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UNIVERSITÉ DU SAHEL

1998

MCMXCVIII

UNIS 33, Rue MZ-198, Mermoz - BP 5355 Dakar - Fann (SÉNÉGAL)


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Année Universitaire 2019/2020

Faculté des Sciences Juridiques et Politiques


-----------------
Département de Droit Privé
Spécialité : Droit des Affaires et Fiscalité

Le compte courant d’associé comme


modalité de financement de l’entreprise

Présenté par

Papa Alioune Gueye CISSE

Sous la direction de M. Ousmane CISSE

Mémoire de Master présenté le 4 juin 2020 devant le jury


composé de :

Pr. Yaya BODIAN, Président


M. Ousmane CISSE, Directeur de mémoire
Dr. Pape Leyti FAYE, membre
REMERCIEMENTS

À monsieur Ousmane CISSE, pour avoir gentiment accepté d’encadrer ce travail et de


l’avoir dirigé comme s’il s’agissait du sien,

À mon oncle et idole Cheikh Hadjibou SOUMARE qui, pour avoir financé
intégralement mes études universitaires, m’a permis de mener à bien mon cursus jusqu’à son
terme.
À mes grands-parents, ma sœur et mon papa décédés (paix à leurs âmes) ;
À ma maman, mes frères et sœurs ;
À mes tantes et oncles ;
À mes amis ;
Au personnel de l’administration de l’Université du Sahel de Dakar.
SOMMAIRE
LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................................... 0
INTRODUCTION................................................................................................................................. 1

1ère PARTIE : Le compte courant d’associé : un moyen de financement souple ......................... 10


CHAPITRE 1 : Une souplesse au regard de la nature du compte courant d’associé ............... 11
SECTION 1 : Le compte courant d’associé : un contrat de prêt ...................................... 11

SECTION 2 : Le compte courant d’associé : un instrument de régularisation de la vie de


l’entreprise ........................................................................................................................ 16

CHAPITRE 2 : Une souplesse au regard du régime juridique du compte courant d’associé . 21


SECTION 1 : L’existence de règles d’ouverture peu contraignantes .............................. 21

SECTION 2 : L’existence de règles de fonctionnement assez flexibles .......................... 26

2ème PARTIE : Le compte courant d’associé : un moyen de financement encadré ....................... 34


CHAPITRE 1 : Un encadrement lié aux conditions de déductibilité des intérêts ..................... 35
SECTION 1 : Les conditions de l’inscription des intérêts dans les charges d’exploitation
.......................................................................................................................................... 35

SECTION 2 : Les sanctions de l’inobservation des conditions de déductibilité .............. 40

CHAPITRE 2 : Un encadrement lié à l’imposition des intérêts comme produits financiers ... 45
SECTION 1 : Le principe de l’imposition dès l’inscription au compte courant de
l’associé ............................................................................................................................ 45

SECTION 2 : Les modalités de l’imposition.................................................................... 50

CONCLUSION ................................................................................................................................... 57

ANNEXES ............................................................................................................................................. I
BIBLIOGRAPHIE..............................................................................................................................IX
TABLES DES MATIERES ............................................................................................................ XIII
LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AUSCGIE : Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement


d’intérêt économique

Art. : Article

BCEAO : Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest

C.A : Cour d’Appel

Cass. Com. : Chambre commerciale de la Cour de Cassation

Cass. Crim : Chambre criminelle de la Cour de Cassation

CE : Conseil d’Etat

CGI : Code général des impôts

COCC: Code des obligations civiles et commerciales

EURL: Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée

IS: Impôt sur les sociétés

IR: Impôt sur le revenu

OHADA: Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

PME : Petites et Moyennes entreprises

SA : Société anonyme

SARL : Société à Responsabilité Limitée

SAS: Société par Actions Simplifiées

SASU : Société par Actions Simplifiées unipersonnelle

T.A : Tribunal administratif


INTRODUCTION

Lors de sa création, puis au cours de son développement, l’entreprise au moment


opportun, doit détenir les ressources financières nécessaires pour faire face à ses échéances, et
utiliser au mieux les moyens dont elle dispose. Pour exercer son activité, l’entreprise doit
d’abord engager des charges avant de percevoir des produits. Ce n’est qu’ultérieurement, à
l’issue de la production et de la commercialisation, que des produits seront encaissés après la
réalisation des ventes. Il y a donc un décalage dans le temps entre les paiements et les
encaissements concernant aussi bien les investissements que l’exploitation. Ce décalage crée
des besoins de financements que l’entreprise devra couvrir en se procurant des fonds
nécessaires à sa survie. C’est pourquoi, lorsqu’elle est créée sous une forme sociétaire,
l’entreprise doit avoir un objet social qui correspond au programme qu’elle se propose
d’exécuter et qu’elle se doit de financer1. La dotation initiale est fournie par les associés et elle
correspond au capital social. A défaut de définition légale du capital social, il faut se résoudre
à une approche plus générale, qui l’entend comme la somme des valeurs d’origine apportées
par les associés à la société. Ces valeurs sont mises à la disposition de l’entreprise par les
associés sous forme d’apports ou sous forme d’incorporation des réserves. Elles sont intégrées
au passif du bilan et représente la dette de la société envers ses associés apporteurs.

De manière générale, le capital social, élément fixe et intangible des statuts sociaux2,
est conçu comme un instrument de financement de l’activité sociale. Il présente l’avantage de
constituer un moyen de financement acquis pour toute la vie de la société qui n’est
remboursable qu’à la dissolution de cette dernière. Le législateur impose que la valeur du
capital social, telle qu’inscrite dans les statuts, ne varie pas librement, faute de quoi, les
créanciers bénéficieront d’une protection illusoire en cours de vie sociale. Toutefois, malgré la
reconnaissance des principes d’intangibilité et de fixité du capital social, il prévoit la possibilité
de modifier ce dernier par le biais de l’augmentation « (…) à l’occasion de nouveaux apports
faits à la société ou par l’incorporation de réserves, de bénéfices ou de primes d’apports,

1
André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, droit des sociétés commerciales OHADA, édition l’Harmattan,
2017, p.149.
2
Principe de la fixité du capital social prévu par l’article 66 AUSGIE révisé : « Si le capital en cours de formation
n’atteint pas le montant minimum fixé par le présent acte uniforme, la société ne peut être valablement constituée.
Si, après la constitution de la société, son capital est réduit à un montant inférieur au minimum fixé par le présent
acte uniforme, pour cette forme de société, la société doit être dissoute, à moins que le capital soit porté à un
montant au moins égal au montant minimum, dans les conditions fixées par le présent acte uniforme ».

1
d’émission ou de fusion 3 . ». Ainsi, par la voie des augmentations de capital, les associés
personnes physiques ou personnes morales, dans la mesure où ils disposent de fonds suffisants,
peuvent assurer le financement de la société. Mais, en réalité, au lieu de fournir à la société
des apports complémentaires, les associés peuvent préférer contribuer à l’augmentation de la
marge de manœuvre de leur société en consentant à celle-ci des avances, en sus de leur part en
capital. La société peut ainsi faire face à ses besoins momentanés de trésorerie, sans formalités
et pour un coût moindre qu’en recourant à une augmentation de capital ou à un emprunt
bancaire. Cette pratique, assez fréquente aussi bien dans les PME que dans les groupes de
sociétés est connue sous l’appellation de compte courant d’associé. C’est d’ailleurs l’objet de
ce sujet qui porte sur : « Le compte courant d’associé comme modalité de financement de
l’entreprise ».

L’entreprise est une unité économique qui implique la mise en œuvre de moyens
humains et matériels de production ou de distribution de richesses reposant sur une organisation
préétablie. L’entreprise commerciale peut être de nature individuelle ou sociétaire. Cette
dernière, qui nous intéresse dans le cadre de cette étude, peut avoir pour origine soit l’acte de
volonté d’une seule personne, soit celui de deux ou plusieurs personnes. Ces deux situations
font penser à la notion de société commerciale prévue par le législateur OHADA et qui peut
revêtir une forme unipersonnelle4 ou pluripersonnelle5. La mise en commun des associés dans
le cadre d’une société pluripersonnelle est faite aussi bien dans le but de se partager les
bénéfices, que de profiter de l’économie qui pourrait en résulter, sous réserve pour les associées
de contribuer aux éventuelles pertes que l’exploitation de leur entreprise commune pourrait
entraîner. La société unipersonnelle, initialement reconnue sous la forme d’une société à
responsabilité limitée (SARL) ou d’une société anonyme (SA)6, peut, depuis l’Acte uniforme
sur le droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique de 2014, prendre
la forme d’une société par actions simplifiées unipersonnelle (SASU). Par ailleurs, l’entreprise
sociétaire doit impérativement bénéficier de financements nécessaires à l’exécution de son
programme.

3
Art.68 AUSCGIE révisé.
4
Art.5 AUSCGIE révisé : « la société commerciale peut être également créée, dans les cas prévus par le présent
Acte uniforme, par une seule personne, dénommée associé unique, par un acte écrit ».
5
Alinéa 1 article 4 AUSGIE révisé : « La société commerciale est créée par deux (2) ou plusieurs personnes qui
conviennent, par un contrat, d’affecter à une activité des biens en numéraire ou en nature, ou de l’industrie, dans
le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui peut en résulter. Les associés s’engagent à
contribuer aux pertes dans les conditions prévues par le présent Acte uniforme. ».
6
Institution de la société unipersonnelle reconnue par l’Acte uniforme sur le droit des sociétés de 1997.

2
Le financement est l’opération qui consiste pour celui qui finance, à consentir des
ressources monétaires, et pour celui qui est financé, à se procurer des fonds nécessaires à la
réalisation de son projet. Financer une entreprise revient à mettre à la disposition de cette
dernière les ressources pouvant lui permettre de faire face à ses besoins. Parmi ces ressources,
il faut citer les capitaux propres qui comprennent le capital social, les réserves antérieurement
constituées et les pertes qui n’ont pu être apurées. Le montant de ces capitaux peut être négatif.
Il faut aussi tenir compte d’un autre moyen de financement de l’entreprise dénommé « le
compte courant d’associé ».

En effet, le compte courant d’associé, défini comme « l'apport en compte courant


consistant pour l'associé à consentir à la société des avances ou des prêts en versant
directement des fonds ou en laissant à sa disposition des sommes qu'il renonce provisoirement
à percevoir7», est un mode de financement ou de refinancement des sociétés. Les avances en
compte courant se concrétisent soit par l'apport d'argent versé dans les caisses sociales par les
associés, soit par le maintien au sein de la société de sommes normalement dues aux associés
à titre de rémunérations ou de dividendes. Juridiquement ces avances sont considérées comme
des prêts productifs d'intérêts. Les prêteurs ont ainsi la qualité de créanciers sociaux avec toutes
les conséquences qui en découlent, notamment en cas de redressement judiciaire de la société.
L’avance en compte courant s’analyse, selon la chambre commerciale de la Cour de cassation
française, en un prêt, à durée indéterminée, consenti volontairement ou involontairement8.

Selon Didier DANET, le mécanisme du compte courant d’associé est d’un usage très
répandu dans les petites et moyennes entreprises auxquelles il rend les services indiscutables
et dans lesquelles il remplit des fonctions très différentes9. Les associés peuvent, par le biais de
ce compte courant, soulager la trésorerie de l’entreprise en ne retirant pas immédiatement les
fonds qui leurs sont dus. Toujours selon DANET, le compte courant d’associé est une formule
riche qui peut être l’instrument d’un financement permanent, complémentaire à l’apport en
capital ; l’entreprise profite alors d’un crédit généralement moins coûteux qu’un prêt
bancaire10. Elle doit ouvrir un compte au nom de l’associé dans ses livres comptables, inscrit
au passif du bilan, sur lequel sont portées les sommes prêtées temporairement à la société par

7
Antoine DELABRIERE et Khaled AGUEMON, « Le compte courant d’associés en droit OHADA », RDAA
septembre 2015, p.4, disponible sur www.cercle-k2.fr, consulté le 20/11/2019.
8
Cass.com. 18 novembre 1986 ; Nicolas DUPOUY, « le compte courant d’associé et sa cession », édition Francis
Lefebvre- La quotidienne, 2016, disponible sur www.efl.fr; consulté le 20/11/2019.
9
Didier DANET, « Comptes courants d’associés : pour en finir avec un apartheid juridique », RTD Com. 1993,
p.55, spéc. P.43, www.dalloz.com/actualité, consulté le 20/11/2019.
10
Didier DANET, ibid.

3
le titulaire du compte. Ces sommes sont à porter au compte n°462 dénommé "associés - compte
courants". En aucun cas ces montants ne doivent figurer au compte "capital". Au crédit du
compte courant, sont inscrits les rémunérations dues, les dividendes à payer, les
remboursements de frais à effectuer, les avances de l’associé… Au débit, tous les versements
de ces sommes à l’associé.

Parallèlement, il peut arriver qu’un associé soit débiteur de la société par le biais du
compte courant d’associé. C’est l’hypothèse prévue, sous forme d’interdit, par l’alinéa 1 de
l’article 356 de l’AUSCGIE qui prévoit qu’ « à peine de nullité du contrat, il est interdit aux
personnes physiques , gérantes ou associées, de contracter, sous quelque forme que ce soit,
des emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte-
courant ou autrement, ainsi que de faire cautionner ou avaliser par elles leurs engagements
envers les tiers »11. La nullité de la convention prévue par l’article susvisé est d’ordre public12.
Dès lors, toute personne intéressée, notamment un créancier de la société, pourra en demander
l’annulation, ce qui se traduira par un remboursement si des sommes ont déjà été avancées par
la société. D’un autre côté, le dirigeant qui accepte de consentir un découvert en compte
courant, en dehors des cas prévus, engage sa responsabilité civile, et il peut également être
révoqué par les associés. En outre, s’il s’octroie un prêt alors que cela lui est interdit, il pourra
être condamné pour abus de biens sociaux13.

Par ailleurs, le compte courant d’associé doit être distingué de quelques notions voisines
comme l’apport en numéraire et le compte courant bancaire.

En effet, l’apport en compte courant, malgré qu’il soit réalisé soit par versement de
fonds, soit par mise à disposition des rémunérations (salaires ou dividendes) se rapproche de
l’apport en numéraire14 sans en constituer un. La valeur des « apports » en compte courant est
inscrite au bilan, non dans le « capital » comme de véritables apports, mais dans un compte
généralement intitulé « avances en compte courant ». En outre, l’apport en numéraire est
rémunéré par des droits sociaux (parts sociales ou actions) alors que l’apport en compte courant

11
Lorsque l’associé est une personne morale, son compte courant d’associé peut devenir débiteur. Dans ce cas,
c’est la société qui prête de l’argent à son associé.
Lorsque l’associé est une personne physique, il faut tenir compte de la forme sociale. Dans les sociétés où la
responsabilité des associés n’est pas limitée (société civile, SNC, etc…), en principe, le compte courant d’associé
peut être débiteur. Il en est de même dans les sociétés par actions (SA et SAS), mais uniquement pour les associés
qui ne sont pas mandataires sociaux et sous réserve de préciser par une convention les conditions et modalités du
compte courant débiteur.
12
Antoine DELABRIERE et Khaled AGUEMON, op.cit., p.6.
13
V. l’art. 891 de l’AUSCGIE révisé.
14
V. l’alinéa 1 de l’article 41 de l’AUSCGIE.

4
l’est par le paiement d’un intérêt de sorte qu’il s’analyse en un prêt comme l’admet la
jurisprudence15.

Dans tous les cas, la terminologie compte courant d’associé, ne doit pas être confondue
avec le compte courant bancaire16. Ce dernier est une typologie de « compte bancaire utilisé
dans les relations commerciales et financières représentant les rapports existants entre deux
personnes qui, effectuant l’une avec l’autre des opérations réciproques, conviennent de
fusionner les créances et les dettes résultant de ces opérations en un solde au régime
unitaire » 17 . L’appellation compte courant d’associé ne s’applique que dans un cadre
comptable. Elle permet d’enregistrer les avances accordées par les associés à la société et dont
la nature n’est en principe pas altérée par l’entrée en compte. Ainsi, à la différence de l’entrée
compte pour un compte courant bancaire, l’entrée en compte pour un compte courant d’associé
n’a aucun effet novatoire18. Il en résulte que si la créance inscrite en compte courant a une
nature salariale, celle-ci demeure malgré tout une créance du salarié sur la société19. En outre,
dans l’arrêt World City c/ SOW Souleymane du 13 avril 2001, la Cour d’Appel d’Abidjan a
été amenée à se prononcer sur la nature juridique du compte courant d’associé et sur le point
de savoir s’il s’assimilait au compte courant tel qu’on le conçoit en droit bancaire. Par cet arrêt,
la Cour estime que dès l’instant où il n’existe pas de remises réciproques, le compte courant
d’associé ne peut être assimilé au compte courant bancaire. Il s’analyse comme un prêt consenti
à la société et dont l’échéance rend la créance de l’associé certaine, liquide et exigible20. Cette
qualification juridique paraît là fondée en droit et conforme à la volonté des parties dans la
pratique des affaires21.

Ainsi, lorsqu’on parle du compte courant d’associé comme modalité de financement de


l’entreprise, on pense nécessairement à cette méthode d’emprunt qui consiste pour les
principaux associés à accepter de prêter à leur société des sommes d’argent assez considérables.
Ces fonds permettent ainsi à l’entreprise d’avoir accès à un financement alternatif et moins
onéreux que ceux des établissements de crédits.

Par ailleurs, étant une notion tirée de la pratique et ne faisant pas l’objet d’une
réglementation spécifique, tant en droit OHADA qu’en droit français, les charmes du compte

15
Cass. com. 18 septembre 1986 ; CA paris, 14 février 1990, 3ème ch.
16
CA Paris, 10 mai 1972, 3ème ch., SA Marcel Pessis c/Pessis.
17
M. R. T. FANSI, Droit et pratique bancaire dans l’espace OHADA, éd L’Harmattan, 2013, p.213.
18
DossierThèmexpress, Comptes courants d’associés, éd. Francis Lefebvre, 2017, p.10.
19
Idem.
20
CA Abidjan, 13 avril 2001, 1ère ch. civ. et com., Société World City c/Sow Souleymane, ohadata-J-02-119.
21
A. DELABRIERE ET K. AGUEMON, op.cit., p.5.

5
courant d’associé sont malgré cela multiples, et son champ d’étude est très vaste. La raison en
est qu’il constitue une formule riche et avantageuse pour les entreprises. L’analyse de sa
pratique permet de confirmer qu’en réalité, et fréquemment même, les associés (personnes
physiques ou morales) privilégient la voie d’avances en compte courant à celle des
augmentations de capital. Il paraît donc nécessaire de porter une attention sur ce qui confère à
ce mode de financement une richesse par rapport à ses voisins. Il convient de relever toutefois
qu'un tel mécanisme de financement, bien que présentant un certain nombre d’avantages, revêt
des inconvénients.

Parmi les avantages, on peut citer pour la société l’absence de formalité et la déduction
des intérêts versés aux associés de son résultat, et pour l’associé, titulaire du compte, la
possibilité de rémunération en l’absence de résultat distribuable et le droit au remboursement à
tout moment. En outre, il se retrouve doter d’un pouvoir de fait sur les décisions de la société
qui, selon les cas de figure, va accroître son contrôle ou limiter celui du dirigeant ou du groupe
d'associés majoritaires 22 . Au niveau des inconvénients, on peut relever principalement, les
risques d’abus. En effet, la société peut effectuer des distributions irrégulières lorsque les
intérêts dépassent la limite fixée, mais aussi l’associé peut privilégier son statut de créancier de
la société en exigeant le remboursement du solde de son compte au détriment de la société23.

