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Membres de Jury :
Je ne laisserai pas cette occasion passer sans remercier mes amis et collègues
qui ont contribué de prés ou de loin à la réalisation de ce travail notamment :
Hniya.B, Nissrine.K, Youssef.S, Abdelmjid.H, Chaimae.A, Sami.K, Walid.T. Merci
encore une fois, c’est grâce à votre amitié que ce travail a vu le jour.
1
Dédicace
Je dédie ce travail
A ma très chère maman, elle qui m’a doté d’une éducation digne, d’un
amour inconditionnel et d’un soutien inimitable qui a fait de moi l’homme
que je suis aujourd’hui… je vous dédie ma réussite.
2
« Actus dicitur bonus
qui est conformis
legi et rationi. »
3
Sommaire
INTRODUCTION GENERALE:................................................................ 5
4
INTRODUCTION GENERALE:
1
GERARD Chaliand et ARNAUD Blin, Histoire du terrorisme de l’antiquité à Al Qaida, Paris, Bayard, 2004, p.63.
2
https://edition.cnn.com/2013/07/27/us/september-11-anniversary-fast-facts/, consulté le 04/11/2019 à
16h08.
3
CHARLES Philippe David et LA CHAIRE Raoul-Durand, Le 11 septembre 2001 cinq ans plus tard, Québec, 2006,
p.43.
5
Quant au Maroc, ce terme ne s’est propagé qu’après les 5 attentats
suicides terroristes déroulés le 16 mai 2003 à Casablanca. Ces attentats
revendiqués par la cellule terroriste « Al-Qaïda » fondée en 1988 par
Abdullah Azzam et Osama Bin Laden4 , ont causé la mort à 45 personnes
dont 33 individus et 12 des 14 assaillants5.
En effet, rares sont les pays qui ont donné une définition claire et précise
du terrorisme et à titre d’exemple on cite la législation Américaine dans
son Article 22 de l’United States Code Section 2656f (d) alinéa 2 qui
définit le terrorisme comme étant « une violence préméditée, motivée
politiquement, perpétrée contre des cibles non-combattantes par des
groupes sous-nationaux ou des agents clandestins »7 et définit aussi les
groupes terroristes dans son alinéa 3 comme étant « tout groupe
pratiquant, ou qui comprend des sous-groupes significatifs qui pratiquent,
le terrorisme international » 8 . Il est aussi important de savoir que le
législateur Marocain a aussi pris l’initiative de donner une définition au
4
https://www.pbs.org/moyers/journal/07272007/alqaeda.html, consulté le 04/11/19 à 16h14.
5
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=920, consulté le 04/11/19 à 16h16.
6
DOUCET Ghislaine, « Terrorisme : définition, juridiction pénale internationale et victimes », Revue
internationale de droit pénal, 2005, vol 76, page 5.
7
« the term "terrorism" means premeditated, politically motivated violence perpetrated against noncombatant
targets by subnational groups or clandestine agents » Paragraph 2, Title 22 of the United States Code, Section
2656f(d).
8
« the term "terrorist group" means any group practicing, or which has significant subgroups which practice,
international terrorism » Paragraph 3, Title 22 of the United States Code, Section 2656f(d).
6
terrorisme dans la Loi 03.03 promulguée le 28 mai 2003 dans l’Article
218-19 du Code Pénal.
7
Ainsi, la première lutte anti-terroriste connue de l’histoire remonte à 1883
à Londres lorsque Sir William Hancourt 12 a créé une brigade policière
nommée « Special Irish Branch » afin de combattre le terrorisme de la
fraternité républicaine irlandaise13 en utilisation la méthode de subversion
et d’infiltration au rang de ces derniers afin d’établir une collecte de
renseignements dans le but d’affronter le terrorisme et de se mettre en
garde contre d’éventuels actes.
12
Ministre de l’intérieur du Royaume-Uni du 28 Avril 1880 à 23 Avril 1885.
13
« Irish Republican Brotherhood organisation » Organisation révolutionnaire républicaine irlandaise, fondée
en 1858 avec un unique objectif : Rendre l’Irlande indépendante du règne Britannique en semant la terreur par
une série d’attentats.
14
« United States Department of Homeland Security », Département gouvernemental fédéral des États-
Unis officiellement créé le 27 novembre 2002 par le président George W.Bush.
15
« Bureau central d’investigation judiciaire », annexé à la direction générale de la sûreté territoriale, créée en
2015 par les directives Royales de sa majesté le Roi Mohammed VI pour lutter contre le terrorisme et le grand
banditisme.
16
« Feindstrafecht », Concept créé par le professeur de droit Allemand Günther Jakobs en 1985 mais qui s’est
retentit dans le code pénal occidental qu’après les attentats du 11 septembre 2001.
8
sources de danger incessant au point de les priver de leurs garanties
légales que ce soit en matière d’assistance judiciaire ou en ce qui
concerne la durée de la garde à vue sans oublier la déconsidération des
principes essentiels sur lesquels se basent les codes pénaux partout dans
le monde comme le principe de la légalité et le principe de la
proportionnalité entre la peine et l’infraction le tout pour réduire les
conditions qui vont aboutir à un procès équitable.
Par Ailleurs, Jakobs a créé comme une sorte d’exception pénale vis-à-vis
des individus considérés par lui comme intraitables et ne méritant pas un
traitement humain car ils ont décidé de rompre le contrat social et se
convertir en ennemis.
17
LAZERGES Christine et HENRION-STOFFEL Hervé, « le déclin du droit pénal : l’émergence d’une politique
criminelle de l’ennemi », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 2016, N°3, page 650.
9
guerre contre le terrorisme ou comme les américains l’ont nommé war on
terror.
18
Barack Obama : 44éme président des États-Unis qui a présidé de 2009 à 2017 et qui a été connu pour sa
position contre l’existence du camp de Guantanamo Bay et qui avait signé l’ordre exécutif numéro 13492 qui
l’ordonne à la fermeture de ce camp.
19
https://www.theguardian.com/us-news/2018/jan/30/guantanamo-bay-trump-signs-executive-order-to-keep-
prison-open, consulté le 07/11/2019 à 06h19.
10
mai 2003 qui ont donné la naissance à la Loi anti-terroriste 03.03 et les
séries d’arrestations et de jugements de personnes soupçonnées de
préparer des actes terroristes ou soupçonnées d’être affiliées à des
cellules terroristes.
11
Partie I : Lutte anti-terroriste au Maroc, modus
operandi et droits de l’homme
12
Chapitre I : La politique criminelle marocaine dans la lutte
anti-terroriste
20
Extrait du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI suite aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003.
13
Or, cette vision Royale demeure la raison principale de l’élaboration du
dispositif juridique de lutte anti-terroriste Marocain 21 et à l’instauration
d’une politique criminelle à la fois sévère, effective et objective dans le but
d’instaurer la sécurité, prévenir et sanctionner des infractions de nature
terroriste, et de garantir l’ordre public. De ce fait, nous allons traiter dans
une 1èresection la lutte anti-terroriste à la lumière du code pénal et dans
une seconde, les règles de procédure pénale.
« Nullum crimen sine lege » 23 , tel est le principe universel adopté par
chaque système juridique et bien entendu aussi par le système Marocain.
Ipso facto, le législateur s’est vu obligé de définir le terrorisme ainsi que
les actes considérés terroristes.
21
Loi n° 03-03 relative à la lutte contre le terrorisme promulguée le 28 mai 2003.
22
AMZAZI Mohieddine, Essai sur le système pénal marocain, Rabat, Centre Jacques-Berque, 2013, p.136.
23
Adage latin définissant le principe de « pas de crime sans texte de Loi ».
14
particularité de l’auteur, ou de ses actes préparatoires ou par le résultat
désiré. Sans pour autant négliger la finalité de l’acte terroriste qui se
résume tout simplement par une mise en image symbolique de la force de
destruction24 et d’ébranler la sécurité intérieure.
Ces infractions sont définies par L’Article 218-1 alinéa 1 du code pénal par
« l’atteinte volontaire à la vie des personnes ou à leur intégrité, ou à leurs
libertés, l’enlèvement ou la séquestration des personnes », cela signifie
toute atteinte au droit de la personne dans son corps, sa sécurité, sa vie,
sa stabilité, sa liberté, et comprend dans un même pied d’égalité les
citoyens marocains et les étrangers25.
24
https://www.amnesty.be/veux-agir/agir-localement/agir-ecole/espace-enseignants/enseignement-
secondaire/dossier-papiers-libres-2005-les-derives-identitaires-identites-et/article/1-2-4-les-objectifs-du-
terrorisme?lang=fr , consulté le 20/11/2019 à 18h17.
25
La politique criminelle dans la lutte contre le terrorisme au Maroc, Mémoire de fin d’études pour l’obtention
du master droit privé et sciences criminelles réalisé par EL MOTTAKY Kamal en 2016, FSJES USMBA.
15
D’un autre côté, L’Article 392 du code pénal a défini l’atteinte à l’intégrité
physique par « Quiconque donne intentionnellement la mort à autrui est
coupable de meurtre et puni de la réclusion perpétuelle. Toutefois, le
meurtre est puni de mort : Lorsqu'il a précédé, accompagné, ou suivi un
autre crime; Lorsqu'il a eu pour objet, soit de préparer, faciliter ou
exécuter un autre crime ou un délit, soit de favoriser la fuite ou d'assurer
l'impunité des auteurs ou complices de ce crime ou de ce délit.»
26
Article 393 du code pénal : « Le meurtre commis avec préméditation ou guet-apens est qualifié assassinat et
puni de la peine de mort »
27
Article 396 du code pénal : « Quiconque donne intentionnellement la mort à son père, à sa mère ou à tout
autre ascendant est coupable de parricide et puni de la peine de mort. »
28
Article 397 du code pénal : « Quiconque donne intentionnellement la mort à un enfant nouveau-né est
coupable d'infanticide et puni, suivant les distinctions prévues aux articles 392 et 393, des peines édictées à ces
articles. »
29
Alinéa 2 de l’Article 397 du code pénal
30
Article 398 du code pénal : « Quiconque attente à la vie d'une personne par l'effet de substances qui peuvent
donner la mort plus ou moins promptement, de quelque manière que ces substances aient été employées ou
administrées, et quelles qu'en aient été les suites, est coupable d'empoisonnement et puni de mort. »
31
Article 399 du code pénal : « Est puni de la peine de mort, quiconque pour l'exécution d'un fait qualifié crime
emploie des tortures ou des actes de barbarie. »
16
Toutefois, la particularité des infractions terroristes se résument dans leur
finalité, or, dans une infraction de droit commun, on parle d’une atteinte à
l’intégrité physique de façon individuelle tandis que l’infraction terroriste a
pour but de porter atteinte à l’ordre public par le biais de terreur, de
violence et d’intimidation.
17
• L’atteinte aux libertés des personnes
Ces infractions sont énoncées dans le 2éme chapitre du code pénal dans les
Articles 219,220,221,222,223 ; Parmi ces infractions, se trouvent dans la
1ére section les infractions relatives à l'exercice des droits civiques telles
que l’infraction citée à l’Article 219 comme étant « Les infractions
commises à l'occasion des élections ainsi qu'à l'occasion des opérations de
référendums ».
D’un autre côté la 2ème section a traité les infractions relatives à l'exercice
des cultes, dont la contrainte ou l’empêchement par violences ou menaces
de l’exercice ou d’assister à l’exercice d’un culte ou encore l’emploie des
moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le
convertir à une autre religion 32 , l’entrave volontaire de l’exercice d’un
culte ou d’une cérémonie religieuse occasionner volontairement un
désordre de nature à en troubler la sérénité 33 , la rupture du jeune en
public sans aucun motif en plein ramadan34, exercer un sacrilège35. Ces
infractions peuvent être qualifiés d’infractions terroristes lorsque les
atteintes vis-à-vis des lieux ou objets de culte sont alimentées par la
haine et l’envie d’implanter la terreur et la panique dans une communauté
précise36.
32
Article 220 du code pénal : « Quiconque, par des violences ou des menaces, a contraint ou empêché une ou
plusieurs personnes d'exercer un culte, ou d'assister à l'exercice de ce culte, est puni d'un emprisonnement de
six mois à trois ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams. Est puni de la même peine, quiconque emploie des
moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en
exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d'enseignement, de santé,
des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre
le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder trois années.»
33
Article 221 du code pénal : « Quiconque entrave volontairement l'exercice d'un culte ou d'une cérémonie
religieuse, ou occasionne volontairement un désordre de nature à en troubler la sérénité, est puni d'un
emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams. »
34
Article 222 du code pénal : « Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane,
rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du ramadan, sans motif admis par cette
religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et d'une amende de 200 à 500 dirhams »
35
Article 223 du code pénal : « Quiconque, volontairement, détruit, dégrade ou souille les édifices, monuments
ou objets servant au culte, est puni de l'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 100 à 500
dirhams »
36
A titre d’exemple, on cite les séries d’incendies criminelles en suède qui ont eu lieu en 2014 et qui ont visé 3
mosquées. Les auteurs ont utilisé des bombes et des cocktails molotov et ont été motivé par leur idéologie
islamophobique.
