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La production de méthane d'origine digestive chez les

ruminants et son impact sur le réchauffement climatique


Jean-Pierre Jouany, Pierre Thivend
Dans Management & Avenir 2008/6 (n° 20), pages 259 à 274
Éditions Management Prospective Editions
ISSN 1768-5958
DOI 10.3917/mav.020.0259
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La production de méthane d’origine digestive
chez les ruminants et son impact sur le
réchauffement climatique

par Jean-Pierre Jouany et Pierre Thivend

Résumé
Les ruminants possèdent trois compartiments digestifs pré-gastriques parmi
lesquels le rumen est le plus volumineux. Les conditions physico-chimiques
du biotope ruminal sont particulièrement favorables au développement
d’une biocénose anaérobie qui dégrade et fermente près de 50 % de la
biomasse ingérée par les ruminants. Le méthane représente un des produits
majeurs de la fermentation des aliments dans le rumen avec les acides gras
volatils. Cette voie métabolique constitue un moyen essentiel d’élimination
de l’hydrogène produit lors de la fermentation des glucides. Outre la perte
d’énergie qu’il représente pour l’animal (jusqu’à 10% de l’énergie ingérée),
son rejet dans l’atmosphère contribue pour 3% environ à l’effet de serre. Il
est possible de moduler les émissions de méthane d’origine digestive via
l’alimentation des animaux, leur sélection génétique ou l’apport d’additifs
alimentaires dont certains lipides.
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Abstract
Ruminants possess three pre-gastric compartments, of which the rumen
has the largest volume. Physico-chemical conditions of the ruminal biotope
are propicious to the growth of an anaerobic microbial ecosystem, which
degrades and ferment more than 50 % of feed ingested by ruminants.
Methane and volatile fatty acids are the two major end products of ruminal
fermentation. Methanogenesis is the main metabolic pathway involved in
hydrogen sink in the rumen. In addition to the energy loss it represents
for the animals (up to 10 % of ingested energy), methane released in the
atmosphere accounts for about 3 % of total greenhouse gases. Mitigation of
digestive methane is feasible through the feeding systems, genetic selection
of animals, and the use of feed additive including some lipids.

Chez les ruminants, le méthane produit au cours des fermentations digestives


est rejeté par éructation dans l’atmosphère ce qui représente à la fois une perte
sur la quantité d’énergie fixée par les animaux d’élevage et une contribution à
l’effet de serre. Si l’aspect énergétique a prévalu jusqu’à ces dernières années,
c’est plutôt l’impact climatique des rejets qui décide aujourd’hui de l’orientation
des recherches dans ce domaine. Le présent document fait le point sur les
mécanismes biologiques à l’origine de la production de méthane dans le tube
digestif des ruminants et précise la contribution du méthane qu’ils rejettent dans

259
20

l’atmosphère sur l’effet de serre. En outre, il présente les moyens actuellement


disponibles pour réduire la méthanogenèse ruminale ainsi que leurs limites.

1. Particularités anatomiques et digestives des réservoirs


gastriques du ruminant

Les ruminants ont la particularité de posséder trois compartiments digestifs


appelés « pré-estomacs » (rumen, réseau et feuillet), situés en avant de la caillette
laquelle est l’équivalent de l’estomac du monogastrique (Figure 1). Le contenu
digestif des pré-estomacs représente 70 à 75% du contenu total du tube digestif
des ruminants. Le volume du rumen (encore appelé « panse ») est voisin de 100
litres chez un bovin adulte pesant environ 600 kg ce qui représente plus de 90%
du volume de l’ensemble des pré-estomacs. L’ensemble « rumen et réseau »,
souvent assimilé au rumen, présente toutes les caractéristiques d’un fermenteur
de type chémostat.
Figure 1. Anatomie des estomacs du ruminant
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Les conditions ambiantes sont définies par un contenu riche en eau (85 à 90%),
un apport régulier de nutriments fournis à la fois par l’ingestion des aliments et la
rumination qui intervient entre les phases ingestives, un pH neutre ou légèrement
acide (de 6,4 à 7,0) tamponné par une sécrétion abondante de salive (200 litres
par jour pour un bovin adulte), une température fixée à 39°C, une élimination
continue des produits de la digestion par absorption à travers la paroi ruminale et
par une vidange régulière du contenu digestif vers l’intestin.

