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L’entreprise inclusive, elle avance à

coups d’injonctions paradoxales


Par Challenges.fr le 04.11.2023 à 08h00 Lecture 5 min.
TRIBUNE - En transformant sa structure sociologique, en renforçant la participation de la
société civile pour désamorcer la méfiance et développer la réciprocité des bénéfices,
l’entreprise inclusive peut contribuer à changer le capitalisme. Encore faut-il que l’Etat
n’exerce pas une pression trop forte, estime l’Institut du Capitalisme Responsable.

L'implication des salariés - en tant que partie prenante de l'entreprise - est l'une des clés
pour transformer une structure en entreprise inclusive.
AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE

L’inclusion est une mission trop importante pour être confiée à un seul acteur. L’Etat,
l’entreprise et toutes les parties prenantes doivent s’y engager ensemble. On avait cru l’État
en repli, mais le Covid l’a remis au premier plan. Il joue un rôle essentiel en créant un cadre
juridique et réglementaire favorable à l’inclusion.

Les lois antidiscriminatoires, les mesures incitatives et les programmes de diversité sont
autant d’outils que l’État met en place pour soutenir les entreprises inclusives. Mais dans le
même temps, la puissance publique exerce des pressions sur les entreprises pour qu’elles
atteignent des objectifs économiques et créent des emplois. Avec, à la clé, des tensions
possibles entre aspirations sociétales, exigences sociales et performances économiques des
entreprises inclusives, plaçant ces dernières devant des choix délicats.

Le grand défi d’une société inclusive et équitable


L’entreprise est devenue l’épicentre de nouveaux intérêts collectifs, un espace qui suscite
les attentes de toutes les parties prenantes internes comme externes : actionnaires, citoyens,
consommateurs, associations, pouvoirs publics. Elle a une responsabilité éthique vis-à-vis
de chacune d’entre elles : contribuer à l’avènement d’une société plus inclusive et équitable.

Cette responsabilité éthique peut parfois être lourde à porter. Les entreprises inclusives sont
soumises à des attentes élevées de la part de la société. Elles doivent non seulement mettre
en œuvre des initiatives d’inclusion internes, mais aussi agir en faveur de causes sociales et
se positionner sur des questions sociétales. L’entreprise est attendue en permanence sur tous
ces chantiers. Et c’est sous l’impulsion de ces exigences qu’elle doit créer du commun et de
la cohérence.

Aujourd’hui, l’entreprise se veut un vrai espace de cohésion sociale qui prend en compte les
diversités, à l’image de la société. En mars 2023, le groupe Apicil soulignait dans son
baromètre « Les Français et l’inclusion » que 86 % des Français (96 % des jeunes) voient un
rôle pour les entreprises dans les avancées sociétales. Le groupe de formation
professionnelle Cegos affirme que les enjeux d’inclusion sont un critère « important » dans
le choix d’un nouvel employeur pour 84 % des salariés dans le monde (77 % en France).
Dans une période où le recrutement est parfois extrêmement difficile, les recruteurs veulent
pouvoir mettre en avant leur engagement sociétal et social comme argument d’attractivité.
L’entreprise doit offrir un cadre à la fois pour l’expression des potentialités individuelles et
pour le bien-être collectif. A cet effet, elle doit adopter une politique d’inclusion ciblée sur
ses collaborateurs, en combinant dispositifs de promotion de la diversité et lutte contre les
discriminations.

Pression des salariés


Mais attention, la mise en œuvre de cette politique d’inclusion doit respecter les principes
éthiques que l’entreprise s’est fixés à elle-même, sous peine d’être dénoncée par certaines
parties prenantes, ce qui pourrait écorner sa réputation, et entraîner le désengagement de ses
collaborateurs. En 2022, le baromètre Imagreen révélait que sur dix salariés ne se
reconnaissant pas dans l’application concrète des valeurs de leur entreprise, six envisagent
de la quitter.
Les parties prenantes ont développé des modes d’expression à impact dotés d’une capacité
d’influence indéniable. Le développement du droit souple (soft law) et l’adoption de normes
internationales permettent aux associations et aux salariés (à travers l’expression des
groupes de salariés affinitaires - ERG - et des organisations syndicales) de se mobiliser en
cas de manquements présumés. Risque alors de s’instaurer un dialogue marqué par un fort
antagonisme, laissant peu de place à l’entreprise pour faire entendre sa stratégie.

Pour l’entreprise, l’équilibre à atteindre est subtil : faire adhérer les différentes populations,
sans générer d’opposition paralysante. En effet, des politiques trop ciblées peuvent
provoquer frustration et incompréhension chez les collaborateurs. Par un travail de
pédagogie, les Responsables Diversité et Inclusion ont la lourde charge d’expliquer que les
mesures prises par l’entreprise ne sont pas communautaristes ; qu’elles ont pour unique but
de lutter contre toutes formes de discrimination en interrogeant sans relâche nos pratiques,
afin de donner à chacune et chacun les mêmes opportunités de réussite au sein du groupe ;
qu’un environnement inclusif, c’est un espace dans lequel chaque salarié peut faire de ses
singularités une force au service du collectif.

Changer le capitalisme
Enfin, les Responsables Diversité et Inclusion doivent sensibiliser les parties prenantes à la
complexité des sujets, tout en acceptant les désaccords féconds qui permettent de « faire
société » et en montrant la valeur intrinsèque profonde qu’apporte la diversité des profils et
des parcours.

