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Master de recherche Sciences Juridiques

Module : Droit social Approfondi

Un exposé portant sur :

Les organes de représentation des


salariés dans l’entreprise

Remis au professeur : Mme Ilham HAMDAI

Réalisé par :

- Hafsa DAOUDI
- Imane EL MOUSSANATE

2022/2023
Plan :

Partie 1 : les délégués des salariés

A- La mise en place de la délégation des salariés


B- Les missions et moyens de fonctionnement des délégués des salariés

Partie 2 : Autres institutions représentatives des salariés

A- La représentation syndicale : organisation et fonctionnement


B- Le comité d’entreprise et le comité de sécurité et d’hygiène
Introduction :

L’entreprise ne se limite pas seulement à un rapport individuel qui lit le salarié à


l’employeur, mais il y a lieu à des rapports collectifs entre le chef de l’entreprise et
l’ensemble des salariés dont l’expression médiatisée est assurée par les institutions
représentatives qui prennent plusieurs formes et qui dépendent de l’effectif de
l’entreprise.

Autrement dit, ce sont les salariés dans leur globalité qui forment un collectif, qui
peut et doit s’organiser en des organes représentatifs afin de défendre les droits des
salariés et d’améliorer les conditions de travail et d’emploi. Cette représentation au sein
de l’entreprise constitue l’un des piliers du droit du travail souvent appréhendé en tant
que rapport de force. D’ailleurs, les formes de représentation sont :

- les délégués des salariés qui ont pour mission de présenter à l’employeur toutes
les réclamations individuelles relatives aux conditions de travail.
- Le représentant syndical qui constitue une autre interface entre les salariés et
l’employeur.
- Et enfin, le comité de l’entreprise et le comité de sécurité et d’hygiène, le premier
a pour objet d’assurer une représentation collective des salariés, et le deuxième
est chargé quant à lui de toutes les questions relatives aux risques professionnels,
à la santé, à la sécurité et à l’hygiène au travail.

Le décor ainsi planté, les organes de représentation à pied d’œuvre, il y a lieu de


s’interroger sur le mode de désignation, le fonctionnement, les moyens et les
attributions et prérogatives exclusives de ces organes.

A cet effet, et au cœur de notre travail, il nous est primordial de dédier la première
partie à l’étude de la composition de l’institution des délégués des salariés parce qu’elle
constitue la pierre angulaire et le substrat de la représentation des salariés dans
l’entreprise, et ce, avant de consacrer une deuxième partie aux autres organes
représentatifs des salariés à savoir le représentant syndical, le comité d’entreprise et le
comité de sécurité et d’hygiène.

Partie 1 : les délégués des salariés


Les délégués des salariés constituent la base de la représentation que le législateur a
voulu aussi proche que possible des salariés. Cette instance est chargée de présenter les
réclamations individuelles qui n’auraient pas été directement satisfaites et qui sont
relatives aux conditions de travail (réclamations relatives à l’application de la législation
du travail, du contrat de travail, de la convention collective de travail ou du règlement
intérieur)

A- La mise en place de la délégation des salariés :

L’institution des délégués des salariés est implantée à travers le procédé de


l’électorat. Tout d’abord, l’effectif de l’entreprise doit être apprécié pour déterminer si
l’entreprise est concernée par l’obligation d’instaurer une représentation des délégués
des salariés.

Aux termes de l’article 430 du code du travail, les délégués des salariés doivent être
institués dans les établissements assujettis au code du travail et employant
habituellement au moins dix salariés permanents. Et selon les dispositions de l’article
431 une dérogation, résultant de la volonté des partenaires sociaux, est possible
lorsqu’elle permet d’élire un délégué en dessous du seuil de dix salariés par voie d’un
accord commun établi par écrit.

Cet effectif, doit inclure toutes les personnes qui sont liées par un contrat à durée
indéterminée, ou d’un CDD en application de l’article 17 du code du travail 1. Egalement,
les salariés dont le contrat du travail est suspendu pour quelque cause que ce soit
continuent à faire partie de l’effectif de l’entreprise.

Tandis que, les salariés titulaires d’un contrat à durée déterminée et les salariés mis
à disposition d’une entreprise extérieure, y compris les salariés temporaires sont exclus

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Lors de l’ouverture d’une entreprise pour la première fois ou d’un nouvel établissement au sein de
l’entreprise ou lors du lancement d’un nouveau produit pour la première fois.
du décompte des effectifs lorsqu’ils remplacent un salarié absent ou dont le contrat de
travail est suspendu, également l’employeur et les stagiaires.

