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da Vinci
La musique
secrète
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Denis Raisin Dadre
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biography
Sung texts
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
MARCHETTO CARA
22 Gli pur gionto el giorno 1’42
Petrucci, Frottole Libro Tertio, fols. 11v
ANONYME
18 Lucrecia pulchra (Mona Lisa pulchra) 5’34
Ms Bol. Q 20, fols. 85v-87
SAINT JEAN BAPTISTE
JOHANNES DE LA FAGE (fl. 1520)
24 Elizabeth Zachariæ 5’07
Petrucci, Motetti della Corona, Libro secundo, fols. 24
DOULCE MÉMOIRE
DENIS RAISIN DADRE DIRECTION
FRANÇAIS
LÉONARD DE VINCI, LA MUSIQUE SECRÈTE
PAR DENIS RAISIN DADRE
LÉONARD ET LA MUSIQUE
Léonard de Vinci, génie universel, aimait et pratiquait la musique. Il était fameux en son
temps comme joueur et improvisateur sur la lira da braccio, cet instrument joué par
les humanistes et poètes du XVe siècle comme Ange Politiano, Marcile Ficin et Pic de la
Mirandole.
Giorgio Vasari raconte ainsi l’arrivée de Vinci à Milan : « Léonard fut amené à Milan, précédé
de son immense réputation, et présenté, pour jouer du luth, au duc qui appréciait beaucoup
cet instrument. Il en apporta un qu’il avait façonné lui-même presque entièrement en 11
argent et ayant la forme d’un crâne de cheval, forme bizarre et nouvelle qui donnait un
son plus vibrant et plus harmonieux. Aussi l’emporta-t-il sur tous les musiciens qui étaient
accourus ; il se montra, en outre, le meilleur improvisateur de son temps 2. »
Comme nombre de peintres, le premier maître de Léonard de Vinci à Florence, Andrea
del Verrocchio, était musicien. Il faut imaginer l’ambiance de cet atelier où travaillaient
Botticelli, Le Perugin, Ghirlandaio, Lorenzo di Credi…, l’émulation artistique, les chants et
les instruments à disposition – luth, lira, vièles. La musique est partout présente, comme le
raconte Vasari à propos d’une séance de pose de la Joconde :
« Mona Lisa était très belle et [Léonard] s’avisa de faire venir, pendant les séances de pose,
chanteurs, musiciens et bouffons, sans interruption, pour la rendre joyeuse et éliminer cet
aspect mélancolique que la peinture donne souvent aux portraits ; il y avait dans celui-ci
un sourire si attrayant qu’il donnait au spectateur le sentiment d’une chose divine plutôt
qu’humaine, on le tenait pour une merveille, car il était la vie même 3. »
Vinci, dans son traité de peinture, met d’ailleurs en avant le privilège du peintre sur le
sculpteur : il peut écouter de la musique en peignant !
« [Le peintre] est assis très à l’aise devant son œuvre, bien vêtu, agitant un pinceau léger
avec des couleurs agréables, et il est paré de vêtements à son goût, et son logement est
propre et rempli de belles peintures, et souvent il se fait accompagner par la musique ou la
lecture d’œuvres belles et variées, qu’il écoute avec beaucoup de plaisir, sans être gêné par
le bruit des marteaux [du sculpteur] ou par d’autres fracas 4. »
1
Marcel Brion, Léonard de Vinci, Paris, Hachette, 1959.
2
Giorgio Vasari, Vies des artistes (vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes),1550, Grasset, 2007.
3
Ibid.
4
Léonard de Vinci, Traité de la peinture.
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FRANÇAIS
De fait, pour Léonard, explique l’historien Emanuel Winternitz, dans cet environnement, édités par Petrucci de belles pièces à la Vierge, dont la douceur et la sensualité toute
« la musique n’est pas seulement une facette parmi d’autres de son génie créatif mais une italienne s’accordent parfaitement avec les tableaux religieux de Léonard.
partie essentielle de la dynamique de son énergie artistique et scientifique 5 ». Enfin, il a fallu partir sur les traces de tout un continent disparu, la musique improvisée
pratiquée par ces musiciens qui chantaient a l’improvviso et non pas sul libro : les cantastorie
qui chantaient des histoires épiques sur les places publiques des villes, et les joueurs de lira
LES CHOIX MUSICAUX
comme Léonard, qui improvisaient de la poésie devant de nobles assemblées.
Partir à la recherche des musiques qu’aurait pu jouer Léonard est une entreprise vouée Si mes choix sont personnels et à ce titre contestables, j’ai taché d’y apporter une rigueur
à l’échec car, comme tous les joueurs de lira, Léonard improvisait, et il ne reste aucune historique pour être au plus près de l’environnement sonore de Léonard.
trace écrite du répertoire de cet instrument. « Sœur malheureuse de la peinture, la musique Pendant l’enregistrement dans la très belle abbaye de Noirlac, nous avions sous les
s’évanouit tout de suite », écrivait-il dans son traité de peinture. Cette réflexion est encore yeux la reproduction du tableau pour lequel nous jouions, comme source d’inspiration
plus pertinente pour la musique improvisée. permanente.
Il m’a fallu partir à la recherche des musiques qui entraient en résonance avec les tableaux
que j’avais choisis en me donnant pour règle de refuser tout anachronisme. J’entends par
là que la musique de 1470 n’est pas du tout celle de 1519, pas plus que la musique du
Requiem de Brahms de 1868 n’est comparable à celle du Sacre du printemps de Stravinsky
de 1913, bien que ces deux œuvres ne soient séparées que de quarante-cinq ans.
Ce projet a été rendu particulièrement ardu en raison d’une spécificité de la musique
12 italienne pendant la période créatrice de Léonard (1470-1519) : personne ne peut citer un 13
compositeur italien important contemporain de Vinci, car entre la période qui marque la fin
brillante de l’Ars nova italienne du XIVe siècle et l’extraordinaire floraison du madrigal du
XVIe s’étend une sorte de désert musical pour la musique italienne.
Jusqu’en 1501, date de la première édition musicale, les sources sont manuscrites, et
la musique est très majoritairement écrite par des Franco-Flamands, ces compositeurs
venus du Nord que l’on appelait à l’époque Alemanni, Fiamminghi ou Oltramontani. Ils ont
pour noms Alexander Agricola, Hayne Van Ghizeghem, Jacques Barbireau, Josquin Desprez,
Firminus Caron, Johannes Ockeghem, Johannes Martini (qui n’est pas italien !), Loyset
Compère, Robert Morton, Jean Molinet, Antoine Busnoys, Jean Japart, Heinrich Isaac…
pour n’en citer que quelques-uns. C’est l’État bourguignon, au faîte de sa puissance, qui
impose sa musique et sa peinture franco-flamandes au reste de l’Europe.
Il est aussi signifiant que les douze premières partitions éditées en Italie par Ottaviano
Petrucci soient consacrées à la musique franco-flamande. Il faudra attendre 1504 pour voir
apparaître le premier livre de frottole. Voilà la grande nouveauté, qui va fleurir à la cour de
Mantoue sous l’impulsion d’Isabelle d’Este, qui sait s’entourer de musiciens italiens comme
Bartolomeo Tromboncino ou Marchetto Cara. Cela signe le réveil de la musique proprement
italienne, qui débouchera ensuite sur la grande période du madrigal avec la publication en
1533 du premier livre de madrigaux de Verdelot (qui lui non plus n’était pas italien mais
français) !
Une autre forme va aussi se développer en ce début du XVIe, la laude, à usage de la dévotion
privée. Cette musique simple, écrite par des Italiens, tourne le dos à la complexité de la
musique religieuse composée par les Oltramontani. J’ai trouvé dans les deux recueils
5
Emanuel Winternitz, Leonardo da Vinci as a musician, Yale University Press, 1982.
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THE HIDDEN MUSIC OF LEONARDO
BY DENIS RAISIN DADRE
ENGLISH
The inspiration for this project was a reflection by Marcel Brion, the art critic: without being disturbed by the pounding of the sculptor’s hammers or any other such din.’ 4
‘In the Virgin of the Rocks, the angel musicians who would be expected to surround the In fact for Leonardo, explains historian Emanuel Winternitz, ‘Music was not one facet, one
Virgin are relegated to the side panels of the picture; Leonardo has realized that the particle among many others, of his creative power, but an essential (…) part of the whole
hidden music with which this painting resounds cannot be heard unless he removes the structure of his scientific-artistic energy.’ 5
musical instruments. For the music of the painting to emerge and expand to the full, in all
its elementary and supernatural harmony, the instruments must remain invisible: for the THE CHOICE OF MUSIC
music of the Virgin of the Rocks emanates from the water, the plants, and the wind moving
Any quest for music that Leonardo might have played is a hopeless cause as, like all lira
between the clefts in the rocks.’ 1
players, Leonardo improvised on the instrument, and no trace of its repertoire has survived.
‘Music, the unhappy sister of painting, evaporates in an instant,’ he wrote in A Treatise on
LEONARDO AND MUSIC Painting – and that is even more the case with improvised music.
An all-round genius, Leonardo da Vinci not only loved music: he played it as well. He was I gave myself the task of looking for pieces corresponding with the paintings I had chosen,
famed in his time as a performer and improviser on the lira da braccio, an instrument played while rejecting any anachronism. By that I mean that the music of 1470 is not at all the same
by the humanists and poets of the 15th century, such as Angelo Poliziano, Marsilio Ficino as that of 1519, any more than Brahms’s Requiem of 1868 can be likened to Stravinsky’s
and Pico della Mirandola. Rite of Spring of 1913, even though the two works are separated by no more than 45 years.
Giorgio Vasari tells us, speaking of da Vinci’s arrival in Milan: ‘Leonardo was escorted into This project was even more of a challenge due to a particuliarity of Italian music during
Milan, preceded by his immense reputation, and was presented to the Duke that he might Leonardo’s creative period (1470-1519): no one can name an important Italian composer
14 perform on the lute, an instrument the Duke greatly appreciated. He had brought with him who was his contemporary, because between the brilliant culmination of the 14th-century 15
a lute that he had fashioned himself almost entirely in silver, having the form of a horse’s Ars Nova and the extraordinary flowering of the madrigal in the 16th century, Italian music
head, a strange new shape giving a more vibrant and harmonious sound. He also had was virtually a musical desert.
the upper hand over all the musicians who had gathered to perform there; moreover, he Until 1501, the date of the first printed music, the sources for this period are all in
showed himself to be the best improviser of his time.’ 2 manuscript, and the music predominantly by Franco-Flemish composers who during this
Leonardo da Vinci’s first teacher in Florence, Andrea del Verrocchio, was also a musician, as time were known in Italy as ‘Alemanni’, ‘Fiamminghi’, or ‘Oltramontani’: Alexander Agricola,
were many other painters of the period. One can imagine the atmosphere in that workshop, Hayne Van Ghizeghem, Jacques Barbireau, Josquin Desprez, Firminus Caron, Johannes
with Botticelli, Perugino, Ghirlandaio, Lorenzo di Credi, all at work… the spirit of artistic Ockeghem, Johannes Martini (not an Italian, despite the name!), Loyset Compère, Robert
emulation, the singing, the instruments they had available to play: lute, lira, vielles. Music Morton, Jean Molinet, Antoine Busnoys, Jean Japart, and Heinrich Isaac – to name but a
everywhere present, as Vasari narrates of a sitting involving La Gioconda herself: few. Thus the Duchy of Burgundy at the height of its power imposed its music and painting
‘With Mona Lisa (who was extremely beautiful) Leonardo conceived the notion of summoning on the rest of Europe.
singers, musicians and clowns, to perform continuously during the sittings, to put her in a Significantly, the first twelve scores printed and published in Italy by Ottaviano Petrucci
merry mood and eliminate that melancholy aspect that painting can often give to portraits; were dedicated to Franco-Flemish music. It was not until 1504 that the first book of frottole
in this one there was a smile so pleasing that it seemed divine rather than human; those appeared: this important, novel genre was to flower at the court of Mantua, spurred on by
who saw it were amazed, for it seemed to be alive.’ 3 Isabella d’Este, who was able to recruit Italian musicians such as Bartolomeo Tromboncino
Da Vinci in his treatise on painting claims the painter to be more privileged than the sculptor, and Marchetto Cara. This reawakening of genuinely Italian music led to the great period of
for while painting, he can listen to music: the madrigal, with the publication in 1533 of the first book of madrigals by Verdelot (who
‘[The painter] sits down in front of his painting, very much at his ease: well dressed, holding was not Italian either!).6
a light brush, applying agreable colours, clothed as he pleases; his lodgings are clean and Another form in fashion at the beginning of the 16th century was the lauda. This artless,
filled with lovely paintings, and he can often accompany his work with music or by the Italian vocal music, employed in private devotions, turns its back on the complexity of the
reading of a varied choice of belles lettres, which he can listen to with great pleasure, religious music of the Oltremontani. In the two collections of laude printed by Petrucci,
1
Marcel Brion, Léonard de Vinci, Paris: Hachette, 1959. 4
Leonardo da Vinci, A Treatise on Painting.
2
Giorgio Vasari, The Lives of the Most Eminent Painters, Sculptors, and Architects (1550). 5
Emanuel Winternitz, Leonardo da Vinci as a Musician, Yale Univ. Press, 1982.
3
Ibid. 6
Philippe Verdelot was French-born.
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DAS MUSIKALISCHE GEHEIMNIS DES LEONARDO DA VINCI
VON DENIS RAISIN DADRE
I found beautiful pieces dedicated to the Virgin Mary, whose italianate sweetness and Ausgangspunkt dieses Projekts war die Überlegung des Kunstkritikers Marcel Brion:
DEUTSCH
sensuality is in perfect accord with the religious paintings of Leonardo. „Bei der Felsgrottenmadonna sind die musizierenden Engel, die die Jungfrau umgeben
Finally, we had to track down a whole vanished world of musical improvisation, practiced by sollten, an die Seiten des Gemäldes verbannt ; Leonardo weiß, dass die geheime Musik,
musicians singing a l’improvviso rather than sul libro – Italian ballad singers or cantastorie, die dieses Gemälde ganz erfüllt, nur gehört werden kann, wenn er die Musikinstrumente
who sang epic tales in the public city squares, and lira players such as Leonardo who entfernt.
improvised to poetry as they recited it before the assembled nobility. Damit sich die Musik des Gemäldes selbst erheben und voll in ihrem elementaren, über-
Though my choices are personal and therefore open to dispute, I have tried to bring to natürlichen Akkord entfalten kann, müssen die Instrumente unsichtbar bleiben, denn die
them an historical rigour so as to approach Leonardo’s musical environment as closely as Musik der Felsgrottenmadonna kommt aus dem Wasser, den Pflanzen und dem Wind, der
possible. During the recording in the exquisite abbey of Noirlac, we always had before us zwischen den Klüften der Felsen weht. “ 1
a reproduction of whichever Leonardo painting was the subject of our performance, as a
constant source of musical inspiration. LEONARDO UND DIE MUSIK
Das Universalgenie Leonardo da Vinci liebte und spielte Musik. In seiner Zeit war er als
Lira da braccio-Spieler und Improvisator bekannt. Dieses Instrument wurde von den
Humanisten und Dichtern des 15. Jh. wie Angelo Poliziano, Marsilio Ficino und Giovanni
Pico della Mirandola gespielt.
