Vous êtes sur la page 1sur 68

MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, DE LA RECHERCHE

SCIENTIFIQUE ET DE L’INNOVATION (MESRSI)


---------------
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
--------------
UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST (UCAO)
---------------
UNITÉ UNIVERSITAIRE À BOBO-DIOULASSO (UUB)
---------------

UNITÉ DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES JURIDIQUES,


POLITIQUES ET HUMAINES (UFR/SJPH)
---------------
MENTION : SOCIOLOGIE

MÉMOIRE DE FIN DE CYCLE


Présenté en vue de l’obtention du
DIPLÔME DE MASTER
SPÉCIALITÉ : DÉVELOPPEMENT SOCIAL

ANALYSE DES FACTEURS POLITIQUES DE LA REPRÉSENTATIVITÉ DE LA


FEMME BURKINABÈ EN POLITIQUE : CAS DE OUAGADOUGOU.

Présenté par : ZOUBGA Oumarou

Directeur de Mémoire : Pr Alkassoum MAÏGA


Professeur Titulaire de Sociologie, Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo

Codirecteur de Recherche : Dr Zakaria SORE


Maître-Assistant, Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo

Novembre 2018

0
SOMMAIRE

SOMMAIRE ........................................................................................................................................... I

REMERCIEMENTS ............................................................................................................................ III

SIGLES ET ABRÉVIATIONS ........................................................................................................... IV

RÉSUMÉ ............................................................................................................................................... VI

INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1

JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME ...................................................................................... 3

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE DE LA


RECHERCHE ....................................................................................................................................... 4

CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE DE L’ÉTUDE ..................................................................... 5

CHAPITRE II : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ........................................................ 28

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETRATION DES RESULTATS................... 33

CHAPITRE I : LE POSITIONNEMENT DES FEMMES SUR LES LISTES DE


CANDIDATURES COMME HANDICAP DE LEUR REPRÉSENTATION DANS LES
POSTES ÉLECTIFS ........................................................................................................................... 34

CHAPITRE II : L’INSUFFISANCE DE LEADERSHIP FEMININ DANS LES PARTIS


POLITIQUES : SOURCE DE LEUR SOUS-REPRÉSENTATION DANS LES POSTES
ÉLECTIFS ........................................................................................................................................... 44

CONCLUSION .................................................................................................................................... 50

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 52

ANNEXES ............................................................................................................................................ VII

TABLE DES MATIÈRES....................................................................................................................... X

I
À mes parents, mes frères et mes sœurs.

II
REMERCIEMENTS

Le présent travail n’aurait jamais pu voir le jour sans la générosité et le concours de nombreuses
personnes à qui nous témoignons notre profonde gratitude. Nous manifestons notre
reconnaissance particulièrement :

 À Pr Alkassoum MAÏGA, Professeur Titulaire de Sociologie à l’Université Ouaga I Pr


Joseph Ki-Zerbo, pour avoir accepté d’assurer la direction de ce mémoire en dépit de
ses multiples occupations. Merci pour ce que vous m’avez permis d’apprendre à vos
côtés ;
 Au Docteur Zakaria SORE qui, malgré ses nombreuses occupations, a accepté de
codiriger ce mémoire. Sa disponibilité et sa rigueur au travail ont été d’un apport
considérable pour la réalisation de notre travail.
 À monsieur le Président de l’UCAO/UUB, au personnel administratif et à tous les
enseignants pour la qualité de la formation ;
 À tout le corps professoral du département de sociologie de l’UCAO. Nous vous
exprimons notre gratitude pour nous avoir inculqué les rudiments de la sociologique ;
 À la famille ZOUBGA, pour l’amour qu’elle nous témoigne sans cesse et pour l’esprit
de solidarité qui règne en son sein ;

Nos remerciements vont également à l’endroit des personnes enquêtées, de nos amis et
camarades étudiants (es) et sociologues qui nous ont accompagnés dans la réalisation de ce
mémoire. Vous avez toujours su créer une ambiance favorable qui nous a permis d’arriver
jusque-là. Merci pour tout !

À tous ceux qui, de près ou de loin, ont œuvré à la réalisation de ce mémoire et dont les
noms n’ont pu être cités. Merci !

III
SIGLES ET ABRÉVIATIONS

AN : Assemblée Nationale
BPN : Bureau Politique National
CDP : Congrès pour la Démocratie et le Progrès
CEDEAO : Communauté Economique Des États de l’Afrique de l’Ouest
CEDEF : Convention sur l’Élimination de toute forme de Discrimination à l’Égard
de la Femme
CFB : Conseil des Femmes du Burkina
CGD : Centre pour la Gouvernance démocratique
CIFRAF : Centre d’Information, de Formation et de Recherche – Action sur la
Femme
CIPD : Conférence Internationale sur la Population et le Développement
CNR : Conseil National de la Révolution
DOP : Discours d’Orientation Politique
GII : Gender Inequality Index
INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie
INSS : Institut des Sciences des Sociétés
MPP : Mouvement du Peuple pour le Progrès
NAFA : Nouvelle Alliance du Faso
NDI : National Democratic institute
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAREN : Parti pour la Renaissance Nationale
PNG : Politique Nationale Genre
PNUD :Programme des Nations Unies pour le Développement
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
SEN : Secrétariat Exécutif National
TBPFBF : Tableau de Bord de la Promotion de la Femme au Burkina Faso
UFB : Union des Femmes du Burkina
UIP : Union Interparlementaire
UNIR/PS : Union pour la Renaissance/ Parti Sankariste
UPC : Union pour le Progrès et le Changement

IV
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Tableau n°1 : Répartition des enquêtes par sexe 30
Tableau n°2 : Présence des femmes dans les structures dirigeantes de 06 partis politiques
44

V
RÉSUMÉ
Cette recherche s’intéresse à l’analyse des facteurs politiques de la représentativité de la femme
burkinabè en politique. Elle vise à déterminer les raisons pour lesquelles les femmes burkinabè
sont peu représentées dans les postes électifs à Ouagadougou.

Pour répondre à nos questions de recherche, nous avons réalisé une étude qualitative. Les
données ont été recueillies auprès de 35 personnes. Il s’agit de femmes élues, non élues et
anciennes candidates, des responsables d’association et d’ONG œuvrant pour la promotion du
genre, des experts en genre et politique et des responsables des partis politiques. Ces enquêtés
ont été sélectionnés de façon raisonnée. Nous avons utilisé un guide d’entretien adapté à chaque
profil pour collecter les données qui ont ensuite été traitées manuellement.

Les résultats obtenus montrent que l’organisation interne des partis politiques joue un rôle
prépondérant dans la sous-représentation politique des femmes burkinabè. La sélection et le
positionnement des femmes sur les listes de candidatures se heurtent à des logiques
sociopolitiques entrainant une exclusion ou une auto-exclusion des femmes dans les postes
électifs. L'insuffisance de leadership féminin dans les partis politiques, qui est une source de
leur sous-représentation, est due à leur rôle de second plan, à leur faible nombre dans les
instances dirigeantes et les postes clés et à la persistance des traditions socioculturelles et des
attitudes patriarcales.

Mots clés : Femme ; Politique ; Sous-représentation ; Poste électif.

VI
INTRODUCTION

La question de la gouvernance est l’une des questions qui continuent de susciter des réflexions
et des réformes. Les systèmes de gouvernance ont connu des évolutions notables dans le temps
et dans l’espace. Cependant, on note que la sphère politique reste, dans son ensemble, dominée
par une seule catégorie d’acteurs : les hommes. Les femmes, bien qu’ayant participé aux
différentes révolutions, restent toujours reléguées au second plan.

Les différentes conférences mondiales des Nations Unies sur les femmes qui se sont succédé,
de Mexico en 1975 à Beijing en 1995, ont eu pour objectif l’élimination de la discrimination
envers les femmes et pour leur émancipation économico-politique. C’est ainsi que le
Programme d’action de Beijing, adopté à la quatrième conférence mondiale sur les femmes en
1995, va inciter les États à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, et à accroître
et assurer la participation des femmes dans les instances de décision. De plus, conscient du rôle
prépondérant des femmes dans le processus de développement, la communauté internationale
va faire de l’autonomisation des femmes un des Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) en 2000. Malgré ces différentes actions et stratégies en faveur des droits politiques des
femmes, il n’y a pas eu un accroissement du nombre des femmes dans les instances de décision.
En effet, la moyenne des femmes parlementaires dans le monde en 2011 était de 19,5% et en
2012, ce chiffre s’établissait à 20,3% (UIP, 2012). Cette progression restait bien trop faible par
rapport aux 30% de l’un ou de l’autre des deux sexes prévus par le Plan d’Action de Beijing.

Dans le contexte du Burkina Faso, après plus de 50 ans d’indépendance politique, force est de
constater que la sphère politique reste difficile d’accès à la femme malgré les quelques efforts
consentis par l’État, les organisations non gouvernementales (ONG) et la société civile. Avec
une population estimée 17 880 336 habitants dont 51,7% de femmes en 2014 selon le Conseil
des Femmes du Burkina Faso (CFB, 2016), la représentation de la femme burkinabè à tous les
niveaux de décisions reste insuffisante. Il y a une persistance de nombreux obstacles qui
entravent leur participation à la politique. Ce qui fait dire à Hadiza DJIBO (2001 :13) que : les
termes « femme » et « politique » sont encore à l’heure actuelle antithétiques, semblant à la
limite s’exclure l’un et l’autre… ». Au Burkina Faso, malgré les efforts déployés à travers
l’adoption de nombreux textes nationaux et internationaux en vue d’améliorer la participation
de la femme à la politique, on assiste toujours à une marginalisation de la femme dans les
instances de prise de décision. Le pays occupe le 131ème rang sur 149 pays pour le Gender
Inequality Index (GII) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
(CFB, 2016).

1
D’où la nécessité de s’interroger sur les raisons pour lesquelles les femmes burkinabè sont peu
représentées dans les postes électifs. Notre préoccupation est de comprendre en quoi
l’organisation interne des partis politiques ne permet pas une représentation des femmes
burkinabè dans les postes électifs.

Le présent mémoire est articulé autour de deux (02) parties : La première partie porte sur le
cadre théorique et la méthodologie. La deuxième partie quant à elle porte sur l’analyse et
l’interprétation des données collectées.

2
JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME
L’histoire politique du Burkina Faso a été marquée par une faible implication des femmes dans
la politique. En effet, l’entrée d’une femme dans les instances gouvernementales au Burkina
Faso commence en 1958. Cette entrée tardive n’a pas bousculé la donne. En effet, les différents
gouvernements qui se sont succédé ont vu une faible évolution, soit près de 4 décennies après
la colonisation et seulement deux ans avant les indépendances, du nombre des femmes dans les
instances du gouvernement. Il a fallu attendre la révolution de 1983 pour assister à un
accroissement du nombre de femmes dans les postes politiques.

À la fin de la révolution et à la faveur du retour à la vie constitutionnelle en 1991, le nombre de


femmes a évolué dans les équipes gouvernementales et au parlement. Cette présence des
femmes dans les instances de décisions a fait évoluer la cause des femmes par la mise en place
des mesures destinées à l’amélioration de leurs conditions politiques. Depuis 1992, le Burkina
Faso a multiplié les actions en faveur de la participation de la femme à la vie politique du pays.
Cette volonté a abouti à un changement institutionnel. C’est ainsi qu’on a assisté à la création
du Ministère de la Promotion de la Femme en 1997, devenu en janvier 2013 Ministère de la
Promotion de la Femme et du Genre, et à partir de 2015 Ministère de la Femme, de la Solidarité
Nationale et de la Famille. En plus, on peut ajouter l’adoption le 16 avril 2009 de la loi portant
fixation des quotas d’au moins 30% en faveur de l’un ou l’autre sexe aux élections législatives
et municipales au Burkina Faso par l’Assemblée Nationale, et l’adoption de la Politique
Nationale Genre (PNG) en juillet 2009. Ce qui fait dire que 2009 a été l’année de la femme
burkinabè.

Nonobstant ces acquis institutionnels et législatifs, la femme reste toujours sous représentée
dans les sphères décisionnelles au Burkina Faso. En témoigne leur faible proportion lors des
dernières élections. Ces dernières années, on pensait à une évolution progressive du nombre de
femmes à l’Assemblée Nationale et dans les conseils municipaux, mais avec la chute de leur
nombre lors des élections législatives de 2015 et municipales de 2016, on se rend compte que
le pari est loin d’être gagné. Cela nous amène à nous réinterroger sur la question de la sous-
représentation des femmes en politique.

3
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE
DE LA RECHERCHE

4
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE DE L’ÉTUDE

1.1 Revue de littérature

« D’une manière ou d’une autre, il n’y a pas de recherche sans documentation (…) la recherche
documentaire se présente comme une méthode de collecte et de vérification de données ; elle
vise l’accès aux sources pertinentes, écrites ou non, et à ce titre elle fait partie intégrante de
l’heuristique de la recherche » (ALBARELLO et al., 1995 :9). C’est dans cette perspective que
nous allons essayer, à travers une revue de littérature thématique, de dégager les points de vue
des différents chercheurs qui ont abordé la question de la participation des femmes en politique
afin d’en faire ressortir les convergences, les complémentarités et les divergences.

1.1.1 Femmes et espace public

 Une éducation et un positionnement différenciés dans l’espace public

Le processus d’inculcation et d’intériorisation des normes et valeurs sociales diffère d’une


société à une autre, mais aussi selon que l’on soit homme ou femme.

Dès les premières années de la vie, une différenciation s’établit selon que le jeune enfant est
une fille ou un garçon. Les faits et gestes du nouveau-né seront interprétés différemment par
son réseau social et en premier lieu par ses parents. Les garçons et les filles ne sont pas traités
de la même manière. Pour Alain BIHR et Roland PFEFFERKORN (2002 :16) : « les pleurs
d’un nourrisson sont interprétés en termes de colère si le bébé est présenté comme un garçon,
en termes de peur s’il est présenté comme une fille (…) on emploiera plus souvent le
qualificatif ‘’grand si le bébé est un garçon et ‘’mignonne’’ s’il s’agit d’une fille ». Aussi, les
parents stimulent-ils plus le comportement social des garçons que celui des filles. Sur le plan
moteur, les garçons sont manipulés avec plus de vigueur, on les aide à s’asseoir, à marcher plus
que quand il s’agit d’une fille. Ces attitudes parentales créent des identités sexuelles dès les
premiers instants de la vie. Il existe dans la société, une construction de l’identité de l’enfant
suivant son sexe. Pierre BOURDIEU (1998), montre qu’il existe des rites de séparation chez
les Kabyles dont la finalité est de détacher les jeunes garçons de tout ce qui est féminin. Dès
l’enfance, le jeune garçon est vite dépouillé de sa chevelure et séparé de sa maman pour éviter
qu’il ne se féminise, ensuite les rites de passage précisément la circoncision virilise le garçon
et incorpore en lui la domination. La logique est de préparer chacun aux rôles qui les attendent
selon le sexe. Pour Thierry BLÖSS (2001), la division sociale des rôles masculins et féminins
est très prégnante et s’appuie sur l’éducation voire une inculcation dès l’enfance. Pour lui, c’est

5
une pratique polymorphe débutant dans la famille, lieu par excellence d’une socialisation
sexuée qui aboutit à un habitus de sexe y compris les pratiques quotidiennes les plus anodines.

Dans la préparation des enfants aux rôles sociaux, le jeu occupe une place importante. Alain
BIHR (2002), montre que la transmission des jouets aux enfants se fait selon des stéréotypes
sexuels parents- enfants. Les jouets attribués aux filles sont réduits pour l’essentiel aux champs
des activités domestiques : poupées, berceaux, dinettes, couture, etc. Les garçons eux se voient
attribuer des jouets plus nombreux et centrés sur des activités plus diversifiées, plus liés au
mouvement, à l’aventure et renvoient plus fréquemment à la violence. Cette socialisation
conditionne et oriente le devenir socioprofessionnel de ces derniers. Selon Fatoumata
BADINI/KINDA (2003), il existe une éducation différente, faite de discriminations à l’égard
des filles qui évoluent dans une éducation primaire faite de jeux de poupée qui les prédisposent
à des choix professionnels en relation avec les attentes sociales formulées à leur égard.

Alain BIHR (2002), relève qu’un examen des représentations et attitudes des enfants face aux
jouets permet de préciser à tel point les jeunes enfants intériorisent et/ou s’approprient les
attributs sociaux des sexes qui leur sont proposés par les adultes. Une conformité totale de 68%
du côté des garçons contre 59% chez les filles. Conséquence, les enfants sont amenés à aimer
les jouets qu’ils ont le droit de posséder et à rejeter ceux qui ne font pas partie de leurs champs
d’appropriation. Ce constat dure toute la vie, mais atteint son paroxysme entre 7 ans pour les
filles et 9 ans pour les garçons. Pierre BOURDIEU (1998) ajoute que la famille joue un rôle
primordial dans la reproduction de la domination masculine par sa vision centrée sur l’homme.
Tout est centré sur l’homme. Son idée, sa parole et son action sont mises en exergue et
prédominent sur celles des femmes. Ce qui développe un complexe de supériorité chez les
garçons et parallèlement un complexe d’infériorité au sein de la gent féminine.

La famille n’est pas seule à assurer la socialisation des enfants et à contribuer aux processus de
construction des identités sexuelles. L’école qui est une institution de prise en charge des
enfants joue un rôle de plus en plus important dans ce processus.

