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SÉANCE DE TD N°4 DROIT DU TRAVAIL

THÈME :

SUJET: Commentaire de l'arrêt : Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 19


avril 2023, 21-23.483, Publié au bulletin

Un salarié, qui perd son mandat de représentant de section syndicale au terme des dernières
élections professionnelles faute pour le syndicat l’ayant désigné de ne pas avoir acquis la
représentativité dans l’entreprise, ne peut pas être de nouveau désigné représentant de toute
section syndicale et ce, jusqu’aux six mois précédant la date des élections professionnelles
suivantes dans l’entreprise. L'arrêt soumis à notre commentaire en est une parfaite
illustration. Il a été rendu par la chambre sociale de la cour de cassation le 19 avril 2023 et
est relatif à la présence syndicale dans l'entreprise et plus précisément la désignation d'un
représentant de section syndicale par un syndicat non représentatif.
En l'espèce, un salarié, désigné représentant d'une section syndicale par un syndicat non
représentatif, a vu son mandat prendre fin à l’issue des élections au Comité Social et
Économique. Lors de ces élections, le syndicat ayant procédé à cette désignation n’est pas
devenu représentatif et le salarié est de nouveau désigné par une autre organisation
syndicale non représentative en qualité de représentant de la section syndicale. L’employeur
saisit le tribunal judiciaire en annulation de cette désignation. D'où le Litige naît.
Le Litige à été connu du tribunal judiciaire de Bobigny le 12 octobre 2021 et de la chambre
sociale de la cour de cassation qui a rendu l'arrêt soumis à notre commentaire.
Devant les juges du fonds, l'employeur demande l'annulation de cette désignation au motif
qu'elle violait les articles L. 2142-1-1 du Code du travail. Ce dont l'organisation syndicale non
représentative s'y oppose.
Le tribunal judiciaire à débouté l'employeur de sa demande d'annulation de la désignation,
en retenant que le représentant de la section syndicale d’un syndicat non représentatif est
frappé d’une incapacité à être de nouveau désigné représentant de section syndicale
jusqu’aux six mois précédant la date des élections suivantes. Et que cette incapacité est une
incapacité relative au syndicat qui l’avait désigné initialement. Elle ne s’oppose donc pas à la
désignation du même salarié par un autre syndicat non représentatif.
L'employeur forme un pourvoi en cassation pour violation des articles L.2142-1-1 du code de
travail. Il estime que le salarié ne peut être désigné à nouveau représentant d'une section
syndicale jusqu'aux six mois précédant les prochaines élections du comité social et
économique de la société. Il justifie que lorsque le syndicat qui l'avait désigné n'est pas
reconnu représentatif dans l'entreprise aux élections professionnelles suivant sa désignation,
le salarié qui exerçait le mandat de représentant de section syndicale perd ce mandat et "ne
peut pas être désigné à nouveau comme représentant syndical au titre d'une section
jusqu'aux six mois précédant la date des élections professionnelles suivantes dans
l'entreprise".
Les juges de la haute juridiction devraient répondre à la question de savoir si un salarié, dont
le mandat de représentant de section syndicale a pris fin lors des dernières élections
professionnelles en raison du défaut de représentativité du syndicat, peut-il être désigné à
nouveau représentant de section syndicale par un autre syndicat non représentatif! En
d'autres termes, un salarié, ayant perdu son mandat de représentant de section syndicale lors
des élections au comité social et économique, faute pour le syndicat l’ayant désigné d’avoir
acquis la représentativité, peut-il être désigné par un autre syndicat, non représentatif,
comme représentant de section syndicale avant le délai de six mois précédant les élections
professionnelles suivantes ?
Répondant à cette question, les juges du quai d'horloge casse et annule le jugement rendu
par le tribunal judiciaire de Bobigny aux Visa de l'article L.2142-1-1 du code du travail et
donc les juges annule la désignation de M. G en qualité de représentant de la section
syndicale par le syndicat Sud solidaires prévention et sécurité, sûreté. En estimant que
l'interdiction de désigner en qualité de représentant de section syndicale un salarié dont le
mandat a pris fin lors des dernières élections professionnelles en raison du défaut de
représentativité du syndicat est opposable à toute organisation syndicale non représentative
dans l'entreprise, qu'elle soit ou non celle ayant précédemment désigné le salarié.
Cet arrêt est intéressant dans la mesure où il vient confirmer que l'interdiction de désigner
un salarié en qualité de représentant de section syndicale s'applique à tout syndicat non
représentatif, qu'il soit celui ayant précédemment désigné le salarié ou non. Ce qui signifie
donc qu'un salarié dont le mandat a pris fin en raison du défaut de représentativité du
syndicat ne peut pas être désigné à nouveau représentant de section syndicale par un autre
syndicat non représentatif jusqu'aux six mois précédant les prochaines élections
professionnelles dans l'entreprise; ce qui vise à garantir la représentativité des syndicats et à
assurer une meilleure protection des intérêts des salariés au sein de l'entreprise.
La cour de cassation, dans cet arrêt, annule la désignation du représentant de la section
syndicale. Une annulation qui se comprend par la perte du mandat de la section syndicale
par le salarié, mais aussi par la non reconnaissance du syndicat ayant désigné de nouveau le
salarié comme représentant dans l'entreprise. Ce qui nous amène à mieux comprendre la
décision de la cour de cassation car elle oppose l'interdiction de désignation non seulement
au syndicat devenu non représentatif à l'issue des élections mais aussi à tous les syndicats
non représentatif de l'entreprise. Ce qui signifie que le syndicat ayant désigné le salarié de
nouveau comme représentant de la section syndicale était dans l'incapacité de le faire. Ce qui
justifie encore une fois l'extension ou l'application stricte de l'article L.2142-1-1 du code de
travail.
Au regard de tout ce qui précède, nous aborderons dans une première partie l'annulation de
la désignation du représentant de la section syndicale par la cour de cassation (l), et dans
une seconde partie on verra que cette annulation est justifié par l'opposabilité des règles de
l'article L.2142-1-1 du code du travail (ll).

