Vous êtes sur la page 1sur 99

UNIVERSITE OUAGA II

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE


EN SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
(UFR/SEG)

INTRODUCTION A LA MICROECONOMIE

1ère Année SEG

Semestre 1

Prof. K. Savadogo
1

Economie Générale
Cours d’Initiation aux Principes d’Economie
K. Savadogo

Plan Sommaire
Chapitre 1. L’économie et l’économiste

Chapitre 2. L’offre et la demande

Chapitre 3. L’élasticité et ses applications

Chapitre 4. Le comportement du consommateur

Chapitre 5. Le comportement de l’entreprise

Chapitre 6. L’équilibre sur un marché

Références pour l’ensemble du cours

N. Gregory Mankiw, 1998. Principes de l’Economie. Economica. Paris.

Michael Parkin, 2003. Economics. Sixième édition. Addison-Wesley. New York.

Michel Grais, 1983. Microéconomie. Edition Economica. Paris.

Jacques Lecaillon. Microéconomie.

Jacques Lecaillon. Macroéconomie.

André Watteyne, 1991. Economies politique : Applications aux structures économiques africaines. Edition
André Boland. Namur. Belgique.

Serge Percheron, 1988. Exercices de microéconomie. Edition Masson.

Guy Maije, 19**. Travaux dirigés d’analyse microéconomique : Etudes de cas et corrigé. Edition
Marketing.

W.J. Baumol, A.S. Blinder, W.M. Scarth, 1990. L’économique: Principes et politiques – La macroéconomie.
Deuxième édition. Edition Etudes vivantes. Montréal. Canada.

Paul A. Samuelson, William D. Northaus, 1995. Macroéconomie. Quatorzième Edition. Edition


d’organisation. Paris.

Robert H. Frank, 1994. Microeconomics and Behavior. McGraw-Hill. New York.

Roger Arnold, 1989. Macroeconomics. West Publishing Company. Los Angeles.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


2

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


3

CHAPITRE 2
L’OFFRE ET LA DEMANDE

Les concepts d’offre et de demande sont au cœur de l’analyse économique. L’économiste se sert de ces concepts
pour expliquer l’allocation des ressources et les niveaux des prix. A la fin de ce chapitre, l’étudiant doit être
capable de mener un raisonnement solide alliant ces deux concepts pour expliquer les variations du niveau des
prix dans le temps ou entre lieux géographiques. L’étudiant devra avoir compris que les niveaux des prix
s’établissent selon des « lois » et non selon l’humeur des agents.

I. Le marché, lieu d’interaction entre l’offre et la demande

Offre et demande : décrivent le comportement des gens lorsque ceux-ci se trouvent sur un marché
Marché : Groupe d’acheteurs ou de vendeurs d’un bien ou d’un service. Exemple : le marché du maïs représente
l’ensemble des acheteurs et des vendeurs de maïs, dans un espace donné et pour une période définie. Noter en
effet que le temps et l’espace induisent des changements sur la forme et le contenu d’un marché.
Différents genres de marchés : Les marchés peuvent être organisés ou non. Un exemple de marché organisé : le
marché des ventes aux enchères des véhicules recyclés de l’Etat, où les acheteurs et le vendeur se rencontrent à
un moment précis, pendant une durée déterminée. La plupart des marchés sont moins organisés. Un exemple : le
marché de Kouro-Kouro. Les différentes vendeuses sont dispersées dans les quartiers et les acheteurs arrivent
selon une loi de probabilité non déterminée. L’inorganisation n’ôte pas la qualité de marché, comme l’acheteur
de kouro-kouro sait où trouver son produit préféré et à quel prix.
Structure du marché. On distingue (1) le marché concurrentiel où le prix est donné, tous les acteurs font face au
même prix. Le nombre des vendeurs et des acheteurs sont tels qu’aucun prix individuellement ne peut exercer
une force quelconque sur le prix. Le marché de kouro-kouro est un exemple de marché concurrentiel. (2) Le
monopole où un seul vendeur fait face à une multitude d’acheteurs. Le vendeur fixe le prix et les acheteurs
réagissent en formulant leur demande. La SONABEL, productrice d’électricité au Burkina, est un exemple de
monopole. (3) Le monopsone est le contraire du monopole, un seul acheteur face à une multitude de vendeurs.
L’acheteur fixe le prix d’achat. Un exemple est le marché des peaux animales au Burkina, où une société, le
Groupe Aliz constitue le plus gros acheteur face à une multitude de vendeurs dispersés. (4) l’oligopole est une
situation intermédiaire où quelques vendeurs (2, ou quelques-uns) font face à une multitude d’acheteurs. Ici,
chaque vendeur doit tenir compte de l’autre dans la fixation de son prix. Un exemple est le marché du pétrole brut,
avec quelques pays exportateurs formant un oligopole face à tous les autres pays qui sont les acheteurs.

Hypothèse de travail retenue ici : on considèrera que le marché est concurrentiel. Les acteurs sont tous preneurs
de prix, c’est-à-dire agissent en traitant le prix comme une donnée. Les biens vendus sont homogènes.

Dans ce contexte, l’objectif de l’analyse de l’offre et de la demande est de (1) comprendre comment et à quel
niveau les prix s’établissent; (2) comprendre comment et à quels niveaux les quantités demandées et offertes
s’établissent et comment s’établit la quantité agrégée d’équilibre.

II. La demande

Demande : Pour l’économiste, il s’agit de la quantité d’un bien ou d’un service qu’un ménage ou une entreprise
décident d’acheter à un prix donné. L’économiste s’intéresse aussi bien à ce que les gens souhaitent acheter qu’à
ce qui leur permet d’acheter, étant donné leurs contraintes budgétaires et les prix des autres biens. Une méthode
d’analyse de la demande consiste à se poser la question : comment réagissent les acheteurs face au changement
du prix d’un bien, toute autre chose (revenu, prix des autres biens) étant fixée à un niveau donné ?

2.1 La courbe de demande individuelle


Cours d’économie générale K. SAVADOGO
4

La courbe de demande définit la quantité demandée d’un bien pour chaque niveau de prix de ce bien.

2.1.1 Déterminants de la demande individuelle


Soit la demande de kouro-kouro. Les facteurs suivants sont importants pour comprendre les différentes quantités
demandées par différentes personnes.
 Le prix du kouro-kouro. Si le prix du kouro-kouro augmente de façon exagérée, personne n’en achètera.
Si le prix par contre baisse de façon substantielle, des personnes qui hésitaient vont peut-être en acheter.
En maintenant tous les autres facteurs inchangés, la quantité demandée de Kouro-kouro diminue quand
son prix augmente. C’est la loi de la demande.
 Le revenu. Lorsque le revenu d’un consommateur de kouro-kouro baisse, il diminuera probablement ses
achats (sa consommation) de kouro-kouro. Un bien dont la quantité demandée diminue par suite d’une
diminution du revenu (ou, ce qui revient au même, la quantité augmente lorsque le revenu augmente) est
un bien dit normal. Si la quantité demandée diminue quand le revenu augmente, il s’agit d’un bien
inférieur. Pour l’ensemble de la société urbaine, le kouro-kouro est probablement un bien inférieur.
 Les prix des biens voisins. Au lieu de kouro-kouro, on peut consommer des cacahuètes, des noix
d’anacarde, du pois de terre. On dit que ces biens sont des substituts du kouro-kouro. Lorsque le prix d’un
bien substitut du kouro-kouro augmente, le consommateur aura tendance à acheter plus de kouro-kouro.
Des exemples de biens substituts les uns pour les autres sont : le café et le thé, le jus de gingembre et le
bissap, le bissap et les boissons industrielles gazeuses, la mobylette et le vélo. Des exemples de services
substituables sont le sport et le cinéma. On dit que deux biens sont complémentaires lorsque
l’augmentation du prix de l’un s’accompagne de la diminution de la quantité consommée de l’autre. Des
exemples de biens complémentaires sont le bissap et le sucre.
 Les goûts. Celui qui n’aime pas le kouro-kouro n’en achètera pas (du moins pour sa propre
consommation). Les goûts sont un déterminant fondamental de la demande d’un bien. En économie, on
n’essaie pas d’expliquer comment les goûts se forment. Mais, on étudie l’impact d’un changement des
goûts sur la demande.
 Les anticipations. Si on vous annonce que dans un mois vous aurez une augmentation de votre revenu,
vous pouvez dépenser plus aujourd’hui sur un bien sur lequel vous aviez des hésitations. Si on vous
annonce aujourd’hui que les prix des habits que vous portez vont être multipliés par 3 dans deux mois par
suite de modifications dans le commerce international, vous aurez tendance à acheter beaucoup d’habits
aujourd’hui.

2.1.2 Le barème de la demande

Soit à étudier la demande de galettes de mil par Nong’misgu. D’après ses déclarations vous pouvez dresser le
tableau suivant.

Prix des galettes (FCFA) Quantité demandée Ainsi, malgré son désir pour les galettes Nong’misgu
25 0 s’abstient d’en acheter lorsque le prix d’une galette atteint 25
20 3 F. Au fur et à mesure que le prix baisse, sa consommation de
15 5 galettes augmente. L’ensemble des deux colonnes de ce
10 10 tableau constitue le plan ou barème de la demande de
5 20 Nong’misgu. A partir de ce plan, on peut représenter la courbe
de demande sur un graphique.

2.1.3 La courbe de demande

Soit un système d’axes où nous portons en abscisse la quantité demandée de galettes et en ordonnée le prix des
galettes.
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
5

Fig. 2.1 Courbe de demande de


Nong'misgu La courbe ainsi obtenue est descendante de la gauche vers la droite. On
peut utiliser la courbe de deux façons :
30  On peut se donner un prix et se demander la quantité de galettes
25 achetées par le consommateur. Ainsi, lorsque le prix est de 15 F, le
croisement d’une ligne horizontale passant par 15 et la courbe donne le
Prix (FCFA)

20
15
nombre de galettes : 5.
10  On peut se donner une quantité de galettes et se demander à quel
5
prix Nong’misgu accepterait d’acquérir cette quantité. Par exemple,
0
pour une quantité de 10 galettes, notre consommateur serait prêt à payer
0 10 20 30 10 F pour chaque galette.
Quantité de galettes
NB : La construction de la courbe de demande s’appuie sur l’hypothèse
suivante : aucun autre facteur ne change lorsque le prix de la galette change. Autrement dit, le revenu, les prix
des autres biens, les goûts et les anticipations sont fixes. On utilise l’expression “Toutes choses étant égales” pour
designer cette clause. La phrase complète pour qualifier la loi de la demande est ainsi la suivante : « Toutes choses
étant égales, l’augmentation du prix des galettes s’accompagne de la baisse de la quantité demandée ». Souvent
on utilise l’expression latine correspondant à l’expression « toutes choses étant égales par ailleurs » : Ceteris
paribus, qui veut dire exactement la même chose mais en latin. Vous verrez donc des phrases du genre suivant :
La quantité demandée d’un bien varie inversement avec le prix de ce bien, ceteris paribus. Noter l’intérêt de cette
clause : Si le prix des galettes augmente et que le revenu de Nong’misgu augmente aussi, il n’est plus sûr que la
quantité demandée de galettes va baisser. Nong’misgu peut « compenser » l’augmentation du prix par celle du
revenu et consommer la même quantité de galettes qu’avant, aux nouveaux prix.

2.2 La courbe de demande du marché

Soit une économie composée de deux consommateurs, Nong’misgu et Ritta. Chaque consommateur exprime sa
demande pour un bien, les galettes. On peut obtenir une courbe de demande pour la société en « additionnant »
les courbes de demande des deux individus. La courbe de demande obtenue est la courbe de demande de marché
(ou encore, demande totale ou demande agrégée).

Le barème de la demande de Ritta est comme suit :

Prix en Qté
FCFA demandée
25 1
20 2
15 4
10 7
5 15

En additionnant les deux barèmes on obtient le barème de la demande de marché suivant :

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


6

Demande de marché
des galettes
Prix en Qté Fig. 2.2 Courbe de demande de
FCFA demandée marché

25 1
20 5 30
25
15 9 Prix (FCFA)
20
10 17 15

5 35 10
5
0
0 20 40

Qté de galettes

La courbe de demande de marché obtenue a la même allure que la courbe de demande individuelle. Elle est
décroissante de la gauche vers la droite. Cette propriété de la courbe de demande de marché est héritée de la
propriété de la demande individuelle. Elle s’explique aussi par le fait que lorsqu’on considère plusieurs individus,
une augmentation du prix amène certaines personnes à se retirer du marché, conduisant à une baisse de la quantité
total achetée. Dans l’exemple donné, les deux individus sortent du marché lorsque le prix des galettes atteint 25
F.
On peut se demander quels sont les déterminants de la demande de marché. Premièrement, tous les déterminants
de la demande individuelle sont aussi des déterminants de la demande de marché. Deuxièmement, il y a des
facteurs additionnels, parmi lesquels la population (la taille du marché) est déterminante.

2.3 Déplacement des courbes de demande

Le déplacement de la courbe de demande est causé par toute variation d’un facteur autre que le prix du bien. Par
exemple, lorsque le revenu d’un consommateur augmente, la quantité demandée aura tendance à augmenter, pour
tout niveau de prix. On dit que la courbe de demande se déplace vers la droite. Dans le temps par exemple, on
peut étudier le comportement de la demande de galettes en milieu urbain. On peut considérer qu’à Ouagadougou,
entre 1970 et 2003, la quantité de galettes consommées s’est accrue de façon substantielle par suite de la
croissance démographique. A tout prix donné, la quantité de galettes demandée s’est accrue.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


7
Prix
(FCFA) Courbe de
demande du
marché en 2003

P0

Courbe de
demande du
marché en
1970

Q1970 Q2003 Qté demandée de


galettes (Millions)

Fig. 2.3 Déplacement de la courbe de demande.


En 1970, la courbe de demande était la ligne légère. Au prix P0, la quantité totale
demandée de galettes est donnée par Q1970. Trente trois années plus tard, la courbe s’est
déplacée pour prendre la forme de la ligne en gras. La quantité demandée de galettes passe
à Q2003, au même prix P0.

2.4 Les sources de déplacement des courbes de demande

De nombreux facteurs peuvent causer le déplacement de la courbe de demande. On peut les regrouper en facteurs
économiques et facteurs non-économiques.

 Facteurs économiques pouvant déplacer la courbe de demande. Il s’agit essentiellement du revenu et des
prix des autres biens. Parmi les autres biens, il y a les substituts et les compléments du bien analysé.
Lorsque le prix d’un bien substituable augmente, la courbe de demande se déplace vers la droite (la
demande augmente : à tout niveau de prix, la quantité demandée du bien augmente). S’il s’agit d’un
complément, l’effet contraire est obtenu : l’augmentation du prix d’un complément entraîne un
déplacement de la courbe de demande vers la gauche.
 Facteurs non économiques. Il s’agit principalement des changements dans les goûts (les préférences) des
consommateurs et les modifications de la structure démographique de la population de référence. Lorsque
la population augmente, la courbe de demande se déplace vers la droite. Lorsque les préférences changent
en faveur du bien, la courbe de demande se déplace aussi vers la droite.

On peut résumer les facteurs pouvant causer un déplacement de la courbe de demande comme suit :

Sources des déplacements des courbes de demande du marché

 Variation du revenu
 Variation du prix d’un bien substituable
 Variation du prix d’un bien complémentaire
 Variation de la structure de la population
 Changements dans les préférences
 Modification de l’information
 Modification des conditions d’accès au crédit
 Modifications des anticipations

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


8

2.5 Déplacements le long de la courbe de demande et mouvements le long de cette courbe

On ne doit pas confondre un déplacement de la courbe de la demande avec un glissement le long de la courbe de
la demande. Un glissement le long de la courbe de demande est tout simplement la variation de la quantité
demandée lorsque le prix du bien varie. Comme on l’a vu, une hausse du prix entraîne une baisse de la quantité
demandée, donc un glissement vers le haut (de droite à gauche). Par contre, une baisse du prix entraîne une hausse
de la quantité demandée, donc un glissement vers le bas (de droite à gauche), le long de la courbe.

Une augmentation de la quantité demandée peut provenir de : (1) une baisse du prix ; (2) un déplacement de la
courbe de demande vers la droite ; (3) une combinaison des deux.

Questions de révision

1. Qu’entend-on par quantité demandée d’un bien ou d’un service?


2. Enoncer la loi de la demande et l’illustrer par un exemple.
3. Lister tous les facteurs qui affectent la quantité demandée et dire comment chaque facteur
affecte la courbe de demande.
4. Comment réagissent la quantité demandée et la courbe de demande de galettes si le prix des
galettes chute, toute autre chose restant inchangée ?

III. L’offre

Le concept d’offre représente la quantité d’un bien ou d’un service qu’un ménage ou une entreprise souhaite
vendre à un prix donné. On peut parler de l’offre de maïs par un producteur rural, de l’offre de galettes par une
vendeuse de galettes à Ouagadougou, l’offre de travail d’un fonctionnaire public. On peut étudier l’offre en
suivant le même cheminement que la demande.

3.1 La courbe d’offre individuelle

3.1.1 Déterminants de l’offre individuelle

 Le prix du bien : Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du prix du bien entraîne une
augmentation de la quantité offerte par un individu. C’est la loi de l’offre.
 Les prix des facteurs de production : L’augmentation du prix d’un facteur de production essentiel peut
diminuer la quantité offerte. Par exemple, si la farine de mil devient plus chère, les galettes coûteront plus
cher, entraînant une baisse de la quantité demandée.
 Les prix des autres produits. La quantité offerte d’un bien peut baisser quand le prix d’un autre bien
augmente. Par exemple, si le prix des galettes augmente et s’y maintient, la production de boules (de mil)
peut baisser, les vendeuses préférant produire des galettes devenues plus rentables.
 Prix futurs anticipés. L’anticipation de la hausse future du prix d’un bien peut faire baisser sa quantité
offerte. Ceci est l’exemple d’un comportement spéculatif se traduisant par la rétention des stocks de
produits.
 Technologie. Une amélioration de la technologie peut s’accompagner d’une baisse du coût de production,
et par conséquent d’une augmentation de l’offre. Considérer par exemple la production de jus de pastèque.
La technologie existante est une presse qui occasionne beaucoup de perte de jus. Si une technologie plus

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


9
performante permet de presser plus de pastèque par heure et perdre moins de jus, le coût de production
par verre de jus baisse et par conséquent l’offre augmente.

3.1.2 Le barème de l’offre

Considérer l’offre de maïs par un producteur rural. Supposer que tous les facteurs autres que le prix sont donnés
et maintenant constants. On obtient le barème de l’offre suivant, pour différents niveaux du prix de maïs.

Barème d’offre de maïs


Qté Fig. 2.4. Courbe d'offre
Prix en offerte en individuelle de maïs
FCFA Kg
0 0 160
25 50 140
120
Prix (FCFA)

50 100 100
75 150 80
60
100 200 40
150 250 20
0
0 100 200 300

Qté de maïs (KG)

3.1.3 La courbe d’offre

La courbe d’offre individuelle est obtenue en plaçant la quantité en abscisse et le prix en ordonnée. On obtient la
courbe ci-dessus.

3.2 La courbe d’offre du marché

Soit deux producteurs de maïs, A et B, chacun désirant offrir du maïs sur le marché selon son propre plan. Le
plan de l’offre totale (ou offre agrégée ou offre de marché) s’obtient en faisant la somme des quantités offertes
par les deux producteurs, à chaque niveau de prix.

Fig. 2.5. Offre de marché du maïs

160
140 Prix Qa Qb Qt
0 0 0 0
120
Prix (FCFA)

Qa 25 50 75 125
100
50 100 150 250
80 Qb
75 150 200 350
60 Qt 100 200 275 475
40 150 250 350 600
20
0
0 500 1000
Qté (Kg)

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


10

3.3 Déplacement des courbes d’offre

Comme la courbe de demande, la courbe d’offre peut se déplacer suite à la variation de tout facteur autre que le
prix du bien analysé. Supposons que la région de production de maïs soit frappée par une sécheresse. La
production de maïs sera affectée négativement et la courbe d’offre se déplacera vers la gauche. A tout niveau de
prix, il y a moins de maïs offert sur le marché sur la nouvelle courbe d’offre. Le graphique suivant représente
cette situation. S est la courbe d’offre avant et S’ la courbe d’offre après la sécheresse. Au prix P, la quantité Q’
offerte après la sécheresse est inférieure à la quantité Q après la sécheresse.

Prix S’

Q’ Q Quantité

Fig. 2.6 Déplacement de la courbe d’offre de maïs vers la gauche par


suite d’une sécheresse. La courbe d’offre s’est déplacée de la droite vers la
gauche, de S en S’. A tout prix donné, la quantité offerte devient
inférieure.

3.4 Les sources de déplacement des courbes d’offre

Les facteurs qui causent le déplacement de la courbe d’offre sont nombreux. Une liste est donnée dans l’encadré
ci-dessous. Chacun de ces facteurs déplace la courbe d’offre vers la gauche ou vers la droite. Par exemple,
considérer la production de coton. Le processus de production utilise un intrant essentiel, l’engrais NPK. Si le
prix de l’engrais augmente de façon substantielle, de nombreux producteurs ne vont plus en acheter. Le rendement
du coton étant très sensible à l’engrais, il s’ensuivra une diminution de la production totale et donc un déplacement
de la courbe d’offre vers la gauche. Considérer maintenant la production de lait de chèvre. Une nouvelle
technologie sous forme d’une nouvelle race de chèvre vient d’être adoptée par un grand nombre de producteurs.
Cette technologie fait doubler la production journalière de lait par chèvre. Il en résultera un déplacement de la
courbe d’offre de lait vers la droite : A tout niveau de prix, la quantité de lait offerte sur le marché devient plus
importante.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


11

Encadré 2.1
Les conséquences de la sécheresse de 2000 sur le marché des céréales

La saison agricole 2000-2001 a été marquée par une insuffisance pluviométrique


qui a eu des conséquences négatives sur les récoltes. La production totale de
céréales au Burkina s’est établie à 2,286 millions de tonnes, contre 2,700
millions de tonnes l’année antérieure. Il en est résulté un déficit céréalier (i.e.
ce qui manque pour permettre à la population de se nourrir de façon adéquate).

La conséquence de la sécheresse a été de réduire l’offre de céréales sur le


marché. A tout niveau de prix, les vendeurs offraient moins de céréales sur le
marché que durant l’année antérieure.

La baisse de l’offre a des effets sur le niveau des prix. Avec une courbe de
demande donnée (la sécheresse n’affecte pas les besoins de consommation de la
population : la courbe de demande ne change pas), la baisse de l’offre entraîne
une hausse des prix. Le prix du maïs a augmenté par rapport à l’année antérieure.

L’économiste peut utiliser les schémas de l’offre et de la demande pour


comprendre ce qui s’est passé par la suite sur le marché du maïs. Les
spéculateurs, face à la mauvaise récolte, ont anticipé une baisse de l’offre durant
la période de soudure et ont empilé des stocks pour vendre au prix élevé à cette
période. Evènement non anticipé, il y a eu des entrées de maïs à partir des pays
voisins (notamment le Ghana) au moment de la soudure. L’effet de ces entrées
de maïs a été de déplacer la courbe d’offre vers la droite : à tout niveau de prix,
la quantité vendue a augmenté. L’effet a été une pression à la baisse des prix, la
courbe de demande étant donnée. Les consommateurs ont pu bénéficier de ces
prix bas et les spéculateurs ont obtenu beaucoup moins de bénéfice qu’ils
n’avaient anticipé.

Sources de déplacement de la courbe d’offre


 Variation du prix des facteurs de
production
 Evolution des technologies
 Modification de l’environnement naturel
 Modification des conditions d’accès au
crédit
 Modification des anticipations

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


12
3.5 Déplacements le long de la courbe d’offre et mouvements le long de cette courbe

Encore une fois il ne faut pas confondre le déplacement le long de la courbe et le déplacement de la courbe d’offre
tout entière. Considérer l’offre de galettes. Les galettes sont produites par un nombre important de vendeuses.
Lorsque le prix des galettes augmente, chaque vendeuse essaie d’en produire plus. Il en résulte une augmentation
de la quantité offerte sur le marché, provenant d’un glissement le long de la courbe d’offre, comme le montre le
graphique ci-après. A côté de ce graphique, nous représentons une situation où l’augmentation de la quantité
offerte de galettes provient d’un déplacement de la courbe d’offre vers la droite.

Mouvements de la courbe ou le long de la courbe : Une question de repère !

La courbe de demande et la courbe d’offre se représentent habituellement dans un repère prix-


quantité, le prix se référant au prix du bien analysé. Dans un tel repère la courbe se déplace
sous l’impact de toute variable qui n’appartient pas au repère. Par contre, la variation de toute
variable appartenant au repère induit un mouvement le long de la courbe.

Supposer que nous représentions la quantité demandée comme fonction du revenu. Ceci est
bien possible, car le revenu est un des déterminants de la quantité demandée. Dans un repère
revenu-quantité, on obtient une courbe croissante de la gauche vers la droite. Dans un tel
repère, le changement du revenu induit un mouvement le long de la courbe, alors que le
changement du prix du bien induit un déplacement de la courbe. Par exemple, si le prix du
bien passe de 50 à 75, la quantité demandée diminue, pour tout niveau du revenu : la courbe
se déplace vers la gauche.

Questions de révision

1. Comment définit-on la quantité offerte d’un bien ou d’un service ?


2. Quelle différence faites-vous entre offre et production ?
3. Enoncer la loi de l’offre et l’illustrer par un exemple.
4. Donner la liste de tous les facteurs qui affectent le barème de l’offre.
5. Pour chaque facteur de la question 4, dire comment la courbe d’offre est affectée.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


13

A B

Prix
Prix Offre
Offre

P1
P0
P0

Qo Q1 Quantité Q0 Q1 Quantité

Fig. 2.7. Mouvement le long de la courbe d’offre et déplacement de la courbe


d’offre. La partie A du graphique montre un mouvement le long de la courbe d’offre
tandis que la partie B illustre un déplacement de la courbe d’offre. Dans les deux cas, il en
résulte une augmentation de la quantité offerte, de Qo à Q1. Mais la différence réside dans
le niveau des prix. Dans la partie A, la quantité Q1 est obtenue au prix élevé p1. Dans la
partie B, la quantité Q1 peut être obtenue sans que le prix ne change.

IV. La rencontre de l’offre et de la demande

Même s’il est utile d’étudier l’offre ou la demande d’un produit de manière isolée, c’est l’interaction entre les
deux qui produit ce qu’on observe dans une économie : le niveau des prix payé par les consommateurs et reçu par
les producteurs et la quantité achetée et vendue par les deux types d’acteurs. Considérons le marché des galettes.
Quel est le niveau du prix des galettes? Cela dépend des conditions de marché. Si par exemple aucun
consommateur n’avait un goût pour les galettes, il est évident que le prix serait très bas. Si par contre les
consommateurs se ruent sur une quantité limitée de galettes, celles-ci pourraient se vendre bien cher. En d’autres
termes, ce sont les conditions de l’offre et de la demande qui détermineront le prix des galettes.

4.1 L’équilibre

Portons sur le même graphique les courbes d’offre et de demande de galettes. On obtient une figure comme 2.8.
L’intersection des deux courbes détermine le prix payé par les acheteurs et perçu par les vendeurs. Dans le cas du
marché des galettes, ce prix est de 10F. On attribue le nom ‘Prix d’équilibre’ à ce niveau de prix. A ce prix, les
acheteurs achètent 1000 galettes. C’est la quantité d’équilibre.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


14
Prix des
galettes
en FCFA
Demande
15 A B Offre

10 E
C D
5

Quantité d’équilibre

1000 Quantité de
galettes

Fig. 2.8 Equilibre entre offre et demande. L’intersection de la courbe de demande et de


la courbe d’offre définit le point d’équilibre, E. Quand le prix est au-dessus de 10 F,
l’offre excède la demande et le marché de galettes est en déséquilibre. De même pour tout
prix inférieur à 10 F, la demande excède l’offre et le marché est encore en déséquilibre.

Pour comprendre le concept d’équilibre, regardons ce qui se passe si le prix devait s’établir à un autre niveau. Si
le prix est plus bas que le prix d’équilibre, les acheteurs voudront acheter une quantité de galettes qui n’existe pas
sur le marché. Dans ce cas, ils repartent insatisfaits et plutôt que de le faire, certains seraient prêts à payer plus
pour obtenir quelques galettes. De même, si le prix était supérieur au prix d’équilibre, les vendeuses voudraient
vendre des quantités que personne ne serait prêt à acheter. Des vendeuses repartiront donc avec des galettes sous
la main, qu’elles seront obligées de donner en cadeaux à des parents ou amis. Plutôt que de le faire, certaines
seront prêtes à vendre les galettes à un prix plus bas. En fait, le seul point qui satisfait simultanément les vendeuses
et les acheteurs est le point d’équilibre, E. En ce point, la quantité que les vendeuses désirent vendre et celle que
les acheteurs désirent acheter sont égales. L’équilibre est le lieu où les forces en présence annulent leurs effets,
selon la définition du dictionnaire. C’est ce qui se passe exactement sur le marché des galettes.