Dès lors, c’est conscient de tout cela que nous porterons notre analyse sur la pratique des
comptes courants d’associés en droit OHADA et en droit français. Pour ce faire, nous ferons
une étude juridique de la notion de compte courant d’associé, de ses fonctions et de ses règles
d’ouverture et de fonctionnement afin de démontrer qu’il revêt un caractère assez souple malgré
la particularité de sa mise en œuvre. Sur le plan fiscal, nous nous limiterons seulement à porter
notre réflexion sur le régime fiscal des avances en comptes courants en droit fiscal sénégalais,
étant donné que chaque pays a une politique fiscale qui lui est propre.

Par ailleurs, malgré son rôle d'instrument de financement privilégié des PME, le compte
courant d'associé est une formule que le droit positif perçoit avant tout comme un moyen de
fraude 24 , raison pour laquelle il manifeste une préférence marquée pour l'incorporation des
avances au capital et s'efforce de contenir le développement du compte courant dans des limites

22
Guide pratique, « Gérer un compte courant d’associé », www.assistant-juridique.fr , 2019, p.6 ; consulté le
21/11/2019.
23
Patrick SERLOOTEN, Droit fiscal des affaires, 14ème édition, Dalloz, 2015-2016, p.403.
24
Deux reproches essentiels peuvent lui être adressés : il permet de privilégier un associé au détriment d'un autre
et il peut favoriser l'usage personnel des actifs sociaux : Didier DANET, op.cit.

6
étroites25 par un cordon sanitaire de nature essentiellement fiscale. Soumise à la plus large
liberté contractuelle, l’avance en compte courant suscite des difficultés contentieuses dans
lesquelles l'analyse juridique dominante ne voit que des « faux problèmes» 26 . Dès lors,
l’utilisation de ce moyen de financement de l’entreprise suscite une interrogation capitale qui
est de savoir : en quoi le compte courant d’associé constitue-t-il une modalité de financement
permettant d’assurer la pérennité de l’entreprise ?

La réponse à cette question induit à remarquer que le compte courant d’associé, instrument
de financement original, n’a pas fait l’objet d’une réglementation particulière que ce soit en
droit OHADA ou en droit français. Nonobstant l’absence de réglementation, les dispositions
fiscales du droit national viennent l’encadrer et le limiter. Il en est notamment ainsi de l’article
9-2 du code général des impôts sénégalais qui prévoit des limites à la déductibilité des intérêts27.
En outre, en l’absence de définition légale, J. CALVO a tenté de donner une définition en
utilisant le terme d’apport en compte courant28. Pourtant, dans leur ouvrage intitulé « Droit des
sociétés commerciales OHADA», les auteurs camerounais André AKAM AKAM et Voudwe
BAKREO, respectivement agrégé de droit privé et docteur en droit privé, estime que le terme
apport en compte courant est à tort couramment utilisé29 car l’associé figure comme un prêteur
et non un apporteur de capitaux. Dans le même sillage, Xavier Delpech estime que la mise à
disposition de fonds dans le cadre de la convention de compte courant d’associé, bien que
traditionnellement dénommée « apport », s’analyse en un « crédit », et plus exactement en un
« prêt »30.

Hormis cela, le dualisme associé-préteur a aussi fait l’objet de débat dans la doctrine
française notamment eu égard à la faculté du créancier de demander le remboursement de son
prêt. En effet, D. DANET soulève les limites de la solution dualiste. En effet, selon lui, même
si cette solution peut apparaître satisfaisante sous l'angle du droit des obligations ; elle l'est
moins si l'on considère qu'elle ne permet pas de répondre sur le fond aux interrogations que
pose le mécanisme du compte courant quant aux équilibres traditionnels sur lesquels repose le

25
La position traditionnelle du législateur est bien résumée par A. Couret pour qui « elle consiste à encourager
l'incorporation des comptes au capital social... et à contenir leur développement dans des proportions compatibles
avec le volume de ce même capital » : Didier DANET, op.cit.
26
Didier DANET, op.cit. p.41.
27
V. pour plus de détails Loi n° 2018- 10 du 30 mars modifiant certaines dispositions du Code général des impôts,
J.O n°7082 du 30/03/2018.
28
Antoine DELABRIERE et Khaled AGUEMON, op. cit, p.4.
29
André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, Droit des sociétés commerciales OHADA, éd. l’Harmattan, 2017,
p.171.
30
Xavier DELPECH, « Précisions sur le régime du compte courant d’associé », publié sur Dalloz Actualité
(https://www.dalloz-actualite.fr), 2013, consulté le 26/11/2019

7
droit des sociétés31. La doctrine dualiste n'a évidemment pas méconnu cet aspect de la question
et certains auteurs soulignent que la société n'est pas sans ressources face à la demande de
remboursement. Les solutions proposées ne sont cependant qu'imparfaites. Ainsi, J.-P.
SORTAIS préconise de recourir à la technique de l'abus de droit qui serait constituée par la
brutalité de la demande, mais l'auteur reconnaît lui-même que le succès de cette défense est
aléatoire dans la mesure où le droit à l'ouverture d'une procédure collective appartient
discrétionnairement au créancier impayé32.

Par ailleurs, cette étude permet de se rendre compte que la pratique du compte courant
d’associé se présente comme une formule souple d’utilisation. Mais, cet instrument de
financement demeure une source de contentieux au niveau des juridictions. En effet, l’alliance
des qualités d’associé et de créancier à la tête d’une seule personne a suscité un certain nombre
de litiges. Ce qui fait que la cour de cassation française a même eu à poser dans deux arrêts33,
le principe d’indépendance des qualités de créancier et d’associé, l’une ne pouvant interagir sur
l’autre, et ainsi modifier la nature du compte courant. Dans un ordre purement fiscal, il apparaît
que les intérêts excédentaires rémunérant les comptes courants d’associés sont doublement
imposés entre les mains de la société et entre celles de l’associé par le législateur fiscal, qui met
ainsi en place un système de pénalisation fiscale.

Au regard de toutes ces considérations, il apparaît clairement que le compte courant


d’associé est non seulement un moyen souple de financement de l’entreprise (Première partie)
mais il est aussi une moyen de financement encadré (Deuxième partie).

31
Didier DANET, op.cit. p.42.
32
Idem.
33
Cass. com. 15 janvier1982 : Bull. Joly 1982 p. 266 ; Cass. com. 24 septembre 1997 n° 95-20.056: RJDA 11/97
n° 1349

8
Première partie

Le compte courant d’associé : un moyen de


financement souple

9
1ère PARTIE : Le compte courant d’associé : un moyen de financement souple

Grâce au compte courant d’associé, les associés peuvent soulager la trésorerie de


l’entreprise. Ainsi, ce qu’ils refusent d’apporter sous la forme d’augmentation de capital, ils
sont contraints de l’avancer. Globalement, les entreprises trouvent dans ce mécanisme une
source importante de financement permanent. Les avances jouent donc un rôle essentiel ; elles
permettent de jeter un pont entre le patrimoine personnel des associés et le patrimoine social de
l’entreprise34. Dès lors, au cours de cette étude, l’analyse du compte courant d’associé comme
moyen de financement souple pour l’entreprise sera perceptible notamment à travers sa nature
(Chapitre 1) et son régime juridique (Chapitre 2).

34
Aida GUEYE, les comptes courants d’associés, mémoire de master, UCAD, 2005, p. 37.

10
CHAPITRE 1 : Une souplesse au regard de la nature du compte courant d’associé

Chaque associé peut compléter son apport au capital social de l’entreprise en lui
consentant des avances par le biais de son compte courant. Cette pratique est très séduisante du
fait de sa souplesse d’utilisation mais surtout à cause de sa nature juridique. En effet, étant une
avance consentie par un associé pour permettre à son entreprise de faire face à des besoins
momentanés de trésorerie, le compte courant d’associé est juridiquement appréhendé comme
un contrat de prêt assorti d’intérêt (Section 1) qui remplit une fonction d’instrument de
régularisation de la vie de l’entreprise (Section 2).

SECTION 1 : Le compte courant d’associé : un contrat de prêt

Le compte courant d’associé constitue un crédit, accordé à une société, et plus


exactement un contrat de prêt, assorti, le cas échéant, d’un intérêt. De cette qualification de
crédit, il faut préciser que l’avance en compte courant en tant que contrat de prêt n’a rien de
commun avec le compte courant bancaire. Aucune des particularités de cette dernière ne se
retrouve chez le compte courant d’associé. En outre, ce crédit consenti par un associé, place ce
dernier dans une position de créancier extérieur à la société. C’est pourquoi, le compte courant
d’associé est un prêt exceptionnel (paragraphe 1) fait par un associé au profit de sa société
(paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Un contrat de prêt exceptionnel

L’apport en compte courant s’analyse en un prêt d’exception. Si l’on part du postulat


qu’il constitue une opération de crédit au sens de l’article 6 de loi de 2008 portant sur la
règlementation bancaire35, ce prêt devrait relever, en principe, du monopole bancaire. En effet,
aux termes de l’alinéa 1er de cet article : « Constitue une opération de crédit, pour l’application
de la présente loi, tout acte par lequel une personne, agissant à titre onéreux : met ou promet
de mettre des fonds à la disposition d’une autre personne ; prend, dans l’intérêt de celle-ci, un

35
Loi n°2008-26 du 28 juillet 2008 portant règlementation bancaire au Sénégal

11
engagement par signature tel qu’un aval, un cautionnement ou une garantie ». Il est ainsi
interdit à toute personne autre qu’un établissement de crédit ou une société de financement
d’effectuer des opérations de crédit à titre habituel. C’est ainsi que la réglementation bancaire
interdit à toute entreprise, qui, sans avoir obtenu l’agrément, de « se prévaloir de la qualité de
banque, de banquier, ou établissement financier à caractère bancaire, ni créer l’apparence de
cette qualité, notamment par l’emploi de termes tels que banque, banquier, bancaire ou
établissement financier dans sa dénomination sociale, son nom commercial, sa publicité ou,
d’une manière quelconque, dans son activité »36 . Sur cette base, la création d’un compte
courant peut être répréhensible tant pour la société que pour l’associé-prêteur37. La violation
du monopole bancaire constitue un délit d’exercice illégal de la profession de banquier
sanctionné lourdement38.

Cependant, cette interdiction ne s’applique pas aux avances en compte courant. Contrat
de prêt exceptionnel, l’article 13 de ladite loi limitant l’interdiction seulement à
l’accomplissement d’opérations de banque à titre habituel, les apports en compte courant
peuvent être effectués occasionnellement, ce qui est souvent le cas lorsqu’il s’agit de personnes
physiques. Ainsi, le monopole bancaire n’intéresse que les opérations effectuées à titre
habituel. Et pour apprécier le caractère occasionnel ou habituel, on se réfère non à la fréquence
des avances mais au nombre de comptes, dont l’associé est titulaire39. Ainsi, le titulaire du
compte courant d’associé peut laisser en compte des fonds lorsqu’il détient au moins 10% du
capital social40. Par ailleurs, les personnes morales peuvent bénéficier de la dérogation prévue
à l’article 14 de la loi bancaire41 qui autorise les opérations intra-groupe et donc les prêts que
l’une des sociétés du groupe peut consentir à une autre.

En France, jusqu’en 2019, le seuil de participation pour les associés et actionnaires était
de 5% du capital social. Mais avec la Loi Pacte42, à l’origine d’une légère modification du

36
V. Art.13 de la Loi n°2008-26 du 28 juillet 2008 portant règlementation bancaire au Sénégal.
37
Nicolas DUPOUY, « le compte courant d’associé et sa cession », édition Francis Lefebvre- La quotidienne,
2016, disponible sur www.efl.fr ; consulté le 17 janvier 2020.
38
Article 67 alinéa 1 de la loi précitée : « Sera puni d’un emprisonnement d’1 mois à 2 ans et d’une amende de
10.000.000 à 100.000.000 FCFA, ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque, agissant pour son
compte ou celui d’un tiers, aura contrevenu aux dispositions des articles 13 et 17, alinéa premier ».
39
Aida GUEYE, les comptes courants d’associés, mémoire de master, UCAD, 2005, p.2.
40
V. Art.5 la loi précitée.
41
V. Art.14 de la loi précitée
42
V. Art.76 de la Loi Pacte n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des
entreprises : « Au 1 de l'article L. 312-2 du code monétaire et financier, les mots : « détenant au moins 5 % du
capital social » sont supprimés et, après le mot : « surveillance », sont insérés les mots : «, les directeurs
généraux et directeurs généraux délégués, les présidents de sociétés par actions simplifiées ».

12
contenu de l’article L. 312-2 du Code monétaire et financier qui prévoit, notamment, une
dérogation au monopole au bénéfice de la société qui se finance à l’aide de comptes courants
d’associés, il y a désormais une extension de l’exception initialement accordée au prêt consenti
par des associés à une société dont ils sont actionnaires. Les avances en compte courant ne
sont plus limitées aux seuls associés détenant au moins 5 % du capital social de la société.
Ainsi, le détenteur d’une seule part ou action peut-il prêter désormais à une société, qu’elle soit
commerciale ou civile, sans tomber sous le coup de la violation du monopole bancaire43.

En définitive, l’affaiblissement du principe du monopole bancaire en matière de prêt


consenti aux sociétés par les associés n’est que la constatation de l’évolution des mœurs
économiques et l’affirmation de la souplesse d’utilisation des avances en compte courant
comme mode alternatif de financement des entreprises. Par ailleurs, ce mode de financement a
la particularité de faire acquérir au titulaire du compte une double qualité d’associé-créancier
de l’entreprise car étant au profit de la société.

Paragraphe 2 : Un contrat de prêt au profit de la société

Le mécanisme du compte courant d’associé d’usage très répandue dans les petites et
moyennes entreprises est qualifié d'instrument d'un contrat de prêt par lequel l'associé met les
fonds à la disposition de la société. Certains auteurs, comme GENINET, le désignent sous le
terme de quasi-apports44. En effet, ce crédit présente la particularité d’être consenti par un
associé qui n’est assurément pas un prêteur ordinaire. La question s’est alors posée de savoir si
les droits de l’associé prêteur se rattachent plus à l’un ou l’autre de ces deux qualités45. Le droit
du titulaire du compte envers la société est un droit de créance qui trouve son origine dans un
contrat de prêt. Ainsi, sa qualité de créancier prêteur ou d'emprunteur vient s'ajouter à celle
d'associé avec laquelle elle ne doit pas être confondue. Le compte courant d’associé ne résulte
pas de la possession des parts sociales ou actions mais trouve son origine dans le prêt fait à la
société, lequel confère à l’associé la qualité de créancier social, distincte de celle de l’associé46.

43
Eric DELFLY, « Loi pacte : compte courant d’associé », disponible sur : http://www.vivaldi-chronos.com ,
publié le 24 juillet 2019, consulté le 10 février 2020.
44
M. GENINET, « Les quasi-apports en société », Rev. Sociétés, 1987, p.25.
45
André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, Droit des sociétés commerciales OHADA, éd. l’Harmattan,
2017, p.171.
46
CA Paris 2 juin 1992, 3ème chambre A : RJDA 11/92 n°1028

13
Il en résulte qu'en principe l'associé dont le compte est créditeur se trouve dans la
situation d'un créancier externe de la société, et non dans celle d'un apporteur de capitaux47.
Dès lors, l’opération de cession des parts sociales ou actions n’emporte pas, à défaut de
stipulation expresse, la cession du compte courant d’associé48. Lorsque l’acte de cession prévoit
que le cessionnaire prend en charge le passif notamment fiscal de la société dont les parts étaient
cédées, il revient aux juges d’interpréter la clause litigieuse et de rechercher la commune
intention des parties, pour retenir que l’acquéreur s’est également engagé à rembourser les
comptes courants des cédants49.

Malgré un rapprochement incontestable des qualités d'associé et de créancier, la vision


traditionnelle de la société conduit toujours à considérer l’avance en compte courant comme
un « contrat dont l'un des éléments fondamentaux est l'apport »50. Ce dernier s'oppose toujours
à la créance externe par son incorporation au capital social et l'attribution de droits sociaux dont
il est la clé de répartition. Dans cette perspective, l'identité sociale s'affirme toujours par
l'opposition entre ceux qui ont adhéré au pacte fondateur et ceux qui n'y sont que des tiers. Et
parce qu'ils font cohabiter dans une même personne ces deux qualités traditionnellement
antagonistes, les comptes courants d'associés se situent au point de confrontation des principes
généraux du droit des obligations et de ceux du droit de l'entreprise.

En effet, les principes généraux du droit des obligations imposent de dissocier


radicalement le régime de l'avance en compte de celui de l'apport en capital. Ce dualisme
associé-créancier est affirmé par la jurisprudence contemporaine selon laquelle l’associé dont
le compte est créditeur se trouve dans la situation d’un créancier extérieur à la société et non
d’un apporteur. Ainsi, par l’avance consentie, l’associé « ajoute à sa qualité celle de créancier
de la société et les rapports juridiques qu'il entretient avec elle à ce titre doivent être
soigneusement distingués de ceux qui sont liés à sa qualité d'associé »51.

Cette solution dualiste n’est pas sans provoquée des bouleversements au sein du droit
des sociétés. Selon Didier DANET52, bien que la dichotomie associé/créancier soit satisfaisante
sous l'angle du droit des obligations ; elle l'est moins si l'on considère qu'elle ne permet pas de
répondre sur le fond aux interrogations que pose le mécanisme du compte courant quant aux

47
André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, op.cit.
48
Dossier thèmexpress, Comptes courants d’associés, édition Francis Lefebvre, 2017, n°51, p.30.
49
Cass. Com. 22 mars 2005 n°492 F-D : RJDA 11/05 n°1229
50
M. GENINET, « Les quasi-apports en société », Rev. Sociétés, 1987, p.28
51
Didier DANET, op. cit.
52
Idem

14
équilibres traditionnels sur lesquels repose le droit des sociétés. Cette solution présente de ce
fait des inconvénients importants de sorte à entraîner un divorce du fait et du droit53. En effet,
les avances suivent le plus souvent le sort des apports, en particulier au moment où leur
caractère propre devrait s'affirmer avec le plus d'éclat, c'est-à-dire lorsque la société est en
difficulté. Dans cette hypothèse, l'associé créancier se retrouve dans une situation assez
précaire. S'il donne la préférence à ses intérêts de créancier et exige le paiement du solde de son
compte, il provoque presque inévitablement l'ouverture d'une procédure collective dans
laquelle, créancier chirographaire, il risque de tout perdre, son avance aussi bien que son apport.
De fait, l'associé est amené à sacrifier son intérêt de créancier en renonçant aux prérogatives
attachées à son avance.

Par ailleurs, l'associé qui s'engage sous la forme d'avances en compte courant est à la
fois dans et en dehors de la société. S'il en est ainsi, c'est qu'il espère faire passer sa qualité de
tiers avant celle d'associé en cas de malheur, alors même que l'affectio societatis54 devrait se
manifester par la solidarité étroite des associés en vue du sauvetage de l'entreprise. Ainsi,
lorsqu’il demande le remboursement de son avance, il n’a pas à être animé d’affectio societatis
particulier, d’autant plus que l’alimentation du compte courant d’associé ne lui donne aucune
prérogative particulière ; même si la société risque de facto de se trouver davantage sous
l’emprise des associés bailleurs de fonds, qui pourront disposer d’une influence supérieure à ce
que leur participation au capital social leur permet d’espérer, pour ne pas dire qu’ils exerceront
un contrôle occulte55 qui va fondamentalement porter atteinte à la distribution des pouvoirs dont
le capital social est normalement la clé de répartition.