Pour Thierry BLÖSS (2001), l’école, à travers ses supports et ses interactions pédagogiques,
participe à la construction des identités sexuées en ce sens que filles et garçons y sont traités
comme des groupes différents et leurs compétences scolaires acquises n’échappent pas aux
regards sexuellement stéréotypés que portent l’école et son représentant qui n’est autre que
l’enseignant. Quant à Pierre BOURDIEU (1998), l’école, en même temps qu’elle introduit des
changements, est aussi le lieu des contradictions. L’école, tout comme certaines institutions,
transmet les présupposés de la représentation sociale. On y enseigne que selon l’anatomie et la
6
physiologie, la femme est fragile et vulnérable par rapport à l’homme et qu’il serait mieux et
prévisible pour un travail attribué à une femme d’adjoindre un homme comme si la femme
n’était pas capable à elle seule de faire ce qu’un homme abat seul. Cette sous-estimation
consolide la représentation du sexe féminin dans la société et crée un complexe d’infériorité
chez les femmes. Cette représentation amène dans bon nombre de sociétés à vouloir tenir la
femme loin des espaces publics qu’on considère comme pouvant l’exposer. C’est ainsi que le
domaine politique n’est pas considéré comme un domaine d’expression de la femme.

Il y a une construction sociale des inégalités de genre due à une socialisation différenciée, dans
les sociétés. Cette distinction des positions sociales des hommes et des femmes, à travers la
transmission des valeurs et des attitudes, contribue à maintenir un complexe d’infériorité chez
les femmes et joue sur leur participation aux débats politiques. Cette forme de socialisation
sexuée contribuera, à travers la catégorisation sociale des rôles et places propres à chaque genre,
à l’octroi d’un rôle et d’une place spécifiques à la femme dans la société.

 Rôle et place de femme dans la société

L’existence de toute société implique la distribution de rôles et de statuts aux différents


membres qui la composent pour son bon fonctionnement. Ces rôles sont déterminés par des
facteurs socio-économiques et culturels variables dans le temps et dans l’espace. Il s’agit dans
cette rubrique de montrer le rôle et la place assignés à la gent féminine dans les sociétés
africaines.

Dans les sociétés africaines traditionnelles, les femmes ont joué un rôle mineur dans la gestion
des affaires publiques. Traitant du binôme femme-tradition, certains auteurs voient en la société
traditionnelle africaine, un univers de coercition et de restriction pour la femme. Parlant des
femmes en milieu traditionnel au Burkina Faso, Françoise PUGET (1999) affirme que la
division sexuelle du travail chez les Peulh du Séno aboutit à une ségrégation spatiale de genre ;
attribuant le « wuro » au lieu d’habitation des femmes tandis que le « ladde » désignant lieu
non habité, la brousse, donc l’espace public est l’apanage des hommes. Les femmes sont
surchargées, car en plus de la longue litanie des travaux quotidiens que sont : piler, cuisiner,
laver, puiser…elles sont tenues d’assurer le bon fonctionnement de l’espace domestique qui
leur est presque une fatalité biologique. Cette division sexuelle de l’espace se retrouve
également chez les Mossé qui à travers l’adage, « pag-la yiri » font de l’espace privé (domicile)
le lieu d’expression de la femme et de l’espace public, celui de l’homme.

7
Des auteurs comme Georges BALANDIER (1974), Isabelle DROY (1990), et Pierre
BOURDIEU (1998) résument la situation de la femme en milieu traditionnel en une forme de
domination psychologique que les dominés c'est-à-dire les femmes finissent par intérioriser
pour devenir les artisans de leur propre domination. Si le développement des auteurs cités ci-
dessus autorise à faire un rapprochement entre la situation de dominée de la femme et la culture
africaine, Esther BOSERUP (1983), quant à elle accuse la colonisation. Pour elle, la
détermination du statut inférieur de la femme africaine et la diminution de son autonomie ne
sont pas le fruit d’un « état de fait », mais le produit de certains évènements comme la
colonisation qui par exemple a fait des sociétés africaines, des sociétés dans lesquelles les
hommes sont du côté du progrès et les femmes du côté de la tradition. Effectivement, Penda
MBOW (2006) à travers une rétrospective du déploiement du pouvoir au sein de quelques
sociétés matriarcales africaines fait ressortir la place privilégiée que les sociétés africaines
octroient à la femme. Pour elle, il existe plusieurs faits avant la rencontre des sociétés africaines
avec le colonisateur qui montrent que la femme avait un rôle important dans la gouvernance
des sociétés. On peut citer le leadership de la « Mafo », de la princesse Bamikélé, de la
« Sarawinia » du Niger, de la Reine Pokou de Côte d’Ivoire, des princesses et Reines du Waalo
au Sénégal et tant d’autres qui ont administré les pouvoirs placés sous leur responsabilité. Au
Burkina Faso, on a l’exemple des princesses Guimbi Ouattara et Yennega.

Sèdagban Hygin Faust KAKAI (2001) fait remarquer que le rôle et la place attribués à la femme
dans la société traditionnelle africaine ne sont pas le fruit d’un servage, mais d’un travail
spontanément accepté et librement consenti. Il ajoute que les Occidentaux véhiculent l’idée
selon laquelle la femme africaine n’est qu’une esclave soumise au dispositif marital et privée
de tout droit seulement dans le but de pérenniser leur impérialisme culturel.

La modernité serait l’évènement historique qui a contribué à saper la place de la femme dans
l’espace public. C’est ce qu’on peut retenir de Pierre BOURDIEU (1998) pour qui, l’État
moderne, en octroyant généralement les postes stratégiques comme les ministères de la
Défense, de la Sécurité et des Finances aux hommes et ceux relevant du social comme les
ministères de l’action sociale et de la promotion de la femme aux femmes, favorise la
discrimination des femmes. Ainsi, l’on peut dire que le sexisme serait la chose la mieux
partagée.

Les sociétés sont organisées selon une division sociale des sexes. En effet, les divers rôles et
responsabilités sont attribués selon que l’on est un homme ou une femme. Cette division sociale
des sexes découle des rapports sociaux de sexe. Elle se caractérise par une attribution de la

8
sphère productive aux hommes et celle reproductive aux femmes. Cet ordre social établi peut
avoir une influence sur la participation politique des hommes et des femmes.

1.1.2 Femme et politique

 Historique de la participation politique des femmes au Burkina Faso

La période coloniale jusqu'à l’orée des indépendances a été marquée par une présence timide
des femmes au sein des organes dirigeants du pays. Pour Palingwindé Inès Zoé Lydia
ROUAMBA (2011), le premier gouvernement du pays en 1958 avait à son sein une seule
femme à la personne de Madame Celestine Ouezzin Coulibaly/Traoré, épouse de Daniel
Ouezzin Coulibaly. Cette présence dans le gouvernement de Célestine Ouezzin
Coulibaly/Traoré pouvait être comprise comme une récompense liée au fait que Daniel Ouezzin
Coulibaly, principal artisan de l’indépendance, est mort quelque temps avant la formation de ce
gouvernement. L’accession du pays à l’indépendance marque une nouvelle ère de la
participation de la femme dans les instances de prise de décision. Elle a été absente de 1960 à
1976. En effet, il a fallu attendre les années 1976, sous le 2e régime militaire du général
Aboubacar Sangoulé Lamizana lors de la création du gouvernement d’union nationale, pour
voir une autre femme dans un gouvernent comme secrétaire d’État aux affaires sociales en la
personne de Fatimata Traoré/Sigué. Elle sera par la suite nommée ministre des affaires sociales
en 1978. Ce nouveau départ augure d’une timide présence des femmes dans l’exécutif. Ainsi,
les différents gouvernements de 1976 à 1983 ont connu la participation des femmes, même si
leur nombre variait toujours entre 1 et 2.

Après la proclamation de la république de Haute-Volta le 11 décembre 1958, les élections


législatives ont été organisées pour la première fois en 1959 et trois femmes ont été élues
députées au moins une fois sous les trois premières républiques. Il s’agit de Celestine Ouezzin
Coulibaly/Traoré pour les mandatures de 1959-1965 et 1965-1966, de Léontine Somé/Rouamba
de 1965-1966 et de Florence Nignan de 1978-1980.

Une nouvelle ère commence avec le Conseil National de la Révolution (CNR). Le pouvoir
révolutionnaire qui indexait le féodalisme comme cause du non-développement du pays a
impulsé un volontarisme politique en faveur d’une réelle participation socio-économique et
surtout politique de la femme burkinabè.

Le pouvoir révolutionnaire qui commence avec le coup d’État d’août 1983 voyait aux femmes
burkinabè, des citoyennes exclues des sphères de décision qu’il fallait dorénavant impliquer à
tous les niveaux de conception de décision et d’exécution pour la bonne marche du pays. Pour

9
le CNR, aucun développement n’est possible sans l’émancipation de la femme. Le Discours
d’Orientation Politique (DOP) considéré comme le programme politique du CNR, prononcé
par Thomas SANKARA le 02 Octobre 1983, accorde une place de choix à « la femme
voltaïque » dans la révolution démocratique et populaire. Cette place accordée à la femme dans
le DOP montre combien les tenants du pouvoir de la révolution pouvaient faire évoluer le statut
de la femme dans la société. D’ailleurs, pour Dénise BADINI/FOLANE (1998), l’émancipation
de la femme voltaïque était le deuxième cheval de bataille du CNR après la question de l’armée.
La volonté des révolutionnaires d’associer la femme à la vie politique va impulser un
décloisonnement des rôles des sexes avec l’accueil des femmes dans des domaines
traditionnellement masculins comme : l’armée, la police, le transport public, etc. C’est ce qui
fait dire Palingwindé Inès Zoé Lydia ROUAMBA (2011 :99) que : « C'est la Révolution du 4
août 1983 qui a permis de poser la question de la femme, de comprendre le système
d'exploitation de la femme, d'en saisir la vraie nature et toutes ses subtilités pour réussir à
dégager des actions susceptibles de conduire à un affranchissement total de la femme. Elle lui
a ainsi ouvert des perspectives nouvelles ».

Dans la démarche du CNR, il fallait d’abord faire évoluer les mentalités. Ainsi, après
clarification du concept d’émancipation « qui n’est pas un don fait à la femme voltaïque, mais
plutôt une invite à prendre son destin en main », le CNR s’est attaqué à ce qui lui semble être
la racine du mal : la mentalité des femmes et des hommes qui leur fait accepter et perpétuer
l’état de domination d’un sexe sur un autre comme étant naturelle. C’est ainsi que des actions
symboliques seront donc posées avec l’accession des femmes à des postes de responsabilité
jusqu’alors réservés aux hommes comme le ministère des Finances et le ministère des Travaux
publics. En qui concerne les autres domaines, nous pouvons noter la création d’une brigade de
motards de femmes pour l’escorte, la formation des femmes à la maçonnerie et la conduite des
engins lourds, etc.

Pour Gilbert TARRAB et Chris COËNE (1989), la vraie révolution réside dans le fait que les
femmes ont eu le droit de prendre la parole en public lors de la prise de décision et qu’elle l’on
fait. On ne pouvait pas voir une femme prendre la parole au milieu d’une assemblée ; cela ne
se faisait tout simplement pas.

La dynamique impulsée par le CNR va continuer après le retour à la vie constitutionnelle en


1991 sous la 4e République. Depuis l’instauration de l’État de droit marquée par l’adoption de
la Constitution le 02 juin 1991, le nombre de femmes au parlement connaitra une augmentation
régulière. Il passe de 4 à 24 femmes parlementaires de 1992 à 2012. Certes, il y a une timide

10
progression du nombre des femmes au parlement, mais cela s’explique par le jeu de suppléance.
En effet, les candidats têtes de liste sont pour la plupart du temps appelés à d’autres
responsabilités et du coup, ils sont remplacés par leurs suppléantes sur les listes électorales.

Pour Palingwindé Inès Zoé Lydia ROUAMBA (2011), la représentation féminine n’a pas connu
une réelle amélioration sous la 4e République. Pour elle, jusqu’en février 2008, le nombre de
femmes variera entre 3 et 5 dans les différents gouvernements qui se sont succédé soit un taux
de représentativité allant de 8,3% à 17,6%. Ce taux connaitra un bond de 20,5% en septembre
2008 avec 7 femmes ministres sur un total de 34.

En dépit des avancées constatées depuis l’avènement du CNR, l’effectif des femmes, dans les
instances de prise de décisions, demeure très faible dans les différentes législatures qui se sont
succédé dans le pays depuis la proclamation de la république le 11 décembre 1958. Cette
conclusion rejoint celle de Valérie OUEDRAOGO/ROUAMBA (2010) selon laquelle les
avancées notables dans la participation politique des femmes ne sauraient cacher l’hyper
masculinité de l’espace politique burkinabè qui n’a jamais été selon elle, réparti équitablement
entre homme et femme.

Contrairement à ces propos, Isabelle DROY (1990) pense que c’est devenu un truisme de dire
que les femmes sont exclues du pouvoir politique et ne participent pas aux affaires publiques.
Dénise BADINI/FOLANE (1998), se référant aux objectifs assignés par le DOP et l’Union des
Femmes du Burkina (UFB), appuie l’idée de Isabelle DROY et estime qu’au lendemain des
élections et de la constitution du premier gouvernement de la 4e république de 1997, le résultat
du parcours de la femme burkinabè est positif. Elle souligne également que l’évolution des
mentalités a suivi son cours, et que l’idée d’une représentativité féminine dans les sphères
décisionnelles est maintenant perçue comme une chose normale par les populations.

Mais pour mieux cerner la participation politique de la femme burkinabè, il faut revoir la
situation des femmes au sein des instances de décision.

 La situation des femmes au sein des instances de décision


La représentation des femmes au parlement connait une progression dans le monde. Selon
Pascale BOISTARD (2014), la moyenne mondiale de femmes dans les parlements s’établit à
20,3% en 2012 contre 19,5% en 2011 soit une progression de 5,3 points en 10 ans. Malgré la
nette progression de la moyenne mondiale, le rythme auquel les choses évoluent est encore bien
trop lent. Avec une moyenne mondiale de 20,3%, le seuil de 30 %, considéré par les institutions

11
internationales comme la condition minimale pour que les femmes exercent une influence
appropriée, est encore loin.
Ces dernières années, les femmes continuent d’enregistrer de meilleurs résultats dans les pays
appliquant des quotas qu’ils soient volontaires ou imposés par la loi. Sur l’année 2012, les
femmes ont obtenu 24% des sièges au parlement dans les pays ayant mis en place des lois sur
les quotas et 22% des sièges dans les pays où les quotas sont appliqués de manière volontaire.
Dans les pays n’appliquant pas de quota, elles n’ont obtenu que 12% des sièges au parlement.
Le Sénégal et le Rwanda sont les pays dont la progression de la représentation des femmes en
politique est la plus impressionnante avec l’application des quotas. Lors des élections de 2012
au Sénégal, les femmes ont remporté 42,7% des sièges au parlement. Quant au Rwanda, Il est
le seul pays où les femmes sont majoritaires au Parlement. En effet, le Parlement rwandais
compte 64% soit 51 sièges sur 80 depuis les élections de septembre 2013.

Pour ce qui est du Burkina Faso, nous constatons avec Nestorine COMPAORE (2002 :83) que :
« pour la période allant de 1946 à 2002, les chiffres cumulés donnent un total de 750 hommes
contre 23 femmes (3%) dans les divers parlements ». Selon elle, les années 90 ont été
déterminantes du fait du phénomène de démocratisation observé sur le continent. En 1992, on
a « 4 élues aux élections législatives contre 103 hommes ; en 1997, dans l’Assemblée élue, le
nombre de femmes était estimé à 10 contre 101 hommes » (Nestorine COMPAORE, 2002 :84).
Au cours de la troisième législature, c’est-à-dire 2002 à 2007, le pourcentage des femmes
députées était de 13% et ce pourcentage est passé à 15% pour la quatrième législature de 2007
à 2012. Le système des quotas proposés n’a pas réellement eu l’effet escompté. En effet, 24
femmes sur 127 députés ont été élues au parlement lors des élections législatives de 2012. Ce
qui correspond à un taux de représentation de 19% au parlement contre 30% visé par la loi.

Les actions menées par le gouvernement et les Organisations Non Gouvernementales (ONG)
ont apporté des progrès notables en termes de qualification et d’éducation des filles et des
femmes. Ces progrès expliquent l’accroissement en nombre des femmes ayant des compétences
pour occuper des postes dans l’administration publique et privée. Cependant leur nombre
demeure faible dans les postes de décisions politiques que ce soit au gouvernement, au
parlement, dans la haute administration ou au niveau communal. Selon le bimestriel burkinabè
QueenMAFA (2018), de 2000 à 2016, la proportion moyenne des femmes dans l’ensemble des
gouvernements formés est d’environ 15%, et le dernier gouvernement formé le 31 janvier 2018
compte 6 femmes ministres sur 33 soit un taux de 18,18%. Au niveau des hautes fonctions de
l’administration, en 2017, on dénombrait 4 femmes gouverneurs sur 13 soit un taux de 30,76%,

12
le nombre de hauts commissaires femmes était de 16 sur 45 soit 35,55% et 41 femmes préfets
de département sur 350 soit un taux de 11,71%.

En vue de promouvoir et de renforcer la participation des femmes à la gestion des affaires


publiques, d’importantes mesures ont été adoptées en faveur de la femme.

 Actions et textes législatifs pour la promotion de la femme

La participation de la femme à la vie politique a toujours été et continue d’être au centre de


multiples débats souvent controversés, ce qui explique la présence de multiples actions abordant
la question aussi bien sur le plan national qu’international.

Au niveau international, plusieurs actions ont été menées dans le sens de la promotion des droits
de la femme et de l’égalité entre la femme et l’homme. Au niveau des Nations Unies, des
initiatives telles que la proclamation en 1975 de l’année internationale de la femme et l’adoption
de la Convention sur l’Élimination de toute forme de Discrimination à l’Égard de la Femme
(CEDEF) en 1979 ont été des éléments majeurs.