Giorgio Vasari erzählt die Ankunft da Vincis in Mailand wie folgt: „Leonardo wurde nach
16 Mailand gebracht, wohin ihm sein immenser Ruf voranging, und wurde dem Herzog vorge- 17
stellt, um Laute zu spielen, denn dieser schätzte das Instrument sehr. Er brachte eine mit,
die er selbst gebaut hatte, die fast ganz aus Silber war und die Form eines Pferdeschädels
hatte, eine merkwürdige, neue Form, die einen vibrierenderen und harmonischeren Ton
hervorbrachte. So übertraf er alle Musiker, die herbeigeeilt waren; er zeigte sich außerdem
auch als der beste Improvisator seiner Zeit. “ 2
Wie viele Maler war Andrea del Verrocchio, Leonardo da Vincis erster Lehrmeister in Florenz,
Musiker. Man muss sich die Stimmung in diesem Atelier vorstellen, in dem Botticelli, Pietro
Perugino, Ghirlandaio, Lorenzo di Credi usw. arbeiteten, den künstlerischen Wetteifer, den
Gesang und die zur Verfügung stehenden Instrumente Laute, Lira, Fideln. Die Musik war
überall präsent, wie Vasari in Hinblick auf einen Moment des Modellsitzens für die Mona
Lisa erzählt:
„Mona Lisa war sehr schön, und [Leonardo] kam auf die Idee, während des Modellsitzens
ununterbrochen Sänger, Musiker und Spaßmacher kommen zu lassen, um sie fröhlich zu
stimmen und den melancholischen Aspekt auszuschließen, den die Malerei oft den Porträts
verleiht; in diesem war ein so reizvolles Lächeln, dass es dem Betrachter eher das Gefühl
von etwas Göttlichem als Menschlichem gab, man hielt es für wunderbar, denn es war das
Leben selbst. “ 3
In seiner Abhandlung über die Malerei hebt da Vinci übrigens das Privileg des Malers dem
Bildhauer gegenüber hervor: er kann beim Malen Musik hören!
1
Marcel Brion, Léonard de Vinci, Paris, Hachette, 1959.
2
Giorgio Vasari, Vies des artistes (vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes) [Leben der Künstler
(Leben der ausgezeichnetsten Maler, Bildhauer und Architekten)] (1550), Grasset, 2007.
3
Giorgio Vasari, Le Vite de’ più eccellenti pittori, scultori e architettori, 1550.
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„[Der Maler] sitzt bequem vor seinem Werk, gut angezogen hält er einen leichten Pinsel mit zur Entfaltung, wofür Isabella d’Este den Anstoß gab, die es verstand, sich mit italieni-
DEUTSCH
angenehmen Farben und ist mit Kleidung nach seinem Geschmack geschmückt, und seine schen Musikern wie Bartolomeo Tromboncino oder Marchetto Cara zu umgeben. Damit
Wohnung ist sauber und voll von schönen Malereien, und oft lässt er sich von Musik oder erwachte die eigentlich italienische Musik, die danach mit der Veröffentlichung des ersten
der Lektüre schöner, verschiedenartiger Werke begleiten, die er mit großem Vergnügen hört, Madrigalbuchs von Verdelot (der auch kein Italiener war) im Jahr 1533 in die große Periode
ohne vom Lärm der Hämmer [des Bildhauers] oder von anderem Lärm gestört zu werden.“ 4 des Madrigals mündete 6!
Wie der Historiker Emanuel Winternitz erklärt, ist nämlich für Leonardo in diesem Umfeld Noch eine andere Form sollte sich zu Beginn des 16. Jh. entwickeln, nämlich die der
„die Musik nicht nur eine Facette seines kreativen Genies unter anderen, sondern ein we- Laude, die für die private Frömmigkeit bestimmt sind. Diese einfache, von Italienern ge-
sentlicher Teil der Dynamik seiner künstlerischen und wissenschaftlichen Energie.“ 5 schriebene Musik wendet sich von der Komplexität der geistlichen Musik ab, wie sie von
den Oltramontani geschrieben wurde. In den zwei von Petrucci herausgegebenen Bänden
DIE AUSWAHL DER MUSIK fand ich schöne Stücke zu Ehren der Madonna, deren sehr italienische Zärtlichkeit und
Sinnlichkeit vollkommen zu den religiösen Gemälden Leonardos passen.
Auf die Suche nach den Musikstücken zu gehen, die Leonardo vielleicht spielte, ist ein
Schließlich musste ich auf die Suche nach den Spuren eines verschwundenen Kontinents ge-
Unternehmen, das zum Scheitern verurteilt ist, denn wie alle Lira-Spieler improvisierte
hen, d.h. der improvisierten Musik, die von jenen Musikern gespielt wurde, die a l’improviso
Leonardo, und das Repertoire dieses Instruments ist uns in keinerlei Schriftquellen erhal-
und nicht sul libro sangen, nämlich einerseits die Cantastorie, die Heldengeschichten auf
ten. „Als unglückliche Schwester der Malerei vergeht die Musik sofort“, schrieb er in sei-
den öffentlichen Plätzen der Städte sangen, und andererseits die Lira-Spieler, die wie
ner Abhandlung über die Malerei. Diese Feststellung trifft für die improvisierte Musik noch
Leonardo Gedichte vor dem versammelten Adel improvisierten.
besser zu.
Zwar sind meine Entscheidungen persönlich und daher anfechtbar, doch bemühte ich mich,
18 Ich musste also auf die Suche nach Musikstücken gehen, die mit den von mir gewählten 19
sie mit größter historischer Strenge zu treffen, um dem klanglichen Umfeld Leonardos
Gemälden in Einklang standen, wobei ich es mir zur Regel machte, jeglichen Anachronismus
so nahe wie möglich zu kommen. Während der Aufnahmen in der wunderschönen Abtei
zu vermeiden. Darunter verstehe ich, dass die Musik von 1470 keineswegs die von 1519
von Noirlac hatten wir als ständige Inspirationsquelle die Reproduktion des Gemäldes vor
ist, ebenso wenig wie die Musik des Requiems von Brahms aus dem Jahr 1868 nicht mit
Augen, für das wir gerade spielten.
der von Strawinskys Sacre du printemps aus dem Jahr 1913 vergleichbar ist, obwohl diese
beiden Werke nur 45 Jahre auseinanderliegen.
Dieses Projekt war aufgrund einer Besonderheit der italienischen Musik während Leonardos
Schaffenszeit (1470-1519) besonders schwierig: Niemand kann einen bedeutenden italie-
nischen Komponisten nennen, der da Vincis Zeitgenosse war, denn zwischen der Zeit, die
das Ende der brillanten italienischen Ars nova des 14. Jh. bedeutete, und der außerordent-
lichen Blüte des Madrigals des 16. Jh. lag eine Art musikalische Wüste der italienischen
Musik.
Bis 1501, dem Datum der ersten Musikedition, waren die Quellen Handschriften, und die
Musik überwiegend von franko-flämischen Komponisten geschrieben, die aus dem Norden
kamen und die man damals Alemanni, Fiamminghi oder Oltramontani nannte. Sie hießen
Alexander Agricola, Hayne Van Ghizeghem, Jacques Barbireau, Josquin Desprez, Firminus
Caron, Johannes Ockeghem, Johannes Martini (der kein Italiener war!), Loyset Compère,
Robert Morton, Jean Molinet, Antoine Busnoys, Jean Japart, Heinrich Isaac usw., um nur
einige zu nennen. Der burgundische Staat war am Höhepunkt seiner Macht und setzte seine
Musik und seine franko-flämische Malerei im restlichen Europa durch.
Bezeichnend ist auch, dass die ersten zwölf Notenbücher, die in Italien von Ottaviano
Petrucci herausgegeben wurden, der franko-flämischen Musik gewidmet sind. Erst 1504
erschienen die ersten Frottole-Ausgaben. Diese große Neuheit kam am Hof von Mantua
4
Leonardo da Vinci, Abhandlung über die Malerei.
5
Emanuel Winternitz, Leonardo da Vinci as a Musician, Yale University Press, 1982. 6
Philippe Verdelot war Franzose.
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FRANÇAIS
LÉONARD DE VINCI, UN MUSICUS EN AVANCE SUR SON TEMPS
PAR DENIS RAISIN DADRE ET VINCENT DELIEUVIN
UN TABLEAU EST PAR NATURE SILENCIEUX. QU’EST-CE QUI VOUS A INSPIRÉ CETTE MISE La lira est un instrument très particulier, que peu d’interprètes maîtrisent et pour lequel
EN PERSPECTIVE DE LA MUSIQUE ET DE LA PEINTURE À PARTIR DES TABLEAUX nous ne disposons ni de musique ni de traité. Bien que très présente dans la peinture de
DE LÉONARD DE VINCI ? l’époque, elle est, musicalement, fantomatique pour la simple raison qu’elle est un instru-
Denis Raisin Dadre. Trois choses président aux origines de ce projet. Tout d’abord, je suis ment d’accompagnement improvisé de la voix, parlée ou chantée – Léonard « récitait » à
sans cesse témoin, au fil de mon exploration des répertoires de la Renaissance, des liens la lira, improvisant musique et poésie. En outre, la lira crée un univers sonore très étrange
tissés entre musique et peinture : soit les peintres écoutaient de la musique soit ils en à nos oreilles du fait qu’elle n’a pas de basses. Elle fait naître une sorte de halo sonore, de
jouaient eux-mêmes. On sait que Léonard de Vinci pratiquait la lira da braccio, que Giorgione résonance autour de la voix, qui l’enveloppe tout en l’estompant. Il m’a semblé que c’était
était un joueur de luth exceptionnel. Ensuite, grâce aux recherches du musicologue Philippe appliquer le sfumato à la musique…
Canguilhem, j’ai découvert récemment que de nombreux musiciens se vendaient auprès V. D. Léonard était passionné par la technique des peintres flamands, qui obtenaient, avec
des princes aussi comme peintres, un art dans lequel ils excellaient à tel point qu’on les le procédé de la peinture à l’huile, des effets de fondu, de relief et de transparence inégalés.
trouve parfois répertoriés dans des traités de peinture. Nous avons donc des peintres Léonard côtoie certainement les peintres flamands qui résident à Florence et maîtrise très
musiciens et des musiciens peintres. Enfin, j’ai été touché par la réflexion d’un critique tôt cette technique. En superposant des couches de glacis dont il met lui-même au point
d’art des années 1950 sur la « musique secrète » qui se dégageait de La Vierge aux rochers, la recette, il parvient à reproduire des transitions de l’ombre à la lumière extrêmement
bien que ses deux anges musiciens, peints par Léonard, aient disparu. Je me suis donc pris raffinées, sans contours précis, qui sont pour lui le parfait reflet de la réalité. Il développera
à imaginer cette musique. cet effet que l’on nomme sfumato – comme un léger voile de brume – afin de rendre
Vincent Delieuvin. À l’époque, la plupart des poètes de la Renaissance tendent vers cet compte de ces transitions quasi imperceptibles.
20 idéal de l’artiste universel, capable de dominer différents domaines. C’est cela être un Le sfumato rejoint la lira da braccio en ce qu’il ne se contente ni de la ligne ni de la 21
artiste de cour par excellence. Léonard s’illustrait dans la peinture, mais il s’intéressait règle, mais crée un halo. Nous sommes aussi dans la conquête d’une certaine liberté de la
aussi à la sculpture et à l’architecture, tout en ayant le souci de pratiquer la musique et pratique artistique – et l’on peut se poser la question de savoir si la pratique de l’instrument
la poésie. Toute sa vie durant, il aura l’ambition d’être un artiste aux multiples talents, et a aidé Léonard à conquérir une forme de liberté dans l’exécution du dessin et de la peinture.
cherchera à se mettre au service du prince qui lui permettra de s’épanouir dans tous. Le son particulier de la lira da braccio m’évoque également ce « componimento inculto »,
cette « composition instinctive » par laquelle Léonard théorise sa pratique graphique :
CETTE « MUSIQUE SECRÈTE » INNERVANT LES TABLEAUX DE VINCI VOUS SEMBLE DONC lorsqu’il dessine une composition de personnages, il laisse sa main imaginer de multiples
TOUT À FAIT NATURELLE ? contours pour trouver le bon mouvement. Il finit par former alors une sorte de halo, qui
se transforme parfois en véritable tache. Il clarifie ensuite certaines idées au stylet, en
V. D. Parfaitement. La théorie artistique héritée de l’Antiquité débat beaucoup du « mutisme »
sélectionnant dans ces formes en suspension le contour souhaité. Ce travail lui permet
de la peinture. Et pourtant, à la Renaissance comme de nos jours se manifeste la tentation
de découvrir le rythme parfait pour sa composition, ce qui est totalement révolutionnaire
de ressentir la vibration des mouvements qui apparaissent dans la peinture. Il s’agit de l’un
à l’époque, et très expérimental : comme les poètes, qui n’hésitent pas à faire des ratures
des enjeux les plus importants pour Léonard : donner vie à sa peinture et en faire éprouver
dans leurs poèmes, il n’hésite pas à esquisser ses idées en toute liberté, sans souci de la
les sensations par des sens autres que celui de la vue.
correction des formes.
DENIS RAISIN DADRE, VOUS METTEZ EN PARALLÈLE LE SFUMATO PERFECTIONNÉ
VOUS AVEZ IMAGINÉ VOTRE PROGRAMME, DENIS RAISIN DADRE, AUTOUR DE PIÈCES
PAR VINCI ET LE SON DE LA LIRA DA BRACCIO, DONT IL ÉTAIT UN INTERPRÈTE ACCOMPLI.
