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80 | printemps 2021
Animaux marins
Animaux marins
La chasse à la baleine dans les mers septentrionales selon les sources arabes médiévales
Jean-Charles Ducène
p. 65-79
https://doi.org/10.4000/medievales.11274
Résumés
Français English
La chasse à la baleine dans les mers septentrionales selon les sources arabes médiévales
Trois textes arabes datant des xe et xie siècles décrivent la chasse à la baleine dans l’Atlantique et, plus au nord, dans la mer Blanche. Le texte se rapportant à l’Atlantique est dû au voyageur judéo-arabe Ibrāhīm ibn Yaʿqūb et décrit une chasse avec harponnage ; il
peut être comparé aux textes latins médiévaux, issus de l’hagiographie et des encyclopédistes, qui décrivent ces pratiques. Quant aux textes relatifs aux us et coutumes des populations finno-ougriennes, ce sont deux descriptions indirectes de voyageurs arabes ayant
circulé sur la Volga et qui ont rapporté des témoignages de leurs hôtes bulgares à propos de la manière de vivre de populations plus septentrionales. Les animaux étaient là-bas non expressément chassés, mais plutôt dépecés après échouage ; sans ces détails, des
sources anglo-saxonnes et scandinaves confirment ces pratiques.
Entrées d’index
Mots-clés : baleine, pêche, géographes arabes
Keywords: Arabic geographers, whale, whaling
Texte intégral
1 Si la pêche à la baleine est une pratique attestée à partir de l’époque carolingienne pour les populations maritimes du nord de l’Europe, il n’en reste pas moins que les témoignages sont rares ou indirects. Parmi ceux-ci prennent place
plusieurs textes de géographes arabes, qu’il est a priori étonnant de retrouver sur ce théâtre. En effet, alors qu’ils sont au sud de l’Europe, on s’attendrait à ce qu’ils ignorent les pratiques de subsistance des populations européennes
éloignées des rives de la Méditerranée ; la réalité diffère un peu. Nous allons ainsi présenter trois textes relatifs à la pêche à la baleine : le premier est dû à Ibrāhīm ibn Yaʿqūb al-Ṭurṭūšī (xe siècle) et concerne la côte atlantique ; le
deuxième, plus ambigu, provient d’Ibn Faḍlān (début xe siècle) et aurait pour cadre la mer Blanche ou peut-être la mer Baltique ; le troisième est extrait d’Abū Ḥāmid al-Ġarnāṭī (1080-1169 ou 1170) et porte sur les mêmes mers que le texte
d’Ibn Faḍlān. Cependant, tout en ayant le mérite d’exister, ces textes n’en demeurent pas moins éloignés des réalités qu’ils décrivent ; dès lors, il nous a paru intéressant de les confronter à des textes médiévaux occidentaux afin de les
éclairer ou de les compléter.
1
La baleine et sa chasse au nord-ouest de l’Europe
2 Déjà dans l’Antiquité, Pline l’Ancien mentionne la présence de la baleine dans l’océan Atlantique2, mais manifestement comme un animal hors normes, monstrueux et crachant de l’eau (le physeter), de même qu’il décrit une attaque
d’orques contre un troupeau de baleines en face de Cadix ; mais rien n’est dit de la chasse de ces animaux. Il faut attendre l’époque carolingienne pour avoir les premières attestations littéraires de la chasse3 : les Miracles de saint Vaast
(v. 875) montrent une chasse organisée dans la Manche par plusieurs embarcations provenant des domaines monastiques ; dans les Miracles de saint Bavon (fin du xe siècle), on voit un pêcheur harponner une baleine ; et enfin, dans les
Miracles de saint Arnould, évêque de Soissons (v. 1116), des pêcheurs entourent l’animal, le blessent à coups de lances et l’amènent à terre. En outre, dès cette époque, apparaissent des textes juridiques touchant aux droits à percevoir sur
les bêtes attrapées. Il en est de même dans le golfe de Gascogne4, quoique ce soit à partir du xie siècle que des documents attestent de la chasse à la baleine par les Basques5, car des redevances sont perçues à partir de 1059 sur les animaux
pêchés à l’ancienne embouchure de l’Adour. À Biarritz6, la pêche est certaine au xiie siècle. La raréfaction des animaux dans le golfe de Gascogne amène les pêcheurs au xiiie siècle à s’aventurer en haute mer. On voit aisément l’évolution
des techniques7 : on utilise d’abord les animaux accidentellement échoués ; ensuite, quand ils passent le long des côtes, ils sont chassés et effrayés pour qu’ils s’échouent. Cette technique étant d’abord connue en Scandinavie, il se peut
qu’elle ait été amenée plus au sud par les vikings8. Enfin, tuée en mer, la baleine reste « liée » aux pêcheurs par le harpon et la ligne ; ils peuvent ainsi la ramener à terre.