Les années 90 ont été aussi celles pendant lesquelles les conditions de la femme vont être
débattues dans de nombreuses rencontres. On peut notamment citer la Conférence
Internationale sur la Population et le Développement (CIPD) tenue au Caire (Égypte) en 1994.
Cette conférence portait essentiellement sur les droits de l’homme, la population, la santé
sexuelle et reproductive, l’égalité entre les sexes et le développement durable. C’est la CIPD
qui a mis les projecteurs sur la femme et plus particulièrement sur sa santé. Les différentes
opinions s’accordent à dire que la femme est une actrice non négligeable pour le
développement.

Un an après la rencontre de Caire, s’est tenue en 1995 à Beijing la 4e conférence mondiale sur
la femme. Lors de cette rencontre, il a été fait une déclaration dite Déclaration de Beijing, qui
affirme que : « le renforcement du pouvoir d’action des femmes et leur pleine participation à
tous les domaines de la vie sociale sur un pied d’égalité […] sont des conditions essentielles à
l’égalité, au développement et à la paix » (1995 :3).

Au niveau de l’Afrique, ces dernières années ont été caractérisées par l’adoption de nombreux
textes relatifs à l’égalité, à l’équité des sexes et au renforcement du pouvoir des femmes. Parmi
ces textes, nous avons la Politique Genre de la Communauté économique des États de l’Afrique
de l’Ouest (CEDEAO) (2002), le Protocole de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et
des Peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique (2003), la Déclaration solennelle des

13
Chefs d’États de l’Union Africaine (UA) sur l’égalité entre les hommes et les femmes en
Afrique de l’Ouest (2004) et la Politique Genre de l’Union Africaine (2008). Ces différents
textes viennent améliorer la situation juridique de la femme.

Le plus important de ces instruments est la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Elle
énonce clairement dans son premier article que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux
en droits et en dignité. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers
les autres dans un esprit de fraternité ».

Le Burkina Faso étant membre de plusieurs institutions internationales qui organisent et


garantissent les droits de la femme, les traités, accords et autres conventions internationales
régulièrement ratifiées par le pays constituent donc son droit positif interne découlant du Droit
International.

Il a ratifié le 14 octobre 1987 la convention sur l'élimination de toutes les formes de


discrimination à l'égard des femmes. Cette convention, entrée en vigueur le 18 décembre 1979,
oblige par son l'article 3 les États à prendre, dans tous les domaines, notamment politique, social
et économique, les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour assurer le
plein développement des femmes. Cela en vue de leur garantir l'existence de la jouissance des
Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales sur la base de l'égalité avec les hommes. En
ratifiant cette convention, l’État burkinabè s’est engagé à prendre toutes les mesures
administratives, juridiques et politiques pour remédier aux discriminations faites aux femmes
et aux filles dans les domaines sociopolitiques, économiques et culturels.

La Loi fondamentale, la Constitution du 02 juin 1991 prône l'égalité des burkinabè des deux
sexes. L'article 12 stipule que « tous les Burkinabè sans distinction aucune ont le droit de
participer à la gestion des affaires de l’État et de la société. À ce titre, ils sont électeurs et
éligibles dans les conditions prévues par la loi ».

Cette disposition se retrouve aussi dans le code électoral en son article 42 : « le corps électoral
se compose de tous les burkinabè des deux sexes, âgés de dix-huit ans accomplis à la date du
scrutin, jouissant de leurs droits civiques et politiques, inscrits sur les listes électorales et
n’étant dans aucun cas d’incapacité prévu par la loi ». L'article 45 précise que « nul ne peut
refuser l'inscription sur les listes électorales à un citoyen burkinabè répondant aux conditions
fixées par le présent code électoral ».

Le Burkina Faso à travers ses textes légaux prône le principe d’égalité homme/femme dans la
vie politique et publique. En dépit de la multitude de textes en faveur de l’amélioration de

14
l’accès des femmes en politique, force est de constater que des obstacles persistent quant à la
participation politique des femmes.

1.1.3 Les contraintes à la participation politique des femmes

Les décisions juridiques sont insuffisantes pour offrir aux femmes l’accès aux sphères de
décisions. D’autres enjeux sont présents, comme les résistances socioculturelles, les contraintes
économiques et les contraintes institutionnelles.

 Les résistances socioculturelles

Certaines pratiques sociales rendent difficile l’application des principes d’égalité entre sexes
dont sont porteurs les textes consacrant les droits politiques de la femme voire même la
constitution. Selon Peggy ANTROBUS (2007), le patriarcat soutenu par un réseau de coutumes,
de traditions, de lois et d’institutions qui se perpétuent par le processus de socialisation humaine
crée une asymétrie entre les deux sexes en subordonnant la femme à l’homme et en incitant
cette dernière à reproduire sa propre soumission. Aussi, la conception patriarcale des rôles de
la femme et de l’homme se reproduit par le truchement d’institutions religieuses et médiatiques
même si le point d’ancrage demeure la famille. Elle ajoute que dans les pays musulmans et dans
maintes communautés chrétiennes et hindoues, le fondamentalisme religieux sous-tend la
violence exercée contre les femmes et la négation de leurs droits. Toute chose qui marginalise
les femmes et les dépossède de leur pouvoir.

La critique du patriarcat comme système reproduisant la subordination de la femme se retrouve


également chez Djibril Abarchi BALKISSA (2005). Analysant le Code civil nigérien, elle pense
que le fait que ce code tire ses sources du patriarcat, il contribue à maintenir les femmes dans
une situation de subordination quasi permanente. Elle en veut pour preuve l’article 213 de ce
code qui stipule que : « le mari est le chef de famille. Il exerce cette fonction dans l’intérêt
commun du ménage et des enfants » (Djibril Abarchi BALKISSA, 2005 :2). L’auteur ajoute
que pour l’opinion publique nigérienne, la procréation est le rôle fondamental de la femme. Elle
doit s’atteler à perpétuer la descendance familiale, s’occuper des enfants et de son ménage.

La même critique adressée aux coutumes est adressée aux religions que des auteurs comme
Simone DE BEAUVOIR (1949), Françoise PUGET (1999), Monique ILBOUDO (2006)
considèrent comme « l’opium de la gent féminine ». Pour ces auteurs, les différents
mouvements religieux, comme le chauvinisme et le fondamentalisme, vont à l’encontre de la
promotion des droits de la femme. La religion est alors un facteur influençant le statut et le
comportement de la femme dans la société. Dans les pays ou régions dans lesquels sévissent les

15
mouvements religieux radicaux tels que l’islam politique, le fondamentalisme chrétien ou le
nationalisme hindou, la représentation des femmes en politique et dans les affaires publiques
est très faible.

Pour certains auteurs comme Monique ILBOUDO (2006), le manque de solidarité et de


confiance entre les femmes elles-mêmes est un des facteurs limitant la participation politique
des femmes. De ce fait, tous les travers ne sont pas à mettre sur le dos des hommes, car, la
domination de la gent féminine n’est pas toujours l’œuvre des hommes. Selon Djibril Abarchi
BALKISSA (2005), au Niger les femmes préfèrent voter pour les hommes au détriment des
femmes candidates ce qui traduit un manque de solidarité au sein des femmes elles-mêmes
comme l’illustre bien ses propos : « il convient de noter également l’absence de solidarité entre
femmes, cas de Madame Bayard au Niger qui s’est présentée aux dernières élections
présidentielles avec des résultats très bas, du fait que les autres femmes ne l’ont pas soutenue
en grande masse » (2005 : 3).

Le comportement de la femme comme entrave à sa participation politique est aussi souligné par
Peggy ANTROBUS (2007) pour qui, les femmes qui parviennent aux postes de commande se
comportent comme leurs collègues masculins, car, bon nombre de femmes qui exercent les
fonctions de direction se voient limitées dans leur capacité d’agir dans l’intérêt de la majorité
particulièrement, celui des femmes. Ces femmes leaders réussissent souvent à exercer des
fonctions politiques de premier plan parce qu’elles s’engagent à la contrainte qu’est
l’acceptation du statu quo, sans vouloir ne rien bousculer. Cette situation est beaucoup plus
amplifiée par des contraintes d’ordre économique.

 Les contraintes économiques

Au Burkina Faso, la pauvreté est le commun d’une grande frange de la population et les femmes
sont les plus touchées. Selon une étude menée par le semestriel du Centre d’Information, de
Formation et de Recherche – Action sur la Femme (CIFRAF, 2010 : 4), la pauvreté a un visage
féminin au Burkina Faso. En effet, il ressort de cela que : « les femmes sont plus touchées par
le phénomène de la pauvreté que les hommes. Dans le groupe des extrêmes pauvres, elles
représentent 52,5% contre 47 ,6% pour les hommes ». Les facteurs qui expliquent cette
coloration féminine de la pauvreté sont essentiellement leur faible accès, et le contrôle des
facteurs de production et des ressources.

Pour Françoise PUGET (1999), les femmes peulhs du Burkina n’accèdent pas aux sols
économiquement rentables. Les stratégies socio-économiques des femmes s’inscrivent dans le

16
prolongement de leur statut de subordination ce qui empêche d’infléchir sur le foncier. Alors,
les champs dits des femmes sont ceux des zones stériles, improductives et déclassées de la
catégorie des sols cultivables.

La pauvreté ou la vulnérabilité économique sont la cause première de l’échec politique des


femmes. En effet, le chômage et la pauvreté qui font partie du quotidien de la gent féminine
burkinabè ne permettent pas aux femmes de faire face au clientélisme politique qui exige
beaucoup d’argent.

Les contraintes économiques se situent au niveau de leur incapacité à mobiliser des ressources
financières, soit pour financer leur candidature ou pour financer leur campagne électorale si
elles veulent se présenter en candidate indépendante. C’est ce qui est illustré par les propos de
Palingwindé Inès Zoé Lydia ROUAMBA (2011 :124) : en ces termes : « au Burkina, le retrait
de la candidature de Deborah Nazi Boni à la présidentielle de 1998 est aussi expliquée par une
incapacité financière. Elle n'a pas réussi à verser la caution de trois millions qui était exigée
des personnes candidates ».

De cette contrainte, naît nécessairement l’obligation pour elles de se mettre sous le couvert d’un
parti politique. Des partis dont le fonctionnement et l’adhésion sont contrôlés par les hommes.
La pratique des cautions pour les candidatures aux élections est aussi observée dans les partis
politiques. Cette pratique limite la possibilité pour les femmes d’être candidates eu égard à leur
situation de pauvreté. C’est ce que relève Nestorine COMPAORE (2002) qui a constaté qu’un
des partis a exigé, pour l’inscription sur les listes de candidatures le versement d’une caution
de 3 500 000 francs CFA. Somme difficilement mobilisable souvent par les femmes du fait de
la faiblesse de leurs revenus. La responsabilisation économique, pour faire des choix politiques
et à plus forte raison pour se porter candidate, est donc un facteur décisif pour les femmes. À
ces contraintes économiques qui font obstacle à la femme, il faut ajouter celles qui sont
institutionnelles.

1.1.4 Les contraintes institutionnelles

Les facteurs institutionnels, qui regroupent les systèmes juridique et législatif, contribuent à
favoriser et légitimer la participation de la gent féminine à la vie politique. Cependant, leurs
mises en œuvre restent problématiques compte tenu de certains facteurs.

Gilbert TARRAB et Chris COËNE (1989) évoquant le cas du Burkina Faso disent qu’avant la
Révolution Démocratique et Populaire du 4 août 1983, le Burkina Faso possédait une structure

17
juridictionnelle double avec d’un côté le droit traditionnel archaïque et défavorable à la femme
et de l’autre côté le droit moderne d’origine française.

Au titre des nouvelles mesures, il existe plusieurs textes et législations susceptibles de générer
une meilleure représentation et une participation des femmes en politique. Cependant, ces
instruments présentent de sérieuses lacunes qui limitent la portée de leurs objectifs initiaux qui
étaient de trouver des mécanismes efficaces pour une participation en nombre critique des
femmes dans les instances politiques. En effet, selon le National Démocratique Institute (NDI)
(2010 :5) : « dans les textes nationaux, il n'existe aucune définition juridique de la
discrimination comme stipulé dans la CEDEF ». En outre, la mise en œuvre du CEDEF reste
problématique en raison de la persistance d’un environnement socioculturel défavorable aux
femmes, la faiblesse des moyens et des capacités du ministère de la promotion de la femme
chargée de la question et le manque de synergie d’action entre toutes les parties prenantes
intervenant dans le domaine à savoir le gouvernement, le parlement, la société civile et les
autres acteurs.

De plus, le code électoral burkinabè ne permet pas un accès équitable hommes-femmes aux
postes électifs. Le mode dit « scrutin de liste » favorise seulement les candidats tête de liste
généralement homme au détriment des femmes qui accèdent rarement aux têtes de liste (Alice
TIENDREBEOGO-KABORET, 2002). Selon l’auteur, il faut étudier les effets des différents
modes de scrutin sur la représentation politique des femmes dans les organes électifs dans
l’objectif de procéder à des ajustements ou à des modifications.

L’adoption par le Burkina Faso en avril 2009 de la loi sur le quota, visant à accroître la
représentation numérique des femmes dans les instances de décisions, constitue une avancée
sur le plan normatif. Cependant, l’application de cette loi n’est pas sans difficulté majeure au
vu de ses insuffisances. Selon le NDI (2010), la loi sur le quota est certes une loi neutre qui
prévoit une participation d’au moins 30% des femmes et des hommes, mais elle ne s’applique
qu’aux postes électifs. Les postes nominatifs comme les postes dans l’exécutif, le judiciaire et
l’administration publique n’étant pas concernés. De plus, il n’existe aucune disposition
permettant un positionnement stratégique c’est-à-dire une alternance homme/femme sur les
listes électorales afin de maximiser la chance des femmes d’être élues.

De plus, il faut noter l’insuffisance des mesures prises par l’État sur le plan financier, sur le
plan de la sécurité et sur le plan des formations, pour accompagner les candidatures féminines.

18
1.2 Problématique

Pendant longtemps, les femmes ont été sous-représentées dans la gestion de la vie politique. Au
Burkina Faso, la question de la pleine participation politique des femmes s’est toujours posée
avec acuité. En effet, malgré le fait qu’hommes et femmes jouissent du même droit en politique,
aujourd’hui encore, la participation de la femme à la gestion de la chose publique est timide.
Leur nombre est très limité dans les différentes sphères décisionnelles, notamment les pouvoirs
législatif et municipal. Selon le Tableau de Bord de la Promotion de la Femme au Burkina Faso
de l’année 2013 (TBPFBF), à l’issue des élections couplées de 2012, les femmes détenaient
24/127 des sièges au parlement soit un pourcentage de 18,9% et 3896/17800 des conseillers
municipaux soit un pourcentage de 21,9% sont des femmes. On dénombrait 19/370 de maires
de communes femmes équivalentes à 5,1% (TBPFBF, 2014). Il ressort donc que la
représentation des femmes est faible à l’Assemblée Nationale et dans les conseils municipaux.

En dépit des dispositifs juridiques adoptés et des mesures politiques prises en faveur de l’équité
homme-femme, la participation de la femme burkinabè à la gestion de la chose publique n’a
pas connu une grande évolution. Plusieurs facteurs, liés à l'environnement social, culturel,
économique et politique, permettent d’expliquer cet état de fait.

Parlant de la dimension socioculturelle, Bernard LAHIRE (2001) fait le constat selon lequel
l’intériorisation de la contrainte sociale de départ fait que les dispositions masculines ou
féminines ne sont pas vécues comme un choix parmi d’autres possibles, mais comme une
évidente nécessité. Pour lui, la construction sociale des catégories de sexe justifie l’ordre établi
et le rôle occupé par les femmes dans la société. De ce fait, l’environnement social ainsi que la
prégnance des stéréotypes constituent un frein au militantisme politique des femmes. Koblan
Foly Jean KOSSI (2012), se penchant sur les perceptions gravitant autour de la femme et la
politique, arrive aux conclusions selon lesquelles l’espace politique semble réservé aux
hommes. Il n’est pas le lieu naturel dans lequel la femme devrait évoluer.

Plusieurs autres raisons ont été avancées par les auteurs pour expliquer la sous-représentation
des femmes en politique. Des facteurs comme l’analphabétisme et le faible niveau d’instruction
sont déterminants dans le fait que les femmes sont les plus touchées par le fléau. Ainsi, selon
le Centre de Gouvernance Démocratique (CGD, 2005 :46) : « l’analphabétisme de la majorité
des femmes électrices (surtout) est un facteur limitant leur engagement politique. Les femmes,
lorsqu’elles ne sont pas instruites, ignorent, en général leurs droits tels qu’ils sont formalisés
dans les divers instruments juridiques ».

19
Aussi, le manque de ressources financières constitue un handicap à la participation des femmes
en politique. C’est pourquoi Alice TIENDREBEOGO-KABORET (2002 :42) estime que :
« L’absence de ressources est un autre obstacle, en ce sens que le clientélisme politique exige
d’importants revenus que les femmes n’ont très souvent pas ». Pour être élu au poste de député,
de maire ou de conseillère, il faut dès lors avoir des moyens pour soit payer sa caution ou battre
la campagne. Les ressources financières apparaissent essentielles en ce sens qu’elles permettent
de mobiliser l’électorat lors des scrutins.

À cela, s’ajoutent des facteurs comme l’occupation aux tâches ménagères imposées par la
division sexuelle du travail et l’absence de confiance de soi qui accentuent le problème, sans
oublier la perception selon laquelle, la politique est l’apanage de la gent masculine. Du reste,
cet argument a prédominé au fil du temps comme un prétexte déniant à la femme son droit de
faire de la politique.