FRANCO-FLAMANDES. EN QUOI CE RÉPERTOIRE RÉPOND-IL MIEUX AUX TABLEAUX
OÙ RÉSIDENT LES SIMILITUDES ?
DE VINCI QUE LE RÉPERTOIRE ITALIEN ?
D. R. D. Au XVIe siècle, les lignes musicales étaient très définies et toujours chantées à
D. R. D. À consulter les manuscrits présents en Italie à partir des années 1470, je me suis
plusieurs voix, avec un contrepoint extrêmement complexe. Si l’on devait représenter, dans
aperçu qu’ils ne contenaient que de la musique franco-flamande – jusqu’au manuscrit offert
un madrigal dramatique, un seul personnage, son texte était chanté par cinq voix. La lira da
à Isabelle d’Este pour son mariage. À l’époque, les États bourguignons étaient une puissance
braccio initie un mouvement qui mettra un siècle, jusqu’à l’Orfeo de Monteverdi en 1607,
politique, économique et culturelle immense, qui rayonnait bien au-delà de ses frontières et
à s’installer : la libération de faire chanter une seule personne accompagnée – l’opéra. Ce
fascinait l’Italie jusqu’à Naples. Beaucoup de jeunes princes étaient éduqués à la cour de
sera une révolution majeure, et je vois dans la pratique de la lira les prémisses de cette
Bourgogne. Peinture et musique, dans l’Italie de la Renaissance, étaient toutes deux sous
indépendance de la voix.
FRANÇAIS
l’emprise de cette culture du Nord que l’on considérait comme d’un extrême raffinement. V. D. Cela m’évoque l’une des recherches fondamentales de Léonard : la variation autour
Toute la génération musicale 1450-1470 est sous l’influence de la musique franco-flamande, de formes graphiques qui traversent toute son œuvre. Il invente un répertoire de formes,
caractérisée par son art du contrepoint, sa complexité, ses canons énigmatiques et autres finalement peu nombreuses mais qui le passionnent : le corps en spirale avec un mouvement
jeux de proportions. D’ailleurs, la musique était enseignée dans le quadrivium avec les opposé du buste et de la tête, que l’on voit dès 1480 dans L’Adoration des mages et jusque
mathématiques, l’astronomie et la géométrie, pratiquées aussi par Léonard. dans le Saint Jean Baptiste ; l’enroulement complexe d’un drapé creusé de plis cassés qui
Les Italiens faisaient de la musique, bien sûr, musiques improvisées ou histoires chantées donne l’impression d’une vie propre du vêtement apparaît quant à lui dans L’Annonciation
sur les places publiques. Laurent le Magnifique a encouragé l’écriture de chants de carnaval, vers 1470-1472, puis dans La Vierge aux rochers vers 1483-1486, et jusque dans la Sainte
mais aucun compositeur n’a égalé les Franco-Flamands. Il faudra du temps, grâce à Isabelle Anne vers 1508-1510.
d’Este, et avec l’arrivée de la frottole, pour que la musique italienne renaisse sous la plume Quant aux copies, les créations de Léonard étaient si sublimes que non seulement son
de compositeurs italiens. atelier en a fourni de nombreuses, mais les grands génies que sont, au début du XVIe siècle,
V. D. Les Italiens sont fascinés par le raffinement de la cour de Bourgogne. En peinture, il Raphaël et Michel-Ange, ont souhaité eux aussi en donner leur version. Ils citent Léonard
est certain que les riches Florentins et les grands princes d’Italie ont cherché à acquérir des sans cacher leur emprunt, avec l’idée assumée de proposer une variation géniale à partir
tableaux du Nord. On les admirait pour leur capacité à représenter la nature, pour leur force d’une idée géniale.
d’expression. Toute la génération des années 1470, dont Léonard fait partie, est éblouie par
ce qu’elle voit à Florence, où l’on collectionne et commande des tableaux à des Flamands. COMMENT PEUT-ON INTERPRÉTER, VINCENT DELIEUVIN, LA CHRONOLOGIE
Dès L’Annonciation, on sent chez Léonard cette influence très forte, notamment dans la DE LA PRODUCTION PICTURALE DE VINCI ?
volonté de décrire fidèlement la nature par des effets de transparence propres à la peinture V. D. Léonard a très peu peint – entre quinze et dix-sept tableaux selon les spécialistes –,
à l’huile flamande. ce qui n’est guère étonnant car sa peinture témoigne d’une recherche très ambitieuse, très
exigeante et très expérimentale. On peut distinguer dans cette production trois grandes
QUAND VOUS PARLEZ DE MANUSCRITS, DENIS RAISIN DADRE, OÙ ALLEZ-VOUS périodes : la première correspond à l’apprentissage auprès de Verrocchio, avec un regard
22 23
LES CHERCHER ? tourné vers les peintres flamands, qui conduit à ses premiers tableaux très méticuleux
D. R. D. Les sources sont disséminées un peu partout dans le monde, au gré des ventes comme L’Annonciation et le Portrait de Ginevra Benci. Tout est parfait, mais il manque
successives. Des collectionneurs riches et cultivés les ont achetées puis léguées à une encore à Léonard une liberté dans la pratique, ce qu’il va conquérir à partir des années
bibliothèque ou à une université à leur mort. La version religieuse de Fortuna desperata, 1480. C’est sa deuxième période : il cherche à retranscrire le rythme et le mouvement de
par exemple, se trouve à Capetown, en Afrique du Sud ! L’endroit où se trouve le manuscrit la vie. La main de Léonard gagne alors en assurance, en rapidité et en liberté, dans ses
n’a souvent rien à voir avec son contenu. Il faut savoir avant tout à quoi correspondent ces dessins comme dans ses peintures.
manuscrits et de quelle façon ils sont datés. J’en ai parcouru de nombreux pour me faire Le dernier chapitre, vers la fin des années 1480, est le moment où il ressent le besoin
une idée de la culture dans laquelle baignait Léonard et trouver précisément des œuvres qui de donner des fondements scientifiques à sa démarche, ce qu’il appellera la « science
répondaient aux dates de ses tableaux. J’ai beaucoup aimé travailler sur la correspondance de la peinture ». Il veut comprendre le fonctionnement de la vie, dans tous les domaines
exacte de la musique avec la chronologie des tableaux. Cette rigueur explique pourquoi – anatomie, botanique, géologie… –, afin de mieux la représenter. Il fait alors des recherches
toute une partie du disque est très franco-flamande – XVe siècle – et une autre teintée de très approfondies, en se fondant avant tout sur l’expérience. Léonard se définit lui-même
musiques plus italiennes. comme un « uomo sanza lettere », un « homme sans lettres », une critique dure qu’on a dû
lui adresser, à lui qui n’avait pas reçu de formation humaniste. Il revendique en fait par cette
LA MUSIQUE FRANCO-FLAMANDE A DONNÉ LIEU À DES DÉCLINAISONS VARIÉES étiquette la liberté de comprendre le monde par la voie de l’expérience, ce qui lui permettra
DE THÈMES ALORS TRÈS EN VOGUE – CES « JEUX INTELLECTUELS » QUE VOUS AVEZ parfois de remettre en cause l’autorité des textes antiques. La Cène, La Joconde, la Sainte
ÉVOQUÉS. LES TABLEAUX DE VINCI ONT CONNU EUX AUSSI PLUSIEURS VERSIONS… Anne et le Saint Jean Baptiste sont les seuls témoins que nous conservons de cette période
de maturité du maître.
D. R. D. Choisir des chansons et leurs déclinaisons me permettait de raconter des histoires
tout en tissant un fil rouge au cœur du programme. Fortuna desperata ou De tous biens D. R. D. Si l’on traduit en terme musical cette conquête de la liberté par l’expérimentation,
playne sont des chansons extrêmement célèbres de l’époque, et il était intéressant d’en Léonard est un musicus et non un theoricus. Au XVe siècle, on fait la distinction entre celui
donner des avatars, profanes comme sacrés. Les compositeurs ont beaucoup joué à cela à qui expérimente en jouant de la musique sur son instrument, le musicien (musicus), dont le
l’époque : faire entendre la mélodie principale en lui adjoignant deux autres voix dévolues statut social est bas, et le théoricien (theoricus), qui parle grec et latin, connaît les règles et
à des litanies aux saints ; placer la voix de dessus à la basse ; faire apparaître la mélodie à est bien au-dessus du musicus. Le musicus expérimente des sonorités et des harmonies
l’envers et à la basse… Cette sorte de jeu intellectuel n’est certainement pas étrangère à nouvelles, donc détourne parfois les règles.
Léonard car cet aspect spéculatif fait partie de sa personnalité et du temps dans lequel il vit.
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POUR FINIR, Y A-T-IL EU DES TABLEAUX QUE VOUS AVEZ ABANDONNÉS FAUTE
DE TROUVER LA MUSIQUE QUI LEUR CORRESPONDAIT ?
D. R. D. Le choix s’est fait assez facilement car je voulais absolument prendre les tableaux
du musée du Louvre. Ensuite, certains me parlaient instinctivement. Finalement, seul La
Cène m’a posé question : cette peinture murale me semble incroyablement moderne,
en avance sur son temps. L’agitation qu’elle traduit me fait penser à une scène presque
dramatique et à ce que l’on appelle en Italie le stile concitato – le « style agité » –, dont
l’appellation a été inventée par Monteverdi pour le Combat de Tancrède et Clorinde en
1628. Aucune musique contemporaine de cette œuvre ne peut y répondre. Le XVe siècle et
le début du XVIe siècle ne savent pas rendre en musique l’agitation de l’âme, le chaos des
passions. Tout cela est une invention baroque.
V. D. La Cène ouvre un nouveau chapitre de l’art occidental de la Renaissance. Elle rejoint
la grande recherche de Léonard, qui était de parvenir à une expression du visage et à une
gestuelle du corps en parfaite symbiose avec les passions de l’âme. L’autre peinture, elle
aussi murale, qui rend compte de ces recherches est La Bataille d’Anghiari, jamais achevée
et perdue, mais dont les dessins préparatoires sont éblouissants. Léonard était assurément
un musicus en avance sur son temps.
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Vincent Delieuvin est conservateur en chef du Patrimoine, en charge de la peinture italienne du XVIe
siècle au département des Peintures du musée du Louvre.
ENGLISH
A PICTURE IS SILENT BY ITS VERY NATURE. WHAT INSPIRED YOU TO LOOK AT The lira was a very special instrument, one that few performers could master. We have
THE INTERACTION OF MUSIC AND PAINTING IN THE PICTURES OF LEONARDO DA VINCI? neither any music for it nor any guide to playing it, and although often featured in the
Denis Raisin Dadre: There were three things that started off this project. First of all, during paintings of the period, the instrument has left only a shadowy, ghostly impression: naturally
my exploration of Renaissance repertoire, I have become constantly aware of the strong so, as it was used for improvising unwritten accompaniments to the voice, whether spoken
links between music and painting, with painters listening to music, or actually performing or sung – Leonardo himself used to recite to the lira, improvising both music and poetry. Its
it themselves. We know that Leonardo da Vinci played the lira da braccio, and Giorgione curious sonority too seems quite ghostly to our ears, as it has no bass voice. It creates a sort
was an outstanding lutenist. Secondly, thanks to research by the musicologist Philippe of halo in sound, a resonance around the voice, envelopping and at the same time blurring
Canguilhem, I recently learned that quite a few musicians used to recommend themselves it. In fact, to me it seemed just like Leonardo’s sfumato in musical terms…
to princely patrons as being painters as well – they often so excelled in the art that they V. D: Leonardo was passionately interested in the techniques the Flemish artists used in oil
were included in treatises on painting. So we have painters who were musicians, and painting to achieve effects of cross-fading, relief, and unequalled transparency. Leonardo
musicians who could paint. Finally, I was stirred by the remark of a 1950s art critic on the certainly frequented the Flemish painters then living in Florence, and mastered these
secret, hidden music emanating from the Virgin of the Rocks, despite the disappearance techniques at a very early stage. By superimposing layers of glaze whose formulas he
of its pair of angel musicians painted by Leonardo. I began trying to imagine that music. developed himself, he succeeded in reproducing extremely refined transitions between light
Vincent Delieuvin: In the Renaissance period, most poets aspired to the ideal of the and shade, without precise contours, to make a perfect reflection of reality as he saw it. He
universal artist, able to excel in different artistic domains. That is what it meant to be a went on to develop the effect known as sfumato – like a light veil of mist – in order to fully
court artist par excellence. Leonardo became famous as a painter, but was also interested realize and perfect these virtually imperceptible transitions.
26 in sculpture and architecture, while at the same time playing music and writing poetry. For What the sfumato has in common with the lira da braccio is that it does not content itself 27
the whole of his life, his ambition was to be an artist of many talents, and to seek out a with a line, nor any governing rule: instead it creates a halo. Today we too find ourselves on
prince in whose service he would be allowed to develop all of them. a quest for a certain degree of freedom in artistic practice – and it seems natural to ask if
playing this instrument helped Leonardo in his quest for a form of freedom in his drawing
SO FOR YOU THIS ‘HIDDEN MUSIC’ INFUSING LEONARDO’S PAINTINGS IS A COMPLETELY and painting.
NATURAL PHENOMENON? For me, the special sound of the lira da braccio also evokes the componimento inculto,
the ‘uncultivated’ or ‘instinctive’ composition which is the basis of Leonardo’s approach to
V. D: Yes, absolutely. Artistic theory inherited from Antiquity frequently disputed the question
drawing: when he is sketching out a group of characters, he allows his hand the freedom
as to whether painting was ‘silent poetry’. In the Renaissance, just as today, there was a
to devise multiple contours, until it has found the right kind of movement. The end result
desire to feel the vibration of the movements that are perceived in a painting. Leonardo felt
looks like a kind of halo, sometimes becoming just a blurred smudge. He then clarifies some
it to be one of the most important challenges: to enliven his painting, to make us feel it,
of the lines with a pen, selecting the contour he wants out of all these latent forms. With
experience it, through senses other than the visual.
this way of working he was able to find the perfect rhythm for his composition, something
completely revolutionary at that time, and really experimental: just as poets think nothing
DENIS RAISIN DADRE, YOU DRAW A PARALLEL BETWEEN THE TECHNIQUE OF SFUMATO
of deleting and altering freely in their poetry, so Leonardo too sketched out his ideas with a
PERFECTED BY LEONARDO, AND THE SOUND OF THE LIRA DA BRACCIO, AN INSTRUMENT
complete sense of freedom, and with no compunction about correcting their form.
HE PLAYED WITH GREAT SKILL. WHERE ARE THE SIMILARITIES?
