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Revue Canadienne de Géographie Tropicale

Canadian Journal of Tropical Geography


RCGT (En ligne) / CJTG (Online)
ISSN: 2292-4108
Vol. 7 (2):34-43
http://laurentian.ca/cjtg

Les mutations de la grande distribution à Abidjan, métropole ivoirienne


Changes in mass retailing in Abidjan, the Ivorian metropolis

Kouakou David BRENOUM @ 2020 CJTG-RCGT Tous droits réservés / All rights reserved

Résumé:
Le commerce moderne de distribution des produits usinés de première nécessité a connu une véritable mutation au
plan de la localisation, des bâtiments, des enseignes, des articles et des opérateurs. C’est cette mutation qui
conditionne et transforme les habitudes de dépenses et de consommation des abidjanais que l’étude appréhende. La
documentation, l’observation et l’inventaire ont été utilisés à cet effet. Les supermarchés ont été introduits pour la
première fois, à Abidjan, la grande métropole ivoirienne, par les compagnies commerciales européennes, durant la
période coloniale. Ces supermarchés étaient tous localisés dans le quartier européen connu aujourd’hui sous
l’appellation de Plateau, le centre-ville abidjanais. Ils étaient fréquentés par les Européens et les élites africaines.
Avec le développement urbain notamment l’augmentation de la population et l’expansion de la ville, ce mode de
commerce s’est propagé pour être plus proche de sa clientèle des quartiers africains périphériques. De 1960 aux
années 1980, il avait pignon sur rue dans toute la ville. Les enseignes les plus connues de l’époque étaient la Chaîne
Avion et la SCOA (Printania). Mais à partir de 1990 et suite aux premières crises socio-économiques du pays, ces
enseignes ont été retirées des paysages urbains pour laisser libre champ aux boutiques mauritaniennes et libano-
syriennes. Les premières supérettes sont apparues à cette époque sous les enseignes Score et Hayat du groupe AGA
KHAN. Il s’agit de petits supermarchés de proximité qui, aujourd’hui font place aux hypermarchés qui rivalisent
d’ingéniosité pour capter la clientèle de la classe moyenne émergente.

Abstract:
The distribution business for essential machined products has undergone a real change in terms of location, buildings,
signs, articles and operators. It is this mutation which conditions and transforms the spending and consumption
habits of Abidjanis that the study apprehends. Documentation, observation and the inventory were used for this
purpose. European trading companies first introduced supermarkets in Abidjan, the great Ivorian metropolis, during
the colonial period. These supermarkets were all located in the European district known today as Plateau, the city
center of Abidjan. Europeans and African elites frequented them. With urban development, including the increase in
population and the expansion of the city, this mode of commerce has spread to be closer to its customers in peripheral
African neighborhoods. From 1960 to the 1980s, it had a storefront throughout the city. The most famous brands of
then were the Chaîne Avion and the SCOA (Printania). However, from 1990 and following the country's first socio-
economic crises, these signs were removed from urban landscapes to give free rein to Mauritanian and Lebanese-
Syrian shops. The first mini-markets appeared at this time under the Score and Hayat brands of the AGA KHAN group.
These are small local supermarkets, which are now giving way to hypermarkets, which compete with each other in
ingenuity to capture customers from the emerging middle class.

Mots clés / Keywords

Abidjan, commerce moderne, mutations, supermarché, urbanisation


Abidjan, modern trade, mutations, super market, urbanization

Histoire de l’article/Article history


Reçu /Received: 26 décembre 2018 Accepté /Accepted: 16 septembre 2020 Publié en ligne /Published online: 25 décembre 2020

INTRODUCTION 20% du marché et ne touche que 5% des clients potentiels (Mieu,


2016).
La grande distribution ou le commerce de détail de biens de
consommation effectué en libre-service dans une surface Depuis la fin de la crise postélectorale en 2011 et la reprise de son
minimum de vente (hypermarché, supermarché, supérette) est économie, la Côte d’Ivoire est devenue un pays attractif pour les
aujourd’hui en plein essor en Côte d’Ivoire. Il enregistre une investisseurs. En effet, la croissance se fait à un rythme
croissance de 7% par an en moyenne (Mieu, 2014). Avec un chiffre particulièrement élevé : après la chute du PIB de 4,1% en 2011,
d’affaires annuel de près de 800 milliards de FCFA (environ 1 219 celui-ci bondit de 9,2% en 2012 et continue à un rythme de
512 195 milliard d’euros), ce secteur compte parmi les plus croissance moyen avoisinant les 8% par an, grâce à des
prospères de l’économie ivoirienne. Mais, malgré ce succès, son investissements ambitieux, à un soutien de la communauté
taux de pénétration est encore bas. Il ne représente qu’entre 15 et internationale et au retour d’importants opérateurs économiques