Pour permettre la participation de la femme, le gouvernement a adopté sur le plan politique en


2009, la loi portant fixation de quota d’au moins 30% en faveur de l’un ou de l’autre sexe aux
élections législatives et municipales, et l’adoption de la Politique Nationale Genre comme
document de référence et d’orientation.

Reconnues « grandes électrices », car constituant l’immense majorité du corps électoral et


s’acquittant le mieux de ses devoirs civiques, les femmes burkinabè sont presque exclues du
jeu politique et très peu représentées dans les organes de prise de décision. Ainsi posée, la
question de la sous-représentation des femmes dans les postes électifs est cruciale et mérite que
nous y réfléchissions.

La littérature abonde sur la sous-représentation des femmes en politique, mais n’éclaire pas
suffisamment sur le lien qui existe entre les facteurs politiques et cette sous-représentation.
C’est dans ce contexte que nous voulons faire « l’analyse des facteurs politiques de la sous-
représentation de la femme burkinabè en politique dans la ville de Ouagadougou ».

Notre question centrale de recherche est la suivante : en quoi l’organisation interne des partis
politiques influe-t-elle sur la représentation des femmes burkinabè dans les postes électifs ?

Cette question centrale est sous-tendue par deux questions spécifiques qui sont :

 Comment le mode de sélection des femmes dans les partis politiques explique-t-il leur
sous-représentation dans les postes électifs ?
 Comment l’insuffisance de leadership féminin au sein des partis politiques favorise-t-
elle leur sous-représentation dans les postes électifs ?

20
1.3 Objectifs et intérêt de la recherche

Objectifs

 Objectif général

L’Objectif général de cette étude est d’analyser les facteurs politiques de la sous-représentation
des femmes burkinabè en politique.

 Objectifs spécifiques

En termes d’objectifs spécifiques, il s’agit de :

 Appréhender le lien entre le mode de sélection des femmes dans les partis politiques et
leur sous-représentation dans les postes électifs ;
 Faire le rapprochement entre l’insuffisance de leadership féminin au sein des partis
politiques et la sous-représentation des femmes dans les postes électifs.

 Intérêts

Cette étude a pour intérêt de contribuer à éclairer sur les facteurs politiques qui expliquent la
sous-représentativité des femmes burkinabè en politique. Elle pourrait éventuellement servir de
référentiel pour la communauté scientifique, les décideurs politiques et les défenseurs de la
cause féminine qui pourront s’inspirer des conclusions dudit travail et prendre des mesures
adéquates en vue d’améliorer quantitativement et qualitativement la représentation des femmes
en politique. En outre, ce travail constitue pour nous une expérience, car il nous permettra de
nous familiariser avec la recherche sociologique.

1.4 Hypothèses de recherche

 Hypothèse principale

L’organisation interne des partis politiques explique la sous-représentation des femmes


burkinabè en politique.

 Hypothèses secondaires
 Le mode de sélection des femmes dans les partis politiques explique leur sous-
représentation dans les postes électifs ;
 L’insuffisance de leadership féminin au sein des partis politiques favorise la sous-
représentation des femmes dans les postes électifs.

21
1.5 Identification des variables et indicateurs

Variables sociodémographiques
Sexe : il s’agit pour nous ici de recueillir les informations selon le sexe de l’interlocuteur et de
les analyser sous l’angle du genre.
Indicateurs : homme et femme
Âge : il s’agit de faire le rapprochement entre l’âge et les visions de nos enquêtés.
Indicateurs : jeunes, adultes.
Catégorie socioprofessionnelle : savoir les catégories les plus ouvertes ou non à la participation
politique des femmes.
Indicateurs : fonctionnaires, agriculteurs, élèves/étudiantes, commerçantes, ménagères,
femmes et hommes politiques, autres…
Niveau d’instruction : reconnaitre qu’une femme a la même capacité intellectuelle qu’un
homme c’est d’une certaine manière comprendre le genre et ses enjeux ; d’où la prise en compte
de cette variable afin de voir son influence sur la participation ou non à la politique des femmes.
Indicateurs : non alphabétisée, alphabétisée, niveau primaire, secondaire et supérieur.
Situation matrimoniale : il s’agit de faire le rapprochement entre la situation matrimoniale et
les discours des enquêtés.
Indicateurs : célibataire, marié(e), divorcé(e), veuf/veuve.

 Variables liées à l’étude

Ces variables nous permettent de mieux cerner le phénomène étudié. Par rapport aux hypothèses
de travail, les variables et indicateurs qui se dégagent sont les suivants :

HYPOTHÈSES VARIABLES INDICATEURS


 Hypothèse 1 : Mode de sélection La sélection des candidats, le
Le mode de sélection des positionnement sur les listes de
femmes dans les partis candidatures, etc.
politiques explique leur sous- Sous-représentation Le nombre des femmes dans les
représentation dans les postes postes électifs,
électifs. le nombre de femmes élues, etc.

22
 Hypothèse 2 : Insuffisance de La place de la femme dans les partis
L’insuffisance de leadership leadership politiques, le nombre des femmes
féminin au sein des partis dans les structures dirigeantes, le
politiques explique leur sous- nombre des femmes dans les postes
représentation dans les postes clés des partis politiques.
électifs.

1.6 Définition des concepts

La définition des concepts clés dans une recherche est indispensable pour la compréhension de
l’étude. C’est d’ailleurs ce qu’affirmait Emile DURKHEIM (1985 :34) en ces termes : « le
savant doit d’abord définir les choses dont il traite afin que l’on sache et qu’il sache bien de
quoi il est question ». Pour notre part, nous essayerons donc d’élucider les notions clés pour
une compréhension plus approfondie de la présente étude.

Pour la présente étude, nous allons définir les concepts suivants : Participation politique, Partis
politiques, Représentation politique/sous-représentation politique, Leadership féminin.

 Participation politique

Selon Philippe BRAUD (2006), dans Sociologie politique, la participation politique désigne
l’ensemble des activités, qu’elles soient individuelles ou collectives, permettant aux citoyens
d’influencer sur le fonctionnement du système politique. Frédérick BASTIEN (2013 : 2-3),
quant à lui définit la participation politique comme « une action posée par des citoyens en vue
d’influencer les gouvernants, notamment en manifestant leur soutien ou leur opposition à des
idées, des partis ou des acteurs politiques ».

Dans la démocratie, la participation politique apparait, d’une part comme l’exercice d’une
citoyenneté dynamique et réfléchie, et d’autre part comme une valeur fondamentale lorsqu’on
l’associe au concept de citoyenneté, notamment à travers l’exercice du vote. Cependant, il faut
noter que la participation politique englobe d’autres types d’actions.

Daniel MOUCHARD et Jean-Yves DORMAGEN (2008) distinguent deux formes de


participation politique. La participation politique conventionnelle et celle non conventionnelle.
La première désigne le vote, mais aussi l’ensemble des comportements liés au processus
électoral (inscription sur les listes, participation à une campagne) à l’engagement partisan
(adhésion, militantisme) ou plus généralement à la politique (s’informer, discuter, débattre de

23
la politique). Par contre, la participation politique non conventionnelle désigne les activités
politiques de types protestataires (signer une pétition, prendre part à une manifestation, occuper
un bâtiment public…). Selon Claudine Valérie OUEDRAOGO/ROUAMBA (2010), la
participation peut être définie également comme « l’insertion des femmes », leur « accès aux
postes de décisions, au sens large ». Une dimension de cette participation politique est la
« représentation politique » qui concerne « l’élection des mandataires » et la « prise en compte
des intérêts portés par les femmes » ajoute-t-elle.

Notre présente étude s’intéresse à la participation des femmes à la politique conventionnelle.

 Partis politiques

De prime abord, nous pouvons dire qu’un parti politique est un regroupement de personnes qui
poursuivent le même idéal de société et qui veulent conquérir ou conserver le pouvoir pour
réaliser cet idéal.

La notion de parti politique renvoie, en général, à deux définitions. La première, d’ordre


idéologique, est donnée par Benjamin CONSTANT (1837 :202) qui selon lui : « un parti
politique est une réunion d’hommes qui professent la même doctrine politique ». Dans cette
définition, on voit qu’un parti politique s’apparente beaucoup plus à une faction.

La seconde définition, qui est d’ordre institutionnel, renvoie à celle de Philippe RAYNAUD et
Stéphane RIALS (2003 :525) : « Elle consiste à saisir le parti politique en tant que forme
politique, structure d’organisation de la politique ». À ce niveau, le parti politique apparait
comme un essentiel du jeu démocratique.

Joseph LA PALOMBARA et Myron WEINER (1966) quant à eux donnent les caractéristiques
qu’un groupe doit avoir pour être considéré comme un parti politique.

Il y a d’abord la durabilité. Un groupe ne peut être considéré comme un parti politique que s’il
est formé d’une organisation durable dont l’espérance de vie est supérieure à celles de ses
dirigeants. Ensuite, la couverture territoriale, c’est-à-dire qu’un parti politique doit être une
organisation dotée d’une structure qui couvre l’ensemble du territoire. En plus, la vocation à
exercer le pouvoir. Un parti politique doit avoir pour objectif la conquête et l’exercice du
territoire. Et enfin, la recherche du soutien populaire. Un parti politique est une organisation
qui rassemble et mobilise des individus dans le seul but de mener des actions collectives pour
que ces derniers accèdent au pouvoir.

24
Selon, Joseph LA PALOMBARA et Myron WEINER (1966 :5) : « Les partis politiques sont
généralement définis comme étant une organisation durable, agencée du niveau national au
niveau local, visant à acquérir et exercer le pouvoir, et recherchant à cette fin, le soutien
populaire ». Cette définition donnée aux partis politiques apparait la plus complète.

Dans le cadre de notre étude, nous retenons la définition de Joseph LA PALOMBARA et Myron
WEINER (1966).

 Représentation/sous-représentation politique.
Pour définir le concept de représentation/sous-représentation politique, il sied pour nous de
partir du concept de la représentativité. Selon Gérard DION (1966 : 318), la représentativité
« est la conformité ou la concordance entre les opinions, les positions et les attitudes exprimées
par le représentant avec celles de ceux qu’il représente ». Pour lui, un groupement est dit
représentatif lorsque celui-ci exprime les aspirations d’un ensemble plus vaste qui appartient à
la même catégorie sociale qui n’adhère pas formellement au groupe organisé.

Selon Jacques T. GODBOUT (2005 : 90), la représentativité : « c’est le degré de similitude


entre les représentants et ceux qu’ils représentent – ressemblance sociale, économique,
physique (race, sexe) ». Quel est le lien entre représentativité et représentation politique ?

Pour Gérard DION (1966), tandis que la représentativité renvoie alors pour l’essentiel au
rapport représentant représenté impliquant une communication et une participation, la
représentation fait référence aux rapports représentés-représentant-tiers. Ce tiers, qui peut être
un employeur, l’autorité gouvernementale ou le public en général, s’intéresse grandement à
savoir quel crédit il doit accorder aux représentants, c’est-à-dire, quelle est leur valeur de
représentativité.

Quant à Jacques T. GODBOUT (2005), la représentativité est l’un des éléments de la


représentation politique. En effet, la similitude, qui est le seul élément de la représentativité,
n’est qu’un élément de la représentation politique. Elle n’est d’ailleurs souvent pas l’élément le
plus important. Dès lors, la représentativité apparait comme un des éléments qui permettent
d’assurer la fonction de représentation politique.

La représentation politique, selon Jacques T. GODBOUT (2005 :90), « c’est le fait que des
personnes soient choisies ou déléguées pour en représenter d’autres et prendre légitimement
les décisions en leur nom ». Dans une démocratie représentative, c’est le mécanisme des
élections qui assure la représentation légitime.

25
En politique, la représentation se comprend comme l’action de représenter des électeurs, d'être
leur mandataire dans une assemblée élective pour exercer leurs droits et défendre leurs intérêts.
Selon le Dictionnaire des sciences humaines (2009 :986), est appelée représentation
politique : « Qui est en droit de porter la parole de l’ensemble des citoyens et de prendre des
décisions en leur nom ». Partant de là, la représentation nationale ou parlementaire est
constituée de l’ensemble des représentants du peuple et les pouvoirs dont ils disposent à
l’Assemblée Nationale.

En somme, on peut dire que la représentation est l’action ou le fait d'agir ou de parler au nom
d'une ou plusieurs personnes de les représenter. Dans le cas de la présente étude, nous
considérons la définition du Dictionnaire des sciences humaines comme la plus adaptée à notre
travail.

Par extension, on peut dire que la sous-représentation politique est la situation d'un groupe de
personnes dont les représentants sont moins nombreux qu'ils ne devraient l'être
proportionnellement dans un ensemble pour porter la parole et prendre des décisions en leur
nom.

 Leadership féminin

Selon Pierre MONGEAU et Johanne SAINT-CHARLES (2005 :112) les leaders sont décrits
comme « des personnes implicitement ou explicitement reconnues par les membres du groupe
comme étant aptes à orienter l’action du groupe ». Ainsi, un leader est une personne qui jouit
d’une crédibilité ou d’une expertise reconnue dans certains domaines, au sein d’un groupe
social.

Selon Yvonne CASTELLAN (1972 : 188), « le leadership est une relation individuelle,
volontairement acceptée par la personne influencée, relation dans laquelle le leader et le
suiveur se stimulent mutuellement ».

Serge MOSCOVICI (1998 :197) quant à lui distingue trois types de leadership chez les adultes
responsables de groupe à savoir : le leadership autoritaire, le leadership démocratique et le
leadership laissez-faire. En ce qui concerne le leadership autoritaire, « les décisions concernant
le travail et l’organisation du groupe sont prises par le responsable seul. (…) Les décisions
prises ne sont ni justifiées ni explicitées (…) ». Pour le leadership démocratique, « les décisions
résultent des discussions provoquées par le leader et tiennent donc compte de l’avis du groupe
». En ce qui concerne le leadership laissez-faire, « après avoir précisé les moyens et le matériel

26
dont dispose le groupe, le chef adopte un comportement passif. Le groupe jouit d’une totale
liberté ».

Pour Alain CERCLE et Alain SOMAT (2002 :117), le leadership « est l’utilisation d’une
influence non coercitive pour diriger et coordonner les activités des membres d’un groupe
organisé en vue de l’accomplissement des objectifs de ce groupe et l’ensemble des qualités et
des caractéristiques attribuées à ceux qui exercent avec succès cette influence ».

Dans le cadre de notre étude, l’objectif n’est pas de faire la typologie de leadership, mais de
parer à toute interprétation ambivalente du concept de leadership. C’est dans cette dynamique
que nous retenons la définition d’Alain CERCLE et Alain SOMAT (2002) comme la plus
adaptée pour notre travail.

27
CHAPITRE II : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

La méthodologie a été une mise en œuvre progressive et cohérente d’un projet de recherche
bien défini par un travail personnel, dans un objectif de production de connaissances devant
éclairer un aspect de la réalité sociale, dans un domaine précis de la vie sociale. Il s’agit de
présenter la justification de la zone d’étude, la population d’enquête, l’échantillon (taille et
techniques), les méthodes (techniques et outils) de production des données, la méthode de
traitement et d’analyse des données ainsi que les difficultés de la présente étude.

2.1 Choix de la zone d’étude

La ville de Ouagadougou est le chef-lieu de la province du Kadiogo, située au centre du Burkina


Faso. La ville est située entre les parallèles 12°20 et 12°25 de latitude nord et les méridiens
1°27 et 1°35 de longitude ouest. Avec une superficie de 2 805 km2, elle est limitée à l’Est par
le département de Saaba, à l’Ouest par le département de Tanghin-Dassouri, au Nord par le
département de Pabré et au sud par le département de Komsilga et Koubri. La commune de
Ouagadougou est subdivisée en douze (12) arrondissements, en raison de son statut de
commune urbaine à statut particulier. Elle est composée de cinquante-cinq (55) secteurs et dix-
sept (17) villages. Ouagadougou est une ville cosmopolite et multiculturelle, où se côtoient
diverses ethnies et nationalités avec plusieurs idéologies. C’est le centre culturel, économique
et administratif du pays.

Selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2006, la ville de Ouagadougou


compte 1 475 223 habitants et représente 10,52% de la population totale du Burkina Faso. Une
répartition de cette population par sexe donne 745 289 hommes, soit 50,52%, et 729 934
femmes, soit 49,48%.

Le choix de la ville d’Ouagadougou a été motivé par le fait que Ouagadougou, en tant que
capitale politique, concentre la presque totalité des activités politiques. Les partis politiques y
ont leur siège, de même que les structures militantes pour la représentativité politique des
femmes. C’est le lieu par excellence dans lequel se prennent les décisions politiques.

2.2 Population d’étude

Notre population d’étude se compose de la population cible et des personnes ressources.

La population cible de cette étude est composée essentiellement des femmes élues, non élues et
anciennes candidates. C’est la catégorie de population directement concernée par l’étude, c’est-
à-dire la population auprès de laquelle nous avons recueilli les informations pour répondre à

28
l’objectif de l’étude. Elle nous a permis de nous rendre compte des manifestations du
phénomène de leur sous-représentation en politique.

Les responsables d’association et d’ONG œuvrant pour la promotion du genre, des experts en
genre et politique et des responsables des partis politiques, ont constitué le groupe de personnes
ressources. Selon leur statut, ce sont des personnes capables de donner des informations qui
permettent de décrypter la problématique de l’engagement politique des femmes. Les
informations reçues auprès de ce groupe encore appelé groupe de contrôle nous ont permis de
faire une comparaison avec les informations données par le groupe cible. Leur apport a été non
négligeable dans la compréhension de la faible présence des femmes en politiques.

