Vous êtes sur la page 1sur 23

CRÉDITS

Une création du Studio Deadcrows pour les éditions 7ème Cercle.

Initiation du projet
Raphaël Bardas et François Cedelle.

Coordination éditoriale
François Cedelle et Boris Courdesses.

Textes
Raphaël Bardas

Illustrations
Emmanuel Bouley, Boris Courdesses, Mathieu Gasperin, Sébastien Lhotel, Lohran, Frédéric Sintes et Christophe Zerr

Couverture
Boris Courdesses

Calligraphies
Gildas Malassinet-Tannou

Mise en page
François Labrousse

Corrections
François Cedelle, Boris Courdesses

Communauté
Site et forum officiel : http://www.deadcrows.net
Site de l’éditeur : http://www.7emecercle.com
Site de la communauté : http://cercle.capharnaum.free.fr
Liste de diffusion : http://fr.groups.yahoo.com/group/capharnaum/

2
Bienvenue dans l’oasis de Yasmina…
… la danseuse pour qui moururent deux princes. C’est un lieu de richesses et de magie, situé
au nord du désert de feu à seulement quelques jours de l’Halawoui. Deux villes s’y côtoient,
bon gré mal gré, et font de cet endroit unique une étape essentielle pour rejoindre le cœur de
l’Aramla El-Nar. L’une est gouvernée par des sorciers et des spectres, l’autre par des princes
qui ne peuvent régner qu’après avoir tué leur ami le plus fidèle. Villes de contrastes et de
contradiction, les médinas de Yasminabad accueillent en leur sein de nombreux marchands,
des Escartes en permission, des tisseurs de tapis volants, une guilde de mosaïstes quêtant
le mystère des dragons, une communauté djinn et des marchands d’armes forgées par des
cyclopes.
Yasminabad, aussi, est la cité représentée sur l’écran de CAPHARNAÜM : L’Héritage des dra-
gons. Elle fait l’objet d’une série de suppléments gratuits que vous pourrez trouver régulière-
ment dans la section téléchargements du site du Studio Deadcrows et sur celui du 7ème Cercle.
Ce que vous avez sous les yeux est le premier volume de la gamme. Il présente une descrip-
tion détaillée de l’Oasis, de nouvelles Paroles et un scénario.

3
Yasminabad
Premier carnet
Histoire : à accomplir lorsqu’ils rencontrèrent la jo-
lie Yasmina. Tous deux tombèrent sous
La première semaine de mariage n’était pas
consommée que, pour ne plus avoir à la
son charme et lui demandèrent sa main le partager, Alaeddine finit par tuer Yasmina.
La légende lendemain même de leur rencontre. Flattée
par tant d’amour, mais incapable de décider
Quelques heures après seulement l’al-ki-
miyat tomba sous les coups vengeurs de son

de Yasmina qui de Alaeddine l’al-kimiyat ou de Lakhdar


le Mudjahid, elle voulait épouser, Yasmina
frère.
Aujourd’hui encore l’oasis, qui hérita du
En 2501, deux frères saabi, tous deux pro- leur lança un défi : celui qui lui construirait
nom de Yasmina, est divisée en deux médi-
ches neveux du prophète Hassan, tombè- la plus belle ville en lieu et place de l’oasis
nas, chacune construite jadis pour l’amour
rent amoureux de la même femme. Celle-ci deviendrait son époux. Chacun redoubla
d’une danseuse.
était si belle qu’on la prétendait inhumaine, alors d’effort pour trouver les artisans, les
sans doute issue de l’amour d’un homme et architectes et les ouvriers nécessaires à leur
d’une déesse. C’était le temps où les dieux
marchaient encore sur la terre, cela parais-
projet. Ainsi furent construites les deux
médinas qui ceignent le grand souk des
Description
sait possible.
Yasmina, c’est ainsi qu’elle se nommait,
deux portes, chacune bâtie à partir de l’un
des yeux de Manat. générale
était danseuse dans une petite oasis située
dans l’un des endroits réputés pour être les
Tout cela ne suffit pourtant pas et Yasmina
ne parvint à choisir l’un des deux frères.
de l’oasis
plus dangereux du désert de feu. Il y avait Elle décida alors de demander à la déesse Yasminabad est un lieu de passage, une ville
en effet à proximité un vaste territoire djinn, de l’amour, Agushaya, de lui montrer la champignon dont l’effervescence n’a que
une mystérieuse mosaïque ancienne et une voix à suivre. Priant la déesse durant trois peu à envier aux principaux pôles commer-
désolation troglodyte, terre creuse dissi- semaines, lui sacrifiant vingt chevreaux et ciaux du Capharnaüm ou de Kh’saaba. Bien
mulant des forges cyclopéennes… au sens allant s’offrir nue au sommet d’un djebel de que très au nord des hauts plateaux, elle se
propre du terme. L’oasis elle-même était la terre creuse voisine, Yasmina attira enfin situe encore dans les territoires considérés
organisée autour de deux points d’eau es- l’attention de la déesse. Agushaya écouta comme saabi et est donc placée sous l’auto-
pacés de trois centaines de pas. Chacun de les requêtes de la jeune femme et lui offrit rité de princes soumis à Jergath-la-grande.
ces points d’eau ayant une forme amandine, enfin le don de non-sommeil. Plus jamais Traditionnellement séparée en deux médi-
l’endroit était surnommé « les yeux de Ma- Yasmina n’éprouverait le besoin de dormir. nas, l’oasis est partagée entre deux pouvoirs,
nat » par les bédouins. On pensait en effet Ainsi deviendrait-elle l’épouse de l’un la entre deux palais, et entre deux conceptions
que c’est par ces étangs que la déesse de la nuit et de l’autre le jour. de la vie. D’un côté, le pouvoir sacré et
mort pouvait observer le monde. Mais ce qui semblait être une solution n’en mystique, tenu par les kahini et al-kimiyati
Les deux Saabi traversaient le désert à la était pas une. Les deux hommes ne tinrent de la Parole des épouses de Manat dans la
recherche de quelque épreuve merveilleuse pas et la jalousie les poussa à s’affronter. médina Al-Alaeddine. De l’autre, le pouvoir

4
princier et militaire tenu par les Mudjahidin ≠ Maître Elbess Avidjane est sont eux-mêmes issus de ces
de la Parole des chevaliers sans frère dans la le plus ancien des écoles d’escrime qui font la
médina Al-Lakhdar. six intendants. Agé réputation militaire de Yasmina-
de soixante-quatre bad. Jamais un wazir de l’Al-Lakhdar

Puissance et ans, il apparaît


aux yeux de
ne vint d’ailleurs que d’une de ces
écoles, et jamais cela ne sera.
tous comme
économie un homme sage
et oeuvrant pour le
≠ Najim Ibn Tufiq Abd-al-Tarek
est un stratège né et un enfant du
L’oasis est un havre où de nombreuses désert. S’il a grandi à Yasminabad, ce
bien de tous à Yas- fut pourtant aux portes du désert qu’il
guildes commerciales ont installé toutes
minabad. Ce qui fit son éducation, sous la houlette d’un
sortes de comptoirs, faisant de Yasminabad
est vrai  : son grand père décidé à tout faire pour que son fils
une étape obligatoire lors d’une traversée
âge aidant, Elbess est bien loin des devienne un homme important. Initié à la
du désert. Chacune a ses ententes avec les
conflits arbitraires et des rivalités d’amour vie de bédouin comme aux arts militaires, il
pouvoirs locaux et négocie ses passe-droits
propre. Patriarche de la famille Avidjane, fut repéré par un instructeur de l’école d’es-
et autres avantages contractuels en échange
qui constitue l’un des clans mineurs les crime royale Turuq Al-Jergath. Ainsi Najim
de services ou de denrées commerciales. Si
plus importants de Kh’saaba, Elbess est devint cadet des soldats de l’Al-Lakhdar
les sorciers de l’Al-Alaeddine et les cheikhs
un homme riche et puissant, respecté dans puis disciple de la Parole des lames de re-
de l’Al-Lakhdar sont censément au-dessus
tout le royaume. gret fraternel. Les années passant, il devint
de ces considérations marchandes, ils sa-
vent parfaitement s’entourer. Il existe de ≠ Amanazir Belchemi Ibn Sal est de vingt le chef des troupes du désert, puis capi-
ce fait dans l’entourage des mages comme ans le cadet de maître Elbess. S’il n’a ni son taine de la garde du grand souk des deux
dans celui des princes, des wazirs dont la tâ- âge ni sa sagesse, il a dix fois son ambition. portes et enfin wazir garant de l’application
che première est d’organiser et d’assurer la Amanazir est un homme avide et corrom- des lois régulières et séculières de Kh’saaba.
prospérité de l’oasis pendant que leurs sei- pu, qui n’hésite pas à se fourvoyer avec les Aujourd’hui âgé de plus de quarante ans,
gneurs sont tournés vers la transmission de milieux du crime lorsque cela peut servir Najim est un homme respecté et aimé par
leurs Paroles. D’aucuns se plaisent à penser ses intérêts et ceux de l’Al-Alaeddine. Si ses concitoyens. Homme juste, pieu et fort,
que ces wazirs sont les réels maîtres de Yas- les rumeurs vont bon train concernant sa il incarne ce que chaque Saabi aime voir en
minabad. corruptibilité, aucune preuve n’en a jamais ses dirigeants. Si les cheikhs lui donnent un
été fournie. On dit que Jelim Ibn Aziz Abd- peu plus de responsabilité et de poids po-
Le collège des al-Salif n’a pas le moindre doute à ce sujet, litique chaque année, Najim lui regarde de
mais qu’il préfère mille fois un homme aus- plus en plus vers le désert.
hauts intendants si compétent qu’Amanazir et quelque peu ≠ Zuru Ibn Mimoun Abd-al-Tarek était
Comme nous l’avons vu, il existe dans l’Al- malhonnête qu’un exemple de vertu gauche autrefois un frère de l’ordre des Vierges
Alaeddine comme dans l’Al-Lakhdar des et sans talent comme on en voit tant dans de papier. Il était promis à la belle Yani,
wazirs dont la mission est d’assurer la pros- les cours. fille aimée d’Agushaya. L’un et l’autre se
périté de l’oasis. Réunis en un conseil dit ≠ Veldric Eckärdsen est un homme blond sachant promis, ils se laissèrent aller aux
des hauts intendants, ils officient, au nom- d’une trentaine d’années. Venu de son Nord jeux de l’amour et tombèrent amoureux. Ils
bre de six, en tant que maîtres des actions natal pour étudier la politique et la sagesse s’aimèrent à tel point que Yani ne supporta
marchandes et politiques à Yasminabad. jazîrati, il décida il y a dix ans de suivre la plus de devoir s’offrir à d’autres hommes, à
Trois sont les conseillers des kahini, et trois Parole des épouses de Manat. Nul ne sait tel point aussi que Zuru faillit devenir fou
sont les conseillers de cheikhs. Il en résulte si ce sont son talent pour la politique ou chaque nuit où elle dut accomplir son rôle
un certain nombre de conflits d’influence, pour la sorcellerie qui lui ont valu une as- de fille aimée. L’un comme l’autre choisi-
de luttes morales et de conspirations en cension aussi fulgurante, mais le Dorkade rent de renoncer à leur Parole au nom de
tout genre, les uns et les autres ayant hé- est bien aujourd’hui l’un des hommes les leur amour. Ils désavouèrent leur culte,
rité, comme nous le verrons, des rivalités plus influents de Yasminabad. Petit homme leur famille, leur Parole et partirent loin de
fraternelles qui poussèrent jadis Alaeddine sec au visage dur, Veldric a le verbe aussi Kh’saaba pour se réfugier sous les cieux du
et Lakhdar à se haïr. aiguisé que l’élégante épée qui lui pend à Capharnaüm, mais on leur donna la chasse.
Yani fut violée, puis écartelée et enfin em-
Les wazirs de l’Al-Alaeddine la taille. Épée que d’ailleurs, il manie aussi
bien qu’un homme d’arme. murée vive au vingtième jour de leur fuite.
Tous trois soumis à l’autorité du grand kahi- Zuru fut battu, torturé et condamné à ser-
ni de l’Al-Alaeddine, Jelim Ibn Aziz Abd-al- Les wazirs de l’Al-Lakhdar vir les intérêts de la couronne de gré ou de
Salif, ils sont rompus à la sorcellerie comme Tous trois soumis à l’autorité de l’amir de force. Il intégra une troupe d’élite char-
celui-ci l’exige de tous ses conseillers et ser- l’Al-Lakhdar, Assar Ibn Mussah Abd-al- gée de protéger les Saabi des dan-
viteurs. Hassan, et des maîtres des trois écoles, ils gers du désert à Yasminabad.
C’était il y a trente ans.

