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Semestre 5

Parcours économie et gestion


Section 3 – 4

MODULE : HISTOIRE DE LA
PENSÉE ÉCONOMIQUE

Pr. Rachid EZ ZOUAQ

Année universitaire 2022 / 2023


DEUXIÈME PARTIE :
LES CLASSIQUES (SUITE)

2
CHAPITRE 5 :
THOMAS ROBERT MALTHUS
1766  1834

3
L’auteur

⚫ Démographe et Économiste anglais (contemporain et


adversaire de Ricardo), Thomas Robert Malthus était le
6ème des sept enfants de Daniel Malthus et Henrietta
Catherine, fille de Daniel Graham.
⚫ Daniel Malthus était le fils de Sydenham Malthus, qui
était commis de chancellerie et directeur de la
Compagnie des mers du Sud; il était également «
propriétaire de plusieurs propriétés foncières dans les
Home Countries et le Cambridgeshire ».
⚫ Malthus entra au Jesus College de Cambridge en 1784.
Là-bas, il a remporté des prix en anglais
déclamation, latin et grec, et a obtenu avec mention,
Ninth Wrangler en mathématiques.
⚫ Home d’église, Malthus devint en 1805 le premier
professeur d’économie politique. 4
L’auteur

⚫ Deux genres de préoccupations dominent la pensée de


Malthus, l’économie politique et les problèmes de
démographie, mais contrairement à de nombreux
écrivains mercantilistes jamais Malthus n’a intégré la
variable démographique dans son analyse économique
et inversement.
⚫ Il est l’auteur de deux œuvres distinctes, deux œuvres

parallèles :
- Principes d’économie politique (1820)
- Essai sur les principes de la population (édité 6 fois
(1798, 1803, 1806, 1807, 1825 et 1826)).

5
L’auteur
Né le 13/02/1766
Il obtient une chaire à l'université de Cambridge 1793
Il devient pasteur anglican 1797
Il publie sans nom d'auteur « Essai sur le principe 1798
de population »
Il donne une nouvelle édition, très augmentée, de 1803
son Essai et le signe de son nom
Il devient professeur d'économie politique au 1804
Collège de la Compagnie anglaise des Indes
orientale
La quatrième édition de l'Essai fait l'objet d'une 1809
traduction en français
Il rencontre David Ricardo pour la première fois 1811
« Principes d'économie politique du point de vue de 1820
leur application pratique »
6
Il décède 23/12/1834
Malthus et le principe de population

⚫ L'idée de l'existence d'une relation entre la taille de la


population et le volume des subsistances est centrale
dans « L'Essai sur le principe de population.
⚫ Malthus lui a donné un relief particulier en la formulant
comme une opposition entre deux lois d'accroissement
en insistant sur le caractère dramatique de ses
conséquences...

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Malthus et le principe de population

A- la loi de population :
la population croît plus vite que les vivres.
La population selon Malthus, lorsqu'elle ne rencontre
aucun obstacle double tous les 25 ans et s'accroît
spontanément selon une progression géométrique (1, 2,
4, 8, 64...) alors que les subsistances croissent, dans les
meilleurs des cas suivant ‘une progression arithmétique
(1, 2,3. 4...).
⚫ L'accroissement lent des ressources alimentaires ne
peut suivre le rythme rapide de la croissance de la
population.
⚫ Il en résulte une tendance à la surpopulation par un
appauvrissement de la société au point de la menacer
de disette et d'empêcher le développement
économique. 8
Malthus et le principe de population

A- la loi de population :
Deux séries d'obstacles permettent de limiter la
croissance de la population : les obstacles destructifs
et les obstacles préventifs :
⚫ Les obstacles destructifs ou les obstacles naturels sont

les facteurs qui permettent une autorégulation de la


population. Si celle-ci croit trop fortement par rapport
aux ressources dont elle dispose, des famines, des
épidémies liées à la sous- alimentation se répandent et
des guerres dues à la concurrence pour le sol éclatent
obligatoirement : Cette situation provoque
l'augmentation de la mortalité et permet ainsi de
limiter l'excès de la population.
9
Malthus et le principe de population

