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Leonardo

da Vinci
La musique
secrète
Doulce Mémoire
Denis Raisin Dadre
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Tracklist

Léonard de Vinci, la musique secrète


Par Denis Raisin Dadre
The Hidden Music of Leonardo
By Denis Raisin Dadre
Das musikalische Geheimnis des Leonardo da Vinci
Von Denis Raisin Dadre

Léonard de Vinci, un musicus en avance sur son temps


par Denis Raisin Dadre et Vincent Delieuvin
Leonardo da Vinci, a MUSICUS ahead of his time
By Denis Raisin Dadre and Vincent Delieuvin
Leonardo da Vinci, ein Musicus, der seiner Zeit voraus war
von Denis Raisin Dadre und Vincent Delieuvin

10 TABLEAUX EN MUSIQUE / PAINTINGS IN MUSIC / GEMÄLDE UND IHRE MUSIK


par / BY / VON Denis Raisin Dadre

biography

Sung texts
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

L’ANNONCIATION LA VIERGE À L’ENFANT AVEC SAINTE ANNE


FRATER PETRUS JEAN L’HÉRITIER (vers 1480-vers 1551)
1 Ave Maria 3’39 9 Ave Mater Matris Dei 3’58
Petrucci, Laude libro secundo, fols. 43v Ms. Bol Q 20, fols. 53

MARCHETTO CARA (vers 1470-vers 1525)


2 Ave Maria à 4 1’50
Petrucci, Laude libro secundo, fols. 17v
3 Vergine immaculata (instrumental) 1’52
Petrucci, Laude libro secundo, fols. 50
4 Ave Maria à 5 2’11
Petrucci, Laude libro secundo, fols. 41

PORTRAIT DE MUSICIEN LA VIERGE AUX ROCHERS


JOSQUIN DESPREZ (vers 1450-1521) DOMENICO DA PIACENZA (vers 1390-vers 1470)
10 Bel fiore (instrumental) 1’54
5 Planxit autem David 6’52 De arte saltandi et choreas ducendi
Petrucci, Motetti C, fols. 13v
FRANCESCO SPINACINO (fl. 1507)
11 Recercare (instrumental) 1’48
Petrucci, Intabulatura de Lauto, Libro primo, Venezia 1507
ANONYME
12 Poi che t’hebbi nel core (contrafactum
de Fortuna desperata) 1’48
Ms. Grey, fols. 79v
ANONYME
13 Fortuna desperata (instrumental) 1’20
LA BELLE FERRONNIÈRE Ms. Bologna Q 18, fols. 28v-29
6 Basse danse Venus (instrumental) 4’52 JOHANNES DE PINAROL (vers 1467-vers 1536)
réalisation musicale d’après la chorégraphie notée 14 Poi che t’hebbi nel core 1’29
Lorenzo dei Medici, Firenze, Codex Magliabechi XIX, 88 Canti C, fols. 68v-29
FRANCESCO PATAVINO (1478-1556) HEINRICH ISAAC (vers 1450-1517)
7 Donne, venete al ballo 2’05 15 Fortuna desperata / Sancte Petre, ora pro nobis 1’34
Mss Biblioteca Marciana Ms. Segovia, fols. 117v-118
MARCHETTO CARA
8 Tante volte si si si 2’48
Petrucci, Frottole Libro Undecimo
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LE BAPTÊME DU CHRIST PORTRAIT D’ISABELLE D’ESTE


JACOB OBRECHT (vers 1457-1505) BARTOLOMEO TROMBOCINO (vers 1470-1535)
16 Agnus Dei (Missa Fortuna desperata) 6’48
20 Non val’ acqua 2’35
I-Mod, alfa.m.1.2 Lat.457, Choralis liber, folio 111v Petrucci, Frottole Libro Tertio, fols. 17v

MICHAEL PESENTI (1475-1521)


21 L’acqua vale al mio gran foco 2’30
Petrucci, Frottole Libro Tertio, fols. 29v

MARCHETTO CARA
22 Gli pur gionto el giorno 1’42
Petrucci, Frottole Libro Tertio, fols. 11v

FIRMINUS CARON (fl. 1460-1475)


LA JOCONDE 23 Tanto l’afano (Le despourvu infortuné) 5’07
Ms. Casatanense 2856, fols. 44
ANONYME
17 Rime, sonetto XVIII – Pétrarque, 2’58
récité sur Per sonetti
Petrucci, Frottole Libro Tertio, fols. 45v

ANONYME
18 Lucrecia pulchra (Mona Lisa pulchra) 5’34
Ms Bol. Q 20, fols. 85v-87
SAINT JEAN BAPTISTE
JOHANNES DE LA FAGE (fl. 1520)
24 Elizabeth Zachariæ 5’07
Petrucci, Motetti della Corona, Libro secundo, fols. 24

PORTRAIT DE GINEVRA BENCI


HAYNE VAN GHIZEGHEM (vers 1445-1497)
19 De tous biens playne 5’36
AB : chansonnier Laborde, fols. 62v-63r
A : Odhecaton, fols. 22v-23r
A : Ms. Bologna Q 18, fols. 48r
AB : Alexander Agricola, Ms. Flor c 2439, fols. 67v-68r
AB : Josquin Desprez, Ms. Mun 239, fols. 15v-16r
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

DOULCE MÉMOIRE
DENIS RAISIN DADRE DIRECTION

CLARA COUTOULY SOPRANO


MARNIX DE CAT ALTO
HUGUES PRIMARD TÉNOR
MATTHIEU LE LEVREUR BARYTON
MARC BUSNEL BASSE

PASCALE BOQUET LUTHS ET GUITARE RENAISSANCE DE DIDIER JARNY, 2002,


2003 ET 2011
BÉRENGÈRE SARDIN HARPE RENAISSANCE DE RENZO SALVADOR, 2003
NOLWENN LE GUERN VIOLA D’ARCO 5 CORDES DE MARCO SALERNO, 2004 ;
VIOLE 6 CORDES D’APRÈS UN MODÈLE D’ANTONIO CICILIANO DE MARCELO
ARDIZZONE, 1995
8 BAPTISTE ROMAIN VIÈLE TRECENTO DE JUDITH KRAFT, 2007 ; 9
LIRA DA BRACCIO D’UGO CASALONGA, 2013 ET 2015
DENIS RAISIN DADRE FLÛTE ALTO EN SOL D’APRÈS VIRDUNG,
DE FRANCESCO LI VIRGHI, 2017 ; FLÛTE TÉNOR D’APRÈS L’ORIGINAL SIGNÉ HIER.S,
DE FRANCESCO LI VIRGHI, 2009
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FRANÇAIS
LÉONARD DE VINCI, LA MUSIQUE SECRÈTE
PAR DENIS RAISIN DADRE

À l’origine de ce projet, il y a cette réflexion du critique d’art Marcel Brion :


« Dans la Vierge aux rochers, les anges musiciens qui devaient entourer la Vierge sont
relégués sur les côtés du tableau ; Léonard sait que la musique secrète dont ce tableau est
tout sonore ne pourra se faire entendre que s’il éloigne les instruments de musique.
Afin que la musique du tableau lui-même s’élève et s’épanouisse pleinement dans son
accord élémentaire et surnaturel, il faut que les instruments demeurent invisibles car la
musique de la Vierge aux rochers émane de l’eau, des plantes, du vent se mouvant entre
les failles des roches 1. »

LÉONARD ET LA MUSIQUE
Léonard de Vinci, génie universel, aimait et pratiquait la musique. Il était fameux en son
temps comme joueur et improvisateur sur la lira da braccio, cet instrument joué par
les humanistes et poètes du XVe siècle comme Ange Politiano, Marcile Ficin et Pic de la
Mirandole.
Giorgio Vasari raconte ainsi l’arrivée de Vinci à Milan : « Léonard fut amené à Milan, précédé
de son immense réputation, et présenté, pour jouer du luth, au duc qui appréciait beaucoup
cet instrument. Il en apporta un qu’il avait façonné lui-même presque entièrement en 11
argent et ayant la forme d’un crâne de cheval, forme bizarre et nouvelle qui donnait un
son plus vibrant et plus harmonieux. Aussi l’emporta-t-il sur tous les musiciens qui étaient
accourus ; il se montra, en outre, le meilleur improvisateur de son temps 2. »
Comme nombre de peintres, le premier maître de Léonard de Vinci à Florence, Andrea
del Verrocchio, était musicien. Il faut imaginer l’ambiance de cet atelier où travaillaient
Botticelli, Le Perugin, Ghirlandaio, Lorenzo di Credi…, l’émulation artistique, les chants et
les instruments à disposition – luth, lira, vièles. La musique est partout présente, comme le
raconte Vasari à propos d’une séance de pose de la Joconde :
« Mona Lisa était très belle et [Léonard] s’avisa de faire venir, pendant les séances de pose,
chanteurs, musiciens et bouffons, sans interruption, pour la rendre joyeuse et éliminer cet
aspect mélancolique que la peinture donne souvent aux portraits ; il y avait dans celui-ci
un sourire si attrayant qu’il donnait au spectateur le sentiment d’une chose divine plutôt
qu’humaine, on le tenait pour une merveille, car il était la vie même 3. »
Vinci, dans son traité de peinture, met d’ailleurs en avant le privilège du peintre sur le
sculpteur : il peut écouter de la musique en peignant !
« [Le peintre] est assis très à l’aise devant son œuvre, bien vêtu, agitant un pinceau léger
avec des couleurs agréables, et il est paré de vêtements à son goût, et son logement est
propre et rempli de belles peintures, et souvent il se fait accompagner par la musique ou la
lecture d’œuvres belles et variées, qu’il écoute avec beaucoup de plaisir, sans être gêné par
le bruit des marteaux [du sculpteur] ou par d’autres fracas 4. »
1
Marcel Brion, Léonard de Vinci, Paris, Hachette, 1959.
2
Giorgio Vasari, Vies des artistes (vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes),1550, Grasset, 2007.
3
Ibid.
4
Léonard de Vinci, Traité de la peinture.
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FRANÇAIS
De fait, pour Léonard, explique l’historien Emanuel Winternitz, dans cet environnement, édités par Petrucci de belles pièces à la Vierge, dont la douceur et la sensualité toute
« la musique n’est pas seulement une facette parmi d’autres de son génie créatif mais une italienne s’accordent parfaitement avec les tableaux religieux de Léonard.
partie essentielle de la dynamique de son énergie artistique et scientifique 5 ». Enfin, il a fallu partir sur les traces de tout un continent disparu, la musique improvisée
pratiquée par ces musiciens qui chantaient a l’improvviso et non pas sul libro : les cantastorie
qui chantaient des histoires épiques sur les places publiques des villes, et les joueurs de lira
LES CHOIX MUSICAUX
comme Léonard, qui improvisaient de la poésie devant de nobles assemblées.
Partir à la recherche des musiques qu’aurait pu jouer Léonard est une entreprise vouée Si mes choix sont personnels et à ce titre contestables, j’ai taché d’y apporter une rigueur
à l’échec car, comme tous les joueurs de lira, Léonard improvisait, et il ne reste aucune historique pour être au plus près de l’environnement sonore de Léonard.
trace écrite du répertoire de cet instrument. « Sœur malheureuse de la peinture, la musique Pendant l’enregistrement dans la très belle abbaye de Noirlac, nous avions sous les
s’évanouit tout de suite », écrivait-il dans son traité de peinture. Cette réflexion est encore yeux la reproduction du tableau pour lequel nous jouions, comme source d’inspiration
plus pertinente pour la musique improvisée. permanente.
Il m’a fallu partir à la recherche des musiques qui entraient en résonance avec les tableaux
que j’avais choisis en me donnant pour règle de refuser tout anachronisme. J’entends par
là que la musique de 1470 n’est pas du tout celle de 1519, pas plus que la musique du
Requiem de Brahms de 1868 n’est comparable à celle du Sacre du printemps de Stravinsky
de 1913, bien que ces deux œuvres ne soient séparées que de quarante-cinq ans.
Ce projet a été rendu particulièrement ardu en raison d’une spécificité de la musique
12 italienne pendant la période créatrice de Léonard (1470-1519) : personne ne peut citer un 13
compositeur italien important contemporain de Vinci, car entre la période qui marque la fin
brillante de l’Ars nova italienne du XIVe siècle et l’extraordinaire floraison du madrigal du
XVIe s’étend une sorte de désert musical pour la musique italienne.
Jusqu’en 1501, date de la première édition musicale, les sources sont manuscrites, et
la musique est très majoritairement écrite par des Franco-Flamands, ces compositeurs
venus du Nord que l’on appelait à l’époque Alemanni, Fiamminghi ou Oltramontani. Ils ont
pour noms Alexander Agricola, Hayne Van Ghizeghem, Jacques Barbireau, Josquin Desprez,
Firminus Caron, Johannes Ockeghem, Johannes Martini (qui n’est pas italien !), Loyset
Compère, Robert Morton, Jean Molinet, Antoine Busnoys, Jean Japart, Heinrich Isaac…
pour n’en citer que quelques-uns. C’est l’État bourguignon, au faîte de sa puissance, qui
impose sa musique et sa peinture franco-flamandes au reste de l’Europe.
Il est aussi signifiant que les douze premières partitions éditées en Italie par Ottaviano
Petrucci soient consacrées à la musique franco-flamande. Il faudra attendre 1504 pour voir
apparaître le premier livre de frottole. Voilà la grande nouveauté, qui va fleurir à la cour de
Mantoue sous l’impulsion d’Isabelle d’Este, qui sait s’entourer de musiciens italiens comme
Bartolomeo Tromboncino ou Marchetto Cara. Cela signe le réveil de la musique proprement
italienne, qui débouchera ensuite sur la grande période du madrigal avec la publication en
1533 du premier livre de madrigaux de Verdelot (qui lui non plus n’était pas italien mais
français) !
Une autre forme va aussi se développer en ce début du XVIe, la laude, à usage de la dévotion
privée. Cette musique simple, écrite par des Italiens, tourne le dos à la complexité de la
musique religieuse composée par les Oltramontani. J’ai trouvé dans les deux recueils
5
Emanuel Winternitz, Leonardo da Vinci as a musician, Yale University Press, 1982.
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THE HIDDEN MUSIC OF LEONARDO
BY DENIS RAISIN DADRE

ENGLISH
The inspiration for this project was a reflection by Marcel Brion, the art critic: without being disturbed by the pounding of the sculptor’s hammers or any other such din.’ 4
‘In the Virgin of the Rocks, the angel musicians who would be expected to surround the In fact for Leonardo, explains historian Emanuel Winternitz, ‘Music was not one facet, one
Virgin are relegated to the side panels of the picture; Leonardo has realized that the particle among many others, of his creative power, but an essential (…) part of the whole
hidden music with which this painting resounds cannot be heard unless he removes the structure of his scientific-artistic energy.’ 5
musical instruments. For the music of the painting to emerge and expand to the full, in all
its elementary and supernatural harmony, the instruments must remain invisible: for the THE CHOICE OF MUSIC
music of the Virgin of the Rocks emanates from the water, the plants, and the wind moving
Any quest for music that Leonardo might have played is a hopeless cause as, like all lira
between the clefts in the rocks.’ 1
players, Leonardo improvised on the instrument, and no trace of its repertoire has survived.
‘Music, the unhappy sister of painting, evaporates in an instant,’ he wrote in A Treatise on
LEONARDO AND MUSIC Painting – and that is even more the case with improvised music.
An all-round genius, Leonardo da Vinci not only loved music: he played it as well. He was I gave myself the task of looking for pieces corresponding with the paintings I had chosen,
famed in his time as a performer and improviser on the lira da braccio, an instrument played while rejecting any anachronism. By that I mean that the music of 1470 is not at all the same
by the humanists and poets of the 15th century, such as Angelo Poliziano, Marsilio Ficino as that of 1519, any more than Brahms’s Requiem of 1868 can be likened to Stravinsky’s
and Pico della Mirandola. Rite of Spring of 1913, even though the two works are separated by no more than 45 years.
Giorgio Vasari tells us, speaking of da Vinci’s arrival in Milan: ‘Leonardo was escorted into This project was even more of a challenge due to a particuliarity of Italian music during
Milan, preceded by his immense reputation, and was presented to the Duke that he might Leonardo’s creative period (1470-1519): no one can name an important Italian composer
14 perform on the lute, an instrument the Duke greatly appreciated. He had brought with him who was his contemporary, because between the brilliant culmination of the 14th-century 15
a lute that he had fashioned himself almost entirely in silver, having the form of a horse’s Ars Nova and the extraordinary flowering of the madrigal in the 16th century, Italian music
head, a strange new shape giving a more vibrant and harmonious sound. He also had was virtually a musical desert.
the upper hand over all the musicians who had gathered to perform there; moreover, he Until 1501, the date of the first printed music, the sources for this period are all in
showed himself to be the best improviser of his time.’ 2 manuscript, and the music predominantly by Franco-Flemish composers who during this
Leonardo da Vinci’s first teacher in Florence, Andrea del Verrocchio, was also a musician, as time were known in Italy as ‘Alemanni’, ‘Fiamminghi’, or ‘Oltramontani’: Alexander Agricola,
were many other painters of the period. One can imagine the atmosphere in that workshop, Hayne Van Ghizeghem, Jacques Barbireau, Josquin Desprez, Firminus Caron, Johannes
with Botticelli, Perugino, Ghirlandaio, Lorenzo di Credi, all at work… the spirit of artistic Ockeghem, Johannes Martini (not an Italian, despite the name!), Loyset Compère, Robert
emulation, the singing, the instruments they had available to play: lute, lira, vielles. Music Morton, Jean Molinet, Antoine Busnoys, Jean Japart, and Heinrich Isaac – to name but a
everywhere present, as Vasari narrates of a sitting involving La Gioconda herself: few. Thus the Duchy of Burgundy at the height of its power imposed its music and painting
‘With Mona Lisa (who was extremely beautiful) Leonardo conceived the notion of summoning on the rest of Europe.
singers, musicians and clowns, to perform continuously during the sittings, to put her in a Significantly, the first twelve scores printed and published in Italy by Ottaviano Petrucci
merry mood and eliminate that melancholy aspect that painting can often give to portraits; were dedicated to Franco-Flemish music. It was not until 1504 that the first book of frottole
in this one there was a smile so pleasing that it seemed divine rather than human; those appeared: this important, novel genre was to flower at the court of Mantua, spurred on by
who saw it were amazed, for it seemed to be alive.’ 3 Isabella d’Este, who was able to recruit Italian musicians such as Bartolomeo Tromboncino
Da Vinci in his treatise on painting claims the painter to be more privileged than the sculptor, and Marchetto Cara. This reawakening of genuinely Italian music led to the great period of
for while painting, he can listen to music: the madrigal, with the publication in 1533 of the first book of madrigals by Verdelot (who
‘[The painter] sits down in front of his painting, very much at his ease: well dressed, holding was not Italian either!).6
a light brush, applying agreable colours, clothed as he pleases; his lodgings are clean and Another form in fashion at the beginning of the 16th century was the lauda. This artless,
filled with lovely paintings, and he can often accompany his work with music or by the Italian vocal music, employed in private devotions, turns its back on the complexity of the
reading of a varied choice of belles lettres, which he can listen to with great pleasure, religious music of the Oltremontani. In the two collections of laude printed by Petrucci,

1
Marcel Brion, Léonard de Vinci, Paris: Hachette, 1959. 4
Leonardo da Vinci, A Treatise on Painting.
2
Giorgio Vasari, The Lives of the Most Eminent Painters, Sculptors, and Architects (1550). 5
Emanuel Winternitz, Leonardo da Vinci as a Musician, Yale Univ. Press, 1982.
3
Ibid. 6
Philippe Verdelot was French-born.
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DAS MUSIKALISCHE GEHEIMNIS DES LEONARDO DA VINCI
VON DENIS RAISIN DADRE

I found beautiful pieces dedicated to the Virgin Mary, whose italianate sweetness and Ausgangspunkt dieses Projekts war die Überlegung des Kunstkritikers Marcel Brion:

DEUTSCH
sensuality is in perfect accord with the religious paintings of Leonardo. „Bei der Felsgrottenmadonna sind die musizierenden Engel, die die Jungfrau umgeben
Finally, we had to track down a whole vanished world of musical improvisation, practiced by sollten, an die Seiten des Gemäldes verbannt ; Leonardo weiß, dass die geheime Musik,
musicians singing a l’improvviso rather than sul libro – Italian ballad singers or cantastorie, die dieses Gemälde ganz erfüllt, nur gehört werden kann, wenn er die Musikinstrumente
who sang epic tales in the public city squares, and lira players such as Leonardo who entfernt.
improvised to poetry as they recited it before the assembled nobility. Damit sich die Musik des Gemäldes selbst erheben und voll in ihrem elementaren, über-
Though my choices are personal and therefore open to dispute, I have tried to bring to natürlichen Akkord entfalten kann, müssen die Instrumente unsichtbar bleiben, denn die
them an historical rigour so as to approach Leonardo’s musical environment as closely as Musik der Felsgrottenmadonna kommt aus dem Wasser, den Pflanzen und dem Wind, der
possible. During the recording in the exquisite abbey of Noirlac, we always had before us zwischen den Klüften der Felsen weht. “ 1
a reproduction of whichever Leonardo painting was the subject of our performance, as a
constant source of musical inspiration.  LEONARDO UND DIE MUSIK
Das Universalgenie Leonardo da Vinci liebte und spielte Musik. In seiner Zeit war er als
Lira da braccio-Spieler und Improvisator bekannt. Dieses Instrument wurde von den
Humanisten und Dichtern des 15. Jh. wie Angelo Poliziano, Marsilio Ficino und Giovanni
Pico della Mirandola gespielt.
Giorgio Vasari erzählt die Ankunft da Vincis in Mailand wie folgt: „Leonardo wurde nach
16 Mailand gebracht, wohin ihm sein immenser Ruf voranging, und wurde dem Herzog vorge- 17
stellt, um Laute zu spielen, denn dieser schätzte das Instrument sehr. Er brachte eine mit,
die er selbst gebaut hatte, die fast ganz aus Silber war und die Form eines Pferdeschädels
hatte, eine merkwürdige, neue Form, die einen vibrierenderen und harmonischeren Ton
hervorbrachte. So übertraf er alle Musiker, die herbeigeeilt waren; er zeigte sich außerdem
auch als der beste Improvisator seiner Zeit. “ 2
Wie viele Maler war Andrea del Verrocchio, Leonardo da Vincis erster Lehrmeister in Florenz,
Musiker. Man muss sich die Stimmung in diesem Atelier vorstellen, in dem Botticelli, Pietro
Perugino, Ghirlandaio, Lorenzo di Credi usw. arbeiteten, den künstlerischen Wetteifer, den
Gesang und die zur Verfügung stehenden Instrumente Laute, Lira, Fideln. Die Musik war
überall präsent, wie Vasari in Hinblick auf einen Moment des Modellsitzens für die Mona
Lisa erzählt:
„Mona Lisa war sehr schön, und [Leonardo] kam auf die Idee, während des Modellsitzens
ununterbrochen Sänger, Musiker und Spaßmacher kommen zu lassen, um sie fröhlich zu
stimmen und den melancholischen Aspekt auszuschließen, den die Malerei oft den Porträts
verleiht; in diesem war ein so reizvolles Lächeln, dass es dem Betrachter eher das Gefühl
von etwas Göttlichem als Menschlichem gab, man hielt es für wunderbar, denn es war das
Leben selbst. “ 3
In seiner Abhandlung über die Malerei hebt da Vinci übrigens das Privileg des Malers dem
Bildhauer gegenüber hervor: er kann beim Malen Musik hören!