Dès lors, le compte courant d’associé, parce qu’il fait acquérir à l’associé la qualité de
créancier, engendre un rapport de force entre l’associé-créancier et les autres associés ; le
premier pouvant imposer sa volonté sous la menace de retirer son avance. Il convient donc
d’être vigilant sur la qualification employé par les parties, notamment si une clause spécifique
rapproche la situation du prêteur à celle de l’associé.56

53
Didier DANET, ibid.
54
L’alinéa 2 de l’article 4 de l’AUSGIE en disposant que « la société est créée dans l’intérêt commun des
associés » réaffirme la volonté de former une société et de coopérer dans l’intérêt commun des associés comme
une exigence spécifique du contrat de société.
55
André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, op.cit. p.172.
56
Exemple de la clause de dernier rang : clause par lequel le créancier d’une entreprise renonce en cas de
procédure collective à venir en concours avec l’ensemble des créanciers. Il sera payé après désintéressement
complet des autres créanciers et avant le remboursement de leurs apports aux associés.

15
Cependant, il n’en reste pas moins que l’avance en compte courant demeure, du fait de
sa souplesse d’utilisation, un mode alternatif de financement des entreprises ayant une fonction
d’instrument de régularisation de la vie financière de l’entreprise.

SECTION 2 : Le compte courant d’associé : un instrument de régularisation de la vie de


l’entreprise

Le compte courant d’associé remplit une double fonction en tant que régulateur du
système de financement de l’entreprise. À ce titre, lorsqu'il est ouvert en toute connaissance de
cause, l’avance en compte courant a d’abord une fonction de régularisation des difficultés
financières qui permet la mise à la disposition de la firme des fonds qui lui sont nécessaires
pour une durée variable (paragraphe 1). Ensuite, il conforte dans l’esprit des bailleurs de fonds
la confiance de son titulaire dans la pérennité de l’entreprise, d’où son utilisation comme un
instrument de régularisation des garanties pour l’entreprise (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le compte courant d’associé, un instrument de régularisation des


difficultés financières

L’apport en compte courant est essentiellement un instrument de financement de la


société. Dans le cas où cette dernière est en difficultés financières, les sommes inscrites au
compte courant doivent être réintégrées dans l’actif disponible en vue de déterminer s’il y a ou
non cessation des paiements57. Un arrêt qui a priori va dans le même sens a été rendu par la
chambre commerciale de la Cour de cassation française en 2004 58 . À travers cet arrêt, la
juridiction française admet la possibilité d’intégrer à l’actif disponible les liquidités importantes
prêtées par un associé afin de contribuer au maintien en survie de sa société qui rencontrait des
difficultés financières. Ainsi, il résulte de cette décision que, sauf preuve d’un financement
anormal, les apports de liquidités à la société ne caractérisent pas un maintien artificiel en
survie de celle-ci59. À titre d’exemple, il a été considéré que la société mère avait abusivement

57
CA Rouen 17 septembre 1992, 2ème ch. Civ. : RJDA n°250.
58
Cass. Com. 24 mars 2004 n°579 FS-PB : RJDA 8-9/04 n°1009.
59
Cass. com. 24 mars 2004, Op.cit.

16
soutenu sa filiale en remboursant le solde débiteur du compte courant bancaire de celle-ci grâce
à un prêt60.

Partant, il apparaît que le compte courant d’associé permet de mettre à la disposition de


la société des fonds qui lui sont nécessaires pour une durée variable soit sous forme d’apport de
frais de trésorerie soit sous celle de charges non décaissées 61 . Ainsi, devant l’ampleur de
l’utilisation des avances en compte courant se dégage l'image d'un instrument de régulation de
la vie financière de l'entreprise. Grâce à sa souplesse, il réalise l'interface entre les besoins de
financement, qui varient selon la phase du cycle de vie dans laquelle se trouve l’entreprise, et
ses capitaux62.

Le démarrage de la société implique un besoin de fonds de roulement important pour


faire face à la croissance rapide du chiffre d'affaires : financement des premiers investissements,
dépenses d'établissement... L'entreprise subit alors le plein effet des charges fixes, et, dans
l'attente du point mort, ne peut compter que sur des fonds étrangers à son exploitation. Le
compte courant d’associé est particulièrement précieux pendant cette période car il a l’avantage
de stimuler la fibre entrepreneuriale puisqu'il n'engage pas irréversiblement les fonds des
associés. En outre, il favorise l'ajustement des capitaux engagés aux besoins réels de
l'exploitation. De surcroît, il assure la fidélité de l'image comptable à la réalité économique. En
créditant le compte courant des charges d'exploitation que la trésorerie ne permet pas de
décaisser, le compte préserve la sincérité des coûts de fonctionnement et met fin à l'illusion
d'une rentabilité qui, trop souvent dans les entreprises nouvelles, ne repose que sur l'absence de
rémunération des facteurs travail et capital apportés par les associés.

Dans sa phase de croissance, les besoins de financement doivent normalement être


couverts par l'autofinancement. Le compte courant joue alors un rôle moins important. Il peut
toutefois être employé comme instrument de crédit à moyen terme si l'augmentation des
capacités de production est rapide et supérieure aux capacités d'emprunt de l’entreprise. Le
remboursement de l'avance en compte est assuré par le retour sur investissement. Le compte se
substitue au crédit bancaire et présente l'avantage d'une souplesse plus grande.

Enfin, en phase de déclin, le compte courant retrouve toute son importance en particulier
dans la phase délicate de la relance de l'activité où la réduction du point mort peut être

60
Cass. com. 25 mars 2003 n°574 FS-P : RJDA 10/03 n°982
61
Aida GUEYE, les comptes courants d’associés, mémoire de master, UCAD, 2005, p.12.
62
Didier DANET, « Comptes courants d’associés : pour en finir avec un apartheid juridique », op.cit.

17
essentielle. La pratique montre que la dégradation des conditions d'exploitation se traduit par
l'accroissement du solde créditeur du compte en vue de maintenir une trésorerie positive par le
non décaissement de certaines charges. La relance exigeant le plus souvent un apport de
capitaux frais, le solde est alors soit bloqué et assorti d'une convention de cession d’antériorité63,
soit incorporé au capital64 comme mesure préalable au concours des banques65.

Cependant, le compte courant d'associé n’est pas seulement un instrument d'une bonne
gestion des capitaux mis en œuvre par l'entreprise ; il est aussi un instrument de garantie et de
facilitation des prêts bancaires au profit des sociétés.

Paragraphe 2 : Le compte courant d’associé, un instrument de régularisation des


garanties

Le compte courant d’associé accroît la surface financière de l’entreprise. Il permet en


effet aux associés de consentir durablement des sûretés au prêteur. À cet effet, il a été jugé par
la Cour d’appel de Paris qu’un cautionnement peut être souscrit sous la condition résolutoire
que la caution effectue un apport en compte courant à concurrence du montant dudit
cautionnement66. Mais, outre les difficultés liées à la détermination du montant de l’apport
effectivement recouvré, le banquier préfère la multiplication des garanties à leur substitution.
Le compte courant peut dès lors servir de garantie lors d’un emprunt effectué par la société67.
Ainsi, les banques, dans le but de garantir des prêts, demande à un ou plusieurs associés de
bloquer leurs liquidités disponibles en compte courant dans la société68. Elles font souvent de
la pratique du blocage des comptes courants la condition de leurs concours. Les établissements
de crédits ont pris l’habitude de lier ou de faire dépendre l’octroi de crédits du versement de
fonds par les associés dans les caisses sociales. Ce blocage a pour but de pallier à l’éventuel
déséquilibre entre les fonds propres de l’entreprise et les fonds provenant des avances bancaires

63
Technique classique du droit des sûretés qui facilite l’obtention du prêt bancaire et au terme duquel le titulaire
du compte courant d’associé s’engage à n’exiger le remboursement des sommes qu’il a déposé qu’une fois tous
les autres créanciers désintéressés.
64
L’augmentation du capital peut faire l’objet d’une libération par compensation avec le solde créditeur du compte
courant d’associé.
65
Aida GUEYE, op.cit. p.14.
66
CA Paris 14 février 1990, 3ème ch.
67
Dossier thèmexpress, Comptes courants d’associés, édition Francis Lefebvre, 2017, n°16, p.15.
68
Serigne Mbacké DIOP, les comptes courants d’associés au Sénégal, mémoire de master, UCAD, 2011, p.10.

18
qui représentent un endettement69. Le développement de l’entreprise fera ainsi l’objet d’une
étude technique approfondie avant que le prêt sollicité ne soit accordé. Dès lors, les fonds mis
à la disposition des entreprises par les associés en nom collectif ou de commandités de sociétés
en commandite, indépendamment du capital social, constituent un indice sérieux de gestion
saine70 qui rassure les établissements de crédit.

Ce type de montage est, somme toute, assez répandu. Et selon X. Delpech, la clause de
blocage constitue une sécurité pour le banquier prêteur de deniers, qui aura ainsi la certitude
d’être remboursé avant les associés, avec lesquels il n’aura pas à craindre d’être en concours71.
Cette clause participe en réalité ici de la technique de la subordination de créance. En même
temps, elle confère au compte courant un effet de levier : le compte courant d’associé constitue
juridiquement un emprunt, selon l’analyse classique jamais démentie72, mais parallèlement, dès
lors que ces fonds sont bloqués, et donc remboursés après toutes les autres dettes externes, ils
sont assimilés à des fonds propres (on parle de quasi-fonds propres). Ils renforcent la structure
financière de la société et lui ouvrent aisément l’accès au crédit bancaire. En un mot pour
l’auteur, c’est un emprunt qui facilite l’emprunt 73 . C’est ainsi qu’il a été jugé qu’un
établissement de crédit qui avait consenti un emprunt à une société sous la condition suspensive
du blocage des comptes courants d’associés et de leur acceptation comme cautions, ne peut se
voir reprocher par l’une des cautions, à qui il demande le remboursement du prêt, la faute de
n’avoir pas surveillé la destination des fonds inscrits en compte courant d’associé, dès lors
qu’aucune clause contractuelle ne lui imposait l’obligation de surveiller l’emploi de ces fonds74.

Par ailleurs, la clause de blocage rend la somme indisponible pendant la période stipulée,
c’est-à-dire que l’associé ne peut pas récupérer ses fonds avant l’expiration de ladite période75.
L’administration sénégalaise a pu valider la pratique du blocage du compte courant d’associé
dans sa décision n°393 MEFP/DGID/DLEC/BCTX du 17 mars 2016. Dans cette décision, elle
précise que « face au recours à la convention de blocage par laquelle les associés s'obligent,
vis à vis de la société, à rendre les sommes indisponibles pour une durée déterminée, les prêts
en cause ne peuvent être qualifiés de produits imposables à l'impôt sur les sociétés, en l'absence

69
J.M. DE BERMOND DE VAULX, « Les comptes courants d’associés », Rev. Sociétés 1971, p 480.
70
Idem.
71
Cette clause pourra parfois être considérée comme caduque une fois l’emprunt bancaire totalement remboursé
72
Cass. com. 18 nov. 1986, Rev. sociétés 1987. 581, note Urbain-Parléani.
73
X. DELPECH, « Pot-pourri sur le compte courant d’associé », 2008, disponible sur https://www.dalloz-
actualite.fr; consulté le 19 février 2020.
74
Dossier thèmexpress, op.cit.
75
Guide pratique, « Gérer un compte courant d’associé », 2019, https://www.assistant-juridique.fr, p.27 ;
consulté le 19 février 2020.

19
de remboursements ».76 Du point de vue juridique, la clause de blocage ne peut avoir qu’une
portée limitée. Toute violation de ladite clause n’aura pour effet que d’engager la responsabilité
contractuelle de son auteur. Considéré comme une garantie indirecte, le blocage du compte
courant d’associé est souvent assorti d’une clause de cession d’antériorité qui dans le cas d’un
prêt bancaire rend possible le remboursement qu’une fois la banque intégralement payé. En
outre, la clause statutaire subordonnant le remboursement à la bonne santé de la société est
valable si elle ne dépend pas exclusivement de la volonté de la société.

Le compte courant d’associé bloqué peut présenter divers avantages pour l’entreprise
soucieuse de préserver sa trésorerie et accroître ses possibilités de financement auprès des
établissements de crédit. Pour l’entreprise, l’avantage est d’avoir une meilleure structure de
financement et d’obtenir plus facilement un prêt de banque. En effet, ces derniers évaluent les
différentes dettes de l’entreprise. Une dette bloquée envers un tiers permet ainsi de les rassurer
et de prêter plus facilement.

En somme, l’avance en compte courant est un contrat de prêt qui remplit une double
fonction de financement interne et externe pour l’entreprise, et ce notamment au regard de sa
souplesse d’utilisation. Cependant, ce crédit n’est pas seulement souple de par sa nature ; elle
l’est aussi de par son régime juridique.

76
Kamex Tax and Legal, Recueil de droit fiscal, éd. NENA, 2020, disponible sur
www.librairienumériqueafricaine.com, consulté le 26 mars 2020 ; V. Annexe 4, décision n°393
MEFP/DGID/DLEC/BCTX du 17 mars 2016.

20
CHAPITRE 2 : Une souplesse au regard du régime juridique du compte courant d’associé

Le compte courant d’associé est régi à la fois par le droit des obligations et par un certain
nombre de dispositions issues du droit bancaire et du droit des sociétés77. Il s’analyse en un prêt
consenti par un associé à la société. Il permet à l’associé de mettre à la disposition de la société
des fonds soit par versement, soit par renonciation provisoire de sommes qui lui sont dues par
la société. L’associé qui prête de l’argent à sa société devient dès lors créancier de cette dernière.

À ce titre, la raison d’être du compte courant d’associé est d’assurer à la société une
source de financement extra bancaire, et donc plus souple. Cette souplesse est notamment dû
par l’absence de rigidité des règles qui gouvernent sa mise en place (paragraphe 1), mais aussi
par une flexibilité de ses règles de fonctionnement ô combien avantageux pour l’associé-prêteur
(paragraphe 2).

SECTION 1 : L’existence de règles d’ouverture peu contraignantes

L'apport en compte courant d'associé n'est pas un apport en capital. Il ne constitue pas
non plus à proprement parler un prêt classique dépourvu de terme. Il s'agit d'une convention de
droit commun, conclue intuitu personae, permettant à un associé d'avancer des fonds à une
société contre des intérêts. Ces avances sont fournies soit par versement de fonds dans la caisse
sociale, soit par le maintien à la disposition de la société des sommes qu'elle doit normalement
remettre à ses associés ou actionnaires à titre, par exemple, de rémunérations ou de dividendes.
Ainsi, pour mettre en place le compte courant d’associé, les parties doivent se conformer aux
normes d’établissement de la convention de compte courant d’associé (paragraphe 1), et la
soumettre, pour plus de sécurité, au contrôle des autres associés (paragraphe 2).

77
Nicolas Dupouy, op. cit.

21
Paragraphe 1 : Les règles relatives à l’établissement de la convention

La mise en place d’un compte courant d’associé ne demande en principe aucune


formalité. Un accord purement verbal est parfaitement envisageable, notamment lorsque les
règles relatives au compte courant d’associé figurent déjà dans les statuts. C’est une convention
qui obéit, sur la base du droit commun des contrats, au consensualisme. Cependant, les règles
d’approbation des conventions réglementées imposent de facto de signer une convention
écrite78 après avoir au préalable vérifié que l’associé remplit les conditions d’ouverture79.

En effet, si aucune condition n’est posée en ce qui concerne la société, il n’en est pas
de même pour le titulaire du compte courant d’associé en raison du monopole bancaire quant
à la réception des fonds du public qui peut résulter d’une convention de prêt ; la nature de
l’opération au terme de laquelle les fonds sont reçus important peu. Il convient de rappeler dès
lors qu’au Sénégal, et plus généralement dans l’espace UEMOA, l’article 13 de la loi bancaire
de 200880 exige que les associés doivent détenir au moins 10% du capital social pour pouvoir
faire fonctionner un compte courant d’associé. Pour les associés personnes morales, l’article
14 de ladite loi81 autorise les prêts entre les sociétés d’un même groupe.

Par contre en France, depuis la loi du 24 mai 201982, tout associé ou actionnaire d’une
société, qu’elle soit une société de personnes ou une société de capitaux, peut effectuer une
avance en compte courant d'associé, quel que soit le pourcentage de capital social qu’il détient.
Les dirigeants sociaux (les présidents et directeurs généraux de SAS, les administrateurs, les
membres du directoire, les membres du conseil de surveillance et les gérants) peuvent
également, et sans restriction, effectuer des apports en compte courant. En outre, les salariés
peuvent également consentir des avances en compte-courant, cela dans la limite de 10 % des
capitaux propres de la société. Ils doivent donner leur accord exprès à l'inscription de leurs
salaires sur un compte courant83. Il est à noter que si un dirigeant ou un associé peut prêter de
l'argent à sa société, l'inverse n'est pas possible. À l'exception des sociétés civiles, et des SNC,
où le compte courant peut être débiteur, il s'agit d'un abus de biens sociaux84.

78
André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, op.cit. p.173.
79
Guide pratique, op.cit. p.7 ; consulté le 19 février 2020.
80
Loi n°2008-26 du 28 juillet 2008, op.cit.
81
Idem.
82
V. Art.76, op. cit.
83
V. Cass. soc. 23-2-2005 n° 512 FS-PB.
84
Guide pratique, op.cit.

22
Par ailleurs, les avances en comptes courant sont consenties volontairement par leurs
auteurs. Cette volonté ne doit pas être viciée. Dès lors, lorsqu’un dol a déterminé un investisseur
à s’associer et à financer la société notamment en consentant des avances en comptes courants,
il peut obtenir réparation de tous les préjudices à l’origine du dol85. En outre, lorsque les parties
à la convention souhaitent soumettre le compte courant d’associé à des clauses contractuelles
dérogatoires au droit commun, un accord de volonté dénué d’ambigüité du prêteur est
nécessaire, ce qui suppose pratiquement un écrit. Dans le même ordre d’idée, lorsque le compte
courant d'associé donne lieu à rémunération, le taux d'intérêt doit nécessairement être fixé par
écrit, à peine de nullité86.

Dans tous les cas, il est fortement conseillé d’établir un écrit, notamment pour éviter
que l’associé puisse demander à tout moment le remboursement des sommes prêtées. En cas
de contrôle fiscal, l’administration demande fréquemment la communication de la convention,
plus particulièrement si l’associé est une personne morale ou si le compte courant d’associé est
rémunéré.

Le contenu de la convention de compte courant87 n'est pas réglementé par la loi, de sorte
qu'il est possible d'y inclure des clauses assez variées (clause de blocage, stipulation d'un
préavis pour obtenir le remboursement des fonds…). Dans la pratique, il est recommandé d’y
inclure des mentions telles que :

 le montant exact que l’associé apporte à la société88 ;


 si un blocage des avances est prévu89;
 si les avances sont rémunérées90 ;
 les modalités de remboursement des avances et notamment la date à laquelle elles seront
remboursées91;
 le sort des avances en cas de départ de l’associé titulaire du compte.

85
V. Cass. com. 23 mai 2006 n°670 F-D.
86
Guide pratique, op.cit, p.8.
87
V. annexe 1, modèle de convention de compte courant d’associé
88
Il est possible de prévoir la même répartition pour les comptes courants et pour les actions ou parts.
89
Ce blocage est obligatoirement temporaire et la durée doit être indiquée dans la convention.
90
Quand l’associé est une personne physique, il est tout à fait possible de ne prévoir aucune rémunération. Dans
le cas d’une personne morale, la rémunération est obligatoire.
91
Si aucune date n’est prévue, il faut préciser la procédure à suivre pour demander le remboursement (demande
verbale, demande par écrit…), quand il interviendra (immédiatement, en plusieurs échéances, préavis) et si la
société peut refuser.

23
Pour qu’elle soit valable, la convention doit être signée à la fois par la société et par
l’associé concerné.

En tout état de cause, conclure une convention écrite permet de faciliter la preuve des
remises de fonds et d’éviter d’avoir à rapporter la preuve de l’existence d’une avance en compte
courant par des données comptables92.

