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MMEDB105
Bac1 Médecine
Syllabus rédigé par M. Jadot et M Boonen
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2 - Acides aminés
24- Synthèse protéique
33 - Peptides
39 - Protéines, structure, "repliement" et dénaturation
64 - Protéines – relation structure / fonction
79 - Enzymologie
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Acides aminés
1- Structure générale
Les acides aminés sont les unités de base des protéines. Un acide aminé est constitué d'un
groupement carboxyle, d'un groupement aminé, d'un atome d'hydrogène et d'un
groupement R distinct pour chaque acide aminé et fixé au carbone . Ce groupement R
s'appelle la chaîne latérale ou le résidu.
2- Stéréochimie
Le tétraèdre formé par les quatre groupements fixés sur le carbone asymétrique confère
une activité optique aux acides aminés. A l'exception de la glycine, chaque acide aminé
peut donc exister sous deux formes, dont l'une est l'image spéculaire de l'autre, une forme
est lévogyre, l'autre est dextrogyre.
Toutefois plutôt que de distinguer entre acide aminé lévogyre et dextrogyre, on a
l'habitude de classer ces molécules en deux catégories en se référant à l'arrangement
spatial des quatre atomes fixés au carbone asymétrique de la sérine :
Tous les acides aminés dont les atomes fixés sur le carbone ont un arrangement spatial
semblable à ceux de la sérine lévogyre, sont appelés acides aminés L. Leurs isomères
optiques qui ont donc ces atomes orientés comme dans la sérine dextrogyre sont appelés
acides aminés D. Le sens dans lequel ils feront dévier le plan de la lumière polarisée sera
éventuellement indiqué par (+) ou (-). Il faut bien remarquer qu’un acide aminé L peut
être dextrogyre tout comme un acide aminé D peut être lévogyre.
Chez les mammifères, les acides aminés qui entrent dans la constitution des protéines sont
tous de la série L.
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La proline est particulière dans ce sens que son azote est présent dans un groupement
aminé secondaire alors que pour tous les autres acides aminés il s'agit d'un groupement
aminé primaire.
3.2. Le résidu est polaire mais non chargé au pH physiologique
Ces acides aminés sont au nombre de sept. La sérine, la thréonine, et la tyrosine ont un
groupement hydroxyle, la cystéine, un groupement sulfhydryle, l'asparagine et la
glutamine une fonction amide.
La glycine, qui ne présente qu'un atome d'hydrogène comme chaine latérale, a été placée
dans ce groupe arbitrairement, en considérant son comportement polaire consécutif au fait
que ses groupements aminé et carboxyle dictent seuls le comportement de la molécule
dans sa globalité.
4.1. Rappel élémentaire sur la dissociation des acides carboxyliques et des amines
L'équation de dissociation d'un acide monocarboxylique est la suivante :
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Ka pour un acide tel que l'acide acétique vaut environ 10-4; pKa = 4,6
La notion de pKb = log 1/ Kb peut aussi être utilisée. Il est également possible de rendre
compte de l'intervention d'une amine dans les équilibres acido-basiques de la façon
suivante:
L'avantage d'une telle formulation est qu'elle permet une plus grande généralisation.
La forme donneuse de proton (R-NH3+) est la forme acide de même que pour l'acide
carboxylique R-COOH est la forme acide. La forme capable d'accepter les protons (R-
NH2) est la forme basique de même que R-COO- est la forme basique.
forme : -NH3+. En solution dans l'eau pure, l'alanine aura donc la structure suivante :
Les équations de dissociations de cet acide aminé pourront donc se représenter de la façon
suivante :
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- La forme (I) a ses deux fonctions non dissociées, c'est la forme la plus acide, elle est
chargée positivement.
- La forme (II) a la fonction carboxyle dissociée, la fonction aminée non dissociée, sa
charge nette est nulle, c'est la forme isoélectrique.
- La forme (III) a ses deux fonctions dissociées, c'est la forme la plus basique, elle est
chargée négativement.
d) Les courbes de titration que l'on peut établir en se référant aux relations présentées en
(b), nous indiquent également comment évolue la charge de la molécule en fonction du
pH. En milieu suffisamment acide, toutes les molécules sont chargées positivement, en
milieu suffisamment basique, elles sont chargées négativement. Entre ces valeurs
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extrêmes, les molécules deviennent de moins en moins positives lors d'une augmentation
du pH, passent par la forme isoélectrique, ensuite deviennent de plus en plus négatives.
Dans ces conditions, la concentration (H+) pourra être trouvée de la façon suivante :
Pour un acide aminé simple, le point isoélectrique est donc égal à la moyenne
arithmétique des deux pK.
4.3. Acides aminés ayant une fonction COOH dans leur chaîne latérale
Il s'agit de l'acide aspartique et de l'acide glutamique. Nous prendrons comme exemple
l'acide aspartique. Cet acide aminé contient trois fonctions dissociables : -COOH, -
COOH et -NH3+. On peut procéder expérimentalement, comme nous l'avons fait pour
l'alanine. En résumé, les résultats et les déductions que l'on peut en tirer sont les suivants :
a) La solution aqueuse de ce composé a un pH de 2.8.