18
• L’enlèvement des personnes et la prise d’otages
37
Article 436 du code pénal : « Sont punis de la réclusion de cinq à dix ans, ceux qui, sans ordre des autorités
constituées et hors le cas où la loi permet ou ordonne de saisir des individus, enlèvent, arrêtent, détiennent ou
séquestrent une personne quelconque. Si la détention ou la séquestration a duré trente jours ou plus, la peine
est la réclusion de dix à vingt ans. »
38
Article 436 Al.2 du code pénal : « Si la détention ou la séquestration a duré trente jours ou plus, la peine est
la réclusion de dix à vingt ans »
39
Article 437 du code pénal : « Si l'enlèvement, l'arrestation, la détention ou la séquestration a eu pour but de
procurer aux auteurs des otages, soit pour préparer ou faciliter la commission d'un crime ou d'un délit, soit
pour favoriser la fuite ou assurer l'impunité des auteurs d'un crime ou d'un délit, la peine est la réclusion
perpétuelle. Il en est de même si ces actes ont eu pour but l'exécution d'un ordre ou l'accomplissement d'une
condition et notamment le paiement d'une rançon »
40
Article 438 du code pénal : « Si la personne enlevée, arrêtée, détenue ou séquestrée a été soumise à des
tortures corporelles, les coupables sont, dans tous les cas prévus aux articles précédents, punis de mort »
41
Article 439 du code pénal : « Les peines édictées aux articles 436, 437 et 438 sont applicables suivant les
modalités prévues auxdits articles, à ceux qui procurent sciemment soit un lieu pour détenir ou séquestrer les
victimes, soit un moyen de transport ayant servi à leurs déplacements »
19
séquestration 42 , ou encore la libération de la personne arrêtée, enlevée
détenue ou séquestrée en bonne santé moins de dix jours accomplis
depuis celui de l'arrestation, enlèvement, détention ou séquestration 43 et
finalement la libération de la personne arrêtée, enlevée détenue ou
séquestrée en bonne santé entre le dixième jour et le trentième jour
depuis celui de l'arrestation, enlèvement, détention ou séquestration44.
Ainsi, le vol est défini comme étant une soustraction frauduleuse d’une
chose appartenant à autrui de façon illégale46.
42
Article 440 Al.1 du code pénal : « si la personne arrêtée, enlevée détenue ou séquestrée comme otage est
libérée en bonne santé avant le cinquième jour accompli depuis celui de l'arrestation, enlèvement, détention
ou séquestration, la peine est réduite à la réclusion de cinq à dix ans. »
43
Article 440 Al.2 du code pénal : « Si la personne détenue ou séquestrée a été libérée, en bonne santé, moins
de dix jours accomplis depuis celui de l'arrestation, enlèvement, détention ou séquestration, la peine est
l'emprisonnement d'un à cinq ans.»
44
Article 440 Al.3 du code pénal : « Si cette libération a eu lieu entre le dixième jour et le trentième jour
accomplis depuis l'arrestation, enlèvement, détention ou séquestration, la peine est la réclusion de cinq à dix
ans.»
45
Article 218-1 Al.5 du code pénal : « Constituent des actes de terrorisme, lorsqu'elles sont intentionnellement
en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but l'atteinte grave à l'ordre public par
l'intimidation, la terreur ou la violence, les infractions suivantes : 5) le vol et l'extorsion des biens »
46
Article 505 du code pénal : « Quiconque soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est
coupable de vol et puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams.»
20
tranchant ou suffoquant47. La raison de la sévérité de la peine du vol sous
la menace d’une arme est attribuée à la dangerosité de l’emploi d’une
arme dans une situation où l’auteur peut-être poussé par la peur d’être
appréhendé ou encore être poussé par son instinct criminel à porter
atteinte à la victime ou à tout autre partie pouvant intervenir afin
d’interrompre l’acte criminel.
Par ailleurs l’extorsion est aussi réprimée par les Articles 53748 et 53849,
ces actes peuvent être qualifiés d’infractions terroristes lorsque la finalité
de l’extorsion était de se procurer frauduleusement la signature ou la
remise d'un écrit, d'un acte, d'un titre, d'une pièce quelconque contenant
ou opérant obligation, disposition ou décharge afin de faciliter l’exécution
d’un acte terroriste ou même lorsque la procuration frauduleuse de la
preuve d’un droit était liée aux actes préparatoires.
47
Article 507 du code pénal : « Sont punis de la réclusion perpétuelle les individus coupables de vol, si les
voleurs ou l'un d'eux étaient porteurs de manière apparente ou cachée d'une arme au sens de l'article 303,
même si le vol a été commis par une seule personne et en l'absence de toute autre circonstance aggravante.»
48
Article 537 du code pénal : « Quiconque par force, violences ou contraintes, extorque la signature ou la
remise d'un écrit, d'un acte, d'un titre, d'une pièce quelconque contenant ou opérant obligation, disposition ou
décharge, est puni de la réclusion de cinq à dix ans.»
49
Article 538 du code pénal : « Quiconque au moyen de la menace, écrite ou verbale, de révélations ou
d'imputations diffamatoires, extorque soit la remise de fonds ou valeurs, soit la signature ou remise des écrits
prévus à l'article précédent, est coupable de chantage et puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une
amende de 200238 à 2.000 dirhams.»
21
Toutefois, ces infractions sont prévues dans les Articles 580 jusqu’à 607 et
parmi ces actes se trouve l’incendie criminelle de bâtiments, logements,
loges, tentes, cabines même mobiles, navires, bateaux, magasins,
chantiers servant à l’habitation et de véhicules, aéronefs ou wagons
contenant des personnes 50 ou encore la destruction ou la tentative de
destruction par mine ou tout autre dispositif explosif des voies publiques
ou privées, des digues, barrages ou chaussées, des ponts, des
installations portuaires ou industrielles 51 et finalement la déposition
d’explosif sur une voie publique ou privée52.
50
Article 580 du code pénal : « Quiconque met volontairement le feu à des bâtiments, logements, loges,
tentes, cabines même mobiles, navires, bateaux, magasins, chantiers, quand ils sont habités ou servent à
l'habitation et généralement aux lieux habités ou servant à l'habitation, qu'ils appartiennent ou
n'appartiennent pas à l'auteur du crime, est puni de mort. Est puni de la même peine quiconque
volontairement met le feu, soit à des véhicules, aéronefs ou wagons contenant des personnes, soit à des
wagons ne contenant pas de personnes mais faisant partie d'un convoi qui en contient.»
51
Article 586 du code pénal : « Quiconque détruit volontairement ou tente de détruire, par l'effet d'une mine
ou de toutes autres substances explosives, des voies publiques ou privées, des digues, barrages ou chaussées,
des ponts, des installations portuaires ou industrielles, est puni de la réclusion de vingt à trente ans.»
52
Article 587 du code pénal : « Quiconque dépose volontairement un engin explosif sur une voie publique ou
privée, est puni de la réclusion de vingt à trente ans.»
22
Cela dit, ces moyens ne sont pas immuns aux attaques terroristes que ce
soit au niveau des aéronefs ou des navires. Ils peuvent être dégradés
même détournés par des terroristes et malheureusement le monde en
était témoin de drames pareils tant de fois. Cependant, avant de traiter la
législation Marocain, il serait crucial de mentionner les différentes
conventions mises en place pour combattre et éviter la prise d’otages
aérien dont la convention de Tokyo signée en 1963, l’accord de Montréal
de 1971 concernant les actes de dégradation contre la sécurité de
l’aviation civile, et le protocole de Montréal de 1988 concernant la
répression des actes illicites dirigés contre la sécurité de l'aviation civile.
D’un autre côté, l’Article 607 dans son alinéa 7 a traité la destruction ou
l’endommagement des installations ou services de la navigation aérienne
ou en perturbe le fonctionnement ou communique une information qu'il
53
Article 218-1 Al.4 du code pénal : « le détournement, la dégradation d'aéronefs ou des navires ou de tout
autre moyen de transport, la dégradation des installations de navigation aérienne, maritime et terrestre et la
destruction, la dégradation ou la détérioration des moyens de communication.»
23
sait fausse, dans le but de compromettre cette sécurité 54 . Quant aux
attentats contre les moyens de transport maritime, le Législateur a
consacré les Articles 580 et 581 que nous avons déjà traités dans les
actes de destruction, dégradation et détérioration.
54
Article 607 Al.7 du code pénal : « communique une information qu'il sait fausse, dans le but de
compromettre cette sécurité.»
55
Article 83 Alinéa 6 de la Loi 24-96 relative à la poste et aux télécommunications : « Sera puni d'un
emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 10.000 à 200.000 dirhams quiconque aura par la
rupture des fils ou des câbles, par la destruction ou la dégradation des appareils ou par tout autre moyen,
volontairement causé l'interruption des télécommunications.»
56
Article 83 Alinéa 7 de la Loi 24-96 relative à la poste et aux télécommunications : « Sera puni d'un
emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 10.000 à 200.000 dirhams quiconque aura dans les
eaux territoriales ou sur le plateau continental contigu au territoire du Royaume du Maroc, rompu
volontairement un câble sous-marin ou lui aura causé ou tenté de lui causer des détériorations de nature à
interrompre en tout ou en partie les télécommunications.»
24
principes et valeurs, et dans l’absence d’une délimitation par un texte
juridique c’est le pouvoir discrétionnaire de la justice qui donne la
qualification à ce qui est considéré comme atteinte à l’ordre public et à sa
sécurité.
De ce fait, ce qu’on peut constater c’est que peu importe si le plan initial
des auteurs a atteint le stage de concrétisation ou pas, ils seront punis par
les dispositions de l’article 294 58 dans le cas de l’appartenance de
l’individu à cette bande ou s’il a la qualité du commandant ou dirigeant. Il
en est aussi pour la fourniture des armes, munitions ou instruments de
crime ou de contributions pécuniaires, des moyens de subsistance, de
correspondance ou de transport, ou encore un lieu de réunion, de
logement ou qui l’aide à disposer du produit de leurs méfaits, ou de leur
porter assistance de toute autre manière59.
57
Article 293 du code pénal : « Toute association ou entente, quels que soient sa durée et le nombre de ses
membres, formée ou établie dans le but de préparer ou de commettre des crimes contre les personnes ou les
propriétés, constitue le crime d'association de malfaiteurs qui existe par le seul fait de la résolution d'agir
arrêtée en commun.»
58
Article 294 du code pénal : « Est puni de la réclusion de cinq à dix ans, tout individu faisant partie de
l'association ou entente définie à l'article précédent. La réclusion est de dix à vingt ans pour les dirigeants de
l'association ou de l'entente ou pour ceux qui y ont exercé un commandement quelconque. »
59
Article 218-6 du code pénal : « Hors les cas de complicité prévus à l'article 129, est puni de la réclusion de
cinq à dix ans, quiconque, sciemment et volontairement, fournit aux membres de l'association ou de l'entente,
soit des armes, munitions ou instruments de crime, soit des contributions pécuniaires, des moyens de
subsistance, de correspondance ou de transport, soit un lieu de réunion, de logement ou de retraite ou qui les
aide à disposer du produit de leurs méfaits, ou qui, de toute autre manière, leur porte assistance »
60
Article 218-8 du code pénal : « Est coupable de non-révélation d'infractions de terrorisme et punie de la
réclusion de cinq à dix ans, toute personne qui, ayant connaissance de projets ou d'actes tendant à la
25
financement du terrorisme ou la collecte ou la gestion de fonds destinés
au terrorisme61, ainsi que le recel du produit d’une infraction terroriste62
puisque ce dernier est constitué comme un acte de complicité dans la
mesure où le but est d’aider les auteurs à faire disparaître un élément
matériel utilisé pour la consommation de l’infraction dans le but de
brouiller les pistes et d’obstruer une enquête judiciaire et garantir leur
impunité.
D’un autre côté, sont considérés comme des infractions terroristes le fait
de rejoindre ou tenter de rejoindre individuellement ou collectivement des
entités, organisations, bandes ou groupes, terroristes, quel que soit leur
forme, leur objet ou de recevoir ou de tenter de recevoir un entraînement
ou une formation en vue de commettre un acte de terrorisme ou le fait
perpétration de faits constituant des infractions de terrorisme, n'en fait pas, dès le moment où elle les a
connus, la déclaration aux autorités judiciaires, de sécurité, administratives ou militaires. Toutefois, la
juridiction peut, dans le cas prévu au premier alinéa du présent article, exempter de la peine encourue les
parents ou alliés jusqu'au quatrième degré, inclusivement, de l'auteur, du coauteur ou du complice d'une
infraction de terrorisme. Lorsqu'il s'agit d'une personne morale, la peine est l'amende de 100.000 à 1.000.000
de dirhams.»