2.3 Échantillon

2.3.1 Échantillonnage

« Il est très rare qu'on puisse étudier exhaustivement une population, c'est-à-dire en interroger
tous les membres : ce serait si long et si coûteux que c'est pratiquement impossible. D'ailleurs
c'est inutile : interroger un nombre restreint de personnes, à condition qu'elles aient été
correctement choisies, peut apporter autant d'informations ; à une certaine erreur près, erreur
calculable, et qu'on peut rendre suffisamment fiable. Le problème est de choisir un groupe
d'individus, un échantillon tel que les observations, qu'on fera sur lui, pourront être
généralisées à l'ensemble de la population (...) » (Rodolphe GHIGLIONE et Benjamin
MATALON, 1998 :29)

Pour notre étude, l’échantillon a été constitué selon la technique du choix raisonné. C’est une
technique utilisée pour choisir des sujets présentant des caractéristiques typiques. Ici, nous ne
voulons pas constituer un échantillon représentatif au sens statistique du terme, mais un
échantillon basé sur le principe de « Construction progressive » (Barney GLASER et Anselm
STRAUSS, 1967) cité par Daniel BERTAUX (2003 :22). Du reste, nous avons construit
l’échantillon à partir des listes des femmes élues et des listes de candidature. Nous avions donc
interrogé les individus de l’échantillon au fur et à mesure que nous progressons dans l’enquête
jusqu’à la saturation.

Nos choix se sont basés sur la diversité des personnes et des points de vue. C’est ce que souligne
Daniel BERTAUX (2003 :23) : « C’est en fonction de ce phénomène de variété des positions
et des points de vue que l’on est amené à construire progressivement un échantillon, en faisant
le tour des différentes catégories d’agents/ acteurs et sous-catégories qui seraient apparues
pertinentes en cours d’enquête ».

29
2.3.2 Composition de l'échantillon
Le tableau suivant montre la répartition des enquêtés par sexe.
Tableau n°1 : Répartition des enquêtés par sexe

Groupe cible Personnes ressources Total


Femmes 26 03 29
Hommes 00 06 06
Total 26 09 35
Source : enquête de terrain novembre 2016- février 2017.
2.4 Techniques et outils de collecte de données

Pour Madeleine GRAWITZ (2001 :353) : « Les techniques sont des procédés opératoires
rigoureux, bien définis, transmissibles, susceptibles d’être appliqués à nouveau dans les mêmes
conditions, adaptés au genre de problèmes et de phénomènes en cause ». À cet effet et en
rapport avec les objectifs et les hypothèses de l’étude, nous avons privilégié l’entretien comme
technique. L’entretien est une technique de collecte de données directement liée à l’objet
construit. Il permet de collecter des données de type qualitatif. C’est ce que soulignait Paul
N’DA (2006 :88) : « c’est un échange au cours duquel l’interlocuteur exprime ses perceptions,
ses interprétations, ses expériences, tandis que le chercheur, par ses questions ouvertes et ses
réactions, facilite cette expression, évite que celle-ci s’éloigne des objectifs de la recherche ».

L’entretien individuel et semi-directif, d’une part a permis aux enquêtés de s’exprimer


librement par rapport à la liste de thèmes qui leur a été soumise et d’autre part, il nous a permis
d’obtenir des informations et des connaissances sur le phénomène étudié. L’entretien est semi-
directif du fait qu’il n’est ni entièrement ouvert ou fermé, ni canalisé par un grand nombre de
questions précises.

Dans la présente étude, nous avons utilisé le guide d’entretien comme outil de collecte de
données. Les guides d’entretien ont été élaborés en fonction de chaque population d’enquête et
cela a permis de collecter des informations visant à saisir les logiques indispensables à la
compréhension du phénomène de la sous-représentation des femmes dans les postes électifs.
C’est le dictaphone et la prise de note qui ont été utilisés pour collecter les informations avec
bien sûr l’accord des enquêtés.

30
2.5 Traitement et analyse des données

Notre étude étant purement qualitative, le type d’analyse de données choisi est l’analyse de
contenu thématique. Il est le plus adapté dans l’analyse des données qualitatives. Les données
collectées ont été d’abord transcrites. Par la suite, ces données collectées ont été codifiées et
classifiées selon leur convergence par thématique. Enfin, l’analyse de contenu proprement dite
a consisté en une analyse individualisée de chaque entretien. Elle a porté à la fois sur le contenu
manifeste et latent des discours des enquêtés. Nous avons adopté le type qualitatif qui permet
d’interpréter le discours des répondants à l’aide de quelques catégories analytiques faisant sortir
les particularités. Ainsi, la construction des unités thématiques a été possible grâce à la relecture
des entretiens et l’organisation des idées selon la convergence ou la divergence des sens.

Afin de préserver l’anonymat de nos enquêtés dans l’illustration de leurs propos, nous avons
utilisé des codes d’anonymat pour identifier chaque enquêté. Ainsi, nous avons combiné
respectivement les lettres initiales du nom de l’enquêté, du sexe (F= femme ; H=homme) et
nous avons complété par leur appartenance politique et leur structure de provenance si
nécessaire à une meilleure compréhension des propos exprimés.

2.6 Déroulement de l’enquête de terrain

L’enquête de terrain s’est déroulée en trois (3) phases. La première phase a débuté le 25
novembre 2016 dans la ville de Ouagadougou. Au cours de cette phase, nous avons pu
interviewer un certain nombre d’enquêtés à savoir des conseillères municipales et des femmes
militantes soit un total de quinze (15) personnes. Par ailleurs, cette période a été marquée par
une rupture du fait de la difficulté de rentrer en contact avec les responsables des partis
politiques, des parlementaires et des responsables des structures œuvrant pour la promotion des
femmes dont les rendez-vous ont été reportés après la fin de l’année.

La deuxième phase s’est déroulée à partir du mois de février 2017. Pendant cette phase, nous
avons pu interviewer individuellement dix-sept (17) personnes du monde politique, dont onze
(11) femmes et six (06) hommes. Ces différents entretiens ont été réalisés dans l’enceinte de
l’Assemblée Nationale, dans les mairies d’arrondissement et quelques rares fois dans des lieux
de service.

La troisième phase a porté sur l’entretien avec les responsables de structures intervenant dans
la promotion de la femme en politique et des spécialistes du genre. Pour ce faire, nous nous
sommes entretenus avec deux (02) responsables d’ONG et un (01) chercheur dans le domaine
du genre.

31
Il faut noter que de nombreux reports avec certaines parlementaires et des structures de
promotion de la femme nous ont conduits à allonger la période de nos entretiens. En définitive,
trente-cinq (35) personnes ont été enquêtées pour la présente étude. Les données collectées ont
été analysées pour mieux saisir le sens des propos des intervenants.

2.7 Difficultés de l’étude

Notre étude a rencontré d’énormes difficultés, car il n’y a pas de recherche sans contraintes. Il
convient de signaler que ces difficultés vont des difficultés de rencontres avec les populations
cibles et les personnes ressources à l’existence de biais au niveau des instruments de collecte
de données. Globalement, notre population d’étude était en grande partie indisponible. La
multiplicité de leurs activités nous a occasionné de nombreux déplacements à cause des reports
et des annulations de certains rendez-vous.

32
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETRATION DES RESULTATS

33
CHAPITRE I : LE POSITIONNEMENT DES FEMMES SUR LES LISTES DE
CANDIDATURES COMME HANDICAP DE LEUR REPRÉSENTATION DANS LES
POSTES ÉLECTIFS

Dans ce chapitre, nous avons fait une analyse du processus de sélection et de positionnement
des femmes comme handicap de leur représentation dans les postes électifs. Pour ce faire, nous
avons d’abord fait l’état des lieux des femmes élues à l’issue des dernières élections législatives
de 2015 et municipales de 2016. Ensuite, nous avons parlé de la sélection des femmes en tant
que candidates, et enfin, nous avons abordé la question du positionnement des femmes sur les
listes de candidatures.

1.1. États des lieux des femmes dans les postes électifs à l’issue des élections législatives de
2015 et municipales de 2016.

Malgré les atouts politiques que possèdent les femmes et constituant 52% de la population, leur
présence dans les postes électifs reste faible. En effet, elles sont sous-représentées aux postes
électifs législatif et municipal.

En effet, aux élections législatives de 2015, sur un total de 2148 candidates, on compte 12 élues
comme députés sur 127, soit 9,44% (CFB,2016). Avec les jeux de suppléance, ce nombre est
passé de 12 à 16 députées, soit un taux de 11,02% qui siègent à l’Assemblée Nationale. Il faut
noter que ce nombre est en nette régression par rapport aux deux précédentes législatures où il
y avait 17 femmes élues soit 15,3% en 2007, et 24 femmes élues soit 18,9% en 2012. Ces
chiffres montrent que, près de 60 ans après l’obtention du droit de vote, il existe toujours des
difficultés qui empêchent les femmes d’accéder à l’hémicycle.

En outre, la sous-représentation des femmes s’observe au niveau de la gouvernance locale. En


effet, à l’issue des élections municipales de 2016, on compte 9 femmes maires sur 370, soit un
taux de 2,43%. Sur les 12 arrondissements que compte la ville de Ouagadougou, le nombre des
conseillères municipales élues est de 38 sur 254, soit 14,96%. Cette sous-représentation est
également perceptible lorsqu’il s’agit des postes de maires, on compte 2 femmes maires sur 12,
soit 16,66% dans la ville de Ouagadougou. Ces chiffres sont parlants et assez évocateurs de la
sous-représentation des femmes dans les postes électifs municipaux, qui restent un bastion
masculin.

En définitive, nous pouvons dire que, lors des dernières élections législatives de 2015 et celles
municipales de 2016, peu de femmes ont été élues dans les différentes fonctions électives. La
situation des femmes dans les postes électifs apparait alors peu appréciable, car elles peinent à

34
prendre une place conséquente dans les postes électifs. La faible présence des femmes, dans les
postes électifs législatif et municipal, n’est pas attribuable à un seul facteur, mais bien à une
combinaison de différents facteurs. De ce fait, quelle analyse pouvons-nous faire de la sélection
des candidats lors des élections par les partis politiques ?

1.2. La sélection sexiste des candidats lors des élections

Les partis politiques détiennent le pouvoir de désigner les élus à travers la composition des
listes de candidatures. Ainsi, pour être élu, il faut être positionné sur une liste candidature. Les
règles régissant la sélection des candidats, qui peuvent être explicites ou implicites, sont propres
à chaque parti politique. Les différents procédés de sélection des candidats évoqués par les
enquêtés sont la sélection par consensus et la sélection par des élections primaires.

Pour les enquêtées, les différentes procédures menant à la sélection des candidats aux élections
ne sont pas favorables aux femmes, car elles sont moins transparentes et peu démocratiques.
Les règles ne sont pas respectées quant aux procédures de sélection des candidats. En témoigne
les propos de T A (F, Membre CBF, 31/03/2017) : « Pour ma part, je dirai que dans
l’apparence, les manières de faire semblent démocratiques, mais en vérité, elles ne le sont pas.
Les dés sont souvent pipés par rapport aux élections primaires où il y a l’influence de certaines
personnalités de la direction du parti politique. Déjà, il y’a des candidats qui sont imposés au
niveau des primaires par certains responsables du parti politique. Si souvent les responsables
n’arrivent pas à imposer directement leur candidat, ils le font indirectement en achetant la
conscience de ceux qui sont appelés à faire le choix. C’est comme cela également que vous
trouverez que certains collèges électoraux ont reçu l’argent pour venir choisir telle ou telle
personne. Pour ma part, je suis réservée quant à la procédure démocratique de la désignation
des candidats ». Ces propos mettent en exergue les jeux de pouvoir au sein des organisations
politiques concernant la sélection des candidats qui se traduit par un manque de transparence et
de démocratie interne. C’est ce qui fait dire à Marie Odile ATTANASSO (2012 :163) que :
« L’absence de démocratie à l’intérieur des partis, le pouvoir de l’argent, la pression de ceux
qui occupent des positions privilégiées, etc. déterminent aussi la composition des listes ». Dans
ces conditions, il y a peu de chance de retrouver des candidatures féminines sur les listes, du
fait que ces pratiques ne permettent pas une pleine participation des femmes au processus
démocratique. C’est pourquoi, nous partageons cette même vision avec Nestorine
COMPAORE (2002 :88) selon laquelle : « La culture politique au Burkina Faso n’est pas
encore assez ancrée pour favoriser des pratiques de sélection des candidatures conformes à
l’esprit démocratique. […]. Les règles de conduite ne sont ni suffisamment claires ni
35
suffisamment respectées par les responsables politiques pour permettre aux femmes de
participer pleinement au jeu démocratique ». Ainsi, les femmes se retrouvent en nombre faible
sur les listes de candidature, car les étapes internes conduisant à la sélection des candidats
tendent à les exclure. C’est pourquoi Laurence BHERE et Jean-Pierre COLLIN (2008 : 10)
soulignent que : « L’étape de la sélection est particulièrement cruciale pour comprendre
pourquoi peu de femmes sont élues ».

Aussi, en analysant les difficultés des femmes pour intégrer les listes de candidatures, on
s’aperçoit que la composition des instances dirigeantes des partis politiques y joue un rôle
important. Elles contrôlent les procédures de sélection et le choix final des candidats leur
revient. Les propos de T A (F, Membre CFB, 31/03/2017) illustrent bien cela. Il relate : « C’est
comme vous le savez, ça se pas dans les états-majors des partis politiques qui mettent en place
des commissions pour statuer sur les différentes candidatures. Mais avant, les candidatures
sont reçues dans les démembrements des partis politiques. Après cela, des missions de la
direction politique sillonnent toutes les localités pour aider à retenir les candidats qui seront
choisis des militants à la base pour représenter le parti politique. Ainsi donc, les noms des
personnes sélectionnées remontent au niveau de la direction politique qui met à son tour une
commission en place pour retenir définitivement les candidats. Nonobstant, les choix au niveau
de la base, la décision finale au niveau du sommet ne respecte pas parfois le choix de la base ».
Bien vrai qu’il est prévu que ce soit la base qui procède à la sélection des candidats, mais les
pratiques traduisent une tout autre réalité. En effet, ce sont les instances dirigeantes qui ont le
dernier mot en ce qui concerne les candidats qui figureront sur les listes électorales. L’élite des
partis joue alors le rôle de garde-fou qui avalise les candidatures (Viviane GIVORD, 2013).
Cette équipe chargée d’avaliser les candidatures étant constituée en grande majorité d’hommes,
cela prend la forme d’un cercle vicieux qui n’offre pas de meilleures chances à des candidatures
féminines. Abondant dans le même sens, cette autre enquêtée L R (F, Chercheur à l’INSS,
22/01/2017), une spécialiste du genre ajoute ceci : « Lorsque c’est au niveau de la base et qu’il
faut des élections primaires pour désigner les candidats, c’est toujours la préséance du sexe
masculin. Les femmes ont du mal à être choisies et à être bien placées ». De ces propos, il
ressort une prédominance des hommes dans la sélection des candidats. Ainsi, la sélection des
candidats reste la chasse gardée des hommes dans les partis politiques qui demeurent des
espaces masculins. Les femmes rencontrent de ce fait des difficultés d’obtenir des investitures.
Tout comme Julie BALLINGTON (2011 :23-24), nous parvenons à la conclusion que : « Les
règles régissant l’investiture des candidats diffèrent d’un parti à l’autre. […]. Lorsque celles-

36
ci sont tacites et que la sélection des candidats est du ressort d’un petit nombre de dirigeants,
les femmes ont des difficultés à se présenter sur un pied d’égalité avec les hommes, car elles
sont en général exclues des réseaux exclusivement masculins.

Du reste, si la marginalisation des femmes lors de la sélection des candidats peut trouver ses
fondements dans le manque de transparence et de démocratie à l’intérieur des partis politiques ;
elle peut également s’expliquer par l’attitude des femmes elles-mêmes qui contribue à les
exclure de la candidature. En effet, selon certains enquêtés, le manque de volonté et la non-
détermination des femmes à s’engager pleinement dans le jeu politique constituent une entrave
à leur accession aux postes électifs. L’analyse à laquelle se livre cette parlementaire illustre
bien cette situation : « Au niveau de notre parti, lors des dernières législatives, ce qu'il faut
noter, c'est qu'à un certain moment, la direction du parti était confrontée à la qualité des
candidatures féminines qu'on voulait présenter. Malheureusement, il n'y avait pas beaucoup de
femmes de qualité sinon que le premier responsable du parti avait souhaité au moins une
dizaine de femmes têtes de liste. Cette situation est due au fait que les femmes ne s'engagent
pas trop en politique. Elles n'ont toujours pas le courage de s'engager en politique bien qu'elles
soient attendues. Il fallait que les femmes s'engagent suffisamment et que leur valeur
personnelle leur permette d'arracher les sièges. Et ça, on n’a pas toujours eu cette assurance
du côté des femmes ». Z H (F, Secrétaire nationale chargée de la mobilisation féminine UPC,
21/03/2017). Ces propos traduisent une insuffisance de femmes prêtes à s’engager comme
candidates aux élections. Certes, les femmes militent en masse dans les partis, mais celles qui
s’engagent réellement et qui veulent faire carrière en politique sont moins nombreuses. C’est
pourquoi nous parvenons au même constat que Ousmane ZOUNGRANA (2013 :84) pour dire
que : « en termes de participation politique, il y a un paradoxe, en ce sens que les femmes sont
plus mobilisées pour les votes et moins visibles en tant qu’engagées ou actrices ». Les femmes
sont beaucoup plus passives sur la scène politique, et cette passivité apparait comme un obstacle
à leur participation citoyenne consciencieuse et active dans la sphère politique (Nestorine
SANGARE/ COMPAORE, 2003). Cette situation entraine de facto, leur sous-représentation
dans les postes électifs.