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b) Si on titre cette solution avec de l'acide puis de la base, on obtient une courbe de
titration résultant de la dissociation des trois fonctions et que l'on peut décomposer en
trois parties, l'une provenant de l'-COOH, une autre du -COOH, une troisième de l'-
NH3+. Les pKa de chacune de ces fonctions que l'on peut déduire de ces courbes sont
respectivement de 1,9; 3,7 et 9,6.
c) Tenant compte des trois fonctions dissociables et de leur pKa, les formes sous
lesquelles l'acide aspartique peut exister sont les suivantes :
La forme (I) n'a aucune fonction dissociée, elle porte une charge positive; la forme (II)
résulte de la dissociation de l'-COOH, elle porte une charge nulle, c'est la forme
isoélectrique; la forme (III) a deux fonctions dissociées, l' et le -COOH, elle porte une
charge négative; la forme (IV) a toutes ses fonctions dissociées, elle porte deux charges
négatives.
d) La façon dont le rapport entre ces formes varie, lorsque le pH change sera obtenue en
appliquant l'équation d'Henderson-Hasselbach à chaque fonction dissociable :
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e) Dans la façon dont nous avons procédé ci-dessus - de même que pour l'alanine - pour
établir les équations de dissociation, nous supposons implicitement que la dissociation
d'une fonction est totale lorsque la dissociation de la fonction suivante se réalise.
Pratiquement, nous avons considéré la solution d'acide aminé comme si elle était faite
d'un mélange à parts égales d'un acide carboxylique et d'une amine primaire dans le cas de
l'alanine, de deux acides carboxyliques et d'une amine primaire dans le cas de l'acide
aspartique. Une telle supposition est tout à fait justifiable pour l'alanine, les pK de l'-
COOH et de l'-NH3+ étant très éloignés l'un de l'autre. Aussi une dissociation telle que
celle-ci n'est pratiquement pas à envisager :
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Dans le cas de l'acide aspartique, la situation est moins simple. En effet, les pK des deux
dissociation suivante impliquant une cinquième forme de l'acide aminé pourrait ne pas
être tout à fait négligeable:
Par mesure de simplicité, nous négligerons toutefois cette dissociation et la forme (V)
qu'elle implique; la concentration de cette forme est de toute façon toujours largement
inférieure à celle des formes (I) et (III) dans la zone de pH où on peut envisager son
existence.
Pour connaître la valeur du point isoélectrique d’un acide aminé acide, nous procèderons
de la façon suivante :
Le point isoélectrique d'un acide aminé "acide" est égal à la moyenne arithmétique des
pK de ses deux fonctions acides carboxyliques.
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Ces acides aminés ont donc une charge qui varie de 2+ à 1- en fonction du pH.
Le point isoélectrique d'un acide aminé basique est égal à la moyenne arithmétique des
pK des fonctions basiques. Notons que dans le cas de l’arginine et de la lysine, la
dissociation de la fonction ionisable portée par la chaîne latérale se produit lorsque la
fonction amine portée par le carbone est déjà dissociée. Par contre, dans le cas de
l’histidine, la valeur de pK de la fonction ionisable portée par le résidu (groupement
imidazole) est telle qu’elle perd son proton avant que ne débute la dissociation de la
fonction amine portée par le carbone .
Nous remarquerons donc que de façon générale, le point isoélectrique s'obtient en
prenant la moyenne arithmétique des pK qui concernent les dissociations où la
forme isoélectrique est impliquée.
b) Tyrosine et cystéine.
Remarque. Parmi les différentes formes que peut prendre un acide aminé, il en est qui
sont prépondérantes d'un point de vue physiologique, ce sont celles qui peuvent exister
dans les limites de variation du pH de la cellule et du milieu intérieur (pH=environ 7,4).
Ce sont les valeurs de pK des différentes fonctions qui permettront d'identifier ces formes.
On voit que la forme (AH) isoélectrique est largement prépondérante. Ce que nous venons
de voir est valable quel que soit l'acide aminé.
Profitons de l’obtention de cette molécule colorée pour évoquer une technique très
largement utilisée dans les laboratoires de biochimie. Il s’agit de la colorimétrie. Cette
technique permet de mesurer la concentration d’un soluté en se référant au pouvoir
d’absorption de la lumière par la solution. Un faisceau lumineux est envoyé sur une
cuvette contenant la solution dont on veut estimer la concentration. Un détecteur mesure
l’intensité de la lumière à la sortie de la cuvette. L’application de cette technique repose
sur l’utilisation de la loi de Lambert-Beer :
A= log I0/I = c d
Où A représente l’absorbance, I0 représente l’intensité de la lumière incidente, I l’intensité
de la lumière après passage à travers la solution, c, la concentration du soluté, d, la longueur
du trajet optique, et le coefficient d’extinction molaire, c’est-à-dire l’absorbance d’une
solution 1 molaire de la molécule à une longueur d’onde donnée, lorsque la longueur du trajet
optique est unitaire. Dans la pratique, la concentration sera mesurée sans recours au
coefficient d’extinction molaire, en faisant appel à un étalon de concentration connue.
fortement à l'une ou l'autre phase. Cette technique s'applique aussi aux peptides (voir plus loin)
et autres composés.
d'après: Principles of Biochemistry, 2nd ed, Lehninger, A.L., Nelson, D.L. & Cox, M.M., Worth Publishers, NY.
