Vous êtes sur la page 1sur 3

Les progrès accomplis aux Nations unies, par Jean-Michel Guérin de B... https://www.monde-diplomatique.fr/1954/12/GUERIN_DE_BEAUMO...

> �écembre ����, pages � et �

L� ����������� ����� ���� ��� ����� ������������

Les progrès accomplis aux


Nations unies
��� J���-M����� G����� �� B�������

Q
������ sont les lignes essentielles du plan franco-britannique ? C’est un plan en trois
étapes, que M. Jules Moch résume ainsi :

1. Première étape :
a) Constitution et mise en place du contrôle ;

b) Congélation des effectifs, des armements classiques et des crédits militaires aux niveaux constatés
par le contrôle ;

c) Interdiction d’usage des armes de destruction de masse, sauf en cas de défense contre l’agression.

2. Deuxième étape :
a) Renforcement du contrôle, réduction des effectifs et des armements classiques de la moitié de la
différence entre les niveaux précédemment constatés et les niveaux arrêtés d’un commun accord ;

b) Interdiction de fabrication des armes de destruction de masse, avec conservation des stocks
existants.

3. Troisième étape :
a) Deuxième réduction de moitié des effectifs et des armements classiques ;

b) Interdiction de détention des armes de destruction de masse et transformation à des fins pacifiques
des stocks fissiles ou fusibles.

Si M. Malik a péremptoirement rejeté à Londres le plan franco-britannique en allant jusqu’à l’accuser


calomnieusement de n’être qu’une nouvelle forme mal déguisée du plan Baruch de 1946, et si, en
conséquence, le sous-comité du désarmement ne put, une fois de plus, qu’établir un rapport négatif, la

1 sur 3 26/02/2021 à 13:58


Les progrès accomplis aux Nations unies, par Jean-Michel Guérin de B... https://www.monde-diplomatique.fr/1954/12/GUERIN_DE_BEAUMO...

voie n’en était pas moins déblayée grâce à l’extrême clarification apportée à des notions jusqu’alors
demeurées assez confuses, et grâce aussi, il faut le souligner, à l’effort occidental pour aller au-devant
des conceptions soviétiques jusqu’à l’extrême limite au-delà de laquelle le désarmement ne serait
vraiment plus possible, puisqu’il devrait s’effectuer sans aucune garantie pour les puissances de bonne
foi.

Aussi bien ces efforts n’ont pas été faits en vain L’Union soviétique a compris qu’il lui eût été difficile
devant l’opinion mondiale de ne pas en tenir compte. L’événement capital de la longue histoire de ces
presque dix années a été l’acceptation formulée le 30 septembre dernier par M. Vychinski devant
l’Assemblée générale des Nations unies, que :

1. Les prochaines recommandations de l’Assemblée « se fondent sur les propositions de la France et du


Royaume-Uni en date du 11 juin 1954 » ;

2. Au lieu d’intervenir comme une condition préalable à toute mesure effective de désarmement,
l’interdiction inconditionnelle des armes nucléaires et de destruction massive n’apparaisse qu’après le
premier processus de désarmement classique ;

3. Le désarmement s’opère d’une manière progressive dans le temps ;

4. La formule franco – britannique d’interdiction immédiate d’emploi des armes nucléaires sous
réserve de défense contre l’agression soit mise à l’étude par la commission du désarmement (l’U.R.S.S.
s’abstenant cependant de prendre position à ce sujet).

Ces propositions ont donc les apparences de concessions importantes vers nos conceptions.

Sans doute la délégation soviétique a déposé son propre projet de désarmement qui reprend l’essentiel
de ses idées antérieures. Sans doute a-t-elle fait admettre ce projet, lui aussi, comme base, au même
titre que le mémorandum franco-britannique, des travaux futurs de la commission du désarmement.
Sans doute enfin, la sincérité de la nouvelle attitude soviétique n’apparaîtra-t-elle exactement que
lorsqu’auront été éclairées les intentions véritables de Moscou sur le contrôle. C’est le contrôle, vous le
savez, qui a été jusqu’à présent la pierre d’achoppement du désarmement.