D. R. D: In the 16th century musical lines were sharply defined, and were always sung by DENIS RAISIN DADRE – YOU HAVE DEVISED YOUR PROGRAMME AROUND FRANCO-
several voices in a highly complex contrapuntal texture. In a dramatic madrigal, where a FLEMISH PIECES. HOW IS IT THAT THIS REPERTOIRE CORRESPONDS TO THE PAINTINGS
single character was being represented, his or her words might be sung by, say, five voices. OF DA VINCI, RATHER THAN THE ITALIAN REPERTOIRE OF HIS TIME?
The lira da braccio was the beginning of an aesthetic that would take a century to establish
D. R. D: In consulting the manuscripts circulating in Italy during the 1470s, I noticed they
itself, with Monteverdi’s Orfeo in 1607: the freedom to have just one voice singing, with
contained nothing but Franco-Flemish music – even the manuscript presented to Isabella
an accompaniment, i.e. the new genre of opera. It would mean a major revolution, and in
d’Este on her marriage. We need to recall that at that period, the Duchy of Burgundy was a
the way the lira was performed I can see the premises that led to that independence of the
gigantic political, economic and cultural power whose influence went far beyond its borders:
solo voice.
ENGLISH
it held all Italy in its sway as far down as Naples. Many young princes were educated at the certainly no stranger to this kind of intellectual game: the speculative dimension was part
Burgundian court; and in Renaissance Italy, both painting and music were under the spell of of his character and the time in which he lived…
this northern culture, famed for its extreme refinement. The whole generation of musicians V. D: All of which reminds me of a principal area of research into Leonardo: the variations
between 1450 and 1470 was influenced by Franco-Flemish music, its contrapuntal art, of graphic form found throughout his work. He invented a repertoire of forms – not all that
its complexity, its enigmatic canons and other games involving numerical proportions: by many, just the ones that fascinated him: the body in a spiral, with a contrary movement of
the way, universities taught music as part of the quadrivium, together with mathematics, the body and the head, such as we can see from the 1480 Adoration of the Magi right up
astronomy and geometry – all subjects cultivated by Leonardo. to his Saint John the Baptist; there is also the complex torsion of cloth furrowed by broken
Naturally, Italians made their own music: improvisations and story-ballads were sung in the pleats, giving the impression that the cloth has a life of its own – this first appears in the
public squares, and Lorenzo the Magnificent encouraged the composition of carnival songs. Annunciation around 1470-72, then in the Virgin on the Rocks of 1483-86, and so on until
Yet none of their composers was the equal of the Franco-Flemish. Some time would elapse the Saint Anne painting of 1508-1510.
until – thanks to Isabella d’Este, and the arrival of the frottola – Italian music by Italian Then there are the copies: Leonardo’s original works were so sublime that many
composers would flourish again. reproductions were made, not only by his own workshop but by other great painters such
V.D: It was indeed the sheer refinement of the court of Burgundy that fascinated the as Raphael and Michelangelo, in the early 16th century, who wanted to give their own
Italians; as we know, wealthy Florentines and the great princes of Italy tried to acquire their versions. They ‘quote’ Leonardo but without hiding their own contribution, presented as a
paintings, which they admired for their ability to represent nature, and for their force of masterly variation on a masterly idea.
expression. The whole generation of the 1470s to which Leonardo belonged was dazzled by
what it saw in Florence, where Flemish paintings were commissioned and collected. From HOW DO WE INTERPRET THE CHRONOLOGY OF LEONARDO’S PAINTINGS?
the Annunciation onwards, one can feel this influence in Leonardo very strongly, particularly V. D: Leonardo painted very little – between fifteen and seventeen paintings, according
in his wish to depict nature faithfully by applying the effects of transparency specific to to the experts – which is scarcely surprising, since his painting shows the ambitious and
Flemish oil painting. exhaustive scope of his research, and its highly experimental nature. We can distinguish
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between three creative periods: the first corresponds to his apprenticeship with Verrocchio,
YOU MENTIONED THE MUSIC MANUSCRIPTS, DENIS RAISIN DADRE: and his interest in Flemish painters, leading to the earliest, highly meticulous paintings
WHERE DID YOU FIND THEM? such as The Annunciation and the Portrait of Ginevra Benci. Everything here is perfect, but
D. R. D: The sources have become dispersed almost globally in one sale after another, Leonardo still lacks a sense of freedom in his work, and this he would master from the
bought by wealthy and cultivated collectors, then bequeathed to a library or university. The 1480s onwards. In this second period, he tries to convey the rhythm and movement of life.
sacred version of Fortuna desperata, for example, is in Capetown, South Africa! The location Here in both his drawings and paintings Leonardo’s hand gains assurance, both in speed
of a manuscript rarely has any link with its contents. First, we need to know the context and in freedom.
of these manuscripts, and how they have been dated. I have looked through a lot of them The final chapter, beginning towards the end of the 1480s, is when he feels the necessity
to get an idea of the culture in which Leonardo immersed himself, and to find works of of giving his approach a scientific basis, what he would term the ‘science of painting’. He
the same dates as his paintings. I really enjoyed ensuring the music fitted precisely to the wanted to understand how life functions, in every area – anatomy, botany, geology, and
chronology of the pictures: which explains why the 15th-century area of this recording is so on – in order to depict it more perfectly. He made extensive researches, chiefly relying
decidedly Franco-Flemish, while the later years have rather more Italian music. on practical experiments. Leonardo defined himself as an ‘uomo sanza lettere’ – a ‘man
without letters’ – a harsh criticism he must often have had aimed at him, given his lack of a
FRANCO-FLEMISH MUSIC PRODUCED A VARIETY OF TECHNICAL PERMUTATIONS MUCH humanist education. With this self-applied label, he is claiming to be able to understand the
IN VOGUE AT THE TIME – THE ‘INTELLECTUAL GAMES’ THAT YOU REFER TO. IN THE SAME world through experimental methods, something that often made him question the authority
WAY, THE PAINTINGS OF LEONARDO ALSO WENT THROUGH DIFFERENT VERSIONS… of ancient texts. The Last Supper, La Gioconda, the Saint Anne painting and Saint John the
D. R. D: Selecting the songs and their variant versions allowed me to tell stories while Baptist are the only surviving witnesses of this final period of the master’s maturity.
weaving a binding thread through the core of the programme. The songs Fortuna desperata D. R. D: Translating this quest for freedom through experimentation into musical terms,
and De tous biens playne were extremely well-known at the time, and I thought it would Leonardo is a musicus – not a theoricus. In the 15th century a distinction was made
be interesting to give their various versions, both sacred and profane. During that period between someone who experimented by playing music on his instrument, i.e. the musician
composers frequently played this game: for example, presenting the main melody while (musicus) of low social status, and the theoretician (theoricus),conversant with Greek and
adding two other voices reciting litanies of the saints; or transferring the upper voice to Latin, kowing all the rules, and socially superior to the musicus who, experimenting with
the bass; or inverting the melody as well as giving it to the bass voice. Leonardo too was new sounds and harmonies, often breached those rules.
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Vincent Delieuvin is the Head of Conservation of the ‘Patrimoine’, in charge of 16th-century Italian
painting in the Department of Paintings at the Louvre Museum, Paris.
DEUTSCH
EIN GEMÄLDE IST VON NATUR AUS STUMM. WAS INSPIRIERTE SIE DAZU, DIE MUSIK brauchen sollte, um sich allgemein durchzusetzen, nämlich bis zum Orfeo Monteverdis
UND DIE MALEREI AUSGEHEND VON GEMÄLDEN LEONARDO DA VINCIS im Jahre 1607: die befreiende Möglichkeit, eine einzige Person mit Begleitung singen zu
IN ZUSAMMENHANG ZU BRINGEN? lassen – die Oper. Es sollte eine äußerst wichtige Revolution werden, und ich sehe im Spiel
Denis Raisin Dadre. Drei Dinge gingen diesem Projekt voran. Erstens bin ich im Laufe meiner der Lira die Voraussetzungen für diese Unabhängigkeit der Stimme.
Erforschungen des Renaissancerepertoires ununterbrochen Zeuge der Verknüpfungen Die Lira ist ein sehr eigenartiges Instrument, das nur wenige Interpreten beherrschen und
zwischen Musik und Malerei: Entweder die Maler hörten Musik oder sie spielten sie von dem wir weder Musik noch Abhandlungen darüber besitzen. Obwohl es in der Malerei
selbst. Man weiß, dass Leonardo da Vinci Lira da braccio spielte und dass Giorgione ein dieser Zeit sehr präsent war, ist es in Hinblick auf die Musik phantasmagorisch, u.zw. aus
außergewöhnlicher Lautenspieler war. Zweitens entdeckte ich dank der Forschungen dem einfachen Grund, dass sie ein improvisierendes Begleitinstrument für die gesprochene
des Musikwissenschaftlers Philippe Canguilhem neulich, dass sich viele Musiker bei den oder gesungene Stimme ist – Leonardo „rezitierte“ zur Lira, indem er die Musik und die
Fürsten auch als Maler anstellen ließen, denn sie waren in dieser Kunst so hervorragend, Worte improvisierte. Außerdem bringt die Lira eine für unsere Ohren sehr befremdliche
dass man sie manchmal auch in den Abhandlungen über die Malerei angeführt findet. Es Klangwelt hervor, weil sie keine Bässe hat. Durch sie entsteht eine Art klanglicher
gab also Maler, die Musiker waren, und Musiker, die Maler waren. Schließlich hat mich Nebelschleier, eine Resonanz um die Stimme, die davon umhüllt und gleichzeitig wie
auch die Überlegung eines Kunstkritikers aus den Jahren 1950 über die „geheime Musik“ verwischt wird. Mir schien, als würde das eine Anwendung der Sfumato-Technik auf die
berührt, die von der Felsgrottenmadonna ausgehe, obwohl die beiden von Leonardo Musik bedeuten ...
32 gemalten Musikerengel verschwunden sind. Ich begann also, mir diese Musik vorzustellen. V.D. Leonardo war von der Technik der flämischen Maler begeistert, die mit der Technik 33
Vincent Delieuvin. In dieser Zeit strebten die meisten Dichter der Renaissance das Ideal des der Ölmalerei unvergleichliche Effekte in Hinblick eines farblichen Ineinander-Übergehens,
Universalkünstlers an, der fähig ist, verschiedene Gebiete zu beherrschen. Darin liegt das der Reliefs und der Transparenz erzielten. Leonardo verkehrte sicher mit den flämischen
Charakteristikum des höfischen Künstlers schlechthin. Leonardo brillierte in der Malerei, Malern, die in Florenz wohnten und beherrschte diese Technik sehr bald. Indem er
doch interessierte er sich auch für Bildhauerei und Architektur und wollte gleichzeitig auch Schichten von Firnis überlagerte, dessen Rezept er selbst entwickelte, gelang es ihm,
die Musik und die Dichtkunst pflegen. Sein ganzes Leben lang hatte er den Ehrgeiz, ein äußerst feine Übergänge vom Schatten zum Licht zu malen, ohne genaue Konturen, was für
Künstler mit vielfachen Talenten zu sein, und so versuchte er, in den Dienst eines Fürsten zu ihn genau die Wirklichkeit widerspiegelte. Er entwickelte diesen Effekt, den man sfumato
treten, der es ihm erlaubte, sich in allen zu entfalten. – wie ein leichter Nebelschleier – nennt, um diese fast nicht wahrnehmbaren Übergänge
wiederzugeben.
DIESE „GEHEIME MUSIK“, DIE DA VINCIS GEMÄLDE ANREGTE, SCHEINT IHNEN ALSO GANZ Die Sfumato-Technik hat mit der Lira da braccio gemein, dass sie sich weder mit der Linie
NATÜRLICH? noch mit der Regel zufrieden gibt, sondern die Umrisse verschwimmen lässt. Hier liegt
auch das Streben nach einer gewissen Freiheit der künstlerischen Praxis vor – und man
V.D. Vollkommen. Die aus der Antike übernommene Kunsttheorie debattiert viel über das
kann sich die Frage stellen, ob das Spiel auf dem Instrument Leonardo half, bei seinen
„Schweigen“ der Malerei. Und dennoch äußert sich in der Renaissance wie heute die
Zeichnungen und Malereien eine Form von Freiheit zu erlangen.
Versuchung, die Vibration der Bewegungen zu spüren, die in der Malerei auftreten. Es
Der besondere Klang der Lira da braccio erinnert mich auch an den „componimento
handelt sich um eine der bedeutendsten Herausforderungen Leonardos: seiner Malerei
inculto“, jene „instinktive Komposition“, mit der Leonardo seiner graphischen Methode
Leben zu geben und Empfindungen durch andere Sinne als den des Sehens hervorzurufen.
eine theoretische Grundlage verleiht: Wenn er eine Figurenkomposition zeichnet, überlässt
er es seiner Hand, vielfache Konturen für den richtigen Augenblick zu finden. Dadurch
DENIS RAISIN DADRE, SIE VERGEICHEN DIE VON LEONARDO PERFEKTIONIERTE SFUMATO-
bilden sich schließlich verschwommene Umrisse, die sich manchmal in einen richtigen
TECHNIK MIT DEM TON DER LIRA DA BRACCIO, DIE ER VOLLKOMMEN BEHERRSCHTE.
Fleck verwandeln. Danach klärt er bestimmte Ideen mit einem Stift, indem er unter diesen
WORIN BESTEHEN DIE ÄHNLICHKEITEN?
unschlüssig gezeichneten Linien den gewünschten Umriss wählt. Diese Arbeit erlaubt
D.R.D. Im 16. Jh. waren die Linien der Musik genau definiert und wurden immer ihm, den perfekten Rhythmus seiner Komposition zu entdecken, was in seiner Zeit völlig
mehrstimmig mit einem äußerst komplizierten Kontrapunkt gesungen. Wenn man in einem revolutionär und sehr experimentell ist: Wie die Dichter, die nicht zögern, in ihren Gedichten
dramatischen Madrigal eine einzige Person darstellen musste, wurde ihr Text von fünf etwas durchzustreichen, zögert er nicht, seine Ideen ganz frei zu skizzieren, ohne sich um
Stimmen gesungen. Die Lira da braccio führte eine Bewegung ein, die ein Jahrhundert die Richtigkeit der Formen zu kümmern.