61
Article 218-4 Alinéa 1 du code pénal : « Constituent des actes de terrorisme les infractions ci-après : - le fait
de fournir, de réunir ou de gérer par quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement, des fonds, des
valeurs ou des biens dans l'intention de les voir utiliser ou en sachant qu'ils seront utilisés, en tout ou en partie,
en vue de commettre un acte de terrorisme, indépendamment de la survenance d'un tel acte.»
62
Article 218-1 Alinéa 10 : « le recel sciemment du produit d'une infraction de terrorisme.»
63
Article 218-2 du code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de 2 à 6 ans et d'une amende de 10.000 à
200.000 dirhams, quiconque fait l'apologie d'actes constituant des infractions de terrorisme, par les discours,
cris ou menaces proférés dans les lieux ou les réunions publics ou par des écrits, des imprimés vendus,
distribués ou mis en vente ou exposés dans les lieux ou réunions publics soit par des affiches exposées au
regard du public par les différents moyens d'information audio-visuels et électroniques.»
64
http://www.leparisien.fr/faits-divers/maroc-la-belgique-rapatrie-des-benevoles-menacees-de-mort-pour-
avoir-porte-des-shorts-09-08-2019-8131269.php, consulté le 28/11/2019 à 03h07.
26
d'enrôler, d'entraîner ou de former ou de tenter de faire à une ou
plusieurs personnes65, ou encore l’incitation ou la persuasion ou provoquer
autrui à commettre à un acte terroriste66.
65
Article 218-1-1 du code pénal : « Constituent des infractions de terrorisme les actes suivantes : le fait de se
rallier ou de tenter de se rallier individuellement ou collectivement, dans un cadre organisé ou non, à des
entités, organisations, bandes ou groupes, terroristes, quel que soit leur forme, leur objet, ou le lieu où ils se
trouvent situés, même si les actes terroristes ne visent pas à porter préjudice au Royaume du Maroc ou à ses
intérêts ; le fait de recevoir ou de tenter de recevoir un entraînement ou une formation quelle qu'en soit la
forme, la nature ou la durée à l'intérieur ou à l'extérieur du territoire du Royaume du Maroc, en vue de
commettre un acte de terrorisme à l'intérieur ou à l'extérieur du Royaume, indépendamment de la survenance
d'un tel acte ; le fait d'enrôler, d'entraîner ou de former ou de tenter d'enrôler, d'entraîner ou de former une
ou plusieurs personnes, en vue de leur ralliement à des entités, organisations, bandes ou groupes, terroristes à
l'intérieur ou à l'extérieur du territoire du Royaume du Maroc. Les actes précités sont punis de la réclusion de
cinq à quinze ans et d’une amende de 50.000 à 500.000 dirhams.»
66
Article 218-5 du code pénal : « Quiconque, par quelque moyen que ce soit, persuade, incite ou provoque
autrui à commettre l'une des infractions prévues par le présent chapitre, est passible des peines prescrites
pour cette infraction.»
27
infractions portent atteinte à la sécurité interne du Royaume dans la
mesure où les attaques visent des bases de données contenant des
informations et documents sensibles concernant la sûreté de l’Etat ou des
secrets d’Etat ou de la défense nationale ou encore l’économie nationale 67
que soit par le fait d’accéder de manière frauduleuse dans tout ou partie
d’un système de traitement automatisé de données68 et s’ajoute aussi la
suppression totale ou partielle ou la modification de ces données ou
l’altération du fonctionnement du système69.
67
Article 607-4 du code pénal : « Sans préjudice de dispositions pénales plus sévères, est puni de six mois à
deux ans d'emprisonnement et de 10.000 à 100.000 dirhams d'amende quiconque commet les actes prévus à
l'article précédent contre tout ou partie d'un système de traitement automatisé de données supposé contenir
des informations relatives à la sûreté intérieure ou extérieure de l'Etat ou des secrets concernant l'économie
nationale. Sans préjudice de dispositions pénales plus sévères, la peine est portée de deux ans à cinq ans
d'emprisonnement et de 100.000 à 200.000.»
68
Article 607-3 du code pénal : « Le fait d'accéder, frauduleusement, dans tout ou partie d'un système de
traitement automatisé de données est puni d'un mois à trois mois d'emprisonnement et de 2.000 à 10.000
dirhams d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement. Est passible de la même peine toute personne
qui se maintient dans tout ou partie d'un système de traitement automatisé de données auquel elle a accédé
par erreur et alors qu'elle n'en a pas le droit. »
69
Article 607-3 Alinéa 2 du code pénal : « La peine est portée au double lorsqu'il en est résulté soit la
suppression ou la modification de données contenues dans le système de traitement automatisé de données,
soit une altération du fonctionnement de ce système.»
70
Article 607-10 du code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de deux à cinq ans et d'une amende de
50.000 à 2.000.000 de dirhams le fait, pour toute personne, de fabriquer, d'acquérir, de détenir, de céder,
d'offrir ou de mettre à disposition des équipements, instruments, programmes informatiques ou toutes
données, conçus ou spécialement adaptés pour commettre les infractions prévues au présent chapitre. »
71
Article 607-7 du code pénal : « Sans préjudice de dispositions pénales plus sévères, le faux ou la falsification
de documents informatisés, quelle que soit leur forme, de nature à causer un préjudice à autrui, est puni d'un
emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 10.000 à 1.000.000 de dirhams. Sans préjudice de
dispositions pénales plus sévères, la même peine est applicable à quiconque fait sciemment usage des
documents.»
28
Cependant une particularité se dévoile au niveau de la sanction dans le
sens où la tentative de ces infractions est réprimée comme une infraction
consommée 72 , chose qui nous pousse à comprendre la vision du
législateur et sa préoccupation face à la gravité de ces actes. Toutefois,
l’atteinte à l’ordre public ne se résume pas seulement au niveau de la
sécurité mais aussi à un niveau économique et à l’égard de la confiance
publique. Parmi ces infractions se trouve la falsification ou l’altération des
permis, certificats, livrets, cartes, bulletins, récépissés, passeports, ordres
de mission, feuilles de route, laissez-passer ou autres documents délivrés
par des administrations publiques en vue de constater un droit, une
identité ou une qualité, ou d'accorder une autorisation ou encore faire
usage sciemment de ces documents ou qui a fait usage de ces documents
73, on trouve aussi le fait tenter ou de se faire délivrer illégitimement un
des documents cités en haut 74 et l’omission d’inscription d’un client qui
séjourne chez un logeur ou aubergiste ou encore l’inscription délibérée
d’un faux nom dans le registre de clients75.
72
Article 607-8 du code pénal : « La tentative des délits prévus par les articles 607-3 à 607-7 ci-dessus et par
l'article 607-10 ci-après est punie des mêmes peines que le délit lui-même.»
73
Article 360 du code pénal : « Quiconque contrefait, falsifie ou altère les permis, certificats, livrets, cartes,
bulletins, récépissés, passeports, ordres de mission, feuilles de route, laissez-passer ou autres documents
délivrés par les administrations publiques en vue de constater un droit, une identité ou une qualité, ou
d'accorder une autorisation, est puni de l'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 200125
à 1.500 dirhams. Le coupable peut, en outre, être frappé de l'interdiction de l'un ou plusieurs des droits
mentionnés à l'article 40 pendant cinq ans au moins et dix ans au plus. La tentative est punie comme le délit
consommé. Les mêmes peines sont appliquées : 1° A celui qui, sciemment, fait usage desdits documents
contrefaits, falsifiés ou altérés ; 2° A celui qui fait usage d'un des documents visés à l'alinéa premier, sachant
que les mentions qui y figurent sont devenues incomplètes ou inexactes.»
74
Article 361 Alinéa 1 du code pénal : « Quiconque se fait délivrer indûment ou tente de se faire délivrer
indûment un des documents désignés à l'article précédent, soit en faisant de fausses déclarations, soit en
prenant un faux nom ou une fausse qualité, soit en fournissant de faux renseignements, certificats ou
attestations, est puni de l'emprisonnement de trois mois à trois ans et d'une amende de 200126 à 300
dirhams.»
75
Article 362 du code pénal : « Les logeurs et aubergistes qui, sciemment, inscrivent sur leurs registres sous des
noms faux ou supposés les personnes logées chez eux ou qui, de connivence avec elles, omettent de les
inscrire, sont punis de l'emprisonnement d'un à six mois et d'une amende de 200127 à 500 dirhams ou de l'une
de ces deux peines seulement. Ils sont, en outre, civilement responsables des restitutions, indemnités et frais
alloués aux victimes de crimes ou délits commis pendant leur séjour, par les personnes ainsi logées chez eux.»
29
B. Les sanctions prévues aux infractions terroristes
76
Principe de Loi de représailles se trouvant dans le code de Hammourabi qui incite à appliquer une punition
équivalente au dommage et malheur causé par un individu à cause d’un crime commis par lui, elle est souvent
symbolisée par l’expression « œil pour œil, dent pour dent.»
77
Article 218-7 du code pénal : « Le maximum des peines prévues pour les infractions visées à l'article 218-1 ci-
dessus, est relevé comme suit, lorsque les faits commis constituent des infractions de terrorisme :
- la mort lorsque la peine prévue est la réclusion perpétuelle
- la réclusion perpétuelle lorsque le maximum de la peine prévue est de 30 ans de réclusion
- le maximum des peines privatives de liberté est relevé au double, sans dépasser trente ans lorsque la peine
prévue est la réclusion ou l'emprisonnement
- lorsque la peine prévue est une amende, le maximum de la peine est multiplié par cent sans être inférieur à
100.000 dirhams
- lorsque l'auteur est une personne morale, la dissolution de la personne morale ainsi que les deux mesures de
sûreté prévues à l'article 62 du code pénal doivent être prononcées sous réserve des droits d'autrui.»
30
• La peine de mort
78
A titre d’exemple on cite le 2éme protocole du pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté
à New York le 15 décembre 1989
79
Mohammed Mustafa Tabit, Ex-chef de renseignements généraux auprès de la sûreté nationale qui a été
accusé d’avoir violé plus de 500 femmes.
80
https://www.lepoint.fr/monde/scandinaves-assassinees-au-maroc-les-derniers-mots-des-accuses-18-07-
2019-2325326_24.php, consulté le 29/11/2019 à 01h59.
31
Ainsi cette peine est purgée dans une institution pénitentiaire sous haute
surveillance par des agents faisant partie de la direction pénitentiaire.
Mais une particularité se révèle pertinente au niveau de la désignation de
prisons qui accueillent les détenus accusés de terrorisme, parmi elles se
trouvent la prison de Ain-Sbaâ 1 qui se trouve à Casablanca ou encore la
prison de salé.
Cette peine prend la forme d’une amende à payer suite à une décision de
justice émise à l’encontre de l’accusé l’obligeant à payer une somme
d’argent au profit de la trésorerie générale. De ce fait, lorsque le
Législateur a pris la voie d’aggravation de la peine prisonnière en cas
d’infraction terroriste, il n’a pas pour autant négligé l’aggravation des
autres sanctions en cette matière et la peine pécuniaire ne fait pas
l’exception de sa politique d’aggravation de sanctions dans sa lutte anti-
terroriste puisque le minimum du montant de l’amende en cas de peine
d’emprisonnement est fixé à 10.000 dh, et entre 500.000 à 2.000.000 de
dirhams en ce qui concerne les peines de réclusion et jusqu’à 5.000.000
de dirhams lorsque ça concerne une personne morale.
81
Article 70 Alinéa 2 du code pénal : « Lorsque l'acte commis constitue une infraction de terrorisme, la
juridiction peut assigner au condamné un lieu de résidence tel que prévu au premier alinéa ci-dessus dont il ne
pourra s'éloigner sans autorisation pendant la durée fixée dans le jugement sans toutefois dépasser dix ans.»
32
et qui veille au respect de cette peine par l’individu et qui soumet
l’autorisation afin de sortir du périmètre déterminé.
• La dégradation civique
Or cette peine ne peut être prononcée seule et elle a lieu qu’en cas
d’existence de peine principale, d’ailleurs en matière de terrorisme,
certaines peines accessoires sont liées aux peines principales de manière
impérative comme la saisie des biens appartenant au condamné ou qui
sont considérés comme le fruit de l’infraction ou ayant servi ou allaient
33
servir à la commission de l’infraction, ou encore la publication de la
décision de la condamnation.