I-L'Annulation de la désignation du représentant de la section syndicale par la


cour de cassation
La cour de cassation dans son arrêt a annuler la désignation effectué par l'organisation
syndicale sud solidaire. Une annulation justifier par la perte de la qualité de représentant de
la section syndicale par le salarié (A) et aussi par la non reconnaissance comme représentatif
dans l'entreprise du syndicat Sud solidaire (B).
A-La perte du mandat de représentant de la section syndicale dans l'entreprise par le
salarié,

La loi du 20 août 2008 a ouvert la possibilité dans les entreprises d'au moins 50 salariés,
pour les Organisations Syndicales non représentatives dans l'entreprise ou l'établissement
qui ont une section syndicale, de désigner un représentant de la section syndicale. Et donc
Chaque syndicat qui constitue une section syndicale au sein de l'entreprise de 50 salariés ou
plus peut, s'il n'est pas représentatif dans l'entreprise, désigner un représentant de la section
pour le représenter au sein de l'entreprise. Si le syndicat n’obtient pas le score de 10%, le
Représentant de la section syndicale perd son mandat et le salarié désigné jusque-là ne peut
pas être désigné de nouveau comme Représentant de la section syndicale avant les 6 mois
précédant l’élection suivante. Dans l'arrêt commenté un salarié est désigné comme
représentant de la section syndicale d’un syndicat non-représentatif. Les élections
professionnelles ont eu lieu et le syndicat n’obtient pas les 10 % des suffrages nécessaires au
1er tour d’une élection pour que le syndicat soit reconnu représentatif dans l’entreprise et
puisse ensuite désigner un délégué syndical. La cour de cassation, dans sa décision, estime
au Visa de l'article L.2142-1-1 du code de travail : [...] "Le mandat du représentant de la
section syndicale prend fin, à l'issue des premières élections professionnelles suivant sa
désignation, dès lors que le syndicat qui l'a désigné n'est pas reconnu représentatif dans
l'entreprise. Le salarié qui perd ainsi son mandat de représentant syndical ne peut pas être
désigné à nouveau comme représentant syndical au titre d'une section jusqu'aux six mois
précédant la date des élections professionnelles suivantes dans l'entreprise."
La décision de la cour de cassation est très nette pendant que les juges du fonds soutiennent
que l'interdiction de designer est relative à l'ancienne organisation syndicale non
représentative. Les hauts juges en employant le terme "Ne peut pas" veut simplement faire
comprendre qu'en aucun cas et quelques soit les circonstances, un représentant de la section
syndicale qui n'est plus représentant par ce que son syndicat n'est pas représentatif à l'issue
des élections ne peut être désigné de nouveau comme représentant d'une section syndicale
au sein de l'entreprise. Ce serait peut-être compréhensible si le syndicat le désignant de
nouveau était au moins représentatif. Mais en l'espèce ce n'est pas le cas. Le salarié
représentant a perdu sa qualité de représentant de la section syndicale,et selon le code du
travail, il ne peut plus être désigné représentant de la section syndicale parce qu'il a
lui-même perdu son mandat et ensuite le syndicat qui l'avait mandaté n'est plus représentatif
aussi. Deux inconvénients qui font obstacle à cette désignation en qualité de représentant de
la section syndicale par une autre organisation syndicale. Mais on devrait rester un peu
concentré sur la stratégie de la cour de cassation car elle va profiter remettre de la lumière
dans l'article L.2142-1-1 du code du travail en estimant que l'interdiction de désigner s'étend
et concerne aussi bien toutes les organisations syndicales présente dans l'entreprise, un
éclaircissement qui va faire couler le navire du syndicat ayant désigné de nouveau l'ancien
représentant de la section syndicale puisque elle même l'organisation syndicale n'est pas
représentative.
L'idée serait de garder une logique normal. La décision de la cour de cassation va faire
véhiculée deux grandes précisions importantes. La première concerne le sort du mandat de
Représentant de la section syndicale: celui-ci prend fin à l’issue des premières élections
professionnelles suivant sa désignation. Le second temps concerne le sort du salarié désigné
Représentant de la section syndicale: celui-ci ne peut être la cible d’une nouvelle désignation
jusqu’aux six mois précédant la date des élections professionnelles suivantes.

