit. Mais dans ce cas, elle est difficile à
étudier car la position de l’axe du flux de réaction magnétique par rapport à celui du flux
inducteur est variable selon la charge ce qui rend la compensation n’est pas réalisable.

NB : Dans ce qui suit et pour raison de simplification, nous supposerons que la machine
synchrone est bipolaire pour pouvoir confondre l’angle électrique et angle mécanique. Pour
analyser correctement les conséquences réelles de la réaction d’induit, nous devons tenir
compte de la charge surtout dans le cas de l’alternateur. Nous analyserons respectivement le
phénomène sur charge résistive, sur charge inductive et sur charge capacitive.

II.4.1. Réaction magnétique d’induit pour une charge résistive

Prenons comme hypothèse que la charge est du type résistive. Ce type de charge nous dit que
le courant est donc en phase avec la tension d’induit. Si la tension est maximum, le courant est
donc maximum. Hors la tension sera maximum lorsque le pôle nord est en face au second coté
de la bobine. D’autre coté, le sens du flux d’induit est perpendiculaire à l’axe de la section 1-
1’. Nous pouvons donc résumer cette position sur la figure II.15. Les axes des deux f.m.m
sont donc décalés d’un angle de π/2. La réaction d’induit est dite transversale.

Figure II.15. Position relative du flux inducteur et le flux de réaction d’induit pour une
charge résistive
17
Chapitre II : Machines synchrones

II.4.2. Réaction magnétique d’induit pour une charge inductive

Prenons comme hypothèse que la charge est purement inductive. Ce type de charge nous dit
que le courant est donc en quadrature arrière par rapport à la tension d’induit. Pour avoir un
courant maximum, la tension doit être minimum (le courant est en quadrature arrière par
rapport à la tension). Ainsi, le pôle nord est perpendiculaire à l’axe de la section 1-1’ de sorte
que le flux inducteur sera maximum (figure II.16). Les axes des deux flux sont décalés d’un
angle égal à π. La f.m.m de la réaction d’induit est dite longitudinale donc de même axe que la
f.m.m inductrice mais de sens inverse. La réaction est dite démagnétisante.

Figure II.16. Position relative du flux inducteur et le flux de réaction d’induit pour une
charge capacitive

II.4.3. Réaction magnétique d’induit pour une charge capacitive

Prenons maintenant comme hypothèse que la charge est purement capacitive. Ce type de
charge nous dit que le courant est donc en quadrature avance par rapport à la tension d’induit.
Pour avoir un courant maximum, la tension doit être minimum (le courant est en quadrature
avance par rapport à la tension). Ainsi, le pôle nord est perpendiculaire à l’axe de la section 1-
1’ de sorte que le flux inducteur sera minimum (figure II.17). Les axes des deux flux sont
confondus. La f.m.m de réaction d’induit est dite longitudinale donc de même axe que la
f.m.m des pôles inducteurs et de même sens. La réaction est dite magnétisante.

18
Chapitre II : Machines synchrones

Figure II.17. Position relative du flux inducteur et le flux de réaction d’induit pour une charge
capacitive
II.4.4. Réaction magnétique d’induit pour une charge quelconque

En pratique, la charge ne peut être inductive ou capacitive pure et le déphasage du courant sur
la f.é.m. sera donc compris entre -90 et 90°. L’angle entre la f.m.m des pôles inducteurs et la
f.m.m de l’induit sera compris entre 0 et 180°. Nous procédons dans ce cas à la décomposition
du vecteur de la f.m.m de l’induit en deux composantes. La première sera alignée selon l’axe
transversal et la deuxième sera alignée selon l’axe longitudinal.

Figure II.18. Position relative du flux inducteur et le flux de réaction d’induit pour une
charge quelconque

19
Chapitre II : Machines synchrones

II.5. Éléments sur la machine synchrone à pôles saillants

II.5.1 Machine synchrone à pôles saillants sans amortisseurs

L'enroulement statorique du moteur synchrone triphasée comporte 3 phases identiques


décalées entre elles de 2π/3 radians. Le rotor comporte un enroulement d'excitation excité par
un courant continu (Fig. II.19). En général, le rotor est aussi équipé au voisinage de l'entrefer
d'un enroulement en court circuit dit "enroulement amortisseur", constitué soit par des barres
de cuivre nues court circuitées par des anneaux comme la cage d'un moteur asynchrone, soit
par les pièces en acier massif constituant le cylindre rotorique ou les pôles inducteurs (fig. II-
2). Cet enroulement joue alors un rôle qu'au cours de régimes transitoires, et ne sera pas
considéré dans cette section.

sb
d
axe rotorique
vb ib

θ
if
if ia sa : axe statorique
vf va

ic
vc
q
sc

Fig. I.19 Représentation schématique d’une machine synchrone à pôles saillants.