4.2 La stabilité de l’équilibre

Le point d’équilibre est le point ‘naturel’ du marché. En effet, lorsque pour une raison on s’écarte du point
d’équilibre, les forces du marché assurent qu’on est ramené à ce point. Supposons que par suite d’une décision
des vendeuses le prix s’établit à 15 F la galette. A ce prix, les vendeuses mettent la quantité donnée par le point
B sur le marché alors que les acheteurs sont prêts à acheter la quantité donnée par le point A. Il en résulte un excès
d’offre représenté par la distance AB. Dans une telle situation, certaines vendeuses vont commencer à céder leurs
galettes à des prix plus bas. Le mouvement se généralisera jusqu’à ce qu’on atteigne le point E et le prix de 10 F.
Peut-on aller en dessous du point E ? Supposons que l’on se retrouve dans la situation donnée par les points C et
D, avec le prix des galettes s’établissant à 5 F. Dans ce cas, les acheteurs sont prêts à acheter la quantité
correspondant au point D et les vendeuses prêtes à vendre la quantité indiquée par le point C. Une situation
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
15
d’excès de demande s’établit, représenté par la distance CD. Dans cette situation, ce sont les consommateurs qui
vont agir de manière à ramener le système au point E. Certains consommateurs de galettes vont se décider à payer
au dessus de 5 F pour amener certaines vendeuses à leur vendre des galettes. Le mouvement se généralise, le prix
monte jusqu’au niveau de 10 F. En ce point E, il n’y a plus d’incitation à changer et le système se stabilise.

Ainsi, les actions de multitudes d’acheteurs et de vendeurs poussent le prix vers le prix d’équilibre. Une fois ce
prix d’équilibre atteint, tous les acteurs sont satisfaits et le prix ne subit plus aucune pression.

Le mécanisme d’équilibrage entre l’offre et la demande donne lieu à une loi : la loi de l’offre et de la demande,
qui énonce que le prix d’un bien s’ajuste de manière à assurer l’égalité entre l’offre et la demande.

La rapidité avec laquelle le prix s’ajuste dépend de la nature du marché. Sur certains marchés, le déséquilibre ne
peut persister longtemps. Sur d’autres, une situation de déséquilibre peut persister plus longtemps.

4.3 Analyse des modifications de l’équilibre

Comme nous l’avons vu plus haut, les courbes de demande et d’offre peuvent se déplacer. De même, il peut y
avoir des mouvements le long de ces courbes. Ces deux types de changements sont provoqués par des forces
(économiques ou non) que nous avons analysées dans les sections concernées.

L’équilibre se modifie sous l’action des forces modifiant la demande ou l’offre. Considérons le marché des
galettes de mil. Dans un premier temps, supposer que par suite d’un enchérissement des pièces détachées des
moulins, le prix de la farine de mil augmente. Maintenant, à chaque niveau des prix, la quantité de galettes que
les vendeuses sont prêtes à mettre sur le marché baisse (il s’agit de l’effet de l’augmentation du prix d’un facteur
de production essentiel). La courbe d’offre de galettes se déplace vers la gauche. L’équilibre se déplace de E0 à
E1 où le prix payé par galette est plus élevé et la quantité achetée et vendue de galettes plus faible (voir figure
2.9). On peut énoncer la règle générale suivante:

Règle : Effet du déplacement de la courbe d’offre


 Un déplacement de la courbe d’offre vers la gauche augmente le prix
d’équilibre et réduit la quantité d’équilibre, la courbe de demande étant
donnée.
 Un déplacement de la courbe d’offre vers la droite réduit le prix
d’équilibre et augmente la quantité d’équilibre, la courbe de demande
étant donnée.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


16

Prix des
A Prix des
B
galettes galettes
Courbe
de demande

Courbe
Courbe d’offre
d’offre

P1 E1
 P0
 E0
P0
E0 Courbe P1 E1 
de demande

Q1 Q0 P1 P0 Qté de
Qté de
galettes
galettes

Fig. 2.9. Effets des déplacements des courbes d’offre et de demande sur les niveaux du
prix et de la quantité.
Dans le panel A, la courbe d’offre de galettes se déplace vers la gauche suite à
l’augmentation du prix de la farine de mil. Le point d’équilibre passe de E0 à E1. Il en
résulte un prix d’équilibre plus élevé, P1 et une quantité d’équilibre plus faible, Q1. Dans le
panel B, la courbe de demande de galettes se déplace vers le bas (la gauche) par suite du
changement de goût des consommateurs. Le point d’équilibre passe de E0 à E1. Il en résulte
un prix d’équilibre plus bas, P1 et une quantité d’équilibre plus faible, Q1.

Maintenant, supposer que par suite d’une campagne médicale, les consommateurs de galettes se rendent à
l’évidence que les huiles utilisées dans la préparation des galettes ont un effet néfaste sur la santé. Cette prise de
conscience aura pour effet de déplacer la courbe de demande de galettes vers la gauche: A tout niveau de prix, les
consommateurs achètent désormais moins de galettes. Le point d’équilibre passe de E0 à E1, où le prix payé est
plus bas et la quantité d’équilibre plus faible. A partir de cette analyse, on peut énoncer la règle suivante:

Règle : Effet du déplacement de la courbe de demande


 Un déplacement de la courbe de demande vers la gauche réduit le
prix d’équilibre et réduit la quantité d’équilibre, la courbe d’offre
étant donnée.
 Un déplacement de la courbe de demande vers la droite augmente le
prix d’équilibre et augmente la quantité d’équilibre, la courbe d’offre
étant donnée.

On voit ainsi qu’une modification de prix est due soit à un déplacement de la courbe de demande soit à un
déplacement de la courbe d’offre. Evidemment, il arrive que les pouvoirs publics manipulent les prix à la baisse
ou à la hausse, sans tenir compte des forces du marché. Ces changements autonomes de prix se traduisent par des
glissements le long de la courbe d’offre ou de la courbe de demande.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


17

4.2 L’utilisation des courbes de demande et d’offre

Les déplacements des courbes donnent à l’économiste un outil puissant de compréhension de phénomènes
économiques. Comme vu plus haut, ces déplacements de courbes sont à l’origine de la modification des prix que
vous payez pour la plupart des biens. Un modèle simple permet d’illustrer l’action simultanée de l’offre et de la
demande (voir l’encadré 2.2).

Questions de révision

1. Comment définit-on le prix d’équilibre d’un bien ?


2. Pour quelle rangée de prix y a-t-il excédent sur le marché ?
3. Pour quelle rangée de prix y a-t-il déficit sur le marché ?
4. En cas de surplus, comment le prix réagit-il ?
5. En cas de déficit, comment le prix réagit-il ?

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


18

Encadré 2.2
UN MODÈLE ÉCONOMIQUE :

COMPRENDRE LA FORMATION DES PRIX SUR LE MARCHÉ DES FRUITS A


OUAGADOUGOU

Il est arrivé à chacun de vous de vous demander pourquoi les fruits coûtent si cher à Ouagadougou
alors qu’à Orodara, quelque 400 Km plus loin, ces fruits coûtent très peu de chose. A l’aide des outils
simples des courbes d’offre, de demande et du concept d’équilibre, l’économiste est à même
d’expliquer le niveau des prix. Pour cela, il construit un modèle simple d’offre et de demande. Un
modèle est toujours constitué de trois types de relation : des identités, des relations de comportement
et des conditions d’équilibre.

La demande de marché (ou demande totale ou encore demande agrégée) de fruits est la somme des
demandes des différents consommateurs. Une telle relation est une identité. De même l’offre totale
de fruits est la somme des quantités offertes des différents vendeurs. C’est aussi une identité.

La courbe de demande décrit la relation entre le prix et la quantité demandée. Lorsque le prix
augmente, on s’attend à ce que la quantité demandée baisse, et vice versa. Cette relation est une
relation de comportement (elle décrit la manière dont sont censés agir les consommateurs). La courbe
d’offre, qui établit aussi le lien entre prix et quantité offerte, est une relation de comportement.

Le point de satisfaction mutuelle des vendeurs et acheteurs sur un marché est le point d’équilibre.
L’équilibre exige que la quantité demandée soit égale à la quantité offerte. Ceci se produit à
l’intersection entre la courbe d’offre et la courbe de demande.

En représentant mathématiquement ces idées, l’économiste est capable de dire ce qui cause le niveau
des prix ou leur variation. Pour la représentation mathématique, l’économiste utilise des fonctions.
En désignant par Qd, Qs et P respectivement les quantités demandée, offerte et le prix, par R le
revenu des consommateurs et par T la qualité du transport entre le lieu de consommation et de
production des fruits, l’économiste établira des équations du type suivant :

(1) Qd = a – bP + cR
(2) Qs = d + eP + fT
(3) Qd = Qs

Les relations 1 et 2 sont des relations de comportement expliquant comment la demande Qd et l’offre
Qs répondent aux prix et aux variables revenu et transport. La relation 3 est une condition d’équilibre
indiquant qu’au repos du système, l’offre et la demande s’égalisent. Lorsque l’économiste dispose
des valeurs des constantes a, b, c, d, e et f, elle peut tirer des conclusions sur les modifications du
prix P par suite d’une modification du revenu ou des conditions de transport. A partir du niveau des
prix, l’économiste pourra dire quelle quantité de fruits sera vendue et achetée.

V. Prix, valeur et coût

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


19
Le prix est défini en économie comme la somme donnée en échange d’un bien ou d’un service. Dans ce
sens, le prix est déterminé par les forces de l’offre et de la demande. Quelle relation y a-t-il entre valeur et prix ?
Le premier économiste, Adam Smith, faisait la distinction entre la valeur d’échange, qui est l’équivalent du
concept de prix, et la valeur d’usage. La valeur d’usage est l’utilité ou la satisfaction (qui peut être objective,
morale ou subjective) qu’un consommateur tire de la consommation d’un bien ou d’un service. Adam Smith
utilise ces deux concepts pour illustrer le paradoxe entre le diamant et l’eau. L’eau a une valeur d’usage très
élevée et une valeur d’échange (prix) très bas. Par contre, le diamant a une valeur d’usage fort limitée (beaucoup
de gens peuvent s’en passer) mais une valeur d’échange (prix) très élevée. Pour l’économiste, ce sont les
conditions de l’offre et de la demande qui expliquent les différences de prix entre le diamant et l’eau. Dans la
plupart des conditions, l’eau existe en abondance et c’est cette ampleur de l’offre qui impose le niveau bas du
prix. Ce n’est pas le cas du diamant qui est une pierre rare.

Il faut aussi faire la distinction entre prix et coût. Le coût d’un bien est ce qu’on dépense pour le fabriquer, alors
que le prix est ce qu’on dépense pour l’acquérir. En général le coût de production déterminera le prix auquel les
entreprises sont enclines à vendre le bien. Si le coût de production augmente, le prix du bien augmentera
normalement.

Pour terminer, considérer le rôle des prix dans l’allocation des ressources. Prenons l’exemple de l’allocation des
parcelles sises à l’intérieur ou aux alentours de la Zone du Bois à Ouagadougou. Ces parcelles coûtent
extrêmement plus cher, par exemple, que des parcelles situées dans une zone comme Kossodo. Qui habitera ou
construira à la Zone du Bois ? Ceux qui sont prêts à payer le prix qu’il faut. Le prix montera jusqu’à ce que l’offre
et la demande s’équilibrent. Vous comprenez par là que le niveau du prix permettra d’éliminer certains
demandeurs et ne garder que ceux qui sont capables de payer. Le prix égalise l’offre et la demande par exclusion,
le principe d’une économie de marché.

Questions

1. Qu’est-ce qu’un marché concurrentiel ?


2. Pourquoi la courbe de demande individuelle est-elle normalement décroissante ? Pourquoi en est-il de même
de la courbe de demande de marché ?

3. Pourquoi la courbe d’offre d’une entreprise est-elle normalement croissante ? Pourquoi en est-il de même de
la courbe d’offre de marché ?

4. Quel est l’intérêt du point d’intersection entre la courbe d’offre et la courbe de demande ?

PROBLÈMES

1. Expliquer chacune des affirmations suivantes à l’aide de courbes d’offre et de demande.

a. Quand une sécheresse frappe le sud-ouest du Burkina, le prix de la farine de maïs usinée monte dans tous les
magasins des villes du Burkina.
b. Quand un problème frontalier fait baisser les importations de ciment, le prix du ciment augmente alors que
celui du maçon baisse.

2. Soit les barèmes de l’offre et de la demande de Benga :


Prix (Fcfa par plat) Quantité demandée Quantité offerte
(centaine de plats par jour)
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
20
20 180 60
30 160 80
40 140 100
50 120 120
60 100 140
70 80 160
80 60 180

a. Tracer les courbes d’offre et de demande et indiquer le point d’équilibre.


b. Supposer que le prix s’établit à 70. Décrire la situation du marché de Benga et expliquer le processus par lequel
le marché va s’ajuster.
c. Supposer que le prix du bois utilisé dans la préparation de Benga monte. Laquelle des courbes se déplace ? De
quel côté ? Pourquoi l’autre courbe ne se déplace-t-elle pas ?
d. Supposer que le revenu moyen des consommateurs de Benga augmente de 15%. Laquelle des courbes se
déplace ? De quel côté ? Pourquoi l’autre courbe ne se déplace-t-elle pas ?

3. Depuis la construction des barrages de Kompienga et de Bagré, beaucoup de burkinabè sont devenus de grands
mangeurs de poisson au détriment de la viande de bœuf. Dire quels sont les effets de ce changement d’habitude
alimentaire sur les prix et les quantités d’équilibre sur les marchés du bœuf, du poulet et des restaurants servant
des plats de viande de bœuf ? Utiliser des courbes d’offre et de demande pour justifier vos réponses.

Références

Mankiw, chap. 4

Joseph E. Stiglitz, 1997. Principes d’économie moderne. De Boeck Université. Chap. 4

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


21
CHAPITRE 3

ÉLASTICITÉ ET APPLICATIONS DES


COURBES D’OFFRE ET DE DEMANDE

Kimseyinga SAVADOGO
Université de Ouagadougou
Décembre 2003

I. Introduction

L’élasticité est un concept essentiel dans l’analyse économique. Des énoncés qui prendraient une tournure
compliquée deviennent simples lorsque l’on utilise ce concept. Par exemple, il peut être important pour une
vendeuse de galettes de savoir l’impact que pourrait avoir une augmentation du prix des galettes sur le bénéfice
qu’elle réaliserait. Une augmentation de prix pourrait par exemple provenir d’un déplacement de la courbe d’offre
de galettes vers la gauche. Ce déplacement à son tour peut être dû au retrait de nombreuses vendeuses du marché
par suite de l’apparition de nouvelles activités. La vendeuse voudrait aussi savoir l’impact d’une augmentation
des revenus des consommateurs sur la consommation de galettes. Une telle information pourrait par exemple être
utilisée pour le choix de la localisation du lieu de vente entre les différents quartiers de la ville. L’élasticité prix
ou l’élasticité revenu lui permettront de facilement percevoir les effets de ces deux évènements.

Un conseil pour l’étudiant qui entreprend de comprendre et utiliser l’élasticité. Le concept est élusif en ce sens
qu’il semble à première vue abstrait. Somme toute, c’est un concept pratique, l’abstraction tenant seulement au
caractère général du concept. Toute votre vie d’économiste, vous aurez à utiliser ce concept. Autant le maîtriser
dès les premiers instants d’initiation à l’économie.

II. L’élasticité-prix de la demande

2.1 Concept d’élasticité

Selon la loi de la demande, lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité demandée de ce bien diminue. La loi
de la demande donne ainsi le sens de la variation de la quantité par suite d’une variation du prix. Mais cette loi ne
donne pas l’amplitude de la baisse de la quantité demandée par suite de l’augmentation du prix. Cette ampleur
dépendra de la capacité de réaction de la demande à un changement de prix.

Considérer par exemple le marché du maïs. Supposer qu’une faible pluviosité provoque un déplacement de la
courbe d’offre de maïs vers la gauche. Il en résultera une augmentation du prix. L’impact sur la quantité demandée
et vendue (quantité d’équilibre) dépendra de la forme de la courbe de demande. Considérer les deux cas de la
figure 3.1. Dans le cas A, la courbe de demande est moins plate que dans le cas B. L’aplatissement de la courbe
de demande joue sur l’effet de l’augmentation du prix provenant d’une baisse de l’offre. Dans le panel A de la
figure 3.1, lorsque le prix augmente de 75 F à 125 F (soit une augmentation de 66 %), la quantité d’équilibre
baisse de 100 T à 80 T (soit une baisse de 20 %). Par contre, dans le panel B, un passage du prix de 75 F à 100 F
(une augmentation de 33 %), s’accompagne d’un passage de la quantité de 100 T à 60 T (une diminution de 40 %).
La quantité répond plus amplement à une variation du prix dans le cas B que dans le cas A. On dira que la demande
est plus élastique dans le cas B que dans le cas A.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


22

A B
(CFA/Kg)
Prix du maïs

(CFA/Kg)
Prix du maïs
S1
S0
S1 S0

125 100

75
75
DB
DA

80 100 Qté de maïs 60 100


(Tonnes) Qté de maïs
(Tonnes)

Fig. 3.1. Effet d’un déplacement de la courbe d’offre sur le niveau du prix et de la quantité
d’équilibre. Par suite d’une baisse de la production de maïs, la courbe d’offre se déplace de S0 à S1.
L’impact sur le prix et la quantité dépend de l’aplatissement de la courbe de demande. Lorsque la
courbe de demande est presque verticale (panel A), la diminution de l’offre entraîne une forte
augmentation du prix (de 75 F à 125 F). Lorsque la courbe de demande est plate (panel B), la diminution
de l’offre entraîne une augmentation du prix moins importante, de 75 F à 100 F. La quantité demandée
réagit plus fortement au prix dans le panel B que dans le panel A.

2.2 Définition et calcul

L’élasticité-prix de la demande, notée souvent par e, est définie comme la variation en pourcentage de la quantité
demandée divisée par la variation en pourcentage du prix:

variation en pourcentage
de la quantité demandée
e
variation en pourcentage
du prix
En utilisant l’exemple ayant servi d’illustration, on obtient les résultats suivants :

20% 20
Panel A : e    0,30
66% 66

40% 40
Panel B : e    1, 21
33% 33

Dans le premier cas, on dira qu’une variation du prix de 1 % s’est accompagnée d’une variation de la quantité
demandée de 0,3 %. Dans le deuxième cas, une variation du prix de 1 % a entraîné une variation de la quantité
demandée de 1,2 %.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


23

ENCADRE 3.1
Note d’éclaircissement !
En réalité, l’élasticité - prix est un nombre négatif. Lorsque le prix augmente,
la quantité demandée diminue. A strictement parler les valeurs de l’élasticité
calculées dans le texte sont respectivement -0,30 et -1,21. Par convention, on
se contente de représenter l’élasticité par sa valeur absolue, sachant (en tête)
que ce nombre est négatif. La considération de la valeur positive facilite les
comparaisons entre élasticités. Mais dans les interprétations, on ne doit pas
oublier ce fait que quantité demandée et prix varient en sens inverse l’un de
l’autre.

Ainsi, dans le texte, l’élasticité du panel A s’interprète rigoureusement


comme suit : Une augmentation du prix de 1 % s’accompagne d’une
diminution de la quantité demandée de 0,3 %. Dans le cas du panel B, on
dira qu’une augmentation du prix de 1 % entraîne une baisse de la
quantité demandée de 1,2 %.

En mathématique, la variation en % de la variable x s’écrit :


x
variation en % de x  , où l’opérateur  indique la différence entre deux valeurs de x :
x
x  x1  x0 , où x1 et x0 sont deux valeurs données de x. En utilisant l’opérateur, la formule de l’élasticité est :
q q
e , où q représente la quantité demandée et p le prix d’un bien. Noter qu’en réalité q et p sont de signes
p p
opposés (loi de la demande) et l’élasticité ainsi définie est négative. On considère la valeur absolue de e, même
si dans l’interprétation on tient compte du signe négatif.

Pour appliquer cette formule, supposons par exemple qu’à un temps t on a les données suivantes sur la demande
de bissap : Prix=200 F/litre, quantité demandée=25 litres. Par suite d’une augmentation de l’offre, le prix passe
à 150 F/litre et la quantité demandée à 35 litres. Quelle est l’élasticité-prix de la demande de bissap? En appliquant
la formule :
q q (35  25) 25 10 25 25
e     1, 6 ;
p p (150  200) 200 50 200 14
En prenant la valeur absolue, on obtient e=1,6. Une baisse du prix du bissap de 1% entraîne une augmentation de
la quantité demandée de 1,6%. La demande de bissap est élastique au prix.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


24

ENCADRÉ 3.2
Élasticités - prix dans l’économie burkinabè

Zahonogo et al. ont mené une étude sur la consommation en milieu urbain au Burkina à partir
de données d’enquêtes sur les ménages dans huit villages de quatre provinces du pays (Soum,
Passoré, Bâlé et Comoé). Ils ont utilisé un modèle qui permet de trouver la relation
mathématique entre la consommation d’un groupe de biens et des variables comme les prix
de ces biens et les caractéristiques démographiques des ménages. Leurs résultats sur les
élasticités-prix de 7 groupes de biens sont présentés dans le tableau ci-après. Ici, nous avons
regroupé les biens en demandes élastiques (élasticité supérieure à 1) et en demandes
inélastiques (élasticité inférieure à 1). Ainsi, on constate que la demande des céréales
traditionnelles (mil et sorgho) a une élasticité de 1,191 : Une augmentation de leur prix de 1 %
entraîne une diminution de leur quantité demandée de 1,191 %. Une politique de prix peut
donc avoir des effets sur la consommation de ces céréales. Pour encourager par exemple leur
consommation, il faut diminuer leur prix. Par contre, les céréales intermédiaires (maïs et riz)
ont une élasticité de 0,272 : une diminution de leur prix de 1 % augmente leur consommation
de 0,272 %. Cette augmentation moins que proportionnelle de la quantité indique que ce
groupe de céréales est inélastique. La politique de prix aura peu d’incidence sur leur
consommation.

Biens Elasticités - prix


Demandes élastiques
Céréales traditionnelles (mil, sorgho) 1,191
Aliments industriels 1,122
Boissons et excitants 1,029
Demandes inélastiques
Légumineuses et oléagineux 0,261
Céréales intermediaries (maïs, riz) 0,272
Aliments gras 0,807
Biens d'équipement 0,999
Source : P. Zahonogo, K. Savadogo, C. McCracken et T. Sakurai,
2003 : «Pauvreté et arbitrage entre consommation alimentaire et
non alimentaire en milieu rural du Burkina». Université de
Ouagadougou.

2.3 Classification des biens selon l’élasticité

La valeur 1 est utilisée comme point de rupture pour la comparaison des biens selon l’élasticité Ainsi :
- Les biens dont l’élasticité dépasse 1 sont des biens élastiques. Une augmentation du prix dans ce cas
entraîne une baisse de la quantité demandée relativement plus ample que l’augmentation du prix. De même
une diminution du prix entraîne une augmentation relativement plus ample de la quantité demandée. Dans
une telle situation, la manipulation des prix a un effet saisissable sur la demande.
- Si l’élasticité est inférieure à 1, on dit que la demande est inélastique. Dans ce cas, une augmentation du
prix entraîne une diminution relativement moins ample de la quantité demandée. Inversement, une
diminution du prix entraîne une augmentation relativement moins ample de la quantité demandée. La
manipulation des prix dans ce cas a peu d’impact sur les quantités demandées. Dans l’encadré 3.1, vous
avez des exemples de biens élastiques et non élastiques.
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
25

Il existe deux cas extrêmes. Dans le premier, une variation du prix entraîne une variation illimitée de la quantité.
On dit que la demande est infiniment (parfaitement) élastique. En particulier, la moindre hausse du prix se traduit
par la baisse de la quantité à zéro, alors que la moindre baisse du prix se traduit par une hausse infinie de la
quantité. Dans le deuxième cas, une variation du prix laisse la quantité inchangée. On dit que la demande est
parfaitement inélastique ou encore d’élasticité nulle.

Les valeurs des élasticités sont intimement liées à la forme de la courbe de demande, comme le montre la figure
3.2.

2.4 Elasticité-prix et recettes

Une entreprise sera toujours intéressée par l’effet d’une variation des prix sur ses recettes (ventes en argent). Les
recettes d’une entreprise sont la quantité vendue multipliée par le prix :

R=pQ

Si le prix augmente de 1%, les recettes diminueront si la quantité diminue de plus de 1 %. Les recettes augmentent
si la quantité diminue de moins de 1%. On peut utiliser l’élasticité pour exprimer ce résultat.

-Si l’élasticité est supérieure à 1 (demande élastique), les recettes baissent par suite d’une augmentation des prix.
-Si l’élasticité est inférieure à 1 (demande inélastique), les recettes augmentent quand le prix augmente.
-Si l’élasticité est exactement égale à 1, l’augmentation du prix est exactement compensée par la diminution de
la quantité et les recettes restent constantes.

Ce résultat est tout à fait logique. Lorsque la demande est inélastique, le consommateur est « prisonnier » de ses
goûts : il ne peut pas réagir face à des changements. Par conséquent, l’augmentation ou la diminution du prix
laisse ses quantités achetées presque invariables. Par contre, quand la demande est élastique, le consommateur
est à même de s’ajuster. Une augmentation du prix le fera « fuir » le produit. Un exemple de bien à demande
inélastique est l’alimentation prise en tant que groupe. Tout consommateur est obligé de se nourrir et
l’augmentation ou la diminution du prix aura peu d’impact pour beaucoup de gens.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


26
P P P
D D 18
18 18
15
15
D
100 Q 90 100 Q 80 100 Q
(a)
(b) (c)
P
P
D
18 Qté achetée=0
15 D
15 Qté achetée=

50 100 Q Q
(e)
(d)

Figure 3.2 Formes des courbes de demande et élasticité.


(a) Demande parfaitement inélastique. Le passage du prix de 15 à 18 laisse la quantité inchangée.
(b) Demande inélastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage de la quantité
de 100 à 90 (-10%).
(c) Demande unitairement élastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage de
la quantité de 100 à 80 (-20%).
(d) Demande élastique. Le passage du prix de 15 à 18 (+20%) entraîne le passage de la quantité de
100 à 50 (-50%).
(e) Demande infiniment élastique. Toute augmentation du prix au-dessus de 15 annule la demande.
Toute diminution du prix en dessous de 15 conduit à une demande infinie.

Les entreprises doivent se préoccuper du niveau de l’élasticité-prix de la demande pour leurs décisions. Supposer
par exemple qu’à Bobo-Dioulasso, un seul artisan produit un certain type de briques en pierre. Etant seul, il peut
librement fixer son prix. Mais, ses ventes dépendent de la réaction des consommateurs. Supposons qu’une étude
révèle que la demande des briques a une élasticité de 2. Alors, une augmentation du prix de 1 % s’accompagne
d’une baisse de la quantité demandée de 2 %. Dans ce cas, une augmentation du prix entraînera une chute des
recettes. Prenons un exemple. Supposer que lorsque le prix est de 500 F la brique, le fabricant vend 1000 briques,
soit des recettes de 500.000 F. Maintenant supposer qu’il augmente son prix de 20% pour l’établir à 600 F. Comme
le niveau de l’élasticité est de 2, l’augmentation du prix entraînera une baisse des quantités vendues de 40%. Le
nombre de briques vendues s’établit à 600, et le chiffre d’affaires au nouveau prix est 360.000, une baisse de
140.000 F !

Si au contraire notre vendeur de briques baisse son prix de 20%, la quantité vendue augmente de 40%, et 1400
briques sont maintenant vendues. Au nouveau prix de 400 F, les recettes s’établissent à 1400 x 400, soit 560.000
F. Il encaisse 60.000 F de recettes supplémentaires.

Cet exemple montre que la fixation du prix pour une entreprise en situation de monopole est une affaire sérieuse
car le niveau du prix a un impact important sur les recettes.

2.5 Elasticité et pente de la courbe

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


27
Comme vu plus haut, le niveau de l’élasticité dépend de la forme de la courbe de demande. Lorsque la courbe
de demande est une droite, cette forme dépend entièrement de la pente de la courbe. Considérer la courbe de
demande de canaris ci-dessous (Fig. 3.3). Cette courbe de demande est représentée par une équation de la forme :

Prix des Q  a  bp , (1)


Canaries avec p le prix et Q la quantité. Les valeurs de a et de b définissent
(FCFA) entièrement la droite. Si par exemple a=150 et b=0,50 alors une
valeur de p de 200 implique une valeur de 50 pour Q. Une valeur de
250 pour p implique une valeur de 25 pour Q.