5
Yasminabad
Premier carnet
Zuru oeuvra de tout son cœur située dans le désert, elle est une alternative à Zar- kahini. Les voleurs et autres assassins ayant
pour se racheter aux yeux des beth, pour ceux qui, partis de Sagrada ou de Fra- ainsi perpétrés quelques crimes intra mu-
siens et de ses dieux. Il devint le plus grance, désireraient rejoindre le cœur du désert de ros - c’est-à-dire à l’intérieur de l’une des
fervent chasseur d’hommes scorpions, feu. À seulement dix jours de voyage de l’Halawoui deux médinas - sont conduits dans le dé-
le plus habile des diplomates au contact des pour une caravane, Yasminabad constitue une porte sert et abandonnés à leur sort, théorique-
djinns, le plus courageux des éclaireurs du ouverte sur le Nord comme sur le Sud. On y arrive ment bannis à jamais de l’oasis. Les crimes
désert des gouffres. Formé à l’école de Jidar le plus souvent par l’Est, depuis le fleuve, ou par le commis extra muros, dans le souk, ne valent
al’iblis, le rempart des diables, il devint l’un Nord, depuis la bande de désert qui la sépare du généralement aux criminels que la rancœur
des plus grands protecteurs de Yasminabad Capharnaüm. Appelée «  pénitence des cyclopes  » des victimes et des miliciens…
face aux créatures de l’inconnu… sans nul par les bédouins, cette bande de désert de dunes,
doute, son courage lui vient du fait qu’il n’a longue de cinq-cent kilomètres, est en effet le che- Les marchands de tout poil y ont leurs ha-
plus rien à perdre. min qui mène au fameux désert des gouffres. Si bitudes, leurs intérêts, leurs affaires et leurs
une fois arrivé à Yasminabad il reste encore une conflits. Le crime organisé s’y terre ou s’y
Zuru est le plus vieux des trois wazirs. Il
bonne journée de dunes, le Sud devient toutefois vite affiche, selon les groupes et les méthodes.
occupe son poste actuel depuis treize ans
caillouteux, au sable succède le serir, la plaine des En réponse à cela, dans l’intérêt commun
et est respecté par tous comme un vétéran
gouffres.
de nombreuses batailles contre les mena- de tous, marchands et acheteurs, une milice
ces du désert. S’il est encore très impliqué La caravane qui arrivera de l’Est aura sûrement privée est financée par la guilde des mar-
dans tout ce qui concerne la sécurité de la fait le voyage depuis Kh’saaba, Kathrat ou Sagra- chands de Yasminabad.
cité, Zuru se désintéresse lentement de son da. Elle se sera arrêtée dans l’une des communautés
rôle administratif, de moins en moins exploitant les merveilles du fleuve pour s’enfoncer Zone franche
excitant pour le vieil homme malade dans la succession de sebkhas et de dayas, qui après De tout temps, il a été entendu entre les
qu’il est devenu. presque quatre harassantes journées de kahini et les cheikhs qu’une partie de l’oasis
moiteur et d’attaques de moustiques vec- devait rester soustraite à leur autorité. « On
≠ Chafika Ibn Rachid
teurs des maladies les plus incommodan- ne soumet pas le désert » a jadis dit le valeureux
Abd-al-Hassan est la
tes, conduit au désert de dunes. Après Tufiq, « on l’épouse comme une femme, et comme
plus jeune des six wa-
encore cinq journées, la caravane à une femme, on ne lui prend que ce qu’il nous
zirs. Elle est aussi
aura traversé les terres contrôlées laisse ». Ainsi décida-t-on jadis de laisser li-
l’une des rares fem-
par la garnison escarte, avant de bre la bande de sable qui séparait les deux
mes du royaume de
s’engager dans le dernier jour de désert
Kh’saaba a occuper un médinas.
menant à Yasminabad. Un voyageur
poste impliquant autant
solitaire ou un petit groupe à dos de dro- En ce lieu, chacun est libre d’aller et ve-
de responsabilités. Pas-
madaire ne mettra seulement que trois nir, d’acheter et de vendre, sans rendre de
sionnée par la sorcellerie
grosses journées pour faire le même trajet depuis compte à personne. Une seule condition,
autant que par la politique et les faits
l’Halawoui. et non des moindres, s’impose cependant
d’arme, elle est le maillon qui fait la jonction
à tout marchand : il doit, avant de s’instal-
avec l’Al-Alaeddine. En plus de son rôle de Enfin, le voyageur arrivant du Sud ou de l’Ouest
conseillère et de diplomate, elle est respon- aura presque toujours effectué une boucle, un ler en la place, faire acte notarié en l’une
sable de la milice qui assure la sécurité dans contournement de plusieurs jours pour rejoindre la des deux médinas. En effet, si dans les
les rues des deux parties de Yasminabad. route du Nord ou celle de l’Est. Le désert des gouf- premières années les marchands pouvaient
On lui prête une aventure avec Veldric Ec- fres formant un croissant qui borde Yasminabad s’installer en toute liberté et ne devoir de
kärdsen, ce qui, aux yeux des plus traditio- sur le Sud et l’Ouest, il faut en effet être fou pour compte à personne, la ville ne s’enrichis-
nalistes des kahini et des plus conservateurs désirer arriver à l’Oasis par ces chemins. sait aucunement. C’est pourquoi il fut dé-
des cheikhs constituerait une véritable en- cidé par l’amir Yocef VII Ibn Malik Abd-
torse aux règles qui ordonnent la vie dans Le grand souk des al-Hassan il y a trois mille ans, que tout
marchand, quelle que soit sa puissance
l’oasis. Ni Chafika, ni Veldric n’ont eu à en
répondre pour le moment. deux portes commerciale, devrait désormais être pro-
priétaire immobilier dans l’une des deux
Baignée dans les senteurs du monde en-
En arrivant à tier, écrasée tout au long de la journée par
médinas. Libre de toute action et toute
transaction dans le grand souk, actions et
un soleil de plomb et gelée durant la nuit
Yasminabad par le fouet des vents mordants venus du transactions dont nul dans Yasminabad
Yasminabad se situe au nord de l’Aramla El- désert, cette partie de la ville est une zone ne peut lui tenir rigueur ni lui demander
Nar, à plusieurs semaines de voyage depuis Jer- franche de toute autorité princière. La mi- de compte, tout marchand se doit donc
gath. Bien loin du royaume de Kh’saaba lui- lice de Chafika Ibn Rachid Abd-al-Hassan d’avoir un pied à terre « en dur » dans l’Al-
même. C’est l’une des provinces saabi y assure la sécurité, mais nul ici n’est tenu Alaeddine ou l’Al-Lakhdar. C’est en taxant
les plus septentrionales. Bien que de répondre à l’autorité des cheikhs ou des ce pied-à-terre, souvent un hôtel particu-

6
lier, mais aussi des hôtelleries et des bouti- hommes sont aussi des administratifs, des Yasminabad, ils se sont fait
ques, des ateliers artisanaux, etc. que l’oa- marchands corrompus, des princes ou des une spécialité de l’enlèvement
sis obtient une partie de ses ressources. sorciers pervertis. contre rançon et du meurtre à bas
prix.
Enfin, le grand souk est le lieu hors les Les deux autres bandes de voleurs sont
murs où les conflits des habitants des plus spécialisées. La plus grande des deux La guilde des marchands de
deux médinas se résolvent. Zone de non- comprend soixante hommes que l’on sur-
nomme les ensableurs du fait de leur mé-
Yasminabad
droit, mais aussi zone de neutralité, on s’y
retrouve pour s’affronter en duel, signer thode de torture basée sur l’ensablement Bien qu’étant une étape quasi obligatoire
des traités, appliquer la diplomatie, etc. de leurs victimes. Ne laissant que leur tête pour accéder au centre du désert depuis
dépasser du sol, les ensableurs abandon- l’Est du Capharnaüm, Yasminabad est,
Le crime organisé nent leurs victimes pendant plusieurs heu- nous l’avons vu, difficile d’accès. Il n’est
Comme dans toutes les places où l’argent res au soleil avant de revenir leur poser des pas simple d’y faire sa place et d’y garder
fluctue et où des hommes profitent, le cri- questions sur leurs affaires, leurs richesses,
une influence et une stabilité commer-
me s’est développé de façon importante à leurs accords commerciaux. La seconde
ciale et nombreux sont les marchands
Yasminabad et plus précisément au sein du bande est dite des fauconniers. Entièrement
composée d’Escartes, tous issus qui ne font qu’y passer. Afin d’aider les
grand souk extérieur. On compte en tout
d’une troupe jadis ap- moins gros caravaniers et d’encourager
cinq bandes, dont trois sont affiliées
aux Enfants du souk et répondent à pelée Faucons du Li- les actions commerciales dans la région,
l’autorité du prince voleur Marzouk mher’k. Cette troupe les princes de Yasminabad demandèrent
Ibn Aziz Abd-al-Salif. d’une vingtaine jadis aux marchands les plus influents
d’hommes fut de créer une guilde, une société d’entrai-
Les bandes affiliées aux Enfants sacrifiée par un
du souk se font appeler les lan- de et de gestion marchande. La guilde
capitaine escar-
gues d’Egmoa, du nom d’un dieu de Yasminabad existe depuis près de
te qui la jeta en pâ-
mineur local, monstre serpentin à la mille ans et compte aujourd’hui parmi
ture aux mercenai-
langue trifide. Elles ont la main mise res d’Albagdir, dési- les entreprises commerciales dont la
sur le détournement des fonds et des reux de la prendre puissance est connue d’un bout à l’autre
marchandises, sur le racket et les vols en durant la Quête Sainte. de Jazîrat. Dirigée par un conseil de
tous genres et sont au nombre de trois- À un contre cent, les hommes préférèrent vingt-six marchands se réunissant tradi-
cents à travers toute la ville. Si le gros de tuer leur chef et déserter, plutôt que de tionnellement hors les murs de la ville
leurs troupes opère dans le grand souk et se laisser bêtement massacrer. Officielle- et ne prenant ses réunions qu’autour
les marchés intérieurs, nombre de leurs ment installés en tant que mercenaires à d’un brûloir d’encens à la façon des bé-
douins, la guilde est faite de contrastes.
Usant des traditions nomades et des lois
du commerce saabi, se réfugiant der-
rière l’image de ses caravaniers couverts
de la poussière du désert, elle n’en est
pas moins un groupement extrêmement
riche ayant un poids politique à Jergath-
la-Grande comme dans certaines villes
du Capharnaüm.
Bien qu’elle ne prenne ses décisions im-
portantes qu’en public, et en respectant
les codes nomades, la guilde possède à
Yasminabad de nombreux bâtiments,
finance des ateliers, des écoles d’art,
de magie et d’escrime, et est considé-
rée par chacun comme un troisième
pouvoir.

7
Yasminabad
Premier carnet
La milice du souk par un conseil des sages. Les trois conseils
servent de conseillers personnels au grand
miyati, élèves et professeurs, et tout le per-
sonnel qui les entoure. Considérés comme
Placée sous kahini Jelim Ibn Aziz Abd-al-Salif. Contrai- des nobles en la place, les al-kimiyati vivent
l’autorité rement aux wazirs attachés à la politique dans leurs remparts comme dans des palais,
de l’Alfari- extérieure et commerciale de la cité, ceux avec le luxe permis par leur condition, leurs
qani Haïdar du conseil des hauts intendants, ces wazirs- fonctions, et surtout par les rigueurs de la
Ophassa - ci sont attachés à la politique interne, à la région. Ce luxe, bien entendu, n’est pas une
surnom- gouvernance de l’Al-Alaeddine elle-même. priorité comme il peut l’être pour les cheikhs
mé « le prê- Spécificité à la fois sacrée et morbide, les de l’Al-Lakhdar. Si l’on trouve dans cette
tre du sabre  » sorciers qui dirigent la médina sont tous partie de la ville des jardins intérieurs, des
tant sa maîtri- contraints de sacrifier l’une de leurs fem- fontaines, des courtisanes et des bains ré-
se de l’arme a mes, celles qu’ils aiment le plus, au nom de servés aux mages, tous ces luxes sont bien
quelque chose leur fidélité à la Parole d’Alaeddine. Suite moins fréquents que les temples, les salles
de sacré - la milice du souk n’a rien à ce sacrifice, les spectres de leurs épouses de prière ou d’étude et les autels de sacri-
d’officielle, ni de légale. Composée d’une reviennent les hanter à jamais, leur servant fice.
de conseillères sibyllines.
trentaine d’hommes extrêmement bien en-
traînés, elle travaille le plus souvent main
Les mages gynécides
dans la main avec la milice de Yasminabad, Le rempart du temple Les al-kimiyati qui règnent sur la ville, ainsi
surtout lorsqu’il s’agit de lutter contre les que la grande majorité des sorciers qui en
Servant de rempart à la médina, le temple
bandes du crime organisé. En effet, rom- foulent le sable ou le pavé, suivent la Parole
est une enceinte triangulaire composée de
pus à la vie sur les souks, aux méthodes des d’Alaeddine. Par amour, Alaeddine tua jadis
bâtiments identiques se succédant de loin
bandes et des voleurs à la tire, les miliciens la belle Yasmina. Des mages de son entou-
en loin. Ses murs hauts et épais, ses dômes
du souk n’ont pas d’égal en matière de re- de plomb et de cuivre, le protègent des dan- rage furent peu après visités par le spectre
pérage et de traque des scélérats. Cepen- gers de la rue comme de ceux, plus impor- de Yasmina, qui leur insuffla la sagesse de
dant, même si cela se produit rarement, il tants, du désert. propager cette Parole. Dès lors, la magie
arrive que la milice du souk et celle de la pratiquée ici passerait par le meurtre sacri-
ville entrent en conflit. Les affrontements Chacun des trois côtés du temple- ficiel de l’être aimé et par le pouvoir que
ne sont que très rares, mais le refus de col- rempart est administré par l’une l’on tirerait du chagrin en découlant.
des trois écoles de magie. Le
laborer est parfois manifeste. Les intérêts Inconsolables, les sorciers de l’Al-Alaed-
premier côté, celui qui est tour-
des princes marchands du désert et ceux dine ne sont pas perçus comme des assas-
né vers le cœur de Yasminabad
des princes de sang de Kh’saaba ne sont pas sins cruels mais comme des êtres sen-
enseigne, en plus de la magie,
forcément toujours les mêmes.
le commerce et la diplomatie. sibles, ravagés par la tristesse au nom
Enfin, il est important de noter que ce qui Le second côté, celui qui est de la foi.
donne le plus de soucis à la milice du souk tourné vers le nord-est et le
n’est ni le crime organisé, ni les éventuels Capharnaüm s’est fait La compassion ani-
conflits d’intérêt avec l’ordre établi, mais spécialité de l’art me chaque habitant
bel et bien la garnison escarte. En effet, du voyage et de l’Al-Alaeddine
située à seulement une journée de Yasmi- du savoir. Le à l’encontre de la
nabad, on en voit chaque semaine arriver troisième caste noble. En plus
des soldats en permission venant s’acoqui- côté, ce- de respecter les sor-
ner dans l’oasis. La venue régulière de ces lui qui est ciers des trois écoles,
Escartes est à l’origine de bien des bagarres orienté vers on partage et honore
et des viols, ce qui mobilise de façon quasi le sud et vers leur chagrin  : les
permanente la vigilance des miliciens.
l’est, est dé- plus jeunes de-
voué à l’étude vront tuer
La médina des mystères d u
désert et à la protec-
leur aimée,
les plus ex-

Al-Alaeddine, tion de la ville.