C’est lui qui est vraisemblablement appelé à constituer l’élément principal des travaux à venir.

Il reste que la déclaration prononcée le 30 septembre par le délégué soviétique témoigne d’une bonne
volonté nouvelle dans les annales du désarmement. Cette bonne volonté a permis l’unanimité que je
saluais comme un événement de bon augure au début de cette causerie et qui est, à l’heure actuelle, le
fondement principal de l’espoir d’aboutir.

Évidemment, cet aboutissement, s’il intervient jamais, ne saurait être que le fruit de longues
négociations et de nouvelles concessions mutuelles, et il serait vain de l’attendre avant plusieurs
années. Il n’y a pas à vaincre que les difficultés techniques que j’ai essayé de vous montrer, au cours
d’un exposé qui vous a peut-être paru par moment un peu aride, bien qu’il soit peu aisé d’éviter une
certaine aridité dans un domaine qui touche des questions techniques de plus en plus complexes.

Si le désarmement doit contribuer à cette élimination de la peur, voulue par les grands alliés et
inscrite dans la charte de l’Atlantique du 14 août 1941, confirmée par la déclaration des Nations unies
du 1er janvier 1941, il y a, pour y arriver, à vaincre d’abord la peur de chacun des deux peuples
principaux antagonistes, celle de la population des États-Unis, qui redoute la destruction soudaine de
ses immenses agglomérations industrielles si elle n’obtient pas les moyens de contrôler de manière
absolument sûre les engagements d’interdiction des armes atomiques, et celle du peuple soviétique, de
voir remis en question les résultats de la révolution communiste s’il ouvre largement ses frontières et

2 sur 3 26/02/2021 à 13:58


Les progrès accomplis aux Nations unies, par Jean-Michel Guérin de B... https://www.monde-diplomatique.fr/1954/12/GUERIN_DE_BEAUMO...

son sol au seul contrôle capable d’offrir de telles garanties.

On conçoit que ce double sentiment de crainte ne puisse s’estomper que très progressivement et après
une longue période de détente internationale. C’est déjà beaucoup que l’on puisse parler sérieusement
de désarmement et en parler de si près que le langage des uns et des autres est presque le même. De
telles études et de telles négociations contribuent puissamment à cette détente internationale qui en
conditionne le résultat. C’est pourquoi il importe, comme je le disais en commençant, de ne pas
risquer de compromettre ce qui est acquis et ce qui reste à acquérir, en voulant, comme en 1932,
forcer le destin. Il importe, si l’on ne veut pas décevoir les espérances de l’humanité, de laisser mûrir
une question dont il est déjà surprenant qu’elle ait fait les progrès que je viens de m’efforcer de vous
décrire en ces quelques années, où, sans doute, toutes les volontés ont concouru à l’organisation de la
paix, mais qui risquent pourtant d’apparaître dans l’histoire comme des années d’adaptation difficile
et de tension.

Les auspices sous lesquels s’est terminée l’année 1954, la première depuis la guerre où le sang n’a
coulé en aucune partie du monde, ceux sous lesquels va s’ouvrir l’année 1955 avec une organisation
meilleure de la défense occidentale, et par conséquent des possibilités meilleures de conversation entre
l’Est et l’Ouest, devraient nous permettre d’augurer favorablement de la suite des efforts des hommes
de bonne volonté qui, même dans des années beaucoup plus difficiles, n’ont jamais perdu confiance
dans les possibilités de désarmement.

J���-M����� G����� �� B�������


Garde des sceaux, chef de la délégation française à la neuvième Assemblée de
l’O.N.U.

Mot clés: ONU Conflit Désarmement Relations Est-Ouest France Royaume-Uni

3 sur 3 26/02/2021 à 13:58

Vous aimerez peut-être aussi