A- la loi de population :
⚫ Pour ne pas arriver là, il faut mettre en place des
obstacles préventifs. Les obstacles préventifs ou
artificiels agissent sur le taux de natalité. Pour cela,
Malthus préconise le mariage tardif, la chasteté
conjugale, l'absence de relations sexuelles avant et
hors mariage et la limitation du nombre d'enfants en
fonction du revenu, qui sont des moyens décisifs pour
limiter le nombre des naissances. Ce type de freins est
une spécificité de l'homme et un acte volontaire : «
l'obstacle privatif en tant qu'il est volontaire, écrit
Malthus, est propre à l'espèce humaine, et résulte
d'une faculté qui le distingue des animaux, à savoir la
capacité de prévoir et d'apprécier des conséquences
éloignées. »
10
Malthus et le principe de population

B- les conséquences pratiques de « L'Essai sur le


principe de population » :

L'originalité de Malthus est moins d'avoir établi une


dépendance étroite entre population et subsistance que
d'avoir su organiser quelques principes simples dans une
théorie d'ensemble et d'en avoir tiré des conséquences
pratiques et théoriques.

11
Malthus et le principe de population

B- les conséquences pratiques de « L'Essai sur le


principe de population » :
⚫ Les conséquences pratiques
Sur le plan de la politique économique, le principe de
population a des conséquences très importantes. Il débouche
sur une critique vigoureuse et une condamnation sans
appel de toute politique d'aide aux pauvres et
notamment les « lois sur les pauvres » qui faisaient
obligation aux paroisses de secourir les indigents.
L'effet immédiat de ces lois est, selon Malthus, d'accroître la
consommation des pauvres et de les inciter à faire plus
d'enfants, ce qui favorise la croissance de la population. «
Ces lois créent donc les pauvres qu'elles assistent », conclut-
il. Par ailleurs l'assistance donnée aux pauvres est perçue
comme un détournement de la part du revenu qui revient à la
population en activité, c'est-à-dire les membres de la société
la plus laborieux et les plus méritants. 12
Malthus et le principe de population

B- les conséquences pratiques de « L'Essai sur le


principe de population » :
⚫ Les conséquences pratiques

Pour Malthus les lois sur les pauvres n'atteignent pas le


but pour lequel ont été adoptées et conduisent à des
effets pervers. Loin de régler le problème de la
misère, elles créent, au contraire, des pauvres
supplémentaires. Pour cela il propose leur abrogation,
et préconise la suppression de toute assistance et de
toute charité en faveur des pauvres pour ne pas les
encourager dans leur comportement nataliste.
Malthus condamne, pour son inefficacité la distribution
des secours pour les pauvres, car elle n'agit pas, sur la
cause profonde de la pauvreté à savoir l'augmentation
de la population au-delà des ressources disponibles. 13
Malthus et le principe de population

B- les conséquences pratiques de « L'Essai sur le


principe de population » :
⚫ Les conséquences pratiques

Mais, il retient « la contrainte, morale » (chasteté et


mariage tardif) pour limiter l'expansion de la population.
Or, comme cette solution ne peut être imposée
autoritairement et doit être adoptée volontairement par
les pauvres eux-mêmes, le plus sûr moyen d'enrayer
l'augmentation rapide de la population est la misère elle-
même. En effet, croyant en « l'utilité de la misère »
Malthus juge que seule l'extrême misère peut dissuader
les pauvres à avoir plus d'enfants qu'ils n'en peuvent
nourrir, et se rendre compte que leur intérêt est de
diminuer leur descendance, ce qui leur permettre à long
terme d'améliorer leurs conditions vie et soulager ainsi
leur détresse.
14
Malthus et le principe de population

B- les conséquences pratiques de « L'Essai sur le


principe de population » :
⚫ Les conséquences théoriques

D'un point de vue théorique, le principe de population


confirme pour les classiques, l'idée déjà retenue par A.
Smith et selon laquelle la pression démographique
conduit constamment le taux de salaire à se rapprocher
du taux de subsistance. Le principe de population
fournira également au modèle Ricardien sa théorie du
salaire qui veut que la rémunération du travail, sous
l'effet des mécanismes démographiques, se fasse au
minimum vital.