DENIS RAISIN DADRE, SIE HABEN IHR PROGRAMM RUND UM FRANKO-FLÄMISCHE DIE FRANKO-FLÄMISCHE MUSIK WAR URSPRUNG VERSCHIEDENSTER ABWANDLUNGEN
STÜCKE ZUSAMMENGESTELLT. INWIEWEIT ENTSPRICHT DIESES REPERTOIRE VON DAMALS SEHR BELIEBTEN THEMEN – DIESE „INTELLEKTUELLEN SPIELE“,
DEN GEMÄLDEN DA VINCIS BESSER ALS DAS ITALIENISCHE? VON DENEN SIE SPRACHEN. AUCH VON DEN GEMÄLDEN DA VINCIS GIBT ES MEHRERE
D.R.D. Als ich in den Handschriften nachschlug, die in Italien ab den 1470er Jahren FASSUNGEN ...
DEUTSCH
vorhanden waren, merkte ich, dass sie nur franko-flämische Musik enthalten – bis zum D.R.D. Die Wahl der Lieder und ihrer Abwandlungen erlaubte mir, Geschichten zu erzählen
Manuskript, das Isabella d’Este zu ihrer Hochzeit geschenkt wurde. In dieser Zeit waren und dabei einen roten Faden im Zentrum des Programms zu spannen. Fortuna desperata
die burgundischen Staaten nämlich eine enorme politische, wirtschaftliche und kulturelle oder De tous biens playne sind sehr berühmte Lieder dieser Zeit, und es war interessant,
Macht, deren Einfluss über ihre Grenzen hinausging und Italien bis Neapel faszinierte. davon profane wie geistliche Varianten zu bringen. Die Komponisten spielten in dieser Zeit
Viele der jungen Fürsten wurden am Hof von Burgund erzogen. Die Malerei und die Musik sehr viel damit: eine Hauptmelodie zu Gehör bringen, indem man zwei andere Stimmen
standen im Italien der Renaissance unter dem Eindruck dieser Kultur des Nordens, die hinzufügt, die zu Heiligenlitaneien gehören; die Oberstimme in den Bass versetzen; die
man als extrem erlesen betrachtete. Die gesamte Musikergeneration von 1450 bis 1470 Melodie umgekehrt und im Bass ertönen zu lassen ... Diese Art intellektuelles Spiel ist
stand unter dem Einfluss der franko-flämischen Musik, für die ihre Kunst des Kontrapunkts, Leonardo sicher nicht unbekannt, denn dieser spekulative Aspekt gehört zu seiner
ihre Vielschichtigkeit, ihre rätselhaften Kanons und andere Spiele mit der Proportion Persönlichkeit und zur Zeit, in der er lebt.
charakteristisch sind. Die Musik wurde übrigens im Quadrivium gemeinsam mit der V.D. Das erinnert an eine der grundsätzlichen Forschungen Leonardos: die Variation
Mathematik, der Astronomie und der Geometrie unterrichtet, mit denen sich auch Leonardo rund um graphische Formen, die sein ganzes Werk durchziehen. Er erfindet ein letztlich
beschäftigte. nicht sehr zahlreiches Formenrepertoire, das ihn fasziniert: der Körper in Spiralhaltung
Die Italiener machten zwar Musik – selbstverständlich –, allerdings improvisierte Musik mit einer gegensätzlichen Bewegung von Oberkörper und Kopf, wie es ab 1480 bei
oder auf öffentlichen Plätzen gesungene Geschichten. Lorenzo il Magnifico ermunterte zur der Anbetung der Könige und bis zu Johannes dem Täufer zu sehen ist; ein von Falten
Komposition von Karnevalsgesängen, doch kein Komponist kam den Franko-Flamen gleich. ausgehöhlter, kompliziert gewickelter Stoff, hinterlässt den Eindruck, das Gewand habe ein
Es dauerte, bis die italienische Musik dank Isabella d’Este und mit dem Aufkommen der Eigenleben, taucht seinerseits in der Verkündigung gegen 1470-1472 auf, danach bei der
34 35
Frottole durch die Feder italienischer Komponisten neu entstand. Felsgrottenmadonna um 1483-1486 und bis zum Anna selbdritt um 1508-1510.
V.D. Die Italiener sind von der Erlesenheit des burgundischen Hofes fasziniert. Im Bereich Was die Kopien betrifft, waren Leonardos Schöpfungen so überwältigend, dass nicht nur
der Malerei ist es sicher, dass die reichen Florentiner und die großen Fürsten Italiens darauf sein Atelier zahlreiche herstellte, sondern auch Raffael und Michelangelo, die großen
aus waren, Gemälde des Nordens zu kaufen. Man bewunderte sie wegen ihrer Fähigkeit, Genies des beginnenden 16. Jh., wollten ihre Fassung malen. Sie zitierten Leonardo, ohne
die Natur darzustellen, und aufgrund ihrer Ausdruckskraft. Die gesamte Generation der die Anleihe zu verbergen und zu der Idee zu stehen, ausgehend von einer genialen Idee eine
1470er Jahre, zu der Leonardo gehört, ist von dem geblendet, was sie in Florenz sieht, wo geniale Variation vorzuschlagen.
man Gemälde der Flamen sammelt und in Auftrag gibt. Ab der Verkündigung spürt man
bei Leonardo diesen Einfluss sehr stark, vor allem durch seine Absicht, die Natur durch VINCENT DELIEUVIN, WIE KANN MAN DIE CHRONOLOGIE VON DA VINCIS BILDLICHEM
Transparenzeffekte treu zu beschreiben, wie sie für die flämische Ölmalerei typisch sind. SCHAFFEN INTERPRETIEREN?
V.D. Leonarda hat sehr wenig gemalt – zwischen fünfzehn und siebzehn Gemälde den
WO SUCHEN SIE DIE HANDSCHRIFTEN, VON DENEN SIE SPRECHEN, DENIS RAISIN DADRE? Spezialisten nach –, was nicht erstaunlich ist, denn seine Malerei zeugt von einer sehr
D.R.D. Die Quellen sind auf der ganzen Welt verstreut, von aufeinanderfolgenden Winden ehrgeizigen, sehr anspruchsvollen und sehr experimentellen Suche. In seinem Schaffen
verweht. Reiche, kultivierte Sammler kauften sie und vermachten sie nach ihrem Tod einer sind drei große Perioden zu unterscheiden: Die erste entspricht seiner Lehre bei Verrocchio,
Bibliothek oder einer Universität. Die geistliche Fassung von Fortuna desperata zum Beispiel einer Zeit, in der er seinen Blick auf die flämischen Maler richtet und die zu seinen ersten,
ist in Kapstadt in Südafrika zu finden! Der Ort, an dem eine Handschrift aufbewahrt wird, sehr sorgfältig gearbeiteten Malereien führt, wie etwas Die Verkündigung und das Porträt
hat allerdings oft nichts mit ihrem Inhalt zu tun. Vor allem muss man wissen, womit diese von Ginevra Benci. Alles ist hier vollkommen, doch fehlt Leonardo noch die Freiheit bei der
Handschriften in Zusammenhang stehen und wie sie datiert sind. Ich habe viele angesehen, Ausführung, die er ab den Jahren 1480 erringen sollte. Das ist seine zweite Periode: Er
um mir eine Idee von der Kultur zu machen, die Leonardo umgab und genau jene Werke versucht, den Rhythmus und die Bewegung des Lebens einzufangen. Seine Hand gewinnt
zu finden, die den Daten seiner Gemälde entsprechen. Ich arbeitete gern an der genauen sowohl bei seinen Zeichnungen wie bei der Malerei an Sicherheit, Geschwindigkeit und
Entsprechung zwischen der Musik und der Chronologie der Gemälde. Diese Genauigkeit Freiheit.
erklärt, warum ein bedeutender Teil der CD franko-flämisch – 15. Jh. – ist und ein anderer Das letzte Kapitel gegen Ende der 1480er Jahre ist der Moment, in dem er die Notwendigkeit
Teil mehr italienische Musik enthält. empfindet, seiner Vorgehensweise wissenschaftliche Grundlagen zu geben, was er die
„Malerei als Wissenschaft“ nannte. Er will verstehen, wie das Leben funktioniert, und das
menu
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weit über dem Musicus steht. Der Musicus experimentiert mit Klangfarben und neuen
Harmonien, umgeht also manchmal die Regeln.
ZUM SCHLUSS NOCH EINE FRAGE: GIBT ES GEMÄLDE, AUF DIE SIE VERZICHTET HABEN,
WEIL SIE KEINE MUSIK FANDEN, DIE IHNEN ENTSPRACH?
D.R.D. Die Wahl ist mir ziemlich leicht gefallen, denn ich wollte unbedingt die Gemälde TABLEAUX EN MUSIQUE
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aus dem Museum des Louvre verwenden. Danach sprachen mich einige instinktmäßig an. PAINTINGS IN MUSIC 37
Schließlich war nur das Abendmahl ein Problem für mich: Diese Wandmalerei scheint mir GEMÄLDE UND IHRE MUSIK
unglaublich modern zu sein, ihrer Zeit voraus. Die Unruhe, die sie wiedergibt, lässt mich an
eine fast dramatische Szene denken und an etwas, was man in Italien Stile concitato – den PAR / BY / VON
„erregten Stil“ – nennt, eine Bezeichnung, die 1628 von Monteverdi für Il combattimento di DENIS RAISIN DADRE
Tancredi e Clorinda erfunden wurde. Keine Musik, die zeitgenössisch zu diesem Werk ist,
kann dem entsprechen. Das 15. und der Beginn des 16. Jh. können die innere Unruhe, die
Unruhe der Leidenschaften nicht mit Musik ausdrücken. All das ist eine barocke Erfindung.
V.D. Das Abendmahl öffnet ein neues Kapitel in der abendländischen Renaissancekunst. Es
stimmt mit Leonardos großer Suche überein, die daran bestand, einen Gesichtsausdruck
und eine körperliche Geste in vollkommener Symbiose mit den Leidenschaften der
Seele darzustellen. Die andere Malerei, die ebenfalls ein Wandgemälde ist und von
diesen Forschungen zeugt, ist die Schlacht von Anghiari, die niemals vollendet wurde
und verlorenging, doch die vorbereitenden Zeichnungen sind faszinierend. Leonardo war
bestimmt ein Musicus, der seiner Zeit voraus war.
Vincent Delieuvin ist leitender Konservator des Kulturerbes und mit der italienischen Malerei des 16. Jh.
in der Abteilung für Malerei im Louvre beauftragt.
38
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
L’ANNONCIATION
Ce tableau date des années 1473-1475, alors que le jeune Léonard est encore dans
l’atelier d’Andrea del Verrocchio à Florence.
Nous sommes le 25 mars à Nazareth, l’archange Gabriel entre dans l’hortus conclusus, le
jardin de la Vierge, symbole de sa virginité, et l’interrompt dans la lecture de la Bible pour
lui annoncer qu’elle donnera naissance au fils de Dieu.
Si le tableau reste largement tributaire des conventions de l’époque dans le geste de
l’ange avec sa position venant de la gauche, Léonard innove avec le geste de la Vierge,
qui n’a pas les bras croisés dans un mouvement d’humilatio mais affiche au contraire un
mouvement de conturbatio, expression de sa surprise indignée devant l’intrusion de l’ange
dans son espace. Le jardin est bordé, comme le veut la tradition florentine, d’arbres, de
pins et de cyprès, mais l’ouverture au niveau de la main de l’ange sur un port représente
une innovation et renvoie à une symbolique mariale, Marie, Stella maris, étant considérée
comme une étoile de la mer, un port protecteur pour les pêcheurs.
Le choix des musiques s’est imposé facilement car il existe sur les paroles de la salutation
angélique Ave Maria gratia plena, de nombreuses mises en musique. La solution de
facilité aurait été de choisir un motet complexe et somptueux parmi le vaste corpus
des compositeurs franco-flamands présents alors en Italie. Pourtant, L’Annonciation ne
m’évoquait pas ces musiques. Il y a une telle intimité, une telle concentration et un tel
40 41
mystère entre l’ange et Marie que j’imaginais une musique modeste, en dehors de toute
pompe liturgique. Dans cette décennie se diffuse justement en Italie, et tout spécialement
à Florence, une forme musicale, les laudes, qui se développe en dehors du cadre liturgique,
expression d’une dévotion domestique ou d’une pratique de confrérie. La piété mariale,
très vivace en ces temps, a inspiré de nombreuses mises en musique de l’Ave Maria gratia
plena sous la forme de laudes à quatre voix. Leur simplicité, une certaine naïveté et leur
économie de moyens mélodiques me semblaient mieux correspondre à cette Annonciation
et au mystère de l’Incarnation.
Dans l’Ave Maria de Frater Petrus, nous avons choisi, après plusieurs essais, de ne garder
que la voix supérieure accompagnée par la lira. Couramment pratiquée à l’époque, la lira
crée un halo harmonique autour de la voix, mais sans basse fondamentale. Cette manière
d’accompagner la voix remet en cause notre écoute de la musique, toujours fondée sur un
rapport basse/dessus, et déplace nos façons d’entendre.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
PORTRAIT DE MUSICIEN
Ce portrait peint vers 1485 date de la première période milanaise de Léonard de Vinci,
au même titre que La Belle Ferronnière et La Dame à l’hermine.
Si le visage et les cheveux sont terminés, d’autres éléments comme le vêtement, l’étole, le
bonnet ou les mains sont non finiti, comme dans d’autres tableaux de Léonard. Le cartel
tenu par le musicien, redécouvert lors d’une restauration en 1904, comporte une partition
musicale avec les mots « Cant… Ang… » (Canticum Angelicum ?).
Ce jeune homme ne nous regarde pas, à la différence de Ginevra Benci ou du regard
troublant de la Belle Ferronnière. Il est perdu dans ses pensées avec un fort sentiment
d’introspection. On ressent la même intensité et présence du sujet qu’avec le portrait du
Condottiere d’Antonello de Messine, même si le statut d’homme de guerre est bien différent
de celui d’homme de l’art.
On a pensé pendant longtemps que le personnage représenté était Franchinus Gaffurius,
le maître de chapelle de Milan, ou Atalante Migliorotti, un jeune musicien joueur de lira da
braccio qui avait accompagné Léonard. De récentes recherches 1 font au contraire supposer
que l’homme serait le compositeur Josquin Desprez, présent à Milan de juin à août 1484
avec le cardinal Ascanio Sforza, frère de Ludovic le More. Il reviendra en 1489 pour les
festivités du mariage de Giangaleazo Sforza et Isabelle d’Aragon, auxquelles participe aussi
Léonard.
Josquin Desprez, le prince des musiciens, est certainement le compositeur le plus important
44 45
de la Renaissance, célébré par les plus grands théoriciens comme le premier d’entre tous.