Le nombre légal de délégués à élire dépend de l’effectif de l’entreprise, l’article 433 du


code du travail prévoit :

Nombre de délégués des


Effectif salarial salariés à élire
Titulaires Suppléants
De 10 à 25 1 1
De 26 à 50 2 2
De 51 à 100 3 3
De 101 à 250 5 5
De 251 à 500 7 7
De 501 à 1000 9 9
A partir de 1000 salariés, 1 titulaire et 1 1 1
salarié par tranche supplémentaire de 500
salariés
* le rôle du délégué suppléant est de remplacer le titulaire en son absence.

Exemple pratique :

Soit une entreprise employant 26 salariés répartis comme suit : 10 salariés CDI et 10
salariés CDD (les salariés conformément à l’article 17 du code du travail), 6 salariés
intérimaires

Quel est le nombre de délégués à élire dans ces élections ?

Le nombre de délégué à pourvoir est d’un délégué titulaire et d’un délégué suppléant
car le nombre de salariés remplissant les conditions d’électorat est de 20 salariés
(10+10 car les intérimaires seront comptés dans l’effectif des entreprises de l’emploi
temporaire)
Ainsi, les délégués des salariés sont élus pour une durée de six ans et dans les
établissements dont l’activité est saisonnière sont élus pour la durée de la campagne,
leur mandat est renouvelable sans limitation du durée, et l’organisation des élections
incombe au chef de l’entreprise. C’est d’abord l’autorité gouvernementale chargé du
travail qui fixe les modalités et la date des élections, et après l’exécution de cette
décision prise sous la forme d’un arrêté ministériel, l’employeur est tenu d’établir, et
d’afficher les listes électorales qui doivent être signées conjointement par lui et l’agent
chargé de l’inspection du travail. Et pour l’élection des délégués des salariés la
constitution de collèges électoraux s’impose (collège des ouvriers et employés et collège
des cadres et assimilés).

B- Les missions et moyens de fonctionnement des délégués des


salariés :

Les missions reconnues aux délégués des salariés revêtent tantôt un caractère
spécifique, tantôt un caractère supplétif.

 Missions spécifiques : il revient aux délégués des salariés de présenter à


l’employeur les réclamations individuelles émanant des salariés. Ainsi, le délégué
désigné par le salarié doit obligatoirement transmettre la réclamation, et de ne
pas négocier avec l’employeur ou apprécier le bien fondée ce qui est du ressort
de l’activité syndicale. Les réclamations individuelles présentées par les délégués
des salariés aux employeurs se rapportent aux conditions de travail découlant de
l’application de la législation du travail, du contrat de travail, de la convention
collective de travail ou du règlement intérieur. Ils peuvent en outre saisir
l’inspecteur du travail en troisième lieu, lorsque la réclamation faite directement
par le salarié, puis par le délégué, n’aura pas été satisfaite et le désaccord
subsiste.
 Missions à caractère supplétif : les délégués des salariés doivent être consultés
dans des domaines en matière de conditions de travail (donne son avis sur le
projet de règlement intérieur), en matière de durée de travail (consulté sur la
répartition annuelle et la réduction de la durée de travail…), en matière de congé
payé (consulté sur l’établissement du planning annuel des congés payés du
personnel), en matière de licenciement ou de fermeture (consulté sur les
licenciements et les mesures à prendre pour les éviter ou d’atténuer les effets
négatifs)…etc.

Pour exercer leurs missions, les délégués des salariés disposent de certains moyens
d’action. En effet, les délégués des salariés doivent être réunis avec l’employeur au
moins une fois par mois, et en dehors de la réunion mensuelle, ils peuvent demander à
être reçus en cas d’urgence, outre ces réunions ils sont reçus également sur leur
demande. Ils remettent au chef de l’entreprise ou l’établissement deux jours avant la
date à laquelle doivent être reçus, une note écrite, exposant sommairement l’objet de
leur demande.

Pour exercer sa mission, le délégué des salariés dispose d’heures de délégation


considérées comme du temps de travail effectif et payé comme tel et qui ne peut excéder
quinze heures par mois et par délégué, sauf circonstances exceptionnelles, à l’intérieur
et à l’extérieur de l’établissement.