CJTG/RCJT, Laurentian
CJTG/RCJT, University/Université
Laurentian Laurentienne,
University/Université Department
Laurentienne, of Geography/Département
Department of Geography/Départementde Géographie, Sudbury,
de Géographie, Ontario,
Sudbury, P3E P3E
Ontario, 2C6,
Canada. ISSN
2C6,:Canada.
2292-4108.
ISSNVol. 7(2): 34-43.
: 2292-4108. Décembre
Vol. 25, Décembre
7(2): 34-43. 2020. Copyright @ 2020
25, 2020. CJTG-RCGT,
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à la recherche de profits substantiels. L’un des secteurs les plus Occidental (CFAO) dont la création remonte à 1881 et la Société
convoités est celui de la grande distribution du fait de la Commerciale de l’Ouest-Africain (SCOA) créée en 1898. Dans les
fulgurante croissance de la classe moyenne (26,4% de la années 1950, la CFAO et la SCOA implantent des magasins
population en 2015 selon l’étude pour le compte de l’AFD menée populaires et des chaînes succursalistes qui s’inspirent du
par Bekelynck, Berrou, Bouquet, Darbon), de consommateurs succursalisme européen dans le chef-lieu de la colonie de Côte
aisés, urbains, éduqués et occidentalisés. Outre l’évolution de la d’Ivoire, Abidjan. On y enregistre la plus grande concentration de
société, on note également la volonté affichée de l’autorité consommateurs à haut niveau de vie ayant adopté, en partie, la
publique de moderniser l’activité commerciale dans toutes ses consommation type européen. À ce propos, Atsé (1968) note que
composantes. À cet effet, des mesures de facilitation et « …Abidjan est la capitale du grand commerce de la Côte d’Ivoire.
d’incitation sont prises afin de favoriser les investissements dans Mais, de plus, elle est seule à posséder des magasins populaires »
le secteur d’opérateurs privés tant nationaux qu’étrangers. De ce dont les principaux sont Monoprix et Printania.
fait, beaucoup de groupes rivalisent de stratégies de marketing
Les travaux de cet auteur révèlent que les formules de distribution
(localisation, enseignes, prix, etc.) pour capter la plus grande part
qui y sont appliquées ont déjà fait leurs preuves en Europe.
du marché. Cette course à la distribution est davantage visible à
Approvisionnés par des centrales d’achat installées à Paris, ces
Abidjan, la grande métropole ivoirienne. Ainsi, « Avec 4 395 243
magasins de vente au détail proposaient les mêmes articles que
habitants (INS-RGPH 2014), soit 40 % de la population urbaine du
leurs homologues d’Europe. Chaque magasin comportait deux
pays, Abidjan constitue le plus grand marché de consommation
parties, l’une réservée à l’alimentation, l’autre aux marchandises
du pays » (Koffi, Kra et Koissy, 2015). Abidjan abrite 16% de la
générales. Au départ destiné aux expatriés européens et aux
classe moyenne (Bekelynck, Berrou, Bouquet, Darbon, 2017). Elle
orientaux, la clientèle africaine s’est intégrée, séduite par les
a, à l’évidence, un impact sur le paysage urbain et sur la
produits vendus en grande surface qu’elle pense être forcément
configuration spatiale de la ville. La géographie ne peut ignorer
de bonne qualité. Toujours, selon Asté, ces magasins ont eu un
cette situation d’actualité surtout qu’elle n’a pas encore fait l’objet
énorme succès à Abidjan; leurs locaux climatisés permettaient aux
d’étude en Côte d’Ivoire. Le présent article dresse l’état des lieux
clients (entre 750 et 1000 quotidiennement) de faire leurs achats
de cette activité et fait connaître les acteurs, les formats des
dans les meilleures conditions.
établissements, leur localisation et diffusion dans l’espace, de
même que leur impact sur l’espace et le paysage de la ville Implanté au Plateau, « la ville blanche » (Diabaté et Kodjo, 1991),
d’Abidjan. Monoprix était un magasin de 1100 m2. Les Abidjanais y étaient
affectueusement attachés, depuis l’époque où ce magasin était
MÉTHODES ET MATÉRIELS connu sous le nom de Galerie Barthes (Kouamé, 1985). Ils y
Trois techniques de collecte de données ont été utilisées : la revue venaient en raison de la qualité des articles et, surtout de leur prix
de la littérature, les travaux de terrain et l’inventaire. La revue de très abordable. À cette époque, Monoprix appartenait à la CFAO.
la littérature a permis de mieux comprendre les caractéristiques Mais en 1950, ce magasin prend la dénomination de Monoprix-
de la grande distribution. Côte d’Ivoire, une association des actionnaires de la CFAO et de
la société anonyme des Monoprix. En cette période coloniale,
L’approche diachronique suggère de percevoir l’organisation de Monoprix recrutait sa clientèle parmi les fonctionnaires constitués,
l’espace géographique comme une intégration dans laquelle le en grande majorité, d’expatriés européens. Ce magasin accueillait
poids du passé sert de fil conducteur aux analyses. Les données les riches de l’époque. Dès l’indépendance en 1960, les Abidjanais
utilisées ont alors été collectées notamment sur le terrain et dans vinrent de tous les quartiers pour y faire leurs achats. Et la
des articles de journaux qui traitent de l’apparition des grandes concurrence fut impitoyable entre les grandes surfaces de
surfaces, leurs promoteurs et leur insertion dans l’espace l’époque installées au Plateau : Monoprix, Chaînes Avions,
géographique abidjanais. Les observations de terrain ont permis Printania (devenu Score en 1975). Cette période faste de Monoprix
de se faire une idée de l’état des infrastructures et de se poursuivra jusque dans les années 1970 alors qu’un
l’organisation de leur fonctionnement. L’inventaire des détournement de fonds survient et affecte son fonctionnement.
établissements de grande distribution a été effectué à l’aide du Cette conjoncture venait fragiliser un magasin dont les locaux
GPS (Garmin 64 S). Leur dénombrement a été suivi par une n’étaient plus adaptés. Édifiés depuis l’époque coloniale, ses
représentation cartographique. bâtiments n’ont pas été réaménagés, faute d’espace. Bientôt, la
baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires, consécutive à la
HISTORIQUE DE L’ÉVOLUTION INFRASTRUC-
crise économique, entraîne la chute vertigineuse des ventes.
TURELLE ET SOCIOPROFESSIONNELLE DE LA Durement touchée par la crise, la CFAO décide de fermer ce
GRANDE DISTRIBUTION magasin en 1985.
En Côte d’Ivoire, l’apparition de la grande distribution remonte à Créé en 1957, Printania faisait partie d’un immense réseau
l’époque coloniale avec ses comptoirs commerciaux et les petits succursaliste comptant une trentaine de magasins en Afrique
magasins tenus par des Syriens et des Libanais. subsaharienne et à Madagascar. C’est une enseigne lancée par la
DES COMPAGNIES COMMERCIALES COLONIALES À SCOA en association avec la société Printemps. On en comptait
L’APPARITION DE SUPERMARCHÉS À ABIDJAN trois à Abidjan (au Plateau, à la Riviera et aux Deux-Plateaux) dont
les superficies moins vastes que celle de Monoprix, variaient entre
Les supermarchés résultent des anciens comptoirs commerciaux 400 et 700 m2.
de l’économie de traite (Tijani, Bio et Afouda, 2010). Ces comptoirs
sont tenus par de grandes compagnies commerciales dont Toutefois, la Chaîne Avion est la société succursaliste la plus
l’origine remonte au début de la pénétration européenne en connue dans l’histoire commerciale de la Côte d’Ivoire d’avant les
Afrique. Les plus importantes de ces vieilles compagnies années 2000. Cette société a été créée par la SCOA avec pour
commerciales sont la Compagnie Française de l’Afrique principal but de « toucher » la masse de la population ivoirienne