Toutefois, parce que la convention, même écrite, peut présenter certains dangers pour
la société, la loi impose fréquemment de la soumettre au contrôle des associés ; sauf si son
ouverture est prévue même implicitement par les statuts.

Paragraphe 2 : Les règles relatives au contrôle de la convention par l’assemblée des


associés

La convention de compte courant d’associé est un contrat de prêt entre une société et
ses associés. À défaut d’être encadré par la loi ou de faire l’objet d’une convention écrite, les
associés risquent de privilégier leurs intérêts personnels au détriment de l’intérêt social.
Parallèlement, dans les sociétés sous-capitalisées, c’est une source de financement alternative
très précieuse. Ainsi malgré les possibles conflits d’intérêts 93 que cette convention peut
provoquer, il ne s’agit pas pour le droit des sociétés d’interdire, sauf exception, les comptes
courants d’associés. Malgré l’absence de réglementation explicite dans l’AUSCGIE, certains
auteurs ont essayé de trouver une validité de la convention de compte courant au regard des
dispositions régissant les conventions réglementées94. Ces conventions sont celles conclues
entre la société et l’un de ses dirigeants (administrateur, directeurs généraux ou directeurs
généraux adjoints) ou celles dans lesquelles ces personnes sont indirectement intéressées.

Dès lors, bien qu’il ne soit rien prévu par l’acte uniforme dans les sociétés de
personnes95, il apparaît nécessaire pour pallier à ce silence du législateur de soumettre le droit
du gérant à faire fonctionner un compte courant d’associé au contrôle des associés. Par contre,

92
V. Cass. com. 23 avril 2013 n°12-14-283 où les données comptables prouvant l’apport en compte courant était
rapportées par le rapport du commissaire aux comptes faisant état de cette avance, mention du montant de celle-
ci à la ligne « emprunt et dettes financières diverses » du passif de la société, et engagement de la société de
respecter un échéancier de remboursement.
93
D.SCHMIDT, Les conflits d’intérêts dans la société anonyme, pratique des affaires, éd. Joly 2004, p.69.
94
Antoine DELABRIERE et Khaled AGUEMON, « le compte courant d’associé en droit OHADA », RDDA
2015, www.cercle-k2.fr, consulté le 10 mars 2020.
95
Notamment les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite simple

24
il est possible de considérer que la procédure de contrôle s’applique à la fois dans les SARL96
et dans les sociétés de capitaux97. Ainsi, pour les conventions conclues entre une société et ses
dirigeants, une différence doit être notée : dans la SARL, la procédure légale relative aux
conventions réglementées s’applique aux apports effectués tant par les gérants que par les
associés quelle que soit la quotité de capital détenue, tandis que, dans la SA, elle ne concerne
que les dirigeants et les actionnaires disposant d’une fraction des droits de vote supérieure à
10% des voix.

En outre, la procédure de contrôle doit être mise en œuvre uniquement lors de la


convention initiale, c’est-à-dire au moment de l’ouverture du compte courant d’associé, et des
avenants qui la modifie98. Elle consiste pour le commissaire aux comptes (s’il en existe un), à
présenter lors de l’assemblée générale annuelle ordinaire un rapport sur la convention. La
question peut dès lors se pose de savoir s’il faut obtenir l’accord des associés avant ou après la
conclusion de la convention.

La réponse à cette interrogation amène à préciser que le moment d’obtention de


l’autorisation dépend en effet de la forme juridique de la société. D’abord dans les SARL et les
SCI, l’approbation ou la désapprobation intervient a posteriori à l’occasion d’un vote de
l’assemblée des associés. Ensuite, dans les SAS, il n’existe pas d’autorisation préalable comme
dans les SA, mais les statuts peuvent en prévoir une. Dans ce cas, dans les SA, l’accord doit
être obtenu avant la conclusion de la convention. Il doit d’abord être autorisé par le conseil
d’administration puis approuvé par l’assemblée générale ordinaire99. Il convient de préciser
que lorsque la convention vise l’associé unique d’une SASU ou d’une EURL, la procédure des
conventions réglementées ne s’applique pas. Il suffira simplement de faire figurer l’opération
sur le registre des décisions100.

Par ailleurs, la convention de compte courant qui n’a pas été approuvée par l’assemblée
des associés ou des actionnaires n’est en principe pas nulle pour autant 101 . En effet, le
législateur maintient la convention à l’égard de l’intéressé, et éventuellement des autres
membres du conseil d’administration102 et du président et des autres dirigeants dans la société

96
Art. 350 et suivants de l’AUSCGIE
97
Art. 438 et suivants pour les S.A ; article 853-14 et suivants pour les S.A.S
98
André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, op.cit.
99
Serigne Mbacké DIOP, Le compte courant d’associé au Sénégal, mémoire UCAD, 2011, p.8
100
Art. 350 in fine AUSCGIE ; article 505 alinéa 1 AUSCGIE relatif au SA.
101
La nullité est prononcée uniquement dans les sociétés anonymes en cas de fraude (V.article 443 AUSCGIE)
ou si la convention n’a pas reçu l’autorisation préalable du conseil d’administration.
102
Art. 443 alinéa 2 AUSCGIE.

25
par actions simplifiées 103 . Le défaut d’autorisation est donc sanctionné, en principe, sur le
terrain de la responsabilité civile, et encore en pratique en cas de rémunération excessive des
avances en compte courant ou si l’avance en tant que telle constitue pour la société un crédit
ruineux104.

Cependant, le contrôle des associés est écarté en présence d’une convention dite libre,
c’est-à-dire celle qui porte sur des opérations courantes et conclues à des conditions normales.
La jurisprudence française estime que l’apport en compte courant n’est pas une opération
courante, même s’il y a une décision isolée qui a néanmoins affirmé le contraire 105. En tout
état de cause, l’opération est dite courante lorsque l’ouverture du compte courant d’associé est
prévue par les statuts et qu’elle est effectuée à titre habituel, ce qui pratiquement, suppose qu’un
compte ne soit ouvert au profit d’un seul associé.

Au regard de toutes ces considérations, il apparaît clairement que l’accessibilité de


l’ouverture d’un compte courant d’associé est notamment due à la souplesse de son régime
juridique fortement marquée par l’existence de règles d’ouverture peu contraignantes, mais
aussi par la flexibilité de ses règles de fonctionnement.

SECTION 2 : L’existence de règles de fonctionnement assez flexibles

À la différence de l’apport en numéraire ou du compte courant bancaire, le compte


courant d’associé est un mécanisme de financement souple pour l’entreprise bénéficiaire, mais
qui n’est pas sans avantage pour son titulaire. Ces avantages sont essentiellement dus à la
flexibilité de cet instrument de financement et de garantie qui se justifie par le fait qu’il offre
la possibilité à l’associé de se faire rémunérer sur le prêt consenti (paragraphe 1) et qu’il lui
octroie le droit de demander le remboursement immédiat de son avance (paragraphe 2).

103
André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, op.cit. p.174.
104
Idem.
105 ème
3 ch. CA Paris 10 mai 1972, SA Marcel Pessis c/ Pessis.

26
Paragraphe 1 : Une flexibilité liée à la rémunération de l’associé

En général, les avances en compte courant d’associé portent évidemment sur des
sommes d'argent versées volontairement à la société par l'associé. Il s’agit assez souvent aussi
de créances, soit plus particulièrement de sommes normalement dues par la société
(rémunérations, remboursements de frais, dividendes ...), mais non versées temporairement à
l’associé. Contrairement au principe du versement des dividendes, les comptes courants
permettent de rémunérer les associés même si la société n'a pas de résultat distribuable.

La rémunération du compte courant n’est pas automatique, ainsi qu’il résulte de l’article
540 du COCC106. Le prêt consenti par l’associé peut ainsi être sans intérêt107. Il peut également
en produire à condition que la convention ou une disposition statutaire le prévoit et fixe le taux
de l’’intérêt conventionnel108, dont le montant dépend des contraintes fiscales109. Ainsi, le prêt
stipulé avec intérêt, lorsqu'il a été fait en argent, doit faire l'objet d'un contrat écrit 110. La
convention doit indiquer le taux effectif global, et la détermination du montant obéit aux règles
du prêt usuraire111. Mais, si la rémunération n’est pas prévue lors de l’ouverture du compte
courant, une décision de l’assemblée devra intervenir afin de respecter l’égalité de traitement
des associés112. Dans ce même sillage, la cour de cassation française113 a pu confirmer l’arrêt
de la Cour d’appel de Caen rendu en date du 29 avril 1986 à travers lequel les juges avait estimé
que les sommes déposées en compte courant par un associé, qui n’avait pas demandé la
rémunération des sommes qu’il avait inscrit dans ledit compte, ne pouvait produire d’intérêts
sauf si l’assemblée des actionnaires en décidait autrement. Cependant, si le bénéficiaire de la
créance est un dirigeant, la réglementation des conventions réglementées trouvera à
s’appliquer114.

Il faut cependant noter qu’en l’absence de précisions, les avances sont présumées
effectuées à titre gratuit. L’associé peut également renoncer à réclamer la moindre

106
Art. 540 COCC : « Il est permis de stipuler des intérêts pour prêt de consommation dans les conditions prévues
ci-dessous ».
107
V. 3ème ch. CA Paris, op.cit.
108
Art. 541 COCC : « La stipulation d'intérêt doit être écrite. Les parties fixent conventionnellement le taux
d'intérêt ».
109
V. infra, deuxième partie.
110
Art. 542 COCC.
111
Aida Gueye, les comptes courants d’associés, op.cit. p.20.
112
Dossier thèmexpress, op.cit. p.16.
113
V. Cass. com. 10 mai 1988.
114
Nicolas DUPOUY, « le compte courant d’associé et sa cession », op.cit. ; CA Paris 8 décembre 1982

27
rémunération. Mais cela peut poser problème lorsque l’associé est une personne morale. En
effet, le fait d’accorder une avance en compte courant d’associé sans aucune contrepartie peut
être qualifié d’acte anormal de gestion par l’administration fiscale, même si cet acte peut être
justifié lorsque l’opération vise à aider une filiale en difficulté.

Par ailleurs, il faut préciser que le compte courant d’associé, bien qu’il ne soit pas un
compte courant au sens du droit bancaire115, peut fonctionner comme un compte en banque, de
sorte qu’il peut être a priori créditeur comme débiteur. Dans ce dernier cas, c’est la société qui
a accordé un découvert à l’associé. Dès lors, les avances peuvent être rémunérées par un intérêt
fixe et le taux est librement déterminé par les parties. Ainsi au niveau comptable, l'associé
dispose d'une créance sur l'entreprise qui lui est remboursable. De ce fait, pour la société
bénéficiaire des avances, les sommes sont inscrites au passif du compte de dettes n°462 «
Associé-compte courant ». En outre, il résulte des règles comptables que toute somme engagée
comme dépense dans une société qui n’est pas justifiée comme étant une charge faite pour son
compte, faute de la présentation d’une pièce, est nécessairement inscrite au débit du compte
courant de l’associé qu’il soit ou non le dirigeant de la société, qui est l’auteur du prélèvement
et qui est considéré comme étant le bénéficiaire. Il en est ainsi de l’exemple du gérant qui
s’octroie une somme au titre d’un salaire, et une autre au titre de sa rémunération pour ses
fonctions de gérant, le tout n’étant pas prouvé par un procès-verbal d’assemblée116.

Cette position débitrice est possible dans les sociétés civiles et dans les sociétés en nom
collectif ; au demeurant, le fait d’accorder des découverts n’est généralement pas l’objet de
telles sociétés. Ainsi, à partir du moment où les statuts d’une société civile immobilière
prévoient que les pertes éventuelles de l’exercice sont supportées et intégralement réparties
entre les associés, la société peut, sans demander le consentement préalable de l’associé, lui
réclamer le paiement du solde débiteur de son compte courant, celui-ci ne constituant pas une
augmentation de ses engagements117.

En revanche, du point de vue de l’associé-prêteur, le solde du compte courant ne doit


jamais être débiteur dans les sociétés de capitaux et dans les SARL. En effet, en application de
l’article 356 de l’AUSCGIE, « à peine de nullité du contrat, il est interdit aux personnes
physiques, gérantes ou associées, de contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts
auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte courant ou

115
C.A. Abidjan, n°401, 13-4-2001 : World City c/ SOW Souleymane, Ohadata J-02-190,
116
3ème ch. CA Lyon 16 février 2006 n°05/2085.
117
V. Cass. com 9 juin 2004 n°916 FS-PB.

28
autrement, ainsi que de faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers.
Cette interdiction s’applique également aux conjoints, ascendants et descendants des
personnes visées à l’alinéa premier du présent article, ainsi qu’à toute personne interposée ».
La procédure légale s'applique également dans les sociétés anonymes118, y compris dans la
SAS119. À cette interdiction qui revêt un caractère de sanction civile, vient s’ajouter, sur le plan
pénal, celle du délit d’abus de bien sociaux120 lorsque l’associé, en même temps dirigeant d’une
SARL ou d’une société de capitaux, accepte des découverts en compte courant.

En somme, la rémunération de l’avance en compte courant doit être prévue notamment


par une convention écrite, faute de quoi le prêt sera considéré comme une convention à titre
gratuit. Cependant, cette possibilité de rémunération pour l’associé n’est pas le seul trait
caractérisant la flexibilité des règles qui gouvernent le fonctionnement du compte courant
d’associé. En effet, le droit de remboursement de l’avance constitue aussi un trait
caractéristique de ladite flexibilité.

Paragraphe 2 : Une flexibilité liée au remboursement de l’avance

Un compte courant d’associé doit être remboursé à terme ou dans le délai prévu par les
statuts ou la convention. Il peut l’être aussi en l’absence de délai prévu, dès lors que l’associé
en fait la demande, et sous réserve que la société ne soit pas en état de cessation des paiements
et n’ait pas obtenu en justice un délai de paiement121.

En l’absence d’une disposition conventionnelle contraire, un associé peut demander à


tout moment le remboursement du solde créditeur de son compte courant 122, et ce quelle que
soit la situation économique et financière de la société. Ce droit au remboursement ne tient ainsi
pas compte des éventuelles difficultés financières que la société peut connaître. La cour de
cassation française précise dans un arrêt de 2011123 que l’article 1900 du Code civil qui prévoit
que s’il n’a pas été fixé de terme pour la restitution, le juge peut accorder à l’emprunteur un
délai suivant les circonstances, n’est pas applicable au compte courant d’associé. Un associé ne

118
Art. 450 et 507 AUSCGIE.
119
Art. 853-16 AUSCGIE.
120
Art. 891 AUSCGIE.
121
Guide pratique, op.cit. p.25.
122
V. infra Annexe 2, modèle de lettre de demande de remboursement d’un compte courant d’associé
123
Cass. com 10 mai 2011 n°10-18.749 F-PB.

29
saurait non plus se voir opposer le fait qu’il ne s’est pas manifesté lors de la liquidation amiable
de la société car ; toujours selon les juges de ladite Cour, dans un autre arrêt rendu en 2014,
cette inaction ne caractérise pas sa volonté de renoncer à sa créance 124 . Les juges français
confirment, en excluant les dispositions de droit commun, la solution bien établie que le compte
courant d’associé est en l’absence de convention particulière ou statutaire remboursable à tout
moment.

Cependant, cette jurisprudence n’interdit pas à la société de demander au juge des délais
de grâce si elle se trouve en difficulté financière. Ainsi, un échelonnement de paiements sur
deux ans a été accordé à une société exploitant un débit de boisson car sa situation financière
était susceptible de s’améliorer en raison d’un projet d’aménagement d’une zone commerciale
à proximité125. En outre, une compensation éventuelle entre les comptes courants d’associés et
des prétendues anomalies financières imputables à ces derniers ne saurait rendre sérieusement
contestable l’obligation de remboursement pesant sur la société. De surcroit, dès lors qu’une
société est dissoute, quel qu’en soit la cause, elle est en liquidation. Dans ce cadre, tout créancier
d’un compte courant d’associé peut en demander le remboursement.

Concernant les modalités de la demande de remboursement, l’associé doit adresser une


lettre recommandée à la direction de la société indiquant sa volonté de se voir rembourser son
compte courant126. Il faut préciser que la convention de compte courant ou les statuts peuvent
prévoir le respect de formalités particulières, comme un délai de préavis etc. En cas de refus de
paiement et après avoir mis la société en demeure de payer, l’associé pourra engager une
procédure d’injonction de payer.

Ce droit au remboursement n’est toutefois pas sans limite puisque la demande doit être
faite de bonne foi. En outre, elle ne doit pas être abusive. La demande de remboursement doit
également être faite par le seul titulaire du compte courant d’associé. Ainsi, si des époux sont
mariés sous le régime de la communauté et que seul l’un d’eux est titulaire d’un compte courant
d’associé, l’autre époux n’a pas la qualité à agir en remboursement de ce compte, peu important
que la somme provenant d’un tel remboursement ait dû figurer à l’actif de la communauté127.

124
Cass. com. 4 février 2014 n°13.11094 F-D.
125
CA Montpellier 16 décembre 2008 n°07-7912.
126
Cf. notamment annexe 2, op. cit.
127
C. FLEURIOT, « Régime de la communauté et compte courant d’associé », Dalloz-actualité 2011, disponible
sur www.dalloz-actualite.fr, consulté le 23 février 2020 ; Cass. com. 23 septembre 2011 n°09-68.659 FS-PBI.

30
La règle du remboursement immédiat peut aussi être écartée par la conclusion d’une
convention de blocage 128 qui « comporte à la fois l’engagement de la société de ne pas
rembourser le solde créditeur du compte avant le terme prévu et l’engagement de l’associé de
ne pas demander et de ne pas accepter ledit remboursement129». En outre, une clause de cession
d’antériorité peut aussi ne rendre possible le remboursement qu’une fois qu’un tiers sera
intégralement payé (généralement la banque). La clause statutaire subordonnant le
remboursement à la bonne santé de la société est valable si elle ne dépend pas exclusivement
de la volonté de la société. Ainsi, les modalités particulières de remboursement doivent avoir
été acceptées par l’associé-prêteur et ne peuvent être laissées à l’appréciation discrétionnaire de
la société. D’un autre côté, les associés ne peuvent pas déroger à une disposition statutaire
express et non équivoque à laquelle il avait adhéré, en sollicitant par voie judiciaire le
remboursement de leurs comptes sans consulter les autres associés130. Par contre, l’assemblée
générale de la société ne peut toutefois pas décider de bloquer temporairement les comptes
courants d’associé ou d’échelonner leur remboursement sans l’accord de l’associé. De telles
décisions constituent une augmentation de l’engagement de l’associé et nécessitent
obligatoirement son consentement. À défaut, la décision lui est inopposable.

Par ailleurs, Selon COZIAN et VIANDER, si en principe, en cas de redressement ou de


liquidation des biens de la société, l’associé vient en concours avec les autres créanciers sociaux
pour le remboursement de son compte courant, il n’en est plus ainsi lorsque son engagement
est assorti d’une clause de subordination, par laquelle il accepte que sa créance soit remboursée
qu’après le règlement de toutes les créances privilégiées ou chirographaires 131
. Le
remboursement du compte courant dont le dirigeant est titulaire, intervenu postérieurement à
l’ouverture du redressement judiciaire ou de liquidation des biens est qualifié de banqueroute
par détournement d’actif dès lors que la créance est éteinte faute d’avoir été déclarée dans la
procédure collective et que l’intéressé est dessaisi pour partie de ses pouvoirs de gestion132. En
outre, le jugement qui ouvre une procédure collective arrête le cours des intérêts légaux et
conventionnels133.