1
Marcel Brion, Léonard de Vinci, Paris, Hachette, 1959.
2
Giorgio Vasari, Vies des artistes (vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes) [Leben der Künstler
(Leben der ausgezeichnetsten Maler, Bildhauer und Architekten)] (1550), Grasset, 2007.
3
Giorgio Vasari, Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori e architettori, 1550.
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„[Der Maler] sitzt bequem vor seinem Werk, gut angezogen hält er einen leichten Pinsel mit zur Entfaltung, wofür Isabella d’Este den Anstoß gab, die es verstand, sich mit italieni-

DEUTSCH
angenehmen Farben und ist mit Kleidung nach seinem Geschmack geschmückt, und seine schen Musikern wie Bartolomeo Tromboncino oder Marchetto Cara zu umgeben. Damit
Wohnung ist sauber und voll von schönen Malereien, und oft lässt er sich von Musik oder erwachte die eigentlich italienische Musik, die danach mit der Veröffentlichung des ersten
der Lektüre schöner, verschiedenartiger Werke begleiten, die er mit großem Vergnügen hört, Madrigalbuchs von Verdelot (der auch kein Italiener war) im Jahr 1533 in die große Periode
ohne vom Lärm der Hämmer [des Bildhauers] oder von anderem Lärm gestört zu werden.“ 4 des Madrigals mündete 6!
Wie der Historiker Emanuel Winternitz erklärt, ist nämlich für Leonardo in diesem Umfeld Noch eine andere Form sollte sich zu Beginn des 16. Jh. entwickeln, nämlich die der
„die Musik nicht nur eine Facette seines kreativen Genies unter anderen, sondern ein we- Laude, die für die private Frömmigkeit bestimmt sind. Diese einfache, von Italienern ge-
sentlicher Teil der Dynamik seiner künstlerischen und wissenschaftlichen Energie.“ 5 schriebene Musik wendet sich von der Komplexität der geistlichen Musik ab, wie sie von
den Oltramontani geschrieben wurde. In den zwei von Petrucci herausgegebenen Bänden
DIE AUSWAHL DER MUSIK fand ich schöne Stücke zu Ehren der Madonna, deren sehr italienische Zärtlichkeit und
Sinnlichkeit vollkommen zu den religiösen Gemälden Leonardos passen.
Auf die Suche nach den Musikstücken zu gehen, die Leonardo vielleicht spielte, ist ein
Schließlich musste ich auf die Suche nach den Spuren eines verschwundenen Kontinents ge-
Unternehmen, das zum Scheitern verurteilt ist, denn wie alle Lira-Spieler improvisierte
hen, d.h. der improvisierten Musik, die von jenen Musikern gespielt wurde, die a l’improviso
Leonardo, und das Repertoire dieses Instruments ist uns in keinerlei Schriftquellen erhal-
und nicht sul libro sangen, nämlich einerseits die Cantastorie, die Heldengeschichten auf
ten. „Als unglückliche Schwester der Malerei vergeht die Musik sofort“, schrieb er in sei-
den öffentlichen Plätzen der Städte sangen, und andererseits die Lira-Spieler, die wie
ner Abhandlung über die Malerei. Diese Feststellung trifft für die improvisierte Musik noch
Leonardo Gedichte vor dem versammelten Adel improvisierten.
besser zu.
Zwar sind meine Entscheidungen persönlich und daher anfechtbar, doch bemühte ich mich,
18 Ich musste also auf die Suche nach Musikstücken gehen, die mit den von mir gewählten 19
sie mit größter historischer Strenge zu treffen, um dem klanglichen Umfeld Leonardos
Gemälden in Einklang standen, wobei ich es mir zur Regel machte, jeglichen Anachronismus
so nahe wie möglich zu kommen. Während der Aufnahmen in der wunderschönen Abtei
zu vermeiden. Darunter verstehe ich, dass die Musik von 1470 keineswegs die von 1519
von Noirlac hatten wir als ständige Inspirationsquelle die Reproduktion des Gemäldes vor
ist, ebenso wenig wie die Musik des Requiems von Brahms aus dem Jahr 1868 nicht mit
Augen, für das wir gerade spielten. 
der von Strawinskys Sacre du printemps aus dem Jahr 1913 vergleichbar ist, obwohl diese
beiden Werke nur 45 Jahre auseinanderliegen.
Dieses Projekt war aufgrund einer Besonderheit der italienischen Musik während Leonardos
Schaffenszeit (1470-1519) besonders schwierig: Niemand kann einen bedeutenden italie-
nischen Komponisten nennen, der da Vincis Zeitgenosse war, denn zwischen der Zeit, die
das Ende der brillanten italienischen Ars nova des 14. Jh. bedeutete, und der außerordent-
lichen Blüte des Madrigals des 16. Jh. lag eine Art musikalische Wüste der italienischen
Musik.
Bis 1501, dem Datum der ersten Musikedition, waren die Quellen Handschriften, und die
Musik überwiegend von franko-flämischen Komponisten geschrieben, die aus dem Norden
kamen und die man damals Alemanni, Fiamminghi oder Oltramontani nannte. Sie hießen
Alexander Agricola, Hayne Van Ghizeghem, Jacques Barbireau, Josquin Desprez, Firminus
Caron, Johannes Ockeghem, Johannes Martini (der kein Italiener war!), Loyset Compère,
Robert Morton, Jean Molinet, Antoine Busnoys, Jean Japart, Heinrich Isaac usw., um nur
einige zu nennen. Der burgundische Staat war am Höhepunkt seiner Macht und setzte seine
Musik und seine franko-flämische Malerei im restlichen Europa durch.
Bezeichnend ist auch, dass die ersten zwölf Notenbücher, die in Italien von Ottaviano
Petrucci herausgegeben wurden, der franko-flämischen Musik gewidmet sind. Erst 1504
erschienen die ersten Frottole-Ausgaben. Diese große Neuheit kam am Hof von Mantua
4
Leonardo da Vinci, Abhandlung über die Malerei.
5
Emanuel Winternitz, Leonardo da Vinci as a Musician, Yale University Press, 1982. 6
Philippe Verdelot war Franzose.
menu

FRANÇAIS
LÉONARD DE VINCI, UN MUSICUS EN AVANCE SUR SON TEMPS
PAR DENIS RAISIN DADRE ET VINCENT DELIEUVIN

UN TABLEAU EST PAR NATURE SILENCIEUX. QU’EST-CE QUI VOUS A INSPIRÉ CETTE MISE La lira est un instrument très particulier, que peu d’interprètes maîtrisent et pour lequel
EN PERSPECTIVE DE LA MUSIQUE ET DE LA PEINTURE À PARTIR DES TABLEAUX nous ne disposons ni de musique ni de traité. Bien que très présente dans la peinture de
DE LÉONARD DE VINCI ? l’époque, elle est, musicalement, fantomatique pour la simple raison qu’elle est un instru-
Denis Raisin Dadre. Trois choses président aux origines de ce projet. Tout d’abord, je suis ment d’accompagnement improvisé de la voix, parlée ou chantée – Léonard « récitait » à
sans cesse témoin, au fil de mon exploration des répertoires de la Renaissance, des liens la lira, improvisant musique et poésie. En outre, la lira crée un univers sonore très étrange
tissés entre musique et peinture : soit les peintres écoutaient de la musique soit ils en à nos oreilles du fait qu’elle n’a pas de basses. Elle fait naître une sorte de halo sonore, de
jouaient eux-mêmes. On sait que Léonard de Vinci pratiquait la lira da braccio, que Giorgione résonance autour de la voix, qui l’enveloppe tout en l’estompant. Il m’a semblé que c’était
était un joueur de luth exceptionnel. Ensuite, grâce aux recherches du musicologue Philippe appliquer le sfumato à la musique…
Canguilhem, j’ai découvert récemment que de nombreux musiciens se vendaient auprès V. D. Léonard était passionné par la technique des peintres flamands, qui obtenaient, avec
des princes aussi comme peintres, un art dans lequel ils excellaient à tel point qu’on les le procédé de la peinture à l’huile, des effets de fondu, de relief et de transparence inégalés.
trouve parfois répertoriés dans des traités de peinture. Nous avons donc des peintres Léonard côtoie certainement les peintres flamands qui résident à Florence et maîtrise très
musiciens et des musiciens peintres. Enfin, j’ai été touché par la réflexion d’un critique tôt cette technique. En superposant des couches de glacis dont il met lui-même au point
d’art des années 1950 sur la « musique secrète » qui se dégageait de La Vierge aux rochers, la recette, il parvient à reproduire des transitions de l’ombre à la lumière extrêmement
bien que ses deux anges musiciens, peints par Léonard, aient disparu. Je me suis donc pris raffinées, sans contours précis, qui sont pour lui le parfait reflet de la réalité. Il développera
à imaginer cette musique. cet effet que l’on nomme sfumato – comme un léger voile de brume – afin de rendre
Vincent Delieuvin. À l’époque, la plupart des poètes de la Renaissance tendent vers cet compte de ces transitions quasi imperceptibles.
20 idéal de l’artiste universel, capable de dominer différents domaines. C’est cela être un Le sfumato rejoint la lira da braccio en ce qu’il ne se contente ni de la ligne ni de la 21
artiste de cour par excellence. Léonard s’illustrait dans la peinture, mais il s’intéressait règle, mais crée un halo. Nous sommes aussi dans la conquête d’une certaine liberté de la
aussi à la sculpture et à l’architecture, tout en ayant le souci de pratiquer la musique et pratique artistique – et l’on peut se poser la question de savoir si la pratique de l’instrument
la poésie. Toute sa vie durant, il aura l’ambition d’être un artiste aux multiples talents, et a aidé Léonard à conquérir une forme de liberté dans l’exécution du dessin et de la peinture.
cherchera à se mettre au service du prince qui lui permettra de s’épanouir dans tous. Le son particulier de la lira da braccio m’évoque également ce « componimento inculto »,
cette « composition instinctive » par laquelle Léonard théorise sa pratique graphique :
CETTE « MUSIQUE SECRÈTE » INNERVANT LES TABLEAUX DE VINCI VOUS SEMBLE DONC lorsqu’il dessine une composition de personnages, il laisse sa main imaginer de multiples
TOUT À FAIT NATURELLE ? contours pour trouver le bon mouvement. Il finit par former alors une sorte de halo, qui
se transforme parfois en véritable tache. Il clarifie ensuite certaines idées au stylet, en
V. D. Parfaitement. La théorie artistique héritée de l’Antiquité débat beaucoup du « mutisme »
sélectionnant dans ces formes en suspension le contour souhaité. Ce travail lui permet
de la peinture. Et pourtant, à la Renaissance comme de nos jours se manifeste la tentation
de découvrir le rythme parfait pour sa composition, ce qui est totalement révolutionnaire
de ressentir la vibration des mouvements qui apparaissent dans la peinture. Il s’agit de l’un
à l’époque, et très expérimental : comme les poètes, qui n’hésitent pas à faire des ratures
des enjeux les plus importants pour Léonard : donner vie à sa peinture et en faire éprouver
dans leurs poèmes, il n’hésite pas à esquisser ses idées en toute liberté, sans souci de la
les sensations par des sens autres que celui de la vue.
correction des formes.
DENIS RAISIN DADRE, VOUS METTEZ EN PARALLÈLE LE SFUMATO PERFECTIONNÉ
VOUS AVEZ IMAGINÉ VOTRE PROGRAMME, DENIS RAISIN DADRE, AUTOUR DE PIÈCES
PAR VINCI ET LE SON DE LA LIRA DA BRACCIO, DONT IL ÉTAIT UN INTERPRÈTE ACCOMPLI.
FRANCO-FLAMANDES. EN QUOI CE RÉPERTOIRE RÉPOND-IL MIEUX AUX TABLEAUX
OÙ RÉSIDENT LES SIMILITUDES ?
DE VINCI QUE LE RÉPERTOIRE ITALIEN ?
D. R. D. Au XVIe siècle, les lignes musicales étaient très définies et toujours chantées à
D. R. D. À consulter les manuscrits présents en Italie à partir des années 1470, je me suis
plusieurs voix, avec un contrepoint extrêmement complexe. Si l’on devait représenter, dans
aperçu qu’ils ne contenaient que de la musique franco-flamande – jusqu’au manuscrit offert
un madrigal dramatique, un seul personnage, son texte était chanté par cinq voix. La lira da
à Isabelle d’Este pour son mariage. À l’époque, les États bourguignons étaient une puissance
braccio initie un mouvement qui mettra un siècle, jusqu’à l’Orfeo de Monteverdi en 1607,
politique, économique et culturelle immense, qui rayonnait bien au-delà de ses frontières et
à s’installer : la libération de faire chanter une seule personne accompagnée – l’opéra. Ce
fascinait l’Italie jusqu’à Naples. Beaucoup de jeunes princes étaient éduqués à la cour de
sera une révolution majeure, et je vois dans la pratique de la lira les prémisses de cette
Bourgogne. Peinture et musique, dans l’Italie de la Renaissance, étaient toutes deux sous
indépendance de la voix.
FRANÇAIS
l’emprise de cette culture du Nord que l’on considérait comme d’un extrême raffinement. V. D. Cela m’évoque l’une des recherches fondamentales de Léonard : la variation autour
Toute la génération musicale 1450-1470 est sous l’influence de la musique franco-flamande, de formes graphiques qui traversent toute son œuvre. Il invente un répertoire de formes,
caractérisée par son art du contrepoint, sa complexité, ses canons énigmatiques et autres finalement peu nombreuses mais qui le passionnent : le corps en spirale avec un mouvement
jeux de proportions. D’ailleurs, la musique était enseignée dans le quadrivium avec les opposé du buste et de la tête, que l’on voit dès 1480 dans L’Adoration des mages et jusque
mathématiques, l’astronomie et la géométrie, pratiquées aussi par Léonard. dans le Saint Jean Baptiste ; l’enroulement complexe d’un drapé creusé de plis cassés qui
Les Italiens faisaient de la musique, bien sûr, musiques improvisées ou histoires chantées donne l’impression d’une vie propre du vêtement apparaît quant à lui dans L’Annonciation
sur les places publiques. Laurent le Magnifique a encouragé l’écriture de chants de carnaval, vers 1470-1472, puis dans La Vierge aux rochers vers 1483-1486, et jusque dans la Sainte
mais aucun compositeur n’a égalé les Franco-Flamands. Il faudra du temps, grâce à Isabelle Anne vers 1508-1510.
d’Este, et avec l’arrivée de la frottole, pour que la musique italienne renaisse sous la plume Quant aux copies, les créations de Léonard étaient si sublimes que non seulement son
de compositeurs italiens. atelier en a fourni de nombreuses, mais les grands génies que sont, au début du XVIe siècle,
V. D. Les Italiens sont fascinés par le raffinement de la cour de Bourgogne. En peinture, il Raphaël et Michel-Ange, ont souhaité eux aussi en donner leur version. Ils citent Léonard
est certain que les riches Florentins et les grands princes d’Italie ont cherché à acquérir des sans cacher leur emprunt, avec l’idée assumée de proposer une variation géniale à partir
tableaux du Nord. On les admirait pour leur capacité à représenter la nature, pour leur force d’une idée géniale.
d’expression. Toute la génération des années 1470, dont Léonard fait partie, est éblouie par
ce qu’elle voit à Florence, où l’on collectionne et commande des tableaux à des Flamands. COMMENT PEUT-ON INTERPRÉTER, VINCENT DELIEUVIN, LA CHRONOLOGIE
Dès L’Annonciation, on sent chez Léonard cette influence très forte, notamment dans la DE LA PRODUCTION PICTURALE DE VINCI ?
volonté de décrire fidèlement la nature par des effets de transparence propres à la peinture V. D. Léonard a très peu peint – entre quinze et dix-sept tableaux selon les spécialistes –,
à l’huile flamande. ce qui n’est guère étonnant car sa peinture témoigne d’une recherche très ambitieuse, très
exigeante et très expérimentale. On peut distinguer dans cette production trois grandes
QUAND VOUS PARLEZ DE MANUSCRITS, DENIS RAISIN DADRE, OÙ ALLEZ-VOUS périodes : la première correspond à l’apprentissage auprès de Verrocchio, avec un regard
22 23
LES CHERCHER ? tourné vers les peintres flamands, qui conduit à ses premiers tableaux très méticuleux
D. R. D. Les sources sont disséminées un peu partout dans le monde, au gré des ventes comme L’Annonciation et le Portrait de Ginevra Benci. Tout est parfait, mais il manque
successives. Des collectionneurs riches et cultivés les ont achetées puis léguées à une encore à Léonard une liberté dans la pratique, ce qu’il va conquérir à partir des années
bibliothèque ou à une université à leur mort. La version religieuse de Fortuna desperata, 1480. C’est sa deuxième période : il cherche à retranscrire le rythme et le mouvement de
par exemple, se trouve à Capetown, en Afrique du Sud ! L’endroit où se trouve le manuscrit la vie. La main de Léonard gagne alors en assurance, en rapidité et en liberté, dans ses
n’a souvent rien à voir avec son contenu. Il faut savoir avant tout à quoi correspondent ces dessins comme dans ses peintures.
manuscrits et de quelle façon ils sont datés. J’en ai parcouru de nombreux pour me faire Le dernier chapitre, vers la fin des années 1480, est le moment où il ressent le besoin
une idée de la culture dans laquelle baignait Léonard et trouver précisément des œuvres qui de donner des fondements scientifiques à sa démarche, ce qu’il appellera la « science
répondaient aux dates de ses tableaux. J’ai beaucoup aimé travailler sur la correspondance de la peinture ». Il veut comprendre le fonctionnement de la vie, dans tous les domaines
exacte de la musique avec la chronologie des tableaux. Cette rigueur explique pourquoi – anatomie, botanique, géologie… –, afin de mieux la représenter. Il fait alors des recherches
toute une partie du disque est très franco-flamande – XVe siècle – et une autre teintée de très approfondies, en se fondant avant tout sur l’expérience. Léonard se définit lui-même
musiques plus italiennes. comme un « uomo sanza lettere », un « homme sans lettres », une critique dure qu’on a dû
lui adresser, à lui qui n’avait pas reçu de formation humaniste. Il revendique en fait par cette
LA MUSIQUE FRANCO-FLAMANDE A DONNÉ LIEU À DES DÉCLINAISONS VARIÉES étiquette la liberté de comprendre le monde par la voie de l’expérience, ce qui lui permettra
DE THÈMES ALORS TRÈS EN VOGUE – CES « JEUX INTELLECTUELS » QUE VOUS AVEZ parfois de remettre en cause l’autorité des textes antiques. La Cène, La Joconde, la Sainte
ÉVOQUÉS. LES TABLEAUX DE VINCI ONT CONNU EUX AUSSI PLUSIEURS VERSIONS… Anne et le Saint Jean Baptiste sont les seuls témoins que nous conservons de cette période
de maturité du maître.
D. R. D. Choisir des chansons et leurs déclinaisons me permettait de raconter des histoires
tout en tissant un fil rouge au cœur du programme. Fortuna desperata ou De tous biens D. R. D. Si l’on traduit en terme musical cette conquête de la liberté par l’expérimentation,
playne sont des chansons extrêmement célèbres de l’époque, et il était intéressant d’en Léonard est un musicus et non un theoricus. Au XVe siècle, on fait la distinction entre celui
donner des avatars, profanes comme sacrés. Les compositeurs ont beaucoup joué à cela à qui expérimente en jouant de la musique sur son instrument, le musicien (musicus), dont le
l’époque : faire entendre la mélodie principale en lui adjoignant deux autres voix dévolues statut social est bas, et le théoricien (theoricus), qui parle grec et latin, connaît les règles et
à des litanies aux saints ; placer la voix de dessus à la basse ; faire apparaître la mélodie à est bien au-dessus du musicus. Le musicus expérimente des sonorités et des harmonies
l’envers et à la basse… Cette sorte de jeu intellectuel n’est certainement pas étrangère à nouvelles, donc détourne parfois les règles.
Léonard car cet aspect spéculatif fait partie de sa personnalité et du temps dans lequel il vit.
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POUR FINIR, Y A-T-IL EU DES TABLEAUX QUE VOUS AVEZ ABANDONNÉS FAUTE
DE TROUVER LA MUSIQUE QUI LEUR CORRESPONDAIT ?
D. R. D. Le choix s’est fait assez facilement car je voulais absolument prendre les tableaux
du musée du Louvre. Ensuite, certains me parlaient instinctivement. Finalement, seul La
Cène m’a posé question : cette peinture murale me semble incroyablement moderne,
en avance sur son temps. L’agitation qu’elle traduit me fait penser à une scène presque
dramatique et à ce que l’on appelle en Italie le stile concitato – le « style agité » –, dont
l’appellation a été inventée par Monteverdi pour le Combat de Tancrède et Clorinde en
1628. Aucune musique contemporaine de cette œuvre ne peut y répondre. Le XVe siècle et
le début du XVIe siècle ne savent pas rendre en musique l’agitation de l’âme, le chaos des
passions. Tout cela est une invention baroque.
V. D. La Cène ouvre un nouveau chapitre de l’art occidental de la Renaissance. Elle rejoint
la grande recherche de Léonard, qui était de parvenir à une expression du visage et à une
gestuelle du corps en parfaite symbiose avec les passions de l’âme. L’autre peinture, elle
aussi murale, qui rend compte de ces recherches est La Bataille d’Anghiari, jamais achevée
et perdue, mais dont les dessins préparatoires sont éblouissants. Léonard était assurément
un musicus en avance sur son temps.

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Vincent Delieuvin est conservateur en chef du Patrimoine, en charge de la peinture italienne du XVIe
siècle au département des Peintures du musée du Louvre.

Propos recueillis le 22 novembre 2018 par Claire Boisteau


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LEONARDO DA VINCI, A MUSICUS AHEAD OF HIS TIME
BY DENIS RAISIN DADRE AND VINCENT DELIEUVIN

ENGLISH
A PICTURE IS SILENT BY ITS VERY NATURE. WHAT INSPIRED YOU TO LOOK AT The lira was a very special instrument, one that few performers could master. We have
THE INTERACTION OF MUSIC AND PAINTING IN THE PICTURES OF LEONARDO DA VINCI? neither any music for it nor any guide to playing it, and although often featured in the
Denis Raisin Dadre: There were three things that started off this project. First of all, during paintings of the period, the instrument has left only a shadowy, ghostly impression: naturally
my exploration of Renaissance repertoire, I have become constantly aware of the strong so, as it was used for improvising unwritten accompaniments to the voice, whether spoken
links between music and painting, with painters listening to music, or actually performing or sung – Leonardo himself used to recite to the lira, improvising both music and poetry. Its
it themselves. We know that Leonardo da Vinci played the lira da braccio, and Giorgione curious sonority too seems quite ghostly to our ears, as it has no bass voice. It creates a sort
was an outstanding lutenist. Secondly, thanks to research by the musicologist Philippe of halo in sound, a resonance around the voice, envelopping and at the same time blurring
Canguilhem, I recently learned that quite a few musicians used to recommend themselves it. In fact, to me it seemed just like Leonardo’s sfumato in musical terms…
to princely patrons as being painters as well – they often so excelled in the art that they V. D: Leonardo was passionately interested in the techniques the Flemish artists used in oil
were included in treatises on painting. So we have painters who were musicians, and painting to achieve effects of cross-fading, relief, and unequalled transparency. Leonardo
musicians who could paint. Finally, I was stirred by the remark of a 1950s art critic on the certainly frequented the Flemish painters then living in Florence, and mastered these
secret, hidden music emanating from the Virgin of the Rocks, despite the disappearance techniques at a very early stage. By superimposing layers of glaze whose formulas he
of its pair of angel musicians painted by Leonardo. I began trying to imagine that music. developed himself, he succeeded in reproducing extremely refined transitions between light
Vincent Delieuvin: In the Renaissance period, most poets aspired to the ideal of the and shade, without precise contours, to make a perfect reflection of reality as he saw it. He
universal artist, able to excel in different artistic domains. That is what it meant to be a went on to develop the effect known as sfumato – like a light veil of mist – in order to fully
court artist par excellence. Leonardo became famous as a painter, but was also interested realize and perfect these virtually imperceptible transitions.
26 in sculpture and architecture, while at the same time playing music and writing poetry. For What the sfumato has in common with the lira da braccio is that it does not content itself 27
the whole of his life, his ambition was to be an artist of many talents, and to seek out a with a line, nor any governing rule: instead it creates a halo. Today we too find ourselves on
prince in whose service he would be allowed to develop all of them. a quest for a certain degree of freedom in artistic practice – and it seems natural to ask if
playing this instrument helped Leonardo in his quest for a form of freedom in his drawing
SO FOR YOU THIS ‘HIDDEN MUSIC’ INFUSING LEONARDO’S PAINTINGS IS A COMPLETELY and painting.
NATURAL PHENOMENON? For me, the special sound of the lira da braccio also evokes the componimento inculto,
the ‘uncultivated’ or ‘instinctive’ composition which is the basis of Leonardo’s approach to
V. D: Yes, absolutely. Artistic theory inherited from Antiquity frequently disputed the question
drawing: when he is sketching out a group of characters, he allows his hand the freedom
as to whether painting was ‘silent poetry’. In the Renaissance, just as today, there was a
to devise multiple contours, until it has found the right kind of movement. The end result
desire to feel the vibration of the movements that are perceived in a painting. Leonardo felt
looks like a kind of halo, sometimes becoming just a blurred smudge. He then clarifies some
it to be one of the most important challenges: to enliven his painting, to make us feel it,
of the lines with a pen, selecting the contour he wants out of all these latent forms. With
experience it, through senses other than the visual.
this way of working he was able to find the perfect rhythm for his composition, something
completely revolutionary at that time, and really experimental: just as poets think nothing
DENIS RAISIN DADRE, YOU DRAW A PARALLEL BETWEEN THE TECHNIQUE OF SFUMATO
of deleting and altering freely in their poetry, so Leonardo too sketched out his ideas with a
PERFECTED BY LEONARDO, AND THE SOUND OF THE LIRA DA BRACCIO, AN INSTRUMENT
complete sense of freedom, and with no compunction about correcting their form.
HE PLAYED WITH GREAT SKILL. WHERE ARE THE SIMILARITIES?
D. R. D: In the 16th century musical lines were sharply defined, and were always sung by DENIS RAISIN DADRE – YOU HAVE DEVISED YOUR PROGRAMME AROUND FRANCO-
several voices in a highly complex contrapuntal texture. In a dramatic madrigal, where a FLEMISH PIECES. HOW IS IT THAT THIS REPERTOIRE CORRESPONDS TO THE PAINTINGS
single character was being represented, his or her words might be sung by, say, five voices. OF DA VINCI, RATHER THAN THE ITALIAN REPERTOIRE OF HIS TIME?
The lira da braccio was the beginning of an aesthetic that would take a century to establish
D. R. D: In consulting the manuscripts circulating in Italy during the 1470s, I noticed they
itself, with Monteverdi’s Orfeo in 1607: the freedom to have just one voice singing, with
contained nothing but Franco-Flemish music – even the manuscript presented to Isabella
an accompaniment, i.e. the new genre of opera. It would mean a major revolution, and in
d’Este on her marriage. We need to recall that at that period, the Duchy of Burgundy was a
the way the lira was performed I can see the premises that led to that independence of the
gigantic political, economic and cultural power whose influence went far beyond its borders:
solo voice.
ENGLISH
it held all Italy in its sway as far down as Naples. Many young princes were educated at the certainly no stranger to this kind of intellectual game: the speculative dimension was part
Burgundian court; and in Renaissance Italy, both painting and music were under the spell of of his character and the time in which he lived…
this northern culture, famed for its extreme refinement. The whole generation of musicians V. D: All of which reminds me of a principal area of research into Leonardo: the variations
between 1450 and 1470 was influenced by Franco-Flemish music, its contrapuntal art, of graphic form found throughout his work. He invented a repertoire of forms – not all that
its complexity, its enigmatic canons and other games involving numerical proportions: by many, just the ones that fascinated him: the body in a spiral, with a contrary movement of
the way, universities taught music as part of the quadrivium, together with mathematics, the body and the head, such as we can see from the 1480 Adoration of the Magi right up
astronomy and geometry – all subjects cultivated by Leonardo. to his Saint John the Baptist; there is also the complex torsion of cloth furrowed by broken
Naturally, Italians made their own music: improvisations and story-ballads were sung in the pleats, giving the impression that the cloth has a life of its own – this first appears in the
public squares, and Lorenzo the Magnificent encouraged the composition of carnival songs. Annunciation around 1470-72, then in the Virgin on the Rocks of 1483-86, and so on until
Yet none of their composers was the equal of the Franco-Flemish. Some time would elapse the Saint Anne painting of 1508-1510.
until – thanks to Isabella d’Este, and the arrival of the frottola – Italian music by Italian Then there are the copies: Leonardo’s original works were so sublime that many
composers would flourish again. reproductions were made, not only by his own workshop but by other great painters such
V.D: It was indeed the sheer refinement of the court of Burgundy that fascinated the as Raphael and Michelangelo, in the early 16th century, who wanted to give their own
Italians; as we know, wealthy Florentines and the great princes of Italy tried to acquire their versions. They ‘quote’ Leonardo but without hiding their own contribution, presented as a
paintings, which they admired for their ability to represent nature, and for their force of masterly variation on a masterly idea.
expression. The whole generation of the 1470s to which Leonardo belonged was dazzled by
what it saw in Florence, where Flemish paintings were commissioned and collected. From HOW DO WE INTERPRET THE CHRONOLOGY OF LEONARDO’S PAINTINGS?
the Annunciation onwards, one can feel this influence in Leonardo very strongly, particularly V. D: Leonardo painted very little – between fifteen and seventeen paintings, according
in his wish to depict nature faithfully by applying the effects of transparency specific to to the experts – which is scarcely surprising, since his painting shows the ambitious and
Flemish oil painting. exhaustive scope of his research, and its highly experimental nature. We can distinguish
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between three creative periods: the first corresponds to his apprenticeship with Verrocchio,
YOU MENTIONED THE MUSIC MANUSCRIPTS, DENIS RAISIN DADRE: and his interest in Flemish painters, leading to the earliest, highly meticulous paintings
WHERE DID YOU FIND THEM? such as The Annunciation and the Portrait of Ginevra Benci. Everything here is perfect, but
D. R. D: The sources have become dispersed almost globally in one sale after another, Leonardo still lacks a sense of freedom in his work, and this he would master from the
bought by wealthy and cultivated collectors, then bequeathed to a library or university. The 1480s onwards. In this second period, he tries to convey the rhythm and movement of life.
sacred version of Fortuna desperata, for example, is in Capetown, South Africa! The location Here in both his drawings and paintings Leonardo’s hand gains assurance, both in speed
of a manuscript rarely has any link with its contents. First, we need to know the context and in freedom.
of these manuscripts, and how they have been dated. I have looked through a lot of them The final chapter, beginning towards the end of the 1480s, is when he feels the necessity
to get an idea of the culture in which Leonardo immersed himself, and to find works of of giving his approach a scientific basis, what he would term the ‘science of painting’. He
the same dates as his paintings. I really enjoyed ensuring the music fitted precisely to the wanted to understand how life functions, in every area – anatomy, botany, geology, and
chronology of the pictures: which explains why the 15th-century area of this recording is so on – in order to depict it more perfectly. He made extensive researches, chiefly relying
decidedly Franco-Flemish, while the later years have rather more Italian music. on practical experiments. Leonardo defined himself as an ‘uomo sanza lettere’ – a ‘man
without letters’ – a harsh criticism he must often have had aimed at him, given his lack of a
FRANCO-FLEMISH MUSIC PRODUCED A VARIETY OF TECHNICAL PERMUTATIONS MUCH humanist education. With this self-applied label, he is claiming to be able to understand the
IN VOGUE AT THE TIME – THE ‘INTELLECTUAL GAMES’ THAT YOU REFER TO. IN THE SAME world through experimental methods, something that often made him question the authority
WAY, THE PAINTINGS OF LEONARDO ALSO WENT THROUGH DIFFERENT VERSIONS… of ancient texts. The Last Supper, La Gioconda, the Saint Anne painting and Saint John the
D. R. D: Selecting the songs and their variant versions allowed me to tell stories while Baptist are the only surviving witnesses of this final period of the master’s maturity.
weaving a binding thread through the core of the programme. The songs Fortuna desperata D. R. D: Translating this quest for freedom through experimentation into musical terms,
and De tous biens playne were extremely well-known at the time, and I thought it would Leonardo is a musicus – not a theoricus. In the 15th century a distinction was made
be interesting to give their various versions, both sacred and profane. During that period between someone who experimented by playing music on his instrument, i.e. the musician
composers frequently played this game: for example, presenting the main melody while (musicus) of low social status, and the theoretician (theoricus),conversant with Greek and
adding two other voices reciting litanies of the saints; or transferring the upper voice to Latin, kowing all the rules, and socially superior to the musicus who, experimenting with
the bass; or inverting the melody as well as giving it to the bass voice. Leonardo too was new sounds and harmonies, often breached those rules.
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FINALLY, WERE THERE PAINTINGS YOU HAD TO EXCLUDE BECAUSE NO CORRESPONDING


MUSIC COULD BE FOUND?
D. R. D: The selection process was actually quite easy, as I really wanted only paintings
from the Louvre Museum. Of those, some seemed to strike a personal chord with me.
Ultimately it was only The Last Supper that left me undecided: this fresco seems incredibly
modern and ahead of its time. The busily movement it conveys is almost like a dramatic
scene, reminding me of the Italian ‘stile concitato’ – the ‘agitated style’, a term invented
by Monteverdi for his operatic scena Il combattimento di Tancredi e Clorinda in 1628. But
no music contemporary to Leonardo’s painting can match it. In the 15th and early 16th
centuries, music had no way of expressing psychological turmoil, agitated passions. All that
was still to be invented in the baroque era.
V. D: The Last Supper opens a new chapter in western Renaissance art. It responds to
Leonardo’s overall quest for achieving facial expressions and bodily gestures that were
in perfect symbiosis with the human passions. There is one other painting resulting from
those researches of his, also a fresco: The Battle of Anghiari, unfinished and now lost, but
its preparatory drawings are simply stunning. As in everything else, Leonardo certainly was
a musicus very much in advance of his own time.