15
Les Principes d'économie politique... » (1820)

⚫ Les « Principes d'économie politique...) est un ouvrage


fondamentalement théorique. Malthus y expose ses
principales idées économiques relatives à la valeur, à
la répartition, à la demande effective, à l'épargne et à
leur rôle dans la production.
⚫ De ses nombreuses analyses nous n'en retiendrons, ici
que la rente différentielle, la demande effective et
l'épargne.

16
Les Principes d'économie politique... » (1820)

A- La théorie de la rente foncière


⚫ La rente est considérée comme « l'excédent de la

valeur du produit total sur ce qui est nécessaire pour


payer les salaires des journaliers et les profits du
capital employé à la culture de la terre. »
⚫ La rente est donc l'excédent du prix du produit agricole

sur les frais de production. Il y a cet excédent dans la


mesure où les produits agricoles sont vendus à un prix
supérieur à leur coût de production. La rente revient
au propriétaire foncier une fois, qu'ont été payées
toutes les dépenses nécessaires à l'obtention de la
production et prélevé le profit ordinaire par le fermier
qui exploite la terre.
17
Les Principes d'économie politique... » (1820)

A- La théorie de la rente foncière


⚫ Mais elle n'est pas liée à une forme de monopole. Elle

tient à la caractéristique de la terre qui produit parfois,


plus que ce qui est nécessaire et peut être de plus ou
de moins bonne qualité.
⚫ Concernant la détermination de la rente, Malthus

montre que celle-ci découle de l'accroissement de la


population, de la rareté comparative des terres et de
leurs différences de fertilité.

18
Les Principes d'économie politique... » (1820)

A- La théorie de la rente foncière


⚫ Comme les terres fertiles sont rares, la croissance

démographique oblige, après que les meilleures terres


ont été utilisées, à mettre en culture des terres de
moins en moins fertiles. Une terre fertile ; par rapport
à une autre terre moins fertile permet de produire à un
coût moindre. Ces conditions font que les coûts de
production soient différenciés et varient selon les
terres d'où provient la production agricole. Le coût de
production ou le prix de revient du produit n'est pas
donc le même sur les terres fertiles que sur les terres
de moins bonne qualité.

19
Les Principes d'économie politique... » (1820)

A- La théorie de la rente foncière


⚫ Par ailleurs sur le marché, le prix de vente du produit

agricole, le blé par exemple, est le prix qui doit être


payé pour couvrir les coûts de production du blé
provenant des terres les moins fertiles. Plus
précisément, le prix de vente doit être égal au coût
de production sur la terre de la moins bonne qualité
effectivement cultivée (la terre marginale) sinon les
fermiers qui travaillent sur les terres les moins fertiles
ne pourraient pas mettre leur production en vente,
faute de rentabilité et ces terres cesseraient d'être
cultivées.

20
Les Principes d'économie politique... » (1820)

A- La théorie de la rente foncière


⚫ Le prix ainsi déterminé, s'applique non seulement au
blé produit sur la terre marginale (la terre la moins
fertile cultivée), mais aussi au blé en provenance des
autres terres les plus fertiles. Ces terres ayant par
définition des coûts de production plus faibles que sur
la terre marginale peuvent dégager un surplus qui
résulte de la différence du prix de vente et des coûts
de production augmentés des profits naturels sur les
terres non marginales. Ce surplus ou écart constitue la
rente foncière qu'on qualifie de rente différentielle
parce qu'elle provient des différences de coûts de
production entre la terre marginale et les autres terres
non marginales. 21
Les Principes d'économie politique... » (1820)