Cet environnement est particulièrement favorable au développement d’un


écosystème microbien caractérisé par sa variété et sa densité. On y trouve
des bactéries essentiellement anaérobies au nombre de 1010 à 1011 par mL (ou
gramme) de contenu digestif, des protozoaires anaérobies dont les effectifs
sont compris entre 105 et 106 cellules par mL, des champignons anaérobies
au nombre de 103 à 104 par mL, et une population d’autres micro-organismes
qui ont été peu étudiés jusque là (bactériophages, mycoplasmes, virus et des

260
La production de méthane d’origine digestive chez
les ruminants et son impact sur le réchauffement
climatique

bactéries pathogènes dont le rumen pourrait constituer un réservoir important).


Les aliments ingérés sont majoritairement composés de polymères glucidiques
et de protéines qui doivent d’abord être dégradés en molécules plus simples pour
être ensuite fermentées. On estime qu’environ la moitié des 20 kg de matière
sèche alimentaire ingérées chaque jour par une vache adulte sont fermentés
dans le rumen par la biomasse microbienne pour produire 7 kg d’acides à chaîne
courte (acétique, propionique et butyrique, appelés Acides Gras Volatils ou AGV),
2,5 kg de biomasse microbienne et 1500 litres de gaz (500 litres de méthane et
1000 litres de dioxyde de carbone). Les fermentations génèrent de l’énergie sous
forme d’adénosine triphosphate (ATP) qui est utilisé par les microorganismes
pour couvrir leurs besoins d’entretien et de croissance. Les acides (AGV) issus
des fermentations sont absorbés à travers la paroi du rumen et fournissent plus
de 70% de l’énergie utilisée par le ruminant. Les microbes sont continuellement
évacués hors du rumen avec le contenu digestif, et les protéines qu’ils contiennent
sont dégradées dans l’intestin où elles apportent de 50 à 90% de la totalité des
acides aminés absorbés dans le tube digestif du ruminant.

2. Origine du gaz méthane

La production d’énergie au cours des processus fermentaires est le résultat


de réactions d’oxydations qui, en milieu anaérobie (absence d’oxygène), se
traduisent par la libération d’hydrogène métabolique (H) (Figure 2) que l’on
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retrouve dans la cellule sous différentes formes de cofacteurs réduits comme

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le NADH, NADPH, FADH. La forme oxydée de ces cofacteurs (NAD+, NADP+,
FAD+) doit être ensuite régénérée pour que les fermentations puissent se
poursuivre. Cette dernière étape conduit à la formation d’hydrogène libre (H2)
dans le mélange gazeux du milieu fermentaire. Or, l’hydrogène formé doit être
éliminé au fur et à mesure de sa production puisqu’une élévation de sa pression
partielle inhiberait l’action des déshydrogénases impliquées dans le processus
de réoxydation des cofacteurs réduits (Miller 1995).
Figure 2. Métabolisme de l’hydrogène dans les différentes voies fermentaires du rumen
Glucose
Butyrate

2H 2H
2H
CO2 + Acétate Pyruvate Oxaloacétate Malate
2H

Acrylate Fumarate
2H 2H
CH4
Propionate Succinate

261
20

L’utilisation continue de l’hydrogène dans le rumen est majoritairement assurée


par les bactéries archaeméthanogènes pour réduire une partie du CO2 en
méthane (CH4).
CO2 + 4H2 → CH4 + 2H2O

Des voies métaboliques concurrentes pour l’utilisation de l’hydrogène existent,


mais leur efficacité est moindre. Ainsi, la synthèse de propionate mobilise 2H2
par mole de propionate formée contre 4H2 par mole de CH4 synthétisée.
Hexose → 2 [Pyruvate] + 2H2
2 [Pyruvate] + 4H2 → 2 [propionate] + 2 H2O

Comme la méthanogenèse, la production d’acétate par la voie de l’acétogenèse


réductrice correspond à une réduction du CO2 par H2, mais elle ne mobilise que
2H2 par mole de CO2.
2CO2 + 4H2 → CH3-COOH + 2H2O