Chaque Etat se dote d’un corps de justice et d’un corps sécuritaire mis en
place pour la prévention et la sanction des infractions et cela est achevé
par la voie d’une procédure rigoureuse de poursuite et d’enquête. Au
Maroc, le premier code de procédure pénale remonte à 1959, quant à la
dernière modification, elle a eu lieu le 28 mai 2019 par la Loi 32.18
modifiant et complétant la Loi 22.01 relative à la procédure pénale.
82
Article 78 du code de la procédure pénale : « Les officiers de la police judiciaire procèdent à des enquêtes
préliminaires, soit sur les instructions du ministère public, soit d’office. Ces opérations sont dirigées par le
procureur général du Roi chacun en ce qui le concerne.»
34
d’une infraction terroriste lorsque cette infraction est soit un crime ou un
délit puni d’emprisonnement.
Or, cette enquête repose sur un aspect préventif dans le sens où on parle
d’une enquête d’anticipation dans le but de s’assurer si la plainte ou la
dénonciation permettra à atteindre un résultat tangible qui n’est rien
d’autre que d’éviter que l’infraction atteigne le stage de la concrétisation
surtout lorsqu’on parle d’infractions en matière de terrorisme. De ce fait,
le Royaume est vivement salué par plusieurs pays de l’Union
Européenne 83 grâce à son effectivité dans le démantèlement de cellules
terroristes et par conséquent éviter à ce que des attentats aient lieu sur
son territoire et sur les territoires des pays dits amis.
Ce qui a permis, par la suite, à une saisie d’un lot d’armes à feu, d’armes
blanches de grande taille, des épées, des sacs en plastique de grande
taille contenant des produits chimiques suspects pouvant entrer dans la
83
https://www.lepetitjournalmarocain.com/2019/12/06/lutte-antiterroriste-lunion-europeenne-veut-en-
apprendre-davantage-du-maroc/?fbclid=IwAR3p6q1plSxlEqrankijxDzJZHnz0HnHUEYGyS4GCsjWkk-
Pzr3KsdLCjLY, consulté le 07/12/2019 à 14h08.
84
A titre d’exemple on cite l’Interpol « The International Criminal Police Organization », organisation policière
internationale qui se constitue de 194 Etats membres qui a été fondée en 1923 et ayant son quartier général à
Lyon.
35
confection des explosifs 85 . Ainsi, l’enquête préliminaire donne plusieurs
prérogatives à la police judiciaire notamment : la garde à vue, la
perquisition, l’interception des écoutes téléphoniques.
Ainsi, nous allons commencer par la garde à vue qui est définie comme
une mesure de privation de liberté prise à l'encontre d'un suspect lors
d'une enquête judiciaire86 et chaque personne arrêtée ou placée en garde
à vue doit impérativement être informée immédiatement par l’officier de
police judiciaire dans une langue qu’elle comprend, des motifs de son
arrestation et de ses droits dont celui de garder le silence87.
85
https://www.h24info.ma/maroc/demantelement-dune-cellule-terroriste-les-details-du-ministre-linterieur/,
consulté le 07/12/2019 à 14h11.
86
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F14837, consulté le 10/12/2019 à 19h47.
87
Article 66 Al.2 du code de procédure pénale.
36
quand est-il concernant les infractions de nature terroriste ? puisque la
gravité d’une infraction terroriste est loin voire très loin d’être comparable
à la gravité d’une infraction de droit commun, le Législateur Marocain créé
une durée dérogatoire qui est précisée dans le 4ème Alinéa du même
Article et qui dispose : « Lorsqu’il s’agit d’une infraction de terrorisme, la
durée de la garde à vue est de quatre-vingt-seize heures renouvelable
deux fois pour une durée de quatre-vingt-seize heures chaque fois sur
autorisation écrite du ministère public » Ainsi, La durée de la garde à vue
en matière d’infractions terroristes est initialement prévue à 96 heures
mais qui peut être prolongée deux fois de 96 heures sous autorisation du
parquet ce qui donne un total de 288 heures soit 12 jours de détention en
cas de deux prolongations.
88
Article 80 Al.6 du code de la procédure pénale.
89
Article 66 Al.6 du code de la procédure pénale.
90
Article 80 Al.7 du code de la procédure pénale.
91
Article 66 Al.9 du code de la procédure pénale.
92
Article 80 Al.10 du code de la procédure pénale.
37
Ensuite, la deuxième prérogative en matière d’enquête préliminaire est la
perquisition et saisie qui se traduit par une fouille policière d’un domicile
ou d’un local privé sur ordre judiciaire dans le but de récolter des
éléments pouvant servir à l’avancement de l’enquête, quant à la saisie,
c’est la prise de possession d’un ou plusieurs biens ayant servi ou
devaient servir à l’exécution d’une infraction de n’importe quelle manière.
Tout d’abord il serait crucial de citer que la constitution de 2011 dans son
Article 24 Alinéa 2 dispose que : « Le domicile est inviolable. Les
perquisitions ne peuvent intervenir que dans les conditions et les formes
prévues par la loi ».
93
Article 511 du code pénal : « Est réputée maison habitée, tout bâtiment, logement, loge, tente, cabine même
mobile, qui, même sans être actuellement habité, est destiné à l'habitation et tout ce qui en dépend comme
cours, basses- cours, granges, écuries, édifices qui y sont enfermés, quel qu'en soit l'usage et quand même ils
auraient une clôture particulière dans la clôture ou enceinte générale.»
94
Article 62 Al.1 du code de procédure pénale : « Les perquisitions et les visites domiciliaires ne peuvent être
commencées avant six heures du matin et après neuf heures du soir, sauf demande du chef de maison ou
appels venant de l’intérieur ou exceptions prévues par la loi. Mais les opérations commencées à l’heure légale
peuvent être prolongées sans arrêt. »
95
Article 62 Al.3 du code de la procédure pénale.
38
▪ Lorsque la perquisition est faite chez une personne soupçonnée
d’avoir participé à l’infraction, elle doit avoir lieu en sa présence
ou de son représentant. Si cette personne est dans l’impossibilité
d’assister à la perquisition, l’officier de police judiciaire a
l’obligation de requérir deux témoins pour assister à la
perquisition en dehors du personnel relevant de son autorité96.
39
permet un avancement dans l’enquête et bien évidemment aboutir à la
condamnation des individus concernés par cette investigation. Ainsi, le
code de procédure pénale a fixé plusieurs modalités concernant la saisie
dont :
100
Article 59 Al.5 du code de la procédure pénale.
101
Article 59 Al.6 du code la procédure pénale.
102
Article 59 Al.7 du code de la procédure pénale.
40
ou partielle ou leur invocation à la charge de quiconque ». Ipso facto,
nous allons traiter ces conditions et formes susmentionnées relatives à
l’interception des appels téléphoniques et des communications.
Cependant, elle peut aussi être utilisée au cours d’une enquête par une
ordonnance du procureur général du Roi lorsque l’infraction objet de
l’enquête porte atteinte à la sûreté de l’Etat notamment en matière de
terrorisme104 ou encore en cas d’extrême urgence notamment en cas de
crainte de disparition de moyens de preuve105.
103
Article 108 Al. 1 et Al.2 du code la procédure pénale : « Est interdite l’interception des appels téléphoniques
ou les communications effectués par les moyens de communication effectués par les moyens de
communication à distance, de les enregistrer, d’en prendre copie ou de les saisir. Toutefois, le juge
d’instruction peut, si les nécessités de l’information l’exigent, prescrire par écrit l’interception des appels
téléphoniques et de toute communication effectués par les moyens de communication à distance, les
enregistrer et d’en prendre copie ou de les saisir.»
104
Article 108 Al.3 du code de la procédure pénale.
105
Article 108 Al.4 du code de la procédure pénale.
106
Article 108 Al.5 du code de la procédure pénale.
107
Article 108 Al.6 du code de la procédure pénale.
108
Article 109 du code de la procédure pénale.
41
immédiatement suspendue 109 et cette décision n’est susceptible d’aucun
recours110.
109
Article 108 Al.7 du code de la procédure pénale.
110
Article 108 Al.8 du code de la procédure pénale.
111
Article 54 Al.1 du code de la procédure pénale.
112
Article 19 du code de la procédure pénale.
113
Article 83 du code de la procédure pénale.
114
Article 85 du code de la procédure pénale.
42
➢ Les pouvoirs d’investigation
Après, le juge d’instruction fait connaître à l’inculpé les faits qui lui sont
imputés et l’avise qu’il est libre de garder le silence 118 . Cependant en
matière d’investigation, le juge d’instruction peut requérir à la commission
rogatoire tout autre juge d’instruction, juge ou tout autre officier de la
police judiciaire dans le ressort de sa juridiction, de procéder aux actes
d’information qu’il estime nécessaires dans les lieux soumis à la juridiction
de chacun d’eux119 et que la commission rogatoire ne peut ordonner que
des actes d’instruction se rattachant directement à l’infraction visée aux
poursuites120.
115
Article 134 Al.1 du code de procédure pénale.
116
Article 134 Al.2 du code de la procédure pénale.
117
Article 134 Al.3 du code de la procédure pénale.
118
Article 134 Al.4 du code de la procédure pénale.
119
Article 189 Al.1 du code de la procédure pénale.
120
Article 189 Al.4 du code de la procédure pénale.
121
Article 101 Al.1 du code de la procédure pénale.
43
procéder à des perquisitions en donnant avis au ministère public dont le
représentant a la faculté de l’accompagner 122 et en dressant un procès-
verbal des opérations effectuées123.
122
Article 99 Al.1 du code de la procédure pénale.
123
Article 99 Al.3 du code de la procédure pénale.
124
Les perquisitions en matière de lutte anti-terroriste peuvent avoir lieu avant six heures du matin et après
neuf heures du soir.
125
Article 102 Al.2 du code de la procédure pénale.
126
Article 111 Al.1 du code de la procédure pénale.
127
Article 112 Al.1 du code de la procédure pénale.
44
correspondances sont effectuées avec une langue étrangère, elles doivent
être transcrites en langue arabe avec l’assistance d’un interprète qui doit
être soit un traducteur assermenté auprès des juridictions ou s’il ne
dispose pas de ce statut il doit prêter serment par écrit de traduire
fidèlement et de ne pas divulguer les secrets de l’enquête et des
correspondances128.
128
Article 112 Al.2 du code de la procédure pénale.
129
Article 113 du code de la procédure pénale.
130
Article 142 Al.1 du code de procédure pénale.
131
Article 142 Al.3 du code de la procédure pénale.
45
de carte d’identité et que tous les mandats sont exécutoires sur tout
l’étendu du Royaume132.
132
Article 143 du code de la procédure pénale.
133
Article 144 Al.1 du code de la procédure pénale.
134
Article 144 Al.2 du code de la procédure pénale.
135
Article 145 Al.1 du code de la procédure pénale.
136
Article 145 Al.2 du code de la procédure pénale.
137
Article 145 Al.3 du code de la procédure pénale.
138
Article 146 Al.1 du code de la procédure pénale.
139
Article 146 Al.2 du code de la procédure pénale.
140
Article 147 Al.1 du code de la procédure pénale.
141
Article 147 Al.2 du code de la procédure pénale.
46
Troisièmement se trouve le mandat de dépôt qui est défini par l’ordre
donné par le juge d’instruction au chef de l’établissement pénitentiaire, de
recevoir l’inculpé et de le détenir préventivement 142 . Ainsi, le juge
d’instruction ne peut délivrer un mandat de dépôt qu’après interrogatoire
et si l’infraction constitue un crime ou un délit punissable d’une peine
privative de liberté143.
142
Article 152 Al.1 du code de la procédure pénale.
143
Article 153 Al.1 du code de la procédure pénale.
144
Article 154 Al.1 du code de la procédure pénale.
145
Article 154 Al.2 du code de la procédure pénale.
146
Article 157 Al.1 du code de la procédure pénale.
147
Article 157 Al.2 du code de la procédure pénale.
148
Article 159 Al.1 du code de la procédure pénale.
47
nécessités de l’instruction, la sécurité des personnes ou de l’ordre public
n’exigent sa détention préventive149.
Cependant, ce qu’on peut comprendre de cet article c’est que la mise sous
contrôle judiciaire est une mesure qui est prise lorsque l’inculpé ne
représente pas un danger de sécurité que ce soit pour les personnes ou
encore l’ordre et la sécurité publique ; chose qui ne correspond pas au
sujet traité qui est le terrorisme puisque quelqu’un accusé d’un acte
terroriste ou la tentative ou encore accusé d’actes préparatoires en cette
matière est considéré comme un ennemi public et par conséquent
représente un danger imminent pour la société et pour la sécurité
publique. Et c’est la raison pour laquelle la mise sous contrôle judiciaire
n’est pas applicable en matière de lutte anti-terroriste puisque l’inculpé
doit être maîtrisé dans un établissement pénitencier dû à sa dangerosité.
149
Article 160 Al.1 du code de la procédure pénale.
150
Article 177 Al.1 du code de la procédure pénale.
