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Maladie de Hirschsprung
S. Joseph, A. Guinot, M.-D. Leclair

La maladie de Hirschsprung est une malformation congénitale du côlon distal responsable d’occlusion
intestinale du nouveau-né et de l’enfant. Elle touche un nouveau-né sur 5000. Elle est liée à une anomalie
de développement embryonnaire des cellules des crêtes neurales responsable d’une absence de cellules
ganglionnaires neuronales de la paroi digestive. Le segment atteint, hypertonique et apéristaltique, est
responsable d’une occlusion fonctionnelle basse et d’une dilatation de l’intestin sain en amont. Dans
plus de 80 % des cas, il s’agit de formes rectosigmoïdiennes dites « courtes » ou « classiques ». La
démarche diagnostique devant un nouveau-né dont l’état clinique est évocateur de maladie de Hirschs-
prung s’appuie sur le lavement opaque et surtout la réalisation de biopsies rectales. L’analyse histologique
confirme le diagnostic de certitude. La prise en charge a pour double objectif de lever l’obstacle et de
rétablir la continuité digestive avec un sphincter continent et normoactif, en évitant les complications
de la maladie. Les traitements, en particulier chirurgicaux, ont évolué ces dernières années, permettant
de diminuer notablement sa morbimortalité. Leurs résultats restent cependant imparfaits. Le développe-
ment de nouveaux moyens d’évaluation à long terme des enfants atteints de maladie de Hirschsprung
est primordial pour évaluer et affiner les techniques chirurgicales. Les recherches actuelles sur la maladie
de Hirschsprung se concentrent sur la compréhension de ses mécanismes physiopathologiques par étude
anatomique et génétique du côlon. L’enjeu est avant tout de diminuer les complications postopératoires
et d’améliorer ainsi la qualité de vie à court et long terme de ces enfants.
© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Maladie de Hirschsprung ; Mégacôlon congénital ; Aganglionose colique ; Occlusion intestinale

Plan  Introduction
■ Introduction 1 La maladie de Hirschsprung est une anomalie de développe-
■ Définition 1 ment embryonnaire des cellules des crêtes neurales responsable

d’une absence de cellules ganglionnaires neuronales de la paroi
Épidémiologie 2
digestive. C’est la cause la plus fréquente des occlusions d’origine
■ Anatomopathologie 2 génétique de l’enfant. Le segment atteint, hypertonique et apé-
■ Physiopathologie 3 ristaltique, est responsable d’une occlusion fonctionnelle basse et
■ Génétique 3 d’une dilatation de l’intestin sain en amont. Les traitements, en
Modèle d’hétérogénéité génétique 3 particulier chirurgicaux, ont évolué ces dernières années, permet-
Multigénisme démontré 4 tant de diminuer notablement sa morbimortalité. Leurs résultats
Maladie multifactorielle 4 restent cependant imparfaits. Les recherches actuelles sur la mala-
Mécanisme génétique complexe 5 die de Hirschsprung se concentrent sur la compréhension de
Vers un lien génotype-phénotype ? 5 ses mécanismes physiopathologiques par étude anatomique et
génétique du côlon. Le développement de nouveaux moyens
■ Diagnostic 5 d’évaluation à long terme des enfants atteints de maladie de
Présentation clinique 5 Hirschsprung est primordial pour évaluer et affiner les techniques
Examens complémentaires 5 chirurgicales d’aujourd’hui. L’enjeu est avant tout de diminuer les
Formes compliquées 7 complications postopératoires et d’améliorer ainsi la qualité de vie
Cas particuliers 7 à court et long terme de ces enfants.
Diagnostics différentiels 7
■ Traitement 7
Prise en charge préopératoire
Prise en charge chirurgicale radicale
7
8
 Définition
Suites opératoires immédiates 8
La maladie de Hirschsprung est une malformation congéni-
■ Résultats à long terme 8 tale du côlon distal responsable d’occlusion intestinale basse du
Retentissement global et psychosocial de la maladie nouveau-né et de l’enfant. Elle tient son nom du pédiatre danois
de Hirschsprung 8 Hirschsprung qui a décrit le premier, au congrès pédiatrique de
Troubles rétentionnistes 9 Berlin en 1886, 20 cas d’enfants morts de constipation avec disten-
Troubles de la continence (« soiling ») 10 sion abdominale majeure. Elle est également appelée « mégacôlon
Infections persistantes : entérocolites postopératoires 10 congénital » en référence à l’aspect dilaté du côlon fonctionnel
■ Perspectives 10 en amont de l’obstruction [1] ou « aganglionose colique congéni-
tale » [2] .

EMC - Pédiatrie 1
Volume 14 > n◦ 2 > avril 2019
http://dx.doi.org/10.1016/S1637-5017(18)69263-4

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Figure 1. Anomalies associées à la maladie de Hirschsprung.


Anomalies Anomalies
Malformations
chromosomiques syndromiques

Syndrome de
Trisomie 21 Cardiaques
Shah-Waardenburg

Yemenite
deaf-blind
Urinaires
hypopigmentation
syndrome

Neuroblastome-
Craniofaciales
Neurofibromatose

Syndrome de
Malrotations
Goldberg-
intestinales
Shprintzen

Syndrome de
Smith-Lemli-Opitz

Néoplasie
endocrinienne
multiple de type 2

Hypoventilation
alvéolaire centrale
congénitale
(syndrome d'Ondine)

La limite inférieure est, par définition, toujours le sphincter anal die de Hirschsprung chez les apparentés du premier degré d’un
interne. La limite supérieure est variable, son niveau déterminant sujet atteint est évalué à 4 %, soit 200 fois plus élevé que celui de
les formes phénotypiques de la maladie de Hirschsprung [3] : la population générale [8] .
• la forme classique ou « courte », rectosigmoïdienne, regroupe
plus de 80 % des cas ;
• les formes longues (en amont de l’angle colique gauche) sont  Anatomopathologie
le plus souvent coliques totales (8 %), voire étendues au grêle
(1 %) ; La définition histologique de la maladie de Hirschsprung est
• les formes rectales pures (8 %) sont dites « ultracourtes ». l’absence de cellules ganglionnaires associée à l’hypertrophie des
fibres nerveuses au niveau du segment atteint. Dans la paroi du
côlon sain, les cellules ganglionnaires sont groupées à la jonction
 Épidémiologie des fibres nerveuses formant ainsi deux plexus :
• le plexus externe myentérique d’Auerbach dans la musculeuse,
La maladie de Hirschsprung est une cause fréquente d’occlusion contenant de 1 à 19 cellules ganglionnaires/mm2 [9] ;
chez l’enfant. Son incidence est de 1/5000 nouveau-nés. Celle-ci • le plexus interne sous-muqueux, profond de Henle et superficiel
s’élève à 1,4/5000 chez les populations d’Asie [4, 5] . Il existe une de Meissner, situé dans la sous-muqueuse, contenant nettement
nette prédominance chez les garçons (4/1) dans la forme courte moins de cellules ganglionnaires.
classique (rectosigmoïdienne) qui représente plus de 80 % des cas. Macroscopiquement, le segment atteint est hypertonique, apé-
Le ratio s’équilibre dans les formes longues (1/1). ristaltique et de calibre normal ou diminué. Il fait suite à un
La maladie de Hirschsprung est isolée et sporadique dans 70 % segment d’amont dilaté non atteint, avec entre les deux une dispa-
des cas. Dans 30 % des cas, la maladie de Hirschsprung est asso- rité progressive de calibre sur quelques centimètres appelée zone
ciée à d’autres anomalies : chromosomiques (trisomie 21 dans transitionnelle. La zone transitionnelle pose un problème récur-
90 %) [6] , syndromiques et/ou malformatives [7] (Fig. 1). Le risque rent d’identification histologique. La limite de la marge proximale
d’anomalies associées augmente dans les formes familiales. n’a pas de définition unitaire et divers index sont utilisés. Il n’a pas
Ces formes familiales sont retrouvées dans 20 % des cas (50 % été établi de critère validé et reproductible [10] . Il est néanmoins
des cas pour les formes longues). Le risque de récurrence de mala- fondamental de pouvoir la repérer pour éviter les complications