128
V. infra Annexe 3: Modèle de convention de blocage de compte courant d’associé.
129
Y. GUYON, Traité des contrats, les sociétés, Aménagements statutaires et conventions entre associés, LGDJ
2002 n°299 p.435.
130
CA Paris 18 juin 2015 n°14/16133.
131
M. Cozian et A. Viander, Droit des sociétés, Litec 2013 n°263.
132
V. Cass. crim. 20 mars 1995 n°94-82.163 PF.
133
Dossier Thèmexpress, op.cit. p.22.

31
Dès lors, si la convention de compte courant ne précise ni la durée pendant laquelle la
mise à disposition des fonds est accordée ni les modalités de son remboursement et que la
société emprunteuse est mise en redressement judiciaire, la règle de l’arrêt du cours des intérêts
s’applique134. Il en est aussi à titre illustratif de la créance d’intérêts invoquée par l’associé
d’une société mise en redressement judiciaire qui était relative à une créance en compte courant
antérieure au jugement d’ouverture, de sorte qu’elle avait elle-même, par voie d’accessoire, la
nature de créance antérieure, peu important qu’il s’agisse d’intérêts dont le cours n’avait pas
été arrêté postérieurement au jugement d’ouverture. Son règlement se heurtait à la règle de
l’interdiction des paiements des dettes antérieures au jugement d’ouverture135.

Toutefois, lorsque la société fait l’objet d’une procédure collective, il est reconnu à
l’associé la possibilité d’engager une action individuelle en responsabilité au titre de la perte
des sommes versées sur son compte courant d’associé136.

Somme toute, l’utilisation du compte courant d’associé en tant que mécanisme de


financement de l’entreprise est d’une agilité remarquable telles que les PME et les sociétés y
ont recourt très souvent. En outre, cet instrument de financement présente même des avantages
pour l’associé-prêteur parmi lesquels on peut citer l’obtention d’une rémunération même en
l’absence de résultat distribuable. Cependant, malgré sa souplesse qui attire un bon nombre
d’entreprises, des risques d’abus subsistent. C’est ainsi que le compte courant d’associé se
trouve être rigoureusement encadré par le législateur.

134
Xavier DELPECH, « Précisions sur le régime du compte courant d’associé », Dalloz-actualité, 2013,
disponible sur www.dalloz-actualite.fr, consulté le 23 février 2020.
135
Xavier DELPECH, « Application de la règle de l’arrêt du cours des intérêts : à propos d’un compte courant
d’associé », Dalloz-actualité, 2013, disponible sur www.dalloz-actualite.fr, consulté le 23 février 2020
136
Cass.com 23 avril 2013 n°12-14.283 F-PB

32
Deuxième partie

Le compte courant d’associé : un moyen de


financement encadré

33
2ème PARTIE : Le compte courant d’associé : un moyen de financement encadré

Le compte courant d'associé est un outil de financement pour la société137. Lorsqu’un


compte courant est ouvert au nom d’un associé à sa demande, celui-ci est libre de réaliser les
avances qu’il souhaite. Sauf convention spéciale entre les associés ou avec la société, un
associé ne peut être contraint de réaliser des avances en compte qu’il n’a pas librement voulu
quand bien même la société connaîtrait des difficultés financières. Les sommes que l’associé
souhaitera faire figurer sur ce compte peuvent avoir des origines diverses : il peut les prélever
sur son patrimoine comme choisir de laisser dans la société des sommes que celle-ci s’apprêtait
à lui distribuer sous forme de dividende ou de rémunération. La pratique apprécie la souplesse
du fonctionnement du compte courant d’associé car il y est constant de voir l’associé ne rien
faire de ces sommes et les laisser produire l’intérêt qui aura été convenu entre lui et la société.

Afin d’éviter une utilisation abusive de cette possibilité, la loi fiscale encadre
l’utilisation des avances en compte courant. Cet encadrement concerne d’abord la déduction
des intérêts du résultat de la société qui se trouve être limitée par la mise en place de conditions
de déductibilité (chapitre 1). Ensuite, du côté de l’associé, l’encadrement de l’avance en
compte courant est établi à travers une imposition des intérêts entre les mains de ce dernier
comme des produits financiers (chapitre 2).

137
Kamex Tax and Legal, Recueil de droit fiscal, éd. NENA, 2020, partie sur la doctrine administrative : décision
n°393 MEFP/DGID/DLEC/BCTX du 17 mars 2016, disponible sur www.librairienumériqueafricaine.com,
consulté le 26 mars 2020

34
CHAPITRE 1 : Un encadrement lié aux conditions de déductibilité des intérêts

La comptabilité reflète le caractère déductible de la charge supportée par l’entreprise.


Ainsi, les intérêts servis par une société sur les prêts d’associés peuvent être portés en charge
lorsque diverses conditions sont remplies. Le principe demeure en effet que ces intérêts sont
déductibles du bénéfice imposable de l’entreprise. Mais, le législateur, constatant les risques
d’abus que peuvent susciter une opération pareille, a décidé de l’encadrer en posant un certain
nombre de condition que les sociétés doivent respecter afin de pouvoir inscrire ces intérêts dans
les charges d’exploitation au niveau de la comptabilité de l’entreprise (section 1).
L’inobservation des conditions prévues par le législateur entraine des sanctions (section 2).

SECTION 1 : Les conditions de l’inscription des intérêts dans les charges d’exploitation

Les avances en compte courant, en tant que mode complémentaire de financement des
sociétés peuvent être rémunérées au moyen de la stipulation d’un intérêt qui constitue, dans
une certaine mesure, une charge financière déductible du résultat imposable. Le législateur et
l’administration fiscale veillent à sanctionner les abus consistant à la rémunération excessive
de ces comptes au regard du poste de capital social et au nom de la lutte contre la sous-
capitalisation des sociétés 138 . À ce titre, suivant la réglementation fiscale en vigueur, les
intérêts versés aux associés ou dirigeant concernés constituent des charges déductibles pour la
société si certaines conditions sont remplies. Ainsi, il existe une condition de portée générale
(paragraphe 1) qui intéresse toutes les sociétés ; et des conditions qui ont une portée
particulière (paragraphe 2) car étant propres aux sociétés de capitaux.

138
Jean-Marc MOULIN, Droit des sociétés et des groupes, 13ème édition, éd. Gualino, 2019, p.62

35
Paragraphe 1 : Une condition de portée générale

Afin d’éviter que les intérêts versés au compte courant d’associé puissent absorber une
part excessive des bénéfices imposables de la société et constituer ainsi un abus pouvant être
qualifié d’évasion fiscale, le législateur a prévu un certain nombre de conditions de déduction
des intérêts pour encadrer l’utilisation des avances en compte courant. Parmi ces différentes
conditions, il a mis en place une qui est de portée générale et qui s’applique donc à toutes les
formes de sociétés.

En effet, la déductibilité des intérêts versés aux associés par la société est soumise au
respect du taux d’intérêt admis par les dispositions de l’article 9-2 du code général des impôts
sénégalais issu de la loi n° 2018- 10 du 30 mars modifiant certaines dispositions du Code
général des impôts 139 . Dans la continuité de cette modification, l’article 9-2-a dudit code
dispose que : « Le taux des intérêts servis aux actionnaires, aux associés ou aux autres
personnes avec lesquelles l’entreprise a un lien de dépendance ou de contrôle au sens du 3 de
l’article 17, à raison des sommes qu’ils laissent ou mettent directement, ou par personne
interposée, à la disposition de la société en sus de leur part de capital, quelle que soit la forme
de la société, ne peut dépasser le taux des avances de l’institut d’émission majoré de trois
points ; ». Ainsi, la nouvelle rédaction de l’article 9 reprend en substance les dispositions
précédentes qu’elle précise. Cette précision est relative à la limitation de la déductibilité des
charges financières, au sein de toutes les formes de sociétés, qui concernerait, au-delà des
intérêts servis aux actionnaires ou associés, ceux servis aux autres personnes avec lesquelles
l’entreprise a un lien de dépendance ou de contrôle, notamment les entreprises établies dans
un État étranger ou dans un territoire situé hors du Sénégal dont le régime fiscal est privilégié,
ou dans un pays non coopératif.140

En outre, la réglementation fiscale du Sénégal reconnaît l’existence de liens de


dépendance et de contrôle entre deux entreprises lorsque l’une détient directement ou par
personne interposée la majorité du capital social de l’autre ou y exerce en fait le pouvoir de

139
L’article 9 du CGI encadrait, déjà avant 2018, la déductibilité des charges financières. C’est ainsi, par exemple,
que les intérêts servis aux actionnaires ou associés à raison des sommes qu’ils laissent ou mettent, directement ou
par personne interposée, à la disposition de la société ne sont déductibles qu’à la double condition que le taux des
intérêts servis ne dépasse pas une limite fixée par l’institut d’émission majoré de 3 points, et que les sommes
apportées ne dépassent pas le capital social. Par ailleurs, il était aussi exigé pour les sociétés à responsabilité
limitée que leur capital soit entièrement libéré.
140
Article 17-3 du code général des impôts sénégalais

36
décision, ou encore lorsque, dans les mêmes conditions, elles sont placées l’une et l’autre sous
le contrôle d’une même entreprise ou d’une même personne 141 . Il peut être retenu de ces
dispositions que le taux maximal d’intérêts déductibles est limité à trois (3) points au-dessus
du taux des avances de la BCEAO (taux d’escompte142). Ce taux maximal s’applique donc
également aux intérêts servis par des sociétés passibles de l’IS à des entreprises liées,
directement ou indirectement. En plus, ce taux concerne les sociétés de personnes dont les
droits sont détenus par des associés passibles de l’IS.

Pour l’application de la limitation, le montant des intérêts versés aux associés à retenir
s’entend de la totalité des sommes dues par le débiteur en contrepartie des avances, y compris,
le cas échéant, la variation de l’indice prévue par une clause d’indexation143 et la fraction des
rémunérations autres que les intérêts issus des sommes que les associés laissent ou mettent à la
disposition de la société144. En sus, chaque compte courant doit être considéré isolément et il
ne peut y avoir compensation entre un excèdent d’intérêts constaté pour un compte (taux
appliqué supérieur au maximum admis) et une insuffisance d’intérêt pour un autre compte
(taux appliqué inférieur au maximum légal)145.

Il s’y ajoute que pour les avances à prendre en compte pour le calcul de la limitation,
la jurisprudence française estime que les intérêts qu’un associé laisse sur le compte courant
ouvert à son nom dans la comptabilité de l’entreprise lors des arrêtés de compte effectués
mensuellement peuvent être assimilés à des sommes laissées ou mises à la disposition de la
société et venir majorer la base de calcul du taux plafond des intérêts déductibles. Toutefois, la
mise en œuvre de ce schéma envisagé doit résulter de stipulations expresses convenues entre
les parties, compte tenu du fait que la convention d’anatocisme ne se présume pas146.

Par ailleurs, il convient de noter que lorsque le dirigeant (ou l’associé) d’une société
contracte personnellement un emprunt bancaire dont il met les fonds à la disposition de la
société, la jurisprudence française considère que cette dernière devient, du fait des

141
Article 17-4 du code général des impôts sénégalais
142
Taux d’intérêt utilisé sur le marché monétaire. Le taux d’intérêt légal de la BCEAO s’élève à 4,5%, disponible
sur www.bceao.int ; consulté le 28 mars 2020.
143
Encore appelée clause d’échelle mobile, la clause d’indexation prévoit une évolution du montant d’une
obligation de somme d’argent en fonction de la variation d’un indice de référence fixé par la loi, le juge ou les
parties.
144
Dossier Thèmexpress, Comptes courants d’associé, op.cit. p.34.
145
Ousmane SAMBE et Mamadou Ibra DIALLO, Le praticien comptable : système comptable OHADA
(SYSCOHADA), 4ème édition, éd. Comptables et juridiques, 2017, n°483, p. 412.
146
Art.543 COCC à propos de l’anatocisme : « Les intérêts échus des prêts peuvent eux-mêmes produire des
intérêts, à la condition soit de les demander en justice soit de les stipuler par une convention spéciale après
l'échéance et pourvu qu'il s'agisse chaque fois d'intérêts dus au moins pour une année entière ».

37
remboursements afférents à cet emprunt, directement la débitrice de la banque 147 et la
limitation de déductibilité des intérêts versés aux associés à raison des avances consenties à la
société ne va pas s’appliquer148. En d’autres termes, la condition relative au taux d’intérêt
pratiqué prévue par l’article 9-2 n’aura pas à s’appliquer.

Toutefois, l’exigence du respect du taux d’intérêt pratiqué, commun à toutes les


sociétés, n’est pas la seule condition permettant l’inscription des intérêts dans les charges
déductibles. À côté de cette dernière, figurent des conditions qui ne s’appliquent pas à toutes
les formes de sociétés et qui sont donc particulières aux sociétés de capitaux.

Paragraphe 2 : Des conditions de portée particulière

Pour l’encadrement des comptes courants d’associés, le législateur a mis en place une
série de conditions de déductibilité des intérêts pour les sociétés de capitaux, et de manière
plus étendue pour les sociétés membres d’un groupe.

Pour les sociétés de capitaux, l’inscription des intérêts versés à l’associé-prêteur dans
les charges déductibles de la comptabilité de l’entreprise ne saurait se faire si, en plus du non-
respect du taux d’intérêt légal, une double condition n’est pas respectée.

Premièrement, si le capital social n’a pas été entièrement libéré. En effet, les
rémunérations afférentes aux sommes que les associés prêtent à la société ne sont pas admises
en déduction dans les charges déductibles en cas de non libération intégrale du capital. En ce
sens, le b de l’article de l’article 9-2 prévoit que « les intérêts visés à l’alinéa précédent ne sont
déductibles qu’à la condition que le capital ait été entièrement libéré ». Ainsi, il apparaît
clairement que le législateur exige une libération intégrale du capital social comme condition
à la déductibilité des intérêts servis par les sociétés de capitaux. Cependant, cette mesure
semble contraire à l’esprit de la loi 2015-05 du 27 mars 2015 prise en application des
dispositions de l’article 311 de l’Acte Uniforme sur le droit des sociétés 149. Aux termes des
dispositions de ladite loi, les associés d’une société à responsabilité limitée ont le libre choix

147
Dossier Thèmexpress, op.cit. p.36.
148
CE 28 mars 2008 n° 295735, 10ème et 9ème s. -s., min. c/ Lescure
149
Article 311 : « Sauf dispositions nationales contraires, le capital social doit être d’un million (1 000 000) de
francs CFA. Il est divisé en parts sociales égales dont la valeur nominale ne peut être inférieure à cinq mille (5
000).

38
de fixer le montant du capital social. Il n’y a donc plus de plafond ni de planché pour la
constitution du capital social d’une SARL. L’esprit étant ici de favoriser la création de sociétés
à responsabilité limitée et de lutter contre le secteur informel et le sous-emploi, les SARL à
faible capital social risquent d’être pénalisées par cette mesure.

Deuxièmement, si le montant des sommes apportés excède pour l’ensemble des


associés le montant du capital social de la société. Le c de l’article 9-2 du CGI du Sénégal
prévoit en effet que « la déduction des intérêts versés à des personnes physiques est limitée à
la rémunération des sommes mises à disposition par lesdites personnes qui n’excèdent pas le
montant du capital social ». Il peut ainsi être déduit de l’analyse de cet alinéa qu’il ne s’agit
pas d’un plafond individuel qui serait applicable séparément aux associés, mais bien d’un
plafond global qui vaut pour le total de leurs avances150.

En outre, le législateur étend même les conditions de déduction aux intérêts versés aux
actionnaires ou associés, dès lors qu’ils sont servis à des personnes morales, en ce qu’il ne
seraient pas admis en déduction à hauteur de leur montant qui rémunère les sommes mises à
disposition, lorsque celles-ci dépassent une fois et demi le capital social et que les intérêts y
afférents excèdent simultanément 15 % du résultat des activités ordinaires majoré desdits
intérêts, des amortissements et des provisions pris en compte pour la détermination de ce même
résultat151. Cependant, cette limitation ne concerne pas les intérêts versés par les sociétés qui
n’ont pas opté pour une imposition à l’impôt sur les sociétés à leurs associés dans la mesure où
ceux-ci sont soumis à un impôt sur le revenu au Sénégal à raison de ces intérêts.

Pour ce qui concerne les sociétés membres d’un groupe152, l’article 9-2 encadre aussi la
déduction des intérêts versés par une société assujettie à l’IS à une entreprise liée. Ces intérêts
sont déductibles à la condition que le montant total des intérêts nets déductibles dus
annuellement à raison de l’ensemble des dettes contractées par une entreprise membre d’un
groupe de sociétés n’excède pas 15% du résultat des activités ordinaires majoré desdits
intérêts, des amortissements et des provisions pris en compte pour la détermination de ce même

150
Ousmane SAMBE et Mamadou Ibra DIALLO, op.cit.
151
Art.9-2-d du CGI sénégalais
152
Au sens de l’article 9-2 op.cit., « un groupe de sociétés signifie : la société ultime actionnaire du contribuable,
et toutes les sociétés qui font l'objet d'une consolidation selon la méthode de l'intégration globale dans les comptes
consolidés de la première ; ou lorsque l'entreprise est l'ultime société actionnaire, toutes les sociétés qui font
l'objet d'une consolidation selon la méthode de l'intégration globale dans ses comptes consolidés ; ou
lorsqu'aucune comptabilité consolidée n'a été établie, tout ensemble de deux sociétés dont l'une contrôle en droit
ou en fait la seconde ; ou lorsqu'aucune comptabilité consolidée n'a été établie, tout groupe de sociétés qui sont
sous le contrôle commun, de droit ou de fait, d'une autre société ou personne physique, ou d'un groupe de
personnes physiques, y compris les membres de la famille de ces personnes ou d'une société de personnes ».

39
résultat153. Cependant, lorsque l’entreprise apporte la preuve que le ratio de charge nette des
intérêts du groupe de société 154 est supérieur ou égal à son propre ratio de charge nette
d’intérêts, les sommes qu’elle a versé à l’entreprise liée au titre des intérêts rémunérant son
avance sont déductibles sur la base du ratio de charges nette d’intérêts du groupe 155. Dans
cette situation, il est à noter que l’exigence du maximum de 15% des activités ordinaires est
écartée. De surcroit, l’article 9-2 prévoit aussi un mécanisme de déduction des intérêts différés,
sur l’exercice en cours ainsi que les cinq exercices suivants. À relever que selon la
réglementation fiscale, aucune déductibilité étalée ne peut être admise si les intérêts sont payés
ou dus directement ou indirectement à une personne établie dans un État ou territoire hors du
Sénégal dont le régime fiscal est privilégié au sens de l’article 18156.

Partant, le constat est fait que le législateur sénégalais a mis en place un dispositif fiscal
permettant d’éviter les abus d’utilisation du compte courant d’associé en exigeant le respect
d’un certain nombre de conditions afin de permettre aux sociétés de déduire les intérêts versés
aux associés. Cependant, le non-respect de ces conditions entraîne des conséquences sur la
comptabilité de la société.