B-La non reconnaissance du syndicat sud solidaire prévention et sécurité comme


représentatif dans l'entreprise

Chaque syndicat qui constitue, conformément à l’article L. 2142-1 du Code du travail, une
section syndicale au sein de l’entreprise ou de l’établissement d’au moins 50 salariés peut, s’il
n’est pas représentatif dans l’entreprise ou l’établissement, désigner un représentant de la
section pour le représenter au sein de l’entreprise ou de l’établissement. Un syndicat est
représentatif, s'il réunit les 7 critères à savoir le Respect des valeurs républicaines comme le
respect de la liberté d'opinion politique par exemple, l'Indépendance financière par exemple,
la Transparence financière comme le respect des obligations comptables, l'Ancienneté de 2
ans minimum dans le champ professionnel et géographique couvrant le niveau de
négociation à compter de la date de dépôt légal des statuts, l'Influence, déterminée
principalement par l'activité et l'expérience, les Effectifs d'adhérents et cotisations qui est le
nombre suffisant d'adhérents pour que leurs cotisations représentent la partie principale de
leurs ressources, ce qui garantit le critère d'indépendance. Il faut également l'Audience
suffisante aux élections professionnelles ce qui signifie que le syndicat doit avoir obtenu au
moins 10 % des suffrages exprimés lors du 1er tour des dernières élections des titulaires au
Comité social et économique.
Pour pouvoir exercer des prérogatives dans l’entreprise comme, par exemple, la désignation
d’un représentant de la section syndicale, le syndicat doit satisfaire au critère de
transparence financière prévu par le code du travail. Et donc le Représentant de la section
syndicale ne peut ainsi être désigné que par un syndicat non représentatif, c’est-à-dire par les
organisations syndicales légalement constituées depuis au moins 2 ans, ancienneté appréciée
à compter de la date de dépôt légal des statuts, dont le champ professionnel et géographique
couvre l’entreprise ou l’établissement concerné, qui satisfont aux critères de respect des
valeurs républicaines et d’indépendance, si elles ne sont pas représentatives dans
l’entreprise. Les syndicats représentatifs dans l’entreprise eux, ne peuvent pas désigner un
Représentant de la section syndicale car disposent, en effet, de la faculté de désigner un
délégué syndical aux prérogatives plus étendues.
En l'espèce, pour rejeter la demande en annulation, le jugement retient que l'incapacité à
être de nouveau désigné représentant de section syndicale jusqu'aux six mois précédant la
date des élections suivantes qui frappe le représentant dont le syndicat n'a pas été reconnu
représentatif est une incapacité relative au syndicat qui l'avait désigné initialement et ne
s'oppose pas à la désignation du même salarié par un autre syndicat non représentatif. Pour
les juges du fonds, c'est seulement le syndicat dont le salarié était représentant de la section
syndicale qui ne peut plus désigner le même salarié comme représentant de la section
syndicale. La cour de cassation refuse cette interprétation de l'article L.2142-1-1 du code du
travail. Pour la cour de cassation, l'interdiction de désigner en qualité de représentant d'une
section syndicale jusqu'aux six mois précédant la date des élections professionnelles
suivantes dans l'entreprise un salarié, précédemment désigné en qualité de représentant de
section syndicale dont le mandat a pris fin lors des dernières élections professionnelles dès
lors que le syndicat qui l'a désigné n'est pas reconnu représentatif dans l'entreprise, est
opposable à toute organisation syndicale non représentative dans l'entreprise,
qu'elle soit ou non celle ayant précédemment désigné le salarié en qualité de
représentant de section syndicale. La décision de la cour de cassation se trouve justifier
moi je trouve, dans la mesure où, si on est une organisation syndicale représentative, on a la
possibilité de désigner un délégué syndical qui pourrait procéder à des négociations. Or dans
notre arrêt le syndicat sud solidaire est non représentatif dans l'entreprise, donc il ne peut
pas désigner de délégué syndical mais pourra par contre désigner un représentant de la
section syndicale. Si le syndicat sud solidaire est non représentatif, pourquoi vouloir désigner
un représentant de la section syndicale qui au terme des dernières élections parce que son
syndicat n'est pas reconnu représentatif a quitté ce dernier pour rejoindre un autre syndicat
non représentatif dans l'entreprise. Cette décision est le fruit d'une très belle analyse qui va
permettre désormais que chaque syndicat non représentatif devrait comprendre qu'il ne peut
désigner un salarié qui fut représentant et qui a perdu son mandat il y a moins de 6 mois.
D'un côté on voit que le syndicat sud solidaire n'était pas reconnu représentatif dans
l'entreprise ce qui est un critère qui va permettre d'annuler cette désignation qu'elle a
effectué sinon elle viole l'article du code du travail. Outre cela, c'est un bon moyen, qui
garantit un droit équitable aux syndicats non représentatifs. Si la cour de cassation avait
admis cette désignation, on serait dans une impasse. Car si une autre organisation syndicale
non représentative dans l'entreprise pouvait désigner le même salarié comme représentant,
pourquoi alors interdire celà au syndicat dont ce représentant était membre?