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(Atsé, 1968). Toutes les boutiques traditionnelles qui voulurent se économique aigue et a mis la clé sous le paillasson. Ainsi, « en
moderniser se sont inspirées de l’organisation des succursales de 1986, les magasins de la Chaîne Avion ont été cédés » (Assidon,
cette chaîne. Son fonctionnement était assuré par toute une 1989). Restent les magasins Score (y compris le réseau JOK) au
hiérarchie de cadres, européens pour la plupart : inventoristes, sein de SCOA-Côte d’Ivoire.
inspecteurs et chefs de secteur. À Abidjan, on trouvait à cette
En raison de cette même crise, en septembre 1991, le groupe
époque 26 boutiques équitablement partagés entre les quartiers
SCOA vendait les magasins Score à UNICOCI, une société
de Treichville et Adjamé. Ainsi, « L’épopée a commencé en 1954.
anonyme au capital réparti entre la Financière Côte d’Ivoire et la
La Côte d’Ivoire se développait déjà grâce à son café et son cacao
société belge Win Export (Hien, 1992). De cette vente, les
en plein essor et le monde rural commençait à exprimer le besoin
magasins Score se sont transformés en janvier 1992, en Score
d’un approvisionnement régulier en produits alimentaires et
2000 et BAPRI pour mieux cadrer au contexte ivoirien en
ménagers » (Chegaray, 1983). La SCOA décida alors d’organiser
proposant les meilleurs prix-alimentation de Côte d’Ivoire. Créée
tout un réseau de distribution de produits de consommation
en 1980, la Financière Côte d’Ivoire a contribué à la mobilisation
courante. Partout où passait une piste carrossable, s’était installée
de ressources financières nationales et internationales auprès de
une Chaîne Avion. La SCOA introduisait ainsi pour la première fois
ses 200 membres. Win Export, émanation du Groupe Belge Louis
en Afrique, les techniques européennes du succursalisme
Delhaïze est un distributeur européen important. Le groupe est
moderne. Selon Chegaray (1983), dans les échoppes éclairées à la
grossiste et franchiseur. C’est donc l’action conjuguée de ces deux
lampe à pétrole, on vendait toutes sortes de produits. L’enseigne
partenaires alliant d’une part, le souci d’apporter leur pierre à la
Chaîne Avion connut un retentissant succès. Très vite, le nombre
reconstitution de l’économie nationale et à l’effort de relance
des succursales atteignit plus de 200, tandis que dans les endroits
économique, d’autre part celui d’apporter toute une logistique,
plus isolés, passait le camion qui assurait la vente à la criée. En
de savoir-faire, une expérience réussie dans le domaine des prix
1972, le Gouvernement voulut mettre en place son propre réseau
discount qui doit permettre à UNICOCI d’organiser son action
de distribution : PAC. Chaîne Avion, seule sur le territoire, allait
directe sur l’évolution de la distribution en Côte d’Ivoire. « Mais,
connaître la concurrence si éphémère soit-elle, la chaîne PAC
après avoir résisté tant bien que mal à la rude concurrence du
« n’a duré qu’une décennie » (Aka, 1997) en raison des problèmes
marché, les Scores rendirent l’âme » (Kadet, 1997).
de maîtrise de gestion non résolus. La Chaîne Avion, elle-même,
battait de l’aile, ayant trop vécu sur ses acquis, n’ayant pas su Sociétés à succursales multiples, magasins populaires et libre-
s’adapter à une clientèle que le développement rendait plus service sont des principales expériences commerciales survenues
exigeante. Alors, « Les frais de transport, les commissions de plus au sein des vieilles compagnies de traite (Atsé, 1968) qui ont
en plus élevées servies aux gérants pour contenir l’inflation, les abouti aux supermarchés à l’ivoirienne. En disparaissant de la
agios coûteux dus aux découverts bancaires, ne permettaient plus scène commerciale africaine, ces vieilles sociétés ont cédé une
de dégager une marge suffisante à la mise en place des partie de leurs activités à leurs intermédiaires Libano-Syriens et
marchandises » (Aka, 1997). Des prestigieux bazars coloniaux, il ne quelques africains (Tijani, Bio et Afouda, 2010). Ainsi, l’on passe
restait plus parfois que de petites échoppes un peu minables, d’une première génération de commerce des mains des
sales et peu ragoûtantes pour les clients (Chegaray, 1983). C’est Européens-Français à ceux des Libano-Syriens, même si cela n’est
alors que Chaîne Avion amorça son deuxième décollage. La qu’une apparence. À ce propos, Diabaté et Kodjo écrivaient en
chaîne fut obligée d’abandonner ses succursales dans les petites substance en 1991 : Le cœur de la ville, le Plateau, est occupé
villes, et fusionna, en 1980-81, avec Score en une seule société, aujourd’hui encore par ces entreprises très anciennes sur
Ivoire distribution (Ivodis) dont le capital est détenu à 90% par la lesquelles l’administration coloniale s’est reposée pour
SCOA (ibid.). développer la ville : CFAO, SCOA, CFCI, SACI. Elles ont parfois
changé de nom après avoir diversifié leurs activités. Ainsi, on ne
Ancien Printania, Score est une autre enseigne du groupe SCOA.
verra nulle part le sigle CFAO, alors que la compagnie possède
Servant souvent de référence sur la place pour la diversité de ses
encore de nombreuses filiales à Abidjan dans le secteur de la
produits et pour ses prix compétitifs, la chaîne commerciale Score
distribution et de la mécanique notamment.
a permis aux magasins Chaîne Avion de se moderniser : 130
d’entre eux étaient équipés d’une ligne de produits frais mais aussi On comprend qu’après une période de "latence", les Français
de congélateurs de viande. Parmi la nouvelle génération de reviennent à la charge avec les groupes CFAO-carrefour et Casino.
Chaîne Avion, on pouvait citer le libre-service de Marcory où Si la CFAO, en partenariat avec Carrefour, a réinvesti le secteur de
s’étalaient près de 1500 articles dans un décor moderne et la distribution alimentaire qu’elle a abandonné il y a une trentaine
climatisé. Par un ambitieux programme d’investissements, la d’années, Casino poursuit de son côté un développement
société Ivodis avait décidé de moderniser totalement ses progressif en Afrique. Casino a ouvert deux magasins à Abidjan
échoppes Chaînes Avions, de les transformer en libre-service fin 2012. Dans un contexte marqué par l’atonie de la
climatisés et de substituer à certains d’entre eux une nouvelle consommation dans les marchés matures où fabricants et
