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M2 DFPA

COURS DE POLITIQUE DE COMMERCIALISATION


DES PRODUITS AGRICOLES

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Plan

Introduction
 Définition
 Cadre juridique
Première partie : la réglementation de la commercialisation intérieure
Chapitre 1 : les acteurs de la commercialisation
Section 1 : les structures d’encadrement et de financement
Paragraphe 1 : les structures d’encadrement
A les structures à vocation générale (Ministères, chambre de commerce,
chambre d’agriculture
B Les structures à vocation spéciale (OCPV, CCA , CCC)
Paragraphe 2 : les structures de financement
A les banques
B les microfinances
Section 2 : les acteurs de la chaine des valeurs
Paragraphe 1 : les producteurs
A les producteurs individuels
B les OPA
Paragraphe 2 : les commerçants
A Les acheteurs de produits
B Les exportateurs/importateurs
C Les transformateurs
Paragraphe 3 : les organisations interprofessionnelles agricoles
Chapitre II : les opérations de commercialisation
Section 1 : l’achat au producteur
Paragraphe 1 : le contrat d’achat classique
A le prix
B la qualité et la quantité

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Paragraphe 2 : Le contrat d’achat nouveau : l’agriculture contractuelle
A notion
B contenu du contrat
Section 2 : La transformation et la distribution
Paragraphe 1 : la transformation
A la transformation industrielle
B la transformation manuelle et semi industrielle

Paragraphe 2 : la distribution
A les marchés de gros
B les marchés de détail
Deuxième partie : la commercialisation extérieure
Chapitre 1 : la réglementation nationale de la commercialisation extérieure
Section 1 : les acteurs de la commercialisation
Paragraphe 1 : le ccc
A organisation
B attributions
Paragraphe 2 : les exportateurs et les autres acteurs
A les exportateurs
B les autres opérateurs
Section 2 : la réglementation des opération d’exportation
Paragraphe 1 : les opérations techniques
A le contrôle qualité
B le traitement phytosanitaire
Paragraphe 2 : les opérations financières
A le paiement des redevances au CCC
B Le paiement des impôts (DUS)

Chapitre 2 : la réglementation internationale de la commercialisation


Section 1 la réglementation multilatérale : l’OMC
Section 2 : la réglementation régionale : UE/ACP

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Introduction
 Définition de commercialisation
La commercialisation est l’action de commercialiser. Commercialiser signifie « mettre
sur le marché », proposer à la vente.
Au plan strictement juridique, la commercialisation se traduit par la conclusion d’un
contrat. Il peut s’agit d’un contrat civil ou d’un contrat commercial. Le caractère civil
ou commercial d’un contrat est déterminé par l’environnement dans lequel il est
conclu. Il est commercial si, pour l’une des parties au moins, il constitue un acte de
commerce, c’est-à-dire un acte ou un fait juridique qui par sa forme, sa nature ou la
qualité de commerçant de son auteur, est soumis aux règles du droit commercial
(solidarité présumée, liberté de preuve par ex.) Dans les autres cas, le contrat est
civil.
Dans notre cas d’espère, il s’agit de contrat qui porte sur la vente de produits
agricoles. Ainsi la commercialisation met en relation deux types d’acteurs : le
producteur et l’acheteur (qui peut être soit un commerçant, soit un consommateur
final).
Les produits agricoles concernés sont soit des produits bruts, soit des produits qui
ont subi une transformation (produits finis ou semi finis).
La commercialisation des produits agricoles peut inclure plusieurs autres types de
contrat dont le contrat de transport (terrestre ou maritime) et le contrat d’assurance.
La commercialisation des produits agricoles s’appuie sur trois éléments : le prix ; la
quantité et la qualité du produit.
La commercialisation des produits agricoles pose une série de question majeures :
La recherche de débouchés, les prix pratiqués, la transformation, la recherche
agricole, le transport, le conditionnement et le stockage, la sécurité alimentaire, la
fiscalité.

 Cadre juridique :
Au plan interne
On peut noter des textes d’ordre général et des textes spécifiques.
 Textes de portée générale :
 La Constitution ;
 Le code civil
 La loi d’orientation agricole de Côte d’Ivoire
 L’ordonnance sur la concurrence
 Ordonnance sur les OIA

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 Textes de portée spécifique :
Ce sont des textes qui traitent spécifiquement de la commercialisation de certains
produits agricoles. On observera en la matière que seule la commercialisation des
productions destinées à l’exportation fait l’objet d’une réglementation stricte au
contraire de la commercialisation des productions vivrières.

 Au plan régional :
On peut noter les différents traités créant la CEDEAO, l’UEMOA, l’OHADA

 Au plan universel :
On peut noter, entre autres, les traités instituant l’OMC, les relations UE/ACP

Il faut distinguer entre la commercialisation intérieure et la commercialisation


extérieure. Chaque type de commercialisation répond à des règles spécifiques.

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Première partie : la réglementation de la commercialisation intérieure
La commercialisation intérieure est celle qui se fait à l’intérieur des frontières de la
Côte d’Ivoire. Cette forme de commercialisation est soumise au seul droit interne du
pays (en incluant le droit communautaire).

