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Introduction
Pourquoi suivre un cours de philo en faculté de Droit ?
1. Avoir une formation de qualité
L'université est un groupe de savants qui cherchent à un savoir plus
− Les étudiants ne sont pas des clients
− On vient à l'université pour apprendre
− BUT études : soutenir la formation de notre esprit critique
• Or, des citoyens avec un esprit critiques sont la clef d’une bonne société
Interdisciplinarité :
− On sera plus pertinents si on arrive à combiner, en partant de notre pdv, si on prend en plus le pdv des
autres
− On est meilleur à plusieurs
− Pour comprendre le droit nous avons besoin de la philo
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
→ Il va tirer des conclusions et construire un raisonnement avec eux et leur montrer que leurs savoir ne
reposent sur rien (stéréotype, préjugés, opinions, …)
→ Il va se donner comme mission d'enlever ses opinions chez les gens : il va vider l'esprit des gens pour faire
de l'espace et le reremplir après : il va accoucher la pensé
De là, 3 éléments
→ La philo commence à partir du moment où on s'étonne
o Figure de l'enfant : il s'étonne de tout et s'interroge sur TOUT
▪ Se pose des qst fondamentales
o Nous avons arrêté de nous questionner
o Tout ce qui nous semble d'aller de soi, sommes-nous vraiment sur?
o Trouver des sens nouveaux
→ Construire une méthode de pensée en poussant la réflexion, en élaborant des contextes pour reconstruire
des idées basées sur des fondements vrais et soldes
o Avancer sur le chemin d'une pensée, de la réflexion
o Le philosophe ne trouvera jamais LA vérité
→ Le philosophe s'engage dans un chemin sans fin
o Mais la démarche a de l'intérêt
o La philosophie n'a jamais de sens
o Elle ne s'arrête jamais
o Il y a toujours qlq chose à chercher, à creuser un peu plus loin
o Sorte de promenade
▪ L’intérêt n'est pas la destination mais la marche en soit
▪ La pratique de la philo et la réflexion est intéressante
▪ La philo en tient de sa pratique
En gros
La philosophie :
− Méthode de pensée − Elle réfléchit et se réfléchit − Elle pense et se pense
− Pensée de la méthode (comme dans un miroir)
But :
− Sert à développer un regard critique sur le monde qui nous entoure
− Réfléchir autrement
− Pratique de pensée, de réflexions
− Pas juste du par cœur
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Le mot droit (instrumentalisé, discours normatif) et justice (discours éthique ou moral) ont une étymologie
commune mais sont pourtant deux choses distinctes !
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
COMBIEN ? + QUI ?
→ 12 HOMMMES BLANCS
- Alors que l'accusé n'est pas blanc
- Manque de diversité = moins juste ?
- Faudrait un plus grand mix de tout ? (Homme, femme, blanc, noir, jeunes, vieux,, …)
- De milieux diffèrents = plus de diversité
- Equitable ?
→ Tirés au sort
- Pareil en Belgique : un jury diffèrent va être désigné (12 personnes avec 3 magistrats professionnels)
pour chaque affaire à la Cour d’assises
→ Y a-t-il un équilibre dans cette forme d’institution dans ses divers aspects ?
QUAND ?
→ Question non évoquée dans le film. Il est tout de même notable qu’aux premiers instants du film, l’homme
incarnant la minorité numérique n’est pas pris pour crédible.
→ Faut-il un certain temps de réflexion/discussion pour qu'une décision soit juste ?
- Pas moral de décider d’un tel cas en 5min
- Nos 1eres impression sont-elles tjs injustes ?
- Faut-il un certain temps pour qu'elle ait l'aire juste ?
→ Quand portent-ils vraiment un jugement
- Au début avaient-ils vraiment eu le temps d'en discuter ?
→ Le seul à dire non coupable dès le début était-il plus capable de juger correctement ? Avait-il pris le temps
avant ? Était-il juste plus juste ?
DE QUOI ?
→ Dans le film le jury décide de la culpabilité, la peine n’est pas de leur ressort.
→ En Belgique on décide d’abord de la culpabilité et ensuite de la peine.
o L’ordre des décisions a-t-elle une importance ?
o Est-ce-que poser une décision en se dédouanant de tout conséquence de peine est un choix juste ?
o Connaitre la peine change-il la façon de juger ?
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
COMMENT ?
→ Jugement basé sur le principe d’unanimité
- S’ils n’y arrivent pas, ils doivent prononcer à statuer
- En droit belge :
▪ 6-6 l’accusé est acquitté,
▪ 5c-6i on se tourne vers les 3 juges professionnels,
▪ 6c-7i alors les magistrats doivent au minimum être 2/3 pour coupable
→ La question de l’unanimité est-elle réellement juste ?
- Il est compliqué de s’opposer à la majorité,
- Une décision peut-elle être juste même si on est seul à penser comme ça
→ Laisser entrer l’empathie de chacun : quel est l’enjeu sur l’impartialité, quelle est la limite à (pré)définir ?
- ici: Le juré qui a tenu à la culpabilité avait de l’empathie mais pour le père tué. + parallélisme avec
sa relation père-fils
- Mais le premier a jugé non coupable a aussi eu de l’empathie mais pour l’accusé
→ Procédure : ils forment eux-mêmes une mini procédure et structurent leur délibération
- Besoin d'une structure pour avoir une décision juste ?
1. La démarche de Tocqueville
Alexis de Tocqueville : Aristocrate français, juge et philosophe, qui a beaucoup voyagé dans le « nouveau
monde » = Etats-Unis
→ Il en a profité pour analyser et décrire le système juridique américain alors qu’il était envoyé par l’état
français afin d’étudier le système carcéral de ces derniers
→ Pour lui, ça marche mieux qu’en France et il en est persuadé
- Démocratie complètement instable dans la politique française du 19ème
- Il va tout analyser pour comprendre ce qui fait la stabilité des Etats-Unis
→ Selon lui le Jury = clef d'un bon régime politique
a. Notes introductives :
Qu’est-ce qu’un jury selon Tocqueville ?
→ « J’entends par jury un certain nombre de citoyens pris au hasard et revêtus momentanément du droit
de juger »
- Donc exactement comme dans le film et en Belgique
→ Il s’agit d’une institution à la fois judicaire et politique
→ Une combinaison entre pouvoir du peuple (démocratie) et autorité des « légistes » (juristes)
professionnels
République ≠ démocratie
→ République = forme de gouvernement où le pouvoir appartient aux gouvernés
- Gouvernés = toutes personnes soumises à l’autorité de l’Etat
- Ne prend pas en compte les femmes ni les esclaves !!
→ Dans la démocratie il faut nuancer la valeur et le sens que l’on donne au terme : PEUPLE
- car peuple peut ne désigner qu’un caste estimé comme supérieur = aristocratie de l’époque
→ Mais ce n’est pas pour autant qu’il veut que le pouvoir appartienne au gouvernés sans aucun contrôle
des institutions compétentes
- il faut que les délibérations émanent des deux « institutions »
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
b. Institution judiciaire
= Il applique la loi et tranche des litiges → il rend la justice (attention les contentieux= l’ensemble des litiges)
GRAND AVANTAGE :
Quand on tire au sort des juges citoyens ça diminue le nombre de juges professionnels
→ Permet de considérablement diminuer la corruption au sein de l’affaire car il ne s’agit pas des mêmes
enjeux (les juges veulent se faire un nom et faire carrière)
→ De plus, selon lui, il y a très peu de bons juges professionnels donc on ne peut espérer qu’ils le soient
tous
- Il vaut donc mieux 12 jurés qui sont à 100% neutres et ne se basent que sur l’affaire et les faits
en tant que citoyens que des juges professionnels qui ont des connaissances juridiques sans
bonnes compétences d’application
- Les jurés vont régler une affaire qui n’a aucune influence sur eux et vont pouvoir décider de la
façon la juste sans etre corrompu par leur ambition
En bref : institution indispensable à tout pouvoir judiciaire dont l’objectif est la justice
c. Institution politique
Le jury est républicain :
→ LE POUVOIR EST AUX MAINS DES GOUVERNES (peuple = souverains)
o Chacun des citoyens est à la fois électeur (doirt de vote), éligible (peut être élus) et potentiellement
juré
→ Le jury est au cœur de la vie politique
o Appliquer les lois à des cas particuliers = décider de la direction réelle de la société = exercer le
pouvoir
o Jury = maitre de la société, car il donne sa force aux lois, il rend les lois effectives
o Il intervient directement dans la vie des gens
→ Plus encore en matière civile qu’en matière pénale
o Quand un jury est saisi d’une affaire pénale c’est à ce moment-là qu’il rend une loi effective et
qu’elle devient applicable à tous.
o Elle dit du jury qu’il est maitre de société car il donne de la force a loi.
▪ L’effectivité est donc importante ! (Cercles de SPD)
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
o Mais en matière civile c’est encore plus fort, car les affaires
pénales sont finalement assez éloignées des citoyens lambda car Droit pénal : ensemble de
ils ne se sentent pas concernés par les lois pénales (tuer, violer, règles qui définissent les
voler,…) tandis qu’en civile tout le monde a des petits conflits du infractions et les peines
quotidien au niveau des relations humaines.