génération de supermarchés : les JOK. Offrant la même collection distributeurs ont plus que jamais besoin de trouver des relais de
de base, JOK s’installe là où Chaîne Avion n’est plus suffisante, croissance, ce choix de Casino s’explique par le développement
mais où Score ne se justifie pas. Véritable intermédiaire entre les de la classe moyenne dans la capitale économique ivoirienne
deux types de commerce, JOK est deux fois plus petit que Score (Mieu, 2014). Mais Casino s’appuie sur Prosuma pour ouvrir des
en surface (200 m2 contre 500 m2) et en gamme de produits (3000 franchisés locaux solides : Casino Prima, Casino Cap Nord et
articles contre 7000). JOK vient donc supplanter Chaîne Avion en Casino Mandarine.
certains endroits. En février 1983, trois magasins JOK existaient
dans la ville d’Abidjan (Port-Bouët, Cocody, Adjamé 220 DE LA PRÉPONDÉRANCE DES INTÉRÊTS LIBANO-SYRIENS DANS
Logements) et Ivodis projetait d’implanter deux à Abobo-gare et LA GRANDE DISTRIBUTION
à Koumassi. Malgré tous ces efforts, l’enseigne expérimentaliste Le secteur de la grande distribution est désormais récupéré par
du succursalisme en Côte d’Ivoire n’a pas pu résister à la crise des Libano-Syriens. Ces commerçants sont arrivés au début du
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XXe siècle (1910-1920), « dans le sillage des colons » (Diabaté et dizaine de magasins aux capacités et prétentions beaucoup plus
Kodjo, 1991). Ils étaient les intermédiaires de négoce entre les modestes, baptisées Cash Ivoire est appelés à être remis à des
grandes maisons de distribution et les consommateurs indigènes. Ivoiriens en fonction des conditions économiques et de leur
Au service donc des grandes sociétés d’import-export aux capacité à prendre positivement en main ce secteur (Kadet, 1997).
premières heures de la colonisation, ils vont progressivement Les promoteurs de Sococé, quant à eux, ont acquis la Compagnie
exercer des activités telles que la collecte du café et du cacao et de Distribution de Côte d’Ivoire (CDCI) en 2002 et exploitent
du commerce de détail (Serhan, 2015). Comme les factoreries des l’enseigne King Cash que la transnationale Unilever voulait à la
maisons européennes ne pouvaient pas toucher toutes les base créer pour ses propres magasins de détail. Ainsi, au fil des
populations, « le rôle de distributeurs complémentaires est dévolu années les intérêts Libano-Syriens ou libanais dans cette activité
aux Libano-Syriens » (Atsé, 1968). Ainsi, si les grandes sociétés sont prépondérants. Selon le président de la chambre de
appartenaient aux colons, les premières épiceries et boutiques de Commerce et d’industrie libanaise en Côte d’Ivoire interviewé par
proximité étaient plutôt, l’œuvre des Libano-Syriens (Serhan, Sinzé (2013), «90% des grandes surfaces appartiennent à des
2015). intérêts libanais ». Un extrait du discours du Gouverneur du
District autonome d’Abidjan en mars 2013 confirme ce constat :
Leur forte implication dans le commerce de traite et leur mobilité
« Les investissements libanais dans le domaine du commerce et
ont assurément amené les maisons de commerce européennes à
de l’industrie, ont permis l’émergence de plusieurs grandes
s’attacher leurs services au détriment de la main-d’œuvre locale
sociétés de supermarchés et d’hypermarchés, de grandes surfaces
jugée moins rentable, mais également de la main-d’œuvre
de distribution de produits alimentaires et cosmétiques, etc. » Les
européenne jugée onéreuse (Aka, 1997). C’est tout naturellement
Libano-Syriens ont construit à Abidjan de véritables
qu’ils deviennent un maillon essentiel dans ce secteur d’activité.
supermarchés- à l’européenne dont certaines surfaces de vente
Fort de son grand sens commercial, la communauté libano- dépassent 2500 m2.
syrienne a gagné la confiance des Européens. Ainsi, les
À ces acteurs d’origine étrangère (dont certains se sont naturalisés
propriétaires, les grandes associations et les banques de
ivoiriens), implantés de vieille date en Afrique, s’ajoutent les
commerce possédant toutes les activités du pays, facilitèrent à la
Chinois (Tijani, Bio et Afouda, 2010). Ils constituent désormais de
communauté les moyens d’obtenir des crédits et de la
sérieux concurrents avec leurs trois magasins à l’enseigne "Foire
marchandise. De cette façon vinrent les premières exploitations
de Chine", situés à Adjamé, Treichville et Riviera.
forestières, de nombreuses industries de cosmétique, de chimie,
de cartonnerie, d’imprimerie ainsi que les grandes surfaces de Somme toute, le secteur de la grande distribution à Abidjan est
distributions alimentaires (Serhan, 1995) aux enseignes entre les mains de groupes européens et orientaux (cf. figure 1).
évocatrices (Azar et Salamé, Bijani, Hayat, Trade center). Avec la
crise économique que traverse le pays depuis le début des années
1980, entraînant une baisse de l’activité de la grande distribution,
les enseignes d’intérêt européen se retirent et laissent libre champ
aux boutiques mauritaniennes et libano-syriennes. Des
promoteurs européens, seule la SCOA possède encore trois
magasins à l’enseigne Score à Abidjan. C’est alors que la société
Prosuma (créée en 1966) chapeauté par le groupe AGA KHAN va
contrôler progressivement avec son enseigne Hayat, la grande
distribution alimentaire. Elle est accompagnée par les
Supermarchés Trade Center (SMTC) et Sococé (Société
Commerciale du Sud-ouest), tous d’intérêt libanais. Sous les
« effets conjugués de la crise économique et de la dévaluation qui
ont fragilisé la trésorerie des grands distributeurs dont l’essentiel
des produits provenaient d’Europe, origine de la majorité de leur
clientèle » (Kadet, 1997), les alliances sous les formes les plus
diverses (fusions, rachats, franchises, etc.) ont caractérisé le
marché de la grande distribution. Sur le terrain, les groupes
Sococé et Prosuma se montrent les plus actifs. En octobre 1996,
le groupe Prosuma, fort de sa fusion avec SMTC en 1993, reprend
tout le réseau des magasins Score (N’Goran, 2012). Au milieu des
années 1990, Prosuma et Sococé sont « les deux groupes qui se
partagent le marché de la grande distribution » (Kadet, 1997).
Tandis que Prosuma procède à des rachats, des Score
notamment, Sococé réplique par la construction de nouvelles
grandes surfaces et l’exploitation de l’enseigne française TATI
sous la forme d’une franchise.