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7- Annexes
b) Le groupement carboxyle peut être éliminé pour donner naissance à une amine :
Certaines de ces amines sont très importantes biologiquement. L'histidine après décarboxylation donne
naissance à l'histamine. Le tryptophane après hydroxylation et décarboxylation produit la sérotonine ou 5-
hydroxytryptamine. Les catécholamines dérivent, en plusieurs étapes, dont une décarboxylation, de la
tyrosine.
Cette réaction a été largement mise à profit pour analyser la séquences des peptides par la méthode
d'Edman.
d) Par son groupement aminé, l'acide aminé peut également réagir avec la ninhydrine:
pour donner un composé pourpre. Cette réaction peut être utilisée pour la détermination colorimétrique des
acides aminés.
La fonction aminée est devenue une amine secondaire qui est une base plus faible que l'amine primaire dont
elle dérive. La courbe de titration d'un acide aminé sera donc modifiée en présence de formaldéhyde.
où:
V représente la vitesse de migration,
E le champ électrique appliqué à la charge nette du composé envisagé,
f est un facteur de friction proportionnel à la taille du composé et à la viscosité du milieu.
Lorsqu'on applique le courant les molécules ayant une charge nette négative au pH choisi vont vers
l'électrode positive, celles ayant une charge nette positive vers l'électrode négative.
Afin d'améliorer la résolution d'un mélange on peut superposer la séparation par différence de charge et une
séparation par tamisage moléculaire. Cette technique (SDS-PAGE par exemple) n'est pas appliquée à la
séparation d'acides aminés mais de protéines et polypeptides (voir plus loin).
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La synthèse protéique
L’ADN contient les gènes qui codent pour les protéines. Ces gènes sont composés d’exons
(séquences codantes) et d’introns. Chaque acide aminé d’une protéine est encodé, au sein d’un
exon, par un ensemble de 3 nucléotides formant ce qu’on appelle un génon.
La transcription est le processus qui consiste à transférer l’information contenue dans un gène
au sein d’une molécule d’ARNm (ARN messager). Le pré-ARNm est une « copie » du brin
d’ADN sens (5’-3’) et contient la même séquence de nucléotides que celui-ci, mais sous forme
ribonucléique au lieu de désoxyribonucléique. A noter également que les Thymidines (T) de
l’ADN sont remplacées par des Uridines (U) au sein de l’ARNm. L’épissage des introns du
pré-ARNm génère l’ARNm mature. Les génons deviennent des codons au sein de cette
molécule d’ARNm. Ils sont composés de 3 nucléotides qui correspondent aux 3 nucléotides du
génon.
Les acides nucléiques étant composés de 4 nucléotides différents, et chaque codon étant
composé de 3 nucléotides, il existe par conséquent 43 possibilités d’assemblage des nucléotides
en codons, soit 64 possibilités au total :
- 61 codons codent pour les 20 acides aminés protéinogènes
- 3 codons sont des séquences d’arrêt de la traduction (codons de terminaison
ou « codons stop ») : UAA, UAG, UGA
Le codon « start » qui initie la traduction de l’ARNm en protéine est toujours AUG, un codon
qui code pour une Méthionine.
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Le code génétique est non ambigu ; à chaque codon correspond un seul acide aminé. Il est
également universel (ou presque). En effet, le code est le même dans toutes les cellules
(organismes procaryotes et eucaryotes), à quelques exceptions près. Au sein de l’ARNm des
mitochondries, des chloroplastes et de certains protistes, quelques codons peuvent différer du
code génétique « standard ».
Remarquons qu’un même acide aminé peut être encodé par plusieurs codons différents. C’est
pour cette raison que le code génétique est dit redondant ou dégénéré. Au sein des codons qui
codent pour le même acide aminé, le premier nucléotide du codon, et souvent le second, sont
identiques, mais le dernier nucléotide peut varier.
2. L’effet « Wobble »
3. La synthèse protéique
La synthèse protéique issue de la traduction d’un ARNm en une séquence d’acides aminés,
peut être divisée en 5 grandes étapes : 1-l’aminoacylation des ARNt (ou activation des acides
aminés) ; 2- l’initiation ; 3- l’élongation ; 4- la terminaison (comprenant le recyclage du
ribosome) ; et 5- le repliement et la maturation post-traductionnelle de la protéine.
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L’aminoacylation d’un ARNt est l’étape de chargement d’un acide aminé sur un ARNt.
Cette association est finement régulée ; chaque acide aminé doit être correctement associé à
l’ARNt qui est capable de s’apparier au(x) codon(s) codant pour cet acide aminé. Cette étape
de chargement se déroule à l’extrémité 3’ de l’ARNt et est catalysée par des enzymes
cytosoliques appelées aminoacyl-ARNt synthétases.
L’aminoacylation d’un ARNt par ces enzymes se déroule en 2 ou 3 étapes, selon que la liaison
de l’acide aminé sur l’ARNt est assurée par une enzyme de type I ou une enzyme de type II,
respectivement (voir les 2 schémas ci-dessous).
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ETAPE 1 :
Rappelons que, outre les 20 acides aminés communs à tous les organismes, 2 acides aminés
supplémentaires retrouvés dans quelques protéines sont également “codés” génétiquement.