Droit civil : ensemble de
▪ C’est quand le jury intervient en matière civile, qu’il
règles qui régissent les
donne le plus de force aux lois car il intervient dans
relations entre particuliers
l’usage de la vie des gens
(sans que pour autant ce soir
une infraction)
3) L’altruisme
a. Les jurés vont devoir s'occuper d'une affaire qui ne les concerne pas du tout
b. Ils sont forcés de s'impliquer dans la définition de ce qui est juste
c. Ils sont forcés de participer à la direction de la société
d. Permet de lutter contre l'individualisme
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Ainsi tout le monde acquiert plus ou moins le même nombre de connaissance liée à la religion, l’histoire, le droit,
… Même si tout de fois certains sont nés avec plus d’intelligence,
- Il y aura toujours une « différence intellectuelle qui vient de Dieu »
- Mais tous auront les mêmes accès à l’instruction
- Il y aura donc une égalité des intelligences qui va venir renforcer le sentiment d’égalité entre les citoyens
Cette égalité sociale soutient et permet la souveraineté du peuple
- Il n’y a pas de meilleurs, donc il faut reconnaitre à tous les mêmes droits
- Si on se ressent tous égaux, on va considérer que si on prend une décision tous ensemble, elle sera
forcement bonne puisqu’on va avoir tendance à donner raison à la majorité
Tyrannie de la majorité
Pour lui, il est donc important que les citoyens ne soient pas dominés par une minorité mais il y a tout de même
le risque d’une « tyrannie de la majorité » :
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Tyrannie de la minorité
Ce risque se manifeste aussi au niveau des jurys :
En matière pénale, « le juge et les jurés sont égaux. Le jury est dès lors porté à voir dans le juge l’instrument
passif du pouvoir social et il se défie de ses avis »
→ Les choses sont assez simples
→ Les juges et jurés sont à égalité, c’est facile de résoudre le litige
En matière civile : « (l’) influence (du juge) sur eux (les jurés) est presque sans bornes »
→ Risque de tyrannie et de la minorité (que le juge s’impose aux jurés parce qu’il est plus intelligent, il
connait mieux les lois).
→ Les jurés ont plus tendance à s’appuyer sur les conseils du juge professionnels ou même à prendre la
décision qui aura été trouvée par le juge
→ Le juge « éducateur » pourrait devenir un juge « manipulateur »
o Les juges vont trop influencer les jurés et pourrait souffler la réponse
→ Risque le pouvoir judiciaire soit confisqué au peuple par le magistrat
→ Ce ne serait pas une sorte de tyrannie de la minorité déguisée ?
b. Un équilibrage réciproque
Le pouvoir d’annuler des lois adoptées par le peuple fait « rempart » contre les potentielles dérives « tyranniques
» de la souveraineté du peuple mais l’inventivité du peuple permet le dynamisme constitutionnel et social
Jurys = « le moyen le plus énergique de faire régner le peuple, est aussi le moyen le plus efficace de lui apprendre
à régner »
→ Les légistes font pénétrer leur « esprit » dans la société, le peuple restant aux commandes
Pour Tocqueville on trouve dans cette décision à la fois l’instruction du juge et à la foi la souveraineté du peuple,
c’est très bien.
→ Il faut le peuple pour faire progresser la société des USA et faire évoluer la constitution.
o Mais si le peuple est seul sans encadrement, tout partirait dans tous les sens, il n’y aurait aucun
cadre
→ C’est la même chose par rapport au jury, surtout en matière civile.
o Le jury c’est le lieu de l’entente parfait entre magistrats et jurés : qualité des légistes et autorité
souveraine du peuple.
o Les légistes font pénétrer l’esprit légiste (=aimer l’ordre, être bien structuré, réfléchir de
manière rationnelle) dans le peuple
→ Le jury par cette articulation entre autorité de juge et pouvoir du peuple est un beau lieu d’équilibre.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Donc le légiste « ne peut pas forcer le peuple à faire des lois, mais du moins il le contraint à ne point être infidèle
à ses propres lois et à rester d’accord avec lui-même ».
→ C’est avec l’aide des légistes que le peuple va réussir à bien exercer sa souveraineté. Pour que le peuple
soit souverain, il faut l’aide des juristes.
→ Le légiste a alors une place médiane dans la société
Légistes Peuple
− Respect de l’ordre
− Instinct démocratique
− Respect de la loi
− La passion
Qualités − Aiment l’ancien (aiment qu’on
− Aime la nouveauté
respecte les opinions et décisions de
− Innovant
leur prédécesseurs
Pour Tocqueville, le système américain est le plus aboutit, parce qu’il y a cet équilibrage permanent entre
→ Majorité – minorité
→ Peuple – légistes
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Éthique = la science pratique qui permet aux humains de vivre une vie meilleure.
→ C’est comme une compréhension du bien vivre mais en pratique.
→ Quand il parle d’éthique il parle aussi des émotions.
→ Le but de l’éthique c’est le bien.
→ Ce qui est éthique c’est le juste milieu.
o On dit de son éthique que c’est une théorie de la juste mesure.
o Ex : être courageux ce n’est ni avoir peur de rien ni avoir peur de tout, la vertu du courage se
situe entre ces deux extrêmes
Pour Aristote, éthique et politique sont indissociables (// Tocqueville qui pense que certaines qualités des
citoyens permettent de maintenir le système politique)
→ Il dit même qu’ils sont indissociables
→ Ils ont le même but = le bien (de chacun, de la cité)
→ Réfléchir à la vie politique c’est aussi réfléchir à la vie individuelle
Déf en grec ancien, βουλευειν (bouleuein) : « délibérer », « conseiller », « siéger dans un conseil », « se consulter
», « délibérer en soi-même ou avec d’autres », « projeter en soi-même, méditer » et « décider »
On peut donc dire que c’est =
→ Processus préalable à une prise de décision (et solution finale)
→ Pratique solitaire ou collective
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
→ Utilisé dans le cadre institutionnel notamment dans des assemblées consultatives (= assemblées qui
fonctionnent sans vote, seulement avec des discussions donc qui n’a qu’une fonction de conseil // conseil
d’état)
[2. Ça causerait des troubles dans la cité puisque ça peut générer des ruptures entre les juges qui sont des
citoyens. De cette façon-là, on ne pourra pas arriver à qlq chose qui est du bien (pour chacun et pour la
société)
→ Ici éthique et politique se rejoignent puisque le bien commun mène vers l’ordre de la société
→ Si on donne trop de pouvoir aux juges, ce serait le chaos
[3. La masse populaire est déraisonnable et manipulable. Les citoyens ne sont pas capables d’identifier les
moyens nécessaires pour attendre la finalité qui est le bien.
→ Leur décision serait perverties par leurs passions et les influences extérieures
[4. Si on généralise l’arbitrage, on sort du cadre politique. Pour Aristote, une communauté politique doit
être régie par des lois. Dans le cadre de l’arbitrage, on aurait à faire à des décisions particulières qui
dépendent de cas particuliers. La cité ne peut pas fonctionner comme ça
La souveraineté de la loi
→ Il faut un cadre légal, par des lois générales et abstraites.
→ La loi empêche alors le marchandage par des choix simples : il ne faut plus discuter de combien
dédommager si c’est écrit dans la loi.
→ Le jugement doit dépendre de la loi et non de discussions entre les citoyens.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Dans une cité juste il faudrait que les lois soient établies par un phronimos (il a le pouvoir législatif).
→ C’est une personne idéale qui a des capacités particulières le rendant capables d’arbitrer.
→ Il possède le phronesis
= sagacité, prudence, sagesse pratique (et non théorique)
= vertu « prescriptive »
= cette vertu pousse le phronimos à viser la médité
= législation
Qualités du phronimos :
[1. Il a une connaissance générale des choses humaines basée sur son expérience de vie. Il n’est pas
déconnecté de la réalité
[2. Il a le « désir droit » càd le désir de bien agir, de bien vivre et d’être heureux
[3. Il a une compréhension du bon sens qui lui permet de saisir la spécifié de chaque situation.
→ Il va non seulement être capables d’arbitrer mais il va aussi être capable de progresser tout le
temps vers le bien (grâce à l’expérience)
→ Capacité de faire un jugement à voir l’enjeux et la procédure à suivre dans chaque cas particulier
→ Être compréhensif va permettre au Phronimos d’écouter les autres.
[5. Il a la capacité de ressentir en son âme ce qui est juste, d’agir en fonction de cette justice et de vivre
tous les jours en fonction de cette justice
Le phronimos est donc capable d’identifier les moyens requis par la finalité de la vie et de
la cité (le bien) et saura toujours quoi faire dans chaque situation particulière
→ Il ne reflechis pas aux fins elles-memes, mais sur les moyens d’atteindre cette fin
A la fin de cette première lecture d’Aristote nous retenons que sa vision est légaliste (= formaliste, respect de
la loi) et élitiste/aristocratique.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
La loi générale (même celle établie, conçue et pensée par un phronimos) ne peut pas tout anticiper et est donc
parfois incomplète/imprécise :
→ Dans certaines situations particulières, les juges doivent donc parfois faire preuve d’équité
− Equité = vertu qui consiste à reconnaître à chacun ce qui lui est dû, à traiter chacun de façon égale
− Les juges doivent prendre la décision que le Phronimos aurait prise s’il était la
− Le juge doit être équitable afin de corriger le manquement de la loi et de l’adapter
→ Les plus susceptibles d’agir ainsi avec vertu = ni trop riches ni trop pauvres (juste milieu)
− Les riches tombent dans la démesure = injuste
− Les pauvres sont avides d’avoir plus = injuste
− MAIS, la classe moyenne ne travaille pas, car travailler est un fardeau !
→ Pour lui, la cité idéale serait celle avec une classe moyenne majoritaire
− Car les gens moyennement fortunés sont les plus faciles à se laisser guider par la raison
− Il faudrait donc exclure les pauvres afin qu’ils n’aient pas de citoyenneté et ne puisse pas voter
(=démocratie censitaire)
→ Parfois il faudra poser un choix singulier, neuf en faisant preuve d’équité et donc confier cette fonction aux
hommes de la classe moyenne
− Une décision hors du cadre légal pourrait aussi être une décision juste
− Plus nuancé que ce qu'on a vu avant
→ Depuis toujours, les hommes du peuple peuvent (sont capables) d'atteindre une meilleure capacité de juger
− Ensemble ils sont capables de quelque chose
− Il ne fait pas confiance à la délibération collective, car
▪ Ce n’est qu’une source de confusion, d’inaction, car elle est sans fin donc
▪ Ni politique, ni éthique ni juste
− Mais si on met les gens du peuples ensemble, les vertus et les qualités de chacun pourront se
combiner et s’additionner pour former comme un énorme humain pour mener à une
action/décision juste
▪ C’est ce que Aristote espère, ce n’est pas garanti !