II-L'opposabilité des règles de l'article L.2142-1-1 à tous les syndicats non


représentatifs

Cette décision de la cour de cassation, d'opposer l'interdiction de désigner à toute


organisation syndicale non représentative dans l'entreprise renforce le rôle de désignation
des syndicats représentatifs dans l'entreprise (A) même si on sait que la cour de cassation a
procédé à une application strictes des règles du code du travail (B).
A-Une interdiction de désignation renforçant le rôle des syndicats représentatifs dans la
négociation collective

Le Représentant de la section syndicale ne peut cumuler deux mandats consécutifs. Si le


syndicat qui a désigné le Représentant de la section syndicale n’est pas reconnu représentatif
dans l’entreprise ou dans l’établissement à l’issue des élections, le Représentant de la section
syndicale perd son mandat. Dans ce cas, le syndicat ne peut pas le désigner à nouveau
comme Représentant de la section syndicale avant les six mois qui précèdent la date des
élections suivantes. En revanche, le syndicat peut, dès les résultats du scrutin, désigner un
autre salarié comme Représentant de la section syndicale conformément à l'article L.
2142-1-1, al. 3 du code du travail. Cette interdiction de cumuler deux mandats consécutifs de
Représentant de la section syndicale s’applique quel que soit le niveau des désignations.
Ainsi, un représentant désigné au niveau de l’entreprise dont le mandat prend fin à la suite
des élections professionnelles ne peut être désigné Représentant au niveau de l’établissement
avant les six mois précédant la date du prochain scrutin. Cette décision à été affirmée dans
un arrêt de la cour de cassation (Cass. soc., 4 juin 2014, no 13-60.205). La même solution
s’applique dans la situation inverse. Plus loin on noté que cette interdiction du cumul
successif de mandats de Représentant de la section syndicale est conforme à l’article 3 de la
convention no 87 de l’OIT, portant sur la liberté syndicale et le droit syndical. Dans un arrêt
de la Cass. soc., 14 novembre 2013, no 13-11.316 FS-PB, la cour de cassation, a affirmé que :
"Mais attendu que l'interdiction faite aux syndicats non représentatifs de désigner à nouveau
au sein de l'entreprise ou de l'établissement, en qualité de représentant de section syndicale,
le salarié désigné antérieurement aux dernières élections professionnelles à l'issue desquelles
le syndicat n'a pas obtenu au moins 10 % des suffrages exprimés, ne heurte aucune
prérogative inhérente à la liberté syndicale et, tendant à assurer la détermination par les
salariés eux-mêmes des personnes les plus aptes à défendre leurs intérêts dans l'entreprise,
ne constitue pas une ingérence arbitraire dans le fonctionnement syndical ; que c'est dès lors
à bon droit que le tribunal a refusé d'écarter l'application de l'article L. 2142-1-1 du code du
travail tel qu'issu de la loi n° 789-2008 du 20 août 2008, au regard de l'article 3 de la
convention n° 87 de l'Organisation internationale du travail."
Cette décision de la cour de cassation de 2014 laisse véhiculée plusieurs messages. Dans un
premier temps, c'est aux salariés eux même de choisir leurs représentants. Et donc les
salariés devraient pouvoir choisir eux-mêmes des personnes aptes qui pourraient défendre
leurs intérêts. L'idée de la cour de cassation est de donner plus de légitimité aux salariés et
surtout aux syndicats qu'ils soient représentatifs ou non. Ainsi chaque salarié aura la
possibilité de voir la personne qui pourra mieux défendre ses intérêts auprès de l'employeur