Chez certaines archéobactéries, l’acide aminé pyrrolysine est directement attaché à son ARNt
qui reconnaît le codon UAG(stop). La sélénocysteine (notamment présente chez les eucaryotes)
est formée par la transformation d’une sérine chargée sur un ARNt spécifique dont l’anticodon
reconnaît le codon stop UGA.
L’importance des quelques protéines contenant de la sélénocystéine est illustrée par le fait
qu’une carence en sélénium cause une cardiomyopathie (maladie de Keshan). Deux myopathies
congénitales sont également causées par des mutations dans SEPN1, le gène qui code pour la
sélénoprotéine N (myopathie multiminicore et RSMD (muscular dystrophy with rigid spine
syndrome).
Nous décrirons ici, et dans les sous-sections suivantes, le processus de traduction chez la
bactérie (organisme procaryote). Ceci nous permettra de mettre en avant les éléments clés du
processus dans un modèle simplifié par rapport à celui de la traduction eucaryote.
Le codon start, dans tous les organismes, est toujours AUG (correspondant à une méthionine).
Tous les organismes ont deux ARNt pour la méthionine, un ARNt qui servira pour initier la
traduction, et un ARNt permettant l’insertion de méthionines à d’autres endroits de la séquence.
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Chez les bactéries, chloroplastes et mitochondries, le premier acide aminé porté par l’ARNt
d’initiation est une formylméthionine (fMet-ARNtfMet).
La formation du complexe d’initiation se fait en plusieurs étapes successives, tel qu’illustré sur
le schéma ci-dessus. L’ARNm, reconnu par l’ARNr 16S au niveau de sa séquence Shine-
Dalgarno, est notamment guidé dans la petite sous-unité 30S du ribosome procaryote de façon
à ce que son codon start se situe au niveau du site P (Peptidyl). C’est à cet endroit que l’ARNt
d’initiation porteur de fMet viendra s’insérer (avec l’aide des IFs). Une fois l’ARNm et l’ARNt
d’initiation correctement alignés, les IFs se dissocient et la grosse sous-unité du ribosome vient
s’associer à la petite sous-unité.
L’élongation est l’étape lors de laquelle les prochains acides aminés sont amenés
successivement au niveau du ribosome et liés de façon covalente à l’acide aminé précédent.
La formation de la liaison peptidique est catalysée par l’ARNr 23S (aussi appelé Ribozyme,
une enzyme qui n’est pas de nature protéique, il s’agit en fait d’un ARN ribosomique).
L’ordre dans lequel les aminoacyl-ARNt sont recrutés, avec l’aide de deux facteurs
d’élongation (EF-Tu-GTP et EF-Ts) dépend de la séquence de l’ARNm (ordre dans lequel
les codons se succèdent).
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Lorsque la liaison est établie entre les deux acides aminés, la chaîne polypetidique en formation
se retrouve portée par l’ARNt situé dans le site A du ribosome. Une étape de translocation,
nécessitant le recrutement d’EF-G couplé au GTP, cause ensuite le déplacement des ARNt vers
le site E.
Des protéines appelées “Chaperonnes” aident au repliement dans l’espace des protéines.
Par ailleurs, diverses modifications co- et/ou post-traductionnelles peuvent être requises pour
assurer le repliement adéquat de nombreuses protéines et leur fonctionnement optimal.
Quelques exemples sont listés ci-dessous (discutés dans d’autres sections du cours).
- clivage protéolytique - glycosylation - isoprénylation
- Acétylation - phoshorylation - oxydations
- méthylation - carboxylation - acylation de lysines
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Peptides
1- Structure générale
Un peptide est constitué d'acides aminés unis les uns aux autres par une liaison peptidique :
La structure d’un peptide sera définie par le nombre et la nature des acides aminés qui
constituent la molécule (sa composition) et par l'ordre suivant lequel ceux-ci sont placés (sa
séquence).
Les acides aminés qui forment un peptide sont énumérés en partant de l'extrémité où le
groupement aminé est libre. La terminaison "-yl" est utilisée pour chaque acide aminé sauf pour
le dernier, qui est porteur du groupement carboxylique terminal.
Exemple : Glycyl-cystéinyl-alanyl-leucine :
La taille des peptides biologiques est variable, on en connaît constitués de trois acides
aminés (tripeptide), de neuf acides aminés (nonapeptide) etc...
Ils constituent une unité planaire rigide. Il n'y a pas de liberté de rotation autour de la liaison
existant entre le carbone du carbonyle et l'azote amide du fait d'un caractère partiel de double
liaison que possède cette liaison.
Cela se traduit par une distance entre C et N, de 1,32 A intermédiaire entre celle que l'on trouve
pour la simple liaison C-N (1,49 A) et la double liaison C=N (1,27 A).
Par contre les liaisons entre le carbone et le carbone du carbonyle, et entre le carbone et
l'azote ont le caractère d'une simple liaison. Dès lors, des mouvements de rotation peuvent
librement se faire autour de ces liaisons, de part et d'autre de la liaison peptidique.
Les angles et caractérisant ces rotations et indiqués dans la figure ci-dessus, permettent de
définir la conformation de la chaîne peptidique.
