Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DIRECT PRODUCTEUR
PRODUIT EN AQUITAINE
Découvrez le caviar Sturia Oscietra, le seul Osciètre 100% français, issu
de notre production exclusive d’esturgeons Gueldenstaedtii en France.
Très prisé des connaisseurs, le caviar Sturia Oscietra concentre saveurs
marines et notes de fruits secs. Ses grains fermes roulent parfaitement
sous le palais, libérant progressivement leur arôme délicat...
SOMMAIRE
9 LE MOT DE
10
Michel Sarran
LES GÂTEAUX
10 14
21
D’ANNIVERSAIRE
10 Frédéric Bau
Maison Valrhona
à Tain-l’Hermitage
14 Benoît Charvet
Hôtel-restaurant Georges Blanc
à Vonnas
15
15 Christophe Michalak
Pâtisserie Christophe Michalak
à Paris
21
46
HISTOIRE DE LA CUISINE
© P. Schaff
40 RELAIS BERNARD LOISEAU
À SAULIEU
40 Dominique Loiseau
43 Pascal Abernot
44 Éric Rousseau
46 La cuisine de Patrick Bertron
56 Les desserts d’Aymeric Pinard
64 Loiseau des Sens : Shoichi Ito
40
72 L A NATURALITÉ
D’ALAIN DUCASSE
Par Romain Méder
64
Restaurant Alain Ducasse
à l’Hôtel Plaza Athénée - Paris
84 FAUCHON,
UNE INSTITUTION
PARISIENNE
56
72
84 Sébastien Monceaux
© É. Nguyen
96 François Daubinet
108 RÉTROSPECTIVE
30 années de cuisine à travers
Thuriès Gastronomie Magazine
84
Illusion au beurre noisette...
136
Sabler les deux farines avec le cacao bandes de 3 cm de largeur et de 8
140 RÉTROSPECTIVE
140
30 années de pâtisserie à travers
Thuriès Gastronomie Magazine
160 INTERPRÉTATION
173 PÂTISSIÈRE D’UNE
DÉGUSTATION À
LA VERTICALE
Le millefeuille
173 L’ÉVOLUTION
160
DE LA PÂTISSERIE
174 Yves Thuriès
178 Pierre Hermé
178
180 Christophe Michalak
182 Frédéric Bau
180
© S. de Bourgies
NUMÉROS
© D. Michalak
186
Suivez l’actualité de
© iStock - ThinkDeep
182
www.facebook.com/thuriesmagazine
© S. de Bourgies
fr.pinterest.com/thuriesmagazine/
IMPRIMÉ EN FRANCE
6 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INDEX DES RECET TES
l’indexdes recettes
ENTRÉES p. 98 - Bisou pierce
p. 74 - Lentilles verte du Puy et caviar, délicate gelée fumée p. 100 - Tartelette gianduja et noisettes du Piémont
p. 75 - Pois chiches des Hautes-Alpes, poisson mariné, citron caviar p. 103 - Éveil fraise des bois et rhubarbe
p. 76 - Légumes des jardins de Versailles, noix pilées p. 104 - Tartelette citron yuzu
p. 86 - Tomate d’amour à la chair de tourteau en gelée d’hibiscus p. 107 - Millefeuille vanille
p. 89 - Damier de canard et poulet de Challans au foie gras, p. 146 - Tahitien
truffe tuber melanosporum p. 148 - Feuilleté de praliné, sauce exotique
p. 90 - Foie gras de canard de France aux fraises p. 151 - Coup de cœur framboise litchi
p. 93 - Homard bleu au thé à la pomme Fauchon p. 152 - Grissini dulce praliné noisette et pignons
p. 119 - Lingot de foie gras d’oie au beraweka p. 154 - Macarons chocolat intense / Macarons combava /
p. 123 - Cèpes crus chauds à l’huile d’agastache Macarons poivron framboise / Macalyon
p. 124 - Soupe aux truffes noires, Valéry Giscard d’Estaing p. 158 - Praliné à l’ancienne, pâte de citron d’ici, chou croustillant
p. 162 - Millefeuille glacé
POISSONS
p. 163 - Millefeuille tout vanille au caramel de beurre salé
p. 50 - Darne de sandre, navet boule d’or, jus d’exsudat tourbé
p. 164 - Millefeuille à la vanille
p. 66 - Omble de fontaine bio de Crisenon
p. 165 - Mille-feuille chocolat
p. 115 - « Cône crêp’ » de turbot et langoustine croustillant /
p. 166 - Millefeuille croustillant à l’orange confite
brochette de lotte au beurre de rhum
p. 167 - Millefeuille de prunes
p. 116 - Daurade royale du port du Cros de Cagnes rôtie à la niçoise
p. 168 - Millefeuille au chocolat meringué et praliné craquant
p. 118 - Turbot de Méditerranée et fenouil exprimé
p. 170 - Millefeuille à la vanille des Comores
p. 122 - Bar aux écailles et agrumes
DESSERTS GLACÉS, GLACES & SORBETS
COQUILLAGES, MOLLUSQUES & CRUSTACÉS
p. 58 - Textures de rhubarbe à la verveine
p. 79 - Homard bleu du Cotentin, chou fumé, clémentines confites
p. 61 - Chocolat Ilanka et sarrasin
p. 120 - Illusion au beurre noisette, écrevisses pattes rouges
et velouté au cresson p. 62 - Vanille intense et croustillante
p. 80 - Peau et mousse de lait cru de Normandie, fraises des bois
VIANDES p. 83 - Citron de Michel Bachès, algues kombu à l’estragon
p. 53 - Pièce de bœuf Charolais, tartare au poivre de cassis, p. 150 - L’eldorado
croustillant au foin p. 153 - Millefeuille fraises des bois en éclats
p. 54 - Filet de veau et ris doré, scorsonère fondant, légumes
« grains de riz », jus de veau parfumé à la citronnelle PAIN
p. 68 - Quasi de veau, sauce vitello tonnato p. 147 - Pain à « croûtons »
p. 117 - Papillote de veau aux légumes, huile de wasabi
CHOCOLATS & CONFISERIES
et sel de Bolivie
p. 156 - Bonbon chocolat
VOLAILLES p. 157 - Pâte de fruit framboise / Caramel à la fleur de sel
p. 69 - Filet de pintade fermière
DÉCORS & TRAVAIL DU SUCRE
p. 94 - Suprême de poulet orléanais de 100 jours, petits légumes
de saison, girolles aux amandes, jus de carcasse corsé p. 149 - Astérix et Obélix
p. 114 - Foie gras frais aux raisins
p. 125 - Poitrine de canard rôtie au gingembre, noisettes et coulis
de persil, cassolette de carottes et navets nouveaux Dans les recettes que nous vous proposons, les chefs travaillent les pro-
duits de leur région.
GIBIER Notre magazine ayant une diffusion internationale, il convient d’adapter les
p. 128 - Lièvre à la royale servi à la cuillère produits utilisés dans les recettes à sa cuisine, son terroir. Exemple : dans
p. 131 - Lièvre de chasse français à la royale, mousseline une recette, s’il est préconisé un agneau des Alpilles, il peut être remplacé
de topinambours par un agneau de pré-salé du Mont Saint-Michel. Chaque région ayant ses
propres richesses gastronomiques.
p. 132 - Lièvre à la royale, fine purée de céleri-rave
à la douceur de cannelle QS : abréviation de quantité suffisante
p. 135 - Lièvre à la royale Champion du Monde 2016 Dans la plupart des recettes, les poids des ingrédients sont donnés en
grammes, mais en cuisine, il est parfois difficile de donner une quantité pré-
PÂTISSERIES & DESSERTS cise, notamment quand il s’agit d’assaisonnement.
p. 12 - Pas à pas A contrario, la pâtisserie est une science exacte, il convient donc pour les
p. 16 - Flower zen recettes de base (pâtes, crèmes, sorbets…) de respecter rigoureusement
les poids indiqués. Cependant, tout professionnel confirmé pourra modifier
p. 18 - Mon kœur certaines quantités, dans la mesure où l’équilibre de la recette est préservé.
p. 71 - Tapioca aux nectarines
Angelo Musa, Meilleur Ouvrier de France,
Chef Pâtissier Exécutif au Plaza Athénée, Paris
Partenaire engagé,
de la terre à l’assiette.
Tenir nos engagements, c’est, avant tout, sélectionner précisément nos
matières premières, en identifiant les variétés adaptées à notre technologie,
les terroirs sur lesquels elles sont cultivées et les méthodes culturales de nos
partenaires agricoles.
Notre savoir-faire technique, associé à des contrôles qualité pointus, nous permet
de proposer une large gamme de purées de fruits, dont plus de la moitié est sans
sucres ajoutés et non-pasteurisée.
Notre préoccupation quotidienne est d’offrir des produits au goût, à la texture et la
couleur les plus proches de la nature.
Aujourd’hui, Capfruit franchit un nouveau seuil dans son engagement auprès
des professionnels des métiers de bouche pour promouvoir leurs techniques,
défendre leurs traditions, tout en valorisant l’innovation. Nous nous engageons
à porter plus loin la promotion du métier à travers la Coupe du Monde de la
Pâtisserie, le Bocuse d’Or et la Coupe du Monde de la Glace, pour faire briller
leur savoir-faire, partout dans le monde.
capfruit.com
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE, A CONSOMMER AVEC MODERATION
LE MOT DE MICHEL SARRAN I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 9
Les gâteaux
d’anniversaire
Frédéric Bau, Benoît Charvet, Christophe Michalak
Trente ans…
Pour fêter cet événement, trois chefs pâtissiers
nous ont fait l’honneur de confectionner
chacun un gâteau d’anniversaire.
LES GÂTEAUX D’ANNIVERSAIRE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 11
PAS à PAS
de Frédéric BAU
Pâtissier et directeur de la création Maison Valrhona
Frédéric Bau
12 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LE GÂTEAU D’ANNIVERSAIRE DE FRÉDÉRIC BAU
Pas à pas
INSERT
Sur 3 carrés de biscuit sacher chocolat, pocher 16
points de crémeux Dulcey cristallisé puis garnir entre
chacun d’eux avec le gel citron vert passion et bloquer
au grand froid.
MONTAGE
Dans un moule carré de 11,5 cm de côté, déposer
un insert et garnir avec une couche de mousse Ara-
guani. Renouveler 2 fois l’opération, terminer avec une
couche de mousse Araguani. Bloquer au grand froid.
FINITION ET PRÉSENTATION
© Ginko photographie
Démouler l’entremets, le pulvériser ou le napper avec
le glaçage à pistolet chocolat noir.
Décor : plaquette de chocolat noir.
© Ginko photographie
14 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES GÂTEAUX D’ANNIVERSAIRE
Benoît Charvet
Hôtel-restaurant Georges Blanc à Vonnas
Les gâteaux d
LES GÂTEAUX D’ANNIVERSAIRE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 15
Christophe
Michalak
Pâtisserie Michalak à Paris
d’anniversaire
16 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LE GÂTEAU D’ANNIVERSAIRE DE BENOÎT CHARVET
Flower zen
PROCÉDÉ refroidissement.
Sur les carrés de biscuit moelleux à l’orange, pocher Démouler les carrés, pulvériser les deux carrés exté-
des boudins de crémeux chocolat intercalés avec des rieurs avec du beurre de cacao blanc et les deux car-
boudins de marmelade orange thé aux fleurs. Bloquer rés intérieurs avec du beurre de cacao additionné de
au grand froid pendant 5 minutes environ. chocolat noir.
© Ashéne Kechacha
18 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LE GÂTEAU D’ANNIVERSAIRE DE CHRISTOPHE MICHALAK
Mon kœur
MONTAGE DE LA BASE (exclusivité Christophe Michalak) ; bien chemiser et
Imbiber un biscuit chocolat Marigny sans farine chaud tapoter pour enlever toutes les bulles d’air. Démouler
avec 20 g de punch yuzu citron jaune. Refroidir puis et appliquer un insert, finir de garnir avec la mousse
garnir avec 20 g de crémeux chocolat caraïbe et lis- légère chocolat lacté, lisser et faire prendre au grand
ser à la palette en formant un dôme. Faire prendre au froid.
grand froid. Démouler un montage de la base, le piquer avec une
pique en bois et bloquer pendant quelques minutes
INSERT au grand froid. Tremper une base dans le glaçage cake
Dans des moules demi-sphériques de 5 cm de dia- M - Ébène amandes hachées (attention de bien trem-
mètre, couler la compotée banane exotique jusqu’à per pour ne pas avoir de coulure) et poser sur une
mi-hauteur. Laisser prendre au froid, puis bloquer au plaque. Bloquer à nouveau au grand froid.
grand froid. Finir de garnir avec le crémeux yuzu allégé
et lisser à ras. Bloquer le tout au grand froid. FINITION ET PRÉSENTATION
Démouler une fleur et la pulvériser uniformément
MONTAGE avec le nappage rouge, bloquer au grand froid. Poser
Couler la mousse légère chocolat lacté dans des la fleur sur la base en collant avec une pointe de
moules ronds de 6 cm de diamètre en forme de fleur mousse légère chocolat lacté. Réserver au froid.
BISCUIT CHOCOLAT MARIGNY PROCÉDÉ pendant 10 minutes ; chinoiser dans une casse-
SANS FARINE Pocher à 85 °C le lait avec la crème, les jaunes role et cuire jusqu’à 85 °C avec le jus de yuzu, le jus
- 25 g de cacao en poudre d’œufs et le sucre semoule, verser sur les couver- de citron jaune, les œufs et le sucre semoule. Ver-
- 20 g de fécule de pomme de terre tures et mixer le tout. Dresser aussitôt. ser ce mélange chaud sur le beurre congelé coupé
- 20 g d’amidon de maïs en cubes, le beurre de cacao, le sel et la masse
- 100 g de blancs d’œufs (soit 3) COMPOTÉE BANANE EXOTIQUE gélatine. Mixer le tout, refroidir complètement en
- 95 g de sucre semoule - 30 g de purée de mangue cellule et réserver au froid.
- 95 g de jaunes d’œufs (soit 5) - 40 g de purée de banane extra
- 45 g de beurre fondu à 45 °C - 75 g de purée de poire PROCÉDÉ
- 75 g de purée de fruit de la passion Prélever 325 g de crémeux yuzu, le lisser puis
PROCÉDÉ - 40 g de sucre semoule incorporer la crème fouettée mousseuse, réser-
Tamiser le cacao en poudre avec la fécule et l’ami- - 4 g de pectine NH ver au froid.
don de maïs.
Monter les blancs d’œufs, les serrer avec le sucre PROCÉDÉ NAPPAGE ROUGE
semoule. Incorporer les jaunes puis la masse Chauffer les purées de fruits à 45 °C. Ajouter le Nappage neutre :
tamisée et le beurre fondu. mélange sucre pectine, porter à ébullition et lais- - 75 g d’eau
Dresser dans des moules demi-sphériques de ser compoter. Mixer jusqu’à l’obtention d’une tex- - 85 g de sucre semoule
6 cm de diamètre et cuire dans un four à 180 °C ture lisse, réserver au froid. - 12 g de fructose
oura fermée, pendant 8 minutes. Sortir du four - 1,5 g de pectine NH
et appuyer légèrement sur le biscuit avec un des- CRÉMEUX YUZU ALLÉGÉ - 12 g de glucose atomisé (DE 38)
sous de verre pour l’égaliser. - 0,3 g de solution d’acide citrique dilué
Crémeux yuzu :
(base : 10 g d’eau + 10 g d’acide citrique)
- 4 g de zestes de citron vert
PUNCH YUZU CITRON JAUNE - 8,5 g de colorant rouge fraise hydrosoluble
- 35 g de lait demi-écrémé
- 230 g d’eau - 40 g de jus de yuzu
- 115 g de jus de yuzu NAPPAGE NEUTRE
- 35 g de jus de citron jaune
- 45 g de jus de citron jaune Chauffer l’eau avec la moitié du sucre semoule.
- 90 g d’œufs (soit 2)
- 45 g de sucre semoule À 40 °C, ajouter le sucre restant mélangé avec le
- 40 g de sucre semoule
fructose, la pectine et le glucose atomisé. Por-
- 95 g de beurre
PROCÉDÉ ter à ébullition, cuire le tout pendant 5 minutes,
- 10 g de beurre de cacao
Chauffer les ingrédients cités à 60 °C puis imbiber. incorporer la solution d’acide citrique. Déposer
- 1 g de sel fin
un papier absorbant sur le nappage neutre pour
- 9 g de masse gélatine (soit 1,4 g de gélatine
CRÉMEUX CHOCOLAT CARAÏBE éponger l’écume et réserver au froid.
en poudre 200 blooms réhydratée avec 8,5 g
- 125 g de lait demi-écrémé d’eau froide)
PROCÉDÉ
- 125 g de crème U.H.T. à 35 % de M.G. - 65 g de crème U.H.T. à 35 % de M.G. fouettée
Prélever 170 g de nappage neutre, le chauffer
- 45 g de jaunes d’œufs (soit 2) mousseuse
puis incorporer le colorant rouge et mixer.
- 40 g de sucre semoule
- 80 g de couverture noire à 70 % (guanaja) CRÉMEUX YUZU
- 80 g de couverture noire à 66 % (caraïbe) Faire infuser les zestes de citron vert dans le lait
© Delphine Michalak
Omble chevalier
confit à l’huile
d’olive, pointes
d’asperges vertes Dans un Robot Cook®, mixer les zestes
d’agrumes séchés à 3500 trs/mn ; obtenir
de kumquat, citron
et caviar
INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES CONFITURE DE KUMQUAT
250 g de filets d’omble chevalier - 8 grosses Faire bouillir 1 litre d’eau avec le sucre, le bâton
asperges vertes - QS d’huile d’olive, sel, fleur de cannelle, la badiane, la gousse de vanille et
de sel, fleur de sel fumée - 1 gousse d’ail - 1 brin des graines de cardamome. Ajouter les kum-
de thym frais - 500 g de fond blanc - 2 oranges - quats lavés, les confire à feu doux pendant
2 clémentines - 1 pamplemousse. une journée. Les couper en deux, enlever les
Confiture de kumquat (recette de base) : pépins puis mixer dans le Robot Cook® à 2500
300 g de sucre semoule - 1 bâton de cannelle - trs/mn et à 65 °C ; obtenir une confiture bien
2 étoiles de badiane - 1 gousse de vanille lisse. Réserver dans une pipette.
fendue et grattée - QS de graines de carda-
mome - 500 g de kumquats. TUILE DENTELLE VERTE
Tuile dentelle verte : 80 g d’huile d’olive - 150 g Dans le RM 8 équipé du fouet, émulsionner Mixer la confiture de kumquat dans le Robot
d’eau - QS de chlorophylle - 10 g de maïzena. les ingrédients cités (ajouter la maïzena en Cook® à 2500 trs/mn et à 65 °C ; l’obtenir
500 g d’huile d’olive - 20 g de caviar. dernier). Laisser reposer au froid. bien lisse. Réserver dans une pipette.
Dans une poêle antiadhésive bien chaude,
PRÉPARATION cuire une tuile et la réserver au sec. Au
Ébouter, éplucher les asperges, les peler sur moment, briser en gros morceaux.
la moitié et les suer une première fois dans
une cocotte avec de l’huile d’olive, l’ail, le CUISSON
thym et du sel. Les assaisonner à nouveau, Désarêter les filets d’omble chevalier, les cuire
laisser pénétrer l’assaisonnement au cœur dans l’huile d’olive à 60 °C, jusqu’à l’obtention
du légume puis mouiller avec le fond blanc d’une température de 45 °C à cœur. Égoutter
jusqu’à hauteur (pour les glacer et les faire sur une grille et laisser reposer à température
briller). Réserver les asperges à température ambiante.
ambiante.
FINITION ET PRÉSENTATION
POUDRE D’AGRUMES Dans une assiette, dresser la poudre d’agru-
Prélever les zestes des agrumes, les sécher mes à l’aide d’un cercle, disposer 2 asperges
dans un four ou dans un déshydrateur à 70 °C légèrement huilées, parsemées de fleur de sel
pendant 12 heures (soit 1 nuit) environ. Dans et recouvertes avec du caviar. Disposer 2 mor-
un Robot Cook®, mixer les zestes d’agrumes ceaux d’omble chevalier, les parsemer avec Dans le RM 8 équipé du fouet, émulsionner
séchés à 3500 trs/mn ; obtenir une poudre de la fleur de sel fumée. Ajouter des points de les ingrédients cités (ajouter la maïzena en
fine. Réserver au sec. confiture de kumquat. dernier). Laisser reposer au froid.
Histoire de la Cuisine
PAR MARTINE OCCHIPINTI
22 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I HISTOIRE DE LA CUISINE
LA CUISINE,
UNE LONGUE HISTOIRE
Il y a environ 3 millions d’années que nous fabriqué les premiers outils de chasse (en carpaccio (sans sel, sans huile et sans
sommes de véritables consommateurs de pierre taillée, en bois…). Il traque le petit pesto) durant des millénaires, nous décou-
viande. Avant, nous étions des « primates » gibier. vrîmes, enfin ! les plaisirs d’une bonne
(ou, si vous préférez, des australopithèques), pierrade. Tous les morceaux furent alors
et nous consommions essentiellement des Ensuite, arriva l’homo erectus… bons à mettre sur une pierre plate posée
végétaux. Et avec lui, des méthodes, des instruments à même le feu.
de chasse plus élaborées. À nous le gros
Ainsi, il y a 3 millions d’années que nous tra- gibier ! Sangliers, mammouths… Le feu…
quons, tuons, dépeçons et découpons en Avec leur peau, nous nous protégions du Dévotement entretenu au centre de
morceaux les animaux. froid, avec leurs os nous fabriquions des quelques pierres, le feu délia l’imagination
outils ; mais pour ce qui est de cuire leur de nos premiers rôtisseurs. Gigots, épaules
Avant, nous mangions des feuilles, des chair, nous attendîmes encore quelques bien grasses et autres morceaux furent tour
herbes, des racines, des fruits et nous grim- milliers d’années. à tour cuits à l’étouffée (sous la braise) ou à
pions aux arbres pour y dormir, échappant la broche (à l'aide d'ossements d’animaux)
ainsi à nos prédateurs. Lorsque nous nous C’est finalement l’homo erectus et même en brochettes…
délections d’un petit rongeur (dévoré tout (toujours lui) qui apprivoisa le feu… Nos ancêtres nous ont laissé les traces de
cru), d’un petit reptile ou d’une larve d’in- Il y a de cela environ 500 000 ans d’après leurs premières techniques de cuisson.
secte, c’était jour d’abondance. Et lorsque certaines sources, un million d’années
nous parvenions à chaparder un œuf dans selon d’autres observations. Les récipients ?
un nid d’oiseau, c’était jour gastro, un Qu’importe, c’était hier… (à l’échelle de Une chose est sûre, pour cuire notre pre-
terme qui, vous vous en doutez bien, en ces l’humanité). mière soupe, nous fûmes bien obligés de
temps-là n’existait pas. Toujours est-il que désormais protégés des fabriquer notre premier récipient de cui-
Nous ne maîtrisions pas le langage et fauves avec nos grands feux de camps, nous sine (en jonc, en peau…)
seul l’instinct nous guidait dans nos choix descendîmes de nos arbres pour nous ins-
alimentaires. taller dans des abris sous roche (lorsqu’on La soupe…
en trouvait). Avec la soupe naît l’histoire du goût.
Puis, arriva le genre homo Le feu métamorphosa notre mode de vie. Ce fut elle qui, un jour nous donna l’idée
(nos ancêtres)… de suspendre au-dessus d'une flamme
Dont l’homo habilis. Il était petit mais tenait Une bonne odeur de viande grillée ! (au moyen d’un trépied de branches), un
déjà debout et ce serait lui qui aurait Ainsi, après avoir mangé de la viande en récipient contenant de l’eau, un morceau
HISTOIRE DE LA CUISINE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 23
© Shutterstock
© J-P Dalbéra
de viande et quelques herbes fraîches. Nous innovons encore et encore… Pour Au Néolithique…
Le récipient était en peau. C’était notre transformer une simple fonction physiolo- Le « pain » se présentait sous la forme d’une
premier « peau-au-feu »… et avec lui, nous gique (se nourrir pour survivre) en plaisirs galette faite à base d’eau et de grains broyés
découvrons les subtilités du monde des gustatifs. avant d’être cuite sous la cendre ou sur une
saveurs. Développant, semble-t-il une forme pierre (plate évidemment !).
d’intelligence. Et peut-être…
Dès lors, nous n’eûmes de cesse d’expé- Pouvons-nous émettre l’hypothèse que
rimenter des mélanges de goûts, d’inven- Nous nous humanisons… déjà, l’homme du néolithique rompait cette
ter des ustensiles de cuisine autres qu’une Notre esprit se serait-il modifié par l’exci- galette et la partageait avec ses congénères.
peau de mammouth, de peau-finer les cuis- tation de la gourmandise ? En partie cer- Et peut-être de temps en temps ouvrait-il
sons... Bref, de nous mettre en quête du tainement ! sa « grotte » à une tribu d’homos erectus
Manger mieux. pour une brochette-party.
C’est, dit-on, la soupe qui a civilisé l’homme.
Nous déployons alors des trésors La soupe et le pain. S’y retrouvaient les voisins, les amis… Nous
d’ingéniosité… ne disposions pas d’un langage élaboré,
Nous défrichons les terrains à coups de Le pain… mais qu’importe, on s’agitait, on alimentait
hache, nous retournons le sol avec une « Donne du pain » recommandaient les le feu et au dessert, à défaut de pain perdu,
houe, semons des graines pour récolter Égyptiens. la recette n’ayant pas encore été inventée,
des céréales, domestiquons les animaux « Je suis le pain de la vie », a dit le Christ. nous déposions sur une flamme languis-
pour ne plus avoir à les chasser. Nous nous sante une galette de céréales revisitée
construisons des huttes, puis des maisons Qui dit « pain » dit « céréales »… (dont nous ne perdions pas une miette.)
de pierres, de bois et de chaume. Nous La consommation des céréales, pour l’ho-
nous regroupons en petits « villages ». minidé, remonte à la nuit des temps, c’était Ne serait-ce pas à cette Amitié fraternelle
Pois, fèves, lentilles viennent diversifier nos pour lui, l’une des clefs de sa survie sur dont les hommes savent faire preuve que
repas. terre. Alors si ce « concentré » de céréales nous devons, après la Chasse, le Feu et la
Puis, nous inventons la faucille pour mois- qu’est le pain est devenu au fil des mil- Soupe, l’évolution de l’art de se retrouver
sonner et la meule à moudre pour faire de lénaires l’un des plus forts symboles de autour de quelques ripailles ?
la farine. l’hospitalité, rien d’étonnant.
24 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I HISTOIRE DE LA CUISINE
LA GRÈCE, UN EMPIRE
© Shutterstock
Les Grecs avaient un régime alimentaire des et de l’indispensable couteau pour la hiérarchie de domestiques consacrés aux
plus frugal. La consommation de viande et viande. plaisirs de la table : des esclaves, des affran-
de poisson était réservée aux riches, et ils Pas de fourchette… chis, des cocus (cuisiniers) ou de simples
n’en abusaient pas ; tout au moins durant Nous mangeons avec les doigts, et en guise culinarius (aide-cuisiniers)…
les premiers siècles de la Grèce antique. de serviettes, quelques gros morceaux de Tous se situent au bas de l’échelle du per-
Sur la table… pain. sonnel de maison. Hormis notre magei-
Des bouillies de céréales, des légumes ros. Lui, il monte en grade et s’érige en
frais ou secs, des olives, des poissons, une Au fil du temps… archimageiros ou, autrement dit : en
viande marinée et rôtie, des fromages, Les palais s’affinent, la vaisselle se raffine. archi-cuisinier.
des fruits et des gâteaux de miel. Le sucre Sur la table, on exhibe des matériaux de
n’existait pas. plus en plus précieux. Les archi-cuisiniers…
Pour assaisonner : des épices, et on adore Ils font payer très cher leurs services.
le garum. Et il y eut les fameux banquets… Les maîtres de maison citent leur nom
Pour cuisiner : l’huile d’olive. Ils sont réservés aux hommes. Seules et ils règnent en maîtres sur les autres
On produit du beurre, mais on lui préfère exceptions : les danseuses, les joueuses serviteurs.
l’huile d’olive. de flûte, les courtisanes… On accueille ses
invités dans une salle appelée audron. On Seulement voilà, n’est pas archi-cuisinier
Autour de la table… les installe assis sur des divans ou allongés qui le veut. En plus d’un très long apprentis-
Les femmes sont rares, silencieuses, et sitôt sur des lits et on discute sur la politique, la sage en cuisine, il lui faut acquérir toute une
le repas terminé, elles s’éclipsent laissant philosophie ou autres sujets variés. Car à culture contenue dans des livres relatant
les hommes se livrer à des conversations ces fameux banquets sont conviés des fins les règles de l’Art. Car la littérature culinaire
libres. lettrés. ne date pas d’aujourd’hui, les concours
culinaires non plus.
Pour le service… Dans les cuisines…
Les esclaves servent leurs maîtres. Si on n’a Il n’y eut tout d’abord qu’un domestique : Les concours culinaires dans
pas d’esclave, femmes et enfants seront de le mageiros. Lui, il était chargé de pétrir la la Grèce antique…
corvée. pâte. Si l’on recevait, c’était le maître de Le plus célèbre fut remporté par un cui-
maison qui préparait les plats de viande, il sinier nommé Chiroménès rendu célèbre
Les boissons… se faisait alors aider de ses esclaves (mâles) avec son plat gagnant : « truffes en croûte ».
On honore bien sûr Dionysos avec le vin ou de ses invités ; puis, un jour, il eut l’idée
(coupé avec de l’eau et parfois aroma- d’utiliser son mageiros pour non seulement La littérature culinaire…
tisé), sans toutefois se priver d’hydromel pétrir la pâte, mais aussi pour préparer tout Impossible d’évoquer la littérature culinaire
(mélange de miel et d’eau) ni de lait de le repas. sans mentionner Archestrate. Surnommé
chèvre et autres boissons. Le pétrisseur de pâte se retrouva derrière Docteur es repas par ses contemporains.
La vaisselle… les fourneaux. Un poète grec et grand voyageur.
