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I.3.

DÉFINITIONS DE BASE

Pour parler précisément des structures cristallines, il faut introduire quelques définitions de base
qui servent en quelque sorte de langage cristallographique. Ces définitions s'appliquent aux
cristaux unidimensionnels, bidimensionnels ou tridimensionnels.

I.3.1. LE RÉSEAU CRISTALLIN

En cristallographie, seules les propriétés géométriques du cristal sont intéressantes, et non celles
qui découlent des atomes particuliers constituant le cristal. On remplace donc chaque atome par
un point géométrique situé à la position d'équilibre de cet atome. Il en résulte un motif de points
ayant les mêmes propriétés géométriques que le cristal, mais dépourvu de tout contenu physique.
Cette configuration géométrique est le réseau cristallin, ou simplement le réseau ; tous les sites
atomiques ont été remplacés par des sites du réseau.

Il existe deux classes de réseaux : les réseaux de Bravais et les réseaux non-Bravais. Dans un
réseau de Bravais, tous les points du réseau sont équivalents et, par conséquent, tous les atomes du
cristal sont nécessairement du même type. En revanche, dans un réseau non bravais, certains points
du réseau ne sont pas équivalents. La figure ci-dessous le montre clairement. Ici, les sites 𝐴, 𝐵, 𝐶
du réseau sont équivalents entre eux, de même que les sites 𝐴′, 𝐵′, 𝐶′ entre eux, mais les deux sites
𝐴 et 𝐴′ ne sont pas équivalents entre eux, comme le montre le fait que le réseau n'est pas invariant
sous une translation par 𝐴𝐴′. Il en est ainsi que les atomes 𝐴 et 𝐴′ soient de même nature (par
exemple, deux atomes 𝐻) ou de nature différente (par exemple, des atomes 𝐻 et 𝐶𝑙). Un réseau
non-Bravais est parfois appelé réseau avec base, la base faisant référence à l'ensemble des atomes
stationnés près de chaque site d'un réseau de Bravais. Ainsi, dans la figure ci-dessous, la base est
constituée des deux atomes 𝐴 et 𝐴′, ou de tout autre ensemble équivalent.

Figure : réseaux non-Bravais

Le réseau non bravais peut être considéré comme une combinaison de deux ou plusieurs réseaux
bravais interpénétrés ayant des orientations fixes les uns par rapport aux autres. Ainsi, les points
𝐴, 𝐵, 𝐶, etc. forment un réseau de Bravais, tandis que les points 𝐴′, 8′, 𝐶′, etc. en forment un autre.
I.3.2. VECTEURS DE BASE

Considérons le réseau de la figure ci-dessous. Choisissons l'origine des coordonnées en un certain


point du réseau, disons 𝐴. Le vecteur position de tout point du réseau peut alors s'écrire comme
suit :

𝑅𝑛 = 𝑛1 𝑎 + 𝑛2 𝑏

où a, 𝑏 sont les deux vecteurs indiqués, et (𝑛1 , 𝑛2 ) est une paire d'entiers dont les valeurs dépendent
du point du réseau. Ainsi, pour le point 𝐷(𝑛1 , 𝑛2 ) = (0, 2) ; for 𝐵(𝑛1 , 𝑛2 ) = (1, 0), et pour 𝐹,
(𝑛1 , 𝑛2 ) = (0, −1).

Les deux vecteurs 𝑎 et 𝑏 (qui doivent être non colinéaires) forment un ensemble de vecteurs de
base pour le réseau, en fonction desquels les positions de tous les points du réseau peuvent être
exprimées de manière pratique à l'aide de l'équation ci-haut. L'ensemble des vecteurs exprimés par
cette équation est appelé vecteurs du réseau. Nous pouvons également dire que le réseau est
invariant sous le groupe de toutes les translations exprimées par l'équation ci-haut. Ceci est souvent
reformulé en disant que le réseau a une symétrie de translation sous tous les déplacements spécifiés
par les vecteurs du réseau 𝑅𝑛 .

Figure : Les vecteurs 𝑎 et 𝑏 sont les vecteurs de base du réseau. Les vecteurs 𝑎 et 𝑏′ constituent
un autre ensemble de vecteurs de base. Les zones ombrées et hachurées sont des cellules
unitaires correspondant respectivement au premier et au second ensemble de vecteurs de base.

Le choix des vecteurs de base n'est pas unique. Ainsi, on pourrait tout aussi bien prendre les
vecteurs 𝑎 et 𝑏′ = 𝑎 + 𝑏 comme base (voir figure ci-haut). D'autres possibilités sont également
évidentes.