Le caractère partiel de double liaison tel qu’il existe au niveau de la liaison peptidique, a une
deuxième conséquence majeure : il fait de l’oxygène et de l’azote des partenaires potentiels
dans l’établissement de ponts hydrogènes. Nous verrons plus loin que les ponts hydrogènes
établis à partir des éléments de la liaison peptidique sont de la plus grande importance dans
l’adoption par la chaîne peptidique du niveau de structure secondaire.
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Le glutathion est un élément important de l’arsenal qui permet à nos cellules de lutter contre les
espèces réactives dérivées de l’oxygène (ROS pour « Reactive Oxygen Species), parmi
lesquelles le peroxyde d’hydrogène (H2O2). L’intervention du glutathion s’explique par le fait
que cette molécule peut exister dans deux états : glutathion réduit ou glutathion oxydé.
L’oxydation de la molécule passe par l’établissement d’un pont disulfure entre deux molécules
identiques. Cette oxydation du glutathion accompagne le fonctionnement de la glutathion
peroxydase, une enzyme importante dans l’élimination du peroxyde d’hydrogène.
L'angiotensine I est un décapeptide qui provient de l'hydrolyse par la rénine (une enzyme
rénale), d'une 2-globuline sérique produite par le foie : l'angiotensinogène. Sous l'action de
l'enzyme de conversion (ACE pour « Angiotensin Converting Enzyme »), qui libère un
dipeptide à partir de son extrémité -COOH, l'angiotensine I est transformée en angiotensine II
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Chacune de ces hormones laisse apparaître un pont disulfure intra-chaine entre les deux
cystéines 1 et 6.
L’insuline est certainement la première molécule à laquelle on pense lorsqu’on évoque les
"hormones peptidiques". Nous évoquerons sa structure et certaines de ses fonctions dans le
chapitre traitant des protéines.
Le glucagon est secrété par les cellules A des ilots de Langerhans du pancréas. Il exerce des
effets métaboliques globalement antagonistes par rapport à ceux de l'insuline. Il est constitué de
29 acides aminés.
NH2-His-Ser-Gln-Gly-Thr-Phe-Thr-Ser-Asp-Tyr-Ser-Lys-Tyr-Leu-Asp-Ser-Arg-Arg-Ala-Gln-
Asp-Phe-Val-Gln-Trp-Leu-Met-Asn-Thr-COOH
L’effet hyperglycémiant du glucagon s’explique notamment par la stimulation qu’exerce cette
hormone sur la glycogénolyse hépatique et sur la gluconéogenèse comme nous le verrons dans
la partie du cours traitant du métabolisme.
L’aspartame (NutrasweetTM) est une dipeptide utilisé comme édulcorant par l’industrie
alimentaire. La structure de cette molécule n’a rien à voir avec un sucre puisqu’il s’agit d’un
ester méthylique d’aspartyl-phénylalanine.
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4- Annexe
Le problème fondamental est celui de placer dans un ordre déterminé une série d'acides aminés, le peptide n'a en
effet de signification biologique que si les acides aminés qui le constituent se suivent d'une façon adéquate.
Essentiellement la technique consistera à masquer la fonction -NH2 ou -COOH qui ne doit pas réagir et à activer
l'autre pour que la synthèse de la liaison peptidique s'effectue rapidement.
Les groupements protecteurs doivent être tels qu'ils s'enlèvent sans préjudice pour la structure du peptide lorsque
l'assemblage est terminé. Si des groupements réactionnels se trouvent dans les chaînes latérales, ils devront
éventuellement être masqués.
Le groupement aminé sera bloqué par la réaction avec :
La synthèse d’un peptide en phase solide est illustrée ci-dessous. Elle implique les étapes :
1- de masquage du groupement NH2 de l’acide aminé (n).
2- d’immobilisation de l’acide aminé (n)
3- de démasquage du groupement NH2 de l’acide aminé (n).
4- de masquage du groupement NH2 de l’acide aminé (n-1)
5- d’activation de l’acide aminé (n-1)
6- d’établissement de la liaison peptidique entre les acides aminés (n) et (n-1)
7- de déprotection et d’hydrolyse de la liaison ester avec le support insoluble lorsque le peptide a la longueur et la
séquence voulue.
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1- Introduction
Le nom de protéines a été proposé il y a plus d'un siècle pour désigner des substances azotées
complexes présentes dans les cellules animales et végétales. Les protéines occupent une position
centrale dans l'architecture et le fonctionnement de la matière vivante. Elles sont intimement
liées à toutes les phases de l'activité physique et chimique qui constituent la vie cellulaire et
possèdent des fonctions biologiques très diverses. Les enzymes, les biocatalyseurs sont des
protéines. Plusieurs protéines servent d'éléments structuraux du corps, d'autres sont des
transporteurs d'oxygène, de glucose, d'acides aminés, de lipides; d'autres participent à la
contraction musculaire; certaines sont associées aux acides nucléiques (ADN, ARNs). Les
anticorps, molécules de défense sont protéiques. Il existe des protéines de nutrition, telle la
caséine du lait ou l'ovalbumine, des protéines de stockage comme la ferritine. D'autres protéines
servent de régulateurs pour l'activité cellulaire ou physiologique, hormones et protéines de
transduction, protéines de régulation qui se lient à l'ADN et contrôlent la synthèse d'ARN
messagers, la synthèse de protéines impliquées dans la division cellulaire, d'enzymes... On peut
dire qu'il n'existe pas de fonction physiologique importante dans lesquelles les protéines ne
soient pas impliquées. Quantitativement, les milliers de protéines présentes dans l'organisme
humain constituent les trois quarts de la substance sèche.