151
Article 177 Al.3 du code de la procédure pénale.
152
Article 177 Al.2 du code de la procédure pénale.
48
Chapitre II : Lutte anti-terroriste et droits de l’homme : quelle
relation ?
49
Ipso facto pour répondre à ces questions nous allons traiter dans la 1 ère
section la balance entre les droits de l’homme et les contraintes de
sécurités, puis, les critiques émises à l’encontre du dispositif anti-
terroriste dans la 2ème section.
153
Secrétaire général des nations unies depuis le 1er janvier 2017.
154
Traduction non officielle du discours d’António Guterres qui était à l’origine en anglais : « Terrorism thrives
when disenfranchised people meet nothing but indifference and nihilism. It is deeply rooted in hopelessness
and despair. That is why human rights, all human rights, political and civil rights, but also economic, social and
cultural rights, are unquestionably a part of the solution in fighting terrorism »;
https://www.un.org/sg/en/content/sg/speeches/2017-11-16/speech-soas-university-london-counter-
terrorism, consulté le 06/01/2020 à 01h35.
50
A. La liaison entre les droits de l’homme et le terrorisme
D’un autre côté, ils peuvent déroger à plusieurs règles relatives aux droits
de l’homme notamment dans le cadre de la prévention contre le
terrorisme comme à titre d’exemple à l’article 8 de la convention qui
155
CAMUS Colombe, « la lutte contre le terrorisme dans les démocraties occidentales : état de droit et
exceptionnalisme », Revue internationale et stratégique, 2007/2, n°66, p.10.
156
Article 3 de la convention européenne des droits de l’homme : « Nul ne peut être soumis à la torture ni à
des peines ou traitements inhumains ou dégradants.»
157
Article 7 de la convention européenne des droits de l’homme : « Nul ne peut être condamné pour une
action ou une omission qui, au moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction d’après le droit
national ou international. De même il n’est infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au
moment où l’infraction a été commise.»
51
dispose que : « Toute personne a droit au respect de sa vie privée et
familiale, de son domicile et de sa correspondance » mais en parallèle la
cour pénale européenne des droits de l’homme a conclu dans un arrêt le 2
septembre 2010 que la surveillance de terroristes présumés au moyen
d’un système de navigation par satellites n’avait pas violé leur droit à la
vie privée tel que garanti par l’article 8 158 . La deuxième dérogation en
matière de prévention concerne la liberté d’expression qui est traitée par
l’Article 10 de la même convention qui dispose : « Toute personne a droit
à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté
de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il
puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de
frontière. Le présent article n’empêche pas les Etats de soumettre les
entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime
d’autorisations » ; cependant ce droit peut être mis à côté comme l’a fait
la cour européenne dans un arrêt le 2 octobre 2008 puisque la cour a jugé
que la condamnation de l’auteur d’une caricature à une amende modérée
pour complicité d’apologie du terrorisme, en raison d’une légende
provocatrice concernant l’attentat du World Trade Center en 2001, n’avait
pas emporté violation des droits garantis à l’intéressé par l’article 10.
Dans cette affaire la Cour a conclu qu’eu égard au moment de la
publication qui a eu lieu après seulement 48h de l’attentat terroriste,
l’auteur aurait dû être conscient de l’impact qu’elle allait probablement
avoir159.
Mais ça n’empêche que ladite cour juge à ce que certaines actions qui
rentrent dans le cadre de la lutte anti-terroriste dépassent les limites
légales et par conséquent violent les dispositions mises en place pour
protéger les droits humains fondamentaux et à titre d’exemple on citera
un arrêt datant du 18 janvier 1975 qui a accusé le Royaume-Uni d’avoir
exercé des séries de pouvoirs extrajudiciaires d’arrestation et de détention
vis-à-vis des personnes soupçonnées d’appartenir à l’organisation
158
Affaire Uzun contre l’Allemagne, requête numéro 35623/05 datant du 2 septembre 2010, Alinéa 80.
159
Affaire Leroy contre France, requête numéro 36109/03 datant du 2 octobre 2008, Alinéa 36 à l’alinéa 48.
52
paramilitaires considérée comme organisation terroriste par le Royaume-
Uni nommée IRA « acronyme de irish republican army » ou l’armée
républicaine irlandaise qui était contre la présence britannique en Irlande.
Or, cette affaire a vu le jour lorsque le gouvernement Irlandais a déposé
plainte contre le Royaume-Uni après que ce dernier ait été accusé de
traitements inhumains de ses détenus et la mise en œuvre de techniques
d’interrogation non conformes durant leur détention préventive après
avoir été accusé de planifier des actes terroristes notamment la privation
de sommeil, de nourriture ou encore la mise de cagoule au détenu pour le
désorienter.
De ce fait, la cour estimant que les méthodes ont causé une souffrance
physique et mentale intense ; a conclu à la violation de l'article 3 de la
convention qui interdit la torture, les pratiques inhumaines et les
traitements dégradants160.
160
Affaire Irlande contre le Royaume-Uni, requête numéro 5310/71 datant du 18 janvier 1978.
161
Article 2 de la convention européenne des droits de l’homme : « La mort n’est pas considérée comme
infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendu absolument
nécessaire : a) pour assurer la défense de toute personne contre la violence illégale ; b) pour effectuer une
arrestation régulière ou pour empêcher l’évasion d’une personne régulièrement détenue ; c) pour réprimer,
conformément à la loi, une émeute ou une insurrection. »
162
Affaire McCann et autres contre le Royaume-Uni, requête numéro 18984/91 datant du 27 septembre 1995,
Alinéa 213.
53
convention, puisque la cour européenne des droits de l’homme a énoncé
dans un arrêt le 21 décembre 2000 que des considérations de sécurité ou
d’ordre public ne peuvent pas justifier une violation des droits de l’accusé
de garder le silence et de ne pas contribuer à sa propre incrimination163.
Un autre arrêt du 1er juin 2010 dans une affaire similaire dispose que
l’utilisation dans le cadre de poursuites judiciaires de déclarations
obtenues par la torture ou au moyen d’une autre forme de mauvais
traitements rend la procédure dans son ensemble automatiquement
inéquitable, en somme, contraire à l’article 6165.
Partant de ces points traités, ce qu’on peut conclure c’est que face au
danger que représente le terrorisme, les Etats démocratiques se trouvent
dans l’obligation de trouver le bon équilibre entre la sécurité nationale et
les droits de l'homme pour le succès et l’effectivité de ces stratégies de
lutte contre le terrorisme. Ipso facto, la législation anti-terroriste doit se
doter de la sévérité et de la rigueur sans pour autant porter atteinte aux
valeurs démocratiques sous le prétexte de les défendre ou aux droits des
personnes soupçonnées ou accusées de terrorisme sous prétexte qu’elles
sont des ennemis de l’Etat.
Toujours dans ce contexte, Kofi Annan 166 dans son discours à la séance
plénière de clôture du sommet international sur la démocratie, le
terrorisme et la sécurité en 2005 à Madrid a exprimé que : « Le droit
163
Affaire Heaney et McGuinness contre l’Irlande, requête numéro 34720/97 datant du 21 décembre 2000,
Alinéa 58.
164
Affaire El Haski contre la Belgique, requête numéro 649/08 datant du 25 septembre 2012, Alinéa 99.
165
Affaire Gäfgen contre l’Allemagne, requête numéro 22978/05 datant du 1er juin 2010, Alinéa 187.
166
7éme secrétaire général des nations unies qui a servi son mandat de 1997 à 2006.
54
relatif aux droits de l'homme prévoit amplement une action antiterroriste,
même dans les circonstances les plus exceptionnelles. Mais compromettre
les droits de l'homme ne peut pas servir la lutte contre le terrorisme. Au
contraire, il facilite la réalisation de l’objectif du terroriste - en lui cédant
les hauteurs morales et en provoquant des tensions, de la haine et de la
méfiance à l’égard du gouvernement, précisément parmi les segments de
la population où il est le plus susceptible de trouver des recrues. »167
167
Traduction non officielle du discours de Kofi Annan qui était à l’origine en anglais : « Human rights law
makes ample provision for counter-terrorist action, even in the most exceptional circumstances. But
compromising human rights cannot serve the struggle against terrorism. On the contrary, it facilitates
achievement of the terrorist’s objective -- by ceding to him the moral high ground, and provoking tension,
hatred and mistrust of government among precisely those parts of the population where he is most likely to
find recruits. »; https://www.un.org/sg/en/content/sg/speeches/2005-03-10/kofi-annan’s-keynote-address-
closing-plenary-international-summit, consulté le 07/01/2020 à 06h02.
168
LARRIEU Jacques, Crises et droit, Toulouse, Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2012, p.67.
55
▪ Convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants adoptée le 10 décembre 1984
et entrée en vigueur 26 juin 1987.
De ce fait pour être en conforme face à ces obligations, les États doivent
élaborer des politiques, des lois et des pratiques nationales de lutte anti-
terroriste visant la prévention, la poursuite et la punition des responsables
d'actes terroristes en ayant une approche compatible avec la promotion et
le respect des droits de l'homme. Toutefois, ces mesures visant à prévenir
la propagation du terrorisme doivent aussi contenir des mesures visant à
renforcer les droits de l'homme, à prévenir la discrimination ethnique,
nationale ou religieuse, l'exclusion politique et la marginalisation socio-
économique, ainsi que des mesures pour lutter contre l'impunité des
violations des droits de l'homme.
56
▪ L’obligation du respect du droit à la vie privée.
57
aussi les États-Unis d’avoir utilisé la guerre contre le terrorisme comme
tactique pour la manipulation de l’opinion publique comme l’a cité le
général William Odom169 : « Comme de nombreux critiques l'ont souligné,
le terrorisme n'est pas un ennemi. C'est une tactique. Parce que les États-
Unis eux-mêmes ont une longue histoire de soutien aux terroristes et
d'utilisation de tactiques terroristes, les slogans de la guerre contre le
terrorisme d'aujourd'hui ne font que donner aux États-Unis une apparence
hypocrite envers le reste du monde. Un président américain prudent
mettrait fin à la politique actuelle d "hystérie persistante" à propos
d'attentats terroristes potentiels.»170
58
anti-terroriste au niveau des pratiques employées visant la prévention et
la répression du terrorisme et cela est principalement lié à la période post
les attentats du 16 mai 2003.
Tout d’abord, il est important de souligner que la Loi 03.03 devait être
adoptée après les attentats de New-York en 2001 dans le cadre de la
résolution 1373 du conseil de sécurité de l’ONU et que le Royaume avait
même établi un rapport sur les mesures prises par le gouvernement dans
sa lutte anti-terroriste à la fin de l’année 2001. Ce rapport avait mis en
exergue un arsenal juridique dédié au terrorisme et avait pour but de
réformer le code pénal mais malheureusement ce projet de réforme s’est
heurté à de très fortes critiques et résistances, chose qui a empêché son
adoption jusqu’à l’intervention des attentats du 16 mai 2003171.
171
Rapport de la fédération Internationale des droits de l'homme intitulé : « Les autorités Marocaines à
l'épreuve du terrorisme : la tentation de l'arbitraire, violation flagrantes des droits de l'homme dans la lutte
antiterroriste », Février 2004, p.7
172
Rapport de la fédération Internationale des droits de l'homme, art.cité, p.9-10.
173
Ibid, p.9.
59
• Le dépassement des délais de garde à vue précisés par le
code de procédure pénale, et qui pouvait atteindre des
mois voire même des années174.
174
Ibid,p.13.
175
Ibid,p.10.
176
Ibid,p.14-15.
60
encore le camp de Diego Garcia qui se situe dans le
territoire Britannique de l'océan Indien177.
177
Ibid,p.17-18.
178
Ibid,p.20-21.
179
Ibid,p.20-21.
180
Ibid,p.19.
61
Tout d’abord on va commencer par les recommandations liées à la Loi
03.03 dont :
181
Rapport du conseil national des droits de l’homme intitulé : « Mémorandum relatif au projet de Loi 86.14
modifiant et complétant les dispositions du code pénal et de la procédure pénale relatives à lutter contre le
terrorisme.», 2014, paragraphe 3 alinéa 2, p.5.
182
Rapport du conseil national des droits de l’homme, op.cité, 2014, paragraphe 3 alinéa 2, p.5.
183
Ibid., paragraphe 6 alinéa 1, p.7.
184
Ibid., paragraphe 6 alinéa 3, p.7.
62
• Remplacer le terme apologie au terrorisme par le
terme plus précis de « provocation publique à
commettre une infraction terroriste »185.
185
Ibid., paragraphe 10 alinéa 2, p.8.
186
Ibid., paragraphe 12 alinéa 3, p.9.
