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Liaisons sociales Quotidien ‐ L'actualité, Nº 17988, 29 janvier 2020

Un accord collectif ne peut déroger au non-cumul des mandats d’élu et de RS au CSE

Mis à jour le 29/01/2020

La jurisprudence s’est déjà prononcée en faveur d’une incompatibilité de principe entre les mandats d’élu et de représentant syndical au comité social et
économique (CSE). Un arrêt du 22 janvier vient renforcer l’interdiction pour un même salarié de cumuler ces deux mandats, en précisant qu’un accord
collectif ne permet pas de déroger à la règle.

Un salarié ne peut siéger, au sein du même


comité, sous la double qualité de membre
élu e t d e représentant syndical.
Initialement rendue sous l’empire de la
législation relative au comité d’entreprise
(Cass. soc., 17 juillet 1990, nº 89‐60.729),
cette jurisprudence a été transposée au CSE
peu après l’intervention des ordonnances
Macron (Cass. soc., 11 septembre 2019, nº
18‐23.764 PB ; v. l’actualité nº 17899 du 18
septembre 2019). Le cas échéant, le salarié
devra donc opter entre l e m a n d a t d ’élu
(qu’il soit titulaire ou suppléant) et celui de
représentant syndical. C e t t e r è g l e n e
souffre aucun tempérament. La chambre
sociale ajoute en effet, dans un arrêt du 22
janvier, qu’un accord collectif ne saurait
autoriser un tel cumul.

Suppléant désigné RS au CSE


Un employeur demandait l’annulation de la
désignation d ’ u n salarié e n t a n t q u e
représentant syndical au CSE de l’un de ses établissements. Cette désignation avait été opérée sur le fondement de l’article L. 2314‐2 du Code du travail, qui permet
à chaque syndicat représentatif, dans les entreprises de 300 salariés et plus, de désigner un représentant pour siéger, avec voix consultative, au sein du CSE. On
rappellera que dans les entreprises de moins de 300 salariés, le délégué syndical est de plein droit représentant syndical au CSE (C. trav., art. L. 2143‐22).

L’employeur invoquait une incompatibilité avec le mandat d ’élu suppléant que le salarié détenait au sein du même CSE d’établissement. Pour contourner
l’interdiction, ce dernier se prévalait toutefois d’un accord collectif sur le dialogue social, conclu le 13 juillet 2018, lequel ne comportait aucune exclusion ni distinction
entre les deux mandats.
Un tel accord pourrait‐il, même de manière implicite, permettre à un salarié de siéger au CSE sous la double casquette d’élu et de représentant syndical ? Ni le tribunal
d’instance, ni la Cour de cassation n’ont admis le procédé.

Incompatibilité s’imposant à l’accord collectif


La Haute juridiction reprend, tout en le complétant, le principe posé le 11 septembre 2019 : « un salarié ne peut siéger simultanément dans le même comité social et
économique en qualité à la fois de membre élu, titulaire ou suppléant, et de représentant syndical auprès de celui‐ci, dès lors qu’il ne peut, au sein d’une même
instance et dans le même temps, exercer les fonctions délibératives qui sont les siennes en sa qualité d’élu et les fonctions consultatives liées à son mandat de
représentant syndical lorsqu’il est désigné par une organisation syndicale sans qu’un accord collectif puisse y déroger ».

La solution est logique. La règle du non‐cumul se justifie par les finalités distinctes des deux fonctions : un même salarié ne peut, sur une même question débattue
en réunion de CSE, se prononcer avec voix délibérative au nom des salariés (en sa qualité d’élu), et avec voix consultative pour faire connaître la position du syndicat
qu’il représente (en qualité de représentant syndical). L’existence d’un accord collectif ne change rien à l’impossibilité technique d’assumer simultanément ces deux
rôles. Une disposition conventionnelle en faveur du cumul devra donc être laissée inappliquée.

La chambre sociale n’opère par ailleurs aucune distinction selon que le salarié est élu en tant que titulaire ou suppléant. Un accord collectif ne saurait donc autoriser
un suppléant à cumuler son mandat avec celui de représentant syndical, peu important que, depuis les ordonnances Macron, le suppléant ne siège plus aux réunions
en même temps que le titulaire (C. trav., art. L. 2314‐1).

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Obligation d’opter pour l’un des mandats
Face à une telle situation de cumul, la Cour de cassation a approuvé la décision du tribunal d’instance enjoignant au salarié d’opter dans un délai de 15 jours à
compter du jugement, entre la fonction de membre suppléant au CSE et celle de représentant syndical à ce même comité. À défaut de choix exprimé dans le délai
imparti, le mandat de représentant syndical sera alors caduc.
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 96 du 22 janvier 2020, Pourvoi nº 19‐13.269

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