I.3.3. MAILLE ELEMENTAIRE

La zone du parallélogramme dont les côtés sont les vecteurs de base 𝑎 et 𝑏 est appelée maille
élémentaire du réseau (voir figure ci-haut), en ce sens que, si une telle maille est translatée par tous
les vecteurs du réseau de l’équation 𝑅𝑛 = 𝑛1 𝑎 + 𝑛2 𝑏 , la zone du réseau entier est complétement
couverte. La maille élémentaire est généralement la plus petite zone qui produit cette couverture.
Par conséquent, le réseau peut être considéré comme composé d'un grand nombre de cellules
unitaires équivalentes placées côte à côte, comme un motif de mosaïque.

Le choix d'une maille élémentaire pour un même réseau n'est pas unique, pour la même raison que
le choix des vecteurs de base n'est pas unique. Ainsi, le parallélogramme formé par 𝑎 et 𝑏′ de la
figure précédente est également une maille élémentaire acceptable ; là encore, le choix est dicté
par la commodité.

Les remarques suivantes peuvent être utiles :

 Toutes les mailles élémentaires ont la même aire. Ainsi, la maille formée par 𝑎 et 𝑏 a l'aire
𝑆 = |𝑎 × 𝑏||, tandis que celle formée par 𝑎 et 𝑏′ a l'aire 𝑆 ′ = |𝑎 × 𝑏 ′ | = |𝑎 × (𝑎 + 𝑏)| =
|𝑎 × 𝑎| + |𝑎 × 𝑏| = |𝑎 × 𝑏| = 𝑆, où nous avons utilisé les résultats 𝑎 × 𝑎 = 0. Par
conséquent, l'aire de la maille élémentaire est unique, même si la forme particulière ne l'est
pas.
 Si vous souhaitez savoir combien de points de réseau appartiennent à une maille
élémentaire, reportez-vous à la figure précédente. La maille élémentaire formée par 𝑎 × 𝑏
a quatre points à ses coins, mais chacun de ces points est partagé par quatre cellules
adjacentes. Chaque maille élémentaire ne possède donc qu'un seul point de réseau.

I.3.4. MAILLES PRIMITIVES ET NON PRIMITIVES

La maille élémentaire décrite ci-dessus est appelée maille primitive. Cependant, il est parfois plus
pratique de traiter avec une maille élémentaire plus grande, qui présente plus clairement la symétrie
du réseau. L'idée est illustrée par le réseau de Bravais de la figure ci-dessous. Il est évident que les
vecteurs 𝑎1 et 𝑎2 peuvent être choisis comme ensemble de base, auquel cas la maille élémentaire
est le parallélogramme 𝑆1. Cependant, le réseau peut également être considéré comme un ensemble
de rectangles adjacents, où nous prenons les vecteurs 𝑎 et 𝑏 comme vecteurs de base. La maille
élémentaire est alors la surface 𝑆2 , formée par ces vecteurs. Elle possède un point de réseau en son
centre, en plus des points aux coins. Cette maille est une maille élémentaire non primitive.
Fig. 1.4 La zone 𝑆1 est une maille élémentaire primitive ; la zone 𝑆2 est une maille élémentaire
non primitive.

La raison du choix de la maille non primitive 𝑆2 est qu'elle montre le plus clairement la symétrie
rectangulaire. Bien que cette symétrie soit également présente dans la maille primitive 𝑆1 (comme
elle doit l'être, puisque les deux se réfèrent au même réseau), le choix de la cellule masque ce fait.

Notez les remarques suivantes :

i) La surface de la maille non primitive est un multiple entier de celle de la maille primitive. Dans
la figure ci-dessous, le facteur de multiplication est de deux.

ii) Il ne faut pas établir de lien entre les mailes non primitives et les réseaux non-Bravais. Le
premier se réfère au choix particulier (et quelque peu arbitraire) des vecteurs de base dans un
réseau de Bravais, tandis que le second se réfère au fait physique de sites non équivalents.

I.3.5. TROIS DIMENSIONS

Tous les énoncés précédents peuvent être étendus à trois dimensions de manière simple. Les
vecteurs du réseau deviennent alors tridimensionnels et s'expriment par l’équation :

𝑅𝑛 = 𝑛1 𝑎 + 𝑛2 𝑏 + 𝑛3 𝑐

où 𝑎, 𝑏 et 𝑐 sont trois vecteurs non coplanaires reliant le point du réseau à l'origine à ses proches
voisins (voir figure ci-dessous) ; et 𝑛1 , 𝑛2 , 𝑛3 sont un triplet d'entiers 0, ±1, ±2, etc. dont les
valeurs dépendent du point particulier du réseau.