63
Pour synthétiser la 1ére partie, le terrorisme comme tout acte portant
atteinte à la sécurité et à l’ordre public est sanctionné par l’Etat à travers
les différents mécanismes de la politique criminelle que ce soit en matière
de prévention ou de sanction. Or le but de cette politique criminelle anti-
terroriste se manifeste par les diverses prérogatives données au système
judiciaire afin d’exercer la réponse pénale aux actes qu’ils soient
consommés ou en phase d’actes préparatoires visant à commettre une
infraction à caractère terroriste ayant pour but d’ébranler la paix, la
sécurité et l’ordre publique.
Toutefois, des dérives peuvent avoir lieu lorsque l’Etat riposte d’une
manière draconienne et laisse de côté toutes les garanties et les droits
accordés aux présumés coupables et applique des méthodes considérés
comme inhumaines et surtout illégales comme le fait de détenir
secrètement une personne suspecte pour de longs délais ou encore avoir
recours à des actes de torture en phase d’interrogation ou d’arrestation or
ces pratiques ont été prouvées par plusieurs rapports nationaux et
internationaux par le biais de témoignages de plusieurs ex-détenus ou de
leurs familles. Parallèlement, ces mêmes rapports condamnent plusieurs
dispositions de la législation anti-terroriste pour leur sévérité exagérée en
matière de sanctions ou de mesures contraignantes mises en place et qui
portent directement atteinte à différents principes légaux dont la
présomption d’innocence.
64
Partie II : Le droit pénal de l’ennemi, lutte anti-
terroriste ou lutte anti-droits de l’homme ?
Partant de là, ce qu’on peut constater c’est que les Etats réservent un
traitement différencié à certains individus qui oserait porter atteinte de
manière grave aux principes fondamentaux de la société d’où la
dénomination « droit pénal de l’ennemi » qui a été conçue par Günther
Jakobs en 1985 et qui a été développée en une théorie dans les années
90.
Ainsi, cette théorie prend de l’ampleur de jour en jour mais elle ne fût
populaire qu’après les attentats du 11 septembre 2011 et plus
précisément après que l’administration de Bush a décidé de mener une
guerre sans merci contre le terrorisme.
65
devant la Loi puisqu’en dehors de la dérogation de la règle pénale à
l’encontre d’un individu étiqueté comme ennemi, le droit pénal de l’ennemi
distingue aussi le citoyen de l’individu dangereux/ennemi.
Cette distinction est fondée sur le fait que l’individu malgré la commission
de l’acte, on peut attendre de lui un comportement sain à l’avenir tandis
que la dangerosité interdit une telle attente car il ne réussira jamais à
revenir à la normativité et par conséquent la société doit de se protéger
de cet individu dangereux qualifié d’ennemi187 d’où la dépersonnalisation
de ce dernier et par conséquent, sa déshumanisation.
Toujours dans ce contexte, cette théorie est aussi critiquée pour son
orientation vers le droit pénal de l’auteur. Or ce dernier permet de juger
l’individu pour ce qu’il est et non pour ce qu’il a fait et, et en même temps
heurte la conception du droit pénal de l’acte et dans des cas extrêmes sa
mise en œuvre peut être liée à des régimes totalitaires ayant marqué
l’histoire de l’Allemagne dans l’ère du 3ème Reich Allemand ou encore l’ex-
187
GIUDICELLI-DELAGE Geneviève, « Droit pénal de la dangerosité-Droit pénal de l’ennemi », Revue de science
criminelle et de droit pénal comparé, 2010, n°1, p.76.
188
DREUILLE Jean-François, « le droit pénal de l’ennemi : éléments pour une discussion », Jurisprudence
critique, Université de Savoie, 2012, p.149.
189
DREUILLE Jean-François, art.cité, 151.
66
Union Soviétique 190 . Parallèlement, cette théorie est aussi défendue par
plusieurs auteurs et évoquent la nécessité de l’Etat d’adopter une
législation substituée vis-à-vis des « ennemis »au nom de l’efficacité de la
lutte et à la protection des populations innocentes191.
Ainsi, pour répondre à ces questions, nous allons traiter en détail la 1ère
question dans un chapitre premier et la 2ème question dans le deuxième
chapitre.
190
ZAFFARONI Eugenio Raúl, « dans un état de droit il n’y a que des délinquants », Revue de sciences
criminelles et de droit pénal comparé, 2009, p.43.
191
CANTEGREIL Julien, « la doctrine du combattant ennemi illégal », Revue de sciences criminelles et de droit
pénal comparé, 2010, P.81.
67
Chapitre I : L’émergence et l’effectivité de la théorie
D’un autre côté il serait important de souligner que cette théorie est loin
d’être considérée comme encre sur papier, puisqu’elle a influencé
plusieurs corps législatifs et surtout dans la lutte anti-terroriste post les
attentats du 11 septembre 2011 et a de ce fait, aussi impacté les relations
internationales. Or, cette influence s’est manifestée sous plusieurs formes
192
،26 العدد،2006 ، مجلة الشريعة و القانون،" القانون الجنائي للعدو: " التجريم و العقاب في أقوى نزاعاتهما تسلطا، بلقاضي عبد الحفيظ
.397.ص
193
ROUSSEAU Jean Jacques, Le contrat social, 1762, p.71.
68
ce qui a donné naissance à ce que certains appellent « la guerre
préventive »194
194
398. ص،cité.art ، بلقاضي عبد الحفيظ
195
Exlex : Mot latin signifiant Hors la Loi
196
PAPA Michèle, « Droit pénal de l’ennemi et de l’inhumain : un débat international », Revue de science
criminelle et de droit pénal comparé, 2009, n°1, p.3.
69
Au moment même, l’histoire de la notion de l’ennemi et le choix de ce mot
remonte au siècle des lumières lorsque Jean Jacques Rousseau avait
souligné dans le 6ème chapitre du contrat social sur l’impérativité d’exclure
de la société chaque individu considéré comme un non-associé197.
197
ROUSSEAU Jean Jacques, ouvr.cité, p.22
198
FICHTE Gottlieb Johann, Fondement du droit naturel selon les principes de la doctrine de la science, 1796,
p.269.
199
Fichte Gottlieb Johann, ouvrage.cité, p.287
200
Ibid, p.288
201
406. ص،cité.art ، بلقاضي عبد الحفيظ
202
HOBBES Thomas, De cive, 1642, chapitre XXII, p.163-164.
70
que le deuxième porte atteinte gravement à l’Etat ce qui le dépouille du
statut de citoyen et le renvoie aux rangs des ennemis de l’Etat d’où la
sanction n’est pas issue du droit civil mais du droit de la guerre.
Cependant, ils ne sont pas les seules philosophes qui ont étudié et écrit
sur la notion de l’ennemi, puisque Kant avait aussi traité ce point en
précisant que : « Pour que l’on soit à l’abri de tout acte d’hostilité il ne
suffit pas qu’il ne se commette point de tels actes, il faut de plus qu’un
voisin garantisse à l’autre sa sécurité personnelle ; ce qui ne saurait avoir
lieu que dans un état légal. Hors un tel état, chacun est en droit de traiter
tout autre en ennemi, après lui avoir inutilement demandé garantie. »203.
Dès lors, ce que Kant a voulu transmettre c’est que le traitement hostile
ne peut avoir lieu que contre un agresseur et par conséquent un ennemi,
or les individus vivant dans la même communauté doivent se garantir
réciproquement la sécurité et la sûreté afin qu’aucun deux ne constituent
une menace ou un danger pour l’autre. Toutefois si cet engagement n’est
pas honoré par l’une des parties, la personne concernée doit soit changer
de voisinage soit être qualifiée d’ennemi et subir l’hostilité.
203
KANT Immanuel, Essai philosophique sur la paix perpétuelle, 1880, deuxième section, p.12.
71
Ainsi, ce qu’on peut conclure c’est que ces deux philosophes ont reconnu
l’existence de deux régimes pénaux : un régime dédié aux citoyens qui
sont tombés dans la sphère de criminalité par accident ou pour des
raisons contraignantes, et un deuxième régime dédié à l’individu qui a
rendu la criminalité comme son mode de vie. Ipso facto, la différence
entre les deux régimes c’est que l’individu n’est dépersonnalisé et
dépouillé de son statut d’être humain et par conséquent tombe dans la
qualification d’ennemi que s’il est soumis au deuxième régime.
204
Freund und feind : mot allemand signifiant “ami et ennemi”
205
MUÑOZ CONDE Francisco, « Le droit pénal international est-il un droit pénal de l’ennemi ? », Revue de
science criminelle et de droit pénal comparé, 2009, n°1, p20.
206
Volksgemeinschaft : mot allemand signifiant “la communauté du peuple”, ce mot fut employé par le régime
nazi d’Adolf Hitler afin de préciser les traits de race aryenne et évidemment le peuple allemand et en excluant
socialement et même parfois tuant chaque personne qui ne dispose pas des critères prédéfinis par ce régime.
207
MUÑOZ CONDE Francisco, art.cité, p20.
72
considérés comme des citoyens de 2ème classe ne jouissant pas de leurs
pleins droits208.
208
Ibid, p.21.
209
Ibid, p.21.
210
MEZGER Edmund : criminologue allemand connu pour ses positions nazies et ses théories alimentées par la
xénophobie.
211
Patriot act : acronyme de « Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to
Intercept and Obstruct Terrorism Act », est une loi antiterroriste votée par le congrès américain le 26 octobre
2001, en réaction aux attaques terroristes du 11 septembre 2001.
73
l’ordinaire, d’ailleurs cette Loi comportait diverses propositions comme
l’amendement Ashcroft qui proposait de dégrader les citoyens américains
accusé de terrorisme de leur nationalité ou la détention sans caution des
individus suspectés de terrorisme212.
Tout d’abord, la théorie de Jakobs ne vise pas tous les individus qui
enfreignent la Loi, bien au contraire, la figure de l’ennemi autour de
laquelle s’articule la théorie de Jakobs concerne les individus qui récidivent
d’une manière constante ou ceux qui commettent des crimes qui portent
atteinte à l’existence de l’Etat et à sécurité.
Or, l’auteur vise principalement les individus déviants qui n’offrent aucune
garantie liée à un comportent sain et conforme à la Loi, et insiste à ce que
ces derniers ne doivent pas être traités comme des citoyens, mais être
212
http://edition.cnn.com/2003/LAW/09/11/ashcroft.patriot.act/, consulté le 04/02/2020 à 23h37.
74
combattus comme des ennemis213. Ainsi il est évident à ce que l’auteur
vise indirectement une catégorie bien précise de criminels dont : les
bandes criminelles organisées, les tueurs ou encore violeurs en série et
sans pour autant oublier les mercenaires et les terroristes, par conséquent
il faut préciser que ce type de délinquants ont tous un point en commun
qui est l’abandon définitif de leur statut de citoyen avec leur plein gré et
ils se sont automatiquement donné le statut d’ennemi volontaire dans le
sens où ils ont suivi ce parcours par choix ; d’où l’absence de garantie de
réinsertion sociale dans le futur et dès lors, l’étiquetage d’ennemis par
Jakobs car ils sont considérés comme des bombes à retardement qui
peuvent exploser et créer des dégâts n’importe où et n’importe quand. De
ce fait l’ennemi devient un danger imminent qui doit être neutralisé par
tous les moyens dont l’Etat dispose afin de le préserver ainsi que ses
citoyens.
213
411. ص،cité.art ، بلقاضي عبد الحفيظ
214
Ibid,p.414.
215
Ibid, p.415.
75
➢ La 2ème caractéristique est la sévérité des peines par rapport aux
régimes pénaux dans les conditions ordinaires, puisque le droit
pénal de l’ennemi se caractérise par un certain alourdissement des
sanctions. Toutefois cela peut transgresser le principe de
proportionnalité de la peine vis-à-vis de l’acte commis mais cela
demeure justifié par Jakobs en précisant qu’une lutte voir une
guerre s’estime tout à fait indispensable afin de préserver la stabilité
et la sécurité de l’Etat ainsi que de ses citoyens216, d’un autre côté
l’auteur souligne que la culpabilité est réservée au citoyen et la
dangerosité à l’ennemi et que toute contrainte employée à
l’encontre de l’individu comme la garde à vue ou l’écoute
téléphonique restreint ses droits et constitue une
dépersonnalisation. Toutefois cette dépersonnalisation est divisée en
deux degrés : une dépersonnalisation limitée réservée au citoyen, et
une dépersonnalisation extrême qui conduit à la déshumanisation
destinée à l’ennemi217.
216
GIUDICELLI-DELAGE Geneviève, « art.cité », p.78.
217
Ibid, p.76.