3 En revanche, en Irlande et dans les îles britanniques, la chasse à la baleine ne semble pas connue avant le xiie siècle. Les morceaux d’os de baleines retrouvés sur différents sites témoignent d’abord de l’utilisation des animaux échoués
sur les plages. Pour l’Irlande, Nancy Edwards écrit : « Les baleines n’étaient pas chassées en mer, mais si elles étaient échouées sur la terre ferme, elles constituaient une source de nourriture bienvenue, et les os de baleine étaient très
prisés9. » Pour les sites anglo-saxons, d’autres archéologues font le même constat : « Très peu de preuves existe de la chasse à la baleine dans l’Angleterre du Haut Moyen Âge. Le quasi-silence des sources anglaises contraste cependant
avec les nombreuses références à cette pratique en Europe continentale datant au moins du ixe siècle10. » Certes, l’auteur anglo-saxon Ælfric d’Eynsham, aux alentours de l’an mil, mentionne dans un dialogue didactique en latin et en vieil
anglais la chasse à la baleine comme une activité périlleuse11, mais l’absence de précisions techniques obère la qualité du témoignage. Il semble bien que l’usage des os de baleine devient nettement plus courant à partir du xiiie siècle12.
Le témoignage d’Ibn Faḍlān
15 Aḥmad Ibn Faḍlān est connu pour la relation qu’il a laissée de l’ambassade envoyée par le calife al-Muqtadir auprès du roi des Bulgares de la Volga, dans le premier quart du xe siècle (l’ambassade atteint la capitale des Bulgares en 922).
Le texte original n’a pas été conservé et le récit n’est connu que par un seul manuscrit, découvert à Mechhed en Iran en 1924 par Zeki Validi Togan, par les citations de Yāqūt et d’auteurs iraniens39.
16 Selon Ibn Faḍlān, c’est un récit rapporté par les Wīsū au roi des Bulgares. Le souverain les a questionnés par lettre à propos d’un individu des Gog et Magog (Yāǧūǧ wa-Māǧūǧ) découvert chez lui ; et ils lui ont répondu :
Ils habitent à une distance de trois mois de chez nous ; ils sont nus ; nous sommes séparés d’eux par la mer, car ils vivent de l’autre bord de la mer. Ils s’accouplent l’un avec l’autre comme des bêtes. Dieu Très Haut et Puissant fait sortir chaque jour
pour eux un poisson de la mer. Chacun d’eux vient avec un couteau et en coupe un morceau à sa suffisance et à celle de sa famille. S’il en prend plus qu’il ne lui en faut pour se satisfaire, il souffre du ventre de même que sa famille. Quand ils ont pris
de ce poisson ce qui leur est nécessaire, le poisson s’en retourne et se jette à l’eau. Ils vivent ainsi de cette façon tous les jours. Entre eux et nous, se trouve la mer d’un côté et les montagnes les entourent des autres côtés40.
https://journals.openedition.org/medievales/11274 1/3
06/05/2023 10:46 La chasse à la baleine dans les mers septentrionales selon les sources arabes médiévales
17 On sait que les termes de Yāǧūǧ wa-Māǧūǧ désignent deux peuples apocalyptiques, les Gog et Magog, qui apparaissent dans la Bible (Ez 38 et 39 ; Ap 20.7-10) et dans le Coran (18.93-98 et 21.96). En 18.93-98, il est dit que Ḏū l-
Qarnayn – Alexandre le Grand – érigea une barrièreHOME CATALOGUE
contre ces peuples. OF 611 de
La localisation JOURNALS
ces populationsOPENEDITION SEARCH
et de ladite barrière est située au nord des peuples de l’Islam, de l’Asie centrale au Caucase, au gré de la connaissance de ces régions
par les musulmans. Dès le xe siècle, les Gog et Magog sont identifiés, entre autres, avec les populations les plus septentrionales dont les musulmans connaissent l’existence, c’est-à-dire avec les populations finno-ougriennes41.