Nous disposons d’une assiette creuse en Auteur d’un des plus anciens livres de
forme d’écuelle (de bois, de terre cuite), Au fil du temps, les préparations se sophis- cuisine grecque sous forme de poèmes
d’une cuillère pour les soupes et bouillies tiquent… En cuisine s’établit alors toute une épiques dont l'un intitulé Gastronomia !
HISTOIRE DE LA CUISINE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 25
LES ROMAINS...
APICIUS
Marcius Gavinius Apicius était un contempo-
rain de Tibère, il était richissime, possédait
une école de cuisine et a écrit un recueil resté
célèbre De re Coquinaria, lequel comporte 458
recettes.
À Rome, les évolutions en cuisine se dérou- phénoménales et l'octroi de surprenants En revanche, s’il avait déçu l’assistance, il
lèrent sensiblement de la même façon privilèges. pouvait se retrouver devant elle tout nu et
qu’en Grèce. fouetté. Ou bien aussitôt mis aux fers.
Il y eut tout d’abord le pétrisseur de pâte, à L’histoire raconte que l’archi-cuisinier
qui l’on demanda de préparer tout le repas. d’Antoine, à l’issue d’un fastueux banquet Aujourd’hui, cela se passe mieux pour nos
Puis finalement, on différencia les tâches, en l’honneur de Cléopâtre, se vit offrir cuisiniers, malgré les guides, chroniqueurs
on embaucha une autre personne et il y eut un palais appartenant à un riche citoyen ou internautes et leur franchise parfois
le boulanger et le cuisinier. romain, lequel fut illico presto invité à brutale.
quitter sa demeure.
Ensuite, à l’apparition des pains vendus Les banquets romains…
sur les marchés, l’on cessa de faire le pain La mission d’un archi-cuisinier… Ou la démesure…
à la maison. Le boulanger s’installe dans Une mission périlleuse : on lui demande du Sénèque disait, « les Romains mangent
sa boulangerie, le cuisinier reste dans sa spectaculaire, du compliqué, de l’insolite. À pour vomir et vomissent pour manger. »
cuisine. Il en devient le « maître ». Et, tout n’importe quel prix et de n’importe quelle Mais tous les Romains n’avaient pas les
comme le mageiros en Grèce, il s’érige façon. Il doit à la fois nourrir le ventre des moyens de s’offrir les élégances de la
ensuite en archi-cuisinier ou archimagirus. convives et alimenter la conversation de Rome antique… L'essentiel de la popula-
son maître, lequel, durant tout le repas, se tion se nourrissait chichement de quelques
Quand la cuisine devient un art… gonfle d’orgueil à commenter chaque plat, galettes de céréales.
Au IIIe siècle avant J.-C., la cuisine est et à surprendre ses invités en s’exclamant
comme une nouvelle religion. On instaure haut et fort : Les élégances de la Rome antique...
alors un code du bien-manger et l’on crée « Ce poisson-là, que vous voyez n’est pas un On reçoit dans le triclinium, où les ban-
des écoles de cuisine (Apicius eut la sienne). poisson. C’est une tétine de truie ! » quettes sont disposées autour d’une table.
Les invités s’allongent. Ils mangent couchés
Qui dit école de cuisine, dit diplôme Modifier l’apparence d’un produit était sur le côté, appuyés sur leur coude.
de cuisine… le fin du fin. C’est ce que nous rapporte
Il était de bon ton d’avoir, chez soi, un cui- Pétrone, dans son Satyricon, une délicieuse Que sert-on à table ?
sinier diplômé, mais comme un cuisinier satire sociale contre son époque… On adore les produits de la mer, la volaille,
diplômé ne s’adressait jamais directement l’huile d’olive, les bouillies de céréales,
à un marmiton (c’eut été inconvenant), on Un métier à risque… les fruits frais ou secs. On assaisonne
mit à sa disposition un adjoint, lequel avait Si lors d’un banquet, l’archi-cuisinier avait avec du garum. Et peut-être goûte-t-on
pour mission de transmettre les ordres. satisfait à la fois la vanité de son maître les recettes créées par le célèbre Api-
et l’appétit des convives, il était appelé cius dont la fameuse Murène nourrie à
La rémunération d’un archi-cuisinier ? dans la salle du festin, ovationné par l’en- la chair d’esclave qui a interpellé tous les
Elle était à la mesure de la vanité de son semble des invités et gratifié d’un présent gastronomes.
patron. Cela pouvait atteindre des sommes somptueux. Était-elle un canular ? We’ll see !..
26 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I HISTOIRE DE LA CUISINE
LE MOYEN ÂGE
Notre Moyen Âge regroupe dix siècles souffleurs, sauciers, enfants assistants... Côté confort…
d’histoire, soit mille ans ! En mille ans, vous Il porte une belle tenue, une serviette pend Nous disposions d’un couteau, d’une cuil-
imaginez les changements, les métamor- sur son épaule droite et, assis du haut de lère, d’une coupe et de la longière en tissu
phoses d’une société (du reste pas encore sa chaire, rien ne lui échappe. Il observe, pour nous essuyer les mains et la bouche.
bien structurée). réprimande, ordonne... La longière était fixée au rebord de la table
Ce que l’on sait, c’est qu’avant le XIIIe siècle (par-dessus la nappe).
les rois de France faisaient dans la sobriété, Des grandes cuisines…
ils ne déployaient pas grand luxe ni en cui- Tout était savamment ordonnancé dans Le service…
sine ni sur leur table. de très grandes salles, les princes et les Pour un repas, plusieurs services, et pour
seigneurs avaient beaucoup de gens à un service plusieurs plats. Les mets étaient
Ensuite, les siècles passant, on commence nourrir… déposés sur la table, puis découpés par
à festoyer et les tables s’animent de mille l'écuyer tranchant et les convives se ser-
couleurs, parce qu’au Moyen Âge, on aime Les banquets vaient eux-mêmes.
les couleurs ! Le moindre mets est copieu- La salle à manger n’existait pas. Au gré de « Le découpage des aliments est une acti-
sement saupoudré d'herbes ou d'épices. l’événement, de la saison, de la position vité dans laquelle la noblesse d’épée aime
Mais dans les récits de l’époque, seuls les sociale des invités et de leur nombre, on particulièrement briller », rapporte le
banquets (somptueux) sont décrits avec choisissait une pièce, et le moment venu, remarquable livre Histoire de la Cuisine et
moult détails ; sur les cuisiniers, pas un mot l’on posait des planches de bois sur des des Cuisiniers.
ni un nom. tréteaux. D’où les expressions « mettre la
table » ou « dresser la table ». L’art de la table…
De quoi alors était-il question ? Nous nous servions les plats liquides dans
D’une abondance de miel et d’épices que Une fois le repas fini, on démontait, on ran- une écuelle, une pour deux personnes.
l’on payait cher, très cher… On aimait aussi geait et si l’on quittait la demeure pour une Et la viande sur un tranchoir, une épaisse
les oiseaux à beau plumage… autre résidence, on transportait planches tranche de pain coupée en rond, elle-
et tréteaux dans ses bagages. D’où le terme même posée sur un tailloir. Un tailloir,
Dans les cuisines… « mobilier ». c’était un petit plateau fait de bois ou d’un
Dans les cuisines de notre France médié- L’itinérance était, pour les seigneurs, une métal précieux (selon le niveau social).
vale, finis les archi-cuisiniers, il s’agit désor- nécessité politique.
mais du grand-queux. À table…
Dans les campagnes, nous ne protégions Finie la position allongée. Désormais, pour
Le grand-queux… pas la table. Dans nos plus belles maisons, partager le repas, on s’assied. Et l’on se
Officier, il détient une autorité hiérarchique nous la recouvrions d’une nappe en lin, positionne d’un seul côté de la table afin
élevée et dirige un régiment de valets, blanche et épaisse. que tous profitent du spectacle.
HISTOIRE DE LA CUISINE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 27
Catherine de Médicis…
En 1533, c’est toute la Toscane qui arrive
sur les bords de Seine, au Palais du Louvre
en la personne de Catherine de Médicis.
La future épouse d’Henri II, suivie de son
personnel toscan (dont une quarantaine
de cuisiniers !), apportait avec elle des pro-
duits encore inconnus en France. Parmi
eux de nombreux légumes : artichaut,
aubergine, brocolis…
Douceurs et pâtisseries…
Outre les « petits légumes », les bagages
de Catherine de Médicis contiennent des
Catherine de Médicis
pâtisseries jamais vues, des confiseries
jamais goûtées, et… des fruits merveilleuse-
ment bien conservés en « confiture » dont
le succès défraiera la littérature culinaire
du moment.
Même Nostradamus, un habitué de la cour,
publiera son Traité des Confitures.
© iStock
L’histoire raconte que le fils de Catherine Si nous souhaitons encore manger avec les leur courant de pensées triomphe dans la
de Médicis, Henri III, lors d’un voyage à doigts, ce sera après avoir déposé le mor- haute société. Alors, la parole de l’Église…
Venise participa à un banquet « somp- ceau de viande dans notre assiette.
tueux » où tout était en sucre, « les nappes, On assouplit les jours maigres et l'on
les serviettes, les assiettes, les couverts… » Et, pour nous essuyer les mains, finie la lon- obtient même des dispenses.
L’illusion était parfaite, et quelle ne fut la gière. Pour chaque convive, une serviette. L'heure est à l'érudition.
surprise du roi lorsque sa serviette, qu’il
croyait en tissu, se rompit entre ses mains. Orfèvrerie, émaux, faïence ornent nos On s’entoure donc d’artistes,
tables. Les coupes à vin du Moyen Âge de penseurs…
Dès lors, on s'arracha les confiseurs les plus sont remisées au placard ; on les rem- On quitte le monde du religieux pour
réputés et les tables princières françaises place par des verres façonnés sur l’île entrer dans le monde de la culture, et
se couvrirent de sucre. de Murano. Et l’on découvre les verres à désormais, tout se passe autour d’une
Le sucre symbolisait richesse et puissance. jambe, aujourd’hui, nous dirions à pied. jolie table, avec des mets appropriés, des
Alors, plus on en mettait... convives choisis et les bonnes manières
Les verres à jambe… qui s’imposent.
Et le côté Salé ?… Conçus ainsi pour pallier les empoisonne-
On déguste des crêtes de coq, des crépines ments fréquents en ces temps de délices. La Renaissance culinaire en quelques
de foie de veau, des quenelles de volaille On obligeait les serviteurs à les porter à mots...
ou beignets d’artichaut… On se découvre table par la jambe, de telle sorte que même L’évolution des arts de la table et de la cui-
un goût pour le bœuf, le veau, le mouton le plus malveillant d’entre eux ne pouvait y sine à la Renaissance fut ce qu’elle fut grâce
ou l’agneau… verser un poison sans être vu. à un ensorcellement à l’italienne, à l’évolu-
Les cygnes, les hérons et paons perdent tion des mentalités, à l'essor de l'imprime-
leur suprématie et les tranchoirs dispa- Aujourd’hui, si nous attrapons toujours rie et la propagation des livres de cuisine, à
raissent, on les remplace par les assiettes. le verre par son pied, c’est pour éviter la découverte de l’Amérique et des produits
de « réchauffer » le vin avec la paume de du nouveau monde.
La table devient un art… notre main, ce qui « détériorerait son profil Tout cela influença considérablement notre
Et les manières de table aussi. On peau- aromatique ». façon d’aborder ce qu’Archestrate, dans ses
fine l’art d’agencer les tables et de servir Autres temps, autres préoccupations. poèmes, appelait (déjà) la gastronomie.
les mets. Le lavage des mains entre dans
le protocole, l’usage individuel de l’assiette La gourmandise, un péché ? Puis, la Renaissance céda la place au Grand
entre dans les mœurs et nous disposons En tout cas, on n'en fait plus tout un plat. siècle, celui de Louis XIV. Et ce sera à Ver-
à présent d’une fourchette (à deux dents) Les Humanistes sont à leur apogée, ils sailles, que la « Grande Cuisine française »
instaurée par Henri III. placent l'homme au centre de l'univers et prendra son essor.
30 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I HISTOIRE DE LA CUISINE
LE XVIIe SIÈCLE
L’ÉCLOSION DE
LA CUISINE FRANÇAISE
Louis XIV…
Il disait : « L’État c’est moi »
Il s’identifiait au soleil et se proclama
Roi-Soleil.
Mais il était avant tout un Roi-Miraculé…
À cinq ans, il est sauvé in extremis d’une
noyade. À neuf ans, il est atteint de la
variole. À 15 ans, on lui diagnostique une
tumeur au sein, à dix-sept ans une infection
vénérienne. À dix-neuf ans, on lui donne les
derniers sacrements et l’on prépare sa suc-
cession… Mais il survit et survivra à toutes
les maladies qui l’atteindront tout au long
de sa vie.
© iStock
C’est donc sous son règne que la cuisine Le roi lui-même s’entiche de jardinage. Il Un livreur venait de lui annoncer que la
prit toute son importance et que se fonda le prend des « cours particuliers », puis crée livraison des huîtres nécessaires pour le
protocole de réception à la française. son propre jardin potager. « banquet maigre » du lendemain était
impossible. Une insuffisance d’huîtres
Un gros, un très gros mangeur… La métamorphose des goûts… crues pour un repas à la fois maigre et
Louis XIV avait une étonnante aptitude à Les Français, jusque-là gros mangeurs royal, c’était, pour François Vatel tout sim-
« dévorer ». Ses journées étaient ponctuées de viande, servent à leurs tables légumes plement passer à la postérité de la honte.
de repas (royaux) et de plusieurs collations et fruits à profusion. On apprécie les Au moment même où il se donnait le coup
servies lors de ses promenades dans les légumes racines jusque-là snobés par d’épée fatal, arrivèrent toutes les bour-
jardins de Versailles. Autant dire qu’il man- l'aristocratie, on adore l’asperge, l’arti- riches d’huîtres souhaitées. Trop tard !
geait toute la journée. chaut, les petits pois… et en fin de repas, Vatel avait tout simplement oublié que, par
servir des cerises au mois de mai, c’est le précaution, il avait passé plusieurs com-
Notre Roi-Soleil était aussi passionné d’art nec plus ultra. mandes auprès de différents mareyeurs.
et protégeait les nombreux artistes qui
vivaient à la cour. Désormais, on ne mange plus, on déguste. La Cour du roi…
Parmi eux, le très célèbre jardinier paysa- Courtisans, ministres, invités, serviteurs
giste Le Nôtre et le non pas moins célèbre L’Italie nous communique son goût pour les et ouvriers… Ils sont des milliers à vivre
La Quintinie qui, à la demande de Louis XIV liqueurs. Les Vénitiens font entrer le café regroupés autour du roi, et tous ont le pri-
créa le Potager du Roy. dans nos mœurs et Dieu sait à quel point vilège d’être nourris à la cour sans bourse
le café bouleversera nos habitudes alimen- déliée.
Le potager du Roy… taires tout comme le chocolat, popularisé à
Conçu à Versailles, sur l’emplacement d’un la même période. En cuisine, la tâche est immense, une vraie
marécage qui s’étendait sur neuf hectares. Même madame de Sévigné qui pourtant fourmilière. Plus de mille cinq cents per-
Des travaux gigantesques… affirmait, « il vous conduit à la mort », finit sonnes : des maîtres d’hôtel et des maîtres-
Un aqueduc souterrain, des pierrées de (la mode aidant) par le trouver « délicieux ». queux, des hasteurs pour les viandes, et
drainage, des cultures surélevées… La des pâtissiers pour les pâtes des tourtes
Quintinie met en pratique des techniques À Versailles… (salées et sucrées), des potagers...
de culture d’une grande ingéniosité, il Des buffets, des spectacles musicaux et Tout devait être parfait. Louis XIV y veillait.
introduit en France des variétés rares de dansants… S’y activaient les plus grands
fruits et légumes, il pratique le clonage, il cuisiniers de l’époque et s’y sont affrontés La cuisine française entrait au cœur des
met au point un système de culture sous bien des maîtres d’hôtel, lesquels devaient réseaux culturels, avant même que n'appa-
châssis vitrés et sous cloches de verre... faire preuve d’un sens de l’organisation raisse le génie français.
hors du commun. L’éveil du génie français…
Des produits hors saison… Et si nous le devions aux épices ?
Ainsi, l'on vit apparaître des fraises en Un suicide passé à la postérité… En effet, avec les progrès de la navigation,
avril, des figues en juin, des asperges et Ayons une pensée pour le valeureux Vatel les épices envahirent le marché européen.
des laitues en décembre… Et l’on inventa qui, au service du prince de Condé, se Leur prix baissa et elles s’installèrent sur les
un nouveau mot : « légume primeur » transperça le corps avec une épée. tables bourgeoises. La noblesse française
32 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I HISTOIRE DE LA CUISINE
La Quintinie qui,
à la demande de Louis XIV
François Vatel créa le Potager du Roy.
s’en détourna aussitôt et dans les cuisines du roi, seuls les gentilshommes-servans Procope ! Alors même les « dames de
soufflera dès lors un esprit nouveau. Avec ont accès à la table royale. qualité » s’y précipitent d’autant qu’elles
des cuisiniers réformateurs. peuvent y déguster sorbets et glaces, une
Et une nouvelle source d'inspiration... Le service à la française… gourmandise jusqu’alors réservée au roi
Désormais, on préservera le goût originel Les potages et les entrées sont servis au et à sa cour. Et lorsqu’en 1720, le Procope
des produits. début du repas, suivis des rôtis et ensuite « invente » les mousses glacées en incor-
On remballe les épices, le vinaigre et le des desserts. porant de la crème fouettée dans ses
verjus. On les remplace par des plantes Les desserts… glaces, le succès atteint son paroxysme.
aromatiques : thym, laurier... Chaque pièce C’est au XVIIe siècle que l’on attribue au des-
de viande aura sa propre cuisson. Quant sert sa place définitive. Tout à la fin du repas, La fin d’un règne…
aux cuissons des légumes, elles seront c’est-à-dire après la desserte de la table. Le 1er septembre 1715, Louis XIV décède
plus courtes et parfois séparées. On réduit Remettre le couvert et servir des petites dans son Château à Versailles.
les mélanges de saveurs, on concocte des douceurs est un signe de richesse. Profondément attaché à son royaume,
bouquets garnis... toute sa vie, il a pris son métier de « roi »
Cette révolution culinaire entraîne le foi- très au sérieux. Il voulait faire de la France
Les sauces… sonnement d’une littérature : Cuisinier la plus puissante, la plus invincible, la plus
On y incorpore du beurre (jusque là consi- Français de La Varenne, Cuisinier royal civilisée avec ses architectes, ses écrivains
déré comme la graisse des pauvres). et bourgeois de Massialot dont l’ambition et musiciens, ses peintres et sculpteurs et…
Les sauces acides et maigres disparaissent, fut de mettre la cuisine aristocratique à la ses arts de la table.
substituées par des sauces grasses et onc- portée d’un plus vaste public.
tueuses avec des liaisons délicates à la Et s’il voulait que son règne s’inscrive dans
crème, aux jaunes d’œufs et… au beurre. Un renouveau culinaire les mémoires durant des siècles et des
La farine, ou la poudre d'amande, rem- Et des débats houleux… siècles, il a royalement réussi. Louis XIV est
placent le pain trempé. Apparaissent les La Varenne, Massialot, les cuisiniers de la le souverain français le plus connu dans le
bouillons, les jus, les coulis (qui donneront cour… Tous ces « comploteurs » qui met- monde. Et son Château de Versailles est
naissance aux fonds). taient à exécution ce renouveau culinaire resté le symbole de l'Art de vivre à la fran-
se heurtèrent à ce que l’on pourrait appe- çaise qui a inspiré les cours européennes.
Ces nouvelles sauces, plus goûteuses, plus ler les premiers critiques culinaires. Et Toutes voulaient vivre comme à Versailles.
douces au palais, acquièrent leurs lettres de les débats furent plutôt violents. Il y avait Les arts de la table lui doivent beaucoup.
noblesse, elles se transmettent de bouches ceux qui défendaient bec et ongle l’aigre-
à oreilles, elles font l’Exception de la cuisine doux, les épices, le mélange salé-sucré, Puis, il y eut Louis XV
française. les bonnes vieilles cuissons et les sauces Avec Lui, ce sera des soupers fins, plus
épaisses et ceux qui encensaient l'appari- intimes, plus décontractés d’où le roi peut
Il n’y a pas, dans toute l’Europe, une cour tion de cette cuisine bien plus légère. s’échapper quelques instants pour la pré-
royale où l’on déguste des mets aussi paration d’une omelette en cuisine.
délicieux. Bref, la cuisine devenait un sujet à contro- Alors, dans ses appartements privés à Ver-
verse, de discussions. Ça, c’était nouveau et sailles, il consacre deux pièces pour ses
Les tables … un simple début. repas, proches des cuisines, loin du regard
Elles sont à l’image des jardins à la fran- des courtisans et sans domestique.
çaise : symétrie, ordre, mesure, esthétique, La folie des glaces… Tréteaux et planches seront installés à
bon goût… Les assiettes, les couverts, les En 1686, le Procope ouvre ses portes demeure.
serviettes, les plats sont disposés selon un et séduit la bonne société parisienne.
ordre bien établi. Tout est codifié. Marbres, lustres en cristal, gigantesques Avec Louis XV, nous entrons dans le XVIIIe
Les valets ne participent pas au service miroirs… Bref le Grand Siècle brille au siècle... Le siècle des Lumières.
HISTOIRE DE LA CUISINE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 33
e
LE XVIII SIÈCLE
LA NOUVELLE CUISINE
Le XVIIIe siècle ou le siècle des Lumières parler de théories en cuisine, de recherche par ailleurs, se laissait aller à des « médita-
est celui des philosophes : Montesquieu, alchimique, de quintessence, de science, tions de gastronomie transcendante ».
Voltaire, Rousseau, Diderot, d’Alembert… de doses infinitésimales... On n’évoque pas
Tous, malgré des divergences, propagent le « moléculaire », cela viendra quelques Car « la découverte d’un mets nouveau fait
un même courant de pensée et mènent siècles plus tard. plus pour le bonheur du genre humain que
le même combat : faire reculer l’obscu- la découverte d’une étoile. »
rantisme et le fanatisme. Alors bien sûr, Les fumets font fureur, on déglace les cas- Si ça, ce n'est pas de l'amour…
on remet en question les valeurs tradi- seroles, le champagne s’introduit dans les C'est l’avènement d’une Nouvelle
tionnelles dont et surtout la monarchie sauces, on met en place les chaud-froid… cuisine
absolue. Le cuisinier des Lumières doit progresser Relançant (toujours et encore) agitation et
dans son art tout autant que les artistes âpres discussions.
La Cour du Roi… peintres ou sculpteurs ou musiciens. Dans les salons…
La Cour n’est plus le centre du pays. De Lorsqu’il est question de gourmandise, on
plus, elle est à Versailles et comme tout se Leur mission étant de « rendre les saveurs ne parle plus que de cette Nouvelle cui-
passe à Paris… homogènes », d’atteindre « une harmonie sine… Encensée par les uns, violemment
de tous les goûts ensemble ». Bref, de se vilipendée par d’autres et copieusement
À Paris… surpasser. moquée par Voltaire dont « l’estomac ne
Les conversations les plus brillantes se s’en accommode point… ».
tiennent dans des salons privés, les ren- Le goût, une science exacte…
contres se font dans des cafés dont le Brillat-Savarin, à travers son ouvrage Au-delà des querelles, une nouvelle
fameux Procope et les esprits s’échauffent La Physiologie du goût, nous ouvre une élite s’imposait…
dans des clubs où l’on discourt sur la fenêtre sur cette passionnante époque. La bourgeoisie « prend du pouvoir » et la
Liberté, les Sciences et le Progrès. En traitant son sujet (le goût) comme une Grande cuisine s’embourgeoisa. Elle n’est
science exacte, il nous fait entrer (certes plus l’apanage de l’aristocratie, les belles
Le progrès… avec humour) dans cet univers du XVIIIe demeures bourgeoises aussi veulent briller
Le progrès engendre un bouleversement siècle où, en cuisine, on ne badine pas avec par leurs raffinements et arts de la table.
intellectuel, pour ne pas dire culturel. La cui- les casseroles. Des arts de la table certes moins « grand
sine n'échappe pas à ce chambardement. luxe » que ceux des aristocrates, mais non
Elle s’intellectualise… « De toutes les qualités du cuisinier, la plus moins fastueux qui créent de profonds
Elle se remet entre les mains de savants- indispensable est l’exactitude », aimait changements dans l’art de recevoir. Les
artistes (les cuisiniers), et l’on commence à répéter notre illustre Brillat-Savarin qui, soupers intimes font légion.
34 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I HISTOIRE DE LA CUISINE
© iStock
Jean Anthelme Brillat-Savarin
Voltaire
En réalité, nous assistions ni plus ni moins attaquent en justice Chantoiseau, perdent En petit ou grand comité, le Tout Paris cite
à l’avènement d’une nouvelle aristocratie. leur procès et Chantoiseau devient leurs noms.
Souhaitant entrer dans les rangs, le bour- célèbre. Il recevra Voltaire, Diderot… et Beauvilliers, Méot, Véry… Chez qui l’on peut
geois gentilhomme voulait luxe et decorum. bien d’autres. déjeuner dans un petit salon en galante
Nous étions en 1769, soit vingt ans avant la compagnie ou fêter, à l’abri des regards, les
Et pendant que le peuple se nourrit d’une Révolution française. grands moments d’une vie ou ceux, plus
bouillie tout juste agrémentée de quelques tragiques de l’histoire.
légumes, d’herbes et de racines, la Grande Et lorsqu’Antoine Beauvilliers, ancien maître
cuisine française, celle qui a pris ses sources des cuisines de la maison royale, ouvrit Des textes historiques racontent que les
sous Louis XIV, ne cesse de se renouveler, son établissement sous le nom de Grande membres du tribunal révolutionnaire
d’innover et de briller à travers le monde. Taverne de Londres, il inaugurait là le pre- fêtèrent l’exécution de la reine Marie-
mier restaurant de grand luxe tel que nous Antoinette chez Méo, ancien cuisinier du
Puis, tout comme il y eut la Cuisine le concevons aujourd’hui. Or nous étions duc d’Orléans.
française, il y a la Révolution française… en 1782. Soit sept ans avant la Révolution
Est-ce le ventre des citoyens qui écrit l’his- française. Bref, la profession explose. Paris compte
toire d’un pays ? Ou les idées de ses grands une centaine de restaurants.
penseurs ? Sans doute un peu les deux. L’un Le Beauvilliers, un exemple largement
prenant appui sur l’autre. suivi… Époque tragique où les malheurs et les
Toutefois, il est vrai qu’à la Révolution, les famines du peuple côtoient les agapes les
Toujours est-il qu’en l’an 1789, le 14 juillet maîtres-queux de cour et de noblesse se plus extravagantes. Les pro-révolution-
très exactement, il y eut, après la prise de retrouvèrent sur le pavé ; pour subsister, ils naires eux-mêmes festoient !
la Bastille, la chute de l’Ancien Régime et, furent nombreux à ouvrir leur restaurant.
dit-on, l’ouverture de nos premiers Grands Puis, il y eut la Terreur de 1793…
Restaurants. Et quand les cuisiniers de cour Et avec Elle, apparaît la détestation des
Ce n’est pas tout à fait exact. deviennent des restaurateurs… plaisirs de la table ; certains protagonistes
Ils attirent aussitôt la bonne société. Chez de la Révolution réprouvent violemment
Nous pourrions évoquer Mathurin Roze eux, non seulement l’on déguste une cuisine les fastes culinaires de l’Ancien Régime.
de Chantoiseau, dit Boulanger, qui, fut le jusqu’alors réservée à la table des princes, Le riche et le pauvre doivent être unis et
premier à proposer un repas sur table mais en plus on est reçu comme un roi. confondus ! Les bons repas suscitent la sus-
individuelle, sortant ainsi son « bouillon » picion, et d’ailleurs plus personne n’est sûr
du lot des auberges et des tavernes dans En effet, aguerris aux exigences de la de terminer le sien. Délations, répressions,
lesquelles on se rendait, à une heure pré- noblesse, ces grands chefs de cuisine sont décapitations font florès.
cise, pour se sustenter autour d’une table de fins psychologues. Ils savent établir un
d’hôte. rapport de confiance avec leurs clients. La Grande cuisine tombe en disgrâce…
Et dans ces auberges, avant l’heure ce Antoine Beauvilliers lui-même sera per-
n’était pas l’heure, et après l’heure ce L’apparition des cartes et menus… sécuté puis obligé de quitter son établis-
n’était plus l’heure. Point de dérogation. Un bel éventail de plats et de boissons, affi- sement. Et les restaurants, après avoir
Alors, l’on peut aisément comprendre le chés avec leur prix ! Cela fut un fin stratège connu un succès foudroyant, ferment
succès que connut Chantoiseau auprès pour laisser le client faire son choix tout en leurs portes.
d’une certaine élite parisienne. Il était le discrétion et en même temps lui suggérer
premier restaurateur à servir « à toute l’envie de découvrir un plat. Heureusement, après la Terreur et les
heure ». Ce qui à cette époque était l’exclu- règlements de compte, les esprits s’as-
sivité des traiteurs (lesquels ne faisaient Ces maîtres-queux deviennent des célébri- sagissent. La France se remet à vivre.
pas asseoir leurs clients). Ces derniers tés, ils entrent dans la culture parisienne.
HISTOIRE DE LA CUISINE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 35
e e
LE XIX ET LE XX SIÈCLE
La gastronomie naissante…
Le mot gastronomie est apparu en France
en 1801, sous la plume d’un magistrat fran-
çais nommé Berchoux, auteur d’un petit
livre de poésie La gastronomie ou l’homme
des champs à table.
Le mot, repris d’un vieux poème d’Arches-
trate fera fortune.
Le Grand Véfour, autrefois Café de Chartres.
