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pour l’habitacle que pour la carrosserie. C’est pour cette raison que cette industrie
a été choisie pour examiner les problèmes de la mise en peinture des plastiques,
qui ne sont pas fondamentalement différents quand l’objet à peindre est modifié
dans sa forme ou sa destination.
Après un bref rappel de l’évolution des plastiques dans l’automobile, nous abor-
derons les motivations qui conduisent à la mise en peinture des pièces plastiques
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Nous nous proposons ici d’indiquer à quelles exigences doit satis- 2.1.2.1 Adhérence
faire un revêtement sur plastique et nous donnerons à cette occasion
un aperçu des méthodes d’essai. Traditionnellement, l’adhérence d’un revêtement est appréciée par
l’essai décrit dans la norme AFNOR NF T 30-038 (déc. 1991) Peintures
Nous décrirons un exemple de traitement destiné à rendre apte et vernis. Essais de quadrillage des feuils de peintures et vernis. Les
à la peinture la surface apolaire des polyoléfines. Nous en résultats de ce test restent cependant qualitatifs (résultat relatif au
indiquerons les limites. niveau d’adhérence du ruban adhésif).
Nous verrons ensuite quelles peuvent être les influences du C’est pourquoi diverses mesures d’adhérence plus quantitatives
revêtement de peinture sur les propriétés mécaniques du substrat d’arrachement de plots collés sur le revêtement ont été proposées.
et comment minimiser celles qui seraient les plus néfastes. Ces mesures deviennent indispensables lorsqu’il s’agit d’apprécier
l’efficacité d’un traitement d’activation de surface. Elles font l’objet
d’une méthode d’essais Renault (ME 1755).
2.1 Exigences
2.1.2.2 Souplesse
D’une manière générale, on attend d’un revêtement qu’il soit
Les exigences requises pour un revêtement peint appliqué sur une capable d’accompagner, en cas d’éventuelles sollicitations, les
pièce plastique extérieure sont bien entendu multiples. Nous nous déformations du substrat sur lequel il est appliqué. Son allongement
appuierons pour leur description sur le cahier des charges édicté à la rupture devra au moins être égal à celui du substrat. Cette
dans ce sens par Renault à l’intention de ses fournisseurs. détermination est faite par essai de flexion sur une éprouvette peinte
Ces exigences sont réparties en trois rubriques concernant : en comparant la déformation subie par cette éprouvette au moment
— l’aspect ; de l’apparition des premières fissures avec celle d’une éprouvette
— les propriétés fonctionnelles ; identique, non peinte, sollicitée dans les mêmes conditions, la face
— le comportement au vieillissement. peinte du substrat étant sollicitée en extension. La méthodologie
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retenue est celle décrite dans la norme AFNOR NF T 30-040 Outre la valeur de l’énergie absorbée au cours du choc, l’observa-
(oct. 1981) Peintures. Essai de pliage sur mandrin cylindrique des tion du faciès de rupture (figure 2) sera un élément important de
feuils de peinture, vernis et préparations assimilées du subjectile la sélection des revêtements peints.
(support) métallique.
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L’exigence actuelle est de 1 000 h d’exposition sans évolution de Cependant, cette opération reste très délicate et la qualité du
teinte appréciable, avec une perte maximale de brillant inférieure flammage repose sur le respect rigoureux de ses paramètres de mise
à 15 % pour les teintes opaques et à 5 % pour les teintes vernies. en œuvre qui sont :
— la richesse du mélange (air/propane par exemple) ;
2.1.3.2 Humidité — la distance substrat/flamme qui influe sur la concentration en
espèces radicalaires formées et sur la température du substrat ;
L’essai est effectué de préférence sur la zone qui a subi l’essai de — la vitesse de balayage.
gravillonnage. Il consiste en un vieillissement humide selon la
méthode d’essai Renault ME 1327 (immersion dans de l’eau démi- La figure 3 montre l’évolution de la tension superficielle en fonc-
néralisée à 40 oC pendant 10 jours). Cette immersion est suivie d’un tion de la vitesse de balayage, pour deux distances flamme-substrat
conditionnement de 22 h à 23 oC et 50 % d’humidité relative. Après de 8 et 12 cm qui correspondent à des températures instantanées
l’essai, l’aspect du revêtement doit être correct. L’adhérence, y de 1 100 oC et 800 oC, pour un mélange comburant air/gaz optimal.
compris dans la zone gravillonnée, la souplesse et de la résistance Lorsque la vitesse augmente, la température atteinte par la surface
au choc à froid ne doivent pas avoir varié par rapport aux résultats à traiter diminue. L’oxydation de la surface devient donc limitée.
