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Kramoh konan

1èreD

Les Contemplations : « Oh ! je fus comme fou… »

Victor Hugo est un poète, romancier et homme politique français chef de fil du Romantisme. Il a écrit
plusieurs œuvres dont les Contemplations, un recueil de poèmes de 6 livres et organisé en deux
parties : Autrefois et Aujourd’hui. Il a écrit ce recueil entre 1830 et 1855 après la mort de sa fille. Il y
aborde ses combats, ses amours, son deuil, etc. Pour l’étude du parcours « Les Mémoires d’une âme
», nous ferons la lecture linéaire du IX poème , un poème de ce recueil dans le 4ème livre « pauca
meae>>, dans lequel Victor Hugo nous montre la difficulté à surmonter la mort de sa fille
Léopoldine. Dans cet extrait aux apparences de pamphlet, Victor Hugo traite du sujet de la façon
dont il a frôlé la folie juste après la mort de sa fille.. avec une tonalité pathétique et polémique.

Structure du poème : I) Victor Hugo face à une souffrance extrême : la perte de sa fille Léopoldine

II) Victor Hugo s’approche de la folie

Comment Victor Hugo nous communique-t-il sa souffrance qui le mène aux portes de la folie ?

I) Victor Hugo face à une souffrance extrême : la perte de sa fille Léopoldine

le Champ lexical de la souffrance Verbes : Allitération sur la sifflante (jeu sur les sonorités :
"souffert ma souffrance ». Victor Hugo insiste sur sa douleur « je pleurai » (vers 2) avec une
répétition du verbe éprouver vers 5 Adjectifs qualificatifs : horrible rime avec terrible (rime plus-que-
riche).

Une souffrance présenté de manière hyperbolique : + « affreux rêve » oxymore qui renforce ce
sentiment de douleur et une l’allitération en « r » du vers 6 donne à imaginer la violence qu’il veut se
faire à lui-même. Victor Hugo cherche l’empathie du lecteur. L’ensemble de ces procédés contribue à
développer la tonalité pathétique du texte : le poète expose sa souffrance et souhaite provoquer
chez le lecteur une sympathie, une compassion (registre pathétique et tragique).

Victor Hugo est révolté et refuse la mort de sa fille : Le poète est en rébellion contre la société et
Dieu : « Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom » Phrases impératives et exclamatives.
Points d’exclamations nombreux (11 en tout) dans le poème + interjections « oh », « hélas », « Non !
». Dans le quatrain final, cette exclamation est marquée par la brièveté de ces phrases et
l’enchaînement de points d’exclamation. Il refuse la mort de sa fille. « je me révoltais », « je n'y
croyais pas », « elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quitté », « c'était impossible », « « un affreux rêve ».
Euphémismes et périphrases pour présenter la mort : « à qui Dieu prit votre chère espérance », «
cette chose horrible », « ces malheurs sans nom » (=périphrase), « ainsi quitté » Victor Hugo ne
prononce pas le mot « mort » avant le vers 15, comme s’il se cachait la vérité

Victor Hugo cherche à faire comprendre sa douleur au lecteur : Il interpelle ceux qui ont vécu la mort
d’un enfant : « Pères, mères, dont l'âme a souffert ma souffrance ». Il cherche l’empathie et lutte
contre sa solitude. Question rhétorique qui donne une universalité au poème : « Tout ce que
j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé ? »
II) Victor Hugo s’approche de la folie :

Dans cette deuxième partie le désordre mental du poète est exprimé dans ce poème. Victor Hugo se
perd dans ses pensées. Le poème met bout à bout des sentiments variés et des mouvements intérieurs
parfois contradictoires. Vers 1 à 5, Victor Hugo ressens une douleur extrême et cherche l’empathie -
vers 6, il est pris par une violente pulsion de se faire du mal - vers 6 à 10, il ne se laisse pas abattre et
cherche à se révolter.

Ses hallucinations sont encore présentes quand il écrit ces vers. Discours peu ordonné d’un homme
frappé par un traumatisme profond l’on peut le voir à travers une absence de mot de liaison dans le
quatrain final la structure des phrases expriment le caractère désordonné et décousu des réactions.
Cela laisse entendre un désordre mental qui s’aggrave progressivement au fil du poème.

Des hallucinations et refus à partir de « Il me semblait » et une anaphore « que » qui annonce un refus
et des hallucinations. Il pense à Léopoldine encore vivante : « je l'entendais rire en la chambre à côté
», « j'allais la voir entrer par cette porte ! ». Prosopopées : Victor Hugo fait parler sa fille décédée : «
Silence ! Elle a parlé ! » l’on y perçoit une alternance de narration et un discours direct : Poème au
passé simple et imparfait pour la narration, qui est interrompu plusieurs fois par le discours direct et
le présent : « Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom Qui font que dans le cœur le désespoir
se lève ? » (Victor Hugo pense à voix haute), «Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j'écoute ! Car elle
est quelque part dans la maison sans doute ! ». Cette alternance participe à l’effet de discontinuité
dans la marche vers la folie. -utilisation de l’imparfait pour la plupart des verbes conjugués : effet de
répétition. Les pensées obsédantes de l’acteur sont sans interruption et perdure dans le temps
jusqu’au présent (quatrain final) + « et », « puis » insiste sur cet aspect cumulatif - dans le quatrain
final, il ne suppose pas seulement que Léopoldine est encore vivante, il en est persuadé (le présent
renforce cette idée) + brièveté des phrases et exclamations décrivent l’image d’un homme tomber
dans la folie, qui ne réussi plus à adopter un discours cohérent et construit (accélération du rythme du
poème)

conclusion : Ce poème est dramatique et touchant, il est celui d'un homme bouleversé par la mort de
sa fille. Victor Hugo recherche l’empathie du lecteur en insistant sur sa douleur. Il finit par céder à la
folie et se persuade de la persistance de la vie de sa fille. Victor Hugo ressent le besoin de crier sa
colère face à la fatalité de la vie et de son injustice. L’écriture lui offre une thérapie essentielle pour se
ressaisir face à la mort. Ainsi, dans le poème « A Villequier », Victor Hugo finit par accepter son sort
d’homme, sa condition de mortelle : il retrouve sa foi. Les mots l’ont apaisés

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