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Vincent Delieuvin is the Head of Conservation of the ‘Patrimoine’, in charge of 16th-century Italian
painting in the Department of Paintings at the Louvre Museum, Paris.

Interview by Claire Boisteau, 22 November 2018


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LEONARDO DA VINCI, EIN MUSICUS,
DER SEINER ZEIT VORAUS WAR
VON DENIS RAISIN DADRE UND VINCENT DELIEUVIN

DEUTSCH
EIN GEMÄLDE IST VON NATUR AUS STUMM. WAS INSPIRIERTE SIE DAZU, DIE MUSIK brauchen sollte, um sich allgemein durchzusetzen, nämlich bis zum Orfeo Monteverdis
UND DIE MALEREI AUSGEHEND VON GEMÄLDEN LEONARDO DA VINCIS im Jahre 1607: die befreiende Möglichkeit, eine einzige Person mit Begleitung singen zu
IN ZUSAMMENHANG ZU BRINGEN? lassen – die Oper. Es sollte eine äußerst wichtige Revolution werden, und ich sehe im Spiel
Denis Raisin Dadre. Drei Dinge gingen diesem Projekt voran. Erstens bin ich im Laufe meiner der Lira die Voraussetzungen für diese Unabhängigkeit der Stimme.
Erforschungen des Renaissancerepertoires ununterbrochen Zeuge der Verknüpfungen Die Lira ist ein sehr eigenartiges Instrument, das nur wenige Interpreten beherrschen und
zwischen Musik und Malerei: Entweder die Maler hörten Musik oder sie spielten sie von dem wir weder Musik noch Abhandlungen darüber besitzen. Obwohl es in der Malerei
selbst. Man weiß, dass Leonardo da Vinci Lira da braccio spielte und dass Giorgione ein dieser Zeit sehr präsent war, ist es in Hinblick auf die Musik phantasmagorisch, u.zw. aus
außergewöhnlicher Lautenspieler war. Zweitens entdeckte ich dank der Forschungen dem einfachen Grund, dass sie ein improvisierendes Begleitinstrument für die gesprochene
des Musikwissenschaftlers Philippe Canguilhem neulich, dass sich viele Musiker bei den oder gesungene Stimme ist – Leonardo „rezitierte“ zur Lira, indem er die Musik und die
Fürsten auch als Maler anstellen ließen, denn sie waren in dieser Kunst so hervorragend, Worte improvisierte. Außerdem bringt die Lira eine für unsere Ohren sehr befremdliche
dass man sie manchmal auch in den Abhandlungen über die Malerei angeführt findet. Es Klangwelt hervor, weil sie keine Bässe hat. Durch sie entsteht eine Art klanglicher
gab also Maler, die Musiker waren, und Musiker, die Maler waren. Schließlich hat mich Nebelschleier, eine Resonanz um die Stimme, die davon umhüllt und gleichzeitig wie
auch die Überlegung eines Kunstkritikers aus den Jahren 1950 über die „geheime Musik“ verwischt wird. Mir schien, als würde das eine Anwendung der Sfumato-Technik auf die
berührt, die von der Felsgrottenmadonna ausgehe, obwohl die beiden von Leonardo Musik bedeuten ...
32 gemalten Musikerengel verschwunden sind. Ich begann also, mir diese Musik vorzustellen. V.D. Leonardo war von der Technik der flämischen Maler begeistert, die mit der Technik 33
Vincent Delieuvin. In dieser Zeit strebten die meisten Dichter der Renaissance das Ideal des der Ölmalerei unvergleichliche Effekte in Hinblick eines farblichen Ineinander-Übergehens,
Universalkünstlers an, der fähig ist, verschiedene Gebiete zu beherrschen. Darin liegt das der Reliefs und der Transparenz erzielten. Leonardo verkehrte sicher mit den flämischen
Charakteristikum des höfischen Künstlers schlechthin. Leonardo brillierte in der Malerei, Malern, die in Florenz wohnten und beherrschte diese Technik sehr bald. Indem er
doch interessierte er sich auch für Bildhauerei und Architektur und wollte gleichzeitig auch Schichten von Firnis überlagerte, dessen Rezept er selbst entwickelte, gelang es ihm,
die Musik und die Dichtkunst pflegen. Sein ganzes Leben lang hatte er den Ehrgeiz, ein äußerst feine Übergänge vom Schatten zum Licht zu malen, ohne genaue Konturen, was für
Künstler mit vielfachen Talenten zu sein, und so versuchte er, in den Dienst eines Fürsten zu ihn genau die Wirklichkeit widerspiegelte. Er entwickelte diesen Effekt, den man sfumato
treten, der es ihm erlaubte, sich in allen zu entfalten. – wie ein leichter Nebelschleier – nennt, um diese fast nicht wahrnehmbaren Übergänge
wiederzugeben.
DIESE „GEHEIME MUSIK“, DIE DA VINCIS GEMÄLDE ANREGTE, SCHEINT IHNEN ALSO GANZ Die Sfumato-Technik hat mit der Lira da braccio gemein, dass sie sich weder mit der Linie
NATÜRLICH? noch mit der Regel zufrieden gibt, sondern die Umrisse verschwimmen lässt. Hier liegt
auch das Streben nach einer gewissen Freiheit der künstlerischen Praxis vor – und man
V.D. Vollkommen. Die aus der Antike übernommene Kunsttheorie debattiert viel über das
kann sich die Frage stellen, ob das Spiel auf dem Instrument Leonardo half, bei seinen
„Schweigen“ der Malerei. Und dennoch äußert sich in der Renaissance wie heute die
Zeichnungen und Malereien eine Form von Freiheit zu erlangen.
Versuchung, die Vibration der Bewegungen zu spüren, die in der Malerei auftreten. Es
Der besondere Klang der Lira da braccio erinnert mich auch an den „componimento
handelt sich um eine der bedeutendsten Herausforderungen Leonardos: seiner Malerei
inculto“, jene „instinktive Komposition“, mit der Leonardo seiner graphischen Methode
Leben zu geben und Empfindungen durch andere Sinne als den des Sehens hervorzurufen.
eine theoretische Grundlage verleiht: Wenn er eine Figurenkomposition zeichnet, überlässt
er es seiner Hand, vielfache Konturen für den richtigen Augenblick zu finden. Dadurch
DENIS RAISIN DADRE, SIE VERGEICHEN DIE VON LEONARDO PERFEKTIONIERTE SFUMATO-
bilden sich schließlich verschwommene Umrisse, die sich manchmal in einen richtigen
TECHNIK MIT DEM TON DER LIRA DA BRACCIO, DIE ER VOLLKOMMEN BEHERRSCHTE.
Fleck verwandeln. Danach klärt er bestimmte Ideen mit einem Stift, indem er unter diesen
WORIN BESTEHEN DIE ÄHNLICHKEITEN?
unschlüssig gezeichneten Linien den gewünschten Umriss wählt. Diese Arbeit erlaubt
D.R.D. Im 16. Jh. waren die Linien der Musik genau definiert und wurden immer ihm, den perfekten Rhythmus seiner Komposition zu entdecken, was in seiner Zeit völlig
mehrstimmig mit einem äußerst komplizierten Kontrapunkt gesungen. Wenn man in einem revolutionär und sehr experimentell ist: Wie die Dichter, die nicht zögern, in ihren Gedichten
dramatischen Madrigal eine einzige Person darstellen musste, wurde ihr Text von fünf etwas durchzustreichen, zögert er nicht, seine Ideen ganz frei zu skizzieren, ohne sich um
Stimmen gesungen. Die Lira da braccio führte eine Bewegung ein, die ein Jahrhundert die Richtigkeit der Formen zu kümmern.
DENIS RAISIN DADRE, SIE HABEN IHR PROGRAMM RUND UM FRANKO-FLÄMISCHE DIE FRANKO-FLÄMISCHE MUSIK WAR URSPRUNG VERSCHIEDENSTER ABWANDLUNGEN
STÜCKE ZUSAMMENGESTELLT. INWIEWEIT ENTSPRICHT DIESES REPERTOIRE VON DAMALS SEHR BELIEBTEN THEMEN – DIESE „INTELLEKTUELLEN SPIELE“,
DEN GEMÄLDEN DA VINCIS BESSER ALS DAS ITALIENISCHE? VON DENEN SIE SPRACHEN. AUCH VON DEN GEMÄLDEN DA VINCIS GIBT ES MEHRERE
D.R.D. Als ich in den Handschriften nachschlug, die in Italien ab den 1470er Jahren FASSUNGEN ...

DEUTSCH
vorhanden waren, merkte ich, dass sie nur franko-flämische Musik enthalten – bis zum D.R.D. Die Wahl der Lieder und ihrer Abwandlungen erlaubte mir, Geschichten zu erzählen
Manuskript, das Isabella d’Este zu ihrer Hochzeit geschenkt wurde. In dieser Zeit waren und dabei einen roten Faden im Zentrum des Programms zu spannen. Fortuna desperata
die burgundischen Staaten nämlich eine enorme politische, wirtschaftliche und kulturelle oder De tous biens playne sind sehr berühmte Lieder dieser Zeit, und es war interessant,
Macht, deren Einfluss über ihre Grenzen hinausging und Italien bis Neapel faszinierte. davon profane wie geistliche Varianten zu bringen. Die Komponisten spielten in dieser Zeit
Viele der jungen Fürsten wurden am Hof von Burgund erzogen. Die Malerei und die Musik sehr viel damit: eine Hauptmelodie zu Gehör bringen, indem man zwei andere Stimmen
standen im Italien der Renaissance unter dem Eindruck dieser Kultur des Nordens, die hinzufügt, die zu Heiligenlitaneien gehören; die Oberstimme in den Bass versetzen; die
man als extrem erlesen betrachtete. Die gesamte Musikergeneration von 1450 bis 1470 Melodie umgekehrt und im Bass ertönen zu lassen ... Diese Art intellektuelles Spiel ist
stand unter dem Einfluss der franko-flämischen Musik, für die ihre Kunst des Kontrapunkts, Leonardo sicher nicht unbekannt, denn dieser spekulative Aspekt gehört zu seiner
ihre Vielschichtigkeit, ihre rätselhaften Kanons und andere Spiele mit der Proportion Persönlichkeit und zur Zeit, in der er lebt.
charakteristisch sind. Die Musik wurde übrigens im Quadrivium gemeinsam mit der V.D. Das erinnert an eine der grundsätzlichen Forschungen Leonardos: die Variation
Mathematik, der Astronomie und der Geometrie unterrichtet, mit denen sich auch Leonardo rund um graphische Formen, die sein ganzes Werk durchziehen. Er erfindet ein letztlich
beschäftigte. nicht sehr zahlreiches Formenrepertoire, das ihn fasziniert: der Körper in Spiralhaltung
Die Italiener machten zwar Musik – selbstverständlich –, allerdings improvisierte Musik mit einer gegensätzlichen Bewegung von Oberkörper und Kopf, wie es ab 1480 bei
oder auf öffentlichen Plätzen gesungene Geschichten. Lorenzo il Magnifico ermunterte zur der Anbetung der Könige und bis zu Johannes dem Täufer zu sehen ist; ein von Falten
Komposition von Karnevalsgesängen, doch kein Komponist kam den Franko-Flamen gleich. ausgehöhlter, kompliziert gewickelter Stoff, hinterlässt den Eindruck, das Gewand habe ein
Es dauerte, bis die italienische Musik dank Isabella d’Este und mit dem Aufkommen der Eigenleben, taucht seinerseits in der Verkündigung gegen 1470-1472 auf, danach bei der
34 35
Frottole durch die Feder italienischer Komponisten neu entstand. Felsgrottenmadonna um 1483-1486 und bis zum Anna selbdritt um 1508-1510.
V.D. Die Italiener sind von der Erlesenheit des burgundischen Hofes fasziniert. Im Bereich Was die Kopien betrifft, waren Leonardos Schöpfungen so überwältigend, dass nicht nur
der Malerei ist es sicher, dass die reichen Florentiner und die großen Fürsten Italiens darauf sein Atelier zahlreiche herstellte, sondern auch Raffael und Michelangelo, die großen
aus waren, Gemälde des Nordens zu kaufen. Man bewunderte sie wegen ihrer Fähigkeit, Genies des beginnenden 16. Jh., wollten ihre Fassung malen. Sie zitierten Leonardo, ohne
die Natur darzustellen, und aufgrund ihrer Ausdruckskraft. Die gesamte Generation der die Anleihe zu verbergen und zu der Idee zu stehen, ausgehend von einer genialen Idee eine
1470er Jahre, zu der Leonardo gehört, ist von dem geblendet, was sie in Florenz sieht, wo geniale Variation vorzuschlagen.
man Gemälde der Flamen sammelt und in Auftrag gibt. Ab der Verkündigung spürt man
bei Leonardo diesen Einfluss sehr stark, vor allem durch seine Absicht, die Natur durch VINCENT DELIEUVIN, WIE KANN MAN DIE CHRONOLOGIE VON DA VINCIS BILDLICHEM
Transparenzeffekte treu zu beschreiben, wie sie für die flämische Ölmalerei typisch sind. SCHAFFEN INTERPRETIEREN?
V.D. Leonarda hat sehr wenig gemalt – zwischen fünfzehn und siebzehn Gemälde den
WO SUCHEN SIE DIE HANDSCHRIFTEN, VON DENEN SIE SPRECHEN, DENIS RAISIN DADRE? Spezialisten nach –, was nicht erstaunlich ist, denn seine Malerei zeugt von einer sehr
D.R.D. Die Quellen sind auf der ganzen Welt verstreut, von aufeinanderfolgenden Winden ehrgeizigen, sehr anspruchsvollen und sehr experimentellen Suche. In seinem Schaffen
verweht. Reiche, kultivierte Sammler kauften sie und vermachten sie nach ihrem Tod einer sind drei große Perioden zu unterscheiden: Die erste entspricht seiner Lehre bei Verrocchio,
Bibliothek oder einer Universität. Die geistliche Fassung von Fortuna desperata zum Beispiel einer Zeit, in der er seinen Blick auf die flämischen Maler richtet und die zu seinen ersten,
ist in Kapstadt in Südafrika zu finden! Der Ort, an dem eine Handschrift aufbewahrt wird, sehr sorgfältig gearbeiteten Malereien führt, wie etwas Die Verkündigung und das Porträt
hat allerdings oft nichts mit ihrem Inhalt zu tun. Vor allem muss man wissen, womit diese von Ginevra Benci. Alles ist hier vollkommen, doch fehlt Leonardo noch die Freiheit bei der
Handschriften in Zusammenhang stehen und wie sie datiert sind. Ich habe viele angesehen, Ausführung, die er ab den Jahren 1480 erringen sollte. Das ist seine zweite Periode: Er
um mir eine Idee von der Kultur zu machen, die Leonardo umgab und genau jene Werke versucht, den Rhythmus und die Bewegung des Lebens einzufangen. Seine Hand gewinnt
zu finden, die den Daten seiner Gemälde entsprechen. Ich arbeitete gern an der genauen sowohl bei seinen Zeichnungen wie bei der Malerei an Sicherheit, Geschwindigkeit und
Entsprechung zwischen der Musik und der Chronologie der Gemälde. Diese Genauigkeit Freiheit.
erklärt, warum ein bedeutender Teil der CD franko-flämisch – 15. Jh. – ist und ein anderer Das letzte Kapitel gegen Ende der 1480er Jahre ist der Moment, in dem er die Notwendigkeit
Teil mehr italienische Musik enthält. empfindet, seiner Vorgehensweise wissenschaftliche Grundlagen zu geben, was er die
„Malerei als Wissenschaft“ nannte. Er will verstehen, wie das Leben funktioniert, und das
menu

in allen Bereichen – Anatomie, Botanik, Geologie usw. –, um es besser wiedergeben zu


können. Er unternimmt also sehr tiefgehende Forschungen, bei denen er sich vor allem
auf die Erfahrung stützt. Leonardo definiert sich selbst als ein „omo sanza lettere“, ein
„Mann ohne Bildung“, eine harte Kritik, die man wohl ihm gegenüber aussprach, da er
keine humanistische Bildung genossen hatte. Er erhebt durch diese Bezeichnung Anspruch
auf die Freiheit, die Welt durch die Erfahrung zu verstehen, was ihm manchmal erlaubt,
die Autorität der antiken Texte in Frage zu stellen. Das Abendmahl, die Mona Lisa, das
Anna selbdritt und Johannes der Täufer sind die einzigen uns erhaltenen Zeugen aus dieser
Reifezeit des Meisters.
D.R.D. Wenn man diese Eroberung der Freiheit durch das Experimentieren auf die
musikalische Ebene überträgt, ist Leonardo ein Musicus und kein Theoricus. Im 15.
Jh. unterscheidet man zwischen dem, der beim Spiel der Musik auf seinem Instrument
Experimente macht, dem Musiker (Musicus), dessen gesellschaftlicher Status niedrig ist,
und dem Theoretiker (Theoricus), der Griechisch und Latein spricht, die Regeln kennt und

10
weit über dem Musicus steht. Der Musicus experimentiert mit Klangfarben und neuen
Harmonien, umgeht also manchmal die Regeln.

ZUM SCHLUSS NOCH EINE FRAGE: GIBT ES GEMÄLDE, AUF DIE SIE VERZICHTET HABEN,
WEIL SIE KEINE MUSIK FANDEN, DIE IHNEN ENTSPRACH?
D.R.D. Die Wahl ist mir ziemlich leicht gefallen, denn ich wollte unbedingt die Gemälde TABLEAUX EN MUSIQUE
36
aus dem Museum des Louvre verwenden. Danach sprachen mich einige instinktmäßig an. PAINTINGS IN MUSIC 37

Schließlich war nur das Abendmahl ein Problem für mich: Diese Wandmalerei scheint mir GEMÄLDE UND IHRE MUSIK
unglaublich modern zu sein, ihrer Zeit voraus. Die Unruhe, die sie wiedergibt, lässt mich an
eine fast dramatische Szene denken und an etwas, was man in Italien Stile concitato – den PAR / BY / VON
„erregten Stil“ – nennt, eine Bezeichnung, die 1628 von Monteverdi für Il combattimento di DENIS RAISIN DADRE
Tancredi e Clorinda erfunden wurde. Keine Musik, die zeitgenössisch zu diesem Werk ist,
kann dem entsprechen. Das 15. und der Beginn des 16. Jh. können die innere Unruhe, die
Unruhe der Leidenschaften nicht mit Musik ausdrücken. All das ist eine barocke Erfindung.
V.D. Das Abendmahl öffnet ein neues Kapitel in der abendländischen Renaissancekunst. Es
stimmt mit Leonardos großer Suche überein, die daran bestand, einen Gesichtsausdruck
und eine körperliche Geste in vollkommener Symbiose mit den Leidenschaften der
Seele darzustellen. Die andere Malerei, die ebenfalls ein Wandgemälde ist und von
diesen Forschungen zeugt, ist die Schlacht von Anghiari, die niemals vollendet wurde
und verlorenging, doch die vorbereitenden Zeichnungen sind faszinierend. Leonardo war
bestimmt ein Musicus, der seiner Zeit voraus war.

Vincent Delieuvin ist leitender Konservator des Kulturerbes und mit der italienischen Malerei des 16. Jh.
in der Abteilung für Malerei im Louvre beauftragt.

Das Interview führte Claire Boisteau am 22. November 2018


1-4

38
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

L’ANNONCIATION
 Ce tableau date des années 1473-1475, alors que le jeune Léonard est encore dans
l’atelier d’Andrea del Verrocchio à Florence.
Nous sommes le 25 mars à Nazareth, l’archange Gabriel entre dans l’hortus conclusus, le
jardin de la Vierge, symbole de sa virginité, et l’interrompt dans la lecture de la Bible pour
lui annoncer qu’elle donnera naissance au fils de Dieu.
Si le tableau reste largement tributaire des conventions de l’époque dans le geste de
l’ange avec sa position venant de la gauche, Léonard innove avec le geste de la Vierge,
qui n’a pas les bras croisés dans un mouvement d’humilatio mais affiche au contraire un
mouvement de conturbatio, expression de sa surprise indignée devant l’intrusion de l’ange
dans son espace. Le jardin est bordé, comme le veut la tradition florentine, d’arbres, de
pins et de cyprès, mais l’ouverture au niveau de la main de l’ange sur un port représente
une innovation et renvoie à une symbolique mariale, Marie, Stella maris, étant considérée
comme une étoile de la mer, un port protecteur pour les pêcheurs.
Le choix des musiques s’est imposé facilement car il existe sur les paroles de la salutation
angélique Ave Maria gratia plena, de nombreuses mises en musique. La solution de
facilité aurait été de choisir un motet complexe et somptueux parmi le vaste corpus
des compositeurs franco-flamands présents alors en Italie. Pourtant, L’Annonciation ne
m’évoquait pas ces musiques. Il y a une telle intimité, une telle concentration et un tel
40 41
mystère entre l’ange et Marie que j’imaginais une musique modeste, en dehors de toute
pompe liturgique. Dans cette décennie se diffuse justement en Italie, et tout spécialement
à Florence, une forme musicale, les laudes, qui se développe en dehors du cadre liturgique,
expression d’une dévotion domestique ou d’une pratique de confrérie. La piété mariale,
très vivace en ces temps, a inspiré de nombreuses mises en musique de l’Ave Maria gratia
plena sous la forme de laudes à quatre voix. Leur simplicité, une certaine naïveté et leur
économie de moyens mélodiques me semblaient mieux correspondre à cette Annonciation
et au mystère de l’Incarnation.
Dans l’Ave Maria de Frater Petrus, nous avons choisi, après plusieurs essais, de ne garder
que la voix supérieure accompagnée par la lira. Couramment pratiquée à l’époque, la lira
crée un halo harmonique autour de la voix, mais sans basse fondamentale. Cette manière
d’accompagner la voix remet en cause notre écoute de la musique, toujours fondée sur un
rapport basse/dessus, et déplace nos façons d’entendre. 
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

