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Thomas Lepeltier
in Thomas Lepeltier, Histoire et philosophie des sciences
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propre d’une théorie scientiique était de prévoir des expériences qui
pourraient éventuellement la réfuter. Quant aux théories qui ne don-
naient pas prise aux réfutations, que ce soit en restant très vagues ou en
multipliant les hypothèses auxiliaires ad hoc, elles devaient être consi-
dérées comme pseudo-scientiiques. La psychanalyse et le marxisme,
selon lui, étaient des exemples typiques de théories non réfutables.
Cette idée d’une démarcation entre science et pseudoscience était
étroitement associée à une critique de l’induction. À la suite de David
Hume, Popper faisait en efet remarquer qu’un nombre, aussi grand
soit-il, d’observations positives ne permet pas de conclure à la vérité
d’une proposition universelle, comme une loi physique. En revanche,
des observations négatives nous autorisent à décréter qu’une propo-
sition est fausse. Ainsi, la proposition « tous les cygnes sont blancs »
n’est pas vériiable, mais simplement réfutable : il suit de trouver
un cygne noir. Qui plus est, Popper rejetait l’idée que les théories
scientiiques proviennent directement de l’observation puisque selon
lui l’imagination joue un rôle non négligeable dans leur élaboration.
L’important pour assurer la scientiicité des théories est uniquement
qu’elles soient réfutables. Ce qui signiie bien sûr qu’elles sont
condamnées à rester déinitivement conjecturales.
Ce disant, Popper s’en prenait directement aux néopositivistes
du cercle de Vienne qui voulaient bâtir une véritable « conception
scientiique du monde », prétendument vériiable. Au-delà de cette
controverse, sa thèse critiquait toute une conception de la science basée
sur l’idée qu’il est possible de conirmer déinitivement des théories.
Publié en 1934, traduit en anglais en 1959 et en français en 1973,
La Logique de la découverte scientiique qui développe cette approche
est devenu rapidement une référence en philosophie des sciences.
L’ouvrage rencontra même un écho très favorable auprès d’une partie
de la communauté scientiique. En revanche, certains historiens des
sciences jugèrent que le critère de démarcation de Popper était trop sé-
vère, car leurs études montraient qu’en réalité, les scientiiques étaient
loin de toujours chercher à réfuter les théories existantes.
homas Lepeltier
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