SECTION 2 : Les sanctions de l’inobservation des conditions de déductibilité

Le principe demeure certes que les intérêts versés par une société sur les dépôts
d’associés sont admis en déduction pour la détermination du bénéfice imposable de l’entreprise
versante157, mais l’application de ce principe est subordonnée au respect des conditions posées
par l’article 9-2 du code général des impôts sénégalais. En effet, l’inobservation de ces
conditions par la société entraîne le plus souvent un versement excessif d’intérêts à l’associé
que le législateur fiscal sanctionne par une réintégration extracomptable (paragraphe 1). Par
ailleurs, le financement en compte courant étant l’une des causes de la sous-capitalisation des
groupes de sociétés, le législateur a, afin de lutter contre la sous-capitalisation des filiales, prévu

153
Art.9-2-e du CGI sénégalais.
154
le ratio de charge nette des intérêts du groupe de société désigne le rapport entre le montant total des intérêts
nets du groupe payés ou dus par une société membre à des personnes qui ne sont pas sous la dépendance ou qui
ne possèdent pas le contrôle de l’une des sociétés appartenant au groupe et le résultat ordinaire consolidé du
groupe majoré des contributions additionnels.
155
Art.9-2-h du CGI sénégalais
156
V. art.18 du CGI sénégalais
157
J.M DE BERMOND DE VAULX, « les comptes courants d’associés, revues des sociétés », 1971, p.482

40
un dispositif de lutte qui sanctionne le non-respect des conditions posées par une réintégration
des intérêts versés (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Une réintégration des intérêts excessifs en dehors de la sous-capitalisation

Le législateur fiscal, comme la jurisprudence, veut lutter contre le versement abusif


d’intérêts par les entreprises à leurs associés qui en profitent plus que l’entreprise elle-même.
C’est pourquoi la non-déductibilité des intérêts excédentaires versés aux associés pour
rémunérer un compte courant est prévue par le législateur. En effet, cette charge n’est pas une
nécessité pour l’intérêt de l’entreprise. Bien que les intérêts rémunérant l’avance en compte
courant soient par nature déductibles, ils peuvent prendre un caractère de charge excessive158.

Ainsi, la fraction non déductible des intérêts doit être réintégrée de manière
extracomptable dans le bénéfice imposable 159 . Le conseil d’État français a approuvé cette
solution en retenant que les intérêts des sommes ainsi prêtées étaient déductibles des bénéficies
de la société dans les limites prévues par l’article 39-1-3 du Code général des impôts français160.
Cependant, postérieurement à cet arrêt, une décision du tribunal administratif de Dijon en date
du 6 juillet 1993 dans le cadre d’un emprunt contracté par un dirigeant à une banque dont le
montant des intérêts était directement remboursé par sa société vient remettre en cause la
logique qui sous-tend l’analyse du Conseil d’État. En effet, ce tribunal a soutenu que « lesdits
intérêts ne sont pas servis à un associé » et que « par suite les dispositions de l’article 39-1-3
et 212 du Code général des impôts précitées ne trouvent pas à s’appliquer »161. Cette décision
a toutefois été annulée par la Cour administrative d’appel de Nancy qui relève que la seule
convention écrite relative à l’emprunt est signée par la banque et le dirigeant ; ce dernier était
donc le seul débiteur légal des intérêts du prêt qu’il avait sollicité. Le montant déduit par la
société a ainsi fait l’objet d’une réintégration extracomptable.

158
Patrick SERLOOTEN, Droit fiscal des affaires, éd. Dalloz, 14ème édition, 2015-2016, p.156.
159
M. Cozian, Les grands principes de la fiscalité des entreprises, Collectif LexisNexis, 4ème édition, 2016, p.357.
160
CE, 26 novembre 1984, n°29846, 8 ème et 9ème s. –s.
161
TA Dijon, 6 juillet 1993

41
Exemple d’application :
Soit une S.A avec un capital social de 200 000 000 FCFA entièrement libéré. Pour l’exercice
considéré, la société a réalisé un résultat comptable de 120 000 000 FCFA pour un chiffre
d’affaires de 2 000 000 000 FCFA.

L’examen du compte résultat laisse apparaître les charges financières suivantes :


 Le versement d’un taux d’intérêt de 15% à l’actionnaire minoritaire qui a mis à la disposition
de la société un montant de 20 000 000 FCFA. Ce montant n’a pas varié au cours de
l’exercice.
 Le versement d’un taux d’intérêt de 20% à l’actionnaire majoritaire qui a mis à la disposition
de la société un montant de 50 000 000 FCFA pour la période du 1 janvier au 31 mars et
80 000 000 FCFA pour la période du 1 avril au 31 décembre .

Pour la période considérée le taux des avances de la banque centrale est de 4,5%.
Travail à faire : Déterminer les intérêts excédentaires à réintégrer dans le bénéfice imposable de la
société.
Correction :
Intérêts excédentaires à réintégrer :
Mt compte courant d’associé x (taux d’intérêt - taux d’intérêt légal)
 Pour l’actionnaire minoritaire :

20 000 000 x (15-4,5+3)% = 1 500 000 FCFA


Soit 1 500 000 à réintégrer.
 Pour l’actionnaire majoritaire :

Pour la période du 1 janvier au 31 mars : [50 000 000 x (20-4,5+3)%] 3/12 = 1 562 500 FCFA
Pour la période du 1 avril au 31 décembre : [80 000 000 x (20-4,5+3)%] 9/12 = 7 500 000 FCFA
Soit au total : 1 562 500 + 7 500 000 = 9 062 500 FCFA à réintégrer.

Il convient de préciser que cette sanction concerne non seulement les apports de fonds
en compte courant consentis par les associés mais plus généralement toute créance sur la
société détenue par ces derniers. Pareillement, les intérêts versés par une banque de dépôt à

42
ceux de ses salariés qui ont également la qualité d’actionnaire, en rémunération des sommes
qu’ils laissent à sa disposition sur les comptes ouverts à leur nom, en sus de leur part du capital,
sont soumis aux limitations de déduction prévues par la loi. En revanche, selon le Conseil
d’État français, il n’en est pas fait application aux intérêts, comptabilisés en intérêts de dettes
commerciales, payés aux associés agissant en tant que client ou fournisseur et dans les mêmes
conditions que ces derniers162.

Par ailleurs, dans le cadre de la lutte contre la sous-capitalisation, le législateur


sanctionne aussi une société soumise à l’IS sous-capitalisée qui verse des intérêts à des
entreprises liées.

Paragraphe 2 : Une réintégration des intérêts en cas de sous-capitalisation

La déduction des intérêts versés par une société soumise à l’IS sous-capitalisée à des
entreprises liées au sens de l’article 17-4163 , qu’elles soient ou non associés, fait l’objet d’une
limitation spéciale qui s’applique après les dispositifs mentionnés ci-dessus et frappe les
intérêts qui n’ont pas déjà été réintégrés au titre de dispositions de l’article 9-2. Cette limitation
concerne également les intérêts versés à des entreprises non liées lorsque l’emprunt est garanti
par une entreprise liée à la société emprunteuse164.

À cet effet, les intérêts qui respectent le taux d’intérêt légal doivent être intégralement
réintégrés en cas de constatation d’une sous-capitalisation165. Il en est ainsi lorsque les avances
consenties par des entreprises liées (ou par des entreprises non liée lorsque leur remboursement
est garanti par une entreprise liée) excèdent une fois et demi le montant des capitaux propres
de la société et dépassent simultanément 15% de son résultat courant avant impôt, majoré
desdits intérêts, des amortissements et des provisions pris en compte pour la détermination de
ce même résultat166. C’est le cas aussi lorsque le montant total des intérêts nets déductibles dus
annuellement à raison de l’ensemble des dettes contractées par une entreprise membre d’un

162
CE, 2 octobre 1985, n°39857, 9ème et 7ème s. –s.
163
Art.17-4 CGI sénégalais
164
Art. 9-2-k du CGI sénégalais ; Dossier Thèmexpress, Les comptes courants d’associés, op.cit. p.37.
165
La sous-capitalisation renvoie à la situation où les capitaux propres d’une société sont considérés comme
insuffisants par rapport à son niveau d’endettement, mettant ainsi sa survie en danger et augmentant
considérablement les risques de faillite.
166
Art.9-2-d, op. cit.

43
groupe de sociétés excède 15% du résultat des activités ordinaires majoré desdits intérêts, des
amortissements et des provisions pris en compte pour la détermination de ce même résultat167.

Ainsi, lorsque l’entreprise est considérée comme sous-capitalisée au titre d’un exercice,
la fraction des intérêts non déductibles immédiatement peut être reportée et déduite au titre des
exercices dans la limite de cinq ans, sous réserve d’intérêts payés ou dus directement ou
indirectement à une personne établie dans un État ou territoire hors du Sénégal dont le régime
fiscal est privilégié168. Cependant, aucune réintégration ne doit être effectuée si cette fraction
excédentaire est inférieure à cinquante (50) millions 169 ou si l’entreprise démontre que son
endettement global est inférieur ou égal à celui du groupe auquel elle appartient170.

Par ailleurs, sont exclus de ce dispositif prévu en cas de sous-capitalisation, les


établissements de crédit, les compagnies d’assurances et les entreprises membres d’un groupe
de sociétés composé uniquement de sociétés résidentes au Sénégal.

La limitation est applicable aux avances consenties par des entreprises liées à des
sociétés relevant du régime fiscal des sociétés de personnes dont les droits sont détenus par des
sociétés passibles de l’impôt sur les sociétés. Toutefois, elle peut être évitée dans l’hypothèse
où les associés d’une société de personnes détenant 99% de son capital lui consentent des
avances sans intérêts à proportion de leurs droits, à conditions que ces avances ne soient pas
mises à dispositions d’une entreprise liée171. En outre, le droit au report des intérêts différés
peut être perdu en cas de survenances d’évènements qui emportent une cessation d’entreprise
ou un changement d’activité172.

En somme, le législateur encadre l’utilisation des comptes courants d’associés à travers


un dispositif de limitation de la déductibilité des intérêts par la société bénéficiaire de l’avance,
afin de prévenir et de sanctionner les possibles abus. Mais, il n’en est pas resté là car ces intérêts
versés à l’associé font l’objet d’une imposition comme produits financiers.

167
Art.9- 2- e, idem.
168
Art.9-2-j, idem.
169
Art.9-2-I, idem.
170
Art.9-2-h, idem
171
Dossier Thèmexpresse, op.cit. p.39.
172
Idem.

44
CHAPITRE 2 : Un encadrement lié à l’imposition des intérêts comme produits financiers

La société étant constituée entre les associés en vue de se partager le bénéfice, son
fonctionnement va entraîner la perception par ces derniers de bénéfices sur lesquels ils seront
imposés. Ces bénéfices, souvent appréhendés par les associés sous forme de dividendes
d’actions ou de parts sociales, peuvent provenir de la rémunération de leur soutien financier
apporté en dehors du capital. Dès lors, les associés sont aussi imposés sur les intérêts des
comptes courants173.

L’imposition des intérêts versés aux associés par la société relève de la fiscalité des
ménages et non de la fiscalité des entreprises174. La fiscalité des ménages relève en effet de la
comptabilité de caisse et non de la comptabilité d’engagement comme la fiscalité des
entreprises175. Les rémunérations des comptes courants d’associés sont dès lors imposables du
jour où elles sont inscrites dans les écritures de la société, car l’associé peut dès ce moment
faire des prélèvements comme sur un compte bancaire.

Ainsi, il apparaît que la jurisprudence, notamment française, a pu ériger de manière


constante l’imposition des intérêts dès l’inscription au compte courant d’associé en principe
(section 1) qui peut servir de base à permettre l’application de modalités de l’imposition de ces
intérêts entre les mains de l’associé (section 2).

SECTION 1 : Le principe de l’imposition dès l’inscription au compte courant de l’associé

Un contribuable est réputé disposer d’un revenu soumis aux règles de la fiscalité des
ménages dès lors que le revenu a été mis en paiement176. Partant, le fait pour un associé de
renoncer à percevoir les dividendes qui lui sont dus par la société et de les inscrire au crédit de
son compte courant est selon une jurisprudence constante du Conseil d’État un acte de
disposition 177 . Ainsi, cette juridiction a pu, à travers plusieurs arrêts, préciser l’étendu du

173
Patrick SERLOOTEN, Droit fiscal des affaires, op.cit.
174
M. COZIAN, op. cit. p.323.
175
Idem, p.324.
176
M. COZIAN, F. DEBOISSY et M. CHADEFAUX, précis de fiscalité des entreprises, LexisNexis, 41ème
édition, 2017-2018, p.479
177
CE, 15 juin 2001, 10ème et 9ème s. –s., n°204499 : selon les juges de cette juridiction, les sommes à retenir pour
l’assiette de l’impôt sur le revenu sont celles qui ont été mises à la disposition du contribuable soit par voie de

45
principe de l’imposition des intérêts à compter de leur inscription au compte courant de
l’associé (paragraphe 1), mais pose en même temps des limites (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L’étendu du principe

Selon la jurisprudence, les rémunérations sont disponibles et par conséquent imposables


à partir du moment où la société les a inscrit dans ses écritures et sur le compte courant de
l’associé-prêteur. Ce principe de l’imposition dès l’inscription des intérêts au compte courant
d’associé est rigoureusement appliqué selon les différentes situations qui se présentent.

Ainsi, lorsque l’inscription sur le compte courant est effectué à la date du 31 décembre,
les juges considèrent que, eu égard à ses fonctions, le dirigeant titulaire du compte ne peut
ignorer l’écriture passée en sa faveur et donc, dès cet instant, il a la possibilité d’effectuer des
prélèvements sur son compte. Ainsi, on trouve dans ce sens un arrêt rendu en 1977 à propos du
président-directeur général d’une société dont le compte courant a été crédité chaque 31
décembre pendant cinq années consécutives 178 . Le professeur COZIAN, appréciant l’arrêt
précité, estime que dans les faits, il y a une grande part de fiction à prétendre que le titulaire
peut effectuer des prélèvements dès le 31 décembre179. Cependant, la jurisprudence a réservé
le cas où le titulaire, un directeur industriel et commercial en l’espèce, n’a pas été avisé de
l’écriture passée en sa faveur à la date du 31 décembre, en ce que les rémunérations concernées
ne sont pas considérées comme disponibles à la date susvisé. Or, dans bien des hypothèses, le
paiement est considéré comme juridiquement effectué, même si le créancier n’a pas été
immédiatement avisé.

Dans l’hypothèse où l’associé (ou le dirigeant) décide de ne pas toucher aux intérêts
inscrits à son compte courant, la jurisprudence estime également que ces rémunérations
constituent des revenus disponibles et donc imposables. En effet, pour les juges du Conseil
d’État, c’est encore disposer de son argent que de décider de ne pas y toucher 180. Dès lors, le
créancier, qui s’abstient d’effectuer un prélèvement sur son compte afin de ne pas obérer la

paiement, soit par voie d’inscription au crédit du compte courant sur lequel l’intéressé a opéré ou aurait pu, en
droit ou en fait, opérer un prélèvement au plus tard le 31 décembre de ladite année.
178
CE, 26 janvier 1977, n°998770, 8ème et 9ème s. –s.
179
M. COZIAN, op.cit., p.327.
180
Idem.

46
trésorerie du débiteur, n’est pas fondé à demander à ce que les sommes concernés soient exclues
de sa base d’imposition 181 . Reste que là encore, selon une jurisprudence constante, le
contribuable peut suspendre cette imposition en démontrant que la situation de trésorerie
difficile de la société a rendu le prélèvement des sommes inscrites en compte courant
financièrement difficile 182 . L’idée étant alors que ces sommes ne sont pas immédiatement
disponibles, l’imposition n’interviendra que dans le cas où l’amélioration de la situation
financière de la société permettra un remboursement des sommes avancées par l’associé183.
On remarque ainsi que la règle fiscale est dans ce cas avantageux pour l’associé-prêteur.

Au demeurant, cette solution n’est pas en cohérence avec celle retenue s’agissant de
l’abandon des sommes portées au compte courant de l’associé. En effet, il peut arriver qu’un
dirigeant consente un abandon de son compte courant afin d’assainir la situation financière de
l’entreprise ou de facilité la reprise de la société par un nouveau groupe184. Or selon un arrêt
du 31 juillet 2009, le conseil d’État français estime en effet que « l’abandon au profit de la
société dans laquelle il détient un compte courant d’associé, par le titulaire de ce compte, d’une
parties des sommes inscrites à son crédit est un acte de disposition quelle que soit la situation
de trésorerie de l’entreprise185 ». Selon COZIAN, cette solution même si elle a été critiquée
par les commentateurs, semble juridiquement fondée. Pour lui, même si les sommes inscrites
en compte courant ne sont pas provisoirement disponibles, il n’en reste pas moins que,
juridiquement, en procédant à un abandon, le contribuable dispose de sa créance ; et ce, peu
important que soit la situation financière de l’entreprise186.

Pareillement, une telle règle appliquée en cas d’annulation ultérieur de l’écriture


d’inscription au compte courant. En effet, même si l’assemblée ordinaire décide de l’annulation
de l’écriture passée au crédit du compte courant du dirigeant, le principe de l’imposition
demeure sur la base du principe de l’annualité de l’impôt187. Il en est de même lorsque le
dirigeant accepte que le solde créditeur du compte courant soit bloqué. Cependant, lorsque les
intérêts sont inscrites dans un compte collectif de régularisation, appelé compte des charges à
payer, la date d’imposition du dirigeant peut être retardée. Dans un cas d’espèce, le Conseil

181
CE, 19 octobre 1983, n°36555, 7ème et 9ème s. –s.
182
CE, 3 juillet 1985, n°47921, 9ème et 8ème s. –s.
183
M.COZIAN F. DEBOISSY et M. CHADEFAUX, op. cit., p.479.
184
La cession du compte dans ce cas se fait souvent pour un prix symbolique, à charge pour le cessionnaire de
régler le passif social et de relever le cédant de ses engagements de caution.
185
CE, 31 juillet 2009, n°301191, 10ème et 9ème s. –s.
186
M.COZIAN F. DEBOISSY et M. CHADEFAUX, op. cit., p.480.
187
M. COZIAN, op. cit., p.332

47
d’État français a pu juger que les intérêts du compte courant d’un dirigeant inscrits dans un tel
compte des charges à payer par une société n’ont pas été mis à la disposition de son titulaire et
qu’en conséquence, ils ne peuvent être imposables à son nom 188 . C’est ce que la doctrine
appelle la gestion du temps fiscal189.

Nonobstant une importance dans son étendu, l’imposition des intérêts entre les mains
de l’associé à partir de leur inscription au crédit de son compte individuel rencontre des limites
dans certaines situations.

Paragraphe 2 : Les limites au principe

Les limites de l’imposition des intérêts dès leur inscription au compte courant de
l’associé, bien qu’elles existent, ne se rencontrent dans la pratique que dans quelques situations
secondaires. À cet effet, COZIAN énumère trois types de limites en se basant sur la
jurisprudence190.

D’abord, selon l’auteur, la première des limites peut tenir au caractère fictif des écritures
comptables. En effet, ces écritures doivent être sincères de sorte à refléter la réalité et non une
fiction. À ce propos, le conseil d’État français n’a pas manqué de faire primer la réalité sur la
l’apparence dans un arrêt rendu en 1972. Effectivement, les juges ont pu considérer que, dans
l’hypothèse où il est établi que des écritures ont un caractère fictif au moment de leur
enregistrement en raison des intentions comme des actes de son auteur, les sommes ne peuvent
être à la disposition de l’associé ou du dirigeant191.

Ensuite, toujours selon COZIAN, ces limites peuvent tenir aux difficultés financières
de l’entreprise. En effet, comme il a été précédemment soulevé que les écritures purement
fictives ne peuvent induire à l’imposition de l’associé, il apparaît que la même thèse peut
trouver à s’appliquer lorsque la société, dont l’insolvabilité est manifeste, continue de créditer
les comptes de ses associés ou dirigeants. Les montants inscrits en compte courant dans un tel
cas n’ont aucune vertu et ne peuvent donc être considérés comme étant des revenus imposables.

188
CE, 24 mars 1976, n°93352, 7ème et 8ème s. –s.
189
M. COZIAN, op.cit., p.330.
190
Idem, p.333.
191
CE, 17 novembre 1972, n°79955.