THE ANNUNCIATION DIE VERKÜNDIGUNG


 This painting dates from the years 1473-75, when the young Leonardo was still at the  Dieses Gemälde stammt aus den Jahren 1473-1475, als der junge Leonardo noch im
workshop of Andrea del Verrocchio in Florence. Atelier von Andrea del Verrocchio in Florenz arbeitet.
We are in Nazareth, on 25 March: the Archangel Gabriel enters the hortus conclusus, the Es stellt einen 25. März in Nazareth dar, an dem der Erzengel Gabriel in den Hortus conclu-
Virgin Mary’s garden and symbol of her virginity, and interrupts her reading of the Bible to sus, d.h. in den Garten der Jungfrau als Symbol ihrer Jungfräulichkeit, kommt und sie beim
announce that she is to give birth to the Son of God. Lesen der Bibel unterbricht, um ihr anzukündigen, dass sie den Sohn Gottes gebären wird.
Although the painting remains largely dependent on the conventions of the time in the ges- Zwar ist das Gemälde mit der Geste des Engels und seiner von links kommenden Haltung
ture of the angel, and in the position he assumes, arriving from the left, Leonardo breaks noch stark in den Konventionen seiner Zeit verhaftet, doch erneuert sie Leonardo mit der
new ground with the Virgin’s gesture: she does not have her arms folded in a submissive Geste der Jungfrau, die ihre Arme nicht in einer Bewegung der Humilatio (der Fügsamkeit)
gesture of humilatio, on the contrary she shows conturbatio, an expression of surprise kreuzt, sondern im Gegenteil mit Conturbatio reagiert, einem Ausdruck entrüsteter Überra-
and annoyance at the angel’s intrusion into her personal space. As the Florentine tradition schung darüber, dass der Engel in ihren Raum eingedrungen ist. Der Garten ist mit Bäumen,
demanded, the garden is bordered by trees – pines and cypresses – but the background Pinien und Zypressen eingefasst, wie es die Florentiner Tradition fordert, doch die Öffnung
landscape of a port behind the angel’s outstretched hand represents an innovation, refer- auf einen Hafen hinter der Hand des Engels ist eine Neuerung und verweist auf die Marien-
ring symbolically to Mary’s title of Stella maris, i.e. Mary as ‘Star of the Sea’, and a harbour symbolik, in der sie als Meerstern und schützender Hafen für die Fischer betrachtet wird.
of refuge for sinners. Die Wahl der Musik war leicht, da es auf die Worte des Engelsgrußes Ave Maria gratia plena
The choice of music was easily made, for there are numerous settings of the angelic sal- viele Vertonungen gibt. Eine bequeme Lösung wäre gewesen, eine komplexe, prächtige
utation Ave Maria gratia plena. The easiest solution would have been to select a complex, Mottete unter dem reichhaltigen Korpus der damals in Italien anwesenden franko-flämischen
sumptuous motet by one of the host of Franco-Flemish composers active in Italy at the Komponisten zu wählen. Doch mit Leonardos Verkündigung verband ich diese Musik nicht.
time. To me, however, the Annunciation does not suggest that sort of music. There is such Zwischen dem Engel und Maria besteht solch eine Vertraulichkeit, solch eine Konzentration
an intimacy, such a degree of concentration, such an air of mystery between the Angel and und solch ein Geheimnis, dass ich mir eine bescheidenere Musik jenseits von jedem
42 43
Mary, that I was thinking of something musically unpretentious, and without liturgical pomp. liturgischen Prunk vorstellte. In diesem Jahrzehnt verbreitete sich gerade in Italien und
During that decade Italy, particularly Florence, saw the spread of the lauda, a musical form ganz besonders in Florenz eine musikalische Form, nämlich die Laudes, die sich außerhalb
that developed outside the liturgy as an expression of the devotion of a household, or the des liturgischen Rahmens entwickelte und Ausdruck einer häuslichen Frömmigkeit oder der
exercise of a sodality. The extremely active Marian piety of the time inspired many musical Gepflogenheit einer Bruderschaft war. Die Verehrung der Madonna war damals sehr präsent
settings of the Ave Maria in the form of four-voiced laude. Their simplicity, even a degree of und inspirierte zu vielen Vertonungen des Ave Maria gratia plena in Form von vierstimmigen
naivety, and their economy of melodic means, seemed to me to correspond much better to Laudes. Ihre Einfachheit, eine gewisse Naivität und ihre Sparsamkeit mit melodischen
this image of the Annunciation, and to the mystery of the Incarnation. Mitteln schienen mir, dieser Verkündigung und dem Geheimnis der Fleischwerdung besser
After several different experiments with the Ave Maria of Frater Petrus, we decided to keep zu entsprechen.
only the upper voice, accompanied by the lira, a widespread practice at the period, with the Im Ave Maria von Frater Petrus entschieden wir uns nach mehreren Versuchen nur die
lira creating a harmonic halo around the voice, but with no underlying bass part. This kind of Oberstimme mit Lirabegleitung zu behalten. Das war damals eine gängige Praxis. Die Lira
vocal accompaniment challenges the way we always hear music as a relationship between bildet einen harmonischen Hof rund um die Stimme, doch ohne Bass-Grundton. Diese Art
the bass and the upper parts, and displaces our customary way of listening.  der Stimmbegleitung stellt unsere musikalischen Hörgewohnheiten in Frage, die immer auf
einem Verhältnis Bass/Oberstimme beruhen, und verändert daher unsere Art zu hören. 
5 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

PORTRAIT DE MUSICIEN
 Ce portrait peint vers 1485 date de la première période milanaise de Léonard de Vinci,
au même titre que La Belle Ferronnière et La Dame à l’hermine.
Si le visage et les cheveux sont terminés, d’autres éléments comme le vêtement, l’étole, le
bonnet ou les mains sont non finiti, comme dans d’autres tableaux de Léonard. Le cartel
tenu par le musicien, redécouvert lors d’une restauration en 1904, comporte une partition
musicale avec les mots « Cant… Ang… » (Canticum Angelicum ?).
Ce jeune homme ne nous regarde pas, à la différence de Ginevra Benci ou du regard
troublant de la Belle Ferronnière. Il est perdu dans ses pensées avec un fort sentiment
d’introspection. On ressent la même intensité et présence du sujet qu’avec le portrait du
Condottiere d’Antonello de Messine, même si le statut d’homme de guerre est bien différent
de celui d’homme de l’art.
On a pensé pendant longtemps que le personnage représenté était Franchinus Gaffurius,
le maître de chapelle de Milan, ou Atalante Migliorotti, un jeune musicien joueur de lira da
braccio qui avait accompagné Léonard. De récentes recherches 1 font au contraire supposer
que l’homme serait le compositeur Josquin Desprez, présent à Milan de juin à août 1484
avec le cardinal Ascanio Sforza, frère de Ludovic le More. Il reviendra en 1489 pour les
festivités du mariage de Giangaleazo Sforza et Isabelle d’Aragon, auxquelles participe aussi
Léonard.
Josquin Desprez, le prince des musiciens, est certainement le compositeur le plus important
44 45
de la Renaissance, célébré par les plus grands théoriciens comme le premier d’entre tous.
Il jouira après sa mort d’un prestige jamais démenti jusqu’à aujourd’hui. Une anecdote
rapportée dans Le Livre du Courtisan de Baldassare Castiglione témoigne de sa réputation :
un motet ayant été chanté devant la duchesse d’Urbin ne plut à personne et ne fut pas
trouvé bon, jusqu’à ce que l’on apprît qu’il était de la plume de Josquin Desprez ! Ce
compositeur que peint Léonard a quasiment le même âge que lui. Déjà célèbre, il a servi
René d’Anjou et Louis XI à Tours, et se trouve sans doute assez fortuné pour avoir son
portrait peint par Léonard de Vinci.
Parmi l’immense œuvre de Josquin Desprez, j’ai choisi le motet Planxit autem David en
raison de son texte (extrait du Deuxième Livre des Rois, chapitre 1, verset 17) : la plainte de
David sur la mort de Jonathas. Ce texte a également été mis en musique plus tard par les
compositeurs de l’époque baroque en raison de sa puissance émotionnelle.
Tout l’art de Josquin est là, sa science du contrepoint au service du sens, mais aussi ces
moments homophoniques (considera Israel) ou proches de la récitation (ne forte letentur)
qui créent un sentiment de communauté dans la douleur. Léonard a peint un Josquin
Desprez concentré, sans aucun détail superfétatoire. En regardant ce visage qui émerge de
l’obscurité et sa puissante intériorité, on ressent le sentiment du silence qui précède toute
musique.

1
Je me réfère à la somme parue sur Josquin de David Fallows, Brepols, 2009, qui, suite à de nouvelles découvertes,
bouleverse la biographie du musicien.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

PORTRAIT OF A MUSICIAN BILDNIS EINES MUSIKERS


 This portrait from around the year 1485 dates from Leonardo da Vinci’s first Milanese  Dieses Porträt wurde ebenso wie La Belle Ferronnière und Die Dame mit dem Hermelin
period, together with La Belle Ferronnière and Lady with an Ermine. um 1485 in der erste Mailänder Zeit Leonardo da Vincis gemalt.
While the face and hair are completed, other elements such as the tunic, stole, bonnet Gesicht und Haare sind beendet, andere Elemente, z.B. die Kleidung, die Stola, die Mütze
and hands are unfinished, as in other paintings by Leonardo. As was discovered during oder die Hände sind wie in anderen Gemälden Leonardos non finito. Das Schriftstück, das
restoration in 1904, the musician is holding a page of manuscript containing a piece of der Musiker hält, wurde bei einer Restauration 1904 entdeckt. Es enthält Noten mit den
music with the words CANT. ANG. (?‘Canticum Angelicum’). Worten Cant ... Ang ... (Canticum Angelicum?).
In contrast with the unsettling gaze of La Belle Ferronnière or Ginevra Benci, the young man Im Gegensatz zu Ginevra Benci oder zum seltsamen Blick der Belle Ferronnière sieht uns
is not looking at us. He is evidently lost in a mood of introspective thought. One feels the dieser junge Mann nicht an. Er ist in Gedanken bzw. in einer tiefen Selbstbeobachtung
same degree of intensity, of the presence of the sitter, as in the Portrait of a Condottiere by verloren. Man empfindet die gleiche Intensität und Präsenz des Dargestellten wie beim
Antonello da Messina, even if the status of the warrior greatly differs from that of the artist. Porträt des Condottiere von Antonello da Messina, selbst wenn sich der Status eines
For a long time it was thought that the subject was either Franchino Gaffurio, the maestro Kriegers stark von dem eines Künstlers unterscheidet.
di capella of Milan, or Atalante Migliorotti, a young musician and lira da braccio player Lange dachte man, dass die dargestellte Person Franchinus Gaffurius sei, der Kapellmeister
who accompanied Leonardo. Recent research1 suggests that on the contrary, the man von Mailand, oder Atalante Migliorotti, ein junger Musiker, der Lira da braccio spielte und
depicted is probably the composer Josquin Desprez, who was in Milan between June and Leonardo begleitet hatte. Neueren Forschungen1 gemäß wird hingegen angenommen, dass
August 1484 together with Cardinal Ascanio Sforza, the brother of Ludovico il Moro. Desprez es sich bei dem dargestellten Mann um den Komponisten Josquin Desprez handelt, der sich
returned there in 1489 for the marriage festivities of Giangaleazo Sforza and Isabella of zwischen Juni und August 1484 mit dem Kardinal Ascanio Sforza, dem Bruder von Ludovico
Aragon, in which Leonardo also participated. il Moro, in Mailand aufhielt. Im Jahr 1489 kam er für die Hochzeitsfeierlichkeiten von Gian
Josquin Desprez, the prince of musicians, was definitely the most important composer of Galeazzo Sforza und Isabella von Aragón zurück, an denen auch Leonardo teilnahm.
the Renaissance, celebrated by the greatest theoreticians of the time as the very greatest Josquin Desprez, der Fürst der Musiker, ist sicher der bedeutendste Renaissancekomponist,
48 49
of all. His unchallenged prestige continued after his death, right up to the present day. An der von den größten Theoretikern als der erste unter ihnen gefeiert wurde. Noch nach
anecdote reported in Baldassare Castiglione’s Book of the Courtier testifies to his reputation: seinem Tod kam ihm ein Prestige zu, das bis heute nie bestritten wurde. Eine Anekdote,
a motet was sung before the Duchess of Urbino, and it pleased nobody – until it was die im Buch Il Cortegiano von Baldassare Castiglione erzählt wird, zeugt von seinem Ruf:
revealed that it was by Josquin! The composer was about the same age as Leonardo, and Eine Motette, die vor der Herzogin von Urbino gesungen worden war, gefiel niemandem und
already famous, having served René d’Anjou and Louis XI at Tours; Josquin was certainly wurde nicht gut befunden, bis man erfuhr, dass es sich um eine Komposition von Josquin
wealthy enough to afford to have his portrait painted by Leonardo. Desprez handelt! Dieser Komponist, den Leonardo malte, hatte ziemlich das gleiche Alter
From the enormous output of Josquin Desprez I have chosen the motet Planxit autem David wie er. Bereits berühmt, hatte er René d’Anjou und Ludwig XI. in Tours gedient und war
because of its text, taken from the Second Book of Kings, chap. 1, verse 17: the lament of zweifellos vermögend genug, um von Leonardo da Vinci gemalt zu werden.
David on the death of Jonathan, words whose emotional power was so great that they were Unter den enorm vielen Werken von Josquin Desprez wählte ich die Motette Planxit autem
still being set by composers of the later baroque era. David aufgrund ihres Textes, der aus dem zweiten Buch der Könige, Kapitel 1 – Vers 17
All Josquin’s art is in this motet: the science of counterpoint at the service of meaning, stammt: Die Klage Davids über den Tod von Jonathan. Dieser Text wurde später auch von
but also passages that are homophonic (e.g. ‘Considera Israel’) and close to declamatory Komponisten der Barockzeit wegen seines emotionalen Gehalts vertont.
recitation (‘ne forte letentur’) creating a sense of a grieving community. Leonardo’s Josquin Die gesamte Kunst Josquins ist darin enthalten, seine Kenntnis des Kontrapunkts im
is highly focused, with no superfluous detail. Looking at this face emerging from the Dienst der Aussage, aber auch homophone Momente (considera Israel) oder Stellen, die
shadows, and its powerful sense of inwardness, one has the impression of the moment of dem Rezitieren nahe kommen (ne forte letentur) und ein Gemeinschaftsgefühl im Schmerz
silence immediately before a piece of music.  entstehen lassen. Leonardo malte Josquin Desprez konzentriert und ohne überflüssige
Einzelheiten. Wenn man dieses aus der Dunkelheit auftauchende Gesicht und seine mächtige
Innerlichkeit betrachtet, spürt man das Gefühl der Stille, die jeder Musik vorangeht.

1
I am referring to the conclusions drawn by David Fallows in Josquin, Brepols, 2009, a work that entirely alters this 1
Ich beziehe mich auf das Standardwerk über Josquin von David Fallows, Brepols, 2009, das die Biographie des
musician’s biography following new discoveries. Musikers nach neuen Entdeckungen vollkommen verändert.
6-8
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LA BELLE FERRONNIÈRE
 Ce portrait représenterait Lucrezia Crivelli, devenue maîtresse de Ludovic le More en
1495, et daterait des années 1495-1497. Vinci avait déjà peint dans les années 1489, dans
le même panneau de noyer, Cecilia Gallerani, la maîtresse du duc de Milan, la Dame à
l’hermine.
La Ferronnière, la bandelette nouée à l’arrière de la tête et ornée d’un camée, donne son
nom au tableau. Le parapet qui barre le premier plan est d’inspiration flamande, tout
comme le fond uniformément sombre, illustré par Van Eyck mais aussi par Antonello de
Messine. La Belle Ferronnière est habillée à la mode espagnole, alors en vogue à Milan.
Cette femme mystérieuse, dont le visage semble émerger dans un jeu d’ombre et de lumière,
nous regarde froidement, avec une intensité toute aristocratique; elle semble parfaitement
consciente de sa beauté et de son rang. En regardant le tableau, j’ai imaginé ce que pouvait
être sa vie à la cour de Milan, cette scène de théâtre, ce lieu de représentation où l’on est
jugé à chaque instant. J’ai imaginé qu’elle tenait une place privilégiée comme favorite du
duc et qu’elle participait aux nombreuses fêtes organisées par le duc, avec Vinci comme
grand ordonnateur. Le bal à la cour revêt une grande importance, c’est le moment où tout le
monde vous regarde et juge vos manières. Dans Il Cortegiano, Castiglione donne quelques
conseils au courtisan pour cette occasion : « […] Il me semble qu’il lui convient de garder
une certaine dignité tempérée d’une élégance et aérienne douceur des mouvements […]. Il
ne doit pas rentrer dans ces petitesses de pieds et battements redoublés qui sont bienvenus
50 51
chez notre Barletta mais qui seraient d’aventure peu convenables à un gentilhomme 1. »
J’ai donc choisi la danse la plus aristocratique du XVe siècle, qui met en valeur essentiellement
les qualités de grâce et de maintien des danseurs, la bassa danza. Pour cela, nous avons dû
recréer la musique car il ne nous reste que les parties de ténor de ces danses, c’est-à-dire
de longues notes sur lesquelles les instrumentistes de l’époque improvisaient. Nous jouons,
pour La Belle Ferronnière, trois spagna sur le même ténor, intitulées Venus. La première
basse danse est jouée par le luth et la harpe, dans un rythme régulier, tandis que la viole
tient le ténor. La seconde, improvisée à la vièle, se caractérise par son inventivité rythmique
et l’emploi subtil de proportions rythmiques (un aspect spéculatif très présent dans la
musique du XVe siècle). La troisième basse danse, à la flûte à bec, est plus mouvementée. Il
faut imaginer, sur ces musiques, le duc de Milan et Lucrezia Crivelli dansant la basse danse
avec grâce et une certaine morgue aristocratique.
Le Donne, venite al ballo, invitation à la danse, est aussi une reconstruction de ce continent
disparu, à savoir la chanson populaire du XVe siècle. Dans nombre de frotolles, on trouve des
citations de chansons populaires insérées dans la trame de la musique. Il suffit d’enlever
les autres voix pour retrouver ces chansons, témoignages si touchants de ce que l’on a pu
chanter dans les rues et les palais, car la circulation entre les deux univers était avérée.
Tante volte si si si, une frottole joyeuse et dansante de Marchetto Cara, clôt ce bal. Je me
prends à imaginer qu’Isabelle d’Este a pu envoyer ces pièces à sa sœur Béatrice d’Este,
duchesse de Milan ! 

1
Baldassare Castiglione, Le Livre du courtisan.
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LA BELLE FERRONNIÈRE LA BELLE FERRONNIÈRE


 This portrait, probably dating from the years 1495-1497, is thought to be of Lucrezia  Dieses Porträt soll aus den Jahren 1495-1497 stammen und Lucrezia Crivelli darstellen,
Crivelli, who in 1495 became the mistress of Ludovico Sforza, Duke of Milan (known as die 1495 die Mätresse von Lodovico il Moro wurde. Da Vinci hatte bereits um das Jahr 1489
‘il Moro’). Around 1489, on the same walnut panel, da Vinci had already painted Cecilia ebenso auf einem Nussbaumholz Cecilia Gallerani, die Mätresse des Herzogs von Mailand,
Gallerani (‘Lady with an Ermine’), an earlier mistress of Ludovico. gemalt: die Dame mit dem Hermelin.
La Belle Ferronnière takes its name from the metal headband (or ‘ferronnière’) around the Die „ Ferronnière “, nämlich das Stirnband, das hinten am Kopf zusammengebunden und mit
lady’s forehead, fastened at the back of her head, and bearing a decorative cameo at the einer Kamee verziert ist, gibt dem Gemälde seinen Namen. Die Brüstung, die den Vordergrund
front. The parapet across the foreground is a Flemish-influenced idea, as is the uniformly abtrennt, ist ebenso wie der gleichmäßig dunkle Hintergrund flämisch inspiriert, wie es bei
dark background exemplified in the work of van Eyck, also found in Antonello da Messina. Van Eyck, aber auch bei Antonello da Messina zu sehen ist. Lucrezia Crivelli ist nach der
La Belle Ferronnière is wearing Spanish costume, as was the fashion in Milan at the time. spanischen Mode gekleidet, die damals in Mailand en vogue war. Diese geheimnisvolle Frau,
This mysterious woman, whose face seems to emerge from an interplay of light and shade, deren Gesicht aus einem Spiel von Licht und Schatten aufzutauchen scheint, sieht uns kalt
views us coolly, with a truly aristocratic intensity; she seems perfectly conscious of her mit ganz aristokratischer Intensität an und scheint sich ihrer Schönheit und ihres Ranges
beauty and status. Looking at this picture, I was imagining how her life might have played vollkommen bewusst zu sein. Beim Betrachten dieses Gemäldes stellte ich mir vor, wie ihr
out at the Milanese court, a theatrical stage where her ‘performance’ would be constantly Leben am Hof von Mailand verlief, auf dieser Bühne, diesem Ort der Repräsentation, wo man
subject to appraisal. I imagined her holding a privileged place as the Duke’s favourite, and jeden Augenblick beurteilt wurde. Ich stellte mir vor, dass sie als Favoritin des Herzogs eine
participating in many celebrations oranized by the Duke, with da Vinci as their coordinating privilegierte Stellung innehatte und an zahlreichen vom Herzog veranstalteten Festen teil-
director. The court ball would be an event of great significance: every eye would be focused nahm, bei denen Da Vinci der große Organisator war. Bälle hatten bei Hof große Bedeutung,
on you, judging your every gesture. In Il Cortegiano, Castiglione gives the courtier advice for da sie der Moment waren, wo man von allen angesehen und das Benehmen beurteilt wurde.
such an occasion: ‘[…] it seems to me necessary to maintain a certain dignity tempered In Il Cortegiano erteilt Castiglione dem Höfling für diese Gelegenheiten einige Ratschläge:
with elegance and an airy smoothness in one’s movements […] one should not fall back on „[...] es scheint mir, dass es für ihn angemessen ist, eine gewisse Würde zu wahren, aber
54 55
those agilities of foot and double-steps which might become our friend Barletta, but which mit Ungezwungenheit und einer luftigen Grazie in den Bewegungen; [...] er darf nicht in jene
would probably be of little use to a gentleman.’1 sehr schnellen Fußbewegungen und Doppelschläge verfallen, die bei unserem Barletta will-
So I have chosen the most aristocratic dance of the 15th century, the bassa danza, which kommen, aber bei einem Edelmann wenig schicklich sind.1“ Ich wählte daher den aristokra-
most emphasizes the dancers’ qualities of gracefulness and deportment. For this we needed tischsten Tanz des 15. Jh., der vor allem die Anmut und die Haltung der Tänzer zur Geltung
to recreate the music: we have only the tenor parts of these dances, i.e. the long notes on bringt: la bassa danza. Dafür mussten wir die Musik neu schaffen, denn uns sind nur die
which the instrumentalists of the time would have improvised. For ‘La Belle Ferronnière’, Tenorstimmen dieser Tänze erhalten, d.h. lange Noten, über denen die Instrumente impro-
we perform three spagna entitled ‘Venus’ – all three share the same tenor. The first dance visierten. Für „La Belle Ferronnière“ spielen wir drei Spagna auf demselben Tenor mit dem
is played by lute and harp in a steady rhythm, while the viola maintains the tenor voice. The Titel Venus. Der erste Basstanz wird von einer Laute und einer Harfe in einem regelmäßigen
second dance, improvised by the vielle to the same tenor, is characterized by rhythmical Rhythmus interpretiert, während die Gambe den Tenor spielt. Der zweite wird weiterhin über
inventiveness, and the subtle use of rhythmic proportions (a speculatively theoretical demselben Tenor auf der Fiedel improvisiert und zeichnet sich durch seinen rhythmischen
approach very much present in the music of the 15th century). The third basse dance, for Einfallsreichtum und den subtilen Gebrauch rhythmischer Proportionen aus (ein spekulativer
recorder, is the liveliest. We need to imagine the Duke of Milan and Lucrezia Crivelli dancing Aspekt, der in der Musik des 15. Jh. sehr oft zu finden ist). Der dritte Basstanz auf der Block-
the bassa danza to these pieces with grace and a certain aristocratic haughtiness. flöte ist bewegter. Bei diesen Musikstücken muss man sich vorstellen, wie der Herzog von
‘Donne, venete al ballo’, an invitation to the dance, is another reconstruction from that lost Mailand und Lucrezia Crivelli den Basstanz mit Anmut und einer gewissen aristokratischen
world of the 15th-century: that of the popular song. In a number of frottole we find quotations Überheblichkeit tanzen. Donne, venete al ballo, eine Aufforderung zum Tanz ist ebenfalls eine
from popular songs inserted into the framework of the composition. On simply removing Rekonstruktion dieser verschwundenen Welt des volkstümlichen Lieds aus dem 15. Jh. In
the other voices, these songs can be rediscovered – really quite moving evidence of what vielen Frotolle findet man Zitate von Volksliedern, die in das musikalische Geflecht eingefügt
would have been sung in the streets, as well as in the palaces, given the acknowledged sind. Es genügt, die anderen Stimmen wegzulassen, um diese Lieder und damit sehr ergrei-
interchange between the two worlds. In ‘Tante volte si si si’ a joyful, dance-like frottola by fende Zeugnisse dessen wiederzufinden, was man auf den Straßen oder in den Palästen
Marchetto Cara concludes the ball. I can even imagine Isabella d’Este sending this music to sang, denn es ist erwiesen, dass es durchaus einen Austausch zwischen den beiden Welten
her sister Beatrice Duchess of Milan! gab. Tante volte si si si, eine fröhliche, tänzerische Frottola von Marchetto Cara, beschließt
den Ball. Ich lasse mich zur Vorstellung hinreißen, dass Isabella d’Este diese Stücke vielleicht
ihrer Schwester Beatrice d’Este, der Herzogin von Mailand, schickte! 
1
Baldassare Castiglione, The Book of the Courtier. 1
Baldassare Castiglione, Der Hofmann.
9
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LA VIERGE À L’ENFANT AVEC SAINTE ANNE


 Le 6 octobre 1499, Louis XII conquiert Milan et provoque la chute du mécène de
Léonard de Vinci, Ludovic le More. Léonard reste encore quelques mois dans la ville, et une
hypothèse voudrait que la Sainte Anne Trinitaire fût à l’origine une commande de Louis XII
comme cadeau à son épouse Anne de Bretagne.
Léonard quitte Milan en décembre, passe par Mantoue, où il réalise le carton du portrait
d’Isabelle d’Este, et fait halte à Venise avant de revenir dans sa ville natale, Florence.
C’est dans cette ville que le moine Fra Pietro da Novellara, dans une lettre du 3 avril 1501
à Isabelle d’Este, fait état d’un premier carton qui représente sainte Anne, la Vierge, l’Enfant
Jésus et un agneau.
Le tableau n’avance guère, Léonard réfléchit beaucoup sur sa composition, il dessine et
réalise trois cartons. Les tableaux peints par ses élèves à partir de ces études rendent
compte de cette longue réflexion. Dans le même temps, Léonard s’intéresse à tout autre
chose que la peinture : il propose ses services au sultan Bazajet II pour construire un pont
sur le Bosphore, puis se met au service de César Borgia en qualité d’ingénieur et revient
à Florence, où il commencera le portrait de Mona Lisa et la fameuse Bataille d’Anghiari
commencée en 1505. Léonard ne peut refuser les offres des Français, la plus puissante
monarchie en Europe ; il abandonne donc le chantier de La Bataille d’Anghiari et rejoint
Milan, que gouverne Charles d’Amboise au nom du roi Louis XII.
La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne fait partie des tableaux que Léonard a gardé avec
56 57
lui toute sa vie, ne cessant d’y travailler. On peut le considérer comme un véritable
aboutissement des multiples et diverses recherches de l’artiste sur la nature et l’art.
Comme pour La Vierge aux rochers, la scène se passe dans un paysage fantastique et
étrange au bord d’un précipice. Ce qui m’a tout de suite frappé, c’est l’extraordinaire
douceur et subtilité des expressions de ces trois personnages. J’ai alors cherché un motet
sur sainte Anne qui puisse en rendre compte. Je me suis alors confronté à deux difficultés :
la rareté des motets sur sainte Anne comparée à l’immense corpus dédié à la Vierge ; et
la difficulté à trouver une musique qui s’accorde avec le caractère de dévotion privée du
tableau. J’ai finalement eu la chance de trouver un Ave mater matris Dei d’un compositeur
peu connu, Jean L’Héritier. Sans doute élève de Josquin Desprez, qu’il a croisé en France
à la Chapelle royale en 1501, Jean L’Héritier, dans son motet pour sainte Anne, use d’un
style qui rappelle l’écriture du motet pour la mort d’Anne de Bretagne de Jean Mouton, lui
aussi chantre à la Chapelle royale, avec ces grands arrêts expressifs sur le mot « Anna ». Ce
motet, étonnamment sensible et intime dans sa simplicité, par un compositeur de surcroît
proche de la Chapelle royale de Louis XII, m’a semblé correspondre à ce que je ressentais
en regardant le tableau.
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