A- La théorie de la rente foncière


⚫ L'élément central de la théorie de la rente développé
par Malthus, et aussi par Ricardo, consiste à poser
que, lorsque des terres de fertilité inégale sont mises
en culture, le prix de vente du blé est déterminé en
fonction des conditions de production sur la terre
marginale c'est-à-dire la terre la moins fertile et dont
la mise en culture entraîne le coût le plus élevé. En
faisant dépendre le prix unique du blé du coût
marginal qui correspond au coût de production sur la
terre marginale, Malthus (ainsi que Ricardo d'ailleurs)
énonce bien avant les néoclassiques, un principe
fondamental en économie politique : le principe de
raisonnement à la marge ou principe de la
tarification au coût marginal.
22
Les Principes d'économie politique... » (1820)

B- La demande effective et l'épargne


⚫ Malthus est aussi l'un des premiers classiques à se
rendre compte de l'importance de la demande
effective et de l'épargne comme facteur stimulant de
la production.
⚫ Il définit la demande effective des produits comme « la
demande faite par ceux qui ont les moyens d'en
donner un prix suffisant » C'est la quantité d'une
certaine marchandise recherchée par ceux qui peuvent
en payer le prix. Elle n'est pas un phénomène
purement quantitatif puisqu'elle n'est pas liée
seulement au nombre d'habitants ou de
consommateurs, mais à leur volonté et à leur pouvoir
d'achat qui leur permet d'acquérir les biens dont ils ont
besoin.
23
Les Principes d'économie politique... » (1820)

B- La demande effective et l'épargne


Malthus accorde une très grande importance au rôle de la
demande effective dont l'insuffisance rend possible
surproduction, contrairement à la loi de Say (ou loi des
débouchés) qui nie la possibilité d'une crise générale et
durable de surproduction. Il considère que l'augmentation du
volume de la production n'engendre pas nécessairement une
augmentation du volume des débouchés, dans la mesure où
seule une fraction des nouveaux revenus distribués sera utilisé
pour acheter le supplément de production.
Ainsi apparaît une insuffisance de la demande effective par
rapport à la production Malthus a donc pressenti que la
consommation pouvait ne pas être suffisante pour acheter la
production ce qui signifie qu'une crise de sous consommation
est possible. Il peut ainsi contester la loi des débouches de J
B. Say, pourtant couramment admise par l'ensemble des
classiques. 24
Les Principes d'économie politique... » (1820)

B- La demande effective et l'épargne


Malthus se distingue des autres classiques sur un autre
point, celui de l'épargne. Il considère que l'épargne est
nécessaire, mais indique qu'elle n'est pas
automatiquement investie pour favoriser un
accroissement de la production mais peut être
thésaurisée. Ce qui le conduit à rejeter l'idée de Smith
selon laquelle toute épargne est systématiquement
investie. Par ailleurs Malthus pressent qu'une épargne
excessive pouvait provoquer des fluctuations dans la
production, l'emploi et les profits, donc un recul de
l'activité économique.

25
Les Principes d'économie politique... » (1820)

B- La demande effective et l'épargne


Si la tendance de transformer tout revenu en capital au-
delà d'un certain point permet d'accroître la production,
elle risque aussi de provoquer une insuffisance de la
demande effective. En effet d'une part les travailleurs
reçoivent moins qu'ils ne produisent et, d'autre part les
propriétaires du capital doivent épargner une fraction
importante de leur revenu pour investir et renouveler
leur capital.

26
Les Principes d'économie politique... » (1820)

B- La demande effective et l'épargne


Les travailleurs et les capitalistes n'ont donc pas un
pouvoir d'achat suffisant pour acheter toute la
production additionnelle. Là encore apparaît le problème
de l'insuffisance de la demande effective par
rapport à la production. C'est l'épargne et
l'accumulation du capital qui rendraient la consommation
insuffisante. L'épargne est donc une cause de sous-
consommation. Elle ne peut, selon Malthus, être
favorable à l'économie que dans la mesure où elle se
développe parallèlement à la demande des biens et non
au détriment de celle-ci.