Villages autour de
périmentés en
portent déjà le
deuil, pour
ville de l’Ouest la ville, les rem-
parts abritent toute leur
Surnommée la ville du « juste prieur », l’Al- les adminis- existence.
Alaeddine n’a pas de prince, pas d’amir, trations de
pour la gouverner. Trois écoles de magie Bien en-
l’Al-Alaeddi- tendu,
traditionnelle saabi se partagent le ne, mais aus-
pouvoir, chacune étant dirigée tous les
si les al-ki-

8
mages ne sont pas de sombres dépressifs l’école aux postes clés de cette organisation. La place des mages de l’école
traînant leur neurasthénie en public. La plu- Il résulte de ce fait des liens étroits, et sou- est quelque peu décalée. Pour
part sont dignes et contenus, exerçant leur vent officieux, entre le pouvoir de la mé- eux, pas de règne, pas de sentiment
rôle dans la médina avec autant de concen- dina et la guilde des marchands. de supériorité ni de seigneurie. Un conseil
tration qu’on peut en attendre de tout al- des anciens se réunit chaque soir sur les
Du fait de ses engagements financiers et
kimiyat. Pourtant, il n’est pas rare d’en voir toits du palais pour débattre des problè-
administratifs, cette école influe grande-
un perdre la face et s’effondrer, laissant mes insolubles et juger les criminels, mais
ment sur la vie des Yasminabadi. Les quar-
ses psychoses prendre le dessus. Dans ces pour le reste, c’est aux habitants du quartier
tiers qui lui sont directement accolés sont
cas là, le lourd poids qu’ont à porter les fi- de s’organiser entre eux, d’assurer l’ordre
essentiellement des lieux de commerce où
dèles de cette Parole se manifeste de bien et la sécurité dans les rues. Ainsi, un riche
se côtoient souks, ateliers artisanaux et
des façons : certains errent, larmoyants et marchand du nom d’Almansur Ibn Kha-
comptoirs marchands.
incapables, d’autres se renferment derrière bel, dont la sagesse et la fidélité envers les
un masque de mort et refusent de se mou- L’école des voyageurs valeurs saabi ont conquis la confiance des
voir et de se nourrir, d’autres enfin sont Enseignant aussi le commerce, celle-ci re- al-kimiyati, a créé sa propre compagnie de
pris d’une rage meurtrière et déchaînent sur vêt moins d’atours officiels et administratifs mercenaires en charge de la sécurité dans
leurs concitoyens toute la puissance des- pour se rapprocher davantage des origines ces rues. Sans être soumise à l’autorité de
tructrice de leur magie. Heureusement, la primitives et bédouines du peuple saabi. l’école, la compagnie Almansur se compor-
grande majorité des mages n’assumant pas Bien que vivant en ville, ces hommes et ces te comme si elle l’était, respectant l’autorité
le sacrifice de leur femme à leur Parole, se femmes semblent en permanence sortis de chacun de ses représentants et assurant
contente d’une catharsis par la poésie ou d’un trou de sable. Couverts de poussière, la sécurité des hommes qui la représentent,
toute autre forme d’art. Expression artisti- n’usant que de la mémoire orale et jamais des rues qui en sont tributaires, etc. Com-
que à laquelle ils offrent les atours sinistres de l’écrit, n’utilisant les bâtiments en dur posée à seulement cinquante pour cent de
d’une vie passée à côtoyer les fantômes, et que pour stocker vivres et matériel et pour Saabi, la compagnie regroupe des Escar-
dont la particularité est connue de tous les loger les bêtes, les mages bédouins de l’Al- tes, des Krek kaos, des Agalanthéens, des
esthètes de Jazîrat sous le nom de style yas- Alaeddine ont depuis toujours appliqué, Shiradim et des Alfariqani sans distinction
minabadi. avec plus ou moins de bonheur, la culture d’origines dans sa hiérarchie et son fonc-
nomade à la vie urbaine. Ils incarnent toute tionnement.
L’école des diplomates la contradiction du peuple saabi : la richesse
Des trois écoles qui constituent le corps ré- est trouvée en domptant le désert mais ne
gnant de l’Al-Alaeddine, celle-ci est la plus peut être exhibée qu’en bâtissant des cités.
ancienne et la plus influente. Outre son De fait, ils ont créé un mode de vie à eux au
enseignement institutionnalisé de la magie sein de la médina. Aménageant les toits de
et la formation des jeunes al-kimiyati, elle leurs bâtiments, ils ont créé un caravansérail
opère tel un ministère du commerce, déci- aérien, à même les terrasses des remparts de
dant des taxes à prélever, des aides à oc- leur palais. Ce qui de loin semble fait de
troyer, faisant la pluie et le beau temps sur bric et de broc est en réalité un espace
l’économie de la ville. de vie extrêmement organisé, avec ses
passerelles, ses villages de tentes, ses
Ses agents les plus représentatifs, et souvent
monte-charges et ses remparts de voile
les plus craints, sont les aynani (les yeux, par
protégeant des vents du désert.
référence aux yeux de Manat ouverts sur la
ville), médiateurs jouant le rôle d’avocats et Au sol, les quartiers bordant les palais
d’huissiers. Entourés d’une milice propre – ou plutôt les étables et les écuries –
à leur école, le plus souvent composée de de cette école, sont des quartiers po-
mages en plein noviciat, ils effectuent des pulaires où se côtoient de nombreuses
contrôles et redressements réguliers chez communautés étrangères. On y trouve un
les marchands, artisans et propriétaires fon- haras arakognan, des orfèvres shiradim,
ciers de la médina Al-Alaeddine. des mercenaires agalanthéens, des tan-
neurs dorkades, et même des cavistes
Cette école produit aussi certainement des
étrusiens, des guides krek kaos et des
mages-commerçants parmi les plus effica-
danseuses de Nir Manel. L’enchevêtre-
ces du continent jazîrati. Il s’agit là d’une
ment des rues ouvre sur de nombreuses
stratégie nécessaire pour rééquilibrer la
places de marché bordées d’auberges
vie commerciale à Yasminabad  : la guilde
en tout genre, où tout se trouve, tout se
des marchands y a un tel pouvoir, qu’il se-
vend. Ici, tout le monde a deux métiers,
rait impossible de garder la main-mise sur
l’un des deux étant guide.
l’économie locale sans avoir des fidèles de

9
Yasminabad
Premier carnet
L’école des gardiens indéfectible et sinistre. Leur présence, et par
extension celles de leur bourreau, est tou-
médina Al-Alaeddine, le grand kahini Jelim
Ibn Aziz Abd-al-Salif. Véritable monarque,
des gouffres jours inquiétante, souvent désagréable. Une le mage est servi par trois cent serviteurs,
Cette partie de la ville est ce qui res- sensation de froid dans le dos les annonce, chacun s’affairant à longueur de journée ou
semble le plus à une cité saabi gouvernée et une odeur de cadavre leur succède tou- de nuits, selon les caprices du mage, dans
par une noblesse d’arme. Ses nobles mages jours, à tel point que chaque recoin des les couloirs obscurs du palais.
portent tous d’égale façon le grimoire et le palais, et bien souvent
sabre. Le conseil des sages de cette école Jelim Ibn Aziz Abd-al-Salif est réputé pour
de la médina, est par- être l’un des plus grands mages à fouler
opère une autorité stricte de couru de courants
gouvernance et d’imposition. actuellement le sol de Jazîrat. On prétend
d’airs morbides et que Houbal lui-même lui rend parfois visite
La hiérarchie de l’école se re- de parfums d’outre-
porte sur la ville : les conseillers pour discuter avec lui de l’avenir du mon-
tombe. de… et c’est peut-être vrai : âgé de près de
règnent tels des rois, en dessous
d’eux les prêtres-enseignants Ces mortes n’interagissent pas trois siècles, l’homme, qui ne se mêle plus
sont autant de princes et de mi- entre elles, ni avec les autres vi- beaucoup à la vie yasminabadi, vit parmi
nistres auxquels obéissent les les esprits et les fantômes qui hantent son
vants que leurs époux à moins
élèves tels les nobles cadets palais. Il a tué au cours de sa vie chacune
que ce ne soit une stricte néces-
d’une école militaire. des soixante épouses qui composaient son
sité. Même avec le mage qui les harem. Toutes sont aujourd’hui ses plus fi-
Ici, on enseigne le com- a sacrifiées, et qu’elles aimaient dèles servantes, et dans le palais comme en
bat contre les forces (le plus souvent) elles ne par- ville, elles sont ses yeux et sa voix. La puis-
obscures, les créatures enfuies des lent que rarement,  comme si elles étaient sante magie de Jelim a offert aux spectres
enfers qui errent dans le désert et menacent condamnées à le hanter mais limitées dans de ses femmes le pouvoir de prendre une
la cité et les voyageurs qui s’y rendent. Si les possibilités d’actions. Elles sont là, com- forme tangible et de se mêler aux vivants
dans tout Jazîrat on sait que l’Aramla El-Nar me cloisonnées dans leur propre purgatoire aussi souvent que nécessaire. Ainsi, il n’est
est dangereux, à Yasminabad on en est plus individuel, seulement capable de conseiller pas rare de croiser l’une des ces espionnes
convaincu que partout ailleurs. La proximi- et de guider l’homme qu’elles hantent par en ville, dans un palais, une école ou sur un
té de la terre des gouffres où vivent les cy- marché. Il n’est pas rare de les rencontrer,
le biais de métaphores et d’interventions
clopes et d’où s’enfuient bien des démons de leur parler, de les aimer, et de tomber
sibyllines. Souvent aussi, elles deviennent
en est la cause principale. L’école enseigne dans le piège de leur révéler au matin vos
le combat autant que la magie, et ses repré- l’esclave de leur bourreau, ceux qu’elles
secrets sur l’oreiller.
sentants sont rompus à la chasse à l’étrange, hantent finissant toujours par passer maî-
aux combats de l’extrême. Lorsqu’ils déci- tres dans l’art de manipuler leur énergie de Le comptoir shiradi
dent de quitter Yasminabad, les al-kimiyati mort (cf. Annexe 1 : Parole d’Alaeddine, les Tout près des palais de l’école des voya-
issus de cette école deviennent souvent des gynécides de Manat). geurs se trouve le comptoir shiradi. Bien
exorcistes et des chasseurs de diables. plus qu’un simple bâtiment, il s’agit d’une
Il arrive aussi bien souvent qu’à la mort du
enclave entièrement administrée, et recon-
La vie dans cette partie de la ville est la plus mage son épouse reste liée à la sépulture de nue comme telle, par une autorité shirade.
sophistiquée, la plus proche de ce que l’on celui-ci, ne trouvant jamais la paix de l’âme. Un quartier entier est ainsi sous la coupe
trouve dans les quartiers riches de Jergath- C’est pourquoi les sépultures des al-kimiyati et les traditions shiradim, imposée avec fer-
la-grande. On y trouve de nombreuses suivant cette Parole sont toutes situées dans meté par une famille salone, les Bar Mish-
confréries de mages aux philosophies di-
le désert des gouffres, loin de l’Oasis. Si ces maon.
verses, des salons de savants, des spectacles
inhumations ont pour effet d’éloigner les
modernes et des jeux de chevalerie. Ebrim Bar Mishmaon est le patriarche de
âmes rendues folles par la mort de ceux
cette communauté. Entouré d’une dizaine
Les spectres qu’elles hantaient, elles contribuent large- de sephirim, Ebrim est un homme puissant
Du fait de la Parole, et de l’histoire de l’oa- ment à renforcer l’insécurité régnant dans qui mène sa communauté et ses affaires
sis, les fantômes ne sont pas rares à Yasmi- le désert des gouffres. dans le respect des traditions. Conseillé par
nabad. Chaque sage et chaque enseignant, de nombreux sages et savants, et assisté par
et nombre d’élèves expérimentés sont ac- Lieux communs et le maqqabah Chem-Tov Bar Dayane et par
compagnés en permanence du spectre de sa propre femme Anâva, le patriarche est
leur aimée. Légèrement translucides, ces lieux spéciaux un homme aimant et aimé ayant tissé de
créatures fantomatiques ne quittent jamais Le palais central nombreuses relations avec les mages qui
les hommes qui jadis leur donnèrent la gouvernent la cité ainsi qu’avec les mosaïs-
Ici, dans un bâtiment austère et presque
mort. Elles les suivent en tout lieu tes de Sagurtha dont il finance une partie
aveugle, seulement décoré à l’extérieur par
comme une seconde ombre, des recherches.
un vaste dôme de cuivre, vit le maître de la