THE VIRGIN AND CHILD WITH SAINT ANNE ANNA SELBDRITT


 On 6 October 1499 Louis XII conquered Milan, toppling Leonardo da Vinci’s patron,  Am 6. Oktober 1499 eroberte Ludwig XII. Mailand, was zum Sturz von Leonardo da
Ludovico il Moro. Leonardo remained in the city for a few months more, and there is a Vincis Mäzen Ludovico il Moro führte. Leonardo blieb noch einige Monate in der Stadt.
theory that this ‘trinity’ of the Virgin and Child with Saint Anne was originally commissioned Eine Hypothese lautet, dass das Anna selbdritt ursprünglich ein Auftrag Ludwigs XII. als
by Louis XII as a present for his wife, Anne of Brittany. Geschenk an seine Gattin Anne de Bretagne war.
Leonardo left Milan in December, passed through Mantua, where he made the cartoon Leonardo verließ Mailand im Dezember, fuhr über Mantua, wo er den Karton des Porträts von
stage of the Isabella d’Este portrait, and stopped in Venice before returning to his native Isabella d’Este entwarf, und machte danach in Venedig Halt, bevor er in seine Geburtsstadt
Florence, from where on 3 April 1501 the monk Fra Pietro da Novellara wrote to Isabella Florenz zurückkehrte.
d’Este, mentioning Leonardo’s first cartoon representing St Anne, the Virgin, the Infant In dieser Stadt erwähnte der Mönch Fra Pietro de Novellara in einem Brief an Isabella d’Este
Jesus, and a lamb. vom 3. April 1501 einen ersten Karton, der die heilige Anna, die Madonna, das Jesuskind
The picture made little progress: Leonardo deliberated greatly over the composition, und ein Lamm darstellte.
planning and executing three cartoons. The pictures painted by his pupils during this study Das Gemälde machte kaum Fortschritte, da Leonardo lange über seine Komposition
period bear witness to this long period of reflection. At the same time Leonardo became nachdachte und dafür drei Kartons zeichnete und fertigstellte. Die von seinen Schülern
interested in a host of subjects unconnected with painting: he offered his services to Sultan hergestellten Gemälde, die von diesen Studien ausgehen, berichten von dieser langen
Bayezid II for the construction of a bridge over the Bosphorus, then enrolled as an engineer Überlegungszeit. Zur gleichen Zeit interessierte sich Leonardo für etwas ganz anderes als
for Cesare Borgia, subsequently returning to Florence, where he began the portrait of Mona die Malerei: Er bot dem Sultan Bayezid II. seine Dienste an, um eine Brücke über den
Lisa and (in 1505) the famous Battle of Anghiari. Unable to refuse offers from France – the Bosporus zu bauen, stellte sich dann in den Dienst von Cesare Borgia als Ingenieur
most powerful monarchy in Europe at the time – he abandoned the workshop he had und kehrte nach Florenz zurück, wo er mit dem Porträt der Mona Lisa und 1505 mit der
formed for the Battle of Anghiari and went to Milan, then governed by Charles d’Amboise in berühmten Schlacht von Anghiari begann. Das Angebot der Franzosen, der mächtigsten
the name of King Louis XII. Monarchie Europas, konnte Leonardo nicht ausschlagen. So gab er seine Arbeit an der
60 61
The Virgin and Child with Saint Anne is one of the paintings Leonardo kept with him and Schlacht von Anghiari auf und begab sich nach Mailand, wo Charles d’Amboise im Namen
worked on continually for the rest of his life. It may be seen as a culminating point for the von König Ludwig XII. regierte.
artist’s many and varied researches into nature and art. As with the Virgin on the Rocks, Das Anna Selbdritt gehört zu den Gemälden, die Leonardo sein ganzes Leben lang behielt
the scene takes place in a strange, fantastic landscape on the edge of a precipice. What und nicht aufhörte, daran zu arbeiten. Man kann es als das wahre Ergebnis der zahlreichen,
immediately struck me was the extraordinary sweetness and subtlety of expression of the verschiedenen Versuche des Künstlers über die Natur und die Kunst betrachten. Wie bei
three persons depicted. When searching for a corresponding motet about St Anne, I was der Felsgrottenmadonna spielt die Szene in einer fantastischen, eigenartigen Landschaft
confronted by two difficulties: the rarity of motets for St Anne compared with the enormous am Rand eines Abgrunds. Was mir sofort auffiel, war die außerordentliche Sanftheit und
number dedicated to the Virgin, and the challenge of unearthing a piece that matched the Subtilität im Ausdruck der drei Figuren. Ich suchte also eine Motette für die heilige Anna,
private devotional character of the picture. I was finally fortunate enough to find an ‘Ave die diese Merkmale wiedergeben kann. Dabei traf ich auf zwei Schwierigkeiten: Motetten
mater matris Dei’ by a lesser-known composer, Jean L’Héritier, probably a pupil of Josquin über die heilige Anna sind im Gegensatz zum immensen der Madonna gewidmeten Korpus
Desprez, whom he had met in 1501 at the Chapelle royale in France. In his motet for St extrem selten, und außerdem war es schwierig eine Musik zu finden, die zum privaten
Anne, Jean L’Héritier employs a style recalling an earlier motet for the death of Anne of Ausdruck der Frömmigkeit dieses Gemäldes passt. Schließlich hatte ich das Glück, ein Ave
Brittany by Jean Mouton (another singer at the Chapelle royale) and its expressive fermatas mater matris Dei von dem nur wenig bekannten Komponisten Jean L’Héritier zu finden. Er
on the word ‘Anna’. L’Héritier’s motet, astonishingly sensitive and intimate in its simplicity war zweifellos ein Schüler von Josquin Desprez, dem er 1501 an der Chapelle royale in
and, moreover, by a composer close to the Chapelle royale of Leonardo’s patron Louis XII, Frankreich begegnete. In seiner Motette für die heilige Anna verwendete er einen Stil, der
seems to me to correspond to the feeling I had on looking at this picture. mit seinem langen expressiven Verharren auf dem Wort „Anna“ an die Komposition eines
anderen Sängers der Chapelle royale erinnert, u.zw. an Jean Moulins Motette zum Tod
von Anne de Bretagne. Diese unglaublich sensible, intime Motette für die heilige Anna, die
noch dazu von einem Komponisten stammt, der der Chapelle royale von Ludwig XII. nahe
stand, schien mir in ihrer Einfachheit dem zu entsprechen, was ich bei der Betrachtung des
Gemäldes empfand. 
10-15 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LA VIERGE AUX ROCHERS


 La Vierge aux rochers fut commandée par contrat le 25 avril 1483 par une confrérie
franciscaine laïque pour la Chapelle de l’Immaculée Conception à Milan. Ce tableau n’est
que le panneau central, peint par Léonard de Vinci, d’un grand retable flanqué de deux
anges musiciens, peints par Ambrogio de Predis.
L’histoire du tableau, qui fut l’objet d’une âpre bataille juridique, est complexe, mais il en
résulte deux versions : la plus ancienne, sans doute achetée par Ludovic le More, se trouve
aujourd’hui au musée du Louvre de Paris, la plus récente, exécutée en partie par Ambrogio
de Predis, se trouve à la National Gallery de Londres 1.
Tout est singulier dans ce tableau : cette halte de la Vierge dans une grotte au bord d’un
précipice avec le Christ et saint Jean Baptiste enfants réunis, le paysage montagneux,
l’étendue d’eau liée à une symbolique mariale, la montagne associée à l’ordre de Saint-
François comme lieu de retraite de son fondateur.
J’ai voulu en premier lieu faire entendre les deux instruments peints sur les panneaux
latéraux par Ambrogio de Predis, deux solos pour le luth et la lira da braccio, souvent décrite
par erreur comme un violon par les historiens de l’art. Puis je suis resté, avouons-le, assez
paralysé par le tableau, ne voulant pas céder à la facilité en proposant une musique mariale
qui, de toute façon, n’aurait pas convenu à cette représentation si particulière de la Vierge.
Frappé par l’extraordinaire douceur de ce tableau, tant dans le geste de protection de Marie
sur Jean Baptiste que dans celui de sa main suspendue sur l’Enfant Jésus, et l’harmonie
62 63
qui émane de cette mise en scène parfaitement maîtrisée, j’ai choisi une mélodie italienne,
Fortuna desperata, qui a le même statut de « standard » au XVe siècle que De tous biens
playne. La mélodie écrite en mode hypolydien, le mode de la prière, convient parfaitement
à l’ambiance du tableau. De surcroît, pour souligner l’ambiguïté qui existe si souvent dans
les tableaux de Vinci entre les univers sacré et profane (entre la Vierge et la Joconde, par
exemple), j’ai choisi un contrafactum religieux de Fortuna desperata. Ce procédé, souvent
pratiqué, consiste à substituer à la lettre profane de pieuses paroles. La pièce Poi che
t’hebbi nel core, n’est donc que Fortuna desperata interprétée sur un texte sacré.
Comme pour De tous biens playne qui accompagne Ginevra Benci, j’ai organisé une suite
dans laquelle la mélodie est présentée chaque fois sous un angle différent. D’abord la
mélodie originale, captivante dans sa simplicité, qui en fit l’un des plus grands succès du
XVe siècle ; puis une version instrumentale dans laquelle la mélodie est accompagnée par
des formules plus proches de la musique répétitive que du contrepoint de la Renaissance ;
puis la version du compositeur Johannes de Pinarol, dans laquelle la mélodie chantée passe
à la basse ; et, pour finir, la superposition de la litanie des Saints, Sancte Petre, ora pro
nobis, sur la mélodie de Fortuna desperata. Pour continuer ces jeux de références, j’ai
choisi pour le tableau suivant, Le Baptême du Christ, la messe Fortuna desperata. Tous
ces avatars d’une même mélodie sollicitent votre écoute, tout comme votre œil perçoit les
multiples glacis superposés que Léonard a patiemment déposés sur le tableau.

1
Voir les deux anges musiciens, page 10.
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

THE VIRGIN OF THE ROCKS DIE FELSGROTTENMADONNA


 The Virgin of the Rocks was commissioned in a contract dated 25 April 1483, by a  Die Felsgrottenmadonna wurde am 25. April 1483 von einer laizistischen franziskani-
Franciscan lay confraternity for the Chapel of the Immaculate Conception in the church schen Bruderschaft für die Kapelle der Unbefleckten Empfängnis in Mailand durch einen
of San Francesco Grande, Milan. This picture by Leonardo da Vinci is the central panel of Vertrag in Auftrag gegeben. Dieses von Leonardo da Vinci gemalte Bild ist nur der Mittelteil
a grand triptych: the two angel musicians flanking it on its outer panels were painted by eines großen Flügelaltars und wird von zwei musizierenden Engeln umrahmt, die von Ambro-
Ambrogio de Predis. gio de Predis gemalt wurden.
The picture, which became the subject of a bitter legal battle, has a complex history. Two Die Geschichte dieses Gemäldes, um das ein erbitterter juristischer Kampf geliefert wurde,
versions of it were finally made: the one depicted here, the older of the two, probably the ist kompliziert, doch entstanden daraus zwei Fassungen: die erste, die zweifellos von Ludo-
one bought by Ludovico il Moro, is in the Louvre Museum in Paris, while the rather later vico Maria Sforza, genannt il Moro, gekauft wurde, befindet sich heute im Louvre in Paris,
version, partly the work of Ambrogio de Predis, is in the National Gallery in London. während die jüngere Fassung, die teilweise von Ambrogio de Predis angefertigt wurde, in
Everything about this picture is remarkable: the Virgin’s halt in a grotto on the edge of a der National Gallery in London zu finden ist. Alles an diesem Gemälde ist außergewöhnlich:
precipice, with Christ and St John the Baptist meeting as infants: the craggy scenery, the der Aufenthalt der Madonna in einer Grotte am Rand eines Abgrunds mit den beiden Kin-
stretch of water with its Marian symbolism, and the mountain associated with the Order of dern Christus und dem heiligen Johannes dem Täufer, die bergige Landschaft, die mit einer
St Francis as its founder’s chosen place of retreat. Mariensymbolik zusammenhängende Wasserfläche und der Berg, der auf den Franziskane-
First of all, I wanted to recreate the sound of the two instruments painted on the side panels rorden als Einsiedelei seines Gründers hinweist. Zunächst wollte ich die beiden Instrumente
by Ambrogio de Predis, in a solo each for the lute and the lira da braccio (often erroneously zu Gehör bringen, die auf den beiden Seitenflügeln von Ambrogio de Predis gemalt wurden,
called a violin by art historians); for the picture itself, I must admit, held me in a helpless die beiden Soli für Laute und Lira da braccio, die oft irrtümlich von den Kunsthistorikern als
trance, not wanting to make the easy choice of a Marian setting that would not adequately Violine beschrieben wird. Doch dann war ich, wie ich gestehen muss, von diesem Gemälde
befit such a unique representation of the Virgin. wie gebannt und wollte nicht den bequemen Weg einschlagen und eine der Madonna gewid-
Struck by the extraordinary gentleness of the picture – the protective gesture with which mete Musik spielen, die zu dieser so besonderen Darstellung der Jungfrau Maria auf keinen
66 67
Mary supports John the Baptist, her other hand suspended above the Infant Jesus’s head, Fall gepasst hätte. Von der außerordentlichen Zärtlichkeit dieses Gemäldes ergriffen, u.zw.
as well as the sense of harmony that emanates from this perfectly captured scene – I chose sowohl durch die schützende Geste Marias Johannes dem Täufer gegenüber, als auch durch
an Italian melody, Fortuna desperata, a 15th-century song that was as highly popular as ihre Hand, die sie über dem Jesuskind hält, und die Harmonie, die von dieser vollkommen
De tous biens playne. The melody is in the hypolydian mode, the mode of prayer, entirely beherrschten Inszenierung ausgeht, wählte ich das italienische Lied Fortuna desperata, das
suited to the painting’s atmosphere. Moreover, to underline the ambiguity of sacred and im 15. Jh. den gleichen Status als „Standard“ hatte wie De tous biens playne. Die Melodie ist
profane that so often occurs in da Vinci’s paintings, I chose a spiritual contrafactum text. in der hypolydischen Tonart geschrieben, der Tonart des Gebets, und passt perfekt zur Stim-
This often practised procedure means replacing the secular words with devotional ones. mung des Gemäldes. Um die Zweideutigkeit hervorzuheben, die es so oft in den Gemälden
‘Poi che t’hebbi nel core’, is actually the song Fortuna desperata re-set to a sacred text. von da Vinci zwischen den sakralen und profanen Welten gibt (zum Beispiel zwischen der
As with the chanson De tous biens playne that accompanies the portrait of Ginevra Benci, Madonna und der Mona Lisa), wählte ich außerdem eine geistliche Contrafacta von Fortuna
here too I organized a cyclical suite, with the melody presented each time from a different desperata. Diese oft verwendete Vorgehensweise besteht darin, profane Texte durch from-
angle. First the original song, captivating in the simplicity that made it one of the greatest hits me Worte zu ersetzen. Das Stück Poi che t’hebbi nel core, ist nichts anderes als Fortuna
of the 15th century; then an amazing instrumental version with the melody accompanied by desperata, das mit einem geistlichen Text interpretiert wird.
formulas that seem closer to minimal music than to renaissance counterpoint; a version by Wie für De tous biens playne, das Ginevra Benci begleitet, organisierte ich eine Suite, in der
another composer, Johannes de Pinarol, in which the melody is sung by the bass voice; and die Melodie jedes Mal unter einem anderen Winkel gebracht wird. Zunächst ist die in ihrer
finally words from the Litany of the Saints, ‘Sante Petre, ora pro nobis’, set to the Fortuna Einfachheit bezaubernde Originalmelodie zu hören, die einer der größten Erfolge des 15. Jh.
desperata tune. To continue this game of cross-references, for the next painting, the war; danach eine erstaunliche Instrumentalfassung, bei der die Melodie von Formeln beglei-
Baptism of Christ, I chose a mass setting of Fortuna desperata. All these different avatars tet wird, die der Minimal Music näher stehen als dem Renaissance-Kontrapunkt; darauf folgt
of the same melody demand an attentive ear, just as the eye distinguishes the many die Fassung des Komponisten Johannes de Pinarol, in der die gesungene Melodie in den
different layers of glaze Leonardo has so patiently superimposed on the painting. Bass übergeht; und schließlich ist die Schichtung der Allerheiligenlitanei Sancte Petre, ora
pro nobis mit der Melodie von Fortuna desperata zu hören. Um dieses Spiel mit Verweisen
auf andere Werke fortzusetzen, wählte ich für das folgende Gemälde, der Taufe Christi, die
Messe Fortuna desperata. Alle Veränderungen derselben Melodie sprechen Ihr Gehör an,
ebenso wie Ihr Auge die vielen übereinander aufgetragenen Lasuren wahrnimmt, die Leo-
nardo geduldig auf diesem Bild auftrug. 
16
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LE BAPTÊME DU CHRIST
 Ce tableau, une grande peinture d’autel pour l’église San Salvi de Vallombrosa, avait été
commencé par Andrea del Verrocchio mais fut finalement achevé par Léonard de Vinci vers
1475, alors qu’il n’avait que vingt-trois ans. L’ange qui tient le vêtement est de Léonard,
ainsi que le paysage du fond. Vasari raconte que Verrocchio, « marri de voir que son élève
connaissait mieux la peinture que lui-même, ne voulut plus travailler pendant un temps
avec les couleurs 1. »
L’ange qui porte le vêtement, dont la torsion du buste contraste avec l’orientation de la
tête et la douceur des ombres du visage, est déjà typiquement léonardien ; de même son
intervention dans le repeint à gauche du tableau, avec ces montagnes déchiquetées et
cette eau qui se fond progressivement dans un lointain imprécis, effets atmosphériques
que Léonard affinera toute sa vie.
Le palmier qui ferme l’espace du tableau derrière l’ange est volontairement archaïsant et
se lit comme l’arbre du paradis, signe du triomphe du Christ sur la mort. La banderole sur le
bâton de saint Jean Baptiste porte l’inscription « Ecce Agnus Dei [qui tollis peccata mundi] »
qui fait référence au sacrifice du Christ ainsi qu’à la fonction du retable devant lequel est
célébrée la messe.
Il m’a semblé nécessaire de respecter cette fonction originelle de tableau destiné à un
retable. Nous ne sommes pas du tout dans un tableau de dévotion privée, comme celui de
la Sainte Anne, qui s’accordait bien à de petits motets intimes.
68 69
Je me suis donc naturellement tourné vers une mise en musique de l’Agnus Dei. La
production musicale de messes dans cette décennie-là étant immense, il m’a fallu choisir.
Jacod Obrecht m’a semblé l’emporter : il est hautement recommandé par le théoricien
Tinctoris en 1475 dans une liste des meilleurs compositeurs de son temps, mais aussi
par le grand mécène et expert en musique, le duc de Ferrare, Hercule Ier d’Este, qui l’invita
dans sa ville.
L’Agnus Dei de la messe Fortuna desperata s’inscrit dans le cadre des messes-parodies,
c’est-à-dire composées sur la base d’une œuvre déjà existante, sacrée ou profane. Obrecht,
dans le premier Agnus, cite in extenso deux fois la mélodie de Fortuna desperata ; dans
le second, à trois voix, il ne cite pas la chanson ; mais dans le troisième, très habilement,
il utilise le ténor de la chanson dans la partie de ténor de la messe. Ce système de
citations et de références nous renvoie aussi à un usage dans le monde de la peinture,
comme l’attestent les nombreuses copies ou citations de l’œuvre de Léonard chez ses
contemporains. 

1
Giorgio Vasari, Vies des artistes (vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes), 1550, op. cit.
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

THE BAPTISM OF CHRIST DIE TAUFE CHRISTI


 This picture, a large altar painting for the Florentine Church of San Salvi de Vallombrosa,  Dieses Gemälde ist ein großes Altarbild für die Kirche San Salvi de Vallombrosa, das von
was begun by Andrea del Verrocchio but completed by Leonardo da Vinci around 1475, Andrea del Verrocchio begonnen, doch schließlich von Leonardo da Vinci um 1475 vollendet
when he was only 23. The angel holding Christ’s tunic is by Leonardo, as is the background wurde, als er erst 23 Jahre alt war. Der Engel, der den Mantel hält, sowie die Landschaft
landscape. Vasari tells how Verrocchio, ‘saddened to see how much better his pupil im Hintergrund sind von Leonardo. Vasari erzählt, dass Verrocchio „so darüber betrübt war,
understood painting than he did himself, for a whole period would no longer work with dass sein Schüler die Malerei besser beherrschte als er selbst, dass er einige Zeit lang nicht
colours.’1 mehr in Farbe arbeiten wollte.“ 1
The angel carrying the tunic has his upper body turned in a different direction to that of his Der Engel, der die Kleidung trägt, ist durch die Drehung seines Oberkörpers, der mit der
head. That, and the delicacy of the shadows on his face are already typical of Leonardo; Richtung des Kopfes kontrastiert, und durch den sanften Schatten auf dem Gesicht bereits
so too is his intervention in the repainted section on the left of the picture with the jagged typisch für Leonardo; das Gleiche gilt für seine Übermalung links auf dem Gemälde mit
mountains and the expanse of water progressively dissolving into the vague horizon: den zerklüfteten Bergen und dem Wasser, das nach und nach mit einer undeutlichen Ferne
atmospheric effects that Leonardo would constantly refine during the rest of his lifetime. verschmilzt. Diese atmosphärischen Effekte sollte Leonardo sein Leben lang verfeinern.
The palm tree blocking the area behind the angel is a deliberately archaic touch, a symbol Die Palme, die den Raum des Bildes hinter dem Engel schließt, ist absichtlich archaisierend
of the tree of Paradise and of the Cross – a sign of Christ’s triumph over death. The banner und ist als Paradiesbaum zu interpretieren, ein Zeichen des Triumphes Christi über den Tod.
on Saint John the Baptist’s staff bears the inscription ‘Ecce Agnus Dei [qui tollis peccata Das Sprechband auf dem Stab von Johannes dem Täufer trägt die Inschrift Ecce Agnus Dei
mundi]’, a reference to Christ the sacrificial lamb, and to the altar in front of the painting, on [qui tollis peccata mundi], die auf das Opfer Christi anspielt, aber auch auf die Funktion des
which the Sacrifice of the Mass would be celebrated. Altars, vor dem die Messe zelebriert wird.
It seemed important to me to keep in mind the original function of the painting as an Ich hielt es für notwendig, diese ursprüngliche Funktion des Gemäldes, das für einen Altar
altarpiece. This is certainly no private devotional painting suitable for intimate motets, such bestimmt war, zu berücksichtigen. Es handelt sich ganz und gar nicht um ein Bild für die
as the Saint Anne picture. So I naturally thought of a solemn liturgical setting of the Agnus private Frömmigkeit wie bei der heiligen Anna, die gut zu intimen Motetten passt.
72 73
Dei – as that decade produced an enormous number of masses, I had a wide choice. Daher wandte ich mich wie selbstverständlich einer Vertonung des Agnus Dei zu. Da in
Jacob Obrecht seemed the prime candidate: highly commended in 1475 by the theoretician diesem Jahrzehnt immens viele Messen entstanden waren, musste ich eine Wahl treffen.
Tinctoris in a list of the best composers of his time, also prized by Duke Hercules I of Jacob Obrecht, der vom Theoretiker Tinctoris 1475 in einer Liste der besten Komponisten
Ferrara, the great patron and musical expert, who invited him to his city. seiner Zeit sehr geschätzt wurde, doch auch vom großen Mäzen und Musikexperten, dem
The Agnus Dei from the Missa Fortuna desperata is a parody mass, i.e. composed on the Herzog von Ferrara Ercole I. d’Este, der ihn in seine Stadt einlud, schien mir, den Sieg
basis of a pre-existing work, either sacred or profane. In the first Agnus Dei of the Mass, davontragen zu müssen.
Obrecht quotes the Fortuna desperata melody extensively; in the second Agnus Dei (in Das Agnus Dei der Messe Fortuna desperata gehört zu den Parodiemessen, d.h. dass es
three voices), he does not quote the song at all; but in the third one, the tenor part cunningly auf der Grundlage eines bereits existierenden geistlichen oder profanen Werkes komponiert
incorporates the tenor voice of the song. This system of quotations and references is a wurde. Obrecht zitiert im ersten Agnus in extenso zweimal die Melodie von Fortuna
further connection with the world of painting, reminding us of the numerous copies and desperata, im zweiten, dreistimmigen zitiert er das Lied nicht; doch im dritten benutzt
quotations from Leonardo’s work that we find in his contemporaries.  er sehr geschickt den Tenor des Liedes in der Tenorstimme der Messe. Dieses System
des Zitierens und der Verweise auf andere Werke erinnert auch an eine Gepflogenheit
in der Welt der Malerei, wovon viele Kopien oder Zitate von Leonardos Werk bei seinen
Zeitgenossen zeugen. 

1
Giorgio Vasari, The Lives of the Most Eminent Painters, Sculptors, and Architects (1550), op. cit.. 1
Giorgio Vasari, Vies des artistes (Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes) (1550),op. cit.
17-18 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LA JOCONDE
 Ce portrait célébrissime, sans doute le tableau le plus connu au monde, m’a laissé
sans voix pendant de longs mois, jusqu’au jour où j’ai décidé de ne plus m’encombrer des
milliers de pages écrites et des multiples théories émises par de savants historiens de l’art
à son sujet.
La Joconde, c’est d’abord le portait de Mona Lisa del Giocondo commandé en 1503 à Léonard
par son mari Francesco del Giocondo, riche marchand de Florence, qui voulait par ce présent
marquer à sa jeune épouse sa joie et sa reconnaissance de lui avoir donné deux enfants
mâles. Le tableau ne fut jamais livré, Léonard l’ayant achevé bien plus tard, et surtout, il
eût été sans doute refusé, car le tableau est scandaleux, comme nous le rappelle Daniel
Arasse 1. La Joconde sourit, ce qui est incorrect, elle est épilée, alors que seules les femmes
de mauvaise vie le sont, et de surcroît, Léonard la place devant un paysage âpre, déchiqueté,
terrible, au lieu des riantes prairies fleuries qu’était en droit d’attendre son commanditaire.
Au-delà de ce qui a été écrit et de la fortune critique du tableau, je m’en suis simplement tenu
au portrait d’une belle jeune femme : comment la célébrer ? J’ai eu la chance 2 de trouver
dans un manuscrit conservé à Bologne un étrange motet anonyme, Lucrecia pulchra, qui
célébrait la beauté féminine. L’histoire du texte de ce motet vaut la peine d’être raconté : la
source première se trouve dans le Cantique des Cantiques, ce livre poétique de l’Ancien
Testament, qui inspirera un poème en latin, Lydia bella puella candida, sans doute écrit par
le poète Gaio Cornelio Gallo au début de notre ère. Au XVe siècle, ce poème de l’Antiquité
74 75
fut repris avec des variantes pour célébrer la beauté de la fameuse Lucrèce Borgia, avec
pour titre Lucrezia pulchra. Il suffisait de substituer dans la partition le nom de Mona Lisa à
Lucrezia pour continuer cette chaîne de paraphrases et célébrer la beauté de la Joconde, qui
avait d’ailleurs exactement le même âge que Lucrèce Borgia !
Ce motet singulier, déjà presque madrigalesque, fonctionnait bien avec le tableau, mais nous
avons voulu aussi vivre une expérience singulière : réciter à la lira da braccio de la poésie
pour Mona Lisa.
Nous n’avons rien gardé de cette pratique dans laquelle Léonard excellait, mais dans le
troisième livre de frottoles édité par Ottaviano Petrucci en 1505 se trouve une grille
harmonique avec pour seul titre : Per sonetti. C’est une grille permettant de réciter tous les
sonnets. Nous avons donc choisi un sonnet de Pétrarque, Vergognando talor, qui parle de
l’impuissance du poète à décrire la beauté, et avons cherché comment le chanter, on disait
alors « recitare », avec pour seul accompagnement la lira.
Au cœur de la nuit, dans l’abbaye de Noirlac, une musique étrange s’est révélée, qui n’avait
rien à voir avec ce que nous connaissions et pratiquions. De façon surprenante, la lira créait,
par la liberté de son jeu improvisé, une sorte de sfumato estompant les contours mélodiques
de la voix. Nous avons ressenti alors la puissance d’une musique venue d’un temps ancien,
de l’époque des aèdes grecs, la force saisissante de la poésie et le sourire de la Joconde. 