L’employeur est tenu de mettre à la disposition des délégués des salariés le local
nécessaire pour leur permettre de remplir leur mission et de se réunir.
Partie 2 : Autres institutions
représentatives des salariés

le droit du travail à créer des institutions représentatives des salariés dont les
délégués des salariés qu’on a traité en première partie vu leur ancienneté et leur
importance. Egalement la représentation syndicale, et d’autres institutions qui sont le
comité d’entreprise et le comité de sécurité et d’hygiène qui ont vu le jour avec
l’adoption du code de travail en 2004.

A- La représentation syndicale : organisations et fonctionnement

Les syndicats se définissent comme des groupements organisés des personnes morales
ou physiques qui s’unissent dans le cadre d’une activité professionnelle déterminée afin
d’étudier, défendre, et de promouvoir les intérêts qu’ils ont en commun.

Ils participent également à l’élaboration de la politique nationale dans les domaines


économiques et sociaux et ils sont consultés sur tous les différends et questions ayant
trait au domaine de leur dépendance. L’article 414 facilite la création des syndicats et
insiste pour qu’après dépôt de statuts et des listes des personnes chargés de
l’administration des syndicats, un récépissé ou un visa d’un exemplaire soit délivré
immédiatement, aussi les statuts doivent préciser notamment l’organisation interne et
les conditions de nomination des membres qui seront responsables de la gestion des
syndicats et les conditions d’adhésion et de retrait.

Pour Les conditions à remplir par les personnes envisageant la création et


l’administration d’un syndicat professionnel, ils doivent être de nationalité marocaine,
jouir de leurs droits civils et politiques et de n’avoir encouru aucune condamnation
définitive à la réclusion ou à l’emprisonnement ferme pour les délits du vol, escroquerie,
abus de confiance, faux et usages de faux, des stupéfiants ainsi que pour infraction à la
législation sur les société et abus de bien sociaux, le syndicat le plus représentatif ayant
obtenu le plus grand nombre de voix aux dernières élections professionnelles au sein de
l’entreprise ou de l’établissement a le droit de désigner, parmi les membres du bureau
syndical dans l’entreprise ou dans l’établissement un ou des représentants syndicaux.

Effectif de l’entreprise (salariés) Nombre de représentants syndicaux


 100 à 250 1
 251 à 500 2
 501 à 2000 3
 2001 à 3500 4

 3501 à 6000 5

 6001 et plus 6

Le pluralisme des organisations est l’une des caractéristiques essentielles du


syndicalisme marocain, car tous les syndicats régulièrement constitués ont la
personnalité juridique et jouissent des attributs qui se découlent. D’où la notion de
représentativité syndicale issue de la loi 65-99, c’est la capacité juridique d’un syndicat à
s’exprimer et à signer des accords collectifs au nom et pour le compte des salariés de
l’entreprise, c’est l’assurance de pouvoir peser dans le débat avec l’employeur
notamment lors des négociations. Acquérir cette capacité nécessite plusieurs critères
cumulatifs listés par la loi.

Concernant la durée et fin de mandat du représentant syndical, il n’a ni durée


minimale, ni durée maximale. En attendant les nouvelles élections, les représentants
régulièrement en place restent représentants. Enfin le mandat du représentant syndical
prend fin dès lors que le syndicat qui l’a désigné n’est plus reconnu représentatif dans
l’entreprise.

B- Le comité d’entreprise et le comité de sécurité et d’hygiène


 Le comité d’entreprise

Le comité d’entreprise est un organe collégial de représentation du personnel dont la


mise en place relève de l’initiative de l’employeur. Une structure nécessaire de
l’entreprise, c’est une institution représentative des salariés créée au sein de chaque
entreprise employant habituellement au moins cinquante salariés.
Cette mise en place est facultative ou obligatoire selon que l’effectif de l’entreprise
est inférieur, égal ou supérieur au seuil de 50 salariés. Même lorsque Le seuil légal n’est
pas atteint, l’entreprise a toujours la possibilité de mettre en place un comité, par voie de
convention ou accord collectif de travail.

Ce comité d’entreprise est composé de trois organes : l’employeur en tant que


président ou son représentant d’une part, et deux délégués des salariés de l’entreprise et
un ou deux représentants syndicaux, dans l’entreprise qui sont des membres à part
entière du comité même s’ils ne sont pas élus.