250 On peut « inverser » l’équation de la courbe pour obtenir le prix à


200 partir d’une quantité de canaris. L’équation est :
a Q
p  (2)
b b
25 50 Quantité de
Canaris
Par exemple, avec les valeurs de a et b, si le nombre de canaris est
50, le prix payé est (150 0,5)  (50 0,5)  300 100  200F.
Fig. 3.3 Courbe de demande linéaire. La Avec le prix en ordonnée, la pente de la droite correspond à celle de
pente est constante. L’équation qui la l’équation (2). La pente de cette équation est définie comme suit :
représente est de la forme p= - Q. variation du prix p 1
L’élasticité varie le long de cette courbe pente=   .
même si la pente est constante.
variation de la quantité Q b
En reprenant la formule mathématique de l’élasticité :
Q Q Q p 1 p
e  .  . .
p p p Q p Q Q
D’où la relation entre l’élasticité et la pente :
1 p p
e .  b.
pente Q Q
La pente donnée par 1/b est constante le long de la droite. Mais l’élasticité dépend du rapport p/Q : elle est forte
pour les petites valeurs de la demande et faible pour les grandes valeurs de la demande. Noter que pour deux
courbes données, si le rapport p/Q est le même (ce qui est le cas quand les deux courbes se croisent), la courbe
ayant la plus forte élasticité est celle ayant la plus faible pente (1/b) : Si 1/b est faible, alors b est élevé, conduisant
à une plus forte valeur de e étant donné p/Q.
Pour appliquer la formule, prenons le point où p=200 et Q=50. La valeur de l’élasticité est
e  b.( p / Q)  0,5.(200 / 50)  2. En ce point, une diminution du prix du canari de 1% entraîne une augmentation
de la quantité demandée de 2 %. La demande est élastique en ce point. Prenons maintenant le point (p=250, Q=25).
En ce point (vous pouvez vérifier), la valeur de l’élasticité est égale à 5. La réponse de la demande à une variation
du prix est encore plus ample en ce point.

2.6 Déterminants de l’élasticité de la demande

La valeur de l’élasticité de la demande varie fortement entre produits. Dans l’exemple de l’étude de la
consommation rurale (encadré 3.1), on a constaté que la plus forte élasticité s’établissait à 1,19 tandis que la plus
faible n’atteignait que 0,26. On peut se demander quels facteurs expliquent ces différences de niveaux. On peut
énumérer deux grandes catégories de déterminants.

 L’existence de biens substituables. Lorsque le bien analysé admet des substituts rapprochés, les
consommateurs ont plus de flexibilité dans leur choix. Toute augmentation significative du prix du bien va
pousser les consommateurs vers le produit substitut. Un exemple : la farine de maïs et la farine de sorgho. Si
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
28
le prix de la farine de sorgho augmente de façon importante, les consommateurs vont se replier sur la
farine de maïs et la demande de la farine de sorgho baissera de façon substantielle. Il y a deux facteurs qui
déterminent la possibilité de recours à des substituts : le prix relatif et l’horizon temporel.
o Prix relatif. Lorsque le prix d’un bien donné est faible relativement à d’autres, il existe en général
plusieurs utilisations possibles de ce bien, constituant autant de sources de demande. Considérer par
exemple la demande d’un produit comme le ciment. Quand le prix est très bas, les consommateurs
peuvent l’utiliser pour construire toutes sortes de structures (allant du poulailler au building élaboré.
Si le prix augmente à partir de ce niveau bas, certains consommateurs vont recourir à d’autres types
de matériaux (banco, briques de pierre). Si ces matériaux existent (ce qui est le cas au début du
processus), la demande de ciment va baisser fortement. Lorsque le ciment est par contre vendu à un
prix très élevé, les utilisateurs deviennent surtout ceux qui l’utilisent pour la construction de structures
qui ont vraiment besoin de ciment (immeubles par exemple). A ce point, une hausse du prix du ciment
ne produit pas d’effet car il n’y a pas de substituts adéquats. Il faudrait une hausse extraordinaire du
ciment pour que la demande baisse (i.e. les acteurs cessent de construire). La figure 3.4 décrit cette
situation, la courbe de demande étant presque horizontale aux niveaux faibles du prix et presque
verticale aux niveaux élevés.
Prix A
du ciment
Figure 3.4 Variation de l’élasticité le long
de la courbe de demande
Autour du point B, les prix sont bas, il existe
de nombreux substituts, la demande est
élastique. Autour du point A, les prix sont
élevés, les substituts sont peu nombreux, la
B demande est rigide.

Quantité de ciment

o Horizon temporel. Toutes choses égales par ailleurs, le consommateur est d’autant plus à même de
trouver des substituts à un bien donné que le temps pour ce faire s’allonge. A court terme (c’est-à-dire
un temps au cours duquel certains ajustements sont impossibles), l’élasticité de la demande aura
tendance à être faible alors qu’à long terme (temps suffisamment long pour permettre la plupart des
ajustements) l’élasticité sera généralement plus forte. En termes de courbes de demande, la courbe est
plus aplatie dans le long terme que dans le court terme (Figure 3.5).

Prix
Figure 3.5 Elasticité et horizon
temporel
Demande à long Dans le long terme la courbe de
terme demande est plus aplatie, la demande est
Demande plus élastique. Dans le court terme la
à court terme courbe de demande a une pente plus
raide, la demande est moins élastique.
Quantité

 La nature du bien : bien essentiel ou bien de luxe. Les biens essentiels ont en général une demande rigide,
en ce sens que même si le prix augmente le consommateur ne peut s’en passer. Ceci suppose l’inexistence de
substitut pour ces biens essentiels. Par exemple, en considérant l’ensemble des denrées agricoles de base
comme un « bien alimentaire», l’augmentation du prix de ce bien alimentaire pénalise les gens pauvres qui
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
29
sont obligés d’en acheter au prix plus fort. Quant à un bien de luxe, l’augmentation du prix conduit le
consommateur à s’en éloigner, et la demande d’un tel bien est élastique. Par exemple, le riz en milieu rural
peut être considéré comme un bien de luxe dont l’augmentation du prix conduira les résidents ruraux à s’en
éloigner.

ENCADRÉ 3.3
Autres élasticités

L’élasticité de la demande telle que définie peut s’appliquer à tout facteur autre que le prix du bien.
Par exemple, on peut parler d’élasticité-revenu ou d’élasticité-prix croisée.

L’élasticité-revenu décrit la sensibilité de la quantité demandée au revenu. Comme nous l’avons vu


dans l’étude des déterminants de la demande, une hausse de revenu entraîne l’accroissement de la
quantité demandée, toutes choses égales par ailleurs. L’élasticité-revenu permet de mesurer l’ampleur
de cet accroissement de la demande. La définition est similaire à celle de l’élasticité-prix.

variation en pourcentage
de la quantité demandée Q Q
eR  = , où R est le revenu et Q la quantité demandée. On
variation en pourcentage R R
du revenu
peut classer les biens selon la valeur de l’élasticité-revenu :
 Si eR est positive, le bien est dit normal. C’est le cas de la plupart des biens. Parmi les biens
normaux, on distingue deux sous-groupes :
o Biens supérieures : eR > 1. Il s’agit de biens comme les voitures, les ordinateurs,
les JC, les P50.
o Biens normaux ordinaires : eR < 1 Il s’agit de biens comme les galettes, le
samsa, les bics et les vêtements de tous les jours.
 Si eR est négative, le bien est dit inférieur. Le kouro-kouro est probablement un bien inférieur (il
faut une étude empirique pour le confirmer).

L’élasticitié-prix croisée indique la réaction de la demande lorsque le prix d’un bien substitut ou
complément varie. Par exemple, pour une vendeuse de galettes, il peut être intéressant de savoir
comment réagissent les consommateurs de galettes lorsque le prix d’un bien voisin, le pain,
augmente. L’élasticité-prix croisée est définie comme suit :

variation en pourcentage
de la quantité demandée du bien Q Q
ec  = , où PX est le prix d’un autre bien et Q la
variation en pourcentage PX PX
du prix d'un autre bien
quantité demandée du bien analysé. On peut classer les biens selon le signe de l’élasticité croisée.
 Si eC est positive, les deux biens sont dits substituables : l’augmentation du prix du bien X
entraîne l’augmentation de la quantité demandée du bien analysé. C’est le cas de la farine de
sorgho (bien X) et de la farine de maïs (bien analysé).
 Si eC est négative, les deux biens sont dits complémentaires : l’augmentation du prix du bien X
esntraîne la diminution de la quantité demandée du bien analysé. C’est le cas de l’huile (bien X)
et du benga (bien analysé).

3. L’élasticité-prix de l’offre
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
30

3.1 Définition

Pour formuler un jugement quantitatif sur la modification de la quantité offerte par suite d’une modification du
prix, on utilise le concept d’élasticité-prix de l’offre. Il s’agit du même concept que l’élasticité-prix de la demande.
Par simplicité, on utilisera l’expression élasticité de l’offre. L’élasticité de l’offre est définie comme suit :

variation en pourcentage
de la quantité offerte
élasticité de l'offre 
variation en pourcentage
du prix
En écriture symbolique, l’élasticité de l’offre se définit comme suit :

Q f Q f
ef  ,
P P
où P est le prix du bien et Qf la quantité fournie (ou offerte) et ef est l’élasticité-prix de l’offre.

Exemple. Supposons qu’au prix de 10 F la galette, le marché offre 10000 galettes. Au prix de 15 F la galette, le
marché offre 20000 galettes. L’élasticité de l’offre résultant de ce changement est :

Q f Q f (Q1f  Q0f ) Q0f (20000  10000) 10000 1


ef      2.
P P ( P1  P0 ) P0 (15  10) 10 0,5

Cette valeur de 2 signifie que lorsque le prix des galettes augmente de 1%, la quantité offerte sur le marché
augmente de 2%. On dit que l’offre de galettes est élastique.

En général on peut qualifier la réponse de l’offre selon la valeur de l’élasticité.


 Si l’élasticité est supérieure à 1, on dit que l’offre est élastitique.
 Si l’élasticité est inférieure à 1, on dit que l’offre est inélastique.
 Si l’élasticité est égale à 1, on dit que l’offre est d’élasticité unitaire.

La nature de l’offre joue un rôle important dans les politiques nationales. Cette nature dépend des biens et de
l’échelle de production.

Considérons la production de jus de mangue par la Savana. Cette usine dispose de machines qui peuvent être
entièrement ou sous employées. L’élasticité de l’offre dépend du niveau de production dans une telle unité de
production manufacturière, comme illustré par la figure 3.6.

Prix
du jus Figure 3.6. Variation de l’élasticité le long de la
courbe d’offre.
P3 Entre les prix P0 et P1, il y a sous-utiisation de
capacité, certaines machines « chôment ». A ce
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
niveau, une petite augmentation de prix entraîne
une forte augmentation de la quantité offerte.
L’offre est élastique. Entre les prix P2 et P3, les
31

P2

P1
P0

Quantité de jus de mangue

3.2 Elasticité et pente de la courbe

En réécrivant la formule de l’élasticité de l’offre, on peut la mettre en relation avec la pente de la courbe d’offre,
tout comme dans le cas de la demande.

Q f Q f Q f p 1 p
ef   . f  . f .
p p p Q p Q Q f

Mais p/Q représente la pente de la courbe d’offre (il faut se rappeler que le prix est en ordonnée et la quantité
f

en abscisse). D’où la formule de l’élasticité en fonction de la pente :

1 p
ef  . f
pente Q

Si par exemple la courbe d’offre est linéaire de la forme P=c+dQf, alors la formule de l’élasticité est :

1 p
ef  .
d Qf

Plus la pente est faible, plus l’offre est élastique. On peut représenter les différentes formes possibles d’une courbe
d’offre linéaire et en déduire la nature de l’élasticité de l’offre (Fig. 3.7).

Prix Prix

15 15

10 10

100 Quantité 100 110 Quantité


a. Offre parfaitement inélastique.
Le prix augmente, la quantité b. Offre inélastique. Ici, le prix
reste la même. Cours d’économie générale augmente de 50%, laK.quantité
SAVADOGO
augmente de 10%.
32

Prix Prix

15 15
10 10

100 150 Quantité 100 200 Quantité


c. Offre unitairemrnt élastique. d. Offre élastique. Ici, le prix
Ici, le prix augmente de 50%, la augmente de 50%, la quantité
quantité augmente de 50%. augmente de 100%.

Prix

10

Quantité
e. Offre parfaitement élastique.
Toute augmentation du prix cause
une augmentation infinie de la
quantité.

Figure 3.7. La valeur de l’élasticité dépend de l’inclinaison de la


courbe d’offre.

3.3 Elasticité de l’offre dans le court terme et dans le long terme

Les capacitiés d’ajustement des producteurs dépendent du temps qui leur est accordé. Suite à une variation de
prix, l’offre réagira différemment selon que l’on se trouve dans la longue ou la courte période. Tout comme dans
le cas de la demande, la valeur de l’élasticité de l’offre dépend de la période d’analyse. L’élasticité de long terme
est supérieure, en général, à celle de court terme. La courbe d’offre de court terme est obtenue quand la capacité
de production (bâtiments, usines, pour une industrie manufacturière ; superficies cultivables, animaux et outils de
traction, pour une ferme agricole) est donnée. La courbe d’offre de long terme suppose la possibilité de changer
cette capacité. Par exemple, à long terme un agriculteur peut acquérir plus d’outils et d’animaux de traction et
accroître ses surfaces cultivables.

Un exemple type d’offre inélastique est donné par la production agricole. Considérer par exemple la culture de
coton. Une fois les semences faites en mai-juin, les paysans ne peuvent plus augmenter leur production même si
on leur annonce un doublement des prix. L’offre de coton à court terme est donc inélastique, la courbe d’offre a
une pente forte (Figure 3.8). Si au contraire on annonce une forte augmentation du prix avant le début de la saison,
les paysans vont s’adapter en accroissant les superficies cultivées, les quantités d’engrais, le recours aux outils
aratoires. La production peut augmenter fortement par suite de l’augmentation du prix. L’offre de long terme
(quand les ajustements sont permis) est élastique (Figure 3.8).
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
33

Prix du
coton
graine
Offre de
coton graine Offre de
de court coton graine
terme de long terme Figure 3.8. Offre de coton graine à
court et à long termes.
Dans le court terme, la courbe d’offre
est presque verticale. L’offre est
inélastique. Dans le long terme, la
courbe d’offre est plus aplatie. L’offre
est élastique.

Quantité de
coton graine

4. Applications des élasticités de l’offre et de la demande

4.1 Elasticité et ampleur des effets des déplacements des courbes

Nous avons vu dans le chapitre 2 que lorsque les courbes de demande et d’offre se déplacent, il en résulte des
variations de la quantité et du prix d’équilibre. Par exemple, si la courbe de demande urbaine de kouro-kouro se
déplace vers la gauche, par suite, par exemple, d’un changement de goût des consommateurs, et si la courbe
d’offre demeure inchangée, il en résulte une diminution de la quantité d’équilibre ainsi qu’une baisse du prix
d’équilibre. Si la courbe d’offre de maïs se déplace vers la droite, par suite d’une innovation technologique par
exemple, il en résulte une augmentation de la quantité d’équilibre et une baisse du prix d’équilibre, la courbe de
demande étant supposée immobile. Dans chacun de ces cas, il peut être utile de savoir quelle est l’ampleur des
modifications. Cette ampleur dépend des valeurs des élasticités de l’offre et de la demande.

Considérons dans un premier remps les conséquences d’un déplacement de la courbe de la demande. La Figure
3.9 donne deux cas de figure, celui d’une forte élasticité de l’offre et celui d’une faible valeur de cette élasticité.
Lorsque la courbe d’offre est fortement élastique, un déplacement de la courbe de la demande (vers la gauche ou
vers la droite) induit une variation de la quantité relativement plus imprtante que la variation du prix qui en résulte.
Par exemple, si la courbe de demande se déplace vers la droite (la demande augmente), il en résulte, comme nous
le savons, une augmentation à la fois du prix et de la quantité d’équilibre. Le résultat présent nous dit que la
quantité augmentera relativement plus fortement que le prix (partie a de la figure). Si par contre la courbe d’offre
est inélastique (partie b de la figure), un déplacement de la courbe de demande vers la droite induit une
augmentation du prix relativement plus forte que l’augmentation de la quantité d’équilibre.
Courbe d’offre
Prix Prix relativement
Courbes de demande
inélastique

Courbes de demande
Courbe d’offre
fortement élastique

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


34

(a) Quantité (b) Quantité


Figure 3.9. Elasticités de la courbe d’offre et effet d’un déplacement de la courbe de demande.
Dans le panel a, la courbe d’offre est très élastique. Lorsque la courbe de demande se déplace vers la gauche
ou vers la droite, il en résulte une baisse ou une hausse de la quantité relativement plus ample que la baisse
ou la hausse correspondante du prix. Dans le panel b, la courbe d’offre est relativement inélastique. Lorsque
Considérons
la courbe demaintenant les conséquences
demande se déplace vers la gauched’un déplacement
ou vers la droite, il ende la courbe
résulte de ou
une baisse l’offre. La Figure
une hausse de la 3.10 donne deux
quantité relativement moins ample que la baisse ou la hausse correspondante du prix.
cas de figure, celui d’une forte élasticité de la demande et celui d’une faible valeur de cette élasticité. Lorsque la
courbe de demande est fortement élastique, un déplacement de la courbe de l’offre (vers la gauche ou vers la
droite) induit une variation de la quantité relativement plus imprtante que la variation du prix qui en résulte. Par
exemple, si la courbe d’offre se déplace vers la droite (l’offre augmente), il en résulte, comme nous le savons,
une baisse du prix et une augmentation de la quantité d’équilibre. Le résultat présent nous dit que la quantité
augmentera relativement plus fortement que la diminution du prix (partie a de la figure). Si par contre la courbe
de demande est inélastique (partie b de la figure), un déplacement de la courbe d’offre vers la droite induit une
baisse du prix relativement plus forte que l’augmentation de la quantité d’équilibre.

Prix Prix
Courbes d’offre
Courbes d’offre

Courbe de demande
fortement élastique
Courbe de demande
relativement inélastique

(a) Quantité (b) Quantité

Figure 3.10. Elasticités de la courbe de demande et effet d’un déplacement de la courbe d’offre.
Dans le panel a, la courbe de demande est très élastique. Lorsque la courbe d’offre se déplace vers la
droite, il en résulte une augmentation de la quantité relativement plus ample que la baisse correspondante
du prix. Dans le panel b, la courbe de demande est relativement inélastique. Lorsque la courbe d’offre se
déplace vers la droite, il en résulte une hausse de la quantité relativement moins ample que la baisse
correspondante du prix. Le cas d’un déplacement vers la gauche de la courbe d’offre s’analyse en
changeant ce qui doit être changé.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


35

On peut aussi considérer les cas extrêmes où la courbe d’offre ou la courbe de demande est parfaitement
inélastique. Dans ces cas, les déplacements de courbes se traduisent uniquement par un effet sur le prix d’équilibre,
la quantité d’équilibre restant inchangée. En référence à la Figure 3.9b, lorsque la courbe d’offre est parfaitement
inélastique (une droite verticale), le déplacement de la courbe de demande par exemple vers la droite (une
augmentation de la demande), se traduit par une hausse du prix. Si par contre c’est la courbe de demande qui est
parfaitement inélastique, on note qu’un effet d’un déplcement de la courbe d’offre vers la droite (une
augmentation de l’offre) se traduit par une baisse du prix (voir Figure 3.10b). Si à l’opposé la courbe d’offre ou
la courbe de demande sont parfaitement élastiques, les déplacements de courbes se traduisent uniquement par un
effet quantité, le prix restant inchangé (essayer de le montrer sur un graphique).

4.2 Analyse de l’effet d’une taxe et rôle de l’élasticité

La loi de l’offre et de la demande permet d’évaluer l’impact des politiques publiques. Supposer par exemple que
l’état impose une taxe de 100 F par unité sur les produits en cuir fabriqués par une industrie nationale et sur
chaque sac de 100 Kg de petit mil vendu. La taxe est directement prélevée auprès des producteurs et chaque
producteur tente de répercuter ce coût supplémentaire sur le consommateur. Quels seront les effets de cette taxe
unitaire de 100 F ?

Mettons-nous du côté de l’industrie. Supposer qu’avant la taxe, le prix d’équilibre de l’industrie soit P0. Pour
chaque niveau de quantité de produits vendue, le prix unitaire passe de P0 à P0+100 après la taxe. Tout se passe
comme si la courbe d’offre se déplaçait vers le haut : la courbe de demande étant donnée, tout coûte plus cher à
chaque niveau de la production (Figure 3.11). L’effet de la taxe (donc du déplacement de la courbe d’offre)
dépend, comme vu plus haut, de l’élasticité de la demande. Supposons que la demande de produits de cuirs est
élastique. La partie a de la figure 3.11 montre les effets de la taxe de 100 F. La taxe cause une hausse du prix payé
par les consommateurs. Comme la courbe de demande est élastique, les consommateurs se protègent en baissant
les quantités achetées. Au nouveau point d’équilibre, les producteurs finissent par subir la taxe plus que les
consommateurs : ils sont contraints à accepter le prix Pf, supportant la portion P0-Pf sous forme de taxe. Les
consommateurs paient le prix Pc, et leur part de la taxe de 100 F est donnée par Pc-Pf.

Considérons la taxation du petit mil. Supposons que la demande de ce produit soit relativement inélastique (le
petit mil est utilisé pour des préparations dans lesquelles on ne peut utiliser ni le maïs, ni le sorgho). Les effets de
la taxe de 100 F par sac de 100Kg sont illustrés dans le panel b de la Figure 3.11. Ici, la majorité de la taxe est
supportée par les consommateurs, dont la capacité d’ajustement est limitée. Les consommateurs paient Pc,
supportant la portion Pc-P0 de la taxe. Les producteurs reçoivent Pf, absorbant la portion P0-Pf de la taxe. Dans
tous les deux cas, l’État perçoit la somme 100*Q1 sous forme de recettes fiscales. Cette somme dépend de Q1
qui, comme on le voit dépend de la réaction de la demande. On se rend compte ainsi que l’Etat ne récolte pas
nécessairement beaucoup de recettes en taxant certaines activités.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


36
Prix
Courbe d’offre après taxe

Courbe d’offre avant taxe

Pc=Prix payé par les


consommateurs 
P0=Prix avant taxe  Courbe de demande
100 F
Pf=Prix reçu par les
producteurs 

Q1 Q0 Quantité
a. Taxe sur le marché des produits de cuir

Courbe d’offre après taxe

Prix Courbe d’offre avant taxe

Pc=Prix payé par les


consommateurs

100 F
P0=Prix avant taxe
Pf=Prix reçu par les
producteurs
Courbe de demande

Q1 Q0 Quantité
a. Taxe sur le marché des produits de cuir

Figure 3.11. Effet d’une taxe sur la production.


Une taxe sur la production agit de manière à déplacer la courbe d’offre vers le haut. L’effet sur
les consommateurs, les producteurs et les recettes de l’État dépend de l’élasticité de la courbe de
demande. Dans le panel a, la courbe de demande de produits de cuir est très élastique. Dans ce
cas, la majeure partie de la taxe est supportée par les producteurs (les consommateurs s’ajustent à
la hausse du prix). L’État encaisse, sous forme de recettes fiscales, la somme 100*Q1. Dans le
panel b, la courbe de demande de petit mil est relativement inélastique. La majeure partie de la
taxe est supportée par les consommateurs (qui ont de la peine à ajuster leur demande). Ici aussi,
l’État perçoit la somme 100*Q1 sous forme de recettes fiscales.

Le mécanisme de l’offre et de la demande permet ainsi de montrer que le côté du marché (producteur ou
consommateur) qui supporte une taxe imposée par les autorités dépend, en définitive, de l’élasticité. Bien que les
producteurs paient la taxe, ils en récupèrent une partie en répercutant la taxe sur le consommateur. Le
consommateur supportera la taxe d’autant plus que sa demande est inélastique. En fait, si la courbe de demande
est parfaitement inélastique, c’est le consommateur qui supporte toute la taxe.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


37

5. Les interventions publiques sur le marché

Un autre type d’application des courbes d’offre et de demande concerne l’effet de l’intervention des pouvoirs
publics sur le marché de manière à créer des interférences avec la loi de l’offre et de la demande. L’état peut
intervenir sur le marché des céréales de grande consommation par exemple, avec comme objectif la protection
des consommateurs. Les pouvoirs publics établissent, dans ce cas, un prix plafond. Dans un autre sens, l’objectif
peut être de protéger les vendeurs ou producteurs et dans ce cas on établit un prix plancher. Avant la libéralisation
de l’économie Burkinabè à partir de 1991, il existait au Burkina un organisme appelé OFNACER (Office National
des Céréales). Le rôle de cet organisme était le contrôle (l’administration) des prix des céréales aussi bien au
niveau du producteur (institution de prix plancher) que du consommateur (institution de prix plafond).
L’administration des prix constitue une entrave au fonctionnement libre des marchés et peut créer une situation
de pénurie ou d’excédent sur les marchés.

5.1 Prix plafonds

Un prix plafond est une barre maximale à ne pas dépasser. On institue les prix plafonds en général pour protéger
le consommateur. Si par exemple le prix plafond du sucre produit par une industrie nationale est fixé à 550 F le
Kg, aucun commerçant n’est autorisé à vendre son stock à plus de 550 F le Kg. Autrement dit, le prix payé par
les consommateurs se situe au niveau ou en dessous du prix plafond. L’institution d’un prix plafond vise la
protection d’un groupe social donné. Dans le cas du sucre, la protection vise surtout les consommateurs urbains,
notamment les travailleurs des secteurs publics et privés. L’imposition du prix plafond (Figure 3.12a) crée une
pénurie sur le marché, le prix se situant en dessous du prix d’équilibre. La demande, au prix institué, excède
l’offre. Les individus veulent acheter une quantité que les vendeurs ne veulent pas vendre, car ils n’y sont pas
incités.

5.2 Prix planchers

Un prix plancher, au contraire du prix plafond, est généralement institué pour protéger (inciter) le producteur. Si
le prix plancher du maïs est fixé à 55 F le Kg, alors aucun commerçant n’est autorisé à acheter du maïs à moins
de 55 F le Kg. Le prix d’achat au producteur se situe donc au niveau ou au-dessus de 55 F le Kg. L’institution du
prix plancher cause un excédent, en ce sens que ce prix se situe au dessus du prix d’équilibre qui prévaudrait si
les forces du marché jouaient. Les vendeurs sont incités à mettre sur le marché une quantité que les
consommateurs ne sont pas prêts à payer. Pour que le prix plancher soit réalisable, il faudrait que les pouvoirs
publics puissent se débarrasser du surplus (excédent) créé par la régulation. Dans les pays avancés (Etats-Unis,
pays de l’Union Européenne), l’état garantit le prix plancher, quitte à racheter lui-même les surplus. Ces surplus,
accumulés aux Etats-Unis par suite de cette politique, ont été à la base de l’institution de l’aide alimentaire (sous
l’administration Kennedy au début des années 1960, par suite de la Loi désormais connue, PL 480). Dans le cas
de maints pays africains, l’institution du prix plancher a été seulement nominale, l’état ayant peu de capacité à en
assurer le fonctionnement.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


38

Prix du sucre
Prix du maïs

P*=Prix plancher

p p
P*=Prix plafond

Pénurie Excédent

Qf Q d Quantité Qd Qf Quantité
de sucre de maïs
(a) (b)

Figure 3.12 Effets de prix plafond et prix plancher

f le panel a, un prix plafond p* est imposé sur le marché de sucre. Sans la mesure
Dans
d’intervention, le prix d’équilibre se situerait en ^p. Au prix plafond p*, les consommateurs sont
prêts à acheter Qd alors que les vendeurs ne veulent vendre que Qf. Il se produit une situation de
pénurie représentée par la différence Qd-Qf. Dans le panel b, un prix plancher est imposé sur le
marché du maïs. Le prix d’équilibre sans intervention est ^p. Au prix plancher p*, les vendeurs sont
prêts à offrir Qf alors que les acheteurs ne veulent acheter que Qd. Il se produit une situation
d’excédent d’offre donné par la différence Qf-Qd.