76
▪ La présomption de culpabilité qui remplace la
présomption d’innocence puisque normalement un
individu est toujours considéré innocent jusqu’à la
preuve du contraire et par conséquent sa
condamnation, or dans le droit pénal de l’ennemi ce
principe est remplacé par la présomption de
culpabilité qui signifie que l’individu est coupable des
faits dont il est accusé jusqu’à la preuve du contraire
et dans ce cas-là jusqu’à la preuve de son
innocence. Toutefois, dans l’absence d’assistance
juridique l’individu ne sera jamais en mesure de se
défendre et par suite être acquitté. Ainsi, Jakobs
parle non pas d’une législation de sanction mais
d’une législation de lutte qui est basée sur la
limitation de droits et garanties. De ce fait, la
législation civile cède sa place pour une législation
rigoureuse dans le but est d’assurer la sécurité et la
continuité de l’Etat coûte que coûte en neutralisant
les ennemis dangereux ou encore potentiellement
dangereux.
Le droit pénal de l’ennemi n’est désormais plus une théorie, mais une
orientation qui fût adoptée par plusieurs Etats afin de lutter effectivement
contre le terrorisme et garantir la paix et sécurité publique. Ainsi les
manifestations tangibles de cette théorie ont toujours existé au cours de
l’histoire humaine comme on l’a précisé à la 1ère section, mais les séries
de manifestations concrètes dans l’histoire moderne ne se sont retenties
qu’après les attentats du 11 septembre 2001 puisque plusieurs Etats ont
77
reformé leurs législations anti-terroristes pour lutter et par conséquent
enchaîner le war on terror.
Cependant cette guerre n’était pas seulement actionnée par les États-Unis
uniquement mais aussi par d’autres Etats notamment ceux faisant partie
de l’Union-Européenne, ainsi ce plan d’action a pris deux formes
majeures :
Ipso facto, ces deux plans seront étudiés dans les axes suivants dans
lesquels seront démontrées les influences que l’attentat du 11 septembre
a imposé pour prendre les différentes mesures en ce qui concerne la
législation anti-terroriste et les actions des Etats prises en la matière afin
de combattre le terrorisme.
Après les attentats de New-York, plusieurs Etats se sont mis d’accord sur
le renforcement de leurs corps législatifs anti-terroriste en prenant des
mesures qui sont majoritairement contraignantes et portent atteinte aux
droits et libertés fondamentaux.
78
Premièrement, il est nécessaire de souligner que les États-Unis
d’Amérique fût la première à légiférer contre le terrorisme post les
attentats du 11 septembre et cela est dû au fait que les attaques ont eu
lieu sur son territoire. Or elle adopté le patriot act le 26 octobre 2001 soit
seulement 45 jours après les attentats, cette Loi comportait diverses
mesures exceptionnelles qui allaient être appliquées dans les 4 ans qui
suivent l’adoption.
218
426. ص،cité.art ، بلقاضي عبد الحفيظ
219
Patriot Act, section 412.
220
Patriot Act, section 413.
79
Toujours dans ce contexte, l’adoption du patriot act a aussi permis aux
États-Unis d’améliorer ses procédures de surveillance qui s’est concrétisée
notamment par :
221
Patriot Act, section 201.
222
Patriot Act, section 804.
223
Patriot Act, section 809.
224
Patriot Act, section 812.
80
Ainsi, le Royaume-Uni s’est vu obligé de renforcer son corps législatif et
par conséquent prendre différentes mesures drastiques dont :
225
Anti-terrorism, Crime and Security Act 2001: Part IV, Section 23.
226
Anti-terrorism, Crime and Security Act 2001: Part X, Section 89.
227
Anti-terrorism, Crime and Security Act 2001: Part XI, Section 101.
228
Loi 225-1 du code de la sécurité intérieure français.
81
▪ L’autorisation d’exécuter les perquisitions de domiciles
à tout moment en vue d’enquêter sur des infractions à
caractère terroriste229.
229
Article 706-89 et 706-90 du code de la procédure pénale français.
230
Article 422-4 du code pénal français.
231
Loi 227-1 du code de la sécurité intérieure français.
232
Loi 228-1 et 228-2 du code de la sécurité intérieure français.
82
B. La mise en pratique des plans d’actions sécuritaires
233
https://georgewbush-whitehouse.archives.gov/news/releases/2001/11/20011113-27.html, consulté le
12/02/2020 à 23h28.
234
BENHESSA Ghislain, l’Etat de droit à l’épreuve du terrorisme : de l’Amérique post-11 septembre à la France
comme état d’urgence, Paris, L’archipel, 2017, p.92.
235
BENHESSA Ghislain, ouvr.cité, p.92.
83
Ainsi, cette stratégie fût justifiée par John Yoo 236 dans un Article au
Washington post le 1er février 2005 : « Les groupes terroristes
multinationaux et les pseudo-États posent un grave problème pour la
guerre fondée sur les traités. Les terroristes prospèrent en tuant des civils
et en bafouant les règles de guerre conventionnelles. Des dirigeants
comme Hussein et le mollah Mohammed Omar des Taliban ignorent le sort
de leurs soldats capturés. Ils n'ont rien à voir avec le traitement humain
des prisonniers américains. Un traité comme la Convention de Genève
prend tout son sens lorsqu'il lie de véritables nations qui peuvent rendre
un traitement humain aux prisonniers en retour. Son existence et ses
avantages plaident même pour le type d'édification de la nation qui utilise
les troupes américaines et d'autres types de pressions dans des endroits
comme la Somalie, l'Afghanistan et l'Irak; davantage d'États-nations nous
rendent tous plus sûrs. Mais la Convention de Genève n'a pas de sens
lorsqu'elle est appliquée à un groupe terroriste ou à un pseudo-État. Si
nous devons combattre ce genre d'ennemis, nous devons créer un nouvel
ensemble de règles237 »
236
Ex-Attaché au département de justice américaine à l’ère de l’administration Bush connu par ses positions
radicales et dérogatoires à l’épreuve de la war on terror.
237
Traduction non-officielle de : « Multinational terrorist groups and pseudo-states pose a deep problem for
treaty-based warfare. Terrorists thrive on killing civilians and flouting conventional rules of war. Leaders like
Hussein and the Taliban’s Mullah Mohammed Omar ignore the fates of their captured soldiers. They have
nothing riding on the humane treatment of American prisoners. A treaty like the Geneva Convention makes
perfect sense when it binds genuine nations that can reciprocate humane treatment of prisoners. Its existence
and its benefits even argue for the kind of nation-building that uses U.S. troops and other kinds of pressures in
places like Somalia, Afghanistan and Iraq; more nation-states make all of us safer. But the Geneva Convention
makes little sense when applied to a terrorist group or a pseudo-state. If we must fight these kinds of enemies,
we must create a new set of rules », https://www.latimes.com/archives/la-xpm-2005-feb-01-oe-yoo1-
story.html, consulté le 13/02/2020 à 11h18.
238
BENHESSA Ghislain, ouvr.cité, p.97-98.
84
juridiction mais plutôt l’éloignement définitif de l’individu afin de
l’empêcher à porter atteinte aux États-Unis et par conséquent
protéger la sécurité nationale.
239
Ibid, p.103.
240
Traduction non officielle de : « The ban on torture does not prohibit any pain or suffering, wether physical or
mental, only severe acts. Congress did not define severe. Standard dictionaries define severe in the context of
pain as something that is grevious, extreme, sharp, and hard to endure. OLC interpreted severe as a level of
pain equivalent in intensity to the pain accompanying serious physical injury, such as death, organ failure, or
serious impairment of body functions », YOO John, War by Other Means: An Insider's Account of the War on
Terror, Atlantic monthly press, 2006, p.175.
241
BENHESSA Ghislain, ouvr.cité, p.106.
85
• Le recours aux différentes méthodes afin de « discipliner » les
détenus désobéissants dont : l’isolement, le rasage forcé des
cheveux ou de la barbe, le maintien prolongé en position
debout, la privation de sommeil, l’exercice obligatoire…
Parallèlement, les États-Unis est loin d’être la seule à avoir mis en place
un dispositif sécuritaire pour combattre et prévenir le terrorisme, la France
a aussi pris des mesures exceptionnelles en déclarant l’Etat d’urgence à
partir de l’attaque du 7 janvier 2015 visant le journal satirique charlie
hebdo et l’attaque du supermarché juif qui a eu lieu le 9 janvier soit 48
heures après.
Ainsi, la dernière fois que cette mesure a été appliquée, elle a duré
presque deux ans et a eu lieu entre le 14 novembre 2015 et le 1 er
242
https://www.liberation.fr/france/2015/01/13/valls-des-mesures-exceptionnelles-pas-des-mesures-d-
exception_1179873, consulté le 14/02/2020 à 16h11.
243
Loi française n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence.
86
novembre 2017 en raison des risques d’attentats terroristes qui ont visé la
République.
244
L'alinéa 3 de l’article 5 de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence.
245
L’article 6 de la loi no 2015-1501 relative à l’état d’urgence modifiée le 20 novembre 2015.
246
Fiche signalétique de personnes recherchées qui a été créée en 1969 pour recenser les personnes
recherchées ou surveillés de prés ou de loin par les services de renseignement, cette base de données
comporte 21 sous-catégories dont celle de la sûreté de l’Etat qui est classée sous la dénomination “S“. De
surcroît, le fichier “S“ comprend 16 niveaux de classification qui augmentent selon la dangerosité de l’individu
et la marche à suivre pour les forces de l’ordre et si la personne fichée est un suspect de “High value“ ;
toutefois elle est largement critiquée pour son mode opératoire notamment l’ajout de certains personnes à
cette base de données parce qu’ils sont stigmatisées ou parce qu’ils sont des militants politiques.
247
L'alinéa 1 de l’article 11 de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence.
248
L'alinéa 2 de l’article 11 de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence.
87
D’autre part, la république avait énoncé le 3 novembre l’effectivité de ses
mesures prises lors de l’Etat d’urgence par le biais d’un bilan établi du
ministère de l’intérieur249 en précisant que cette mesure a permis à :
• Déjouer 32 attentats.
249
https://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-des-actualites/2017-Actualites/Bilan-de-l-etat-d-urgence,
consulté le 15/02/2020 à 12h45.
88
Chapitre II : Le droit pénal de l’ennemi aux frontières peu
claires, critiques et limites
D’un commun accord, nul ne peut contester que le droit pénal de l’ennemi
ne soit pas en norme avec les valeurs démocratiques du fait qu’il mette de
côté le principe d’égalité en imposant un droit à deux vitesses : un droit
destiné au citoyen, et un autre pour l’ennemi.
Le droit pénal moderne tel que l’a pensé la déclaration des droits de
l’homme en 1789 inspirée par la philosophie pénale de Beccaria250, est un
droit pénal humain qui croît en la rééducation d’un délinquant et par
250
LAZERGES Christine et HENRION-STOFFEL Hervé, art.cité, page 649.
89
conséquent sa réintégration dans la société et de se conduire à l’avenir
conformément à la loi.
D’autre part, c’est aussi un droit qui est soumis à plusieurs principes
universels tels que le principe de légalité, la présomption d’innocence et le
droit au procès équitable.
90
ce dernier doit être soumis à des peines dérogatoires sévères que celle
existant dans le droit commun et perdre ses droits en tant qu’être humain.
D’un autre côté, Günther Jakobs précise clairement que le droit pénal
devient prospectif en étendant son filet à des comportements non pas
univoques mais équivoques 251 . C’est donc l’irruption d’un droit pénal de
risque qui réprime des comportements dont les conséquences
dommageables sont incertaines mais tout simplement probables, or la
prérogative de la qualification de dangerosité d’un ou plusieurs
comportements revient à l’Etat lui-même et ces comportements peuvent
prendre plusieurs formes comme pour le cas d’appartenance religieuse,
ethnique, politique ou même dans un cas plus extrême sexuelle ou le fait
d’exprimer des avis ou perspectives peu orthodoxes et sortant de
l’ordinaire ou encore le fait de côtoyer des gens suspects ou visiter des
endroits douteux.
Ainsi, selon la théorie, chaque acte équivoque peut être constitué comme
étant un acte préparatoire qui donnera par suite à la concrétisation d’un
acte criminel et par conséquent à une condamnation, peu importe
l’absence ou la présence de l’intention criminelle.
251
Ibid, p.651.
91
A titre d’exemple on citera le jugement d’une personne suspectée de
préparer un attentat terroriste, tout simplement car il s’est avéré qu’elle
est en possession d’une quantité importante d’engrais qu’il ne peut pas
justifier son utilisation.
252
Anders Behring Breivik : Terroriste de l’extrême droite norvégien, auteur des attentats du 22 juillet 2011
dont : une explosion d’un fourgon piégé qui était rempli de bombes artisanales qui s’est explosé à 300 mètres
du parlement en plein centre d’Oslo qui a donnée la mort à 8 personnes et le meurtre en déguisement de
policier et armé des plusieurs armes à feu de 69 personnes qui se trouvaient dans une colonie de vacances
dans l’île d’Utoya.
253
LAZERGES Christine et HENRION-STOFFEL Hervé, art.cité, p.654.