27
CHAPITRE 6 :
JEAN BAPTISTE SAY
1767  1832

28
L’auteur

⚫ Jean Baptiste Say, né le 5 janvier 1767 à Lyon et


mort le 14 novembre 1832 à Paris, est le
principal économiste classique français.
⚫ Ses premières années d'existence se passent à Lyon, où
son père lui fait dispenser une éducation relativement
libérale, en particulier avec la volonté de soustraire ses
fils à l'influence de l'Église catholique et de son système
d'éducation.
⚫ Le déménagement de la famille à Paris marque un
tournant dans sa vie et il commence à 15 ans son
apprentissage en travaillant comme commis dans une
maison de commerce, du fait des revers de la fortune
familiale.
29
L’auteur

⚫ Au gré de changements de fortune, il peut finalement


se rendre en Grande-Bretagne à 19 ans5, accompagné
de son frère Horace. L'objectif du voyage est de se
former aux pratiques commerciales et à la langue
anglaise. Il durera deux ans.
⚫ Industriel du coton, il fut l'un des entrepreneurs
huguenots de cette industrie alors en plein essor.
⚫ Il fut également journaliste. Il est réputé pour ses
positions libérales.
⚫ Il est l'auteur de la distinction tripartite « production –
répartition – consommation », devenue classique.

30
L’auteur

⚫ Il est souvent rattaché à l’école classique anglaise


« disciple offeciel de Smith, correspondant de Malthus,
inspirateur de James Mill, ami et commentateur de
Ricardo, annotateur de Mc Culloch et maitre du jeune
Stuart Milln J-B Say semble vraiment inséparable de
l’école anglaise ».
⚫ J-B Say eut des rapports conflictuels avec l’empereur
Napoléon et ce n’est qu’après sa chute, qu’il devint
professeur d’économie politique d’abord au
conservatoire des arts et métiers et ensuite au collège
de France.

31
L’auteur

⚫ Son premier écrit, intitulé « traité d’économie politique


ou simple exposition de la manière dont se forment, se
distribuent et se consomment les richesses », date de
1803
⚫ La seconde édition de cet ouvrage (1814) intègre
d’importantes modifications, concernant, notamment, la
célèbre loi des débouchés.
⚫ En 1815, Say publie un ouvrage tout aussi important,
d’après lui, que le précèdent mais qui reste peu connu
du large public « Catéchisme d’économie politique »
⚫ Et enfin quatre années avant sa mort, il donne « le
cours d’économie politique ».

32
L’auteur

⚫ Son premier écrit, intitulé « traité d’économie politique


ou simple exposition de la manière dont se forment, se
distribuent et se consomment les richesses », date de
1803
⚫ La seconde édition de cet ouvrage (1814) intègre
d’importantes modifications, concernant, notamment, la
célèbre loi des débouchés.
⚫ En 1815, Say publie un ouvrage tout aussi important,
d’après lui, que le précèdent mais qui reste peu connu
du large public « Catéchisme d’économie politique »
⚫ Et enfin quatre années avant sa mort, il donne « le
cours d’économie politique ».

33
La production et la valeur

A- Produire c'est créer de l'utilité


Say accorde une grande importance à la production.
Celle-ci « n'est point une création de matière, mais une
création de richesse ». Il considère que la fabrication
matérielle d'un objet ne constitue pas en elle-même une
création de richesse. La quantité de matières disponibles
dans un pays ne se trouve pas augmentée par cette
fabrication. Ces matières ont seulement subi une
transformation qui les rend propres à un usage
déterminé. Ce qui augmente en revanche c'est l'utilité
qu'avaient ces matières.