Dans une machine à pôles saillants, les inductances propres statoriques sont données comme
suit:

La = Lb = Lc = Lm + Lσs (II.22)

Où Lm et Lσs désignent respectivement l'inductance principale et l'inductance de fuite.

Ainsi la perméance du circuit magnétique est maximale selon l'axe d et minimale selon l'axe q
(Fig. II.20 et II.21).

20
Chapitre II : M
Machines synchrones

Fig. II.20 : Circulation du champ statorique Fig. II.21 : Circulation du champ statorique
Longitudinal (réluctance Rd) transversal (réluctance Rq)

L'inductance Lm définie dans l’équation (II.22) s'exprime:

Lsd + Lsq Lsd − Lsq


Lm (θ ) = + cos 2θ = Lm 0 + Lsv cos 2θ (II.23)
2 2
Avec :
Lsd + Lsq L sd − L sq
Lm 0 = , L sv =
2 2
Où Lsd et Lsq représentent respectivement la valeur maximale et la valeur minimale de
l'inductance principale du stator et s'appellent inductance longitudinale et inductance
transversale.
L'inductance propre d'une phase sera donc:

La (θ ) = Lσs + Lm 0 + Lsv cos 2θ (II.24)

Les inductances Lb(θ) et Lc(θ) se déduisent de la relation (I.24)) en remplaçant θ par


(θ - 2π/3) et (θ + 2π/3), d’où:

La (θ ) == Ls 0 + Lsv cos 2θ

Lb (θ ) = Ls 0 + Lsv cos 2(θ − ) (II.25)
3

Lc (θ ) = Ls 0 + Lsv cos 2(θ + )
3

Où : Ls 0 = Lσs + Lm 0

Dans les machines à pôles saillants, les mutuelles statoriques dépendent de θ.


Lsd + Lsq Lsd − Lsq 2π 1 2π
M ab (θ ) = − + cos 2(θ − ) = − Lm 0 + Lsv cos 2(θ − )
4 2 3 2 3
Ces mutuelles s’écrivent donc:

21
Chapitre II : Machines synchrones


M ab (θ ) = M s 0 + Lsv cos 2(θ − )
3
M bc (θ ) = M s 0 + Lsv cos 2θ (II.26)

M ca (θ ) = M s 0 + Lsv cos 2(θ + )
3
1
Où: M s 0 = − Lm 0
2

Selon les équations I.91 à I.93 (Chapitre I : § I.3). Les inductances propres statoriques
sont données comme suit:


 La (θ ) = Lso + Lsv cos 2θ

 2π
 Lb (θ ) = Lso + Lsv cos 2(θ − ) (II.27)
 3
 2π
 Lc (θ ) = Lso + Lsv cos 2(θ + 3 )
Avec :
Lsd + Lsq L sd − L sq
Lso = Lsσ + , L sv =
2 2
Où :
Lsσ : L'inductance de fuite au stator ;
Lsd : L’inductance longitudinale au stator (L’inductance sur l’axe d ou directe) ;
Lsq : L’inductance transversale au stator (L’inductance sur l’axe q ou en quadrature).