Aussi, cette même difficulté des femmes à obtenir une investiture en tant que candidates dans
les partis politiques s’explique par leur manque de confiance en soi et surtout par la
représentation de la scène publique. Dans les paradigmes populaires au Burkina, on peut relever
la cohabitation de deux types d’espaces : l’espace public propre aux hommes, dans lequel on
met la politique, et l’espace privé réservé aux femmes. Ayant intériorisé cet enseignement, les

37
femmes évitent ce milieu masculin. C’est ce que déclare Z H (F, Secrétaire nationale chargée
de la mobilisation féminine UPC, 21/03/2017) pour qui : « La présence des femmes dans les
postes électifs n'est pas satisfaisante pour la simple raison que, premièrement, certaines femmes
estiment que le domaine de la politique n'est pas un domaine réservé aux femmes.
Deuxièmement, les femmes n'ont pas toujours l'assurance qu'elles peuvent réussir en politique.
Ce sont là des obstacles majeurs à l'engagement politique des femmes ». Ce qui ressort de ces
propos, c’est l’auto-évaluation à laquelle les femmes se livrent lorsqu’il s’agit de s’engager en
politique pour la conquête d’un mandat électif. Elles doutent de leur propre capacité à diriger
ou à gagner une élection. Cette auto-évaluation est la transposition en politique des rapports de
subordination que les femmes entretiennent dans la société par rapport aux hommes. Cela inhibe
toute initiative des femmes à s’engager pleinement en politique, et constitue par conséquent un
facteur de leur sous-représentation dans les postes électifs. C’est pourquoi Ousmane
ZOUNGRANA (2013 :14) souligne que : « Le conditionnement social participe de manière
significative à limiter l’action de la femme dans la sphère publique ». En restant dans la même
logique de pensée, Marie Odile ATTANASSO (2012), évoque pour sa part que ce manque de
confiance en soi observée chez les femmes est la conséquence des « pesanteurs
socioculturelles », surtout l’éducation reçue, qui écartent les femmes de l’espace politique. Pour
Marie Odile ATTANASSO (2012 :170) : « L’éducation donnée à la petite fille qui fait d’elle à
l’âge adulte un modèle de femme soumise, douce et respectueuse qui de surcroit encense
l’homme constitue un handicap à sa prise de parole devant un public hétérogène. Cette
éducation amène la femme à avoir peu de confiance en elle-même pour sa participation,
réduisant ainsi ses capacités d’animation des débats politiques ». Le manque de confiance se
justifie également par le fait qu’elles manquent de socialisation politique. Cela du fait qu’elles
ne disposent pas de cadres d’expression et de structures pouvant les former à la culture
politique, c’est-à-dire à la construction et la gestion d’une carrière politique. Ainsi, selon
Palingwindé Inès Zoé Lydia ROUAMBA (2011 : 274), « le manque de confiance des femmes
à l’égard du métier politique s’explique aussi par le fait qu’il manque d’occasions et des
structures pour développer une telle confiance ».

Cependant, il faut noter que la sélection des candidats est influencée par un besoin de satisfaire
une certaine demande sociale de la société. Les partis politiques ont besoin surtout de candidats
pouvant les conduire à la victoire, et socialement les hommes semblent correspondre à cela.
Ainsi, les partis politiques préfèrent positionner les hommes afin d’être sûr de remporter
l’élection ou le poste comme le relate T A (F, Membre du CFB, 31/03/2017) : « Les partis

38
politiques veulent choisir les candidats avec lesquels, ils pensent pouvoir gagner et c’est là que
souvent, les femmes sont défavorisées. En effet, on pense que culturellement, la population est
encline à voir un homme diriger plutôt qu’une femme ». Ces propos montrent que la
construction de l’espace social à travers la hiérarchisation des rôles et statuts s’étend dans la
sphère politique. Ainsi, Laurence BHERE et Jean-Pierre COLLIN (2008 :10), se référant aux
travaux de Tremblay (2005) sur la sélection, souligne que : « Le principal enjeu est le choix
d’une candidature gagnante, c’est-à-dire un ensemble de caractéristiques qui semble conforme
aux attentes envisagées de l’électorat. Les candidatures masculines répondent davantage aux
caractéristiques de ce modèle du candidat idéal, désigné sous le nom d’homo politicus ».

On peut ainsi dire que les candidatures féminines continuent de se heurter à des considérations
socioculturelles qui entrainent des situations d’exclusion ou d’auto-exclusion des femmes dans
la conquête des postes électifs. Dans le point suivant, nous nous intéresserons au
positionnement des femmes sur les listes de candidatures.

1.3. Le positionnement des femmes sur les listes de candidatures ou l’étape de la


marginalisation des femmes

Il ressort des entretiens et de l’analyse des différentes listes de candidatures des différents partis
politiques que de façon générale, les femmes ont été mal positionnées sur les listes électorales,
lors des dernières élections. Elles n’ont pas été placées à des positions facilement éligibles sur
les listes de candidatures dans les partis politiques comme le déclare T R (F, Chargée de
programme à NDI, 27/04/2017) : « D’une manière générale, quand on se réfère aux différentes
listes des partis politiques, les femmes ne sont pas bien positionnées. Elles n'ont pas accès en
nombre suffisant aux positions éligibles sur les listes de candidatures ». Il faut noter que la
position de titulaire est difficilement accessible aux femmes sur les listes de candidatures, ce
qui explique en partie leur sous-représentation dans les postes électifs. Selon le CFB (2016 :
30), « le nombre de femmes titulaires est largement inférieur à celui des hommes soit
respectivement 27,91% et 72,08%. On peut donc en déduire que les femmes n’ont pas la même
chance d’être élues que les hommes ». De plus, l’examen des listes de candidatures des trois
principaux partis, que sont le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), l’Union pour le
Progrès et le Changement (UPC) et le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), qui se
partagent 106 sièges à l’Assemblée Nationale, donne le résultat suivant : le MPP compte 3
femmes titulaires sur 46 titulaires ; l’UPC quant à elle compte 4 femmes titulaires sur 46
titulaires ; au niveau du CDP, on dénombre 2 femmes titulaires sur 42 titulaires (CFB, 2016).
Ceci montre que dans la pratique, les femmes n’ont pas accès aux positions de titulaire sur les
39
listes de candidature, elles sont pour la plupart du temps suppléantes. À ce propos S A (F,
Secrétaire à l’information MPP, 25/11/2016) affirme que : « Lorsqu’on analyse les listes
électorales des douze (12) arrondissements de Ouagadougou, on remarque qu’il n’y a que des
hommes qui sont titulaires sur les listes. Les femmes ne se retrouvent souvent que troisième sur
les listes électorales ou la plupart du temps, elles sont suppléantes ». Abondant dans le même
sens pour les municipales, Y A (F, Responsable des femmes UPC, 21/12/2016) ajoute : « Lors
des dernières élections municipales, le positionnement n'a pas été facile pour les femmes dans
notre parti politique. Lorsqu’une femme veut prendre la tête de liste, tu vas entendre les
hommes dire il faut laisser, on va mettre un homme et tu vas être deuxième ou troisième ». Ces
extraits montrent que les femmes n’ont pas facilement accès aux positions de titulaire. Et
lorsqu’elles sont titulaires, elles occupent des positions de bas de listes qui ne leur permettent
pas d’être élues. À ce propos Alice TIENDREBEOGO-KABORET (2002 :42) souligne
que : « Au Burkina Faso, les femmes sont la plupart du temps reléguées en queue de liste et
n’ont donc pratiquement aucune chance d’être élues ». Dans un tel contexte, nous pouvons dire
que le positionnement sur les listes de candidatures est l’antichambre de la sous-représentation
des femmes dans les postes.

S’il ressort de façon générale que les femmes n’ont pas été placées en position facilement
éligible, cela trouve ses explications dans les critères de positionnement retenus par les partis
politiques. Des données collectées, les critères de positionnement des candidats les plus avancés
sont l’engagement en qualité de militant du parti et la capacité financière du candidat.
Concernant l’engagement en qualité de militant du parti, c’est surtout l’engagement politique
et l’activisme du candidat au sein du parti qui est mis en avant. À ce propos cette femme engagée
nous confie ceci : « Il y a plusieurs critères de positionnement des femmes sur les listes
électorales parmi lesquels on peut retenir, le degré d’engagement c’est-à-dire la popularité et
le charisme dans le parti » C R (F, Chargée des relations sociopolitiques CDP, 10/12/2016).
Dès lors, le poids politique du candidat détermine sa position sur la liste de candidatures. Dans
un tel contexte, le positionnement basé sur l’engagement et l’activisme constitue une barrière à
l’accès des femmes aux postes électifs, étant donné que l’engagement des femmes en politique
reste faible, et qu’elles s’érigent moins en actrices dans le jeu politique. Elles sont alors
marginalisées au moment du positionnement, et elles accèdent difficilement aux positions
facilement éligibles sur les listes de candidatures. C’est ce qui fait dire à Ousmane
ZOUNGRANA (2013 : 81-82) que : « Les femmes ont du mal à s’afficher en tant qu’actrices

40
réelles sur le terrain […]. Cette situation entraine de facto, une sous-représentativité des
femmes dans les sphères décisionnelles, car l’investissement en politique reste mitigé ».

Toutefois, un autre critère retenu pour le positionnement est la capacité financière du candidat.
En effet, les candidats sont souvent positionnés en fonction des ressources financières dont ils
disposent pour financer la campagne. À ce propos, L R (F, Chercheur à l’INSS, 22/01/2017)
révèle ceci : « L’influence de la personne seule ne suffit pas souvent, il faut aussi des ressources
financières. Je connais le cas d'une dame qui est influente dans son parti, mais comme elle
n'avait pas beaucoup de moyens financiers, on lui a demandé de laisser on va positionner sur
la liste électorale un homme qui avait plus de moyens financiers, afin que celui-ci finance la
campagne électorale. Et comme c'est un opérateur économique, il va siéger quelque temps,
puis il va partir et elle pourra prendre sa place. Le monsieur en question, après avoir été élu,
n'a jamais quitté le poste. Donc, elle a été évincée pour une personne ayant beaucoup plus de
moyens financiers qu'elle ». Les propos de cette enquêtée montrent que les ressources
financières sont d’une importance capitale lors de la conquête des postes électifs. Elles
contribuent significativement à l’ascension d’un individu à une position autour des enjeux pour
la conquête d’un poste électif. Il faut de l’argent pour se faire une place de choix sur les listes
des partis politiques. Cette autre enquêtée T R (F, Chargée de programme à NDI, 27/04/2017),
nous dépeint la même situation lorsqu’elle affirme, que : « en termes de difficultés rencontrées
par les femmes dans les partis politiques lors de la désignation des candidats, il y a le fait
qu’elles manquent de ressources financières. Même si le parti politique a une bonne volonté et
qu’il veuille te positionner comme titulaire sur sa liste électorale, si tu n'as pas les moyens
financiers nécessaires pour aller faire la campagne, malgré sa bonne volonté, il ne te
positionnera pas. De plus, même si tu es très bien appréciée dans ta localité et tu ne disposes
pas de moyens financiers pour faire ta campagne et mobiliser les gens, le parti politique ne va
pas pouvoir t'accompagner. Cela du fait que le parti politique ne disposant pas de ressources
financières nécessaires, il compte énormément sur la contribution des candidats. C'est une
triste réalité qui constitue réellement un blocage pour les femmes ». Dès lors, il faut avoir des
ressources financières pour faire campagne et mobiliser l’électorat pendant les élections. Ce
critère de positionnement constitue un handicap pour les femmes dans la course aux postes
électifs, dans la mesure où les femmes n’ont pas assez d’autonomie financière et qu’elle
constitue la frange la plus pauvre de notre société (Nestorine COMPAORE, 2002). Ainsi, nous
pouvons dire que les ressources financières retenues comme critère de positionnement
permettent de comprendre aisément la sous-représentation des femmes dans les postes électifs,

41
car elles ne disposent pas souvent de ressources financières pour obtenir des positions
facilement éligibles.

Par ailleurs, il faut noter que le positionnement sur les listes de candidatures fait l’objet de
compétitions intenses entre acteurs dans les partis politiques. Ainsi, l’obtention d’une position
facilement éligible passe par une lutte âpre. C’est ce qu’exprime bien cette femme engagée en
ces termes : « Dans notre arrondissement, lors des dernières élections municipales, les femmes
n’ont pas été bien positionnées sur les listes de candidatures. Mais moi, j’ai été tête de liste de
mon parti. Pour cela, j’ai dû lutter fort, je me suis battue contre vents et marées » (C R ; F ;
Secrétaire chargée des relations sociopolitiques du CDP, 21/03/2017). Dès lors, les partis
politiques apparaissent comme un espace de compétition, et le positionnement sur les listes de
candidatures fait l’objet de luttes intenses entre acteurs. Ces compétitions sont favorables aux
hommes qui sont détenteurs du pouvoir, car des pratiques de marginalisation des femmes
apparaissent au titre de leur faible militantisme, de leur manque de confiance ou encore de leur
incompétence politique. Ainsi, les femmes sont éconduites dans les positions éligibles au profit
de leurs homologues masculins. À ce propos, selon UIP (2008 :23), « les femmes sont
particulièrement désavantagées dans la concurrence féroce existant entre les candidats pour
le classement sur les listes électorales, car, là encore, elles se heurtent à des préjugés ». De ce
fait, nous pouvons dire que la structuration des partis politiques autour des enjeux de
compétition avec des logiques de modèle masculin contribue à entraver l’accès des femmes aux
postes électifs tout comme Ousmane ZOUGRANA (2015 :15), qui relève dans ses analyses
que : « univers masculin, structuré par la compétition et la concurrence pour les postes internes
et les investitures pour les élections […], les partis politiques ont largement contribué à rejeter
les femmes à la périphérie de la politique active, autant par l’affirmation de l’hégémonie
masculine que par l’autocensure féminine ». Dans un tel contexte, pour occuper une position
éligible, les femmes doivent pouvoir transcender les clivages socioculturels à savoir la
domination masculine et les images traditionnelles de la féminité.

Aussi, en évoquant toujours la question du positionnement sur les listes de candidatures, une
enquêtée estime que les femmes font l’objet de manipulation et d’instrumentalisation par les
partis politiques à des fins politiques. C’est ce que nous fait savoir L R (F, Chercheur à l’INSS,
22/01/2017) en ces termes : « Souvent, nous attendons les responsables politiques dirent qu'ils
ne trouvent pas des femmes engagées pour positionner pourtant quand il s'agit de mobiliser,
ils trouvent des femmes pour la mobilisation. On les fait les faire la fête, danser et mobiliser les
gens ; et quand vient le moment du positionnement, elles sont mises souvent à partir de la

42
quatrième place sur les listes électorales. Ils savent pertinemment qu’elles ne seront pas élues
parce qu'il n'y a que seulement deux (02) places à prendre dans la circonscription. Il n’y a pas
d'instrumentalisation plus que cela ». Ces propos mettent en lumière, l’utilisation servile des
femmes par les responsables des partis politiques pour atteindre des buts politiques. Les femmes
sont instrumentalisées et utilisées simplement pour attirer l’électorat comme le souligne
Nadezhda SHVEDOVA (2002 :24), « elles sont, la plupart du temps, placées en position non
éligible en fonction des scores escomptés ; elles ne sont alors que des leurres pour attirer
certains électeurs. De plus, les femmes sont utilisées par les partis politiques pour non
seulement éviter de donner l’impression d’une indifférence à leur égard, mais aussi pour ne pas
tomber sous le coup de la loi sur le quota. Mais, lorsque vient le moment du positionnement sur
les listes de candidatures, elles sont placées à des positions non éligibles.

En somme, nous pouvons dire que les femmes ne sont pas placées à des positions éligibles
probantes sur les listes de candidatures leur permettant d’être élues en raison de logiques
sociopolitiques qui tendent à écarter la femme des postes électifs.

43
CHAPITRE II : L’INSUFFISANCE DE LEADERSHIP FEMININ DANS LES PARTIS
POLITIQUES : SOURCE DE LEUR SOUS-REPRÉSENTATION DANS LES POSTES
ÉLECTIFS

2.1. Place de la femme dans les partis politiques : un rôle de second plan

Des discours sur la place des femmes dans les partis politiques, nous constatons que les femmes
jouent un rôle de second plan au sein des partis politiques. En effet, en dehors des discours qui
octroient une place privilégiée aux femmes dans les partis politiques, dans la pratique, elles
occupent des places de second rang. Les propos de Y R (F, Secrétaire chargée des femmes et
du genre MPP, 14/02/2017) illustrent bien cela : « Dans le discours, la femme occupe une place
de choix dans notre parti politique tandis que dans la pratique, les femmes ne sont pas traitées
comme il se doit ». Abondant dans le même sens, T A (F, Membre du CFB, 31/03/2017) ajoute
ceci : « En dehors du discours qui octroie une place de choix à la femme dans les partis
politiques, je ne vois pas concrètement la place de choix et de promotion de la femme dans les
partis politiques. Que ce soit au niveau des femmes élites et des femmes à la base, je ne vois
aucune action de promotion des femmes. Comme vous le voyez, elles sont reléguées aux postes
de mobilisation et de chargées des femmes ». De ces extraits, nous retenons que les femmes ne
sont pas valorisées dans les partis politiques. Ce sont là, des pratiques qui nourrissent et
perpétuent le statut « inférieur » des femmes et constituent par la même occasion un obstacle à
l’émergence d’un leadership féminin au sein des partis politiques.

Nous pouvons constater, de ce fait, que les femmes sont minoritaires par rapport aux hommes
dans les structures dirigeantes des partis politiques. Le tableau suivant montre la représentativité
des femmes au sein des bureaux exécutifs de six (06) grands partis politiques que sont : le
Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC),
le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), le Parti pour la Renaissance Nationale
(PAREN), l’Union pour la Renaissance/Parti Sankariste (UNIR/PS) et la Nouvelle Alliance du
Faso (NAFA).

