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Prolapsus uro-génital de la

femme jeune
DIPLOME INTER-UNIVERSITAIRE DE CHIRURGIE VAGINALE

Pr Erdogan NOHUZ
HFME
Hospices Civils de Lyon
CHU de Lyon
Comment définir le POP de la femme jeune ?
• Question délicate.
• Prolapsus de la « femme jeune » = ptose génitale cliniquement patente survenant
chez des femmes :
• Avant la ménopause
• Sans manifestation physique de carence ostrogénique.
• Sexuellement actives
• En âge de procréer
• Ayant comblé leur projet parental
• Ou qui souhaitent (à nouveau) être enceintes
• Ou qui souhaitent préserver leur potentiel de fécondité

• Avant la cinquantaine, et surtout < 45 ans


• +/- 25 % des prolapsus opérés dont 5 % de formes très particulières survenant en
l’absence d’antécédents obstétricaux avant 35 ans et se caractérisant par un
allongement hypertrophique isolé du col.
Fréquence

• Le prolapsus chez la nullipare et la femme jeune < 40 ans serait


retrouvé chez 10% des patientes.
• Population de 143 femmes, appartenant à l’Académie Militaire
Américaine
• 50% des femmes nullipares avaient un prolapsus de stade I ou II à l’examen,
principalement dans le compartiment antérieur (rôle probable de l’activité
physique intense).

Larsen et al : Pelvic organ prolapse and urinary incontinence in nulliparous women at the United
States Military Academy. Int Urogynecol J 2006, Vol 17, N 3.
Sous-types
L’on pourrait individualiser 3 types de POP avant 50 ans :
• Entre 40 et 50 ans
• Comparables aux POP de la post-ménopause mais apparus relativement précocement avec des
antécédents obstétricaux prédisposants.
• A cet âge, le projet parental est (plutôt) comblé.
• Prise en charge restaurant une activité génitale et sexuelle correctes.
• De 30 à 40 ans
• Survenue généralement rapide du POP après l’accouchement
• Chez ces patientes, « se conjuguent fréquemment le désir d’un confort physique retrouvé et
l’aspiration pas toujours clairement exprimée à une nouvelle grossesse ».
• Avant 30 ans :
• POP liés à une anomalie congénitale touchant en priorité le collagène.
• Allongement hypertrophique du col important.
• Souvent nulligestes et dépourvues d’antécédents chirurgicaux.
• 5 % de tous les prolapsus selon l’équipe Lilloise.