18 Or il existe un ḥadīṯ42, une tradition musulmane, qui rapporte expressément à propos des Gog et Magog : « ils ont un monstre marin [tinnīn] à manger, au printemps et le réclament à sa saison, tout comme on réclame à sa saison la pluie
abondante ». Les légendes élaborées autour des Gog et Magog par les juifs et les chrétiens ignorent ce poisson. Par ailleurs, bien que cette tradition soit attribuée à des rapporteurs anciens – mais sujets à caution43 –, elle n’est donnée qu’à
partir du début du xe siècle44, c’est-à-dire au moment même où les musulmans prennent connaissance de ces populations finno-ougriennes et les identifient avec les Gog et Magog. La nature de ce poisson n’est pas établie avec certitude :
pour Ibn Faḍlān, c’est un poisson (samaka) qui s’échoue chaque jour, manifestement assez gros pour les nourrir en suffisance avant de retourner à l’eau. Pour Ibn al-Faqīh et al-Masʿūdī, c’est le tinnīn qui leur arrive au printemps, largué
par des nuages. Le terme tinnīn45 – qui est attesté dans plusieurs langues sémitiques dont l’ougaritique – désigne une bête marine épouvantable et, dans ce sens, personnifie la tornade.
19 Il nous semble dès lors qu’Ibn Faḍlān rapporte bien ici un récit d’échouage de baleine, légèrement déformé par son informateur. Quant aux traditions d’Ibn al-Faqīh et d’al-Masʿūdī, elles montrent que cette information avait déjà atteint
le monde musulman au xe siècle, et que les imaginations l’avaient remodelée en utilisant un être fantastique « familier », le tinnīn. Dans le cas du ḥadīṯ, le processus de création est clair : la particularité du mode de subsistance des Finno-
ougriens – la pêche ou l’échouage d’un énorme poisson – passe aux mythiques et coraniques Gog et Magog, qui sont assimilés à ces populations septentrionales. Nous en voulons pour preuve le récit d’al-Masʿūdī qui attribue ce mode
d’alimentation – le « largage » de cet énorme poisson – aux Gog et Magog, hors contexte de ḥadīṯ. Ce serait en somme un récit intermédiaire.
Ces épées sont exportées des pays musulmans [à la ville de] Bulgare avec un profit important, ensuite les Bulgares les portent vers les Ves’ [ʿĪsuʾ] en échange de castors. Les Ves’ à leur tour les amènent aux Khantes [Yūrā] pour acheter des peaux de
martre-zibeline, des jeunes filles et des jeunes garçons. Tout homme a besoin, chaque année, d’une épée qu’il jette dans la mer des ténèbres. Quand les épées sont lancées, Allāh fait sortir pour eux de la mer un poisson aussi énorme qu’une
montagne ; un autre poisson, cent fois plus grand que lui, le chasse, voulant le manger. Le petit fuit le grand et se rapproche de la terre ferme, il arrive à un endroit où il ne peut retourner à la mer et reste là. Le gros poisson ne peut l’atteindre et
demeure à l’eau. Alors, les Khantes [Yūrā] prennent la mer sur des embarcations et le taillent en pièces de tous côtés. Le poisson n’en éprouve rien et ne bouge pas. Ils remplissent leurs demeures avec sa chair et montent sur son dos. [L’animal]
ressemble à une grande montagne. Ils le gardent le temps de le découper. Quiconque jette une épée à la mer, prend une part du poisson. Il arrive que l’eau augmente et que le poisson retrouve son agilité et retourne à la mer. Ils ont déjà rempli plus de
cent mille maisons de sa chair.
On m’a raconté à Bulgare qu’une certaine année, [les marins] avaient percé les oreilles d’un de ces poissons, ils y avaient mis des cordes et l’avaient tiré. Ils avaient ouvert ensuite son oreille et une jeune fille à l’apparence humaine en était sortie. Elle
était blanche, avec des joues rouges et des cheveux noirs ; elle était fessue et très belle. Les Yūrā l’avaient prise et déposée sur la terre, mais elle se frappait le visage, s’arrachait les cheveux et criait. Allāh l’avait dotée d’une peau blanche, comme un
épais tissu robuste, au milieu du corps, de la ceinture aux genoux, qui couvrait son giron. On aurait dit un vêtement serré à sa taille qui cachait son intimité. Les Yūrā l’avaient gardée jusqu’à sa mort. La puissance d’Allāh n’a pas de fin !
On dit : si les Yūrā ne jetaient pas d’épées dans la mer – comme je l’ai rapporté – aucun poisson n’en sortirait et ils mourraient de faim47.