Pour les machines à pôles saillants, les mutuelles statoriques dépendent de θ :

 2π
 M ab (θ ) = M ba (θ ) = M s 0 + Lsv cos 2(θ − 3 )

 M bc (θ ) = M cb (θ ) = M s 0 + Lsv cos 2θ (II.28)
 2π
 M ca (θ ) = M ac (θ ) = M s 0 + Lsv cos 2(θ + )
 3

Lsd + Lsq
Avec : M s 0 = −
4

Le système ainsi obtenu est non linéaire car les inductances sont en fonction de la position du
rotor, sa résolution est assez lourde. Le problème est simplifié en adoptant la transformation
de Park.
En introduisant la matrice de Park et les expressions des différentes inductances développées
au § II.1.1, on obtient:

22
Chapitre II : Machines synchrones

ψ d = Ld id + M f i f

ψ q = Lq iq (II.29)
ψ = L i + M i
 f f f f d

Avec :
3
Ld = Lso − M s 0 + Lsv : L'inductance synchrone longitudinale ;
2
3
Lq = Lso − M s 0 − Lsv : L'inductance synchrone transversale ;
2
3
Mf = M fs : L'inductance mutuelle cyclique stator-rotor.
2

Le passage des grandeurs d, q aux grandeurs de phase statoriques est donné par la
transformation inverse.

II.5.2 Machine synchrone à pôles saillants avec amortisseurs

Les machines à pôles saillants ont leur rotor muni d’amortisseurs constitués de barres de
cuivre logées dans des encoches pratiquées dans les pièces polaires. Ces barres sont reliées
entre elles à leurs extrémités par deux anneaux ou des arceaux conducteurs suivant le nombre
de pôles. Les amortisseurs s’opposent à toute variation rapide du flux à travers le rotor. Ils ont
un rôle primordial dans la stabilisation de la vitesse de la machine suite à des variations de
charges.
La figure (II.22) rappelle la position des axes des phases statoriques et rotoriques dans
l’espacé électrique abc. L'enroulement statorique comporte 3 phases identiques décalées entre
elles dans l'espace d'un angle électrique de 120°. En plus de l’enroulement d’excitation, le
rotor est équipé au voisinage de l'entrefer de deux enroulements amortisseurs en quadratures
et court-circuités.

23
Chapitre II : Machines synchrones

sb
d
axe rotorique
vb ib

ikd θ
if
if ia sa : axe statorique
vf va

ikq

ic
vc
q
sc

Fig. II.22 : Représentation schématique d’un moteur synchrone triphasé avec amortisseurs.

Equations des tensions

Le système d'équations de tension de la machine synchrone est obtenu par l'application de la


loi d'Ohm généralisée:

 d [Ψs ]
[Vs ] = [Rs ][I s ] + dt
 (II.31)
[V ] = [R ][I ] + d [Ψr ]
 r r r
dt

Où :

 Rs 0 0 Rf 0 0 va  v f  ia  if 


0  ; [R f ] =  0
   
[Rs ] =  0 Rs  Rkd 0  ; [Vs ] = vb ; [Vr ] = 0 ; [I s ] = ib ; [I r ] = ikd 
     
     
 0 0 Rs   0 0 Rkq  vc   0  ic  ikq 

ψ a  ψ f 
 
; [Ψs ] = ψ b ; [Ψr ] = ψ kd  .
ψ c  ψ kq 
 

Equations des flux :

[Ψs ] = [Ls ][I s ] + [M sr ][I r ]


 (II.32)
[Ψr ] = [Lr ][I r ] + [M rs ][I s ]
Où :

24
Chapitre II : Machines synchrones

 La M ab M ac   Lf M f ,kd M f ,kq   M af M a ,kd M a ,kq 


   
[Ls ] = M ba M bc  ; [Lr ] =  M kd , f
 M kd ,kq  ; [M sr ] = [M rs ] =  M bf
T
Lb Lkd Lb ,kd M b ,kq  .
 M ca M cb Lc   M kq , f M kq ,kd Lkq   M cf M c ,kd Lc ,kq 

D’autre part, les expressions des différentes inductances en fonction de θ donnent :

 2π 2π 
 Ls 0 + Lsv cos 2θ M s 0 + Lsv cos 2(θ + ) M s 0 + Lsv cos 2(θ − )
3 3
 2π 2π 
[Ls ] = M s 0 + Lsv cos 2(θ + ) Ls0 + Lsv cos 2(θ − ) M s 0 + Lsv cos 2θ ;
 3 3 
 2π 2π 
 M s 0 + Lsv cos 2(θ − 3 ) M s 0 + Lsv cos 2θ Ls 0 + Lsv cos 2(θ + ) 
3 
 
 Lf M f ,kd 0  M fs cosθ M kd ,s cosθ − M kq,s sinθ 
 2π 2π 2π 
[Lr ] = M kd , f Lkd