Il jouira après sa mort d’un prestige jamais démenti jusqu’à aujourd’hui. Une anecdote
rapportée dans Le Livre du Courtisan de Baldassare Castiglione témoigne de sa réputation :
un motet ayant été chanté devant la duchesse d’Urbin ne plut à personne et ne fut pas
trouvé bon, jusqu’à ce que l’on apprît qu’il était de la plume de Josquin Desprez ! Ce
compositeur que peint Léonard a quasiment le même âge que lui. Déjà célèbre, il a servi
René d’Anjou et Louis XI à Tours, et se trouve sans doute assez fortuné pour avoir son
portrait peint par Léonard de Vinci.
Parmi l’immense œuvre de Josquin Desprez, j’ai choisi le motet Planxit autem David en
raison de son texte (extrait du Deuxième Livre des Rois, chapitre 1, verset 17) : la plainte de
David sur la mort de Jonathas. Ce texte a également été mis en musique plus tard par les
compositeurs de l’époque baroque en raison de sa puissance émotionnelle.
Tout l’art de Josquin est là, sa science du contrepoint au service du sens, mais aussi ces
moments homophoniques (considera Israel) ou proches de la récitation (ne forte letentur)
qui créent un sentiment de communauté dans la douleur. Léonard a peint un Josquin
Desprez concentré, sans aucun détail superfétatoire. En regardant ce visage qui émerge de
l’obscurité et sa puissante intériorité, on ressent le sentiment du silence qui précède toute
musique.
1
Je me réfère à la somme parue sur Josquin de David Fallows, Brepols, 2009, qui, suite à de nouvelles découvertes,
bouleverse la biographie du musicien.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
1
I am referring to the conclusions drawn by David Fallows in Josquin, Brepols, 2009, a work that entirely alters this 1
Ich beziehe mich auf das Standardwerk über Josquin von David Fallows, Brepols, 2009, das die Biographie des
musician’s biography following new discoveries. Musikers nach neuen Entdeckungen vollkommen verändert.
6-8
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
LA BELLE FERRONNIÈRE
Ce portrait représenterait Lucrezia Crivelli, devenue maîtresse de Ludovic le More en
1495, et daterait des années 1495-1497. Vinci avait déjà peint dans les années 1489, dans
le même panneau de noyer, Cecilia Gallerani, la maîtresse du duc de Milan, la Dame à
l’hermine.
La Ferronnière, la bandelette nouée à l’arrière de la tête et ornée d’un camée, donne son
nom au tableau. Le parapet qui barre le premier plan est d’inspiration flamande, tout
comme le fond uniformément sombre, illustré par Van Eyck mais aussi par Antonello de
Messine. La Belle Ferronnière est habillée à la mode espagnole, alors en vogue à Milan.
Cette femme mystérieuse, dont le visage semble émerger dans un jeu d’ombre et de lumière,
nous regarde froidement, avec une intensité toute aristocratique; elle semble parfaitement
consciente de sa beauté et de son rang. En regardant le tableau, j’ai imaginé ce que pouvait
être sa vie à la cour de Milan, cette scène de théâtre, ce lieu de représentation où l’on est
jugé à chaque instant. J’ai imaginé qu’elle tenait une place privilégiée comme favorite du
duc et qu’elle participait aux nombreuses fêtes organisées par le duc, avec Vinci comme
grand ordonnateur. Le bal à la cour revêt une grande importance, c’est le moment où tout le
monde vous regarde et juge vos manières. Dans Il Cortegiano, Castiglione donne quelques
conseils au courtisan pour cette occasion : « […] Il me semble qu’il lui convient de garder
une certaine dignité tempérée d’une élégance et aérienne douceur des mouvements […]. Il
ne doit pas rentrer dans ces petitesses de pieds et battements redoublés qui sont bienvenus
50 51
chez notre Barletta mais qui seraient d’aventure peu convenables à un gentilhomme 1. »
J’ai donc choisi la danse la plus aristocratique du XVe siècle, qui met en valeur essentiellement
les qualités de grâce et de maintien des danseurs, la bassa danza. Pour cela, nous avons dû
recréer la musique car il ne nous reste que les parties de ténor de ces danses, c’est-à-dire
de longues notes sur lesquelles les instrumentistes de l’époque improvisaient. Nous jouons,
pour La Belle Ferronnière, trois spagna sur le même ténor, intitulées Venus. La première
basse danse est jouée par le luth et la harpe, dans un rythme régulier, tandis que la viole
tient le ténor. La seconde, improvisée à la vièle, se caractérise par son inventivité rythmique
et l’emploi subtil de proportions rythmiques (un aspect spéculatif très présent dans la
musique du XVe siècle). La troisième basse danse, à la flûte à bec, est plus mouvementée. Il
faut imaginer, sur ces musiques, le duc de Milan et Lucrezia Crivelli dansant la basse danse
avec grâce et une certaine morgue aristocratique.
Le Donne, venite al ballo, invitation à la danse, est aussi une reconstruction de ce continent
disparu, à savoir la chanson populaire du XVe siècle. Dans nombre de frotolles, on trouve des
citations de chansons populaires insérées dans la trame de la musique. Il suffit d’enlever
les autres voix pour retrouver ces chansons, témoignages si touchants de ce que l’on a pu
chanter dans les rues et les palais, car la circulation entre les deux univers était avérée.
Tante volte si si si, une frottole joyeuse et dansante de Marchetto Cara, clôt ce bal. Je me
prends à imaginer qu’Isabelle d’Este a pu envoyer ces pièces à sa sœur Béatrice d’Este,
duchesse de Milan !
1
Baldassare Castiglione, Le Livre du courtisan.
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58
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
1
Voir les deux anges musiciens, page 10.
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LE BAPTÊME DU CHRIST
Ce tableau, une grande peinture d’autel pour l’église San Salvi de Vallombrosa, avait été
commencé par Andrea del Verrocchio mais fut finalement achevé par Léonard de Vinci vers
1475, alors qu’il n’avait que vingt-trois ans. L’ange qui tient le vêtement est de Léonard,
ainsi que le paysage du fond. Vasari raconte que Verrocchio, « marri de voir que son élève
connaissait mieux la peinture que lui-même, ne voulut plus travailler pendant un temps
avec les couleurs 1. »
L’ange qui porte le vêtement, dont la torsion du buste contraste avec l’orientation de la
tête et la douceur des ombres du visage, est déjà typiquement léonardien ; de même son
intervention dans le repeint à gauche du tableau, avec ces montagnes déchiquetées et
cette eau qui se fond progressivement dans un lointain imprécis, effets atmosphériques
que Léonard affinera toute sa vie.
Le palmier qui ferme l’espace du tableau derrière l’ange est volontairement archaïsant et
se lit comme l’arbre du paradis, signe du triomphe du Christ sur la mort. La banderole sur le
bâton de saint Jean Baptiste porte l’inscription « Ecce Agnus Dei [qui tollis peccata mundi] »
qui fait référence au sacrifice du Christ ainsi qu’à la fonction du retable devant lequel est
célébrée la messe.
Il m’a semblé nécessaire de respecter cette fonction originelle de tableau destiné à un
retable. Nous ne sommes pas du tout dans un tableau de dévotion privée, comme celui de
la Sainte Anne, qui s’accordait bien à de petits motets intimes.
68 69
Je me suis donc naturellement tourné vers une mise en musique de l’Agnus Dei. La
production musicale de messes dans cette décennie-là étant immense, il m’a fallu choisir.
Jacod Obrecht m’a semblé l’emporter : il est hautement recommandé par le théoricien
Tinctoris en 1475 dans une liste des meilleurs compositeurs de son temps, mais aussi
par le grand mécène et expert en musique, le duc de Ferrare, Hercule Ier d’Este, qui l’invita
dans sa ville.
L’Agnus Dei de la messe Fortuna desperata s’inscrit dans le cadre des messes-parodies,
c’est-à-dire composées sur la base d’une œuvre déjà existante, sacrée ou profane. Obrecht,
dans le premier Agnus, cite in extenso deux fois la mélodie de Fortuna desperata ; dans
le second, à trois voix, il ne cite pas la chanson ; mais dans le troisième, très habilement,
il utilise le ténor de la chanson dans la partie de ténor de la messe. Ce système de
citations et de références nous renvoie aussi à un usage dans le monde de la peinture,
comme l’attestent les nombreuses copies ou citations de l’œuvre de Léonard chez ses
contemporains.
1
Giorgio Vasari, Vies des artistes (vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes), 1550, op. cit.
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
1
Giorgio Vasari, The Lives of the Most Eminent Painters, Sculptors, and Architects (1550), op. cit.. 1
Giorgio Vasari, Vies des artistes (Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes) (1550),op. cit.
17-18 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
LA JOCONDE
Ce portrait célébrissime, sans doute le tableau le plus connu au monde, m’a laissé
sans voix pendant de longs mois, jusqu’au jour où j’ai décidé de ne plus m’encombrer des
milliers de pages écrites et des multiples théories émises par de savants historiens de l’art
à son sujet.
La Joconde, c’est d’abord le portait de Mona Lisa del Giocondo commandé en 1503 à Léonard
par son mari Francesco del Giocondo, riche marchand de Florence, qui voulait par ce présent
marquer à sa jeune épouse sa joie et sa reconnaissance de lui avoir donné deux enfants
mâles. Le tableau ne fut jamais livré, Léonard l’ayant achevé bien plus tard, et surtout, il
eût été sans doute refusé, car le tableau est scandaleux, comme nous le rappelle Daniel
Arasse 1. La Joconde sourit, ce qui est incorrect, elle est épilée, alors que seules les femmes
de mauvaise vie le sont, et de surcroît, Léonard la place devant un paysage âpre, déchiqueté,
terrible, au lieu des riantes prairies fleuries qu’était en droit d’attendre son commanditaire.
Au-delà de ce qui a été écrit et de la fortune critique du tableau, je m’en suis simplement tenu
au portrait d’une belle jeune femme : comment la célébrer ? J’ai eu la chance 2 de trouver
dans un manuscrit conservé à Bologne un étrange motet anonyme, Lucrecia pulchra, qui
célébrait la beauté féminine. L’histoire du texte de ce motet vaut la peine d’être raconté : la
source première se trouve dans le Cantique des Cantiques, ce livre poétique de l’Ancien
Testament, qui inspirera un poème en latin, Lydia bella puella candida, sans doute écrit par
le poète Gaio Cornelio Gallo au début de notre ère. Au XVe siècle, ce poème de l’Antiquité
74 75
fut repris avec des variantes pour célébrer la beauté de la fameuse Lucrèce Borgia, avec
pour titre Lucrezia pulchra. Il suffisait de substituer dans la partition le nom de Mona Lisa à
Lucrezia pour continuer cette chaîne de paraphrases et célébrer la beauté de la Joconde, qui
avait d’ailleurs exactement le même âge que Lucrèce Borgia !
Ce motet singulier, déjà presque madrigalesque, fonctionnait bien avec le tableau, mais nous
avons voulu aussi vivre une expérience singulière : réciter à la lira da braccio de la poésie
pour Mona Lisa.
Nous n’avons rien gardé de cette pratique dans laquelle Léonard excellait, mais dans le
troisième livre de frottoles édité par Ottaviano Petrucci en 1505 se trouve une grille
harmonique avec pour seul titre : Per sonetti. C’est une grille permettant de réciter tous les
sonnets. Nous avons donc choisi un sonnet de Pétrarque, Vergognando talor, qui parle de
l’impuissance du poète à décrire la beauté, et avons cherché comment le chanter, on disait
alors « recitare », avec pour seul accompagnement la lira.
Au cœur de la nuit, dans l’abbaye de Noirlac, une musique étrange s’est révélée, qui n’avait
rien à voir avec ce que nous connaissions et pratiquions. De façon surprenante, la lira créait,
par la liberté de son jeu improvisé, une sorte de sfumato estompant les contours mélodiques
de la voix. Nous avons ressenti alors la puissance d’une musique venue d’un temps ancien,
de l’époque des aèdes grecs, la force saisissante de la poésie et le sourire de la Joconde.
1
Daniel Arasse, Histoire de peintures, Gallimard, 2006.
2
Grâce à la précieuse aide de la musicologue Camilla Cavicchi.
76 77
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
1
Daniel Arasse, Histoire de peintures, Gallimard, 2006. 1
Daniel Arasse, Histoire de peintures, Gallimard, 2006.
2
Thanks to the invaluable help of musicologist Camilla Cavicchi. 2
Dank der wertvollen Hilfe der Musikwissenschaftlerin Camilla Cavicchi.
19 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
1
Comme l’attestent Les Époux Arnolfini par Jan van Eyck ou le tryptique Portinari de Hugo van der Goes.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
1
As in the Arnolfini Double Portrait by Jan van Eyck or the Portinari Triptych by Hugo van der Goes. 1
Wie es die Arnolfini-Hochzeit von Jan van Eyck oder das Portinari-Triptychon von Hugo van der Goes bezeugen.
20-23 LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
1
Ms.2856, Biblioteca Casanatense, Rome.
88 89 89
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
The lira-player did not perform notated music; rather, he used it to accompany himself while
improvising poetry, or reciting the great Latin and Greek poets, such as Virgil or Homer.
P. 102-103 :
FIRMINUS CARON Tanto l’afano (23)
titre italien de la chanson
the Italian title of the chanson / italienischer Titel des Liedes
Le despourvu infortuné
Manuscrit I-RC Ms.2856, folio 46
© Biblioteca Casatanense de Rome
P. 104-105 :
Per sonetti (17)
une grille harmonique pour chanter tous les sonnets à la lira da braccio
a harmonic grid for the singing of any sonnet with the lira da braccio
ein harmonisches Schema, um alle Sonette
mit Lira-da-braccio-Begleitung singen zu können
Frotolle libro tertio de Petrucci, folio 45v
© Munchen Bayerische Staatsbibliotek
P. 106 :
JACOB OBRECHT Agnus Dei (16)
de la messe Fortuna Desperata
from the Mass Fortuna Desperata / der Missa Fortuna Desperata von
alfa.m.1.2 Lat.457, Choralis liber, folio 111v
© Biblioteca estense universitaria de Modène
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DOULCE MÉMOIRE
DENIS RAISIN DADRE
DIRECTION ARTISTIQUE | ARTISTIC DIRECTION | KÜNSTLERISCHE LEITUNG
RIGA, BRUSSELS, ROME, MEXICO, BRASILIA …). ALWAYS GAME FOR NEW CHALLENGES,
DOULCE MÉMOIRE, C’EST D’ABORD L’ESPRIT DE LA RENAISSANCE, CETTE PÉRIODE THE ENSEMBLE HAS ALSO PERFORMED AT MORE UNUSUAL VENUES: IN FRONT OF A UGC
FASTE DE DÉCOUVERTES, D’INVENTIONS, DE VOYAGES ET DE CRÉATIVITÉ. CONSTITUÉ D’UNE
CINEMA IN THE HEART OF PARIS, FOR INSTANCE, AND AT THE PRESTIGIOUS NATIONAL
ÉQUIPE DE MUSICIENS ET DE CHANTEURS FIDÈLES ET SOUDÉS, L’ENSEMBLE DOULCE
MUSEUM OF TAIPEI; IN THE GROUNDS OF THE SULTANS’ PALACE IN ISTANBUL, OR
MÉMOIRE S’INVESTIT DEPUIS SA CRÉATION EN 1989 DANS DES AVENTURES ARTISTIQUES
PRECARIOUSLY BALANCED ON A BARGE IN THE TAHITI LAGOON.