Les caractéristiques communes à toutes les protéines sont les suivantes : ce sont des molécules
de taille importante. Chacune possède une composition en acides aminés qui lui est propre. Leur
conformation est contrôlée par les liaisons covalentes et non-covalentes, à différents niveaux de
la structure protéique. Des méthodes physico-chimiques sont utilisées pour déterminer leur
structure. Certaines protéines contiennent des groupements chimiques autres que les acides
aminés (hétéroprotéines). Les protéines ont des propriétés et des structures uniques qui
remplissent des fonctions biologiques spécifiques. Par exemple, des protéines fibreuses comme
la fibroïne de la soie et le collagène, accomplissent des rôles structuraux spécifiques. L'étude des
protéines globulaires, myoglobine et hémoglobine et des protéines catalytiques, les enzymes
démontrent la relation qui existe entre structure et fonction.
Fondamentalement, le but de la chimie des protéines est d'expliquer les fonctions physiologiques
de ces molécules complexes en fonction de leur structure. L'approche expérimentale consiste
largement en un examen des éléments constituant les molécules, de leur arrangement, de leur
comportement physique et chimique. Les constituants fondamentaux des protéines sont les
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acides aminés. Ces acides aminés sont unis les uns aux autres pour constituer une chaîne
polypeptidique, une ou plusieurs de ces chaînes formant la protéine.
Les protéines se définissent tout d'abord par la nature des acides aminés qui les constituent et
par l'ordre suivant lesquels ils se succèdent (la séquence) ; il s'agit de la structure primaire
d'une protéine. La structure secondaire d'une protéine résulte des relations qui s'établissent
entre des acides aminés proches l'un de l'autre dans la séquence linéaire de la chaîne
polypeptidique. Quant à la structure tertiaire, elle provient de relations stériques qui
s'établissent entre résidus d'acides aminés situés à plus ou moins grande distance l'un de l'autre
dans la chaîne peptidique. Finalement, lorsque les protéines sont constituées de plusieurs chaînes
peptidiques, l'organisation spatiale de ces sous-unités donne naissance à la structure
quaternaire.
Les liaisons ioniques sont régies par la loi de Coulomb. Leur force (F) dépend des charges
relatives des partenaires impliqués dans la liaison (Q1,Q2), de la distance entre les charges (r) et
de la constante diélectrique du milieu (D).
Elles prennent naissance entre des résidus chargés d'acides aminés basiques et d'acides aminés
acides. Comme le montre la loi de Coulomb, elles sont fortement influencées par le milieu
(constante diélectrique D). Rappelons par exemple que si D vaut 1 dans le vide, il est égal à 80
dans l'eau. L'eau va donc affaiblir les interactions électrostatiques. Ces liaisons dépendent du
pH, puisque les groupements qu'elles impliquent sont plus ou moins chargés en fonction du pH.
De nature exothermique, l'énergie de liaison est de l'ordre de 160 à 240 kJ/mole (40 à 60 kcal/
mole). Bien entendu, les liaisons ioniques sont sous l’influence du pH.
d'après: Biochimie, 2nd ed, Garrett, R.H. & Grisham, C.M., De Boeck Université, Paris
Dans une liaison hydrogène, un atome d'hydrogène est partagé entre deux atomes
électronégatifs. L'atome auquel l'hydrogène est le plus fermement associé, est le donneur, l'autre
l'accepteur. De nombreuses liaisons hydrogène peuvent s'établir dans une protéine. Par
exemple:
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Enfin quand deux molécules sont unies par plusieurs liaisons hydrogène, l'établissement d'une de
ces liaisons favorise d'habitude la formation des autres, en permettant un rapprochement des
fonctions qui doivent s'associer par ces liaisons ; il y a coopérativité.
Lorsque deux atomes s'approchent à une distance de 3 à 4 Ao, une attraction faible se produit et
donne naissance à une liaison de Van der Waals. Elle est plus faible et moins spécifique que la
liaison électrostatique et la liaison hydrogène. Cette interaction résulte de ce que la distribution
de la charge électronique autour d'un atome change au cours du temps. L'attraction entre les
atomes augmente quand ils se rapprochent, jusqu'à ce qu'ils soient séparés par une certaine
43
distance où des forces de répulsions se manifestent et deviennent dominantes. Les deux atomes
seront situés à une distance minimale (rayon de Van der Waals) résultant d'une balance entre les
forces d'attraction et de répulsion. L'énergie de la liaison de Van der Waals est faible, environ 4
kJ/mole (1 kcal/mole). La liaison de Van der Waals est exothermique. Individuellement, cette
liaison n'est pas spécifique ; toutefois une certaine spécificité peut apparaître si une
complémentarité stérique permet à plusieurs liaisons de Van der Waals de s'établir
simultanément.
Les interactions hydrophobes trouvent toute leur signification quand on considère que l'eau est
le solvant biologique par excellence. Lorsque des molécules non polaires sont mises dans l'eau,
elles ont tendance à s'associer, ces associations s'appellent des interactions hydrophobes.