Pour tous, le rival principal du groupe Prosuma est Sococé. Déjà


propriétaires des (super) Hayat, Cash Center, Champion, Score
(devenu Cash), le groupe Prosuma s’est lui aussi lancé dans la
multiplication des espaces de vente par l’ouverture de Leader
Figure 1 : Organigramme de raisonnement de l’historique de l’évolution de la
Price à Marcory et à la Riviera Golf. Au total, quinze super (et
grande distribution en Côte d’Ivoire et à Abidjan
hyper) marchés, tous localisés à Abidjan. À côté de cela, une
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LES GRANDES ENTREPRISES PROPRIÉTAIRES DES avec la FNAC (Fédération Nationale d’Achat des Cadres),
SUPERMARCHÉS spécialiste français de la distribution de produits culturels et "high
tech". Toujours dans l’optique d’augmenter ses parts de marché,
« À la différence du commerce traditionnel de proximité, la grande Prosuma dévoile en 2016 une nouvelle enseigne, Casino au
surface implique la grande entreprise » (Charvet, Carroué et concept Mandarine. Après l’ouverture du premier magasin de
Metton, 2016). Sur le marché abidjanais, les grands groupes cette enseigne en septembre 2016 dans le quartier de Biétry, trois
propriétaires des supermarchés sont la Société Ivoirienne de autres (Marcory Zone 4, Marcory-Résidentiel et Cocody Danga)
Promotion de Supermarchés (Prosuma), la Compagnie de ont suivi en 2017.
Distribution en Côte d’Ivoire (CDCI), Orca et Carrefour-CFAO.
Depuis la fin de la crise postélectorale en 2011, des grandes CDCI, PLUS GRANDE CONCURRENTE DE PROSUMA
enseignes viennent disputer les parts de marché d’un secteur aux
Capteur en chef de la clientèle populaire, la compagnie de
mains de la communauté d’origine libano-syrienne.
Distribution de Côte d’Ivoire (CDCI) est la plus grande concurrente
PROSUMA, LEADER DE LA GRANDE DISTRIBUTION EN CÔTE de Prosuma. Elle est issue de la CFCI-TRADING, un
D’IVOIRE démembrement de l’ancienne compagnie Française de Côte
d’Ivoire (CFCI) installée à la fin du XXe siècle à Abidjan. C’est le 3
Le groupe Prosuma est le leader de la grande distribution janvier 1989 que la CFCI-TRADING, filiale du groupe Unilever
moderne en Côte d’Ivoire et à Abidjan avec 80% du marché (Mieu, African Compagny (UAC) devient la CDCI, entreprise spécialisée
2016). Il est créé en 1966, et ouvre son premier supermarché de dans la commercialisation des produits du groupe Unilever en
750 m2 à l’enseigne Nour Al Hayat, au Plateau. Il compte Côte d’Ivoire. Elle compte à cette époque 18 magasins. Jugée
aujourd’hui 161 magasins (dont quatre hypermarchés et onze insuffisamment rentable, la société CDCI est cédée, le 04
supermarchés) sous 17 enseignes et gère quatre centres décembre 2002, à des opérateurs libanais (Koffi, 2011) qui
commerciaux à Abidjan. possèdent une solide expérience dans la grande distribution en
Le groupe Prosuma est dirigé par les familles Kassam et Fakhry Côte d’Ivoire car ayant créé et dirigé la société de distribution
associées depuis 1993. Selon le site officiel du groupe, son capital Sococé. Le dynamisme et la nouvelle vision commerciale qu’ils
social était de 20 millions de FCFA à sa création. Ce capital social insufflent à l’entreprise lui a permis d’avoir la plus grande
a fait l’objet d’augmentations successives pour atteindre couverture nationale de distribution avec un réseau d’une
aujourd’hui 10,050 milliards de FCFA. En 2014, son chiffre d’affaires centaine de magasins de gros, de demi-gros et de détail. Son
global a atteint 174 milliards de FCFA hors taxe, soit 265 millions réseau de magasins a été multiplié par dix, passant de 12 en 2002
d’euros, 14,2% de plus qu’en 2013. En fin 2014, les capitaux à 127 en 2014, puis à 153 début 2016 avec une forte présence (47
propres représentent 19,797 milliards de FCFA, soit 30,178 millions en 2013) dans les quartiers populaires d’Abidjan. Le groupe
d’euros. En 2016, le groupe a réalisé 358,755 millions d’euros de exploite cinq enseignes : CDCI Gros, CDCI Demi-gros, King Cash,
chiffre d’affaires. Les fonds propres étaient estimés à 21,26 Socoprix et la franchise Leader Price. Elle a réalisé 145 milliards de
milliards de FCFA. Cette prouesse, l’entreprise familiale des FCFA (environ 221 millions d’euros) de chiffre d’affaires en 2015,
Kassam la doit à sa politique de fusion, de rachat et d’ouverture soit une progression de 20% par rapport à celui de 2014 (Mieu,
sur l’international. 2016). Pour booster davantage l’entreprise, Amethis Finance et la
société marocaine Label’Vie sont entrés dans son capital à hauteur
À partir de 1980, le groupe se diversifie en commençant par de 35% (ibid.).
prendre en franchise une surface de 500 m2 à l’enseigne
Champion du groupe français Promodès à l’époque et en ORCA, PROPRIÉTAIRE DU PLUS GRAND MALL D’ABIDJAN
procédant à des rachats. En 1988, Prosuma ouvre le supermarché La grande distribution en Côte d’Ivoire est d’abord l’affaire de
Super Hayat dans le centre commercial La Galerie à Marcory. En Prosuma et de CDCI. À côté de ces deux géants, les magasins Orca
1993, Prosuma fusionne avec le groupe SMTC des Fakhry en cette se font de la place. Le groupe Orca également d’intérêt libanais,
période de crise économique sévère. La famille Fakhry était a ouvert en novembre 2016 Abidjan Mall, un centre commercial
propriétaire de deux supermarchés à l’enseigne Trade Center, le de 35 000 m2 de surface de vente sur trois niveaux, regroupant 70
premier en 1982 au Plateau et le second en 1983 à Marcory- enseignes à la Riviera, dans le quartier huppé de Cocody (Mieu,
Résidentiel. En 1998, Prosuma ouvre son capital au groupe 2016). C’est le troisième site ouvert par Orca à Abidjan, après les
Mercure International de Monaco. En 1999, elle contrôle à 75% la deux grandes surfaces de 10 000 m2 inaugurées en 2008 de
Société Deux-Plateaux afin de reprendre les activités des chaque côté du boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing, dans le
magasins Club Sococé. Puis, en 2000, pour entrer dans le nouveau quartier de Marcory. Spécialisé dans l’ameublement, la
millénaire avec la conquête du marché abidjanais, le groupe ouvre décoration, mais aussi le prêt-à-porter, le groupe possède deux
le centre commercial Cap Sud, mitoyen à La Galerie et le premier enseignes (Orca Tendance et Orca Déco).
Médiastore. Il acquiert La Galerie et tout le centre commercial
passe sous l’égide de Cap Sud. À la fin de la crise postélectorale, CARREFOUR-CFAO, UN GROUPE ÉLITISTE
en 2011, le groupe met en place un partenariat avec Casino,
Depuis décembre 2015, la grande distribution enregistre l’arrivée
enseigne international de premier plan. Le premier magasin
de Carrefour premier groupe français et sixième mondial (BFM
Casino ouvre dans le nouveau centre commercial Cap Nord en BUSINESS, 2016). La Côte d’Ivoire et son marché généreux
septembre 2012. Au même moment s’ouvre Sony et le deuxième
procurent environ 265 millions d’euros (173,8 milliards de FCFA)
Médiastore. En 2014, en prélude à l’arrivée de Carrefour, un
de chiffre d’affaires annuel à Prosuma et 213 millions d’euros (139
concurrent de taille, à Abidjan, Prosuma agrandi le centre milliards de FCFA) à son concurrent, CDCI (Mieu, 2016). C’est fort
commercial Cap Sud pour accueillir de nouveaux espaces de
de la vitalité de ce secteur que Carrefour-Playce a ouvert à
vente en détail et transformer le supermarché Super Hayat en
Abidjan, en l’espace de trois ans, trois vastes complexes
Hypermarché Hyper Hayat. En 2015, Prosuma signe un partenariat (Carrefour-Playce à Marcory, Playce Market à la Riviera Palmeraie

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et Carrefour Market à Yopougon), des référents sur le haut de
gamme.