La voie de l’acétogenèse a été mise en évidence dans le gros intestin du ruminant


mais n’intervient qu’à un niveau faible dans le rumen (Jouany et al 1995).
Par contre, elle est dominante dans le gros intestin de l’homme et de certains
animaux (rat, hamsters, lapins). La réduction des nitrates, des sulfates, ainsi que
la saturation des acides gras insaturés, constituent d’autres voies de fixation
de l’hydrogène mais celles-ci sont considérées comme mineures au niveau du
rumen.
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Bien qu’anaérobies, les fermentations lactique et alcoolique qui mobilisent
également l’hydrogène métabolique, présentent peu d’intérêt au niveau de la
production énergétique et sont normalement peu actives dans le rumen. Toutefois,
en situation d’apport d’énergétique excessif (cas de rations riches en glucides
facilement fermentescibles: céréales, betteraves...) les fermentations peuvent
conduire à une production anormalement élevée d’acide lactique à l’origine d’une
pathologie digestive appelée « acidose ruminale ». Les pH bas observés avec
ce type de régime peuvent inhiber la croissance (Hegarty 1999) et l’activité des
microorganismes méthanogènes (Lana et al 1998).

On peut donc considérer que la production de méthane est une voie


métabolique essentielle dans l’élimination absolument nécessaire de
l’hydrogène métabolique ruminal. Il est admis qu’une réduction de 20% du
méthane digestif ne perturbe pas les fonctions digestives ou fermentaires
essentielles du rumen (Martin et al 2006). Au-delà de ce seuil, une réduction de la
méthanogenèse ne peut être envisagée que si l’hydrogène peut-être métabolisé
dans d’autres voies conduisant par exemple à la synthèse de propionate ou de
butyrate (Figure 2) pour éviter son accumulation dans les gaz de fermentation.

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La production de méthane d’origine digestive chez
les ruminants et son impact sur le réchauffement
climatique

3. Quantification et facteurs de variation des émissions de


méthane par les ruminants

3.1. Méthodes de mesure des émissions de méthane entérique


Deux techniques sont utilisées pour mesurer les productions de méthane par
les ruminants : (i) la technique des chambres respiratoires dans lesquelles les
animaux sont enfermés et qui permet de mesurer le méthane émis à la fois
par le rumen et le gros intestin sans toutefois pouvoir distinguer son origine;
(ii) la technique au traceur SF6 (hexafluorure de soufre) qui ne mesure que les
émissions ruminales de méthane et qui peut être appliquée à des animaux en
situation d’élevage (en stabulation ou au pâturage). Plus d’une trentaine de
bases de données mondiales ont été publiées sur les émissions de méthane
par les ruminants, la majorité provenant d’Amérique du Nord. Cette précision est
importante puisque les rations utilisées dans cette région du monde sont assez
différentes de celles utilisées en Europe et que ce facteur conditionne fortement
le niveau des émissions de méthane.

3.2. Influence de la nature du régime alimentaire


Les émissions de méthane dépendent de deux facteurs issus directement de
la nature de l’alimentation des ruminants: (i) les quantités de matière organique
fermentées dans le rumen ; (ii) l’orientation des fermentations ruminales. Ainsi,
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l’équation stœchiométrique proposée par Jouany et al (1995) utilisée pour
quantifier les produits de la fermentation ruminale précise que le méthane
représente, en moles, la moitié de la quantité d’héxoses fermentés.

[50 Hexose = 59 acétate + 23 propionate + 9 butyrate + 24 CH4 + 53 CO2 + 230 ATP]

Une autre équation calculée à partir des bilans d’hydrogène métabolique mesurés
in vitro (Demeyer 1991) indique qu’une relation existe entre la production de
méthane et la composition du mélange d’acides gras volatils.

[CH4 = 0,50 acetate – 0,25 propionate + 0.50 butyrate – 0,25 valérate]

Cette équation montre que la méthanogenèse augmente avec la production


d’acétate et de butyrate et qu’elle diminue avec la production de propionate.
Cette relation a été validée récemment par Moss et al (2000) (Figure 3).