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après traitement chirurgical. Les erreurs d’interprétation histolo-


giques portant sur la zone transitionnelle, décelées après études
de recoupes de reprises chirurgicales, ont presque toujours lieu
lors des examens extemporanés peropératoires [11] . Cela sou-
ligne l’importance de la qualité des prélèvements pour optimiser
l’interprétation du pathologiste.
L’examen anatomopathologique d’un segment colique atteint
permet de poser formellement le diagnostic de maladie de
Hirschsprung devant l’absence de cellules ganglionnaires dans la
sous-muqueuse et la musculeuse en histologie standard (colora-
tion hématoxyline et éosine) associée à l’hypertrophie des fibres
nerveuses parasympathiques amyéliniques. Celle-ci est le plus
souvent confirmée par la mise en évidence de l’augmentation de
l’activité de l’acétylcholinestérase, révélée en enzymohistochimie
sur coupe fraîche congelée [12] . L’étude immunohistochimique
des protéines coliques complète le diagnostic. La calrétinine est
le marqueur de cellules ganglionnaires le plus utilisé car c’est GCS
la protéine la plus accessible. Localisée dans la sous-muqueuse,
elle est ainsi présente sur les biopsies superficielles réalisées par fg
aspiration. La perte d’expression de la calrétinine confirme le
diagnostic [13] . L’examen histochimique peut observer une aug-
mentation de l’expression de nouveaux marqueurs protéiques tels
que la neuron specific enolase (NSE), la protéine S100, Glut1 ou la
synaptophysine révélant l’hypertrophie des fibres nerveuses [14] .
Les études actuelles concernent aussi la portion « saine »
cs
ou « ganglionnaire » du côlon. Elles ont montré que certaines
molécules anormalement exprimées dans le segment colique
aganglionnaire des patients atteints de maladie de Hirschsprung mg
étaient aussi anormalement exprimées dans le segment ganglion-
naire. C’est le cas pour la régulation de la synthèse du monoxyde
hg
d’azote [15] et pour la protéine c-kit dont l’expression était dimi-
nuée, témoin de la diminution du nombre de cellules de Cajal [16] .
Ces constatations représentent une piste potentielle pour expli-
quer certaines complications persistantes malgré le traitement.
Figure 2. Schéma du développement embryonnaire du système ner-
veux entérique. Contribution des crètes neurales vagales et sacrées à la
 Physiopathologie formation du système nerveux entérique : les lignées sympathoentérique
c-Ret-dépendante (en rouge) et adrénosympathique (en bleu) colonisent
le ganglion cervical supérieur (GCS) et les ganglions des chaînes sympa-
La maladie de Hirschsprung est liée à un trouble de développe- thiques (cs) destinés à l’intestin antérieur (fg : foregut). Les cellules dérivées
ment du système nerveux entérique responsable d’une hypertonie des crètes neurales sacrées (rouge) colonisent essentiellement l’intestin
apéristaltique qui s’oppose à la progression du bol alimentaire postérieur (hg : hingut) (d’après Taraviras [20] ).
dans le segment intestinal atteint, responsable de l’occlusion. Le
péristaltisme est contrôlé par le système nerveux entérique via
les cellules ganglionnaires issues de la différenciation de cellules posées pour expliquer la maladie de Hirschsprung : soit un arrêt
dérivées de la crête neurale. Les cellules ganglionnaires sont orga- prématuré de la migration des cellules dérivées de la crête neu-
nisées en plexus myentérique et sous-muqueux au sein desquels rale qui n’atteignent donc jamais leur position distale correcte ;
elles interagissent avec des cellules interstitielles comme la cel- soit une anomalie de différenciation, survie ou prolifération des
lule de Cajal. Les cellules de Cajal ont un rôle essentiel dans la cellules dérivées de la crête neurale après la phase de migration.
génération et la coordination du péristaltisme [17, 18] . Ceci suggère que plus l’anomalie des cellules dérivées de la crête
Au plan embryologique, le système nerveux entérique se déve- neurale est précoce, plus l’atteinte est proximale. Ceci explique
loppe à partir de cellules dérivées de la crête neurale qui se également le caractère continu de la maladie, et que tout est
détachent du tube neural pour migrer dans le mésenchyme de déterminé à la 12e semaine de grossesse. Dans tous les cas, il en
l’intestin primitif où elles se différencient et prolifèrent. Le déve- résulte une diminution, voire une absence de précurseurs de cel-
loppement a lieu schématiquement en deux phases successives : lules ganglionnaires disponibles au bon endroit au bon moment
• la migration des cellules dérivées de la crête neurale vers pour recevoir les signaux de différenciation et de survie et donc
l’œsophage pendant la période embryonnaire (de la 4e à la 7e une absence de cellules ganglionnaires, plus ou moins étendue [21]
semaine de grossesse) [19] à partir de deux foyers, vagal et sacral, (Fig. 3).
du tube neural. Ceci suggère deux sens de migration : cranio-
caudal et caudocranial, qui semblent se rejoindre au niveau de
la vésicule vitelline ;
• puis une colonisation antéropostérieure et en profondeur de
 Génétique
l’intestin, concomitante de phénomènes cellulaires de différen-
La maladie de Hirschsprung est une maladie génétique multi-
ciation, de survie et de prolifération, aboutissant à la formation
factorielle et multigénique à expression et pénétrance variables.
successive du plexus externe myentérique puis interne sous-
muqueux. La colonisation a lieu pendant la période fœtale,
entre la 8e et la 12e semaine de grossesse. La phase de diffé- Modèle d’hétérogénéité génétique
renciation ne peut avoir lieu si les cellules dérivées de la crête
neurale n’ont pas atteint le bon endroit au bon moment au Les signaux de migration, de différenciation et de survie des
cours de la migration (Fig. 2) [20] . cellules dérivées de la crête neurale sont sous la dépendance de
La maladie de Hirschsprung est liée à une anomalie de migra- ligands moléculaires relargués par les cellules intestinales mésen-
tion, de différenciation ou de survie des cellules dérivées de la chymateuses et de leurs récepteurs membranaires situés sur les
crête neurale. Elle appartient au groupe des neurocristopathies. cellules dérivées de la crête neurale [22] . Trois voies de signalisation
Deux théories physiopathologiques complémentaires sont pro- ont été identifiées.

