Vous êtes sur la page 1sur 2

A propos de l’introduction de l’explication de texte philosophique

L’introduction de l’explication de texte :


L’introduction a pour fonction de présenter le paradoxe du texte.
On l’a vu, tout texte est paradoxal. « Para-doxal », c’est à dire qu’il s’oppose à une opinion commune, à un
préjugé (ou éventuellement à la thèse d’un autre philosophe). Quel est ce préjugé et pourquoi l’auteur le
dénonce-t-il, quel problème y voit-il ? Voilà ce qu’il exposer dès le début de votre explication, pour permettre
tout simplement à votre lecteur de savoir de quoi l’on parle et quel est le problème philosophique traité.

Le mouvement global d’une introduction :


1 – Une phrase générale exprimant la « doxa », l’opinion commune qui est dénoncée par l’auteur. C’est
l’énonçant que vous posez le fond sur lequel le texte étudié va prendre son relief et son sens.
2 – Une phrase d’introduction au texte : par exemple, quelque chose comme : « Le texte de (…) est donc
paradoxal puisqu’il nous invite à dépasser ce préjugé… » (C’est une formulation parmi d’autres. Ce qui compte
c’est de faire ressortir l’opposition du texte au préjugé énoncé d’abord).
3 – Une phrase justifiant brièvement la thèse du texte, ou soulignant la nécessité d’examiner de plus près le
problème ainsi posé. (Pour éviter que votre lecteur ait l’impression que vous trouvez juste le texte paradoxal,
voire absurde)
4 – L’annonce du plan de l’explication ; une phrase pour présenter chaque partie du texte.

Par exemple :
* « Nous analyserons d’abord le premier temps du texte » : identification de ce premier temps, son statut formel
(thèse, exemple, question…) et son contenu.
* « Dans un second temps… » : Identification de ce second temps, statut formel et
contenu.
* Etc. (selon le nombre de parties selon lequel vous décomposez le mouvement du texte)
* Discussion : annonce du problème que vous pourrez traiter en discussion.

C.D. – Méthodologie de l’explication de texte en philosophie – A propos de l’introduction d’une explication de texte
1
Exemple d’une introduction d’une explication de texte
Texte de Kant :
« De façon générale, nul ne peut se nommer philosophe s'il ne peut philosopher. Mais on n'apprend à
philosopher que par l'exercice et par l'usage qu'on fait soi-même de sa propre raison. Comment la philosophie se
pourrait-elle, même à proprement parler, apprendre ? En philosophie, chaque penseur bâtit son œuvre pour ainsi
dire sur les ruines d'une autre ; mais jamais aucune n'est parvenue à devenir inébranlable en toutes ses parties. De
là vient qu'on ne peut apprendre à fond la philosophie, puisqu'elle n'existe pas encore. Mais à supposer même
qu'il en existât une effectivement, nul de ceux qui l'apprendraient ne pourrait se dire philosophe, car la
connaissance qu'il en aurait demeurerait subjectivement historique. Il en va autrement en mathématiques. Cette
science peut, dans une certaine mesure, être apprise ; car ici, les preuves sont tellement évidentes que chacun
peut en être convaincu ; et en outre, en raison de son évidence, elle peut être retenue comme une doctrine
certaine et stable. »

Emmanuel Kant, Logique (1800)

Exemple d’application :
Voici une introduction possible pour l’explication du texte de Kant :

La philosophie est une discipline scolaire et universitaire qui s’enseigne et qui s’apprend. Aussi ce texte de Kant
a-t-il quelque chose de très paradoxal lorsqu’il annonce que « la philosophie ne peut s’apprendre » ; d’autant
plus qu’il justifie cette thèse en disant que « la philosophie n’existe pas encore ».
Comment comprendre cette affirmation, sous la plume de quelqu’un qui est pourtant lui-même considéré comme
un grand philosophe ? C’est qu’il ne s’agit pas là d’une critique de la philosophie, mais plutôt d’une réflexion
sur la spécificité du discours philosophique, dont Kant explique qu’il est d’abord une pratique et non un savoir
constitué. On analysera donc le texte en suivant chacun de ses moments.
On verra dans un premier temps comment Kant pose le problème de ce que signifie « être philosophe », et
comment il justifie que l’on ne puisse pas apprendre la philosophie. Cette justification se fait elle-même en deux
temps : par l’affirmation que la philosophie n’a pas encore réussi à se constituer comme un système définitif
d’une part ; par l’idée que même si elle y parvenait, « apprendre » ce système ne suffirait pas à la rendre
philosophe, d’autre part.
Dans un second temps, on examinera la distinction que fait Kant entre la philosophie et les mathématiques, et
comment il justifie que ces dernières puissent, elles, faire l’objet d’un apprentissage.
On se demandera toutefois, dans un troisième temps de notre analyse (ou explication), si cette distinction
proposée par Kant est complètement légitime, et si elle ne repose pas sur une conception classique des
mathématiques, reposant sur la notion d’évidence, et méconnaissant leur nature hypothético-déductive - ce qui
modifie la manière dont on peut concevoir la différence entre philosophie et mathématique.

C.D. – Méthodologie de l’explication de texte en philosophie – A propos de l’introduction d’une explication de texte
2

Vous aimerez peut-être aussi