5.3 Salaire minimum et effet sur l’emploi

Au Burkina, il est institué ce qu’on appelle salaire minimum garanti ou SMIG. Le SMIG est le taux horaire ou
journalier minimum qu’un employeur peut verser à son employé. Au Burkina, ce salaire minimum équivaut à
environ 30.000 F par mois. Lorsque l’employé est déclaré à la Caisse de sécurité sociale, son salaire doit se situer
au moins au niveau du SMIG. L’institution du SMIG vise à protéger le travailleur mais introduit une distorsion
sur le marché du travail. Cette distorsion est illustrée par la figure 3.13. L’imposition du salaire minimum au
niveau w* crée une situation de chômage additionnel, l’offre de travail étant supérieure à la demande. Le niveau
de chômage est donné par la différence Lf-Ld.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


39

Figure 13. Imposition d’un salaire


minimum sur le marché du
travail.
Chômage Sans intervention, le salaire
Salaire Offre de d’équilibre est w0 et à ce niveau la
travail quantité de travail offerte et
w*
demandée est L0. Si l’Etat intervient
et impose le salaire minimum w*, il
w0 se crée une situation de déséquilibre,
l’offre de travail Lf excédant la
demande Ld. Cet excédent
Demande représente du chômage additionnel.
de travail

Ld L0 Lf Quantité de travail

Références

Mankiw, Chap. 5 et 6.
Stiglitz, Chap. 5

Exercices

1. Qu’entend-on par élasticité de la demande et élasticité de l’offre ? Donnez des exemples d’utilisation de ces
concepts par les économistes.

2. Une courbe de demande parfaitement élastique est-elle horizontale ou verticale ? Expliquer.

3. Si l’élasticité de la demande de bissap est égale à 1, comment varient les recettes quand le prix augmente de
10% ? Qu’en serait-il si la demande était inélastique ? Si elle était très élastique ?

4. Dans quel cas un déplacement de la courbe de demande se traduira-t-il surtout par une variation de la quantité ?
Par une variation du prix ?

5. Dans quel cas un déplacement de la courbe d’offre se traduira-t-il surtout par une variation de la quantité ? Par
une variation du prix ?

6. Comment définit-on un bien inférieur ? Un bien normal ? Un bien de luxe ?

7. Qu’appelle-t-on deux biens complémentaires ? Deux biens substituts ?

8. L’élasticité prix de l’offre est-elle généralement plus forte dans le court terme ou dans le long terme ? Expliquer.

9. Si le gouvernement impose un salaire minimum, quels sont les effets sur la quantité offerte de travail ? Sur la
quantité demandée ? Sur le niveau du chômage ?

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


40

10. Quelle différence y a-t-il entre un prix plancher et un prix plafond ? Lequel privilégie le consommateur ?
Lequel privilégie le producteur ?

11. Quels effets les prix plancher et plafond ont-ils sur l’équilibre de marché ? Illustrer par des graphiques.

12. Si on impose une taxe sur le marché des mobylettes, qui, des consommateurs ou des vendeurs, supportera
cette taxe ? Expliquer par des graphiques.

Problèmes

1. Supposer que l’élasticité prix de la demande de galettes soit égale à 0,3 à court terme et 0,9 à long terme. Quel
est l’effet d’une augmentation du prix des galettes de 50% sur la demande de galettes a) à court terme ? b) à long
terme ?

2. Supposer que l’élasticité de l’offre de maïs soit de 0,5 à court terme et de 1,5 à long terme. Par suite d’une
innovation technologique, le prix du maïs baisse de 30%. -a) Quels seront les effets à court et à long terme sur les
quantités offertes? –b) Que se passe-t-elle si la baisse de prix n’est que de 20%? –c) Quels sont les effets respectifs
de ces deux baisses de prix sur les revenus des producteurs de maïs?

3. Initialement, le marché du travail est en équilibre, le taux de salaire étant w*. Représenter cette situation sur un
graphique. Supposer que le salaire sur le marché du travail soit rigide, c’est-à-dire qu’il ne se modifie pas à cour
terme et que de nouveaux travailleurs se présentent comme offreurs sur le marché. -a) Le marché sera-t-il en
équilibre à court terme? Justifier votre réponse. -b) Expliquer comment la rigidité du salaire sur le marché du
travail affecte le chômage.

4. Sur le marché du maïs, l’équilibre se situe au prix de 35 F par Kg. Supposer que le gouvernement décide
d’encourager la production de maïs en imposant un prix plancher de 55 F par Kg. –a) Représenter cette situation
graphiquement. –b) Quel est l’effet du prix plancher sur l’équilibre? -c) Y a-t-il excédent ou pénurie sur le marché ?
–d) Quelle quantité de maïs le gouvernement doit-il acheter sur le marché s’il veut que le prix plancher s’impose ?
–e) Quelle somme doit-il dépenser ? –f) Dire pourquoi ce genre de politique est appliqué de façon effective dans
les pays industrialisés (comme les Etats-Unis) et a de la peine à être appliqué dans les pays en développement
(comme le Burkina).

5. Considérer les politiques publiques de lutte contre le tabac. Les études statistiques montrent que l’élasticité de
la demande de cigarettes est de 0,4. –a) Si un paquet de cigarettes coûte 500 F, et si le gouvernement veut réduire
la consommation de 20%, de combien doit-il augmenter le prix du paquet ? –b) Si le gouvernement augmente
régulièrement le prix du paquet, quand est-ce que l’impact de cette politique sera le plus important : dans un an
ou dans cinq ans ?

6. Expliquer comment la proposition suivante peut être vraie : une sécheresse à l’échelle du Burkina augmente
les revenus de l’ensemble des producteurs de céréales, alors qu’une sécheresse dans la seule province du Gourma
réduit les revenus des producteurs de céréales de cette province.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


41
7. Une étude montre que les plans d’offre et de demande de chapeaux en paille sont comme suit :

Prix Quantité Quantité a. Quels sont les prix et quantité d’équilibre sur ce marché ?
(FCfa) demandée offerte b. Les fabricants de chapeau persuadent le gouvernement que les chapeaux
1100 1 millier 15 milliers aident à lutter contre la chaleur et accroissent la productivité des éleveurs de
1000 2 12 moutons. Le gouvernement impose un prix plancher de 1000 F sur le marché.
900 4 9 –i) Quelle est la quantité vendue de chapeaux à ce prix? –ii) Caractériser le
800 6 6 déséquilibre sur le marché de chapeaux par un graphique et expliquer.
700 8 3
600 10 1 c. Quelques années plus tard, le gouvernement se rend compte que la
production de moutons n’a pas bougé. Il impose un prix plafond de 700 F sur
le marché. –iii) Quelle est la quantité de chapeaux vendus ? –iv) Caractériser le déséquilibre sur le marché par un
graphique et expliquer.

8. Supposer que la demande de galettes de mil, un produit prisé en milieu urbain burkinabè, s’exprime comme
suit : Qd=29 – 2P, Qd étant la quantité demandée (en millions) et P le prix payé. L’offre de galettes s’exprime
comme suit : Qf = P – 1, Qf étant la quantité offerte (en millions). –a) Déterminer la quantité et le prix d’équilibre
sur ce marché. Le gouvernement, pour se faire des recettes budgétaires, décide d’imposer une taxe de 3 F CFA
par galette. –b) Quel est le prix payé par les consommateurs de galettes ? –c) Quel est le prix reçu par les
productrices de galettes ? –d) Quelle est la quantité vendue de galettes ? –e) Quelle est la recette encaissée par
l’état ? (Indication : vous pouvez considérer la taxe comme déplaçant la courbe d’offre vers le haut, de 3 F à
chaque niveau de quantité).

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


42
CHAPITRE 4
LE COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR

4.1 INTRODUCTION

Dans les chapitres qui précèdent, nous avons utilisé le concept de demande sans nous préoccuper de son origine.
Nous avons supposé que le consommateur possédait toujours une courbe de demande. Nous avons ensuite attribué
des propriétés ‘normales’ à cette courbe, à partir desquelles des prédictions suite aux variations des varaibles
d’analyse comme le prix ont été dérivées. Dans le présent chapitre, nous abordons la recherche des fondements
de la demande. Ce chapitre montre que la demande peut être dérivée en analysant le comportement
microéconomique du consommateur. Le problème central du consommateur est celui du choix des produits à
consommer. La courbe de demande résulte des mécanismes de ce choix.

4.2 LE PROBLEME DU CHOIX DU CONSOMMATEUR

L’un des principes fondamentaux de l’économie que nous avons passés en revue dans le chapitre 1 porte sur le
choix. Etant donné un ensemble de combinaisons de consommation accessibles, le principe du choix dit que le
consommateur choisira la meilleure combinaison de produits et services à consommer. Deux concepts sont
importants dans ce principe :

- Les combinaisons accessibles se refèrent aux moyens dont dispose le consommateur. Il est inutile par
exemple de désirer une voiture de luxe quand son revenu est loin d’en permettre l’acquisition.
- La meilleure combinaison se refère à celle qui procure la plus grande satisfaction au consommateur.

Nous passons en revue ces deux concepts.

4.2.1 Les options possibles du consommateur : La contrainte budgétaire

Panier. L’analyse du problème du consommateur peut se comprendre plus aisément en supposant que l’univers
du consommateur se résume à deux biens, le riz-gras-sans-viande et la viande. Le consommateur consomme une
combinaison de ces deux biens. Dans ce qui suit, soit x1 le riz-gras-sans-viande et x2 la viande. On appellera
panier de biens toute paire (x1, x2) spécifiant une quantité donnée de chacun des deux biens. Le mot panier peut
se comprendre plus naturellement si vous considérez deux biens comme les tomates et les oignons que vous
achetez dans le petit marché du secteur.

Prix. Chacun des deux biens est accessible à un prix, soit p1 pour le bien 1 et p2 pour le bien 2. En achetant la
quantité x1 du bien 1, le consommateur paie ainsi p1*x1.

Dépense totale. L’acquisition des deux biens coûte au consommateur la somme p1x1+p2x2. C’est la dépense
totale du consommateur.

Revenu du consommateur. On supposera que le consommateur dispose d’un revenu limité, noté R. On suppose
que le consommateur ne peut dépenser plus que son revenu.

Equation de budget et droite de budget. Le consommateur ne peut dépenser plus que son revenu. De même on
supposera que le consommateur n’a aucune raison de dépenser moins que son revenu. Autrement dit, on suppose
l’absence d’épargne. On obtient ainsi l’égalité entre la dépense totale et le revenu disponible, donnée par
l’équation du budget :

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


43
p1x1  p2 x2  R

Cette équation peut se représenter dans un repère avec x1 en abscisse et x2 en ordonnée. En tirant la valeur de x2
en fonction des autres symboles, on obtient l’équation suivante:

R p1
x2   x1
p2 p2

Supposons que la viande (x2) coûte 200 F par plat et que le riz-gras-sans-viande (x1) coûte 150 F par plat. Le
consommateur dispose d’une somme de 600 F. S’il consacre la totalité de ce revenu au bien 1, il peut en acheter
4 unités (4 plats). Si par contre il consacre la totalité de son revenu au bien 2, il pourra s’en procurer 3 unités. Ces
deux points (4, 0) et (0, 3) permettent de tracer la droite de budget qui représente l’ensemble des combinaisons
de riz-gras-sans-viande et de viande accessibles à un consommateur disposant d’un revenu de 600 F. La figure
4.1 représente cette droite.

Fig. 4.1 Droite de budget

3.5
3

2.5
x2 (viande)

1.5
1

0.5
0
0 1 2 3 4 5
x1 (riz-gras-sans-viande)

Espace budgétaire. Il est intéressant d’analyser les diffrérentes combinaisons de viande et riz-gras-sans-viande
que peut acquérir le consommateur. On appellera espace budgétaire l’ensemble des combinaisons accessibles
étant donné les prix et le revenu. Cet espace est donné par la surface triangulaire OAB dans la figure 4.1.

Pente de la droite de budget. La pente de la droite de budget permet d’illustrer le concept de coût d’opportunité.
Supposer que le consommateur veuille augmenter sa ration de viande de la quantité x2. De quelle quantité doit
diminuer sa ration de riz-gras-sans-viande? Soit x1 cette variation. Considérer l’équation de budget :

p1 x1  p2 x2 =R (1)

Le revenu restant inchangé, et x1 et x2 variant, on devra maintenir l’égalité suivante :

p1 ( x1  x1 )  p2 ( x2  x2 )  R

ce qui implique

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


44

( p1 x1  p2 x2 )  ( p1x1  p2 x2 )  R (2)

Par soustraction membre à membre des deux équations (2) – (1), on obtient :

p1x1  p2 x2  0 (3)

La pente de la droite de budget est donnée par

x2 p
 1 (4)
x1 p2

En valeur absolue, cette pente est tout juste le rapport des prix des deux biens. La pente représente la quantité
additionnelle de bien 2 obtenue par renonciation à une quantité donnée de bien 1. Le rapport p1/p2 représente la
quantité de bien 2 qu’on peut obtenir en échange d’une unité de bien 1. Dans notre exemple, p1 = 150, p2 = 200
et p1/p2 = 0,75. En abandonnant un plat de riz-gras-sans-viande, on peut obtenir trois-quarts de plat de viande.
Le coût d’opportunité de la consommation de riz-gras-sans-viande est de 0,75 plat de viande.

Déplacements de la droite de budget. La droite de budget dépend de deux types de paramètres: les prix et le
revenu. Lorsque ces paramètres changent, la droite de budget se déplace.

Effet de variation de revenu. Soit une augmentation du revenu de R à R’. Si les prix restent inchangés, le
consommateur dispose maintenant de plus d’argent pour acheter les deux biens. En consacrant tout son nouvel
avoir à l’achat du bien 1, le consommateur peut se procurer la quantité R’/p1>R/p1. De même, en consacrant tout
son nouvel avoir à l’achat du bien 2, le consommateur peut se procurer la quantité R’/p2>R/p2. Tout se passe
comme si la droite de budget se déplaçait vers la droite et le haut.

Une hausse du revenu élargit l’espace des choix du consommateur, tandis qu’une baisse de revenu réduit cet
espace. Une hausse de revenu permet au consommateur d’augmenter simultanément la consommation des deux
biens. Mais dans la réalité, l’augmentation n’est pas identique pour les différents biens. L’effet sur un bien
particulier dépendra de l’élasticité revenu de la demande. L’augmentation du revenu profitera plus aux biens à
élasticité revenu forte, alors que la baisse du revenu pénalisera davantage ces mêmes biens à élasticité revenu
forte.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


45

x2 x2
R’/p R/p2
2
R/p2 R’/p2

R/p1 R’/p1 x1 R’/p1 R/p1 x1


Figure 4.1a. Effet d’une hausse du Figure 4.1b. Effet d’une baisse du
revenu. revenu.
Lorsque le revenu augmente de R à Lorsque le revenu baisse de R à R’,
R’, la droite de budget se déplace la droite de budget se déplace vers la
vers la droite et le haut. gauche et le bas.

Effet de variation de prix. Supposons que le prix du bien 2 baisse, le prix du bien 1 ainsi que le revenu demeurant
inchangés. La droite de budget va pivoter autour du point d’intersection sur l’axe du bien 1, comme l’illustre le
graphique 4.2a. Le consommateur pourra se procurer plus de bien 2 au nouveau prix s’il consacrait entièrement
son revenu à l’achat de ce bien. Si le prix du bien 1 augmente (Figure 4.2b), la droite de budget pivote autour du
point d’intersection sur l’axe du bien 2. Avec le même revenu, le consommateur pourra désormais se procurer
moins du bien 1 s’il consacrait entièrement son revenu à ce bien.

Lorsque le prix d’un bien baisse, le consommateur peut acquérir plus de chaque bien, son niveau de revenu et le
prix du second bien étant donnés. Tout se passe comme si le pouvoir d’achat du consommateur avait augmenté.
Dans le cas d’une hausse de prix, le consommateur

x2 x2

A’
A

B x1 B’ B x1
(a) (b)

Figure 4.2. Effet d’une variation de prix sur la droite de budget.


Dans le panel (a), le prix de la viande (bien 2) baisse. La droite de budget
pivote autour du point B, de BA à BA’. Au nouveau point A’, le consommateur
peut acquérir plus de viande qu’en A, avec le niveau de revenu donné.
Dans le panel (b), le prix du riz (bien 1) augmente. La droite de budget pivote
autour du point A, de AB à AB’. Au nouveau point B’, le consommateur peut
acquérir moins de riz qu’en B, avec le niveau de revenu donné.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


46

subit une détérioration de son pouvoir d’achat. Dans le monde réel, l’effet constaté sur la demande des différents
biens suite à la variation d’un prix dépend de l’élasticité prix. Si un bien est élastique, la hausse de son prix
entraîne une baisse importante de sa consommation. Les biens qui bénéficient de cette augmentation de prix sont
ceux qui sont substituables au premier avec une forte élasticité croisée.

4.2.2 Le désir du consommateur : Les préférences

Etant donné la contrainte budgétaire, qui est somme toute objective, il s’agit de savoir en quel point de la droite
de budget le consommateur se placera. Par exemple, Nong-nemdo préférera des points situés le plus proche du
point A, alors que Muy-rita se placerait avec joie le plus proche du point B (Figure 4.3). Ce sont les préférences,
subjectives, des consommateurs qui vont déterminer le choix du point sur la droite de budget.

Viande
Nong-nemdo préfère
A ce point proche de A

Muy-rita préfère ce
point proche de B.

B Riz-gras-sans-viande

Figure 4.3. L’emplacement sur la droite de budget


dépend des préférences du consommateur.

Les préférences. Etant donné deux paniers x et y de biens, l’analyse des préférences du consommateur permet
de comparer ces paniers et de conclure lequel des deux paniers est préféré par le consommateur. Soient x=(x1,
x2) et y=(y1, y2). On peut définir les relations suivantes sur x et y.
-Préférence stricte. Le consommateur préfère strictement x à y si le consommateur choisit toujours x quand on
lui présente x et y. On notera :

x y qui se lit « x est préféré strictement à y ».

-Indifférence. Le consommateur est indifférent entre x et y s’il ne préfère pas strictement x à y et non plus y à x.
Dans ce cas on notera :

x y qui se lit « le consommateur est indifférent entre x et y ». En abrégé, nous dirons simplement « x et
y sont indifférents ».

-Préférence faible (ou au sens large). Le consommateur préfère faiblement x à y si le consommateur préfère x à
y ou est indifférent entre x et y. On notera :

x  y qui se lit « le consommateur préfère x à y ou est indifférent entre les deux».

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


47
Propriétés de la relation de préférence faible. Nous travaillerons avec la relation de préférence faible ().
Cette relation possède les propriétés suivantes :

- Totalité (complétude). Etant donné deux paniers x et y, on exigera que le consommateur puisse toujours classer
les deux et dire s’il préfère x à y ou y à x. La relation de préférences est totale s’il est vrai que :

x  y ou y  x, x et y étant deux paniers. Si les deux relations tiennent simultanément, alors x et y sont
indifférents.

Réflexivité. On pourra toujours comparer un panier à lui-même (ou un panier à un autre qui lui est identique). On
dira que la relation de préférence est réflexive si :

x  x, c’est-à-dire que le consommateur est indifférent entre deux paniers de même contenu. Noter que toutes les
relations imaginables ne sont pas réflexives. Tel est le cas de la relation «x est ami de y ».

Transitivité. La transitivité dit que le consommateur ne se contredit pas dans ses choix. C’est la transitivité qui
assure la cohérence des choix et qui traduit mathématiquement l’hypothèse de rationalité du consommateur. Etant
donné trois paniers x, y et z, la relation de préférences est transitive si :
x  y et y  z entraîne nécessairement x  z.

Autrement dit si, étant donné x et y le consommateur choisit x et choisit y quand on lui présente y et z, alors il
doit choisir x si on lui présente x et z. L’admission de consommateurs ayant des préférences intransitives dans la
théorie du consommateur introduirait des situations de comportement imprédictibles, toutes les aberrations étant
rendues possibles. L’hypothèse de transitivité sera considérée comme centrale à la théorie du consommateur.

Absence de satiété. Etant donné deux paniers x et y, le consommateur préférera celui qui contient le plus de
chaque bien. Ainsi, soit x=(x1, x2) et y=(y1, y2). Si on a les relations suivantes : x1>y1 et x2>y2, alors x  y. De
même si ( x1  y1 et x2  y 2 ) ou ( x1  y1 et x2  y 2 ), le résultat est le même : x  y. Lorsque cette propriété est
satisfaite, on dit que le consommateur est insatiable : il (elle) préfère toujours plus à moins. Dans le cas de la
viande et du riz, le panier x*=(2 plats de riz, 1,5 plats de viande) est préféré au panier x0=(1 plat de riz, 1 plat de
viande).

4.3 APPROFONDISSEMENT DES OUTILS D’ANALYSE

Dans cette section nous passons en revue un ensemble d’outils et de concepts qui permettent de résoudre
progressivement le problème du choix du consommateur.

4.3.1 Les courbes d’indifférence

Considérer un panier de biens x*=(x1*, x2*). La relation de préférence permet de classer tout autre panier x=(x1,
x2) au panier x*. Certains de ces paniers seront préférés à x*, d’autres lui seront inférieurs, d’autres enfin lui
seront équivalents. Considérer l’ensemble des paniers indifférents à x*. Le lieu de tels points indifférents à x*
constitue une courbe d’indifférence. Considérer un consommateur consommant du riz et de la viande. Ce
consommateur peut être indifférent entre acheter le vecteur x=(1 plat de riz, ¾ de plats de viande) et le vecteur
x’=(1,5 plat de riz, ½ plat de viande). Une courbe d’indifférence passera dans ce cas par ces deux points x et x’
de l’espace euclidien à deux dimensions.
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
48

A partir des propriétés des préférences (dont certaines ne sont pas mentionnées ci-dessus), les courbes
d’indifférence sont des courbes convexes vers l’origine comme illustré dans la figure 4.4. Notons la courbe
d’indifférence par la lettre I. Deux points x et y appartiennent à I si et seulement si x y . La courbe d’indifférence
I divise l’espace en trois sous-ensembles : I lui-même, P et NP. Un point donné x appartient à P si et seulement
si x  x*. P est l’ensemble des points préférés à x*. Un point y appartient à NP si et seulement si x*  y. NP est
donc l’ensemble des points non préférés ou dominés par x*.

x2

 x*x P
*

NP
I
x1
Figure 4.4. Une courbe d’indifférence
La courbe d’indifférence I est le lieu des points indifférents au point x*. Le sous-
ensemble P au dessus de I constitue l’ensemble des points préférés à x*. Le sous-
ensemble NP au-dessous de I constitue l’ensemble de points auxquels x* est préféré.

A partir de la propriété de non satiété, le consommateur préférera se situer sur les courbes d’indifférence les plus
éloignées de l’origine. Plus la courbe est éloignée de l’origine, plus les quantités de biens contenues dans les
paniers sont importantes. En traçant un ensemble de courbes d’indifférence dans l’espace, on obtient une carte
d’indifférence, comme illustré dans le graphique 4.5. Sur cette figure, la flèche indique le sens d’accroissement
de la satisfaction du consommateur.

Quelques préférences particulières. Lorsque les biens présentent certaines caractéristiques particulières, les
courbes d’indifférence peuvent prendre des formes différentes de la forme « normale » illustrée jusqu’ici.

Biens parfaitement substituables. De tels biens sont rares. Un exemple est donné par les crayons à mine noire
mais de couleur extérieure différente. Considérer de tels crayons en couleur jaune et verte. Soit le panier x = (x1,
x2), avec x1 le nombre de crayons jaunes et x2 le nombre de crayons verts. Ce qui importe au consommateur,
c’est le nombre total de crayons contenu dans le panier, i.e. x1 + x2. Soit le panier x* = (5, 5). Tous les paniers
contenant au total 10 crayons seront indifférents à x*. Ainsi y = (10, 0), z = (0, 10), w = (4, 6) sont tous équivalents
à x* et entre eux. Les courbes d’indifférences dans un tel cas sont des droites comme celles représentées dans le
panel a de la figure 4.6.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


49

x2

I’’
I’
I
x1
Figure 4.5. Carte d’indifférence.
Les courbes d’indifférences les plus éloignées de l’origine sont préférées. Ainsi I’’ >
I’ > I. La flèche indique le sens d’accroissement des courbes d’indifférence.

Biens complémentaires. Si x1 et x2 sont des biens parfaitement complémentaires, le consommateur devra les
acheter en quantités égales. C’est le cas des chaussures droites et gauches. Toute inégalité dans le nombre
impliquerait le gaspillage de l’un des biens. Les courbes d’indifférence de deux biens complémentaires ont la
forme d’un L comme illustrées dans le panel b du graphique 4.6. A partir du point représenté par le coin de la
courbe (sommet de l’angle droit), une augmentation du nombre de chaussures droites sans modification du
nombre de chaussures gauches (et vice versa) ne modifie pas l’utilité du consommateur. L’utilité ne peut
augmenter que suite à une augmentation simultanée des deux biens.

Biens indésirables. Si l’un des biens est indésirables, l’augmentation de sa quantité nécessitera la compensation
du consommateur par une augmentation de la quantité du second bien pour maintenir le consommateur sur la
même courbe d’indifférence. Considérer l’exemple où le bien 1 représente le logement (défini par le confort) et
le bien 2 représente les mauvaises odeurs dans un quartier. En représentant le bien 2 en ordonnée et le bien 1 en
abscisse, les courbes d’indifférence sont croissantes de la gauche vers la droite comme l’illustre le panel c de la
figure 4.6. Pour une même ‘quantité’ de logement, l’utilité est supérieure quand la quantité d’odeur est plus faible,
d’où la flèche indiquant le sens d’accroissement des courbes d’indifférence.

Biens neutres. Lorsque l’un des biens est neutre, l’augmentation de sa quantité n’a pas d’effet sur le niveau de la
courbe d’indifférence. La variation de la quantité d’un bien neutre n’affecte pas le niveau de satisfaction d’un
consommateur. Considérer le cas où le bien 2 représente la quantité de nourriture dans un restaurant de luxe et le
bien 1 la quantité de Benga dans les gargottes. Pour un consommateur ordinaire, le bien 2 n’est pas disponible et
en conséquence ce bien n’a pas d’effet sur son utilité. Les courbes d’indifférences sont verticales quand le bien 2
est en ordonnée (panel d de la figure 4.6). A tous les niveaux du bien 2, pour atteindre une courbe d’indifférence
supérieure on doit augmenter la quantité de bien 1, d’où le sens de la flèche indiquant la direction de
l’accroissement des courbes d’indifférence.

Préférences normales. Lorsque tous les biens sont désirables (i.e. aucun des biens n’est neutre ou indésirable) et
ne sont ni parfaitement complémentaires ni parfaitement substituables, les préférences sont normales. Les courbes
d’indifférence sont convexes vers l’origine comme l’indique la figure 4.5. Les courbes varient positivement dans
le sens de la flèche.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


50
x2 x2

(a) x1 (b) x1
x2 x2

(c) x1 (d) x1

Figure 4.6. Différents types de préférences.


Le panel (a) représente le cas de substituts parfaits. Les courbes d’indifférence
sont des lignes droites à pente négative.
Le panel (b) représente le cas de compléments parfaits. Les courbes
d’indifférence présentent un angle droit.
Le panel (c) présente le cas d’un bien indésirable dans la paire de biens. Les
courbes d’indifférence sont des droites croissantes de gauche à droite.
Le panel (d) représente le cas d’un bien neutre. Les courbes d’indifférence sont
des droites verticales quand le bien neutre est placé en ordonnée.

4.3.2 La fonction d’utilité

Définition. Supposons que pour un consommateur donné, on puisse classer une série de paniers x, y et z de
manière que xyz, c’est-à-dire que le consommateur préfère x à y et ce dernier à z. Dans ce cas, au lieu de la
relation de préférence, on peut tout aussi bien attribuer à chaque panier un indice qui indique ‘l’intensité’ de la
préférence du consommateur pour ce panier. Si on veut respecter l’ordre de préférence indiqué, ces indices doivent
être tel qu’on ait l’ordre suivant : indice de x > indice de y > indice de z. Si on définit les valeurs de ces indices,
on dit qu’on a associé une fonction d’utilité aux paniers de consommation. Cette fonction d’utilité représente les
préférences du consommateur. On notera cette fonction par le symbole U de telle façon que :

U(x) = indice de x
U(y) = indice de y
U(z) = indice de z.

On peut arbitrairement choisir des nombres pour ces trois indices pourvu que l’ordre supposé soit respecté.
Supposer que les deux biens analysés soient les galettes de mil pour le bien 1 et les beignets de niébé (samsa)
pour le bien 2. On peut par exemple avoir le tableau suivant qui définit les paniers x, y, z et les indices d’utilité
associés. La colonne (3) du tableau indique les indices définis initialement, de manière que l’ordre de préférence
xyz soit respecté. Le tableau admet aussi les colonnes supplémentaires (4) et (5) de représentations alternatives
des préférences. Vous remarquez bien que les chiffres dans ces colonnes respectent l’ordre U(x)>U(y)>U(z).