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Figure 3. Physiopathologie de la maladie de


4e SG : détachement des CDCN du tube neural
Hirschsprung. SG : semaine de gestation ; CDCN :
Arrêt précoce de la cellules dérivées des crêtes neurales ; SOX10 : Sry
MIGRATION migration des CDCN relatcol transcription factor ; EDNRb : endothelin
→ Jusqu’à la 7 e SG migration embryonnaire : receptor type B ; GDNF : glial derived neurotrophic
colonisation mésenchymateuse de I’intestin primitif SOX10 factor ; NSE : neuron-specific enolase.
→ De la 8 e à la 12 e SG migration fœtale : antéropostérieure
et en profondeur

12 e SG COLONISATION Trouble de
→ Prolifération survie/différenciation
→ Différenciation Voie endothéline B
→ Survie (Endothéline 3-EDNRb)
Voie RET (GONF-GDNfb)

ABSENCE DE CELLULES GANGLIONNAIRES Calrétinine absente


et
hyperplasie des fibres nerveuses Activité anticholinestérase,
parasympathiques Protéines NSE, S100 et Glut 1
augmentées

Côlon hypertonique, apéristaltique, de calibre


normal ou diminué

Occlusion fonctionnelle colique basse


Dilatation du segment sain en amont

Voie RET Multigénisme démontré


RET est un proto-oncogène qui transmet un signal de survie cel-
Il a été montré qu’il existait trois gènes majeurs de susceptibi-
lulaire. Son absence entraîne une mort neuronale précoce. Il est
lité indépendants : le proto-oncogène RET (10q11.2), le récepteur
localisé en 10q11 et code le récepteur GDNFb associé à une tyro-
EDNRB et le facteur de transcription SOX10. L’association chez
sine kinase, dont le ligand est GDNF. Son inactivation aboutit à
certains patients de mutations sur l’un des ligands et sur le récep-
une absence de cellules ganglionnaires intestinales in vitro. Il n’y
teur de RET ou l’association de plusieurs mutations sur le même
a pas de hot spot. Plus de 100 mutations de RET ont été iden-
gène RET apporte la preuve du mécanisme multigénique.
tifiées, réparties tout le long des 21 exons [23] , dans les régions
Des gènes candidats impliqués dans la maladie de Hirschsprung
codantes ou non codantes (promoteurs) [24] . RET est impliqué dans
ont été recherchés. Le modèle génétique précis de transmission
20 % des maladies de Hirschsprung sporadiques et 50 % des cas
étant inconnu, différents moyens d’études ont été utilisés : la
familiaux.
méthode d’analyse des paires de germains (sib pair analysis) a
permis d’identifier deux loci de susceptibilité à la maladie de
Voie de l’endothéline de type B Hirschsprung sur les chromosomes 3 et 19 (3p21/19q12) [30] en
La voie de signalisation de l’endothéline B semble jouer un plus du locus de RET. De manière remarquable, la fréquence sup-
rôle dans la prolifération des cellules dérivées de la crête neurale posée des allèles à risque au locus RET et aux deux nouveaux
et dans leur différenciation en lignée de cellules ganglionnaires loci permet de retrouver la fréquence de la maladie de Hirschs-
intestinales ou de mélanocytes [25] . Elle implique le récepteur prung, ce qui suggérerait qu’ils représentent la totalité de la
EDNRB associé à une protéine G, et son ligand l’endothéline 3 variance génétique de la maladie de Hirschsprung. Des cartogra-
(EDN3 localisé en 13q22). L’analyse des mutations d’EDNRB phies génétiques sont réalisées (screening du génome via l’analyse
et d’EDN3 ont révélé que les mutations hétérozygotes étaient de marqueurs microsatellites) à la recherche de mutations au sein
associées à une maladie de Hirschsprung isolée alors que les muta- de gènes candidats dans les populations de malades. Enfin des
tions homozygotes conduisaient à une maladie de Hirschsprung études d’inactivation génique sont réalisées in vitro et sur des
associée à un syndrome de Waardenburg (troubles de pigmenta- modèles animaux.
tion) [26] . Les mutations hétérozygotes d’EDNRB représentent 5 %
des maladies de Hirschsprung isolées [6] . Maladie multifactorielle
Un mécanisme d’haplo-insuffisance est proposé pour expliquer
le type de différenciation en fonction de la variation de niveau de Plusieurs gènes de susceptibilité impliqués dans le développe-
signal [27] . ment de la maladie de Hirschsprung ont été identifiés.

Gènes candidats
Voie du facteur de transcription « Sry relatcol
Les ligands de la famille GDNF (GFL) [31] sont des ligands cellu-
transcription factor » (SOX10) laires, homologues du GDNF ligand, appartenant à la superfamille
SOX10 est un facteur de transcription qui joue un rôle impor- transforming growth factor (TGF)-bêta, et qui interagissent avec
tant dans le développement précoce (migration et différenciation) RET via GDNFb. Les gènes codant les ligands de RET tels que la
des cellules dérivées de la crête neurale. Les régions régulatrices neurturine (NTN), la persephine (PSP) et l’artémine (ART) ont été
(promoteurs) des gènes RET et EDNRB ont été identifiées comme identifiés [32] .
régions cibles de SOX10 [28] . Ses mutations ne sont retrouvées que Les prokinétines (PROK1 et 2) sont des protéines-ligands qui
dans les maladies de Hirschsprung syndromiques (syndrome de se comportent comme les GFL. Ils semblent impliqués dans
Shah-Waardenberg via EDNRB), jamais dans les cas isolés [29] . l’inhibition de l’apoptose des cellules dérivées de la crête neurale