48
À ce titre, il est possible de citer l’arrêt du 23 février 1977192 dans lequel le Conseil d’État a
jugé que, ne pouvaient être considérées comme imposables, les sommes portées au crédit du
compte courant d’un associé en raison de l’insolvabilité manifeste de la société. Cette solution
a été par la suite confirmée dans un arrêt rendu le 3 juillet 1985 par le Conseil d’État français193.
Au chapitre de l’arrêt, un gérant minoritaire d’une SARL dont les salaires avaient été, au 31
décembre, inscrits au crédit de son compte courant, alors qu’à cette date la trésorerie de la
société n’était que de quelques centimes de francs. Ainsi, les juges ont adopté la démarche de
leur prédécesseur en rejetant la thèse administrative de la disponibilité en raison de la situation
financière désespéré de la SARL.

Enfin, la dernière série de limites du principe d’imposition des rémunérations, pour


l’auteur, est relative au blocage judiciaire du compte courant. En effet, selon COZIAN, les
rémunérations inscrites en compte courant dans les écritures sociales n’en sont pas moins
imposables malgré la convention de blocage consentie par le dirigeant. Cependant, en cas de
blocage judiciaire, le dirigeant se verrait interdire d’effectuer tout prélèvement sur son compte
courant. À titre illustratif, il est possible de faire appel à la jurisprudence du Conseil d’État
français. Dans un arrêt de 1971194, les juges ont rendu un jugement allant dans ce sens à propos
d’un dirigeant dont le compte avait été bloqué par décision d’un administrateur judiciaire.
Cependant, il faut retenir qu’une mesure de saisie opérée par les créanciers, et prononcée par
le juge des référés, est sans incidence sur l’imposition des revenus ainsi affectés au paiement
des dettes du contribuable. Pour les juges, nonobstant le caractère forcé, il n’en demeure pas
moins qu’il s’agit d’un emploi de revenu195.

Ainsi, remarque-t-on que la considération de la disponibilité des revenus dépend du


comportement de la société et la situation dans laquelle elle et le dirigeant ou l’associé se
trouvent. Toutefois, ces limites n’empêchent pas le principe de l’imposition des intérêts inscrits
en compte courant d’exister. Ces intérêts sont donc aussi imposés entre les mains de l’associé,
titulaire du compte. Dès lors, il convient de porter une attention sur les modalités de
l’imposition des intérêts du côté de l’associé, créancier de la société.

192
CE, 23 février 1977, 7ème et 8ème s. –s., n°97450.
193
CE, 3 juillet 1985, 7ème et 8ème s. –s., n°47921.
194
CE, 24 février 1971, 7ème et 8ème s. –s., n°78783.
195
CE, 20 avril 1983, 8ème et 9ème s. –s., n°47921.

49
SECTION 2 : Les modalités de l’imposition

Au Sénégal, les associés subissent une imposition des intérêts reçus en rémunération
des avances qu’ils ont consenti à leur entreprise et qui se trouve être inscrites dans les écritures
sociales. Pour mieux appréhender le traitement fiscal de ces intérêts du côté de l’associé, il
s’impose de faire une analyse des modalités de l’imposition des intérêts au moment de leur
paiement (paragraphe 1) et au moment de la distribution des dividendes (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L’imposition au moment du paiement des intérêts

Au moment du paiement, les intérêts déductibles sont imposés comme des produits
imposables. En effet, ils constituent pour les associés des produits financiers dans les conditions
de droit commun196. Le traitement fiscal de ces intérêts varie, cependant, selon que l’associé
est une personne morale ou une personne physique.

Si l’associé est une personne morale, les intérêts de comptes courants d’associés sont
compris dans les bénéfices professionnels et imposés, en tant que tels, soit à l’impôt sur le
revenu, soit à l’impôt sur les sociétés197.

Si l’associé est une personne physique, les intérêts sont imposables dans la catégorie
des revenus de capitaux mobiliers. Ils sont donc d’abord soumis à l’impôt sur les revenus de
créances avant d’être imposés au titre des revenus de valeurs mobilières.

Au regard de l’impôt sur les revenus de créances, le Code général des Impôts permet
de soumettre les intérêts des comptes courants d'associés à ce type d’impôt198. Ainsi, ils font
l’objet d’une retenue à la source sur les revenus de créances par la personne qui effectue le
paiement199 au taux de 16 %200. Ce taux est assis sur le montant brut des intérêts. Cette retenue
à la source est due par le seul fait, soit du paiement des intérêts de quelque manière qu’il soit
effectué, soit de leur inscription au débit ou au crédit d’un compte. L'impôt est à la charge

196
M.COZIAN F. DEBOISSY et M. CHADEFAUX, op. cit., p.478
197
Dossier Thèmexpress, op.cit., p.40.
198
Art.101, du CGI sénégalais.
199
Art.207, idem.
200
Art.172, idem.

50
exclusive du créancier, nonobstant toute clause contraire quelle qu'en soit la date. Le versement
de la retenue à la source est effectué par la société au service du comptable public compétent.
La société verse ainsi à l’associé des intérêts nets. Il convient d’ajouter que ce mécanisme de
retenue à la source a été mis en place dans le but d’empêcher les sociétés et leurs associés de
contourner les banques dont les intérêts reçus font l’objet d’une retenue à un taux de 8%201.

Pour connaître le montant de l’impôt sur les revenus des créances (IRC), la formule
suivante sera appliquée :

IRC = Impôt brut x taux

Impôt brut = Mt Compte courant d’associé x taux d’intérêt

Taux = 16%

Au regard de l’impôt sur les revenus de valeurs mobilières, l'article 87 202 dispose que
cet impôt s'applique à tous les bénéfices ou produits qui ne sont pas mis en réserve ou
incorporés au capital social, ainsi qu'à toutes les sommes ou valeurs mises à la disposition des
associés, actionnaires ou porteurs de parts et non prélevées sur les bénéfices. La partie non
déductible des intérêts rémunérant les comptes courants d'associés est réputée distribuée. Elle
est par conséquent passible de l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières, même lorsque le
résultat fiscal est déficitaire.

Le taux de la retenue à la source sur les revenues de valeurs mobilières est fixé à 10%
pour les produits des actions, des parts sociales et parts d’intérêts des sociétés passibles de
l’impôt sur les sociétés203.

Pour le calcul de l’impôt sur les revenus de valeurs mobilières (IRVM), la formule
suivante sera utilisée :

IRVM = Base x Taux

Base = Distribution régulière (dividendes) + distribution irrégulière (intérêts)


Taux = 10%

201
Art.172, op. cit.
202
Art. 87, du Code op. cit.
203
Art.172, op.cit.

51
Ainsi, l’imposition des intérêts déductibles paraît assez contraignante chez l’associé
qui se fait imposer à deux niveaux. Quid de l’imposition des intérêts au moment de la
distribution des dividendes?

Paragraphe 2 : L’imposition au moment de la distribution des dividendes

Les intérêts versés, et qui ne sont pas déductibles pour la société, sont imposés entre
les mains des associés qui les ont perçus comme des distributions irrégulières 204 . Selon
COZIAN, une distribution est dite irrégulière lorsqu’elle n’a pas été prise par l’organe
compétent, qu’elle est le résultat de la fraude ou qu’elle n’entre dans aucun des cas pour
lesquels la loi autorise la distribution de sommes prélevées sur les bénéfices. La présomption
posée répond selon les situations à un objectif de lutte contre la fraude ou à un objectif de
pénalisation fiscale205.

En outre, pour réprimer certains abus, le droit fiscal soumet à un régime défavorable
certains versements comme la fraction non déductibles des intérêts des comptes courants
d’associés. En effet, lorsque les intérêts des comptes courants ne sont pas déductibles parce
qu’ils dépassent les limites de cette déductibilité, ils ne peuvent plus être considérés comme
des intérêts de créances 206 . Le régime d’imposition des associés est ainsi beaucoup moins
avantageux. Les intérêts non déductibles sont en effet considérés comme étant des
distributions camouflées de bénéfices207.

La notion de distribution camouflée renvoie à toutes sommes qui sont réintégrées dans
les bénéfices sociaux, notamment à la suite d’un rehaussement208. Il s’agit de charges qui ont
été exposées par la société mais qui ne sont pas fiscalement déductibles alors qu’elles ont
entraîné un désinvestissement209 ayant profité à une personne extérieure à la société. Ainsi, en
cas d’avantage consenti à un associé, il a été jugé que les sommes inscrites au crédit d’un
compte courant d’associé ont, sauf preuve contraire apporté par le titulaire du compte, le

204
M.COZIAN, F. DEBOISSY et M. CHADEFAUX, op. cit.
205
Idem, p.465.
206
Patrick SERLOOTEN, op.cit. p.405.
207
Idem.
208
Idem, p.396.
209
Il y a désinvestissement lorsque le vérificateur, lors d’un contrôle fiscal, estime que la société a irrégulièrement
pris en charge une dépense personnelle ou à concédé un avantage en nature à l’un de ses dirigeants ou associés.

52
caractère de revenus et sont alors imposables dans la catégorie des revenus de capitaux
mobiliers210.

Selon SERLOOTEN, les conséquences de la distribution d’intérêts non déductibles sont


importantes car, au-delà d’entraîner un complément d’impôt pour la société du fait de la
réintégration du montant excessif, le bénéficiaire sera imposé à son impôt personnel sur le
montant de la distribution camouflée.

Ainsi, le traitement fiscal des intérêts déductibles ou non déductibles du côté de


l’associé montre que le législateur entend sanctionner les cas d’abus de sorte que l’excédent de
versement d’intérêts est imposé à la fois au niveau de la société et au niveau de l’associé.

210
CE, 2 juin 2010, 3ème et 8ème s. –s. n°307505

53
Exemple d’application
Soit une S.A avec un capital social de 200 000 000 FCFA entièrement libéré. Pour l’exercice
considéré, la société a réalisé un résultat comptable de 120 000 000 FCFA pour un chiffre d’affaires de
2 000 000 000 FCFA.
L’examen du compte résultat laisse apparaître la charge financière suivante:
 Le versement d’un taux d’intérêt de 15% à Amadou, détenant 70% du capital, qui a mis à la
disposition de la société un montant de 80 000 000 FCFA. Ce montant n’a pas varié au cours de
l’exercice.
Pour la période considérée le taux des avances de la banque centrale est de 4,5%.
Travail à faire :
1- Calculer l’impôt dû par la société ;
2- Calculer l’impôt dû par Amadou.

Correction

OPERATION REINTEGRATION DEDUCTION

Charge financières : intérêts pour compte courant


d’associé

Intérêts versés : CCA x taux


80 000 000 x 12% = 9 600 000
3 600 000 FCFA
Intérêts limités : CCA x Taux fiscal
80 000 000 x (4,5 + 3)%= 6 000 000

Le montant d’intérêts versés est supérieur au


montant d’intérêts limités donc la différence est à
réintégrer. Soit : 9 600 000 – 6 000 000 = 3 600 000

54
Résultat fiscal = Résultat comptable + Réintégration – Déduction
120 000 000 + 3 600 000 = 123 600 000 FCFA

1- Impôt à payer par la société


Impôt sur les sociétés (IS) = Résultat fiscal x 30%
IS= 123 600 000 x 30% = 37 080 000 FCFA

2- Impôt à payer par Amadou

a- Impôt sur les revenus de créances

IRC = IB x Taux = 9 600 000 x 16 % = 1 536 000 FCFA

b- Impôt sur les revenus de valeurs mobilières

IRVM = Base x taux ; or Base = Distribution régulière + Distribution irrégulière

b-1 : Distribution régulière

Résultat à distribuer = résultat net – réserve légale


* résultat net = RC – IS
120 000 000 – 37 080 000 = 82 920 000 FCFA
* réserve légale = 10% résultat net
82 920 000 x 10% = 8 292 000 FCFA
* Résultat à distribuer = 82 920 000 – 8 292 000 = 74 628 000 FCFA

Distribution régulière = 74 628 000 x 70% = 52 239 600 FCFA

b-2 : Distribution irrégulière = Intérêt excédentaire sur le compte courant d’associé


Intérêts excédentaires = Intérêt versés- Intérêt limités
9 600 000 – 6 000 000 = 3 600 000 FCFA

Donc Base = 52 239 600 + 3 600 000 = 55 839 600 FCFA

Dès lors IRVM = 55 839 600 x 10% = 5 583 960 FCFA

55
CONCLUSION

56
CONCLUSION

Cette réflexion avait pour ambition de faire une étude du compte courant d’associé en
tant que modalité de financement de l’entreprise en tentant d’apporter une réponse à la question
de savoir : « en quoi le compte courant d’associé constitue-t-il une modalité de financement
permettant d’assurer la pérennité de l’entreprise ? ».

Après avoir fait une distinction de la notion de compte courant d’associé avec ses
notions voisines telles que le compte courant bancaire ou l’apport en numéraire, nous avons pu
observer que l’avance en compte courant est un mécanisme de financement des sociétés doté
d’une souplesse d’utilisation qui apparaît tant au niveau de sa nature qu’au niveau de son
régime juridique.

En effet, l’avance en compte est de par sa nature un contrat de prêt conclu entre l’associé
(créancier) et la société (débitrice). Ce contrat de prêt revêt un caractère exceptionnel en ce
sens qu’il constitue une limite au monopole bancaire. Ainsi, les sociétés qui font recours à ce
type de financement interne évitent en même temps les lourdeurs d’un prêt bancaire ou d’une
augmentation de capital. L’associé qui met à la disposition de la société en difficultés
financières des fonds sous forme d’avances devient, en plus de sa qualité d’apporteur en capital,
créancier de la société. L’analyse a pu montrer que ce dernier peut être tenté de privilégier son
intérêt personnel au détriment de l’intérêt social ou de s’engager dans un rapport de force avec
les autres associés pour pouvoir imposer sa volonté. Par ailleurs, cet instrument de financement
est tellement flexible qu’il peut être utilisé comme moyen de régularisation des garantie des
financements octroyés par les banques aux entreprises, et ce notamment par la pratique du
blocage des comptes courants. En effet, le blocage du compte courant permet au banquier
d’avoir la certitude de se faire rembourser avant les associés.

Cette flexibilité de l’avance en compte courant se note aussi au niveau de sa mise en


place qui ne nécessite pas vraiment de formalités particulières. En effet, l’établissement de la
convention de compte courant peut être verbal ; c’est la liberté contractuelle qui domine.
Toutefois, il est préférable d’établir un écrit afin de faciliter la preuve de la remise de fonds.
Aussi, même s’il ressort de cette étude que le législateur communautaire OHADA n’a pas
explicitement réglementé le compte courant d’associé, il est préférable de soumettre la
convention au contrôle de l’assemblée des associés au moment de sa mise en place. La
souplesse de ce type de financement se note aussi par son fonctionnement qui peut tendre vers

57
une rémunération de l’associé selon un taux d’intérêt légal et/ou vers un remboursement
immédiat du solde créditeur de son compte courant, en l’absence de disposition
conventionnelle contraire et peu importe la situation économique et financière de la société.

Cependant, ce travail de réflexion a aussi permis de voir que l’usage du compte courant
d’associé se trouve être encadré par le législateur fiscal. Ce dernier a, conscient des cas d’abus
que peut susciter un instrument de crédit aussi flexible, prévu des restrictions à la déductibilité
des intérêts servis aux associés à raison des sommes qu’ils ont laissé ou mis à la disposition de
la société. Bien que le principe soit la déductibilité de ces sommes des bénéfices sociaux, la
société est tenue de respecter les conditions posées par le législateur fiscal, et qui touchent
essentiellement le taux d’intérêt, la libération du capital et le montant des intérêts en
comparaison avec celui capital social. Le non-respect de ces restrictions est sanctionné par une
réintégration extracomptable des intérêts excessifs et une réintégration globale lorsqu’on est en
présence d’une sous-capitalisation.

Du côté de l’associé, les intérêts sont imposés comme des produits financiers dès
l’inscription de leur montant à son compte courant. L’étude du traitement fiscal de ces intérêts
au niveau de l’associé montre que, si ce dernier est une personne morale, la rémunération est
comprise dans le bénéfice professionnel et s’il est une personne physique, les intérêts sont
imposés dans la catégorie des revenus de créances. Ils sont donc soumis au prélèvement de
l’impôt sur les revenus de créances avant d’être imposés à l’impôt sur les revenus de valeurs
mobilières. En tout état de cause, au moment de la distribution des dividendes, les intérêts non
déductibles versés par la société sont considérés comme des distributions camouflées de
bénéfices, et donc l’associé va supporter en même temps que la société un impôt sur le montant
reçu en distribution irrégulière.

En définitive, il ressort de cette étude que le compte courant d’associé constitue pour la
société un moyen efficace de financement pouvant lui permettre de sortir de ses difficultés
financières. Malheureusement, malgré son charme et sa flexibilité, c’est un instrument pour
lequel le législateur OHADA n’a toujours pas prévu un statut juridique spécifique. Bien vrai
est-il que la raison d’être du compte courant d’associé est d’assurer à la société un financement
souple, et bien entendu un encadrement trop rigide risquerait de lui enlever tout son charme.
Mais, est-ce une bonne chose de laisser des dispositions nationales essentiellement fiscales
encadrer et limiter l’usage du compte courant d’associé ?

58
ANNEXES

ANNEXES 1:
Modèle de convention de compte courant d’associé

ENTRE LES SOUSSIGNES

— La Société (nom de la société)


Société à Responsabilité Limitée au capital de (Capital social) euros

Ayant siège social à (Code postal) (Ville) (Adresse du siège social)


Immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de (Tribunal de commerce du lieu
du siège social) sous le numéro (Numéro d'immatriculation au R.C.S.).
Représentée par (nom et prénom) agissant en qualité de Gérant,
D'UNE PART,

ET
(Nom et prénom de l’associé)
Demeurant (adresse),
D'AUTRE PART,

IL A ETE PREALABLEMENT EXPOSE CE QUI SUIT :

(Nom et prénom de l’associé) est associé de la Société (nom de la société) dont il détient ...
parts sociales représentant ... % du capital.

Afin de renforcer la trésorerie de la société, (nom et prénom de l’associé) a convenu avec la


Société (nom de la société) d'un versement en compte courant d'associé dans les conditions ci-
après.

CECI EXPOSE, IL A ETE CONVENU CE QUI SUIT :

I
Article 1 – Avance en compte courant
(Nom et prénom de l’associé) met à la disposition de la Société (Société A) une somme de ...
FCFA qu'il verse ce jour au crédit du compte courant d'associé qu'il ouvre dans les livres de ladite
Société.

Article 2 – Durée – Remboursement


Cette avance en compte courant est consentie et acceptée pour une durée illimitée. (Nom et
prénom de l’associé) pourra en obtenir le remboursement à tout moment, à compter du () en
notifiant son intention à la Société par lettre recommandée avec AR, ... jours à l'avance.

Article 3 – Rémunération
Les sommes versées en compte courant par (nom et prénom de l’associé) au titre de la
présente convention seront productives d'un intérêt calculé au taux de ...

Article 4 – Litige – Contestations


De convention expresse entre les parties tout litige qui pourrait surgir de l'interprétation ou de
l'exécution des présentes relèvera de la compétence exclusive du Tribunal de commerce de ...

(Tribunal de commerce du lieu du siège social).

Fait à (Ville), le (date)


En deux exemplaires

Signature de l’associé Signature de la société

Source : Guide pratique, Gérer un compte courant d’associé, 2019, www.assistant-juridique.fr

II
ANNEXE 2 :

Lettre de demande de remboursement d’un compte courant d’associé

Nom Prénom
Adresse
Code postal / ville
Société (Dénomination sociale)
Adresse
Ville
Lettre recommandée AR
À ... (ville), le ... (date)

Objet : Remboursement du compte courant d'associé

Madame, Monsieur,

En ma qualité d'associé de la société (Dénomination sociale), je suis titulaire d'un compte courant
d'associé d'un montant de (Montant) euros dans les livres de la société.

Aussi, je vous notifie par la présente, ma demande de remboursement de ce compte courant d'associé à
hauteur de (Montant) euros.