Chapitre 1 : les acteurs de la commercialisation

Section 1 : les structures d’encadrement et de financement

Paragraphe 1 : les structures d’encadrement

A les structures à vocation générale (Ministères, chambre de commerce,


chambre d’agriculture

B Les structures à vocation spéciale


(OCPV, CCA , CCC)

L’OCPV a été créé par le décret 84-934 du 27 juillet 1984, modifié par le décret 92-
14 du 08 janvier 1992. C'est un Etablissement Public National à caractère
Administratif doté de la personnalité morale et d'une autonomie financière.

Il est également sous la tutelle financière du Ministère de l'Economie et des finances

L'OCPV est chargé d'aider à l'amélioration de la commercialisation des produits


vivriers en Côte d'Ivoire, mais cela en tant qu'organe d'encadrement, de formation,
d'assistance et de conseil.

Il est soumis à un conseil de gestion de réunissant quatre (4) fois par an et est
composé de huit (8) membres.

Paragraphe 2 : les structures de financement


A Les banques commerciales
Les banques sont des entreprises qui ont pour profession habituelle de recevoir des
fonds dont il peut être disposé par chèque ou virements et qu’elles emploient pour
leur propre compte ou pour le compte d’autrui en opération de crédits ou de
placements.
Les banques commerciales accompagnent l’activité commerciale par l’octroi de prêts
aux entreprises.
Aujourd’hui, les principales banques commerciales sont la SGBCI, la BIAO CI ; la
BICICI, la Standard chatered BANK, etc.
Les conditionnalités des banques pour l’accès au crédit semblent très contraignantes
pour certaines catégories de commerçants qui, de ce fait, n’y ont pas accès.
Relativement réduit pour les PME modernes, le financement des investissements par
les banques est très faible pour les autres catégories d’entreprises. Des études ont
montré

B Les institutions de micro crédit

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Le réseau CREP-COOPEC, géniteur de la FENACOOPEC-CI, a été créé en 1976
par l’Etat avec l’aide du centre international du crédit mutuel. Le but était de
permettre aux populations rurales de financer des activités afin de promouvoir le
développement du milieu rural.
La loi n°96-562 du 22 juillet 1996, portant réglementation des institutions mutualistes
ou des coopératives d’épargne et de crédit a dessaisi le ministère de l’Agriculture de
la tutelle des institutions d’épargne et de crédit pour la confier au ministère chargé
des Finances.

Section 2 : les acteurs de la chaine des valeurs

Paragraphe 1 : les producteurs

A les producteurs individuels

Les producteurs sont assimilés ici aux agriculteurs ou exploitants agricoles. La


question essentielle est de savoir qui est exploitant agricole et quelle réglementation
régit les exploitants agricoles.
La loi d’orientation agricole définit l’agriculteur comme étant la personne qui exerce à
titre principal et en tire l’essentiel de ses ressources, une profession agricole.
En tant que telle, la qualité d’agriculteur ne fait pas l’objet d’une réglementation
spécifique. Toutefois, la loi d’orientation agricole prévoit des appuis pour les
agriculteurs.

B les OPA
La loi d’orientation agricole définit l’Organisation professionnelle agricole comme
« tout groupement de personnes physiques ou morales, à vocation agricole, qui
décident de s’unir pour la défense de leurs intérêts auprès des pouvoirs publics et
des tiers… »
Les agriculteurs peuvent se regrouper en diverses formes d’organisations
professionnelles agricoles dont la plus connue est la forme de société coopérative.
En dehors de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives, les sociétés
coopératives ne font pas l’objet d’une réglementation particulière. Cependant, pour
certains secteurs d’activités dont spécifiquement le secteur du café-cacao, les
sociétés coopératives sont soumises à des formalités pour obtenir un code. C’est ce
code qui leur permet d’exercer leurs activités. Pour obtenir ce code dont la validité
est d’un an, les sociétés coopératives doivent satisfaire à certaines conditions
notamment celles de l’existence juridique (immatriculation au Registre des sociétés
coopératives, publicité dans un journal d’annonces légales), existence d’un siège
social, capacités technique et financière à exercer les activités prévues à l’objet
social).

Paragraphe 2 : les commerçants

A Les acheteurs de produits


La dénomination d’acheteur de produits se rencontrent essentiellement dans certains
secteurs d’activités (café-cacao, anacarde). Ceux-ci ont pour objectif d’acheter les
produits aux producteurs et de les revendre aux exportateurs.

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Dans le vivrier, les acheteurs de produits seront assimilés aux commerçants de gros,
demi-gros et détaillants. Les acheteurs peuvent vendre à d’autres acheteurs ou
directement aux consommateurs.
La profession d’acheteur de produits épouse plusieurs formes juridiques. Il peut
s’agir d’une profession exercée à titre individuel ou dans le cadre d’une société
commerciale (SA ou SARL). Aujourd’hui, de plus en plus, des acheteurs se
regroupent en sociétés coopératives pour exercer leurs activités.
L’activité d’acheteur de produits est fondée sur le principe de la liberté
d’entreprendre. Toutefois, il existe quelques exceptions, principalement au niveau du
café-cacao et de l’anacarde. Dans ces différents secteurs d’activité, la profession est
soumise à une autorisation préalable qui se traduit par un agrément. Il en va ainsi du
décret N°2012-1009 du 17 octobre 2012 fixant les conditions d'exercice de la
profession d'acheteur de produits café et cacao