23 À suivre le texte, on voit que les Bulgares échangent des épées avec les Ves’ (ʿĪsuʾ) contre des fourrures de castors, que les Ves’ à leur tour les troquent aux Manses et Khantes (Yūrā) contre des dépouilles de martres-zibelines et qu’enfin
ceux-ci s’en servent pour la chasse à la baleine. Si le commerce des fourrures pour ces régions est assez bien connu pour qu’on ne s’y attarde pas48, en revanche la description de la pêche, du commerce du fer et de la navigation mérite que
l’on s’y arrête.
24 En ce qui concerne la navigation des Khantes (Yūrā), nous avons un texte ancien, source du médecin-zoographe Marvazī (xiie siècle) et de l’anthologue Awfī (m. v. 1232)49, qui nous parle de lutte entre bateaux sur la mer à partir de la
côte habitée par les Manses.
25 Dans le texte d’Abū Ḥāmid, la technique de pêche est décrite de manière confuse mais on peut reconnaître un récit de rabattage avec harponnage et échouage de l’animal, mêlé au scénario d’un échouage « naturel ». Le texte n’établit
aucun rapport entre le fait de lancer une épée – un harpon – dans l’eau et l’échouage de la baleine, hormis le partage qui suit le dépeçage. En fait, le récit de la chasse au harpon possède en son sein celui d’un échouage d’un animal chassé
par un autre (un orque chassant une baleine ?). Abū Ḥāmid attribue à Dieu le don du cétacé, alors qu’il fait de l’épisode de la baleine fuyant le plus grand prédateur une anecdote. Selon nous, nous sommes bien en présence de deux
procédés différents. On peut souligner que, pour les Scandinaves païens, l’échouage d’un cétacé était un don du dieu Njörðr et, après leur christianisation, celle de Dieu, comme en témoigne l’ethno-linguistique50.
26 Quant à l’histoire de la femme découverte dans le ventre d’un poisson, considérons-la comme un thème folklorique mais retenons le fait que le poisson est tiré sur la plage par des cordes. La remarque sur la capacité de la baleine de
retourner à l’eau si la marée le lui permet est comparable à l’histoire relatée par Albert le Grand pour la Frise. Deux éléments demandent cependant à être éclaircis : le commerce des épées et la navigation des Khantes (Yūrā).
27 Selon l’auteur, des épées trempées sont exportées depuis les pays musulmans jusque chez les Yūrā qui les jettent à la mer pour, par la grâce de Dieu, obtenir le gros poisson dont ils se nourrissent. Le sens du trafic de ces armes est
inversé par rapport à ce que les sources51 des ixe et xe siècles avaient enregistré, à savoir une exportation d’épées rus’ ainsi que de sabres et de flèches bulgares vers les pays musulmans. Cela est d’autant plus vrai que globalement
l’artisanat métallurgique des Slaves était de qualité. Mais la Chronique dite de Nestor donne pourtant un récit rapporté par un voyageur ayant visité ces régions septentrionales, dans lequel se mélangent réalité et fiction52. D’après ses
dires, les populations ougriennes prétendent qu’à l’extrémité de leur pays vers le Nord se trouve un peuple enfermé dans une montagne près d’un golfe. Ce peuple réclame du fer qu’il échange contre des peaux. Enfin, Roman Kovalev
remarque que les archéologues ont découvert sur le site d’Ortinsk (à l’estuaire de la Petchora et de sa confluence avec la mer de Barents) un grand nombre d’ossements d’animaux à fourrure, à côté de têtes de flèche et de couteaux très
usés53. Et R. Kovalev de conclure que cela peut révéler un manque de fer, d’où une demande d’épées de l’extérieur.
28 Ainsi, il paraît évident que ce texte rapporte un récit de chasse à la baleine. Bien que déformés, on peut y reconnaître l’échouage et le dépeçage de l’animal et un récit de chasse au harpon. Géographiquement, il est impossible d’être
précis, nous serions là en mer Blanche ou au débouché de cette dernière dans la mer de Barents. Quant à l’animal, nous nous limiterons à dire qu’il s’agit sans doute de bélougas, comme l’indiquent l’archéologie et l’ethnographie de cette
région54.
***
29 Ibrāhīm ibn Yaʿqūb al-Ṭurṭūšī, par l’intermédiaire d’al-Qazwīnī, nous apporte le récit d’une pêche à la baleine par rabattage, harponnage et échouage pour une époque où nous n’avons pas de documents occidentaux aussi explicites
(xe siècle). La confrontation avec les textes latins ultérieurs montre que la plupart des éléments – factuels et imaginaires – étaient déjà présents dans la narration. La localisation exacte de la pratique décrite par le voyageur est impossible,
mais rien n’autorise à penser qu’il faut la situer près des îles Britanniques comme l’entrée « Irlande » le laisserait présager ; nous serions plutôt là le long des côtes françaises actuelles.