Carrefour répond aux standards de la distribution moderne avec


la garantie pour les Abidjanais d’une consommation accessible,
moderne et de qualité. CFAO a une connaissance approfondie du
marché ivoirien et une bonne compréhension des habitudes de
consommation (CFAO a été un précurseur de la grande
distribution en Côte d’Ivoire, qui avait délaissé les supermarchés
au profit de l’automobile), quand Carrefour, apporte son expertise
des marchés émergents où l’enseigne s’est développée avec
succès. Ce projet illustre la confiance de CFAO dans la dynamique
économique de la Côte d’Ivoire avec la paix retrouvée (Mieu,
2014).

Les nouvelles enseignes viennent disputer les parts de marché


Source : Fraternité Matin, 1977 ; Breka, 1989 et Koné, 2009, Nos investigations, 2019
d’un secteur détenu par des Libano-Syriens depuis 1990.
Tableau 1 : Diffusion des grandes surfaces dans la ville d’Abidjan de la
L’implantation de ces enseignes de marques internationales
colonisation à nos jours
trouve sa raison dans l’embellie sociopolitique et la croissance
économique retrouvées de la Côte d’Ivoire. Ces enseignes sont des obstacles qui conduisent, le plus souvent, les habitants
permettent au marché de se développer davantage, en donnant des quartiers périphériques à éviter d’effectuer les achats au
un coup de fouet aux opérateurs historiques qui relancent leurs Plateau. Nombre de supermarchés implantés dans ce quartier en
investissements. Pour faire face à ces enseignes réputées élitistes, ont fait les frais. Par exemple, « Le supermarché Azar et Salamé
Prosuma et CDCI s’appuient sur leur ancienneté et leur que les habitués des grandes surfaces du Plateau connaissent a
positionnement d’entrée de gamme. Suivant les stratégies fermé » (Breka, 1989). Situé à l’avenue Noguès, il était difficilement
adoptées, on trouve des établissements de formats différents accessible. Somme toute, « Cette situation allait très vite entraîner
disséminés dans le centre-ville et les périphéries d’Abidjan. une baisse de la clientèle qui s’était orientée vers les nouveaux
supermarchés situés en Zone 4 et le long du boulevard Giscard
DE LA DISTRIBUTION-RÉPARTITION DES GRAN- d’Estaing » (ibid.) à Marcory. « De "petites surfaces" se sont
DES SURFACES installées dans les banlieues, constituants des pôles commerciaux.
Les formats des grandes surfaces sont fonction du statut de Ce sont des magasins de proximité où l’on se rend tous les jours
l’espace qui les accueillent et du niveau de vie de ses habitants. à Port-Bouët, Koumassi, Vridi, Yopougon et Abobo-Gare »
(Fraternité-Matin, 1977).
LES QUARTIERS RICHES : LA CIBLE PREMIÈRE
De cette façon, plusieurs enseignes de supermarché s’implantent
En Afrique, l’activité de détaillant de la quasi-totalité des grandes dans les communes de Marcory où est représentée une forte
sociétés de distribution se limite aux très grandes zones urbaines, communauté de Libano-Syriens et d’expatriés occidentaux, et de
généralement aux capitales. En Côte d’Ivoire, les magasins de Cocody abritant les cadres supérieurs et les hommes d’affaires du
grande surface ont été expérimentés dans les plus grandes villes, pays ainsi que les représentations diplomatiques. Dès 1982, le
Bouaké et Abidjan notamment. Ils n’étaient pas ouverts à tous eu supermarché Trade Center Marcory ouvre au quartier appelé
égard à l’origine européenne des produits et leur coût élevé. « Ils Beyrouth Marcory-Résidentiel, ce, jusqu’en janvier 2013. Sur son
étaient d’abord réservés aux colonisateurs, ensuite à la classe emplacement, on trouve depuis 2017 Casino Mandarine en
bourgeoise ivoirienne d’alors » (Amani, 2013). Pour cela, « Plus de remplacement de Jour de Marché. Dans cette mouvance, le
la moitié des supermarchés déjà en activité se trouvent réunie au supermarché Prima emboite le pas, en 1985, en s’implantant en
Plateau, quartier administratif, construit par le colonisateur » Zone 4C à la rue Pierre et Marie Curie. Puis Prima, fruit d’un
(Koné, 2009). À la fin des années 1980, le Plateau reste encore le partenariat exemplaire entre des privés africains (congolais zaïrois,
principal bénéficiaire de ces investissements et concentre quatre rwandais, camerounais, guinéens, sénégalais et ivoiriens),
supermarchés sur les sept qui existaient. C’est qu’il est le centre regroupés au sein de la Société de Distribution et de Commerce
des affaires et le siège des grandes administrations. On y trouve (Sodico), est transformé en février 1990 en un hypermarché de
les organes de décision de l’État. Il est le centre névralgique. À 2200 m2 proposant 12 000 références (Kouassi, 1990; Gooré, 1991).
l’origine le quartier européen, le Plateau est le quartier où Cette action traduit la volonté de ces partenaires africains de
l’urbanisme a accompli ses plus belles œuvres. Il est considéré relever le défi de la distribution en Afrique par des Africains.
comme le Manhattan de l’Afrique. On y trouve encore des Toujours en Zone 4C, Prosuma ouvre en 1988, le supermarché
supermarchés, même s’il y a un glissement des grandes surfaces Super Hayat. En 1994, Sococé se lance dans le commerce de détail
vers d’autres communes de la ville d’Abidjan (cf. tableau 1). sous l’enseigne Club Sococé construit sur 1500 m2, en Zone 3 à
l’interface de Treichville avant d’ouvrir au cours de cette même
Koné (2009) parle de délocalisation, qu’il explique par l’insécurité
année dans le superbe quartier des Deux-Plateaux (Cocody), un
liée aux manifestations politiques à partir de 1990. Visiblement, la
hypermarché de 3000 m2. En novembre 1996, le groupe bâtit
position de magasins au centre-ville ne doit plus être considérée
l’Espace Latrille, un grand centre commercial de 20 000 m2 autour
comme un avantage pour les supermarchés du Plateau. Cette
de son hypermarché.
position constitue aujourd’hui un sérieux handicap. Sans doute
par le passé, le Plateau avait-il un puissant moyen d’attraction sur Les trois communes du Plateau, de Marcory et de Cocody abritent
les Abidjanais. Mais, les insuffisances des transports publics, les tous les supermarchés de la ville d’Abidjan. Ainsi, autrefois
embouteillages et la faible capacité de réception des parkings réservés au seul Plateau européanisé, les grandes surfaces

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commerciales se sont répandues dans d’autres communes de la « petit commerce de proximité », on trouve les Cash Express
ville d’Abidjan, notamment dans celles de Marcory et de Cocody (moins de 100 m2), les Bonprix (350 à 450 m2), les Jour de Marché
(cf. figure 2). (450 à 500 m2). Toutefois, Carrefour Market est ouvert à
Yopougon depuis octobre 2018. Commune la plus peuplée de la
ville d’Abidjan avec 1,2 million d’habitants (RGPH-2014),
Yopougon a été conçue comme une ville nouvelle avant de
devenir populaire sous l’effet de la crise économique de 1980. Elle
abrite une classe moyenne qui habite les cités de bon standing
construites par des sociétés immobilières.