Et dans les Provinces elles-mêmes, les res- cuisine fut revue et forcément désacrali- Puis, il y eut la Première guerre mondiale,
taurants s’implantent et prolifèrent tels les sée, dans l’esprit elle est indémodable et et ses privations.
bouchons de Lyon. n’a rien perdu de son panache. N’a-t-elle
pas d’ailleurs souvent assuré la cohésion L’Après-guerre ou
Dans les maisons privées… de diverses tendances ? l’Entre-deux-guerres…
Les grands chefs y accomplissaient des L’armistice engendra un immense sen-
prouesses. Parmi eux, Antonin Carême et La Cuisine moderne timent de soulagement et des Années
ses somptueuses pièces montées (animaux Auguste Escoffier fut justement celui qui folles d’insouciance. Tout fut reconstruit,
fabuleux, pavillons, carrosses…) destinées à sut désacraliser la Cuisine classique. Il les belles habitudes se remirent en place.
décorer les tables. Peu importe si les sujets lui ôta ses derniers vestiges « royaux ». Il Arrivent en France le jazz, le music-hall, la
ne se mangeaient pas. « Grandiloquent, abandonna les décors dispendieux et non radio, l’automobile… et la Haute cuisine sera
alambiqué », direz-vous, non, Romantisme comestibles. Il remanie le travail des cui- au sommet de sa gloire.
oblige. Un mouvement culturel qui exalte le sines et du service en salle. Sauf que la clientèle huppée découvrait en
mystère, le fantastique… Dans la littérature Il fut l’inventeur de la Cuisine moderne. même temps une autre cuisine, celle de nos
de ce début du XIXe siècle, on aime les héros, terroirs.
les surhommes, les sujets allégoriques… Une classe de Loisirs…
Alors, plus on déliait sa sensibilité, son Une industrialisation croissante, le chemin La Cuisine de terroir
imagination… de fer, les paquebots… Les gens riches et L’élite parisienne longe les Nationales 6
distingués voyageaient, allaient de capitale et 7 pour se rendre vers la Côte d’Azur,
Et, en plus, on doit éblouir. en capitale, de station thermale en station elle fait escale dans des anciens relais de
balnéaire. poste devenus des hôtels restaurants et
On citait les noms des cuisiniers ; il y avait elle découvre des vins, des fromages et
ceux des congrès politiques, des fameuses L’ère des palaces… des recettes locales.
fêtes de l’Empire, des mariages… Parmi Des grands hôtels, se construisaient un peu
eux : Avice, Laguipière, Feuillet et… Carême partout dans le monde. Les restaurants Elle « adore ». Elle en parle, et le Michelin,
(au service de Talleyrand). devenaient des lieux de mondanité. Mais la (créé en 1900) se met au diapason en indi-
mondanité avait changé de main. quant (dès 1920) sur son guide les meilleurs
Antonin Carême… Les mondains se mélangeaient aux demi- itinéraires gourmands.
Il fut un maître d’hôtel hors pair, car para- mondains. La noblesse restante, l’ancienne Le phénomène s’amplifie aussitôt.
doxalement, en même temps qu’il s’ingé- aristocratie (embourgeoisée) fréquentaient
niait à réaliser des pièces d’une grande la nouvelle aristocratie politique ou indus- Désormais, lorsque la clientèle huppée
préciosité, il s’appliquait à soulager le pro- trielle et les artistes. aura envie de plus de simplicité, elle sillon-
tocole de ses vieilles préciosités ! nera la Nationale 6 au volant de sa luxueuse
Les chefs français, eux, font de la « migra- voiture Grand Sport pour boire du vin en
Idem en cuisine, il instaura une nouvelle tion ». Ils règnent dans la plupart de tous les pichet et savourer les mitonnages de la
vision des sauces en les imposant plus grands hôtels du monde. Dans le monde France profonde.
légères, plus subtiles, avec moins d’arômes, entier, la Grande cuisine est française ! Elle fera la renommée de la mère Brazier,
il modifie la forme des ustensiles… de Pic, Dumaine, Point…
Ce fut une Belle Époque, avec l’Exposition Curnonsky les surnommera les gastro-
Une Cuisine classique… universelle, avec ses extravagances, ses nomades.
Ce que nous nommons aujourd’hui Cui- larges chapeaux, ses ombrelles et bijoux,
sine classique est, d’une certaine manière, avec son ébullition artistique et intellec- Puis arriva la Nouvelle cuisine des années
la transposition de cette époque. Avec tuelle, ses ambiances où le champagne 1970, et la cuisine des terroirs, très proche
les mêmes règles essentielles, les mêmes coulait à flots… Cela se passait à Paris ou à dans ses valeurs et souvent confondue avec
recettes. Et même si, au fil des ans, cette Londres ou Monaco… la Cuisine bourgeoise, fut ringardisée.
HISTOIRE DE LA CUISINE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 37
© G. Vaysse - www.pressealpesmaritimes.com
Christian Millau Georges Pralus
La Nouvelle cuisine… Et ensuite, il y eut la séparation « suicide » Celles aussi du chef Raymond Oliver qui, le
Métaphore ? Aphorisme ? des deux compères Henri Gault et Christian premier, a cuisiné devant les caméras de la
En tout cas, l’expression fut lancée par Millau… Mais ça, c’est une autre histoire. télévision.
Henri Gault et Christian Millau.
Après les péripéties de la Nouvelle cuisine Au même moment, la Cuisine sous-vide…
C’était en 1973, juste cinq ans après Mai 68 ; instaurée par Gault et Millau, on en revient Elle fut mise en place par Georges Pralus.
nous vivions alors une époque qui aspirait aux fondamentaux. Sauf que dorénavant, Un des personnages marquants dans l’évo-
à la liberté, à des révolutions, à des idées on s’octroiera une grande liberté. Ce qui lution de la cuisine. Lui qui commença sa
nouvelles. L’homme (surtout l’intellectuel) aujourd’hui pourrait paraître banal, mais à longue carrière de cuisinier sur un porte-
n’a plus le temps de s’éterniser à table. Il l’époque ça ne l’était pas tant que ça. avion, lors de son service militaire. Après
est trop occupé à déconstruire le monde une formation de charcutier.
pour reconstruire une société sans classe. « La cuisine française devenait frondeuse », Très vite ensuite, il se fait remarquer par ses
Et sans faste. Fini le luxe des grands restau- dira quelques années plus tard Michel cuissons originales telles son coq cuit dans
rants. Exit cette Cuisine classique, ou bour- Guérard. la paille, d’où le nom de son restaurant, Coq
geoise ou de terroir… (donnez-lui le nom Lui, qui obtint sa première étoile au guide en paille à Charlieu, tout près de Roanne et
que vous voulez), figée, lourde, grasse et Michelin dans son petit restaurant à des frères Troisgros.
prétentieuse. Avec ses plats couverts d’une Asnières, avec des salades gourmandes
sauce cuite et recuite ! aux haricots verts, asperges et foie gras Entre la paille et le sous-vide, n’y aurait-il
devant lesquelles les anciens criaient au qu’un pas à franchir ? Toujours est-il que
Un nouveau matériel s’installait en cuisine, sacrilège. notre cuisinier Pralus, un jour, entendant
plus performant, plus pratique, alors autant son ami Pierre Troisgros se désoler des
cuisiner à l’instant ! La Cuisine Minceur… « pertes » lors de la cuisson du foie gras, se
Michel Guérard fut le précurseur vision- prit à gamberger.
Était-ce une vraie rupture ? naire qui, dès 1975, dans sa belle maison Et lui, qui, tout petit, rêvait d’être un inven-
En réalité, la Nouvelle cuisine ne prétendait d’Eugénie-les-Bains, posa les fondements teur, inventa la cuisson sous-vide.
pas être Une nouvelle cuisine à propre- d’une cuisine de légèreté et de goût : la Cui-
ment parler. L’histoire regorge de « nou- sine Minceur. Très vite reconnue comme Une technique encore aujourd’hui consi-
velles cuisines ». Elle ne préconisait pas non une Grande Cuisine Minceur, elle fut auréo- dérée comme l’une des plus performantes
plus « ni règles ni méthodes ». lée des trois étoiles au guide Michelin. pour tirer la quintessence des aliments.
Au-delà de ses « Commandements », elle Surtout en basse température.
s’insurgeait surtout contre les dogmes en Ces années-là…
cuisine qui inhibaient la libre expression du La Cuisine française devenue « frondeuse », À l’échelle planétaire, ce fut une Révolution
talent des chefs. fit, une fois de plus, parler d’elle au-delà dans l’univers des cuisines…
de nos frontières, aidée en cela par Paul Mais nous, en France, nous aimons les
Qu’il y eut ensuite des glissements n’est pas Bocuse. révolutions… Alors nous nous prenons à
surprenant. Il en est toujours ainsi quand ronronner.
un mouvement apparaît, il y a ceux qui sai- Car ces années-là sont aussi à Paul Bocuse. La France ne continuait-elle de briller
sissent le mouvement, et ceux qui saisissent Le premier chef, après Escoffier, à expor- encore et toujours sur la planète gastro-
l’opportunité. ter notre patrimoine culinaire de par le nomie ?
Vilipendée, devenue le symbole des mini- monde. Jusqu’au jour où…
portions, elle connut son déclin.
38 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I HISTOIRE DE LA CUISINE
© Shutterstock
© Shutterstock
La cuisine moléculaire et ses remous !
Jusqu’au jour où un « truc » incroyable et du chef où l’on transforme à l’envi et moindre idée sur une simple béchamel ni
inattendu nous arriva droit d’Espagne. sans limite les saveurs et les textures des une basique chantilly, ouvrirent leur « gar-
Tout sembla basculer. produits. Une véritable expérimentation gotte » avec comme seul bagage la panoplie
scientifique. du petit chimiste.
Un cuisinier très, très audacieux…
Tout ou presque a commencé en 1991. Le Sous l’impulsion du chef catalan, la cui- Mais Alain Ducasse n’avait-il pas raison
public découvre Ferran Adriá, son restau- sine devient un art (ce n’est pas nouveau), lorsqu’il proclamait à propos de tout ce
rant El Bulli à Rosas et sa cuisine inclas- mais un art que l’on place très haut dans la chambardement, « Ce serait une erreur de
sable, la plus ou moins bien nommée hiérarchie. laisser croire que la cuisine moléculaire
« moléculaire ». Alors, pour elle (la cuisine), on organise puisse devenir la norme. La pensée unique
Un Catalan super-glam. Qui n’accorde que des rencontres-débats à la Sorbonne. Doc- est toujours dangereuse ».
de rares interviews. Qui, lorsqu’il consent teurs en histoire de l’art, artistes plasticiens
à un show-case met l’assistance en transe, débattent… Désormais, il ne s’agira plus de Effectivement, les années passant, les
toutes générations confondues. cuisine mais de eat art. esprits les plus survoltés s’essoufflèrent et
la cuisine, une fois de plus, reprit son cours
Ferran Adriá et sa cuisine moléculaire… Ou, mieux, de eat art techno-émotionelle… d’avant. Ou presque. Parce que, se situant
Une cuisine qui attire chaque année des Bref, la cuisine, une science qui s’adresse à au-dessus des dérives, nos grands chefs
milliers de demandes de réservation nos multiples récepteurs sensoriels. ont parfaitement maîtrisé les nouvelles
(10 000 dit-on) pour seuls quelque trois techniques apportées par Ferran Adriá
mille élus qui vivront une expérience culi- Désormais, le cuisinier devra décrypter les et ont intégré les meilleures innovations
naire relevant de la science-fiction. Dans sonorités culinaires… la différence entre scientifiques dans leur cuisine de tradition.
une salle de restaurant contenant à peine le croustillant et le croquant… Analyser la Et en cela, Ferran Adriá a gagné. Lui qui, au-
vingt-cinq couverts. chromatique du sucré et du salé. delà de cette parodie était un vrai cuisinier.
Des carottes destructurées et reconsti- Définir les molécules odorantes de chaque
tuées en cubes, des petites billes de mousse produit. Et surtout ne pas négliger la cin- Et si Gault et Millau, à travers la Nouvelle
gélifiées, une momie de rouget, un cara- quième saveur : l’umami (délicieux en cuisine, avait provoqué une sensibilité
mel d’huile… On se pâme devant des créa- japonais). et une réflexion communes qui a fédéré
tions spectaculaires physico-chimiques… Ensuite, il devra apprendre à construire toute une génération de chefs, la specta-
Le monde entier ne jure que par El Bulli ! un plat, à le déconstruire puis à le recons- culaire cuisine de Ferran Adriá a boule-
truire. Et à rester cool. versé le mental de toute une génération de
Dans les cuisines, l’ambiance est surréa- cuisiniers.
liste, une nuée d’apprentis, de stagiaires, Moléculaire, vous avez dit moléculaire ? C’est elle qui a suscité et peut-être exacerbé
de cuisiniers… Le restaurant n’est ouvert Tout le monde voulait en être. Certains auprès des jeunes cuisiniers cette envie
que l’été. L’automne et l’hiver, même apprentis sorciers, sans aucune for- de développer « sa » cuisine « très person-
atmosphère dans l’atelier de recherche mation culinaire de base, n’ayant pas la nelle » et d’y apposer « sa » signature.
HISTOIRE DE LA CUISINE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 39
e
LE XXI SIÈCLE
Dominique Loiseau
PAR MARTINE OCCHIPINTI
Dominique Loiseau a bien voulu s’attarder On a épuré au maximum. Parce que, face à est parfois un luxe ; nous leur apportons
un moment avec nous pour se lancer dans une assiette dépouillée du superflu, l’ob- une attention particulière.
la rétrospective d’un chemin parcouru. jectif peut se concentrer sur l’essentiel.
Notre menu-déjeuner à 75 euros, servi
Votre sentiment sur l’univers de Tout le monde achète des magazines : les tous les jours, y compris les week-ends,
la gastronomie au terme de ces cuisiniers, les amateurs avertis, le grand est devenu la sortie du dimanche midi des
trente dernières années ? public… Et pour tout le monde, les dres- clients des environs. Les repas domini-
Il a gagné en élégance, en finesse… sages bien affinés, bien taillés et bien pré- caux reviennent en force et drainent une
Il m’arrive parfois de sortir les premiers sentés sont devenus la référence. clientèle locale. Ce qui est fort appréciable
articles consacrés à Bernard, je suis frap- parce qu’ici, l’hiver est long.
pée par les photos. Des assiettes de vieille Néanmoins, j’ai la nette impression que
auberge, avec des petites fleurs, un produit, la sauce fait sa réapparition. Bien sûr, les Quant à la clientèle très aisée, elle tend à se
ses accompagnements et une sauce qui chefs n’en mettent plus dans leurs présen- réduire, ce qui ne veut pas dire que nous
occupait tout l’espace. tations à l’assiette ; lors du transport elle ne l’avons plus, mais aujourd’hui, elle se
risque de migrer dans les coins…Mais une concentre plutôt sur Courchevel, la Côte
Aujourd’hui, quand on voit le dressage des fois le client servi, le personnel de salle d’Azur ou Paris.
assiettes de nos grands chefs, c’est le jour verse la sauce sur les mets et dépose la
et la nuit. saucière sur la table. En revanche, nous constatons une belle
C’est un compromis… progression parmi la jeune classe moyenne.
Tous cultivent la légèreté, l’épure… Sans doute due aux émissions télévisées.
Cette tendance est venue sous l’impulsion Au niveau de la clientèle, avez-vous Ces jeunes ont une forte demande.
des journalistes. observé un changement de Ils posent beaucoup de questions, sur le
Pour vendre un magazine, il faut de belles fréquentation, de comportement ? visuel de l’assiette, les saveurs, les pro-
photos, or une sauce dans une assiette, La clientèle qui vient au Relais Bernard duits… Ils vivent chaque assiette comme
ce n’est pas photogénique. Alors on a Loiseau pour célébrer une occasion s’est une vraie expérience.
enlevé les sauces, travaillé les lignes, les bien maintenue, voire même étoffée. Pour Et ils s’aperçoivent que la grande cuisine
couleurs… cette clientèle, s’offrir un repas chez nous est désormais un luxe abordable.
42 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LE REL AIS BERNARD LOISEAU
© M. Cellard
Le jardin créé en 1991 sous l’impul-
sion de Dominique Loiseau. Ce jar-
din à l’anglaise, avec ses 3000 m2
de verdure est un havre de paix et
témoigne de la passion de Domi-
nique Loiseau pour le jardinage.
© F. Juery
Les restaurants élitistes… & Châteaux à se doter d’un spa intégré. besoin de viande ? Je n’en sais rien. Mais
C’est une époque révolue, et nous sommes Ensuite d’autres ont suivi. Aller se relaxer je pense que les repas sans viande vont
obligés de calculer nos prix au plus juste. dans un spa, c’est devenu un réflexe pour la entrer dans les mœurs…
clientèle d’un Relais & Châteaux.
Que représente le Relais Bernard Ce qui, ces dernières années,
Loiseau pour sa clientèle ? Le restaurant Loiseau des Sens… n’a pas changé dans votre vie ?
Nous sommes une référence. C’est pour Ouvert en 2017. Nous voulions absolu- Ma passion pour les choses simples.
ça que la haute gastronomie aura toujours ment le démarquer du restaurant gastro- Au Relais, nous n’avons pas les moyens
sa place dans la société, nous avons tous nomique. Les prix sont très abordables, et d’avoir un jardinier, alors je restructure, je
besoin d’avoir des référents. sa cuisine santé-plaisir attire les clients de coupe, je plante des essences originales,
l’hôtel et aussi une clientèle locale. des plantes... et ça, j’adore.
Les aménagements qui se sont rajoutés Mon amour pour les poules, les canards.
ces dernières années… La cuisine santé-plaisir… Chez moi, dans mon parc, vivent une ving-
Les tout derniers : La Villa Loiseau des Sens C’est une tendance irrécusable. Nous allons taine de poules naines et une quarantaine
avec son nouveau spa et son restaurant Loi- vers ça, c’est évident. de canards : des carolins, des mandarins,
seau des Sens. des sarcelles d’hiver... Je me ressource
Être végétarien… dans la nature et au bord de mon étang
Le nouveau spa… Notre génération a été élevée au steak dans le Morvan.
Celui que nous avions était devenu vrai- bien rôti avec une bonne sauce. Donc Et bien sûr, mon profond attachement
ment, vraiment trop petit. nous avons cette jouissance de la viande. pour le Relais Bernard Loiseau.
En 2000, nous étions le premier Relais Les futures générations auront-elles ce
PASCAL ABERNOT I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 43
Pascal Abernot
Directeur du Relais Bernard Loiseau
PAR GUILLAUME BOSC-THURIÈS
© M. Cellard
Après un passage de quatre années à La compliqué dans la filière restauration. Ce Pensez-vous que les salaires peuvent
Côte d’Or auprès de Bernard Loiseau et n’est pas un secret, il est très difficile pour être un frein ?
deux années en tant que directeur du res- des structures comme la nôtre de trouver Oui cela peut l’être. Cependant, nous
taurant Alain Chapel à Mionnay, Pascal du personnel compétent et motivé. sommes dans un domaine où la masse
Abernot prend la direction du Relais Ber- salariale représente plus de 50 % du chiffre
nard Loiseau en 2006. Comment l’expliquez-vous ? d’affaires. La réalité économique fait que
Homme de terrain, il est très présent Nous sommes encore dans un secteur où les salaires sont identiques à la majorité des
auprès de ses équipes avec lesquelles il beaucoup de jeunes arrivent sans avoir professions, qui elles, offrent des contrats
partage son expérience et sa passion pour forcément de vocation. Cela se retranscrit du lundi au vendredi avec des horaires
la gastronomie et l’hôtellerie de luxe. dans leur envie d’apprendre et leur moti- classiques, sans coupures l’après-midi ni
À heure où le recrutement et la gestion des vation. Le personnel réellement qualifié est travail en soirée et le week-end.
hommes se font de plus en plus complexes, donc une denrée rare. La rémunération est importante certes
nous revenons avec lui sur ces enjeux. mais il faut absolument exercer ces métiers
Le turn-over du personnel est-il par passion.
T. G. M. : Combien de salariés travaillent important ?
au Relais Bernard Loiseau ? En moyenne un collaborateur reste à peine Comment la gestion du personnel va-t-elle
P. A. : Entre la partie hôtellerie, le spa, la Villa plus de 2 ans chez nous. La fidélisation est évoluer dans les prochaines années ?
Loiseau des Sens et le restaurant gastrono- un réel enjeu pour nous. Il faut modifier notre approche des jeunes
mique, nous sommes 90 collaborateurs. générations.
Avant l’ouverture du nouveau spa et de la Qu’avez-vous mis en place pour Les problèmes rencontrés sont surtout liés
Villa Loiseau des Sens en juin 2017, nous favoriser la fidélité à votre maison ? à la formation initiale. Il est donc absolu
étions 60. Nous avons mis en place un système de ment nécessaire que l’orientation soit
formation en interne : chaque supérieur revue pour être certain qu’à la sortie des
Avez-vous eu des difficultés de recrute- hiérarchique forme ses subordonnées. Et écoles, les jeunes soient dans nos établis-
ment lors de cet agrandissement ? en parallèle, nous favorisons la promo- sements par vocation et non à défaut de
Pour le spa, nous n’avons pas rencontré tion rapide des collaborateurs démon- n’avoir pas eu d’autres propositions de for-
trop de soucis. Par contre, cela est bien plus trant leur potentiel. mation professionnelle après le collège…
44 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I ÉRIC ROUSSEAU
Éric Rousseau
Directeur de salle
PAR GUILLAUME BOSC-THURIÈS
Restaurant gastronomique
Bernard Loiseau
© F. Juery
L’œnothèque du
Relais Bernard Loiseau.
Vous avez pourtant mis en place nous inscrivons dans la volonté de valori- Quel est l’objectif de l’association ?
une œnothèque… sation des produits et producteurs locaux L’idée est d’accompagner les profession-
Tout à fait. En collaboration avec notre chef depuis le début. nels d’aujourd’hui et de demain, revaloriser
sommelier, Éric Goettelmann, nous avons une profession dynamique, mais parfois un
créé une œnothèque permettant de pro- En salle, les plats sont de plus en plus peu houspillée. L’association est ouverte
poser plus de 40 sortes de vin au verre. finalisés devant le client… à l’ensemble des acteurs de la filière, qu’ils
Cela permet de déguster plusieurs crus Ce « dernier geste » permet de se rap- soient professionnels, enseignants ou
tout en maîtrisant sa consommation et son procher du client et de discuter avec élèves.
budget, certaines bouteilles pouvant être lui. Lorsque nous servons un plat, nous
difficilement accessibles lors d’un même devons savoir expliquer la philosophie À travers différents concours, colloques
repas. de celui-ci alors que nous n’en sommes et manifestations, l’association met en
pas les créateurs. Cet exercice n’est pas relation experts et professionnels afin
Constatez-vous plus de demandes si évident. de favoriser l’échange et la transmission
de clients végétariens où végétaliens ? En parallèle, cela valorise les métiers de entre les générations.
La demande d’un plat végétarien, végéta- salle en les impliquant davantage.
lien ou sans gluten, n’est pas fréquente. Votre départ à la retraite est prévu
Nous n’avons d’ailleurs pas de menu végé- Vous faites partie des membres pour fin juillet, un peu de nostalgie ?
tarien à la carte. Cependant, si nous en fondateurs de Ô service - des talents Nostalgique… je ne pense pas. Ce métier
avons la demande, nous pouvons sans pro- de demain qui œuvre pour les métiers m’a apporté énormément et je l’ai exercé
blème satisfaire à cette requête. de la salle, comment cette association avec passion pendant plus de 40 ans. J’ai eu
est-elle née ? la chance d’avoir toujours été soutenu par
Comment voyez-vous évoluer Plusieurs directeurs de salle s’étaient réu- ma famille malgré toutes les contraintes.
la clientèle dans les 10-15 prochaines nis, en 2012, lors des Assises des métiers Désormais, place à la jeunesse !
années ? de salle, présidée par Régis Marcon.
Les attentes en terme de produits bio et Nous étions un peu interloqués que cette Connaissez-vous votre successeur ?
locaux vont se poursuivre. Nous sommes assemblée soit présidée par un cuisinier. Ce sera Valentin Merot, un jeune homme
au stade encore embryonnaire où manger Cela nous a décidé à créer une associa- tout aussi talentueux que motivé, il a inté-
est un acte sociétal et cela va se renforcer tion afin de prendre l’avenir de notre gré l’établissement en septembre 2017 et a
à l’avenir. Il faut nous y préparer dès main- métier en main et en assurer la pérennité. déjà montré toutes ses capacités. Je n’ai nul
tenant. Au Relais Bernard Loiseau, nous Tout est allé très vite par la suite. doute quant à son succès à venir.
46 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LA CUISINE DE PATRICK BERTRON
Patrick Bertron
Chef des cuisines
PAR MARTINE OCCHIPINTI
Patrick Bertron…
Un chef dont tout le travail de création
se porte sur l’équilibre, la note juste, la
précision.
Dans ses assiettes : un thème, un produit
et autour toute une ambiance, presque
une sensation consolidée par des petites
touches de saveurs. Un bel ouvrage dédié
aux élégances de la cuisine.
Restaurant gastronomique
Bernard Loiseau
© F. Juery
T. G. M. : Trente-six ans de métier J’ai encore en tête une assiette de jam- Fallait-il absolument les suivre ?
dans l’univers de la gastronomie... bon sec du Morvan, que nous servions Il appartient à chacun de faire ses choix.
Si vous deviez définir les changements accompagné de petits raisins « arrosés » Un chef peut « stagner » s’il le souhaite et
qui se sont produits lors de ces d’un sirop aigre-doux (fait de sucre et de s’inscrire dans une valeur forte dont il ne
dernières décennies… vinaigre). Toute la subtilité du plat résidait sortira pas. Il y a quelques chefs comme ça,
dans cette garniture, elle cristallisait l’at- qui, au fil des années, ont créé leurs plats-
P. B. : Ces dernières années ont instauré des tention de notre clientèle, des guides, des signatures et les laissent à la carte ad vitam
changements fondamentaux. La cuisine a journalistes… c’était elle qui apportait la æternam.
évolué, les lieux ont évolué, les mentalités note « gastro ».
aussi, les attentes de nos clients... Ont-ils raison ?
Parfois, nous ressortons des vieilles cartes, Vous imaginez ! Des raisins légèrement aci- Celui qui a raison est celui qui remplit son
des vieilles photos. On en reste abasourdis : dulés qui remplaçaient les traditionnels restaurant, et qui, les années passant, conti-
nous faisions ça ? cornichons, et cela faisait tout un plat. nue d’être une personnalité dans le métier.
Aujourd’hui, c’est du bistrot ! Quand je raconte ça à nos jeunes en Et puis, nous avons tous notre libre arbitre.
cuisine… Rien ne nous oblige à suivre un mouve-
Je me souviens, lorsque je suis arrivé à ment culinaire s’il nous mène vers une cui-
Saulieu, en 1982, la maison avait ses deux Effectivement, nous sommes à sine qui va à l’opposé de celle à laquelle se
étoiles au guide Michelin, et sur la carte, des années-lumière de cette réfèrent nos goûts.
nous présentions une douzaine d’entrées douce période…
dont cinq ou six étaient au top et vraiment Le grand changement s’est fait petit à petit, Un écrivain a son style d’écriture, un chef
« gastro », mais le reste… mais les évolutions ont été constantes. de cuisine a son style de goût. Il ne peut
48 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LA CUISINE DE PATRICK BERTRON
© M. Cellard
pas tout valider au prétexte qu’il lui faut se Vos équipes… Aujourd’hui, pour atteindre du haut
diversifier. En cuisine, il existe de vraies discussions. niveau dans l’assiette…
Même si c’est le chef qui donne le tempo La cuisine est devenue un immense terrain
Seule la personnalité du chef doit prendre et décide en dernier lieu, la cuisine est un de jeux à explorer et revisiter sans cesse.
le pouvoir dans l’assiette. travail d’équipe. Le monde bouge, il faut suivre tous les
mouvements : les différentes approches du
Votre position ? L’héritage de Bernard Loiseau… goût, l’univers des produits, l’esthétique, le
Je suis de ceux qui restent en éveil, qui Les recettes mythiques du chef figurent sur matériel… On ne doit jamais lâcher la garde.
observent, parce que si je veux gagner la la carte, mais elles n’occupent pas la posi-
bataille, je dois renouveler ma compréhen- tion centrale. Vous êtes toujours sur le fil…
sion du métier. Le temps a passé. Aujourd’hui, nul ne peut Tous les chefs deux fois étoilés pensent à
dire comment Bernard Loiseau aurait la troisième étoile, alors si un chef « trois
La « bataille » ? abordé les dernières évolutions du métier. étoiles » ne s’active pas tout autant, il se
Avec madame Loiseau, nous ne souhaitons laisse forcément distancer.
pas reconquérir la troisième étoile. Nous L’évolution de votre cuisine…
voulons conquérir la troisième étoile. La cuisine du Relais Bernard Loiseau n’a Quelles sont les nouvelles attentes
jamais cessé d’évoluer. du consommateur ?
Comment expliquez-vous la perte Déjà, dans les années 2004, nous avions Aujourd’hui, c’est le produit qui est au cœur
de cette troisième étoile ? créé une cellule de recherche avec mes de la cuisine.
Nous nous étions arrêtés sur une bonne, anciens seconds Christophe Quéant et Il y a quelques années de cela, les chefs
voire même sans doute une très bonne cui- Arnaud Faye ainsi que l’ancien chef pâtis- obtenaient leurs étoiles avec une cuisine qui
sine, élaborée avec d’excellents produits… sier Benoît Charvet. requérait beaucoup de travail, de sophis-
Cela ne suffit plus. La grande cuisine ne se tication. Aujourd’hui, si vous observez les
limite plus à cela. Et à présent ? chefs qui sont restés parmi l’élite, vous vous
La perte de la troisième étoile m’a de nou- apercevrez que leur cuisine n’est plus du
De nos jours, la cuisine d’un chef triple- veau propulsé dans une nouvelle approche tout axée sur la complexité, mais sur le goût.
ment étoilé doit captiver, émouvoir, avoir de la cuisine.
ses subtilités, son originalité et du style. Elle Les réformateurs de ces dernières
doit se distinguer des autres cuisines. C’est-à-dire… décennies…
Il nous aurait été plus facile de nous raccro- Bernard Loiseau qui s’est distingué avec sa
Une cuisine signature en quelque sorte… cher à un certain « ronron », de le réinter- « cuisine à l’eau », c’était l’épuration totale.
Tout à fait. Une cuisine qui interpelle, nous préter, de l’adapter... Avec madame Loiseau, Puis Marc Veyrat qui a fait grand bruit avec
transporte dans un univers vraiment à nous avons préféré tout reconstruire et sa cuisine aux herbes, et bien d’autres chefs
part. On aime ou on n’aime pas, mais on je me suis retrouvé donc dans une phase comme bien sûr Ferran Adriá avec sa cui-
s’en souvient. nouvelle. sine, dite « moléculaire », très décalée, dont
les répercussions se ressentent encore à
Votre univers… Avec tout de même un savoir-faire l’heure actuelle.