30 Quant aux témoignages rapportés par Ibn Faḍlān et par Abū Ḥāmid, ils nous mettent en présence d’un double récit, soit celui d’une pêche avec harponnage et rabattage et celui du dépeçage de la bête après son échouage sur la plage.
L’intérêt de ce texte est d’autant plus grand qu’il concerne les Khantes (Yūrā), encore installés au xiie siècle à l’ouest de l’Oural jusqu’aux rives de la mer Blanche. Bien entendu le texte d’Ibn Faḍlān est plus mythifié et mêlé d’éléments
folkloriques, mais l’on reconnaît néanmoins dans la trame du récit le dépeçage par les habitants des côtes d’une baleine échouée, phénomène présenté comme périodique et interprété comme providentiel.
Notes
1 D’une manière générale, des synthèses de qualité croisant textes et archéozoologie ont été menées par Fabrice Guizard : F. Guizard, « Retour sur un monstre marin au Moyen Âge : la baleine », dans A. Gautier, C. Martin éd., Échanges, communications et
réseaux dans le haut Moyen Âge. Études et textes offerts à Stéphane Lebecq, Turnhout, 2011, p. 261-276 ; Id., « Delfines nec non et ballenae… Les cétacés de l’Atlantique nord au haut Moyen Âge : représentation, identification et consommation »,
Anthropozoologica, 53 (2018), p. 115-123. Une série de textes peu connus ont été réunis et analysés par Stéphane Lebecq : S. Lebecq, « Scènes de chasse aux mammifères marins (mers du Nord, vie-xiie siècles) », dans É. Mornet, F. Morenzoni éd., Milieux
naturels, espaces sociaux. Études offertes à Robert Delort, Paris, 1997, p. 240-253.
2 Pline l’Ancien, Naturalis historia, IX, § IV et § VI, éd. et trad. E. de Saint-Denis, Histoire naturelle, Livre IX, Paris, 1955, p. 40-44. Par ailleurs, Élien mentionne l’utilisation des fanons et la salaison de la chair de baleines par les habitants de Cythère : voir De
natura animalium, XVII, 6, éd. et trad. A. F. Scholfield, Aelian, On the Characteristics of Animals, Cambridge (Mass.), 1940, p. 329-330. Et Oppien raconte dans ses Halieutica une pêche à la baleine en Méditerranée avec l’emploi d’un hameçon à deux pointes,
presque aussi gros qu’une ancre ; l’animal était appâté avec de la chair : voir Oppian, Colluthus, Tryphiodorus, éd. et trad. A. W. Mair, Cambridge (Mass.), 1963, p. 471-475.
3 L. Musset, « Quelques notes sur les baleiniers normands du xe au xiiie siècle », Revue d’histoire économique et sociale, 42/2 (1964), p. 147-161 (p. 147-148) ; J. Lestocquoy, « Baleine et ravitaillement au Moyen Âge », Revue du Nord, 117 (1948), p. 39-43
(p. 40-42).
4 A. Rebsomen, « Les droits de naufrage, de baleine et d’ambre gris sur la côte du pays de Buch », Revue historique de Bordeaux, 25 (1932), p. 5-134.
5 M. Degros, « La grande pêche basque des origines à la fin du xviiie siècle », Bulletin de la Société des sciences, des arts et des lettres de Bayonne, 35 (1940), p. 162.
6 E. Goyhenech, « La pêche à la baleine », Vasconia. Cuardernos de historia-geografía, 2 (1984), p. 7-24.
7 A. Thomazi, Histoire de la pêche, des âges de la pierre à nos jours, Paris, 1947, p. 325 ; N. Cazeils, Dix siècles de pêche à la baleine, Rennes, 2000, p. 6 et 16-17 ; M. Vaucaire, Histoire de la pêche à la baleine, Paris, 1941, p. 63-65 ; Y. Cohat, Vie et mort des
baleines, Paris, 1986, p. 48 ; O. Lindquist, Peasant Fisherman Whaling in the Northeast Atlantic Area, ca 900-1900 AD, Akureyri, 1997, p. 23. A digital resources portal for the
8 N. Cazeils, Dix siècles de pêche à la baleine…, p. 21, 26 et 28 ; A. Thomazi, Histoire de la pêche…, p. 322 ; L. Musset, « Quelques notes sur les baleiniers… », p. 151-152. La technique d’échouage est parfois améliorée par la pose de filet surhumanities
l’estran pourand social sciences
piéger
l’animal. Il n’est pas interdit de penser que ces procédés de rabattage et d’échouage d’origine scandinave aient été répandus par les invasions vikings.
