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INTRODUCTION HISTORIQUE AU DROIT (LICENCE 1) – TD – ALEXANDRE KARSENTY – année 2022-2023

Quelques éléments méthodologiques


Addendum au tableau de synthèse

Par Alexandre Karsenty


Doctorant à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

I. Éléments généraux

La différence d’état d’esprit entre le commentaire de texte et la dissertation


• La dissertation : mon but est de répondre à ma problématique, fruit d’un travail ayant permis
de trouver l’intérêt exact du sujet, en lien avec la matière et le sujet de la séance de TD. Il
s’agit d’un dialogue avec soi-même, d’une discussion, permettant de répondre à la question,
en l’envisageant sous différents aspects. Ils révèlent, entre eux, souvent, une tension plus ou
moins grande.
• Le commentaire de texte : il s’agit de montrer que vous avez compris le texte, au cours d’un
commentaire linéaire. Il faut ensuite l’expliquer, eu égard au contexte et aux événements
éventuellement mentionnés, et aussi, si cela éventuellement, le critiquer (au sens intellectuel du
terme). Ce n’est pas une critique du café du commerce (« Pomponius est un menteur, il ne dit
pas la vérité, et cela pour sa seule gloire »), mais ramenée au contexte ou à l’Histoire en
général (« Pomponius propose un récit, nous semble-t-il, pour partie mythique de l’Histoire
du Droit à Rome, ainsi que nous le confirment les études modernes sur les lois civiles de
Papirus »).

A propos de la formulation des titres : les 6 commandements (3 positifs, 3 négatifs)


1- Une seule idée par titre tu évoqueras ;
2- Un lien clair avec la réponse à la problématique tu mentionneras ;
3- Entre eux, se répondre les titres tu feras (certes, l’inverse rédhibitoire n’est pas …Mais à bâtir
un plan cohérent cela vous aidera) ;
4- Pas de verbes tu conjugueras ;
5- Pas de « ? » tu mettras ;
6- Pas de phrases continues au fil des titres [du type : « I. Olive… II….Et Tom »] tu écriras.

Les chapeaux introductifs


Il faut présenter les parties et les sous-parties. La présentation des parties est faite lors de votre
annonce de plan, à la fin de l’introduction. Mais – et c’est ce qui est trop régulièrement oublié – il
faut aussi présenter de la même façon vos sous-parties sous forme de chapeaux introductifs. Ce
chapeau introductif est placé entre le titre de votre grande partie (I ou II) et avant la première
sous-partie (I. A. ou II. A.). Exemple : « nous assistons au phénomène bidule (A), lequel phénomène
entraine, de fait, chouette (B) ».

Le lien entre les titres des parties et la problématique


Dans l’idéal, les titres des parties doivent permettre d’éclairer le lecteur sur la réponse que vous
donnez à votre problématique. Ils agissent comme un guide pour le lecteur, et permettent au
correcteur de s’assurer que vous avez réellement l’intention de répondre à la problématique que
vous venez d’élaborer.
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Exemple :
• Problématique. La Loi des XII Tables incarne-t-elle une évolution notable du droit romain,
caractérisée par une plus grande proximité avec les citoyens ?
• Précision permettant de clarifier le lien entre la notion de « proximité » de la problématique et la notion de
« certitude » structurant le plan. Cette proximité se mesure au degré de certitude de la potentielle
connaissance du droit par les citoyens romains.
• Annonce de plan. Aussi, si c’est l’incertitude qui domine à l’époque royale (I), la rédaction de la
Loi des XII Tables au début de la République semble inverser cette tendance (II).
Plan « trop vague » Plan répondant clairement à la problématique
I. Le droit romain sous la royauté I. L’incertitude du droit romain royal avant la Loi
des XII Tables
II. Le droit romain sous la république II. La certitude du droit romain républicain avec la
Loi des XII Tables

Sur l’intérêt (la tension) du sujet ou du texte


Cet intérêt doit toujours être interne au sujet ou au texte. Autrement dit, il est une confrontation
du texte avec le contexte énoncé ou bien une confrontation entre le sujet (et particulièrement la
déclinaison des définitions des termes) et le contexte historico-juridique. De cet intérêt émerge
une formulation synthétique sous forme de question : c’est votre problématique.