La lumière du Morvan, les herbes du Mor- bien acquis…
van, l’atmosphère du Relais Bernard Loi- Oui, sauf qu’à présent, je me satisfais diffi- Lorsqu’une mouvance s’impose
seau, bien ancré en Bourgogne, et mon cilement d’un plat, même s’il est très bon. dans le paysage culinaire…
attachement profond pour ma Bretagne Avec mes équipes, nous l’affinons jusqu’à Il y a ceux qui prennent position, ils clament
natale… cette petite pointe qui va faire la différence. haut et fort : « Ça, c’est l’avenir ! ».
LA CUISINE DE PATRICK BERTRON I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 49
© M. Cellard
En 2006, « Sommelier de l’année »
par le magazine Le Chef.
En 2010, « Sommelier de l’année »
par le Guide Champérard.
En 2016, « Sommelier de l’année »
aux trophées de la gastronomie.
En 2018, il reçoit le « ASI International
Gold Certification ».
Ou bien : « Plus personne ne voudra des a forcément amenés à une approche du proche d’ici et avec un fermier qui élevait
sauces ! ». produit très différente de celle que nous des pigeons…tout près de la maison.
C’est un peu comme une chanson à succès, avions lorsque nous piquions avec une C’est ce qu’aujourd’hui nous appelons les
elle passe sur toutes les ondes, on n’entend fourchette l’intérieur d’une viande ou d’un « circuits courts » ou le « locavore ».
qu’elle. Et puis finalement, les choses se cal- poisson pour mesurer la température.
ment et tout retrouve sa place d’une façon Le véganisme, le végétarisme,
naturelle. Qu’est-ce qu’une bonne cuisson ? la cuisine santé…
Une cuisson qui n’altère en rien le goût du Là encore, ce ne sont pas des modes de vie
Lorsque la mode se démode… produit, mais au contraire restitue pleine- qui, d’un seul coup, ont surgi d’on ne sait
Elle devient une niche à idées, on y pioche ment sa saveur et sa particularité. où. Ce qui, en revanche est nouveau, c’est
ce qui nous intéresse. leur médiatisation. Les clients aujourd’hui
Si le savoir-faire des chefs a évolué, n’hésitent plus à afficher leur divergence
Lorsqu’un courant très avant-gardiste le palais des clients aussi. alimentaire.
passe, il laisse immanquablement quelque Voici pourquoi si l’on se contente de faire
chose derrière lui. Ne serait-ce qu’une juste très bon… Ce sont nos clients qui nous Pensez-vous que ces phénomènes
envie de se libérer de ses carcans habituels. poussent perpétuellement en avant. s’amplifieront dans les années à venir ?
Je l’ignore, l’avenir nous le dira. Pour le
Les nouvelles technologies en cuisine… Le locavore… moment, dans l’univers de la gastrono-
Elles ont considérablement modifié le Nous avons mis un mot nouveau sur une mie, ils sont de l’ordre du microcosme.
comportement des cuisiniers. pratique qui n’est pas une nouveauté. Les
cuisiniers ont toujours été très attachés à Ce qui n’a pas changé dans le métier
Comme par exemple… leur région et ses producteurs. de chef ?
Le nouveau matériel dont nous disposons La passion, l’enthousiasme et le travail !
qui nous permet de maîtriser les cuis- Lorsque je suis arrivé à Saulieu, monsieur
sons au dixième de degré près. Cela nous Loiseau collaborait avec un jardinier tout
50 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE PATRICK BERTRON
NAVETS BOULE D’OR Éliminer les fanes des mini-navets boule d’or. JUS TOURBÉ
- 500 g de gros navets boule d’or (250 + 250) Laver et frotter les navets puis les mettre sous- - QS d’arêtes et parures de sandre
- 400 g de beurre (environ) vide avec le beurre parfumé. Cuire dans un four - QS de beurre, roux, sel, poivre
- 100 g d’huile de navette vapeur à 85 °C pendant 2 à 3 heures suivant la - 1 l de vin blanc réduit de moitié
- 1/3 de zeste d’un pamplemousse maturité et la grosseur des navets. Couper les - 100 g de whisky tourbé
- 1/3 de zeste d’une orange navets en 4, puis les glacer avec le jus de cuisson.
- 5 g de poivre (Timut) PROCÉDÉ
- 500 g de beurre clarifié RAVE DE NAVETS BOULE D’OR Mettre sous vide la grosse arête et les parures de
- 20 mini-navets boule d’or Éplucher les gros navets boule d’or restants, les sandre, cuire dans un four vapeur à 85 °C pendant
- QS de sel, poivre, miel, whisky tourbé tailler en bandes à l’aide d’une mandoline japo- 1 heure. Passer au chinois étamine, réduire le jus,
naise puis les mettre au sel pendant 1 heure. Rin- le lier légèrement avec un roux puis ajouter le
cer à l’eau courante pendant 30 minutes puis cuire vin blanc réduit de moitié, assaisonner, ajouter
MOUSSELINE DE NAVETS BOULE D’OR comme une choucroute. Réduire le jus jusqu’à la le whisky tourbé, monter légèrement au beurre.
Éplucher la moitié des gros navets boule d’or nappe, le parfumer avec du whisky tourbé et
et les tailler en gros quartiers, les cuire à l’étu- ajouter du miel. Rectifier l’assaisonnement.
vée puis les mixer. Lisser la mousseline obtenue
avec du beurre et l’huile de navette, refroidir et
réserver. À SAVOIR
Huile de navette : huile fine et légère au
CUISSON goût franc de chou et de navet extraite d’une
Infuser les zestes d’agrumes et le poivre dans plante annuelle à fleurs jaunes de la famille
le beurre clarifié chaud pendant 30 minutes des brassicacées (crucifères).
environ.
LES RECETTES DE PATRICK BERTRON I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 51
© F. Juery
52 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE PATRICK BERTRON
© F. Juery
LES RECETTES DE PATRICK BERTRON I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 53
JUS DE VEAU PROCÉDÉ de citron + sel). Égoutter et sur le dessus des scor-
À LA CITRONNELLE À l’aide d’un rouet à légumes, réaliser des fins fila- sonères, réaliser des entailles (pour faire tenir les
- 300 g de jus de veau ments de pommes de terre. Recouvrir de papier légumes « grains de riz »).
- 1 bâton de citronnelle sulfurisé 4 tubes en cuivre ou en inox de 5 cm Cuire les parures réservées à la vapeur, puis mixer
- 10 g de vinaigre de citron de diamètre et de 15 cm de longueur puis enrou- en mousseline très fine, la monter au beurre et
- 1 zeste de citron confit en brunoise ler autour les filaments de pommes de terre à la ajouter le vin blanc sec réduit, assaisonner.
- QS de sel, poivre façon d’un ressort. Frire à 150 °C jusqu’à colora-
tion. Retirer et laisser sécher. LÉGUMES « GRAINS DE RIZ »
PROCÉDÉ - 4 mini-carottes fanes
Porter le jus de veau à ébullition, ajouter le bâton SCORSONÈRE FONDANT - 4 mini-carottes fanes jaunes
de citronnelle et l’infuser pendant quelques - 4 scorsonères (salsifis) - 4 mini-betteraves chioggia (ou jaunes)
minutes. Retirer la citronnelle, assaisonner, ver- - QS de farine, jus de citron, sel, poivre
ser le vinaigre de citron et la brunoise de zeste de - 100 g de vin blanc sec réduit PROCÉDÉ
citron confit, assaisonner sel et poivre. Éplucher et tailler les mini-légumes en forme de
PROCÉDÉ gros grains de riz. Les cuire séparément à l’an-
CROUSTILLANT DE POMME Éplucher les scorsonères, les tailler en 4 tronçons glaise puis les refroidir et les réserver.
DE TERRE et réserver les parures. Cuire les tronçons fon-
- 500 g de pommes de terre (bintje) dants dans un blanc de cuisson (eau + farine + jus
LES RECETTES DE PATRICK BERTRON I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 55
© F. Juery
56 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES DESSERTS D’AYMERIC PINARD
Aymeric Pinard
Chef pâtissier
PAR MARTINE OCCHIPINTI
T. G. M. : Comment expliquez-vous
ce formidable essor de la pâtisserie ?
A. P. : Tout s’est joué à partir du moment
où les pâtissiers et les cuisiniers ont établi
entre eux des relations de travail. Avant,
dans les cuisines, les pâtissiers faisaient
des gâteaux, point barre. Puis, les barrières
se sont ouvertes, les pâtissiers se sont mis à
cuisiner les fruits, les légumes... découvrant
de nouvelles alliances de saveurs.
Restaurant gastronomique
Bernard Loiseau
En fait, je dirais que les desserts de restau- Et le look d’un dessert à l’assiette ? Parce que la pâtisserie est un métier que
rant ont été créés ces dernières années. Ma deuxième passion, c’est la photogra- l’on ne peut vivre au quotidien sans la
En supplantant petit à petit les opéras, les phie, alors oui, j’ai envie que mes assiettes passion. Il occupe une très, très grande
bavarois… tous ces grands classiques autre- soient jolies. Mais le client reviendra pour partie de notre vie. Nous lui consacrons
fois présentés sur les chariots de desserts le goût, parce que c’est le goût qui aura des soirées entières, les jours fériés, les
ou servis à l’assiette. Et qui, en réalité, dif- satisfait sa gourmandise et s’inscrira dans week-ends…
féraient très peu de ce que nous trouvions sa mémoire. Nombreux sont les jeunes qui s’en
en boutique. détournent complètement au bout de cinq
La pâtisserie, un métier en perpétuelle ans, dès qu’ils se construisent une vie à
En allant vers l’épure, êtes-vous évolution… côté, avec une famille, des enfants.
dans une démonstration technique… Grâce (ou à cause) d’internet. Aujourd’hui
Nous sommes de moins en moins dans l’on peut voir ce que font les pâtissiers de Le Relais Bernard Loiseau…
la démonstration technique. Aujourd’hui, l’autre bout du monde. Une maison familiale, je m’y plais énormé-
les pâtissiers s’oublient pour privilégier le ment, madame Loiseau y est très présente.
goût. Nous utilisons des produits nobles et Nous sommes à l’heure du partage… Aucun dessert ne figurera sur la carte si elle
nous les travaillons très peu, juste ce qu’il Cela ouvre l’esprit, c’est formidable et en ne l’a pas validé.
faut pour les sublimer. même temps c’est effrayant. Tout va très
vite. Il faut nous renouveler sans cesse et Patrick Bertron…
Qu’entendez-vous par « produit noble » ? être indéfiniment à la recherche du « truc » De nombreuses affinités nous unissent.
Une fraise qui vient du champ d’à côté avec que l’on ne voit pas (encore !) sur internet, Nous venons de la même région, nous
un goût au top du top. et qui donnera aux clients l’envie de se avons fait la même école hôtelière… Quand
déplacer. je me suis présenté à lui la première fois, je
À travers quels procédés sublimez-vous l’ignorais. Le monde est petit.
les saveurs ? Quel conseil donneriez-vous à un jeune
Entre autres, en travaillant les mélanges de qui souhaite entrer dans le métier ? Ce qui vous rend heureux ?
textures. Ce qui, en soi, n’est pas un phéno- De prendre du recul. Est-il attiré par la Un simple « c’était super » d’un client.
mène nouveau, mais aujourd’hui, nous y pâtisserie en elle-même ou par le côté Cela remplit ma journée, c’est magique.
apportons une attention plus pointue. Un médiatique de la profession ?
croustillant, un moelleux…
Qu’est-ce qui fera ressortir tel parfum ?
© B. Loiseau
60 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES DESSERTS D’AYMERIC PINARD
© F. Juery
LES DESSERTS D’AYMERIC PINARD I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 61
MOUSSE CHOCOLAT ILANKA d’épaisseur. Cuire dans un four à 180 °C pendant sarrasin grillé pendant 5 minutes. Chinoiser,
- 320 g de couverture noire à 63 % (Ilanka) 7 minutes et dès la sortie du four, détailler des porter à nouveau l’eau à ébullition, ajouter
- 80 g de jaunes d’œufs (soit 4) cercles de 5 et de 2,5 cm de diamètre. Réserver et fondre le miel, le sucre inverti et 150 g de
- 50 g de sucre semoule au sec. sucre. Mixer avec le stabilisateur mélangé avec
- 90 g de blancs d’œufs (soit 3) le sucre semoule restant, refroidir, turbiner et
- 500 g de crème fouettée CRÉMEUX CHOCOLAT ILANKA réserver au grand froid.
Crème anglaise :
PROCÉDÉ - 500 g de crème COULIS CHOCOLAT
Fondre la couverture à 45/50 °C. - 500 g de lait - 360 g d’eau
Blanchir les jaunes avec le sucre, ajouter la cou- - 200 g de jaunes d’œufs (soit 10) - 300 g de crème liquide à 35 % de M.G.
verture fondue puis incorporer les blancs montés - 250 g de sucre semoule - 450 g de sucre semoule
et la crème fouettée. Dresser aussitôt dans des - 600 g de couverture noire à 63 % (Ilanka) - 150 g de cacao en poudre
moules en silicone ronds de 6 cm de diamètre et - 10 feuilles de gélatine 200 blooms trempées
de 1,5 cm de hauteur. Bloquer au grand froid. PROCÉDÉ et pressées (soit 20 g)
Réaliser une crème anglaise avec les ingrédients
NOUGATINE SARRASIN cités, verser à chaud sur la couverture, lisser puis PROCÉDÉ
- 250 g de beurre émulsionner. Réserver au froid jusqu’au montage. Faire bouillir l’eau avec la crème, ajouter le sucre
- 300 g de sucre semoule (250 + 50) et le cacao en poudre, porter à environ 108 °C,
- 100 g de glucose SORBET SARRASIN ajouter la gélatine, mixer le tout puis passer et
- 100 g de lait - 1 l d’eau réserver.
- 5 g de pectine NH - 400 g de sarrasin grillé
- 200 g de sarrasin torréfié - 75 g de miel de sarrasin GLAÇAGE OPÉRA
- 100 g de sucre inverti (Trimoline) - 750 g de couverture noire à 63 % (Ilanka)
PROCÉDÉ - 200 g de sucre semoule (150 + 50) - 75 g d’huile de pépins de raisin
Fondre le beurre avec 250 g de sucre et le glucose - 10 g de stabilisateur
dans le lait à 50 °C environ, ajouter le sucre restant PROCÉDÉ
mélangé avec la pectine. Porter à ébullition, ajou- PROCÉDÉ Fondre la couverture, incorporer l’huile de pépins
ter le sarrasin torréfié et étaler la masse à 2 mm Porter l’eau à ébullition, ajouter et infuser le de raisin, réserver. Utiliser à 50 °C.
62 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES DESSERTS D’AYMERIC PINARD
TUILE DENTELLE AU BEURRE verser en chinoisant sur les jaunes. Mixer puis GLACE VANILLE
SALÉ couler sur 1,5 cm de hauteur dans une plaque à - 1 l de lait
- 100 g de beurre demi-sel rebord (de 40 x 60 cm) avec une feuille de papier - 450 g de crème liquide
- 100 g de farine guitare dans le fond et bloquer au grand froid. - 6 gousses de vanille (Tahiti) fendues et grattées
- 100 g de sucre glace Détailler des barres (de 13 x 2,5 cm). - 6 gousses de vanille (Papouasie)
- 100 g de blancs d’œufs (soit 3) fendues et grattées
CRÈME ANGLAISE POIVRE - 6 gousses de vanille (Bourbon)
PROCÉDÉ fendues et grattées
- 500 g de crème liquide
Dans un bol à Pacojet, verser les ingrédients cités - 360 g de jaunes d’œufs (soit 18)
- 2 gousses de vanille (Tahiti) fendues et grattées
et mixer. Étaler la pâte obtenue à l’aide d’un cha- - 330 g de sucre semoule
- 2 gousses de vanille (Bourbon)
blon (de 7 x 2,5 cm), cuire dans un four à 170 °C
fendues et grattées
pendant 6 minutes environ. PROCÉDÉ
- 15 g de poivre (de Madagascar)
Faire bouillir le lait et la crème avec les gousses de
- 100 g de jaunes d’œufs (soit 5)
CRÈME BRÛLÉE VANILLE vanille, laisser infuser au froid pendant 24 heures
- 125 g de sucre semoule
- 1 l de crème liquide minimum. Verser le tout sur les jaunes blanchis
- 4 feuilles de gélatine 200 blooms
- 6 gousses de vanille (Tahiti) fendues et grattées avec le sucre, cuire à la nappe, refroidir, turbiner
trempées et pressées (soit 8 g)
- 6 gousses de vanille (Papouasie) et réserver au grand froid.
fendues et grattées PROCÉDÉ
- 6 gousses de vanille (Bourbon) CARAMEL
Dans une casserole, porter la crème à ébullition,
fendues et grattées infuser les graines et les gousses de vanille avec - 525 g de glucose
- 5 g de pectine X58 le poivre concassé pendant 10 minutes à couvert. - 525 g de sucre semoule
- 120 g de cassonade Passer, rectifier le poids à 500 g, verser sur les - 700 g de lait
- 200 g de jaunes d’œufs (soit 10) jaunes blanchis avec le sucre, cuire à l’anglaise et - 260 g de beurre
hors du feu, ajouter la gélatine. Réserver au froid. - 10 g de sel
PROCÉDÉ
Verser la crème dans une casserole, ajouter les PROCÉDÉ
graines de vanille (environ 20 g de graines pour 1 MOUSSE POIVRE Fondre le glucose, ajouter le sucre petit à petit
litre de crème) et mixer le tout. Frotter les gousses - 225 g de crème anglaise poivre puis le caraméliser. Décuire avec le lait chaud puis
avec du sucre pour récupérer le maximum de par- - 150 g de mascarpone mixer avec le beurre et le sel. Réserver.
fum, puis les ajouter dans la crème et laisser infu-
ser à couvert d’un papier film pendant 30 minutes. PROCÉDÉ
Porter la crème à ébullition, ajouter le mélange Dans un batteur, monter les ingrédients cités,
pectine et cassonade, faire bouillir à nouveau puis réserver au froid.
LES DESSERTS D’AYMERIC PINARD I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 63
© B. Loiseau
64 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I L A CUISINE BIEN - ÊTRE DE SHOICHI ITO
La cuisine bien-être
de Shoichi Ito
PAR MARTINE OCCHIPINTI
Arrivé en France, il y a dix ans, il est accueilli produits laitiers. Selon la commande, occupe son premier poste de chef dans un
par une connaissance de son ancien patron nous ajoutons la crème, le beurre ou restaurant « style bistrot », toujours à Dijon.
au Japon. autres produits laitiers durant le service. « Jusqu’au jour où Dominique Loiseau
« En dehors de lui je ne connaissais per- Au dernier moment. » m’appelle pour me proposer de faire l’ou-
sonne et mes débuts dans le métier ont été verture de Loiseau des Sens », au sein du
difficiles. » « Nous travaillons avec les producteurs Relais Bernard Loiseau à Saulieu.
locaux, mais l’hiver, il y a très peu de Avec comme mots d’ordre : légèreté, santé…
Puis, il se fait un ami, son meilleur ami. Lui légumes dans le Morvan, il nous faut parfois
et ses parents l’accueillent dans leur foyer, aller jusqu’à Auxerre, Besançon ou Dijon. » Comment envisage-t-il la cuisine du
en Vendée. « Ils m’ont fait une place dans futur ? Diététique ? Sans gluten ? Végan ?
leur vie, et depuis, je ne suis plus seul, j’ai Son premier poste en cuisine ? « Je pense que la cuisine classique tradi-
« ma » famille française. » « J’ai obtenu mon premier poste de commis tionnelle ne sera jamais supplantée par
Et c’est auprès de celle qu’il considère à Cassis, à La Villa Madie, auprès de Jean- un courant culinaire, et ce, quelle que soit
comme sa mère, excellente cuisinière, Marc Banzo, j’y ai passé une saison. l’importance qu’il puisse prendre. »
qu’il s’imprègne de cette grande cui- Ensuite, j’ai travaillé en Vendée, dans le res-
sine, celle qu’il « dévorait » à travers les taurant de Thierry Drapeau où je suis resté « Nous allègerons les plats sans doute, et
ouvrages d’Escoffier. trois ans et j’ai assisté à l’arrivée de la deu- encore. Si l’on mange correctement et
xième étoile. Un beau souvenir… » si l’on bouge correctement, cela ne fait
Comment élabore-t-il ses cartes ? aucun mal au corps humain d’absorber un
« Je prends un grand classique, je respecte Puis chez Régis Marcon… « Un grand mon- peu de crème, un peu de beurre… »
son authenticité, je change juste quelques sieur. J’y ai fait trois saisons entrecoupées
ingrédients pour lui apporter de la légè- par des saisons d’hiver chez Benoît Vidal. » Son sentiment sur la cuisine française ?
reté. Ma cuisine est 30 % japonaise et 70 % « La cuisine française invitera toujours à
française. » Après Régis Marcon… « Loiseau des Ducs la découverte.
à Dijon ouvert par Dominique Loiseau en Parce qu’elle n’hésite pas à s’enrichir d’ap-
Et comment gère-t-il les différentes 2013. Auprès du chef étoilé Louis-Philippe ports extérieurs (épices, produits, tech-
demandes des clients ? Vigilan. » niques…) sans perdre son authenticité. »
« Toutes nos préparations se font sans Moins d’un an plus tard, le jeune cuisinier
66 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE SHOICHI ITO
INGRÉDIENTS POUR 2 PERSONNES Tailler les courgettes en cubes. Les blanchir puis les
- 1 omble de fontaine bio (de 250 g) mixer et assaisonner.
- QS de gros sel, fleur de sel, Tailler le céleri-rave en petits morceaux. Dans une
huile d’olive, poivre, foin poêle, brûler du foin, recouvrir pour étouffer le feu,
- 1/2 courgette ronde bio ajouter de l’huile d’olive et le céleri-rave et cuire le
- 100 g de vin blanc tout pendant 15 minutes environ.
- 1/2 cuillère à soupe de feuilles de coriandre
- 2 radis ronds émincés bio CUISSON
- 2 branches de thym Poêler les filets d’omble côté peau pendant 3 minutes
- 100 g de bouillon de légumes puis laisser reposer 3 minutes. Finir de cuire dans un
- 2 courgettes four à 160 °C pendant 1 minute.
- 60 g de céleri-rave bio
- 2 tranches de chips de pain de campagne FINITION ET PRÉSENTATION
- 8 feuilles de mizuna Dans une assiette, réaliser un arc de cercle avec la
purée de courgette, dresser dessus 3 tronçons de filet
PRÉPARATION d’omble de fontaine, les parsemer avec de la fleur de
Lever les filets de l’omble de fontaine, les désarêter et sel puis disposer les légumes. Ajouter la vinaigrette au
les mettre au gros sel pendant 8 minutes. Les dessaler yuzu et des chips de pain de campagne.
sous un filet d’eau froide, les éponger puis les fumer Décor : mizuna.
pendant 11 minutes au bois de hêtre, dans un fumoir.
VIN CONSEILLÉ
GARNITURE Bourgogne bio - « Chardonnay » 2015 - Albert Bichot.
Tailler la courgette ronde en lamelles de 7 mm d’épais- La pureté de la simplicité de ce plat nécessite un
seur. Les poêler, verser le vin blanc, ajouter les feuilles équivalent dans le vin. Celui-ci frais, de plaisir immé-
de coriandre entières puis réserver au froid. diat avec une intensité florale au nez et une bouche
Dans une poêle, sauter les radis ronds émincés avec délicate, séduira par la justesse de sa personnalité. Il
de l’huile d’olive, les branches de thym et le bouillon est toujours difficile de faire simple et très bon.
de légumes. Réserver au froid.
LES RECETTES DE SHOICHI ITO I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 67
VINAIGRETTE AU YUZU
- 50 g de jus de yuzu
- 50 g d’huile de noisette
- 100 g d’huile de pépins de raisin
- 20 g de coulis de citron
- QS de sel, poivre
PROCÉDÉ
Émulsionner les ingrédients cités, réserver.
© M. Cellard
68 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE SHOICHI ITO
© M. Cellard
LES RECETTES DE SHOICHI ITO I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 69
PRÉPARATION
Flamber, vider la pintade, lever les
cuisses et réserver les filets sur le
coffre.
Suer l’épeautre avec un oignon
ciselé, le nacrer jusqu’à ce qu’il
devienne transparent, verser le
vin blanc et réduire à sec. Cuire
comme un risotto en mouillant
petit à petit avec de l’eau (environ 2
fois le volume de l’épeautre). Assai-
sonner sel et poivre.
Tailler les sucrines en 2, les poêler
avec de l’huile de noisette.
Tailler le céleri-branche en tron-
çons, les cuire dans de l’eau bouil-
lante salée.
Émincer, poêler les radis roses avec
de l’huile d’olive.
SAUCE
Suer l’oignon ciselé restant avec
du beurre, ajouter le chou-rave et
cuire pendant 5 minutes. Mouiller
avec de l’eau jusqu’à hauteur et lais-
ser mijoter. Mixer avec le praliné.
CUISSON
Assaisonner le coffre et les cuisses
de la pintade.
Rôtir le coffre dans un four à 160 °C
pendant 10 minutes. Le laisser
reposer pendant 5 minutes et finir
© M. Cellard
FINITION ET PRÉSENTATION
Dans une assiette creuse, dresser la compote de nectarine,
ajouter le tapioca. Disposer des quartiers de nectarines et
les gavottes au citron.
Servir l’infusion de verveine froide dans une tasse, laissant
la possibilité de la mélanger au dessert. Décor : menthe.
VIN CONSEILLÉ
Champagne - « Amour de Deutz » 2006 - Champagne Deutz.
Pour souligner le tapioca et les nectarines, il est impératif
d’apporter ici, par l’effervescence, à la fois de la finesse et un
caractère dynamique. Cette grande cuvée de Champagne
séduit par la précision de sa bulle, la complexité de son bou-
quet sur un thème de fraîcheur d’agrumes étonnante. Un
très bel équilibre et une longueur persistante.
TAPIOCA
- 80 g de tapioca
- 400 g de lait de noix de coco bio
PROCÉDÉ
Faire bouillir 2 litres d’eau, verser le tapioca et le cuire à faible ébullition jusqu’à ce qu’il
devienne transparent. Chinoiser et rincer le tapioca à l’eau froide.
Faire bouillir le lait de noix de coco, ajouter le tapioca et remuer sur le feu pendant
2 minutes. Refroidir, réserver.
COMPOTE DE NECTARINE
- 200 g de nectarines bio
- 20 g de miel bio
PROCÉDÉ
Tailler les nectarines en brunoise, les compoter et ajouter le miel en fin de cuisson.
Réserver au froid.
INFUSION DE VERVEINE
- 150 g d’eau
- 6 g de verveine
- 40 g de miel bio
PROCÉDÉ
Faire bouillir l’eau, ajouter et infuser la verveine pendant 6 minutes. Chinoiser et ajouter
le miel. Refroidir, réserver.
GAVOTTES AU CITRON
- 350 g d’eau
- 70 g d’huile
- 2 g de sel
- 80 g de blancs d’œufs bio (soit 3)
- 60 g de miel bio
- 40 g de farine
- 2 zestes de citron bio
PROCÉDÉ
Porter l’eau à ébullition avec l’huile et le sel.
Mélanger les blancs d’œufs avec le miel, la farine et les zestes de citron, incorporer
© M. Cellard
l’huile et l’eau bouillantes, laisser refroidir pendant 2 heures au froid. Étaler l’appareil
sur une plaque de cuisson et cuire dans un four à 165 °C pendant 10 à 15 minutes. Casser
la pâte cuite en gros morceaux, réserver au sec.
72 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LA NATURALITÉ PAR ROMAIN MEDER
La naturalité d’
par Romain Méder
Collaborateur d’Alain Ducasse depuis presque 15 ans, Romain Méder a travaillé
au Spoon des îles à l’île Maurice et a participé à l’ouverture du restaurant IDAM
à Doha, au Qatar. Fort de ces expériences, c’est en 2014 qu’il est chargé
de lancer la « Naturalité » à l’Hôtel Plaza Athénée, une philosophie aux
valeurs fortes, chères aux yeux d’Alain Ducasse. Le chef Méder y réalise
une cuisine nature et saine alliant performance technique et sobriété.
© P. Monetta
LA NATURALITÉ PAR ROMAIN MEDER I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 73
Alain Ducasse
© B. Schmuck
T. G. M. : Qu’est-ce que la Naturalité ? l’occasion d’opérer ce changement. La mise à la quantité dont nous disposons. Nous
R. M. : Il s’agit de l’envie de démontrer au point des premières recettes a nécessité sommes clairement dans une cuisine
qu’avec moins de gras, moins de sucre, près de 8 mois de développement pour vivante rythmée par les saisons. Si parfois
moins de sel, pas de viande, plus de arriver à ce que nous souhaitions. je n’arrive pas à avoir la quantité souhai-
céréales, on peut faire très bon pour le tée d’un produit, nous le remplaçons alors
palais et pour la santé en même temps. Ce Les produits viennent tous du territoire par un autre plutôt que d’aller se fournir
n’est pas juste un restaurant où l’on mange français ? ailleurs. Nous avons cependant quelques
très bien mais une expérience globale que Nous recherchons essentiellement les plats signatures qui sont proposés en per-
l’on souhaite faire vivre à nos convives. matières premières en France mais nous manence comme les « lentilles vertes -
Plus qu’un concept culinaire, c’est avant ne nous interdisons pas d’aller voir ailleurs caviar » par exemple.
tout une philosophie de vie et une aven- si le produit vaut le détour…
ture humaine. Combien de temps vous est nécessaire
Vous avez également votre propre pour développer un plat et le mettre
Une « aventure humaine » ? potager au Château de Versailles… à la carte ?