TOUJOURS INNOVANTES, AVEC LA PARTICIPATION RÉGULIÈRE DE COMÉDIENS ET DE
DENIS RAISIN DADRE IS AT THE HEAD OF DOULCE MEMOIRE SINCE IT WAS FOUNDED. HE
DANSEURS.
WAS MADE A CHEVALIER DES ARTS ET DES LETTRES BY THE FRENCH MINISTRY OF CULTURE
À TRAVERS SES ENREGISTREMENTS, CONCERTS ET SPECTACLES, DOULCE MÉMOIRE INVITE
À DÉCOUVRIR LES MUSIQUES QUE POUVAIENT ÉCOUTER LES GÉNIES INTERNATIONALEMENT
IN 1999.
RECONNUS DE LA RENAISSANCE, DONT CERTAINS, COMME LÉONARD DE VINCI, ONT
PARTICULIÈREMENT MARQUÉ LA VALLÉE DE LA LOIRE ET SES CÉLÈBRES CHÂTEAUX
RENAISSANCE. C’EST JUSTEMENT LÀ QUE L’ENSEMBLE DÉVELOPPE UNE PART IMPORTANTE DOULCE MÉMOIRE VERKÖRPERT IN ERSTER LINIE DEN GEIST DER RENAISSANCE,
DIESER GROSSARTIGEN ZEIT DER ENTDECKUNGEN, DER ERFINDUNGEN, DER REISEN
DE SON ACTIVITÉ ET UNE RELATION PRIVILÉGIÉE AVEC LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE,
UND DER KREATIVITÄT. DAS ENSEMBLE DOULCE MÉMOIRE BESTEHT AUS EINEM TEAM
NOTAMMENT AVEC LE CHÂTEAU DE CHAMBORD.
VON TREUEN, FEST ZUSAMMENHALTENDEN MUSIKERN UND SÄNGERN UND ENGAGIERT
DEPUIS SA CRÉATION, DOULCE MÉMOIRE S’EST PRODUIT À TRAVERS TOUTE LA FRANCE
SUR LES SCÈNES D’OPÉRA, FESTIVALS ET SCÈNES NATIONALES, MAIS AUSSI DANS LES SICH SEIT SEINER GRÜNDUNG IM JAHRE 1989 FÜR STETS INNOVATIVE KÜNSTLERISCHE
GRANDES CAPITALES INTERNATIONALES (NEW YORK, HONG KONG, BRUXELLES, MEXICO, PROJEKTE UNTER REGELMÄSSIGER TEILNAHME VON SCHAUSPIELERN UND TÄNZERN.
ROME, BRASILIA, BOGOTA, SÉOUL, SINGAPOUR…). L’ENSEMBLE RÉPOND À TOUS LES DURCH SEINE AUFNAHMEN, KONZERTE UND AUFFÜHRUNGEN LÄDT DOULCE MÉMOIRE DAZU
DÉFIS ET N’HÉSITE PAS À JOUER AUSSI BIEN SUR LE PARVIS D’UN CINÉMA UGC EN PLEIN EIN, VERSCHIEDENE MUSIKEN ZU ENTDECKEN, DIE DIE INTERNATIONAL ANERKANNTEN
110 111
PARIS QUE DEVANT LE PRESTIGIEUX MUSÉE NATIONAL DE TAIPEI, DANS L’ENCEINTE DU GENIES DER RENAISSANCE HÖREN KONNTEN, VON DENEN EINIGE, WIE ETWA LEONARDO
PALAIS DES SULTANS À ISTANBUL OU EN ÉQUILIBRE INSTABLE SUR UNE BARGE POSÉE SUR DA VINCI, DAS LOIRETAL UND SEINE BERÜHMTEN RENAISSANCESCHLÖSSER BESONDERS
LE LAGON DE TAHITI. PRÄGTEN. EBEN DORT ENTWICKELT DAS ENSEMBLE EINEN WICHTIGEN TEIL SEINER
DOULCE MÉMOIRE EST DIRIGÉ PAR LE FLÛTISTE À BEC DENIS RAISIN DADRE. CELUI-CI A AKTIVITÄT SOWIE SEINE PRIVILEGIERTE BEZIEHUNG MIT DER REGION CENTRE-VAL DE LOIRE
ÉTÉ PROMU EN 1999 AU GRADE DE CHEVALIER DANS L’ORDRE DES ARTS ET DES LETTRES UND BESONDERS MIT DEM SCHLOSS VON CHAMBORD.
PAR LE MINISTÈRE DE LA CULTURE. SEIT SEINER GRÜNDUNG TRAT DOULCE MÉMOIRE IN DEN OPERNHÄUSERN, BEI DEN
FESTIVALS UND AUF DEN NATIONALEN BÜHNEN VON GANZ FRANKREICH AUF, ABER AUCH
IN DEN GROSSEN INTERNATIONALEN HAUPTSTÄDTEN (NEW YORK, HONG KONG, BRÜSSEL,
MEXIKO, ROM, BRASILIA, BOGOTA, SEOUL, SINGAPUR USW.). DAS ENSEMBLE NIMMT JEDE
DOULCE MÉMOIRE REPRESENTS ABOVE ALL THE SPIRIT OF RENAISSANCE – A TIME HERAUSFORDERUNG AN UND ZÖGERT NICHT, EBENSO AUF DEM PLATZ EINES KINOS
OF VOYAGES AND DISCOVERY, INVENTIVENESS AND CREATIVITY. SINCE 1989, THIS
DES KINOBETREIBERS UGC MITTEN IN PARIS ZU SPIELEN WIE VOR DEM RENOMMIERTEN
FAITHFUL, CLOSE-KNIT TEAM OF MUSICIANS AND SINGERS HAS BEEN INVOLVED IN ARTISTIC
NATIONALEN MUSEUM VON TAIPEH, INNERHALB DER MAUERN DES SULTANSPALASTS IN
VENTURES OF A CONSTANTLY INNOVATIVE NATURE, WITH THE REGULAR PARTICIPATION OF
ISTANBUL ODER BEI LABILEM GLEICHGEWICHT AUF EINER JOLLE IN DER LAGUNE VON
ACTORS AND DANCERS.
TAHITI.
THROUGH ITS RECORDINGS, CONCERTS AND SHOWS, DOULCE MÉMOIRE ENABLES
AUDIENCES TO DISCOVER THE MUSIC THAT COULD HAVE BEEN HEARD BY GREAT MEN OF DOULCE MÉMOIRE WIRD VOM BLOCKFLÖTISTEN DENIS RAISIN DADRE GELEITET, DER 1999
THE RENAISSANCE, SOME OF WHOM, SUCH AS LEONARDO DA VINCI, LEFT THEIR MARK VOM FRANZÖSISCHEN KULTUSMINISTER ZUM CHEVALIER DES ARTS ET DES LETTRES
ON THE FRENCH LOIRE VALLEY AND SOME OF ITS FINE RENAISSANCE CHÂTEAUX. FOR THE ERHOBEN WURDE.
PAST FIFTEEN YEARS THE ENSEMBLE HAS BEEN PARTICULARLY ACTIVE IN CENTRE-LOIRE
VALLEY REGION OF FRANCE, WITH WHICH IT HAS DEVELOPED A PRIVILEGED RELATIONSHIP,
ESPECIALLY WITH THE ROYAL CHÂTEAU AT CHAMBORD.
SINCE IT WAS FOUNDED, DOULCE MÉMOIRE HAS APPEARED AT NATIONAL THEATRES, WWW.DOULCEMEMOIRE.COM
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ABROAD (NEW YORK, HONG KONG, BANGKOK, SEOUL, SINGAPOUR, JAKARTA, BOSTON,
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LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
FRATER PETRUS
1 Ave Maria Ave Maria, gratia plena, Salut à toi, Marie, comblée de grâce, Hail, Mary, full of grace,
Petrucci, Laude libro secundo, fols. 43v Dominus tecum, virgo serena. Le Seigneur est avec toi, vierge sereine. The Lord is with thee, serene Virgin.
Ave cujus conceptio, Salut, toi dont la conception Hail, thou whose conception,
Solemni plena gaudio, Chargée d’une joie solennelle Replete with solemn joy,
Celestia, terrestria, Remplit le ciel et la terre Fills all things in heaven and earth
Nova replet lætitia. D’une joie nouvelle. With new gladness.
Ave pia humilitas, Salut, bienheureuse humilité, Hail, merciful humility,
Sine viro fecunditas, Fécondité sans aucun homme, Fruitfulness without man,
Cujus annunciatio, Dont l’annonciation Whose annunciation
Nostra fuit salvatio. Fut notre salut. Was our salvation.
Ave vera virginitas, Salut, virginité véritable, Hail, true virginity,
Immaculata castitas, Chasteté immaculée, Spotless chastity,
Cujus purificatio Dont la purification Whose purification
Nostra fuit purgatio. Nous a rachetés. Was our cleansing.
O Mater Dei, Ô mère de Dieu, O Mother of God,
Memento mei. Souviens-toi de moi. Remember me.
Amen. Amen. Amen.
Montes Gelboe, nec ros, nec pluvia veniat super vos, Ô monts de Guilboa, que ni rosée ni pluie ne vous arrosent, Ye mountains of Gelboe, let neither dew nor rain come upon
neque sint agri primitiarum: que vos champs ne donnent plus de fruits, you, neither be they fields of firstfruits:
quia ibi abjectus est clypeus fortium et clypeus Saul, car c’est là que furent jetés à terre les boucliers des braves, for there was cast away the shield of the valiant,
Saul, quasi non esset unctus oleo. le bouclier de Saül, comme s’il n’eut pas été oint d’huile. the shield of Saul, as though he had not been anointed with oil.
A sanguine interfectorum, ab adipe fortium. Du sang des blessés, de la graisse des braves. From the blood of the slain, from the fat of the valiant.
Al ballo, donne al ballo Au bal, dames, au bal ! To the dance, ladies, to the dance!
Mo ben si ben di qua di la tantarara Bien maintenant, oui bien, ici et là, tra la la, Well then, yes well, hither and thither, tantarara,
Tutte cantate Chantez toutes ! Sing all of you!
Venete al ballo, donne innamorate. Venez au bal, amoureuses dames. Come to the dance, amorous ladies!
Al ballo, al ballo, al ballo, Au bal, au bal, au bal, To the dance, to the dance, to the dance,
Venite fantinelle in compagnia Venez servantes, en compagnie Come, servant girls, in the company
Con queste donne belle, De ces belles dames Of these beautiful ladies,
Che sono qual nel ciel lucente stelle, Qui sont comme des étoiles brillantes au ciel, Who are like stars glittering in the sky,
Dove sol regna amore et cortesia. Où seuls règnent amour et courtoisie. Where love and courtesy reign alone.
Al ballo, donne al ballo Au bal, dames, au bal ! To the dance, ladies, to the dance!
Mo ben si ben di qua di la tantarara Bien maintenant, oui bien, ici et là, tra la la, Well then, yes well, hither and thither, tantarara,
Tutte cantate Chantez toutes ! Sing all of you!
Venete al ballo, donne innamorate. Venez au bal, amoureuses dames. Come to the dance, amorous ladies!
MARCHETTO CARA
8 Tante volte si si si Tante volte si si si Tant de fois oui, oui, oui, So many times ‘yes, yes, yes’
Et in cambio aver un no Et en échange recevoir un non, And in exchange to receive a ‘no’:
Son cagion che infino a qui Voilà pourquoi jusqu’à présent That is why, until now,
Io non ho quel che non ho. Je n’ai pas ce que je n’ai pas. I don’t have what I don’t have.
Ogni giorno un bel dimando Chaque jour une belle demande Every day a charming request
Et un si sempre mi paga Que l’on paie toujours d’un oui ; And I’m always repaid by a ‘yes’;
Et per non sapere il quando : Mais comme je n’en sais pas le « quand », But because I don’t know the ‘when’,
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Questo al cor m’é mortal piaga C’est pour mon cœur une plaie mortelle It is a mortal wound to my heart,
Ché del si la incerta paga Car l’incertaine récompense du oui For the uncertain reward of the ‘yes’
Fa ch’io mor’ stando cusi. Fait que je meurs en restant ainsi. Makes me die if I remain like this.
Se’l si, si fusse presente, Si ce oui, oui était présent, If that ‘yes, yes’ were present,
Come a tempo da venire Comme à l’avenir How much more happily
Viverei piu lietamente Je vivrais plus joyeusement, I would live thereafter,
Con men doglia e men martyre. Avec moins de douleur et moins de tourment ! With less grief and less torment!
Ma per sempre si, si dire Mais toujours dire oui, oui, But always hearing ‘yes, yes’
Questo si non fa per mi. Voilà qui ne me va pas. Does not suit me.
Tanto si senza altro fare Tant de oui sans rien faire d’autre, So much ‘yes’ without doing anything else
Son pur doglie troppo extreme, C’est une douleur trop extrême, Means grief too extreme for me,
Ch’io mi vedo consumare Car je me consume Because I find myself consumed
In dubiosa e incerta speme En espoir douteux et incertain, By doubtful and uncertain hope,
Perché a quel che si mi preme Parce que je ne vois jamais venir le jour Since the day never comes
Gionger mai non vedo el di. De ce que je désire tellement. For that which is so urgent for me.