Voilà l’horizon. Au-delà de l’obéissance aux règles de la « compliance », l’entreprise


inclusive doit travailler étroitement avec l’ensemble des parties prenantes pour trouver son
propre chemin d’inclusion. Les injonctions paradoxales qu’elle y subit seront
provisoirement déstabilisantes, mais le jeu en vaut la chandelle. Car en transformant sa
structure sociologique, en renforçant la participation de la société civile pour désamorcer la
méfiance et développer la réciprocité des bénéfices, elle change de dimension et peut
contribuer à changer le capitalisme.

1er Paragraphe : L'entreprise inclusive a la capacité de changer le capitalisme en changeant sa


composition sociale, en favorisant la participation de la société civile pour réduire la méfiance et
promouvoir la réciprocité des avantages. Cette transformation dépend tout en partie de l'État qui ne
doit pas emmètre une pression élevée d’après l'Institut du Capitalisme Responsable.

2ème paragraphe : L'inclusion ne peut pas être la responsabilité d'un acteur unique. L'État, les
entreprises et toutes les parties prenantes doivent collaborer pour promouvoir l'inclusion. Alors
même que l'État avait semblé en retrait, la pandémie de Covid-19 l'a réaffirmé comme un acteur
majeur, en jouant un rôle crucial dans la création d'un cadre légal et réglementaire favorable à
l'inclusion.

3ème paragraphe : Les lois contre la discrimination, les incitations et les programmes de diversité sont
des moyens que l'État met en place pour aider les entreprises inclusives. Cependant, en parallèle, les
autorités publiques mettent également la pression sur les entreprises pour qu'elles atteignent des
objectifs économiques et créent des emplois.

4ème paragraphe : L'entreprise est maintenant au centre des nouveaux intérêts collectifs, générant
des attentes chez toutes les parties prenantes, tant internes qu'externes, y compris les actionnaires,
les citoyens, les consommateurs, les associations et les pouvoirs publics. Elle porte une responsabilité
éthique envers chacune de ces parties prenantes, consistant à contribuer à la création d'une société
plus inclusive et équitable.

5ème paragraphe : Assumer cette responsabilité éthique peut être un fardeau considérable. Les
entreprises inclusives font face à des attentes élevées de la part de la société. Elles doivent non
seulement promouvoir l'inclusion en interne, mais aussi s'engager pour des causes sociales et
prendre position sur des questions de société. Cela signifie qu'elles sont constamment sollicitées sur
ces fronts et qu'elles doivent répondre à ces attentes en créant de la cohérence et en favorisant le
bien commun.

6ème paragraphe : Aujourd'hui, les entreprises cherchent à devenir de véritables lieux de cohésion
sociale qui prennent en considération la diversité, reflétant ainsi la société. En mars 2023, le groupe
Apicil a souligné dans son baromètre "Les Français et l'inclusion" que 86 % des Français (et 96 % des
jeunes) estiment que les entreprises ont un rôle à jouer dans le progrès sociétal. De plus, le groupe
de formation professionnelle Cegos affirme que, dans le monde entier, 84 % des salariés (77 % en
France) considèrent que les enjeux liés à l'inclusion sont un critère "important" dans le choix de leur
futur employeur.

7ème paragraphe : La mise en œuvre d'une politique d'inclusion au sein de l'entreprise doit
impérativement respecter les principes éthiques que l'entreprise s'est elle-même fixés, sous peine
d'être critiquée par certaines parties prenantes, ce qui pourrait nuire à sa réputation et entraîner le
désengagement de ses collaborateurs. En 2022, le baromètre Imagreen a révélé que sur dix salariés
qui ne se sentent pas en adéquation avec les valeurs concrètes de leur entreprise, six envisagent de
la quitter.

8ème paragraphe : L'entreprise doit trouver un équilibre subtil en mobilisant différentes populations
sans susciter une opposition paralysante. En effet, des politiques trop ciblées peuvent entraîner de la
frustration et de l'incompréhension parmi les collaborateurs.

9ème paragraphe : Les Responsables Diversité et Inclusion doivent jouer un rôle essentiel en
sensibilisant toutes les parties prenantes aux sujets complexes tout en étant ouverts aux désaccords
constructifs qui favorisent la création d'une société harmonieuse.

10ème Paragraphe : L'objectif à atteindre est clair : au-delà de la conformité aux règles de la
"compliance", l'entreprise inclusive doit collaborer étroitement avec toutes les parties prenantes
pour définir sa propre voie vers l'inclusion. Bien que les injonctions paradoxales auxquelles elle est
soumise puissent temporairement perturber, les avantages en valent la peine.

Résumé du texte :

Cet article met en avant l'idée que les entreprises inclusives ont le potentiel de transformer le
capitalisme en modifiant leur structure sociologique et en renforçant la participation de la société
civile. Cependant, il souligne que l'État ne devrait pas exercer une pression excessive à cet égard.
L'article insiste sur le rôle clé des employés en tant que parties prenantes pour rendre une entreprise
inclusive. Il explique que l'inclusion est une mission trop importante pour être déléguée à un seul
acteur, et que l'État, les entreprises et toutes les parties prenantes doivent collaborer pour la
promouvoir.

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