Le travail de sourcing est considérable, En effet, nous possédons notre propre Entre 3 semaines et 1 mois au maximum
afin de trouver les meilleures matières potager avec une équipe dédiée. Celle- sinon nous perdons la saisonnalité du
premières. Je peux mettre un visage sur ci nous fournit une grande partie de nos produit. Le processus est relativement
tous les fournisseurs avec lesquels nous fruits et légumes. Cela nous permet de simple : je fais plusieurs essais, une fois
travaillons en cuisine. Il y a un réel échange maîtriser le produit de A à Z, de la terre à satisfait du résultat, je fais goûter mon plat
autour du produit : nous savons comment l’assiette. Nous pouvons ainsi faire divers à Alain Ducasse et c’est lui qui prend la
il est pêché, récolté, traité et comment il essais au niveau de la culture d’un produit décision finale. Il arrive que certains essais
est ensuite acheminé jusqu’à nous. Nous en toute autonomie. ne soient pas concluants tout de suite ;
invitons régulièrement les producteurs au dans ce cas, nous gardons l’idée pour la
restaurant afin qu’ils prennent conscience Avez-vous une sorte de charte qualité retravailler la saison prochaine.
de la finalité de leur travail et la cuisine que par rapport à vos producteurs-
nous réalisons. Ils sont directement impli- fournisseurs ? Il y a une réelle démarche écocitoyenne
qués dans nos assiettes en quelque sorte… Non, nous n’avons pas ce type de charte. dans la philosophie de la Naturalité,
En revanche, nous connaissons parfaite- pensez-vous que le chef peut avoir
Le relationnel entre vous et vos ment leur façon de travailler, ce sont tous un rôle pédagogique auprès du grand
fournisseurs est donc essentiel… des passionnés et ils font leur travail avec public ?
Tout à fait et j’ai énormément besoin de l’amour du produit. Ils sont tous sur des Je n’aurai pas la prétention de dire que
ce contact. Par exemple, il me sera impos- méthodes d’agriculture raisonnée ou de nous pouvons éduquer le public ; en
sible de travailler avec quelqu’un avec pêche « artisanale » et durable. Pour les revanche, notre démarche tente vraiment
qui les rapports humains ne passent pas, légumes, beaucoup pourraient aisément de démontrer qu’en sélectionnant des
même si son produit est exceptionnel ! prétendre au label Bio, mais ils ne l’ont pas produits simples et en prenant le temps
et ne s’en soucient guère. Et de notre côté, de cuisiner, on peut allier plaisir et santé.
Le concept de Naturalité mûrissait-il si nous favorisons la démarche, nous ne Notre métier est dans la lumière depuis
depuis longtemps dans l’esprit d’Alain sommes pas des « extrémistes » du label ! quelques années, autant en profiter pour
Ducasse ? distiller les bons messages !
C’est une évolution du restaurant qu’Alain Votre carte change-t-elle souvent ?
TEXTE : GUILLAUME BOSC-THURIÈS. RÉDACTION
Ducasse avait en tête depuis quelque Généralement, ce sont les produits qui
CULINAIRE : JEAN-LUC DENONAIN. ACCORDS VINS
temps. La réouverture du Plaza Athénée s’adaptent à la carte ; ici, c’est le contraire : & METS : LAURENT ROUCAYROL, CHEF SOMMELIER
en 2014, après d’importants travaux, était la carte s’adapte aux produits de saison et ET MAXIME PASTOR, ASSISTANT CHEF SOMMELIER.
74 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE ROMAIN MEDER
Lentilles
vertes du Puy
et caviar,
délicate gelée
fumée
« Plat signature. C’est le 1er plat
validé par M. Ducasse lors des
essais que nous avions faits
quelques mois avant l’ouverture.
C’est une belle alliance terre/mer
entre le caviar du pauvre et le
fameux caviar assez noble ».
INGRÉDIENTS
POUR 4 PERSONNES
- 250 g de lentilles vertes
- 1 carotte en brunoise
- 1 branche de céleri
en brunoise
- 500 g de fond blanc
- QS de sel, poivre, huile d’olive
- 200 g de caviar
- 4 cuillères à soupe de crème
- 3 g de caviar pressé
© B. Schmuck
PROCÉDÉ
Cuire les lentilles vertes avec
les brunoises de carotte et de
céleri et le fond blanc, pendant MISE EN PLACE POUR 4 PERSONNES
35 minutes environ. Égoutter,
mixer la moitié des lentilles en GELÉE DE POISSON FUMÉ Dans un blender, mixer la brunoise de tomate
restante avec le fenouil, les blancs d’œufs, le had-
une purée bien lisse. Assaison- - 1 oignon blanc ciselé
dock restant et le corail de homard. Mélanger
- 200 g de haddock fumé (100 + 50 + 50)
ner les lentilles restantes avec - QS d’huile d’olive, gros sel, poivre le tout avec le fumet en fouettant puis porter à
de l’huile d’olive, sel et poivre. - 1 cuillère à soupe de concentré de tomate frémissement à feu très doux jusqu’à ce qu’une
- 1 tomate en brunoise cheminée se forme sur le dessus. Quand les
- 1 branche de fenouil sec impuretés sont remontées à la surface, prélever
FINITION ET PRÉSENTATION le fumet au centre et passer à travers un papier
- 1 gousse d’ail
Dans un bol, déposer 1 cuillère - 500 g de poissons de roche absorbant. Faire prendre au froid.
à soupe de purée de lentille, - 1 l de fond blanc
ajouter les lentilles entières - 1/2 fenouil ciselé
- 75 g de blancs d’œufs (soit 2) GALETTES DE SARRASIN
puis le caviar. Dresser la gelée - 1 cuillère à soupe de corail de homard
- 250 g de farine de sarrasin
de poisson fumé autour. - 60 g de farine de lentille verte
À part, servir une galette de PROCÉDÉ - 10 g de farine de froment
sarrasin et la crème avec des Dans une poêle, suer à couvert l’oignon avec 100 g - 10 g de sel
grains de caviar pressé. de haddock et un filet d’huile d’olive, ajouter le - 300 g de lait
concentré de tomate, la moitié de la brunoise de - 800 g d’eau
tomate, le fenouil sec, la gousse d’ail, les poissons - 225 g de beurre noisette
VIN CONSEILLÉ de roche et une pincée de gros sel. Couvrir à nou-
Coteaux du Loir - « Vieilles Vignes veau et cuire jusqu’à ce que les yeux des poissons PROCÉDÉ
Éparses » 2013 - Domaine de deviennent blancs. Mouiller à hauteur avec le Mélanger les farines avec le sel, incorporer le lait
fond blanc, cuire pendant 15 minutes, ajouter 50 g et l’eau puis le beurre noisette. Cuire des galettes
Bellivière. de haddock et laisser infuser pendant 20 minutes de 2 mm d’épaisseur dans une poêle à blinis, pen-
environ. Filtrer. dant 1 à 2 minutes selon la coloration souhaitée.
LES RECETTES DE ROMAIN MEDER I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 75
Pois chiches
des Hautes-
Alpes, poisson
mariné, citron
caviar MISE EN PLACE POUR 10 PERSONNES
« Recette que j’ai « rapportée » dans HOUMOUS à nouveau avec le tahini, les glaçons, l’huile de
- 300 g de pois chiches pépins de raisin, le sel et l’acide ascorbique.
mes valises de Doha. Un plat réa- Incorporer la crème et 50 g de jus de cuisson puis
- 1 carotte en mirepoix
lisé avec un produit paysan/popu- - 1 branche de céleri en mirepoix chinoiser. Réserver.
laire et tellement léger, délicieux et - 1 oignon blanc en mirepoix
d’une grande délicatesse ». - 2 l de bouillon de légumes
CEVICHE DE DORADE ROSE
- 1 pointe de bicarbonate de soude
- 105 g de tahini (crème de sésame) - 250 g de brunoise de dorade rose
- 105 g de glaçons - 1 échalote ciselée
FINITION ET PRÉSENTATION - 10 g de vinaigre de vin rouge
- 80 g d’huile de pépins de raisin
Verser le houmous dans un - 1,2 g de sel - 50 g de pois chiche cuits (de l’houmous)
siphon d’1 litre et gazer 1 fois. - 1,6 g d’acide ascorbique (vitamine C) - 50 g d’huile d’olive
- 1 trait de jus de citron
Dans un bol, dresser le ceviche - 50 g de crème liquide
- 4 feuilles de persil hachées
de dorade rose, ajouter l’hou- PROCÉDÉ - 4 feuilles de coriandre hachées
mous au siphon puis parsemer Faire tremper les pois chiches pendant 1 nuit. - 1 pincée de piment d’Espelette
- 1 pincée de sel
des grains de citron caviar, de la Les égoutter et les rincer puis les laisser germer
pendant 4 heures à température ambiante.
poudre de sumac et de laurier.
Colorer carotte, céleri et oignon en mirepoix, PROCÉDÉ
ajouter les pois chiches, mouiller avec le bouillon Mariner l’échalote ciselée dans le vinaigre pen-
VIN CONSEILLÉ de légumes et ajouter le bicarbonate de soude. dant 4 heures ; éplucher les pois chiches.
Vin de Bellet - « Le Clos » 2014 - Cuire le tout à couvert sans écumer pendant 25 Assaisonner la brunoise de dorade et les pois
minutes, égoutter en réservant le jus de cuisson. chiches avec l’huile d’olive, le jus de citron, l’écha-
Clos Saint-Vincent. Réserver 50 g de pois chiches pour le ceviche et lote, les herbes, le piment d’Espelette et le sel.
mixer le restant une première fois, puis mixer Réserver au froid.
© B. Schmuck
76 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE ROMAIN MEDER
FINITION ET PRÉSENTATION
Dans une assiette, dresser le condiment noix puis disposer la garniture.
Ajouter les fanes de carotte et de fenouil, les pousses de moutarde,
l’oseille sauvage et l’oxalis. Râper les noix torréfiées, parsemer les grains
des citrons caviar. Verser le jus de légumes.
VIN CONSEILLÉ
Saké Alain Ducasse - Nichiei Junmai.
LES RECETTES DE ROMAIN MEDER I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 77
© B. Schmuck
78 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE ROMAIN MEDER
© B. Schmuck
LES RECETTES DE ROMAIN MEDER I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 79
PROCÉDÉ
FONTAINEBLEAU AU SIPHON JUS DE FRAISE GÉLIFIÉ
Équeuter les fraises, les suer avec le sucre jusqu’à
- 550 g de crème U.H.T. - 500 g de fraises ce qu’elles rendent leur jus, égoutter et réserver.
- 135 g de blancs d’œufs (soit 4) - 30 g de sucre semoule (25 + 5)
- 550 g de yaourt - 2 g de pectine NH
- 60 g de miel de lavande - 3 feuilles de gélatine 200 blooms trempées et
- 5 ,5 feuilles de gélatine 200 blooms (soit 11 g) pressées (soit 6 g)
réhydratées avec 75 g d’eau
PROCÉDÉ
PROCÉDÉ Équeuter les fraises, les cuire au bain-marie avec
Mélanger la crème avec les blancs d’œufs, le 25 g de sucre pendant 1 heure environ. Les filtrer
yaourt et le miel. à l’étamine pour récupérer le jus. Faire bouillir
Fondre la gélatine dans un four à four à micro- 300 g de jus de fraise avec la pectine mélangée
ondes et l’incorporer à la masse. Verser dans un avec le sucre restant pendant 1 minute environ,
siphon d’1 litre, gazer 2 fois et réserver au froid. ajouter la gélatine égouttée. Réserver au froid.
LES RECETTES DE ROMAIN MEDER I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 81
© B. Schmuck
82 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE ROMAIN MEDER
© B. Schmuck
LES RECETTES DE ROMAIN MEDER I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 83
Fauchon,
Depuis sa création par Auguste
Félix Fauchon en 1886 à Paris,
ce temple de la gastronomie
fait rayonner l’excellence culinaire
à la française dans le monde entier.
Avec ses produits de qualité et sortant
de l’ordinaire, la maison Fauchon est très
vite devenue la coqueluche des gourmets
jusqu’à devenir la référence du luxe
alimentaire et de l’épicerie fine. Il est
bien loin le temps de la modeste voiture
des quatre saisons, avec laquelle le
fondateur allait vendre, sur le marché
de la Madeleine, fruits et légumes.
De nombreux talents se sont succédé
dans les cuisines de l’institution parisienne.
Aujourd’hui d’autres artisans du goût
continuent d’écrire en lettres d’or
© S. de Bourgies
Sébastien Monceaux
Longtemps Sébastien Monceaux a hésité Il évoluait à l’Hôtel Lutetia auprès de Phi- tance, comme les pâtés croûte, des quiches…
entre le monde agricole et celui de la gas- lippe Renard depuis huit ans, lorsqu’il a
tronomie. Peut-être poussé par l’envie poussé la porte de Fauchon. Un dénicheur de produits du terroir
de faire découvrir des bons produits, par Avec une approche traiteur « très restau-
gourmandise sûrement, il a finalement En 2005, la Maison de la Madeleine en rant », le sourcing est l’un des fers de lance
choisi la cuisine, avec une certaine incli- pleine restructuration, était alors à la de Sébastien Monceaux, ce serait presque
naison pour l’univers du salé. recherche d’un chef adjoint. sa signature.
« J’aime principalement les fonds, les Il fait évoluer les classiques, poursuit le déve- Le chef n’a de cesse de promouvoir au maxi-
sauces, les cuissons à juste température loppement du snacking haut de gamme, puis mum les « jolis produits français ». Quitte à
des viandes, la créativité, le développe- de la partie traiteur, tout en remettant au bousculer les stéréotypes gustatifs de ses
ment des goûts… » goût du jour des produits jadis en sous trai- clients.
FAUCHON, UNE INSTITUTION PARISIENNE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 85
© P. Rougereau
88 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE SÉBASTIEN MONCEAUX
© P. Rougereau
LES RECETTES DE SÉBASTIEN MONCEAUX I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 89
DAMIER DE CANARD ET POULET FARCE FINE DE VOLAILLE Retirer les herbes aromatiques des cubes de dinde
- 150 g de suprême de poulet (sans peau) - 700 g de filet de dinde puis les passer au hachoir (grille fine), ajouter le
- 150 g de filet de canard (net sans gras) - 16 g de sel fin jus de canard et la garniture aromatique. Mélanger
- 3 g de sel fin - 2 g de poivre le tout en incorporant les lèches de poulet.
- 1 g de poivre - 1 g de muscade
- 1 g de muscade - 8 g de brin de thym
- 30 g de cognac - 6 g de feuille de laurier PÂTE À PÂTÉ EN CROÛTE
- 1 g de thym - 200 g de cognac - 500 g de farine
- 1 g de laurier - 100 g de brunoise de carottes - 160 g de beurre demi-sel
- 150 g de brunoise d’oignons (à température ambiante)
PROCÉDÉ - 100 g de jus de canard - 80 g de saindoux (à température ambiante)
Tailler le suprême de poulet et le filet de canard - 300 g de lèches (lanières) de filet de poulet - 40 g de jaunes d’œufs (soit 2)
en bandes de 1 cm de section, les assaisonner - 15 g d’eau
avec sel, poivre, muscade, cognac et herbes aro- PROCÉDÉ - 4 g de sel fin
matiques. Réserver au froid pendant 24 heures. Couper le filet de dinde en gros cubes, les assai-
Dans un cadre en inox de 15 cm de côté, monter un sonner avec sel, poivre, muscade, thym, laurier et PROCÉDÉ
damier en alternant bandes de poulet et bandes cognac puis les laisser macérer au froid pendant Mélanger les ingrédients cités et laisser reposer
de canard. 24 heures. Suer les brunoises de carottes et d’oi- au froid la pâte obtenue, pendant 12 heures.
Bloquer le tout au grand froid. gnons jusqu’à coloration brune.
90 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE SÉBASTIEN MONCEAUX
FINITION ET PRÉSENTATION
Démouler et tailler des tranches de foie gras de 1,5 cm
d’épaisseur.
Dans une assiette, dresser une tranche de foie gras, ajouter des
fraises fraîches, de la riquette, un tour de poivre du moulin, des
pétales de germes de shiso rouge.
VIN CONSEILLÉ
Savennières - « Clos de la Bergerie » 2015 - Nicolas Joly.
LES RECETTES DE SÉBASTIEN MONCEAUX I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 91
© P. Rougereau
92 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE SÉBASTIEN MONCEAUX
© P. Rougereau
LES RECETTES DE SÉBASTIEN MONCEAUX I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 93
JUS DE CARCASSE CORSÉ deau sur le fourneau. Ajouter la garniture taillée - 200 g de petites girolles
- 1 kg de parures et os de volaille en mirepoix : carottes, oignons, céleri-branche, et - 50 g de beurre
- 300 g de carottes la faire revenir avec les os. Déglacer au vin blanc, - 5 g de sel
- 200 g d’oignons doux réduire à sec, ajouter la garniture restante : ail, - 50 g d’amandes fraîches
- 150 g de céleri-branche romarin et queues de persil. Mouiller à hauteur - QS de cerfeuil haché
- 300 g de vin blanc avec l’eau et porter à ébullition. Cuire pendant 2 à
- 50 g d’ail 3 heures et passer au chinois en pilant. Réduire PROCÉDÉ
- 1/10 de botte de romarin à nouveau le jus jusqu’à liaison puis bloquer au Cuire séparément les carottes, navets, petits pois
- 1/2 botte de queues de persil froid. Retirer la couche de gras et réserver. et asperges vertes à l’anglaise, les refroidir dans
- 5 litres d’eau de la glace puis les égoutter et les tailler suivant la
forme souhaitée.
GARNITURE Poêler les girolles avec le beurre dans une poêle
PROCÉDÉ - 200 g de mini-carottes fanes antiadhésive, pendant 5 minutes environ. Récu-
Concasser les parures et os de volaille, les colorer - 200 g de navets fanes pérer le jus de cuisson, l’assaisonner avec le sel
dans un four à 180 °C. À la sortie du four, passer - 200 g de petits pois et le réduire à sec. Enrober les girolles avec ce jus,
au chinois pour dégraisser et passer dans un ron- - 300 g d’asperges vertes (+16) ajouter les amandes fraîches et du cerfeuil haché.
LES RECETTES DE SÉBASTIEN MONCEAUX I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 95
© P. Rougereau
96 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I FAUCHON, UNE INSTITUTION PARISIENNE
Fauchon,
Pépinière de talents, la Maison Fauchon
a vu défiler dans son laboratoire de
nombreux grands noms de la pâtisserie.
On se souvient notamment de
© S. de Bourgies
François Daubinet
Dans une autre vie, François Daubinet Malgré son jeune âge, son bagage a de New York
aurait pu être vulcanologue. Comme Katia quoi en impressionner plus d’un : CAP de François s’envole pour New York avec seu-
et Maurice Krafft ou comme l’éminent pâtissier, CAP de boulanger, CAP de choco- lement 1000 dollars en poche. Il travaille
Haroun Tazieff. Voyageant, analysant et latier, il possède également un BTM pâtis- auprès d’Éric Bédoucha à Financier Patis-
étudiant les volcans en activité pour com- sier et un brevet en gestion d’entreprise serie. « Quand je suis arrivé à New York, je
prendre l’origine et l’évolution de la Terre. artisanale. n’avais pas d’argent, j’avais tout dépensé
pour pouvoir payer mon billet. Pas de télé-
Mais pour le plus grand bonheur des gour- Sept ans de formation auprès des Compa- phone, pas d’ordinateur. Rien… Je ne savais
mets et des gourmands, ce désormais tren- gnons du Devoir, il voyage partout en même pas où j’allais dormir le soir. Mais
tenaire a choisi la voie de la pâtisserie, France, à Dijon, Nantes, Noisy-le-Roy… Et j’étais heureux, je vivais un rêve. »
particulièrement poussé par la dimension même à l’étranger.
artistique du métier.
FAUCHON, UNE INSTITUTION PARISIENNE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 97
Le doute nous déléguait énormément de choses, Mornet, Patrice Ibarboure, Michaël Bar-
Au bout de « deux merveilleuses années » cette période a été très créative. » tocetti, Nicolas Bacheyre… d’excellents
aux États-Unis, le voici de retour en France pâtissiers, aujourd’hui tous dans de très
pour finir son tour de France… Un pas- Première place de chef pâtissier belles maisons. »
sage à vide le fait douter quant à son avenir Après dix-huit mois de collaboration avec
dans la profession. Ras-le-bol des heures Christophe Michalak, l’envie d’évoluer, de Le jeune pâtissier avait déjà eu un aperçu
décalées, des heures passées à refaire les signer ses propres créations, le tiraille. de la Maison de la Madeleine quelques
mêmes gestes… Le feu de la passion s’éteint Il frappe à la porte du Taillevent d’Alain années auparavant. « À mon arrivée à Paris,
peu à peu. Solivérès pour une première place de chef je passais souvent devant la boutique. Pour
pâtissier. Là, il exprime pleinement sa créa- moi, c’était la plus belle de la capitale. Je
La restauration tivité. Des desserts à l’assiette au dressage connaissais par cœur cette vitrine avec ses
Par esprit d’opiniâtreté, il veut se confron- délicat, révélant sa sensibilité artistique. éclairs, ses macarons, et la “ dream team ”
ter à l’univers de la restauration avant de qui œuvrait derrière… »
changer de voie. Il rejoint les équipes de S’ensuit une année de consulting, en Asie,
Jérôme Chaucesse à l’Hôtel de Crillon. De en Europe… François voyage. Il est à Hong Lui aussi constitue une équipe de rêve
quoi conclure l’histoire en beauté… Kong lorsqu’il apprend le départ de Patrick avec seize pâtissiers passionnés, dont ses
Pailler, alors chef pâtissier de Fauchon, pour deux sous-chefs Pierre Chirac et Adrien
Mais il en fut autrement. « Mon expérience le Café Pouchkine. Il décide de se lancer. Dagbert.
dans la pâtisserie de restauration était très « Le conseil me plaisait, pourtant j’avais envie
anecdotique. Aux côtés de Jérôme Chau- de me réinstaller, de relever un beau chal- La touche François Daubinet
cesse, j’ai complètement réappris mon lenge dans une belle maison chargée d’his- La pâtisserie de François Daubinet est
métier. Le travail sur tous les points de res- toire, et de construire une belle équipe. » résolument artistique et audacieusement
tauration du palace a vraiment ravivé le feu gourmande, à l’image de ses premières
et la passion. » Fauchon Madeleine créations. Un pari aussi osé esthétique-
Depuis un an, François Daubinet incarne le ment que gustativement.
La machine relancée, il intègre le Plaza nouveau visage de la pâtisserie de Fauchon.
Athénée, où il rencontre Christophe Micha- Il n’en oublie pas moins les grands clas-
lak et Jean-Marie Hiblot. Avant lui, des grands noms de la pâtisse- siques de la maison, ceux-là mêmes qu’il
rie, tels Pierre Hermé, Sébastien Gaudard, voyait dans la vitrine de la Madeleine
À la fermeture du Plaza pour rénova- Christophe Adam ou Benoît Couvrand, lorsqu’il est arrivé à Paris. Il les a réintro-
tion, Christophe Michalak lui propose Dominique Ansel, Arnaud Larher ont mar- duits et revisités, à l’image du flan.
une place à la Michalak Masterclass. Avec qué la Maison de leur empreinte.
TEXTE : LAURENCE TEIXEIRA.
Yann Menguy et Marie Meunier, ils for- « Sans oublier tous ceux qu’ils ont for- RÉDACTION CULINAIRE : JEAN-LUC DENONAIN.
ment une brillante équipe. « Christophe més. Entre autres, Cédric Grolet, Jimmy ACCORDS VINS & METS : CHRISTOPHER PESTANA.
98 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE FRANÇOIS DAUBINET
© P. Rougereau
100 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE FRANÇOIS DAUBINET
MONTAGE PROCÉDÉ
Dans un cutter, mixer les poudres d’amande et
Démouler le fond de tartelette, déposer un disque de bis- de noisette avec le sucre glace, la fécule, le jaune
cuit moelleux noisette, couler la ganache gianduja noisette d’œuf, le miel et 100 g de blancs d’œufs.
jusqu’à hauteur et la faire prendre au froid. Disposer des noi- Monter les blancs restants, les serrer avec le sucre
semoule.
settes (du Piémont) torréfiées. Incorporer le beurre noisette dans la première
masse puis ajouter les blancs montés. Étaler fine-
FINITION ET PRÉSENTATION ment sur un tapis en silicone et cuire dans un four à
Déposer un disque de couverture lait à 40 % (Jivara lait) sur les 170 °C pendant 10 minutes environ. Laisser refroidir
et détailler des disques de 7 cm de diamètre.
noisettes, le fondre doucement à l’aide d’un décapeur ther-
mique puis bloquer au froid pour faire cristalliser le chocolat. GANACHE GIANDUJA NOISETTE
Au moment, ajouter un mélange de poudre scintillante or - 135 g de crème liquide
et cuivre. - 90 g de lait entier
- 1,5 g de fleur de sel
Décor : cachet maison. - 1 gousse de vanille (de Madagascar)
fendue et grattée
VIN CONSEILLÉ - 180 g de gianduja noisette
- 90 g de pâte de noisette
Porto LBV 2012 - Maison Ramos Pinto.
Ce porto possède un arôme intense, plein de fruits mûrs, PROCÉDÉ
qui fait ressortir les saveurs du raisin et de la figue. Il s’accor- Porter à frémissement la crème avec le lait, la fleur
dera parfaitement avec le chocolat et les fruits secs. de sel et la vanille. Chinoiser sur le gianduja et la
pâte de noisette partiellement fondus. Réaliser une
émulsion, mixer et dresser aussitôt.
LES RECETTES DE FRANÇOIS DAUBINET I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 101
© P. Rougereau
102 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE FRANÇOIS DAUBINET
© P. Rougereau
LES RECETTES DE FRANÇOIS DAUBINET I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 103
Tartelette
citron yuzu RECETTES DE BASE POUR ENVIRON 10 TARTELETTES
© P. Rougereau
106 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I LES RECETTES DE FRANÇOIS DAUBINET
© P. Rougereau
LES RECETTES DE FRANÇOIS DAUBINET I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 107
Millefeuille vanille
PROCÉDÉ dresser dessus la crème vanille mascarpone à l’aide
Base : détailler des rectangles de feuilletage inversé d’une douille chemin de fer. Recouvrir avec un haut de
cru (de 15 x 3,5 cm), les cuire dans un four à 160 °C feuilletage caramélisé et napper avec le confit vanille.
pendant 55 minutes. Décor : cachet maison, feuille d’or.
Haut : abaisser le feuilletage inversé à 1,8 mm d’épais-
seur, le laisser reposer au froid puis le cuire dans un VIN CONSEILLÉ
four à 160 °C pendant 55 minutes. Détailler des bandes Jurançon - « Les Jardins de Babylone » 2008 - Louis-
(de 14 x 0, 5 cm), les poser sur la tranche, les saupou- Benjamin Dagueneau.
drer avec l’opaline et caraméliser dans un four à 200 °C. Ce Jurançon d’exception possède une robe dorée, un
nez sur l’ananas et les fruits exotiques. En bouche, on
FINITION ET PRÉSENTATION retrouve un superbe équilibre entre le sucre et l’aci-
Dans une assiette, déposer une base de feuilletage, dité avec des notes de miel et d’abricot.
Rétrospective de 30
à travers Thuriès Gastronomie Magazine
PAR JEAN-LUC DENONAIN
années de Cuisine
© Laure Villain
LE M ATÉ RIE L
RÉTROSPEC TIVE DE 30
LE S TE C H N I QU E S
ANNÉES DE CUISINE
L A C UI SINE M OLÉC UL AIRE
Souvent décriée, toujours utilisée !
On connaît le succès du restaurant de Ferran et Albert Adriá, « El
Bulli », où il fallait réserver sa table un an à l’avance.
Ils proposaient un menu unique, un menu découverte composé
de créations élaborées à base de produits texturants : les Texturas.
Généralement utilisés dans l’agro-alimentaire, Ferran et Albert
Adriá les ont développés pour les mettre à la disposition des
artisans.
Lors de leur mise sur le marché, les chefs ont voulu les utiliser à
l’identique mais n’ont pas conquis leurs clients. Il aura fallu environ
5 ans pour que les cuisiniers se les approprient et les intègrent à
leur cuisine. Aujourd’hui, il n’est pas un magazine qui ne contienne
pas, au moins une recette avec un Texturas. Soit pour émulsionner,
soit pour gélifier…
LE F U M AG E
Le fumage maison se développe avec des techniques et donc
des matériels nouveaux, tels les pipes à fumer qui permettent
de fumer à la minute et devant le client ou les toiles à fumer qui
agissent par imprégnation.
112 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE
RÉTROSPEC TIVE DE 30
LE S TE C H N I QU E S Elle intervient aussi dans la préparation du levain, ou de la sauce
de soja. Le chef Sang Hoon Degeimbre s’est approprié ce procédé
LE FO O D PAIRIN G pour cuisiner ses légumes.
Késako ? C’est l’idée selon laquelle des ingrédients se combine-
raient bien ensemble s’ils partagent des composés odorants. On LE D E SI G N
analyse ces composés et on les compare. S’ils sont similaires, on
peut les marier. Exemple d’alliance : le chocolat avec le chou-fleur. L A VAI SSE LLE
Cette méthode est utilisée par certains chefs pour créer leurs plats. Les assiettes, au marli (le bord) orné de motifs variés et au bas-
sin (la partie centrale) neutre, font place, peu à peu à une diver-
L A FE R M E NTATI O N L AC TI QUE sification des modes. Les chefs possèdent un service identique
OU L AC TO - FE R M E NTATIO N pour tous leurs plats, assiettes creuses ou plates et desserts.
La fermentation lactique a longtemps été utilisée pour préparer Les assiettes en verre font une brève décennie.
une grande variété d’aliments. Elle s’exécute dans la fabrication Sous l’impulsion des chefs, les porcelainiers ont depuis diver-
des produits à base de lait (comme le yaourt ou le fromage), dans sifié leurs offres. Ils proposent des assiettes monochromes aux
la charcuterie (saucisson sec) ou de poisson (nuoc-mâm). De nom- formes variées. Les chefs diversifient leur service et n’hésitent
breux fruits et légumes peuvent être consommés fermentés, le pas à se procurer un service juste pour un plat. Ils associent le
plus connu étant le chou dans la choucroute. contenant à leur création culinaire.