B Les exportateurs/importateurs
La profession d’exportateur consiste à acheter des produits et de les revendre, soit
en l’état brut, soit après transformation, à l’extérieur du pays.
La profession d’exportateur s’appuie aussi bien sur le droit interne que sur le droit
international, notamment le droit du commerce international.
La profession d’exportateur peut être exercée en tant qu’entrepreneur individuel ou
dans le cas d’une société commerciale ou d’une société coopérative.
Elle est également soumise en principe à la liberté d’entreprise. Toutefois, elle est
assortie de quelques exceptions, notamment dans les filières café-cacao et
anacarde.
Au niveau du secteur de café-cacao, on note le décret N°2012-1010 du 17 octobre
2012 Règlementant la profession d'exportateur de café et de cacao.
Les importateurs sont également des commerçants (personnes physiques ou
morales) dont l’activité est soumise à l’obtention d’un code importateur délivré par le
Ministère du commerce.

C Les transformateurs
Il s’agit d’opérateurs économiques dont l’activité est de transformer les produits bruts
en produits finis ou semi-finis. Les transformateurs sont organisés en sociétés
commerciales (PME grandes entreprises), sociétés coopératives ou entrepreneurs
individuels. On peut noter deux grandes formes de transformation : la transformation
industrielle et la transformation semi industrielle. La première fait appel une
technologie et un outillage de pointe tandis que la seconde demeure quasi
traditionnelle.
Il n’existe pas de réglementation régissant la profession de transformateur.

Paragraphe 3 : les organisations interprofessionnelles agricoles (voir cours sur


les OIA)

Chapitre II : les opérations de commercialisation

Section 1 : l’achat au producteur

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Paragraphe 1 : le contrat d’achat classique
Il repose traditionnellement sur le principe de la vente directe. Ainsi, classiquement,
tout contrat de vente suppose la réunion des éléments suivants : le prix, la qualité et
la quantité.
Ce contrat est régi par les principes de droit commun des contrats, à savoir, la
capacité des parties, le consentement, l’objet et la cause du contrat.

A le prix
La politique des prix est régie par l’ordonnance n°2013-662 du 20 septembre 2013
relative à la concurrence. Cette ordonnance pose le principe de la liberté des prix qui
est assorti d’exceptions.

1 Le principe de la liberté des prix


L’ordonnance n°2013-662 du 20 septembre 2013 relative à la concurrence dispose
en son article 2, que les prix des biens, produits ou services échangés en Côte
d'Ivoire sont librement déterminés par le jeu de la concurrence. Ainsi, la liberté de
fixer les prix participe du maintien de la concurrence. Cependant, la loi nuance ce
principe en distinguant entre les bonnes et les mauvaises ententes. C’est ainsi que
sont interdites les ententes ayant pour objet de manipuler les prix ou de limiter le
fonctionnement normal du marché.
La liberté des prix s’accompagne de la transparence des prix. A cet effet, la publicité
des prix est obligatoire par marquage, étiquetage, affichage. La facturation est
également obligatoire. Le principe de la liberté des prix est de rigueur en matière de
commercialisation des produits vivriers. Toutefois, la transparence des prix n’est pas
toujours respectée sur les marchés.

2 Exceptions au principe
La liberté des prix connait des atténuations. Ainsi, l’article 3 de l’ordonnance de 2013
énonce que « Le Gouvernement peut réglementer les prix des biens, produits et
services de première nécessité ou de grande, consommation, après avis de la
Commission de la Concurrence, et de la Lutte contre la Vie chère et notamment
lorsque la concurrence par les prix est limitée en raison de situation de monopole ou
de dispositions législatives ou réglementaires. »
C’est ainsi que peut se justifie le fait que l’Etat fixe d’autorité, les prix de certains
produits en raison de leur importance pour l’économie nationale. C’est le cas pour les
prix du café, du cacao, du coton et de l’anacarde. Le non-respect des prix fixés
constitue une faute susceptible de sanction.

B la qualité
Elle est essentielle en matière de sécurité sanitaire des produits. Il existe des
réglementations de la qualité de certains produits, notamment ceux destinés à
l’exportation.
Il en va ainsi du secteur du café-cacao. La qualité du café exportable est
réglementée par le décret N°2012-1012 du 17 octobre 2012 fixant les modalités de
conditionnement des cafés verts à l'exportation. Celle du cacao exportable est régie
par le Décret N°2012-1011 du 17 octobre 2012 fixant les modalités de
conditionnement du cacao à l'exportation. Mais de façon générale, la qualité est une
priorité pour l’Etat au regard de la loi d’orientation agricole. En effet, selon l’article

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152. r-: « L'Etat s'assure de la qualité des produits agricoles à travers notamment
l'identification des produits agricoles, la sécurité sanitaire et les modes de production
respectueux de l'environnement. »

Paragraphe 2 : Le contrat d’achat nouveau : l’agriculture contractuelle


A la notion
L'agriculture contractuelle est un système de production agricole fondé sur des
accords commerciaux (contrats) entre les acheteurs de l'industrie agroalimentaire et
les agriculteurs et autres exploitants agricoles. Dans certains cas, cela implique que
l'acheteur spécifie le niveau de qualité requis et le prix d'achat, tandis que les
agriculteurs s'engagent à livrer la production à une date convenue.
Le plus souvent, toutefois, des contrats fixent précisément les conditions de
production de produits agricoles et de leur livraison dans les locaux de l'acheteur.
L'agriculteur s'engage à fournir des quantités convenues d'un produit de culture ou
d'élevage, sur la base de normes de qualité et d'exigences de livraison fixées par
l'acheteur. En retour, l'acheteur, généralement une entreprise, accepte d'acheter le
produit à l'agriculteur, souvent à un prix établi à l'avance. La société s'engage
également souvent à assister l'agriculteur, par exemple, par la fourniture d'intrants,
une assistance pour la préparation de la parcelle, la fourniture de conseils
techniques et l'enlèvement des produits.