10
me l’avait pré-
dit l’oracle. Le très
puissant sortilège parvint
à tromper le dieu et celui-ci fut
un temps, quelques heures, pri-
sonnier de la mosaïque à s’ima-
giner détruire la cité plutôt qu’à
la détruire réellement. Lorsque
Houbal eut compris ce qu’il
se passait, il parvint immédia-
tement à sortir de la mosaïque
et ravagea Sagurtha par puni-
tion divine pour le tour qu’on
lui avait joué. Mais il était trop
tard, toute sa colère contre les
Agalanthéens, tout le pouvoir
de destruction dont il jouissait
contre Jergath l’Agalanthéenne,
était pris dans la prétendue in-
destructible mosaïque. Pour-
tant, Houbal détruisit la cité
agalanthéenne, sans colère,
par la seule force que lui insuf-
Les tisseurs de tapis volants Au nombre de trente, les tisseurs sont tous
flaient la foi et l’espoir des futurs saabi.
des artistes à la fois révérés et craints. Ma-
L’une des principales curiosités de Yasmina- Puis il revint sur les ruines de Sagurtha et
bad est qu’elle est l’un des derniers endroits ges dans une cité de mages, il possèdent un
statut de quasi noblesse et vivent dans des cassa la mosaïque… rien n’est impossible
au monde où l’on sait encore tisser les tapis
volants. Lorsque jadis il fallut affronter les ateliers richement décorés où circulent les à Houbal, dieu des dieux. Revigoré par
Agalanthéens, du temps où ceux-ci chevau- parfums des encens les plus voluptueux et sa propre colère, Houbal repartit alors en
chaient des animaux fabuleux et des machi- des thés les plus fins. guerre.
nes volantes, les rois saabi eurent souvent
recours à des bataillons de Mudjahidin mon- La guilde des mosaïstes La légende prétend que des résidus de la
tés sur des tapis volants pour les affronter. de Sagurtha colère du dieu demeurent dans les frag-
Ils firent alors appel à des artisans bien par- ments de la mosaïque éclatée. Ces frag-
ticuliers : les fileurs de cheveux de djinns de Les fondateurs de la guilde étaient tous
ments, envoyés avec les ruines de la ville en
Yasminabad. des artisans mosaïstes, Héritiers des dra-
sept points de Jazîrat, contiendraient donc
gons, qui s’étaient fixés comme but de
L’oasis accueillait en effet une colonie de un grand pouvoir.
djinns dont l’impôt, pour vivre parmi les retrouver la mythique mosaïque de Sa-
hommes, se payait en mèches de cheveux gurtha. Savants et aventuriers, les mosaïstes de
(cf. L’enclave djinn). De ces cheveux, les Sagurtha se sont fixés pour mission de re-
Sagurtha est une cité sacrée où vivait un
habiles mages tisseurs faisaient des tapis trouver les sept fragments de la mosaïque
enchantés par dizaines et les revendaient à oracle des dieux, un sphinx, du temps
pour en étudier le pouvoir magique. Com-
prix d’or à la couronne saabi. Aujourd’hui, de la Jergath agalanthéenne. On dit que
posée d’une cinquantaine de mages, d’ex-
ces pratiques ont disparu. Il n’est plus de tel l’oracle prédit un jour la destruction de
impôt et les tisseurs doivent acheter les che- plorateurs et de scientifiques, elle est com-
Jergath par Houbal et que pour empêcher
veux des djinns pour fabriquer leurs coûteux mandée par un collège de sept Héritiers des
un tel cataclysme, les mages de la ville de
tapis. Malgré les prix prohibitifs qui en ré- dragons.
Sagurtha construisirent un piège qui pri-
sultent, les tapis trouvent toujours de riches
acheteurs pour se les procurer. verait le dieu de sa colère destructrice. La guilde des mosaïstes de Sagurtha fera
Ce piège prit la forme d’une mosaïque, l’objet du second carnet de Yasmina-
Un tapis sur trois en vente de nos jours
un labyrinthe de tesselles représentant bad.
est un de ceux qui furent, autrefois ou
aujourd’hui, fabriqués par les tisseurs de la cité détruite par Houbal. Houbal vint
Yasminabad. en ce monde pour détruire Jergath, com-

11
Yasminabad
Premier carnet
seul des deux doit revenir. Ceux qui revien- Tous ces chevaliers ; ces cheikhs, puisqu’ils
La médina nent seul le font donc avec deux armes ; ils
intègrent alors la garde d’élite du palais et
sont tous des seigneurs saabi, vivent avec à
leur flanc une part de ténèbres : le sabre de
Al-Lakhdar, deviennent chevaliers. Ceux qui reviennent
sans avoir réussi disparaissent corps et bien
l’ami sacrifié. Fiers de leur école et de leurs
convictions, capables de tergiverser pen-
ville de l’Est et nul ne semble savoir ce qu’ils devien-
nent ; pas même les maîtres d’escrime qui
dant des heures sur le courage du sacrifice
et sur la fierté de se battre avec l’arme d’un
Surnommée la ville du « chevalier bien né » depuis des générations semblent s’interro- frère, ils n’en sont pas moins tous blessés
l’Al-Lakhdar est gouvernée par le très aimé ger à ce sujet. à vie. Comme les mages de l’Al-Alaeddine,
prince Assar Ibn Mussah Abd-al-Hassan, les chevaliers de l’Al-Lakhdar ont une bon-
l’amir al-yasmina. Sous son égide, trois éco-
les d’escrime font la loi dans l’Al-Lakhdar,
Le palais des ne moitié de leur âme noircie par un fan-
tôme. Leur fantôme à eux a la forme d’un
se partageant les responsabilités selon des tristes princes cimeterre.
zones et des domaines d’influence parfois
mal définis, ce qui entraîne souvent des ri-
Encerclant l’œil de Manat qui fait le cœur
de cette partie de l’Oasis, le palais des tristes
École Turuq Al-Jergath
valités, voire des conflits entre elles. Arbitre princes est un exemple d’architecture saabi Politiquement parlant, Turuq Al-Jergath est
de ces conflits, véritable Salomon cher- classique. Des étudiants viennent l’obser- la plus puissante des trois écoles yasmina-
chant toujours à maintenir l’équité, l’amir ver depuis Jergath ou Carrassine, et parfois badi. En effet, bien que née ici et entière-
al-yasmina règne en maître sur sa médina même de Thérème, tant elle est représen- ment basée sur la Parole des lames du regret
mais doit toujours composer avec les inté- tative des arts saabi. Autour du point d’eau fraternel, elle possède des représentants à la
rêts et les humeurs de chacun de ses maî- bordé de palmiers et d’arbres fruitiers, des cour de Jergath-la-grande et est considérée
tres d’armes. animaux sauvages, vivent en liberté dans les
comme l’un des cercles de chevalerie les
labyrinthes végétaux ou à l’ombre des arca-
Il existe bien aussi des cheikhs à Yasminabad des du palais. plus influents parmi les diverses sectes et
qui ne se réclament d’aucune des trois éco- guildes ayant un poids politique dans les
les locales, mais aucun d’entre eux, quelle Le corps de bâtiment forme un large rec- décisions royales. Elle tire cette influence
que soit son influence politique, ne peut tangle, haut de neuf étages, surplombé en du rôle que jouèrent certains de ses mem-
prétendre devenir un jour l’amir al-yasmina. chacun de ses angles par une tour dont le bres de jadis lors des reconquêtes saabi
Seuls les disciples des trois écoles le peu- dôme d’or est visible à des lieux de là.
contre les Agalanthéens. Si leurs noms ne
vent. Ici vivent Assar Ibn Mussah Abd-al-Hassan sont guère plus aujourd’hui que des légen-
et ses neuf épouses, au milieu des courti- des, la tradition les intègre au panthéon des
Les dirigeants des écoles, seigneurs et maî- sans ambitieux ou fidèles, des domestiques
tres d’escrime à la fois, ne sont pas consi- grands héros du royaume.
zélés et des gardes d’élite.
dérés comme des wazirs mais comme des L’École Turuq Al-Jergath enseigne avant
sénéchaux, chacun pouvant disposer des Assar est un homme juste et aimé, très pré-
tout l’art du duel, l’escrime pure concentrée
disciples de son école et en user à des fins sent en ville, contrairement au seigneur Je-
lim Ibn Aziz Abd-al-Salif de l’Al-Alaeddi- sur sa plus pure acceptation. Ses membres
militaires sans en référer au prince tant que aiment à parcourir le monde à la recher-
ne. Il prend part à de nombreuses festivités,
les intérêts de l’oasis et de Kh’saaba ne sont che de défis en tout genre et ne sont pas
se montre sur les marchés, mène lui-même
pas desservis. Travaillant main dans la main des troupes en exploration dans la terre des rares dans les tournois ou dans les armées
avec les wazirs attachés à la politique exté- gouffres et ceux, malgré ses soixante ans de mercenaires. Toujours considérés avec
rieure et commerciale de la cité, les trois révolues. Assar, grand amateur de bonne égard, ils sont parfois mal compris et jugés
maîtres d’escrime sont aussi leurs supé- chair, s’est entouré de nombreux cuisiniers apte à la trahison. Tuer son meilleur ami
rieurs directs. parmi les meilleurs du monde connu, ainsi n’est pas un gage d’héroïsme aux yeux de
que des plus belles femmes et des meilleu- tous.
Spécificité héréditaire et morbide des trois
res maîtresses qu’un prince puisse espérer.
écoles, les disciples sont tous condamnés Dans l’Al-Lakhdar, les membres de cette
à tuer leur frère d’apprentissage et à faire Les tristes princes école logent près du palais ou dans les quar-
sienne son arme. Lors de leur initiation, les Il existe une caste noble à part, à Yasmi- tiers bordant les remparts, deux zones de
deux hommes partent en rite de passage nabad, faite d’hommes d’escrime qui furent la ville dont ils ont la responsabilité. Près
dans le désert, en territoire hostile, atta- tous, à un moment de leur vie, condamnés du palais, ils côtoient d’autres nobles, des
chés l’un à l’autre par une chaîne et seule- à tuer leur meilleur ami, leur frère d’arme. artistes et de riches marchands. Près des
ment armés d’un cimeterre pour deux. Ils Les tristes princes épousent la doctrine remparts, ils sont au milieu des soldats, des
doivent survivre suffisamment longtemps d’une des trois écoles d’escrime ayant dé-
mercenaires, des artisans et des camelots.
pour trouver le deuxième cimeterre, forgé coulé du meurtre d’Alaeddine par Lakhdar.
par l’un des cyclopes des gouffres. Le seul Par le sacrifice de ce que l’homme a de plus École Jidar al’iblis
moyen de récupérer l’arme est alors cher, son égal, lui-même d’une certaine fa-
çon ; viennent l’accomplissement, la preuve Dans le principe très proche de l’école des
de sacrifier son «  frère  ». Une
de la noblesse d’âme, le statut de chevalier. gardiens des gouffres de l’Al-Alaeddine, Jidar
fois l’arme récupérée, un
al’iblis se veut gardienne des portes infernales.
12
É c o l e Le comptoir
Moghamara
Cette école
agalanthéen
place l’aven- À deux pas du rempart sud se trouve un
ture, le voyage, quartier appelé comptoir agalanthéen.
au centre de son Bien entendu, la nation agalantéenne ayant
enseignement. sombré depuis des siècles, nul ici ne se dit
Elle se base sur Agalanthéen ; on y est Thérémois, Nérek-
l’idée que l’acte de tionien, Ouranopolite, Thalassakalien, etc.
sacrifice est moins Loin de leurs terres d’origine, ces hommes
important que le ne sont pourtant pas des étrangers à Yasmi-
chemin qui mène nabad. La grande majorité est composée de
à ce sacrifice. Il en descendants de prisonniers des anciennes
Elle résulte une philosophie de l’ins- guerres de reconquête de Jazîrat. Agalan-
e n - tant et du choix, un enseignement qui théens de sang, ces peuplades sont jazîrati
seigne l’art oscille sans arrêt entre déterminisme depuis des millénaires.
de la chasse divin et libre arbitre. L’homme n’a
aux démons et pas de but défini, mais les dieux Quartier commerçant et diplomatique, le
placent des jalons sur comptoir abrite entre autres choses une
aux mauvais djinns
son chemin pour le école de gladiateurs (et l’arène qui va avec),
et construit des
forcer à se poser les une petite académie de rhétorique, un
avant-postes par- théâtre largement délabré mais accueillant
bonnes questions.
tout dans le monde à proximité de ce que encore quelques festivités et surtout, un
Ces épreuves, selon la
l’on considère comme des portes vers les nombre incalculable de logements pour les
façon dont l’homme en
enfers ou vers des lieux d’où sortent réguliè- triomphe, ou bien les contourne, ou encore ouvriers des mines du désert des gouffres.
rement toutes les créatures capables de ternir y échoue, lui enseignent toujours bien plus En effet, depuis l’existence de Yasmina-
la beauté du monde créé par les dieux. Bien que le simple fait d’avoir réussi ou non. bad, les prisonniers agalanthéens et leurs
évidemment, ses efforts sont concentrés sur descendants ont toujours été envoyés à la
Derrière ces considérations complexes ré- mine. Avec le temps, s’ils ne sont plus pri-
la terre des gouffres et sur les créatures qui
side le véritable objectif de l’école Mogha- sonniers, les plus pauvres d’entre eux sont
s’enfuient des forges des cyclopes, puits de mara : le périple. On enseigne ici la lecture
feu béants allant jusqu’aux enfers. restés les travailleurs de la mine.
des signes du monde comme des messages
Loin d’être des baroudeurs sombres et tris- laissés par les dieux, les diables et les dra-
gons pour guider ou tromper les hommes.
L’enclave djinn
tes à force de côtoyer le mal, les membres
Du point de vue de l’escrime il en résulte Lorsque dans les temps anciens Mardûk
de cette école cultivent une joie de vivre et
une pratique martiale mystique, amoureuse donna la chasse aux mauvais djinns, ceux
une chaleur humaine très communicative. qui refusèrent de se soumettre à ses lois
du geste, où le coup donné est plus impor-
Selon les principes de l’école, il s’agit là des devinrent les Marids. Parmi ceux-là, il s’en
tant que la blessure infligée. Ainsi, l’escri-
meilleures armes pour lutter contre l’hor- meur de Moghamara sait-il, lorsqu’il débute trouva qui pourtant n’étaient pas mauvais.
reur et le désespoir : se réchauffer l’âme. un combat, rien qu’à regarder son adver- Ceux qui vivent à Yasminabad étaient sim-
saire, comment il doit le frapper. Il ignore plement en désaccord avec la troisième rè-
À la fois fonctionnaires de la chasse aux dé-
en revanche si les signes qui lui sont laissés gle. Ils désiraient en effet pouvoir s’installer
mons et bons vivants coutumiers des nuits
pour décider ce cette attaque sont en sa fa- parmi les hommes et faire acte d’hôtellerie,
d’ivresse et des orgies, ils sont en réalité or, cela imposait que l’on demandât aux
veur ou pas.
très éloignés de leurs cousins de l’Al-Alaed- hommes accueillis chez ces djinns de payer.
dine. L’école administre les quartiers populaires La troisième règle impose en effet aux djinns
contenus entre la ceinture qui borde les d’offrir le gîte et le couvert aux humains en-
L’école se situe dans les quartiers du Sud de remparts et celle qui constitue les quartiers trant chez eux… comment les faire payer
l’Al-Lakhdar, près des portes qui mènent à riches encerclant le palais, sauf sur le quart avec le respect d’une telle règle ?
la terre des gouffres. Ces quartiers popu- Sud placé sous la protection de l’école Jidar
laires sont peuplés d’artisans, forgerons, al’iblis. Cette partie de la ville est habitée Un pacte fut passé entre un grand prêtre
joailliers, émailleurs et tanneurs pour l’es- par une population hétérogène  : ouvriers de Mardûk et une centaine de djinns  : ils
sentiel, et jonchés d’un nombre incalcula- en tout genre, soldats, aventuriers à la re- seraient exemptés du respect de cette
ble de petites tavernes et d’hôtelleries à bas traite, marchands riches ou désœuvrés, no- loi à condition qu’ils cèdent en im-
bles fortunés ou non, etc. pôt quelques mèches de che-
prix.