ANNÉES DE CUISINE
Dernière tendance, les chefs collaborent avec des créateurs, N OTRE C O N STAT
parfois même des petits artisans, pour les assiettes, mais aussi La cuisine présentée dans nos premiers numéros, c’était du gas-
pour leurs verres et leurs couverts. La cuisine n’est-elle pas tro ! Eh oui ! Aujourd’hui, elle est servie dans les brasseries.
bientôt le 11e art ? La cuisine gastronomique est devenue très artistique, visuellement
et techniquement. Les fleurs et les jeunes pousses (micro-végé-
LE DRE SSAG E taux) ont remplacé les fleurs de peau de tomate et de radis, non
Longtemps, le dressage dans une assiette fut sommaire (à cause pas pour apporter un décor mais avant tout pour donner un goût
des ingrédients utilisés). Au fil du temps, les chefs utilisent des spécifique un peu comme un assaisonnement.
produits plus nombreux, et déclinent un même ingrédient en plu- Des néo-bistrots, est née la bistronomie. Mais qu’est-ce que c’est ?
sieurs préparations, de même pour les garnitures. Il n’est pas rare C’est une cuisine où le superflu a été retiré (exit le nappage, etc.),
de voir aussi plusieurs sauces dans la même assiette. mais pas dans l’assiette dans laquelle on présente une cuisine gastro.
La tendance actuelle est à « l’œuvre d’art ». Donnons-nous rendez-vous dans 30 ans, la cuisine note à note ini-
tiée par Pierre Gagnaire et Hervé This aura peut-être conquis les
chefs de demain.
114 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE
1988
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 115
1990
116 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE
2000
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 117
2007 TECHNIQUE
1 produit 3 cuissons
3
d
Assiette Flavors Food - Sautoir AllCla
®
118 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE
2011 - N° 234
38 Thuriès Gastronomie Magazine - Novembre
120 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE
ès Gastronomie Magazine - 29
N° 252 - Septembre 2013 - Thuri
122 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE
PRÉPARATION
INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES les filets
Habiller (ébarber, vider) le bar. Lever
1 Bar (de 1 kg) les et les portionne r.
avec les écail
150 g Jus de pamplemousse
2 Feuilles de gélatine 200 blooms
SIPHON PAMPLEMOUSSE
trempées et pressées (soit 4 g) incorpo-
Chauffer le jus de pamplemousse,
50 g Sucre (20 + 30) idir et
rer la gélatine et 20 g de sucre, refro
50 g Blancs d’œufs (soit 2) blanc s d’œufs. Vers er dans un
incorporer les
50 g Citron jaune
siphon d’un demi-litre et gazer une fois.
QS Huile d’olive
4 Feuilles de combava
CONDIMENT CITRON
1 Combava e res-
Mixer le citron jaune avec le sucr
1,5 g Poivre du Népal pendant
tant dans un Ther momix à 80 °C
1 Citron caviar une
5 minutes environ et réserver dans
pipette.
CUISSON
poêle
Cuire les portions de bar dans une
d’hu ile d’olive sur les écailles.
avec un filet
ant 1
À mi-cuisson, enfourner à 110 °C pend
sur une
minute, les retourner et les disposer
la sala-
feuille de combava puis finir sous
mandre pour grille r les écailles.
FINITION ET PRÉSENTATION
on de
Dans une assiette, dresser une porti
sur la feuille de comb ava, saup oudr er du
bar
pars eme r le citro n caviar.
poivre du Népal et
le condi-
Ajouter le siphon pamplemousse et
ment citron.
VIN CONSEILLÉ
du
Herm itage blan c 2004 - Dom aine
Colombie r.
té sur
Ce plat a besoin d’un vin avec une acidi
, en allian ce avec les écailles frites .
le fruit
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 123
PETI T
I LES RECE T TES DE L AURE NT
30 I TGM 295 I DÉCE MBR E 2017
e
Cèpes crus chauds à l’huile d’agastach
INGRÉDIENTS POUR 6 PERSONNES
3 Gros cèpes bouchons
8 Petits cèpes bouchons (6 + 2)
6 Chapeaux de cèpes bruns
quet)
250 g Huile d’olive (Moulin du Calan
1 Botte d’agastach e fraîche
1 Cébette émincée
1 Gousse d’ail écrasée
QS Fleur de sel (de Bex), poivre du moulin
50 g Glace de jus de viande corsé
au vin rouge
PRÉPARATION
Nettoyer et gratter les cèpes.
r les
Couper les gros cèpes en deux, laisse
en réser ver 2 au froid .
petits cèpes entiers et
CUISSON
s cèpes
Déposer les gros cèpes et les petit
e avec l’huile d’oliv e, l’agas-
dans une plaqu
la gousse
tache fraîche, la cébette émincée,
plaque et
d’ail écrasée, sel et poivre. Filmer la
°C pen-
cuire les cèpes dans une étuve à 80
dant 1 heur e.
de cèpes
Au moment, griller les chapeaux
en allan t cher cher l’ame rtum e de
bruns,
les cèpe s à l’huile
manière à contraster avec
d’aga stach e.
FINITION ET PRÉSENTATION
s crus
Émincer finement les petit s cèpe
réservés.
un demi-
Dans une assiette creuse, dresser
un cha-
gros cèpe, un demi-petit cèpe cuit et
brun grillé. Ajou ter des feuilles
peau de cèpe
jus de
d’agastache cuites, napper avec le
(au fond de la plaqu e), assaisonn er
cuisson
oser des
poivre du moulin et fleur de sel. Disp
arroser
tranches de petits cèpes crus puis
de jus de viand e corsé
avec un trait de glace
au vin roug e.
À SAVOIR
lant
Agastache : plante sauvage exha
s,
au froissage un puissant parfum d’ani
réglisse, menthe et berg amote.
VIN CONSEILLÉ
nce d’Al-
Roussette de Savoie - « Quintesse
Dom aine des Orch is - Philippe
tesse » 2010 -
Héritier.
2010
L’évolution minérale de ce millésime
e aro-
qui a permis de complexifier la gamm
i des
matique de ce vin, propose aujourd’hu
frottées,
arômes de pain grillé, de pierres
la per-
légèrement fumé. Il apporte ainsi de
es de noise tte fraîche
tinence sur les arôm
gés par le cèpe cru, tout en prés ervant le
déga
caractère épuré de ce plat délicat.
124 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE
ard d’Estaing
Soupe aux truffes noires, Valéry Gisc
INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES
80 g Truffes noires
(tuber melanosporum)
1 Carotte
100 g Céleri-rave
8 Têtes de champignons de Paris
de 3 cm de diamètre
QS Sel
)
150 g Blanc de volaille (sans la peau
500 g Bouillon de volaille
100 g Noilly Prat (vermouth)
60 g Foie gras mi-cuit en dés
250 g Pâte feuilletée (soit 4 disques)
2 Jaunes d’œufs (dorure)
PRÉPARATION
têtes
Tailler la carotte, le céleri-rave et les
gnon
de champignons de Paris en mati
(cubes d’1 cm de côté).
lle, le
Saler légèrement le blanc de volai
dans le boui llon de volaille à fré-
cuire
on,
missement pendant 6 minutes envir
ver
l’égoutter, le tailler en dés et les réser
séparément du boui llon de cuisson.
fines
Bros ser les truffes et les tailler en
lamelles, rése rver.
© Fred Durantet
PROCÉDÉ
iron
Dans une soupière individuelle d’env
30 cl, verser une cuillè re à soup e de
25 à
mati gnon de légum es
Noilly Prat, ajouter la
les dés de foie gras, les dés de volaille
puis
bouil-
et les lamelles de truffe. Verser le
puis
lon de volaille jusqu’à 1,5 cm du bord
disqu e de pâte feuilletée ;
recouvrir avec un
bien faire adhérer.
cuil-
Mélanger les jaunes d’œufs avec une
de sel
lère à soupe d’eau et une pincée
soupe
et dorer la pâte feuilletée. Cuire la
tes
dans un four à 200 °C pendant 20 minu
environ.
FINITION ET PRÉSENTATION
dès la
Serv ir la soupe aux truffes noires
sortie du four.
À SAVOIR
es
Dans cette soupe, la qualité des truff
est très important e, les choisir fraîches
en saison et en conserve hors sai-
son. Compter alors 30 g de truffe par
personne.
et
L’ajout de sel dans la dorure perm
.
une meilleure coloration de la pâte
© Fred Durantet
VIN CONSEILLÉ
.
Champagne - « Grande Cuvée » - Krug
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE CUISINE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 125
2018 B ISTRONOMIE
I TGM 298 I 87
WEST ERM ANN I AVRI L 2018
LES RECE T TES D’AN TOIN E
, noisettes et
Poitrine de canard rôtie au gingembre
et navets nouveaux
coulis de persil, cassolette de carottes
doux
le tout Assaisonner le côté chair et cuire à feu
role et porter à ébullition. Réduire on ; retirer fré-
INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES d’un e consistance siru- pendant 15 minu tes envir
jusqu’à l’obtention ur-
2 Magrets de canard gras fier quemment l’excédent de graisse. Reto
peuse. Passer au chinois fin et recti côté chair et finir de cuire
(d’environ 400 g) nt. ner les magr ets
l’assaisonneme Laisser
QS Sel, poivre suivant le point de cuisson souhaité.
Sauce canard : reposer au chaud.
GARNITURE de
40 g Gingembre ttes en Dégraisser la sauteuse, déglacer avec
Éplucher les légumes, tailler les caro ié. Au
100 g Vin blanc nave ts en quar tiers , puis les l’eau puis chinoiser et réduire de moit
biseaux et les canard
100 g Fond de canard corsé re. moment, déposer les magrets de
faire revenir sans coloration avec le beur d’un
Garniture : mou iller jusqu ’à mi-h aute ur dans une plaque sur la porte ouverte
Saler, poivr er, glacer avec le jus rédu it.
400 g Carottes nouvelles un four chau d et les
avec le fond blanc puis couvrir avec
400 g Navets nouveaux ant
papier sulfurisé et cuire à feu doux pend
40 g Beurre Retirer le papie r sul- FINITION
10 minutes environ.
250 g Fond blanc de volaille tion Trancher les magrets de canard.
furisé, finir de cuire jusqu’à l’évapora ts fon-
Coulis de persil : e. Rése rver. Réchauffer les carottes et les nave
complète du liquid minu tes.
100 g Beurre dants pendant quelques
60 g Noisettes concassées
COULIS DE PERSIL
60 g Purée de persil re, PRÉSENTATION
Dans une poêle, faire mousser le beur gret
60 g Gingembre frit ttes conc assée s ; à color a- Dans une assiette, dresser un demi-ma
ajouter les noise er le coulis de persil, un cor-
nger. de canard, ajout
tion, verser la purée de persil et méla frit.
SAUCE CANARD don de sauce canard et le gingembre
ent le Assaisonner. dans une casso lette .
La veille, éplucher et hacher finem Servir la garniture à part
mbre , le mariner dans le vin blanc
ginge
on (soit 1 nuit) . CUISSON
pendant 12 heures envir dépo- VIN CONSEILLÉ
Quadriller la peau des magrets, les .
Verser le fond de canard corsé et
le gin-
sauteuse chaude côté peau. Alsace Pinot noir - Maison Trimbach
casse- ser dans une
gembre avec le vin blanc dans une
126 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INTERPRÉTATION CULINAIRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE
Interprétation culinaire
d’une dégustation verticale
PAR JEAN-LUC DENONAIN
En l’an 1997
LIÈVRE À LA ROYALE, SERVI À LA CUILLÈRE
Recette de Claude Taffarello parue dans notre numéro 93
en page 44.
Claude ne désosse pas le lièvre et ne le fait pas mariner. Il farcit
le coffre et coud le ventre puis le cuit dans une braisière à cou-
vert de vin rouge et d’aromates, en deux temps. Tout d’abord
dans un four à 180 °C pendant 3 heures puis à 150 °C pendant 2
heures. Tellement il est fondant et que les chairs se détachent,
on le sert à la cuillère avec la farce en accompagnement.
2006
LIÈVRE DE CHASSE FRANÇAIS À LA ROYALE,
MOUSSELINE DE TOPINAMBOURS
Recette de Fabrice Vulin parue dans notre numéro 176 en
page 41.
Fabrice donne un petit air provençal à sa recette. Il parfume la
sauce avec des zestes d’agrumes, du romarin et du basilic. La
marinade, corsée par réduction, est ajoutée à la sauce. Là, le
lièvre est cuit sous vide avec la sauce, et qui dit sous vide, dit
basse température, 62 °C pendant 36 heures ! Pas moins.
2012
LIÈVRE À LA ROYALE, FINE PURÉE DE CÉLERI-RAVE
À LA DOUCEUR DE CANNELLE
Recette de Christopher Hache parue dans notre numéro 245
en page 48.
Christopher élabore un fumet de lièvre et cuit son lièvre farci
dans une cocotte lutée dans un four à 59 °C pendant 14 heures.
Nous avons toujours une cuisson moderne à basse tempéra-
ture, mais plus longue que celle de David Bizet. Ici, le lièvre n’a
pas mariné et la tranche servie est entourée de truffe noire.
2017
LIÈVRE À LA ROYALE CHAMPION DU MONDE 2016
Lauréate du Premier Championnat du Monde de lièvre à la
royale, une recette mise au point par David Bizet dans notre
numéro 292 en page 33.
David prépare tout d’abord une base (un fond) 100 % lièvre
dans laquelle marinera puis cuira le lièvre. Ainsi, il se réfère à la
tradition en cuisant le lièvre dans sa marinade tout en s’adon-
nant à une technique de cuisson moderne : dans un four à basse
température (85 °C) pendant 10 heures. S’ensuivra un temps de
repos de 12 heures. La sauce est liée de façon classique, au sang
sans ébullition.
Synthèse
La toute première recette, celle de Claude Taffarello est bien
différente des suivantes. Somme toute plus classique, notam-
ment pour la cuisson. Dans les années 90, la cuisson basse tem-
pérature ou sous vide n’en était qu’à ses balbutiements.
De ce fait, nous remarquons qu’avec une cuisson classique les
chairs se détachent alors qu’avec une cuisson basse tempéra-
ture, sous vide ou pas, les chairs se tiennent et ce, même si elles
sont tout aussi fondantes. L’on obtient ainsi, après un refroidis-
sement, des tranches que l’on peut réchauffer pour une pré-
sentation plus raffinée.
Côté garnitures, l’imagination des chefs est sans limite, ou
presque !
Vous l’aurez compris, chacun adapte une même recette à sa
sauce, car qu’est ce qui fait un bon lièvre à la royale si ce n’est sa
sauce ? Et sa cuisson bien sûr.
128 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INTERPRÉTATION CULINAIRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE
1997
INTERPRÉTATION CULINAIRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 129
130 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INTERPRÉTATION CULINAIRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE
2006
ale,
lièvre de chasse français à la roy
mousselin e de topinamb our s
zine Gastronomie 41
N°176 - Janvier-Février 2006 - Thuriès Maga
132 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INTERPRÉTATION CULINAIRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE
2012
Ha ch e
Le s re ce t te s de Ch ris to ph er
2012 - N° 245
48 Thuriès Gastronomie Magazine - Décembre
INTERPRÉTATION CULINAIRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 133
de cé ler i-r av e…
Liè vre à la ro ya le, fin e pu ré e
1
Trancher des truffes à l’aide d’une mand
oline
japonaise.
2 3 e.
4 Disposer les lamelles de truffe autou
r de la
rte- Tran cher, lisser le lièvre à la royal tranche de lièvre.
Détailler des lamelles à l’aide d’un empo
pièce de 4 cm de diamètre.
Magazine 49
N° 245 - Décembre 2012 - Thuriès Gastronomie
134 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INTERPRÉTATION CULINAIRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE
2017
D BIZE T
2017 I LES RECE T TES DE DAVI
32 I TGM 292 I SEPT EMB RE
292 I 33
T I SEPT EMB RE 2017 I TGM
LES RECE T TES DE DAVI D BIZE
de 2016
Lièvre à la royale Champion du Mon
BASE SAUCE LIÈVRE , au
INGRÉDIENTS POUR 10 PERSONNES Concasser les avants de lièvres, les
mariner pendant 48 heures minimum
1 Lièvre rassis (de 6 livres, aromatiqu e.
froid, avec le vin rouge et la garniture
soit 3 kg) à ébullition et la flamber.
Égoutter le tout, porter la marinade de
QS Sel, poivre, farine, cognac, iture aromatique, singer (saupoudrer
Colorer les carcasses, ajouter la garn tes) pour colorer. Mouil-
sang du lièvre, Kappa urne r à 220 °C pend ant 15 minu
farine) et torréfier (enfo es
Base sauce lièvre : dans un four à 100 °C pendant 12 heur
ler avec le fond blanc, cuire à couvert
5 Avants de lièvres
environ.
2 Bouteilles de vin rouge
(soit 1,5 l)
MARINADE r-
200 g Carottes en mirepoix , le cœur et le foie. Le désosser et le déne
Dépouiller le lièvre, réserver le sang heur es envi-
200 g Oignons en mirepoix e lièvre, au froid pend ant 24
ver puis le mariner dans la base sauc
100 g Poireaux en mirepoix
ron ; le retourner plusieurs fois.
2 Gousses d’ail
QS Thym, laurier,
FARCE er
poivre concassé, pendant 12 heures. Égoutter puis hach
Mariner au froid les ingrédients cités
baies de genièvre e fine). Réserver au froid.
à l’aide d’un hachoir (grill
1l Fond blanc
Farce :
MONTAGE
300 g Échalotes grises
Égoutter le lièvre. r le
5 Gousses d’ail déposer sur un bord du lièvre et roule
Réaliser un boudin avec la farce, le » (filet à viande) et ficeler.
100 g Mie de pain une « chaussett e
tout. Coudre le lièvre, le glisser dans
4g Persil
350 g Gorge de porc
CUISSON es
200 g Foie gras cru e dans un four à 85 °C pendant 10 heur
Cuire le lièvre dans la base sauce lièvr r et serrer dans un
40 g Truffe hachée dans la cuiss on. Égoutter, roule
environ puis laisser refroidir
10 g Sel ant 12 heures environ au froid.
papier film puis laisser reposer pend
3g Poivre noir de Sarawak
QS Marinade, crème
CONDIMENT D’AIRELLE de
150 g Chair de lièvre coloration, déglacer avec le vinaigre
Suer les échalotes ciselées jusqu’à com pote r le tout. Ajouter
100 g Lard gras les et laiss er
Xérès, réduire à glace, ajouter les airel é-
200 g Foie gras er. Mouler dans des Silpat® demi-sph
l’oxalis, sel et poivre, mixer et pass dans un
Condiment d’airelle : r, trem per les dem i-sph ères
riques et bloquer au froid. Démoule
150 g Échalotes ciselées et 20 g de Kappa), réserver à tempéra-
bain de Kappa (1 litre d’eau minérale
220 g Vinaigre de Xérès
ture ambiante.
960 g Airelles
10 g Oxalis
SOUFFLÉ CHOCOLAT au
Souf flé chocolat : rosés, déglacer au cognac puis passer
Poêler le foie et le cœur du lièvre très
50 g Couverture noire à 75 %
tamis (farce à gratin).
(Domori)
Fondre les couvertures. -
25 g Couverture à 100 % blanc d’œuf déshydraté et le sucre, incor
Monter les blancs d’œufs frais avec le puis gar-
(Origine Pérou - Domori) à gratin à l’aide d’une mary se
porer les couvertures fondues et la farce te 30.
150 g Blancs d’œufs frais (soit 5) dans un four à 200 °C pendant 1 minu
nir les feuilletés chocolat et les cuire
4 g Blanc d’œuf déshydraté
25 g Sucre
SAUCE faire
10 Feuilletés chocolat ire, lier avec le sang du lièvre, sans
Filtrer la cuisson du lièvre et la rédu
QS Copeaux de potimarron
bouillir. Rectifier l’assaisonnement.
marinés à l’huile d’olive,
pousses de radis,
FINITION ET PRÉSENTATION ert
grué de cacao, r les tranches dans un poêlon à couv
Trancher le lièvre à la royale, réchauffe
feuilletés décor chocolat
avec la sauce, dans un four à 100 °C. la
he de lièvre à la royale, la napper avec
Dans une assiette, dresser une tranc t d’airelle et des copeaux
olat, le cond imen
sauce puis disposer un soufflé choc er
e. Parsemer de la fleur de sel et donn
de potimarron marinés à l’huile d’oliv
un tour de moulin de poivre noir.
o, feuilleté décor chocolat.
Décor : pousses de radis, grué de caca
VIN CONSEILLÉ
Côte-Rôtie 2000 - Domaine Jamet. ant,
i tout en délicatesse, raffiné et puiss
Un mets haut en saveur, mais auss acco mpli t s’y épanouit
-Pau l, dans un millé sime
intense. La Côte-Rôtie de Jean
grand lièvre.
et participe à la mise en avant de ce
136 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I ÉVOLUTION DU SERVICE EN SALLE PAR DENIS COURTIADE
Évolution du service
PAR DENIS COURTIADE
PAR GUILLAUME BOSC-THURIÈS
T. G. M. : Quelle est la place accordée au service de nos jours ? Quelles peuvent être les difficultés lors d’un service ?
D. C. : Dans les établissements de très haut standing, plus qu’ail- Nous ne devons jamais entrer dans une forme de condescen-
leurs, la clientèle recherche une expérience globale, et celle-ci dance ou de récitation mécanique qui, au final n’intéresse per-
passe fondamentalement par un équilibre entre la cuisine et la sonne. Si mes collaborateurs sont convaincus, alors ils seront
salle. Nous avons un rôle de guide pour expliquer et raconter convaincants !
l’histoire de notre restaurant, une histoire qui a été mûrement Il faut savoir être présent quand il faut. Le meilleur service, selon
réfléchie en amont. moi, reste un service que l’on ne ressent pas. Je dis souvent que
je ne sers ni à droite ni à gauche, mais uniquement du bon côté.
Comment cela se traduit-il ?
Au Plaza Athénée, nous avons poussé le concept de naturalité très Et quel est le bon côté ?
loin : pas de viande, moins de sel, moins de sucre, plus de céréales, C’est le comportement des clients à table qui nous indique
pas de nappe, etc. Ce sont des choix intellectuels forts pour un comment les servir. Le bon côté est donc celui qui dérange le
établissement triplement étoilé. Les codes traditionnels sont très moins les convives.
perturbés et la clientèle peut perdre ses repères. D’où l’impor-
tance d’expliquer la philosophie développée par Alain Ducasse. Si Le profil de la clientèle a-t-il évolué ?
le client nous en laisse l’opportunité, il est essentiel de montrer la Nous sommes beaucoup moins dans la clientèle traditionnelle
cohérence de nos choix sans toutefois devenir intrusif. de familles bourgeoises françaises.
ÉVOLUTION DU SERVICE EN SALLE PAR DENIS COURTIADE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 137
et de la clientèle
© O. Toussaint
Il y a un rajeunissement et une inter- Êtes-vous affecté par le phénomène Les rapports entre salle et cuisine
nationalisation depuis les années 2000, de No-Show ? ne sont pas toujours des plus cordiaux,
notamment avec des convives issus de L’ensemble de la restauration est touché, qu’en pensez-vous ?
pays comme la Russie, la Chine, l’Afrique mais plus notamment nos établissements La salle et la cuisine sont intrinsèquement
du Sud, le Brésil, etc. Une clientèle de plus de haut standing dont la clientèle est parti- complémentaires et interdépendantes, et
en plus aisée et de « nouveaux riches», culièrement fortunée. lorsque des problèmes existent entre ces
âgés de 30-35 ans. Ayant côtoyé toutes deux services, c’est avant tout et exclusi-
les grandes tables du monde, ils ont des Pourquoi cela ? vement un problème de personnes, et non
considérations et des attentes particu- La nouvelle clientèle est très volatile avec de fonction. Remettre le client au centre
lières. Il est très complexe de leur imposer un côté « zappeur ». Il n’est pas rare que du débat est la clef d’une entente cordiale !
quoi que ce soit, ils ne sont pas forcément certains clients réservent dans deux ou
là pour vivre l’expérience que nous avons trois restaurants pour le même soir et Comment voyez-vous les nouvelles
à leur proposer. S’ils veulent une omelette décident au dernier moment sur lequel générations de professionnels ?
avec deux lamelles de truffe, nous la leur ils vont jeter leur dévolu. Aussi, financiè- Les nouvelles générations sont plus sen-
servirons avec plaisir. rement aisés, le montant débité sur leur sibles aux enjeux sociétaux, en termes de
Par ailleurs, certains clients sont de plus en compte en cas de No-Show n’est pas forcé- mixité sociale, ethnique et égalité entre les
plus un peu végan, un peu végétariens, un ment un frein pour eux. hommes et les femmes, celles-ci étant de
peu sans gluten… Il faut savoir s’adapter en plus en plus présentes en cuisine ou en
permanence. Quels conseils donneriez-vous aux salle depuis quelques années.
jeunes destinés aux métiers de salle ? Je note leur attachement au respect et à
Un exemple de demande particulière ? Être habités par le métier : un sens du ser- la valorisation de l’humain et du collabo-
Un jour, j’amène la carte à la table d’un for- vice et du détail, de l’élégance, de la rigueur, rateur. Cela me semble être une bonne
tuné client américain, propriétaire de casi- une forme de bagou et de savoir dire, de chose et le management doit s’y adapter.
nos à Macao et Las Vegas, et il me demande l’humour, de la générosité et une capacité à Une remise en cause de nos fondamen-
un steak tartare frites ! Sachant qu’un des s’exprimer clairement. taux est donc nécessaire afin d’œuvrer
principes fondamentaux de La naturalité est Au-delà, et c’est parfois un souci dans le pour la revalorisation de notre profes-
l’absence totale de viande, je me dis « ça va recrutement, il est désormais indispen- sion, c’est dans ce sens que nous avons
être compliqué… ». Il était impossible de ne sable de s’exprimer en anglais. De nos créé l’association « Ô service - des talents
pas assouvir sa requête. Bien évidemment, jours, peu de palaces se permettent de de demain ».
nous n’avions pas la moindre viande en cui- prendre un jeune en apprentissage ou pour
sine, je suis donc allé à la brasserie de l’hôtel un premier emploi s’il n’a pas le minimum
en catimini pour satisfaire à sa demande. d’anglais requis.
138 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I ÉVOLUTION DU SERVICE EN SALLE PAR L AURENT VAN HOEGAERDEN
Évolution du service
PAR LAURENT
VAN HOEGAERDEN
PAR GUILLAUME BOSC-THURIÈS
L’Eden-Roc - Antibes
Fort de diverses expériences
dans de prestigieux établissements
parisiens tels que l’Hôtel du Louvre
ou l’Hôtel de Crillon, Laurent Van
Hoegaerden est depuis 2012
directeur de l’Hôtel du Cap-Eden-Roc
à Antibes, un des plus illustres
palaces de la Côte d’Azur.
Avez-vous constaté un changement de clientèle ces 10-15 Auparavant, y avait-il une forme de segmentation et des
dernières années ? traitements différents en fonction du profil de la clientèle ?
On observe un rajeunissement de la clientèle. Je pense que ce En effet, nous avons fonctionné ainsi pendant de nombreuses
constat est généralisé à tous les palaces. Cette clientèle est très années. Nous avions tendance à adapter notre comportement et
ancrée dans l’immédiateté, elle souhaite que l’on satisfasse ses la qualité de nos services. Les clients plus fortunés, ou particuliè-
desiderata rapidement, que ce soit en termes de confirmation rement fidèles, étaient considérés avec plus d’égards qu’un jeune
de réservation, de réponse aux mails ou toutes autres demandes couple un peu moins aisé par exemple. Ce phénomène est, bien
durant leur séjour. Cela requiert une grande réactivité. heureusement, aboli.
ÉVOLUTION DU SERVICE EN SALLE PAR L AURENT VAN HOEGAERDEN I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 139
et de la clientèle
Quelle est la place accordée au service en place des mesures. Ici, par exemple, lors d’orientation. Aussi, il faudrait que la for-
de nos jours ? du festival de Cannes, nous avons une per- mation initiale soit en adéquation avec le
Le service a pris de plus en plus d’im- sonne exclusivement dédiée à obtenir la métier. Il serait peut-être judicieux d’im-
portance. Les gens ne viennent pas juste confirmation des réservations. pliquer davantage les professionnels dans
dormir ou manger dans un bel écrin, ils les programmes pédagogiques.
souhaitent vivre une véritable expérience. Et si vous n’arrivez pas à joindre le client ?
Dans ce sens, tous les éléments, que ce Nous libérons la table. Quels sont, selon vous, les enjeux
soit la salle ou la cuisine, doivent être à venir ?
au même niveau et guidés vers le même Quelle évolution constatez-vous L’enjeu majeur est celui de la formation et
objectif. au niveau du personnel ? du recrutement si nous voulons pérenni-
Un élément flagrant est une plus grande ser nos activités. Car sans personnel, pas
Arrive-t-il que la cuisine et la salle mixité aussi bien en salle qu’en cuisine. de clients, et inversement… Les établis-
ne s’accordent pas pour fonctionner Nous voyons de plus en plus de femmes sements, ayant mis en place une réelle
ensemble ? occuper divers postes. Cela amène une politique de RSE (responsabilité sociétale
Ce sont des métiers rythmés par la passion autre dynamique à notre métier. des entreprises) et une sensibilisation de
à tous les niveaux : sommeliers, maîtres sa clientèle, ont pris une avance certaine.
d’hôtels, barmen, cuisiniers, pâtissiers… Quand j’ai débuté, nous étions tous très Par ailleurs, je suis persuadé que l’aspect
Parfois, il est vrai, tous ces passionnés n’ar- peu regardants sur le rythme de travail et émotionnel de l’expérience souhaitée
rivent pas à fonctionner ensemble. À cela, l’amplitude horaire. Les jeunes d’une ving- dans l’établissement de luxe n’ira qu’en
se mêlent également les ego de chacun… taine d’années, qui arrivent sur le marché s’amplifiant.
Mais la cuisine et la salle sont clairement du travail, sont nés avec la semaine des
interdépendantes et lorsque tout le monde 35 heures. Alors, la plus grosse erreur Et plus largement…
partage les mêmes valeurs, il n’y a plus de serait de penser qu’ils feront comme nous. Plus largement, il faut dès à présent ima-
problème. Cette génération n’est pas à blâmer ; elle giner ce que sera le métier en 2030. Je
est, au contraire, parfaitement à sa place. pense que les nouvelles technologies vont
Êtes-vous affecté par le No-Show ? Et, c’est à nous de nous adapter à eux. prendre de plus en plus d’importance,
Nous sommes évidemment touchés par le mais sous quelle forme ? Je ne le sais pas
No-Show à l’image de toute la profession. Le recrutement… vraiment.