B Avantages et inconvénients
L’agriculture contractuelle peut présenter des avantages et des inconvénients tant
pour les agriculteurs que pour les acheteurs, comme cela apparaît ci-dessous.
Toutefois, l’augmentation des contrats négociés dans le monde semble indiquer que
les aspects positifs ont tendance à l’emporter sur les facteurs négatifs.

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 Contactez-nous
 Termes et conditions

 Alerte aux messages frauduleux

 Signaler un cas de mauvaise conduite

 Emploi

 Achats

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Section 2 : La transformation et la distribution
Paragraphe 1 : la transformation
A Les objectifs
La politique de l’Etat, clairement affichée est de transformer au moins 50% des
produits agricole.
La transformation concerne aussi bien les produits vivriers que les produits
d’exportation.
Au niveau des productions industrielles phares (café cacao, anacarde), la
transformation est au plus bas (30% pour le cacao et 5% pour l’anacarde).

La transformation constitue un axe de la politique agricole (article 5 LOACI). Cette


transformation se fait de façon industrielle

B les mesures prévues


l’Etat s’est engagé à prendre diverses mesures. Ainsi, « dans le cadre de la
valorisation énergétique des produits et sous-produits agricoles, l’Etat encourage et
soutient la recherche orientée vers les variétés et les cultures à fort potentiel
énergétique ainsi que les technologies simples pour les besoins de production et
d’utilisation » (article 70). De même, l’Etat s’engage à favoriser « l’intégration des
activités de production, de conservation et de première transformation des produits
agricoles » (article 148). Il met en œuvre « une politique de promotion des filières
agricoles basée sur une meilleure organisation de la production, de la conservation,
de la transformation et de la commercialisation » (article 156).

Paragraphe 2 : la distribution
Ici, nous traiterons essentiellement de la distribution des produits vivriers.
A la différence des productions d’exportation, les produits vivriers ne font pas l’objet
d’une réglementation spécifique rigoureuse même si la LOACI dispose en son article
164 que « l’Etat…organise et réglemente les circuits de commercialisation agricole
des produits agricoles. »

A les marchés de gros


Il existe quelques marchés de gros (marché de gros de Bouaké), des circuits de
distribution mais cela reste à généraliser ; ce qui pose un problème d’accès au
produit ; ainsi l’article 163 de la LOACI dispose que l'Etat, en concertation avec les
collectivités territoriales et les services spécialisés met en œuvre une politique de
réhabilitation et d'entretien du réseau routier, notamment par le reprofilage des pistes
rurales et de desserte.
L'Etat, en concertation avec les collectivités territoriales et les services spécialisés,
met en œuvre une politique de réhabilitation des marchés de gros existants et la
création de nouveaux marchés de gros dans chaque région.
Par ailleurs, il est important de diversifier, aussi bien les productions que les
marchés. C’est pourquoi, L'Etat s’engage, à travers la LOACI, à créer les conditions
de compétitivité et d'accès aux marchés extérieurs. Tout cela pose le problème de
l’information sur les marchés.

B les marchés de détail

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La distribution en détail est essentiellement tournée vers le consommateur. Celle-ci
peut se faire soit sur les marchés de quartier, soit dans les grandes surfaces.
La distribution en détail induit la question de la sécurité alimentaire au triple point de
vue de la qualité (conditions de stockage et de conservation, notamment), de la
disponibilité (quantité) et du prix.

Deuxième partie : la commercialisation extérieure

Chapitre 1 : la réglementation nationale de la commercialisation extérieure


L’alinéa 2 de l’article 2 l’ordonnance de 2013 dispose que « L'importation en Côte
d'Ivoire, l'exportation et la réexportation hors de Côte d'Ivoire, sous un régime
douanier quelconque des marchandises étrangères ou non de toute origine et de
toute provenance sont libres. »
L’article 2 fixe ainsi le principe de la liberté d’importation et d’exportation. C’est sur la
base de ce principe que des commerçants peuvent librement importer du riz, en
complément de la production nationale. Tout comme certains produits, notamment
les produits de rente sont essentiellement destinés à l’exportation : café, cacao, huile
de palme, coton, anacarde, caoutchouc, etc.
Cependant, ce principe est également atténué par l’alinéa 2 de l’article 3 de
l’ordonnance. Aux termes de cette disposition, certaines marchandises peuvent être
soumises à la procédure d'agrément ou à limitation à l'importation.
Ainsi, l’exportation du café, du cacao, de l’anacarde est soumise à cette procédure
d’agrément.

Nous intéresserons principalement à l’exportation du café et du cacao. Le choix de


ces spéculations s’explique par leur importance pour l’économie ivoirienne.