13
Yasminabad
Premier carnet
n’y sont pas rares et l’aventure y a plose entre lui et l’oasis. Si cela advient, il
largement sa place. ne sera cependant pas le premier à attaquer,
laissant aux Saabi la responsabilité d’être
La garnison escarte les initiateurs du conflit. Ce sera l’occasion
À l’est de Yasminabad, pour lui de solliciter l’aide des troupes es-
à une demi-journée de cartes en poste dans le Capharnaüm et
voyage environ à dos de pour prolonger la conquête des adorateurs
dromadaire, commen- du dieu écartelé.
cent les terres contrôlées par
les Escartes. Ce vaste ter- Le désert des gouffres
ritoire se traverse en deux Formant un large croissant bordant Yas-
jours à peu près, mais le minabad du Sud-Ouest au Sud-Est, le dé-
fortin où siège la garnison sert des gouffres est une zone de djebels
n’est qu’à une petite jour- et de crevasses peuplées de créatures étran-
née de l’oasis. ges et inquiétantes. On dit que certains
de ces gouffres sont si profonds qu’ils
Il s’agit de l’un
vont jusqu’aux domaines infernaux. On
des avant-pos-
dit que de nombreux spectres et démons
tes des armées
s’y terrent, attendant des proies humaines.
veux à des artisans humains qui s’en ser- d’Occident les plus avancés, il n’est
Nombreuses sont les créatures qui tombent
viraient pour tisser des tapis volants. Ainsi plus situé dans le Capharnaüm mais dans
sous les coups des veilleurs yasminabadi, de
furent-ils accueillis et acceptés à Yasmina- le désert, terre de non-droit. Bien que Yas-
l’école Jidar al-iblis ou de celle des gardiens
bad comme des habitants normaux de l’oa- minabad soit une ville saabi, elle est bien
des gouffres, mais certaines parviennent à
sis. Aujourd’hui encore, rares sont ceux qui loin du royaume de Kh’saaba, en terre de
passer outre la vigilance des hommes et à
osent aller s’installer en dehors du quartier non-droit aussi, et son statut politique est
s’échapper sur Jazîrat. Les plus terrifiantes
qui leur a été octroyé, mais ils sont considé- ambigu. Ainsi, les relations entre l’oasis et
et merveilleuses créatures du désert des
rés comme des membres à part entière de la le fortin sont-elles très compliquées. Les
gouffres sont sans doutes les gigantesques
communauté yasminabadi. Bien entendu, on deux se disputent la légitimité de domina-
cyclopes forgerons.
ne les croise pas à tous les coins de rue, et tion de la région et d’exploitation des mines
deux personnes sur trois se méfient d’eux et de la terre des gouffres. Le duc Galistre de Note  : le désert des gouffres fera l’objet
des tours qu’ils pourraient leur jouer, mais Sorthes, commandant de la garnison, est un d’un numéro des Carnets de Yasminabad.
certains intègrent toutefois la vie politique, homme belliqueux qui ferme les yeux sur
militaire ou artistique de l’oasis. tous les incidents diplomatiques causés par La forge des cyclopes
ses hommes en permission à Yasminabad Il y a des milliers d’années, un cyclope du
L’enclave est un lieu très agréable, très pro-
ou sur les attaques de caravanes saabi par nom de Keliphrate entreprit d’utiliser la
pre et toujours bien entretenu par ses ha-
ses troupes. Faisant preuve de mauvaise foi science mystérieuse des dragons et la forge
bitants. Les hommes qui ne craignent pas
lorsque des délégations militaires lui sont magique des cyclopes pour construire des
les djinns y vont et viennent comme ils vont
envoyées pour régler ces problèmes, il fait nefs célestes qui le conduiraient au séjour
ailleurs, pour faire leur marché, boire un
tout ce qu’il peut pour qu’une guerre ex- des dieux. Monstre conquérant, Keliphrate
thé, jouer ou discuter.
Avec le temps, on estima que l’impôt avait
été suffisamment payé et de nos jours, les
djinns ne sont plus obligés de donner leurs
cheveux aux humains. Ils ne sont plus tous
hôteliers, certains s’étant faits artisans,
amuseurs, poètes ou mercenaires.

La région
La province qui abrite Yasminabad n’a ja-
mais été considérée comme un royaume
caravanier à part entière car ses princes
n’ont jamais désiré se soustraire à l’autorité
de Kh’saaba. Pourtant, de par ses ressour-
ces minières, son emplacement géographi-
que et la place marchande qu’elle constitue,
elle aurait largement de quoi assumer son
autonomie. La région est vaste et ses
paysages sont variés. Les dangers

14
entraîna avec lui deux cent cyclopes, tous qui les révèrent dans la région. À jamais, y survivre. Selon les com-
ayant la ferme intention de tuer les dieux les cyclopes du désert des gouffres seraient mandements du grand kahini, ils
et de prendre leur place. Malheureusement soumis à l’autorité d’un homme, le seigneur forgent de simples armes ou des objets
pour eux, les cyclopes furent vaincus et les de l’Al-Alaeddine. fabuleux, destinés à la vente ou à l’usage
survivants condamnés pour l’éternité dans des troupes yasminabadi. Les cyclopes sont
Six cyclopes vivent encore dans le désert
cet enfer terrestre qu’est la terre des gouf- aussi engagés envers les trois écoles de l’Al-
des gouffres, forgeant encore et encore,
fres. À jamais, ils devraient forger, jour et Lakhdar dont ils forgent les cimeterres.
inlassablement, dans leurs puits sans fond.
nuit, pour le service des dieux et des Saabi
La chaleur y est telle qu’eux seuls peuvent

Annexe 1
Parole d’Alaeddine, les gynécides de Manat
Statut social : Al-Kimiyat, sage, kahini plus révéler laquelle de ses femmes est sa préfé- Cinquième Parole : Lorsqu’il désire inter-
ou moins influent selon son age, sa famille rée et il lui est alors demandé de l’offrir en roger Ourim et Tourim, le mage peut déci-
et ses hauts faits. sacrifice à Manat, sur une pierre noircie par der, plutôt que de dépenser un point d’Hé-
le sang de centaines d’autres avant elle. roïsme, de faire gagner 1D6 PA au Shaytan
Style : Est en permanence accompagné par
de son épouse.
le spectre de son épouse morte.. Devenu kahini au terme du sacrifice de son
épouse, le disciple part en pèlerinage dans Sixième Parole  : La science du sacrifice
Initiation  : Une grande majorité des ma-
les galeries souterraines qui relient les plus du kahini, et le pouvoir qui en découle,
ges des trois écoles le sont devenus par
profonds des puits du désert des gouffres. ont atteint des proportions dignes des
hérédité. Un fils de sorcier devient sorcier
Là, au milieu des spectres et des démons, plus grands prêtres de Jergath-la-Grande.
et intègre l’école de son père. Mais les éco-
dans ce que l’on prétend être l’un des en- Lorsqu’il effectue un jet de Sacrifice, en
les ouvrent tout de même leurs portes aux
fers les plus proches du monde des vivants, sacrifiant un humain au nom de Manat, il
courageux, aux autodidactes et aux mages
il doit retrouver son aimée et la ramener à soustrait son score de Fidélité du SD fixé
itinérants sans écoles. Cependant, ne de-
Yasminabad. par Al-Rawi.
vient pas sage, ni mage, qui veut : l’école est
ouverte à tous, mais seulement jusqu’à un Effectif : 500 membres dont 300 novices. École des diplomates
certain point. Il faut dans un premier temps Bonus à la création  : Charme +1,
Vertu héroïque de substitut : Fidélité
parvenir à séduire un maître. Le terme « sé- Peuples&Histoire +1, Un Compétence du
duire » n’est pas si éloigné de celui qui évo- Note : Les Paroles 1, 4,5 et 6 sont les mê-
Prince au choix +1, Sacrifice +1
que la séduction amoureuse d’ailleurs, car le mes pour les trois écoles. Les Paroles 2 et 3
novice doit en effet s’attirer les faveurs d’un sont décrites dans le paragraphe spécifique Deuxième parole : Lorsqu’il obtient une
maître. Pour cela, il faut parader, faire des à chaque école. Constellation sur un jet impliquant le Char-
offrandes, organiser un spectacle, un repas, me, le kahini peut compter tous les témoins
Première parole : Le lien qui s’est créé en-
etc. en rivalisant de style, de charme et d’in- de la scène comme des Contacts. S’ils n’en
tre le kahini et sa femme au terme du voya-
géniosité… au-delà de ce jeu, le novice doit, étaient pas, ils deviennent des Connais-
ge initiatique dans les puits du désert des
dans ses tentatives, mettre en perspective sances, s’ils étaient des Connaissances ils
gouffres influe désormais sur son rapport à
sa foi, son talent et son sens du sacrifice, deviennent des Alliés. S’ils étaient des en-
la magie. Du fait de la présence du spectre,
vertus prisées par le style d’Alaeddine. Une nemis, le personnage gagne au moins leur
tous ses jets d’Inspiration et de Verbe sacré
fois le maître trouvé, commence l’appren- respect : jamais ils ne tenteront de l’assassi-
bénéficient d’un bonus au TA égal à son
tissage, jusqu’à l’épreuve finale, celle du sa- ner ou de le renverser sans lui laisser volon-
score de Fidélité.
crifice. tairement une porte de sortie.
Quatrième Parole : Le mage peut désor-
Formation  : Somme-toute, la formation Troisième parole : En toutes circonstan-
mais transférer les points de Shaytan ga-
des gynécides de Manat est plus longue ces le disciple de cette école sait se mettre
gnés vers le spectre de son épouse. Il lui
qu’originale. Ce n’est en effet que vers en position de noblesse. Il sait faire valoir
suffit d’en faire le choix (à moins qu’Al-
vingt-ans, alors qu’il est marié et entouré ses idées avec force et élégance et possède
Rawi ait décidé de garder secrète l’existence
de femmes aimées et aimantes, que le jeune souvent la classe et le savoir-faire qui lui
du Shaytan, auquel cas c’est à lui de gérer le
mage se voit initié à la Première parole. Il est donnent le dernier mot : Toutes ses Com-
transfert des points vers le spectre) à chaque
déjà un sorcier avéré, mais ne connaît pas pétences du Prince voient leur niveau
fois qu’il lance un sort. Celle-ci développe
encore les secrets de la Parole d’Alaeddine. augmenter d’un point (sans dépas-
ainsi son propre Shaytan, amoindrissant la
Un rituel magique permet à ses mentors de ser le maximum de 6).
hantise de son époux.