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à un stade précoce du développement du système nerveux enté- tale. Elle est suspectée devant un retard à l’émission du méconium
rique. Il a été montré que les mutations de ces ligands entraînaient supérieur à 24, voire 48 heures chez un nouveau-né à terme.
un défaut d’activation de la voie RET pouvant expliquer l’apoptose Le tableau clinique associe une distension abdominale progres-
excessive des cellules dérivées de la crête neurale et l’absence de sive, un tympanisme à la percussion, des vomissements (rarement
cellules ganglionnaires [33] . avant 48 h) clairs puis bilieux. Un toucher rectal ou une montée
La protéine HAND 2 appartenant à une famille de facteur de de sonde transanale peut provoquer une débâcle de gaz et/ou de
transcription a un rôle dans la régulation des gènes impliqués dans selles liquides et soulager l’enfant en décomprimant l’abdomen.
la maladie de Hirschsprung [34] . Si l’état de l’enfant le permet, il faut réaliser ce geste après les cli-
La protéine neurotrophine 3 (NTF3) est libérée par les cel- chés d’abdomen sans préparation (ASP) voire après un lavement
lules intestinales mésenchymateuses (non dérivées de la crête aux hydrosolubles pour optimiser les chances de visualiser la zone
neurale). Elle active son récepteur NTRK3 couplé à une tyrosine transitionnelle.
kinase, qui déclenche une voie de survie cellulaire des cellules Les cas non diagnostiqués en période néonatale (< 10 %) se pré-
dérivées de la crête neurale. Dans les modèles animaux, la varia- sentent sous la forme soit d’une constipation modérée précoce
tion de la concentration locale en NTF3 modifie le nombre de avec une aggravation brutale secondaire ; soit d’une constipation
cellules ganglionnaires myentériques et sous-muqueuses. Les sou- chronique opiniâtre caractéristique de la maladie de Hirschsprung
ris sous-exprimant NTF3 avaient moins de cellules ganglionnaires du grand enfant [44] . L’interrogatoire précise l’histoire défécatoire
intestinales que les souris qui surexprimaient NTF3 [35] . et retrouve en général une difficulté à l’émission des selles, une
constipation ancienne et sévère ou à l’inverse une diarrhée trom-
Facteurs de transcription peuse, des manœuvres parentales d’exonération (thermomètre,
Le gène homéotique PHOX2b code un facteur de transcription lavements, massages abdominaux). Ces manœuvres sont plus ou
impliqué dans le développement des cellules ganglionnaires intes- moins efficaces en fonction de la sévérité de l’atteinte. L’enfant se
tinales. Il a été montré dans des modèles murins que l’absence présente alors dans un état général parfois altéré, dont la tolérance
d’expression de PHOX2b était corrélée à l’absence de cellules gan- doit être évaluée sur sa courbe de croissance staturopondérale qui
glionnaires. De plus, il n’y avait pas d’expression de RET chez les est toujours perturbée [45] . Si l’évolution est prolongée, une disten-
embryons PHOX2b muté, laissant supposer que la régulation de sion abdominale chronique avec surélévation diaphragmatique
RET par PHOX2b pourrait expliquer le trouble de développement s’installe, accompagnée d’une dénutrition chronique sévère et de
des cellules dérivées de la crête neurale [36] . fécalomes palpables. Les formes extrêmes entraînent à terme le
décès.
Par ailleurs, qu’il s’agisse d’un nouveau-né ou d’un enfant,
Mécanisme génétique complexe la présence de malformations congénitales ou de syndromes
Tous les gènes candidats au sein desquels des mutations ont été génétiques connus pour être associés à la maladie de Hirschs-
identifiées ont une influence directe sur l’activité de RET faisant prung doit alerter le clinicien pour rechercher une maladie de
d’eux des gènes modificateurs. Les gènes modificateurs inter- Hirschsprung.
agissent avec les allèles mutants ou les polymorphismes de RET
au niveau de ses régions régulatrices (promoteurs) ou des gènes
liés à la régulation cellulaire pour aboutir au phénotype malade. Examens complémentaires
Le mécanisme retenu est celui d’haplo-insuffisance de RET [37, 38] ,
qui pourrait avoir plusieurs étiologies génétiques : Biologie
• une mutation biallélique d’un gène majeur, RET étant le plus Un bilan infectieux (numération sanguine, protéine C réactive,
étudié ; examen cytobactériologique des urines [ECBU], hémocultures et
• une mutation ou un polymorphisme allélique hérité de RET coprocultures), un bilan biologique d’évaluation de l’état nutri-
associé à une mutation, héritée ou de novo d’un gène modifi- tionnel et d’hydratation et un bilan à visée différentielle (bilan
cateur interagissant avec une région codante ou non codante thyroïdien) sont systématiquement réalisés.
de RET [39] ;
• l’interaction entre une mutation et/ou un polymorphisme Imagerie
entre deux gènes majeurs : l’étude de la population menno-
nite a mis en évidence une mutation faux-sens du gène EDNRb Les investigations radiologiques regroupent l’ASP et le lavement
(W276C) associée de façon indépendante à un polymorphisme opaque.
allélique de RET, démontrant l’hétérogénéité génétique de la Si l’état de l’enfant le permet, il faut essayer de réaliser ces
maladie de Hirschsprung [40] . examens avant toute décompression (montée de sonde et lave-
ment évacuateur) pour optimiser les chances de visualiser la zone
transitionnelle [46] .
Vers un lien génotype-phénotype ? L’ASP, réalisé de face couché, retrouve des signes francs
Jusqu’à présent, il n’avait pas été mis en évidence de corréla- d’occlusion, dont le siège grêlique et/ou colique est parfois dif-
tion entre le génotype (nature ou localisation des mutations) et le ficile à déterminer. Il retrouve la classique distension colique
phénotype (longueur de l’aganglionose) de la maladie de Hirschs- au-dessus de la boucle rectosigmoïdienne et l’absence d’aération
prung, avec une hétérogénéité génétique forte. Néanmoins, il rectale, évocatrice de la maladie de Hirschsprung [47] . Il permet
apparaît que certaines formes phénotypiques semblent être plus aussi de s’assurer de l’absence de complications (pneumopéri-
souvent associées à certaines mutations, dont le rôle chronolo- toine, dilatation préperforative du cæcum, pneumatose pariétale,
gique suggérerait un lien génotype-phénotype [41] . En effet, les voire portale). Sa répétition permet l’évaluation et le suivi de la
mutations de RET, le plus souvent associées aux formes longues de prise en charge initiale (position de la sonde orogastrique, dimi-
maladie de Hirschsprung, sont retrouvées chez 20 % des cas spora- nution de la distension intestinale).
diques et 50 % des cas familiaux [42] . Les mutations de SOX10, qui Le lavement opaque, décrit dès 1949 [48] , est une étape clé du
n’étaient jusqu’alors retrouvées que dans les formes syndromiques diagnostic. Dans 90 % des cas, il met en évidence sur un cliché de
de maladie de Hirschsprung associées à d’autres neurocristopa- profil strict, la zone transitionnelle, pathognomonique de la mala-
thies, ont été mises en évidence dans des cas isolés [43] . die de Hirschsprung. En « entonnoir », d’une longueur de 2 à 3 cm,
elle assure la transition progressive entre le segment colique nor-
mal dilaté et le segment aganglionnaire d’aval de calibre normal
 Diagnostic ou étroit [49] . Le cliché de face met en évidence un index recto-
sigmoïdien inversé. Bien qu’initialement décrit à la baryte chez le
nouveau-né, il est le plus souvent réalisé aux hydrosolubles (dont
Présentation clinique les clichés peuvent être moins informatifs) dans la crainte d’une
La maladie de Hirschsprung classique se présente dans 90 % perforation. Il doit être réalisé par des radiologues expérimentés
des cas sous la forme d’une occlusion fonctionnelle basse néona- (Fig. 4).

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A B C
Figure 4. Abdomen sans préparation (A) et lavement opaque (B, C) dans la forme classique de la maladie de Hirschsprung.

sie à réaliser en première intention. Simple, rapide et sûre, la

“ Point fort biopsie rectale par aspiration est recommandée devant toute
suspicion de maladie de Hirschsprung. Elle n’emporte le plus
souvent que la muqueuse et la sous-muqueuse, entraînant un
risque de non-rentabilité car le plexus sous-muqueux peut être
La qualité de réalisation de l’examen conditionne la qua-
physiologiquement dépourvu de cellules ganglionnaires [55] . C’est
lité des clichés et leur interprétation. La position de la néanmoins une technique fiable pour confirmer ou réfuter le
canule est primordiale, elle doit être placée juste au-dessus diagnostic de maladie de Hirschsprung [56] . Les complications
du canal anal mais ne pas remonter trop haut (risque (hémorragies, perforations, infections) sont rares.
de méconnaître une forme ultracourte). L’inondation doit On réserve ainsi la biopsie chirurgicale pour certains cas précis :
être progressive et à basse pression. Un cliché tardif • les nourrissons chez lesquels l’examen clinique et le lavement
(24–48 h après l’opacification) doit être réalisé et peut opaque sont en faveur de la maladie de Hirschsprung alors que
retrouver une persistance de produit de contraste très évo- la biopsie rectale par aspiration et la manométrie anorectale ne
catrice du diagnostic. sont pas concluantes ;
• les cas de présentation non classique : formes compliquées et
longues.