En ccl : Les citoyens ne sont pas inaptes à juger si on les met ensemble et qu’ils doivent appliquer des lois
étables par un phronimos.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Il est nécessaire que le peuple puisse exercer sa souveraineté mais tout en l’encadrant
Peut-on penser la justice sans être profondément pris dans sa propre position, son propre contexte
→ Ce que pensent Aristote et Tocqueville de la justice dépend de leur place dans la société et de leur
époque et contexte social
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
→ Comment on se souvient ? Peut-on punir les gens pour qlq chose qu’ils ont fait dans une autre vie
presque ?
→ Est-ce nécessaire d’être neutre pour juger bien ou alors dès qu’on est personnellement/politiquement
impliqué alors on juge mal ? Est-ce possible d’être impartial alors qu’on a tous un background ?
o // avec la partie 1 : dans 12 hommes en colère, il y avait un problème de représentativité. Est-
ce que je suis capable de juger ou alors je suis forcément biaisé en fct de mon sexe, âge,
histoire…
REPRENONS LES QUESTIONS DE DELEUZE
→ Comment juger ? Avec nos émotions ou sans nous impliquer ?
→ Qui est le plus même à bien juger ?
Approche juridique :
→ Le droit donne bien d’exigences pour que le juge ait des apparences d’impartialité. On est philo donc
on va plutôt aborder l’impartialité du coté conceptuel.
Approche philosophique :
→ Sur la base des écrits de deux économistes et philosophes écossais des « Lumières »
→ Ces deux théories sont : -
o Spectateur judicieux de David hume.
▪ Judicieux = qui est capable de juger de façon équilibrée. Traduisible par sagace.
o Spectateur impartial d’Adam Smith
→ ils ont lutté contre les superstitions : faire triompher la raison sur la
religion.
→ Ils ont essayé de rationnaliser des systèmes de croyance pour établir
que l’état s’appuie sur des bases vraiment solides
→ Nous devons revoir notre manière de penser, de manière déagée de
notre coryance pour avoir une pensée plus libre et sans domination
Il est empiriste :
→ Il veut baser sa science sur la nature humaine, sur l’expérience et sur Empirisme =
l’observation Ensemble de théories
→ Pour les empiristes, la raison peut nous aider à comprendre la chose. philosophiques qui
font de l'expérience
→ Mais la connaissance n’est pas juste rationnelle, elle est aussi basée sur qu’on
sensible l'origine de
peut observer toute connaissance.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Selon lui, la distinction entre le bien et le mal ne dépend pas de la raison mais du sentiment.
Ce constat s’applique à une situation précise mais aussi à tous les vices et toutes les vertus en général et est donc
applicable à tous nos jugements
→ On considérera un comportement bon ou mauvais en fonction de ce que Hume appelle « une impression
de notre esprit »
→ Ça va même jusqu’à la question de l’esthétique,
o Sensation de plaisir en voyant un objet = beau
o Sensation de douleur ou désagréable = laid
1| Principe de ressemblance :
→ Il dit que nous percevons tous les choses de la même façon donc on peut tous se faire une idée de ce
que seraient nos sentiments dans telle situation
→ « Je sais ce que je ressentirais si j’étais une femme battue »
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
2| Perception :
→ On va voir les causes et effet de l’acte
→ « J’observe que cet homme frappe cette femme
5| Sentiment (plaisir/déplaisir) :
→ C’est un sentiment atténué.
→ Je vais ressentir un peu de sa douleur.
Importance de l’imagination ! :
→ Nous n’avons pas accès à l’intériorité d’autrui, on ne peut qu’imaginer ce que la personne ressent
→ Nous pouvons observer les causes de leurs sentiments, ce qui suscite une idée entre nous et
l’imagination permet ensuite de transformer cette idée en impression
→ Je peux donc ressentir la même chose qu’autrui sur la base des causes et effets que j’observe
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Le juidicous spectator
Encore une fois, il part de l’observation.
→ Il observe que jugements et sentiments varient mais que dans des régions du monde totalement ≠
certaines vertus sont définies de la même manière.
→ Par exemple, ce qui est considéré comme une vertu en Chine est aussi considéré comme une vertu en
Angleterre
Le jugement moral, qui est posé partout, est celui qui est posé par un spectateur judicieux,
→ Une figure dont l’empathie ne varierai pas puisqu’elle n’est pas exposée à la situation.
→ On peut dire que ce spectateur c’est comme la raison
o Il ne parle pas de la raison rationnelle (vrai/faux)
o Mais du point de vue calme, détaché et impartial
o On est tous capable d’adopter un point de vue général et de mettre en parenthèse notre point
de vue singulier (notre histoire) et notre intérêt personnel de côté (=égoïsme)
→ Mais c’est aussi une méthode que tout le monde peut adopter
o Nous pouvons adopter une méthode de correction de notre sentiment ou au moins une
correction de notre langage.
o Nous ne pouvons pas corriger notre sentiment mais nous pouvons corriger notre langage càd
notre jugement.
→ Ce n’est pas une personne comme le phronimos d’Aristote ou le légiste talentueux de Tocqueville.
S’il faut prendre la distance, il ne faut pas non plus trop en prendre puisqu’il faut quand même ressentir quelque
chose.
→ Ce point de vue se base donc toujours sur l’empathie mais c’est une empathie élargie,
o je ne vais pas m’identifier qu’à une seule personne mais me mettre à distance pour m’identifier
à toutes les personnes concernées.
→ Pour être impartial, il ne s’agit pas de comparer les points de vue de l’un ou de l’autre mais d’avoir de
l’empathie pour tous les protagonistes en adoptant tous les points de vue différents en même temps.
→ Le jugement impartial est donc fondamentalement imprégné de sentiments
Importance du dialogue :
→ L’échange de jugement moral particulier va aider les jugements généraux. Pour arriver à la situation du
spectateur judicieux : on y arrive par une raison (=juste distance) imaginée.
Métaphore du spectateur :
→ le spectateur de théâtre se trouve à distance de la scène et peut tirer un jugement calme et s’identifie à
tous les personnages à la fois
→ En plus, après le spectacle on peut discuter avec les autres.
e) Conclusion : antinomie ?
Tout est affaires de sentiments et tout est affaire de jugement (MAIS ce sont bien deux choses différentes)
En effet, on a étudié les individus comme s’ils étaient retranchés en eux-mêmes mais c’est faux :
→ Chaque individu est enraciné dans une société qui peut l’influencer (ce qu’on observe ce sont des idées
qui s’imposent à nous).
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
→ Alors, le sentiment moral lui-même devient un jugement puisqu’il est postérieur aux idées qui circulent
dans la société, les « normes générales » qui nous influences toujours déjà.
→ Le sentiment n’est pas seulement intime, il est influencé et biaisé
MORALISME :
Smith est aussi moraliste, pour lui comme pour Hume, une vie sans vertu n’est pas une vie authentiquement
humaine
→ En 1759, il écrit « Théorie des sentiments moraux » où il s’interroge sur la façon dont on peut déterminer
si une chose est vertueuse ou vicieuse.
→ Il a lu Hume, le cite, parfois parle de lui sans le citer (possible examen texte de Smith qui parle de hume
sans le citer).
→ Il cherche à définir le principe de notre évaluation morale : comment pouvons-nous bien juger ?
EMPIRISME
Il part du postulat que nous sommes tous égoïstes et qu’il ne faut pas miser sur le fait que nous allons collaborer,
→ il faut penser la société, l’économie et l’état en partant de l’égoïsme des humains
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Pour lui, par nature, TOUS les êtres humains possèdent 2 sentiments originaires :
→ Égoïsme
→ L’empathie : tout le monde en est capable
Il dit que l’empathie c’est : le sentiment de partager avec quelqu’un d’autre une passion (//Hume)
→ Mais il ne fait pas toujours clairement la différence entre l’empathie et le sentiment.
Smith est d’accord avec Hume pour dire que l’empathie procède de l’imagination.
→ On adopte le sentiment de l’autre et on le fait notre.
o Ex : quelqu’un se cogne et je dis « aie »
→ Puis on se transporte en dehors de nous-même.
o En se disant « si j’étais à sa place j’aurais mal »
→ Par l’imagination, on se met à la place d’autrui puisqu’on n’a pas directement accès à leur intériorité
→ Smith considère que ce n’est pas une → La raison c’est une opération de généralisation, qui
appropriation excentrique. permet de tirer des généralités/règles générales
→ Pour l’époque cette pensée est innovante d’observations particulières.
puisque l’égoïsme était placée au centre de → Il rejette la raison en tant que fondement de ce qui nous
la pensée permettrait de savoir ce qui est juste ou ce qui est bon.
→ Ex 1 : Un homme peut ressentir de → Ex : La sixième fois que j’aurai vu une personne prendre
l’empathie pour une femme qui accouche, il une claque, ma raison pourra me dire « ok j’ai vu 7 fois
ne pense pas à lui puisqu’il ne connaitra une situations singulières dans laquelle la violence avait
jamais cette situation. l’air douloureuse, j’en déduit que, et c’est la raison qui
→ Ex 2 : On peut juger de situations très me permet de le faire, que la violence ce n’est pas bien.