263
20

Figure 3. Relation stoechiométrique entre le méthane et les acides gras volatils produits
au cours des fermentations ruminales (Moss et al 2000)
M éthane (µmol)
330
310
Y= 45.97 X + 85.43 r2= 0.78
2
290
270

250
230

210
190

170
(C 2+C 4)/C 3
150
1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5

Il y a donc une relation positive directe entre les émissions de méthane et une
alimentation riche en fourrages qui favorisent la production d’acétate dans le
rumen. A l’inverse, la consommation d’aliments riches en amidon qui favorise la
production de propionate, réduira les quantités de méthane produit. Une méta-
analyse réalisée sur 101 expérimentations et 290 traitements a permis de montrer
que la part d’énergie métabolisable perdue sous forme de méthane diminue
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significativement lorsque la proportion de concentré (ou de céréales) représente
plus de 40% de la ration (Sauvant et Giger-Reverdin 2007) (Figure 4). L’inhibition
importante de la méthanogenèse observée à partir de 80% de concentré dans la
ration traduit une acidose ruminale et correspond à une baisse significative de la
digestion et des performances zootechniques des animaux.

Figure 4. Influence de la teneur en concentré de la ration sur la part d’énergie métabolisable


perdue sous forme de méthane (Giger-Reverdin et al 2000 ; Sauvant et Giger 2007)
ECH4/%EM

Y = 13,2 + 4,2X – 12,0X2


n = 238, nexp= 80, rmse = 1,6

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La production de méthane d’origine digestive chez
les ruminants et son impact sur le réchauffement
climatique

3.3. Influence des quantités ingérées


L’augmentation du niveau d’ingestion des animaux réduit le temps de séjour des
aliments dans le rumen ainsi que la part de la digestion de la matière organique
dans le rumen et, de ce fait, la quantité de méthane émise diminue d’environ
10% lorsque les quantités ingérées doublent (Jouany 2008). L’accélération du
transit digestif que l’on observe dans le rumen avec les niveaux d’ingestion
élevés, oriente les fermentations vers une plus grande production de propionate
(Hoover et al 1984) qui entre donc en compétition avec la méthanogenèse pour
l’utilisation de l’hydrogène métabolique. Selon Giger-Reverdin et al (2000) et
Sauvant et Giger-Reverdin (2007), la régression entre la quantité ingérée et la
production de méthane est linéaire, et présente une pente négative moyenne de
1,96 (Figure 5).

Figure 5. Influence du niveau d’alimentation sur la part d’énergie métabolisable perdue


sous forme de méthane (Giger-Reverdin et al 2000 ; Sauvant et Giger-Reverdin 2007)

ECH4 (%)





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Quantité ingérée
   

3.4. Variation entre animaux


Pour une même espèce animale recevant un même régime, des variations
individuelles importantes de production de méthane par unité d’aliment ingéré
(de 30 à 60%) ont été décrites (Lassey et al 1997). L’origine de cette variabilité
individuelle est mal connue, mais elle est probablement liée à des différences de
profil microbien ruminal entre animaux portant à la fois sur la composition de la
biocénose et son activité métabolique. Si ce phénomène est une caractéristique
propre de l’animal et qu’il persiste dans le temps, il est alors envisageable de
proposer une sélection d’animaux basée sur le critère génétique d’une production
moindre de méthane. Toutefois, les études engagées dans ce sens au cours des
dernières années sont contradictoires et ne permettent pas de savoir si cette

265
20

différence individuelle de production de méthane est un phénomène transitoire


(Pinares-Patiño et al 2006) ou permanent (Goopy et Hegarty 2005).