Tableau n°2 : Présence des femmes dans les structures dirigeantes de 06 partis
politiques

Partis politiques Nombre des Nombre des Total Proportion des


hommes femmes femmes (%)
MPP 69 9 78 11%
UPC 44 14 58 24%

44
CDP 91 15 106 14,15%
PAREN 29 4 33 12,12%
UNIR/PS 24 05 29 17%
NAFA 57 10 67 14,92%

Source : enquête de terrain novembre 2016- février 2017.

Le tableau ci-dessus, relatif au nombre des femmes dans les bureaux exécutifs de six (06) grands
partis politiques, révèle que le nombre de femmes qui occupent des postes de responsabilité
dans les partis politiques est faible. D’une manière générale, nous pouvons dire que les femmes
sont minoritaires par rapport aux hommes dans les structures dirigeantes des partis politiques.
À ce sujet, Nestorine COMPAORE (2002 :89), dans son étude sur le recrutement des femmes
pour les élections législatives, affirme que : « La direction des grands partis reste l’apanage
exclusif des hommes ». Ce même constat se lit également au niveau des structures de base des
partis politiques comme nous le déclare S R (F, Deuxième secrétaire national adjoint aux
affaires sociales, chargé de la solidarité militante UPC, 31/03/2017) : « Le bureau de la sous-
section de notre parti politique dans l’arrondissement 3 de Ouagadougou compte quatre (04)
femmes sur vingt-six (26) membres ». Les propos de cette enquêtée, d’un autre parti politique,
Z M (F, Responsable des femmes CDP, 27/02/2017) illustre encore bien cela : « Pour moi, le
nombre de femmes qui occupe des postes de responsabilité est insuffisant dans les partis
politiques. Sur treize (13) membres qui composent le bureau de la sous-section de notre parti
politique dans notre secteur, il n’y a que trois (03) femmes seulement. Donc, vous voyez que ce
nombre est faible ». Ces propos montrent que d’une manière générale, les femmes sont sous-
représentées dans les structures dirigeantes des partis politiques.

En plus d’être minoritaires dans les instances dirigeantes des partis politiques, les femmes
n’occupent pas des postes clés. Les quelques rares femmes qui sont dans les instances
dirigeantes occupent des postes de second rang. Voilà ce qu’en dit Z M (F, Responsable des
femmes CDP, 27/02/2017) :« Les postes clés comme le secrétariat général sont toujours
occupés par des hommes. Quant aux femmes, elles occupent les postes de trésorière, de
responsable des femmes, de chargée de l’information et de chargée à la mobilisation ». De
plus, S F (F, Militante du MPP, 26/11/2016) ajoute ceci : « Dans le bureau exécutif de notre
parti, les hommes occupent la majorité des postes importants, et les femmes sont reléguées à la
mobilisation et à la trésorerie ». À la lumière de ces discours, les femmes occupent des postes
généralement réservés aux femmes à savoir les postes reliés à la promotion du genre, à la
mobilisation et la trésorerie.

45
Cependant, il ressort que les femmes sont nombreuses à militer dans les partis politiques, et
qu’elles sont beaucoup impliquées dans les activités des partis politiques. En témoigne les
propos de T A (F, Membre du CFB, 31/03/2017) : « Les femmes sont beaucoup impliquées dans
les activités de mobilisation de l'électorat et autres sauf dans les prises de décision. Quand il
s'agit de la mobilisation et des meetings, les femmes sont les plus nombreuses et les plus
sollicitées ». De ces propos, nous retenons que les femmes constituent la première force
mobilisatrice des partis politiques. Lors des campagnes et des votes, elles sont les plus
sollicitées et les plus mobilisées. Mais, quand il s’agit de responsabilisation, elles sont mises à
l’écart. C’est ce qui fait dire à Palingwendé Inès Zoé Lydia ROUAMBA (2011 : 95) que :
« Constituant 52% de la population, elles sont d’un grand poids électoral et l’ensemble des
partis du Burkina disposent d’un secrétariat chargé de les organiser et de les mobiliser. […],
mais encore, elles ont plus de chances d’être électrices, cuisinières et hôtesses que responsables
des instances dirigeantes des partis ». Dans un tel contexte, les femmes dans les partis
politiques ne jouent que des rôles de faire-valoir des hommes détenteurs du pouvoir, et
d’augmentation des assises des partis politiques comme le souligne Adjamagbo-Johnson
KAFUI (1997 :66) qui souligne que : « celles à qui des responsabilités sont confiées doivent en
général se contenter d’une simple fonction d’animation en vue d’augmenter l’assise du parti
auquel elles appartiennent et dont les leaders sont presque toujours des hommes ».

Ainsi, cette structuration des partis politiques autour de l’hégémonie masculine constitue un
frein à l’affirmation d’une féminité, voire l’émergence d’un leadership féminin. À ce propos,
Ousmane ZOUNGRANA (2013 :85) relève que : « L’absence de femmes leaders sur
l’échiquier politique burkinabè s’explique par le fait que le champ politique reste toujours
l’apanage des hommes, doublé d’une faible présence même des femmes au niveau de la tête
dirigeante des partis politiques ». De plus, cette faible proportion des femmes dans l’élite des
partis politiques ne favorise pas la constitution d’un réseau interne pouvant influencer les
décisions ou exercer une pression en faveur de leur représentation. Pourtant, d’un point de vue
stratégique, ce soutien est un atout considérable. De ce fait, nous pouvons dire que la
structuration des partis politiques, doublés du faible nombre des femmes au sein de leur instance
dirigeante contribue sans conteste à entraver l’ascension des femmes dans les postes électifs.
Dans cette perspective, nous rejoignons Ousmane ZOUNGRANA (2015 :14-15), qui citant
F.K. OFFOUMOU (2011), note que : « les modes de fonctionnement traditionnel de nombreux
partis et structures politiques et la sous-représentation des femmes aux postes de directions des
partis politiques freinent le leadership et leur intégration au processus du pouvoir ».

46
En somme, nous pouvons dire que les femmes sont minoritaires des instances dirigeantes des
partis politiques, malgré le fait qu’elles soient fortement sollicitées lors des campagnes dans le
processus de mobilisation de l’électorat et des meetings politiques. Et, lorsqu’elles intègrent les
structures dirigeantes des partis politiques, en plus d’être minoritaires, elles n’occupent que des
postes traditionnellement dits « féminins » comme les secrétariats chargés de la mobilisation,
de l’information, du genre, de la trésorerie, etc. Toute chose qui ne leur permet pas d’influencer
les décisions et d’exercer une pression en faveur d’une représentation des femmes dans les
postes électifs. Dans le point suivant, nous nous intéresserons aux difficultés que rencontrent
les femmes pour s’imposer dans les partis politiques.

2.2. La persistance des représentations sociales de la femme dans les partis politiques

L’analyse des résultats de terrain montre que les femmes rencontrent d’énormes difficultés à
l’intérieur des partis politiques. Elles se heurtent à un certain nombre de résistances liées aux
traditions socioculturelles et aux attitudes patriarcales des partis politiques.

En effet, au Burkina Faso, dans les traditions socioculturelles, les femmes sont souvent perçues
comme des êtres inférieurs aux hommes. Cette pratique inégalitaire entraine une hiérarchisation
sexuée de l’espace social entre les hommes et les femmes. Ainsi, l’espace public est réservé
aux hommes tandis que l’espace domestique est le domaine réservé aux femmes. C’est ce que
nous relate C R (F, ns, Chargée des questions sociopolitiques CDP, 10/12/2016) conseillère
municipale en ces termes : « Dans la société burkinabè, la place réservée à la femme, c'est le
foyer. Pour beaucoup de personnes, la femme doit être à la maison alors qu'ils oublient que la
femme aussi peut contribuer efficacement au développement de la société. Ce sont ces
considérations qui entravent les femmes dans les partis politiques ». Ce discours montre que la
hiérarchisation sexuée de l’espace social, qui confine les femmes dans l’espace domestique,
constitue une entrave à leur ascension dans les partis politiques. De ce fait, le statut socioculturel
des femmes, qui définit leur rôle dans la société, détermine la place accordée aux femmes au
sein des partis politiques. C’est pourquoi nous parvenons à la même conclusion que Geneviève
FRAISSE (1995) cité par Yannick LE QUENTREC (2008 :112) en disant que : « Pour
mémoire, les milieux politiques se sont historiquement constitués sur la base d’une culture
masculine. Les femmes ont été interdites d’accès pendant toute une partie de leur histoire, avec
l’idée qu’elles auraient pour vocation principale d’assurer le bonheur domestique et
conjugal ».

47
En plus du statut socioculturel des femmes qui les handicape dans les partis politiques, s’ajoute
une autre difficulté en l’occurrence le regard social de la femme engagée en politique. En effet,
le regard social porté sur l’engagement politique des femmes est peu appréciable. Les femmes
engagées en politiques font l’objet de divers stigmates et de préjugés. Elles sont traitées de
femmes suffisantes, émancipées, arrogantes ou de femmes aux mœurs légères. Comme
l’illustrent bien les propos de Z M (F, Secrétaire national adjoint chargé des questions
électorales UPC, 10/03/2017) : « Les femmes engagées en politique sont considérées comme
des femmes libres, des femmes légères. Certaines personnes disent même que les femmes
engagées en politique sont des femmes émancipées et suffisantes, qui commandent leurs maris.
Les femmes engagées en politique sont souvent accusées de coucher avec leurs responsables
pour bénéficier de beaucoup d'avantages ». Ce regard dépeint un peu l’image de la femme
engagée en politique parce qu’il est un cumule de clichés négatifs. Cette situation entraine une
résignation ou une autocensure des femmes vis-à-vis de la politique. Ainsi, selon Sylvie
PIONCHON et Grégory DERVILE (2004 :152) : « Le regard social sur les femmes politiques
est si chargé de fantasmes et de stéréotypes qu’elles sont enfermées dans une altérité qui
démarque de la classe politique « normale », qui les déclasse, et qui au fond leur refuse
symboliquement l’accès au pouvoir ».

Du reste, l’analyse des difficultés rencontrées par les femmes montre que celle-ci s’inscrit
également dans une dynamique de structuration patriarcale des partis politiques. En effet, la
constitution des partis politiques sur la prédominance d’un modèle masculin entraine une
exclusion des femmes des postes de responsabilité. À ce sujet, Z M (F, Responsable des femmes
CDP, 27/02/2017) nous confie que : « Dans les partis politiques, les hommes veulent toujours
être devant et ils ne laissent aucune place aux femmes. Donc, naturellement les hommes ne
travaillent pas à la promotion des femmes afin qu’elles puissent être devant ». Abondant dans
le même sens, Z H (F, Secrétaire nationale chargée de la mobilisation féminine UPC,
21/03/2017) ajoute : « A la constitution du Bureau Politique National (BPN), il y a certaines
femmes qui sont allées informer leurs maris qu'elles ont été proposées à un poste, mais certains
hommes ont fait savoir à leurs femmes qu'elles ne les ont pas devancés dans le parti donc il n'y
a pas de raison qu’elles soient retenues dans le BPN et pas eux. Du coup, cela a réduit le
nombre de femmes dans les postes de responsabilité. Ces propos mettent en exergue les
difficultés rencontrées par les femmes dans les partis politiques, cela du fait de la résistance des
hommes pour préserver leur pouvoir. Ainsi, selon iKNOW Politics (2014 : 5-6) : « Les femmes
jouent un rôle politique, mais dans un système hiérarchisé où les hommes dominent. Ce pouvoir

48
masculin ne favorise pas les femmes et l’importance quantitative des hommes leur permet de
s’imposer et de les contrôler ».

En somme, nous pouvons dire que des difficultés pour la plupart d’ordre socioculturel, et par
conséquent profondément enraciné dans la société, continuent à freiner l’ascension des femmes
dans les partis politiques.

49
CONCLUSION
La présente étude a porté sur la problématique de la sous-représentation des femmes burkinabè
en politique. Le travail s’est appesanti sur les facteurs politiques de la sous-représentation des
femmes burkinabè en politique. À travers cette étude, nous avons essayé de mettre en exergue
l’organisation interne des partis politiques dans la sous-représentation des femmes en politique.
Cette démarche nous a permis de faire ressortir les différents motifs susceptibles d’entrainer la
sous-représentation des femmes burkinabè en politique.

Les principales raisons conduisant à la sous-représentation des femmes burkinabè en politique


sont multiples. Cependant, au regard de l’analyse des résultats obtenus, il ressort que les partis
politiques burkinabè demeurent essentiellement un espace masculin, car l’idée selon laquelle la
politique est l’affaire des hommes est toujours présente. La plupart des partis politiques ne
disposent pas de mécanismes pour la promotion et l’inclusion des femmes. Ainsi, les
candidatures féminines rencontrent de profondes résistances. Les femmes sont souvent
confrontées au manque de financement de leur investiture et de leur campagne, aux pesanteurs
socioculturelles et à toutes sortes de discrimination. Toute chose qui peut refréner leur ascension
politique. Cette situation confirme notre première hypothèse, selon laquelle « L’organisation
interne des partis politiques explique la sous-représentation des femmes burkinabè en
politique ».

La désignation des candidats par les partis politiques est particulièrement cruciale pour
comprendre la sous-représentation des femmes dans les postes électifs. Il ressort de l’analyse
de nos résultats que la prédominance masculine dans les partis politiques laisse peu de places
aux femmes lors du choix des candidats. Ainsi, les différentes étapes menant à la sélection des
candidats sont peu démocratiques donc défavorables à l’accès des femmes aux postes électifs.
La procédure de sélection des candidats étant l’apanage des chefs des partis politiques, en
général composés d’hommes, elle reste moins ouverte et moins inclusive pour le groupe des
femmes. Par conséquent, les femmes rencontrent plus de difficultés à être investies candidates
lors des élections. Cela corrobore notre deuxième hypothèse selon laquelle, « le mode de
sélection des femmes dans les partis politiques favorise leur sous-représentation dans les postes
électifs ».

Dans un contexte où les partis politiques demeurent un univers masculin, les femmes n’arrivent
toujours pas à s’imposer. Les mentalités de la domination masculine sur la femme dans la
société se prolongent dans la sphère politique. Ces mentalités influencent la perception des
femmes politiques et compromettent leurs chances d’obtenir des positions de pouvoir au sein

50
des partis politiques. De ce fait, les femmes restent minoritaires au sein des structures
dirigeantes et confinées à des postes traditionnellement réservés aux femmes. Elles n’ont pas
accès aux postes clés dans les partis politiques. Or, la faible présence des femmes dans les
postes clés des partis politiques ne favorise pas la constitution d’un réseau interne capable de
promouvoir et de soutenir l’ascension politique des femmes. Cela vient mettre en valeur notre
troisième hypothèse selon laquelle « l’insuffisance de leadership féminin au sein des partis
politiques explique leur sous-représentation dans les postes électifs ».

Au terme de notre étude, nous avons conscience de n’avoir pas épuisé tous les contours d’un
sujet aussi pertinent. Ainsi, des études ultérieures pourraient s’appesantir sur les enjeux et les
défis de la participation politique des femmes.

51
BIBLIOGRAPHIE
ALBARELLO Luc, DIGNEFFE Françoise, HIERNAUX Jean-Pierre, MAROY Christian,
RUQUOY Danielle et DE SAINT-GEORGES Pierre, 1995, Pratiques et méthodes de
recherches en sciences sociales, Paris, Armand Colin.

ANTROBUS Peggy, 2007, Le mouvement mondial des femmes, Trad. de l'anglais par Françoise
Forest, Coll. « Enjeux planète », Montréal : Écosociété.

ATTANASSO Marie Odile, 2012, Femmes et pouvoir politique au Bénin : Des origines
dahoméennes à nos jours, Cotonou, Les Cocotiers.

BADINI/FOLANE Dénise, 2003, « La représentativité féminine dans les gouvernements du


Burkina Faso de 1985 à 1991 », In Burkina Faso. Cent ans d'histoire, 1895-1995, sous la dir.
de Yénouyaba Georges Madiéga et de Oumarou Nao, Paris, Karthala, pp. 1101-1129.

BADINI/KINDA Fatoumata, 2003, De la naissance au destin social de la petite fille, in cahiers


d’étude et de recherche en lettre, sciences humaines et sociales (CERLSHS), 2e numéro spécial,
P.U.O, 16p.

BALANDIER Georges, 1974, « Anthropo-logiques », revue française de sociologie, volume


15, Numéro 4, pp 604-611.

BALKISSA Djibril Abarchi, 2005, Communication sur la participation politique des femmes
en Afrique : Cas de la zone CEDEAO.

BALLINGTON Julie, 2011, Promouvoir le rôle des femmes pour renforcer les partis
politiques : Guide de bonnes pratiques pour encourager la participation politique des femmes,
PNUD/NDI.

BASTIEN Fréderick, 2013, Les Québécois aux urnes : les partis, les médias et les citoyens en
campagne, Montréal, Presse de l’Université de Montréal.

BERTAUX Daniel, 2003, Les récits de vie, Paris, Nathan Université.

BHERER Laurence et COLLIN Jean-Pierre, 2008, La participation et la représentation


politique des femmes au sein des instances démocratiques municipales, Montréal, INRS.

BIHR Alain et PFEFFERKORN Roland, 2002, hommes-femmes, quelle égalité, Édition de


l’Atelier, Paris.

52
BLÖSS Thierry, 2001, La Dialectique des rapports hommes-femmes, Paris, PUF, collection
« sociologies d’aujourd’hui ».

BOISTARD Pascal, 2014, Femmes et politique. Promouvoir l’accès des femmes en politique :
La question des quotas, Ottawa.

BOSERUP Esther, 1983, La femme face au développement économique. Trad. de l'anglais par
Marie-Catherine MARACHE, Paris, PUF.