15
Yasminabad
Premier carnet
École des voyageurs le piège, récupérer l’objet ou rejoindre/rat-
traper/contacter la personne.
Deuxième parole  : Le kahini peut choisir
de compter deux fois son Souffle dans le
Bonus à la création  : Coordination +1,
Troisième parole : En toutes circonstan- calcul de son Init-max. Il doit alors choisir
Périple +1, Percevoir +1, un Compétence
ces, le disciple de cette école est capable laquelle des autres Caractéristiques norma-
du Travailleur au choix +1
de se construire un abri, des vêtements, lement utilisées est ici remplacée.
Deuxième parole  : Habitué à la vie cita-
dine comme à celle du voyage, le person- de réparer ses armes, etc. Toute ses Com- Troisième parole  : Lorsqu’il obtient une
nage est à son aise en tous lieux et en tous pétences du Travailleur voient leur niveau Constellation sur un jet d’attaque visant à
milieux. S’il obtient une Constellation sur augmenter d’un point (sans dépasser le blesser une créature démoniaque, ou un
un jet de Percevoir visant à repérer un piège maximum de 6). mauvais djinn (Marid ou Afreet), le kahini
(naturel ou non), un objet utile, une person-
ne dans une foule ou dans un espace natu-
École des gardiens des Gouffres ajoute son score de Foi à ses dégâts.

rel, il bénéficiera d’un bonus aux TA égal à Bonus à la création : Souffle +1, Armes
sa Sagesse pour tous ses jets visant à éviter +1, Périple +1, Inspiration +1

Annexe 2
Parole de Lakhdar, les lames de regret fraternel

Statut social  : Mudjahid, chevalier, cheikh


plus ou moins influent selon son age, sa fa-
ans, les novices sont envoyés en quête du
cimeterre du frère (Cf. Annexe 3, Les Arte-
École Turuq Al-Jergath
mille et ses hauts faits. facts de la Terre des Gouffres). Quête dont Bonus à la création  : Coordination +1,
seul un revient à chaque fois. Armes +1, Peuples&Histoire +1, Entraî-
Style : Porte en permanence deux cimeter-
nement +1
res. Effectif : 800 membres dont trois-cent no-
vices. Deuxième parole  : Lorsqu’il obtient une
Initiation : La grande majorité des cadets
des trois écoles suivent tout simplement Vertu héroïque de substitut : Bravoure constellation sur un jet d’Entraînement, le
la voie ouverte par leurs ancêtres. On suit chevalier gagne le droit de refaire un jet de
Note : Les Paroles 1, 4, 5 et 6 sont les mê- dès raté lors de la Passe d’Arme suivante.
cette Parole de père en fils et on intègre son
mes pour les trois écoles. Les Paroles 2 et 3
école de la même façon. Parfois, des étran- Troisième parole : Lors du jet d’initiative
sont décrites dans le paragraphe spécifique
gers ou des Yasminabadi, nobles ou non,
à chaque école. d’un combat seul à seul (duel ritualisé ou à
faisant preuve de bravoure, sont autorisés
l’écart d’une mêlée), le chevalier peut faire
à suivre les enseignements d’une des trois Première parole  : Devenu chevalier au
écoles. Les non membres acquièrent ainsi terme de son voyage dans le désert des relancer, une fois et une seule, le dé d’initia-
le statut de noblesse par les armes. Dès son gouffres, le disciple possède désormais le tive de son adversaire.
entrée dans l’école, chaque enfant se voit lié cimeterre du regret fraternel (Cf. Annexe 3, École Jidar al’iblis
par le sang, par le biais d’un rituel simple, à Les Artefacts de la Terre des Gouffres).
un autre enfant, son frère d’arme. L’un et Bonus à la création : Souffle +1, Tenir le
Quatrième Parole : Le chevalier peut dé- coup +1, Périple +1, Inspiration +1
l’autre sont mutuellement responsables de
sormais utiliser ses deux cimeterres même
leur discipline, de leur honneur et de leur Deuxième parole : Le chevalier est régu-
s’il ne répond pas aux pré-requis du combat
salut, jusqu’à l’épreuve fatidique. lièrement confronté à l’horreur des enfers.
à deux armes.
Formation  : Elle peut commencer à tout Il a appris à ne jamais paniquer et à gé-
Cinquième Parole : Maître réputé du com-
age, mais c’est le plus souvent à l’enfance rer le stress et la panique par le flegme et
bat à deux armes, le chevalier dispose d’un
que les écoles sont intégrées, dès l’age de six l’humour. Il est totalement immunisé aux
surplus de charisme et de noblesse rien qu’à
ans. S’entâme alors une très longue période effets de la Compétence Impressionner.
porter ses cimeterres. Toutes ses Compé-
d’enseignement scolaire classique  : cours
tences de Prince bénéficient d’un Bonus au Troisième parole : Le chevalier bénéficie
d’histoire militaire et de sciences le matin,
TA égal à son score d’Armes. d’un bonus aux TA de ses attaques égal à
cours d’escrime et d’enseignements spécifi-
ques à l’école l’après-midi. Dès l’âge de qua- Sixième Parole  : Lorsqu’il obtient une son score de Bravoure dès qu’il affronte
torze ans atteint, les novices commencent Réussite Critique sur une attaque, le cheva- une créature inhumaine sensible aux dégâts
un service de deux années dans la lier peut porter deux attaques supplémen- physiques (démon, djinn, dabbat, etc.).
milice de la médina. À seize taires au lieu d’une seule.

16
École Moghamara che est tirée, le Mudjahid a mal interprété
les signes et son action est un échec. Si la
Troisième parole : Lorsqu’il
obtient une Constellation sur
Bonus à la création : Sagesse +1, Contes pierre noire est tirée, l’attaque porte quelle un jet de Périple, le Mudjahid peut s’il
+1, Peuples&Histoire +1, Périple +1 que soit la défense de l’adversaire et les dé- le veut interroger gratuitement Ourim
gâts sont majorés d’un nombre de point et Tourim (sans dépenser de point d’Hé-
Deuxième parole : Lorsqu’il obtient une
roïsme donc). Si la pierre blanche est tirée,
Constellation sur un jet d’Armes, le Mud- égal au score de Sagesse du Mudjahid. Si la
le Mudjahid a mal interprété les signes et
jahid peut s’il le veut interroger gratuite- pierre noire est tirée sur une action défen-
son action est un échec automatique. Si la
ment Ourim et Tourim (sans dépenser de sive, le score de Sagesse est ajouté au TA pierre noire est tirée, il ajoute son score de
point d’Héroïsme donc). Si la pierre blan- de l’action. Sagesse au TA de son jet.

Annexe 3
Les artefacts de la terre des gouffres

Les cimeterres Puissan-


ce : 15
bat s’ensuit alors, décidant de l’avenir des
deux hommes. Lorsque le mauvais gagne, il
de la terre des achève de se transformer en démon tandis
gouffres Situation  : que l’âme de son frère est condamnée à er-
Type : Permanent Le plus souvent à Yas- rer à jamais dans la terre des gouffres sous
minabad mais en de ra- la forme d’un spectre affamé. Lorsque le
Capacité : 1 res occasions chez des bon en sort vainqueur, le sang de son frère
Puissance : 15 collectionneurs ou sur d’arme est purifié par la lame au moment
des marchés. de sa mise à mort. L’âme purifiée intègre
Situation  : Le plus alors la lame, dans laquelle elle restera à
souvent à Yasminabad Prix : Ces armes jamais au service de celui qui l’a sauvée.
mais il arrive qu’on ne sont en Alors l’arme est enchantée et acquiert les
en trouve sur des théorie capacités liées à la Parole de Lakhdar, ainsi
marchés du Ca- jamais à qu’une majoration permanente des dégâts :
pharnaüm ou de Puissance + 12 au lieu de +10.
vendre mais
Kh’saaba.
lorsque c’est
Prix  : Lorsqu’el-
les sont en vente,
le cas elles sont
vendues au moins
Aventure one-shot
ces armes sont 20 TO. On dit que lorsqu’un humain est suf-
vendues 5 TO au fisamment courageux pour braver la
moins. Pouvoirs : Le cimeterre du
terre des gouffres et aller rencontrer
frère n’a que peu de pouvoir,
Pouvoirs : Forgées par les les cyclopes, il arrive que ceux-ci lui
ce n’est pas là son originalité. Ce qui
cyclopes pour le service de démarque ces sabres de sabres normaux, forgent une arme spéciale, à sa mesure,
Yasminabad comme l’ont exigé c’est qu’ils sont forgés par des artisans cy- et dont les capacités sont identiques à
les dieux, ces armes équipent l’intégralité clopes usant d’un savoir magique ancestral. celles du cimeterre du frère.
des troupes de l’Al-Alaeddine (mais pas de Lorsqu’en la terre des gouffres deux hom- Al-Rawi peut très bien imaginer mettre
l’Al-Lakhdar). Elles bénéficient d’une ma- mes, liés au point de s’aimer comme des frè- en scène l’aventure en solitaire de l’un
joration permanente des dégâts : Puissance res, affrontent les forces infernales, il s’en de ses Héritiers à travers la terre des
+ 11 au lieu de +10. trouve toujours un pour laisser son âme se gouffres. Il en repartirait avec l’arme de
noircir, nul n’y peut rien, la lutte éternelle
Le cimeterre du frère des forces chthoniennes et des créatures
son choix dont les dégâts seraient aug-
mentés de 1 point. Et si l’Héritier s’était
Type  : Permanent et activé sur condition célestes se répercute ainsi symboliquement.
laissé pervertir ? Qu’il avait accepté que
(il faut être le frère d’arme de celui qui a Au terme d’un périple de plusieurs jours,
son Shaytan y gagne quelques PA (3D6
donné son sang pour enchanter l’arme afin au cours duquel l’un des deux a lentement
disons…), peut-être son arme aurait-
de bénéficier des pouvoirs du sabre). sombré dans la folie et la noirceur d’âme,
les deux hommes voient leur apparaître elle en plus, comme pour le cimeterre
Capacité : 1 l’arme qui les séparera. Un terrible com- perverti, un Dé Bonus à l’attaque.

17
Yasminabad
Premier carnet
Le cimeterre perverti Situation : Ces objets se trouvent assez fré-
quemment sur les marchés du Capharnaüm,
automatiquement le porteur. Il suffit de po-
ser le bâton à la verticale droit devant soi en
Type : Permanent. il s’agit d’une des spécialités commerciales entrant dans un pièce, un couloir, un défilé
Capacité : 2 de l’Al-Alaeddine. rocheux ou un simple sentier pour le sentir
Prix : 10 TO automatiquement vibrer en cas d’embusca-
Puissance : 18
de ou de piège dans un rayon de cinquante
Situation : Le plus souvent à Yasminabad Pouvoirs  : Ces lampes perpétuelles sont mètres.
mais en de très rares occasions chez des éclairées par une roche issue des enfers. El-
collectionneurs ou sur des marchés perdus les ressemblent en tout point à une lampe Les outils de la forge éternelle
au fin fond du désert. à huile saabi mais une petite pierre bleutée Type : Permanent
brûle en permanence en son cœur. Il suffit
Prix : Ces armes ne sont en théorie jamais Capacité : 1
de lui ordonner : « Lampe, éclaire ces lieux !
à vendre mais lorsque c’est le cas elles sont » pour qu’elle diffuse sa lumière bleue en Puissance : 15
vendues au moins 100 TO. une sphère de dix mètres de diamètre.
Situation : Ces objets se trouvent assez fré-
Pouvoirs : Il s’agit là des cimeterres perver-
tis par la mort du « bon » à la fin du voyage
Les bâtons de la terre des gouf- quemment sur les marchés du Capharnaüm,
initiatique des disciples de l’Al-Lakhdar.
fres il s’agit d’une des spécialités commerciales
Type : Permanent de l’Al-Alaeddine.
Lorsque celui qui a été noirci par la présence
des enfers met à mort son frère d’armes, il Capacité : 2 Prix pour un nécessaire complet :
devient définitivement une créature démo-
Puissance : 18 Agriculture : 50 TA
niaque et le cimeterre se ternit, se couvrant
de rouille. Le sang de la victime s’y incruste Situation : Ces objets se trouvent assez fré- Bricolage : 30 TA
à jamais, en souvenir du fratricide. quemment sur les marchés du Capharnaüm, Forge : 1200 TA
Ces armes offrent un Dé Bonus à tous les il s’agit d’une des spécialités commerciales
jets offensifs ainsi qu’une majoration des de l’Al-Alaeddine. Menuiserie : 70 TA
dégâts : Puissance +12 au lieu de +10. Prix : 15 TO Poterie : 40 TA
Les lampes sans feu Pouvoirs : Ces embouts forgés et finement Pouvoirs  : Des objets ont été forgés par
Type : Permanent ouvragés se placent au bout d’un bâton de les cyclopes. En plus d’être extrêmement
marcheur. Ils permettent d’éviter les pièges beaux, ce sont de véritables objets d’art,
Capacité : 1 ils offrent trois Dés Bonus à celui qui les
naturels ou non en créant une vibration
Puissance : 15 ainsi qu’un petit sifflement que perçoit utilise.