Somme toute, les supérettes sont faites à dessein pour les


quartiers populaires à revenu faible, mais où la classe moyenne
est en croissance continue. Sur le plan géographique, la stratégie
est de rapprocher les magasins des consommateurs. Il ne faut pas
se tromper ni de taille ni de format. Un espace de (plus) petite
taille mieux situé en raison des problèmes de circulation est plus
adapté aux besoins des masses au revenu modeste. Globalement,
la totalité du supermarché est pensée, conçue pour aboutir à
l’augmentation des transactions marchandes. « L’adaptation au
Figure 2: Distribution-répartition spatiale des magasins de grande distribution client reste le maître-mot du succès de la distribution » (Durand-
d’Abidjan Réveille, 2013). C’est ainsi que les sociétés déploient des surfaces
de proximité dans les périphéries d’Abidjan. La distribution-
Ces deux communes accueillent tous les hypermarchés (Hyper
répartition de ces structures permet de dégager des centres de
Casino Prima, Hyper Hayat, Sococé Latrille) et centres
gravité dans cette ville.
commerciaux de la ville. Par conséquent, « Il est clair que les
grandes surfaces, surtout celles sous enseigne internationale, IMPACT DES SUPERMARCHÉS SUR LE PAYSAGE ET
resteront un certain temps des commerces pour riches » (Maury, LA CONFIGURATION SPATIALE DE LA VILLE
2013) surtout qu’une frange des Abidjanais notamment la classe D’ABIDJAN
moyenne en essor…, « l’élite ivoirienne, des hommes d’affaires
sino-asiatiques de plus en plus nombreux et des expatriés UNE NOUVELLE CONFIGURATION DE LA VILLE
occidentaux » (Koffi, Kra et Koissy, 2015), demande des marques
Il faut noter que « La localisation des grands centres commerciaux
internationales et des produits sophistiqués. La plupart des
aux carrefours majeurs et à la périphérie de la ville d’Abidjan crée
produits de grandes marques sont disponibles dans les nouveaux
des formes de centralités spatiales » (Koffi, Kra et Koissy, 2015). En
centres commerciaux qui s’installent de plus en plus à Abidjan.
effet, le déploiement des supermarchés et la concurrence entre
Toutefois, initié par Carrefour-CFAO, de plus en plus, les grandes
les acteurs créent de nouveaux pôles. Mais, c’est au centre-ville
surfaces commercialisent les produits locaux frais (aubergine,
que les acteurs installent les supermarchés significatifs. Dans ce
gombo, tomate, etc.), et même du poisson fumé, du gombo en
centre-ville, l’espace pionnier du Plateau n’a plus la primatie ;
poudre, du piment séché, ce qui limite l’approvisionnement à
d’autres centres l’ont relégué au second plan. Les communes de
l’extérieur.
Marcory et de Cocody concentrent les hypermarchés et les grands
DES SURFACES DE PROXIMITÉ DANS LES QUARTIERS Malls, le développement de la ville nécessitant l’édification de
POPULAIRES nouveaux centres commerciaux. Mais à bien examiner, ce centre-
ville est multipolaire au regard du semi des grandes surfaces. Si
Toutefois, la grande distribution connaît une spécificité à Abidjan. des situations conjoncturelles ont présidé leur expansion à
Dans les quartiers populaires, Prosuma et CDCI déploient des Abidjan, la concurrence accrue entre les grands acteurs a fait
surfaces de proximité ou supérettes. Ces groupes ont dès leur passer d’une structure unipolaire centrée sur le Plateau à une
création, des approches marketing différentes. Sous l’enseigne structure multipolaire. Le schéma se résume en quatre principaux
King Cash, la CDCI a pour cible principale la population à plus centres de gravité : le pôle Sud, le Pôle Centre, le pôle Nord et le
faible revenu, dans les quartiers populeux et excentrés de la pôle Est (cf. figure 3).
métropole ivoirienne. Plus que sa concurrente Prosuma, elle est
très présente sur le marché d’entrée de gamme. Elle se donne Les acteurs
pour mission d’offrir à tous, des produits de qualité à des prix bas
Le pôle Sud est compris entre les deux boulevards de Marseille à
et à proximité de chacun.
l’Est et Valéry-Giscard d’Estaing à l’Ouest. Il est à cheval sur
Plus gros opérateur de la grande distribution (Mieu, 2016), Marcory (Marcory-Résidentiel, Zone 4, Biétry) Treichville Zone 3
Prosuma n’est plus que dans les quartiers riches. Ainsi, « Son et Koumassi Grand carrefour. On y trouve principalement Prima,
positionnement commercial, qui a consisté jusque-là en Cap Sud, Orca Déco, Sococé, Socoprix et le centre commercial
l’implantation de ses enseignes dans les quartiers huppés Playce.
d’Abidjan connaît un nouveau développement » (Kouamenan,
L’émiettement caractéristique de l’espace de la ville lagunaire
2011). Elle déploie aussi des enseignes de proximité en s’inspirant
d’Abidjan explique dans une large mesure la constitution d’autres
du modèle de CDCI, surtout qu’à Abidjan, les nouveaux quartiers
pôles à Abidjan-Nord séparé d’Abidjan-Sud par la Lagune Ebrié.
surgissent avec une rapidité déconcertante. À cette fin, les
Ainsi, à la Riviera s’est mis en place le pôle centre à partir de 2012
supérettes Cash Ivoire (300 m2 en moyenne de surface de vente)
par l’ouverture du centre commercial Cap Nord (une surface bâtie
sont implantées dans les quartiers et zones d’habitation
de 4700 m2, dont 1400 m2 de supermarché et 1900 m2 de surface
populaires (Auzias et Labourdette, 2012). Dans cette catégorie de
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revêtement de marbre (Playce Carrefour Marcory, par exemple)
les distinguent des surfaces ordinaires.