BOURDIEU Pierre, 1998, La domination masculine, Paris, Seuil.

BRAUD Philippe, 2006, Sociologie Politique, 8e édition, Paris, LGDJ.

CASTELLAN Yvonne, 1972, Initiation à la psychologie sociale, 2e édition, Paris, Armand


Colin.

CERCLE Alain et SOMAT Alain, 2002, Psychologie Sociale. Cours et exercices, 2e édition,
Paris, Dunod.

CGD, 2005, La participation politique des femmes au Burkina Faso.

COMPAORE Nestorine, 2002, « Le recrutement des femmes pour élections législatives au


Burkina Faso », ln Les femmes au parlement : au-delà du nombre, sous la dir. de Julie
Ballington et Marie-José Protais, Stockholm, IDEA (version française), pp 83-91.

Conseil des Femmes du Burkina Faso, 2016, Analyse des élections législatives du 29 novembre
2015.

CONSTANT Benjamin, 1837, Cours de politique constitutionnelle, Société belge de librairie.

DANTIER Bernard, 2007, La construction sociale des catégories de sexe : Simone de Beauvoir,
Le deuxième sexe. Extrait de : Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, tome 2, L’expérience
vécue, Paris, Gallimard, 1949, pp. 13-48.

DESCARINE Francine et ROUAMBA Lydia, 2010, « Les femmes dans le pouvoir exécutif au
Burkina Faso (1957-2009) », Recherches féministes, vol 23, n°1, pp 99-122.

Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles, 2014, Tableau de Bord de la
Promotion de la Femme au Burkina Faso.

DION Gérard,1966, « Représentativité et représentation », Relations industrielles, vol 21, n°3,


pp 317-331.

53
DJIBO Hadiza, 2001, La participation des femmes africaines à la vie politique : Les exemples
du Sénégal et du Niger, Paris, L’Harmattan.

DROY Isabelle, 1990, Femme et développement rural, Paris, Karthala.

DURKHEIM Emile, 1985, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF.

GHIGLIONE Rodolphe et MATALAN Benjamin, 1998, Les enquêtes sociologiques, théories


et pratiques, 6e édition, Paris, Armand Colin.

GIVORD Viviane, 2013, Femmes et partis politiques : Le cas des députés du Grand Conseil
Valaisan, mémoire, Université de Genève.

GODBOUT T. Jacques, 2005, « Pas de représentation sans représentativité ? », Revue du


MAUSS, vol 2, no 26, pp 90-104.

GRAWITZ Madeleine, 2001, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz.

GRAWITZ Madeleine, 2004, Lexique des sciences sociales, 8e édition, Paris, Dalloz.

IDEA, 2002, Les Femmes au parlement : Au-delà du nombre, Sd Julie Ballington et José Protais
Séries Manuels.

iKNOW Politics, 2014, Réponse récapitulative sur la participation politique des jeunes femmes
en Afrique : Défis, enjeux et perspectives.

ILBOUDO Monique, 2006, Droit de cité : Être femme au Burkina Faso, Montréal, Remue-
ménage.

ILBOUDO Monique., 2007, « Le féminisme au Burkina Faso : mythes et réalités », Recherches


féministes, vol.20, n°2, pp163-177.

INSD, 2012, Femmes et Hommes au Burkina Faso. Des faits et des chiffres.

KAFUI Adjamagbo-Johnson, 1997, Le politique est aussi l’affaire des femmes, Politique
Africaine, n°65, pp 62-73.

KAKAI Sèdagban Hygin Faust, 2010, Analyse par genre de la participation et de la sous-
représentativité des femmes au sein des instances décisionnelles et décentralisées au Bénin,
Revues Perspectives & Sociétés, n°1.

KINDA Fatoumata, 1995, Analyse de la situation des enfants et des femmes au Burkina Faso,
Naître fille au Burkina Faso, UNICEF.

54
KOSSI Koblan Foly Jean, 2012, Le jeu politique de la femme.

LA PALOMBARA Joseph et WEINER Myron, 1966, Political Parties and Political


Development, Princeton, Princeton U.P.

Document de la Politique Nationale Genre, juillet 2009.

LAHIRE Bernard, 2001, « Héritages sexués : incorporation des habitudes et des croyances »,
in Thierry BLÖSS : La dialectique des rapports hommes-femmes, Paris, PUF, pp 9-25.

LANDRY Simeone, 1990, De forum en sommet : Les grandes pratiques féministes de 1990,
Nouvelles pratiques sociales, vol 3, n°2, pp 21-32.

LE QUENTREC Yannick, 2008, « Femmes en politique : changements publics et privés »


Politique et Sociétés, vol. 27, n° 3, p. 103-132.

MBOW Penda, 2005, Hommes et femmes entre sphères publique et privée, Dakar, CODERSIA.

MONGEAU Pierre et SAINT-CHARLES Johane, 2005, « Communication et émergence du


leadership dans les groupes », in J. Saint-Charles et P. Mongeau, Communication : horizons de
pratiques et de recherches, Québec, Presse de l'Université du Québec, pp 109-130.

MOSCOVICI Serge, 1973, Introduction à la psychologie sociale, Tome II, Paris, Librairie
Larousse.

MOUCHARD Daniel et DORMAGEN Jean Yves, 2008, Introduction à la sociologie politique,


Paris, DE BOECK.

N’DA Paul, 2006, Méthodologie de la recherche de la problématique à la discussion des


résultats : comment réaliser un mémoire, une thèse d’un bout à l’autre, Abidjan, EDUCI.

OUEDRAOGO/ROUAMBA Claudine Valérie, 2010, Démocratie masculine, contestation à


partir des marges : les enjeux du quota au sein du parlement burkinabé, in Cahiers du Cerleshs
Tome XXV, n°36, pp 91 à 115.

PAOLETTI Marion, 2005, « Femmes et partis politiques » in Femmes, Genre et Société l’état
des savoirs, Margaret Murani, Paris, La découverte.

PIONCHON Sylvie et DERVILLE Grégory, 2004, Les femmes et la politique, Grenoble, PUG.

PUGET Françoise, 1999, Femmes peuples du Burkina Faso : Stratégies féminines et


développement rural, Paris, L’Harmattan.

55
QUIVY Raymond et VAN CAMPENHOUDT Luc, 2011, Manuel de recherche en sciences
sociales, 4e édition entièrement revue et augmentée, Paris, Dunod.

RAYNAUD Philipe et RIALS Stéphane, 2003, Dictionnaire de philosophie politique, PUF,


coll. « Quadrige dicos poche ».

ROUAMBA Palingwindé Inès Zoé Lydia, 2011, La participation des femmes à la vie politique
au Burkina (1957-2009), Thèse de doctorat, Université du Québec à Montréal.

SANGARE/COMPAORE Nestorine, 2003, Le rôle de la femme Burkinabè en politique, CGD,


Ouagadougou.

SHVEDOVA Nadezhada, 2002, « Obstacles à la participation des femmes au parlement », in


IDEA, pp 19-38.

TARRAB Gilbert et COËNE Chris, 1989, Femmes et pouvoirs au Burkina Faso, Gs


Vermette/Paris, L'Harmattan.

TIENDREBEOGO-KABORET Alice, 2002, « Etude de cas-Burkina Faso : Les obstacles à la


participation des femmes au parlement », in IDEA, pp 39-47.

UIP, 2008, Egalité en politique : Enquête auprès de femmes et d’hommes dans les parlements,
Rapports et documents, n°54.

UIP, 2009, Le parlement est-il ouvert aux femmes ? Evaluation, Genève.

UIP, 2012, Les femmes au parlement en 2012, Regard sur l’année écoulée.

ZOUNGRANA Ousmane, 2013, Femmes et Pouvoir : Analyse sociologique de l’incidence du


niveau d’instruction sur l’engagement politique des femmes au Burkina Faso, mémoire de
maîtrise en sociologie, UO.

ZOUNGRANA Ousmane, 2015, Femmes et Pouvoir : La problématique de l’engagement


politique des femmes au Burkina Faso, Mémoire de master II, UO.

56
Webographie

DEVILLE Grégory et PIONCHIN Sylvie, « La femme invisible. Sur l’imaginaire du pouvoir


politique », Mots. Les langages du politique [En ligne], 78/2005, mis en ligne le 31 janvier
2008. URL : http://journals.openedition.org/mots/369 consulté le 20/02/2018

Http://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-2001-18-page-5.html consulté
le 20/02/2018.

ONU-Femmes (nd), leadership et participation des femmes à la vie politique. URL :


http://www.unwomen.org/fr/what-we-do-/leadership-and-political-participation consulté le
20/02/2018

Http://www.ipu.org/fr/ressources/publications/infographies/2017-03/les-femmes-en-politique-
2017 consulté le 27/02/2018.

Http://iknowpolitics.org/fr/learn/knowledge-ressources/data-and-statistics/femmes-en-
politique-2017 consulté le 15/03/2018.

Http://docplayer.fr/21113725-Burkina-faso-les-obstacles-a-la-participation-des-femmes-au-
parlement.htlm consulté le 16/03/2018.

http://www.gfpd.ca/nouvelles/le-gfpd-presente-son-memoire-agir-pour-la-parite-en-
commission-parlementaire-sur-la-place-des-femmes-en-politique-7-decembre-2017-34

consulté le 16/03/2018

Élections législatives de 2015 : pourquoi la gent féminine est toujours à la traine ?


http://queenmafa.net/elections-legislatives-de-2015-pourquoi-la-gente-feminine-est-toujours-
a-la-traine/ consulté le 03/04/2018

Gouvernance locale : Qui sont les femmes maires du Burkina ? https://queenmafa.net/femme-


et-gouvernance-zoom-surles-femmes-maires-du-burkina/ consulté le 03/04/2018

Https://fr.scribd.com/document/147810876/Cours-Sociologie-Politique-Partis consulté le
27/06/2018.

Http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/participation/parti-
politique/qu’est-ce-qu-parti-politique.html consulté le 27/06/2018.

57
ANNEXES
Annexes 1 : Guide d’entretien adressé aux femmes politiques
I. Identification
Nom et prénom (facultatifs) :
Sexe :
Âge :
Statut socioprofessionnel :
Niveau d’instruction :
Situation matrimoniale :
Parti :
Fonction dans le parti :
II. Mode de sélection des femmes dans les partis politiques
1. Quelles sont les modalités de désignation des candidats ? Comment devient-on candidat dans
votre parti ?
2. Comment se fait le positionnement sur les listes électorales dans votre parti politique ?
3. Quelle appréciation faites-vous du mode de sélection (est-ce équitable, favorable à quel sexe,
etc.)
III. Représentation des femmes dans les postes électifs
1. Les femmes ont-elles accès à des positions éligibles au sein de votre parti politique ?
2. Quel était le pourcentage de femmes candidates dans votre parti aux dernières élections ?
(Appréciation de leur positionnement)
3. Combien de femmes ont été élues à l’issue des dernières élections ?
4. Quelle appréciation faites-vous du nombre des femmes élues à l’issue des dernières
élections ?
IV. Leadership féminin dans les partis politiques
1. Quelle place occupe les femmes au sein de votre parti politique et pourquoi selon vous ?
2. Combien de femmes, il y a dans la structure dirigeante de votre parti politique ?
3. Les femmes occupent-elles des postes clés dans votre parti politique ? Lesquels ?
4. Quel est le degré d’implication des femmes dans la vie de votre parti politique (à quelles
activités politiques les femmes s’impliquent-elles le plus ?
5.Y a-t-il des mécanismes pour la promotion des femmes dans votre parti politique ?
6. quelles sont les difficultés spécifiques des femmes au sein de votre parti

VII
Annexes 2 : Guide d’entretien adressé aux responsables des partis politiques
I. Identification
Nom et prénom (facultatifs) :
Sexe :
Âge :
Statut socioprofessionnel :
Niveau d’instruction :
Situation matrimoniale :
Poste au sein du parti :
II. Mode de sélection des femmes dans les partis politiques
1. Quelles sont les modalités de désignation des candidats ? Comment devient-on candidat dans
votre parti ?
2. Comment se fait le positionnement sur les listes électorales dans votre parti politique ?
3. Quelle appréciation faites-vous du mode de sélection (est-ce équitable, favorable à quel sexe,
etc.)
III. Représentation des femmes dans les postes électifs
1. Les femmes ont-elles accès à des positions éligibles sur les listes électorales dans votre parti
politique ?
2. Quel était le nombre de femmes candidates dans votre parti aux dernières élections ?
3. Combien de femmes ont été élues à l’issue des dernières élections ?
4. Êtes-vous satisfait du nombre des femmes dans les postes électifs ?
IV. Leadership féminin dans les partis politiques
1. Quelle place occupent les femmes au sein de votre parti politique et pourquoi selon vous ?
2. Combien de femmes, il y a dans la structure dirigeante de votre parti politique ?
3. Les femmes occupent-elles des postes clés dans votre parti politique ?
4. Quel est degré d’implication des femmes dans la vie de votre parti politique ?
5.Y a-t-il des mécanismes pour la promotion des femmes dans votre parti politique ? (À quelles
activités politiques les femmes s’impliquent-elles le plus ?
6. Quelle est la perception sociale des femmes politiques au Burkina ?

VIII
Annexes 3 : Guide d’entretien adressé aux responsables des associations et ONG
I. Identification
Nom et prénom (facultatifs) :
Sexe :
Âge :
Statut socioprofessionnel :
Niveau d’instruction :
Situation matrimoniale
II. Mode de sélection des femmes dans les partis politiques
1. Quels sont les critères de sélection des femmes dans les partis politiques ?
2. Comment devient-on candidat dans les partis politiques ?
3. Comment se fait le positionnement sur les listes électorales dans les partis politiques ?
4. Quelle appréciation faites-vous du mode de sélection et de positionnement dans les partis
politiques ?
III. Représentation des femmes dans les postes électifs
1. Les femmes ont-elles accès à des positions éligibles sur les listes électorales dans les partis
politiques ?
2. Appréciation du pourcentage de femmes candidates aux dernières élections ?
3. Le pourcentage des femmes élues à l’issue des dernières élections ?
4. Quelle appréciation faites-vous du pourcentage de femmes élues dans les postes électifs ?
5. Quelles sont les difficultés spécifiques des femmes politiques ?
IV. Leadership féminin dans les partis politiques
1. Peut-on parler de leadership féminin dans le contexte politique burkinabè ?
2. Quelle place occupent les femmes au sein des partis politiques et pourquoi selon vous ?
3. Les femmes occupent-elles des postes clés dans les partis politiques ? Lesquels ?
4. Quel est degré d’implication des femmes dans la vie des partis politiques ? (À quelles
activités politiques les femmes s’impliquent-elles le plus ?
5. Y a-t-il des mécanismes pour la promotion des femmes dans les partis politiques ?
6. Quelle est la perception sociale des femmes politiques au Burkina ?

IX
TABLE DES MATIÈRES
SOMMAIRE ............................................................................................................................... I
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ III
SIGLES ET ABRÉVIATIONS ................................................................................................ IV
RÉSUMÉ .................................................................................................................................. VI
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME ............................................................................. 3
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE ............................................................................................................................ 4
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE DE L’ÉTUDE ............................................................. 5
1.1 Revue de littérature ........................................................................................................... 5
1.1.1 Femmes et espace public ........................................................................................... 5
1.1.2 Femme et politique .................................................................................................... 9
1.1.3 Les contraintes à la participation politique des femmes .......................................... 15
1.1.4 Les contraintes institutionnelles ............................................................................... 17
1.2 Problématique ................................................................................................................. 19
1.3 Objectifs et intérêt de la recherche ................................................................................. 21
1.4 Hypothèses de recherche ................................................................................................ 21
1.5 Identification des variables et indicateurs ...................................................................... 22
1.6 Définition des concepts .................................................................................................. 23
CHAPITRE II : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE .................................................. 28
2.1 Choix de la zone d’étude ................................................................................................ 28
2.2 Population d’étude .......................................................................................................... 28
2.3 Échantillon ...................................................................................................................... 29
2.3.1 Échantillonnage........................................................................................................ 29
2.3.2 Composition de l'échantillon.................................................................................... 30
2.4 Techniques et outils de collecte de données ................................................................... 30
2.5 Traitement et analyse des données ................................................................................. 31
2.6 Déroulement de l’enquête de terrain .............................................................................. 31
2.7 Difficultés de l’étude ...................................................................................................... 32
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETRATION DES RESULTATS ............ 33
CHAPITRE I : LE POSITIONNEMENT DES FEMMES SUR LES LISTES DE
CANDIDATURES COMME HANDICAP DE LEUR REPRÉSENTATION DANS LES
POSTES ÉLECTIFS ................................................................................................................ 34
1.2. La sélection sexiste des candidats lors des élections ................................................. 35
1.3. Le positionnement des femmes sur les listes de candidatures ou l’étape de la
marginalisation des femmes .............................................................................................. 39
CHAPITRE II : L’INSUFFISANCE DE LEADERSHIP FEMININ DANS LES PARTIS
POLITIQUES : SOURCE DE LEUR SOUS-REPRÉSENTATION DANS LES POSTES
ÉLECTIFS ................................................................................................................................ 44
2.1. Place de la femme dans les partis politiques : un rôle de second plan .......................... 44
2.2. La persistance des représentations sociales de la femme dans les partis politiques ...... 47
CONCLUSION ........................................................................................................................ 50
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 52
ANNEXES ..............................................................................................................................VII
Annexes 1 : Guide d’entretien adressé aux femmes politiques ...........................................VII
Annexes 2 : Guide d’entretien adressé aux responsables des partis politiques ................. VIII
Annexes 3 : Guide d’entretien adressé aux responsables des associations et ONG ............. IX
TABLE DES MATIÈRES ........................................................................................................ X

Vous aimerez peut-être aussi