éloignées de nous, on entre en empathie → La raison ne peut pas à la fois causer le sentiment
avec des citoyens romains par exemple d’un (empathie) et permettre de le généraliser,
autre siècle → Elle permet uniquement de tirer des règles générales de
→ On peut donc juger d’une situation qui n’a moralité.
rien à voir avec nous personnellement. → C’est toujours l’imagination qui est la cause, la raison
c’est l’opération de généralisation
La double empathie
Selon les observations de Smith, l’empathie est donc double (qui vient compléter les idées de Hume)
→ Hume nous a déjà parlé de l’empathie du spectateur.
→ Smith ajoute que l’acteur va aussi entrer en empathie avec le spectateur.
Ce qu’on adore en tant qu’humain c’est de constater l’empathie des autres à l’égard de nous.
→ Quand on souffre, savoir que d’autres s’imaginent à notre place, nous fait du bien.
→ Néanmoins, l’empathie du spectateur et la souffrance de l’acteur n’auront jamais la même force :
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
o si j’ai de l’empathie pour une personne triste, je ne pourrai pas être aussi triste qu’elle.
o Le ressenti empathie n’est jamais aussi fort que le sentiment en soit
→ Donc on a la fois envie que les autres ressentent ce qu’on sent mais c’est une position intenable.
→ Seul l’homme faible et peu vertueux voudra que l’autre souffre autant que nous.
Il faut tempérer l’expression de nos sentiments sinon ça peut déranger les autres, leur causer du déplaisir.
→ Donc l’individu vertueux est aussi en empathie avec le spectateur.
→ Exemple : Si notre amie est en train d’exploser et de pleurer très fort on aura du mal à se ressentir avec
elle car c’est tellement fort. Si elle entre en empathie avec nous et qu’elle se calme un peu alors on
pourra entre en empathie avec elle
Pour poser un bon jugement Smith rajoute 2 critères (un peu moins important mais aide) :
[1. Idée de perfection :
→ Pour identifier l’endroit à partir duquel on peut poser un bon jugement on se pose par rapport à l’idée
d’un accomplissement complet, à l’horizon de la vertu accomplie, à l’horizon de quelqu’un qui poserait
un jugement parfait
→ Même si cette personne n’existe pas, pour prendre cette juste position on se demande « que ferai une
personne parfaite à ce moment-là »
L’impartial Spectator
En conclusion, notre évaluation empathique d’une situation combine :
→ Nous-même ce qu’on ressent
→ L’idéal
→ La norme sociale
C’est à l’intersection de ses trois critères que se place la figure du spectateur impartial.
→ Ce n’est pas une personne, comme pour le spectateur judicieux c’est une figure, un pdv qui est le bon à
prendre
→ Pour Hume c’est ce qui nous permet d’approuver ou de désapprouver une personne ou un trait de
caractère avec vertu.
→ Tout cela est ancré dans l’expérience : nos sentiments sont toujours en jeu puisque tout jugement ne
peut être basé que sur un sentiment mais on va les encadrer
→ Il est aussi qst d’imagination puisqu’on va tjs imaginer non seulement ce que l’autre peut ressentir mais
aussi ce que le spectateur impartial jugerait.
Que ce soit le spectateur judicieux de Hume ou le spectateur impartial de Smith, leurs deux figures sont des
sortes de méthodes, des formulations.
→ Si on juge à partir du spectateur impartial ou à partir du spectateur judicieux, alors on posera un
jugement juste.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
c) De quoi juge-t-on ?
Jugement porté sur autrui (qlqun d'autre)
→ Juger d'un acte, d'une situation qui ne concerne que l’autre
→ Je vais prendre le pdv du spectateur impartial
d) Comment juge-t-on ?
Pour nommer la figure du spectateur impartial, Smith parle aussi de juge intérieur, homme intérieur, œil naturel
de l’esprit, œil du dedans
→ La capacité à poser des jugements justes est donc en nous,
→ c’est une qualité naturelle que d’agir vertueusement
→ nous l’appelons la conscience et c’est un don de la nature
→ Nous avons tous le désir de réaliser nous-mêmes ce qui serait approuvé par tous et ce que nous
approuvons chez les autres.
→ Naturellement, nous recherchons aussi l’approbation du spectateur impartial.
Exemple : si un compliment pas du tout sincère et non mérité (parce qu’on a triché par exemple) nous a été fait,
il ne nous fait pas plaisir car ça ne serait pas approuvé par un spectateur impartial.
→ Autrement dit, naturellement on cherche à avoir l’approbation des autres.
→ Si on veut juste l’approbation des autres, on n’essaie pas d’être impartial, on fait semblant,
→ pour cela que nous devons surtout chercher à avoir l’approbation du spectateur impartial
L’individu vertueux
L’intervention de la conscience, donc de l’œil du dedans (la conscience), intervient chez tout le monde, et pas
seulement des personnes exceptionnelles
→ Les êtres les plus vertueux ne sont pas ceux qui ont le plus de consciences mais
→ ce sont ceux qui se distinguent par la constance et non par des capacités exceptionnelles.
→ En tout circonstance, ils ne cherchent pas d’abord les éloges mais avant tout à adopter le point de vue
du spectateur impartial.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Selon Smith, malgré notre ancrage dans un certain contexte, une société particulière : l’empathie vertueuse est
celle de n’importe quel/tout spectateur impartial (et nous pouvons tous l’être mais peu le font)
→ Le spectateur impartial est en mesure de rentrer en empathie même avec des gens qu’il ne connait pas.
→ Il cherchera alors à s’informer au mieux sur leur situation (qu’il connait peu) et, grâce à l’imagination, il
réussira à s’imaginer à la place des victimes.
→ L’empathie lui permettra ensuite d’imaginer comme les victimes auraient besoins d’être secourues et de
les aider.
→ Donc, pour Smith, le jugement du spectateur impartial peut être universel.
Concrètement
On juge dans trois tribunaux
e) Règles de justice
Les règles de justices ont une place à part parmi les règles de morales car ce sont les seules qui soient précises.
[2. La casuistique
= science qui consiste à définir très méticuleusement tout un ensemble de cas Ethique = que pouvons-nous
et à faire correspondre à chaque cas un règle précise décider dans cette situation
→ Il y a moins d’indétermination donc les juges ont moins de marge
précise
d’appréciation.
→ Morale appliquée
o Empêcher d’utiliser le pdv du spectateur judicieux
→ Dépend des circonstances
→ Surtout, elle laisse moins de place pour l’éthique.
→ Pour Smith, cette méthode est vaine car il est impossible de prévoir Morale = ce qui est bien ou mal
toutes les situations et leur solutions à l’avance. → Beaucoup plus général
Remarque :
Smith a grandi dans une époque de conflit religieux et a reçu une formation de théologien.
→ Les prêtres et les confesseurs disaient : là tu as péché, là tu as été vertueux.
→ Pour Smith c’est insupportable car ça empêche les gens d’aller vers le spectateur
vertueux,
o ça dit au gens « ne te préoccupe pas du 2ème tribunal, préoccupe-toi
seulement de la norme sociale ».
→ Il dit qu’il est important que le spectateur impartial reste notre façon de juger et de
penser et que l’on garde notre discussion intérieure
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Mais on se rend compte qu’il y a tout de même des similitudes et qu’elles concordent :
Cela s’explique par le fait qu’on a tous tendance à aimer les choses harmonieuses
→ Le plaisir qui est à la base du sentiment de beauté est le même que quand on regarde quelque chose de
bien rangé, un système en ordre, beaucoup plus que ce qui est utile.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Conclusion
Différence entre le riche et le philosophe (=personne qui essaye de bien vivre, donc de vivre avec la position du
spectateur impartial)
→ Le philosophe essaye de vivre avec la position du spectateur impartial et donc de vivre une vie vertueuse
→ Il cherchera l'harmonie du monde mais en conscience de ses actions
→ Il arrive à servir la main invisible mais en plein conscience
3. Mise en perspective
La véritable vison du juge selon A. Supiot (allégorie)
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Introduction
Dans cette partie, il ne s’agit plus de juger d’un acte ou d’un comportement. Il s’agit de penser la justice à l’échelle
de la société
COMMENT définir ces principes de justices, les principes d’une société juste ?
− Par le débat ? Si oui, un débat libre ou organisé ? Un temps de parole pour tout le monde ?
− À partir des faits, notamment de la nécessité ou du vécu des plus faibles - À la majorité, à l’unanimité ?
− Par un vote ou au consensus
− L’exigence que toutes et tous s’engagent est-elle admissible ?
− Quid du recours à la violence ?
− Par des principes ou des mesures concrètes ?
− Au nom de la paix ?
− Par loyauté à une autorité, une loi ? (Sur la base d’une habilitation, juridique, politique ?)
− Par la raison ?
− Avec le cœur ?
− À partir de principes divins, sacrés ?
− À partir de la nature, des principes naturels ?
− Sur la base d’évidences ?
− En cherchant des principes universalisables
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
En philosophie moderne (15e -18e s) de nombreux penseurs ont proposés un contrat social comme fiction pour
penser ce moment zéro (=les contractualistes).
→ Non seulement un accord entre tous,
→ mais l’accord par lequel on passe
o de l’état « de nature » : hors de toute organisation sociale
o à l’état « civil » : quand les individus deviennent citoyens, en se donnant certains principes
d’organisation sociale. Et de vie collective
→ C’est se dire : au moment zéro, au moment d’établir les principes de base de la fondation sociale, on fait
un accord.
→ Ce contrat dit comment on passe de l’état de nature à l’état civil.
