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Les élections professionnelles

Votre entreprise organise des élections professionnelles et vous ignorez précisément de quoi il
s’agit. Nous revenons sur les points cruciaux de cette procédure, dont notamment son intérêt
pour les salariés, l’organisation des élections et les règles qui s’y rapportent.
1) De quoi s’agit-il ?
a) Présentation des élections et de leur utilité
Les élections professionnelles permettent d’élire des représentants des salariés dans les
entreprises. Il peut s’agir de désigner des représentants du personnel dans les entreprises de
11 salariés et plus ou de mettre en place un Comité d’entreprise dans les entreprises de 50
salariés et plus. Ainsi, pour que des élections professionnelles aient lieu dans une entreprise,
il faut qu’un seuil d’au moins 11 salariés ait été atteint sur une période de 12 mois,
consécutifs ou non, au cours des trois dernières années.

Mais pourquoi désigner des représentants du personnel ? Ces derniers vont jouer le rôle
d’intermédiaire entre l’employeur et les salariés, notamment faire remonter les réclamations
individuelles ou collectives de ces derniers. Par ailleurs, ils sont consultés par l’employeur
avant que ce dernier ne prenne certaines mesures relatives, par exemple, à la durée du travail
ou à la formation professionnelle. Enfin, ils jouent le rôle d’interlocuteur avec l’inspection du
travail qu’ils peuvent saisir pour tout problème. Pareillement, le Comité d’entreprise assure
l’expression collective des salariés et permet la prise en compte de leurs intérêts dans les
décisions relatives à la vie de l’entreprise. Dans ce cadre, il peut faire des propositions à
l’employeur ou examiner certains projets que ce dernier souhaite mettre en place. Il gère par
ailleurs les activités sociales et culturelles.

b) Des commissions paritaires interprofessionnelles dans les TPE


A noter qu’à partir du 1er juillet 2017, des commissions paritaires régionales
interprofessionnelles seront créées au niveau régional. Leur mission sera de représenter les
salariés et employeurs des entreprises de moins de 11 salariés. Ces commissions seront
notamment chargées d’informer et de conseiller les salariés sur les lois et conventions qui les
concernent ainsi que de se pencher sur des problématiques spécifiques aux TPE. Les électeurs,
au niveau des TPE, devront être âgés d’au moins 16 ans, n’avoir fait l’objet d’aucune
interdiction, déchéance ou incapacité relative à leurs droits civiques et devront être inscrits
sur la liste électorale de la région dans laquelle est située l’employeur.

2) Dans les entreprises d’au moins 11 salariés


L’élection de délégués du personnel doit être organisée tous les 4 ans par l’employeur qui ne
peut s’y soustraire, au risque d’être sanctionné pénalement. Si les conditions d’au moins 11
salariés atteints pendant 12 mois consécutifs ou non sont remplies, un salarié ou un syndicat
peut demander à l’employeur d’organiser la désignation de délégués du personnel au cas où il
n’en existerait pas encore.

Les électeurs sont tous les salariés âgés d’au moins 16 ans, travaillant depuis au moins 3 mois
dans l’entreprise et ne faisant l’objet d’aucune interdiction, déchéance ou incapacité relative
à leurs droits civiques. Les candidats doivent être âgés d’au moins 18 ans et travailler depuis
au moins un an dans l’entreprise. Ils doivent s’être inscrits comme électeur et ne pas avoir de
lien familial avec l’employeur. Entre 11 et 25 salariés dans l’entreprise, un seul délégué sera
désigné. Entre 26 et 49 salariés, 2 délégués devront être élus.

3) Dans les entreprises d’au moins 50 salariés


Comme indiqué précédemment, une fois ce seuil atteint, un Comité d’entreprise doit être
constitué. Mais cela ne signifie pas que ce dernier va remplacer les délégués du personnel ; il
va simplement s’y ajouter. Un même salarié peut à la fois être délégué du personnel et
représenter ce dernier via un second mandat comme membre du Comité d’entreprise. Les
élections des délégués du personnel et des représentants du personnel au CE ont lieu en même
temps, tous les 4 ans, dès lors que l’effectif de 50 salariés a été atteint pendant 12 mois
consécutifs ou non, sur les trois dernières années.

Les conditions pour être électeur ou candidat sont les mêmes que pour la désignation des
délégués du personnel. Il peut y avoir de 3 à 15 représentants au Comité d’entreprise selon
que l’effectif. Ainsi, une entreprise de 50 salariés aura 2 délégués du personnel et 3
représentants au CE. Tous les 25 salariés supplémentaires au niveau de l’effectif, il faudra
compter un délégué et un représentant au CE supplémentaire. Ainsi, dans une entreprise de 75
salariés on trouvera 3 délégués du personnel et 4 représentants au CE, dans une entreprise de
100 salariés, il y aura 4 délégués du personnel et 5 représentants au CE etc…

4) L’organisation des élections


Un salarié ne peut être candidat que dans le collège électoral auquel il appartient. On
distingue le collège des ouvriers/employés et celui des techniciens, agents de maîtrise,
ingénieurs et cadres. Les élections se déroulent pendant le temps de travail. On peut
différencier deux étapes : le protocole électoral et le scrutin.
a) Le protocole électoral
Le protocole électoral va préciser les modalités de l’élection. Il s’agit d’un accord collectif
négocié entre l’employeur et des organisations syndicales (qui peuvent être non
représentatives) et qui va contenir diverses informations telles que la date et l’heure du
scrutin, la composition des collèges électoraux, la date limite des dépôts de candidatures
etc… Une fois le protocole électoral établi et accepté par l’employeur et les organisations
syndicales présentes, il peut être procédé aux élections par scrutin secret. L’employeur va
être tenu d’informer les salariés, plus ou moins longtemps avant la date du scrutin, selon
qu’un nouveau seuil de salariés (11 ou 50) a été dépassé (90 jours avant) ou non (45 jours
avant).