Le triplet de vecteurs 𝑎, 𝑏 et 𝑐 est le vecteur de base, et le parallélépipède dont les côtés sont ces
vecteurs est une cellule unitaire. Ici encore, le choix de la cellule primitive n'est pas unique, bien
que toutes les cellules primitives aient des volumes égaux. De plus, il est parfois pratique de traiter
avec des cellules non primitives, qui ont des points supplémentaires à l'intérieur de la maille ou
sur sa surface. Enfin, les réseaux non-Bravais en trois dimensions sont possibles et sont constitués
de deux ou plusieurs réseaux de Bravais qui s'interpénètrent.
Fig. 1.5 Réseau tridimensionnel. Les vecteurs 𝑎, 𝑏, 𝑐 sont des vecteurs de base.

I.4. 14 RESEAUX DE BRAVAIS ET 7 SYSTEMES CRISTALLINS

Il n'existe que 14 réseaux de Bravais différents. Cette réduction à un nombre relativement faible
est une conséquence de la condition de symétrie de translation exigée d'un réseau. Pour
comprendre comment cela se produit, considérons le cas bidimensionnel, dans lequel on peut
facilement se convaincre, par exemple, qu'il n'est pas possible de construire un réseau dont la
maille élémentaire est un pentagone régulier. Un pentagone régulier peut être dessiné comme une
figure isolée, mais il n'est pas possible de placer plusieurs pentagones de ce type côte à côte de
manière à ce qu'ils s'emboîtent étroitement et couvrent toute la surface. En fait, on peut démontrer
que l'exigence de symétrie de translation en deux dimensions limite le nombre de réseaux possibles
à seulement 5.

En trois dimensions, comme nous l'avons dit précédemment, le nombre de réseaux de Bravais est
de 14. Le nombre de réseaux non-Bravais est beaucoup plus important (230), mais il est également
fini.

Figure : maille élémentaire spécifiée par les longueurs des vecteurs de base 𝑎, 𝑏 et 𝑐, ainsi que
par les angles entre les vecteurs.
Figure : Les 14 réseaux de Bravais regroupés en 7 systèmes cristallins.
Les 14 réseaux (ou classes cristallines) sont regroupés en sept systèmes cristallins, chacun étant
spécifié par la forme et la symétrie de la cellule unitaire. Ces systèmes sont les suivants :
triclinique, monoclinique, orthorhombique, tétragonal, cubique, hexagonal et trigonal (ou
rhomboédrique). Dans tous les cas, la maille est un parallélépipède dont les côtés sont les bases 𝑎,
𝑏, 𝑐. Les angles opposés sont appelés 𝛼, 𝛽 et 𝛾. La figure ci-haut montre les 14 treillis. Le tableau
ci-dessous énumère les systèmes, les réseaux et les valeurs appropriées pour 𝑎, 𝑏, 𝑐, et 𝛼, 𝛽, et 𝛾.

Table 1.1 : Les sept systèmes cristallins divisés en quatorze réseaux de Bravais

Notons qu'un réseau simple n'a de points qu'aux coins, qu'un réseau centré a un point
supplémentaire au centre de la maille et qu'un réseau centré sur la face a six points supplémentaires,
un sur chaque face. Soulignons à nouveau que dans tous les réseaux non simples, les mailles
élémentaires ne sont pas primitives.

Les 14 réseaux énumérés dans le tableau ci-haut épuisent tous les réseaux de Bravais possibles,
bien qu'une preuve mathématique complète de cette affirmation soit assez longue. On peut penser,
par exemple, qu'un réseau tétragonal à base centrée devrait également être inclus dans le tableau
ci-haut, mais on peut facilement voir qu'un tel réseau se réduit au tétragonal simple par un nouveau
choix de cellule unitaire (voir figure ci-dessous). D’autres cas peuvent être traités de la même
façon.

Figure : Un tétragonal à base centrée est identique à un tétragonal simple d'une cellule unitaire
différente. Les zones ombrées représentent la base de la cellule tétragonale simple.

Le système que nous rencontrerons le plus souvent dans ce cours est le système cubique, en
particulier le cubique à faces centrées (fcc) et le cubique centré (bcc). Le système hexagonal
apparaîtra également de temps à autre.