et donc permettra à cette personne d'obtenir là qualité de représentant de la section
syndicale. Plusieurs autres décisions avaient été rendues dans les arrêts précédent où là cour
de cassation avait admis la possibilité de désigner comme représentant de la section
syndicale un représentant qui vient de perdre son mandat parce que l'organisation dont il
était représentant a perdu sa représentativité. Dans l'arrêt Cass. soc., 4 novembre 2020, n°
19-13.151, FS-P+B, la cour de cassation avait donné une décision qui a fait parler.
En l’espèce, dans la foulée d’élections au comité social et économique (CSE) organisées en
juin 2018 dans une entreprise, un syndicat, non reconnu représentatif, procède à la
désignation d’un salarié en tant que RSS. Trois mois plus tard, en septembre 2018, un
jugement de tribunal d’instance prononce l’annulation totale des élections s’étant tenues en
juin 2018 et ordonne à l’entreprise d’engager un nouveau processus électoral. Celui-ci
entraîne, début novembre 2018, l’organisation d’un premier et unique tour de scrutin au
terme duquel sont proclamés les élus au CSE. Fin novembre 2018, le syndicat précité,
n’ayant à nouveau pas prétendre au label représentatif, procède à la désignation du même
salarié en qualité de RSS au sein de l'entreprise. L’employeur s’y oppose en saisissant le
tribunal d’instance aux fins d’annulation d’une telle désignation. Débouté par les premiers
juges, l’employeur forme un pourvoi en cassation. Est reproché au jugement ayant validé la
nouvelle désignation de violer l’article L. 2142-1-1 du Code du travail et notamment la règle,
énoncée en fin d’article, qui interdit de désigner immédiatement après l’organisation des
élections professionnelles en qualité de représentant de la section syndicale le salarié qui
exerçait cette même fonction avant les élections. La Cour de cassation rejette le pourvoi de
l’employeur mais substitue un motif de pur droit aux motifs retenus par les juges du fond. Il
est ainsi jugé que « les dispositions de l'article L. 2142-1-1 du code du travail, qui interdisent
de désigner immédiatement après l'organisation des élections professionnelles en qualité de
représentant de section syndicale le salarié qui exerçait cette même fonction au moment des
élections, ne sont pas opposables au syndicat dès lors que la nouvelle désignation intervient à
la suite des élections professionnelles organisées en exécution d'un jugement ayant procédé à
l'annulation des élections professionnelles à l'issue desquelles le salarié avait précédemment
été désigné en qualité de représentant de section syndicale ». Dès lors, en écartant du champ
de l’interdiction légale la nouvelle désignation du salarié en qualité de Représentant de la
section syndicale opérée à l’issue d’élections organisées suite à l’annulation judiciaire des
précédentes, la chambre sociale de la Cour de cassation prend ses distances avec une
application littérale de l’article L. 2142-1-1 du Code du travail dont tous les éléments
semblaient pourtant être réunis en l’espèce pour paralyser la nouvelle désignation en qualité
de RSS du salarié. Car, et c’est l’observation finale que l’on peut faire sur cette disposition, le
texte ne distingue pas, pour identifier les « premières élections professionnelles suivant [la]
désignation », selon qu’elles découlent de l’achèvement naturel des mandats ou selon
qu’elles font suite à l’annulation judiciaire des précédentes. On ne peut toutefois que saluer
ce rejet de la lettre du texte tant son esprit aurait, sinon, été perverti.