Ainsi, les centres commerciaux, les hypermarchés et les


supermarchés de par leur gigantisme et leur haut standing,
participent à l’embellissement du paysage. Ils présentent des
cadres enchanteurs qui riment avec modernisme et vie urbaine.
Achalandées, spacieuses, climatisés et embaumées qu’elles sont,
ces installations incitent à faire des emplettes. Les centres
commerciaux ont la particularité de contenir en leur sein
« toutes » les formes d’activités (hypermarché, magasins de
marques internationales, restaurants, salles de jeux, cinéma, etc.).
Implantés dans les quartiers résidentiels, il s’agit avant tout de
centres de divertissement, où faire les courses signifie aussi passer
du bon temps en famille les week-ends.

Figure 3 : Répartition des pôles de concentration des magasins de grande


Les grandes surfaces attirent ainsi une foule importante de clients
distribution d’Abidjan et de curieux qui viennent se promener, acheter, se distraire ou
faire du tourisme et si possible, faire de belles rencontres. Ces
commerciale hors supermarché), l’équivalent de Cap Sud. Ce établissements sont des lieux de convergence et de tourisme. Ils
complexe est concurrencé par Abidjan Mall de Orca, Leader Price sont animés par le ballet incessant de véhicules et de piétons. En
de CDCI, Socoprix Gros et Demi-gros, la Foire de Chine, Chic Shop outre, les cafés et espaces climatisés des centres commerciaux
et King Déco. sont des lieux de rendez-vous pour les hommes d’affaires. Pour
Plus à l’Est, à l’interface de la Riviera-Palmeraie et Bingerville, toutes ces raisons, les grandes surfaces résistent bien au
Carrefour a implanté Playce Market pour ne pas se laisser conter commerce électronique (cf. planche 2).
à Cocody, la principale commune résidentielle d’Abidjan.

Enfin dans le nord de cette commune, aux Deux-Plateaux, on


trouve le pôle Nord constitué principalement des centres
commerciaux Club Sococé et La Djibi, et du supermarché Hayat.
Le semi et le réseau des grandes surfaces sont dictés par la
concurrence entre les acteurs. De ce semi et de cette
configuration, il ressort de nouveaux paysages urbains.

UN PAYSAGE EMBELLI PAR LES GRANDES SURFACES

Les supermarchés et leurs variantes, autrefois rencognés au Planche 2 : Une vue des espaces de rendez-vous dans les centres commerciaux
Plateau, s’implantent dans tous les quartiers de la ville d’Abidjan. Cap Sud (à gauche) et Prima (à droite)

Ces équipements transforment sensiblement le paysage de cette


ville. Les rues principales arborent fièrement les enseignes plus ou CONCLUSION
moins colorées des maisons qui ne manquent pas d’imagination
La grande distribution connaît, à Abidjan, trois mutations
pour se faire remarquer par les consommateurs. D’une manière
majeures : le changement d’acteurs (passage des mains des
générale, les établissements ont une belle architecture et donnent
Européens à celles des Libano-Syriens), l’adaptation des formats
un éclat et fière allure à la ville. Dans les quartiers populaires, ils
et leur expansion du centre-ville vers la périphérie. Les
se signalent par leurs couleurs chatoyantes et gaies. Mais plus que
supermarchés et leurs variantes concentrés hier au Plateau se
les supérettes, les supermarchés et centres commerciaux
répandent aujourd’hui dans tous les quartiers africains de la ville.
marquent de leur empreinte l’espace, la structure d’une enseigne
Désormais, les quartiers populaires sont dotés de supermarchés
dépendant de la qualité du service qui y est offert. Les structures
taillés sur mesure pour satisfaire une clientèle aux revenus
rivalisent de beauté, leurs bâtisses somptueuses et majestueuses
modestes. Au-delà, c’est l’espace de ces quartiers qui est
(cf. planche 1) signalent de loin leur présence.
aménagé, amélioré par ces équipements purement urbains. Leur
déploiement est une fierté pour la « perle des lagunes »
longtemps enlaidit par les effets pervers des crises politico-
militaires à répétition depuis décembre 1999. Leur architecture,
leur esthétique, leur hygiène, leur parfum, leurs rayons
impressionnent les populations. Ils sont le baromètre de la
modernisation qui s’opère dans l’espace abidjanais et qui voit les
habitudes de consommation muées.

Ce nouveau mode de consommation est certainement irréversible


Source: Brenoum, 2019 et pourrait annoncer la disparition lente, mais certaine, des
Photo 1 : Playce Palmeraie, Photo 2 : Cap Sud Marcory somptueux boutiques de type mauritanien, installées ingénieusement aux
un bâtiment de belle architecture aux couleurs chatoyantes recoins des quartiers et du commerce informel. La compétition est
lancée entre des groupes déjà enracinés et ceux qui arrivent sur
Leurs façades agrémentées et fraîchies avec des couleurs luisantes
le marché. À l’évidence, il y a de la place pour tous dans une
appellent à les visiter. Les façades aux couleurs éclatantes, le
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métropole comme Abidjan qui connaît une extension effrénée en Durand-Réveille, 2013. « Les chemins de la mondialisation de la
raison d’une croissance rapide de sa population. Il y a une distribution », Le Rotarien, n°716, pp. 22-26.
demande massive non satisfaite, notamment celle de la classe
Faure, Yves et Labazee, Pascal, 2000. Petits patrons africains :
moyenne, et un sous-investissement dans la grande distribution.
entre l’assistance et le marché, Abidjan, ENSEA, Karthala.
Le marché est vaste et a besoin davantage d’investissement. La
résistance et/ou l’adaptation des grandes surfaces au commerce FRATERNITÉ-MATIN, 1977. « L’ivoirisation du commerce », jeudi 7
électronique et aux crises sanitaires comme la COVID-19 restent à juillet 1977, p 7.
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consulté le 30 mai 2014.

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de l’espace, Paris, Karthala.

Pour citer cet article

Référence électronique

Kouakou David Brenoum (2020). « Les mutations de la grande


distribution à Abidjan, métropole ivoirienne ». Revue canadienne
de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography
[En ligne], Vol. (7) 2. En ligne le 25 décembre 2020, pp. 34-43. URL:
http://laurentian.ca/cjtg

Auteur

Kouakou David Brenoum


Université Félix Houphouët-Boigny
Abidjan-Cocody (Côte d’Ivoire)
Laboratoire de Recherche
Espace Système et Prospective (LARESP)
Institut de Géographie Tropicale (IGT)
Email : kbrenoum@yahoo.com

CJTG/RCJT, Laurentian University/Université Laurentienne, Department of Geography/Département de Géographie, Sudbury, Ontario, P3E 2C6,
Canada. ISSN : 2292-4108. Vol. 7(2): 34-43. Décembre 25, 2020. Copyright @ 2020 CJTG-RCGT, All rights reserved/Tous droits réservés.
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