Supposons des molécules de méthane dans l'eau. Pour que ces molécules soient séparées l'une
de l'autre, il faut qu’à chaque endroit où elles se trouvent la structure de l'eau soit brisée, que les
molécules se réorientent et que de nouvelles liaisons hydrogène s'établissent. Les molécules
d'eau autour des molécules de méthane doivent donc être plus organisées qu'autre part dans la
solution. En langage thermodynamique, cette situation s'accompagne d'une perte d'entropie.
Une autre possibilité est que des molécules de méthane s'associent, pour constituer des zones
hydrophobes. Une telle situation est plus favorable car elle oblige un nombre plus restreint de
molécules d'eau à s'orienter de façon particulière. La diminution d’entropie imposée au système
est donc moins importante. Dans l'eau, les molécules non polaires se rassemblent, non parce
qu'elles ont une grande affinité l'une pour l'autre mais parce que les molécules d'eau sont
fortement cohérentes. A l'intérieur des zones hydrophobes, des liaisons type Van der Waals et
hydrogène pourront s'établir.
Comme nous l'avons vu, plusieurs résidus d'acides aminés sont hydrophobes ; dans les protéines
ils auront tendance à se rapprocher en présence d'eau, pour former des zones hydrophobes. Une
particularité des interactions hydrophobes est qu'elles sont endothermiques. Elles seront donc
favorisées par une légère élévation de température.
3- Structure primaire
Elle est donc définie par la suite des acides aminés constituant la chaîne peptidique. La
séquence résulte de l'information génétique. Les caractéristiques de la liaison peptidique, que
nous avons décrites dans le chapitre « Peptides », sont bien entendu retrouvées dans le cas d’une
protéine.
44
4- Structure secondaire
Comme nous l’avons vu précédemment, les angles et caractérisent les rotations possibles
entre le carbone alpha et l’azote amide d’une part, et entre le carbone alpha et le carbonyle
d’autre part. Toutes les valeurs d’angles ne sont pas permises. Il faut en effet tenir compte de
contraintes liées notamment à la structure des résidus. Les valeurs que prennent ces angles
permettent de définir la conformation de la chaîne peptidique.
d'après: Lehninger Principles of Biochemistry, 4th ed, Nelson, D.L. & Cox, M.M., W.H. Freeman and Co, New York
pouvons constater que la plupart des points expérimentaux se retrouvent dans les zones
"permises" (d'après les observations faites avec la poly-alanine). Les coordonnées retrouvées en
dehors des zones permises peuvent correspondre à des acides aminés qui, du fait de la structure
de leur résidu, sont de nature à altérer la structure secondaire. C’est le cas de la glycine et de la
proline. A l’intérieur de la zone « permise », on retrouve des zones de concentration des angles
et , correspondant aux coordonnées d’acides aminés s’organisant en différents types de
structures secondaires.
4.1. L’hélice
En tenant compte des exigences stériques et des possibilités de formation de
liaisons hydrogènes, une configuration spécifique particulière, dite en hélice
a été déduite pour une chaîne polypeptidique dont la composition en acides
aminés -L est généralement quelconque. L'hélice droite est particulièrement
stable. L'hélice contient 3,6 acides aminés par tour de spire. Elle est
stabilisée par des liaisons hydrogène s'établissant entre le groupement C=O de chaque acide
aminé et le groupement NH d'un acide aminé situé quatre résidus plus loin dans la séquence
linéaire.
Donc tous les CO et NH sont unis par une liaison hydrogène. Les résidus émergent à
l'extérieur de l'hélice. L'enveloppe de la chaîne peptidique est donc celle d'un cylindre.
L'hélice peut être déstabilisée quand des groupements lysyls non dissociés (-NH3+),
La glycine peut également rompre la structure en hélice . En effet, comme elle n'a pas de
résidu, il n'y a pas de contrainte stérique et d'autres configurations peuvent être prises à cet
endroit. Notons que la proportion d'hélice diffère d'une protéine à l'autre et dépend de la nature
des résidus d'acides aminés. L'hélice s'accommode d'une composition en acides aminés
quelconque mises à part les réserves signalées plus haut (acides aminés chargés voisins, proline,
glycine).
presque totalement étirée et non condensée est adoptée au contraire de l'hélice . On peut
schématiser le feuillet plissé comme ci-dessous.
La distance dans la séquence entre les acides aminés pontés par des ponts hydrogène est
beaucoup plus longue que celle qui existe dans l'hélice . Les liaisons hydrogènes qui stabilisent
la structure se font entre des chaînes différentes quoique de petits segments d'une chaîne unique
puissent exister sous cette configuration. Le feuillet plissé peut résulter d’un arrangement
parallèle ou antiparallèle des chaînes peptidiques.
d'après: Biochimie, 2nd ed, Garrett, R.H. & Grisham, C.M., De Boeck Université, Paris. (Irving Geis)
4.4. Coudes
Il arrive, au sein d’une chaîne peptidique, que l’orientation de la molécule change brutalement.