3.5. Diminution de la méthanogenèse ruminale à l’aide d’additifs


alimentaires
Les recherches conduites au cours des deux dernières décennies ont permis de
montrer que certains additifs alimentaires peuvent être utilisés pour réduire la
méthanogenèse ruminale (Jouany et Morgavi 2007) (Tableau 1). Toutefois, aucun
d’eux n’est actuellement autorisé à la vente en Europe avec cette allégation.
Parmi ces produits, les acides gras ou certains lipides semblent les plus
prometteurs à la fois par leur efficacité et par leur caractère naturel. Ils peuvent
remplacer partiellement les céréales pour accroître le niveau énergétique de
la ration et présentent l’avantage de ne pas modifier le pH ruminal s’ils sont
distribués à un faible niveau ou sous forme de sels d’acides (Jouany 1994). En
outre, l’ajout d’acides gras polyinsaturés permet d’améliorer la valeur santé des
produits animaux destinés à la consommation de l’homme (Chilliard et al 2001).
L’inhibition de la méthanogenèse dépend de la nature et de la quantité de lipides
ajoutés, les acides gras étant plus efficaces que les triglycérides et les acides
gras longs polyinsaturés, en particulier l’acide linolénique (ALA), étant plus actifs
que les acides gras saturés ou monoinsaturés.
Tableau 1. Traitements possibles pour diminuer la méthanogenèse ruminale
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Traitement Microbes ciblés (mode d’action) Efficacité (facteurs limitants)
Additifs d’origine chimique
Antibiotiques ionophores
(interdits en Europe depuis le Bactéries Gram+ et archaea Transitoire
01/06)
Analogues halogénés de CH4 Archaea Transitoire ; toxicité
Extraits de plantes, huiles
Bactéries, protozoaires, archaea A démontrer in vivo
essentielles
Acides aminés soufrés ou
Accepteurs d’électron A démontrer in vivo ; coût
thiopeptide
Sulfates, nitrates, fumarate,
Accepteurs d’électron Aléatoire ; coût
malate
Acides gras Archaea et accepteurs d’électron Efficacité démontrée
Probiotiques
Levures ou bactéries vivantes Acétogènes A démontrer in vivo
Bactéries oxydatives Oxydation de CH4 en CO2 A démontrer in vivo
Procédés biotechnologiques
Défaunation du rumen Protozoaires Transitoire
Bactériocines Bactéries Gram +, archaea A démontrer in vivo
Sélection d’animaux CH4- Permanence de l’effet à
?
démontrer

266
La production de méthane d’origine digestive chez
les ruminants et son impact sur le réchauffement
climatique

D’un point de vue pratique, la graine de lin, riche en ALA, déjà utilisée dans
l’alimentation des ruminants présente une efficacité antiméthanogénique
démontrée in vivo. Machmüller et al (2000) ont montré qu’un ajout de 2,5 % d’huile
de lin à la ration d’agneaux en croissance a diminué leur production de méthane
de 10%. La diminution a été 30 % chez des vaches laitières supplémentées avec
5% d’huile de lin (Martin et al 2008). Outre la quantité d’ALA apportée dans la
ration, la forme de distribution du lin aurait également un impact important sur la
quantité de méthane émise par les animaux, la méthanogenèse étant d’autant
plus diminuée que la disponibilité des ALA dans le rumen est importante (huile
> graine de lin extrudée > graine de lin crue) (Martin et al, 2008). La quantité
d’hydrogène utilisée pour réduire les acides gras insaturés n’intervient que de
manière très limitée dans la diminution de la synthèse de méthane. Les acides
gras saturés à chaîne moyenne comme l’acide laurique (C12:0) et l’acide
myristique (C14:0) présents dans l’huile de coprah ou de palmiste ont des effets
négatifs importants sur la population des archaea et des protozoaires et donc sur
la production de méthane in vitro (Soliva et al 2004) et in vivo (Machmüller et al
2003).

Les lipides ont un effet persistant sur la méthanogenèse mais ils peuvent
également avoir une action négative sur la digestion de la matière organique et
plus particulièrement de la fraction cellulosique de la ration dans le rumen lorsque
ceux-ci sont incorporés à des niveaux importants (> 6% MS ingérée), ce qui peut
constituer un facteur limitant à leur utilisation (Ikwuegbu et Sutton 1982).
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4. Contribution du méthane d’origine digestive au bilan
d’émission des gaz à effet de serre

Les mesures de production de méthane digestif réalisées jusqu’à cette dernière


décennie étaient motivées par l’importance des pertes énergétiques qu’elle
représente pour les ruminants (6 à 9 % de l’énergie brute ingérée ; 10 à 15 %
de l’énergie métabolisable) et par les situations d’inconfort qu’elle entraîne
chez l’homme. L’impact du méthane digestif sur l’effet de serre n’a été pris en
considération qu’au cours des 15 dernières années, mais il est devenu aujourd’hui
la préoccupation première des pouvoirs publics et des chercheurs dans la plupart
des pays.