Section 1 : les acteurs de la commercialisation


Paragraphe 1 : les acteurs étatiques
A Les administrations douanière et fiscale
L’exportation du café et du cacao fait intervenir l’administration douanière du seul fait
qu’il s’agit de traverser la frontière. Ainsi, des droits de douanes doivent être
acquittés par l’exportateur. L’article 12 de l’ordonnance N°2011-481 du 28 décembre
2011 fixant les règles relatives à la commercialisation du café et du cacao dispose
que l'exportation du café et du cacao est soumise aux dispositions du Code des
Douanes.

L’administration douanière dispose ainsi du pouvoir d’établir des statistiques.


De la même manière, l’exportation entraîne le paiement de divers impôts.

B le Conseil du Café et du Cacao


Le Conseil de Régulation, de Stabilisation et Développement de la filière Café-Cacao
en abrégé : Conseil du Café-Cacao, est créé par l’ordonnance N°2011-481 du 28
décembre 2011 fixant les règles relatives à la commercialisation du café et du cacao.
La tutelle du Conseil du Café-Cacao est assurée par le Ministère de l’Agriculture au

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plan technique et par le Ministère de l’Economie et Finances au plan financier.

Le Conseil du Café- Cacao est chargé de trois missions principales :

En matière de régulation
 Assurer la gestion de toutes les activités de la Filière Café-Cacao ;
 Contrôler la qualité du Café et du Cacao ;
 Agréer les opérateurs de la Filière Café-cacao ;
 Assister le gouvernement dans les négociations des accords ; internationaux
portant sur la commercialisation du Café et du Cacao et d’en assurer la mise
en œuvre ;
 Assurer la participation financière de l’Etat aux organisations internationales
du Café et du Cacao ;
 Encadrer le développement des projets visant à contribuer à l’amélioration de
la qualité des produits.
En matière de stabilisation
 Réaliser la prévision des récoltes du Café et du Cacao ;
 Procéder au suivi des stocks physiques du Café et du Cacao ;
 Fixer les prix d’achat aux producteurs de Café et de Cacao et de veiller au
respect de l’application de ces prix ;
 Organiser et contrôler la commercialisation intérieure du café et du cacao ;
 Organiser et contrôler la commercialisation extérieure du café et du cacao ;
 Gérer la messagerie électronique pour les opérations de vente à l’exportation
du café et du cacao ;
 Mettre en œuvre les mécanismes de stabilisation des prix au bénéfice des
producteurs de Café et de Cacao ;
 Gérer les opérations de conditionnement et d’exportation du Café et du
Cacao ;
 Mettre en place un système de compensation entre le prix d’achat garanti aux
producteurs et le prix de vente à l’exportation du Café et du Cacao ;
 Produire et de diffuser les statistiques au plan national et international ;
 Concevoir et exécuter des programmes d’actions commerciales ;

En matière de développement
 Rechercher et mettre en œuvre toutes mesures visant à accroître la
productivité du café et du cacao ;
 Rapprocher les innovations technologiques et de la recherche scientifique des
producteurs ;
 Aider le Gouvernement à lutter contre les pires formes du travail des enfants
dans la cacaoculture ;
 Favoriser l’amélioration de la qualité de la production et le conditionnement du
Café et du Cacao ;
 Promouvoir la transformation industrielle du Café et du Cacao ;
 Promouvoir les opérateurs nationaux exportateurs de Café et de Cacao ;
 Promouvoir le Café et le Cacao ivoiriens sur le marché international ;
 Elaborer avec les structures d’accompagnement et de développement ainsi
qu’avec les partenaires de la Filière Café-Cacao, les conventions dans les

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domaines de la recherche, de la vulgarisation et du Conseil Agricole et d’en
suivre l’exécution ;
 Organiser la veille stratégique et sanitaire de la Filière Café-Cacao en vue de
l’anticipation des enjeux et des défis du secteur ;
 Assurer la promotion de la consommation nationale ;
 Favoriser la contribution de la Filière Café-Cacao au développement rural ;
 Réaliser toutes autres activités entrant dans le cadre de ses missions et
d’attribution sauf avis contraire du Gouvernement.

Paragraphe 2 : les acteurs privés


A les exportateurs (voir supra)
L'exportation du café et du cacao est réservée aux opérateurs ci-après :
- les sociétés de droit ivoirien ayant pour objet l'exportation de café et de
cacao : ces sociétés sont généralement des sociétés commerciales dont
certaines sont des multinationales et d’autres sont des Petites et moyennes
entreprises détenues par des nationaux et appelées petites et moyennes
entreprises exportatrices (PMEX) ;
- les organisations professionnelles agricoles ayant pour objet l'exportation de
café et de cacao : dans l’esprit du décret, ces OPA sont assimilées à des
associations alors que par définition, la notion d’OPA inclut les sociétés
coopératives ;
- les producteurs de café et de cacao : il s’agit des sociétés coopératives qui
disposent d’un agrément en qualité d’exportateur. Ces sociétés coopératives
sont les COOPEX (coopératives exportatrices).

Ces opérateurs doivent être titulaires d'un agrément en qualité d'exportateur de café
et de cacao en cours de validité. L’agrément est délivré par l'organe chargé de la
régulation de la Filière Café-Cacao et de la stabilisation des prix du Café et du Cacao
dans les conditions fixées par décret.

B les autres opérateurs


Ce sont essentiellement les sociétés de traitement phytosanitaire, de contrôle
qualité, de transit et de transport maritime.
L’activité des sociétés phytosanitaire est soumise à un agrément annuel délivré par
le Conseil du Café et du Cacao.