1
Daniel Arasse, Histoire de peintures, Gallimard, 2006.
2
Grâce à la précieuse aide de la musicologue Camilla Cavicchi.
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LA GIOCONDA DIE MONA LISA


 This most celebrated of portraits – probably the world’s most famous painting – had left  Dieses sehr berühmte Porträt, zweifellos das berühmteste der Welt, machte mich lange
me awestruck for months, until I decided to stop weighing myself down with the thousands Monate hindurch sprachlos, bis zu dem Tag, an dem ich beschloss, mich nicht mehr mit
of pages and the vast number of theories written about it by art historians. den tausenden von Schriften und den vielfältigen Theorien zu belasten, die von gelehrten
La Gioconda is first and foremost the portrait of Mona Lisa del Giocondo, commissioned Kunsthistorikern darüber aufgestellt wurden.
from Leonardo in 1503 by her husband Francesco del Giocondo, a wealthy Florentine Die Mona Lisa ist das Porträt der Mona Lisa del Giocondo, das ihr Gatte Francesco de
merchant who wanted, with this gift to his young wife, to express his joy and gratitude that Giocondo, ein reicher Florentiner Händler, 1503 bei Leonardo in Auftrag gab. Mit dem
she had presented him with two male children. The painting was never delivered; Leonardo Gemälde wollte Giocondo seiner jungen Frau gegenüber seine Freude und seinen Dank
did not finish it until considerably later, and in any case it would have been refused, because ausdrücken, dass sie ihm zwei Söhne geschenkt hatte. Das Bild erhielt er aber nie, da es
of its scandalous quality, as Daniel Arasse points out.1 Mona Lisa is smiling, which is quite Leonardo erst viel später vollendete. Sicher wäre es auch abgelehnt worden, denn das Porträt
improper; her eyebrows and eyelashes are shaven – a mark of women of easy virtue – and ist skandalös, wie uns Daniel Arasse in Erinnerung ruft.1 Mona Lisa lächelt, was ungehörig
to cap it all, Leonardo poses her in front of a wild, jagged, menacing landscape, instead of ist, sie hat gezupfte Augenbrauen, was nur Frauen mit schlechtem Lebenswandel haben,
the sunny, flowering meadows his client was entitled to expect. und außerdem stellt sie Leonardo vor eine karge, zerklüftete, schreckliche Landschaft,
Apart from what has been written about the picture and its critical reception, I kept my anstatt vor liebliche, blühende Wiesen, die der Auftraggeber zurecht erwarten durfte.
attention focused on the portrait of a beautiful young woman – how best to celebrate it in Ich sah von den Schriften über das Gemälde und seine kritische Rezeption ab, hielt mich
music? I was fortunate2 in finding a manuscript, preserved in Bologna, containing a curious, einfach an das Porträt einer jungen Frau und fragte mich, wie man sie würdigen könnte?
anonymous motet, Lucrecia pulchra, in praise of feminine beauty. The history of the text of Ich hatte das Glück2 in einer in Bologna erhaltenen Handschrift eine merkwürdige, anonyme
this motet is worth recounting; the primary source is the Song of Songs, that poetic book Motette, Lucrecia pulchra, zu finden, die die weibliche Schönheit rühmt. Die Geschichte des
of the Old Testament which inspired a Latin poem from the early 1st century AD, Lydia bella Textes dieser Motette ist es wert, erzählt zu werden. Ihre erste Quelle ist im Hohen Lied zu
puella candida, ascribed to the poet Caius Cornelius Gallus. In the 15th century this poem finden, diesem poetischen Buch des alten Testaments, das einem Gedicht in lateinischer
78 79
of Antiquity was taken up and adapted, under the title Lucrezia pulchra, to celebrate the Sprache Inspirationsquelle war: Lydia bella puella candida, das zweifellos vom Dichter
beauty of the famous Lucrezia Borgia. We only needed to substitute the name of Mona Lisa Gaius Cornelius Gallus zu Beginn unseres Zeitalters geschrieben wurde. Im 15. Jh. wurde
for that of Lucrezia in the score to continue this chain of paraphrases, and to praise the dieses antike Gedicht mit Varianten wieder verwendet, um die Schönheit der berühmt-
beauty of La Gioconda – who was exactly the same age as Lucrezia Borgia! berüchtigten Lucrezia Borgia zu rühmen. Es trug damals den Titel Lucrezia pulchra. Es
This remarkable motet, virtually a madrigal before its time, worked well with the painting, genügt in der Partitur den Namen Lucrezia mit dem der Mona Lisa zu ersetzen, um diese
but we were also seeking a novel experience: to recite poetry for Mona Lisa accompanied Kette von Paraphrasen fortzusetzen und die Schönheit der Mona Lisa zu rühmen, die
by the lira. übrigens genau so alt wie Lucrezia Borgia war!
This practice – one in which Leonardo excelled – has not survived, but in the third book of Diese eigenartige Motette, die schon fast madrigalistisch ist, passt gut zum Gemälde,
frottole published by Ottaviano Petrucci in 1505, there is a harmonic grid simply entitled: doch wollten wir auch eine außergewöhnliche Erfahrung machen: auf der Lira für Mona
Per sonetti, for the recitation of any sonnet. We chose one by Petrarch, Vergognando talor, Lisa Gedichte zu rezitieren. Von dieser Praxis, in der Leonardo glänzte, ist nichts erhalten
in which the poet finds himself unable to find words to describe beauty; pondering how we geblieben, doch im dritten 1505 von Ottaviano Petrucci veröffentlichten Buch der Frottole
might sing it, we had the idea of reciting it accompanied only by a lira. findet sich ein harmonisches Schema, das nur den Titel Per sonetti trägt. Es handelt sich
In Noirlac Abbey, at the dead of night, a strange kind of music unfolded – unlike anything um ein Schema zum Rezitieren aller Sonette. Wir wählten also ein Sonett von Petrarca,
we had known or practised before. To our astonishment, the improvisatory freedom of the Vergognando talor, das von der Machtlosigkeit des Dichters handelt, die Schönheit zu
lira created a sort of sfumato effect, blurring the melodic contours of the voice. Then we felt beschreiben. Wir überlegten, wie man es singen bzw. rezitieren könne, denn man sagte
the power of music coming from ancient times, from the era of the Greek bards: the striking damals „recitare“ und begleitete nur mit der Lira.
force and energy of poetry, and of the smile of La Gioconda.  In der Abtei von Noirlac entstand mitten in der Nacht eine Musik, die nichts mit dem zu tun
hat, was wir kennen und spielen. Überraschenderweise brachte die Lira durch die Freiheit
ihres improvisierten Spiels eine Art Sfumato hervor, das die melodischen Umrisse der
Stimme verwischte. Da fühlten wir die Macht einer Musik, die aus alter Zeit kommt, nämlich
aus der Zeit der griechischen Aoiden, aber auch die Kraft und die Stärke der Dichtkunst und
das Lächeln der Mona Lisa.

1
Daniel Arasse, Histoire de peintures, Gallimard, 2006. 1
Daniel Arasse, Histoire de peintures, Gallimard, 2006.
2
Thanks to the invaluable help of musicologist Camilla Cavicchi. 2
Dank der wertvollen Hilfe der Musikwissenschaftlerin Camilla Cavicchi.
19 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

PORTRAIT DE GINEVRA BENCI


 Ce portrait de femme fut sans doute commandé par Bernardo Bembo alors qu’il était
ambassadeur à Florence, en 1475-1476.
Bembo, sénateur vénitien et humaniste, fréquentait le cercle néoplatonicien de la villa
Careggi regroupé autour de Marsile Ficin. Ginevra Benci, célébrée pour sa beauté, ses
vertus et son talent, était issue d’une des grandes familles aristocratiques de Florence.
C’est probablement dans ce cercle néoplatonicien que l’amour platonique de Bernardo
Bembo pour Ginevra Benci et son admiration pour sa culture se sont affermis, comme
l’attestent de nombreux témoignages littéraires contemporains.
Dans ce portrait, Léonard rompt avec la tradition florentine des portraits féminins repré-
sentés de profil, dans une attitude assez figée qui correspondait aux règles de bienséance
des femmes. Il se rapproche beaucoup plus de la tradition flamande du portrait, connu et
admiré des italiens1.
Bembo, qui fut ambassadeur de Venise à la cour de Charles le Téméraire, dernier duc de
Bourgogne, avait une très grande connaissance de l’art flamand. Il est ainsi possible qu’il
n’ait pas été étranger à l’intérêt du jeune Léonard pour la peinture à l’huile.
Le Portrait de Ginevra Benci est riche de références : le bouquet de genévrier, plante qui
symbolise la vertu féminine, domine le tableau, et son nom ,« ginepro », renvoie à Ginevra.
La devise « Virtutem forma decorat » (la beauté est la parure de la vertu), qui apparaît sur
la face arrière du tableau, tisse un contexte de spéculation philosophique entre Vertu et
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Beauté, sujet de conversation prisé par les hôtes de la villa Careggi.
J’avais déjà été saisi, au premier abord, sans connaître tout ce contexte, par la distinction
aristocratique de cette jeune femme, mais aussi par une certaine froideur. Quelle musique
pouvais-je associer à ce portrait ? Que jouait-on, qu’écoutait-on à Florence dans ces
années ? Quelles secrètes correspondances pouvaient s’établir ?
Le choix s’est porté tout naturellement sur des musiques franco-flamandes contemporaines
du tableau, et plus particulièrement l’une des chansons les plus connues du XVe siècle, De
tous biens playne de Hayne van Ghizeghem, dont les paroles, qui célèbrent les vertus d’une
dame, sont parfaitement appropriées. Avec ces musiques considérées comme une science
et enseignées à l’époque avec les mathématiques, la géométrie et l’astronomie, nous
entrons dans un monde de complexité, de références et de spéculations cher à Leonard.
De tous biens playne, le tube absolu du XVe siècle, devient un terrain de jeu contrapuntique
pour les compositeurs ; après la version originale à trois voix, une quatrième voix se rajoute,
puis un canon de Josquin Desprez, puis une version instrumentale surprenante d’Alexandre
Agricola... La mélodie d’origine reste la même, mais chaque version la présente sous
un éclairage différent, comme notre œil voit un tableau chaque fois différemment selon
l’endroit depuis lequel il le regarde.

1
Comme l’attestent Les Époux Arnolfini par Jan van Eyck ou le tryptique Portinari de Hugo van der Goes.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

PORTRAIT OF GINEVRA BENCI PORTRÄT VON GINEVRA BENCI


 In all likelihood this portrait of a woman was commissioned by Bernardo Bembo when  Dieses Frauenporträt entstand sicher im Auftrag von Bernardo Bembo, als er zwischen
he was Ambassador at Florence in 1475-1476. 1475 und 1476 Botschafter in Florenz war.
Bembo, a Venetian senator and a humanist, frequented the Neoplatonic circle grouped Der venezianische Senator und Humanist Bembo verkehrte im neuplatonischen Kreis der
around Marsilio Ficino at the Villa Medici, at Careggi. Ginevra Benci, celebrated for her Villa Careggi, der sich um Marsilio Ficino scharte. Ginevra Benci war für ihre Schönheit,
beauty, virtue and talent, belonged to one of the great aristocratic families of Florence. It ihre Tugenden und ihr Talent berühmt. Sie stammte aus einer der großen aristokratischen
was probably within this Neoplatonic circle that Bernardo Bembo nourished his platonic love Familien von Florenz. Wahrscheinlich nahmen Bernardo Bembos platonische Liebe zu
for Ginevra Benci and his admiration for her cultured refinement, as testified in numerous Ginevra Benci und seine Bewunderung für ihre Bildung in diesem neuplatonischen Kreis zu,
literary sources. was von vielen zeitgenössischen literarischen Zeugnissen bestätigt wird.
In this portrait, Leonardo breaks with the Florentine tradition of female portraits painted in In diesem Porträt bricht Leonardo mit der Florentiner Tradition der Frauenporträts, die im
profile in a fixed pose, according to the rules of propriety for women. Here, to a far greater Profil und in einer recht starren Haltung dargestellt werden, was den Anstandsregeln der
extent, he approaches the Flemish tradition of portraiture known and admired in Italy.1 Frauen entsprach. Leonardo nähert sich hier weit mehr der flämischen Porträttradition, die
Bernardo Bembo, the former Venetian Ambassador at the court of Charles the Bold, the last bei den Italienern bekannt und bewundert wurde. 1
Duke of Burgundy, had an extensive knowledge of Flemish art; it is therefore possible that Bembo, der venezianischer Botschafter am Hof von Karl dem Kühnen war, dem letzten
Bembo was aware of the young Leonardo’s interest in oil painting. Herzog von Burgund, kannte die flämische Kunst sehr gut. Es ist daher möglich, dass er den
The Portrait of Ginevra Benci contains a wealth of references: it is dominated by a juniper jungen Leonardo bei seinem Interesse für die Ölmalerei beeinflusste.
bush, a plant symbolising feminine virtue, whose Italian name, ‘ginepro’, clearly refers to Im Porträt der Ginevra Benci sind viele Symbole zu finden: So beherrscht zum Beispiel der
Ginevra. Wacholderstrauß das Gemälde, eine Pflanze, die die weibliche Tugend versinnbildlicht und
The Latin motto ‘Virtutem forma decorat’ (Beauty adorns Virtue) on the back of the wooden deren italienischer Name Ginepro auf Ginevra hinweist.
board of the painting, brings in a speculative philosophical question about the relationship Die Devise Virtutem forma decorat (die Schönheit ist der Schmuck der Tugend), die auf der
84 85
between Virtue and Beauty, which at the time was a topic of discussion between the guests Rückseite des Gemäldes zu lesen ist, schafft einen Kontext, der eine philosophische Speku-
at the Villa at Careggi. lation über das Verhältnis von Tugend und Schönheit ist, was ein beliebtes Gesprächsthema
At first sight, without knowing this whole context, I was struck by this young woman’s der Gäste der Villa Careggi war.
aristocratic air of distinction, but also by a certain coldness in her appearance. What kind of Bereits ohne den Kontext zu kennen, war ich auf den ersten Blick von der aristokratischen
music would I associate with this portrait? What music did one play and hear at Florence at Vornehmheit dieser jungen Frau, doch auch von einer gewissen Kälte verblüfft. Welche
this time? What hidden affinities might be established? Musik konnte ich mit diesem Porträt in Verbindung bringen? Was spielte man, was hörte man
As I explained in my introduction, the choice naturally alighted on Franco-Flemish music. in diesen Jahren in Florenz? Welche geheimen Übereinstimmungen konnten entstehen?
I therefore selected music precisely contemporary with the picture, picking out one of the Wie ich in meiner Einleitung erklärt habe, fiel meine Wahl ganz natürlich auf franko-
best-known songs of the 15th century, De tous biens playne, by Hayne van Ghizeghem, flämische Musik. Ich wählte also genau die Musik, die mit dem Gemälde zeitgenössisch
with its entirely appropriate words in praise of the virtues of a lady. With this kind of music, ist, und besonders eines der bekanntesten Lieder des 15. Jh., De tous biens playne, von
considered at this period as a science, and taught alongside mathematics, geometry and Hayne van Ghizeghem, dessen Text, der die Tugenden einer Dame lobt, bestens zu diesem
astronomy, we enter a world dear to Leonardo, one of complexity, references and specula- Porträt passt. Mit diesen Arten von Musik, die als Wissenschaft betrachtet und in dieser Zeit
tions. De tous biens playne, the biggest hit song of the 15th century, became a contrapuntal mit der Mathematik, der Geometrie und der Astronomie unterrichtet wurden, betreten wir
playing field for composers; the original version for three voices had a fourth voice added to eine Welt des Komplizierten, der Verweise auf andere Werke und der Spekulationen, wie sie
it, then followed a canon by Josquin Desprez, then an astounding instrumental version by Leonardo liebte. De tous biens payne, ein richtiger Schlager im 15. Jh., wurde zu einem
Alexander Agricola, etc. The original melody remains the same, yet each version presents kontrapunktischen Spielfeld für Komponisten. Nach der dreistimmigen Originalfassung
it in a different light, just as the eye sees a picture differently each time, depending on the kommt eine vierte Stimme hinzu, dann ein Kanon von Josquin Desprez, dann eine
viewpoint from which it is being seen.  erstaunliche Instrumentalfassung von Alexander Agricola usw. Die ursprüngliche Melodie
bleibt dieselbe, doch jede Fassung beleuchtet sie anders, so wie unser Auge ein Gemälde
jedes Mal anders sieht, je nach dem Ort, von dem aus es das Bild betrachtet. 

1
As in the Arnolfini Double Portrait by Jan van Eyck or the Portinari Triptych by Hugo van der Goes. 1
Wie es die Arnolfini-Hochzeit von Jan van Eyck oder das Portinari-Triptychon von Hugo van der Goes bezeugen.
20-23 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

PORTRAIT D’ISABELLE D’ESTE


 Léonard, en quittant Milan en 1499, s’arrête à Mantoue et réalise pour la marquise
Isabelle d’Este cette esquisse d’un portrait qui ne fut jamais peint, malgré les nombreuses
relances de sa commanditaire. Il est possible qu’Isabelle d’Este ait choisi elle-même de se
faire représenter de profil, selon une tradition mantouane. L’esquisse est singulière, avec
ce regard fixé sur un point invisible en contradiction avec le mouvement rotatif du buste et
les mains croisées qui rappellent celles de Mona Lisa. C’est le seul exemple de dessin de
Léonard rehaussé de plusieurs pigments colorés.
Fille d’Hercule |er d’Este, fameux mécène en sa ville de Ferrare, Isabelle d’Este avait reçu
une éducation humaniste soignée : elle parlait latin, récitait les classiques et écrivait des
vers en italien. Le compositeur de la Chapelle du duc, Johannes Martini, lui enseigna la
musique, et Giovanni Angelo Testagrossa le luth. Par ailleurs, elle s’accompagnait à la lira en
chantant et jouait des instruments à clavier. Mariée en 1490 au marquis de Mantoue, elle va
s’employer à faire de sa ville un centre artistique renommé. Son abondante correspondance
avec les peintres, musiciens, artisans et facteurs d’instruments révèle une commanditaire
exigeante et informée.
Je ne m’attarderai pas sur ses commandes de peintures, son studiolo et ses « grottes » qui
faisaient l’admiration de ses contemporains pour me concentrer sur son action décisive
comme mécène de cet art nouveau, la frottole, qui représente la première tentative de
création d’un répertoire profane italien à la Renaissance. Elle s’entoure en effet de
86 87
chanteurs et compositeurs italiens, parmi lesquels les fameux Bartolomeo Tromboncino et
Marchetto Cara, auxquels elle propose des textes à mettre en musique et commande une
quantité impressionnante d’instruments.
Pour mettre en regard le tableau et son modèle, j’ai d’abord choisi une pièce dans un
manuscrit dit Canzoniere d’Isabella d’Este 1, qui lui a été offert lors de son mariage. Le
despourvu infortuné est un rondeau de Firminus Caron, qui représente bien ce goût des
aristocrates italiens pour la musique des Oltramontani. Cependant, dans le manuscrit, il est
intitulé Tanto l’afano, comme si Isabelle d’Este avait déjà la volonté d’être le mécène de la
musique italienne tout en faisant oublier l’origine française de Caron !
Ensuite, pour le répertoire où son mécénat fut décisif, j’ai trouvé dans le Premier Livre de
frottole publié par Petrucci en 1504 des pièces liées par la même thématique, à la fois
mélodique et textuelle. Les trois frottoles Non val’ acqua, L’acqua vale al mio gran foco puis
Gli pur gionto el giorno utilisent le même matériel mélodique, mais en le faisant passer du
soprano à la basse puis à l’alto, procédé rare et étonnant. Écrit par Tromboncino – qui avait
assassiné sa femme, pratique déplorable mais assez répandue en ces temps –, le texte est
intense et passionné – « J’ai dans le sein un volcan » –, et l’on peut juger de la différence
extraordinaire en termes d’esthétique avec le rondeau de Caron.
Ces jeux à la fois musicaux et littéraires devaient plaire à la marquise, qui avait installé dans
son studiolo, et plus précisément dans la « grotte », un panneau sur lequel était gravé en
marqueterie le fameux canon énigmatique Prenez sur moi d’Ockeghem. 

1
Ms.2856, Biblioteca Casanatense, Rome.
88 89 89
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

PORTRAIT OF ISABELLA D’ESTE PORTRÄT VON ISABELLA D’ESTE


 Leaving Milan in 1499, Leonardo stopped at Mantua, where he made this portrait  Als Leonardo 1499 Mailand verließ, machte er in Mantua halt und führte für die
sketch commissioned by its subject, the Marchesa Isabella d’Este; it was never painted, Markgräfin Isabella d’Este diese Skizze zu einem Porträt aus, das trotz zahlreicher
despite her many reminders. Possibly Isabella herself chose to be portrayed in profile, Aufforderungen der Auftraggeberin nie gemalt wurde. Es ist möglich, dass Isabella d’Este
as was the Mantuan tradition. The drawing is remarkable for the subject’s gaze fixed on selbst wünschte, sich nach einer alten Tradition Mantuas im Profil darstellen zu lassen.
an invisible point, at odds with the rotational movement of the bust, and for her crossed Die Skizze ist eigenartig mit ihrem auf einen unsichtbaren Punkt gerichteten Blick im
hands, reminiscent of those of Mona Lisa. It is the only example of a drawing by Leonardo Widerspruch zur Drehbewegung des Oberkörpers und den gekreuzten Händen. Es ist das
enhanced by several colour pigments. einzige Beispiel einer Zeichnung, in der Leonardo mehrere Farbpigmente verwendete.
The daughter of Ercole I d’Este, himself a reputed patron of the arts in his city of Ferrara, Als Tochter von Ercole I., einem berühmten Mäzen in seiner Stadt Ferrara, hatte Isabella
Isabella d’Este had received a first-class humanist education: she could speak Latin d’Este eine sorgfältige humanistische Erziehung genossen: Sie sprach Latein, konnte die
and recite the Classics, and wrote Italian verse. Johannes Martini, the composer of the Klassiker aufsagen und schrieb Verse auf Italienisch. Der Komponist der herzoglichen Ka-
Duke’s chapel, gave her music lessons, and Giovanni Angelo Testagrossa taught her the pelle, Johannes Martini, gab ihr Musik- und Giovanni Angelo Testagrossa Lautenunterricht.
lute. She accompanied her own singing on the lira, and played keyboard instruments Im Übrigen begleitete sie sich beim Singen auf der Lira und spielte auch Tasteninstrumente.
as well. After her marriage in 1490 to the Marchese of Mantua, she occupied herself in Nachdem sie 1490 den Markgrafen von Mantua geheiratet hatte, setzte sie sich dafür ein,
making his city a renowned centre of the arts. Her lively correspondence with painters, aus seiner Stadt ein berühmtes Kunstzentrum zu machen. Ihr umfangreicher Briefwechsel
musicians, craftspeople and instrument makers shows her to have been a well-informed mit Malern, Musikern, Kunsthandwerkern und Instrumentenbauern zeigt eine anspruchs-
and demanding patroness. volle, gut informierte Auftraggeberin.
Passing over her commissions for paintings, her studiolo (or private cabinet), and the grottoes Ich will mich nicht mit ihren Aufträgen von Gemälden, ihrem „Studiolo“ und ihren Grotten
that contained her antiquities – all of which attracted the admiration of her contemporaries aufhalten, die von ihren Zeitgenossen bewundert wurden, sondern mich auf ihre entschei-
– I want here to concentrate on the decisive influence of her support for the new art of dende Aktion als Mäzenin jener neuen Kunst der Frottola konzentrieren, die in der Renais-
90 91
the frottola, the first attempt during the Renaissance to create an Italian secular musical sance den ersten Versuch darstellte, ein profanes italienisches Repertoire zu schaffen. Sie
repertoire. Surrounding herself with Italian singers and composers, including the celebrated umgab sich nämlich mit italienischen Sängern und Komponisten, unter denen sich die be-
Bartolomeo Tromboncino and Marchetto Cara, she gave them suggestions for texts to be set rühmten Künstler Bartolomez Tromboncino und Marchetto Cara befanden, schlug ihnen
to music, while also commissioning an impressive quantity of new instruments. Texte zur Vertonung vor und gab eine eindrucksvolle Anzahl an Instrumenten in Auftrag.
To put the painting and its subject in perspective, firstly I’ve chosen a piece from a Um das Gemälde mit seinem Modell zu vergleichen, wählte ich zunächst ein Stück in einer
manuscript, Canzoniere di Isabella d’Este,1 that was presented to her on her marriage. Cazoniere d’Isabella d’Este 1 genannten Handschrift, die ihr bei ihrer Hochzeit geschenkt
Le despourvu infortuné is a rondeau by Firminus Caron, a typical example of the Italian wurde. Le despourvu infortuné ist ein Rondo von Firminus Caron, das den Hang der ita-
aristocratic taste for music from north of the Alps. However, in this manuscript it is entitled lienischen Aristokraten für die Musik der Oltramontani gut wiedergibt. In der Handschrift
Tanto l’affano, rather as though Isabella d’Este already wished to be seen as the patroness trägt es jedoch den Titel Tanto l’affano, als hätte Isabella d’Este bereits den Wunsch gehegt,
of Italian music, by glossing over Caron’s French origin! Mäzenin der italienischen Musik zu sein und gleichzeitig die französische Herkunft von
Secondly, for the repertoire where her patronage was crucial, I found pieces in Petrucci’s Caron vergessen zu lassen! Danach fand ich für das Repertoire, für das ihr Mäzenatentum
first book of frottole (published 1504) that are linked together melodically as well as in their entscheidend war, im 1504 von Petrucci veröffentlichten Frottole libro Primo Stücke, die
words. The three frottole entitled Non val acqua, L’acqua vale al mio gran foco, and Gli è pur durch dieselbe melodische und textliche Thematik miteinander verbunden sind. Die drei
gionto il giorno, all use the same melodic material, transferring it from the soprano to the Frottole Non val acqua, L’acqua vale al mio gran foco und Gli pour gionto e giorno verwen-
bass, then to the alto – a rare and surprising procedure. Their composer, Tromboncino, had den dasselbe Melodiematerial, doch einmal für Sopran, dann für Bass und schließlich für
murdered his wife, a crime of passion that, however appalling, was nonetheless widespread Altstimme, was ein seltenes und erstaunliches Vorgehen ist. Der Text, der von Tromboncino
in Italy at this period; and the words of the text are vehemently intense: ‘I have a fiery Etna geschrieben wurde – der seine Frau umgebracht hatte, eine beklagenswerte, jedoch da-
in my breast’. There is a world of difference in aesthetic terms between this piece and the mals recht verbreitete Handlung – ist intensiv und leidenschaftlich („ich habe einen Ätna in
rondeau of Caron. meiner Brust“) und erlaubt, den in Hinblick auf die Ästhetik außerordentlichen Unterschied
These musical and literary games must have delighted the Marchesa, who had installed in zu Carons Rondo zu beurteilen. Diese sowohl musikalischen als auch literarischen Spiele
her studiolo – more precisely, in the grotto beneath it – a panel on which the famous enig- mussten der Markgräfin gefallen, die in ihrem Studiolo, genauer gesagt in ihrer „Grotte“,
matic canon Prenez sur moi by Ockeghem was engraved in marquetry.  eine Tafel hatte anbringen lassen, auf dem in Einlegearbeit der berühmte rätselhafte Kanon
Prenez sur moi von Ockeghem zu sehen war. 
1 Ms.2856, Biblioteca Casanatense, Rome. 1
Ms.2856, Biblioteca Casanatense, Rome.
24 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