obtenus sur les pièces non vieillies. Au contraire, quand la vitesse de balayage devient trop faible,
l’exposition excessive du matériau à la flamme provoque un
2.1.3.3 Chaleur échauffement important en surface et conduit ainsi à l’inverse de
l’effet recherché. En effet, la matière tend à rejoindre son état
Les pièces sont soumises à une exposition à la chaleur de 7 jours thermodynamique le plus stable ; en d’autres termes, un équilibre
à 85 o C. Après l’essai, l’aspect du revêtement, l’adhérence, la thermodynamique des chaînes de polymères va s’établir par
souplesse et la résistance au choc à froid ne doivent pas avoir varié « retournement des sites oxydés vers l’intérieur du polymère ». Ce
par rapport aux résultats obtenus sur les pièces non vieillies. phénomène est d’autant plus accentué que la mobilité des chaînes
est activée sous l’effet d’une élévation de température de surface
du matériau.
2.2 Préparation de surface
2.2.1 Dégraissage 2.3 Performances au choc
Il est connu que la mouillabilité du substrat par le revêtement
d’un plastique peint
est une condition nécessaire à son adhérence.
2.3.1 Effet d’entaille
Or cette mouillabilité peut être affectée par la présence d’agents
de démoulage ou de contaminants divers qui doivent être éliminés Comme nous l’avons déjà signalé, l’expérience montre que la
avant toute mise en peinture. Ce dégraissage peut être obtenu soit nature, les conditions d’application et les propriétés du revêtement
par action d’un solvant en phase vapeur, soit, de préférence, par influent largement sur les propriétés de la matière plastique peinte,
aspersion d’une solution alcaline à une température de 55-60 oC en particulier sur sa résistance du choc.
durant quelques minutes.
En effet, les caractéristiques mécaniques finales d’une pièce
Un traitement de ce type effectué préalablement à la mise en plastique peinte sont, pour une large part, influencées par la nature
peinture doit être considéré comme une condition indispensable à de la couche de peinture. Un revêtement de quelques dizaines de
la bonne tenue du revêtement. micromètres, mal adapté, peut réduire considérablement la résis-
tance au choc du support peint.
2.2.2 Flammage des polyoléfines Ce comportement est expliqué par l’effet d’entaille provoqué par
la rupture prématurée du revêtement par rapport au substrat. L’effet
d’entaille est d’autant plus marqué que l’adhérence du revêtement
Cependant, certaines matières plastiques possèdent des tensions est élevée (figure 4).
superficielles dont les valeurs sont incompatibles avec celles des
solvants utilisés dans les systèmes de peinture. C’est en particulier
le cas des polyoléfines (PE, PP) dont l’emploi est largement répandu
en construction automobile. Il faut alors leur appliquer un traitement
physique ou chimique capable de modifier les tensions super-
ficielles.
Actuellement, le procédé le plus largement utilisé en Europe pour
le traitement des polyoléfines est le flammage qui va, en effet,
permettre, par oxydation de la surface, d’accroître la tension
superficielle du support et ainsi favoriser l’étalement de la peinture
sur celui-ci.
Cette augmentation de la tension superficielle résulte de la
formation de fonctions chimiques polaires dont les principales ont
été identifiées :
— celles de type carbonyle (CO) ;
— celles de type carboxyle (COOH).
Ces fonctions polaires créées en surface du matériau vont
interagir avec les résines et les solvants contenus dans la peinture ;
il en résultera :
— un meilleur étalement du liquide sur le solide ;
— une meilleure liaison entre revêtement et support.
Figure 3 – Essai de flammage des polyoléfines
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Tout processus qui tend à limiter le phénomène d’entaille sera La figure 6 présente la variation d’énergie absorbée au cours
donc bénéfique sur le comportement au choc final du matériau d’un choc multiaxial, en fonction de la température, pour un plas-
peint. tique à l’état nu et pour le même matériau revêtu d’une peinture
Pour étudier ce problème, il faut prendre en compte quelques dont on a fait varier la souplesse en traction. Deux constatations en
critères importants : ressortent :
— la souplesse du revêtement ; — l’incidence de la capacité d’allongement du revêtement sur la
— le rapport des épaisseurs des couches rigides et souples ; résistance globale au choc des pièces peintes ;
— la nature des solvants de la peinture ; — la forte influence de la température sur le comportement au
— l’adhérence du revêtement. choc du plastique peint, influence plus ou moins marquée selon la
souplesse initiale du revêtement.