II. Éléments spécifiques

A. Éléments relatifs au commentaire de texte


Le commentaire vise non à se servir du texte au bénéfice de ses propres connaissances,
mais, au contraire, à servir le texte grâce à ses connaissances propres.

Sur le rattachement à une « actualité »


Nous faisons de l’Histoire du Droit. Certes, le passé a certainement vocation à offrir des leçons au
présent : sans doute est-il une clé d’intelligibilité du monde, et que ce qui est vrai pour l’histoire
générale, l’est aussi [et peut-être a fortiori] en Histoire du Droit. Néanmoins, avant cela, l’Histoire
est la discipline du passé, « tout court ». « Tout court », c’est-à-dire sans même le rattacher à notre
présent, à notre réalité, à notre siècle, ou à notre contexte. Les textes que nous étudions ont donc
une lumière à nous offrir pour éclairer le passé, et ce simple éclairage doit suffire à susciter l’intérêt
de l’historien.
Il faut donc, me semble-t-il, limiter largement les approches visant à commenter un texte (ou à
réaliser un sujet de dissertation) dans le seul but d’apprendre quelque chose sur le présent.
Exemple (à ne pas suivre) : « Ces lois [des XII Tables], dont beaucoup sont réutilisés de nos jours, présentent
également l’intérêt de remonter dans les origines de notre droit en démocratie (…) ».
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas comparer les époques pour mieux comprendre notre présent.
Simplement, au stade du commentaire de texte ou de la dissertation, il me semble qu’il vaut mieux,
dans un premier temps, s’attacher à la compréhension du passé lui-même. Une fois ce passé bien
compris, le rattachement à un « présent » s’avèrera, je crois, plus pertinent.

Le lien entre la problématique et le titre du document


Il faut veiller à intégrer une problématique en lien avec le sujet traité en cours. Ici, le document
s’appelle « l’histoire de la Loi des XII Tables selon Pomponius ». Il apparaît compliqué de passer
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aux oubliettes la L12T dans la problématique. Sans que sa présence littérale soit indispensable, il
est vivement conseillé de la mentionner afin d’éclairer le correcteur. Ce dernier verra que vous avez
fait le lien avec le thème de la séance.
Remarque : attention, quand vous dites « dans quelle mesure », cela signifie que vous introduisez
une limite au sujet. Cela veut dire qu’une telle problématique ne peut avoir véritablement de sens
que dans le cas où vos grandes parties se structurent sous forme de thèse/antithèse. Sinon, mieux
vaut, je crois, bannir l’expression.
Exemples :
• [Bonne problématique, mais sans mention de la L12T] Dans quelle mesure l’évolution du droit romain
l’a-t-elle rendu plus proche des citoyens ?
• [Bonne problématique en mentionnant la L12T] Dans quelle mesure la Loi des XII Tables incarne-t-
elle une évolution notable du droit romain, caractérisée par une plus grande proximité avec les citoyens ?
• [Sans « dans quelle mesure », dans le cas où votre antithèse apparaît davantage entre le II.A/II.B
qu’entre le I. et le II.] La Loi des XII Tables incarne-t-elle une évolution notable du droit romain, caractérisée
par une plus grande proximité avec les citoyens ?

Sur les développements à l’intérieur du commentaire


Le but du commentaire est de restituer le sens du texte (une simple paraphrase ne suffit pas) et
ensuite de le mettre en perspective avec un contexte (sans pour autant transformer le texte en un
« pré-texte » pour en faire une dissertation). Pour cela, vous répondez à une problématique élaborée
à partir de l’intérêt du texte.
Par conséquent, il convient de citer abondamment le texte. Il est vivement conseillé de citer le texte
avant d’expliquer, plutôt que de faire l’inverse. Dans le premier cas, on voit que vous partez du
texte dans le but de l’expliquer ; dans le second cas, on peut vous suspecter de vous servir du texte
comme prétexte à votre propre discours.
Bien sûr, si le second cas advient, une ou deux fois dans le devoir par souci de fluidité de votre
commentaire, ce n’est pas grave. Mais le schéma général doit demeurer le suivant : je cite, j’explique
eu égard au contexte grâce à mes connaissances, et éventuellement je critique, je nuance, je remets
en cause.