L’importance d’un gaz pour son effet de serre dépend à la fois de son pouvoir (ou
forçage) radiatif (puissance radiative que le gaz à effet de serre renvoie vers le
sol) et de sa durée de vie dans l’atmosphère. Le pouvoir de réchauffement global
(PRG) d’un gaz se définit comme le forçage radiatif cumulé sur une durée de 100
ans et s’exprime relativement au CO2. Le méthane est une cible particulièrement
intéressante dans le cadre de la lutte contre l’effet de serre puisque son PRG
est nettement supérieur (x 21-23) à celui du dioxyde de carbone (CO2) et que
sa durée de vie dans l’atmosphère est courte (12-20 ans). Ces deux derniers

267
20

points signifient que le méthane est un gaz très réactif et qu’une réduction de ses
émissions aura des répercutions positives rapides sur l’effet de serre.
Tableau 2. Sources et puits de méthane au niveau mondial

Sources naturelles
- Océans, lacs et terres humides 255 Tg
- Termites 10 Tg
Total des sources naturelles 265 Tg
Sources anthropogéniques
- Energie (pétrole, gaz, charbon) 130 Tg
- Riziculture 110 Tg
- Fermentation entérique 80 Tg
- Combustion de biomasse 40 Tg
- Décharges 40 Tg
- lisiers des animaux 25 Tg
Total des sources anthropogéniques 425 Tg
Total des émissions 690 Tg
Puits de méthane
- Sols - 40 Tg
- Troposphère (oxydation du radical OH) - 510 Tg
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- Réactions dans la stratosphère - 50 Tg
Total des puits - 600 Tg
Bilan estimé + 90 Tg

Au niveau mondial, les émissions annuelles de méthane digestif ont été estimées
à environ 80 Tg (Tg = teragramme = 1012 g) ce qui représente de 11 à 18 % des
émissions totales de méthane (Tableau 2). Par ailleurs, l’ensemble des sources
de méthane représente 15 à 20 % des gaz à effet de serre, ce qui signifie que la
contribution du méthane à l’effet de serre est faible puisqu’elle représente
de l’ordre de 3 %.

268
La production de méthane d’origine digestive chez
les ruminants et son impact sur le réchauffement
climatique

Tableau 3. Emissions moyennes de méthane digestif par les bovins en fonction de leur
niveau de production (Vermorel 1995)
Type de bovins Poids des Production Régime Méthane produit
animaux (kg) animale alimentaire (g/j/animal)
Vache laitière 600 0 Foin 146
600 20 kg/j 75% F + 25% C 393
650 30 kg/j 65% E + 35% C 428
700 40 kg/j 60% E + 40% C 500
Vache allaitante 650 0 kg/j Foin 207
650 7 kg/j Foin 264
Génisse laitière 125 28% F + 72% C 40
250 73% F + 27% C 131
650 75% F + 25% C 178
(gestante: 2 derniers
650 50% F + 50% C 166
mois)
Taurillon Frison 150 1 000 g/j 15% F + 85% C 27
350 1 120 g/j 22% F + 78% C 150
525 1 180 g/j 20% F + 80% C 193
580 930 g/j 60% E + 40% C 221
Taurillon Charolais 250 1 100 g/j 40% F + 60% C 93
620 860 g/j 60% E + 40% C 203
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F = foin; C = concentré; E = ensilage de maïs

En France, l’agriculture est le secteur économique qui produit la majorité du


méthane émis (Figure 6). Sa production évaluée à 1,979 Tg en 2005, représente
environ 73 % des émissions totales hors puits (CITEPA 2007). La quasi-totalité
est issue de l’élevage si l’on cumule le méthane digestif et celui issu du stockage
des déjections animales (1,917 Tg en 2005).
Figure 6. Les différentes sources de méthane en France (Tg) (CITEPA 2007)
3.00