0  ; [M sr ] = [M rs ]
T
= M fs cos(θ − ) M kd ,s cos(θ − ) − M kq,s sin(θ − ) .
 0 Lkq   3 3 3 
M cos(θ + 2π ) M cos(θ + 2π ) − M sin(θ + 2π )
0
 3 
fs kd ,s kq,s
3 3

Avec :
Ls0, Lsv , Ms0 et Mfs sont définis au paragraphe (§II.1.1);
Mkd,s : L'inductance mutuelle maximale entre l’enroulement kd du rotor et le stator;
Mkq,s : L'inductance mutuelle maximale entre l’enroulement kq du rotor et le stator;
Le système ainsi obtenu est non linéaire car les inductances sont en fonction de la position du
rotor, sa résolution est assez lourde. Le problème est simplifié en adoptant la transformation
de Park. En introduisant la matrice de Park et les expressions des différentes inductances
développées au § II.1.1, on le modèle de Park d’un moteur synchrone triphasé à pole saillants
avec amortisseurs (figure II.23).
ωm
sr

q d
isq id
vq
vd
ikd
ikq θ
if
vf
sa

Figure II.23 : Représentation schématique de la MS sans amortisseurs dans le repère de


Park.

25
Chapitre II : Machines synchrones

 dψ d
v
 d = R .
s d
i + − ωmψ q
dt

v = R .i + dψ q + ω ψ
 sq s q
dt
m d


 dψ f
v f = R f .i f +
 dt (II.33)
 dψ kd
 0 = Rkd
.i kd
+
dt

0 = R .i + dψ kq
 kq kq
dt

Où :

ψ d = Ld .id + M f .i f + M kd .ikd

ψ q = Lq .iq + M kq .ikq

ψ f = L f i f + M f id + M fd ikd (II.34)
ψ = L i + M i + M i
 kd kd kd kd sd fd f

ψ kq = Lkq ikq + M kq isq


Avec :
Ld, Lq et Mf sont définis au paragraphe §II.1.2 ;

3
M kd = M kd ,s : L'inductance mutuelle cyclique entre l’enroulement amortisseur kd et le
2
stator;

3
M kq = M kq ,s : L'inductance mutuelle cyclique entre l’enroulement amortisseur kq et le stator.
2

II.6. Diagrammes de la machine synchrones

Pour l'étude des régimes permanents, on exprime les relations de base en valeurs de phase
efficaces. En supposant qu'à l'instant t = 0 l'axe d coïncide avec l'axe de la phase a, la
transformation inverse donne pour le courant dans la phase a la valeur:
π
ia = is = id cos ωt − iq sin ωt = id cos ωt + iq cos(ωt + ) (II.35)
2

Sous forme complexe :

26
Chapitre II : Machines synchrones

I = I d + jI q (II.36)

Avec :
 id
I d = 2

 (II.37)
 I = iq
 q 2

De même :

V = Vd + jVq (II.38)

Avec :

 ud
Vd = 2

 (II.39)
V = u q

q
2

Soit :

ωM I
E0 = f f
(II.40)
2
La tension Eo représente la f.é.m. induite dans les phases statoriques à circuit ouvert
(id = iq = 0) par le flux correspondant au courant d'excitation au régime permanent. Elle est
appelée "f.é.m. induite synchrone". On obtient alors:

Vd = Rs I d − X q I q
 (II.41)
Vq = E0 + Rs I q + X d I d

En notation vectorielle, avec E0 = jE0 et Eq = jEq , la tension aux bornes U = U d + jU q s'écrit:

V = E0 + Rs I + jX d I d + jX q I q (II.42)

Cette relation très importante définit l'équation de tension de la machine synchrone en régime
permanent.
La convention pour que le sens du courant, soit positif rentrant dans la machine correspond à
l'utilisation de la machine en moteur. Les équations (II.41) et (II.42) sont donc les équations

27
Chapitre II : M
Machines synchrones

de fonctionnement d'un moteur synchrone. Lorsque la machine fonctionne en alternateur, il


est d'usage de changer la convention pour le sens du courant
courant et ces équations
deviennent:

Vd = − Rs I d + X q I q
 (II.43)
Vq = E0 − Rs I q − X d I d

V = E0 − Rs I − jX d I d − jX q I q (II.45)

La figure II.24 représente le diagramme de tension obtenu en portant sur 2 axes


perpendiculaires d et q les composantes Vd et Vq. La figure II.25 représente le digramme de la
tension correspondant à la relation (II.45).
( ). Ce diagramme porte le nom de diagramme de
Blondel

Fig. II-24 : Digramme de tension. Fig. II.25 : Diagramme vectoriel de tension.