34
La production et la valeur

A- Produire c'est créer de l'utilité


« Certes, le drap transformé en chemises n'a pas accru
sa dimension, mais il est plus utile en habit qu'en coupon
de tissu. » L'activité productive ne crée pas de matière,
elle ne fait que la transformer. Ce qui crée véritablement
la richesse c'est l'utilité. Celle-ci étant « la faculté qu'ont
les choses de pouvoir satisfaire aux besoins des hommes
». Produire pour Say, c'est donc créer de l'utilité, car la
fabrication d'un objet inutile que personne ne voudrait
acquérir ne saurait être assimilée à une production de
richesse.

35
La production et la valeur

B- L’utilité, source de la valeur


Say considère que « le premier fondement de la valeur
est l'utilité. » La valeur est selon lui liée à l'utilité et
celle-ci à la satisfaction des besoins. Si les hommes
attachent une certaine valeur à un objet c'est parce que
celui-ci a la propriété de satisfaire un besoin, ce en quoi
consiste l'utilité. La valeur d'un bien est donc mesurée
par l'utilité de ce bien. Say estime que l'individu compare
l'importance du sacrifice nécessaire pour se procurer un
bien économique avec la satisfaction qu'il en tire. Il
développe ainsi une conception subjective de la valeur.

36
La production et la valeur

B- L’utilité, source de la valeur


De cette conception il résulte une nouvelle définition de
la production. Celle-ci n'est plus limitée à la création de
biens matériels (comme le faisait Smith), mais concerne
aussi la création de produits immatériels. Ainsi le
commerce et les services sont considérés également
productifs, car ils procurent de l'utilité et créent de la
valeur tout comme l'agriculture et de l'industrie. Leurs
produits sont tout autant utiles et nécessaires que ceux
des autres secteurs. Ils ne se distinguent des produits
matériels que par le fait qu'ils ne peuvent pas être
accumulés.

37
Le rôle de l'entrepreneur

A- Distinction entre capitaliste et entrepreneur


⚫ A l'inverse des économistes anglais, Say distingue
nettement l'entrepreneur du capitaliste et lui confère
un rôle essentiel. Il définit l'entrepreneur comme «
celui qui entreprend de créer pour son propre compte,
à son profit et à ses risques, un produit quelconque. »
⚫ Le capitaliste, quant à lui est le propriétaire d'un
capital ou d'un fonds de terre qu'il peut prêter à celui
qui en besoin pour produire. Les entrepreneurs
existent aussi bien dans l'agriculture que dans
l'industrie ou le commerce.
⚫ L'agriculteur, le manufacturier ou le commerçant sont
des hommes d'expérience qui organisent la production
en mettant en œuvre les moyens productifs matériaux
et humains afin de créer des produits ou procédés 38
nouveaux.
Le rôle de l'entrepreneur

A- Distinction entre capitaliste et entrepreneur


⚫ Ils jouent un rôle essentiel dans la production et dans la
répartition. Le rôle de l'entrepreneur dans la production
consiste à juger des « besoins et des moyens » de les
satisfaire, en combinant les services productifs (services
productifs naturels, services productifs de capitaux, travail,
etc.) et en profitant des connaissances et des compétences
intervenant dans son entreprise.
⚫ Il remplit aussi une fonction essentielle dans la répartition
des revenus. C'est lui qui rémunère les différents services
productifs qui ont concouru à la production. Il constitue
ainsi le lien entre marché des produits et marché des
facteurs de production c'est-à-dire entre production et
réparation. Il joue enfin un rôle d'intermédiaire entre les
consommateurs et les différents et les agents travaillant
dans son entreprise.
39
Le rôle de l'entrepreneur

B- Le profit et l'intérêt
⚫ De la distinction du capitaliste et de l'entrepreneur,

Say tire une conception du profit qui lui est propre. Les
profits sont constitués, selon lui de deux composantes.
Une part, le profit de l'entrepreneur correspond au
revenu que celui-ci obtient de son industrie. Il dépend
des capitaux nécessaires, des capacités requises et des
risques encourus. Le profit de l'entrepreneur est
variable et incertain car il est difficile de connaître par
avance, l'état des besoins et les prix des produits
permettant de les satisfaire.