b) Les élections
La désignation de représentants du personnel peut se faire au niveau de l’entreprise mais
aussi au niveau d’un établissement de l’entreprise. Les élections vont se dérouler en deux
tours. Lors du premier tour de ces élections professionnelles, seules les organisations
syndicales représentatives dans l’entreprise ou l’établissement pourront présenter des listes
de candidats. Si moins de 50% des électeurs inscrits ont voté, un second tour va être organisé
et tout salarié respectant les conditions pourront se présenter comme candidat. Seuls les
résultats de ce second tour détermineront les élus.

Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2017, la composition des listes de candidats doit respecter
le principe de parité homme-femme. Ainsi, il devra être tenu compte du nombre d’électeurs
inscrits sur les listes pour déterminer une proportion de femmes et d’hommes. Proportion qui
devra être équivalente dans la présentation de candidats par les organisations syndicales. Par
exemple, dans une entreprise de mode où l’électorat va être composé de 30% d’hommes et de
70% de femmes, pour 1 candidat homme, une organisation syndicale devra présenter en
parallèle 2 candidats femmes.

5) le mandat
Les représentants du personnel sont élus pour une durée de 4 ans et leur mandat est
renouvelable. Cependant il est possible qu’avant ce terme, un représentant quitte
l’entreprise, ne remplisse plus les conditions pour exercer ce mandat ou encore, soit contraint
par l’organisation syndicale qui l’a présenté, de renoncer à son mandat. Il sera alors remplacé
par un autre délégué, dit délégué suppléant, dont la candidature avait été présentée lors des
précédentes élections mais qui n’avait pas été élu. Ce délégué suppléant exercera le mandat
jusqu’aux élections suivantes.
Si pour une raison ou une autre, une entreprise perd au moins la moitié de ses délégués du
personnel ou qu’un des deux collèges n’est plus représenté, l’employeur devra organiser de
nouvelles élections, mais uniquement pour que soit désigné le ou les représentants du
personnel manquant. En théorie, au regard des conditions pour être candidat, un salarié à
temps partiel dans plusieurs entreprises pour être délégué du personnel dans chacune d’entre
elles. Mais la loi vient limiter cela en contraignant tout candidat dans cette situation à choisir
une seule entreprise où il exercera les fonctions de représentants du personnel.

6) La délégation unique du personnel


Dans les entreprises comprenant entre 50 et 299 salariés, l’employeur peut décider de
regrouper les institutions qui représentent le personnel ; c’est-à-dire les délégués du
personnel, le Comité d’entreprise et le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de
travail (CHSCT) qui est chargé de veiller à ce que les salariés travaillent dans de bonnes
conditions et en toute sécurité.
La délégation unique du personnel permet notamment une meilleure coordination entre les
différentes instances représentatives du personnel, notamment grâce à des réunions que
l’employeur doit organiser au moins une fois tous les deux mois. Un ordre du jour commun
devant être prévu pour chaque réunion. Par ailleurs, une expertise commune peut être
demandée lorsqu’elle porte à la fois sur des sujets relevant du CE et du CHSCT. Enfin, la
délégation unique du personnel comptera de 4 à 12 délégués avec un nombre équivalent de
suppléants, selon l’effectif de l’entreprise.
7) Une possible annulation des élections professionnelles
Le 7 décembre 2016, la Cour de cassation a rendu plusieurs décisions rappelant que des
élections peuvent être annulées pour diverses causes ; le plus souvent des irrégularités dans
la procédure. Ainsi, les élections peuvent être remises en cause en cas de protocole électoral
contestable, de mauvaise information des électeurs, d’impartialité de l’employeur etc… Le
tribunal de grande instance est la juridiction compétente pour s’occuper du contentieux des
élections professionnelles.

Cependant, il peut être difficile pour les salariés de contester ces élections, notamment par
manque d’information. Le plus souvent ce sont les organisations syndicales qui effectuent un
recours si elles le jugent opportun. Par ailleurs, lorsque la contestation porte sur la régularité
de l’élection, la déclaration n’est recevable que si elle est faite dans les quinze jours suivant
l’élection. En cas d’irrégularité, il pourra être procédé à de nouvelles élections
professionnelles.

Conclusion :
Afin de défendre les intérêts des salariés, mais aussi d’assurer une bonne communication entre
ces derniers et l’employeur, des représentants du personnel sont désignés via des élections à
scrutin secret qui se déroulent tous les 4 ans en entreprise. Plus une entreprise comptera un
effectif élevé, plus il y aura de représentants du personnel. La désignation de ces derniers
représente un enjeu de taille pour le dialogue social et la défense des intérêts des salariés.
C’est pourquoi, en cas d’irrégularités, il est possible d’exercer un recours pour demander de
nouvelles élections. Le plus souvent, ce sera un syndicat qui aura intérêt à agir, s’il estime par
exemple que l’employeur a écarté un des candidats présentés par ce syndicat, par n’importe
quel moyen, comme la désinformation par exemple.

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