Le déphasage φ entre I et V définit le facteur de puissance de la machine pour le régime de


fonctionnement considéré.
L'angle entre E0 et V représente l'angle
l' de charge δ.

L'angle ѱ entre I et E0 représente l'angle


l' de déphasage interne.

II.7. Alternateurs et Couplage en parallèle.


Généralement un alternateur fonctionne en parallèle avec d'autres alternateurs dans le réseau
et son comportement présente de ce fait certaines particularités. Ceci s'explique par le fait que
les centrales modernes ont une puissance tellement grande que la réalisation d'un alternateur

28
Chapitre II : Machines synchrones

d'une telle puissance rendrait difficile non seulement son exploitation mais aussi sa
fabrication.
En générale, tous les alternateurs d'un même pays (ou de plusieurs pays voisins) fonctionnent
en parallèle et débitent, par l'intermédiaire de transformateurs élévateurs, dans le réseau
THT. De même tous les centres de consommation d'énergie sont branchés en parallèle sur le
réseau THT par l'intermédiaire de répartition. C'est ce que l'on appelle l'interconnexion.
Cela présente plusieurs avantages :
1) la puissance du groupe de réserve installés dans les centrales pour les cas de panne ou de
réparation diminue;
2) il de vient possible de répartir la charge entre les centrales de façon plus rationnelle afin
d'améliorer les indices économiques de tout le réseau d'interconnexion;
3) pour accroître la sécurité d'alimentation des grandes centres industriels en énergie
électrique;
4) Installer rationnellement les centres de production sur le territoire même si les
emplacements et les puissances adoptées ne correspondent pas aux besoins locaux, pour
exploiter au mieux toutes les ressources naturelles et adopter un emplacement optimal pour
les centrales thermiques (proximité d'une mine, d'un port pour l'approvisionnement, d'un
fleuve ou de la mer pour le refroidissent du condensateur...).
L'interconnexion entraîne certaines contraintes. Toute perturbation locale peut avoir une
influence considérable sur l'ensemble de réseau si bien que l'interconnexion exige des
dispositifs de protection particulièrement efficaces.

Figure II. 28 : Couplage en parallèle d'un alternateur synchrone triphasé.

Pour pouvoir coupler en parallèle (ou synchroniser) un alternateur avec un autre alternateur ou
avec le réseau, il faut qu'à l'instant de connexion :
1- la f.é.m. de l'alternateur à connecter soit égale à la tension du réseau,
2- la fréquence de l'alternateur doit être la même que celle du réseau,
29
Chapitre II : Machines synchrones

3- la f.é.m. de l'alternateur doit être en phase et, pour les machines triphasées, de même
séquence de phase que la tension du réseau.
La dernière condition vérifiée lors de la mise en service de l'alternateur. Si par suite d'erreur
dans le schéma d'enroulement les séquences de phases sont inversées, il suffit de permuter
deux phases pour satisfaire la condition.
On agit sur le régulateur de vitesse de la turbine qui entraîne l'alternateur pour amener
l'alternateur à une vitesse voisine de synchronisme. On agit sur le courant d'excitation If de
façon à ce que la f.é.m. induite Eo à vide soit égale à celle du réseau V.
Pour remplir les conditions indiquées il faut employer des dispositifs de synchronisation
spéciaux dont les plus simples sont les lampes de phase.
Pour repérer l'instant où l'interrupteur doit être fermé on peut connecter à ses bornes, comme
l'indique la figure II.29, trois lampes. L'instant qui convient pour la connexion en parallèle,
représenté sur la figure II.29 sera choisi de la façon suivante. On obtient dans l'alternateur à
connecter une fréquence f2 = f1 +∆f1. Dans ce cas la tension du réseau sera représentée par
une courbe sinusoïdale u de fréquence f1, la f.é.m. à vide de l'alternateur à connecter sera
représentée par une courbe sinusoïdale de fréquence f2 (figure II.29a) et la tension aux bornes
des lampes da phase de l'alternateur sera représentée par la courbe u - e dont la nature est celle
d'une courbe de battement (figure II.29b). A l'instant où l'éclat des lampes de l'alternateur II
est maximal on aura le déphasage maximal des tensions u et e et à l'instant de l'extinction des
lampes on aura la concordance des phases de ces tensions.

e u (a)
t

u − e (b)
t

Fig. II.29 : Variation de la tension aux bornes du réseau de l'alternateur à connecter


et aux bornes des lampes lors de la mise au synchronisme.

