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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE

SECTION 2 : GENESE DE LA NORMALISATION COMPTABLE AU MAROC

21. SOURCES DES REGLES COMPTABLES MAROCAINES

22. INFLUENCE DE LA LEGISLATION ET DE LA DOCTRINE FISCALES

23. LES AXES DE LA REFORME ACTUELLE

21. SOURCES DES REGLES COMPTABLES


MAROCAINES

Au Maroc, la comptabilité des entreprises a été jusqu'à la mise en place de la réforme, d'abord et avant
tout, comme un moyen de preuve et une base aux règlements des litiges nés entre les opérateurs
économiques dans le cadre de leurs transactions.

Les dispositions d'essence comptable contenues dans le Dahir des Obligations et Contrats ainsi que le
Dahir formant Code de Commerce (articles 10 à 18) du 12 Août 1913 avaient gardé en effet pour objet
exclusif la créance auprès des "Commerçants" des moyens de preuve susceptibles de servir de repère au
juge, afin d'établir les droits et obligations des parties lors des litiges portés devant les tribunaux.

De même, les sanctions pénales ayant trait à la comptabilité, prévues aux articles 556 à 562 du Code
Pénal, traitent uniquement des cas de violation des intérêts des créanciers, et punissent l'absence de tenue
irrégulière dans les seuls cas de cessation de paiement constatés par les tribunaux.

La réglementation comptable contenue dans les textes régissant le droit des sociétés (notamment les
dahirs du 11/8/1922 et du 1/9/1926) a eu également pour objet principal de prémunir les créanciers contre
la distribution de dividendes fictifs.

La tentative de transparence comptable introduite par le Dahir du 25/07/1970 n'avait pas été consolidée
par d'autres mesures plus radicales telles que par exemple le dépôt des comptes annuels auprès des Greffes
des tribunaux, ou la reconnaissance formelle du droit de la minorité à demander des expertises
comptables:

 Ce texte, isolé, instaurait seulement le principe d'un droit de communication au profit de tout
actionnaire dans une société anonyme dont l'actif dépasse 5 millions de dirhams ou qui détient un
portefeuille dont la valeur à l'inventaire excède un million de dirhams.

 Il introduisait par ailleurs l'obligation de la publication des comptes annuels des sociétés cotées en
bourse, 45 jours après la tenue de leur Assemblée Générale Ordinaire.

En même temps, la pratique du commissariat aux comptes des sociétés anonymes, caractérisée depuis
son origine par un libéralisme extrême, garde jusqu'à nos jours son statut intact depuis lors (art 32 à 34
du dahir 11/08/1922).
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
SECTION 2 : GENESE DE LA NORMALISATION COMPTABLE AU MAROC

De ce fait, le contrôle légal des comptes n'a jamais bénéficié au Maroc d'une crédibilité suffisante, et
continue d'être exercé, jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi régissant la profession d'expert comptable ( 1),
par quiconque, sans règles minima de compétence et d'incompatibilité.

Ainsi, avant la réforme, l'analyse des dispositions d'ordre commercial traitant de la comptabilité, donnait à
penser que celles-ci ne constituent pas un cadre suffisant qui permette d'obtenir une information crédible,
orientée vers la gestion, mais se composaient uniquement d'une somme de règles ayant chacune une
spécificité propre, et en commun la défense des intérêts des créanciers.

22. INFLUENCE DE LA LEGISLATION ET DE LA


DOCTRINE FISCALES

Cependant, à l'examen de la pratique, on s'aperçoit en fait que toute structure de système comptable au
Maroc (nomenclature des comptes, règles d'enregistrement, d'évaluation et de présentation) reflète,
d'abord et en toute circonstance, la règle ou doctrine fiscale existante.

Ceci découle du fait que le pouvoir fiscal a rempli le vide laissé par le législateur commercial en
instituant, depuis 1965 (2) un "système comptable" qui a introduit au Maroc de manière implicite,
l'application des principales règles du plan comptable français type 1957.

La réglementation et la pratique comptable d'origine fiscale se sont continuellement renforcées depuis


lors, à travers diverses dispositions instaurées soit par le législateur fiscal soit par l'Administration des
impôts.

Les dernières innovations en date sont insérées dans les textes de loi relatifs à la TVA, à l'IS et à l'IGR
(entrés en application respectivement au 01/04/1986, 21/1/1987 et 01/01/1990) et appuyées par des
circulaires d'application de l'administration fiscale.

Ces dispositions couvrent pratiquement tous les volets qui caractérisent un système comptable (définition
d'une nomenclature des rubriques comptables, mode d'évaluation des transactions, schéma des états
financiers, caractéristiques d'une comptabilité irrégulière, …)

Pour aussi nécessaire qu'elle ait été, compte tenu de l'absence d'un droit comptable autonome, la
législation comptable d'origine fiscale n'a pas toujours été empreinte d'une neutralité absolue dans la
détermination des résultats de l'entreprise. en effet, certains impératifs budgétaires ou interprétations
particulières de l'administration, ont fréquemment obligé les entreprises à faire état de résultat supérieurs à
ceux que l'application stricte des principes comptables fondamentaux auraient conduit à constater.