2.50

2.00

1.50

1.00

0.50

0.00
Total Agriculture Indust rie Résidentiel/tertiaire Energie Transport

269
20

Les seules émissions de méthane digestif par les animaux en France métropolitaine
ont été évaluées à 1,456 Tg en 1997 et varient fortement en fonction de la taille des
animaux, de leur niveau de production et du type d’alimentation qu’ils reçoivent
(Tableau 3) (Vermorel 1995 et 1997). Cette valeur globale pour la France peut
être comparée aux 80 Tg de méthane digestif émis au niveau de la planète
(Tableau 2) Elle représente donc 76 % des émissions totales de méthane issues
de l’élevage, 73 % de celles d’origine agricole et 54 % des émissions totales en
France. Compte tenu de la taille des animaux et de leur effectif, le cheptel bovin
et notamment les vaches laitières sont à l’origine de 90 et 55 % du méthane
entérique, respectivement. Ils devancent les ovins, les caprins, les équins et les
porcins qui n’en représenteraient ensemble qu’environ 10 %.

L’évaluation des émissions de méthane digestif de tous les animaux d’élevage en


France vient d’être réactualisée par l’INRA (Tableau 4). Les données obtenues
montrent que les émissions totales ont diminué de 7,5 % au cours des 10 dernières
années (1,350 Tg en 2006 vs 1,456 Tg en 1996), ce phénomène étant dû à la
fois par une baisse des effectifs des animaux laitiers et par une augmentation de
leur productivité.
Tableau 4. Bilans des émissions de méthane par les différentes espèces d’animaux
d’élevage en France en 2006

Effectif annuel FE1* CH4 total CH4 total [eq %


(x 1000) an (kg/tête/an) (t/an) CO2]** émissions
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2007 an 2007 an 2007 (t/an) an 2007 totales
Vaches
Vaches laitières 3799 117,7 447197 10285521 33,1
Vaches allaitantes 4077 72,0 293544 6751512 21,7
Total «Vaches» 7876 (94,0) 740740 17037033 54,9
Bovins en Croissance
Total génisses 6306 (45,5) 287112 6603580 21,3
«Reproduction»
Total génisses abattues 1067 (48,7) 51944 1194712 3,8
à 26-27 mois
Taurillons abattus à 17 1354 (49,6) 67139 1544197 5,0
mois + taureaux de 2
ans
Total broutards et 1088 (7,8) 8538 196374 0,63
broutardes de 10 mois
Bœufs de 40 mois 833 (52,3) 43556 1001788 3,2
Taureaux adultes + 242 (71,9) 17408 400377 1,3
jeunes reproducteurs
Veaux de boucherie 1748 (0,0) 0 0 0
Total bovins en 12638 (37,6) 475699 10941077 35,2
croissance

270
La production de méthane d’origine digestive chez
les ruminants et son impact sur le réchauffement
climatique

Total bovins 20514 (59,3) 1216439 27978110 90,1


Ovins 11941 (7,3) 86943 1999683 6,4

Caprins 1224 (11,9) 14579 335309 1,1

Equins
Chevaux 902 (21,8) 19299 443870 1,4
Ânes et poneys 75 (12,1) 907 20866 0,07
Total équins 977 (20,7) 20206 464736 1,5

Total des animaux 34656 (38,1) 1338167 30777838 99,1


herbivores
Porcins 14840 (0,81) 11985 275645 0,89
Total des animaux 49496 (27,3) 1350153 31053519 100,00
(herbivores + porcs)
* FE = facteur d’émission = quantité annuelle de méthane émise par animal.
** eq CO2 = conversion des émissions de CH4 en équivalents CO2 tenant compte du fait que le pouvoir de
réchauffement global du CO2 est 23 fois celui de CH4.

En effet, l’intensification de la production laitière conduit à une réduction de la


quantité de méthane émise par unité de lait produit (Tableau 5) qui s’explique à la
fois par des niveaux d’ingestion et d’incorporation de concentré dans les rations
alimentaires plus importants dans les élevages intensifs. On peut également penser
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que la sélection d’animaux à fort potentiel de production intègre indirectement le
critère de leur efficacité énergétique qui tient vraisemblablement compte de leur
capacité à produire des quantités moindres de méthane.