Aux termes de l’article 11 de l’ordonnance, toute exportation de café et de cacao s'effectue


conformément aux règles relatives au conditionnement des produits, au contrôle de qualité et au
traitement phytosanitaire, définies par décret.

Les autres activités s’exercent dans le strict respect de la liberté d’entreprise et ne


sont soumises qu’au principe de la déclaration préalable.

Section 2 : la réglementation des opération d’exportation


Paragraphe 1 : les opérations techniques

A le contrôle qualité

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C’est l’activité qui consiste à s’assurer que le produit correspond aux normes et
critères de qualité définis par les textes en vigueur.
La réglementation impose le contrôle qualité avant toute exportation de café ou de
cacao.

B le traitement phytosanitaire
Il est également pratiqué avant l’exportation aussi bien dans les magasins de
stockage que dans les cales des navires destinés au transport des produits.
Le traitement phytosanitaire complète le contrôle qualité en ce qu’il vise à s’assurer
que le produit est sain en n’est pas contaminé par des parasites.

Paragraphe 2 : les opérations financières


A le paiement des redevances au CCC
L’exportation du café et du cacao est soumise au paiement de redevances et de
reversements, payés à l'organe chargé de la régulation de la Filière Café-Cacao et
de la stabilisation des prix du Café et du Cacao.

B Le paiement des impôts


L'exportation du café et du cacao donne lieu au paiement, par l'exportateur au
moment de l'embarquement d'une taxe d'enregistrement et d'un Droit Unique de
Sortie dit DUS, payés à l'Etat.

Chapitre 2 : la réglementation internationale de la commercialisation


Section 1 : Le cadre universel : l’OMC
Les Accords de l'OMC sont longs et complexes car ce sont des textes juridiques portant
sur un large éventail de domaines d'activité : agriculture, textiles et vêtements, activités
bancaires, télécommunications, marchés publics, normes industrielles et sécurité des
produits, réglementation relative à l'hygiène alimentaire, propriété intellectuelle, et bien
plus encore. Cependant, un certain nombre de principes simples et fondamentaux
constituent le fil conducteur de tous ces instruments. Ils sont le fondement du système
commercial multilatéral.

Paragraphe 1 : les principes fondateurs

Le commerce international, tel que résultant des règles de l’OMC s’appuie sur des
principes fondateurs que sont :

A Un commerce sans discrimination

Il se fonde sur deux clauses :

1 La Clause de la nation la plus favorisée (NPF): Aux termes des Accords de l'OMC,
les pays ne peuvent pas, en principe, établir de discrimination entre leurs partenaires
commerciaux. Si vous accordez à quelqu'un une faveur spéciale (en abaissant, par
exemple, le droit de douane perçu sur un de ses produits), vous devez le faire pour tous
les autres membres de l'OMC.

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Ce principe est dénommé traitement de la nation la plus favorisée (NPF) Son
importance est telle qu'il constitue le premier article de l'Accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce (GATT), qui régit le commerce des marchandises. Il est aussi
une clause prioritaire de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS).

2 La clause du Traitement national : égalité de traitement pour les étrangers et


les nationaux. Les produits importés et les produits de fabrication locale
doivent être traités de manière égale, du moins une fois que le produit importé a
été admis sur le marché. Il doit en aller de même pour les services, les marques
de commerce, les droits d'auteur et les brevets étrangers et nationaux. Ce
principe du "traitement national" (accorder à d'autres le même traitement que
celui qui est appliqué à ses propres nationaux) figure aussi dans tous les trois
principaux Accords de l'OMC (article 3 du GATT, article 17 de l'AGCS et article 3
de l'Accord sur les ADPIC), même si, là encore, il est énoncé en des termes
légèrement différents d'un accord à l'autre.

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Le traitement national s'applique uniquement une fois qu'un produit, service ou élément
de propriété intellectuelle a été admis sur le marché. Par conséquent, le prélèvement de
droits de douane à l'importation n'est pas contraire à ce principe même lorsqu'aucune
taxe équivalente n'est perçue sur les produits de fabrication locale.

B La libéralisation du commerce progressive et par voie de négociation

L'un des moyens les plus évidents d'encourager les échanges est de réduire les
obstacles au commerce, par exemple les droits de douane (ou tarifs) et les mesures
telles que les interdictions à l'importation ou les contingents qui consistent à appliquer
sélectivement des restrictions quantitatives. Périodiquement, d'autres problèmes
comme les lourdeurs administratives et les politiques de change ont aussi été
examinés.

Il y a eu depuis la création du GATT, en 1947-1948, huit séries de négociations


commerciales. Dans un premier temps, ces négociations étaient axées sur
l'abaissement des taux de droits applicables aux marchandises importées. Elles ont
permis de réduire progressivement les taux des droits perçus par les pays

18
industrialisés sur les produits industriels, qui ont été ramenés vers le milieu des années
90 à moins de 4 pour cent.

Dans les années 80 cependant, le champ des négociations a été élargi pour
comprendre les obstacles non tarifaires au commerce des marchandises et des
domaines nouveaux comme les services et la propriété intellectuelle.

L'ouverture des marchés peut apporter des avantages mais elle exige aussi des
ajustements. Les Accords de l'OMC autorisent les pays à introduire pas à pas les
changements, par une "libéralisation progressive". Les pays en développement
disposent généralement d'un délai plus long pour s'acquitter de leurs obligations.