Manométrie anorectale
Histologie
C’est un examen dynamique qui explore la compliance et la
sensibilité rectale. Le réflexe rectoanal inhibiteur (RRAI) est un L’absence de cellules ganglionnaires dans la sous-muqueuse et
réflexe de relaxation du sphincter anal interne en réponse à la la musculeuse en histologie standard associée à l’hyperplasie des
distension de l’ampoule rectale, dont l’absence est caractéristique fibres nerveuses signe le diagnostic.
de la maladie de Hirschsprung. Sa présence est évaluée en mesu- Les conditions de réalisation de la biopsie sont primordiales
rant la pression du sphincter anal interne au cours du gonflage pour éviter les pièges diagnostiques. La biopsie doit être :
progressif d’un ballonnet intrarectal. • circonférentielle complète pour un examen extemporané (biop-
La manométrie a une fiabilité et un intérêt limités chez le sie chirurgicale) et suivie de l’analyse de la pièce entière pour
nouveau-né en raison de l’absence physiologique de RRAI [50] , analyse définitive sur des fragments fixés et sur des fragments
qui n’apparaît qu’à partir de la deuxième semaine de vie et frais congelés [57, 58] ;
reste difficilement interprétable pendant plusieurs semaines [51] . • au bon endroit : au-dessus de la ligne pectinée (2 cm
L’immaturité physiologique du côlon couplée à la difficulté de chez le nouveau-né, 3 cm chez l’enfant) car le sphincter
collaboration dans les premières semaines de vie complique anal ne comporte physiologiquement pas de cellules ganglion-
davantage son interprétation [52] . La spécificité de cet examen est naires (risque de faux positifs) ; mais suffisamment bas pour
de 95 %, mais sa sensibilité n’est que de 25 % pouvant entraîner ne pas méconnaître une forme courte ou ultracourte (risque de
de faux négatifs. Elle ne permet pas de se passer de la biopsie et faux négatifs) ;
donc n’est pas réalisée dans les formes classiques néonatales. Elle • organisée et programmée car son interprétation nécessite une
trouve son intérêt chez l’enfant plus grand présentant une consti- bonne coordination prélèvement-coloration [59] ;
pation chronique, chez qui la présence du RRAI permet d’écarter • analysée en centre expert par des anatomopathologistes spécia-
le diagnostic de maladie de Hirschsprung. lisés en pédiatrie [60] .
Les biopsies rectales, quel que soit leur mode de réalisation, se
compliquent parfois. L’hémorragie, la perforation et l’infection
Biopsie rectale périnéale sont les risques principaux, et ils semblent diminués
Elle est indispensable pour confirmer le diagnostic de maladie par la technique de biopsie rectale par aspiration. Un cas de
de Hirschsprung. Le gold standard reste la biopsie chirurgicale [53] , décès après biopsie rectale par aspiration a été rapporté [61] . Ainsi,
qui comporte de façon certaine toute la paroi colique (jusqu’à la réalisation de biopsies précoces chez le prématuré suspect de
la musculeuse) permettant une analyse histologique fiable. Son maladie de Hirschsprung n’est pas recommandée : le risque de
principal inconvénient est l’anesthésie qu’elle nécessite (générale non-rentabilité est trop élevé pour justifier le risque de complica-
ou rachianesthésie). tion chez ces sujets fragiles. Des cas de perforations intestinales
La biopsie rectale par aspiration, réalisée au lit du malade, isolées ont été rapportés comme mode de révélation de maladie
sans anesthésie, à l’aide de la pince de Noblett [54] , est la biop- de Hirschsprung [62] .

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Maladie de Hirschsprung  4-018-P-40

Formes compliquées
Environ 10 % des patients se présentent d’emblée avec une
forme clinique compliquée et le risque de complication est évalué
“ Point fort
à 20 % dans les six premiers mois de vie. Il faut savoir évo-
quer une maladie de Hirschsprung devant un mode de révélation Aucune biopsie ne doit être réalisée en amont de la sto-
non classique. Un diagnostic précoce et précis permet de prévenir mie et lors de toute dérivation digestive en urgence d’un
l’apparition de complications. nouveau-né, un fragment proximal de l’iléostomie ou de
Ainsi, le nouveau-né peut être adressé d’emblée au chirur- la colostomie doit être envoyé en anatomopathologie.
gien pédiatre pour une complication : pneumopéritoine dans le
cadre d’une perforation cæcale diastatique ou d’une entérocolite
aiguë, abcès péricolique profond, bactériémie symptomatique et,
exceptionnellement, perforation appendiculaire [63] ou volvulus Le diagnostic est souvent tardif chez des enfants constipés dont
du sigmoïde [64] . l’état général est conservé. L’authenticité de ces formes reste dif-
L’entérocolite aiguë est une des complications les plus graves ficile à démontrer. Elles sont souvent méconnues au lavement
de la maladie de Hirschsprung ; elle peut se voir en quelques opaque car la zone transitionnelle est trop proche de la canule
heures après la naissance et mettre en jeu le pronostic vital [65] . et l’interprétation histologique est contestée compte tenu du
Il s’agit d’une nécrose ischémique extensive de l’intestin sain caractère hypoganglionnaire normal de cette zone. La manomé-
et pathologique, dont l’incidence pendant la période préopé- trie anorectale trouve alors une place de choix pour éliminer un
ratoire varie selon les séries ; de 6 à 26 % des patients selon mégacôlon fonctionnel ou un anisme en montrant l’absence de
Demehri et Langer [66, 67] à 15–50 % selon Pastor [68] . Le mécanisme RRAI [73] .
physiopathologique associe plusieurs mécanismes résultant de
l’aganglionose (anomalie de la barrière muqueuse, anomalie de la
réponse immunitaire, anomalie du microbiot, etc.) [69] . Le tableau Diagnostics différentiels
clinique retrouve un abdomen distendu, douloureux, luisant et
inflammatoire associé à des vomissements et une diarrhée explo-
Devant une occlusion du nouveau-né
sive faite de selles liquides, vertes, nauséabondes, voire sanglantes. En premier lieu, il convient d’éliminer une origine organique :
La fièvre est absente dans deux tiers des cas (score diagnostique malformations anorectales, atrésies intestinales, hypothyroïdie,
standardisé) [68] . L’ASP retrouve une distension intestinale globale insuffisance surrénalienne, mucoviscidose, causes neurologiques,
avec absence d’aération digestive au niveau du promontoire (le causes infectieuses et causes maternelles (iatrogénie médicamen-
plus sensible 74 % et spécifique 86 %). Le lavement opaque n’a teuse gravidique, diabète gestationnel).
pas de place à la phase aiguë. Le diagnostic des autres causes d’occlusion fonctionnelle du
nouveau-né est souvent posé grâce à l’aspect typique du lave-
ment opaque et surtout par l’amélioration clinique au décours de
Cas particuliers celui-ci. Néanmoins, une biopsie rectale par aspiration doit être
Formes longues discutée de principe devant toute occlusion fonctionnelle, même
Définies par une atteinte colique dont la limite proximale est si l’obstacle s’est levé rapidement et spontanément :
supérieure à la moitié du côlon transverse, les formes longues • l’iléus méconial : visualisation de billes de mucus qui réalisent
représentent 2 à 13 % des patients et sont dans la plupart des un obstacle au niveau de la dernière anse grêle ;
cas coliques totales [70] . Une atteinte iléale peut être associée à la • le bouchon méconial : doit être évoqué en cas d’antécédents
forme colique totale, le plus souvent terminale et peut s’étendre familiaux de mucoviscidose ; le lavement opaque aux hydro-
jusqu’à la quasi-totalité du grêle (reste 10 à 40 cm de jéjunum solubles diagnostique et thérapeutique : évacuation d’un
innervé). bouchon épais et blanchâtre ;
Le tableau clinicoradiologique diffère de la forme classique : • le syndrome du petit côlon gauche : immaturité fonctionnelle
• l’interrogatoire peut retrouver une histoire familiale ; colique avec un aspect typique du côlon gauche de calibre dimi-
• l’occlusion est globale (colique et grêlique) ; nué ou normal et une dilatation au-delà de l’angle gauche ;
• l’ASP peut apparaître normal avec parfois un aspect peu marqué • l’iléus transitoire bénin est un diagnostic d’élimination, le lave-
des angles coliques en « point d’interrogation », signe évocateur ment opaque et la biopsie rectale par aspiration sont normaux
de maladie de Hirschsprung colique totale ; et son évolution est spontanément simple.
• le lavement opaque ne montre pas de disparité de calibre. De
plus, il n’améliore pas le confort de l’enfant et peut l’aggraver Au stade histologique
(par rétention de produit de contraste) [71] . Enfin, la biopsie Certains enfants présentent un tableau clinicoradiologique en
rectale par aspiration ne retrouve pas d’hypertrophie des fibres faveur d’une maladie de Hirschsprung mais des cellules gan-
nerveuses dans près de 50 % des cas. glionnaires sont présentes dans les biopsies rectales, définissant
Ainsi, les formes longues bénéficient souvent de biopsies chi- ainsi le champ des « variantes » de la maladie de Hirschs-
rurgicales avec examen extemporané permettant de repérer la prung [74] . La poursuite des explorations (manométrie anorectale,
zone transitionnelle soit pour dériver en zone saine, soit pour histologie spécialisée) s’attache à rechercher une neuropathie
réaliser l’abaissement dans le même temps (rarement car le diag- ou une myopathie intestinale. Les principales étiologies rencon-
nostic ne repose alors que sur l’examen extemporané). L’abord trées sont : la pseudo-obstruction intestinale chronique (POIC),
est laparoscopique ou transombilical pur, et permet de réali- la dysplasie neuronale intestinale (IND) qui peut être un diag-
ser des prélèvements étagés sur tout le côlon. Le diagnostic est nostic différentiel ou un diagnostic associé à la maladie de
confirmé par une biopsie rectale, puis la zone saine est recher- Hirschsprung, l’hypoganglionose colique, l’achalasie du sphinc-
chée : soit directement sur une zone de disparité de calibre ter interne (absence de RRAI) et le desmosis coli (absence de réseau
visible, soit par des prélèvements ordonnés et systématisés tous de soutien conjonctif de la musculeuse et du plexus myentérique
les 15 cm. L’opportunité de l’exérèse systématique de l’appendice dont l’innervation est normale) qui peut être associé à une authen-
peut se discuter, d’une part en raison de discordances anatomopa- tique maladie de Hirschsprung.
thologiques (absence de cellules ganglionnaires appendiculaires
observée dans des formes courtes) [72] , d’autre part pour préser-
ver la possibilité d’une intervention de Malone plus tard dans ce
contexte à risque de constipation chronique.
 Traitement
Formes ultracourtes Prise en charge préopératoire
Elles sont définies par une aganglionose limitée aux deux der- La prise en charge débute par le traitement symptomatique du
niers centimètres du rectum à proximité du sphincter anal interne. nouveau-né en occlusion :