Un sol si che abi mio effecto Un seul oui qui soit pour moi suivi d’effet A single ‘yes’ followed by the deed
Me fara lieto e contento Me rendra heureux et content Will make me happy and contented,
Se del don che tanto aspetto Si elle ne me donne en récompense If only she grants me it as my reward,
Sol daramme in pagamento; Que le don que tant j’attends ; The gift I await so eagerly;
Altramente a far lamento Autrement je suis contraint Otherwise I am obliged
Son costretto notte e di. De me lamenter jour et nuit. To lament both night and day.
ANONYMOUS
12 Poi che t’hebbi nel core Poi che t’hebbi nel core Depuis que je t’ai en mon cœur, Since I have held thee in my heart,
Jesu clemente e pio Jésus clément et pieux, Clement and merciful Jesus,
Crescié tanto il disio Mon désir a tant crû My longing has grown so greatly
Ch’egli arde a tutte l’hore. Qu’il brûle à tout moment. That it burns constantly.
JOHANNES DE PINAROL
(vers 1467-vers 1536 )
14 Poi che t’hebbi nel core Ardime de splendore Enflamme-moi de splendeur, Fire me with splendour,
Dolce e pietoso iddio Dieu doux et miséricordieux, Gentle and merciful God,
Ch’ogni cosa in oblio Car j’ai mis toute chose For I have forgotten all
Ho fato per tuo amore. En oubli pour ton amour. For thy love’s sake.
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HEINRICH ISAAC (vers 1450-1517)
15 Fortuna desperata / Sancte Petre, Sancte Petre, ora pro nobis. Saint Pierre, priez pour nous. Saint Peter, pray for us.
ora pro nobis Sancte Andrea, ora pro nobis. Saint André, priez pour nous. Saint Andrew, pray for us.
Sancte Jacobe, ora pro nobis. Saint Jacques, priez pour nous. Saint James, pray for us.
Sancte Thomas, ora pro nobis. Saint Thomas, priez pour nous. Saint Thomas, pray for us.
Sancte Joannes, ora pro nobis. Saint Jean, priez pour nous. Saint John, pray for us.
Sancte Simon, ora pro nobis. Saint Simon, priez pour nous. Saint Simon, pray for us.
Sancte Philippe, ora pro nobis. Saint Philippe, priez pour nous. Saint Philip, pray for us.
Sancte Mattheae, ora pro nobis. Saint Matthieu, priez pour nous. Saint Matthew, pray for us.
Sancte Jacobe, ora pro nobis. Saint Jacques, priez pour nous. Saint James, pray for us.
Sancte Thaddae, ora pro nobis. Saint Thaddée, priez pour nous. Saint Thaddaeus, pray for us.
Sancte Bartholomae, ora pro nobis. Saint Bartholomée, priez pour nous. Saint Bartholomew, pray for us.
ANONYME
17 Pétrarque, Rime, sonetto XVIII Vergognando talor ch’ancor si taccia, Pris de honte parfois de taire encore, Ashamed sometimes that I still cannot express,
Donna, per me vostra bellezza in rima, Dame, votre beauté en mes rimes, Lady, your beauty in my rhymes,
Ricorro al tempo ch’i’ vi vidi prima, Je reviens à ce temps où d’abord je vous vis I return to the time when first I saw you
Tal che null’altra fia mai che mi piaccia. Telle que jamais autre ne pourra me plaire. Such that no other could ever please me.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
Ma trovo peso non dalle mie braccia, Mais pour mes bras c’est là trop lourde tâche, But I find the task weighs heavily on my arms,
Nè ovra da polir con la mia lima: Ma lime ne saurait polir un tel ouvrage ; And I cannot polish such a work with my file:
Però l’ingegno, che sua forza estima, Aussi mon esprit, qui sa force connaît, And so my wit, which knows its own strength,
Nell’operazion tutto s’agghiaccia. Dans l’entreprise tout entier se fige. In the enterprise grows wholly numb.
Più volte già per dir le labbra apersi: Bien des fois déjà j’ouvris les lèvres pour parler : Several times already I have opened my lips to speak:
Poi rimase la voce in mezzo ’l petto. Et ma voix en mon sein est restée. Then my voice failed in my breast.
Ma qual suon poria mai salir tant’alto? Quel son jamais pourra s’élever aussi haut ? But what sound could ever soar so high?
Più volte incominciai di scriver versi: Bien des fois je me mis à composer des vers : Several times I have begun to write verse:
Ma la penna, e la mano, e l’intelletto Mais ma plume, et ma main, et mon esprit But pen, and hand, and intellect
Rimaser vinti nel primier’ assalto. Sont demeurés vaincus dès le premier essai. Were vanquished at the first attempt.
ANONYME
18 Lucrecia pulchra (Mona Lisa pulchra) Mona Lisa pulchra et nimis candida Belle Mona Lisa, au teint de pur albâtre, Lovely Mona Lisa, white beyond measure,
Que bene superas lac et lilium Qui surpasses à la fois et le lait et le lys, You who surpass both milk and lily,
Albamque simul rubidam rosam Et la rose unissant la blancheur et la pourpre, The rose at once white and red
Aut ebur indicum expolitum Ou l’ivoire poli des Indes, And polished Indian ivory,
Pande Mona Lisa collum nitidum Fais-moi voir, Mona Lisa, ton cou éclatant Show me, Mona Lisa, your dazzling neck
Bene productum humeris candidis Que portent fièrement tes blanches épaules, Proudly extending from your white shoulders;
Pande Mona Lisa stella tos oculos Fais-moi voir, Mona Lisa, tes yeux où brillent des étoiles, Show me, Mona Lisa, your starry eyes
Et nigra supercilia Et tes noirs sourcils, And your dark eyelashes,
Pande roseas genas superfusas rubro purpure Fais-moi voir tes roses joues où la pourpre se mêle, Show me your pink cheeks suffused with purple,
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Coralina labia dentes eburneos Tes lèvres de corail, tes dents comme l’ivoire, Your coral lips and ivory teeth
Et candorem nivei pectoris Et la blancheur de ton sein de neige, And your snow-white breast.
Pande o Mona Lisa Fais-moi voir Mona Lisa Show me, Mona Lisa,
Que omnia me sauciant Tout cela qui me blesse, All those things that wound me,
me sauciant iam semimortuum Me blesse à m’en faire mourir ; Wound me, already half-dead:
seva non cernis quia amore langueo? Cruelle, tu ne vois donc pas que je languis d’amour ! Cruel one, do you not see that I languish for love?
En la veant j’ay tel léesse When I see her, I feel such elation
Que c’est paradis en mon cueur: That it is paradise in my heart.
De tous biens plaine est ma maistresse, My mistress is full of every fine quality;
Chascun lui doit tribut d’onneur. Everyone owes her a tribute of honour.
De tous biens plaine est ma maistresse, My mistress is full of every fine quality;
Chascun lui doit tribut d’onneur. Everyone owes her a tribute of honour;
Car assouvye est en valeur For she is as accomplished in merit
Autant que jamais fut deesse. As ever any goddess was.
LEONARDO DA VINCI LA MUSIQUE SECRÈTE
BARTOLOMEO TROMBOCINO
(vers 1470-1535)
20 Non val’ acqua Non val’ acqua al mio gran foco L’eau ne sert à rien pour mon grand feu Water is of no use to my blazing fire,
Che per pianto non se amorza Car les pleurs ne l’adoucissent pas, For tears cannot extinguish it;
Anzi ognhor piu se rinforza Au contraire, il se renforce d’autant plus Rather, it burns all the stronger
Quanto piu con quel mi sfoco Que je leur laisse libre cours. The more I pour them forth.
El mio foco a tal usanza Mon feu a pour habitude My fire is accustomed
Che per pianto ognhor piu crescie De toujours s’accroître par les pleurs To increasing with tears,
E maggior prende possanza Et de prendre une force plus grande And to gaining greater strength
Se’l mio intento non riescie. Si mon vœu n’est pas exaucé. If my aim is not achieved.
El mio foco è come el pescie Mon feu est comme le poisson My fire is like the fish
Che nel acqua ha el proprio loco Qui a sa demeure dans l’eau. That is at home in water.
El mio foco a tal usanza Mon feu a pour habitude My fire is accustomed
Che col pianto ognor descrescie De toujours décroître par les pleurs To decreasing with tears,
E menor prende possanza Et de prendre une force moins grande And to losing strength
Sel mio intento non riesce Si mon vœu n’est pas exaucé, If my aim is not achieved.
Che per doglia el pianto crescie Car à cause de la douleur, mes pleurs s’accroissent For, on account of my grief, my tears increase
Che poi tempra el mio gran foco Et modèrent alors mon grand feu. And thus temper my blazing fire.
Ho nel pecto un Mongibello J’ai dans le sein un volcan I have a volcano in my breast
E negli occhi un largo mare Et dans les yeux une vaste mer And in my eyes a vast sea
Che per mio menor flagello Qui, diminuant mon fléau, Which, to scourge me less,
Son concordi al mio penare Sont d’accord pour me faire souffrir Agree to punish me together,
Gia chio non potrei durare Puisque je ne pourrais résister Since I would be unable to endure it
Se non fusse el pianto e il foco S’il n’y avait les pleurs et le feu. If there were not both tears and fire.
MARCHETTO CARA
Water is of no use to my blazing fire,
22 Gli pur gionto el giorno Non val’ acqua al mio gran foco L’eau ne sert à rien pour mon grand feu
For tears cannot extinguish it;
Che per pianto non si amorza Car les pleurs ne l’adoucissent pas,
Rather, it burns all the stronger
Anzi ognhor piu se rinforza Au contraire, il se renforce d’autant plus
The more I pour them forth.
Quanto piu con quel mi sfoco Que je leur laisse libre cours.
Water is of no use . . .
Non val’ acqua… L’eau ne sert à rien…
Having to leave you
El dover da te partire Devoir te quitter
Seems to me stranger than death.
Piu che morte mi par strano Me paraît plus étrange que la mort,
I would rather die at once
Presto piu vorrei morire Je voudrais plutôt vite mourir
Than depart far from you.
Che da te farmi lontano Que de m’éloigner de toi.
Sweet face, compassionate face,
Viso dolce viso humano Doux visage, visage bienveillant,
I am forced to leave you.
De lasciarte son costretto Je suis contraint de te quitter.
Water is of no use . . .
Non val’ acqua… L’eau ne sert à rien…
I am pitifully rewarded,
Piteusement suis guerdonné
122 And Fortune treats me so badly 123
Et tant malement gouverné
With his tricks.
Fortune me fait par ses tours
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ENREGISTREMENT BÉNÉFICIANT DU SOUTIEN DE LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE ET DE L’ADAMI, COVER / P. 31, 56 & 58-59 :
RÉALISÉ À L’ABBAYE DE NOIRLAC – CENTRE CULTUREL DE RENCONTRE (CHER) EN SEPTEMBRE 2018. Léonard de Vinci, La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne. Paris, musée du Louvre.
PHOTO © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda.
DOULCE MÉMOIRE EST SOUTENU PAR LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE ET LE MINISTÈRE
DE LA CULTURE / DRAC DU CENTRE-VAL DE LOIRE, AU TITRE DE L’AIDE P. 9 :
AUX ENSEMBLES CONVENTIONNÉS. Léonard de Vinci, Autoportrait. Italie, Florence, Galerie des Offices.
PHOTO © Alinari Archives, Florence Dist. RMN-Grand Palais / Raffaello Bencini.
DOULCE MÉMOIRE EST SOUTENU PAR LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL D’INDRE-ET-LOIRE, LE MINISTÈRE
DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES/INSTITUT FRANÇAIS ET LA VILLE DE TOURS. DOULCE MÉMOIRE EST MEMBRE
P. 10 :
DE LA FEVIS ET DU SYNDICAT PROFEDIM. IL REÇOIT LE SOUTIEN PONCTUEL DE LA SPEDIDAM,
DE L’ADAMI, DU FCM, DU BUREAU EXPORT ET DE LA FONDATION ORANGE. Léonard de Vinci (entourage de) Un ange en vert avec une viole de gambe.
Un ange en rouge avec un luth. Royaume-Uni, Londres, National Gallery.
“VIVA LEONARDO DA VINCI ! 500 ANS DE RENAISSANCE(S) EN CENTRE-VAL DE LOIRE” - OPÉRATION PHOTOS © The National Gallery, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / National Gallery Photographic Department.
SOUTENUE PAR LA RÉGION CENTRE-VAL DE LOIRE
P. 38-39 & 41 :
DOULCE MÉMOIRE REMERCIE LE MUSÉE DU LOUVRE ET VINCENT DELIEUVIN, CONSERVATEUR EN CHEF Léonard de Vinci, L’Annonciation. Italie, Florence, Galerie des Offices.
DU PATRIMOINE, EN CHARGE DE LA PEINTURE DU XVIE SIÈCLE ; L’ABBAYE DE NOIRLAC ET SON DIRECTEUR PHOTO © Archives Alinari, Florence, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Tatge.
PAUL FOURNIER ; LE CENTRE D’ETUDES SUPÉRIEURES DE LA RENAISSANCE DE TOURS, BENOIST PIERRE,
SON DIRECTEUR ET CAMILLA CAVICCHI. P. 44 & 46-47 :
Léonard de Vinci, Portrait de musicien. Italy, Milan, Pinacoteca Ambrosiana.
DENIS RAISIN DADRE TEXTS, MUSICAL & ICONOGRAPHIC RESEARCHS PHOTO © Veneranda Biblioteca Ambrosiana/Paolo Manusardi / Mondadori Portfolio / Bridgeman Images.
JEAN-MARC LAISNÉ RECORDED PRODUCER, MIXING & MASTERING
P. 50 & 52-53 :
JOHN THORNLEY ENGLISH TRANSLATION Léonard de Vinci, Portrait d’une dame de la cour de Milan, dit à tort La Belle Ferronnière.
CHARLES JOHNSTON ENGLISH TRANSLATION (SUNG TEXTS) Paris, musée du Louvre. PHOTO © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado.
SILVIA BERUTTI-RONELT GERMAN TRANSLATION
LAURENT CANTAGREL FRENCH TRANSLATION (SUNG TEXTS) P. 25, 62 & 64-65 :
MICHEL CHASTEAU FRENCH TRANSLATION (SUNG TEXTS) Léonard de Vinci, La Vierge, l’Enfant Jésus, saint Jean Baptiste et un ange,
VALÉRIE LAGARDE DESIGN & ARTWORK dite La Vierge aux rochers. Paris, musée du Louvre.
126 PHOTO © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado.
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ALPHA 456 P DOULCE MÉMOIRE & ALPHA CLASSICS / OUTHERE MUSIC FRANCE 2019
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