Sur la restitution du contexte juridique et historique pour le commentaire


Attention, la restitution du contexte du commentaire de texte concerne le contexte d’écriture du
texte et non pas le contexte de l’époque sur laquelle l’auteur s’exprime.
Exemple : pour le commentaire de texte sur l’Histoire de la Loi des XII Tables selon Pomponius
(IIe s. ap. J.-C.), il faut restituer le contexte juridique et historique du IIe siècle. Le contexte sur
l’édiction de la Loi des XII Tables (450 av. J.-C.) est éventuellement à mentionner en introduction
brièvement à titre d’objet du texte et/ou de l’intérêt du texte.

B. Éléments à la dissertation juridique


La dissertation vise à répondre au sujet à l’aide d’une démonstration, laquelle exige une réponse
complexe (à laquelle on ne saurait répondre simplement par « oui » ou par « non ») qui découle de
la tension (l’intérêt) du sujet.

Les « 3 EX »
Penser à la règle des « 3 EX » pour formuler chaque paragraphe au sein de vos sous-
parties (idéalement deux ou trois par sous-parties) :
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• EXposer l’argument (« L’Histoire du droit est une discipline charmante ») ;


• EXpliquer (« par discipline charmante, nous entendons l’intérêt des thèmes abordés et la
qualité exceptionnelle des chargés des TD ») ;
• EXemplifier (« Pour appuyer notre propos, prenons en exemple le chargé de TD
d’Introduction historique au Droit du lundi matin et du mardi après-midi, qui est un homme
formidable J ! »).

Toujours se poser les questions suivantes avant de rédiger un paragraphe [schéma]


Vous pouvez aussi utiliser ce schéma si vous êtes hésitant quant à la cohérence de vos sous-
parties par exemple. La question à se poser étant systématiquement : « est-ce que mon propos est
en lien avec ce que j’entends démontrer ? ». Si vous aboutissez systématiquement à la réponse
« NON », c’est que vous êtes probablement hors-sujet. Si le hors-sujet se présente plusieurs fois à
vous, sans que vous ne trouviez de solution interne à votre plan et à votre problématique, c’est
que l’un et/ou l’autre doit/doivent être retravaillés.

Est-ce que mon paragraphe est


en lien avec ma problématique ?

NON. Je renonce à l'écrire ; ou je


OUI. Je me demande alors : est-ce
réfléchis à une éventuelle
que mon propos bien en lien avec
adaptation de la problématique
ce que j'entends développer dans
(sans que cela change l'intérêt du
ma partie (I ou II) ?
sujet)

NON. Je songe à l'inscrire dans


une autre partie (retour à la OUI. Je me demande alors : est-ce
question première) ; je rélféchis que mon propos est bien en lien
à modifier légèrement ma partie avec ce que j'entends développer
(si cela est possible) ; ou je dans ma sous-partie (A ou B) ?
renonce à l'écrire

NON. Je songe à l'inscrire dans


une autre partie (retour à la
question première) ; je songe à
modifier légèrement ma sous-
partie (si cela est possible) ; ou je
renonce à l'écrire.

OUI. Je peux donc l'écrire.

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Le hors-sujet
Il y a deux types de HS :
• Le hors-sujet absolu, pour lequel on ne peut rien faire (ex : le sujet est « l’Olympique
Lyonnais, meilleur club de France », et vous consacrez un développement sur « le Real
Madrid, grand club espagnol ») ;
• Le hors sujet apparent, et qui n’en est pas vraiment un si vous réussissez à le rattacher à la
problématique (ex : le sujet est « l’Olympique Lyonnais, meilleur club de France », et vous
consacrez un paragraphe à son Président Jean-Michel Aulas, en rattachant le génie de cet
homme à son œuvre ayant permis à l’Olympique Lyonnais d’être, en effet, le meilleur club de
France).

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