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


51

Tableau 4.1. Indices d’utilité associés à des paniers classés par ordre de préférence

Panier Quantité de bien 1 Quantité de bien 2 Indice associé à Indice Indice


(galettes de mil, en (samsa, nombre l’ordre de alternatif 1 alternatif 2
nombre d’unités) d’unités) préférence
xyz
(1) (2) (3) (4) (5)
x 15 8 1800 900 7.49
y 10 10 1000 500 6.91
z 8 15 960 480 6.87

Une telle représentation dans laquelle ce qui importe est la conservation de l’ordre des préférences est appelée
représentation ordinale. Le concept d’utilité associé est connu sous le nom d’utilité ordinale. L’utilité ordinale
s’oppose à l’utilité cardinale qui était la conception originale de l’utilité au 19è siècle (voir Encadré 4.1). Dans ce
cours, nous n’adoptons que le principe ordinal de l’utilité. Le concept cardinal n’est présenté dans l’encadré que
pour un objectif de complétude de la présentation.

On peut associer les indices d’utilité aux courbes d’indifférence introduites ci-dessus. Chaque niveau d’utilité
représente une courbe d’indifférence distincte dans l’espace des deux biens. La figure 4.7 traduit cette idée, avec
la représentation des courbes d’indifférence correspondant aux indices U(x), U(y) et U(z) donnés en exemples ci-
dessus.

samsa La fonction d’utilité a pour arguments les quantités


des deux biens qui composent le panier. Ainsi, pour
le panier x, on a U(x)=U(x1, x2). Il en est de même
des paniers y et z. Les indices d’utilité présentés dans
x le tableau 4.1 sont dérivés d’une fonction particulière
U.
y

z 900
 Exemples de fonctions d’utilité. Toute fonction
500 mathématique continue, variant dans le même sens
480 que x1 et x2 est une forme possible de fonction
d’utilité. La fonction d’utilité doit varier dans le
galettes
même sens que x1 et x2 par suite de la propriété de
non satiété. En augmentant x1 ou x2, on ne doit pas
Figure 4.7 Niveaux d’utilité et courbes diminuer l’utilité du consommateur. Les exemples
d’indifférence. suivants sont des fonctions d’utilité valides :
Trois courbes d’indifférence sont tracées,
correspondant aux niveaux d’utilité associés
aux paniers x, y et z. Les indices donnés par U ( x1 , x2 )  x1 x2
l’alternative 1 du tableau 4.1 sont utilisés. U ( x1 , x2 )  x1  x2
U ( x1 , x2 )  x11 2 x12 2
U ( x1 , x2 )  x12 x2
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
52

La dernière forme est celle qui a été utilisée pour obtenir les indices de la colonne 3 du tableau 4.1. Etant donné
que tout système d’indices qui préserve l’ordre des préférences (xyz) est acceptable, on peut obtenir des
représentations alternatives à partir de la représentation initiale par simple transformation. Ainsi, les indices de la
1
colonne 4 sont obtenus en considérant x12 x2 , et ceux de la colonne 5 en considérant Ln( x12 x2 ). Ces
2
transformations simples qui préservent les préférences constituent une des caractéristiques principales de l’utilité
ordinale.

Encadré 4.1
Concept cardinal ou ordinal de l’utilité

Le concept d’utilité a été introduit dans l’analyse économique au 19è siècle par des auteurs comme
Jeremy Bentham (1748-1832) et Stanley Jevons (1835-1882). Bentham a été le premier à utiliser le
concept d’utilité pour expliquer et prédire les choix humains. Jevons a été l’un des contributeurs au
nouveau concept d’utilité marginale.

La conception initiale de l’utilité était celle d’une mesure de la satisfaction qu’un individu tire de la
consommation d’un bien. La fonction d’utilité pouvait permettre de mesurer le bonheur des hommes.
Dans une telle conception, les consommateurs essaient de trouver les quantités qui maximisent leur
bonheur. Dans cette conception, tout comme le poids d’un objet pouvait être évalué en Kg, le bonheur
d’un individu pouvait être évalué en utiles. Cette conception cardinale de l’utilité (i.e. objective,
mesurable) a été abandonnée dans l’analyse moderne au profit d’une approche ordinale. Désormais, il
suffit de pouvoir établir un classement de l’ensemble des paniers de biens dans un ordre de préférence. Le
concept d’utilité attaché à un tel classement est une représentation qui ne se réclame plus objective.

4.3.3 Fonction d’utilité et courbes d’indifférence

On peut établir la relation formelle entre la fonction d’utilité et les courbes d’indifférence. Soit un panier x=(x1,
x2). La courbe d’indifférence est le lieu des points dans l’espace (x1, x2) entre lesquels le consommateur est
indifférent. Autrement, si U(x1, x2) est l’indice d’utilité associé au panier (x1, x2), une courbe d’indifférence est
le lieu des combinaisons (x1, x2) qui procurent un certain niveau d’utilité u0. Mathématiquement, la courbe
d’indifférence est déduite de la relation :

U ( x1 , x2 )  u 0

Par exemple, si u0=1, la courbe d’indifférence se déduit de la relation U ( x1 , x2 )  1 . Étant donné l’expression de
la fonction d’utilité, on peut tirer la valeur de x2 en fonction de x1 de manière à respecter l’équation de l’utilité.
C’est la relation d’indifférence entre x1 et x2.

Considérons la fonction U ( x1 , x2 )  x1 x2 . En posant u0=1, la relation implicite entre x1 et x2 est donnée par 1  x1 x2
. On en déduit la relation d’indifférence:
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
53

1
x2 
x1

qui est l’équation d’une hyperbole équilatère. La forme de la courbe est donnée dans la figure 4.8.

Figure 4.8 Courbe d'indifférence issue


de U(x1,x2)=x1.x2=1
A partir de cette courbe, plusieurs autres peuvent se déduire, pour des
12 niveaux d’utilité différents. Par exemple, en prenant les valeurs
successives 2, 5 et 10 pour u0, on obtient une carte d’indifférence
10
représentant les fonctions suivantes:
8
x2  1 x1 pour u 0  1
x2

4
x2  2 x1 pour u 0  2

2
x2  5 x1 pour u 0  5

0
x2  10 x1 pour u 0  10
0 2 4 6 8

x1 La fonction d’utilité Cobb-Douglas. Une fonction particulière est celle


ayant la forme suivante:

U ( x1 , x2 )  x1a x2b ,

où a et b sont des constantes (a et b sont appelés paramètres). Par exemple si a=b=1/2, on obtient la fonction
U ( x1 , x2 )  x11 2 x12 2 qui a été déjà donnée en exemple ci-dessus. La forme générale de la fonction est connue sous
le nom de fonction d’utilité de Cobb-Douglas d’après les noms de ceux qui l’ont introduite pour la première fois
(dans une étude sur la production, cependant). Une forme souvent utilisée de la fonction générale est obtenue en
faisant l’hypothèse que a+b=1. Dans ce cas, b=1-a et on obtient la fonction U ( x1 , x2 )  x1a x12a . Vous rencontrerez
la fonction Cobb-Douglas dans votre vie d’économiste, surtout dans l’étude de la production des entreprises.

4.3.4 L’utilité marginale

Comme nous l’avons vu dans le chapitre introductif, l’économiste s’intéresse aux changements à la marge et non
aux quantités globales dans ses calculs. Le concept d’utilité marginale relève de ces considérations.

Définition. Supposons que la quantité du bien 1 augmente d’une certaine valeur x1. Si la quantité du bien 2 ne
change pas, le principe de non satiété nous dit que le consommateur verra son utilité augmenter dans la nouvelle
situation. L’utilité marginale du bien 1 est l’utilité supplémentaire provenant de l’augmentation de la quantité du
bien 1, la quantité de bien 2 restant invariante. En symboles, cette utilité additionnelle, notée Um1, est donnée
par:

U U ( x1  x1 , x2 )  U ( x1 , x2 )
Um1   .
x1 x1

Dans cette formule, le numérateur représente l’augmentation totale de l’utilité par suite de l’augmentation de x1.
Rapporté au dénominateur, on obtient l’augmentation d’utilité par unité additionnelle de x1.
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
54

La définition est identique pour le bien 2 :

U U ( x1 , x2  x2 )  U ( x1 , x2 )
Um2  
x2 x2

Noter bien que la valeur de l’utilité marginale n’a pas de signification précise, tout comme la valeur de l’utilité
totale n’en a pas (nous avons vu que tout système d’indice qui préserve les préférences est une représentation
satisfaisante). Si on multiplie l’utilité totale par 2, l’utilité marginale est aussi multipliée par 2. Comme multiplier
l’utilité totale par 2 ne change pas l’ordre des préférences, on voit que l’utilité marginale n’a aucun contenu en
termes de comportement. Il faut bien noter cela car dans le concept cardinal, on parlait de loi des utilités
marginales décroissantes. (Selon ce principe, la première calebasse d’eau à un voyageur assoiffé procure une forte
utilité, la deuxième calebasse une utilité moins grande, l’utilité de chaque calebasse additionnelle déclinant
jusqu’à s’annuler ou même devenir négative—dans ce dernier la consommation excessive d’eau peut conduire à
l’asphyxie.) Dans le contexte de l’utilité ordinale, une telle loi est sans objet.

A partir de la formule de l’utilité marginale, on note que la variation de l’utilité totale par suite d’une variation de
x1 est:

U  Um1x1

La variation de l’utilité totale par suite d’une variation isolée du bien 2 est:

U  Um2x2

Utilité marginale et dérivées. En pratique, on considère l’effet d’une variation faible de x1 (ou de x2) sur la valeur
de l’utilité. On peut utiliser la dérivée mathématique pour représenter un tel concept. L’utilité marginale devient
la limite de l’expression qui la définit:

U ( x1  x1 , x2 )  U ( x1 , x2 ) U ( x1 , x2 )
Um1  lim 
x1 0 x1 x1
L’utilité marginale du bien 1 est donc la dérivée partielle de la fonction d’utilité. De même, l’utilité marginale du
bien 2 est définie comme suit :

U ( x1 , x2  x2 )  U ( x1 , x2 ) U ( x1 , x2 )
Um2  lim 
x2 0 x2 x2

4.3.5 Le taux marginal de substitution (TMS)

Le concept de taux marginal de substitution (TMS) est utilisé pour mesurer le taux auquel le consommateur est
prêt à échanger un bien pour un autre de manière à conserver le même niveau d’utilité que précédemment.
Considérer par exemple le comportement d’un consommateur face à deux biens, le riz et la viande. Commençons
par une situation où le consommateur dispose de 5 plats de riz (vous pouvez penser que cinq clients dans un
maquis ont chacun dit à la vendeuse ‘donnez un plat de riz au consommateur assis au fond’). Il serait heureux
d’échanger trois plats de riz contre un demi plat de viande. Si à partir de ce point on lui offrait un autre plat de
viande, il serait prêt à se départir d’un plat de riz. Mais pour qu’il se sépare du dernier plat de riz, il faudrait lui
donner deux plats de viande. Dans cet exemple, on voit qu’au fur et à mesure que la quantité de riz diminue, le
consommateur exige plus de viande par plat de riz échangé. Les différents taux d’échange constituent différents
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
55
taux marginaux de substitution entre le riz et la viande. Ce taux dans cet exemple a évolué de 6 pour 1 à 1 pour
1 pour enfin s’établir à 1 pour deux. Le riz devient de plus en plus cher en termes de viande.

Le TMS sert ainsi à évaluer la valeur d’un bien pour le consommateur en termes d’un autre bien. C’est ainsi un
concept central au calcul du consommateur. Graphiquement, le TMS correspond à la pente de la courbe
d’indifférence en un point. Comme la pente d’une courbe d’indifférence normale est négative, on considère la
valeur absolue de cette pente
(voir graphique 4.9).

On peu définir le TMS en


x2 symboles :
x
TMS  2 en valeur absolue.
x1
5
Dans cette écriture symbolique,
le TMS s’interprète comme suit :
x2 Si on veut augmenter la quantité
2  du bien 1 de x1, il faut diminuer
x1
la quantité du bien 2 de x2. Le
rapport indique le nombre
1  d’unités du bien 2 que le
consommateur doit céder par
0,5 1,5 x1 unité de bien 1 acquise. C’est le
taux d’échange du bien 2 pour le
Figure 4.9 Le taux marginal de substitution. bien 1.
Le TMS est le rapport de la valeur absolue x2 sur la valeur absolue x1. C’est la pente
de la courbe d’indifférence en un point.
Remarque : On peut bien
inverser la définition et parler de
taux d’échange du bien 1 pour le bien 2. Il suffit d’inverser le rapport. Dans l’interprétation, il suffit de prendre
la référence suivante : On considère une variation (une augmentation ou une diminution) de la variable au
dénominateur et on constate le résultat de la variable au numérateur.

Loi du taux marginal de substitution décroissant. L’introduction du concept de TMS incorpore l’hypothèse de la
baisse du taux marginal de substitution d’un bien pour un deuxième au fur et à mesure que le consommateur
acquiert plus du deuxième bien. Ce principe est incorporé dans la forme de la courbe d’indifférence. Le fait que
la courbe présente un arc vers l’origine garantit la loi. Considérer la courbe 4.9. Cette courbe illustre l’exemple
du riz et de la viande présenté ci-dessus. C’est le fait que la courbe est convexe vers l’origine qui garantit que le
passage de 5 plats à 2 plats de riz (un débarras de 3 plats) nécessite seulement 0,5 plats de viande, alors que le
passage subséquent de 2 plats de riz à 1 plat (un débarras de 1 plat) nécessite 1 plat de viande.

TMS de préférences particulières. Lorsque deux biens sont parfaitement substituables, le TMS entre ces biens est
constant et égal à 1. Quand deux biens sont des compléments parfaits, le TMS prend deux valeurs, la valeur ∞ à
l’angle et la valeur 0 ailleurs. Pour les biens neutres, le TMS est égal à l’infini.

TMS et utilité marginale. Soient deux biens x1 et x2. Il existe une relation entre le TMS et les utilités marginales
des deux biens. On se rappelle que le TMS représente le taux auquel le consommateur est prêt à substituer une
petite quantité de x2 pour x1. En utilisant cette définition, on dérivera la relation entre utilités marginales et TMS.

Supposer que chaque bien varie d’une petite quantité, respectivement x1 et x2 de manière que l’utilité totale
soit préservée (ceci correspond à un déplacement le long de la courbe d’indifférence). Mathématiquement, la
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
56
constance de l’utilité se traduit par U=0. En utilisant la formule de la variation de l’utilité totale (voir la
définition de l’utilité marginale) on a :

U  Um1x1  Um2x2  0 ,

et à partir de cette équation on déduit :

x2 Um1
  ,
x1 Um2

ce qui établit la relation : le TMS (qui est la valeur absolue du rapport x2/x1) est égal au rapport des utilités
marginales des deux biens.

4.4 LA DEMANDE DU CONSOMMATEUR

4.4.1 L’hypothèse de la maximisation de l’utilité

Le consommateur fait face à une contrainte budgétaire et à ses préférences représentées par une fonction d’utilité
ou des courbes d’indifférence. Le problème pratique qui se pose au consommateur est le suivant : Quelles
quantités de deux biens x1 et x2 doit-il acheter ? L’analyse de la contrainte budgétaire a montré que le
consommateur ne peut pas se permettre n’importe quelle combinaison de x1 et x2, certaines combinaisons n’étant
pas accessibles à cause du coût. L’analyse de l’utilité et des préférences montre que certaines combinaisons de
biens procurent plus d’utilité au consommateur. Il est tout à fait logique de supposer que le consommateur
recherchera les combinaisons de biens qui lui procurent la plus grande satisfaction, tout en tenant compte de ses
ressources limitées. Les économistes désignent ce comportement par l’expression «maximisation de l’utilité». La
solution qui se dégagera de ce comportement est la paire de quantités x1* et x2* qui permettent au consommateur
d’atteindre la satisfaction la plus élevée étant donné sa contrainte budgétaire. Pour trouver ces quantités x1* et
x2*, on peut utiliser soit la méthode graphique soit la méthode algébrique.

4.4.2 La solution graphique du problème du consommateur

Représentons dans le même repère une carte de courbes d’indifférence et la droite de budget. La droite de budget
est donnée une fois que les prix des deux biens et le revenu du consommateur sont fixés [on se rappelle que
l’équation de la droite de budget est x2  R p1  ( p2 p1 ) x1 ]. Par contre, l’emplacement des courbes d’indifférence
est donné par le niveau d’utilité atteint. Supposons que les préférences sont normales. On obtient la représentation
donnée par la figure 4.10. Dans l’espace des deux biens, l’hypothèse de la maximisation de l’utilité se traduit par
le fait que le consommateur essaie de se situer sur une courbe d’indifférence la plus éloignée de l’origine possible.
Il ne doit bien sûr pas ignorer que ses ressources ne lui permettent pas un choix libre. Le point sur lequel le
consommateur finira par se situer doit donc se trouver sur sa droite de budget. On se rappelle que tous les points
situés au-dessus de la droite de budget sont inaccessibles à cause du revenu limité. Pour respecter ses préférences
et sa contrainte de ressource simultanément, le consommateur doit se situer en un point qui soit commun à la
droite et à la courbe.

Considérer par exemple le niveau d’utilité donné par la courbe d’indifférence I0 dans le graphique 4.10. Cette
courbe coupe la droite de budget aux points A et B. En se plaçant sur tout point entre A et B (à l’exception de A
et B), le consommateur peut atteindre une courbe d’indifférence supérieure à I0 comme on peut le voir par
inspection visuelle. La courbe d’indifférence qui représente la plus grande utilité compatible avec le budget est la

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


57
courbe I*. Sur cette courbe, le consommateur se placera au point E où I* et la droite de budget sont tangentes.
Au point E, le consommateur achète le panier (x1*, x2*) et dépense tout son revenu : p1 x1*  p2 x2*  R.

Au point de tangence E, la pente de la courbe d’indifférence est ainsi égale à la pente de la droite du budget. Or
nous savons qu’en valeur absolue, la pente de la droite du budget est le rapport des prix, p1/p2. De même, la pente
de la courbe d’indifférence, qui est le TMS, est donnée par le rapport des utilités marginales, Um1/Um2. La
solution graphique implique donc la relation suivante:

Um1 p1

Um2 p2

Interprétation de cette condition. Le rapport p1/p2 donne le prix du bien 1 en termes du bien 2. Si le consommateur
renonce à une unité du bien 1 (i.e. il économise p1 FCFA), le rapport p1/p2 donne le nombre d’unités du bien 2
qu’il peut s’octroyer sur le marché. Le rapport Um1/Um2 donne aussi une sorte de prix du bien 1 en termes du
bien 2. Si le consommateur renonce à une unité du bien 1, il perd l’utilité Um1. Pour rester sur la même courbe
d’indifférence, il doit être compensé en recevant l’utilité additionnelle Um2 procurée par une quantité
additionnelle du bien 2. Le rapport Um1/Um2 donne le nombre d’unités du bien 2 nécessaire pour compenser une
perte d’une unité du bien 1. L’équilibre a donc lieu quand le nombre d’unités de x2 que le consommateur est prêt
à accepter pour une unité de x1 de façon à rester indifférent est égal au nombre d’unités de x2 qu’il peut
effectivement obtenir sur le marché en renonçant à une unité de x1.

Une autre interprétation, intuitive, de cette relation est intéressante. Le membre de gauche, qui est le TMS, donne
le taux d’échange entre les biens 1 et 2 qui préserve le niveau de l’utilité. C’est le taux d’échange subjectif (ou
interne) entre les deux biens. Le membre de droite donne le taux d’échange objectif (ou externe ou encore de
marché) entre les deux biens. A l’équilibre, le consommateur choisit donc les quantités x1* et x2* de manière à
égaliser son taux d’échange interne au taux d’échange externe entre les deux biens. Comme le taux d’échange
externe est donné (les prix des biens ne dépendent pas du consommateur), c’est le taux d’échange interne qui doit
s’ajuster pour assurer l’égalité.

La condition de tangence entre la droite de budget et la courbe d’indifférence est nécessaire pour le choix optimal
du consommateur. Si la courbe d’indifférence n’est pas tangente à la droite de budget, elle coupe nécessairement
cette dernière et dans ce cas il existe des points sur la droite du budget par lesquels passent des courbes
d’indifférence de niveau supérieur. Par exemple, dans la figure 4.10, tous les points situés entre A et B sur la
droite de budget procurent une utilité supérieure à I0.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


58

x2

R/x2 A

x2* E
I* I1
B I0
x1
x1* R/x1

Figure 4.10. Solution graphique du problème du consommateur.


Cette figure illustre la condition de tangence. Au point E, le
consommateur atteint la courbe d’indifférence la plus élevée compatible
avec son budget. La courbe d’indifférence est plus élevée mais n’est pas
accessible étant donné le niveau des prix et le revenu.

4.4.3 La solution algébrique du problème du consommateur

La recherche de la courbe d’indifférence la plus élevée et qui est compatible avec la droite de budget est
équivalente à rechercher le niveau d’utilité maximum étant donné la contrainte budgétaire. En effet, il faut se
rappeler que la contrainte budgétaire, comme son nom l’indique, est fixée et ce sont les préférences du
consommateur qui doivent s’adapter. On dit que le consommateur cherche à maximiser son niveau d’utilité sous
la contrainte de son budget.

Soit U(x1, x2) la fonction d’utilité et p1 x1  p2 x2  R la contrainte budgétaire. En termes algébriques, le


consommateur cherche à résoudre le problème suivant :

Choisir x1 et x2 de manière à maximiser U(x1, x2) étant donné que p1 x1  p2 x2  R .

On peut transformer ce problème en celui d’une maximisation sans contrainte. On exprime x2 en fonction de x1
dans la contrainte de budget, soit

R p1
x2   x1
p2 p2

Substituer cette expression de x2 (qui est l’équation du budget) dans la fonction d’utilité U(x1, x2). On obtient la
fonction à une variable

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


59
 R p 
U  x1 ,  1 x1  qu’on doit maximiser en choisissant la valeur de x1. Pour qu’une fonction à une variable
 p2 p2 
atteigne son maximum, il faut que sa dérivée première s’annule. Il faut donc dériver la fonction par rapport à x1,
en notant que x1 intervient comme argument deux fois. On utilise la règle de la dérivation en chaîne et on doit
avoir :

U U dx2
  0.
x1 x2 dx1

Mais la valeur de dx2/dx1 peut être tirée de la droite de budget :

dx2 p
 1
dx1 p2

La condition d’un maximum implique donc :

U U p1
  0.
x1 x2 p2

Or

U U
 Um1 et  Um2 .
x1 x2

Il en résulte

p1 Um1 p1
Um1  Um2 0  .
p2 Um2 p2

A l’équilibre, on doit donc avoir l’égalité entre le rapport des utilités marginales (TMS) et le rapport des prix.
C’est (évidemment) la même condition que celle obtenue par la solution géométrique.

L’interprétation de cette condition d’équilibre est la même que précédemment.

4.4.4 L’optimum du consommateur.

On peut déterminer les quantités d’équilibre (on dit encore quantités optimales ou optimum du consommateur)
x1* et x2* définies sur le graphique 4.10. Ces valeurs sont contenues dans la condition d’équilibre. Le rapport
des utilités marginales, Um1/Um2, est fonction des deux variables x1 et x2. Mais à partir de l’équation de budget,
on peut exprimer x2 en fonction de x1. C’est ce qui a été fait pour résoudre le problème de la maximisation.
Posons donc x2=g(x1) à partir de la droite de budget. La condition d’équilibre prend la forme :

Um1( x1 , g ( x1 )) p1

Um2( x1 , g ( x1 )) p2

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


60
qui est une équation avec la seule inconnue x1, étant donné les prix p1 et p2 et le revenu R. On peut tirer la
valeur de x1 en fonction de p1, p2 et R :

x1*  f ( p1 , p2 , R) .

Cette valeur de x1 est la quantité demandée du bien 1 par le consommateur. C’est ce que nous appelons demande
du consommateur. Comme on le voit, la demande du consommateur dépend des prix des deux biens et du revenu.

On peut aussi calculer la demande du bien 2 par le consommateur. Il suffit de substituer la valeur de x1 dans
l’expression de x2 en fonction de x1 donnée par x2=g(x1). On obtient aussi une relation entre x2 et les paramètres
p1, p2 et R :

x2*  g ( p1 , p2 , R) .

Tout comme pour le bien 1, la demande du bien 2 dépend aussi des prix des deux biens et du revenu du
consommateur.

4.5 EFFETS D’UNE VARIATION DU REVENU

Comme la demande du consommateur pour chacun des deux biens est fonction des prix et du revenu, on peut
considérer ce qui se passe quand le revenu varie, les prix restant inchangés.

Courbe de consommation-revenu. Une variation du revenu lorsque les prix restent constants se traduit par un
déplacement de la droite de budget parallèlement à elle-même, comme nous l’avons vu dans l’analyse de la droite
de budget. Considérons des augmentations successives du revenu, de R à R’ puis à R’’. La droite de budget se
déplace de la position AB à la position A’B’ puis à A’’B’’ (figure 4.11). Considérer les points d’équilibre
successifs E, E’ et E’’ correspondant aux différentes positions de la droite de budget. Ces points décrivent une
ligne. Cette ligne est ce qu’on appelle courbe de consommation revenu. Lorsqu’on transfère les points d’équilibre
dans un repère ayant le revenu en ordonnée et la quantité de benga en abscisse, on obtient une courbe appelée
courbe d’Engel, du nom de l’auteur allemand qui a analysé la consommation des ménages belges au 19è siècle.
La courbe d’Engel décrit la relation entre le revenu et les quantités choisies par le consommateur.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


61
Benga

B’’

B’
E’’
I’’
B E’
E I’

I
A A’ A’’ Bissap

Figure 4.11 Effet d’une augmentation du revenu.

La droite de budget se déplace progressivement de AB à A’B’


puis à A’’B’’. Le consommateur peut atteindre des courbes
d’indifférence croissantes, de I à I’’. Les points d’équilibre
successifs, E, E’ et E’’ décrivent une courbe : c’est la courbe de
consommation revenu.

4.6 EFFETS D’UNE VARIATION DU PRIX

4.6.1 Effet revenu et effet substitution

Considérer la variation (la baisse) du prix d’un bien, par exemple le benga, un des biens consommés par un
consommateur dans un maquis. Nous savons que le consommateur de benga étant rationnel, va pouvoir augmenter
sa consommation du bien. Les économistes expliquent le comportement du consommateur suite à une baisse de
prix (il en est de même suite à une hausse) par les concepts d’effet revenu et d’effet de substitution.

Effet revenu. Quand le prix du benga baisse, c’est tout comme si le pouvoir d’achat du consommateur augmente.
Avec 300 F en poche, la baisse du prix du benga de 150 F à 100 F permet de consommer 3 plats au lieu de 2 plats
du bien. Le consommateur de benga, aimant aussi le bissap, se dit que la baisse du prix du benga lui permettra de
consommer davantage de benga et de bissap. Sa consommation des deux biens peut augmenter suite à la baisse
du prix d’un des biens. Ceci est l’effet revenu résultant de la baisse du prix. (Pour une hausse de prix, le pouvoir
d’achat du consommateur baisse. Il doit diminuer sa consommmation de chaque bien.)

Effet substitution. En réfléchissant, le consommateur de benga se rend compte que la baisse du prix du benga rend
le bissap relativement plus cher par rapport à la situation initiale. Supposons que le prix du bissap est de 50 F.
Avant la baisse du prix, en renonçant à un plat de bissap, le consommateur pouvait s’offrir 1/3 de plat de benga.
Après la baisse du prix, renoncer à un plat de bissap lui procure désormais ½ plat de benga. Le consommateur
s’éloignera du bien dont le prix relatif augmente. Il achètera moins de bissap. C’est l’effet substitution.

Ainsi, deux forces contraires vont intervenir pour déterminer le point d’équilibre auquel aboutira le consommateur
suite à une variation de prix.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


62
En admettant que le benga et le bissap sont deux biens normaux, la baisse d’un prix contribuera à augmenter
la quantité demandée de chacun de ces biens. Pour le benga (dont le prix baisse), aussi bien l’effet revenu que
l’effet substitution jouent dans le sens de l’augmentation de la quantité optimale. Pour le bissap, les deux effets
jouent en sens opposé, mais c’est l’effet revenu qui peut prédominer, ce qui peut augmenter la consommation de
bissap. Les effets décrits sont représentés sur la figure 4.12.

4.6.2 Courbe de demande

Supposons que le prix du bien 2 ainsi que le revenu du consommateur soient donnés. Faisons alors varier le prix
du bien 1. Dans la première section, nous avons vu que la variation du prix d’un bien déplace la droite de budget.
La variation de la droite de budget et la condition d’équilibre du consommateur (tangence entre droite de budget
et courbe d’indifférence) vont affecter les quantités demandées des deux biens.

