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Comme nous l'avons expliqué lors de la première semaine, l'énergie doit être
disponible au moment et à l'endroit où elle est nécessaire - la réponse est le
stockage de l'énergie. Pour le gaz naturel, des solutions de stockage existent et sont
déployées depuis longtemps. Cette option présente une série d'avantages, dont
l'équilibre entre l'offre et la demande, la sécurisation de l'offre tout en offrant plus de
souplesse.
Le stockage souterrain est concentré aux États-Unis et en Europe (figure 3), avec une
capacité de gaz utile d'au moins 424 milliards de m3 pour un maximum de 672
installations. La capacité de gaz utile représente la quantité de gaz soutirée des
stockages et livrée au réseau gazier. Cette quantité est limitée par la pression du
réseau lui-même et par des problèmes de production locale telle que la production
d'eau. Le gaz que vous ne pouvez pas retirer est appelé gaz tampon, il fait partie
des dépenses en capital du projet. Il ne sera jamais produit et peut représenter
environ 40 à 50 % du volume de stockage.
Pour les cavités salines, nous vous recommandons de regarder le contenu du bonus
'Storengy'. La capacité de stockage peut varier de quelques bcm à plusieurs
dizaines de bcm.
FIGURE 5 : SCÉNARIOS DE PIÈGES GÉOLOGIQUES POUR LE STOCKAGE DU CO2 DANS UN AQUIFÈRE SALIN (SOURCE: CO2CRC).
Notre défi est de trouver un bon piège géologique avec d'excellentes propriétés
pétrophysiques : grande porosité et forte perméabilité afin de permettre d'une part,
le stockage et d'autre part, un déplacement facile du gaz, en particulier son retrait
tout en assurant du confinement. En d'autres termes, nous recherchons un aquifère
non potable où le gaz peut être injecté et stocké au sommet, sans aucun risque de
s'échapper de la structure géologique. Notez que le grès mais aussi certaines
formations carbonatées peuvent présenter de telles propriétés. Un piège approprié
signifierait que les fluides sont confinés par une couche de roche de recouvrement
étanche comme l'argile.
Tel que présenté dans notre MOOC Oil and Gas, lorsqu'on recherche des fluides
hydrocarbonés, trouver un si bon piège repose sur l'imagerie sismique du sous-sol et
son interprétation du point de vue géologique. Les dimensions du piège doivent être
suffisantes pour que le projet soit économiquement viable. Si c'est le cas, l'étape de
forage permettra de confirmer les propriétés de la roche en termes de capacité de
stockage et d'écoulement des fluides. Ensuite, une modélisation du réservoir est
effectuée afin d'examiner la viabilité du projet en termes d'économie et de sécurité.
Si tout se passe bien, le projet peut être lancé progressivement.
Dès que la structure est validée, quelques puits sont forés pour permettre
l'exploitation du site mais aussi pour permettre l'étude du site comme l'exige la
législation nationale (Figure 6). En France, il est également obligatoire de surveiller les
aquifères supérieurs et de contrôler le déplacement et le confinement du gaz dans
le réservoir de stockage, de sorte que quelques puits sont également consacrés à
cette tâche.
FIGURE 6 : REPRÉSENTATION SCHÉMATIQUE D'UNE INSTALLATION DE STOCKAGE SOUTERRAIN DE GAZ AVEC LES DIFFÉRENTS TYPES DE PUITS (SOURCE
STORENGY).
FIGURE 7 : ÉVOLUTION DE LA PRESSION DU RÉSERVOIR LORS DU PREMIER REMPLISSAGE DU RÉSERVOIR DE L'INSTALLATION SOUTERRAINE (SOURCE :
ADAPTÉ DE DEFLANDRE ET HUGUET, 2002).
Dans notre exemple, juste après la fin de la deuxième phase d'injection, un court test
de production a été effectué pour vérifier la capacité de prélèvement de gaz du
site.
Mais après (figure 8), c'est une histoire à long terme : stocker le gaz en été et le
soutirer pour le consommer en hiver avec une période de montée en puissance de
quelques années pour atteindre la capacité de stockage maximale. Il est intéressant
de noter que la pression maximale est observée lors du remplissage initial du réservoir
lorsque le gaz doit pénétrer dans l'aquifère salin tout en poussant le fluide en place.
Ensuite, des volumes importants de gaz sont stockés, la compressibilité du gaz, les
débits de gaz et la réponse dynamique de l'aquifère salin définiront alors le niveau
de pression du réservoir. Il est à noter que la quantité de gaz stockée à la pression
maximale pendant le remplissage initial du réservoir est inférieure au quart de la
quantité de gaz stockée à la fin de l'été 1999.
Dans la pratique, chaque site fait l'objet d'un suivi permanent afin de garantir la
sécurité des opérations mais aussi d'optimiser ses performances. L'objectif est
d'essayer d'apporter une solution à la demande en gaz du réseau national de la
manière la plus efficace possible. La pression du puits, les débits de gaz et la
production d'eau sont enregistrés en continu. L'acquisition de données sismiques, de
diagraphies de puits et l'échantillonnage des aquifères sont effectués régulièrement
; ou sur demande selon les besoins spécifiques.
Avant la première injection de gaz, il est essentiel d'avoir enregistré les données de
référence pertinentes qui seront nécessaires pour l'interprétation future des nouvelles
acquisitions de données. Dans un monde où les technologies évoluent rapidement,
il peut être très difficile de prévoir correctement les besoins de base. Par conséquent,
une large gamme de mesures est généralement prise.
FIGURE 9 : L'ACQUISITION DE DONNÉES DE BASE, ÉTAPE CLÉ POUR LE SUIVI ET L'INTERPRÉTATION À LONG TERME DES DÉPLACEMENTS DE GAZ (SOURCE :
ADAPTÉ DE DEFLANDRE ET HUGUET, 2002).
Les mesures en fond de puits et leur combinaison avec des capteurs de surface
permettent de cartographier l'endroit où le gaz migre dans la structure géologique
lors du remplissage initial du réservoir et par la suite.
Cette méthodologie est connue sous le nom de sismique 4D. Elle illustre l'évolution de
l'utilisation des acquisitions sismiques au cours des dernières décennies, passant
d'une technique d'exploration par imagerie souterraine à une technique de
surveillance axée sur les variations des propriétés du sol dans le temps. Plus la
saturation en gaz est élevée, plus la réduction de l'impédance acoustique est
élevée, ce paramètre étant le produit de la densité du matériau par la vitesse de
l'onde acoustique dans le milieu (Z=V). En présence de gaz au lieu de saumure, les
deux paramètres diminuent. L’impédance acoustique est donc très sensible à
FIGURE 10 : 2D VARIATIONS DE L'IMPÉDANCE ACOUSTIQUE AU NIVEAU DU RÉSERVOIR À PARTIR D'ACQUISITIONS SISMIQUES À INTERVALLE DE TEMPS
(SOURCE : ADAPTÉ DE DUBOIS ET AL. 1998).
References
Cedigaz, Natural Gas in the World, 2017 edition, October 2017.
CO2CRC: http://www.co2crc.com.au/
Deflandre, J-P. and Huguet, F., (2002),"Microseismic monitoring on gas storage
reservoirs: a ten-year experience", 17th World Petroleum Congress, Block 3
Forum 19, Rio Brazil, Sept. 1st – 5th , 2002.
Dubois JC, Huguet F. and Laurent J. (1998), “Well seismic monitoring by using
permanent downhole geophones: equipment, results and prospect”. EAGE
Workshop: Reservoir monitoring. The route to greater value. Contribution of
Institut Français du Pétrole, Leipzig.