Tableau 5. Effet du niveau de production laitière sur les émissions de méthane par les
vaches

Production laitière (kg/an) Emission de méthane


(kg/an) (kg/1000L lait)

5 000 104 20,0


6 000 112 18,8
7 000 123 17,7
8 000 131 16,8
9 000 142 15,8
10 000 151 15,2

271
20

5. Pourquoi les pouvoirs publics demandent de réduire les


émissions de méthane entérique ?

Dans le cadre des négociations liées au protocole de Kyoto, l’Union Européenne


s’est engagée en 2001, à Bonn puis à Marrakech, à réduire de 8 % ses émissions
de gaz à effet de serre (GES) pour la période 2008-2012. La mesure porte sur les
principaux gaz à effet de serre impliqués dans le changement climatique : dioxyde
de carbone, méthane, protoxyde d’azote (N2O) et trois carbures halogénés (CFC,
HFC, PFC). La part relative de l’agriculture dans les émissions de méthane a eu
tendance à augmenter au cours des dernières décennies, notamment parce que
celle d’origine industrielle a diminué. Si à l’échelle mondiale les rizières sont une
source importante de méthane issu de l’agriculture, en Europe, la quasi-totalité
des émissions de CH4 d’origine agricole provient de l’activité d’élevage,
et plus précisément des herbivores dont les fermentations digestives et les
déjections représentent 87 et 11 % respectivement des émissions de méthane
d’origine animale (Bates 2001). C’est pourquoi, il a été demandé par les pouvoirs
publics des différents pays européens d’évaluer leurs émissions nationales et de
coordonner les recherches afin de proposer des moyens pour les réduire.

C’est dans ce cadre qu’un Groupe de Travail coordonné par J-P Jouany (INRA de
Clermont-Ferrand) a été mis en place par l’INRA à la demande du Ministère de
l’Agriculture et de la Pêche en 2007-2008 pour évaluer les émissions nationales
actuelles de méthane entérique et de prévoir leur évolution pour les années 2010
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et 2020 correspondant respectivement à l’échéance du Protocole de Kyoto et à la
période qui suivra, cette dernière étant déjà l’objet de négociations internationales.
Dans le scénario de référence proposé par les économistes de l’INRA (De Cara
et Jayet 2000) correspondant à une augmentation de la production laitière aux
dépens du nombre de vaches ainsi qu’à une diminution importante des effectifs
de bovins de races allaitantes, nos études ont montré qu’il semble réaliste
d’envisager une diminution des émissions de méthane entérique de 2,5 % en
2010 et de 7 % en 2020.

Conclusion

Chez le ruminant, la méthanogenèse est un phénomène naturel qui a lieu lors de


la digestion microbienne des aliments dans le rumen. La production de méthane
permet d’éviter l’accumulation d’hydrogène libre et traduit un bon fonctionnement
du rumen. Une réduction de la méthanogenèse est possible mais elle devra se
limiter à un maximum de 30 % afin d’éviter une baisse de l’efficacité digestive du
rumen. Cet objectif peut être atteint surtout par une intensification de la production
animale. Il faut toutefois tenir compte des gaz à effet de serre générés au cours
de la production et du transport des complément énergétiques et azotés qui sont
utilisés dans les systèmes intensifs avant de conclure à un effet éventuel du
système de production sur le réchauffement climatique. En ce qui concerne les

272
La production de méthane d’origine digestive chez
les ruminants et son impact sur le réchauffement
climatique

additifs ou les biotechnologies comme moyens de diminuer la méthanogenèse,


peu de traitements proposés dans ce document répondent à la triple exigence
d’efficacité à long terme, de sécurité pour l’animal et le consommateur, et de coût
raisonnable. L’apport de lipides alimentaires riches en acides gras polyinsaturés
dans la ration des ruminants semble toutefois être une piste prometteuse.
Enfin, notons que la plupart de ces mesures ne sont pas compatibles avec les
demandes sociétales qui aspirent à d’avantage de pratiques « naturelles » pour
une production animale de qualité (extensification, utilisation de pâturages,
protection de l’environnement, bien-être animal, restriction de l’emploi d’additifs
alimentaires…).

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