9 N. Edwards, « The Archaeology of Early Medieval Ireland, c. 400-1169 : Settlement and Economy », dans D. Ó Croínín éd., A New History of Ireland, vol. I-A : Prehistoric and Early Ireland, Oxford, 2005, p. 235-300 (p. 274).
OPENEDITION
10 M. Gardiner, J. Stewart, G. Bell, « Anglo-Saxon Whale Exploitation : Some Evidence from Dengemarsh, Lydd, Kent », Medieval Archaeology, 42 (1999), p. 96-101.
11 G. N. Garmonsway éd. et trad., Ælfric’s Colloquy, Londres, 1965, p. 29-30.
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12 R. Moffat, J. Spriggs, S. O’Connor, « The Use of Baleen for Arms, Armour and Heraldic Crests in Medieval Britain », The Antiquaries Journal, 88 (2008), p. 207-215 ; M. Gardiner, « The Exploitation of Sea Mammals in Medieval England : Bones and their
Social Context », The Archaeological Journal, 154 (1997), p. 173-195 ; V. E. Szabo, « The Use of Whales in Early Medieval Britain », Haskins Society Journal, 9 (1997), p. 137-257.
13 L. Molina, « Las dos versiones de la Geografía de al-ʿUḏrī », al-Qanṭara, 1 (1982), p. 249-260.
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14 Al-Qazwīnī, Aṯār al-bilād, Beyrouth, 1984, p. 555-556.
15 M. Canard, « Ibrāhīm ibn Yaʿqūb et sa relation de voyage en Europe », dans E. García Gómez et al. éd., Études d’orientalisme dédiées à la mémoire d’Évariste Lévi-Provençal, Paris, 1962, vol. II, p. 503-508 ; A. Miquel, Du monde et de l’étranger. Orient, an
OPENEDITION JOURNALS
1000, Arles, 2001, p. 103-113 ; P. Engels, « Der Reisebericht des Ibrāhīm ibn Yaʿqūb (961/966) », dans A. von Euw, P. Schreiner éd., Kaiserin Theophanu, Begegnung des Ostens und Westens um die Wende des ersten Jahrtausens, Cologne, 1991, vol. I, p. 413-
422 (p. 414) ; J.-C. Ducène, « 960-962 : le tour d’Europe du marchand juif catalan Ibrāhīm ibn Yaʿqūb », dans R. Bertrand éd., L’Exploration du monde. Une autre histoire des grandes découvertes, Paris, 2019, p. 47-51.
16 Voir supra. HYPOTHESES
17 Ibn Manẓūr, Lisān al-ʿArab, Beyrouth, 1997, vol. 3, p. 377. Il est à remarquer que le texte hébreu (Jonas, 2, 1) dit simplement « un grand poisson » ; par ailleurs le terme arabe ḥūt désigne également la constellation zodiacale des Poissons.
CALENDA
18 Ibn Manẓūr, Lisān al-ʿArab, vol. 1, p. 542 ; J. Sauvaget, Aḫbār aṣ-Ṣīn wa-l-Hind. Relation de la Chine et de l’Inde rédigée en 851, Paris, 1948, p. 34, n. 2 ; J.-C. Rolland, Étymologie arabe. Dictionnaire des mots de l’arabe moderne d’origine non sémitique,
Paris, 2015, p. 38.
19 V. E. Szabo, Monstrous Fishes and the Mead-Dark Sea. Whaling in the Medieval North Atlantic, Leyde, 2008, p. 196. Libraries and institutions
20 Voir infra.
21 G. Oman, L’ittionimia nei paesi arabi del Mediterraneo, Florence, 1966, p. 193-196.
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22 Al-Qazwīnī, Aṯār al-bilād…, p. 577-578 ; trad. A. Miquel, Du monde et de l’étranger…, p. 108-109. Voir aussi A. Miquel, La Géographie humaine du monde musulman, Paris, 1975, vol. II, p. 348.
23 N. Cazeils, Dix siècles de pêche à la baleine…, p. 38.
24 R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe, Lausanne, 2001, p. 599 ; N. Cazeils, Dix siècles de pêche à la baleine…, p. 16-17 ; V. E. Szabo, Monstrous Fishes…, p. 191-196.