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4-018-P-40  Maladie de Hirschsprung

• arrêt de l’alimentation ; pas univoque et peu d’études contrôlées existent. Ainsi il était
• sonde orogastrique ; usuel de dire qu’aucune technique n’ayant montré sa supério-
• hydratation veineuse. rité [82] , toutes les attitudes sont acceptables, le choix pour chaque
Elle doit se faire en milieu chirurgical pédiatrique. L’objectif patient relevant de l’expérience de l’opérateur et de l’équipe. Une
initial est d’évaluer le retentissement clinique et la nécessité d’une méta-analyse récente a montré que les techniques transanales
dérivation digestive ou non avant la prise en charge chirurgicale étaient significativement associées à moins d’incontinence et de
radicale. constipation (sans différence pour les entérocolites) que les voies
transabdominales (laparotomie et laparoscopie) [83] .
Maladie de Hirschsprung non compliquée Les formes classiques rectosigmoïdiennes peuvent bénéficier
dans 80 % des cas d’un abaissement en un temps réalisé en période
La décompression se fait par des techniques de nursing : montée néonatale ou dans les premières semaines de vie, le plus souvent
de sonde rectale associée à des lavements au sérum physiologique par voie transanale pure [84] .
et des massages abdominaux permettant l’évacuation rapide de Les formes longues nécessitent le plus souvent une dérivation
gaz et de selles liquides. La répétition des nursings avec butées première et le traitement radical est alors réalisé dans un second
au même endroit entraîne un risque de perforation rectale, ils temps. Il consiste en un abaissement selon les techniques habi-
doivent être réalisés de façon prudente par une équipe compé- tuelles de Duhamel ou Soave par voie transanale cœlio-assistée.
tente. Leur efficacité est jugée immédiatement sur l’amélioration Il n’existe pas de consensus sur l’âge auquel le traitement radi-
clinique et radiologique du nouveau-né, permettant une réali- cal doit avoir lieu. Anciennement, l’attitude était d’attendre que
mentation rapide. L’absence d’amélioration, voire l’aggravation les selles soient solides et la continence acquise (vers 3–4 ans)
de la distension abdominale, l’apparition d’une fièvre ou d’une mais elle expose aux risques de dilatation dysfonctionnelle séquel-
hyperleucocytose malgré le nursing signent le passage à une forme laire du côlon ganglionnaire, d’infection sur cathéter ou aux
compliquée. Cependant, dans la plupart des cas, l’évolution ini- complications de la stomie [85] . Néanmoins, des résultats fonction-
tiale est favorable et le nouveau-né complètement réalimenté qui nels comparables après chirurgie précoce à l’âge de 1 an tendent
prend du poids est autorisé à rentrer au domicile avant la prise en de plus en plus à privilégier un traitement radical précoce dans
charge définitive. Les parents doivent bénéficier d’un accompa- la période néonatale, voire en un temps chez des nouveau-nés
gnement et d’une éducation à la maladie de Hirschsprung et ses sélectionnés présentant une forme clinique non compliquée et un
complications, à la réalisation des nursings et aux signes devant état nutritionnel parfait [86] . Il peut être réalisé par laparotomie ou
faire consulter en urgence. laparoscopie.
Les formes étendues au grêle font l’objet de discussions
Maladie de Hirschsprung compliquée éthiques pluridisciplinaires de poursuite de la réanimation chez
des nouveau-nés pour qui le sevrage de la nutrition parentérale
En cas de perforation intestinale, d’entérocolite aiguë sévère
exclusive sera impossible car l’alimentation entérale reste inenvi-
ou d’échec des nursings, une dérivation digestive s’impose en
sageable à moins d’une transplantation intestinale. Le problème
urgence [75] . Si la maladie de Hirschsprung était connue ou sus-
est alors celui de l’insuffisance intestinale chronique.
pectée, et si l’état de l’enfant le permet, l’idéal est de réaliser la
Le traitement des formes ultracourtes consiste en une myec-
dérivation en zone saine après examens extemporanés des biop-
tomie (résection d’une bandelette rectale postérieure) par voie
sies. Sinon, une biopsie rectale est réalisée et comme lors de toute
anale.
dérivation digestive en urgence d’un nouveau-né, un fragment
proximal de l’iléostomie ou de la colostomie doit être envoyé en
anatomopathologie. La réalimentation passe alors le plus souvent Suites opératoires immédiates
par une phase de nutrition parentérale nécessitant la mise en place Dans la plupart des cas, les suites sont simples. La réalimenta-
d’un cathéter central. tion est reprise de façon précoce et progressive parallèlement à la
reprise du transit. Un protocole de dilatation anale est le plus sou-
vent entrepris, à partir du 8e ou 15e jour, soit quotidien appris aux
Prise en charge chirurgicale radicale parents, soit hebdomadaire, pendant 4 à 6 semaines. Il faut signa-
Le traitement définitif est chirurgical et son objectif est double ler aux parents l’importance des soins cutanés périnéaux devant
(Fig. 5) : l’apparition de selles fréquentes et irritatives.
• ôter le segment aganglionnaire, la zone transitionnelle et Des complications précoces peuvent survenir, plus ou moins
l’intestin dilaté immédiatement en amont pour lever l’obstacle ; favorisées selon la technique utilisée :
• rétablir la continuité digestive en conservant un sphincter nor- • infectieuses, périnéale ou intra-abdominale (entérocolite aiguë
moactif, continent et non rétentionniste [76] . postopératoire, abcès profond, perforation intestinale au site de
Historiquement réalisé dans un deuxième temps après une la biopsie proximale) ;
première période de décharge par colostomie, l’abaissement est • hémorragiques ;
aujourd’hui réalisé précocement pour éviter la survenue de • occlusives (adhérences précoces, bride, twist du côlon des-
complications (entérocolite aiguë). cendu) ;
Plusieurs techniques chirurgicales ont été successivement • anastomotiques : fistule (Swenson surtout), sténose (Soave sur-
décrites et développées : la proctocolectomie de Swenson [77] avec tout) [87] .
anastomose colo-sus-anale directe dont le principal risque est de
léser le système d’innervation génito-urinaire ; la technique de
Duhamel [78] consistant en un abaissement rétrorectal du segment
 Résultats à long terme
sain avec anastomose colorectale postérieure terminolatérale, qui Le résultat optimal attendu est l’acquisition d’une continence
conserve donc le rectum malade ; la technique de Soave [79] qui est fécale associée à un transit spontané de selles moulées sans épisode
une mucosectomie rectale suivie de l’abaissement du côlon sain de distension abdominale ni d’entérocolite [88] . Bien que toutes les
à travers le manchon musculaire colique restant. Les approches études semblaient indiquer que la plupart des enfants connaissent
mini-invasives ont été introduites par De La Torre Mondragon une évolution globalement favorable [89] , pour beaucoup d’entre
et Ortega qui ont réalisé le Soave par voie transanale pure et eux, l’évolution est marquée par des complications dont la surve-
Georgeson qui a réalisé en 1995 le premier abaissement associant nue retentit notablement sur leur qualité de vie [90] .
une dissection intra-abdominale laparoscopique à une mucosec-
tomie distale transanale [80] . Aujourd’hui, toutes les techniques
peuvent être réalisées par voie transanale pure ou cœlio-assistée. Retentissement global et psychosocial
Une voie transombilicale pure permettant de réaliser une muco- de la maladie de Hirschsprung
sectomie en extériorisant le côlon à travers l’ombilic a également
été décrite [81] . Bien que la littérature soit abondante concernant Jusqu’à une période récente, l’évaluation à long terme des
l’évaluation des résultats des différentes techniques, elle n’est enfants atteints de la maladie de Hirschsprung montrait des