18
Annexe 4
Yamani ou l’amour inassouvi
Genre : Conte philosophique Le joueur de cithare s’installa dans
l’oasis pygmaline et, capable
par sa musique de rendre
Synopsis fou n’importe quel hom-
me, poussa les nobles à
Ensorcelés par un miroir magique, trois
s’entretuer.
musiciens bouleversent la vie dans une
partie du désert. Confrontés à d’étranges Le joueur de flûte gagna le
attaques de volatiles provoquées par l’un pouvoir de commander aux
de ces musiciens, les Héritiers vont de- oiseaux. Il s’en servit pour faire
voir retrouver un Mudjahid qui aurait dû sa propre fortune en dépouillant
mourir depuis longtemps si un amour grâce à ses tristes volatiles de nom-
inassouvi ne l’avait empêché de trouver breuses caravanes. C’est après la
le repos. cinquième attaque contre une cara-
vane yasminabadi que l’on décide de s’en
inquiéter et que les Héritiers vont entrer
Le drame en jeu.
Il était une fois Yamani, preux Mudjahid, et Des orages dans le désert, une oasis où les
Sulaïna, cruelle princesse au cœur de pierre.
Lassé de tenter en vain de séduire la belle,
hommes s’entretuent jour après jour, des
oiseaux attaquant les caravanes… trois ma- Corps de
le jeune Mudjahid offrit à la princesse qu’il nifestations d’un même pouvoir, celui du
aimait un miroir dans lequel elle se reflé-
tait telle qu’était son âme : sombre et laide.
miroir, que seul celui qui l’offrit jadis serait
capable de briser. Pour mettre un terme à
l’aventure
ces maléfices, il faudra donc que les Héri- Trois lieux, et trois intrigues, composent
Ainsi, voyant le véritable visage de la belle, cette aventure. Comme toutes les aventu-
Yamani renonça-t-il à l’amour et se retira du tiers retrouvent le prince Yamani.
res que vous trouverez dans les Carnets de
monde. Mais le sorcier qui lui avait vendu le Yasminabad il s’agit d’une épreuve, un scé-
miroir était un être perfide : quiconque s’y
regarderait désormais deviendrait un mons-
Introduction nario court et rythmé, jouable en une seule
Les Héritiers sont présents à Yasminabad, séance. Al-Rawi trouvera peu de détails,
tre aussi laid ou dangereux que l’était soi- mais des scènes évocatrices, qui lui permet-
pour des raisons laissées à la discrétion
disant l’âme de la princesse. Le miroir qui tront de se lancer rapidement, en comptant
d’Al-Rawi, lorsqu’ils apprennent que plu-
transformait les hommes en monstres étant sieurs caravanes en provenance du sud ne sur ses talents d’improvisation ou bien de
incassable, on l’emmura dans une grotte au sont pas arrivées au cours des trois derniè- poser les bases d’un scénario plus étoffé s’il
fin fond du désert. res semaines. Sur cinq attendues, une seule préfère ne rien laisser au hasard.
Cette histoire a eu lieu il y a plusieurs siè- est arrivée, le matin même. Sur les trente
cles, et le miroir resta introuvable jusqu’à ce hommes que comportait cette caravane Djebel al-ghourab,
qu’une tempête de sable force un groupe de (qui transportait des fourrures de chiens
trois poètes itinérants à se réfugier dans une
du désert destinées à la vente), seuls douze le trône du roi
sont arrivés, tous les autres auraient été tués
grotte… celle-là même où fut jadis caché le
par des oiseaux tandis qu’une drôle de mu- des oiseaux.
miroir  : le temps avait rouvert le passage.
sique résonnait dans l’air. Hadid, le joueur de flûte s’installa sur la
L’un après l’autre, les trois artistes se regar-
dèrent dans le miroir et furent pervertis. Selon le groupe d’Héritiers que vous avez corniche d’un djebel peuplé de charognards
Al-Rawi, peut-être décideront-ils par cu- en tout genre, et plus généralement de cor-
Le joueur de tambour s’installa en haut d’un riosité de s’intéresser à cette histoire. Si- vidés. Doué de la faculté de commander
wadi depuis longtemps asséché et en joua non, vous pouvez imaginer qu’un riche aux oiseaux, il entreprit de s’enrichir en se
jusqu’à ce qu’il soit à nouveau une vallée marchand ou un homme important d’une servant de ce pouvoir pour attaquer les ca-
fleurie où coule une rivière. Il avait en effet des deux médinas les embauchera ou leur ravanes qui passerait par là.
gagné le pouvoir de faire gronder l’orage et
tomber la pluie. Mais cette pluie incessante
ordonnera (s’ils lui sont subordonnés pour
une raison ou une autre) de résoudre le
Les lieux
est meurtrière : elle n’attire la vie que pour problème qui menace le commerce yasmi- Situation  : l’al-ghourab est situé
mieux la noyer. nabadi. à trois jours de dromadaire au

19
Yasminabad
Premier carnet
sud-est de Yasminabad, Quand les Héritiers arrivent
dans une région semi dé-
sertique proche du fleuve Ha- La mort venue du ciel L’endroit semble inanimé. On ne trou-
lawoui. vera, à l’approche, que quelques cada-
Les oiseaux attaquent en trois temps.
vres de hyènes, visiblement tuées par
Composé d’une vingtaine de rochers Le premier temps est celui de la pluie de cadavres, des jets de pierres puis partiellement
dont la hauteur avoisine les trente dissuasive et traumatisante. Les vautours fondent dévorées. Si les Héritiers sont seuls,
mètres, le djebel al-ghourab est un sur leurs cibles et lâchent, depuis près de dix mè- ils pourront approcher du Djebel sans
endroit accidenté et vaguement boisé. tres de haut, des cadavres humains en décomposi-
Des hyènes, des vautours et des cor- avoir de problème, ce n’est que s’ils
tion. Il faut alors réussir un jet de Souffle+Tenir le
beaux y ont élu domicile depuis des coup SD 12 pour ne pas être horrifié par la scène. tentent de le traverser plutôt que de le
générations et règnent en maîtres sur En cas d’échec, la cible est gênée, elle vomit, et contourner, qu’ils seront attaqués par
cette partie du désert où ne passent lance un dé de moins pour toutes les actions qui les airs. S’ils ne sont pas seuls, mais
guère que les caravanes. vont suivre, jusqu’à ce qu’elle quitte les lieux. En avec une caravane, ils verront vite le
cas d’Échec critique, la cible prend peur, panique, ciel se noircir et des dizaines d’oiseaux
Au centre même du Djebel se trouve et s’enfuit tout simplement. leur fondre dessus. Les plus gros leur
un renfoncement profond de vingt
Le deuxième temps est celui des jets de pierres. lançant des cadavres humains, puis
mètres où Hadid a entassé son butin.
Les vautours lâchent de grosses pierres sur leurs des pierres  ; et les plus petits les at-
Dans cette caverne où tentures d’or
cibles selon les règles suivantes : lors du jet d’Ini- taquant directement au corps à corps
et de pourpre et meubles luxueux
côtoient cadavres et débris, le roi tiative, lancer 2 dès à six faces et noter les résultats (Cf. Encart).
séparément. À chaque Phase de la Passe d’Armes,
flûtiste règne sur sa cour de cor-
beaux et de vautours. À son contact, demander à chaque joueur de lancer 1D6, même Dénouements
s’il n’avait pas d’action à cette Phase. Lorsque le La folie qui règne ici atteint son pa-
ces créatures ont développé une in-
dé lancé par un joueur donne le même résultat roxysme si les Héritiers parviennent
telligence humaine et sont capables
que l’un des dés lancés par Al-Rawi, alors l’Hé- à la caverne. Hadid, comme ses deux
de décisions et de paroles. Ses deux
ritier doit éviter une chute de pierre. Un jet de amis musiciens, est simplement en-
wazirs, Nadjes le corbeau et Saljan le
Sagesse+Percevoir SD 12 est nécessaire pour voir sorcelé, et se considère comme le roi
vautour, ont entrepris d’éradiquer le danger arriver, l’esquive est alors automatique
les six familles de hyènes qui vivent de ces lieux. Régulièrement, il nettoie
mais la Phase d’action est consommée. En revan- et dispose les cadavres humains qui
dans le djebel. che, en cas d’échec, l’Héritier devra subir 15 points
sont dans sa caverne pour s’en faire
Le Djebel dans son ensemble est un de dégât. Durant tout ce temps, il est possible de
une cour, avec laquelle il s’imagine
enchevêtrement de cols, de terrasses tirer ou de lancer des armes de jets ou des sorts
des discussions, des amitiés et des dis-
et de vaux accidentés entre lesquels sur les vautours en dépassant un SD de 15. Tout
vautour touché est automatiquement tué et il faut putes. Les Héritiers trouvent donc là
serpentent des sentiers naturels peu une sorte de palais de bric et de broc,
sûrs. L’arpenter, le traverser, est une que dix d’entre eux soient tués pour que l’attaque
cesse. luxueux et morbide à la fois. Hadid s’y
affaire difficile, et cela ne peut se entretient avec ses deux conseillers,
faire qu’à pied. Le troisième temps commence lorsque les vau- Nadjes et Saljan, qui lui répondent,
tours cessent l’attaque ou, au contraire, lorsqu’un ou bien avec des cadavres disposés
La pointe sud du djebel est une cor-
Héritier sur deux est blessé. Ce sont alors les comme s’ils étaient en vie, prenant le
niche qui surplombe le sol à presque
corbeaux qui attaquent. Suicidaires, ils se lancent thé par exemple ; ceux-là bien sûr, ne
trente mètres. C’est là que se poste comme des projectiles sur les Héritiers. lors du
Hadid lorsque passe une caravane, lui répondent pas mais lui semble agir
jet d’Initiative, lancer 2 dès à six faces et noter les
pour jouer la musique entêtante qui comme s’ils le faisaient.
résultats séparément. À chaque Phase de la Passe
mène ses sujets au combat. d’Armes, demander à chaque joueur de lancer Il ne se souvient plus pourquoi il a
Les faits 2D6, même s’il n’avait pas d’action à cette Phase.
Lorsque l’un des dés lancés par un joueur donne le
quitté ses amis, les deux autres musi-
ciens et est incapable de dire ce qu’il
Depuis qu’il est arrivé ici il y a trois même résultat que l’un des dés lancés par Al-Rawi, s’est passé au cours des trois semai-
semaines, il a déjà attaqué sept ca- alors l’Héritier doit éviter un corbeau. Un jet de nes qui précèdent son arrivée ici. Il
ravanes. Six ont pu traverser en ne Coordination+Épreuve SD 18 est nécessaire pour est arrivé un matin, et a constaté son
perdant que quelques richesses, mais esquiver l’attaque. En cas d’échec, l’Héritier devra pouvoir, c’est tout. Le seul moyen de
l’une des sept a entièrement été dé- subir 10 points de dégâts. Durant tout ce temps, l’exorciser est de briser sa flûte, objet
pouillée et ses hommes massacrés. Ce il est possible de tirer, de frapper, ou de lancer par lequel le sort est lié à lui, ou de le
sont les objets volés à cette caravane, des armes de jets ou des sorts sur les corbeaux en tuer. Une fois exorcisé il se souviendra
ainsi que les cadavres de ses hom- dépassant un SD de 15. Tout corbeau touché est alors de la tempête, de ses deux amis
mes, que l’on peut trouver automatiquement tué et il faut que quinze d’entre et de la caverne où ils se réfugièrent,
dans la caverne où loge eux soient tués pour que l’attaque cesse.
mais pas de ce qui s’y passa ensuite.
Hadid.