Paragraphe 2 les grandes négociations


A La question agricole
La conférence a convenu de fixer à la fin 2013 la suppression des subventions à
l'exportation des produits agricoles. Les pays en développement, derrière le Brésil et
l'Inde notamment, demandaient la date de 2010.
Le 28 octobre 2005, la Commission européenne avait fait une nouvelle offre sur la
baisse des droits de douane agricoles, en proposant une réduction de 60% des tarifs
les plus élevés, avec des réductions tarifaires allant de 35 à 60% pour les tarifs les
moins élevés, soit une réduction moyenne de 46%, proposition qui rencontre la
désapprobation de la France. Cette offre était intervenue après l'offre américaine du 10
octobre 2005, par laquelle Washington envisageait une baisse de 60% ou 50% sur cinq
ans des aides internes agricoles.

1 La question du coton
Les subventions aux exportations de coton devront cesser à partir de 2006. Toutefois,
comme le rappellent les producteurs africains (notamment Bénin, Burkina Faso, Mali et
Tchad), 90% des aides aux producteurs américains de coton sont internes. L'accord
définit comme "objectif prioritaire" la réduction des subventions internes.
2 Les exportations des pays les moins avancés (PMA)
les pays développés devront s'engager à importer 97% (le principe d'exceptions,
comme le textile aux Etats-Unis et le riz au Japon, ayant été accepté) des produits des
pays les moins avancés (PMA) sans droit de douane ni contingent à partir de 2008.

Section 2 : les relations UE ACP

19
Paragraphe 1 : Des accords de Lomé à l'accord de Cotonou

A: les accords de LOME

En 1975, 9 pays européens et 46 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP)


signaient la première Convention de Lomé. Cet accord qui établit les relations d'aide et
de commerce entre ces deux régions a été négocié et ratifié entre pays « donateurs » et
pays « bénéficiaires ». En matière commerciale, la particularité de Lomé est de
reconnaître que la différence de développement entre pays européens et pays ACP doit
se traduire par une différence d'obligations. Cela a donné lieu à la mise en place de
préférences commerciales non réciproques.

Les accords de Lomé mettent en place essentiellement le système de préférence.

On parle de préférence commerciale (ou marge préférentielle) pour désigner la


différence de traitement par l'Europe des importations arrivant sur son marché : les
produits originaires des pays ACP bénéficient de droits de douane moins élevés que les
produits originaires des autres pays en développement. Plus la différence est
importante, plus la préférence (ou marge préférentielle) est significative et plus les
produits ACP bénéficient sur le marché européen d'un avantage compétitif par rapport
aux produits non-ACP.

Ces préférences sont dites non réciproques car les pays ACP n'ont pas à accorder aux
produits européens des préférences commerciales par rapport aux produits d'autres
origines1.

Concernant les produits agricoles, deux régimes commerciaux existent :

 Les produits tropicaux (café, cacao, huile de palme et de coprah, etc.) qui
bénéficient d'une entrée en franchise (sans droits de douane) ;
 Les produits concurrençant des produits européens qui sont soumis à certaines
restrictions. Mais c'est aussi sur ces créneaux, où l'accès n'est pas libre, que les
préférences dont bénéficient les produits ACP par rapport aux produits d'autres
origines sont les plus importantes.
La Convention de Lomé n'a pas enrayé la marginalisation des ACP dans les échanges
internationaux : la part des exportations ACP sur le marché européen n'a cessé de
décroître, passant de 6,7 % de l'ensemble des importations européennes en 1976 à 3

1
Exemple : alors que les produits ACP de la catégorie « fleurs coupées, plantes vivantes et arbres » entrent
librement sur le marché européen, les produits équivalents provenant d'Amérique latine par exemple sont soumis
à un droit de douane de 7,4 % en moyenne. La marge préférentielle est donc de 7,4 %.

20
% en 1998. La tendance est la même au niveau des produits agricoles.2

Enfin, les exportations ACP demeurent très dépendantes du marché européen : ainsi,
41% des exportations totales des ACP sont destinées à ce marché.

B l'accord de Cotonou

Le 23 juin 2000, après 18 mois de négociation, l'Union européenne et 77 États


d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ont signé un nouvel accord de partenariat
régissant leurs relations d'aide et de commerce. Le nouvel accord, l'Accord de Cotonou,
est conclu pour 20 ans (avec clause de révision tous les 5 ans). Il est « doté » d'un
budget de 13,5 milliards d'euros pour les 5 premières années. Il succède à la
Convention de Lomé dont la cinquième version s'est achevée en février 2000.

Du point de vue commercial, l'Accord de Cotonou engage une réforme radicale : des
accords de libre-échange entre l'Union européenne et des groupes régionaux ACP
devraient succéder au système des préférences non réciproques, au plus tard en 2008.
Cette réforme aura inéluctablement un impact considérable sur les pays ACP. De fait,
ce nouvel accord, d'essence libérale, en rupture totale avec la vision initiale de Lomé,
risque d'aller à l'encontre d'un véritable développement économique et social durable
des pays ACP.