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1 1

2 2

4
3

A B
Figure 5. Les trois techniques chirurgicales les plus pratiquées pour la maladie
de Hirschsprung. 1. Muqueuse ; 2. musculeuse ; 3. sphincter ; 4. anastomose. + :
intestin ganglionnaire, cellules ganglionnaires présentes ; – : intestin aganglion-
naire, cellules ganglionnaires absentes.
A. Technique de Soave.
B. Technique de Swenson.
C. Technique de Duhamel.

résultats très favorables avec une résolution des complications Le soiling est le principal facteur de stress pour les enfants atteints
dans la plupart des cas avant l’âge de 5 ans et une normalisation de maladie de Hirschsprung et leur famille [93] . Globalement, on
du transit et de la qualité de vie à partir de l’adolescence et à l’âge observe une amélioration jusqu’à l’adolescence suivie d’une phase
adulte. Ces résultats ont été remis en cause par des études récentes de plateau à l’âge adulte, voire de dégradation fonctionnelle avec
qui ont développé de nouveaux moyens d’évaluation du deve- le temps. Le résultat fonctionnel est souvent « bien toléré » mais
nir à long terme des enfants atteints de maladie de Hirschsprung jamais « normal » [94] , soulignant l’importance d’un suivi régulier,
en associant au recueil, presque toujours réalisé par autoques- au long cours et multidisciplinaire (diététique, gastropédiatrique,
tionnaires ou sur dossier, des interrogatoires neutres répétés. chirurgical, psychologique et social).
L’importance du mode d’évaluation avait été mise en évidence par
Aworanti devant la variation reconnue du taux de complications
(de 30 à 75 %), après interrogatoire du patient respectivement par
Troubles rétentionnistes
le chirurgien ou par un psychologue. Ces résultats ont conduit à Malgré l’intervention chirurgicale, il apparaît que 30 % des
essayer de standardiser et d’uniformiser les critères d’évaluation patients souffrent de constipation opiniâtre persistante [95] mar-
(Krickenbeck) [91] pour mieux apprécier le retentissement fonc- quée par un ballonnement ou une distension abdominale, des
tionnel de la maladie de Hirschsprung. vomissements et des rétentions stercorales fréquentes. Cinq
Les résultats des premières études prospectives de suivi standar- causes de stase intestinale doivent être recherchées [96] :
disé sont préoccupants : 61 % des enfants se déclarent gênés ou • une obstruction mécanique par sténose de l’anastomose après
tristes, 51 % des moins de 12 ans manquent régulièrement l’école, Swenson et Soave, ou éperon latéral après Duhamel. Elle néces-
et plus de 50 % des enfants de plus de 12 ans et des familles pré- site un traitement rapide et efficace compte tenu du risque
sentent des symptômes anxieux ou dépressifs. Cette proportion d’entérocolite qu’elle entraîne [97] , allant d’un programme de
s’aggrave encore à l’âge adulte où elle atteint 80 % des patients [92] . dilatations itératives (doigt, dilatateur ou ballonnet) jusqu’à