Ce phénomène a toujours existé dans nos Le recrutement est compliqué. Les jeunes Cependant, Oetker Collection, dont nous
métiers. Conscient de son impact écono- sont talentueux et il nous appartient de faisons partie, a créé une cellule de
mique, l’ensemble de la profession a mis leur montrer qu’ils ont fait le bon choix réflexion sur le sujet.
140 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE
Rétrospective de 30
à travers Thuriès Gastronomie Magazine
PAR JEAN-LUC DENONAIN
© Fotolia - Fabiomax
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 141
années de Pâtisserie
RÉTROSPECTIVE DE 30
LE S TE C H N I QU E S
ANNÉES DE PÂTISSERIE
L A C HO COL ATE RIE
La mise au point de la couverture reste la même, c’est dans sa mise
en forme que l’on observe un changement dans le modernisme
des formes et des thématiques. Les bonbons chocolat s’affinent de
10/12 g à 8/9 g pour une meilleure dégustation.
Une tendance prend petit à petit sa place, le « bean to bar ». On
choisit ses fèves de cacao et on fabrique son chocolat dans son
laboratoire.
L A G L AC E RIE
Concernant la glacerie, afin de répondre à la réglementation, la
table analytique est la référence. Elle permet d’obtenir un mix équi-
libré. Le professionnel gagne en qualité et en régularité.
LE D E SI G N
« Bean to bar »,
torréfaction par
Patrick Gelencser.
144 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE
RÉTROSPECTIVE DE 30
Sapin de Noël
de Christelle Brua.
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 145
ANNÉES DE PÂTISSERIE
PÂTISSERIE DE BOUTIQUE
PÂTISSERIE DE RESTAURANT
CHOCOLATERIE CONFISERIE
BOULANGERIE GLACERIE…
1988
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 147
1993
148 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE
1999
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 149
2003
Astérix et Obélix
L’œuf de 60 cm de hauteur est découpé
à
à chau d. Les flam mes sont pein tes
en
l’aérographe, les personnages sont
et
cho cola t blan c sur base de sphè re
s. Les bras et acce ssoi res sont en
œuf
cho cola t plas tiqu e. Les crayons sont
de
constitués d’un mini tube de beurre
cacao couleur coulé dans un autre tube
de chocolat lait ou blanc.
- N°148
58 Thuriès Magazine Gastronomie - Avril 2003
150 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE
2006
1 produit 3 desserts
en sorbet
La pêche
3
2
1
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 151
2009
Procédé
couver-
Faire bouillir la crème, verser sur la
d’un
ture ivoire en émulsionnant . À l’aide
ur plon gean t, incor pore r la puré e de
mixe
. Laisser
framboise à température ambiante
crist allise r au froid .
152 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE
2009
Les recettes de Yann Duytsche
ns
Grissini dulce praliné noisette et pigno
Finition et présentation Appareil gianduja
né avec
Fourrer 2 sablés fondants au prali
l’app areil gian duja temp éré, laiss er crist al- Ingrédients environ 40 sablés
liser pendant 5 minu tes envi ron au froid. 150 g Pignons de pin
Conserver à l’abri de l’humidité. 300 g Gianduja
Procédé
Sablé fondant au praliné Torréfier les pignons de pin dans un
four à
150° pend ant 15 minu tes envi ron.
Ingrédients environ 40 sablés Fondre le gianduja à 45° puis le temp
érer à
150 g Pignons de pin 24°, mélanger le tout puis dresser.
290 g Beurre
115 g Sucre semoule
80 g Lait
120g Praliné amande (à 50 %)
390 g Farine faible
Procédé
four à
Torréfier les pignons de pin dans un
150° pendant 15 minu tes envir on.
iller
Dans un batteur avec la feuille, trava
pom mad e, ajou ter le sucr e et
le beurre en
blanchir le tout.
nger
Parallèlement, tiédir le lait et le méla
nir une
énergiquement avec le praliné ; obte
nger les
texture élastique et brillante. Méla
ter la farin e tami sée.
deux masses puis ajou
d’un peig ne large , étale r l’app areil à
À l’aide
uvrir
10 cm de longueur, sur un Silpat®, reco
ventilé à
de pignons et cuire dans un four
150° pendant 12 minutes environ.
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 153
2009
Procédé
rver au
Mélanger les ingrédients cités, rése
ant 12 heur es envir on. Dres ser
froid pend
trian-
sur un silpat® à l’aide d’un pochoir
four
gulaire de 6 cm de côté, cuire dans un
à 180° jusqu’à coloration.
Procédé
les
Réaliser une crèm e pâtis sière avec
dien ts cités , refro idir puis mon ter
ingré
d’un mixe ur plon gean t,
au beurre à l’aide
réserver au froid.
Pistou sucré
Ingrédients environ 30 personnes
50 g Pignons de pin caramélisés
15 g Sirop à 30° B
Assiet te Chef & Sommelier
Magazine 43
N° 212 - Septembre 2009 - Thuriès Gastronomie
154 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE
2010
La pâtisserie de Sébastien Bouillet
Procédé et présentation
Masse macaron Chauffer la crème, verser sur la
couverture
fond ue et réali ser une gana che puis
blan che
Ingrédients environ 120 macarons les zeste s. Garn ir des maca-
ajouter le beurre et
1 kg Tant pour tant blanc tamisé verts et laiss er matu rer une dem i-journée.
rons
(soit 500 g de sucre glace et
500 g de poudre d’amande)
360 g Blancs d’œufs (210 + 150, soit 7 + 5)
450 g Sucre
Macarons
100 g Eau poivron framboise
Procédé
Mélanger le T.P.T. avec 210 g de blan
cs d’œufs ; Garniture poivron framboise
obtenir une pâte d’amande.
r sur les Ingrédients environ 35 macarons
Cuire le sucre avec l’eau à 118°, verse Brisures de framboises
er tiédir la 135 g
blancs restants mousseux et laiss Pulpe de poivron rouge
la première 25 g
meringue. Incorporer petit à petit Gousse de vanille fendue
l’app areil . Poch er des 1/3
masse et mac aroner et grattée
les cuire dans un four à 165° pend ant
macarons ,
30 g Sucre
12 minutes environ. Pectine NH
4g
20 g Glucose
Masse macaron au chocolat
Procédé et présentation
es avec la
Recette et procédé Chauffer les brisures de frambois
porer 50 g vanille puis le
Identiques à la masse macaron, incor pulp e de poiv ron roug e. Ajou ter la
re dans le T.P.T. et 50 g de pure la pect ine et le gluco se, cuire
de cacao en poud sucre mélangé avec
de.
pâte de cacao dans la meringue chau le tout « à la gout te ».
maturer une
Garnir des macarons roses, laisser
demi-journée.
Macarons
chocolat intense Macalyon
Finition et présentation
eux au cara-
Garniture chocolat intense Fourrer 2 macarons avec le crém
pend ant une journée puis
mel. Laisser maturer
le maca ron et l’enr ober de couverture
Ingrédients environ 35 macarons temp érer
d’or.
noire à 70 %. Pars eme r d’éclats
100 g Crème
10 g Sucre
15 g Glucose Crémeux au caramel
40 g Couverture noire à 100 %
(Arriba - Domori) Ingrédients environ 100 macarons
10 g Beurre 125 g Sucre
65 g Glucose
Procédé et présentation 225 g Crème
le glucose.
Chauffer la crème avec le sucre et 2g Fleur de sel
sur la couvertur e fond ue, ému lsionner,
Verser 75 g Beurre
lsion ner à nouv eau puis
ajouter le beurre, ému 4,5 g Gélatine en poudre
ir des maca rons choc olat. Laiss er maturer
garn 25 g Eau
pendant une demi-journée.
Procédé
’au caramel,
Macarons Cuire le sucre avec le glucose jusqu
décuire avec la crèm e. Ajou ter le beur re, mixer
gonflée dans
le tout puis incorporer la gélatine
combava l’eau. Réserver pendant 12 heures au
froid.
Garniture combava
Ingrédients environ 35 macarons
60 g Crème
80 g Couverture blanche
20 g Beurre
0,3 g Zestes de combava
- N° 219
88 Thuriès Gastronomie Magazine - Mai 2010
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 155
zine 89
N° 219 - Mai 2010 - Thuriès Gastronomie Maga
156 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE
2011
Bonbon chocolat
ser à
rer la pâte d’amande restante puis abais
Montage et présentation d’un lamin oir (à 3,5) un carré (de 35 x 35
nt datte l’aide
Superposer les abaisses de croustilla es envi-
n confit, cm). Laisser reposer pendant 12 heur
gingembre et pâte d’amande au citro et chab lonner avec du beur re de cacao.
carrés ron
presser légèrement puis détailler des
re. Les
de 2 cm de côté à l’aide d’une guita
enrober de couverture noire extra
bitter. Croustillant datte gingembre
Décor : feuille d’or.
Ingrédients environ 200 chocolats
Pâte d’amande au citron confit 500 g Dattes
15 g Gingembre frais haché
100 g Feuillantine
Ingrédients environ 200 chocolats Beurre de cacao
50 g
500 g Pâte d’amande
(de Provence - 450 + 50)
Procédé
40 g Beurre de cacao nger
Tailler les dattes en morceaux, les méla
80 g Citron confit haché resta nts puis abais ser à
avec les ingrédients
d’un lamin oir (à 3,5) un carré (de 35 x
l’aide
Procédé heures
avec le 35 cm). Laisser reposer pendant 12
Mélanger 450 g de pâte d’amande
o et le citron confit. Incor po- environ.
beurre de caca
- N° 227
66 Thuriès Gastronomie Magazine - Mars 2011
RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 157
2012
in
Le s re ce t te s de Ja cq ue s G én
Procédé
fleur de sel.
Porter la crème à ébullition avec la
e en remuant et cuire jusqu’au
Fondre le glucose puis verser le sucr
crème sel ; attention au déglaçage,
caramel. Déglacer avec le mélange
en remu ant afin d’éviter les projections.
verser la crème en petit filet
incorporer le beurre petit à petit
Cuire jusqu’à 133 / 135 °C, hors du feu,
eme nt. Vers er le caramel dans 2 cadres (de
en mélangeant énergiqu
12 heures environ.
40 x 60 cm), laisser refroidir pendant
Finition et présentation
en rectangles à l’aide d’un couteau
Détailler les caramels en carrés ou
cellophane.
puis les envelopper dans un papier
Alcool conseillé
.
Whisky Nikka pure malt 21 ans d’âge
s confits tirant sur le fruit sec (noi-
Note très légèrement tourbée, fruit
hées également.
sette, pruneau) ; quelques notes brioc
Procédé
boise avec le glucose et 900 g de
Chauffer à 80 °C la pulpe de fram
le mélange pectine et sucre restant
sucre en remuant. Verser en pluie
en remuant. Éteindre le feu, ajou-
puis porter le tout à 105 °C, toujours
er. Coul er la pâte de fruit dans un cadre
ter l’acide tartrique, bien remu
ant 12 heures environ.
(de 40 x 60 cm) et laisser refroidir pend
Finition et présentation
l’aide d’une guitare ou au couteau,
Détailler la pâte de fruit en carrés à
les rouler dans du sucre semoule.
À savoir
en fonc tion des fruit s utilisés. La
Cette recette peut servir de base
on d’une pâte de fruit à l’autre
variation de la température de cuiss
peut varier de 1 à 2 voire 3 °C.
Vin conseillé
tian Binner. Notes de fruit s rouges
- Alsace Pinot Noir - Audrey et Chris
re.
très vives, très belle oxydation natu
Notes de fruit s secs et de miel.
- Pineau des Charentes - Guy Lhéraud.
2012 - N° 243
76 Thuriès Gastronomie Magazine - Octobre
158 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I RÉTROSPECTIVE DE 30 ANNÉES DE PÂTISSERIE
2016
ARD BOU RLON
2016 I L A PÂTI SSER IE DE RICH
50 I TGM 282 I SEPT EMB RE
ici,
Praliné à l’ancienne, pâte de citron d’
chou croustillant
PROCÉDÉ
Confit de citron
ètre, les
Dresser des choux de 6 cm de diam ONNES
un disque de crou stillant pâte INGRÉDIENTS POUR ENVIRON 8 PERS
recouvrir avec de citron frais
à 190 °C 100 g Zestes
à choux et cuire dans un four à sole
oura 200 g Jus de citron
éteint, pendant 40 minutes environ,
cuisson. 100 g Sucre semoule
ouvert pendant le premier tiers de la
PROCÉDÉ
FINITION ET PRÉSENTATION citron 3 fois, la première dans
ir avec Blanchir (départ à froid) les zestes de
Tailler un chou pour l’ouvrir, le garn entre chaque bouillon dans de
poche munie de l’eau salée ; les refroidir aussitôt
la crème praliné à l’aide d’un e
tter puis les confi re avec le jus de citron et le
r dessus une l’eau glacée. Les égou
d’un e douille cannelée et pose envi ron. Laisser refroidir puis
ter une sucre à 80 °C pendant 20 minutes
petite boule de confit de citron. Ajou n ; les obte nir tend res. Les mixer et réserver
renouveler l’opératio
petite quenelle de confit de citron.
la purée obtenue.
Décor : marguerites en pastillage.
VIN CONSEILLÉ
- Telmo
Malaga blanc - « Molino Real » 2006
Rodriguez .
, où le
Un malaga de grande classe, riche
du vin se mêlera bien à la riche sse du
gras
prali né et des note s tra-
chou. Le mariage du
nnelles du cépa ge mosc atel, rapp elant
ditio
e, sera un parfa it allié
l’orange, la mandarin
notes
aux notes de noix. La finale pointe des
lée.
vanillées portées par une trame acidu
Délicieux.
PROCÉDÉ
nger
Dans un batteur avec la feuille, méla
ingré dien ts cités , étale r la pâte à 2 mm
les
. Détail-
d’épaisseur et faire prendre au froid
des disqu es du diam ètre des chou x.
ler
Crème praliné
INGRÉDIENTS POUR
ENVIRON 8 PERSONNES
150 g Beurre frais
150 g Praliné amande à l’ancienne
300 g Crème pâtissière
PROCÉDÉ
lsionner
Dans un batteur avec la feuille, ému
le praliné puis incor porer la
le beurre avec
.
crème pâtissière, et réserver au froid
L’Emotion à votre image
Venez découvrir notre collection d’outils ludiques et incroyables
mis à votre disposition pour sublimer votre savoir-faire.
Créez des univers joyeux et enchantés pour tous les petits et grands gourmands,
façonnez des montages chocolat époustouflants et des entremets étincelants.
Faites de votre nom une marque intemporelle, par la personnalisation de vos créations à l’infini.
1 RUE DE HOLLANDE - BP 67 - 67232 BENFELD - Tél. 33 (0)3 88 587 333 - Fax. 33 (0)3 88 587 334
pcb.creation@pcb-creation.fr - www.pcb-creation.fr
Interprétation pâtissière
d’une dégustation verticale
PAR JEAN-LUC DENONAIN
Tout comme nous avons procédé avec le Lièvre à la royale (en page 126),
voici une dégustation verticale inversée et sucrée. Avec le millefeuille,
l’un de nos grands classiques.
Voyons ses évolutions au fil de ces trente dernières années…
© Fotolia - Tierney
Le millefeuille, qu’est-ce que c’est ? Deux pères se disputent la paternité de la pâte feuilletée au
Ne vous fiez pas à sa phonétique, un millefeuille, ce n’est pas une beurre : Feuillet, pâtissier du Prince de Condé, et Claude Gellée, dit
superposition de mille feuilles. le Lorrain, un peintre du XVIIe siècle. Ce dernier, apprenti pâtissier
Un millefeuille, c’est tout simplement un millefeuille. C’est-à-dire dans son jeune âge, serait rentré chez lui un soir avec un peu de
un gâteau composé de 3 épaisseurs de feuilletage à 5 tours, inter- pâte pour son repas. Il l’aurait garnie de beurre puis mise au four
calées avec 2 couches de crème. et la pâte devint croustillante à souhait… »
2013
MILLEFEUILLE À LA VANILLE DES COMORES
Recette de Yann Couvreur parue dans notre numéro 254 en
page 74.
Qui peut dire que ce n’est pas un millefeuille ? Le résultat est abouti.
La pâte feuilletée est juste remplacée par une pâte à kouign-amann
caramélisée dans un appareil à panini.
© Solène Folatre
162 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INTERPRÉTATION PÂTISSIÈRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE
Millefeuille à la vanille
ES VIN CONSEILLÉ
PROCÉDÉ POUR ENVIRON 10 PERSONN
g de Champagne demi-sec.
À l’aide d’un laminoir, abaisser 750 cham-
Bloquer L’accord est plus harmonieux avec un
pâte feuilletée à 8 mm d’épaisseur. ec un brut, trop vif, à moins
minutes pagne dosé qu’av
l’abaisse au froid pendant quelques cuvée
que l’on ne choisisse une grande
pour obtenir une découpe nette. évolu ée. On appr écier a la légè-
(de quelque peu
Découper 3 allumettes par personne cro-
les dispo ser sur une plaq ue reté de la bulle sur ce dessert qui allie
8 x 1,5 cm) et
un four à 200 °C quant et fond ant.
antiadhésive. Cuire dans ac Doux
tes afin de faire déve lopper Alternatives : Loupiac 2015 ; Gaill
pend ant 5 minu stral e.
ent les Méth ode Ance
le feuilletage rapidement. Normalem
aider
allumettes tomberont sur le côté (les
à tomber si beso in) et cont inue ront à cuire Crème diplomate légère
est très
mais dans le sens de la largeur (cela
mille- INGRÉDIENTS POUR
important pour la bonne découpe du
feuille final). ENVIRON 10 PERSONNES
nu), 150 g Crème liquide
Quand le feuilletage est cuit (blond soute
débarrasser les allumettes sur une grille
, les 500 g Crème pâtissière vanille
égaliser selon la taille souh aitée . 2 Feuilles de gélatine 200 blooms
Retourner les allumettes de feuilletage
et les trempées et pressées (soit 4 g)
oudr er de casso nade , les caram éliser
saup
au sec.
dans un four à 240 °C puis les réserver PROCÉDÉ
ter la
Dans un batteur avec le fouet, mon
MONTAGE ET PRÉSENTATION crème liquide. Réserver au froid.
la crème
Pocher la crème diplomate légère sur
2 allu- Dans une sauteuse, chauffer 1/4 de
la géla-
mettes, côté caram élisé. Les superpos er, ter- pâtissière tout en la fouettant, ajouter
ette foue ttant la crèm e pâtis sière
miner en ajoutant une troisième allum tine toujo urs en
cul-de-
de feuilletage côté caramélisé sur le
dessus. chaude. Verser la masse dans un
restante
poule, ajouter la crème pâtissière
foue t. À l’aide d’une
et lisser l’appareil au
se, incor pore r délic atem ent la crème
À SAVOIR mary
ie d’une
Pour que le millefeuille soit harmonie
ux, fouettée. Garnir une poche mun
.
veiller à équilibrer la quan tité de crèm e douille unie (n° 10) et réserver au froid
e-
par rapport à l’épaisseur de pâte feuill
tée (épaisseur du feuilletage = épaisseur TEUR CULINAIRE :
PHOTOS : SOLÈNE FOLAT RE. RÉDAC
de crème). JEAN-LUC DENO NAIN. ACCO RD VIN
: GUY CARRIÈRE.
INTERPRÉTATION PÂTISSIÈRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 165
millefeuille de prunes es
Pro céd é Cuire sous vide les prun
Œufs (soit 4) le
Finition et présentation Dan
s une 200 g
dénoyautées et coupées en 4 avec
e 200 g Sucre four vape ur
assiette, monter un millefeuille : feuilletag Beurre
sirop et la vanille dans un
caraméli sé, crèm e de pam plem ouss e, 50 g
Feuilles de gélatine
à 85° pendant 1 heure 30 environ.
is-
feuilletage caramélisé, prunes pochées
2
trempées et pressées (soit 4 g)
Récupérer le sirop, le réduire à cons
la moi tié
concassées, quartiers de prunes pochées, Crème (Candia)
tanc e sirup euse . Con cass er
sé. 600 g
terminer par un feuilletage caraméli des prunes.
poch age des prun es. Procédé Réaliser une crème pâtis
sière
Verser le jus de
avec les ingrédients cités ; hors du feu,
feuilletage caramélisé
en
Décor : pistaches hachées, motifs
chocolat blanc. ajouter le beurre et la gélatine ; refroidir
s- en cellule. Recette et procédé 20 personn
es
Vin con seillé Muscat de Rivesalte Monter la crème, l’incorporer à la crèm
e
l.
Coup de Foudre - Domaine Piquema de pam plem ouss e froide, dresser dans Abaisser 600 g de feuilletage à 5 mm,
le
dans un four à 200°
un cadre, réserver au froid. cuire entre 2 plaques
er
pendant 15 minutes environ, saupoudr
crème de pamplemousse prunes pochées
de sucre glace et cara méliser.
◆ Ingrédients 20 personnes
Crème pâtissière :
◆ Ingrédients 20 personnes
2 kg Prunes
500 g Purée de pamplemousse
2 litres Sirop à 30° B citronné
1 Zeste de pamplemousse
1 Gousse de vanille
Gastronomie 57
N°175 - Décembre 2005 - Thuriès Magazine
168 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INTERPRÉTATION PÂTISSIÈRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE
praliné craquant
Millefeuille au chocolat meringué et
Meringue craquante Guimauve grué de cacao
Finition et présentation
merin-
Dans une assiette, superposer : au chocolat Ingrédients environ 8 personnes
stilla nt praliné, merin-
gue noisette, crou 500 g Lait
auve
gue craquante au chocolat et guim Ingrédients environ 8 personnes 80 g Grué de cacao
d’un e poch e mun ie
grué de caca o. À l’aide 150 g Blancs d’œufs (soit 10) 9 Feuilles de gélatine trempées
bande
d’une douille carrée, dresser une 225 g Sucre semoule (75 + 75 + 75) et pressées (soit 18 g)
Termi-
de crème fouettée au chocolat lait. 70 g Sucre glace 220 g Blancs d’œufs pasteurisés
citron.
ner par une tuile nougatine praliné 20 g Cacao en poudre 40 g Sucre semoule
Verser la sauc e au choc olat.
Procédé Procédé
d’œufs cacao,
Meringue noisette Dans un batteur, monter les blancs Faire bouillir le lait avec le grué de
(75 g + tes
avec le sucre semoule, en deux fois laisser infuser pendant quelques minu
pore r les ingré dien ts res- et pass er au chin ois. Ajou -
Ingrédients environ 8 personnes 75 g) puis incor hors du feu
retom- masse,
290 g Sucre semoule (250 + 40) tants tamisés. Ne pas faire trop ter du lait pour obtenir 500 g de
re. lition
110 g Eau ber la meringue avec le cacao en poud incorporer la gélatine, porter à ébul
papier rapi-
200 g Blancs d’œufs (soit 7) Dresser 4 traits sur une feuille de et refroidir à 25 °C environ, mélanger
douille x avec
150 g Poudre de noisette (maison) sulfurisé à l’aide d’une poche à dement les blan cs mon tés mou sseu
ant est
150 g Sucre glace (n° 6), cuire dans un four à 100 °C pend le sucre semoule : attention, la prise
4 heur es envir on. rapid e.
le
Procédé Monter doucement les blancs avec
Crème fouettée au chocolat
l’eau ule.
Cuire 250 g de sucre semoule avec sucr e semo
2,5 cm)
à 125 °C, verse r sur les blan cs mon tés et Couler dans un cadre (de 27 x 27 x
rec-
fouetter jusqu’à complet refroidiss
ement. lait et réserver au froid. Découper des
sée x 2 cm), les enve lopp er de
Incorporer la poudre de noisette tami tangles (de 5
avec le sucre glace et le sucr e semo ule res- Ingrédients environ 8 personnes papier film.
tant, dresser à l’aide d’une poche à
douille 400 g Crème liquide
280 g Couverture lactée (Jivara)
(n° 6) des band es de 4 traits . Enfo urner
puis Sauce au chocolat
à 160 °C pendant quelques minutes
°C pend ant 4 heur es Procédé
finir de cuire à 100
dients Ingrédients environ 8 personnes
environ. Réaliser une ganache avec les ingré
d’un mixe ur plon geant 300 g Lait
cités, mixer à l’aide Glucose
au froid pend ant 12 heures 90 g
et rése rver
Tuile nougatine praliné environ. Dans un batteur avec la
feuille, 260 g Couverture noire à 70 %
(Guanaja)
itôt à
citron monter la ganache, dresser auss
l’aide d’une poch e à douille carré e.
Procédé
Ingrédients environ 8 personnes Faire bouillir le lait avec le glucose,
verser
150 g Sucre semoule ée,
3g Pectine NH
Croustillant praliné peu à peu sur la couv ertur e noire hach
mixer et servir tiède.
120 g Lait
Ingrédients environ 8 personnes
110 g Beurre
550 g Praliné craquant
60 g Glucose
150 g Couverture lait
90 g Praliné craquant amandes,
60 g Beurre frais
noisettes (Valrhona)
300 g Pailleté feuilletine
QS Zestes de citron jaune
Procédé
Procédé avec
ver- Dans un batteur, travailler le praliné
Mélanger le sucre avec la pectine, ter la couv ertu re fond ue
et le la feuille, ajou
ser dans le lait et ajouter le beurre té
jusqu’à avec le beurre puis incorporer le paille
glucose. Cuire le tout à feu doux Étale r entre deux feuilles de
et des feuilletine.
liaison et incorporer le praliné r, blo-
n. Étale r sur un Silpa t®, papier siliconé sur 1/2 cm d’épaisseu
zeste s de citro Déco uper en recta ngle s (de
°C pendant 10 à quer au froid .
cuire dans un four à 160
6 x 3 x 0,5 cm).
15 minu tes.
2010 - N° 222
50 Thuriès Gastronomie Magazine - Septembre
INTERPRÉTATION PÂTISSIÈRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 169
Magazine 51
N° 222 - Septembre 2010 - Thuriès Gastronomie
170 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I INTERPRÉTATION PÂTISSIÈRE D’UNE DÉGUSTATION VERTICALE
Ensemble,
simplifions la
démarche HACCP !
Zéro papier en cuisine
Gain de temps pour Être client chez ePack Hygiene : c’est bénéficier d’un
l'ensemble de la brigade accompagnement personnalisé depuis le paramétrage,
Conformité respectée l’installa�on, la forma�on de votre équipe et la télémaintenance
de votre Solu�on pendant toute la durée de l’abonnement !
02 29 62 64 40
Évolution
de la pâtisserie
Autour des années 70… sation naissante pour faire connaître son métier.
À la fin des années 70, l’heure est aux grands Il a ouvert la voie à de nombreux talents, qui ont
changements : on voit apparaître la « Nouvelle suivi ses traces, avant de s’affranchir à leur tour.
cuisine ». La pâtisserie lui emboîta le pas quelques
années plus tard… Le XXIe siècle, l’ère des pâtissiers ?
Fin des années 90/début des années 2000, le
Ce renouveau est incarné auprès des profession- design culinaire fait son apparition : la pâtisse-
nels par Yves Thuriès, et auprès du grand public rie devient une expression artistique, elle est
par Gaston Lenôtre. ludique, colorée et esthétique.
Évolution de la pâtisserie
Yves Thuriès
Si le monde de la gastronomie, et même au-delà, connaît Yves Thuriès
pour son parcours émérite et son double titre de Meilleur Ouvrier
de France, on oublie parfois qu’il est à l’origine d’innovations qui ont
révolutionné le monde de la pâtisserie.
Chef d’entreprise, entrepreneur et homme de lettres, il est également
un chercheur, détenteur de plusieurs brevets d’invention dont
le coffret de décor Magyfleur ou le présentoir YT.
Il est aussi l’auteur de l’encyclopédie Le Livre de Recettes d’Un Compagnon
du Tour de France en 12 volumes, qualifiée par S. G. Sender comme étant
« la plus grande encyclopédie culinaire de tous les temps ».
ÉVOLUTION DE LA PÂTISSERIE PAR YVES THURIÈS I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 175
Qui est Yves Thuriès ? de cesse d’apporter ses idées et son savoir Quels changements ont suivi
Né en 1938, à Lempaut, un petit village du pour faire évoluer le métier. ces années-là ?
Tarn, Yves Thuriès entre en apprentissage Les années 70-80 marquent un tournant
à l’âge de 14 ans. Une voie professionnelle T. G. M. : Comment était la pâtisserie majeur dans l’évolution de la pâtisserie.
logique pour lui, qui admire tant son père, avant les années 70 ? La profession bénéficie de l’accès aux inno-
boulanger de son état. Y. T. : Les pâtisseries étaient élaborées vations. Des innovations qui ont changé à
Installé dans sa pâtisserie de Gaillac en avec de la crème au beurre ou de la jamais la pâtisserie.
1965, ce compagnon du Tour de France crème pâtissière. Des génoises et des
est révélé au grand jour lorsqu’il rem- mokas étaient dressés à la spatule, les Quelles sont ces innovations ?
porte le double titre de Meilleur Ouvrier cercles n’existaient pas encore ; les feuil- À partir des années 80, les pâtissiers
de France « pâtissier-traiteur » et « confi- letés, les brioches étaient bons mais plus s’équipent de nouveaux matériels : des
seur-glacier » en 1976. Son doublé cette gras et plus sucrés. congélateurs et des grandes chambres
même année est unique dans les annales Les pâtissiers faisaient leurs gâteaux tous froides.
des métiers de bouche. Un record qui n’a les jours car très peu possédaient des La maîtrise du froid et de l’hygrométrie
jamais été égalé depuis. frigos et il n’y avait pas ou très peu de ont permis de nouvelles perspectives dans
Par la suite, il ne s’est plus arrêté, n’ayant congélateurs. la mise au point de pâtisseries inédites.
Quels avantages à cet accès aux Vous êtes le premier à faire usage Il a également fallu adapter les moules ?
innovations ? des mousses aux fruits ? Le dressage dans des cercles à entremets
La gestion du travail devenait différente, C’est grâce au métier de glacier que j’ai ou des cadres, comme nous en voyons par-
elle permettait une meilleure planification innové dans ces mousses aux fruits. En tout aujourd’hui, n’existaient pas. Il a fallu
des préparations et donc de travailler en m’entraînant pour le concours de l’Un des improviser.
plus grande série. Meilleurs Ouvriers de France, j’ai eu l’idée
d’incorporer de la gélatine aux bombes gla- Où avez-vous trouvé ce matériel ?