1
La loi n°15-89 (B.O du 03/02/93) prévoit qu'à partir du 04/02/1996 seuls les professionnels indépendant inscrits à
l'Ordre des Experts Comptables peuvent, à titre exclusif et sous leurs responsabilité, exercer les fonctions de
commissariat aux comptes auprès des sociétés.
2
Arrêté du Sous-secrétaire d'Etat aux finances du 05/03/1965
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SECTION 2 : GENESE DE LA NORMALISATION COMPTABLE AU MAROC

23. LES AXES DE LA REFORME COMPTABLE


ACTUELLE
Ainsi, de nature éminemment juridique et de structuration essentiellement fiscale, la législation et la
pratique comptables Marocaines d'avant la réforme, avaient privilégié, davantage la connaissance des
soldes des comptes à chaque date d'inventaire, plus que l'analyse des flux économiques et financiers de
l'entreprise.

Dans ces conditions, la comptabilité ne pouvait répondre qu'imparfaitement aux besoins d'information,
sans cesse croissants, sur les véritables performances des entreprises, et sur l'évolution de leur équilibre
financier.

Or si les méthodes de gestion appliquées jusqu'aux années 80 avaient pu s'accommoder de ces


insuffisances, l'entreprise Marocaine et ses partenaires nationaux et étrangers n'avaient cessé de souligner
depuis lors la nécessité de structurer en profondeur l'environnement comptable et financier au Maroc.

C'est pourquoi dès 1982, un certain nombre de réflexions au niveau national ont pu être menées dans le
cadre de commissions formées de professionnels, de représentants de différents départements ministériels
et de l'entreprise, avec l'objectif de concevoir une réforme comptable et financière globale.

Cette réflexion d'ensemble à abouti progressivement à la rédaction des textes suivants ( 1) :

En matière de normalisation comptable

1. La loi n° 9-88 instituant la comptabilité normalisée dans les entreprises, publiée au BO n°4183 bis du
30/12/1992 ;

2. Décret n° 2-89-61 portant application du Code Général de Normalisation Comptable aux entreprises
du secteur public, publié au BO n°4023 du 10/11/1989 ;

3. Code général de normalisation comptable présenté au comité interministériel (Finances – Plan –


Education Nationale – Affaires Economiques) le 24/12/1986, par la Commission de Normalisation
Comptable instituée par la circulaire du Ministre des Finances, prise en date du 19/08/1986 ;

4. Décret n°2-88-19 du 16/11/1989 portant création du Conseil National de la Comptabilité publié au BO


n°4024 du 06/12/1989.

5. Décret n°2/92/837 publié au BO n°4188 du 3/2/1993 instituant la protection du titre de Comptable


Agréé et le monopole de la tenue comptable libérale aux professionnels régulièrement inscrits sur une
liste auprès du Ministère des Finances.

6. Dahir n°1-91-228 du 9/11/1992 portant promulgation de la loi n°57-90, relative aux centres de gestion
de comptabilité agrées, publié au B.O n°4183 du 30/12/1992.

1
Cf. recueil du droit comptable et financier (en cours d'édition)
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
SECTION 2 : GENESE DE LA NORMALISATION COMPTABLE AU MAROC

En ce qui concerne le contrôle public des comptes

7. Loi n°15-89 instituant la protection du titre d'Expert comptable et les modalités d'organisation des
études correspondantes, publiée au BO n°4188 du 3 février 1993,

8. Décret n° 2-89-519 instituant le diplôme national d'Expert Comptable et les modalités d'organisation
des études correspondantes, publié au BO n° 4064 du 16/07/1990 ;

9. Projet de loi portant réforme du commissariat aux comptes des sociétés anonymes.

Organisation du crédits et du marché financier

9. Réforme de la profession bancaire instituée par le dahir du 6/7/1993, publié au BO n° 4210 du


7/7/1993.

10. Réforme du marché des capitaux à travers la promulgation des textes suivants :

 Dahir portant loi n°1-93-211 relatif à la Bourse des Valeurs, publié au BO n°4223 du 06/10/1993,
portant notamment abrogation des dispositions du décret Royal du 15 Novembre 1967 qui
organisait la bourse des valeur de Casablanca.

 Dahir portant loi n°1-93-212 relatif au Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières et aux
informations exigées des personnes morales faisant appel public à l'épargne, au BO n°4223 du
06/10/1993, et portant abrogation des dispositions du dahir du 25/7/1970 relatif à l'information des
actionnaires et public ;

 Dahir portant loi n°1-93-213 relatif aux Organismes de Placement Collectif en Valeur Mobilières,
publié au B.O n°4223 du 06/10/1993.

Au stade actuel :

 Tous ces textes ont été promulgués, sauf le projet de loi relatif à l'exercice du commissariat aux
comptes qui demeure à l'étude auprès des Instances Gouvernementales, et qui devrait nécessairement
revenir auprès de l'Ordre des Experts Comptables, une fois installé, pour consultation et avis, avant sa
présentation à la Chambre des Représentants ;

 Les différents textes publiés en matière de normalisation comptable constituent désormais, les
nouveaux instruments de base de la réglementation comptable Marocaine, dont on étudiera les
fondements ci-après.

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