20
Et après ? carrières la pierre du même nom. Cette
pierre jaune pale est particulièrement ap- Pygmalian typique
Dans la caverne, au milieu des objets et vic- préciée pour la confection d’éléments archi- Caractéristiques
tuailles entassées, l’un des cadavres n’en est tecturaux d’ornementation auxquels elle est Coordination 2
pas un. Une fois Hadid exorcisé, l’homme prétendue donner vie lorsque la maisonnée Puissance 2
sous les décombres poussera un gémisse- entière est endormie. Sagesse 2
ment qui permettra de le localiser. Il souf-
fre d’une blessure peu profonde à la tête et Les lieux Charme
Souffle
3
2
peut être soigné facilement et rapidement. Situation : L’oasis pygmaline se trouve en Init Max 3
Une fois sa plaie nettoyée et pansée, il peut plein désert, à deux jours de dromadaire au
parler et a d’ailleurs des choses à dire qui Trempe 4
sud-ouest du djebel al-ghourab. PV Aucun (Traîne-babouche)
peut-être, intéresseront les Héritiers : il fai-
sait partie d’une caravane qui venait du Sud Organisée traditionnellement autour d’un Défense passive 10
et allait vers le Capharnaüm quand ils ont point d’eau et d’une palmeraie, l’oasis com- Héroïsme 2
été attaqués. Ils ont fait escale il y a trois porte un palais en dur où logent les nobles Compétences usuelles
jours dans l’oasis pygmaline mais ont dé- shiradim propriétaires de la mine. Melchi Épreuve 2, Périple (Mines) 2,
cidé de ne rester qu’une nuit car il y avait Bar Solmami est le patriarche de ce petit Armes 2, Tenir le coup 2
là-bas une drôle d’ambiance. Tout le monde royaume caravanier. Maddhi, Avrael et Ahi- Attaque & Défense Active
y était en effet très susceptible et même eux mane, ses trois fils, sont tous trois maqqabim Suyuf 4/2, dégâts +12
au sein de sa caravane ont commencé à se et veillent à la protection de l’exploitation
Armure (déjà comptée dans la Trempe)
disputer, voire se bagarrer pour peu de cho- des richesses familiales dans la stricte ob-
ses. servation des règles shirades. Une vingtaine Aucune
de nobles et serviteurs vivent dans le palais,
les ouvriers et leur famille, au nombre de
L’oasis pygmaline, 500 environ, vivant dans des habitations
troglodytes autour de la mine. Solides maqqabim
de vaines disputes pygmalians (une
Farouk, le joueur de cithare Les faits douzaine en tout)
s’installa dans l’oasis Lorsqu’il est arrivé ici il y a trois semaines, Caractéristiques
pygmaline, où Farouk le joueur de cithare s’est fait em- Coordination 4
l’on extrait baucher par la famille noble. Il loge depuis Puissance 3
de pro- lors dans une aile du palais avec les autres Sagesse 2
fondes artistes. Charme 3
Nul ne s’est pour le moment aperçu de sa Souffle 4
malfaisance, mais sa présence est effecti- Init Max 4
vement néfaste : lors d’un repas d’anniver- Trempe 7
saire donné deux jours avant l’arrivée des PV 40 (Vaillants-Capitaines)
Héritiers (en l’honneur de Shélyna la qua- Défense passive 13
trième et dernière enfant de Melchi Bar Héroïsme 3
Solmami), sa musique a envoûté deux Compétences usuelles
des frères Maddhi et Avrael. L’un et Élégance 1, Épreuve 3, Périple
l’autre se sont levés de table sans (Mines) 2, Armes 4, Tenir le coup 2
raison et ont commencé à s’ac- Attaque & Défense Active
cuser mutuellement d’être plus
Suyuf 8/4, dégâts +13
aimé que l’autre par leur père. Il
s’en est suivi un duel auquel nul Armure (déjà comptée dans la Trempe)
n’a pu s’opposer, chacun blessant Aucune
l’autre mortellement…
Quand les Héritiers arrivent nant pas assez d’amour. Ahimane estime
que son père doit inonder leurs sépultures
Le jour de l’arrivée des Héritiers a
de son sang pour leur permettre de trouver
lieu l’enterrement des deux maqqa-
le repos, sinon ils deviendront des spectres
bim. En leur honneur, les musiciens
et hanteront l’oasis à jamais. Ahimane at-
jouent de concert avec sobriété et
taque alors son père qui n’a d’autre choix
discrétion. Malgré cette sobriété et
que de se défendre. Tout comme Maddhi et
cette discrétion, Farouk va encore
Avrael, ils vont mourir tous deux de leurs
frapper : vers la fin des prières, Ahi-
blessures si nul n’intervient. Or, mis à
mane se tourne vers son père et
part les Héritiers, nul n’aura ni la
l’accuse d’avoir causé la mort
force, ni le courage de le faire.
de ses frères en ne leur don-

21
Yasminabad
Premier carnet
Dénouements de la tempête, de ses deux amis et de la ca-
verne, mais pas de ce qu’ils y trouvèrent ni
un conteur qui sait, par magie, créer des
images animées des histoires qu’il raconte.
En ces lieux règne la discorde. S’ils de ce qui se passa après. À Yasminabad, chez les humains, on lui
restent plus d’une journée, les Héri-
tiers vont s’apercevoir qu’on se déteste Et après ? donne quelques pièces, au coin des rues ou
dans les auberges, pour qu’il régale les en-
ici à tous les niveaux de l’échelle sociale du Une fois Farouk exorcisé, et tout revenu à
garde au chamelier, du mineur au prince, fants de ses contes illustrés. Pour trois on-
la normale, une jeune femme qui fut sa maî-
etc. Ce qui est le plus flagrant, c’est que ces ces de safran ou trois Talents d’or, Serdhin
tresse durant plusieurs nuits se souviendra
querelles, qui vont jusqu’à la mort si l’on racontera aux Héritiers l’histoire de Yamani
avoir entendu le musicien délirer pendant
n’intervient pas, ne sont fondées que sur son sommeil. Farouk parlait d’un joueur de et Sulaïna. Il ajoutera qu’une autre légende
des futilités : papa t’aime plus que moi ; ta tambour qui allait noyer une certaine Za- prétend que Yamani, incapable de trouver
chèvre a mordu la mienne ; ta maison est roudina pour qu’elle ne réveille pas Yamani le repos, s’est réfugié avec des sages djinns
mieux ombragée, etc. afin qu’il ne casse pas le miroir. et humains dans les grottes de Zaroudina, à
Chaque fois qu’un conflit éclate, le seul une semaine de désert au sud de Yasmina-
moyen d’y mettre un terme est de faire Un peu d’investigation bad. C’est sans doute là-bas qu’ils le trou-
changer les deux protagonistes d’humeur : veront.
soit par le sommeil ou l’inconscience, soit Arrivés à ce stade de l’aventure, les Héri-
par l’ivresse, soit par un très gros travail tiers vont pouvoir essayer de faire le point
sur les divers éléments qu’ils ont appris et
Zaroudina, de la séche-
de flatterie (SD 15 à 18 selon l’ambiance
autour de la table). tenter d’en savoir plus. resse à la noyade
Dès le troisième conflit dont ils sont té- De prime abord Situation : Zaroudina est à une semaine de
moins, les Héritiers peuvent accomplir un désert au sud de Yasminabad ou deux jours
Les noms de Zaroudina et de Yamani
jet de Sagesse + Percevoir SD 12. Si ce jet au sud-ouest de l’oasis pygmaline.
ne leur disent rien, et les deux musiciens
se solde par une Réussite Critique, ils re-
marqueront qu’à chaque fois qu’un conflit qu’ils ont déjà rencontrés sont des gens Medjil, le joueur de tambour a déjà tué
éclate, quelqu’un est en train de jouer de la tout à fait normaux. Ils peuvent facile- presque toute la petite communauté d’éle-
musique. De fil en aiguille, avec un peu de ment, cependant, faire le lien entre les dé- veurs du wadi asséché de Zaroudina. En ef-
déduction, ils apprendront que tout a com- lires de Farouk et la réalité  : le troisième fet, lorsque les Héritiers arrivent sur place,
mencé peu après l’arrivée de Farouk. musicien, Medjil, est effectivement joueur le wadi, s’il n’est pas redevenu une rivière,
de tambour. Dans l’oasis pygmaline, nul est devenu un lac profond de plus de cinq
Si toutefois les Héritiers décident de cher-
cher le musicien dès leur arrivée car ils ont ne connaît les noms de Zaroudina et de mètres… la magie du miroir a noyé la ré-
compris, après avoir exorcisé Hadid, qu’un Yamani, et il faudra revenir à Yasminabad gion. Ici et là on voit des corps de chèvres
musicien ensorcelé était sûrement la cause pour interroger des personnes plus culti- et d’hommes flotter ou échoués contre les
des problèmes locaux, ils auront bien du vées, des spécialistes des contes ou des parois abruptes de l’encaissement du wadi.
mal à remonter aussi vite la piste  : en ef- historiens…
fet, si tout le monde est en désaccord ici, Faire cesser la pluie
le seul fait d’évoquer le musicien plonge les
À Yasminabad Ici, la pluie tombe encore et en permanence
gens dans un profond mutisme. Nul ne sait On apprend facilement (en discutant avec les éclairs zèbrent le ciel… sous les yeux
rien, nul ne veut rien dire, mais, si on laisse un kahini passionné d’histoire par exemple) des Héritiers, le lac pourrait bientôt sortir
penser que Farouk doit être arrêté, l’oasis que Zaroudina est le nom que portait jadis des digues naturelles par lesquelles il est
entière peut se liguer contre les Héritiers en un wadi habité par des djinns. Aujourd’hui, contenu au nord et au sud. Peu importe en
quelques minutes. l’endroit accueille quelques villages d’éle- réalité, car libérer ces eaux ne fera plus de
Farouk, comme ses deux amis, est simple- veurs. On raconte cependant que les parois mal, ici tout le monde, ou presque, est déjà
ment ensorcelé, il ne se rend compte de rocheuses du wadi abritent des grottes où mort. En revanche, il vaudrait mieux arrê-
rien et se contente de faire son travail. Il quelques kahini, djinns et humains ont choisi ter Medjil car bientôt il changera de région
ne se souvient plus pourquoi il a quitté ses de se réunir pour prier, et ce depuis des siè- et ira noyer d’autres villages si on ne détruit
amis, les deux autres musiciens et est inca- cles. pas son tambour.
pable de dire ce qu’il s’est passé au cours
des trois semaines qui précèdent son arri- Dans l’enclave djinn On le trouve facilement, en haut d’une fa-
vée ici. Il est arrivé un matin, c’est tout. Le En questionnant les habitants de l’enclave, laise, en transe totale, les yeux fermés et le
seul moyen de l’exorciser est de le tuer ou les Héritiers seront redirigés vers un cer- front au ciel, tapant sur son tambour noirci
de briser sa cithare, objet par lequel
tain Serdhin, un djinn réputé pour son par le sang qui coule de ses mains. Amai-
le sort est lié à lui. Si sa cithare
savoir et son goût des contes. Serdhin est gri, l’air à moitié mort, Medjil joue depuis
est brisée, il se souviendra

22
des jours et ne semble plus maintenu en vie sac, ils ont acculé les sages, humains com- quelque sorte, le miroir l’a la-
que par sa musique. Il faudra des soins et me djinns, trop faibles pour se défendre, et vée de sa monstruosité.
de nombreuses semaines de repos pour le ont commencé à les dévorer les uns après
En retournant dans la caverne (à deux
retaper si on décide de lui venir en aide. les autres.
jours de désert vers le sud depuis Zarou-
Les grottes Pour sauver Yamani, les Héritiers vont de- dina) et en brisant ce miroir, non seulement
Yamani détruira un objet maléfique, mais
voir tuer les deux ghûls.
Tôt ou tard, les Héritiers décideront d’ar- il trouvera enfin le repos, là où l’attend
penter les grottes à la recherche des sages Note : Si votre groupe contient moins de la femme qu’il a tant aimée, enfin prête à
et de Yamani. Ils constateront bien vite 3 personnages combattants, n’utilisez qu’un l’aimer aussi, dans l’au-delà.
que de nombreux boyaux sont entièrement seul ghûl.
inondés, ce qui ne facilitera pas les recher- Ce scénario étant une Épreuve, les PA ga-
ches. Quelques visions pourront leur glacer Conclusion gnés ne sont pas multipliés.
le sang : par endroit on retrouve ce qui sem- Si les Héritiers survivent à cette aventure
ble avoir été le repaire d’un couple de ghûls. dans les grottes, ils pourront sauver Ya-
L’odeur y est terriblement mauvaise, sans mani et lui expliquer qu’il lui reste une
doute du fait des nombreuses charognes tâche à accomplir. Ce que tous ignorent,
qui en tapissent le sol. c’est que Yamani a beaucoup à y gagner.
Les ghûls ont quitté les lieux, ils ont été En effet, à force de se regarder dans le
chassé par les eaux et se sont réfugiés dans miroir, Sulaïna y laissa prisonnière tout
des cavernes plus élevées. Dans un cul de ce qu’il y avait de monstrueux en elle. En

Ghûls de Zaroudina
Caractéristiques
Coordination 4
Puissance 10
Sagesse 2
Charme 1
Souffle 7
Init Max 5
Trempe 10
PV 50*
Défense passive 16
Légende 1
Compétences usuelles
Épreuve 3, Armes (Massue) 5,
Armes (Poing) 5 Tenir le coup 5
Attaque & Défense Active
Massue improvisée 9/4, dégâts +21
Poings 9/4, dégâts +19
Armure (déjà comptée dans la Trempe)
Peau épaisse (Seuil de Protection 2)
(*)  : Doués d’un pouvoir de régénéra-
tion, les ghûls regagnent 1D6 PV à la fin
de chaque Passe d’Armes à laquelle ils
ont survécu.

23
Yasminabad
Premier carnet

Vous aimerez peut-être aussi