La crème au beurre ou la crème pâtis- cées. Appliquer mon savoir-faire de glacier J’ai demandé au ferronnier du village de
sière ne se congelant pas, il fallait trou- m’a permis d’avoir une longueur d’avance me fabriquer des cercles et des cadres sur-
ver d’autres procédés. La maîtrise du froid sur les pâtissiers classiques. mesure. Puis une collaboration avec Matfer
nous a permis de faire des crèmes beau- a permis de retrouver tout ce matériel sur
coup plus légères, moins grasses, plus par- J’ai expliqué leur utilisation dans mon le marché.
fumées… Et c’est là que sont arrivées les tome 3 « La Nouvelle Pâtisserie », un livre
mousses aux fruits, seule la mousse au cho- qui a été traduit en anglais, en allemand, Ces mousses aux fruits et l’utilisation des
colat existait déjà. en espagnol et en japonais. cercles à entremets ont été une révolution
à laquelle, même moi, je ne m’attendais pas.
176 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I ÉVOLUTION DE LA PÂTISSERIE PAR YVES THURIÈS
Après mon double succès au concours des MOF, pour transmettre mon
savoir et mes connaissances, je publiais des ouvrages professionnels
dans lesquels je détaillais visuellement les recettes étape par étape. Les
premiers films photo couleurs dans la pâtisserie et la cuisine étaient nés.
Dans le tome 1, je parlais des bases, tout ce que j’avais appris durant mon
apprentissage et mon tour de France. Le tome 2, la suite logique du premier,
traitait des glaces et du chocolat.
Le Magyfleur
De gauche à droite : Loïc Ballet ; Frédéric Cassel ; Yves Thuriès, prix « Carrière d’Exception » ; et Faustine Bollaert.
À cette occasion, Frédéric Cassel, le président de l’association, a remis un prix spécial à Yves Thuriès,
le récompensant pour l’ensemble de sa carrière. « Les Relais Desserts perpétuent la passation de
ce métier auprès des jeunes car il y a encore 30 ans, on gardait les recettes secrètes », a expliqué
Yves Thuriès, avant d’ajouter : « Si le dessert est universel, la pâtisserie est française. Pour ce qui est
de notre métier, il évolue dans le bon sens et la main de l’Homme lui sera toujours indispensable. »
ÉVOLUTION DE LA PÂTISSERIE PAR YVES THURIÈS I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 177
Dans les années 90, vous développez Aujourd’hui, la médiatisation est devenue
la chocolaterie et vous franchisez un élément à part entière et important de
votre marque. C’était une première… la profession. À mon époque, à la télévision,
Dès la fin des années 80, on sentait que le les pâtissiers n’avaient pas leur place.
chocolat allait prendre de l’ampleur. Dans Nous vivons une période tout à fait dif-
Entremets à base de mousses et les années 90, effectivement, j’ai été le férente, et les médias ont permis de faire
montés en cercle, réalisés en 1976. premier MOF et artisan à franchiser ma parler du pâtissier, de montrer que c’est
chocolaterie. un métier artistique et complet, tout aussi
important que celui de cuisinier.
Vous êtes également à l’origine Modestement, je suis fier d’être parmi ceux
d’innovations techniques comme qui ont contribué à cette évolution.
le Magyfleur et le présentoir YT.
De quoi s’agit-il ?
Le Magyfleur, il s’agit d’empreintes de
bronze en forme de fleurs et de feuilles.
178 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I ÉVOLUTION DE LA PÂTISSERIE PAR PIERRE HERMÉ
Évolution de la pâtisserie
Pierre Hermé
Picasso de la pâtisserie,
roi du macaron, pâtissier
d’avant-garde, virtuose du
sucré, architecte d’émotions,
magicien des saveurs…
Les qualificatifs médiatiques
ne manquent pas pour
désigner celui qui a élevé
la pâtisserie au rang d’art.
HAUTE COUTURE
Les années Lenôtre L’Ispahan Il emprunte le vocable et les codes de la
Héritier de quatre générations d’artisans Tel est le secret de Pierre Hermé : sa pâtis- haute couture. Il est le premier à parler de
alsaciens, dans la famille Hermé, la pâtis- serie est délibérément créative, mais basée collection, de présentation, de ligne, de
serie est une passion qui se transmet de sur un savoir-faire traditionnel et une tech- création, de lancement…
père en fils. nique parfaitement maîtrisée. Chaque collection est liée à la saison, chaque
Pierre Hermé commence son apprentis- Il ose associer des saveurs et des textures saison apporte une nouvelle émotion.
sage à l’âge de 14 ans. Élève de Gaston paraissant inédites et originales. Comme Pierre Hermé multiplie les contributions
Lenôtre, il reste près de 5 ans dans la célèbre lors de la création de son désormais avec des artistes et des marques, des
maison parisienne, où il « absorbe » tout célèbre Ispahan : l’alliance entre les pétales parfumeurs…
avec une soif intarissable d’apprendre : le de rose, les framboises et le litchi pourrait
souci du détail, l’organisation, la recherche paraître aujourd’hui d’une banalité affli- Dans le milieu de la mode, les petites mains
de la qualité… geante, alors qu’à l’époque elle était des s’affairent sur les belles étoffes tandis que
plus singulière, à tel point que personne le maître crée et signe. Idem en pâtisse-
Les années Fauchon n’y croyait. Aujourd’hui, l’Ispahan, parfois rie : Pierre Hermé note succinctement sa
Marqué par cette expérience forte, il veut à peine revisité, est présent dans de nom- recette, puis l’esquisse sur une feuille de
s’affranchir mais sans pour autant oublier breuses boutiques. papier avant de confier le tout à ses col-
son passé. Pierre Hermé souhaite faire des laborateurs. Plusieurs essais et dégusta-
gâteaux selon sa personnalité et ne res- Charles Znaty tions sont nécessaires avant la validation
sembler à personne d’autre qu’à Pierre Sa rencontre avec le publicitaire Charles du maître.
Hermé. Znaty en 1992 a été déterminante dans son
Le pâtissier entre chez Fauchon en 1985. parcours. Les deux hommes s’associent en Aujourd’hui, la pâtisserie haut de gamme
Dans ces années, il crée et affine son 1997 pour fonder Pierre Hermé Paris. s’est imposée. Dans les boutiques, les
propre style. gâteaux sont déposés sous des cloches de
Il bouleverse les codes en simplifiant l’ap- Pierre Hermé reprend son travail sur le verre telles de précieuses pièces de joaille-
parence des gâteaux, en enlevant tous macaron et en fait son produit phare. Le rie. Les produits sont disposés dans un pac-
les décors excessifs ou inutiles pour se succès est planétaire. Devenu son petit kaging imaginé et élaboré par des artistes.
concentrer sur les émotions procurées par gâteau fétiche, il met même en place une
les saveurs et les textures. journée spéciale, dont chaque année les Le goût
bénéfices des ventes de macarons sont Toujours est-il que derrière toute cette
Il révolutionne le macaron en créant de reversés à une association luttant contre la sémantique allégorique, le goût reste indé-
nouveaux goûts, en utilisant moins de mucoviscidose. niablement le credo de Pierre Hermé. Le
sucre… goût le passionne.
Une première enseigne voit le jour au Car sans le goût, les pâtisseries même les
La Cerise sur le gâteau Japon en 1998, puis une deuxième à Paris plus belles sont vouées à être éphémères.
Si vous ne voulez pas être surpris, ne choi- en 2001. Tous les décors sont soigneu-
sissez pas Pierre Hermé. Pour lui, le plaisir sement réfléchis par des designers pour La transmission
de la dégustation passe par l’étonnement et mettre en scène les créations du maître Pierre Hermé ne se contente pas d’avoir les
la découverte. dans un univers sensoriel. faveurs des médias, il fait également l’una-
En 1994, il est le premier en France à s’asso- Aujourd’hui, de nombreuses boutiques nimité auprès de ses pairs et des jeunes
cier à un architecte-designer, l’Irlandais Yan ravient les becs sucrés les plus fins en Asie, générations, pour qui il est devenu un
Pennor’s, pour créer un gâteau : la Cerise en Europe et au Moyen-Orient. mentor.
sur le gâteau. Alliant croquant, onctuosité, Pour Pierre Hermé, la transmission est un
croustillant et fondant, ce dessert est un L’univers de la haute couture état d’esprit, il a formé de grands noms
étonnement tout au long de sa dégustation. Pierre Hermé est également celui qui a fait parmi nos pâtissiers les plus talentueux.
Cette création devenue emblématique est entrer la pâtisserie dans une autre dimen-
rapidement classée comme chef-d’œuvre. sion : dans l’univers du luxe.
180 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I ÉVOLUTION DE LA PÂTISSERIE PAR CHRISTOPHE MICHALAK
Évolution de la pâtisserie
Christophe Michalak
Évolution de la pâtisserie
Frédéric Bau... CHANTRE DE
© T. Raffoux
Frédéric Bau n’est peut-être pas le plus médiatique de nos chefs ver l’équipe de Fauchon à Paris. D’abord commis aux petits gâteaux, il
pâtissiers, mais il est considéré comme l’un des meilleurs au monde devient responsable décor sous l’impulsion de Pierre Hermé.
par ses pairs.
Maison Valrhona
Lorrain d’origine, Frédéric Bau a commencé sa carrière, chez Claude C’est également Pierre Hermé qui lui propose de rejoindre Valrhona
Bourguignon à Metz. Incubatrice de talents, la maison regorge de en 1988. À l’époque, la manufacture met sur pied un service d’assis-
futurs grands noms tels Christophe Felder, Gilles Marchal, Yannick tance technique. Frédéric Bau saisit très vite tout le potentiel du
Labbé, Olivier Ménard… Frédéric Bau fait ensuite un bref passage laboratoire de démonstration. Il se bat pour que celui-ci soit agrandi,
dans la restauration, à La Grignotière près de Metz, avant de retrou- repensé et transformé pour accueillir des stages dignes de ce nom.
ÉVOLUTION DE LA PÂTISSERIE PAR FRÉDÉRIC BAU I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 183
LA « GOURMANDISE RAISONNÉE »
© Ginko Photographies
© Ginko Photographies
© Ginko Photographies
« Monsieur Chocolat » Comment était la pâtisserie Pourquoi était-ce inédit ?
Deux ans plus tard, l’École du Grand cho- à vos débuts ? Nous n’avions jamais appris cela à l’école
colat Valrhona voit le jour. Dès l’ouver- J’ai appris et grandi dans des pâtisseries, ou en apprentissage. Jusqu’à présent, on
ture, les professionnels du monde entier où nous faisions des gâteaux assez simples, nous demandait d’être simplement des
s’y bousculent pour découvrir les dernières nous limitant souvent à une crème prali- mélangeurs d’ingrédients, des compila-
techniques et innovations dans le monde née ou une ganache sur un biscuit imbibé teurs d’étages et de textures.
de la pâtisserie. Depuis, celui que l’on sur- Grand Marnier. Nous ne connaissions que
nomme « Monsieur chocolat » n’a de cesse trois sortes de chocolat : le noir, le lait et Des hommes comme Claude Bourguignon,
de distiller sa science du dessert pour faire celui de laboratoire… ou Pierre Hermé, m’ont toujours invité à
rayonner son art, et Valrhona, à travers le On ne peut pas dire que c’était un univers une réflexion plus « intellectuelle ».
monde. très gastronomique.
Nous n’étions pas franchement sous J’ai appris avec eux, le sens des mots
Depuis trente ans, dans le laboratoire de la l’émotion organoleptique des pâtisseries textures, architecture du goût, équilibre,
Maison Valrhona, il explore, crée, innove, et en terme d’arguments de vente, il n’y échec, déguster, donner de l’émotion.
développe, transmet son savoir-faire avait pas vraiment de quoi faire voyager Tout cela à travers l’origine et la variété
et ses techniques aux professionnels du le client. des ingrédients, et surtout les façons de
monde entier, suivant ainsi l’évolution de les marier ensemble, avec les meilleures
la pâtisserie. Mais petit à petit les choses ont changé… techniques du moment !
Auprès de Claude Bourguignon, puis de
Pierre Hermé, j’ai découvert une culture Une autre réflexion intellectuelle ?
gastronomique comme je n’en avais jamais Chez Fauchon, nous pouvions « créer »
T. G. M. : Ces dernières années, la pâtis- connu. Chez Fauchon, Pierre Hermé parlait nous-mêmes ou selon ses souhaits. Il
serie a connu un incroyable boom ? de l’origine des pistaches, des noisettes… fallait être capable d’écouter les mots
F. B. : Oui, et cette évolution a été pos- de la saisonnalité. C’était complètement de notre chef ! les comprendre, les ima-
sible grâce à des personnages audacieux, nouveau ! giner et de travailler, faire des essais
qui avaient le courage d’être « impolitique- en terme de goût, de texture, de tenter
ment corrects ». C’étaient des aventuriers D’ailleurs, l’un des grands changements de d’interpréter…
qui osaient faire différemment. ma génération a été cette « gastronomisa-
Gaston Lenôtre et Yves Thuriès ont été des tion de la pâtisserie ». À mes yeux, ces gens-là étaient bien plus
pionniers de la pâtisserie contemporaine, que de simples pâtissiers. Ils étaient, et ils
les premiers à profiter de la technologie De quoi s’agit-il ? sont, de vraies machines à concevoir du
pour rompre avec les codes établis. Il s’agissait de donner de l’importance aux plaisir à travers des goûts et des textures,
Je pense aussi à Robert Linxe, Pierre choses dans toutes les étapes de la concep- de vrais visionnaires dans l’émotion gus-
Hermé, Christophe Michalak, Jean-Paul tion d’une pâtisserie. C’était inédit pour les tative. Grâce à leur audace, ils ont ouvert
Hévin, et bien d’autres. pâtissiers de ma génération. le champ des possibles.
184 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I ÉVOLUTION DE LA PÂTISSERIE PAR FRÉDÉRIC BAU
Quel est l’élément le plus important Vous êtes le protagoniste de la « gour- Quel sera le prochain chapitre ?
en pâtisserie ? mandise raisonnée ». De quoi s’agit-il ? L’histoire est un éternel recommence-
Sans hésiter, et plus que tout, le goût. Le J’ai entamé cette nouvelle façon d’imaginer ment. Aujourd’hui, la pâtisserie est arrivée
visuel vient dans un second plan. mon métier, il y a 10 ans. à la fin d’un cycle mais elle n’a pas fini son
Je trouve qu’aujourd’hui, on accorde une Pour des raisons techniques, de conser- évolution.
part bien trop importante, à l’aspect, vation souvent, la pâtisserie était « tra- La prochaine génération devra faire des
parfois au détriment du goût. ditionnellement et historiquement » choix.
Les pâtissiers s’amusent beaucoup avec les ultra-généreuse. Mais ce qui était une évi-
tendances, parfois ils sont même border- dence auparavant ne l’est plus aujourd’hui. Quels choix ?
line. Mais l’appel à l’imaginaire ne prouve La gourmandise raisonnée, c’est imaginer La question est vaste et nul ne peut y
pas la quintessence du goût. et trouver les moyens pour créer une pâtis- répondre.
serie gastronomique et esthétique, res-
Vous dites que nous vivons dans pectueuse de la santé, du bien-être et de Y a-t-il des pistes à suivre alors ?
un monde de paradoxes… l’environnement, sans concession de goût. Oui bien sûr, c’est d’être constamment
Tout à fait. Pour faire plus court, il s’agit d’amener un à l’affût, à l’écoute, non pas des modes,
D’un côté, nous prônons le bon, le sain, le plaisir… plus sain. mais plutôt des tendances de fond, qui
naturel, le retour aux fondamentaux, à la font notre société de consommation
terre… Pourquoi ? actuelle et future. Bien plus exposés aux
D’un autre côté, nous n’avons jamais autant Nous ne pouvons plus nous permettre de médias, et aux critiques, les cuisiniers
vu de couleurs, autant mangé de colorants, travailler comme avant. Nous disposons n’ont pas eu d’autres choix, que ces points
alors qu’ils ont mauvaise presse. d’assez de technologies, de connaissances de passages obligés. Leur cuisine s’est
J’ai le sentiment que trop de pâtissiers se en matière de produits, de techniques, pour simplifiée, épurée, au profit du goût, de
sentent obligés de faire du beau, du bril- mettre la pâtisserie en adéquation avec les l’émotion, et d’une responsabilité socié-
lant, du scintillant, de l’argent, et du coloré, attentes et les envies de notre époque. tale et environnementale.
pour exister. Il y a certes une prouesse
technique incroyable, mais on en oublie L’univers du sucré n’a jamais autant Parlons en quelques mots,
l’essentiel. été mis en avant… de vous aujourd’hui et demain !
On parle beaucoup plus du sucré, et c’est Après avoir dirigé l’École Valrhona pendant
Ce sont des faux discours ? une bonne chose. Même s’il y a un peu plus de 20 ans, je l’ai quittée il y a 5 ans pour
Pas complètement. trop de starification : comme le dit Pierre un nouveau poste, celui de directeur de la
Bien entendu, les pâtisseries d’aujourd’hui Hermé, « du calme les gars, on ne fait que création et de la prospection de la Maison
contiennent moins de gras, moins de sucre, des gâteaux ». Les techniques évoluent mais Valrhona.
par rapport à la pâtisserie de nos grands- on n’invente rien, on réinterprète. Ma création s’oriente désormais, plus dans la
mères, mais parfois on rajoute ou on mise en lumière du savoir-faire de Valrhona,
enlève des choses plus ou moins bonnes. Quels sont les dangers de cette tels la sortie de produits nouveaux, la créa-
Par exemple, on remplace le sucre par du médiatisation ? tion et conception d’évènements visant à
miel, du glucose, ou du sucre inverti… C’est juste d’en oublier notre raison d’exister, servir les Artisans. « De Mains de Maître » est
Si on enlève trop de sucre, sans revoir d’oublier nos bases. Sans fausse modestie un concept d’expositions, de conférences et
les autres proportions, le pourcentage aucune, on ne fait que des gâteaux, certes, et de démonstrations inspiré des techniques
de gras augmente… Et ce n’est pas mieux ! pourtant tant de personnes rêvent d’en faire artistiques, que j’ai créé en 2017 pour parta-
leur métier, au point d’arrêter le leur. ger ma vision du processus créatif.
© Ginko Photographies
50, rue Léo Valentin
88000 Épinal
France
Tél. 03 29 69 10 10
contact@bragard.com
www.bragard.com
186 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018 I VINS & METS
© iStock - ThinkDeep
VINS & METS I JUILLET-AOÛT 2018 I TGM 301 I 187
Avant le XIXe siècle, nous servions à table glace… En plus, ils étaient souvent acides… soufre et donc la possibilité de prolonger
les vins dont nous disposions, tout simple- Bref, il nous arrivait rarement, pour ne pas l’élevage du vin en barriques, puis de le
ment, sans y apporter la moindre réflexion dire jamais, d’être éperdus, presque palpi- laisser vieillir dans des bouteilles sombres
et sans choix préalable. tants, à la dégustation d’un vin. Ce n’était bien bouchées au liège).
Tout a commencé lorsque le service dit « à pas les mots qui nous manquaient, c’était Dorénavant, on boira le vin à son apogée !
la russe » supplanta le service à la fran- l’émotion. Mieux, nous le savourerons. Et accompa-
çaise, lequel imposait que tous les plats Puis, le service dit « à la russe » s’imposa. gné d’un mets avec lequel il puisse dialo-
d’un même service soient disposés sur la Les plats désormais seront servis les guer s’il vous plaît !
table au même moment. Difficile dès lors uns après les autres, à la portion, à des Ne nous resta alors plus qu’à trouver les
de tenter des alliances entre les Vins et convives installés autour d’une table… mots justes pour exprimer l’émotion pro-
les Mets. curée par la juste concordance entre un
D’ailleurs, à cette époque, nous buvions Et comme une évolution, souvent en Vin et un Mets.
des vins souvent très jeunes, et très peu entraîne une autre, ce fut aussi le moment
colorés lorsqu’ils n’étaient pas blancs. où l’on perfectionna l’art de vinifier (avec Ainsi naquit la science des accords Vins et
Nous les coupions d’eau et parfois de des cuvaisons plus longues, l’usage du Mets !
188 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I VINS & METS
Prix public indicatif départ cave : 9, 50 € ttc Prix public indicatif départ cave : 12 € ttc
VINS & METS I JUILLETAOÛT 2018 I TGM 301 I 189
Prix public indicatif départ cave : 13 € ttc Prix public indicatif départ cave : 14,70 € ttc
190 I TGM 301 I JUILLETAOÛT 2018 I VINS & METS
d
u
foie gra
s
Je participe
à l’une des 7 étapes de la 15ème édition
CONTACT : sabinemasse@maison-masse.com
www.tropheemasse.com/www.maison-masse.com
www.maison-masse.com facebook/foiegrasmasse
RUNGIS - LYON - STR ASBOURG - NANTES
PROFITEZ DE CE BON DE COMMANDE ABONNEZ-VOUS TOUT EN DOUCEUR
à adresser à Thuriès Gastronomie Magazine
81170 Cordes sur Ciel - France LE PRÉLÈVEMENT TRIMESTRIEL AUTOMATIQUE SEPA
pour commander par tél. : 33 (0)5 63 56 16 06
par fax : 33 (0)5 63 56 49 26 UNIQUEMENT POUR ABONNEMENT OU RÉABONNEMENT
par internet : www.thuriesmagazine.fr
Nom : ..................................................................................................................... Prénom : .................................................................................................... Je choisis de régler par prélèvement automatique :
Date de naissance : ....................................................................... Profession : ........................................................................................... ❑ 20,90 € pour la France
Adresse : .................................................................................................................................................................................................................................................. ❑ 32,50 € pour les DOM-TOM
....................................................................................................................................................................................................................................................................................
❑ 26,25 € pour l’Union Européenne
....................................................................................................................................................................................................................................................................................
tous les trimestres pour un minimum d’un an (4 prélèvements). Votre
Code Postal : l l l l l l Ville : ..........................................................................................................................
abonnement sera reconduit pour un an sauf dénonciation écrite de votre
Pays : ........................................................................................................ Téléphone : .......................................................................................................
part, au plus tard un mois avant l’échéance. Un courrier vous avisant du
Adresse mail : ...............................................................................................................................................................................................................................
terme de votre abonnement vous sera adressé. En cas de non renouvel-
L’abonnement : lement, la dénonciation écrite doit être adressée au service abonnement.
❑ Je m’abonne à Thuriès Gastronomie Magazine Je complète le mandat de prélèvement SEPA ci-dessous et je joins mes
pour 1 an (10 numéros) au prix de (port inclus) : coordonnées bancaires.
❑ France : 69,90 € au lieu de 83,60 € ❑ DOM-TOM : 130,00 €
❑ Europe : 105,00 € ❑ Autres pays : 150,00 € Mandat de prélèvement SEPA
❑ Je m’abonne à Thuriès Gastronomie Magazine
pour 2 ans (20 numéros) au prix de (port inclus) : En signant ce formulaire de mandat, vous autorisez la Sté Sopresco à envoyer
❑ France : 125,40 € au lieu de 150,00 € ❑ DOM-TOM : 235,00 € des instructions à votre banque pour débiter votre compte et votre banque
❑ Europe : 190,00 € ❑ Autres pays : 270,00 € à débiter votre compte conformément aux instructions de la Sté Sopresco.
Vous bénéficiez du droit d’être remboursé par votre banque selon les
Les numéros antérieurs conditions décrites dans la convention que vous avez passée avec elle. Une
demande de remboursement doit être présentée dans les 8 semaines suivant
OFFRE EXCEPTIONNELLE -50 %
la date de débit de votre compte pour un prélèvement autorisé.
sur les numéros antérieurs du n° 46 au n° 290
valable jusqu’au 31 août 2018
I N S C R I R E L E S 10 N U M É R O S DA N S L E S C A S E S
❷ COMPTE À DÉBITER
Les écrins - OFFRE SPÉCIALE Domiciliation : ..................................................................................................................................................................................................
valable jusqu’au 31 août 2018
❑ Je souhaite commander ................................................... écrin(s) (port inclus) : BIC : l l l l l l l l l l l l
❑ France : soit ........................................ x 15,00 € = ..................................................... €
IBAN : l l l l ll l l l ll l l l ll l l l l
❑ Europe : soit ........................................ x 20,00 € = .................................................... €
❑ Dom-Tom : soit ........................................ x 22,00 € = .................................................... € l l l l ll l l l ll l l l
❑ Autres pays : soit ........................................ x 24,00 € = .................................................... €
Cher lecteur,
Désormais, le sommaire des numéros antérieurs
ne paraîtra plus dans nos pages. Vous pourrez consulter tous
les numéros disponibles sur notre site www.thuriesmagazine.fr
Les numéros antérieurs - collections 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 : 9,90 € (France uniquement).
Les numéros antérieurs - collections 2012 & précédentes : 7,40 € (France uniquement).
par courrier
voir bon de commande page de gauche
par téléphone
05 63 56 16 06
muni de votre carte bancaire
194 I TGM 301 I JUILLET-AOÛT 2018
Carnet d ’A d r e s s e s
Frédéric Bau Vins & mets
MAISON VALRHONA DOMAINE VIAL-MAGNÈRES Thuriès Gastronomie Magazine
8, quai du Général de Gaulle Clos Saint André Haut de la Cité
26600 Tain-l’Hermitage 14, rue Edouard-Herriot 81170 Cordes sur Ciel
Tél. : 04 75 07 90 95 66650 Banyuls-sur-Mer
Tél. : 04 68 88 31 04 www.thuriesmagazine.fr
Benoît Charvet info@vialmagneres.com
HÔTEL-RESTAURANT GEORGES BLANC SERVICE RÉDACTION
Place du marché CHÂTEAU BARBEBELLE Tél. : 33 (0)5 63 56 07 77
01540 Vonnas D 543 Fax : 33 (0)5 63 56 16 99
Tél. : 04 74 50 90 90 13840 Rognes magazine@thuries.fr
Tél. : 06 62 30 12 22 Directeur de la publication : Yves Thuriès.
Christophe Michalak contact@barbebelle.com Rédacteur en chef : Martine Occhipinti.
PÂTISSERIE CHRISTOPHE MICHALAK Secrétaire de direction : Annick Adami.
60, Faubourg Poissonnière CHÂTEAU DE L’AUMÉRADE Secrétaire de rédaction : Laurence Teixeira.
75010 Paris Route de Puget Ville Les rédacteurs : Guy Carrière,
Tél. : 01 42 46 10 45 83390 Pierrefeu-du-Var Jean-Luc Denonain.
Tél. : 04 94 28 20 31 Rédacteur graphiste : Luc Darlon,
Dominique Loiseau boutique@aumerade.com Nathalie Boutet-Schenten.
RELAIS BERNARD LOISEAU Photographe : Pascal Lattes.
LOISEAU DES SENS DOMAINE DES CRÊTS Comptabilité : Maryse Almon, Éliette Bouyssou.
2, rue d’Argentine Les Crêts
Impression :
21210 Saulieu 71700 Ozenay
Groupe des Imprimeries Morault
Tél. : 03 80 90 53 53 Tél. : 06 31 12 43 07
2, avenue Berthelot - ZAC des Mercières
info@domainedescrets.fr
60200 Compiègne
Romain Méder
Imprimé en France
Denis Courtiade DOMAINE PIQUEMAL
RESTAURANT ALAIN DUCASSE Lieu-dit Della Lo Rec-RD 17
AU PLAZA ATHÉNÉE 66600 Espira de l’Agly SERVICE COMMERCIAL
25, avenue Montaigne Tél. : 04 68 64 09 14 Guillaume Bosc-Thuriès
75008 Paris contact@domaine-piquemal.com guillaume@thuries.fr
Tél. : 01 53 67 66 65 SERVICE ABONNEMENT
DOMAINE DU GRAND CHÊNE Florence Assié
Sébastien Monceaux La Figayrade Tél. : 33 (0)5 63 56 16 06
François Daubinet 81600 Sénouillac abonnement@thuries.fr
MAISON FAUCHON Tél. : 06 10 53 06 24
30, place de la Madeleine domainedugrandchene@hotmail.fr SERVICE DES VENTES-RÉASSORTS
75008 Paris uniquement réservé aux marchands de journaux
Tél. : 01 70 39 38 02 Shopping CAURIS MEDIA - Stéphane Leluc
SENS GOURMET Tél. : 01 40 47 65 91 - sleluc@cauris-media.com
Laurent Van Hoegaerden 15/17 rue du Travy Réassort et anciens numéros
HÔTEL DU CAP-EDEN-ROC Zone Sénia - 94657 Thiais cedex Guillaume Bosc-Thuriès - Tél. : 05 63 56 07 77
Boulevard J. F. Kennedy Contact : Jean-Michel Thirion
PUBLICITÉ
06601 Antibes Tél. : 01 49 79 98 29
Thuriès Gastronomie Magazine
Tél. : 04 93 61 39 01 Fax : 01 48 85 36 32
Guillaume Bosc-Thuriès, Martine Occhipinti
www.sensgourmet.com
Tél. : 33 (0)5 63 56 07 77 - Fax : 33 (0)5 63 56 16 99
Pierre Hermé
PIERRE HERMÉ PARIS Thuriès Gastronomie Magazine
72, rue Bonaparte est une publication de 10 n° / an
75006 Paris diffusée par la S.A.R.L. SOPRESCO
Tél. : 01 43 54 47 77 Gérant : Yves Thuriès
Dépôt légal : juillet-août 2018
Commission Paritaire : n° 0520 K 86555
Numéro ISSN : 1966-6624 - © Thuriès 1988
Les noms des marques et adresses figurant dans les pages rédactionnelles
de ce magazine sont donnés sans aucune intention publicitaire.
DE
D’UN COMPAGNON
TOUR DE FRANCE
DU
P A R Y V E S T H U R I È S
ABONNEZVOUS À
THURIÈS GASTRONOMIE MAGAZINE
Rejoignez-nous
© D. Michalak © M. Cellard © P. Monetta © S. de Bourgies
YVES THURIÈS SÉBASTIEN MONCEAUX DOMINIQUE LOISEAU FRANÇOIS DAUBINET PATRICK BERTRON
© F. Juery © P. Monetta © S. de Bourgies
LAURENT VAN HOEGAERDEN AYMERIC PINARD ROMAIN MÉDER PIERRE HERMÉ BENOÎT CHARVET