Etat de guerre
Ce droit naturel engendre un le chaos total état de guerre permanent : comme tout le monde peur avoir ce qu’il
veut, que tout le monde veut la même chose, les gens vont se battre tout le temps, donc on a peur tout le temps
→ C’est problématique pour tout le monde puisque tout le monde veut satisfaire ses désirs mais personne
n’y arrive
→ l’état de nature devient alors une menace
Tout le monde va faire un calcul théologique dans le but de sauver sa peau, chacun va par la raison, arriver à
une conclusion qui s’impose alors naturellement : il faut sortir de cet état de guerre
→ Ce n’est pas une question moral, ni un choix moral : c’est un choix guidé par la peur et la raison
→ BUT : survie
→ Chacun aspire à la paix
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
L’Etat a le monopole de la violence légitime : c’est le seul a encore pouvoir user de force
→ chaque individu sera contraint à suivre ses engagements et voir en même temps ses propres intérêts
garantis
Contrat social pour Hobbes : contrat fondant la société et par lequel les
individus passent de l’état de nature à l’état civil (ils deviennent citoyens)
L’état de nature
Les humains vaquent à leurs activités, chacun dans son coin et sans faire la guerre.
→ Initialement, les individus sont donc libres et indépendants et les ressources sont abondantes.
→ Il n’y a pas de guerre
→ Ils sont inégaux mais sans liens sociaux
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Forme de collectivisation
La vie collective arrive après lorsque, par des circonstances accidentelles, les humains commencent, par hasard,
à mener une forme de vie collective
→ Ex : ils découvrent l’agriculture et commencent à partager des terres
Ça rend la situation instable, les individus commencent à interagir entre eux ce qui montre les inégalités
→ Cet état de nature évolue vers des conflit : la survie du genre humaine est en danger
→ Certains prennent le pouvoir et dominent les autres : la liberté des Hommes n’est pas garantie
o Il n’y a rien de pire pour les humains que de vivre en tyrannie (sans liberté)
Conclure un pacte
Il faut trouver un solution, une façon de se mettre d'accord, une association pour chacun soit protégé et toujours
libre
→ Il faut un contrat entre tous les humains : chacun s'engage à l'égard de l'autre
→ But : préserver les humains de la tyrannie
Chacun est co-contractant = il y a quelque chose qui s'impose à tous mais qui leur permet de rester libre
→ Chacun se donne tout entier à condition que tout le monde le fasse aussi
→ on est tous égaux, car on se soumet tous aux lois et personne ne se soumettra à quelque chose de
particulier
→ domination
Par ce contrat, l’Homme renonce à sa liberté naturelle mais acquiert la liberté civile.
→ Liberté indépendante
→ Liberté autonome : chacun décide librement se signer et choisit de ses propres loi par la négociation
→ Dès lors, chacun pourra se faire entendre quand il faut décider quelle règle appliquer.
Il y a un acte, un pacte de constitution de la société : une convention établie entre les hommes
→ Doit être adoptée à l'unanimité : si certains n’ont pas consenti, on n’est pas égaux
→ Si on ne passe pas de contrat, on laisse la raison humaine dominer, c’est-àdire que certains vont dominer
d’autres.
→ Nous devons passer d'agrégation à association via ce pacte
→ Avec ce pacte, on passe à la société
→ C’est l’acte par lequel s’institue le peuple
Contrat social pour Rousseau : fiction, hypothèse théorique qui vise à rendre
compréhensible l’institution de l’État en général
L’état de nature permet de penser le genre de situation s’il n’y avait pas d’état, ce n’est qu’une fiction pour mieux
comprendre notre société
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
HOBBES ROUSSEAU
Etat de guerre Etat de pacifisme
− Tout individu est potentiellement en − Chacun vaque à ses occupations
conflit et en guerre contre les autres personnelles
− Ils désirent souvent la même chose mais − Pas de guerres ni de conflits
tout le monde ne peut pas avoir la − C’est dans un second temps que les
même chose conflits émergent : les êtres humains
− Conflit et guerre permanents vont se rapprocher par hasard ce qui va
mener aux premières formes de vie
collective
− L’état de guerre est une conséquence
Etat de nature de la vie sociale
Etat d’égalité Etat d’inégalité
− Les hommes ont un droit naturel (d’user − Les hommes ne sont pas égaux : ils
librement de leurs forces pour satisfaire n’ont pas la même force, puissance
leur désir physique, capacité intellectuelle
− Tous ont ce droit naturel = égalité − Inégalités fondamentales entre tout le
monde
− Ce sera grâce au contrat social que les
hommes deviendront égaux (ce sera
une égalité artificielle
BUT : garantir la sécurité BUT : garantir la liberté
− L’état de guerre est nuisible − A cause des inégalités, certains sont
− Chacun va faire un calcul d’intérêt et plus puissants et vont en dominer
rationnellement conclure à la paix (car d’autres
c’est dans leur intérêt) − L’état va établir des lois que tous les
indivis doivent respecter
Liberté = indépendance, sans contrainte − Chaque individu est contractant et doit
− Ils renoncent à leur liberté en passant le signer ce contrat et donc participe à
contrat l’établissement de ces lois
− Cette loi est le résultat de la décision
Contrat social
collective
Mais on retrouve les mêmes étapes chez les deux auteurs, et il n’y a pas forcement désaccord sur tout
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
a) La philosophie de Rawls
Rawls écrit presque 2 siècle après Rousseau
→ Il s’inscrit dans le courant contractualise mais ne prétend aucune originalité
→ Il n’apporte aucune nouvelle idée mais vient juste clarifier et organiser le système du contrat social
→ Ecrit la « Théorie de la justice »
Pour Rawls, la justice dépend de la façon dont les institutions répartissent les droits fondamentaux et les devoirs
des individus.
→ Puisqu’il n’y a pas de justice sans une bonne organisation de la société, il réfléchit donc dans son livre à
comment organiser la société.
→ Il associe alors la justice à l’équité, l’équité étant indispensable pour toute société juste
=chacun a droit à la même chose
En partant de là, il pose les 2 principes qui sont nécessaires à l’équité (et donc au fondement d’une société juste) :
La société en général doit faire en sorte que chaque individu ait un accès égal au système le plus étendu de
libertés de bases
→ il est prioritaire sur le second
On peut prendre une décision inégalitaire si c’est en faveur des plus défavorisés = équité = discrimination positive
→ Par contre, les inégalités ne seront pas acceptables si elles visent favoriser ceux qui sont plus favorises
→ Pour au final rendre la société plus juste
Pensée contractualiste
Pour prouver ses principes il va utiliser la pensée contractualiste
Situation fictive
Ces 2 principes ce sont ceux qui feraient l’objet d’un accord entre toute personne placée dans une « position
originelle d’égalité »
Par qui ?
Par des individus rationnels et moraux :
Les humains sont rationnels car ils cherchent toujours à maximiser leur bien-être de la meilleure manière
possible :
→ Ex : la théorie des prix : plus un article est recherché, puis il devient cher
→ C’est la même chose pour les décisions qu’on prend : on va accorder plus ou moins de poids aux éléments
en fonction de ce qui est important pour nous
→ On fait toujours un calcul pour être dans une situation qui est le plus agréable en sachant qu’on pourrait
être dans la pire des situations à la base
Les humains sont moraux et pas nihiliste :
→ On ne va pas prendre des décisions dont le but serait la destruction de l’humanité et le chaos (=nihiliste,
pas de hiérarchie morale, de valeur)
→ Ils ont une certaine conception du bien
→ Les individus vont réfléchir en tant qu’individus moraux, ils vont prendre des décisions qui sont
moralement défendables.
Comment ?
Rawls explique que, dans l’idéal, il faudrait que les individus puissent choisir entre toutes les conceptions de la
justice, tous les principes possibles. Seulement, c’est impossible, pour deux raisons :
→ L’exhaustivité est impossible
o même s’il était possible d’envisager tous les principes possibles on n’arriverait jamais à les
concevoir de manière assez claire pour que tous les individus puissent bien les comprendre
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
→ Il n’est pas garanti que les individus posent « le meilleur choix » (sous-entendu ici qu’il n’y a qu’un seul
bon choix)
→ Il n’y a qu’une seule conception de la justice (qui comprend les 2 principes
Selon lui dans la position originelle d’égalité, les individus ne vont pas inventer les principes mais on va leur
procure une liste de conceptions traditionnelles
→ ils vont réfléchir par paire et déterminer laquelle est la bonne.
→ Cette réflexion est faite de manière binaire
→ En comparant les ≠ conceptions de la justice proposé et ils vont arriver à un accord unanime
→ Ensuite, puisqu’on est rationnel, forcément, tout le monde arrivera à la même conclusion.
→ Rawls n’envisage pas que les gens puissent arriver à des conclusions différentes, il a une vision univoque
de la réalité (// Hobbes et Rousseau)
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Selon Rawls, la théorie de la justice développée par Hume équivaut à discriminer une minorité au profit d’une
majorité
→ Puisque la satisfaction générale l’emporte
→ Les sentiments agréables l’emportent parce qu’ils sont plus nombreux même ca ne veut pas dire qu’ils
sont unanimes
→ alors que le choix rationnel des principes de justice implique une autolimitation volontaire des désirs de
chacun (j’accepte d’être un peu moins content pour que la société soit un peu plus égalitaire).
→ Rawls estime qu’il faut distinguer le juste du bien et que la justice est prioritaire.
Pour Rawls, chez Hume, il manque un législateur idéal, acolyte du spectateur judicieux qui organiserait les règles
sociales
→ Ce serait un bon gestionnaire qui mettrait une limite et qui repartirait les moyens de la société
→ Sans lui, on se contente de considérer que ce qui est juste, ce qui maximise notre bien-être, notre
satisfaction et donc on en vient à détruire la satisfaction des autres au nom de la majorité
Au contraire, dans la théorie de Rawls, les bases individualistes permettent de préserver les « valeurs de la
communauté »
→ Rawls veut penser une société en partant de bases individualistes mais sans assigner la société à un
seul individu, même si c’est un individu fictif comme chez Hume
→ Mais il ne précise pas que c’est une communauté
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Comment ?