Considérons deux biens, le benga-avec-huile et le bissap. Portons le benga-avec-huile en ordonnée et le bissap


en abscisse comme dans la figure 4.13, panel a. Supposons que le prix du benga-avec-huile baisse de 150
FCFA/plat à 100 FCFA/plat. La droite de budget bascule vers l’extérieur. Le point d’équilibre passe de A à B,
où la quantité demandée de benga-avec-huile augmente, de même que la quantité demandée de bissap.
Considérons maintenant une autre figure, (panel b de la figure 4.13) où nous portons le prix du benga-avec-huile
en ordonnée et les quantités choisies de benga-avec-huile en abscisse. Au prix de 150, on obtient le point A. Au
prix de 100, le point B. Faisons passer une droite par les points A et B. La droite ainsi obtenue est la courbe de
demande de benga-avec-huile par le consommateur. La courbe de demande représente le lieu des points choisis
par le consommateur quand le prix de benga varie. Noter que les différents choix maximisent la satisfaction du
consommateur, car ils sont issus de la condition de tangence entre courbe d’indifférence et droite du budget.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


63
Benga-avec-
huile
B’

B’’

 E’

I’
B

 E’’

E
I
C A Bissap

Figure 4.12 Effet revenu et effet substitution.

Le prix du benga-avec-huile baisse, entraînant un pivotement de la droite de budget autour du point


A, de AB à AB’. Le point d’équilibre, initialement en E, se déplace en E’ où le consommateur
augmente sa consommation de benga-avec-huile et diminue celle de bissap. La variation du point
d’équilibre peut se décomposer en deux mouvements. Suite à la baisse du prix du benga-avec-huile,
l’effet substitution s’obtient en forçant le consommateur à rester sur la courbe d’indifférence
initiale, I. Pour respecter le nouveau rapport des prix donné par la droite AB’, le consommateur se
situerait au point E’’ où passe une droite de budget imaginaire CB’’ parallèle à AB’ (reflétant donc
le même rapport de prix). Le passage (imaginaire) de E à E’’ est l’effet substitution : le
consommateur augmente sa consommation de benga-avec-huile mais diminue sa consommation de
bissap. La contrainte budgétaire n’est cependant pas CB’’, mais AB’. La courbe d’indifférence I’
tangente à AB’ en E’ détermine l’effet final. L’effet revenu est représenté par le passage de la
droite de budget CB’’ à AB’, ou le mouvement de E’’ à E’.

La théorie du choix du consommateur permet ainsi de dériver la courbe de demande du consommateur. Même
sans cette théorie, cependant, on peut bien expliquer que les consommateurs réagissent aux changements de prix.
La théorie est cependant utile car elle permet de mieux prédire les comportements des consommateurs.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


64
Prix de benga-
Benga-avec- avec-huile
huile (FCFA)

150 A
B
25 
A I’
10  100 B
I

Bissap 10 25 Qté de
(a) (b) benga-
avec-huile

Figure 4.13 Dérivation de la courbe de demande d’un bien


Le panel a représente la variation du point d’équilibre suite à la baisse du prix du benga de 150 F à
100 F. La droite de budget bascule autour du point d’intersection sur l’axe des abscisses. Le point
d’équilibre passe de A à B. En B, le consommateur consomme une quantité accrue des deux produits.
La quantité de benga-avec-huile augmente de 10 à 25 plats.
Dans le panel b, la quantité de benga est présentée en abscisse, son prix en ordonnée. On reporte les
points A et B correspondant aux prix respectifs de 150 F et 100 F et aux quantités respectives de 10
plats et 25 plats. La droite passant par A et B est la courbe de demande de benga-avec-huile. Cette
courbe est décroissante de gauche à droite.

4.6.3 Variation du surplus du consommateur

Qu’est-ce que le surplus du consommateur ? Supposons que le consommateur de benga-avec-huile entre dans un
maquis et s’apprête à dépenser 200 F pour un plat. Il apprend que le prix du plat n’est plus que de 150 F (pensez
qu’une concurrence acerbe entre les vendeuses a provoqué cette chute de prix). La différence entre ce que le
consommateur paie et ce qu’il s’apprêtait à payer est le surplus du consommateur.

On peut obtenir le surplus du consommateur à partir de la courbe de demande. Considérer le graphe 4.14. Lorsque
le prix du benga-avec-huile est de 400 F le plat, le consommateur n’achète aucun plat. Quand le prix descend à
350 F le plat, il en achète un. Quand le prix descend à 300, le consommateur achète un plat supplémentaire.
Finalement, au prix de marché de 150, le consommateur achète 10 plats. La surface comprise entre la courbe de
demande, l’axe vertical et la ligne horizontale passant par 150 est le surplus du consommateur de benga-avec-
huile.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


65

Prix de benga-avec-huile
(FCFA/plat)

400
350 
400  Demande

150 

1 2 10 Qté de benga-avec-huile
Figure 4.14. Surplus du consommateur.

Le surplus du consommateur est la surface triangulaire


au-dessus de la droite horizontale passant par le prix
de marché, 150F. C’est ce que ‘gagne’ le
consommateur qui était prêt à payer un prix supérieur
à 150 F pour consommer du benga-avec-huile.

Références

Mankiw, Chap. 21
Stiglitz, Chap. 8

Questions

1. Pour quelle raison des individus ayant des goûts totalement différents peuvent-ils avoir des contraintes
budgétaires identiques ?

2. Un consommateur se présente dans un maquis. Le riz-sauce coûte 125 F et le jus de gingembre 50 F. Il dispose
de 250 F dans la poche. Tracer sa droite de budget (on mettra le riz-sauce en ordonnée). Quelle est la pente de la
droite de budget ?

3. Dessiner les courbes d’indifférence du consommateur pour le riz-sauce et le jus de gingembre. Quelles sont les
propriétés des courbes que vous avez tracées ?

4. Prenez un point sur la courbe d’indifférence que vous venez de tracer. Faites passer la droite de budget en ce
point. Définissez le taux marginal de substitution en ce point. Indiquer la combinaison optimale des deux biens.

5. Supposer que la vendeuse augmente le prix de riz-sauce de 125 F à 150 F. On suppose que le prix de jus de
gingembre et le revenu restent constants. Tracer la nouvelle droite de budget. Comment évolue la combinaison
optimale ? Séparer l’effet total en effet revenu et effet substitution.

6. Supposer que le revenu du consommateur passe de 250 F à 500 F. On suppose que les prix de jus de gingembre
et de riz restent constants. Tracer la nouvelle droite de budget. Comment évolue la combinaison optimale ?
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
66

Problèmes

1. Un étudiant dispose pour ses besoins de 10 000 F par mois. Il peut choisir de consommer du poulet braisé à
1300 FCFA l’unité ou acheter des cacahuètes à 50 F le tas. Supposons que le prix du poulet augmente, passant
d’abord à 1500, puis à 1700 et finalement à 2000 (l’augmentation du prix est la conséquence d’une peste aviaire
qui décime les poulets).
a. En mettant le poulet en ordonnée, tracer les quatre contraintes budgétaires.
b. Considérer un point d’équilibre sur la première droite (au prix de 1300 F le poulet). A partir de ce point,
choisissez les points d’équilibre sur les trois autres droites et expliquer vos choix. Quelle est la nature des deux
biens (poulet et cacahuètes) impliquée par vos choix ?

2. Supposer que le budget mensuel de l’étudiant passe à 12 500 F par mois. Le prix du poulet s’établit à 1500, le
prix des cacahuètes restant inchangé.
a. Tracer la droite de budget.
b. En choisissant un type de préférences de l’étudiant entre poulet et cacahuètes, trouver un point d’équilibre et
le comparer au point d’équilibre initial (prix du poulet=1500, revenu=10 000).

3. Supposons que Fati ne consomme que du kouro-kouro et du jus de tamarin.


a. En 2002, Fati a un revenu de 1000 F, le kouro-kouro coûte 10 F et le jus de tamarin 50 F. Tracez la contrainte
budgétaire de Fati.
b. En 2003, les prix des deux biens ainsi que le revenu de Fati augmentent de 25 %. Tracer la nouvelle contrainte
budgétaire de Fati. Comment évolue sa combinaison optimale des deux biens ?

4. Jean consomme deux produits, le couscous de mil séché (x1) et le lait de chèvre (x2). Initialement, le couscous
coûte 200 F le Kg et le lait 500 F le litre. Jean dispose d’un revenu de 5000 F. On suppose que Jean a des
préférences représentées par la fonction d’utilité U  x1 x2 .
a. Tracer la droite de budget de Jean.
b. Tracer une courbe d’indifférence de Jean (au niveau d’utilité égal à 2).
c. Quelle est la condition d’équilibre du consommateur ?
d. Calculer les quantités optimales de couscous et de lait.
e. Représenter graphiquement la solution optimale.

5. Dans le problème 4, supposer que par suite d’une maladie caprine, le prix du lait de chèvre monte à 750 F le
litre. Le prix du couscous et le revenu de Jean demeurent inchangés.
a. Tracer la nouvelle droite de budget de Jean.
b. Quelle est la nouvelle combinaison optimale de couscous et de lait ?

6. Considérer les fonctions d’utilité suivantes :


U  x1 x12 2
U  x1 x22
U  3 x1 x2
On suppose qu’un consommateur dispose d’un revenu de 500. Le prix de x1 est de 10 et celui de x2 de 20.
a. Donner le TMS entre x1 et x2 pour chaque fonction d’utilité.
b. Utiliser la relation entre le TMS et la pente de la droite de budget pour trouver la relation entre x1 et x2 pour
chaque représentation des préférences.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


67
c. Pouvez-vous trouver la fonction de demande de x1 et x2 dans chaque cas ? [Utiliser l’équation du budget en
plus de l’égalité entre TMS et pente de la droite de budget.]

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


68
CHAPITRE 5
DÉCISION DE LA FIRME

I. LE PROBLÈME DE PRODUCTION DANS LA SOCIÉTÉ

1.1 La possibilité de production et la nécessité des choix

Comme nous l’avons vu dans le chapitre introductif à ce cours, l’économie implique la nécessité de faire des
choix. Chaque nation désire en général produire beaucoup de toutes les choses utiles à la vie : biens alimentaires,
éducation, santé, distraction, motos, voitures. Les ressources étant limitées, la société (à travers un mécanisme,
comme le marché) devra effectuer des choix. La possibilité de production reflète ce fait que les sociétés ont des
ressources limitées et ne peuvent pas tout faire à la fois.

Pour rendre analysable le concept de possibilités de production, supposons qu’on puisse réduire la multitude de
biens en deux catégories : les biens et les services. Le tableau 5.1 montre les combinaisons de biens et de services
que peut produire la société, en utilisant des ressources comme la terre, le travail, les usines, etc.

Tableau 5.1 Choix de biens et services par la société


Biens Services Dans ce tableau, on suppose que tous les biens peuvent
(en milliards d’unités) (en milliards d’unités) être exprimés dans une unité commune. Par exemple, une
10 0 bouteille de bissap vaudra 4 unités, alors qu’un kg de riz
9,8 0,5 vaudra 10 unités. De même on peut exprimer les services
9,4 1 dans une unité commune, et assigner par exemple 10
8,8 1,5 unités à une heure d’exercice physique 1 unité à une
8,0 2,0 séance de cinéma. Dans ce tableau, la société ne peut pas
7,0 2,5 produire plus de 10 milliards d’unités de biens, même en
5,8 3,0 y consacrant toutes ses ressources. De même, en
4,4 3,5 consacrant toutes ses ressources à la production de
0 4,0 services, elle ne pourra pas produire plus de 4 milliards
d’unités. On remarque que le taux d’échange entre biens
et services se modifie d’une combinaison à l’autre. Ainsi, quand la société produit 10 milliards d’unités de biens
et veut produire 500 millions d’unités de services, il lui faut abandonner 200 millions d’unités de biens. On dit
que le coût d’opportunité de 500 millions d’unités de services en ce point est de 200 millions d’unités de biens.
Par contre, pour passer de 3 milliards d’unités de services à 3,5 milliards, soit une augmentation de 500 millions
d’unités, la société devra renoncer à 1,4 milliards d’unités de biens. Le coût d’opportunité des services en termes
de biens augmente ainsi. A l’inverse, le coût d’opportunité des biens en termes de services augmente quand on
remonte le tableau. Par exemple, passer de 0 à 4,4 milliards d’unités de biens coûte 500 millions d’unités de
services. Le passage subséquent de 8 milliards d’unités de biens à 8,8 milliards (soit une addition de 800 millions
d’unités) coûte 500 millions d’unités de services. Les biens deviennent plus coûteux en termes de services quand
on remonte les lignes du tableau. On peut ainsi dégager une loi des coûts d’opportunité.

Loi des coûts d’opportunité marginaux croissants : Dans le processus d’échange de biens contre services,
au fur et à mesure que la société renonce à des biens pour des services, le coût d’opportunité d’une unité
de biens en termes de services augmente. A l’inverse, au fur et à mesure que la société renonce aux
services pour acquérir des biens supplémentaires, le coût d’opportunité d’une unité de services en termes
de biens augmente.

1.2 La courbe des possibilités de production


Cours d’économie générale K. SAVADOGO
69

La courbe de la figure 5.1, construite à partir des données du tableau 5.1, montre le maximum que peut produire
la société. La société a intérêt à produire sur la frontière. Les points à l’extérieur de la frontière ne peuvent pas
être produits avec les ressources existantes. Les points à l’intérieur de la frontière impliquent un gaspillage (une
utilisation inefficace) ou une sous-utilisation de ressources. La sous-utilisation de ressources concerne par
exemple le non emploi de certains segments de main d’œuvre qualifiée, la non exploitation de terres fertiles. Le
gaspillage concerne par exemple une mauvaise combinaison des ressources (par exemple l’épandage de l’engrais
dans les exploitations agricoles à des moments inopportuns).

4,5
4
Services (milliards d'unités)

3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
0 5 10 15
Biens (milliards d'unités)

Figure 5.1 Courbe des possibilités de


production

1.3 Déplacements de la courbe des possibilités

La courbe de possibilités se définit pour une période donnée, étant donné les ressources disponibles. Lorsque le
temps passe, ou sous l’effet d’une modification importante des techniques de production, la courbe des possibilités
peut se déplacer, offrant plus d’opportunités à la société. Considérer la figure 5.2 qui illustre la production de
deux biens x1 et x2. De 1995 à 2000, la courbe des possibilités s’est déplacée de manière à permettre de produire
au point B, inaccessible avec les ressources ou la technologie de 1995.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


70

x2

 B Frontière en
2000

A
Frontière en
1995

x1

Figure 5.2 Déplacement de la frontière de possibilités dans le


temps. Sous l’action de la technologie, par exemple, la frontière
de production s’est déplacée de 1995 à 2000, permettant de
produire au point B qui était inaccessible en 1995.

II. LA FIRME, SES OBJECTIFS ET SES CONTRAINTES

Qu’est-ce que la firme. Une firme est définie comme une entreprise d’affaires comprenant une ou plusieurs
personnes, travaillant sous la forme d’une unité de décision engagée dans la production de biens ou de services.
La firme est ainsi une institution, qui engage des facteurs de production (inputs) et organise ces facteurs de
manière à produire les biens et services qu’elle vend.

Pourquoi les firmes existent. On peut imaginer un monde sans firme. Supposer par exemple qu’il n’y ait aucune
firme de construction d’immeubles, comprenant des techniciens, des maçons, des manoeuvres. Tout individu
désirant construire un immeuble dans ces conditions devrait assembler les matériaux (ciment, briques), aller louer
le matériel (brouettes, pèles, échelles), embaucher le maçon, les manœuvres et un superviseur pour réaliser
l’opération. Autrement dit, en l’absence de firmes de construction, l’individu devrait passer par le marché pour
réaliser un immeuble. A l’inverse, on peut imaginer un monde dans lequel une commande centrale dirige toutes
les opérations. Une structure hiérarchique interne gouvernerait un tel système. Un tel système peut facilement
devenir complexe et inefficace. La firme existe comme un cas intermédiaire entre ces exemples polaires. Les
firmes existent pour répondre à un ensemble de fonctions :
 Elles permettent de réduire les coûts de transaction
 Elles permettent de réaliser des économies d’échelle
 Elles permettent de réaliser des économies d’équipe

Coûts de transaction. Ronald Coase, qui a eu le prix Nobel d’économie en 1990, a été le premier à proposer que
les firmes existent pour assurer des fonctions que le marché ne peut pas assurer efficacement. Pour Coase, la firme
permet de réduire les coûts de transaction. Les coûts de transaction représentent l’ensemble des coûts associés à
la recherche de l’information (par exemple avec qui entreprendre une affaire), la signature des ententes, le suivi

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


71
des accords. La firme permet de centraliser les transactions de manière à diminuer leur nombre.
Considérer par exemple les deux manières de construire un immeuble.
Coordination par la firme. Vous contactez une firme de construction, dont l’équipe assure la coordination
des différents intervenants, l’achat des matériaux. Vous payez une facture pour le travail accompli.
Coordination par le marché. Vous embauchez un architecte qui fait le plan du bâtiment. Ensuite vous
allez louer tout le matériel de construction. Vous achetez le ciment et les autres matériaux. Vous embauchez un
maçon, et les ouvriers. Vous embauchez des superviseurs de travaux. A la fin des travaux vous devez retourner
les outils loués et payer les différents frais.

Votre choix entre les deux systèmes de coordination dépendra du différentiel de coût. Dans la deuxième
alternative, vous engagez beaucoup de votre temps personnel. Dans la première alternative, vous vous contentez
de contacter la firme qui fait le reste. Si le coût d’opportunité du temps est important, la méthode la plus efficiente
sera celle de la coordination par la firme.

Economies d’échelle. Lorsque le coût de production d’une unité d’un bien baisse lorsque la quantité produite
augmente, on parle de la présence d’économies d’échelle.

Production d’équipe. Dans un processus de production où les individus se spécialisent dans des tâches qui se
complètent, on parle de production d’équipe. Le sport est un domaine excellent d’exemples d’activités d’équipe.
Dans l’industrie, les chaînes de production constituent des exemples de travail d’équipe. Une firme de production
de produits de cuir par exemple peut être vue comme un travail d’équipe comprenant des acheteurs de peaux aux
artisans fabriquant les produits finaux.

L’objectif de la firme. Que recherche une firme ? Les théories de la firme font l’hypothèse que les firmes agissent
de manière à maximiser le profit, le profit étant défini comme la différence entre les recettes provenant des ventes
et les coûts engagés dans la production. La firme combine des facteurs de production pour produire. Par exemple,
une petite firme de galettes combine de la farine de mil, de l’huile, de la main d’œuvre et du matériel pour produire
des galettes offertes aux consommateurs. On peut supposer que l’objectif d’une telle firme n’est certainement pas
de perdre de l’argent. Il est plus plausible de supposer que la firme maximise le profit plutôt que le contraire.

Profits et problèmes de l’agent et du principal. L’hypothèse que la firme maximise le profit se heurte à un
problème majeur, celui du contrôle de l’activité de la firme. Lorsque la firme est petite, comme le cas d’une firme
de galettes de mil, le propriétaire et le gérant sont parfois la même personne. Dans ce cas, le profit constitue la
rémunération du propriétaire-gérant qui a tout intérêt à le rendre maximum. Dans les grandes firmes par contre,
les propriétaires de la firme (actionnaires) ne sont pas ceux qui la gèrent. De même de telles firmes comprennent
des travailleurs qui ne sont ni gérants ni propriétaires. Ainsi, les travailleurs travaillent pour les gérants lesquels
travaillent pour les propriétaires. Une situation où une personne (appelée agent) mène une activité au profit d’une
autre (appelée principal) est connue comme une relation principal-agent.

Le problème est que le principal et l’agent n’ont pas nécessairement les mêmes objectifs. Par exemple, l’agent
reçoit un salaire fixe, indépendant de la performance de la firme, alors que le revenu du propriétaire dépend de la
performance de la firme. La problématique dans une relation principal-agent est pour le principal de trouver un
mécanisme qui amène l’agent à travailler à l’avantage du principal. Une façon pour le principal de promouvoir
la coopération de l’agent est de mettre en place des mécanismes d’incitation. Dans le cas des travailleurs, il peut
s’agir par exemple de primes de productivité.

En récapitulant, le problème de la firme est complexe en réalité. L’analyse économique dompte la réalité en
considérant les éléments essentiels qui permettent d’extraire de l’information utile à partir d’un ensemble
d’hypothèses simplificatrices de l’approche. On retiendra que la firme est analysée comme une entité qui combine
des facteurs pour produire un produit final avec pour objectif de tirer le plus grand bénéfice de cette activité.
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
72

III. LA FONCTION DE PRODUCTION

3.1 Définition

Etant donné un processus de production, la fonction de production définit la relation physique entre les facteurs
utilisés dans la production et le produit (output) obtenu. On peut par exemple définir la fonction de production de
galettes de mil qui met en relation les galettes à la farine de mil, l’huile, l’appareillage de cuisson utilisés dans le
processus. En simplifiant, on peut regrouper les facteurs de production en deux catégories : le travail (L) et le
capital (K).

La fonction de production, F(K, L) donne le produit (output) maximum, q=F(K, L) obtenu par combinaison de
quantités des deux facteurs, K et L.

Considérer la société de fabrication de briques solides (SFBS). Cette petite firme est gérée par son propriétaire,
Sima Metta, qui emploie en plus de lui-même un opérateur de briques. La firme dispose d’une bétonneuse. En
travaillant 60 heures par semaine chacun, ils peuvent ensemble fabriquer un certain nombre de briques. Si une
commande exceptionnelle survenait et nécessitait l’accroissement du nombre de briques dans une semaine donnée,
la firme ne pourrait agir que sur la quantité de travail, en embauchant par exemple des travailleurs
supplémentaires ; le nombre de bétonneuses quant à lui demeurerait fixe. (On peut penser que la production peut
être augmentée en faisant travailler certains travailleurs la nuit, le nombre de bétonneuses étant fixe et égal à 1.)
Pour changer la quantité de bétonneuses, la firme a besoin de plus de temps d’ajustement. Dans le long terme, la
société peut faire des arrangements pour acquérir des bétonneuses additionnelles (par exemple par emprunt auprès
d’amis, par utilisation de fonds propres provenant des économies). En production, on doit ainsi distinguer le long
terme du court terme.
- Le court terme. C’est une période de temps au cours de laquelle certains facteurs de production sont
fixes en quantité. Il n’y a aucune possibilité d’ajuster leur quantité.
- Le long terme. C’est une période de temps suffisante pour permettre d’ajuster les quantités de tous les
facteurs de production.

3.2 Produit total, produit marginal et produit moyen

Pour faire ses calculs de profit, la firme a besoin de connaître trois concepts relatifs à la production.

Produit total. C’est la production totale possible et obtenue. Dans le cas de la SFBS, il s’agit du nombre total de
briques qui peuvent être fabriquées par la firme. Ce nombre est donné par la fonction de production, y=F(K, L),
K représentant le nombre de bétonneuses et L le nombre d’unités de travail (une unité de travail étant une semaine
de 60 heures de travail). Comme la firme utilise un nombre fixe de bétonneuses (=1), le produit total du travail
est obtenu en faisant varier la quantité de travail, soit y=F(1, L)=f(L). Ainsi on peut définir le concept suivant :

Le produit du travail est défini comme l’output total obtenu en utilisant L unités de travail, les autres
facteurs étant maintenus constants.

Le produit total est utile pour obtenir les recettes totales de la firme. Si chaque brique est vendu au prix p, la
recette totale de la firme est p.f(L).

Produit marginal. Si la firme utilise une unité de travail additionnelle, le nombre de bétonneuses étant fixe, elle
peut augmenter sa production totale de briques. Le produit marginal du travail, noté MPL est l’output additionnel
produit par cette unité additionnelle de travail, les autres facteurs étant constants. C’est la variation de l’output
divisé par la variation de la quantité de travail: MPL  y L .
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
73

Produit moyen. La firme peut calculer aussi sa production de briques par unité de travail. Si par exemple la
société utilise 4 semaines de 60 heures pour fabriquer 6 000 briques, le nombre de briques par semaine est 1 500.
Le produit moyen du travail est le rapport entre l’output total (le produit total) et le nombre d’unités de travail :
APL  y L . Le produit moyen peut être calculé pour tout facteur de production mesurable.

Le tableau 5.2 contient un exemple de données sur la production de la société SFBS. Le tableau permet d’illustrer
les différents concepts de produit. Noter qu’un des facteurs, le nombre de bétonneuses est fixé à 1.

Tableau 5.2 Production de briques par la


firme SFBS
(1) (2) (3) (4) La colonne 1 du tableau montre le nombre de semaines de 60-
Quantité de Produit Produit Produit heures de temps de travail. La colonne 2 donne le produit total
travail L total moyen marginal
(Nombre du travail du travail du travail
du travail (nombre total de briques), qui croît de 0 à 6400, puis
de semaines) y décroît de 6400 à 4800. Le produit moyen du travail (le
APL MPL
nombre de briques par semaine), contenu dans la colonne 3,
0 0 0 --
croît dans un premier temps de 0 à un maximum de 1700, puis
…………… …………… …………… 1000
1 1000 1000 décroît de 1700 à 800. Quant au produit marginal (l’effet d’une
…………… …………… …………… 2000 semaine additionnelle sur le nombre de briques) présenté dans
2 3000 1500 la colonne 4, il croît dans un premier temps de 1000 à 2100,
…………… …………… …………… 2100 puis décroît à partir de quatre semaines pour devenir négatif
3 5100 1700
quand on passe de 4 à 5 semaines. Noter que dans le tableau,
…………… …………… …………… 1300
4 6400 1600 le produit marginal est défini entre deux valeurs de l’input L
…………… …………… …………… -400 et du produit total y. Par exemple, le produit marginal de 1000
5 6000 1200 correspond au passage de 0 semaine (absence de travail) à 1
…………… …………… …………… -1200 semaine. Les pointillés indiquent le recours à ces valeurs
6 4800 800
intermédiaires. Ces résultats contenus dans le tableau
traduisent un ensemble de relations importantes entre les
différents concepts de produit d’un facteur. Ces relations
seront étudiées dans une section ultérieure.

3.3 Les différentes régions de la production

Les données de la firme SFBS permettent d’illustrer les différentes régions (ou phases) de la production. On peut
distinguer trois régions définies à partir du comportement conjugué du produit moyen et du produit marginal. Les
points de référence pour la division en régions sont celui où le produit moyen atteint son maximum et celui où le
produit marginal devient négatif. La figure 5.1 permet d’illustrer les trois régions.

Région I. Le produit total et le produit moyen sont tous les deux croissants. Durant cette phase, le produit
marginal est supérieur au produit moyen, ce qui cause la croissance de ce dernier. Dans cette phase, la firme a
intérêt à engager le maximum du facteur travail, puisque chaque unité supplémentaire permet de faire monter le
produit moyen qui en résulte.

Région II. Le produit moyen est décroissant, le produit marginal est positif. Il en résulte que le produit total croît
mais à un rythme ralenti par rapport à la phase I.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


74
Région III. Le produit marginal devient négatif et le produit total décroît. La firme n’a aucun intérêt à se
situer dans cette région, car toute diminution de la quantité de travail dans cette région permet d’augmenter le
produit total.

3.4 Rendements décroissants

L’exemple de la firme SFBS montre une particularité du produit marginal : il baisse lorsque le facteur travail
atteint des niveaux élevés. Autrement dit, quand un des facteurs est fixe et qu’on le combine avec des quantités
croissantes d’un autre facteur, l’impact de ce facteur sur le produit commence à diminuer à partir d’un certain
point. Ceci donne lieu à une loi.

Loi des rendements marginaux décroissants. Lorsque dans un processus de production on augmente la
quantité d’un facteur alors que d’autres facteurs demeurent fixes, le facteur dont la quantité augmente
verra éventuellement son impact sur le produit total baisser.

Comment s’explique cette loi ? Considérer l’exemple de la fabrique de briques. Étant donné le nombre de
bétonneuses, l’impact de la première unité de travail est d’augmenter le produit total. L’impact de la deuxième
unité de travail est plus important que la première, parce que à 2 on ne se gène pas, la bétonneuse fournit
suffisamment de mortier pour la confection des briques. Les deux travailleurs coordonnant leurs efforts avec une
bétonneuse permettent de tirer avantage de la spécialisation, ce qui permet d’accélérer la production jusqu’à la
troisième semaine. Dans la figure 5.1, ceci correspond à la portion croissante de la courbe du produit marginal.

Quand on continue d’augmenter la quantité du facteur travail, le nombre de bétonneuses étant invariant, les gains
provenant de la spécialisation finissent par s’épuiser. C’est le cas à partir de 3 semaines. Les unités de travail
additionnel permettent d’augmenter l’output, mais à un rythme lent. Ceci est dû au fait qu’avec un nombre élevé
d’unités de travail, les travailleurs additionnels doivent se partager la bétonneuse, se gênant mutuellement et
conduisant à une augmentation modeste de la production. Les rendements décroissants correspondent à la portion
décroissante de la courbe de produit marginal. Le produit marginal peut devenir nul: avec un nombre trop
important de travailleurs, certains resteront dans l’oisiveté ; une autre façon de voir le phénomène est de supposer
que le travail supplémentaire est peur productif (dans le cas où les mêmes travailleurs sont sur utilisés).