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25 Thomas Cantimpratensis, Liber de natura rerum, l. VI, § 6, éd. H. Boese, Berlin/New York, 1973, p. 233-234. Je remercie Madame Laurence Denooz pour sa traduction.
26 Albertus Magnus, De animalibus, Libri XXVI, éd. H. Stadler, Münster, 1916, vol. 2, p. 1522-1525 ; Albertus Magnus, On Animals. A Medieval Summa Zoologica, trad. F. K. Kitchell, I. M. Resnick, Baltimore, 1999, t. II, p. 1666-1671 et 1669, n. 86 ;
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Albert the Great, Man and the Beasts, De animalibus (Books 22-26), trad. J. J. Scanlan, New York, 1987, p. 338-341 et 338, n. 17.2 : la baleine qui donne de l’huile est sans doute le cachalot, Physeter catodon, la plus grande des baleines à dents ; Search
L. Moulinier,
« Les baleines d’Albert le Grand », Médiévales, 22-23 (1992), p. 111-128.
27 Vincent de Beauvais, Speculum naturale, Douai, 1624, l. 17, chap. 42 ; A. Thomazi, Histoire de la pêche…, p. 323. Newsletter
28 A. Thomazi, Histoire de la pêche…, p. 324. Cet effet est cependant ambivalent, pour certains, le bruit attire les animaux, pour d’autres, il les chasse.
29 J. Lestocquoy, « Baleine et ravitaillement… », p. 42 ; N. Cazeils, Dix siècles de pêche à la baleine…, p. 93-94.
30 N. Cazeils, Dix siècles de pêche à la baleine…, p. 11. Follow us
31 Ibn Faḍlān, Voyage chez les Bulgares de la Volga, trad. M. Canard, Paris, 1988, p. 59, 65 et 113, n. 183 ; J. Markwart, « Ein arabischer Bericht über die arktischen (uralischen) Länder aus dem 10. Jahrhundert », Ungarische Jahrbücher, 4 (1924), p. 261-334
(p. 288-309) ; A. Miquel, La Géographie humaine…, vol. II, p. 331-332.
32 J. Forsyth, A History of the Peoples of Siberia, Cambridge, 1992, p. 11-12 ; R. K. Kovalev, « The Infrastructure of the Northern Part of the “Fur Road” between the Middle Volga and the East during the Middle Ages », Archivum Eurasiae Medii Ævi, 11
(2001), p. 25-64 (p. 29).
33 Snorri Sturluson, La Saga de saint Olaf, trad. R. Boyer, Paris, 1983, p. 158. Pour une discussion approfondie de ce problème, voir A. S. C. Ross, The « Terfinnas » and « Beormas » of Ohthere, Londres, 1981 [1940], p. 66-82.
34 Pour une traduction en français, voir S. Lebecq, « Ohthere et Wulfstan : deux marchands-navigateurs dans le Nord-Est européen à la fin du ixe siècle », dans H. Dubois, J.-C. Hocquet, A. Vauchez éd., Horizons marins, itinéraires spirituels. ve-xviiie siècles,
Paris, 1987, vol. 2, p. 167-181 ; J. Bately, A. Englert éd., Ohthere’s Voyages. A Late 9th-Century Account of Voyages along the Coasts of Norway and Denmark and Its Cultural Context, Roskilde, 2007, p. 45 et 57 ; I. Valtonen, The North in the Old English
Orosius. A Geographical Narrative in Context, Helsinki, 2008, p. 305-331.
35 I. Valtonen, The North in the Old English Orosius…, p. 310, n. 203.
36 E. Már Jónsson éd., Le Miroir royal, Paris, 1997, p. 50-51 ; L. M. Larson éd., The King’s Mirror (Speculum Regale – Konung’s Skuggsja), An English Translation, New York, 1917, p. 119-126 ; R. Meissner éd., Der Königsspiegel. Konungs skuggsja. Fahrten
und Leben der alten Norweger, aufgezeichnet im 13. Jahrhundert, Berlin, 2019, p. 124-131.