En fondant les principes de justice sur la fiction du contrat.
→ Le contrat implique forcément la pluralité.
→ De plus, ça suppose aussi qu’il y ait des conflits dans la société. Le contrat implique aussi qu’il y ait des
conflits
Rawls dit que d’une part, puisqu’il y a autant de conflits dans la société il faut que la décision soit unanime.
→ L’accord unanime de ces personnes sous le voile de l’ignorance est pris sur la base de la situation
potentiellement la plus conflictuelle.
→ Preuve que ce n’est pas univoque comme chez Hume
Chacun va alors s’imaginer quels sont les principes qu’il choisirait même s’il avait la pire place possible.
→ Cet accord, ils vont y arriver car chacun des individus placés sous le voile d’ignorance est désintéressé
par les autres et prend des décisions de manière à ce que ce soit le plus favorable pour lui
potentiellement
Pour Hume, la justice est unifiée puisqu’elle sera une vertu pour tous ceux qui adoptent le pdv du SJ.
→ Tout le monde sera d’accord mais ce n’est pas pour autant que tout le monde aura le même jugement
et le même sentiment.
→ On arrive tout de même tous à la même conclusion car on se dit que c’est bien pour notre société mais
notre réflexion reste différente
→ L’imagination reste donc propre à chacun, le SJ ne gomme pas les spécificités individuelles
Selon Rawls : nous réfléchissons tous de la même façon pour arriver à une conclusion unanime
→ Il ne laisse donc aucune place aux différence
Sa théorie ne semble pas en mesure de répondre à la réalité de nos société et ne parait pas correspondre à la
réalité des collectivité humaine
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Rawls veut dépasser l’utilitarisme car ce n’est pas fondamental selon lui
→ Il veut corriger cette approche et lui trouver une solution de rechange
Pour lui, appliquer le calcul d’utilité à l’ensemble de la société est condimentent problématique
Pour lui, la règle de calcul d’utilité est problématique car elle est appliquée à l’ensemble de la société alors
qu’elle ne peut marcher que pour un seul individu. Au niveau collectif ça ne s’applique par pour 3 raisons :
C’est immoral
Il y a un risque au calcul d’utilité, c’est qu’on puisse justifier qu’on sacrifie le bien-être de certains au nom du
bien-être global
→ Risque pour les minorités
Il y a un paradoxe
Si on est utilitariste comme Hume, comment peut-on à la fois avoir l’empathie du spectateur judicieux et à la
fois négliger les intérêts de certains ?
Solutions de Rawls
Pour éviter ces failles et dépasser l’utilitarisme, Rawls propose une variante du contrat social
→ Ce serait un accord de tous dans la position originelle d’égalité
→ Puisque la base de la société est un contrat, tous sont consentants, ce n’est donc pas un agrégat et on
prend en compte la diversité
o Par l’accord unanime, on a une pluralité
→ De plus, on ne sacrifie pas les intérêts de certains au nom de l’ensemble.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
La seule chose que Rawls fait c’est qu’il prévoit d’adapter le bien en faveur des plus défavorisés.
→ Il veut maximiser le bien-être de tous sans laisser certains de côté.
→ Néanmoins, son calcul reste le même, c’est le calcul utilitariste
→ Il limite les dégâts mais ne change pas de conception
Ces deux problèmes découlent du sens très restreint que Rawls donne à la rationalité
→ Pour lui, elle est instrumentale c’est uniquement la recherche des meilleurs moyens pour atteindre un
but
→ Il n’imagine pas du coup que dans notre rationalité́ humaine il y ait quelque chose de critique, quelque
chose qui ne soit pas seulement instrumentale, qu’il ne soit pas seulement le meilleur moyen pour
atteindre le but
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
f) Conclusion
En conclusion, les réponses de Rawls à notre question du « comment penser la justice sociale » ne sont pas
pleinement suffisante.
Selon lui :
→ Il faut imaginer des individus totalement égaux (car placés sous le voile d’ignorance, dans la positiotn
originelle d’égalité)
→ Comme ils sont rationnels, ces individus s’accorderont forcement sur les 2 principes de justices (liberté
et différences)
→ Et voila sa réponse qu’il permet de mieux répondre à la question que les utilitaristes
Mais Rawls n’atteint pas vraiment ses objectifs et sa théorie n’est qu’une forme d’hybridation entre l’utilitarisme
et du contractualisme
→ Utilitarisme : conception de la rationnalité donc des conditions de justice
→ Contractualiste : la societe est fondée sur un contrat, un accord
La société n’est alors qu’une « entreprise de coopération en vue d’un profite mutuel »
Très critiquée :
→ Il reste utilitariste et n’atteint donc pas son objectif
→ Sa théorie n’est pas neutre, alors qu’il prétend l’être
o De nombreuses intuitions morales sous-tendent sa théorie
o Il y a des incohérences dans son propos
→ Il est trop abstrait de l’individu
o Il se fonde trop sur une fiction
o Tellement abstrait que ça devient vide
→ Théorie difficile à mettre en œuvre concrètement (surtout le 2ème
principe)
o d'un point de vue pratique c'est compliqué
o c'est beau sur papier mais comment faire ?
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Tous deux travaillent à la question de la justice sociale et ils ont collaboré pendant plusieurs années à l’ONU
→ Ont critiqué l'approche strictement quantitative caractérisant les analyses économiques et du bien-
être
o PIB : problématique, car basé sur des chiffres
→ Ont essayé de trouver d’autres façons de penser et de mesurer la qualité de vie
o Important de prendre la complexité humaine en compte et la singularité des situations
concrètes.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Pour Sen
Critique
Sen dit qu’il est important de prévenir l’injustice flagrante dans A l’inverse de son maitre Socrate, Platon situe
le monde, plutôt que de rechercher ce qui est parfaitement juste son travail philosophique et politique au niveau
→ Il dit donc qu’il est important d’empêcher l’injustice de la pensée, hors du concret et de la gestion
plutôt que d’imaginer ce qui serait idéal. des affaires de son époque : il s'agissait de
s'intéresser à comment comprendre les choses,
En fait, il est entrain de critiquer radicalement une tradition
de théoriser ces conditions d’intelligibilité
philosophique qui existe depuis Platon : l’institutionnalisme plutôt que d'interroger la mise en pratique
transcendantal
→ Institutionnalisme : car il s’agit de s’intéresser aux → Apres Platon, les philosophes ont suivis
institutions cette voie : ils imaginent des cités idéales,
→ Transcendantal : Expression qui vise toutes les utopiques, dans lesquels il y aurait une
approches dont l'objectif est de définir les meilleurs justice parfaite
institution, des dispositifs institutionnelles justes pour
toutes sociétés
C’est exactement le projet de Rawls, mais c’est une approche trop abstraite et formelle
Propositions
Sen veut donc :
→ Partir du concret, du sentiment d’injustice (sensibilité) pour construire un cadre théorique.
o Il veut créer un cadre qui puisse permettre de réduire les injustices en s’inspirant de situations
réelles.
o On a tous une sensibilité à l’injustice et si on part de ça, on peut créer une réflexion générale
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Pour Nussbaum
Critique
Selon elle, 4 problèmes fondamentaux ont été négligés/ignorés par les philosophes politiques :
→ la revendication d’égalité des femmes
→ les droits civiques des personnes handicapées (physiquement et mentalement)
→ le problème de la mondialisation (
o nécessité d’étendre la justice et les droits liés à la citoyenneté à tous les habitants de la planète
o comment penser à l’échelle globale ?
→ la nécessité d’accorder des droits aux animaux « non humains »
Ces 4 enjeux requièrent qu’on repense le cadre (l’État) et la base (la conception de l’individu) des théories de la
justice
→ Elle estime que l’État tel qu’on le connait ne permet pas de prendre en compte ces problèmes.
→ Aussi, qu’on ne peut pas planter des relations humaines sur un contrat.
→ Il faut trouver un nouveau modèle, qui correspondent au monde contemporain, à ses réalités et à ses
complexités
Propositions
Elle veut :
→ Partir du concret
o Cette théorie doit être en dialogue avec le monde réel et pouvoir répondre aux problèmes les +
urgents
→ Que la théorie soit à une distance suffisante des conflits du moments afin de construire une théorie
générale
o Doit être abstraite, générale et pas totalement influencée par les conflits du moment
Bob, Anne et Carla se disputent tous les trois une flûte. Anne dit qu’elle doit être à elle car elle
est la seule à savoir en jouer, Bob parce qu’il est tellement pauvre que ça serait son seul jouet
et Carla la réclame parce qu’elle est celle qui l’a fabriqué.
Mais à qui donc revient la flûte ?
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Cette histoire nous montre bien qu’une pluralité de principes rivaux peuvent être jugés pertinents pour
l’évaluation de la justice
→ Un observateur extérieur qui serait mis en position de juge aurait de bonne raison d'attribuer la flûte à
chacun des enfants sans connaitre les arguments des autres, puisque chacun des enfants à un prétention
légitime à posséder la flûte
→ Pour Sen, il n’est donc pas défendable que les principes destinés à définir la société soient exclusifs
→ Et il peut tout à fait y avoir une pluralité de point de vue et donc une conception de la justice associée
et chacune est pertinente
La revendication de chaque enfant repose sur une théorie générale du traitement impartial, sans biais, qui se
concentre respectivement sur l’usage efficace et l’utilité (Anne), sur l’équité économique et la justice distributive
(Bob), enfin sur le droit aux fruits de ses propres efforts (Carla).