Cosson et al.
Causes?
• Les circonstances favorisantes des POP après la cinquantaine sont +/-
élucidées
• Evénements obstétricaux (lésions ligamentaires, aponévrotiques)
• Premier accouchement long, expulsion prolongée
• Macrosomie fœtale
• Extraction instrumentale
• Déchirures périnéales, LOSA
• Accouchements ultérieurs rapprochés
• Expulsion prolongée, présentations dystociques, extraction instrumentale délicate
accompagnée de et de lacérations des muscles élévateurs bien repérées par l’IRM [10].
• Vieillissement naturel des structures de soutènement et de suspension
• Modifications hormonales (estrogènes et androgènes)
• Constipation chronique
• Pathologies générales : obésité, maladies respiratoires (toux chronique, BPCO).
• Anomalies du turn over tu tissu conjonctif…
DEVAL et al. Gynécol. Obstét. Fertil., 2002.
SAMUELSSON et al Am. J. Obstet. Gyneco., 1999.
Cosson et al. 2008
Causes?
• Facteurs favorisants +/- spécifiques
• Age tardif de la première grossesse
• Anomalies des tissus conjonctifs et du collagène
• Défaillance par hypotrophie de l’appareil suspensif
• Défaut de développement des RA
• Anomalies du rachis, du bassin
• Affections respiratoires chroniques
• Délabrements périnéaux non compensés par une RPP bien conduite et qui se
manifestent immédiatement après l’accouchement.
• Composante familiale héréditaire
Prise en charge
• Si une prise en charge devait être envisagée, les indications
opératoires doivent répondre à des exigences communes :
• Plainte fonctionnelle importante sur les plans physique,
professionnel ou sexuel, directement liée à la ptôse
• Penser à éliminer d’autres étiologies (infectieuses chroniques ou troubles
trophiques toutefois rares avant la ménopause).
• Eviter d’opérer tant que la patiente a un souhait de grossesse
• Toute nouvelle grossesse fait courir le risque d’une récidive
Prise en charge
• Si une prise en charge est nécessaire
• Penser aux mesures rééducatives, hygiéno-diététiques, mode de
vie…
• Importance d’une rééducation périnéale bien conduite après
accouchement dystocique, traumatique.
• Avenir: Possibilités de nouvelles thérapeutiques en relation avec
l’étiopathogénie (anomalies du collagène, thérapie cellulaire…)
• Proposer un PESSAIRE
• Sociétés savantes outre-Atlantique et notre HAS recommandent cela!
• Education thérapeutique de la patiente+++
• Attention aux raccourcis quant à l’information!!!
• Présenter avec objectivité les tenants et les aboutissants
Prise en charge chirurgicale
• Le choix se porte sur 2 voies :
• La voie abdominale: Promontofixation (Coelio+++/ouverte)
• Assure la correction de la ptose par une fixation prothétique en regard du promontoire
de tous les segments ptosés (vésical, utérin +/- rectal).
• Intervention de référence quant au résultat se maintenant à long terme
• La voie vaginale
• Assure la correction de la ptose de tous les segments ptosés par des fixations sur les arcs
tendineux en avant, le ligament sacro-épineux en arrière.
Prise en charge chirurgicale

• Etude de Hickman et al
• Etude retrospective (2003-2013)
• Femmes 18-49 ans
• Chirurgie VV vs abdo
• Hypothèse: Récidive POP chez patients jeunes est + élevée après chir vaginale
• “One in four young women experienced subjective POP recurrence and/or
retreatment, but only 5-10% underwent retreatment. There does not appear
to be a difference in the incidence of recurrence between vaginal and
abdominal colpopexy”.

Hickman et al. Pelvic organ prolapse in young women undergoing vaginal and abdominal colpopexy.
Int Urogynecol J. 2020
Prise en charge chirurgicale
• Qui faut-il opérer et quand ?
• La technique chirurgicale doit avoir alors la particularité de prendre
en compte la préservation de l’utérus, voire de la fertilité si la femme
est en âge de procréer.
• Certaines corrections chirurgicales par voie basse (Richardson,
Manchester) pouvaient elles être préférées avant l’avènement de la
promontofixation coelioscopique.

Cosson et al., GOF 2008


Intervention de Manchester
• Amputation de la portion
intravaginale du col utérin et
ligamentopexie des LUS.
• Lus sectionnés à leur insertion
utérine, puis transposés en
avant et fixés sur la face
antérieure de l’isthme utérin.
• AVB autorisé
• Risques d’infertilité et
d’accouchement prématuré liés
à l’amputation du col lui font
préférer l’intervention de
Richardson.
Intervention de Richardson

Intervention de Richardson: Il s’agit d’une sacrospinofixation par voie


vaginale avec conservation utérine.

Fixation de l’utérus au ligament sacroépineux par bandelettes vaginales (1)


ou directement sur les LUS (2).

Fixation envisageable également sur l’isthme utérin (cf vidéo de ce matin)

NB: Solution +/- transitoire dans l’attente (probable) d’une réintervention


future (info+++).

Cosson M, Haab F, Deval B. Chirurgie de l’incontinence urinaire et du prolapsus. Éditions Masson, 2008.
Conclusion
• Situation particulière
• Prise en charge spécifique, pas bien codifiée
• Prise en compte devant tenir compte de nombreux impératifs
• Maternité
• Sexualité
• Restauration de l’image corporelle

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