SAINT JEAN BAPTISTE


 En 1513, à la mort du gouverneur de Milan, Charles d’Amboise, qui fut son protecteur,
Léonard de Vinci accepte l’invitation de Giuliano dei Medici, frère de Giovanni dei Medici,
monté sur le trône pontifical sous le nom de Léon X. Installé à Rome, il ne reçoit pas
de grandes commandes comme Michel-Ange et Raphaël, et s’occupe à divers travaux. Il
étudie en particulier les huiles et les vernis. C’est sans doute à ces recherches que le Saint
Jean Baptiste doit son aspect.
Œuvre de dévotion privée, datant de l’époque romaine de Léonard, le Saint Jean Baptiste
pourrait être une commande du pape Léon X, dont le prénom était Jean (Giuliano), et un
hommage au protecteur de Florence. Ce tableau représente l’aboutissement du sfumato et
du travail sur les ombres et la lumière, résultat des recherches de Léonard sur les huiles.
Jean Baptiste émerge d’un fond noir et apparaît comme une figure de lumière. La récente
restauration a permis de retrouver le raffinement du rendu de la chevelure bouclée du saint.
J’ai cherché un motet sur saint Jean Baptiste, et comme pour sainte Anne, j’ai eu quelques
difficultés, jusqu’à ce que je consulte un manuscrit lié au pape Léon, le Medici Codex. Dans
ce magnifique manuscrit, rassemblé pour le pape Léon X puis offert à son neveu Lorenzo
dei Medici, duc d’Urbin, à l’occasion de son mariage avec Madeleine de La Tour d’Auvergne,
se trouvait un motet de Johannes de La Fage sur la nativité de saint Jean Baptiste, Elizabeth
Zachariæ. La coïncidence était trop belle pour que je ne m’en empare pas. La Fage est un
compositeur mineur par rapport à Jacob Obrecht ou Josquin Desprez, bien sûr, même s’il
92 93
est cité dans la liste de compositeurs du prologue du Quatrième Livre de Pantagruel par
Rabelais. Son motet Elizabeth Zachariæ jouissait toutefois d’une grande réputation, car en
plus du Medici Codex, on le trouve aussi dans neuf autres sources. Interprété par quatre
voix d’hommes, le motet a une qualité de douceur et de tendresse qui s’accorde bien avec
ce tableau qui n’est pas objet d’apparat mais bien l’un de ces tableaux que l’on accrochait
chez soi pour méditer. 
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

SAINT JOHN THE BAPTIST JOHANNES DEM TÄUFER


 In 1513, on the death of Charles d’Amboise, the governor of Milan who had been his  Als Leonardo da Vincis Gönner Charles d’Amboise, der Gouverneur von Mailand, im
patron, Leonardo da Vinci accepted Giuliano dei Medici’s invitation to go to Rome, where Jahre 1513 starb, nahm da Vinci die Einladung von Giuliano de’ Medici an, dem Bruder des
Giuliano’s brother Giovanni had assumed the pontifical throne as Leo X. Once in Rome, als Giovanni de’ Medici geborenen Papstes Leo X. In Rom erhielt er nicht so bedeutende
Leonardo did not receive major commissions, as had Michelangelo and Raphael, and Aufträge wie Michelangelo oder Raffael und widmete sich daher verschiedenen Arbeiten.
he occupied himself variously, studying in particular the qualities of oils and varnishes: Er untersuchte besonders Öle und Firnisse. Diesen Forschungen verdankt das Gemälde des
it is most probably to these researches that his Saint John the Baptist owes its special Heiligen Johannes des Täufers sicher sein Aussehen.
appearance. Dieses Werk, das der privaten Frömmigkeit gewidmet ist und aus der römischen Zeit
A work intended for private devotion, dating from Leonardo’s Roman period, Saint John Leonardos stammt, könnte ein Auftragswerk von Papst Leo X. sein, dessen Vorname
the Baptist may well be a commission of Pope Leo X, whose name was John (Giovanni), Johannes (Giuliano) war, aber auch eine Hommage auf seinen Gönner von Florenz. Das
in homage to the patron saint and protector of Florence. This painting represents the Gemälde ist die Vollendung des Sfumato und der Arbeit über Schatten und Licht als Ergebnis
culminating perfection of the sfumato and the work on light and shadow resulting from der Forschungen Leonardos über die Öle.
Leonardo’s research into oils. John the Baptist emerges from a dark background, appearing Johannes der Täufer taucht aus einem schwarzen Hintergrund auf und erscheint als
as a figure of light; recent restoration has enabled the rediscovery of the refinement of Lichtfigur. Die vor kurzem durchgeführte Restaurierung erlaubte, die feine Darstellung des
detail in the curls of the saint’s hair. gelockten Haares des Heiligen wiederzufinden.
I looked for a motet on the subject of Saint John the Baptist; there were the same difficulties Ich suchte eine Motette über den heiligen Johannes den Täufer, und wie für die heilige
as with St Anne, until I consulted a manuscript connected with Pope Leo, the Medici Codex. Anna war das gar nicht leicht, bis ich mich in eine Handschrift vertiefte, die mit Papst Leo
In this magnificent manuscript, compiled for Pope Leo X then offered to his nephew in Zusammenhang steht, nämlich der Medici Codex. In dieser herrlichen Handschrift, die für
Lorenzo dei Medici, Duke of Urbino, on the occasion of his marriage with Madeleine de Papst Leo X. zusammengestellt und dann seinem Neffen Lorenzo de’ Medici, dem Herzog
La Tour d’Auvergne, there was a motet by Johannes de la Fage on the nativity of Saint von Urbino, anlässlich seiner Hochzeit mit Madeleine de La Tour d’Auvergne geschenkt
96 97
John the Baptist: Elizabeth Zachariæ. The coincidence was too good for me to ignore. Of wurde, befindet sich eine Motette von Johannes de La Fage über die Geburt von Johannes
course, de la Fage was a minor composer when compared with Jacob Obrecht or Josquin dem Täufer, Elizabeth Zachariæ. Der Zufall war zu schön, um unbeachtet zu bleiben. La
Desprez – although he is cited in the list of composers in Rabelais’ prologue to the Fourth Fage ist zwar sicher im Vergleich zu Jacob Obrecht oder Josquin Desprez ein weniger
Book of Pantagruel. Yet de la Fage’s motet Elizabeth Zachariæ must have enjoyed a high bedeutender Komponist, auch wenn er von Rabelais in der Liste der Komponisten im Prolog
reputation, for as well as the Medici Codex we find it in nine other sources. Performed by des vierten Buches von Pantagruel genannt wird. Seine Motette Elizabeth Zachariæ hatte
four male voices, the motet has a suave, tender character appropriate to a painting that is jedoch einen sehr guten Ruf, denn abgesehen vom Medici Codex findet sie sich auch in
no ceremonial object, but the kind of picture to be mounted in one’s own private chambers neun anderen Quellen. Von vier Männerstimmen interpretiert, passt diese sanfte, zärtliche
to meditate upon.  Motette sehr gut zu dem Gemälde, das kein Prunkobjekt ist, sondern eines jener Bilder, das
man bei sich zu Haus aufhängte, um zu meditieren.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

LA LIRA DA BRACCIO, L’INSTRUMENT DE LÉONARD DE VINCI


 Les témoignages de ses contemporains ne manquent pas : le peintre et architecte
Giorgio Vasari écrit dans Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori e architettori (1550) :
« Léonard chantait divinement en s’accompagnant sur cet instrument [la lira]. » Et Giovanni
Paolo Lomazzo, dans Il libro dei sogni (1563) : « Et comme Pindare de Thèbes, prince de
tous ceux qui de son temps jouèrent la lyre, j’ai vu… Léonard le peintre qui comme chacun
de vous le sait n’a pas eu de son vivant son pareil pour jouer la lyre. »
Nous ne savons rien des années d’apprentissage musical du jeune Léonard, mais très
souvent, comme le notera plus tard Castiglione dans Il Cortegiano, les peintres, sculpteurs,
architectes étaient aussi musiciens.
La rencontre avec son instrument, la lira da braccio, est liée au contexte humaniste qui
prévaut à Florence. Emblème d’Orphée et d’Apollon, la lira de la Renaissance est un
instrument à cordes frottées, forme développée de la vièle à archet du XVe siècle, véritable
recréation de l’antique destinée aux humanistes qui cherchent à retrouver les effets de
l’union de la musique et de la poésie, à l’imitation de l’aède grec.
La lira comporte sept cordes, chaque corde étant en relation avec l’une des sept planètes,
car pour les humanistes du XVe siècle, la lira permettait de se mettre en contact avec la
musique des sphères, la musique émise par les planètes.
Sur la lira, le musicien n’interprète pas de la musique écrite mais improvise de la poésie ou
récite, en s’accompagnant, les grandes œuvres des poètes latins et grecs comme Virgile
99
et Homère. 

THE LIRA DA BRACCIO, LEONARDO DA VINCI’S INSTRUMENT


 There is no lack of contemporary witness accounts: painter and architect Giorgio Vasari
wrote in Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori e architettori (1550): ‘Leonardo sang
divinely, accompanying himself on that instrument [the lira].’ Giovanni Paolo Lomazzo in his
Book of Dreams (Il libro dei sogni, 1563) enthused: ‘Like Pindar of Thebes, the prince of all
lyre players in his day, I witnessed… Leonardo the painter who, as each of you knows, had
no equal in his lifetime as a performer on the lyre.’
We know nothing of Leonardo’s years of musical apprenticeship, but as Castiglione noted
later in his book Il Cortegiano, painters, sculptors and architects were very often musicians
as well.
His association with the lira da braccio is to be seen in the context of the humanist
philosophy then prevailing in Florence. In homage to the lyre, the legendary instrument
of Orpheus and Apollo, the stringed lira of the Renaissance, based on the medieval bowed
vielle, was developed in the 15th century as part of the antique revival, and was intended
to be played by humanists trying to rediscover the union between music and poetry in
emulation of the Ancient Greek bards, the Aioidoi.
The lira has seven strings, each chord representing one of the seven planets: for 16th
century humanists, the lira enabled a direct contact with the music of the spheres, the
musical harmonies believed to be emitted by the planets.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

The lira-player did not perform notated music; rather, he used it to accompany himself while
improvising poetry, or reciting the great Latin and Greek poets, such as Virgil or Homer. 

DIE LIRA DA BRACCIO, LEONARDO DA VINCIS INSTRUMENT


 An Zeugnissen seiner Zeitgenossen mangelt es nicht: Der Maler und Architekt Giorgio
Vasari schreibt in Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori e architettori, 1550: „Leonardo
sang wunderbar und begleitete sich dabei auf diesem Instrument [der Lira].“ Und Giovanni
Paolo Lomazzo in Il libro dei sogni, 1563: „Und wie Pindar von Theben, der der Fürst all
derer war, die in seiner Zeit Lira spielten, so sah ich ... den Maler Leonardo, der wie jeder
von Ihnen weiß, zu seinen Lebzeiten beim Liraspiel nicht seinesgleichen hatte.“
Wir wissen nichts über die musikalischen Lehrjahre des jungen Leonardo, doch wie später
Castiglione in Il Cortegiano schrieb, waren die Maler, Bildhauer und Architekten oft auch
Musiker.
Die Begegnung mit seinem Instrument, der Lira da braccio, hängt mit dem in Florenz
vorherrschenden humanistischen Umfeld zusammen. Die Lira der Renaissance galt als
Symbol von Orpheus und Apollo und war ein Streichinstrument, eine weiterentwickelte Form
der Fidel des 15. Jh., eine echte Neuschaffung des antiken Instruments für die Humanisten,
100 101
die in Anlehnung an die griechischen Aoiden die Auswirkungen der Vereinigung von Musik
und Dichtkunst wiederfinden wollten.
Die Lira hat sieben Saiten, von denen jede zu einem der sieben Planeten in Verbindung steht;
denn für die Humanisten des 16. Jh. ermöglichte es die Lira, sich mit der Sphärenmusik,
d.h. mit der von den Planeten erzeugten Musik, in Verbindung zu setzen.
Auf der Lira spielt der Musiker nicht nach Noten, sondern improvisiert Gedichte oder trägt
die großen Werke der lateinischen und griechischen Dichter wie Vergil oder Homer vor und
begleitet sich dabei. 
102 103
104 105
106 107

P. 102-103 :
FIRMINUS CARON Tanto l’afano (23)
titre italien de la chanson
the Italian title of the chanson / italienischer Titel des Liedes
Le despourvu infortuné
Manuscrit I-RC Ms.2856, folio 46
© Biblioteca Casatanense de Rome

P. 104-105 :
Per sonetti (17)
une grille harmonique pour chanter tous les sonnets à la lira da braccio
a harmonic grid for the singing of any sonnet with the lira da braccio
ein harmonisches Schema, um alle Sonette
mit Lira-da-braccio-Begleitung singen zu können
Frotolle libro tertio de Petrucci, folio 45v
© Munchen Bayerische Staatsbibliotek

P. 106 :
JACOB OBRECHT Agnus Dei (16)
de la messe Fortuna Desperata
from the Mass Fortuna Desperata / der Missa Fortuna Desperata von
alfa.m.1.2 Lat.457, Choralis liber, folio 111v
© Biblioteca estense universitaria de Modène
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DOULCE MÉMOIRE
DENIS RAISIN DADRE
DIRECTION ARTISTIQUE | ARTISTIC DIRECTION | KÜNSTLERISCHE LEITUNG

RIGA, BRUSSELS, ROME, MEXICO, BRASILIA …). ALWAYS GAME FOR NEW CHALLENGES,
 DOULCE MÉMOIRE, C’EST D’ABORD L’ESPRIT DE LA RENAISSANCE, CETTE PÉRIODE THE ENSEMBLE HAS ALSO PERFORMED AT MORE UNUSUAL VENUES: IN FRONT OF A UGC
FASTE DE DÉCOUVERTES, D’INVENTIONS, DE VOYAGES ET DE CRÉATIVITÉ. CONSTITUÉ D’UNE
CINEMA IN THE HEART OF PARIS, FOR INSTANCE, AND AT THE PRESTIGIOUS NATIONAL
ÉQUIPE DE MUSICIENS ET DE CHANTEURS FIDÈLES ET SOUDÉS, L’ENSEMBLE DOULCE
MUSEUM OF TAIPEI; IN THE GROUNDS OF THE SULTANS’ PALACE IN ISTANBUL, OR
MÉMOIRE S’INVESTIT DEPUIS SA CRÉATION EN 1989 DANS DES AVENTURES ARTISTIQUES
PRECARIOUSLY BALANCED ON A BARGE IN THE TAHITI LAGOON.
TOUJOURS INNOVANTES, AVEC LA PARTICIPATION RÉGULIÈRE DE COMÉDIENS ET DE
DENIS RAISIN DADRE IS AT THE HEAD OF DOULCE MEMOIRE SINCE IT WAS FOUNDED. HE
DANSEURS.
WAS MADE A CHEVALIER DES ARTS ET DES LETTRES BY THE FRENCH MINISTRY OF CULTURE
À TRAVERS SES ENREGISTREMENTS, CONCERTS ET SPECTACLES, DOULCE MÉMOIRE INVITE
À DÉCOUVRIR LES MUSIQUES QUE POUVAIENT ÉCOUTER LES GÉNIES INTERNATIONALEMENT
IN 1999.
RECONNUS DE LA RENAISSANCE, DONT CERTAINS, COMME LÉONARD DE VINCI, ONT
PARTICULIÈREMENT MARQUÉ LA VALLÉE DE LA LOIRE ET SES CÉLÈBRES CHÂTEAUX
RENAISSANCE. C’EST JUSTEMENT LÀ QUE L’ENSEMBLE DÉVELOPPE UNE PART IMPORTANTE  DOULCE MÉMOIRE VERKÖRPERT IN ERSTER LINIE DEN GEIST DER RENAISSANCE,
DIESER GROSSARTIGEN ZEIT DER ENTDECKUNGEN, DER ERFINDUNGEN, DER REISEN
DE SON ACTIVITÉ ET UNE RELATION PRIVILÉGIÉE AVEC LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE,
UND DER KREATIVITÄT. DAS ENSEMBLE DOULCE MÉMOIRE BESTEHT AUS EINEM TEAM
NOTAMMENT AVEC LE CHÂTEAU DE CHAMBORD.
VON TREUEN, FEST ZUSAMMENHALTENDEN MUSIKERN UND SÄNGERN UND ENGAGIERT
DEPUIS SA CRÉATION, DOULCE MÉMOIRE S’EST PRODUIT À TRAVERS TOUTE LA FRANCE
SUR LES SCÈNES D’OPÉRA, FESTIVALS ET SCÈNES NATIONALES, MAIS AUSSI DANS LES SICH SEIT SEINER GRÜNDUNG IM JAHRE 1989 FÜR STETS INNOVATIVE KÜNSTLERISCHE

GRANDES CAPITALES INTERNATIONALES (NEW YORK, HONG KONG, BRUXELLES, MEXICO, PROJEKTE UNTER REGELMÄSSIGER TEILNAHME VON SCHAUSPIELERN UND TÄNZERN.

ROME, BRASILIA, BOGOTA, SÉOUL, SINGAPOUR…). L’ENSEMBLE RÉPOND À TOUS LES DURCH SEINE AUFNAHMEN, KONZERTE UND AUFFÜHRUNGEN LÄDT DOULCE MÉMOIRE DAZU

DÉFIS ET N’HÉSITE PAS À JOUER AUSSI BIEN SUR LE PARVIS D’UN CINÉMA UGC EN PLEIN EIN, VERSCHIEDENE MUSIKEN ZU ENTDECKEN, DIE DIE INTERNATIONAL ANERKANNTEN
110 111
PARIS QUE DEVANT LE PRESTIGIEUX MUSÉE NATIONAL DE TAIPEI, DANS L’ENCEINTE DU GENIES DER RENAISSANCE HÖREN KONNTEN, VON DENEN EINIGE, WIE ETWA LEONARDO

PALAIS DES SULTANS À ISTANBUL OU EN ÉQUILIBRE INSTABLE SUR UNE BARGE POSÉE SUR DA VINCI, DAS LOIRETAL UND SEINE BERÜHMTEN RENAISSANCESCHLÖSSER BESONDERS

LE LAGON DE TAHITI. PRÄGTEN. EBEN DORT ENTWICKELT DAS ENSEMBLE EINEN WICHTIGEN TEIL SEINER

DOULCE MÉMOIRE EST DIRIGÉ PAR LE FLÛTISTE À BEC DENIS RAISIN DADRE. CELUI-CI A AKTIVITÄT SOWIE SEINE PRIVILEGIERTE BEZIEHUNG MIT DER REGION CENTRE-VAL DE LOIRE

ÉTÉ PROMU EN 1999 AU GRADE DE CHEVALIER DANS L’ORDRE DES ARTS ET DES LETTRES UND BESONDERS MIT DEM SCHLOSS VON CHAMBORD.

PAR LE MINISTÈRE DE LA CULTURE. SEIT SEINER GRÜNDUNG TRAT DOULCE MÉMOIRE IN DEN OPERNHÄUSERN, BEI DEN
FESTIVALS UND AUF DEN NATIONALEN BÜHNEN VON GANZ FRANKREICH AUF, ABER AUCH
IN DEN GROSSEN INTERNATIONALEN HAUPTSTÄDTEN (NEW YORK, HONG KONG, BRÜSSEL,
MEXIKO, ROM, BRASILIA, BOGOTA, SEOUL, SINGAPUR USW.). DAS ENSEMBLE NIMMT JEDE
 DOULCE MÉMOIRE REPRESENTS ABOVE ALL THE SPIRIT OF RENAISSANCE – A TIME HERAUSFORDERUNG AN UND ZÖGERT NICHT, EBENSO AUF DEM PLATZ EINES KINOS
OF VOYAGES AND DISCOVERY, INVENTIVENESS AND CREATIVITY. SINCE 1989, THIS
DES KINOBETREIBERS UGC MITTEN IN PARIS ZU SPIELEN WIE VOR DEM RENOMMIERTEN
FAITHFUL, CLOSE-KNIT TEAM OF MUSICIANS AND SINGERS HAS BEEN INVOLVED IN ARTISTIC
NATIONALEN MUSEUM VON TAIPEH, INNERHALB DER MAUERN DES SULTANSPALASTS IN
VENTURES OF A CONSTANTLY INNOVATIVE NATURE, WITH THE REGULAR PARTICIPATION OF
ISTANBUL ODER BEI LABILEM GLEICHGEWICHT AUF EINER JOLLE IN DER LAGUNE VON
ACTORS AND DANCERS.
TAHITI.
THROUGH ITS RECORDINGS, CONCERTS AND SHOWS, DOULCE MÉMOIRE ENABLES
AUDIENCES TO DISCOVER THE MUSIC THAT COULD HAVE BEEN HEARD BY GREAT MEN OF DOULCE MÉMOIRE WIRD VOM BLOCKFLÖTISTEN DENIS RAISIN DADRE GELEITET, DER 1999
THE RENAISSANCE, SOME OF WHOM, SUCH AS LEONARDO DA VINCI, LEFT THEIR MARK VOM FRANZÖSISCHEN KULTUSMINISTER ZUM CHEVALIER DES ARTS ET DES LETTRES

ON THE FRENCH LOIRE VALLEY AND SOME OF ITS FINE RENAISSANCE CHÂTEAUX. FOR THE ERHOBEN WURDE.

PAST FIFTEEN YEARS THE ENSEMBLE HAS BEEN PARTICULARLY ACTIVE IN CENTRE-LOIRE
VALLEY REGION OF FRANCE, WITH WHICH IT HAS DEVELOPED A PRIVILEGED RELATIONSHIP,
ESPECIALLY WITH THE ROYAL CHÂTEAU AT CHAMBORD.
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ABROAD (NEW YORK, HONG KONG, BANGKOK, SEOUL, SINGAPOUR, JAKARTA, BOSTON,
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

FRATER PETRUS
1 Ave Maria Ave Maria, gratia plena, Salut à toi, Marie, comblée de grâce, Hail, Mary, full of grace,
Petrucci, Laude libro secundo, fols. 43v Dominus tecum, virgo serena. Le Seigneur est avec toi, vierge sereine. The Lord is with thee, serene Virgin.
Ave cujus conceptio, Salut, toi dont la conception Hail, thou whose conception,
Solemni plena gaudio, Chargée d’une joie solennelle Replete with solemn joy,
Celestia, terrestria, Remplit le ciel et la terre Fills all things in heaven and earth
Nova replet lætitia. D’une joie nouvelle. With new gladness.
Ave pia humilitas, Salut, bienheureuse humilité, Hail, merciful humility,
Sine viro fecunditas, Fécondité sans aucun homme, Fruitfulness without man,
Cujus annunciatio, Dont l’annonciation Whose annunciation
Nostra fuit salvatio. Fut notre salut. Was our salvation.
Ave vera virginitas, Salut, virginité véritable, Hail, true virginity,
Immaculata castitas, Chasteté immaculée, Spotless chastity,
Cujus purificatio Dont la purification Whose purification
Nostra fuit purgatio. Nous a rachetés. Was our cleansing.
O Mater Dei, Ô mère de Dieu, O Mother of God,
Memento mei. Souviens-toi de moi. Remember me.
Amen. Amen. Amen.

MARCHETTO CARA (vers 1470-vers 1525)


2 Ave Maria à 4 Ave Maria gratia plena, Je vous salue, Marie Hail, Mary, full of grace,
4 Ave Maria à 5 Dominus tecum. pleine de grâces ; The Lord is with thee.
Benedicta tu in mulieribus Le Seigneur est avec vous. Blessed art thou among women,
Et benedictus fructus ventris tui Jesus. Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus, And blessed the fruit of thy womb, Jesus.
112 113
Sancta Maria Mater Dei le fruit de vos entrailles, est béni. Holy Mary, Mother of God,
Ora pro nobis peccatoribus Sainte Marie, Mère de Dieu, Pray for us sinners,
Nunc et in ora mortis nostræ. priez pour nous pauvres pécheurs, Now and in the hour of our death.
Amen. maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.
Amen

JOSQUIN DESPREZ (vers 1450-1521)


5 Planxit autem David Planxit autem David planctum hujuscemodi Alors David, pleurant, fit cette complainte And David made this kind of lamentation
super Saul et Jonathan, filium ejus: sur Saül et son fils Jonathan : over Saul, and over Jonathan his son:
Considera Israel, pro his, qui mortui sunt songe, Israël, à ceux qui ont péri, Consider, O Israel, for them that are dead,
super excelsa tua vulnerati. blessés à mort sur tes collines. wounded on thy high places.
Incliti, Isræl, super montes tuos interfecti sunt. Ce sont tes braves, ô Israël, qui ont été tués sur tes monts. The illustrious of Israel are slain upon thy mountains:
Quomodo ceciderunt fortes in prælio? Comment sont-ils tombés, tous ces vaillants guerriers ? How are the valiant fallen in battle?
Nolite annunciare in Geth, N’allez point l’annoncer à Geth, Tell it not in Geth,
neque annuncietis in compitis Ascalonis: ne le proclamez pas aux carrefours d’Askalon, publish it not in the streets of Ascalon,
ne forte letentur filie Philistiim, car les filles des Philistins pousseraient des cris de joie, lest the daughters of the Philistines rejoice,
ne exultent incircumsisorum. car les filles des incirconcis exulteraient. lest the daughters of the uncircumcised triumph.