I.5. ÉLÉMENTS DE SYMÉTRIE

Chacune des mailles élémentaires des 14 réseaux de Bravais possède un ou plusieurs types de
propriétés de symétrie, telles que l'inversion, la réflexion ou la rotation. Examinons la signification
de ces termes.

a). Centre d'inversion : Une maille possède un centre d'inversion s'il existe un point où la cellule
reste invariante lorsque la transformation mathématique 𝜏 → −𝜏 est effectuée sur elle. Tous les
réseaux de Bravais sont symétriques par rapport à l'inversion, ce que l'on peut constater soit en se
référant à la figure ci-haut des 14 réseaux de Bravais, soit en notant qu'à chaque vecteur du réseau
𝑅𝑛 = 𝑛1 𝑎 + 𝑛2 𝑏 + 𝑛3 𝑐, est associé un vecteur du réseau inverse 𝑅𝑛 ≡ −𝑅𝑛 = −𝑛1 𝑎 − 𝑛2 𝑏 −
𝑛3 𝑐. Un réseau non-Bravais peut avoir ou non un centre d'inversion, en fonction de la symétrie de
la base.

b). Plan de réflexion : Plan d'une cellule tel que, lorsqu'on effectue une réflexion dans ce plan, la
cellule reste invariante. En se référant à la figure ci-haut des 14 réseaux de Bravais, on voit que la
triclinique n'a pas de plan de réflexion, que la monoclinique a un plan à mi-chemin entre les bases
et parallèle à celles-ci, et ainsi de suite. La cellule cubique a neuf plans de réflexion : trois parallèles
aux faces et six autres, chacun passant par deux arêtes opposées.

c). Axe de rotation : Il s'agit d'un axe tel que, si la cellule est tournée autour de lui d'un certain
angle, la cellule reste invariante. L'axe est appelé n-fois si l'angle de rotation est 2𝜋⁄𝑛. Si l'on
examine à nouveau la figure ci-haut des 14 réseaux de Bravais, on constate que la triclinique n'a
pas d'axe de rotation (à l'exception de l'axe trivial l-fois) et que la monoclinique a un axe 2-fois
(𝜃 = 2𝜋⁄2 = 𝜏) normal à la base. La maille élémentaire cubique possède trois axes quadruples
normaux aux faces et quatre axes triples, chacun passant par deux coins opposés.

Nous avons abordé les éléments de symétrie les plus simples, ceux que nous rencontrerons le plus
souvent. Il existe également des éléments plus complexes, tels que les axes de rotation-réflexion,
les plans de glissement, etc., mais nous ne les aborderons pas à ce stade, car ils ne seront pas
nécessaires dans ce cours.

I.5.1. GROUPES DE POINTS, GROUPES D'ESPACE ET RESEAUX NON-BRAVAIS

Un réseau non-Bravais est un réseau dans lequel, à chaque site du réseau, est associé un groupe
d'atomes appelé base. Par conséquent, on décrit la symétrie d'un tel réseau en spécifiant la symétrie
de la base en plus de la symétrie du réseau de Bravais sur lequel cette base est superposée.

La symétrie de la base, appelée symétrie de groupe de points, se réfère à toutes les rotations
possibles (y compris l'inversion et la réflexion) qui laissent la base invariante, en gardant à l'esprit
que dans toutes ces opérations, un point de la base doit rester fixe (c'est la raison pour laquelle on
parle de symétrie de groupe de points). Un examen approfondi du problème révèle qu'il ne peut
exister que 32 groupes de points différents compatibles avec les exigences de la symétrie de
translation pour l'ensemble du réseau. On peut comprendre la limitation du nombre de groupes de
points par l'argument physique suivant : La forme ou la structure de la base ne peut pas être
arbitrairement complexe, par exemple comme la forme d'une pomme de terre. Cela serait
incompatible avec la symétrie des forces interatomiques opérant entre la base et d'autres bases sur
des sites de réseau proches. Après tout, ce sont ces forces qui déterminent la structure cristalline
en premier lieu. Ainsi, les symétries de rotation possibles pour la base doivent être essentiellement
les mêmes que les symétries de rotation des cellules unitaires des 14 réseaux de Bravais.

Lorsque nous combinons les symétries de rotation des groupes de points avec les symétries de
translation, nous obtenons une symétrie de groupe d'espace. On obtient ainsi un grand nombre de
groupes spatiaux, 72 exactement. Il semble qu'il existe également des groupes spatiaux qui ne
peuvent être composés de simples groupes de points et de groupes de translation ; ces groupes
impliquent des éléments de symétrie tels que des axes de vis, des plans de glissement, etc. Si l'on
ajoute ces groupes aux 72 groupes d'espace, on obtient 230 groupes d'espace différents au total
(Buerger, 1963). La figure cidessous montre un groupe d'espace tétragonal 𝐷2𝑛 .
Figure : (a) Une base ayant une symétrie de groupe de points 𝐷2𝑑 (deux axes horizontaux à deux
plis plus deux plans de réflexion verticaux). (b) Un réseau tétragonal simple avec une base ayant
le groupe de points 𝐷2𝑑

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