40
Le rôle de l'entrepreneur

B- Le profit et l'intérêt
⚫ La variabilité des profits faits que certains
entrepreneurs seront rémunérés par des profits élevés
tan disque d'autres finiront par se ruiner. Une autre
part est constituée par les profits du capital que
l'entrepreneur n'apporte généralement pas dans son
intégralité. Lorsque le capital est prêté à d'autres pour
le faire valoir, il donne lieu à un revenu, l'intérêt qui
est conçu comme un dérivé du profit et dont la valeur
est connue et le montant fixe.

41
La loi des débouchés.

⚫ La loi des débouchés formulée par J.B. Say dans le «


Traité d'économie politique » connaîtra un succès
remarquable.
⚫ Elle contribuera à la célébrité de l'auteur, et donnera
lieu à de nombreux débats et controverses entre les
économistes.

42
La loi des débouchés.

A- Le contenu de la loi
La loi des débouchés dans sa version originale énonce
que c'est la production qui ouvre des débouchés aux
produits. » L'ambition de la loi est d'expliquer que les
produits s'échangent contre les produits. L'homme qui
crée un produit doit pouvoir trouver en face de lui
d'autres hommes qui auront les moyens de l'acheter. Ces
moyens consistent en d'autres produits résultant de leur
production. On résume parfois cette thèse en affirmant
que l'offre crée sa propre demande. Le raisonnement qui
la soutient repose sur une conception particulière de la
monnaie. Celle-ci considérée, comme simple véhicule
d'échange, n'est pas demandée pour elle-même, mais
pour les produits qu'elle permet d'acheter. 43
La loi des débouchés.

A- Le contenu de la loi
N'étant qu'un simple intermédiaire des échanges, elle ne
joue donc pas un rôle essentiel et les produits
s'échangent contre les produits. C'est pourquoi, nous dit
Say, dès qu'un individu a vendu un produit, il cherche à
recevoir la monnaie en contrepartie de l'objet vendu.
Mais si l'acquéreur peut le payer en monnaie, c'est parce
qu'il a lui-même vendu des produits. Pour acheter il faut
donc produire, et la monnaie n'est donc désirée que par
ce qu'elle permet d'obtenir des biens et des services. «
L'argent ne remplit qu'un office passager dans ce double
échange, et, les échanges terminés, il se trouve toujours
qu'on a payé des produits avec des produits. »
44
La loi des débouchés.

A- Le contenu de la loi
L'idée de base de la loi de Say (ou des débouchés) est
que la valeur de tout produit est aussitôt transformée en
revenus pour ceux qui l'ont créé. On payera des revenus
(salaire, profits etc.) Et cet argent qui circule sera
automatiquement dépensé. Ainsi la valeur de la
production totale sera égale à la valeur totale des
revenus distribués, qui, elle-même provoquera autant de
dépenses (en biens de consommations et en biens de
production). Bref, tout ce qui est produit sera acheté, car
un pouvoir d'achat a été distribué.

45
La loi des débouchés.

B- conséquences de la loi
Puisque la production se transforme en revenus qui eux-
mêmes se transforment en demande, il ne peut exister
de déséquilibre global entre l'offre et la demande. La loi
de Say conduit donc à considérer que dans les conditions
de concurrence, il ne peut y avoir de crise générale et
durable de surproduction. Si certains produits trouvent
parfois difficilement acheteurs, ce qui donne lieu à des
déséquilibres sectoriels, c'est parce que d'autres
productions ont été insuffisantes.

46
La loi des débouchés.

B- conséquences de la loi
« Certains produits surabondant, parce que d'autres sont
venus à manquer ». Autrement dit, si on a moins acheté,
c'est parce qu'on a moins gagné, et si on a moins gagné,
c'est parce qu’on n’a pas suffisamment produit. Ces
déséquilibres partiels sont supposés être résorbés par le
mécanisme des prix qui jouent comme des signaux et
par la mobilité des facteurs de production- (travail et
capital) - qui assurera les ajustements de production
adéquats.

47

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