Leurs arguments sont parfaitement généraux et leurs raisonnements respectifs sur la nature d’une société juste
reflètent des idées fondamentales qui peuvent toutes être défendues impartialement (sans être tributaires
d’intérêts particuliers)
Cet exemple montre encore une fois l’importance du réel chez Sen
→ Ici, le jeu et la dispute sont typiques de l’être humain
Comme pour Sen plusieurs principes sont valables, le débat public est indispensable et c’est un critère de
légitimité
→ Dans la réalité il est très probables que les partenaires n’arrivent pas à un accord unanime
→ Contrairement à Rawls
Critique de Rawls :
Pour Sen, l’accord unanime des partenaires est irréaliste.
→ chez Rawls l’idée d’une pluralité de principes rivaux n’est pas prise en compte.
→ Et s’il peut y avoir plusieurs principes juste, s’il n’y a pas d’émergence unique d’un ensemble de principes
de justice bien précis, alors toute la théorie de la Justice comme équité tombe.
→ Cette querelle montre bien qu’il peut exister plusieurs principes de justices qui soient bon, qu'il peut
exister une pluralité de principes de justices, autant rationnelles les uns que les autres et pourtant
contradictoires
Il va beaucoup critiqué Rawls mais en même temps, il apprécie énormément son travail
→ il y a quand même qlq liens dans leurs travaux
Pour Nussbaum
Nussbaum ne se donne pas une scène original ou un moment transcendantal.
En outre, ce que dénonce l’auteur dans ce roman est selon Nussbaum encore plus pertinent aujourd’hui (20ème )
qu’à son époque (18ème)
→ car ça parle de la situation des ouvriers et de la tendance à tout réduire à des chiffres = la singularité et
la complexité de l’expérience humaine
→ ces deux points se sont aggravés aujourd’hui
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Elle reprend plus précisément la leçon d’économie de Sissy Jupe (confrontation allégorique):
C’est une petite fille qui a grandi dans un cirque et dont le père est un clown qui n’arrive plus à faire rire
le public. À un moment il disparait et laisse sa fille qui se retrouve accueillie par un bourgeois
Elle passe du monde du cirque (monde de la fantaisie, de l'imagination, qui permet la solidarité,
l'empathie humaine) au monde bourgeois où tout est organisé comme un grand calcul
Dans ce roman, Monsieur Gradgrind présente 5 traits (// avec l’économie utilitariste) : il est décrit comme une
personne qui résout tout par la raison et le calcul. Quand à un moment G. demande à B. s’il a un cœur celui-ci
répond de manière très technique et scientifique.
→ Il réduit les distinctions qualitatives à des différences quantitatives = traduit tout en chiffre
→ Il calcule seulement la somme d’utilité :
o efface le singulier, le personnel
o Par exemple, dans son école, les enfants sont appelés par des numéro
→ Il exige des solutions claires et simples
o Pour tout problème, il fait un classement hiérarchique selon une seule grille
→ Il définit la rationalité comme un calcul
→ Les Intérêts et préférences de chacun sont des données neutres et non des caractéristiques personnelles
Cette question, le professeur la pose à Sissy : « c’est tout aussi dur, pour ceux qui meurent de faim, que les autres
soient un million ou un million de million »
→ Cette réponse étonne le prof qui pensait qu’elle serait contente qu’il y ait que 25 personnes.
Nussbaum dit que ses réponses sont « émotionnelles » mais elle n’oppose pas pour autant l’émotion à la raison.
→ Sans cette émotion, la rationalité serait « purement instrumentale » et serait alors injuste et erronée.
→ En effet, l’intellect pur, rationnel et sans émotions est value blind.
→ Les émotions permettent dès lors de pointer les problèmes à résoudre
→ Elles ne donnent pas de solutions, mais aide à rester concentré sur les problèmes qu'il faut résoudre
Pour Nussbaum, la réponse de Dickens à travers Hard Times est l’expression du paradigme (=un modèle, un
principe général) de l’économie contemporaine et l’esquisse d’un autre paradigme
→ C’est-à-dire que c’est l’ensemble des représentations des croyances qui sont exemplaires (=un modèle
de pensée).
→ Ce romain est une mise en mot du paradigme de la vision de tout mettre en chiffres.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
L’imagination littéraire, par les « images » qu’elle nous procure est essentielle à la théorie et la pratique de la
citoyenneté
Critique de l’utilitarisme
= comment j’obtiens le plus avec le moins ? (Maximisation de bien-être)
[ Au niveau de l’individu ]
La vision de Monsieur G. comme tous les utilitaristes se base sur une vision très réductrice de la personne.
→ L’individu est vu comme un « container de satisfactions », un réceptacle de plaisir et de déplaisir.
→ Ça implique que, parfois, tellement habitués à la misère et à la galère, on puisse être satisfait de très peu
sans envisager qu’autre chose, qu’une vie meilleure soit possible
[ Au niveau de la rationalité ]
Rappel : être rationnel c’est se donner les moyens les plus efficaces pour servir ses propres intérêts
→ L’utilitarisme une conception étriquée de la raison, limité à un calcul maximin d’efficacité
→ Sissy ne pense pas comme Monsieur G., qui lui est rationnel, qui pense que pour prendre une décision il
faut calculer ce que la chose apporte
→ Cette vision pour Nussbaum est erronée
→ Ce que Sissy illustre, c'est que ce n'est ni rationnel, ni raisonnable de juste calculer et de ne pas
s'interroger
[ Au niveau politique ]
Pour Nussbaum l’ONU ne devrait pas prendre des décisions sur base d’un simple calcul car les chiffres ne sont
pas les meilleurs critères pour fonder une société juste
→ En disant ça, elle dit à peu près la même chose que Rawls (ce qu’il dit sur la majorité) mais elle va plus
loin car elle pense que la figure du contrat n’est pas adéquate non plus
Conclusion : alternatives
Nos émotions ont une dimension sociale : elles jouent un rôle dans nos relations avec les autres et dans le
fonctionnement de la société (contrairement à Rawls)
→ Par exemple, l’empathie et la pitié vont nous pousser à aider les autres tandis que le dégout va nous
pousser à les rejeter.
→ Selon elle, nous sommes plus que de simples robots égoïstes qui chercheraient à maximiser leurs
avantages.
→ Elles doivent être prises en compte dans les approches du jugement et de la justice
En outre, puisque nous sentiments sont construits socialement et culturellement, la société doit s’occuper de
former nos sentiments
→ C’est même crucial en démocratie. (// Tocqueville voire Aristote, fondation de la personnalité citoyenne).
L’expérience littéraire nous permet de développer une palette d’émotions plus large que ce que nous amène
juste notre vie à nous
→ Elle nous procure des images qui vont nous sensibiliser à la souffrance des autres.
→ C’est important, car ces images vont être prédominantes pour nos choix personnels et nos préférences
politiques.
→ Important pour nous individuellement et aussi pour les choix politique
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Rawls, Sen et Nussbaum s’inscrivent tous les trois dans la tradition des Lumières, mais les deux derniers y
ajoutent 2 tempéraments :
Il veut aussi contredire l’idée que la démocratie est une invention des occidentaux à l’époque des Lumières
→ Certes, la structure institutionnelle de la démocratie représentative est occidentale.
→ Par contre, l’idée d’un gouvernement pas la discussion où il y a un débat public n’est pas du tout une
invention propre à l’Europe ou à l’Occident.
Pour ces philosophes de courant alternatif, il y a une vision de la raison qui n’exclue pas les sentiments
→ La combinaison des deux qui est possible
→ Ex : sentiment d’injustice qui est commun chez tous et concret et sur lequel il faut se baser.
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Mais selon Sen et Nussbaum c’est contradictoire car la plupart des relations humaines sont asymétriques
→ Il n’y a jamais d’égalité parfaite
→ Nos relations ne sont pas seulement basées sur des calculs d’intérêts
→ contractualisme ne prend pas en compte les asymétries, ni la vulnérabilité ou la dépendance de certains
Exemple typique d’une relation asymétrique : entre une mère et son enfant
« La raison qu’a la mère d’aider son enfant n’est pas à chercher dans les
récompenses de la coopération, mais justement dans la conscience qu’a la mère
de cette asymétrie : ses actes feront une différence énorme pour la vie de l’enfant
et celui-ci ne peut les effectuer lui-même. Elle n’a pas besoin de rechercher un
avantage mutuel — réel ou imaginaire — ni de faire comme s’il y avait un contrat
pour comprendre ses obligations à l’égard de l’enfant » Sen
Sen et Nussbaum veulent trouver une théorie qui correspond à la réalité des relations humaines :
Donc, la base de le société ne peut pas être un contrat entre individus rationnels
→ Nous sommes vulnérables car nous avons besoin les uns des autres et nos relations avec les autres sont
influencées par cette vulnérabilité.
→ Les relations humaines ne peuvent pas être juste entre des adultes autonomes et rationnels.
→ Il faut penser un modèle qui corresponde mieux à nos relations, notamment au care (soin)
Il faut dépasser le contractualisme et ses prolongements car ils « ne laissent aucune place à ceux qui, pour de
longues périodes de leur vie, ou même durant toute leur vie, sont sensiblement inégaux dans leur contribution à
la productivité ou engagés dans des vies asymétriques à cause de leur condition de dépendance »
→ En gros, il faut prendre en compte notre vulnérabilité et la dépendance qui en découle
→ Nous sommes vulnérables car nous avons besoin les uns des autres et nos relations avec les autres sont
influencées par cette vulnérabilité
Sinon, tous ceux qui ne seront peut-être jamais des adultes autonomes seront mis à l’écart, comme s’ils n’étaient
pas concernés par la justice sociale.
→ Autrement dit, pour Nussbaum, il faut repenser les bases de la société pour que tout le monde soit sujet
de droit, même les personnes handicapées et animaux-non humains
Au sujet des animaux non-humains ils se retrouvent rejetés par les contractualistes mais pas par Nussbaum
→ Elle pense que la rationalité́ n’est pas que du calcul mais de l’imagination empathique.