Les essais réalisés en laboratoire sont largement confirmés par
2.3.2 Souplesse du revêtement le comportement des pièces réelles soumises à des chocs ainsi que
le montre le tableau 1. (0)
Elle est fonction de deux paramètres : la nature de la résine et des
charges de la peinture, et aussi la température à laquelle est testé
le matériau peint. Tableau 1 – Résultats d’essais de « choc chariot »
Un réseau hautement ramifié de chaînes de polymère correspond sur pare-chocs (suivant la méthode FMVSS 215) (1)
à une peinture à faible allongement ; au contraire, un réseau moins
dense permet une mobilité des chaînes de polymère qui donne sa Température
souplesse au feuil de peinture. Le comportement au choc (figure 5) Systèmes
du support revêtu de ces deux types de peinture sera très différent : 20 oC – 20 oC
— le système rigide dégrade les caractéristiques mécaniques du Pièces en plastique non peint ne casse pas ne casse pas
support ;
— le système souple perturbe peu la qualité de résistance au choc Revêtement rigide casse casse
du matériau. Pièces Revêtement
en plastique semi-rigide ne casse pas casse
Une baisse de température d’essai, en provoquant une diminu- peint
tion de la mobilité des chaînes de polymère du feuil de peinture,
Revêtement souple ne casse pas ne casse pas
va se traduire par une perte de souplesse. Comme dans le cas pré-
cédent, la rigidification du système affecte le comportement au (1) FMVSS : Federal Motor Vehicle Safety Standard (organisme américain
choc final de la pièce peinte. de normalisation dans le domaine de l’automobile).
Figure 4 – Principe de l’effet d’entaille dans le revêtement peint Figure 5 – Influence de la souplesse du revêtement peint
sur un support plastique sur les performances au choc multiaxial à 23 oC
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3. Différentes peintures
utilisées et leurs applications
Une peinture se compose de divers constituants :
— les pigments qui donnent la teinte ;
— les charges ;
— les stabilisants qui permettent de satisfaire à certaines
contraintes (tenue aux intempéries) ;
— la résine (liant) qui est l’ossature de la peinture ;
— le solvant de la résine qui permet de rendre la peinture
fluide ;
— le diluant qui permet d’ajuster la viscosité de la peinture.
Figure 7 – Influence de l’épaisseur de la sous-couche On distingue deux grandes familles de peinture utilisées dans
sur les performances au choc multiaxial d’un plastique peint l’industrie automobile, l’une à base de résine acrylique, l’autre de
résine polyuréthanne.
Le rapport entre les deux couches de peinture (système rigide et ■ Les peintures acryliques sont principalement utilisées pour la
système souple) est donc des plus importants : une sous-épaisseur tôle et, par voie de conséquence, pour les pièces plastiques que l’on
d’apprêt se traduira par une perte de comportement au choc du désire peindre avec la tôle (peinture dite en ligne ).
support peint (figure 7). Ces peintures acryliques se composent d’une résine acrylique et
d’une résine mélamine-formol qui réticulent à chaud (140 oC en
général) pour former un polymère solide :
2.3.4 Nature des solvants de la peinture
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Comme nous l’avons vu précédemment, le principal problème La réticulation se fait après contact de ces deux composants :
pour les plastiques est la tenue en température du support.
■ Les peintures polyuréthannes sont les plus utilisées pour les
pièces plastiques que l’on peint sur des installations spécifiques
(peinture hors ligne ).
On distingue dans cette catégorie deux types de résines poly-
uréthannes :
— PUR polyester (souple) ;
— PUR acrylique (rigide). R représente le squelette chimique d’une résine acrylique ou poly-
ester,
Toute une palette de souplesse du film de peinture peut être
obtenue par mélange de ces deux types de résines. R ’ est un radical aliphatique.
Dans tous les cas, la peinture se présente sous la forme de 2 La cuisson (80 oC) généralement appliquée ne sert qu’à accélérer
composants : la réaction.
— résine : polyol ; Le tableau 2 résume, pour les principales pièces peintes, en
— durcisseur : isocyanate. carrosserie automobile, l’objectif de cette peinture (aspect ou protec-
tion), le type de peinture le plus couramment utilisé (acrylique ou
polyuréthanne) et les principales contraintes rencontrées. (0)
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Mise en peinture des plastiques R
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par Jean-Paul BAUCHEL N
Ingénieur INSA (Institut National des Sciences Appliquées)
Responsable du Secteur Carrosserie à la Direction des Études Matériaux de Renault
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Bibliographie
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R
Principaux fournisseurs de peintures
Akzo Coating SA Industrias Quimicas Naber SA
BASF Peintures et Encres SA
Beckers Industrie SA
Karl Wörwag Lack-und Farbenfabrik GmbH und Co KG
La Celliose
P
Blancomme Manufacture (Sté)
Dexter SA
PPG Industries France SA
Soritec-Mader
L
Dupont SA
Herberts France SA
Vérilac SàRL
Vernol SA
U
ICI France SA
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