Sur la fig. 4-35 sont représentés le diagramme de tension du réseau et de l'alternateur II par
rapport au circuit comprenant les trois f.e.m. les trois tensions du réseau et les tensions aux

30
Chapitre II : M
Machines synchrones

bornes des trois lampes de phase. On voit que sur la figure II.30a que les lampes seront
éteintes lorsque la tension aux bornes de chaque lampe sera nulle c'est à dire :

→ → → → → →
u1 = e1 u2 = e2 u3 = e3

Ce qui donne l'instant favorable pour la connexion de l'alternateur II aux barres du réseau.

Figure II.30 : Diagramme vectoriel des tensions.


a) même succession de phase. b) succession de phase différente.
Si la succession des phases n'est pas la même pour les f.é.m. et les tensions (fig. II.30b), par
exemple si on a :
- La succession directe pour u1, u2, u3,
- La succession inverse pour, e1, e2, e3,
Les lampes s'allument et s'éteignent successivement, il suffit alors de croiser deux fils entre
l'alternateur et l'interrupteur pour revenir aux cas précédent.
Les lampes de phase ne peuvent pas indiquer de façon absolument précise l'instant requis pour
réaliser
ser la connexion. On obtient de meilleurs résultats en branchant aux point à connecter, en
plus des lampes de phase, un voltmètre dont le zéro se trouve au milieu de l'échelle (fig. 4-
4
34) car le passage de l'aiguille par le zéro détermine d'une façon beaucoup
beau plus précise
l'instant favorable pour la connexion que les lampes de phase. En générale la synchronisation
est réalisé par un instrument appelé "synchronoscope".
"
Dans les centrales modernes, la synchronisation se fait automatiquement au moment précis où
les trois conditions énumérées précédemment sont satisfaites.

II.8.. Moteurs synchrones

La machine synchrone est réversible. Les résultats établis pour le fonctionnement en


alternateur restent valables. On utilise pour le fléchage la convention récepteur. On change le
sens de rotation en permutant deux fils de l’induit.

II.8.1. Démarrage – Réglage de la vitesse


31
Chapitre II : Machines synchrones

Un moteur synchrone ne possède pas de couple au démarrage. Il ne peut être relié au réseau
que si la vitesse est voisine du synchronisme. Quelques procédés possibles de démarrage :
– On entraîne la machine avec un moteur auxiliaire, puis on couple sur le réseau.
– On alimente le moteur à fréquence variable avec un variateur électronique en maintenant le
rapport V/f constant.
– Le moteur génère sa propre fréquence à partir d’informations sur la position du rotor, il est
autopiloté.

II.8.2 Moteur synchrone autopiloté

Le couple électromagnétique est maximal si les champs tournants statorique et rotorique


forment un angle de 90◦. Un capteur (résolveur) permet de repérer à chaque instant la position
du rotor, et un convertisseur électronique de fréquence alimente le stator. Une variation entre
les déphasages des champs se répercute sur la fréquence d’alimentation qui agit en
conséquence pour rétablir l’équilibre (vitesses du rotor et du champ tournant en
synchronisme, décalage de 90◦). Le moteur s’autopilote et ne risque pas de décrocher.
Finalement, le variateur de fréquence du moteur synchrone remplit la même fonction que le
collecteur d’un moteur à courant continu. Un moteur synchrone autopiloté est donc équivalent
à un moteur à courant continu alimenté par un hacheur.
L’étude du moteur autopiloté est complexe. La figure II.31 donne un schéma fonctionnel
simplifié de principe, sachant qu’il existe plusieurs types de convertisseurs et de stratégies de
commande.

Figure II.31 : Principe du moteur synchrone autopiloté

32

Vous aimerez peut-être aussi