La loi ne précise pas la durée du mandat même si celle-ci semble être subordonnée à
la fréquence de l’organisation des élections professionnelle ; ils sont des salariés
protégés : une autorisation préalable de l’inspecteur de travail est exigée en cas de
licenciement, mis à pied ou changement de service, une mise en disposition des données
ou tous documents nécessaires à l’exercice de leurs missions.

Le comité d’entreprise se réunit une fois tous les six mois et chaque fois que cela
s’avère nécessaire. Cette structure bipartite représente un cadre de consultation sur de
grandes questions de grandes importances énuméré par l’article 466 et qui sont :

 Les transformations structurelles et technologiques à effectuer dans l’entreprise ;


 Le bilan social de l’entreprise lors de son approbation ;
 La stratégie de production de l’entreprise et les moyens d’augmentation de la
rentabilité ;
 L’élaboration de projets sociaux au profit des salariés et leur lis à exécution.
 Les programmes d’apprentissages, de formation-insertion, de lutte contre
l’analphabétisme et de formation continue des salariés.

 Le comité de sécurité et d’hygiène

Le CSH occupe une place de plus en plus importante au sein des entreprises au même
titre que le comité d’entreprise. Cette instance a pour but d’associer les salariés aux
actions de préventions des risques professionnels et d’améliorer les conditions de
travail dans les entreprises industrielles , commerciales, et d’artisanat et dans les
exploitations agricoles et forestières et leurs dépendances qui occupent au moins 50
salariés d’où sa mise en place devient obligatoire.

L’article 337 du code du travail dispose que le CSH se compose de :

 L’employeur ou de son représentant comme président


 Un chef de service de sécurité ou à défaut un ingénieur ou un cadre technique
travaillant dans l’entreprise.
 Un médecin du travail dans l’entreprise
 De deux délégués des salariés élus par les délégués des salariés
 D’un ou deux représentants des syndicats dans l’entreprise le cas échéant.

Le CSH se réunit sur convocation de son président une fois par trimestre et chaque
fois qu’il est nécessaire, et la suite de toute accident ayant entraîné ou qui aurait pu
entraîner des conséquences graves. Le comité doit procéder à une enquête à l’occasion
de tout accident de travail, de maladie professionnelle ou à caractère professionnel. Elle
doit établir un rapport annuel à la fin de chaque année grégorienne sur l’évolution des
risques professionnel dans l’entreprise. Un registre spécial doit être tenu pour ces
consignations.

Ledit rapport doit être adressé par l’employeur à l’agent chargé de l’inspection du travail
au plus tard dans les 90 jours qui suivent l’année au titre de lequel il a été établi.

Les attributions et le rôle du CSH sont confirmés par l’article 338. A cet effet, il est chargé
de :

 Détecter les risques professionnels auxquelles sont exposés les salariés de


l’entreprise
 Assurer l’application des textes législatives et réglementaires concernant la
sécurité et l’hygiène
 Veiller au bon entretien et bon usage des dispositifs de protection des salariés
contre les risques professionnels
 Veiller à la protection de l’environnement à l’intérieur et aux alentours de
l’entreprise
 Susciter toute initiative portant notamment sur les méthodes et procédés de
travail, le choix du matériel, de l’appareillage et de l’outillage nécessaire et adapté
au travail
 Présenter de propositions concernant la réadaptation des salariés handicapés
dans l’entreprise
 Donner son avis sur le fonctionnement du service médicale du travail
 En fin développer les sens de la prévention des risques professionnels et de
sécurité au sein de l’entreprise

Conclusion

Les relations sociales et professionnelles dans l’entreprise jouent un rôle primordial


dans la bonne gestion et la stabilité au sein de l’organisation lui permettant ainsi de faire
face à une conjoncture toujours aussi difficile et concurrentielle. Le code du travail
marocain a installé les bases de cette représentation pour les entreprises, reste que ces
instances réussissent à maintenir une relation équilibrée pour entretenir un climat
social bénéfique pour tous.
Bibliographie

 Mohamed Korri YOUSSEF, la protection des travailleurs dans le


cadre de la relation du travail au Maroc

 Khalid BOUKAICH, le droit du travail au Maroc, relations


individuelles, relations collective, édit 2019

 Le code du travail Marocain, édit, 2022

 Interview avec Mohamed OULKHOUIR et le Matin.ma

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