B-L'application Stricte des règles encadrant la représentativité et la désignation d'un


représentant syndical.

La représentativité syndicale désigne l'aptitude d'une organisation syndicale à être la


porte-parole des salariés dont elle entend défendre et promouvoir les intérêts. Elle confère
aux organisations syndicales le pouvoir d'exercer un certain nombre de prérogatives telles
que le droit de désigner des délégués syndicaux, de négocier et conclure des accords
collectifs. Les règles d'appréciation de la représentativité syndicale ont longtemps été
réservées aux syndicats de salariés.
La loi du 20 août 2008 a réformé en profondeur les règles de représentativité des
organisations syndicales, à la suite de débats sur la présomption irréfragable de
représentativité dont bénéficient les syndicats affiliés à l'une des cinq confédérations
déclarées représentatives par l'arrêté du 31 mars 1966 à savoir la CGT, la CFDT, la CGT-FO,
la CFTC, la CFE-CGC. L'objectif de la réforme de 2008 était de rapprocher les organisations
syndicales des salariés. Désormais, leur représentativité est mesurée périodiquement et
dépend notamment de leur audience à l'occasion des élections professionnelles dans les
entreprises. Désormais on est face à une représentativité prouvée. Chaque organisation
syndicale devrait réunir les sept critères posés par l'article 2121-1 du code du travail pour
prouver qu'elle est représentative et espérer bénéficier de certaines prérogatives. Ainsi donc,
dans l’entreprise, deux types d’organisations syndicales de salariés coexistent : les syndicats
représentatifs, c’est-à-dire ceux qui ont apporté la preuve qu’ils réunissaient les critères
posés par l’article L.2121-1 du Code du Travail, et ceux non représentatifs. Mais attention, il
faut une précision. Si ces deux catégories profitent des prérogatives accordées à tout
syndicat légalement créé, et notamment celles liées au droit d’agir et en justice ou de mener
des actions revendicatives, certaines sont toutefois réservées aux syndicats représentatifs
notamment le droit de désigner des délégués syndicaux (DS) lorsqu’ils constituent une
section syndicale, négocier et conclure des accords collectifs. De leur côté, les syndicats non
représentatifs peuvent nommer des représentants de la section syndicale (RSS).
En somme, la représentativité, qui se base sur les critères précités, est un moyen de
sélectionner les organisations syndicales les plus crédibles, et les plus aptes à représenter les
intérêts des salariés.
Dans l'arrêt commenté, la cour de cassation passe à une application stricte des articles L
2121-1 et L.2142-1-1 du code de travail. On voit qu' après avoir refusé que le tribunal
judiciaire admette que l'interdiction de désigner ne s'applique pas aux autres Organisations
non représentatives dans l'entreprise, la cour de cassation veut rappeler que les règles du
code du travail doivent être respectées.il ya une logique. D'abord la loi de 2008 Vient
supprimer la représentativité présumé et laisser que la représentativité prouvée. Ce qui
distingue les syndicats représentatifs de ceux non représentatifs. On ne peut pas dire que les
syndicats qui sont représentatifs auront les mêmes privilèges que ceux non représentatifs. La
loi prévoit que ceux représentatifs puissent désigner des délégués syndicaux qui pourront
défendre les intérêts des salariés et négocier des accords collectifs. Les syndicats
représentatifs eux peuvent désigner que des représentants de la section syndicale a certaines
conditions et surtout pour une durée déterminée avec pour objectif d'être représentatif lors
de la prochaine élection sinon le représentant de la section syndicale perdra son mandat.
Les juges du quai d'horloge ont essayé de garder cette logique normale en tout cas afin de
permettre une interprétation plus stricte et aussi permettre au représentant de la section
syndicale de vraiment jouer son rôle lorsqu'il est mandaté. Sinon cela pourrait laisser
d'autres représentants de la section syndicale s'amuser dans l'espoir que même si son actuel
syndicat ne devenait pas représentatif aux prochaines élections, il aura la chance d'être de
nouveau désigné comme représentant d'une autre section syndicale.

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