Le comportement du produit marginal est essentiel dans la décision de la firme SFBS, en particulier concernant
la quantité de travail à engager étant donné la bétonneuse disponible. Sima Metta sait que dans la phase I de la
production, toute unité additionnelle de travail produit plus que l’unité qui la précède. Par exemple, le passage de
1 à 2 semaines, soit une augmentation de la quantité de travail de 100 % s’accompagne d’une augmentation de la
production de 1000 à 3000, soit une hausse de 200%. Le passage de 2 à 3 semaines, une augmentation de 50 %
du facteur travail, entraîne une augmentation du produit de 3000 à 5100, soit +70%. Il voudra employer autant
d’unités de travail qu’il le peut, mais ceci le poussera éventuellement dans la phase II. Dans cette région, l’emploi
d’unités supplémentaires de travail accroît l’output, mais moins que proportionnellement. Dans la région III, toute
quantité supplémentaire de travail entraîne une baisse de l’output. En supposant que le prix du produit est fixe et
que le taux de salaire payé aux ouvriers est fixe, Sima Metta aura intérêt à opérer dans la région II du processus
de production.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


75

y
Phase II
Phase III
Phase I

Produit total

Travail

MP
AP

Produit
marginal

Produit moyen

Travail

Figure 5.1 Les 3 phases d’une fonction de production. Le produit total augmente
quand le produit marginal est positif et baisse quand le produit marginal est négatif.
La phase II est la région de production où le produit moyen est en déclin mais le
produit marginal demeure positif. C’est la région économique. En phase I, le produit
moyen est croissant et la firme a intérêt à engager de plus en plus du facteur travail.
Ce processus continuera jusqu’à ce qu’on entre dans la phase II. En phase III, le
produit marginal est négatif et le produit total en déclin. La firme n’opérera pas dans
cette phase. Si elle s’y retrouve, elle diminuera la quantité du facteur travail ce qui
l’amènera finalement en phase II. Savoir en quel point de la phase II relève de la
résolution du problème de la firme, la maximisation du profit..

3.5 Production avec deux facteurs variables

A long terme, la SFBS peut augmenter son produit en agissant sur tous les inputs, le travail et la bétonneuse. Nous
pouvons utiliser des concepts similaires à ceux de courbes d’indifférences vus dans la théorie du consommateur.
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
76
Lorsque le processus de production admet deux facteurs variables, nous pouvons analyser le mécanisme
de la production dans deux types d’espaces. (1) L’espace produit-facteur permet de voir comment le produit total
(ou moyen ou marginal) se comporte en relation avec le facteur choisi. (2) L’espace facteur-facteur permet de
voir comment les deux facteurs sont combinés pour donner un niveau de produit. Ici, nous nous concentrons sur
cette dernière analyse.

Les isoquants. Soit un niveau donné de production de briques, par exemple 3000. Sima peut obtenir ce niveau
en combinant différentes quantités de bétonneuses et de travail. De manière générale, soit une fonction de
production y=F(K,L). L’isoquant est l’ensemble des combinaisons (K, L) qui permettent d’obtenir le même
niveau d’output, y0. Mathématiquement, l’isoquant est dérivé de la relation F(K, L)= y0.

En faisant varier le niveau d’output, on obtient une carte d’isoquants représentée dans la figure 5.2. Tout comme
dans le cas des courbes d’indifférence du consommateur, plus l’isoquant est éloigné de l’origine dans le sens
nord-est, plus le niveau de l’output est élevé. Ainsi le point e implique un niveau de produit plus élevé que le
point a. Les points a et c ont le même niveau d’output.

La différence principale entre une carte d’indifférence et une carte d’isoquants est que le niveau assigné à la
courbe d’indifférence est arbitraire, l’essentiel étant la préservation des préférences d’un niveau de courbe à un
autre. Dans le cas de l’isoquant, le nombre assigné à une courbe indique le niveau réel de production obtenu par
combinaisons diverses de facteurs le long de l’isoquant.

Le taux marginal de substitution technique. Supposons que la firme SFBS décide d’utiliser plus de bétonneuses
et moins de travail. Si la quantité de bétonneuses augmente de K, la variation nécessaire de la quantité de travail,
L pour permettre au produit de rester constant permet de définir le taux marginal de substitution technique
(TMST). Au point A par exemple de la figure 5.3, le TMST est défini comme la valeur absolue de la pente de
l’isoquant, K L .

Tout comme dans le cas du TMS du consommateur, on peut trouver une relation entre le TMST et les
contributions marginales des facteurs K et L. Une diminution de K de K entraîne une diminution de l’output de
MPKK, avec MPK le produit marginal du capital. A l’opposé, l’augmentation de L de L pour compenser la baisse
de K s’accompagne d’une augmentation de l’output de MPLL, avec MPL le produit marginal du travail. Le gain
d’output provenant de la hausse de L est compensé par la perte d’output provenant de la baisse de K. Ces forces
sont de signes opposés. On a donc :

 MPK K  MPL L

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


77

K
(bétonneuse)


e

d
a b
y =4800
c
 y =3000
y =1000
L
(nombre de semaines de 60-heures de temps de travail)

Figure 5.2 Isoquants. L’isoquant décrit le lieu des combinaisons de K et


L qui produisent le même niveau d’output. La figure montre trois
isoquants correspondant à trois niveaux de produit. Les points a et c sont
sur le même isoquant, mais alors que c utilise plus de travail, a utilise plus
de capital. Les points b et d permettent d’atteindre un niveau de
production supérieure. Le point d utilise les mêmes proportions de K et L
que le point a. Enfin, le point e se trouve sur un isoquant encore supérieur.

.
K
Figure 5.3 Le taux marginal de
substitution technique (TMST). Le TMST
est le taux auquel un input peut se substituer
TMSTA=K/L à l’autre sans modifier le niveau de l’output.
Le TMST en tout point de l’isoquant est la
K  A valeur absolue de la pente de l’isoquant en
ce point. Au point, si K unités de capital
L sont soustraites et L unités de travail
y0 ajoutées au processus, le niveau de l’output
se conserve, à y0.
L

Il en résulte la relation :

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


78
K MPL
 
L MPK

qui est le taux marginal de substitution technique du travail, L, pour le capital, K et noté TMST L,K. Le TMST
(défini comme la valeur absolue de la pente de l’isoquant, K/L, qui est la même chose que -K/L) est ainsi
égal au rapport des produits marginaux des deux inputs.

Isoquants particuliers. Tout comme les courbes d’indifférence en consommation, en production les isoquants
peuvent revêtir des formes particulières différentes de la forme typique présentée dans la figure 5.3. Lorsque les
inputs sont des substituts parfaits, les isoquants sont des lignes droites comme dans le panel a de la figure 5.4.
Un exemple de substituts parfaits est l’essence provenant de deux stations différentes, Mobil et Shell, utilisée
pour effectuer un certain nombre de voyages dans le pays (la quantité de production est le nombre de voyages).
L’essence provenant des deux stations est parfaitement interchangeable.

Lorsque les inputs sont des compléments parfaits, les isoquants épousent la forme de L, comme dans le panel b
de la figure 5.4. Un exemple est la combinaison de deux inputs, un ordinateur PC et une dactylographe pour saisir
une lettre. Ces deux inputs doivent être combinés dans des proportions fixes, une dactylographe pour un ordinateur.
Il ne sert à rien d’avoir deux ordinateurs pour une dactylographe ou deux dactylographes sur une machine.

Essence Ordinateurs
de Mobil PC

y=y2
y=y2

y= y1 y=y1

(a) Essence (b) Dactylographes


de Total

Figure 5.4 Isoquants pour des inputs substituts parfaits ou compléments parfaits.
Le panel (a) représente le cas de substituts parfaits. Les isoquants sont des lignes droites
à pente négative. Le même nombre de voyages est obtenu pour une quantité donnée
d’essence quelle que soit l’origine de cette essence (Mobil ou Total). Le panel (b)
représente le cas de compléments parfaits. Les isoquants présentent un angle droit. Les
dactylographes et les PC sont des compléments parfaits dans la saisie de lettres.

3.6 Les rendements d’échelle

Une question d’importance pour l’organisation industrielle est de savoir si la production est plus efficace à une
échelle basse ou à une échelle élevée. Dépendant de la réponse à cette interrogation, un marché donné sera mieux
servi soit par un nombre élevé de petites firmes, soit par quelques firmes de grande taille.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


79
La propriété de la fonction de production qui permet d’analyser ce genre de questions, c’est-à-dire la relation
entre taille et efficacité est le concept de rendements d’échelle. Les rendements d’échelle supposent que tous les
inputs sont variables, il s’agit donc d’un concept essentiellement de long terme. On distingue trois types de
rendements d’échelle : rendements croissants, rendements décroissants et rendements constants.

Rendements d’échelle croissants. Soit la fonction de production de la SFBS, y=F(K, L). Sima Metta décide
d’utiliser plus de chaque facteur, en achetant ou louant des machines et en embauchant plus d’ouvriers. Supposer
que dans le processus, K et L doublent de valeur. On dit que le processus de production de la SFBS comprend
des rendements d’échelle croissant si l’output total augmente dans une proportion plus importante que les facteurs.
Par exemple, en doublant les quantités des facteurs, la quantité produite triple. De façon générale, supposer que
chaque input est multiplié par un nombre h>1, de façon que la combinaison devient (hK, hL). Les rendements
croissants existent si le produit est multiplié par un nombre supérieur à h : y*>h.y, avec y* la quantité produite
avec la nouvelle combinaison (hK, hL), et y la quantité obtenue de la combinaison (K, L).

Les rendements d’échelle croissants résultent parfois du processus de division du travail conduisant à une
spécialisation des travailleurs. C’est ce qu’un auteur comme Adam SMITH avait déjà analysé au 18è siècle dans
son livre Richesse des Nations, publié en 1776. Lorsque les rendements sont croissants, il est plus efficace
d’avoir de grandes firmes que de petites.

Rendements d’échelle constants. Lorsqu’une augmentation proportionnelle des inputs s’accompagne de


l’augmentation de la production dans la même proportion, on dit que les rendements d’échelle sont constants. En
doublant tous les inputs, la production double. La taille de la firme dans une telle situation ne joue plus de rôle
particulier, elle peut être petite ou grande.

Rendements d’échelle décroissants. Lorsque l’augmentation de tous les inputs dans une même proportion
conduit à une augmentation du produit dans une moindre proportion, on dit que les rendements d’échelle sont
décroissants. Ainsi, une taille élevée devient un handicap. Dans ce cas les firmes auront tendance à être de petite
taille.

Prenons des exemples pour illustrer dans quels cas une fonction de production a des rendements d’échelle
constants, croissants ou décroissants. Soit la fonction y=2K+3L, i.e. l’output est tout simplement 2 fois la quantité
de capital augmenté de 3 fois la quantité de travail. Multiplions K et L par 10, le nouvel output y*=2(10K) +
3(10L)=10(2K + 3L) = 10y. Les rendements sont constants pour cette fonction. Considérer la fonction Cobb-
Douglas y  K  L . En multipliant K et L par 10, on obtient
y*  (10 K ) (10 L)   10 K  10 L  10   K  L  10   y . Ainsi, si  +  = 1, les rendements d’échelle sont
constants. Si  +  < 1, les rendements d’échelle sont décroissants alors que  +  > 1 implique des rendements
d’échelle croissants.

IV. FACTEURS DE PRODUCTION ET COMBINAISON OPTIMALE DE FACTEURS

La firme recherche les meilleures combinaisons de facteurs pour produire le maximum d’output (c’est-à-dire
opérer sur sa fonction de production) au moindre coût.

4.1 Le coût de la firme

Le coût supporté par la firme comprend les coûts avancés pour les inputs variables et fixes.

4.1.1 Equation de coût et ligne d’isocoût


Cours d’économie générale K. SAVADOGO
80

Supposons que la firme utilise deux facteurs K et L. Les deux facteurs sont échangés sur un marché à des prix
fixes, r pour K et w pour L. L’équation de coût de la firme est :

C  rK  wL

C représente le coût total supporté par la firme lorsqu’elle emploie K unités de capital et L unités de travail. Cette
équation rappelle celle de la droite du budget du consommateur.

K La ligne d’isocoût s’obtient en considérant toutes les


C1/r combinaisons de K et L qui aboutissent au même coût. Si le
2 coût total s’établit à C0, la droite d’isocoût est donnée par
C0/r l’équation C0=rK + wL. Dans l’espace (L,K), on obtient K en
fonction de L : K  (C0 r )  ( w r ) L . La figure 5.5 donne des
exemples de droites d’isocoût.

C0/w C1/w L
Figure 5.5 Lignes d’isocoût. Le
coût augmente dans le sens de la
flèche.

4.1.2 Catégorisation des coûts

Coût économique et coût privé. Il existe une différence entre le concept comptable de coûts et le concept
économique. En comptabilité, on ne compte que les coûts tangibles. Le coût économique comprend le coût
d’opportunité, en plus des coûts réellement supportés.

Du point de vue de la société le coût est la valeur des facteurs utilisés dans la production. En supposant que les
facteurs (travail, capital, ressources naturelles) sont pleinement employés (c’est-à-dire qu’il n’y a pas de
gaspillage), le coût d’un processus représente la valeur de tous les facteurs qui ont été détournés d’autres usages
parce qu’utilisés dans ce processus. Du point de vue social, le coût traduit ainsi la rareté. L’économiste adopte
cette définition du coût au sens de coût d’opportunité.

Du point de vue de la firme, le coût représente la dépense monétaire pour engager les facteurs de production
(travailleurs, gestionnaires, terre, machines, usines, intrants matériels). Le coût comptable (ou coût privé) de la
firme est ainsi différent du coût économique. Le coût privé est une composante du coût social ou économique.
Un exemple de coût social qui n’est pas inclus dans le coût privé est celui des externalités (par exemple, si une
firme produit en polluant l’atmosphère, ce coût n’est pas supporté par la firme mais par d’autres, comme les
résidents des environs de l’implantation de la firme).

Coûts implicites et coûts explicites. Certains coûts sont facilement discernables alors que d’autres ne le sont pas.
On doit cependant comptabiliser tous les coûts. Considérer le cas du boutiquier du quartier qui possède sa propre
affaire. Les coûts supportés comprennent le salaire d’un aide (issu de la famille), l’électricité, le loyer de la place :
ce sont les coûts explicites. Les coûts implicites comprennent le temps personnel du propriétaire de la boutique
(il passe 14 heures par jour et 7 jours par semaine à vendre et superviser) et le capital investi (les étagères et autres
aménagements ont coûté 150 000 FCFA). Ces coûts sont souvent ignorés, ce qui ne devrait pas être le cas. Par
exemple, au lieu de travailler dans sa propre boutique le boutiquier pourrait trouver un emploi à 30 000 FCFA
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
81
par mois. De même les 150 000 FCFA d’aménagement auraient pu être déposés dans une banque et produire
des intérêts de 4% par an. Le coût implicite du capital est donc de 6 000 FCFA par an et le coût implicite de la
main d’œuvre personnel 30 000 FCFA par mois.

Coûts irrécupérables. Les coûts irrécupérables sont des coûts qui ne peuvent pas être modifiés ou évités par la
firme dans ses décisions courantes ou futures. Dans ce sens, les coûts irrécupérables ne doivent pas intervenir
dans les calculs de la firme.

Contrairement au coût d’opportunité qui est intangible et doit être pris en compte dans le calcul du coût
économique (ou social), le coût irrécupérable est parfois bien tangible (vous l’avez sorti de votre poche) mais ne
doit pas être considéré dans les calculs ultérieurs. Supposer par exemple que vous avez le choix d’installer un
kiosque fixe en parpaing sur un espace qui vous est offert par la mairie, ou d’acheter une de ces structures
métalliques préfabriquées. La préparation du terrain pour le kiosque en parpaing est spécifique à cette structure
(i.e. ne peut servir à rien d’autre ni à personne d’autre) et coûte 35 000 F, et la construction de la structure-même
150 000 F. La structure préfabriquée coûte 200 000 FCFA. Vous décidez de construire et vous engagez les fonds
de 35 000 F pour la base de la structure en parpaing. Trois mois plus tard, vous découvrez une offre d’un kiosque
métallique préfabriqué à 170 000 F. Devrez-vous continuer de construire votre kiosque en parpaing. La réponse
est oui. Acheter le préfabriqué vous coûterait 20 000 F de plus que terminer la construction qui vous coûterait 150
000 F. Les 35 000 F déjà dépensés sont irrécupérables et ne doivent pas être inclus dans les calculs. Vous ne
pouvez rien changer au fait que ces 35 000 F sont déjà jetés dans un endroit inutilisable pour une autre alternative.

4.3 Le profit

Le profit d’une entreprise est défini comme la différence entre les recettes et le coût de production. Etant donné
la distinction entre coût comptable et coût social, on distingue aussi le profit comptable du profit économique.

Profit comptable. Le profit comptable est la différence entre les recettes totales et le coût comptable. Le coût
comptable ne comprend que les coûts qui sortent de la poche de l’entrepreneur.

Profit économique. Le profit économique est la différence entre recettes totales et le coût social. Le coût social
inclut le coût d’opportunité des facteurs. Soit une firme produisant un seul produit, en quantité y. Si p est le prix
unitaire et C le coût total, le profit est   py  C .

En économie, lorsqu’on parle de profit, on entend le profit économique. Supposer qu’un propriétqaire de cour
dans une ville dispose d’une pièce indépendante qu’il utilise pour sa petite entreprise de blanchissage. Par mois,
soit y = 600 le nombre d’habits blanchis, et soit p = 50 F le prix moyen par habit. Le propriétaire embauche un
parent qu’il paie à 500 F par jour pour 26 jours par mois. La pièce peut être alternativement louée à 20 000 F par
mois à une petite entreprise qui veut y établir un télécentre. Le propriétaire de la cour doit-il continuer de tenir sa
petite affaire de blanchissage ?

Le profit comptable de l’entreprise est   py  wL  50*600  500*26  17000 FCFA par mois. De ce point de
vue, l’entreprise de blanchissage semble rentable. Mais le profit comptable n’est pas le concept à utiliser.
L’utilisation de la pièce pour la blanchisserie ne rapporte que 17 000 FCFA par mois, alors que la location
rapporterait 20 000 FCFA par mois. La location de la pièce est évidemment la meilleure option.

En utilisant le concept de profit économique, on a :


  py  wL  20000 / mois  50*600  500*26  20000 / mois  3000

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


82
Ainsi, le profit économique est négatif. Le propriétaire devrait fermer son entreprise de blanchissage et mettre
sa maisonnette en location. (Si des raisons familiales l’obligent à assurer un revenu à son parent, il pourrait
toujours mettre la maisonnette en location, payer 13 000 FCFA gratuitement à son parent et empocher 7 000 F
par mois.)

La rente économique. La rente économique a une relation avec le coût d’opportunité. Considérer un individu
détenant un diplôme de doctorat en économie. Cet individu peut travailler dans un cabinet privé et avoir un salaire
de 500 000 FCFA par mois, ou travailler dans une institution publique et gagner un salaire de 200 000 FCFA par
mois. Supposer que mis à part la différence de salaire, l’individu se satisferait également de chacun de ces boulots.
Le coût d’opportunité de travailler dans le cabinet privé est le revenu que l’individu gagnerait dans la meilleure
alternative, soit 200 000 FCFA. La rente économique est le différentiel de revenu nécessaire pour que l’individu
accepte de travailler dans le cabinet privé. Ici la rente économique est de 300 000 FCFA par mois.

Définition. La rente économique est le surplus payé pour un facteur de production pour pouvoir l’utiliser
dans un processus de production donné.

La rente économique est souvent liée à la rareté d’un facteur. Par exemple, les sommes payées aux grands athlètes
sportifs sont en grande partie une rente, liée à la spécialisation de ces athlètes. Par exemple, quand Michael Jordan
jouait au basket-ball professionnel aux Etats-Unis, la différence énorme de salaire entre lui et le joueur suivant
était attribuable au talent spécialement rare de l’athlète. On peut dire que Jordan tirait une rente de son talent.

De même, considérer deux parcelles de terre utilisées dans la production de coton. L’une est naturellement très
fertile (parcelle A) et l’autre l’est moins (parcelle B). La parcelle fertile rapporte un rendement de 1500 kg de
coton à l’hectare, la terre moins fertile 800 Kg. En supposant des coûts de production (à l’exception de la main
d’œuvre familiale) identiques de 80 000 FCFA par hectare, et le prix du coton établi à 200 FCFA, la parcelle A
rapporte 220 000 FCFA alors que la parcelle B rapporte 80 000 FCFA. La différence entre les deux marges, soit
140 000 FCFA constitue une rente économique de la parcelle fertile, rente attribuable à sa fertilité. Si on suppose
que 10 personnes par ménage sont engagées dans la production dans chaque parcelle, la parcelle A rapporte à
chaque travailleur 14 000 FCFA contre 8 000 FCFA par personne pour la parcelle B. La rente par unité de main
d’œuvre est ainsi égale à 6 000 FCFA.

4.4 Combinaisons optimales de facteurs et fonction de coût

La technologie représentée par les isoquants, l’équation de coût et la ligne d’isocoût constituent les éléments de
base pour étudier le comportement de choix des combinaisons de facteurs par la firme. Ce choix permet de trouver
le coût réellement supporté par l’entreprise, une étape essentielle à l’évaluation de son profit.

Supposons que la firme se fixe une quantité de produit à atteindre par une combinaison appropriée de facteurs.
Quel que soit le niveau y de l’output, on peut supposer que la firme (à travers ses managers) désirera produire
cette quantité au moindre coût. Si la firme peut produire à moindre coût, elle peut accroître ses profits. La
maximisation du profit nécessite donc la minimisation du coût.

Minimisation du coût. Représentons dans le même graphique l’isoquant de la firme et sa droite d’isocoût (figure
5.6). Pour une niveau de produit donné, l’isoquant est fixe. Les droites d’isocoût se déplacent selon le niveau du
coût total, les droites à coût bas étant le plus proche de l’origine.

K
Figure 5.6 Problème de
minimisation du coût
Le niveau de la production est donné
Cours d’économie générale par K.
l’isoquant
SAVADOGOy0. Le point de
tangence entre l’isoquant et la droite
d’isocoût C* donne le point de
combinaison optimale en A(L*,K*).
83

Point
 optimal
A
y0 (L*, K*)

C=C0 C= C* C=C1 L

Comment la firme choisit-elle la combinaison qui donne le moindre coût ? L’isoquant étant fixe, la firme doit
jouer sur l’emplacement des droites d’isocoût. Considérer les points A et B. Les combinaisons en ces points
permettent de produire le même niveau de produit y0, mais à des coûts différents. Le point B coûte plus cher
(C1>C*). Tout point autre que A sur l’isoquant y0 comporte un coût plus élevé qu’au point A. Le point A donne
la combinaison à coût minimum.

Au point A, la droite d’isocoût est tangente à l’isoquant. En ce point les pentes des deux courbes sont donc égales.
On se rappelle que la pente (en valeur absolue) de la droite d’isocoût est le rapport des prix des facteurs, w/r.
Quant à l’isoquant, sa pente (en valeur absolue) est donnée par le rapport des produits marginaux, MPL/MPK, qui
est aussi le TMST. Au point optimal, on a donc :

MPL w
  TMSTL , K
MPK r

Ceci peut aussi s’écrire sous la forme :

r w
 .
MPK MPL

Cette égalité a une interprétation économique intéressante. Supposons que la firme en question est la SFBS et que
y (le produit) représente la quantité de briques produite en utilisant le travail et le capital. La quantité MPK
représente la quantité de briques produite avec une unité additionnelle de capital, qui coûte r Francs CFA. Le
rapport r/MPK est donc le coût pour produire une brique supplémentaire en utilisant du capital à la place de travail.
De même le rapport w/ MPL représente le coût pour produire une brique additionnelle à partir du travail se
substituant au capital. Si les deux rapports étaient différents, les quantités de capital et de travail ne seraient pas
des quantités d’équilibre, car une petite modification des quantités des deux facteurs pourrait faire baisser le coût.
En effet, supposer que le rapport r/MPK soit supérieur. Dans ce cas, une brique additionnelle coûte plus cher en
utilisant du capital que du travail et la firme SFBS baisserait son coût en utilisant du travail à la place du capital.
Le résultat inverse s’obtient si le rapport w/MPL est supérieur. L’équilibre (compris comme le point où la firme
n’a aucune incitation à modifier sa combinaison des deux facteurs) exige donc l’égalité entre les deux rapports.

Fonction de coût. La fonction de coût est le coût minimum pour produire tout niveau donné d’output y. La
dérivation de la fonction de coût suit la logique suivante. Pour tout niveau de produit y, on détermine la
combinaison optimale de K et L qui minimise le coût pour produire y. Lorsqu’on fait varier y, on obtient les
différents coûts minima. Le lieu de tous ces points traduit le sentier d’expansion du produit (figure 5.7). Pour
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
84
avoir la fonction de coût, choisir un niveau de produit quelconque sur le sentier d’expansion et déterminer la
droite d’isocoût qui passe par ce point. Ensuite, assigner le coût correspondant au niveau d’output. En repétant
ceci pour tous les niveaux d’output, on obtient la fonction de coût.

La fonction de coût sera notée C(y), qui représente le coût minimum pour tout niveau de produit y.

K
Figure 5.7. Sentier d’expansion de
l’output. Lorsque le niveau de l’output
varie, le lieu des points de coût
minimum est le sentier d’expansion. La
fonction de coût peut se déduire à partir
du sentier d’expansion.
Sentier d’expansion de l’output

y2

y1
y0

C=C0 C=C1 C=C2 L

V. LES COURBES DE COUTS

5.1 Les différents concepts de coût

Toutes les courbes de coût se dérivent à partir de la courbe de coût total. On distingue les coûts fixes des coûts
variables, dont la somme donne le coût total. Les autres concepts qui se dérivent de ces coûts sont le coût marginal
et le coût moyen.

Coûts fixes (CF). Les coûts fixes sont les coûts des facteurs fixes. Les quantités des facteurs fixes ne pouvant
varier, le coût fixe est par définition constant pour tous les niveaux de l’output. A court terme, le coût fixe
n’intervient pas dans la décision de la firme. Les coûts fixes peuvent varier à long terme cependant et deviennent
importants dans les décisions de long terme de la firme.

Coûts variables (CV). Les coûts variables sont les coûts des facteurs variables. Les quantités de ces facteurs
varient avec le niveau de l’output. Les coûts variables étant fonction de l’output, s’expriment comme CV(y).

Dans l’exemple de la firme SFBS, le coût associé à la bétonneuse est le coût fixe. Supposons qu’au lieu d’utiliser
sa bétonneuse dans son entreprise, Sima Metta ait l’option de la louer au coût de 100 000 FCFA par an. Ce coût
d’opportunité de la bétonneuse est son coût à considérer dans les calculs. Supposons que le coût variable issu de
l’emploi de la main d’œuvre soit CV(y)=25y. Le coût total est :
CT  CF  CV
 100000  25 y

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


85
Si y est la quantité de briques produites dans l’année, CT est le coût total lié au processus de production.

Coût marginal (MC). Le coût marginal est l’incrément du coût total résultant d’un petit accroissement de la
quantité produite. Mathématiquement, MC ( y)  C / y . Le coût marginal est ainsi le rythme d’accroissement
du coût suite à une augmentation de la production. Le coût marginal est donc la pente de la courbe de coût total.

Coût moyen (AC). Le coût moyen est le coût par unité produite. En symboles, AC(y)=C/y. Le coût moyen sert à
juger de la performance moyenne de la firme en termes de coûts. Quand les coûts unitaires peuvent être réduits,
la firme est à même d’accroître ses profits.

Le coût moyen peut être décomposé en coût variable moyen et en coût fixe moyen :

C ( y) CV  CF CV CF
AC ( y)    
y y y y

Coût variable moyen (CVM). Ce coût représente le coût variable par unité de produit : CVM(y)=CV/y.

Coût fixe moyen (CFM). C’est le coût fixe par unité de produit : CFM=CF/y.

Les différents types de coûts sont représentés dans le graphique 5.8. La figure décrit les relations entre les
différentes courbes.