La société (Dénomination sociale) dispose d'un préavis de (préavis fixé par les statuts ou la convention)
jours, et les sommes déposées sur le compte courant d'associé devront être virées sur le compte n°....

Signature

Source : Guide pratique, Gérer un compte courant d’associé, 2019, www.assistant-juridique.fr

III
ANNEXE 3

Modèle de convention de blocage de compte courant d’associé

ENTRE LES SOUSSIGNES

— La Société (nom de la société)


Société à Responsabilité Limitée au capital de (Capital social) euros
Ayant siège social à (Code postal) (Ville) (Adresse du siège social)
Immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de (Tribunal de commerce du lieu du siège
social) sous le numéro (Numéro d'immatriculation au R.C.S.).
Représentée par (nom et prénom) agissant en qualité de Gérant, D'UNE PART,

ET
(Nom et prénom de l’associé)
Demeurant (adresse),
D'AUTRE PART,

IL A ETE PREALABLEMENT EXPOSE CE QUI SUIT :

(Nom et prénom de l’associé) est associé de la Société (nom de la société) dont il détient ... parts
sociales représentant ... % du capital.

(Nom et prénom de l’associé) possède à ce jour une créance sur la Société (nom de la société) inscrite
au crédit du compte courant ouvert à son nom dans les livres de ladite Société pour un montant de ...
euros.

La Société (nom de la société) et l’associé (nom de l’associé) sont convenus d'un blocage du compte
courant de l’associé dans les conditions ci-après :

CECI EXPOSE, IL A ETE CONVENU CE QUI SUIT :

IV
Article 1 – Blocage temporaire du compte courant
Les parties décident que la créance de (nom et prénom de l’associé) sur la Société (nom de la société) indiquée
dans l'exposé préalable est bloquée dans les comptes de la Société pour une durée de ______à compter de ce
jour, soit jusqu'au _____.

Option 1 :
À compter de cette date elle sera intégralement remboursée à (nom et prénom de l’associé) sans qu'il soit
nécessaire pour celui-ci d'en faire la demande.

Option 2 :
À compter de cette date elle sera remboursée à (nom et prénom de l’associé) par tranches successives de ...
euros aux dates suivantes :
—…
—…
sans qu'il soit nécessaire pour le créancier d'en faire la demande.
Dans le cas où l'un quelconque des remboursements partiels ne serait pas effectué à son échéance, le
remboursement de la totalité de la créance deviendrait exigible, 10 jours après l'envoi par (nom et prénom de
l’associé) à la Société (nom de la société) d'une lettre recommandée avec demande d'avis de réception non suivie
d'effet.

Option 3 :
À compter de cette date elle sera remboursée à (nom et prénom de l’associé) à première demande adressée à la
Société (nom de la société) par lettre recommandée avec demande d'avis de réception.

Article 2 – Rémunération

Option 1 :
Les sommes versées en compte courant par (nom et prénom de l’associé) au titre de la présente convention
seront productives d'un intérêt calculé au taux de ...

Option 2 :
La somme versée en compte courant par (nom et prénom de l’associé) ne sera productive d'aucun intérêt.

V
Option 3 :
La somme versée en compte courant par (nom et prénom de l’associé) dont le montant est précisé ci-dessus
produira un intérêt calculé au taux maximum fiscalement déductible.
(Si le compte courant est rémunéré)
Les intérêts acquis chaque année seront capitalisés et porteront eux-mêmes intérêt au même taux. Ils seront
payés lors du remboursement du capital.

OU
Les intérêts acquis chaque année seront payés à (nom et prénom de l’associé) dans les dix jours suivant la
date anniversaire du versement. Leur non-paiement au terme prévu entraînera l'exigibilité du capital et la
résolution de la présente convention dix jours après l'envoi d'une demande du créancier par lettre recommandée
avec AR demeurée sans effet.

Article 3 – Remboursement anticipé


À titre de mesure dérogatoire à l'article 2 ci-dessus, (nom et prénom de l’associé) ou ses héritiers et ayants
droit pourront obtenir le remboursement de l'intégralité des sommes versées indiquées ci-dessus, intérêts
compris, avant la date fixée pour leur remboursement à l'article 2, dans l'un ou l'autre des cas suivants :
• Décès du titulaire du compte courant.
• Cession à un tiers par le ou les associés majoritaires de la Société (nom de la société) de leur
participation dans la Société.
• Rupture du fait de la Société du contrat de travail qui lie le titulaire du compte courant à la Société
(nom de la société).
• Tout autre cas justifié, après accord de la Gérance.

Article 4 – Litige – Contestations


De convention expresse entre les parties tout litige qui pourrait surgir de l'interprétation ou de l'exécution des
présentes relèvera de la compétence exclusive du Tribunal de commerce de (Tribunal de commerce du lieu du
siège social).

Fait à (Ville) le (date)


En deux exemplaires

Signature de l’associé Signature de la société

Source : Guide pratique, Gérer un compte courant d’associé, 2019, www.assistant-juridique.fr

VI
ANNEXE 4

ID - Recours hiérarchique/IS
N°393 MEFP/DGID/DLEC/BCTX du 17 mars 2016
Objet : votre recours hiérarchique.

Référence : _

Monsieur le Directeur général,

Par lettre visée en référence, vous m'avez saisi, par voie de recours hiérarchique, du contentieux qui vous
oppose à la Brigade n°l de l'ancienne Direction des Vérifications et Enquêtes fiscales, à propos des
redressements qui ont été effectués à votre encontre en matière d'impôt sur les Sociétés (IS) sur la période
de 2005 à 2009.

Le contentieux procède d'une vérification sur place à l'issue de laquelle, la Brigade n°l a réintégré dans les
résultats des exercices vérifiés les abandons de créances au profit de la_et les rémunérations versées au
Directeur général pour travail non effectif.

Vous marquez votre désaccord sur les redressements envisagés.

I. Sur les abandons de créances

Vous contestez le fait que les vérificateurs aient considéré comme des produits imposables les prêts
accordés à votre société par des associés et non remboursés dans les délais contractuels.

Vous considérez qu'il n'existe aucun acte qui matérialise le désistement des associés au remboursement de
leurs prêts. Vous justifiez l'absence de remboursements par la demande de votre société aux associés, face
aux difficultés de trésorerie, à un rééchelonnement du remboursement sans dépasser le délai de
prescription.

Vous ajoutez que ces emprunts ont été nantis en compte courant bloqué et inscrits en dettes dans votre
comptabilité, certifiée par vos commissaires aux comptes. À l'appui de votre requête, vous avez joint les
pièces justificatives relatives aux opérations liées à ces emprunts.

En retour, je vous signale que votre requête a beaucoup retenu mon attention et vous prie de noter les
précisions suivantes.

VII
Le compte courant d'associés est un outil de financement pour la société. À ce titre, tout associé peut,
en principe, exiger le remboursement de son avance en compte courant, à tout moment, sauf clause
statutaire ou convention contraire. En l'espèce, face au recours à la convention de blocage par laquelle
les associés s'obligent, vis à vis de la société, à rendre les sommes indisponibles pour une durée
déterminée, les prêts en cause ne peuvent être qualifiés de produits imposables à l'impôt sur les sociétés,
en l'absence de remboursements.

Par conséquent, les redressements subséquents sont abandonnés.

II. Sur les rémunérations pour travail non effectif

Les vérificateurs estiment que le Directeur général n'effectue aucun travail effectif dans l'entreprise
compte tenu de son âge largement au-delà de l'âge légal de départ à la retraite et de la présence non
effective en entreprise.

Vous déplorez cette appréciation des vérificateurs qui s'apparente à une immixtion dans votre gestion,
en soutenant que malgré son âge avancé, le Directeur général continue à diriger l'entreprise, à négocier
avec les partenaires et les fournisseurs, et est rémunéré justement pour ce travail avec une présence de
trois cent jours l'année.

En retour, je précise que les critères utilisés par les vérificateurs tels que l'âge et le temps de présence,
pour aboutir à l'ineffectivité du travail du Directeur général ne sont pas suffisants pour dénier à la société
le versement de rémunérations. En effet, dès l'instant qu'il est établi que le Directeur général accomplit
tous les actes liés à ses pouvoirs statutaires, il a droit à des rémunérations relatives à ce travail.

Par conséquent, les redressements sont annulés.

De même, les redressements subséquents en matière de retenue à la source sur les revenus de valeurs
mobilières sont annulés.

Source : Kamex Tax and Legal, Recueil de droit fiscal, éd. NENA, 2020, partie sur la doctrine
administrative.

VIII
BIBLIOGRAPHIE
A. OUVRAGES

1- André AKAM AKAM et Voudwe BAKREO, droit des sociétés commerciales


OHADA, édition l’Harmattan, 2017.

2- M. COZIAN, A. VIANDER, et F. DEBOISSY, Droit des sociétés, LexisNexis, 2014.

3- Patrick SERLOOTEN, Précis de droit fiscal des affaires, 14èmem édition, Dalloz,
2015-2016

4- M. COZIAN, F. DEBOISSY, M. CHADEFEUX, Précis de fiscalité des entreprises,


41ème édition, 2017-2018, LexisNexis.

5- Maurice COZIAN, Les grands principes de la fiscalité des entreprises, Collectif


LexisNexis, 4ème édition, 2016.

6- Dossier/thème express, Comptes courants d’associés, édition Francis Lefebvre,


04/2017.

7- Véronique MANIER, Droit des sociétés, 8ème édition, Dalloz 2017.

8- Ousmane SAMBE et Mamadou Ibra DIALLO, Le praticien comptable : système


comptable OHADA (SYSCOHADA), 4ème édition, éd. Comptables et juridiques, 2017

9- Jean-Marc MOULIN, Droit des sociétés et des groupes, 13ème édition, éd. Gualino,
2019

10- Y. GUYON, Traité des contrats, les sociétés, Aménagements statutaires et conventions
entre associés, LGDJ 2002

11- D.SCHMIDT, Les conflits d’intérêts dans la société anonyme, pratique des affaires, éd.
Joly 2004

B- MEMOIRES

1. Aida GUEYE, les comptes courants d’associés, mémoire de master, UCAD, 2005.

2. Serigne MBACKE NDIAYE, les comptes courants d’associés au Sénégal, mémoire de


master, UCAD, 2011.

IX
C- ARTICLES

1. J.M DE BERMOND DE VAULX, « les comptes courants d’associés », Rev.sociétés,


1971
2. M. GENINET, « Les quasi-apports en société », Rev. Sociétés, 1987

D- LEGISLATIONS

1. Acte uniforme révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement


d’intérêt économique du 30 Janvier 2014.

2. Loi n° 2018- 10 du 30 mars modifiant certaines dispositions du Code général des


impôts, J.O n°7082 du 30/03/2018.

3. Loi n°2008-26 du 28 juillet 2008 portant règlementation bancaire au Sénégal

4. Loi 1963-62 du 10 juillet 1963 portant code des obligations civiles et commerciales au
Sénégal

5. Loi n°98-33 du 17 avril 1998 modifiant la loi n°81-25 du 25 juin 1981 relative à la
répression des opérations usuraires et aux taux d’intérêt et abrogeant et remplaçant l’article 541
du Code des Obligations Civiles et Commerciales en République du Sénégal, modifiée par la
loi n°94-66 du 22 août 1994

6. Loi Pacte n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des


entreprises en France

E- JURISPRUDENCE

OHADA:

1. Cour d’appel de Dakar, arrêt n°79 du 31 octobre 2010, Marcel Duvaux c/ Société
SEDIS
2. Cour d’appel d’Abidjan World City c/ SOW Souleymane du 13 avril 2001

X
FRANCE:

1. Cass.com. 18 novembre 1986


2. Cass. com. 15 janvier1982 : Bull. Joly 1982 p. 266 ; Cass. com. 24 septembre 1997 n°
95-20.056: RJDA 11/97 n° 1349
3. Cass. Com. 22 mars 2005 n°492 F-D : RJDA 11/05 n°1229
4. Cass. Com. 24 mars 2004 n°579 FS-PB : RJDA 8-9/04 n°1009.
5. Cass. com. 24 mars 2004, Op.cit.
6. Cass. com. 25 mars 2003 n°574 FS-P : RJDA 10/03 n°982
7. Cass. com. 23 septembre 2011 n°09-68.659 FS-PBI
8. Cass. soc. 23-2-2005 n° 512 FS-PB.
9. Cass. com. 23 mai 2006 n°670 F-D.
10. Cass. com. 23 avril 2013 n°12-14-283
11. Cass. com. 10 mai 1988.
12. Cass. com 9 juin 2004 n°916 FS-PB.
13. Cass. com 10 mai 2011 n°10-18.749 F-PB.
14. Cass. com. 4 février 2014 n°13.11094 F-D
15. Cass. crim. 20 mars 1995 n°94-82.163 PF.
16. Cass.com 23 avril 2013 n°12-14.283 F-PB
17. CE, 2 juin 2010, 3ème et 8ème s. –s. n°307505
18. CE, 23 février 1977, 7ème et 8ème s. –s., n°97450.
19. CE, 3 juillet 1985, 7ème et 8ème s. –s., n°47921.
20. CE, 24 février 1971, 7ème et 8ème s. –s., n°78783.
21. CE, 20 avril 1983, 8ème et 9ème s. –s., n°47921.
22. CE, 24 mars 1976, n°93352, 7ème et 8ème s. –s.
23. CE, 17 novembre 1972, n°79955.
24. CE, 19 octobre 1983, n°36555, 7ème et 9ème s. –s.
25. CE, 3 juillet 1985, n°47921, 9ème et 8ème s. –s.
26. CE, 31 juillet 2009, n°301191, 10ème et 9ème s. –s.
27. CE, 26 janvier 1977, n°998770, 8ème et 9ème s. –s.
28. CE, 15 juin 2001, 10ème et 9ème s. –s., n°204499
29. CE, 2 octobre 1985, n°39857, 9ème et 7ème s. –s.
30. CE, 26 novembre 1984, n°29846, 8ème et 9ème s. –s.
31. CE 28 mars 2008 n° 295735, 10ème et 9ème s. -s., min. c/ Lescure

XI
32. CA Paris 2 juin 1992, 3ème chambre A : RJDA 11/92 n°1028
33. CA Paris 18 juin 2015 n°14/16133
34. CA Montpellier 16 décembre 2008 n°07-7912.
35. CA Rouen 17 septembre 1992, 2ème ch. Civ. : RJDA n°250.
36. CA Paris, 3ème ch, 14 février 1990
37. CA Lyon, 3ème ch, 16 février 2006 n°05/2085.
38. CA Paris, 3ème ch., 10 mai 1972, SA Marcel Pessis c/ Pessis.
39. TA Dijon, 6 juillet 1993

F- WEBOGRAPHIE

1- Antoine DELABRIERE et Khaled AGUEMON, « Le compte courant d’associé en droit


OHADA », www.cercle-k2.fr (consulté le 20 novembre 2020)
2- Guide pratique, « Gérer un compte courant d’associé », 2019, www.assistant-juridique.fr
(consulté le 21 novembre 2020)
3- Nicolas DUPOUY, « Le compte courant d’associé et sa cession », édition Francis
Lefebvre- La quotidienne, 2016, disponible sur www.efl.fr (consulté le 20 novembre
2020)
4- Didier DANET, « Comptes courants d’associés : pour en finir avec un apartheid
juridique », RTD Com. 1993, p.55, www.dalloz.com/actualité (consulté le 20 novembre
2020).
5- Taux directeurs de la BCEAO, www.bceao.int, (consulté le 28 mars 2020)
6- Xavier DELPECH, « Précisions sur le régime du compte courant d’associé », Dalloz-
actualité, 2013, disponible sur www.dalloz-actualite.fr, (consulté le 26 novembre 2019)
7- Xavier DELPECH, « Application de la règle de l’arrêt du cours des intérêts : à propos
d’un compte courant d’associé », Dalloz-actualité, 2013, disponible sur www.dalloz-
actualite.fr (consulté le 23 février 2020)
8- C. FLEURIOT, « Régime de la communauté et compte courant d’associé », Dalloz-
actualité 2011, disponible sur www.dalloz-actualite.fr (consulté le 23 février 2020)
9- X. DELPECH, « Pot-pourri sur le compte courant d’associé », 2008, disponible sur
https://www.dalloz-actualite.fr (consulté le 19 février 2020)
10- Eric DELFLY, « Loi pacte : compte courant d’associé », disponible sur :
http://www.vivaldi-chronos.com (consulté le 10 février 2020)
11- Kamex Tax and Legal, Recueil de droit fiscal, éd. NENA, 2020, disponible sur
www.librairienumériqueafricaine.com (consulté le 26 mars 2020)

XII
TABLES DES MATIERES

LISTES DES SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................................... 0

INTRODUCTION................................................................................................................................. 1

1ère PARTIE : Le compte courant d’associé : un moyen de financement souple ......................... 10

CHAPITRE 1 : Une souplesse au regard de la nature du compte courant d’associé ............... 11


SECTION 1 : Le compte courant d’associé : un contrat de prêt ............................... 11

Paragraphe 1 : Un contrat de prêt exceptionnel ................................................................ 11

Paragraphe 2 : Un contrat de prêt au profit de la société .................................................. 13

SECTION 2 : Le compte courant d’associé : un instrument de régularisation de la


vie de l’entreprise............................................................................................................ 16

Paragraphe 1 : Le compte courant d’associé, un instrument de régularisation des


difficultés financières ....................................................................................................... 16

Paragraphe 2 : Le compte courant d’associé, un instrument de régularisation des


garanties ............................................................................................................................ 18

CHAPITRE 2 : Une souplesse au regard du régime juridique du compte courant d’associé . 21


SECTION 1 : L’existence de règles d’ouverture peu contraignantes........................ 21

Paragraphe 1 : Les règles relatives à l’établissement de la convention ............................ 22

Paragraphe 2 : Les règles relatives au contrôle de la convention par l’assemblée des


associés ............................................................................................................................. 24

SECTION 2 : L’existence de règles de fonctionnement assez flexibles ..................... 26

Paragraphe 1 : Une flexibilité liée à la rémunération de l’associé ................................... 27

Paragraphe 2 : Une flexibilité liée au remboursement de l’avance .................................. 29

XIII
2ème PARTIE : Le compte courant d’associé : un moyen de financement encadré ....................... 34

CHAPITRE 1 : Un encadrement lié aux conditions de déductibilité des intérêts ..................... 35


SECTION 1 : Les conditions de l’inscription des intérêts dans les charges
d’exploitation .................................................................................................................. 35

Paragraphe 1 : Une condition de portée générale ............................................................. 36

Paragraphe 2 : Des conditions de portée particulière ....................................................... 38

SECTION 2 : Les sanctions de l’inobservation des conditions de déductibilité ....... 40

Paragraphe 1 : Une réintégration des intérêts excessifs en dehors de la sous-capitalisation


.......................................................................................................................................... 41

Paragraphe 2 : Une réintégration des intérêts en cas de sous-capitalisation .................... 43

CHAPITRE 2 : Un encadrement lié à l’imposition des intérêts comme produits financiers ... 45
SECTION 1 : Le principe de l’imposition dès l’inscription au compte courant de
l’associé ............................................................................................................................ 45

Paragraphe 1 : L’étendu du principe................................................................................. 46

Paragraphe 2 : Les limites au principe.............................................................................. 48

SECTION 2 : Les modalités de l’imposition ................................................................ 50

Paragraphe 1 : L’imposition au moment du paiement des intérêts ................................... 50

Paragraphe 2 : L’imposition au moment de la distribution des dividendes...................... 52

CONCLUSION ................................................................................................................................... 57

ANNEXES ............................................................................................................................................. I

BIBLIOGRAPHIE..............................................................................................................................IX

TABLES DES MATIERES ............................................................................................................ XIII

XIV

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