EMC - Pédiatrie 9

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une reprise chirurgicale radicale, parfois après la confection Hirschsprung dont la fréquence varie de 32 à 42 % selon les
d’une colostomie ; séries. Ils imposent un suivi rapproché et prolongé des enfants
• la persistance d’une aganglionose ou l’aganglionose acquise : atteints de maladie de Hirschsprung. L’abaissement à la période
qui peut être liée à une erreur d’interprétation anatomopatholo- néonatale sans colostomie préalable apparaissait comme facteur
gique, à un abaissement de la zone transitionnelle, ou à la perte de risque d’entérocolite avec une fréquence retrouvée de 42 % en
des cellules ganglionnaires après l’abaissement [98] . Il convient cas d’abaissement précoce contre 22 % dans les cas d’abaissement
de toujours s’assurer que l’abaissement a été effectué en zone après colostomie, probablement lié aux sténoses postopératoires
saine (nouvel examen de la pièce opératoire à la recherche d’une plus fréquentes. L’entérocolite postopératoire correspond à une
asymétrie de la zone transitionnelle, biopsies du côlon abaissé pullulation microbienne liée à une stase dans le tube digestif
pour confirmation histologique de la présence de cellules gan- abaissé [103] .
glionnaires en quantité normale) ; La tendance actuelle est de réaliser la chirurgie radicale dès
• un trouble de motilité du segment « sain » proximal : un reflux que possible sans passer par une phase de dérivation en dehors
gastro-œsophagien, une gastroparésie, des troubles moteurs des patients à risque (cardiopathies, malformations associées,
grêliques et coliques sont objectivés chez certains patients etc.) [104] .
malgré la présence de cellules ganglionnaires dans le seg- Elle se présente schématiquement en trois grades de sévérité
ment abaissé (toujours contrôlée par de nouvelles biopsies croissante : à une diarrhée explosive avec distension abdomi-
chirurgicales). Les résultats des explorations complémentaires nale quasi constante s’associent des signes systémiques allant
fonctionnelles (transit colique et manométrie anorectale) jusqu’au choc [105] . Les symptômes sont donc aspécifiques et se
guident l’attitude thérapeutique. En cas d’anomalie localisée, chevauchent avec ceux des autres complications, rendant le diag-
une résection chirurgicale élective est généralement effectuée. nostic difficile et incitant le clinicien à la prudence (Fig. 6).
Lorsque l’anomalie est diffuse, un programme de stimulation
multimodal du transit est mis en place en fonction de la
réponse clinique (mesures hygiénodiététiques, agents prokiné-
tiques, jusqu’à cæcostomie permettant de réaliser des lavements
coliques antérogrades) ;
“ Point fort
• une achalasie du sphincter interne : elle se définit par l’absence
de RRAI. Elle concerne donc tous les patients atteints de maladie Toute diarrhée explosive postopératoire, même en
de Hirschsprung mais son évolution est variable : seuls certains l’absence de signe systémique, doit être considérée
d’entre eux développent des symptômes obstructifs et ces der- comme une entérocolite potentielle et traitée comme telle.
niers s’amendent parfois spontanément avant l’âge de 5 ans.
La prise en charge thérapeutique proposée en première inten-
tion et après avoir éliminé les autres diagnostics est maintenant
l’injection de toxine botulique dans le sphincter anal interne [99] Le traitement en urgence est symptomatique et permet de
dont la réponse clinique favorable apporte aussi la confirma- relever une mortalité nulle dans la plupart des séries récentes.
tion diagnostique. Il est néanmoins parfois encore nécessaire Il associe des mesures de réanimation (antibiothérapie intravei-
de pratiquer une myectomie-sphinctérotomie chirurgicale [100] , neuse, expansion volémique, amines vasopressives), la mise au
qui a comme principal inconvénient le risque d’aggraver ou de repos du tube digestif et la décompression digestive. Elle peut
provoquer des troubles de continence ; nécessiter des nursings biquotidiens dans les formes peu sévères,
• un mégacôlon fonctionnel (stool-holding behavior) : les patients la mise en place de sondes, orogastrique en aspiration, rectale
atteints de maladie de Hirschsprung, notamment à cause de pour réaliser des lavements, voire une colostomie. Un fragment
leur prédisposition à la constipation, souffrent fréquemment de est toujours envoyé en anatomopathologie. En effet, l’étiologie
constipation idiopathique « simple » liée à des comportements de la stase doit être identifiée pour pouvoir être traitée. Le traite-
de retenue volontaire. Un programme de rééducation compor- ment idéal serait surtout préventif. Une récente étude prospective
tementale et de régulation du transit doit être mis en place en multicentrique randomisée contrôlée en double aveugle a mon-
coopération avec l’enfant et ses parents. tré que les irrigations régulières, l’administration de probiotiques
au long cours ne diminuaient pas la fréquence des entérocolites
par rapport au groupe contrôle non traité [106] . L’administration
Troubles de la continence (« soiling ») prolongée de métronidazole n’a pas fait la preuve de son effica-
cité mais représente un risque reconnu de sélection de mutants
Plus de 80 % des enfants atteints de maladie de Hirschsprung résistants et n’est donc pas recommandée. Certains auteurs pré-
déclarent souffrir de souillures, occasionnelles ou fréquentes, sous conisent en prévention primaire des dilatations mécaniques
la forme de suintement anal, appelé soiling, ou d’incontinence hebdomadaires (à la bougie de Hégar) pendant les trois premiers
vraie [101] . Ces troubles peuvent avoir plusieurs origines dont la mois postopératoires [107] . Tiryaki a publié une série de six enfants
compréhension des mécanismes en jeu chez chaque malade est traités par « sphinctérotomie chimique » (apport exogène de
indispensable pour proposer un traitement adapté (régime, laxa- nitrate d’azote visant à relâcher les cellules musculaires lisses et le
tifs passifs, accélérateurs du transit et lavements). Le soiling peut sphincter anal interne) et démontré la résolution des symptômes
être lié à l’incapacité à ressentir la distension rectale [102] par inter- rétentionnistes et des épisodes d’entérocolite [108] . L’éducation
ruption de l’épithélium transitionnel discriminatoire du canal parentale précoce et prolongée reste bien sûr l’élément indispen-
anal endommagé, notamment lors du traitement chirurgi- sable du suivi quotidien.
cal (importance de réaliser une anastomose colo-sus-anale 1 à 2 cm
au-dessus de la ligne pectinée). L’incontinence peut aussi résulter
d’une insuffisance sphinctérienne. Les études de qualité de vie
montrent dans ces cas que la confection d’une stomie définitive  Perspectives
apporte un confort supérieur à celui d’un traitement prolongé de
rééducation par biofeedback. Une « pseudo-incontinence » faite Les recherches cliniques, anatomiques et génétiques sur le côlon
de diarrhée par regorgement est également retrouvée ; elle peut aganglionnaire et sur le côlon ganglionnaire s’attachent à amé-
être secondaire à une constipation sévère ou à l’hyperpéristaltisme liorer la compréhension des mécanismes physiopathologiques
du segment descendu. de la maladie de Hirschsprung afin de développer de nouvelles
pistes diagnostiques et thérapeutiques pour les patients atteints de
maladie de Hirschsprung et par extension pour les autres patholo-
Infections persistantes : entérocolites gies du développement du système nerveux entérique (variantes
postopératoires et neurocristopathies). Dans cette optique, l’idée de la thérapie
cellulaire est de recoloniser l’intestin avec des cellules souches
Les épisodes d’entérocolite postopératoires constituent la neuronales [41] . Il a été montré qu’il était possible de les isoler
complication la plus sévère de la chirurgie de la maladie de à partir d’intestin fœtal ou post-natal, qu’elles étaient capables de

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Maladie de Hirschsprung  4-018-P-40

A B
Figure 6. Aspects clinique (A) et radiologique (B, C) d’une entérocolite aiguë
chez un enfant atteint de maladie de Hirschsprung.

“ Points essentiels
• Savoir évoquer une maladie de Hirschsprung devant une occlusion fonctionnelle basse du nouveau-né.
• Y penser devant une forme compliquée : entérocolite et pneumopéritoine.
• La radiographie d’abdomen sans préparation et le lavement opaque doivent être réalisés systématiquement et précocement.
• La biopsie rectale aspirative à la pince de Noblett doit être d’indication facile devant tout retard d’émission du méconium ou
distension abdominale majeure néonatale.
• Le diagnostic est histologique : association d’une absence de cellules nerveuses ganglionnaires sous-muqueuses et hypertrophie
des fibres nerveuses.
• La prise en charge doit avoir lieu en milieu chirurgical pédiatrique et débute toujours par une réhabilitation symptomatique du
nouveau-né. La dérivation digestive n’est pas systématique.
• Le traitement radical est chirurgical, en un ou deux temps.
• Nécessité d’un suivi prolongé jusqu’à l’âge adulte : constipation, souillures anales (soiling), entérocolites postopératoires, retentis-
sement psychosocial et familial.

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4-018-P-40  Maladie de Hirschsprung

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S. Joseph.
A. Guinot.
M.-D. Leclair (mdleclair@chu-nantes.fr).
Service de chirurgie infantile, Hôpital Mère-Enfant, Centre hospitalier universitaire de Nantes, 7, quai Moncousu, 44093 Nantes, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Joseph S, Guinot A, Leclair MD. Maladie de Hirschsprung. EMC - Pédiatrie 2019;14(2):1-14 [Article
4-018-P-40].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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