92
Tout d’abord, concernant la fonction de neutralisation repose non
seulement sur l’idée classique du châtiment mais aussi sur le traitement
de la dangerosité. Autrement dit, l’individu dangereux doit non seulement
être puni mais aussi soigné, traité comme un « microbe social » 254 . Or
comme l’a précisé Jakobs à maintes reprises, la neutralisation reste le
moyen le plus sûr pour l’élimination des risques futurs.
254
Ibid, p.654.
255
Rapport de la commission nationale consultative de droits de l’homme sur le projet de loi relatif à la
rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pour cause de trouble mental, 7 février 2008, alinéa 7.
256
Rapport de la commission nationale consultative de droits de l’homme sur le projet de loi relatif à la
rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pour cause de trouble mental, 7 février 2008, alinéa 5.
93
aux dégâts engendrés par l’infraction commise par l’individu. D’un autre
côté Jakobs met de côté l’idée de réinsertion sociale et de réhabilitation
des individus qualifiés d’ennemis en proposant des mesures extrêmes
pour les neutraliser et par conséquent les priver de jouir de la citoyenneté
encore une fois, approche qui peut être justifiée en prenant en compte la
dangerosité des terroristes par leurs actes et par leur rupture du contrat
social, certes, mais c’est une solution qui n’offre pas de garanties quant au
diminution du taux de récidive puisqu’il ressentiront jamais qu’ils font
partie de la société et se ressentiront jamais comme des citoyens dès lors
l’échouement du rôle de la prison.
257
LAZERGES Christine et HENRION-STOFFEL Hervé, art.cité, page 655.
258
Ibid, p.655.
94
B. L’instauration d’un nouveau droit pénal : le droit pénal de l’auteur
259
Acte positif : action qui est interdite par la loi, comme le vol.
260
Acté négatif : l'omission d'effectuer une action que la loi commande, telle que la non assistance à une
personne en danger.
261
Les doctrines de Roger Merle et André Vitu.
262
447. ص،cité.art ، بلقاضي عبد الحفيظ
263
Adage latin signifiant : « Personne ne souffre la punition de la pensée ».
264
Ibid, p.447.
265
Ibid, p.448.
95
d’ennemi et d’individu potentiellement dangereux sans pour autant réussir
à prouver son implication directe ou même indirecte à un ou plusieurs
actes délictueux reste tout à fait injuste et par conséquent en résultera
une exclusion sociale de la personne stigmatisée, parallèlement l’idée de
base sur laquelle repose cette stigmatisation c’est en effet d’anticiper
l’acte délictueux et dans ce cas des actes terroristes.
96
Or ces objections se limitent principalement à deux, la première se
focalise sur les caractéristiques conceptuelles relatives à la définition de
l’ennemi et la manière de le distinguer du citoyen, quant à la deuxième
elle traite le bicéphalisme engendré en appliquant un droit pénal à deux
orientations.
Avant toute chose Jakobs n’a jamais donné une définition claire et concise
de ce qui est l’ennemi, il s’est juste limité à donner quelques pistes et
explications vagues en précisant que : « L'ennemi est un individu qui, de
manière qui n'est pas accidentelle, dans son comportement ou dans sa
profession, ou principalement par le biais d'une organisation, c'est-à-dire
en tout cas d'une manière présumée durable, a fait abandon du droit et,
en conséquence, ne garantit pas le minimum cognitif de sécurité du
comportement personnel et montre ce déficit avec son
comportement.»266. Parallèlement et toujours dans ce contexte, il a ajouté
que : « Quiconque considère peu claires ces paroles, devrait réfléchir sur
les événements du 11 septembre 2001. Le délit continue à en être un,
bien que ses auteurs le commettent avec des intentions radicales ou à
grande échelle. Mais alors il faut se demander si, par le biais de ce strict
ancrage dans le concept de délit, on n'impose pas à l'État l'obligation de
respecter l'auteur de ces faits comme personne, ce qui évidemment est un
qualificatif assez inapproprié à l'égard d'un terroriste qui n'offre pas
l'espérance générale de conduite personnelle. En d'autres mots, celui qui
considère l'ennemi comme un délinquant citoyen ne doit pas être surpris
ensuite si les termes "guerre" et "procès pénal" arrivent à se
confondre.»267.
Ainsi, ce qu’on peut déduire c’est que Jakobs n’a pas donné une définition
claire de qui est l’ennemi, il s’est juste limité à donner des variétés
d’exemples de délinquants qui peuvent être qualifiés comme ennemi et de
266
MUÑOZ CONDE Francisco, art.cité, p23.
267
Ibid, p23.
97
différents actes délictueux qui conféreront le statut d’ennemi au
délinquant auteur de ses derniers et bien entendu il a aussi évoqué un
certain nombre de comportements.
Toutefois, cette définition peut être considérée comme une langue de bois
du fait qu’elle soit incomplète et lacunaire, ce qui laissera certainement
place à des qualifications arbitraires et autoritaires dans l’absence de
définitions et d’autres éléments qui permettront à une identification
précise.
D’autre part, il est évident que Jakobs a réuni principalement les sujets
qui sont en attitude de révolte ou d’hostilité envers le système social qui
peuvent se traduire soit par des actes délictueux ou tout simplement des
comportements.
D’autre part, Jakobs s’est aussi appuyé sur l’attentat de 2001 à New York
pour justifier sa position, pourtant pourquoi au juste se focaliser sur cet
attentat plus précisément et pas d’autres ? Certes c’est un attentat qui a
coûté la vie à presque 3000 personnes, mais cette qualification de
terroristes n’émane pas elle de la différenciation ami et ennemi du
théoricien nazi Carl Schmitt ? en d’autres termes, cette distinction n’est-
elle pas basée sur des fondements purement racistes ? En réalité il est
difficile de répondre à ces questions du fait que Jakobs évoque sans cesse
le droit de la société à maintenir son identité et le droit à un minimum de
sécurité ce qu’il appelle “Sécurité cognitive“268et par conséquent la société
se trouve dans l’obligation de se défendre par tous les moyens contre
ceux qui suppose représenter d’une manière permanente un grave danger
ou qui menacent la sécurité et le fonctionnement ordinaire de cette
société.
268
Ibid, p22.
98
personnes inférieures ce qui est semblable à la distinction faite par
Aristote entre les citoyens et les esclaves269.
269
Ibid, p22.
99
notamment celles relatives aux droits de l’homme telles le droit à un
procès équitable et le droit à un traitement humain. Toutefois le droit
pénal de l’ennemi est fondé sur une idéologie de droit de guerre et ce
droit de guerre est destiné à l’ennemi, et en enchainant cette guerre tous
les moyens sont justifiés pour la remporter à tout prix le tout en ignorant
les différents droits juridictionnels ou humains.
100
torture, de traitement inhumain, de jugements abusifs et l’absence de
droits juridictionnels en la matière.
270
Ibid, p26.
271
Ibid, p26.
272
Ibid, p26.
101
Pour conclure la 2éme partie, l’existence d’un droit pénal de l’ennemi n’est
pas une conception moderne comme beaucoup le pensent mais plutôt une
conception archaïque qui remonte à l’aube de l’humanité et qui fût
employé par les diverses civilisations humaines au cours de l’histoire.
Cependant, il s’est marqué plus après les attentats du 11 septembre 2001
avec les diverses modifications législatives en ce qui concerne l’arsenal
juridique anti-terroriste et la politique étrangère américaine.
102
CONCLUSION GENERALE :
Le droit pénal avait toujours pour but initial de sanctionner les auteurs
d’infractions en vue de protéger la société et garder la paix et la sécurité
publique et bien entendu en dissuadant d’éventuels individus en
instaurant des peines sévères mais à la fois justes et proportionnelles au
dégât occasionné par les actes de ces derniers, et bien évidemment ces
infractions peuvent prendre la forme d’actes liées au terrorisme.
103
Certes c’est une justification qui est assez bien fondée du fait que le
terrorisme peu frapper n’importe quand, n’importe où et surtout par
n’importe qui. Néanmoins, le droit pénal de l’ennemi n’est-il pas entrain
de saper toute légitimité sous le couvert du maintien de la sécurité ?
D’autre part le droit pénal de l’ennemi est-il une réalité qui devient de plus
présente dans le dispositif anti-terroriste global ou c’est tout simplement
une théorie qui offre des solutions extrêmes à un fléau aussi insaisissable?
273
PIRES Alvaro, « La réforme pénale et la réciprocité des droits », Revue Criminologie, 1991, vol 25, n° 1, p.99.
104
qu’après les attentats du 16 mai 2003 que l’adoption d’une Loi terroriste
appropriée et qui n’est d’autre que la Loi 03.03 et dernièrement quant à la
France ce n’est qu’après les attentats du 7 janvier 2015 que la république
a décidé à renforcer son arsenal juridique notamment une série de
modifications dans le code de sécurité intérieure et l’établissement de
l’Etat d’urgence pendant presque 2 ans.
274
MUÑOZ CONDE Francisco, art.cité, p26.
275
ZAFFARONI Eugenio Raúl, art.cité, p.56.
105
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES EN FRANÇAIS :
OUVRAGES EN ANGLAIS :
106
• YOO John, War by other means: An Insider's Account of the War on
Terror, Atlantic monthly press, 2006.
THESES ET MEMOIRES :
107
• MUÑOZ CONDE Francisco, « Le droit pénal international est-il un droit
pénal de l’ennemi ? », Revue de science criminelle et de droit pénal
comparé, 2009, n°1.
• PAPA Michèle, « Droit pénal de l’ennemi et de l’inhumain : un débat
international », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé,
2009, n°1.
• PIRES Alvaro, « La réforme pénale et la réciprocité des droits », Revue
Criminologie, 1991, vol 25, n° 1, p.99.
• ZAFFARONI Eugenio Raúl, « Dans un état de droit il n’y a que des
délinquants », Revue de sciences criminelles et de droit pénal comparé,
2009.
• ODOM William, American Hegemony: How to Use It, How to Lose It,
Proceedings of the American Philosophical Society, 2007, Vol. 151, n°4.
• ،" القانون الجناايي للعادو: " التجريم و العقاب في أقوى نزاعاتهما تسلطا، بلقاضي عبد الحفيظ
26 العدد،2006 ،مجلة الشريعة و القانون
108
Rapports :
WEBOGRAPHIE
• https://edition.cnn.com/2013/07/27/us/september-11-anniversary-fast-
facts/
• https://www.pbs.org/moyers/journal/07272007/alqaeda.html
• http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=920
• https://www.theguardian.com/us-news/2018/jan/30/guantanamo-bay-
trump-signs-executive-order-to-keep-prison-open
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enseignants/enseignement-secondaire/dossier-papiers-libres-2005-les-
derives-identitaires-identites-et/article/1-2-4-les-objectifs-du-
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• http://www.leparisien.fr/faits-divers/maroc-la-belgique-rapatrie-des-
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109
• https://www.lepoint.fr/monde/scandinaves-assassinees-au-maroc-les-
derniers-mots-des-accuses-18-07-2019-2325326_24.php
• https://www.lepetitjournalmarocain.com/2019/12/06/lutte-antiterroriste-
lunion-europeenne-veut-en-apprendre-davantage-du-
maroc/?fbclid=IwAR3p6q1plSxlEqrankijxDzJZHnz0HnHUEYGyS4GCs
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• https://www.h24info.ma/maroc/demantelement-dune-cellule-terroriste-
les-details-du-ministre-linterieur/
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university-london-counter-terrorism
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• http://edition.cnn.com/2003/LAW/09/11/ashcroft.patriot.act/
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• https://www.latimes.com/archives/la-xpm-2005-feb-01-oe-yoo1-
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• https://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-des-actualites/2017-
Actualites/Bilan-de-l-etat-d-urgence
TEXTES JURIDIQUES :
110
• Convention Européenne Des Droits De l’Homme.
• Loi française n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence.
• United States code.
• Patriot Act of the United States of America.
• Anti-terrorism, Crime and Security Act 2001 of the United Kingdom.
JURISPRUDENCES :
111
Table des matières
112
Chapitre II : Le droit pénal de l’ennemi aux frontières peu claires, critiques et
limites ................................................................................................................................................ 89
Section 1 : Les critiques de la théorie du droit pénal de l’ennemi ....................................... 89
A. La dilution du principe de la légalité et de la culpabilité ........................................... 90
B. L’instauration d’un nouveau droit pénal : le droit pénal de l’auteur ........................ 95
Section 2 : Les objections conceptuelles de la théorie du droit pénal de l’ennemi ............. 96
A. Le problème quant à l’identification de l’ennemi ..................................................... 97
B. Le bicéphalisme du droit pénal : entre un droit pénal de sanction et un droit pénal
de neutralisation………………………………………………..………………………………………………………..99
BIBLIOGRAPHIE ...........................................................................................................................106
113