Les trois raisons évoquées pour expliquer la réforme de l'Accord de Lomé sont :

 La non-conformité de son volet commercial avec les règles de l'OMC,


 L'inefficacité de ce volet en termes d'insertion des pays ACP dans le commerce
mondial et
 La redéfinition, par l'Europe, de l'organisation de ses échanges avec les pays

2
Entre 1962-64 et 1991-93, la part de marché des produits alimentaires exportés par l'Afrique subsaharienne
sur les marchés de l'OCDE est passée de 8 à 2,3 %, celle des matières premières agricoles de 5,6 à 2,9 %. Les
pertes concernent surtout les produits agricoles traditionnels, comme les produits oléagineux, le cacao et le café.

21
tiers.

Paragraphe 2 : Contenu de l'accord de Cotonou

A : Objectifs et principes

1 Objectifs

Les accords de Cotonou posent comme objectif principal, la réduction de la pauvreté.


L'idée n'est pas neuve, elle correspond aussi au discours choisi par la Banque mondiale
ces dernières années.

Les accords de Cotonou précisent que cette lutte se fera « en cohérence avec (…) une
intégration progressive des Etats ACP dans l'économie mondiale ». C'est un
changement radical d'orientation par rapport à Lomé qui visait à réformer l'ordre
économique international3. Les autres objectifs4 poursuivis à travers les APE devraient
permettre de soutenir l'insertion dans l'économie mondiale des pays ACP.

2 Principes

Un principe novateur et essentiel fait son apparition, celui de la « participation » et de


l'ouverture du partenariat à différents types d'acteurs, notamment issus de la société
civile. Par ailleurs, le rôle central du dialogue est mis en exergue.

En reconnaissant le rôle de la société civile, les accords de Cotonou apportent une


innovation importante et très positive. Le texte adopté retient deux principes essentiels.
Les acteurs non étatiques « sont informés et impliqués dans la consultation sur les
politiques et stratégies de coopération ainsi que sur le dialogue politique », ce qui
signifie qu'ils participent à la définition des priorités du pays dans le cadre de la
programmation en amont. D'autre part, « ils reçoivent des ressources financières », ce

3
Alors que la coopération sous Lomé avait pour but « un développement global autonome et auto-entretenu
(des Etats ACP) fondé sur leurs valeurs sociales et culturelles, leur capacité humaine, leurs ressources
naturelles, leurs potentialités économiques, etc. », les accords de Cotonou souscrivent au concept de
développement dans la logique du marché et du libéralisme.

4
Ces objectifs sont :

 promouvoir l'intégration régionale, en mettant l'accent sur la construction de blocs commerciaux


régionaux,
 crédibiliser les politiques économiques et commerciales ACP, en rendant conformes les accords
régionaux avec les règles de l'OMC et en établissant une forte contrainte extérieure sur les politiques
commerciales ACP,
 réduire ainsi le pouvoir des lobbies nationaux,
 favoriser l'investissement intérieur et extérieur, en donnant davantage confiance aux investisseurs,
 améliorer de ce fait la compétitivité des économies intérieures grâce à l'ouverture des frontières.

22
qui leur donne la possibilité d'avoir un accès direct aux possibilités de financement
communautaire.

B : la nouvelle coopération commerciale

1 Les modalités de la coopération commerciale

Les APE comprennent d'autres dimensions. En particulier, il est prévu de soutenir les
pays ACP pendant la phase préparatoire. Cela pourrait notamment prendre la forme
d'une compensation partielle des coûts d'ajustements fiscaux et de balance des
paiements liés au processus de libéralisation.

Des appuis sont également prévus sur les autres dimensions du commerce : services,
concurrence, propriété intellectuelle, mesures sanitaires et phytosanitaires, commerce
et environnement, etc. Il s'agit essentiellement de soutenir les efforts de mise en
conformité des législations nationales avec les règles multilatérales.

2 La portée de la coopération commerciale

Les préférences commerciales non-réciproques de la Convention de Lomé ont fait


l'objet de vives critiques pour n'avoir pas amélioré la situation économique des pays
ACP. Partant de ce constat, les accords de Cotonou ont programmé la fin de ce
système pour 2008 et son remplacement par le libre-échange commercial, qui permet
de respecter les règles de non-discrimination et de réciprocité de l'OMC (Organisation
Mondiale du Commerce).

L'OMC prévoit que l'ouverture du marché doit s'effectuer selon des règles de
réciprocité. Les ACP seront donc obligés d'ouvrir leur marché aux produits de l'UE, en
échange de quoi l'UE leur accorde une aide financière pour compenser le coût de
l'ouverture. Même les systèmes de quota avec des prix garantis dans le cadre des
Protocoles de Lomé sur les produits de base, tels la banane, le sucre, la viande bovine
et le rhum, sont promis à terme au démantèlement.

Au total, les APE sont en vigueur depuis le 1 er janvier 2008, mais ils ne sont pas
obligatoires. Les PMA qui ne signeront pas d'APE bénéficieront de toute façon d'un libre
accès au marché européen pour tous leurs produits dans le cadre de l'initiative « tous
sauf les armes ».

23
Par contre, les pays ACP non-PMA qui ne signeraient pas d'APE perdront une partie de
leurs avantages et seront soumis à un dispositif alternatif (SPG probablement).
L'Accord de Cotonou créé donc une distorsion entre pays ACP PMA et non-PMA.

Pour ce qui concerne le bloc ouest de l’Afrique (CEDEAO), un APE a été signé le 3
septembre 2016 en l’union européenne et la CEDEAO.

24

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