→ On peut rentrer en empathie avec les animaux si on prend conscience que nous sommes aussi des
animaux mais humains
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Nous ne sommes jamais à égalité et nous sommes toujours pris dans des relations où il n’y a pas qu’un calcul.
1° juge : il donne raison à̀ l’entreprise car ce n’était que des blagues et que l’employeur n’aurait rien pu y faire.
Et que ça arrivait souvent alors ce n’est pas grave
→ Elle fait appel à̀ cette décision, car selon elle, elle avait été harcelée car elle était une femme et il y avait
donc discrimination
2° juge (Posner) : il prend un point de vue diffèrent de celui du premier juge. Il faut prendre le point de vue de
cette femme et non celui de l’entreprise
→ Prend le pdv de Mary : il y avait harcèlement et discrimination. Ce n’étaient pas que des plaisanteries et
elle était personnellement visée
→ Et du pdv de General Motors : on ne peut pas imaginer qu’aucune r »action n’était envisageable
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Conclusion
La justice poétique n’est pas de la littérature mais une imagination empathique.
→ On juge comme un lecteur d’un roman qui rentre en empathie avec les protagonistes du récit
Juger rationnellement et prendre une décision juste c’est imaginer le point de vue et le ressenti des
personnes concernées (// spectateur judicieux/impartial)
Pour Sen
Il n’est pas en désaccord avec Nussbaum mais il va se poser des questions différentes
Pour Sen, ce qui est raisonnable résulte du débat public, à l’examen collectif
C’est un double déplacement par rapport à l’utilitarisme :
→ Focus sur le niveau collectif (et non individuel) puisque l’enjeu pour lui c’est la justice sociale
→ Quête du raisonnable plutôt que du rationnel
Face à̀ ceux qui veulent penser la justice sociale, au niveau collectif, 2 problèmes :
→ Les théoriciens ont comme une « peur panique face à̀ l’incommensurabilité́ et à la diversité́ ».
o Ils refusent d’envisager des situations comparables à la querelle des 3 enfants.
o Ils refusent d’envisager des situations qui impliquent pourtant des choix qui ressortent dans la
vie quotidienne
→ Échec des tentatives visant à̀ dépasser l’individualisme méthodologique
o Ils pensent toujours le collectif comme la somme des individus
o donc le choix collectif est toujours pensé comme l'addition des choix individuels et au fond ça ne
marche jamais
Le choix « rationnel » est une conclusion qui découle d’un « examen critique mené du point de vue des autres
pour nous conduire vers le comportement raisonnable dans les rapports avec autrui »
→ Et pas une conclusion qui survit à l'auto-examen
Il ne s’agit pas ici de rechercher une réponse seule et unique mais de prendre en compte le point de vue « social
», les évaluations menées par les autres
→ Les comparaisons sont uniquement possibles par le débat public
→ Et avec le débat public, tous voient comment l’accord est conclu
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Conclusion
Une théorie de la justice doit accepter que les jugements soient partiels et incomplets et il faut fonctionner par
raisonnement, comparaison
→ Il y a une incontournable incomplétude des décisions vu la pluralité́ des raisons et des logiques
o incl. dans le raisonnable
o mais ca ne nous empêche pas de prendre une décision
→ critères pluriels : l’échelle unique, ça ne marche que quand on compte, pas quand on juge
o Il faut admette la pluralité des raison, des logiques dans nos efforts d'évaluation raisonnable
(plus flexible que rationnel)
Pour Sen
Critique de la « position originelle » de Rawls
Pour lui, la position originelle est ethnocentrée et fermée, elle ne peut donc pas être un gage d’impartialité
[ Cadre fermé ]
C’est un cadre restreint à une société, un (seul) État, un microcosme isolé et autonome.
→ Tout cela est incohérent avec la société d’aujourd’hui touchée par la mondialisation
Mondialisation = interactions économiques et politiques incessantes entre États et le monde extérieur aux
frontières de chaque État intervient nécessairement
Oui, le voile d’ignorance permet de dépasser le calcul de nos intérêts personnels et de nos objectif matériels,
mais il ne nous permet pas de mobiliser nos identités multiples
→ Or nos identités nous permettent de rentrer en empathie et on pourra prendre une décision sur cette
base
→ Cette ouverture est indispensable à l'évaluation sociale
→ Sans cette ouverture notre décision va manquer d'impartialité car elle va s'appuyer sur une seule de nos
identités (à notre seule appartenance à un état)
On jugera mieux (plus impartialement) si on ne se limite pas à considérer les choses sous le seul angle de
l’appartenance à un certain Etat mais si on prend nos identités multiples en compte
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
[ « Esprit de clocher » ]
Le voile d'ignorance n'empêche pas "l'esprit de clocher (= l'attachement à son propre village)
→ Ce terme vise plus précisément les préjugés, la vision des choses qu'il y a dans tel ou tel groupe social
→ Sous le voile d'ignorance, vu qu’on est entre membre de la même société, on a les même visions
→ Or on ne peut pas poser un jugement impartial sur un tel "esprit de clocher"
Sen va développer au niveau collectif la pensée de Smith qui était au niveau individuel
→ Les conditions d’un jugement juste pensées par Smith peuvent être étendues au niveau politique
→ l’impartialité « ouverte » (=prise en compte des jugements venus d’ailleurs) est valable en matière de la
justice sociale.
→ Pour poser un jugement juste, il faut s'ouvrir aux points de vue de l'autre et ainsi dépasser notre « esprit
de clocher »
La seule voie est « la prise en compte systématique de points de vue extérieurs, dont certains viennent de très
loin »
→ l’évaluation de la justice sociale requiert le regard « des yeux de l’humanité », c’est-à-dire de recourir à
l’impartialité « ouverte »
Pour Nussbaum
Pour Nussbaum, la lecture de textes littéraires offre la possibilité de reconstruire artificiellement la position du
« spectateur impartial » de Smith
→ Smith a développé une théorie de la rationalité émotionnelle (Très très différente de la rationalité chez
Rawls qui n'est qu'un calcul) :
Le « spectateur impartial » n’est donc pas dénué d’émotions et son « impartialité » est
→ Une garantie par une forme de détachement mais sans rejet de ses émotions
→ une combinaison de l’identification empathique et d’une l’évaluation externe, à juste distance
o Il n'est pas complètement dans l'empathie non plus, il se met à distance
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Le point de vue du « spectateur impartial » est donc exigé de toute personne impliquée dans la vie publique
(autant les citoyens que les juges)
→ Ce n’est seulement en adoptant le pdv du « spectateur impartial » qu'on pourra faire un jugement juste
Mais la lecture peut aussi déformer notre vision du monde (il faut donc rester vigilent)
→ Mais c’est justement par la lecture que l’on développe également notre esprit critique et que l’on peut
ainsi prendre de la distance
Le champ de l’imaginaire permet de développer notre capacité d’empathie et d’aiguiser notre jugement,
notamment en matière de justice sociale (politiques publiques) et judiciaire
Il y a une grande importance du processus d’éducation continue dans l'exercice du jugement critique grâce à la
lecture
→ On apprend à affiner notre propre jugement en étant confronté à la fois à la diversité des positions à
l'intérieur du roman
→ mais aussi à la multiplication des lecture, des interprétions, des ressentis qui vont en entre proposé par
des critiques professionnel ou même des proches
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
g) Propositions politiques
Comment établir les principes d’une société juste ?
→ Ce qui les intéressent ce ne sont pas des critères chiffrés, standardisées mais des facteurs qui concernent
directement la qualité de vie de chacun dans la diversité et la singularité du vécu des personnes
→ Ils sont d'accord la dessus mais ont des approches tout de même différentes
Pour Sen
Qualités chez Rawls
Politiquement, Sen trouve chez Rawls 2 qualités qu'il souhaite ainsi conserver dans sa proposition :
Proposition de Sen
Il va essayer de conserver les points positifs de Rawls tout en conservant son positionnement comparatisme,
encré dans la réalité
Il va distinguer 2 notions de la liberté :
→ La dimension procédurale : établie dans les textes et principes, en théorie
→ La dimension des capabilités : ce qui opèrent concrètement quand on met les principes en œuvre
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Q1 - Philosophie | Anna Sonnenschein
Les capabilités = mot inventé par Sen pour viser qlq chose qui dans la liberté
n'a pas encore pensé avant lui
→ Ce sont des mesures pour évaluer notre capacité réelle à vivre une
vigne digne d’être vécue
→ Elles sont en nombre indéfini, vu l’incommensurabilité des principes
de justice et « l’irréductible diversité » des individus et des situations
o Singularité de personnes et de situation
→ Elles fonctionnent par combinaisons, en réseau : il faut les combiner
pour évaluer la capacité globale de chacun·e à être libre
Comment définir les capabilités à prioriser ? Qu'est-ce qu'on doit faire et comment mesurer?
→ Par le débat public : au niveau de chaque société il faut discuter, élaboré collectivement les
combinaisons de capabilités que les citoyens sont d'accord de valoriser comme les mesures de la vie
bonne
o En Belgique par exemple on a l'éducation en priorité
Pour Nussbaum
Elle veut aussi prendre en compte la pertinence du monde réel et elle va trouver que l'approche de Rawls a
échoué
→ Il faut réfléchir à comment les principes de justice sont mis en pratique, ce à quoi ils mènent
→ Elle est d’accord avec Sen que mobiliser les capabilités (plutôt que des chiffres ou une vision utilitariste)
permet de penser la justice dans le réel et non au seul niveau des institutions
Mais contrairement à Sen, et sans prétendre à l’exhaustivité, elle dresse une liste de 10 « capabilités de base »,
indispensables pour garantir la dignité de tout être humain
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