37 N. Cazeils, Dix siècles de pêche à la baleine…, p. 6 ; A. Thomazi, Histoire de la pêche…, p. 322.
38 Olaus Magnus, Historia de genibus septentrionalibus, Rome, 1555, éd. P. Foote, trad. P. Fisher, H. Higgens, Description of the Northern Peoples, Londres, 1996, vol. III, p. 1091-1094, p. 1098, p. 1105-1107 ; V. E. Szabo, Monstrous Fishes…, p. 201-205 ;
C. Dubler, Abū Ḥāmid el Granadino y su relación de viaje por tierras eurasiáticas, Madrid, 1953, p. 213.
39 Ibn Faḍlān, Voyage chez les Bulgares…, p. 67 ; Z. D. Togan, Ibn Faḍlān’s Reisebericht, Leipzig, 1939, p. 72 et 196-200 ; E. Tixier du Mesnil, « 921-922 : Ibn Faḍlān chez les Bulgares de la Volga », dans R. Bertrand éd., L’Exploration du monde…., p. 42-46.
40 Ibn Faḍlān, Voyage chez les Bulgares…, trad. M. Canard, p. 67.
41 A. Miquel, La Géographie humaine…, vol. II, p. 507-511 ; T. Zadeh, Mapping Frontiers across Medieval Islam. Geography, Translation and the ʿAbbāsid Empire, Londres, 2011 (voir l’index) ; E. Van Donzel, A. Schmidt, Gog and Magog in Early Eastern
Christian and Islamic Sources. Sallam’s Quest for Alexander’s Wall, Leyde, 2010, p. 3-120.
42 Ibn al-Faqīh, L’Abrégé des merveilles, trad. H. Massé, Damas, 1973, p. 355 ; voir aussi al-Masʿūdī, Les Prairies d’or, trad. C. Barbier de Meynard, A. Pavet de Courteille, révisée par C. Pellat, Paris, 1962 [1859], vol. I, p. 110.
43 Il s’agit de Wahb ibn Munabbih, conteur yéménite d’origine persane (654-728 ou 732), qui transmit notamment des légendes bibliques et à qui on attribua par la suite des récits de nature légendaire ou extraordinaire.
44 A. Miquel, La géographie humaine…, vol. II, p. 510 : selon lui, ce poisson n’est qu’une marque surnaturelle de plus qui participe à l’aspect marginal de l’humanité de ces populations aux yeux des auteurs arabo-musulmans.
45 Ibn Manẓūr, Lisān al-ʿArab, vol. 2, p. 58.
46 R. Hennig, « Arabische Händler in Nordrussland und am nördlichen Eismeer (10.-14. Jhd.) », dans Id., Terrae incognitae. Eine Zusammenstellung und Kritische Bewertung der Wichtigsten vorcolumbischen Entdeckungsreisen an Hand der darüber
vorliegenden Originalberichte, Leyde, 1950, vol. II, p. 245-267.
47 C. Dubler, Abū Ḥāmid el Granadino…, p. 18-19 ; G. Ferrand, « Le Tuḥfat al-albāb d’Abū Ḥāmid al-Andalusī al-Ġarnāṭī », Journal asiatique, 207 (1925), p. 118-119 ; al-Qazwīnī, Aṯār al-bilād, p. 418 ; J.-C. Ducène, De Grenade à Bagdad. La relation de
voyage d’Abû Hâmid al-Gharnâtî (1080-1168), Paris, 2006, p. 89.
48 R. K. Kovalev, « The Infrastructure… », p. 25-64.
49 J. Markwart, « Ein arabischer Bericht… », p. 309-310.
50 O. Lindquist, Peasant Fisherman Whaling…, p. 23.
51 A. Miquel, La Géographie humaine…, vol. II, p. 275 et 335 ; Ibn Faḍlān, Voyage chez les Bulgares…, p. 72 et p. 120, n. 260.
52 Chronique dite de Nestor, trad. L. Léger, Paris, 1884, p. 196-197 ; le chroniqueur ajoute qu’il s’agit probablement des peuples de Gog et Magog (voir supra).
53 R. K. Kovalev, « The Infrastructure… », p. 39 et p. 57, n. 152.
54 J. M. Gjerde, « Stone Age Rock Art and Beluga Landscapes at River Vyg, North-Western Russia », Fennoscandia Archaeologica, 30 (2013), p. 37-54.
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06/05/2023 10:46 La chasse à la baleine dans les mers septentrionales selon les sources arabes médiévales
Référence électronique
Jean-Charles Ducène, « La chasse à la baleine dans les mers septentrionales selon les sources arabes médiévales », Médiévales [En ligne], 80 | printemps 2021, mis en ligne le 02 janvier 2023, consulté le 04 mai 2023. URL :
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http://journals.openedition.org/medievales/11274 ; DOI : https://doi.org/10.4000/medievales.11274 OPENEDITION SEARCH
Auteur
Jean-Charles Ducène
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