Coût C(y)
(FCFA)

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


86

CV=C(y)-CF Figure 5.8 Coût total, coût marginal,


coût moyen, coût variable moyen et coût
fixe moyen.
Dans le panel (a), C(y) est le coût total
100 CF de la firme. La courbe de coût fixe CF
est horizontale, réflétant son invariance.
Le coût variable est la distance verticale
(a) y entre ces deux courbes. Le coût
marginal, MC, est la pente de la courbe
de coût total. La courbe MC atteint son
minimum dans le panel (b) au point où
AC, MC
la pente de la courbe de coût total est
CVM, CFM
minimum. La courbe de coût moyen,
(FCFA/unité de
AC, décroît tant que le coût marginal se
produit)
trouve en dessous. AC atteint son
minimum au point où MC la coupe. Le
coût variable moyen, CVM atteint son
minimum quand MC coupe cette courbe.
MC Le coût fixe moyen, CFM, est la
distance verticale entre le coût moyen
(AC) et le coût variable moyen (CVM).
Comme le coût fixe moyen décroît
CFM constamment avec le niveau de l’output,
la distance verticale entre AC et CVM se
100 AC
rétrécit progressivement quand le niveau
CVM de l’output augmente.

y
(b)

5.2 Coûts et période

Coûts de court terme terme. Quand certains facteurs sont fixes, la courbe de coût dérivée par minimisation du
coût représente le coût de court terme de la firme. Dans le court terme, la firme ajuste les facteurs qui sont variables
et ignore le reste. Les différents types de coûts sont aussi définis dans le court terme. On a les concepts suivants :
- Coût total de court terme (CTCT)=Coût variable de CT (CVCT) + Coût fixe (CF)
- Coût moyen de court terme (ACCT)=CTCT/y
- Coût variable moyen de court terme (CVMCT)=CVCT/y
- Coût marginal de court terme (MCCT)=CTCT/y = CVCT/y.

Coûts de long terme. Dans le long terme, tous les facteurs deviennent variables et leurs niveaux d’utilisation sont
sous le contrôle du manager de la firme. Par exemple, avant l’installation d’une usine, les différentes
combinaisons du capital et du travail sont toutes possibles, aucun facteur n’est fixe et par conséquent il n’y a pas
de coût fixe. Noter que le coût de long terme ne s’obtient pas en annulant tout simplement le coût fixe. Il se
dérive selon des méthodes appropriées : les facteurs qui étaient fixes deviennent variables et le manager de la
firme a la possibilité de déterminer leur utilisation optimale. On a les concepts de long terme suivants:
- Coût total de long terme (CTLT) se confond avec le coût variable de LT (CVCT) car les coûts fixes (CF)
sont nuls
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
87
- Coût moyen de long terme (ACLT)=CTLT/y
- Coût marginal de long terme (MCLT)=CTLT/y.

Coûts de long terme et rendements d’échelle. Il existe une relation entre les rendements d’échelle définis à partir
de la fonction de production et la fonction de coût de long terme. Soit C(y) le coût de production de y unités de
produit dans le long terme.

Supposer que la fonction de production soit à rendements constants. Si on multiplie les quantités des facteurs par
2, la quantité d’output est multipliée par 2. Soit C(1) le coût de production d’une unité de y. Alors, 2C(1) est le
coût pour produire 2 unités de y, car 2 unités de y nécessite 2 fois autant d’inputs que 1 unité de y. Ceci est vrai
pour tout multiple d’output. Le coût unitaire de production est donc le même pour toute quantité produite : le coût
moyen est constant pour un processus de production caractérisé par des rendements d’échelle constants. Le coût
moyen est une ligne horizontale.

Si la fonction de production possède des rendements d’échelle croissants, on peut montrer que le coût moyen est
décroissant. Les rendements étant croissants, la multiplication des inputs par 2 entraîne plus qu’un doublement
du produit. Supposer que le produit est multiplié par k>2, de manière que le nouveau produit est y’=ky. Le
nouveau coût, C(y’) est simplement 2C(y). Le nouveau coût moyen est C(y’)/y’=2C(y)/ky=(2/k)C(y)/y. Comme
2/k<1 (parce que k>2), on a nécessairement C(y’)/y’<C(y)/y.

Il en résulte que lorsque les rendements d’échelle sont croissants, le coût moyen est décroissant.

Si la fonction de production est à rendements décroissants, un raisonnement similaire montre que le coût moyen
est croissant : le coût moyen croît lorsque les rendements d’échelle sont décroissants.

5.3 Economies d’envergure

Nous terminons cette analyse des coûts par le concept d’économie d’envergure. On dit qu’un processus de
production comporte des économies d’envergure si la production combinée de deux ou plus de deux produits est
moins coûteuse que la production séparée des mêmes produits. Les économies d’envergure naissent lorsque les
processus de production combinés partagent les mêmes inputs essentiels, comme le management, les services de
marketing ou des infrastructures de production.

Le degré de présence d’économies d’envergure est mesuré en comparant le coût de production dans un processus
combiné à la somme des coûts de production lorsque les processus sont séparés. Soit C(x) le coût de production
du bien x et C(y) le coût de production du bien y, et C(x, y) le coût d’une production jointe des deux biens. La
réduction de coût résultant de la présence d’économies d’envergure est :

[C ( x)  C ( y )] 
Eenvergure    1
 C ( x, y ) 
E est positif si le numérateur du terme entre accolades est supérieur au dénominateur. E donne l’économie de coût
[C(x) + C(y) - C(x, y)] en proportion du coût de la production combinée, C(x, y).

Références

Grinols, Earl L., 1994. Microeconomics. Houghton Mifflin. Boston.

Frank, Robert H., 1994. Microeconomics and behavior. McGraw Hill International Edition. New York.
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
88

Sichel, Werner et peter Eckstein, 1974. Basic economic concepts. Microeconomics. Rand McNally. Chicago.

Questions

1. Citer trois objectifs autres que la maximization qu’une firme pourrait poursuivre.

2. Donner un exemple de production dans laquelle le court terme dure au moins une année.

3. Pourquoi le manager d’une firme se préoccuperait-il plus du produit marginal que du produit moyen des inputs
lorsqu’il s’apprête à engager des facteurs ?

4. En quoi une carte de courbes d’indifférence est-elle similaire à une carte d’isoquants ? Quelles sont les
différences les plus saillantes ?

5. Si le coût marginal est négatif, le coût moyen est-il nécessairement négatif ? Est-il décroissant ?

6. Pouvez-vous citer des exemples d’industries au Burkina où les rendements sont probablement (i) constants ?
(ii) croissants ? (iii) décroissants ?

7. Quelle différence faites-vous entre rendement décroissant d’un facteur v ariable et rendements d’échelle
décroissants ?

Problèmes

1. Une firme a une fonction de production caractérisée par le tableau suivant :


Unités de travail
1 2 3 4 5 6
K=1 4 10 12.5 15 17.5 20
K=2 10 13 16 19 21 23
K=3 15 17 19 21 23 25
K=4 20 22 23 24 25 26
K=5 23 24 25 26 27 27
K=6 25 26 27 28 28 28

a. On fixe le capital à 3 unités. Donner le produit marginal du travail.


b. On fixe maintenant le capital à 1. Le produit marginal du travail est-il décrossant ?
c. Vrai/Faux : Cette fonction de production est à rendements constants pour toutes les valeurs de L et K.

2. Vrai ou faux:
a. Si le produit marginal est dans une phase décroissante, alors le produit moyen est aussi en déclin.
Expliquer.
b. Une usine de production embauche un ouvrier supplémentaire et réalise que le produit moyen de ses
travailleurs a augmenté. On peut alors dire que le produit marginal du nouveau travailleur est inférieur au
produit moyen des travailleurs avant l’embauche du dernier.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


89

COURS D’ÉCONOMIE
GÉNÉRALE

Kimseyinga SAVADOGO
UFR/SEG, Université de Ouagadougou

CHAPITRE 6. L’EQUILIBRE SUR UN MARCHE CONCURRENTIEL


Février 2004

Dans les chapitres précédents, nous avons développé les éléments qui guident la décision d’achat des
consommateurs et avons abordé le produit de la détermination du choix des facteurs de production au niveau de
la firme. Dans le présent chapitre, nous mettrons face à face consommateur et producteur sur un marché. Le prix
d’équilibre qui en résulte est traité comme donnée dans les décisions individuelles desquelles découlent les
fonctions de demande des consommateurs et les fonctions d’offre des firmes.

6.1 LES CONDITIONS D’UN MARCHE CONCURRENTIEL

Il y a quelques années, une personne bien informée sur le potentiel des technologies de l’information et de la
communication a ouvert un cyber café appelé Netcaf dans la ville Wakadugu. Cette personne y vendait des
services appelés navigation, email et autres. Quelques rares habitués y allaient et payaient un prix aussi élevé que
1000 F les 30 minutes pour consulter leur boîte ou naviguer. Cette personne était seule sur ce marché naissant.
Elle fixait les prix comme elle l’entendait et offrait autant d’heures de services que les clients le demandaient.
Une dizaine d’années plus tard, à tous les coins de rue, des cyber cafés se sont installés. Au fur et à mesure que
les concurrents s’installaient, Netcaf se rendait compte qu’elle ne pouvait plus fixer les prix à son gré. Aujourd’hui,
les prix s’imposent à l’entreprise et ses préoccupations maintenant sont de réduire les coûts d’exploitation de son
cyber et d’offrir autant de services au prix qui s’impose afin de maximiser son profit.

Cette histoire montre la naissance d’un marché concurrentiel. Les lecteurs qui connaissent bien Ouagadougou ont
noté avec quelle fulgurance les cyber cafés et autres télécentres se sont développés dans la ville entre le début des
années 1990 et aujourd’hui. Un marché naguère limité, ce marché est devenu florissant et offre des services de
plus en plus variés. Ce chapitre étudie le marché concurrentiel pour voir comment la firme y maximise son profit
et comment l’interaction entre offre et demande produit l’équilibre. Cette section passe d’abord en revue les
conditions d’un marché concurrentiel.

6.1.1 Les conditions d’un marché en concurrence parfaite

Homogénéité du produit. Les produits offerts par les vendeurs sur un marché en concurrence parfaite sont des
substituts parfaits les uns pour les autres et les firmes ne se livrent pas à une concurrence à travers la différentiation
de leurs produits. L’homogénéité des produits est plus évidente pour certains produits que pour d’autres. Par
exemple, les produits métalliques ou chimiques sont similaires. Les galettes produites par la vendeuse à l’angle
de la rue sont mieux appréciées que celles de la vendeuse située au centre du marché. A strictement parler, les
galettes ne sont pas des produits homogènes. L’hypothèse d’homogénéité exige cependant simplement que les
produits paraissent identiques aux yeux du consommateur.
Cours d’économie générale K. SAVADOGO
90

Prendre les prix comme donnés. Individuellement, chacun firme et chaque ménage pense qu’il n’a aucun
pouvoir sur les prix. Ils prennent par conséquent les prix comme donnés, et on dit qu’ils sont preneurs de prix
(price takers en anglais). Souvent on justifie l’hypothèse de preneur de prix par l’atomicité du marché (nombre
élevé des acheteurs et des vendeurs). Par exemple, si les vendeurs sont en nombre élevé, chacun ne produit qu’une
faible portion de l’output total et par conséquent ne peut pas influencer le prix. Ainsi, un producteur de tomates
dans une région de cultures maraîchères comme le Yatenga ne peut influencer le prix de la tomate en augmentant
ou diminuant sa propre production.

Le nombre d’acteurs n’est cependant ni une condition nécessaire ni une condition suffisante pour que ces acteurs
agissent comme preneurs de prix. Même un nombre limité de firmes (5 ou 20) peuvent se comporter en preneurs
de prix si la demande est fortement élastique. (Si la demande est élastique, toute augmentation de prix par un
vendeur conduit à une très forte baisse de ses ventes.). L’hypothèse exige cependant que les firmes ne puissent
pas s’engager dans des actions concertées (collusion ou stratégies communes).

Contestabilité. La contestabilité suppose l’existence de concurrence au sein des acteurs qui opèrent déjà sur le
marché et entre ces acteurs et les entrants potentiels. Un marché est contestable si cette double dimension de la
concurrence existe. Un marché contestable exige l’absence de barrières à l’entrée et à la sortie. Toute firme en
opération peut décider de fermer sans perdre son capital investi (on suppose donc que les coûts sont récupérables)
et toute nouvelle firme peut s’établir sans coût supplémentaire en comparaison aux firmes existantes.

Prenez le cas de quelqu’un qui veut se lancer dans le métier de photographe ambulant. Il lui suffit d’un appareil
photo et de quelques petits équipements. Il n’y a aucun frais supplémentaire au-delà des coûts supportés par ceux
qui sont déjà dans ce genre d’affaire. De même, un photographe en activité peut abandonner cette activité, et
vendre ses actifs (appareil) sans perte extraordinaire. Le marché de la photographie ambulante est contestable.

Certains marchés comportent des barrières à l’entrée, établies par la législation ou forcées par les firmes en activité.
Si par exemple une nouvelle firme dans l’industrie des chaussures est obligée d’installer des équipements de
traitement des ordures alors que les firmes existantes ne sont pas astreintes à cette règle, ceci constitue une barrière
à l’entrée. De même, si en fermant ses portes une firme de chaussures ne peut pas liquider tous ses actifs
(bâtiments, machines) sans grande perte, il existe des barrières à la sorite. Un tel marché est peu contestable.

Quand les marchés sont contestables, le profit économique à long terme est nul. Si le profit était positif, de
nouvelles firmes seraient attirées, et ce aussi longtemps que le profit demeure positif. Si le profit était négatif, des
firmes fermeraient la porte et ce tant que le profit demeurerait négatif. L’hypothèse de contestabilité garantit donc
la stabilité du marché, à travers la conséquence de la nullité du profit.

Information parfaite. On suppose que les firmes et les consommateurs disposent d’une information totale pour
leur prise de décision. Les consommateurs connaissent la qualité des produits (déjà supposés identiques dans la
condition 1) et le prix (supposé comme donné). Les entreprises connaissent les opportunités et les niveaux des
profits.

Ces quatre conditions sont nécessaires pour l’existence d’un marché de concurrence parfaite. Si l’une de ces
conditions est violée, le marché n’est plus parfait et l’analyse devra recourir à de la théorie définie sur d’autres
structures de marché. On peut résumer les conditions dans le tableau 6.1.

Tableau 6.1 Conditions de la concurrence parfaite


Condition Conditions sous-jacentes Conséquences

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


91
Homogénété Les biens provenant de firmes différentes sont des Les firmes ne se livrent pas à une
du produit substituts parfaits les une pour les autres concurrence sur la base d’une
différentiation des produits
Pour une firme donnée, la courbe de demande qui
s’adresse à elle est une droite horizontale (elle peut
vende tout ce qu’elle peut à un prix donné) Les firmes et les ménages ont la
Pour un ménage donné, la courbe d’offre qui s’adresse perception qu’ils ne peuvent pas
à lui est une droite horizontale (il peut acheter tout ce influencer individuellement le prix.
Preneur de prix qu’il désire à un prix donné) Ils le traitent comme donné dans leurs
Existence d’un grand nombre de vendeurs et décisions
d’acheteurs
Absence de comportement de collusion ou de
concertation stratégique
Coûts nuls à l’entrée et à la sortie et absence de coûts Absence de domination du marché
Contestabilité irrécupérables par une firme due aux contraintes
Les coûts économiques sont nuls à long terme d’entrée ou de sortie
Information Les ménages ont l’information sur le produit, son prix, Les acteurs agissent en toute
parfaite sa qualité, ses caractéristiques et sa disponibilité connaissance de cause et d’effet
Les firmes sont informées sur les profits éventuels

6.2 LA DÉTERMINATION DU NIVEAU D’OUTPUT DE LA FIRME

Le chapitre précédent a développé les conditions de choix du niveau des facteurs par la firme. La firme choisit
les combinaisons de facteurs qui minimisent son coût de production pour un niveau donné de produit. Ce
processus aboutit à la fonction de coût de la firme, C(y). L’hypothèse de maximisation de profit déterminera la
quantité de produit que la firme désirera offrir sur le marché.

6.2.1 Maximisation Profit et décision du niveau d’output

Soit p le prix du produit auquel la firme fait face. Pour un niveau donné y d’output, la recette totale de la firme
est R(y) = py. Le profit est défini comme :

  R( y )  C ( y )
 py  C ( y )

On peut représenter la droite de la recette totale et le coût total de la firme dans un même repère avec le niveau
de l’output en abscisse (figure 6.1). La distance entre la droite de la recette et la courbe de coût total donne le
niveau de profit, pour chaque niveau du produit.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


92

R(y) Recette totale


C(y) Coût total (pente = p) Figure 6.1 Le profit comme
(FCFA) C(y) distance entre les courbes de
recette totale et de coût total
Le profit  est la distance verticale
entre les courbes de recette totale
et de coût total. Le profit est
maximum au niveau y* de l’output
Tangente à C(y) : tel que la tangente à la courbe de
MC(y) = p coût total soit parallèle à la droite
 de recette totale. A ce niveau y*, le

coût marginal MC(y) est égal au
prix p du produit.

CF

y* y

Cette figure permet de définir la condition d’un profit maximum. Le profit est maximum quand la distance
(positive) entre la recette totale et le coût total est à son maximum. Cette distance maximum est obtenue au point
où la tangente à la fonction de coût est parallèle à la droite de recette totale. Mais la tangente à la courbe de coût
représente la pente de cette courbe qui n’est autre que le coût marginal, CM(y). Quant à la pente de la droite de
recette totale, c’est le prix p. Au niveau d’output y* où le profit est maximum, on a donc la relation:

MC ( y*)  p

La figure 6.2 examine davantage cette condition de maximisation du profit. Le prix du marché est donné par la
ligne horizontale passant par p (la firme est preneur de prix). La courbe de coût marginal coupe cette droite en
deux points y0 et y*. Laquelle de ces deux quantités conduit au profit maximum? En y0, toute augmentation de
l’output entraîne une augmentation du profit (toute unité supplémentaire d’output rapporte p en termes de recette
et coûte MC qui est inférieur à p). En y*, un mouvement à droite (augmentation de y) fait baisser le profit car le
coût d’une unité additionnelle (MC) est supérieure à ce que cette unité rapporte (p). Un mouvement à gauche
(diminution de y) fait baisser aussi le profit car le coût d’une unité perdue est inférieur à ce que cette unité aurait
rapporté. La quantité y* qui conduit donc au profit maximum est celle où le coût marginal MC est en phase
croissante, et non décroissante (comme en y0).

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


93

p, MC Figure 6.2
MC Détermination du
point de profit
maximum
Au point y0, MC=p
mais le profit est
p - minimum en ce
point. On peut
+ augmenter le profit
en se déplaçant vers
la droite de y0. Au
point y* où MC=p
y0 y* y aussi, le profit atteint
son maximum.

La condition p=MC est indépendante de l’existence de coûts fixes et s’applique aussi bien dans le court terme
que dans le long terme. Dans le court terme les coûts fixes jouent un rôle important et pour savoir s’il vaut mieux
ne rien produire ou produire selon la règle p=MC, il faut prendre en compte la présence de coûts fixes.

6.2.2 Décision de court terme

Si la firme décide de ne rien produire à court terme, ses pertes se réduisent à ses coûts fixes, CF. Partons de
l’équation du profit et exprimons le coût C(y) dans ses composantes variables et fixes :

  py  C ( y )
 py  CV ( y )  CF  y[ p  CVM ( y )]  CF .

Si dans le court terme le coût variable moyen est supérieur au prix de marché p, les pertes de la firme en produisant
y unités dépassent ses pertes en fermant ses portes (y=0). A court terme, la firme a intérêt à arrêter sa production
si le coût variable moyen dépasse le prix du marché.

Par contre, si le coût variable moyen est inférieur au prix, la firme réduit ses pertes de la quantité y(p-CVM) en
produisant y unités. Et si cette quantité est suffisamment élevée, elle peut excéder le coût fixe CF et générer des
profits positifs. On a donc la règle suivante :

A court terme la firme atteint sa décision de produire ou de ne pas produire en comparant le prix de marché
p à son coût variable moyen (CVM). Si p<CVM, la firme produit 0 unités. Si p>CVM, la firme produit y*
unités, la quantité y* étant obtenue à partir de la condition p=MC(y).

6.2.3 Décision de long terme

A long terme, les coûts fixes sont nuls et le coût de la firme est entièrement variable. L’option de ne rien produire
implique tout simplement un profit nul. La décision de la firme de produire ou de ne pas produire à long terme
s’obtient encore à partir de l’équation du profit :

p  py  C ( y)  y[ p  AC ( y)].

La décision découle de cette décomposition du profit de long terme :


Cours d’économie générale K. SAVADOGO
94

A long terme, tant que le prix du marché p est inférieur au coût moyen AC(y), la firme ne produit rien et
réalise un profit nul. Si le prix du marché p excède le coût moyen, la firme produit la quantité y*
déterminée à partir de l’égalité p=MC (y).

6.3 LA FONCTION D’OFFRE DE LA FIRME ET DE MARCHE

La fonction d’offre de la firme est déterminée à partir du problème de la maximisation du profit présenté dans la
section précédente. La fonction d’offre de la firme s’obtient en considérant la variation du niveau d’output y choisi
lorsque le prix p du produit varie.

6.3.1 Fonction d’offre de court terme

Nous savons à partir de l’analyse de la section précédente qu’à court terme, la décision de produire de la firme
dépend de la différence entre le prix du marché p et le coût variable moyen CVM(y), et la détermination de
l’output optimal par l’égalité p=MC(y). On peut représenter la décision sur la figure 6.3. Décomposons le profit
comme avant,   y[ p  CVM ( y)]  CF . Considérer les niveaux de prix p1 et p2 sur la figure. Lorsque le prix
est inférieur p1 (égal au minimum de CVM), la firme a intérêt à ne rien produire, car sa perte excèderait le coût
fixe CF. La courbe d’offre de la firme entre O et p1 est la droite verticale entre O et p1. Pour tout prix supérieur
à p1, p-CVM devient positif et la perte de la firme est inférieure à son coût fixe CF. En fait, à partir de p2, p>CVM
et les profits deviennent positifs. A partir de p1, la firme produira une quantité déterminée par sa courbe de coût
marginal à partir de l’égalité p=MC(y). On a donc le résultat suivant :

La fonction d’offre de court terme de la firme est la portion de la courbe de coût marginal au-dessus du
minimum du coût moyen variable et l’axe vertical pour tous les prix en dessous du minimum du coût
variable moyen.

Le minimum du coût variable moyen est le point de fermeture de la firme: pour tout prix inférieur au minimum
du coût variable, la firme a intérêt à ne rien produire.

p, MC, Courbe d’offre


AC, CVM de court terme
Figure 6.3 Courbe d’offre
de court terme de la firme
AC La courbe d’offre de court
CVM terme est composée de deux
parties : la partie de la
courbe du coût marginal
p2 située au-dessus du
minimum du coût variable
p1 moyen (CVM) et la partie de
MC l’axe vertical en dessous du
minimum de CVM.
O
y

6.3.2 Fonction d’offre de long terme


Cours d’économie générale K. SAVADOGO
95

Trouver la courbe d’offre de long terme de la firme est plus facile. A court terme, la firme est obligée d’assumer
ses coûts fixes, d’où sa condamnation à produire même à perte, l’alternative étant de perdre l’équivalent des
investissements fixes. A long terme, la firme ne fait plus face à des coûts fixes. Dans le long terme la
décomposition du profit est p  y[ p  AC ( y)] . Tant que p est inférieur à AC, la firme ne produit rien. Si p est
supérieur à AC, la firme réalise des profits positifs et choisit la quantité produite en se référant à sa courbe de coût
marginal, selon l’égalité p=MC(y). La figure 6.4 illustre la situation de long terme. On a le résultat suivant:

La courbe d’offre de long terme de la firme est la portion de la courbe de coût marginal de long terme
au-dessus du minimum de la courbe de coût moyen de long terme (CMLT) et l’axe vertical pour tous les
prix en dessous du minimum de CMLT.

p, MC
AC MC de long terme Figure 6.4 Courbe
d’offre de long terme
AC de long terme
de la firme
La courbe d’offre de
Courbe d’offre de LT long terme est la partie
de la courbe de coût
marginal au-dessus du
minimum du coût
p1 moyen et l’axe vertical
en dessous du prix p1
égal au minimum du
coût moyen.
y

6.3.3 Fonction d’offre du marché

La fonction d’offre du marché ou fonction d’offre de l’industrie (i.e. l’ensemble des firmes qui offrent le même
produit) est obtenue à partir des fonctions d’offre des firmes individuelles. Qu’elle soit de court ou de long terme,
l’offre de marché est la somme des offres individuelles des firmes.

Court terme

La courbe d’offre de marché s’obtient comme la sommation horizontale des courbes d’offre individuelles.
Autrement dit, on suppose que pour un prix donné, l’offre de marché est la somme de ce que les firmes sont prêtes
à offrir à ce prix. On suppose donc que l’opération de sommation n’affecte pas le prix. Dans le court terme, aucune
entrée ou sortie du marché n’est possible et seules les quantités produites par les firmes déjà en activité sont
incluses dans l’opération de sommation.

Long terme.

A long terme il peut y avoir des modifications qui affectent l’offre. D’abord, les firmes déjà en activité peuvent
ajuster leurs échelles de production en modifiant les quantités des facteurs. Ensuite, de nouvelles firmes peuvent
survenir sur le marché et des firmes en activité peuvent cesser leurs opérations. La courbe d’offre de long terme
diffère selon la nature des coûts de la firme. Comme la nature des coûts ne fait que refléter celle de la technologie,
la courbe d’offre de long terme dépend de la forme de la technologie. On va distinguer les cas des coûts constants,
croissants et décroissants.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


96
Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) constants. Quand les coûts (moyens) sont
constants la courbe d’offre de marché est une ligne horizontale au niveau du prix du marché. Dans une industrie
à coûts constants, chaque firme réalise un profit nul, produisant au point du minimum du coût moyen (dont le
niveau est le même pour chaque firme). Le prix de marché s’établit donc à ce niveau du coût moyen, et ne peut
s’en écarter dans le long terme.

Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) croissants. La courbe d’offre de long terme d’une
industrie à coûts croissants est croissante de droite à gauche car l’entrée de nouvelles firmes augmente le coût
moyen.

Courbe d’offre de marché dans une industrie à coûts (moyens) décroissants. Dans une industrie à coûts moyens
décroissants, la courbe d’offre de long terme est décroissante de la gauche vers la droite.

6.4 LE SURPLUS DU PRODUCTEUR

Surplus du producteur. C’est la somme profit économique plus coûts fixes. En d’autres termes, la recette totale
diminuée des coûts variables. Le surplus du consommateur est représenté par la surface entre la courbe d’offre du
producteur et le prix du marché.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


97

Variation du surplus. La variation du surplus du producteur résulte de la variation du prix.

6.5 L’EQUILIBRE SUR UN MARCHE CONCURRENTIEL

6.5.1 Conditions de l’équilibre concurrentiel de long terme

La force motrice dans un marché concurrentiel est le profit économique. Le profit est un indicateur de
performance pour les entreprises en activité et constitue l’appât principal pour les firmes potentielles. L’équilibre
de marché de concurrence parfaite, ou équilibre concurrentiel de long terme exige trois conditions:

1. Toutes les firmes maximisent le profit, se situant sur leurs courbes d’offre de court terme.
2. La demande est égale à l’offre, la courbe de demande croise la courbe d’offre agrégée de court terme.
3. Toutes les firmes ont un profit économique nul (la production se fait au minimum du coût moyen de long
terme, ce qui veut dire que chaque firme se trouve sur sa courbe d’offre de long terme).

6.5.2 Effets des interventions sur l’équilibre

Les interventions publiques, par exemple l’imposition d’une taxe sur une activité, ont des conséquences sur les
producteurs et les consommateurs. Selon la nature des agents, l’effet de l’intervention peut être partagé
différemment. Considérer le cas d’une taxe imposée par l’état dans une activité industrielle pour renflouer ses
caisses. Qui du producteur ou du consommateur supportera cette taxe ? Cela dépendra de la nature de la
technologie de production.

Taxe dans une industrie à coûts constants. Quand l’industrie est à coûts constants, la courbe d’offre de long
terme est parfaitement horizontale. Une taxe de 10 % sur le produit imposée au producteur se traduit par une
augmentation du coût marginal et du coût moyen de 10%. A l’équilibre, le nouveau prix payé par le consommateur
est de 10% supérieur. Le consommateur supporte entièrement l’effet de la taxe, même si celle-ci est levée sur les
ventes. Ceci se traduit par une réduction du surplus du consommateur.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO


98

Taxe dans une industrie à coûts croissants. Lorsque la production se fait à coûts croissants, la courbe d’offre est
croissante. Dans ce cas, une taxe sur la production est partagée entre les producteurs et les consommateurs. Le
partage de la taxe se traduit par des variations des surplus du consommateur et du producteur.

Cours d’économie générale K. SAVADOGO

Vous aimerez peut-être aussi