Montes Gelboe, nec ros, nec pluvia veniat super vos, Ô monts de Guilboa, que ni rosée ni pluie ne vous arrosent, Ye mountains of Gelboe, let neither dew nor rain come upon
neque sint agri primitiarum: que vos champs ne donnent plus de fruits, you, neither be they fields of firstfruits:
quia ibi abjectus est clypeus fortium et clypeus Saul, car c’est là que furent jetés à terre les boucliers des braves, for there was cast away the shield of the valiant,
Saul, quasi non esset unctus oleo. le bouclier de Saül, comme s’il n’eut pas été oint d’huile. the shield of Saul, as though he had not been anointed with oil.
A sanguine interfectorum, ab adipe fortium. Du sang des blessés, de la graisse des braves. From the blood of the slain, from the fat of the valiant.

FRANCESCO PATAVINO (1478-1556)


7 Donne, venete al ballo Donne, venete al ballo, donne innamorate Dames, venez au bal, amoureuses dames, Ladies, come to the dance, amorous ladies!
Che la bella v’invitta Car la belle vous invite, For you are invited by the beauty
nel volto più che rosa incolorita Au visage coloré plus que rose ; Whose face is brighter than the rose!
Hor lietamente quella accompagnate Joyeusement, accompagnez-la ! Now merrily accompany her
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

Al ballo, donne al ballo Au bal, dames, au bal ! To the dance, ladies, to the dance!
Mo ben si ben di qua di la tantarara Bien maintenant, oui bien, ici et là, tra la la, Well then, yes well, hither and thither, tantarara,
Tutte cantate Chantez toutes ! Sing all of you!
Venete al ballo, donne innamorate. Venez au bal, amoureuses dames. Come to the dance, amorous ladies!

Al ballo, al ballo, al ballo, Au bal, au bal, au bal, To the dance, to the dance, to the dance,
Venite fantinelle in compagnia Venez servantes, en compagnie Come, servant girls, in the company
Con queste donne belle, De ces belles dames Of these beautiful ladies,
Che sono qual nel ciel lucente stelle, Qui sont comme des étoiles brillantes au ciel, Who are like stars glittering in the sky,
Dove sol regna amore et cortesia. Où seuls règnent amour et courtoisie. Where love and courtesy reign alone.
Al ballo, donne al ballo Au bal, dames, au bal ! To the dance, ladies, to the dance!
Mo ben si ben di qua di la tantarara Bien maintenant, oui bien, ici et là, tra la la, Well then, yes well, hither and thither, tantarara,
Tutte cantate Chantez toutes ! Sing all of you!
Venete al ballo, donne innamorate. Venez au bal, amoureuses dames. Come to the dance, amorous ladies!

MARCHETTO CARA
8 Tante volte si si si Tante volte si si si Tant de fois oui, oui, oui, So many times ‘yes, yes, yes’
Et in cambio aver un no Et en échange recevoir un non, And in exchange to receive a ‘no’:
Son cagion che infino a qui Voilà pourquoi jusqu’à présent That is why, until now,
Io non ho quel che non ho. Je n’ai pas ce que je n’ai pas. I don’t have what I don’t have.

Ogni giorno un bel dimando Chaque jour une belle demande Every day a charming request
Et un si sempre mi paga Que l’on paie toujours d’un oui ; And I’m always repaid by a ‘yes’;
Et per non sapere il quando : Mais comme je n’en sais pas le « quand », But because I don’t know the ‘when’,
114 115
Questo al cor m’é mortal piaga C’est pour mon cœur une plaie mortelle It is a mortal wound to my heart,
Ché del si la incerta paga Car l’incertaine récompense du oui For the uncertain reward of the ‘yes’
Fa ch’io mor’ stando cusi. Fait que je meurs en restant ainsi. Makes me die if I remain like this.

Tante volte… Tant de fois… So many times . . .

Se’l si, si fusse presente, Si ce oui, oui était présent, If that ‘yes, yes’ were present,
Come a tempo da venire Comme à l’avenir How much more happily
Viverei piu lietamente Je vivrais plus joyeusement, I would live thereafter,
Con men doglia e men martyre. Avec moins de douleur et moins de tourment ! With less grief and less torment!
Ma per sempre si, si dire Mais toujours dire oui, oui, But always hearing ‘yes, yes’
Questo si non fa per mi. Voilà qui ne me va pas. Does not suit me.

Tante volte… Tant de fois… So many times . . .

Tanto si senza altro fare Tant de oui sans rien faire d’autre, So much ‘yes’ without doing anything else
Son pur doglie troppo extreme, C’est une douleur trop extrême, Means grief too extreme for me,
Ch’io mi vedo consumare Car je me consume Because I find myself consumed
In dubiosa e incerta speme En espoir douteux et incertain, By doubtful and uncertain hope,
Perché a quel che si mi preme Parce que je ne vois jamais venir le jour Since the day never comes
Gionger mai non vedo el di. De ce que je désire tellement. For that which is so urgent for me.

Tante volte… Tant de fois… So many times . . .

Un sol si che abi mio effecto Un seul oui qui soit pour moi suivi d’effet A single ‘yes’ followed by the deed
Me fara lieto e contento Me rendra heureux et content Will make me happy and contented,
Se del don che tanto aspetto Si elle ne me donne en récompense If only she grants me it as my reward,
Sol daramme in pagamento; Que le don que tant j’attends ; The gift I await so eagerly;
Altramente a far lamento Autrement je suis contraint Otherwise I am obliged
Son costretto notte e di. De me lamenter jour et nuit. To lament both night and day.

Tante volte… Tant de fois… So many times . . .


LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

JEAN L’HERITIER (vers 1480-vers 1551)


9 Ave Mater Matris Dei Ave mater matris Dei Salut, Mère de la Mère de Dieu, Hail, mother of the mother of God,
Per quam salvi fiunt rei Par qui pécheurs seront sauvés, Through whom the guilty are saved.
Ave proles fecundata Salut, ô toi, féconde en ta lignée, Hail, fruitful with offspring,
Anna Deo dicata Anne, au Seigneur consacrée, Anne, dedicated to God.
Pro fideli plebe tota Pour la foule des fidèles On behalf of all faithful people
Apud Christum sis devota. Auprès de Christ sois dévouée. May you be devoted before Christ.
Ora pro nobis, Prie pour nous, Pray for us,
Beata Anna. Sainte Anne. Blessed Anne.
Amen. Amen. Amen.

ANONYMOUS
12 Poi che t’hebbi nel core Poi che t’hebbi nel core Depuis que je t’ai en mon cœur, Since I have held thee in my heart,
Jesu clemente e pio Jésus clément et pieux, Clement and merciful Jesus,
Crescié tanto il disio Mon désir a tant crû My longing has grown so greatly
Ch’egli arde a tutte l’hore. Qu’il brûle à tout moment. That it burns constantly.

JOHANNES DE PINAROL
(vers 1467-vers 1536 )
14 Poi che t’hebbi nel core Ardime de splendore Enflamme-moi de splendeur, Fire me with splendour,
Dolce e pietoso iddio Dieu doux et miséricordieux, Gentle and merciful God,
Ch’ogni cosa in oblio Car j’ai mis toute chose For I have forgotten all
Ho fato per tuo amore. En oubli pour ton amour. For thy love’s sake.
116 117
HEINRICH ISAAC (vers 1450-1517)
15 Fortuna desperata / Sancte Petre, Sancte Petre, ora pro nobis. Saint Pierre, priez pour nous. Saint Peter, pray for us.
ora pro nobis Sancte Andrea, ora pro nobis. Saint André, priez pour nous. Saint Andrew, pray for us.
Sancte Jacobe, ora pro nobis. Saint Jacques, priez pour nous. Saint James, pray for us.
Sancte Thomas, ora pro nobis. Saint Thomas, priez pour nous. Saint Thomas, pray for us.
Sancte Joannes, ora pro nobis. Saint Jean, priez pour nous. Saint John, pray for us.
Sancte Simon, ora pro nobis. Saint Simon, priez pour nous. Saint Simon, pray for us.
Sancte Philippe, ora pro nobis. Saint Philippe, priez pour nous. Saint Philip, pray for us.
Sancte Mattheae, ora pro nobis. Saint Matthieu, priez pour nous. Saint Matthew, pray for us.
Sancte Jacobe, ora pro nobis. Saint Jacques, priez pour nous. Saint James, pray for us.
Sancte Thaddae, ora pro nobis. Saint Thaddée, priez pour nous. Saint Thaddaeus, pray for us.
Sancte Bartholomae, ora pro nobis. Saint Bartholomée, priez pour nous. Saint Bartholomew, pray for us.

JACOB OBRECHT (vers 1457-1505)


16 Agnus Dei Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, Lamb of God, who takest away the sins of the world,
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis. [prends pitié de nous. [have mercy upon us.
Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem. Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, Lamb of God, who takest away the sins of the world,
[prends pitié de nous. [have mercy upon us.
Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, Lamb of God, who takest away the sins of the world,
[donne-nous la paix. [grant us thy peace.

ANONYME
17 Pétrarque, Rime, sonetto XVIII Vergognando talor ch’ancor si taccia, Pris de honte parfois de taire encore, Ashamed sometimes that I still cannot express,
Donna, per me vostra bellezza in rima, Dame, votre beauté en mes rimes, Lady, your beauty in my rhymes,
Ricorro al tempo ch’i’ vi vidi prima, Je reviens à ce temps où d’abord je vous vis I return to the time when first I saw you
Tal che null’altra fia mai che mi piaccia. Telle que jamais autre ne pourra me plaire. Such that no other could ever please me.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

Ma trovo peso non dalle mie braccia, Mais pour mes bras c’est là trop lourde tâche, But I find the task weighs heavily on my arms,
Nè ovra da polir con la mia lima: Ma lime ne saurait polir un tel ouvrage ; And I cannot polish such a work with my file:
Però l’ingegno, che sua forza estima, Aussi mon esprit, qui sa force connaît, And so my wit, which knows its own strength,
Nell’operazion tutto s’agghiaccia. Dans l’entreprise tout entier se fige. In the enterprise grows wholly numb.

Più volte già per dir le labbra apersi: Bien des fois déjà j’ouvris les lèvres pour parler : Several times already I have opened my lips to speak:
Poi rimase la voce in mezzo ’l petto. Et ma voix en mon sein est restée. Then my voice failed in my breast.
Ma qual suon poria mai salir tant’alto? Quel son jamais pourra s’élever aussi haut ? But what sound could ever soar so high?

Più volte incominciai di scriver versi: Bien des fois je me mis à composer des vers : Several times I have begun to write verse:
Ma la penna, e la mano, e l’intelletto Mais ma plume, et ma main, et mon esprit But pen, and hand, and intellect
Rimaser vinti nel primier’ assalto. Sont demeurés vaincus dès le premier essai. Were vanquished at the first attempt.

ANONYME
18 Lucrecia pulchra (Mona Lisa pulchra) Mona Lisa pulchra et nimis candida Belle Mona Lisa, au teint de pur albâtre, Lovely Mona Lisa, white beyond measure,
Que bene superas lac et lilium Qui surpasses à la fois et le lait et le lys, You who surpass both milk and lily,
Albamque simul rubidam rosam Et la rose unissant la blancheur et la pourpre, The rose at once white and red
Aut ebur indicum expolitum Ou l’ivoire poli des Indes, And polished Indian ivory,
Pande Mona Lisa collum nitidum Fais-moi voir, Mona Lisa, ton cou éclatant Show me, Mona Lisa, your dazzling neck
Bene productum humeris candidis Que portent fièrement tes blanches épaules, Proudly extending from your white shoulders;
Pande Mona Lisa stella tos oculos Fais-moi voir, Mona Lisa, tes yeux où brillent des étoiles, Show me, Mona Lisa, your starry eyes
Et nigra supercilia Et tes noirs sourcils, And your dark eyelashes,
Pande roseas genas superfusas rubro purpure Fais-moi voir tes roses joues où la pourpre se mêle, Show me your pink cheeks suffused with purple,
118 119
Coralina labia dentes eburneos Tes lèvres de corail, tes dents comme l’ivoire, Your coral lips and ivory teeth
Et candorem nivei pectoris Et la blancheur de ton sein de neige, And your snow-white breast.
Pande o Mona Lisa Fais-moi voir Mona Lisa Show me, Mona Lisa,
Que omnia me sauciant Tout cela qui me blesse, All those things that wound me,
me sauciant iam semimortuum Me blesse à m’en faire mourir ; Wound me, already half-dead:
seva non cernis quia amore langueo? Cruelle, tu ne vois donc pas que je languis d’amour ! Cruel one, do you not see that I languish for love?

HAYNE VAN GHIZEGHEM (vers 1445-1497)


19 De tous biens playne De tous biens playne est ma maistresse, My mistress is full of every fine quality;
Chascun lui doit tribut d’onneur. Everyone owes her a tribute of honour;
Car assouvye est en valeur For she is as accomplished in merit
Autant que jamais fut deesse. As ever any goddess was.

En la veant j’ay tel léesse When I see her, I feel such elation
Que c’est paradis en mon cueur: That it is paradise in my heart.
De tous biens plaine est ma maistresse, My mistress is full of every fine quality;
Chascun lui doit tribut d’onneur. Everyone owes her a tribute of honour.

De tous biens plaine est ma maistresse, My mistress is full of every fine quality;
Chascun lui doit tribut d’onneur. Everyone owes her a tribute of honour;
Car assouvye est en valeur For she is as accomplished in merit
Autant que jamais fut deesse. As ever any goddess was.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

BARTOLOMEO TROMBOCINO
(vers 1470-1535)
20 Non val’ acqua Non val’ acqua al mio gran foco L’eau ne sert à rien pour mon grand feu Water is of no use to my blazing fire,
Che per pianto non se amorza Car les pleurs ne l’adoucissent pas, For tears cannot extinguish it;
Anzi ognhor piu se rinforza Au contraire, il se renforce d’autant plus Rather, it burns all the stronger
Quanto piu con quel mi sfoco Que je leur laisse libre cours. The more I pour them forth.

Non val’ acqua… L’eau ne sert à rien… Water is of no use . . .

El mio foco a tal usanza Mon feu a pour habitude My fire is accustomed
Che per pianto ognhor piu crescie De toujours s’accroître par les pleurs To increasing with tears,
E maggior prende possanza Et de prendre une force plus grande And to gaining greater strength
Se’l mio intento non riescie. Si mon vœu n’est pas exaucé. If my aim is not achieved.
El mio foco è come el pescie Mon feu est comme le poisson My fire is like the fish
Che nel acqua ha el proprio loco Qui a sa demeure dans l’eau. That is at home in water.

Non val’ acqua… L’eau ne sert à rien… Water is of no use . . .

Non mi val el lamentarsi Rien ne me sert de me lamenter It is no use my lamenting,


Ché per gridi el duol non scema Car mes cris ne diminuent pas ma douleur. For my grief is not diminished by cries.
Qual saran donche bon armi Quelles seront donc les bonnes armes What then will be the right weapons
Alla pena mia si extrema ? Pour mon chagrin si extrême ? Against my extreme sorrow?
Star patiente e con tal tema Être patient et, avec telle crainte, To be patient, and with such fear
Ben servir chi m’ama pocho Bien servir qui m’aime peu. To serve well her who loves me but little.

Non val’ acqua… L’eau ne sert à rien… Water is of no use . . .


120 121

MICHAEL PESENTI (1475-1521)


21 L’acqua vale al mio gran foco L’acqua vale al mio gran foco L’eau sert à mon grand feu Water is of use to my blazing fire,
Che per pianto ognhor se amorza Car il s’adoucit toujours par les pleurs For tears can extinguish it;
Anzi senza qual mia scorza Et sans cette mienne défense, Indeed, without that defence
Seria arsa a pocho a pocho Je serais brûlée peu à peu. I would be burned little by little.

L’acqua vale… L’eau sert… Water is of use . . .

El mio foco a tal usanza Mon feu a pour habitude My fire is accustomed
Che col pianto ognor descrescie De toujours décroître par les pleurs To decreasing with tears,
E menor prende possanza Et de prendre une force moins grande And to losing strength
Sel mio intento non riesce Si mon vœu n’est pas exaucé, If my aim is not achieved.
Che per doglia el pianto crescie Car à cause de la douleur, mes pleurs s’accroissent For, on account of my grief, my tears increase
Che poi tempra el mio gran foco Et modèrent alors mon grand feu. And thus temper my blazing fire.

L’acqua vale… L’eau sert… Water is of use . . .

Ho nel pecto un Mongibello J’ai dans le sein un volcan I have a volcano in my breast
E negli occhi un largo mare Et dans les yeux une vaste mer And in my eyes a vast sea
Che per mio menor flagello Qui, diminuant mon fléau, Which, to scourge me less,
Son concordi al mio penare Sont d’accord pour me faire souffrir Agree to punish me together,
Gia chio non potrei durare Puisque je ne pourrais résister Since I would be unable to endure it
Se non fusse el pianto e il foco S’il n’y avait les pleurs et le feu. If there were not both tears and fire.

L’acqua vale… L’eau sert… Water is of use . . .


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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE

MARCHETTO CARA
Water is of no use to my blazing fire,
22 Gli pur gionto el giorno Non val’ acqua al mio gran foco L’eau ne sert à rien pour mon grand feu
For tears cannot extinguish it;
Che per pianto non si amorza Car les pleurs ne l’adoucissent pas,
Rather, it burns all the stronger
Anzi ognhor piu se rinforza Au contraire, il se renforce d’autant plus
The more I pour them forth.
Quanto piu con quel mi sfoco Que je leur laisse libre cours.
Water is of no use . . .
Non val’ acqua… L’eau ne sert à rien…
Having to leave you
El dover da te partire Devoir te quitter
Seems to me stranger than death.
Piu che morte mi par strano Me paraît plus étrange que la mort,
I would rather die at once
Presto piu vorrei morire Je voudrais plutôt vite mourir
Than depart far from you.
Che da te farmi lontano Que de m’éloigner de toi.
Sweet face, compassionate face,
Viso dolce viso humano Doux visage, visage bienveillant,
I am forced to leave you.
De lasciarte son costretto Je suis contraint de te quitter.
Water is of no use . . .
Non val’ acqua… L’eau ne sert à rien…

FIRMINUS CARON (fl. 1460-1475)


Despoiled and wretched,
23 Le despourvu infortuné Le despourvu infortuné
Constantly surrounded
Incessament anvironné
By grief, lamentations and weeping,
De deuil de regrez et de plours
I find myself forbidden all aid
Me treuve banny de secours
And abandoned to every misfortune.
Et a tout mal habandonné

I am pitifully rewarded,
Piteusement suis guerdonné
122 And Fortune treats me so badly 123
Et tant malement gouverné
With his tricks.
Fortune me fait par ses tours

Above all, I am in such a dreadful condition


Sur tout je suis mal atourné
Because Hope has turned his back on me,
Car espoir m’a le dos tourné
And so my cause regresses.
Ainsi va mon fait a rebours
I am justified in blaming Love,
Par raison puis blamer Amours,
When he has placed me in this situation.
Quant en ce point m’a ordonné.

JOHANNES DE LA FAGE (fl. 1520)


Elizabeth conceived of Zacharias a great man,
24 Elizabeth Zachariæ Elizabeth Zachariæ magnum virum genuit Élizabeth à Zacharie donna glorieuse progéniture,
John the Baptist, forerunner of the Lord.
Johannem baptistam precursorem domini. Jean le Baptiste, précurseur du Seigneur.
There was a man sent from God,
Fuit homo missus a Deo Il y eut un homme envoyé de Dieu,
whose name was John, that he might bear witness
cui nomen erat Johannes ut testimonium perhiberet de lumine Et son nom était Jean, afin qu’il portât témoignage
[of the light.
Sancte Johannes ora pro nobis. [de la lumière.
Saint John, pray for us.
Inter natos mulierum Saint Jean Baptiste, prie pour nous.
Among those born of woman,
non surrexit maior Johannes baptista Nul, parmi les hommes nés de la femme,
there has not arisen a greater than John the Baptist,
qui viam domino preparavit in heremo, Ne fut plus grand que Jean le Baptiste,
who prepared the way of the Lord in the wilderness.
Johannes est nomen eius vinum et siceram non bibet, Qui au Seigneur prépara la voie dans le désert.
John is his name: he shall drink neither wine nor strong
et in nativitate eius multi gaudebunt. Jean est son nom, il ne boira ni vin ni breuvage enivrant,
[drink,
Sancte Johannes ora pro nobis. Et beaucoup trouveront la joie en sa naissance.
and many shall rejoice at his birth.
Saint Jean Baptiste, prie pour nous.
Saint John, pray for us.
L’abbaye de Noirlac – Centre culturel de rencontre
L’abbaye de Noirlac (18) – Centre culturel de rencontre, ambitionne de lier la
richesse patrimoniale du monument à une actualité artistique dense et éclectique.
La rencontre du passé avec la modernité, des artistes avec le monument, des
publics avec la création artistique est au cœur de ce projet. Accueil d’artistes en
résidence, sessions de recherche, enregistrements, créations et représentations
publiques jalonnent l’année de l’abbaye.

Noirlac Abbey Cultural Exchange Centre


The ambition of the Noirlac Abbey Cultural Exchange Centre is to link the
monument’s rich heritage to dense, eclectic artistic activity. At the heart of this
project are the meeting of the past with modernity, artists with the monument, and
audiences with artistic creation. The Abbey’s year is punctuated by hosting artists
in residence, research sessions, recordings, creations and public performances.

Die Abtei von Noirlac – Kulturzentrum der Begegnung


Die Abtei von Noirlac (18) – Kulturzentrum der Begegnung hat den Ehrgeiz, den
patrimonialen Reichtum dieses Kulturdenkmals mit einer dichten, eklektischen
124 künstlerischen Aktualität zu verbinden. 125
Im Zentrum dieses Projekts stehen die Begegnung der Vergangenheit mit der
Moderne, der Künstler mit dem Kulturdenkmal und verschiedener Arten von
Publikum mit künstlerischen Schöpfungen. Artists in Residence sowie Tagungen,
Aufnahmen, Uraufführungen und öffentliche Veranstaltungen prägen das Jahr der
Abtei.

www.abbayedenoirlac.com
ENREGISTREMENT BÉNÉFICIANT DU SOUTIEN DE LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE ET DE L’ADAMI, COVER / P. 31, 56 & 58-59 :
RÉALISÉ À L’ABBAYE DE NOIRLAC – CENTRE CULTUREL DE RENCONTRE (CHER) EN SEPTEMBRE 2018. Léonard de Vinci, La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne. Paris, musée du Louvre.
PHOTO © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda.
DOULCE MÉMOIRE EST SOUTENU PAR LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE ET LE MINISTÈRE
DE LA CULTURE / DRAC DU CENTRE-VAL DE LOIRE, AU TITRE DE L’AIDE P. 9 :
AUX ENSEMBLES CONVENTIONNÉS. Léonard de Vinci, Autoportrait. Italie, Florence, Galerie des Offices.
PHOTO © Alinari Archives, Florence Dist. RMN-Grand Palais / Raffaello Bencini.
DOULCE MÉMOIRE EST SOUTENU PAR LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL D’INDRE-ET-LOIRE, LE MINISTÈRE
DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES/INSTITUT FRANÇAIS ET LA VILLE DE TOURS. DOULCE MÉMOIRE EST MEMBRE
P. 10 :
DE LA FEVIS ET DU SYNDICAT PROFEDIM. IL REÇOIT LE SOUTIEN PONCTUEL DE LA SPEDIDAM,
DE L’ADAMI, DU FCM, DU BUREAU EXPORT ET DE LA FONDATION ORANGE. Léonard de Vinci (entourage de) Un ange en vert avec une viole de gambe.
Un ange en rouge avec un luth. Royaume-Uni, Londres, National Gallery.
“VIVA LEONARDO DA VINCI ! 500 ANS DE RENAISSANCE(S) EN CENTRE-VAL DE LOIRE” - OPÉRATION PHOTOS © The National Gallery, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / National Gallery Photographic Department.
SOUTENUE PAR LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE
P. 38-39 & 41 :
DOULCE MÉMOIRE REMERCIE LE MUSÉE DU LOUVRE ET VINCENT DELIEUVIN, CONSERVATEUR EN CHEF Léonard de Vinci, L’Annonciation. Italie, Florence, Galerie des Offices.
DU PATRIMOINE, EN CHARGE DE LA PEINTURE DU XVIE SIÈCLE ; L’ABBAYE DE NOIRLAC ET SON DIRECTEUR PHOTO © Archives Alinari, Florence, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Tatge.
PAUL FOURNIER ; LE CENTRE D’ETUDES SUPÉRIEURES DE LA RENAISSANCE DE TOURS, BENOIST PIERRE,
SON DIRECTEUR ET CAMILLA CAVICCHI. P. 44 & 46-47 :
Léonard de Vinci, Portrait de musicien. Italy, Milan, Pinacoteca Ambrosiana.
DENIS RAISIN DADRE TEXTS, MUSICAL & ICONOGRAPHIC RESEARCHS PHOTO © Veneranda Biblioteca Ambrosiana/Paolo Manusardi / Mondadori Portfolio / Bridgeman Images.
JEAN-MARC LAISNÉ RECORDED PRODUCER, MIXING & MASTERING
P. 50 & 52-53 :
JOHN THORNLEY ENGLISH TRANSLATION Léonard de Vinci, Portrait d’une dame de la cour de Milan, dit à tort La Belle Ferronnière.
CHARLES JOHNSTON ENGLISH TRANSLATION (SUNG TEXTS) Paris, musée du Louvre. PHOTO © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado.
SILVIA BERUTTI-RONELT GERMAN TRANSLATION
LAURENT CANTAGREL FRENCH TRANSLATION (SUNG TEXTS) P. 25, 62 & 64-65 :
MICHEL CHASTEAU FRENCH TRANSLATION (SUNG TEXTS) Léonard de Vinci, La Vierge, l’Enfant Jésus, saint Jean Baptiste et un ange,
VALÉRIE LAGARDE DESIGN & ARTWORK dite La Vierge aux rochers. Paris, musée du Louvre.
126 PHOTO © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado.
127

© KHM-MUSEUMSVERBAND INSIDE PHOTO (P.98-101)


P. 68 & 70-71 :
RODOLPHE MARICS INSIDE PHOTO (P.106-107)
Collaboration de Verrochio et de Léonard de Vinci, Le Baptême du Christ.
Florence, Galerie des Offices. PHOTO © Archives Alinari, Florence, Dist. RMN-Grand Palais / Mauro Sarri.
ALPHA CLASSICS
P. 74 & 76-77 :
DIDIER MARTIN DIRECTOR
Léonard de Vinci, La Joconde. Portrait de Mona Lisa. Paris, musée du Louvre.
LOUISE BUREL PRODUCTION
PHOTO © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado.
AMÉLIE BOCCON-GIBOD EDITORIAL COORDINATOR
P. 80 & 82-83 :
Léonard de Vinci, Portrait de Ginevra Benci. Washington, National Gallery of Art.
PHOTO © Courtesy National Gallery of Art, Washington / NGA Images.
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15, RUE DE TANNEURS
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PHONE +33 (0)2 47 66 13 28 Léonard de Vinci, Isabelle d’Este. Paris, musée du Louvre.
DOULCEMEMOIRE.COM PHOTO © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage.

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AUDREY GENDRE PRODUCTION

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© ALPHA CLASSICS / OUTHERE MUSIC FRANCE 2019
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