C’est ce qui se passe dans une organisation de type hélice-boucle-hélice. L’endroit précis où
s’effectue ce virage à 180° de la chaîne peptidique porte le nom de coude . Il s’agit d’une
structure comportant quatre acides aminés. Les coudes les plus fréquemment rencontrés sont
dits de type I et de type II. Ils présentent respectivement une Pro en deuxième position et une
48
Gly en troisième position du tétrapeptide. Un pont hydrogène, établi entre les groupes
peptidiques du premier et du quatrième acide aminé, stabilise ces coudes I et II.
5- Structure tertiaire
Elle se réfère à la tendance qu'ont les chaînes polypeptidiques à présenter de nombreuses
circonvolutions, de nombreux replis pour donner naissance à une structure spatiale complexe
relativement rigide. La structure tertiaire des protéines globulaires laisse fréquemment
apparaître des segments de chaîne peptidique organisés en domaines.
On peut se demander ce qui régit cette prise de configuration complexe. L'hypothèse la plus
admise est que la structure tridimensionnelle d'une protéine native dans son milieu physiologique
normal, est celle pour laquelle l'énergie libre du système est minimale. La conformation est
déterminée par la totalité des interactions interatomiques et par conséquent par la séquence des
acides aminés. En termes de sélection naturelle, cette idée insiste sur le fait que la molécule
protéique est stable au sens structural, uniquement dans des conditions similaires à celles pour
lesquelles elle a été sélectionnée, c’est-à-dire les conditions physiologiques. Lorsque la protéine
adopte la configuration native elle acquiert son activité.
Les études d'Anfinsen sur la renaturation d'une protéine comme la ribonucléase ont posé la
question du rôle que jouent les ponts disulfures intra-chaînes dans l’adoption par la protéine de
sa structure tertiaire. La ribonucléase native possède quatre ponts disulfures. Les ponts disulfures
s'établissent entre des positions bien déterminées (à savoir pour la ribonucléase entre les
cystéines 26-84, 40-95, 58-110 et 65-72 de la séquence polypeptidique). Son incubation en
présence d’un agent oxydant (acide performique) conduit à la déstructuration de la protéine et à
49
la perte de son activité enzymatique, démontrant l’importance des ponts disulfures dans la
stabilisation de la conformation native. Lorsque la protéine est incubée en présence de
mercaptoéthanol (agent réducteur) et d’urée 8M (agent dénaturant), on observe une scission
des ponts disulfures et un dépliement de la protéine qui perd son activité enzymatique. Dans ce
cas, l’incubation dans un milieu dépourvu des agents dénaturant et réducteur permet un retour à
la structure initiale (une renaturation) avec réapparition de l’activité enzymatique, prouvant que
la dénaturation peut (pour cette protéine particulière) être un phénomène réversible. Quand la
molécule totalement réduite par le mercaptoéthanol (huit groupements SH) est réoxydée dans des
conditions dénaturantes (par exemple dans l'urée 8M), on obtient un mélange de produits qui
contiennent la plupart des 105 liaisons disulfures possibles. Ce mélange est enzymatiquement
inactif. La formation de ponts disulfures n’est donc pas une condition suffisante pour guider la
renaturation. Si l'urée est enlevée et la protéine exposée à de très faibles concentrations de
mercaptoéthanol, des échanges de liaisons disulfure se produisent et le mélange peut donner
naissance à un produit homogène que l'on ne peut distinguer de la ribonucléase native. Ce
processus de reploiement a donc nécessité des réactions d’échanges entre partenaires pour
retrouver les quatre ponts S-S compatibles avec l’adoption de la seule structure tertiaire active.
Comme nous le verrons plus loin, le reploiement d'une protéine peut impliquer des protéines
dotées d'activités enzymatiques : les foldases. Parmi celles-ci, la PDI (protein disulfide
isomerase) catalyse l'échange "physiologique" de ponts disulfures (voir plus loin).
d'après: Lehninger Principles of Biochemistry, 4th ed, Nelson, D.L. & Cox, M.M., W.H. Freeman and Co, New York
Le reploiement de la protéine la fait passer par des états "intermédiaires" appelés "molten
globules". L'effet bénéfice de la chaperone sur le mécanisme de reploiement est double. En effet,
la chaperone constitue un "micro-environnement" à l'intérieur duquel le reploiement est facilité,
en minimisant le risque d'interactions parasites. Par ailleurs, l'activité ATPase portée par la
chaperone, facilite la dissociation de la protéine de la chaperone, ce qui évite à la protéine de
rester "piégée" dans un état de reploiement intermédiaire.
Parmi les foldases, les peptidyl-prolyl cis/trans isomérases contribuent également au
reploiement, en catalysant la rotation de la liaison peptidique engagée par l’azote d’une proline,
un événement souvent limitant dans la vitesse de reploiement d’un domaine peptidique. 99.5% des
liens peptidiques impliquant les acides aminés autres que la proline sont « trans »; 6% des liens
peptidiques impliquant l’azote iminé de la proline sont « cis » et souvent présents dans des coudes
.
Nous avons vu que les ponts disulfures contribuent à la stabilité de la structure tertiaire de
nombreuses protéines. Ces liaisons covalentes entre deux groupements sulfhydryles se mettent
en place dans la lumière du réticulum. Contrairement au cytosol, le milieu microsomal constitue
un environnement rédox favorable à l’oxydation des groupements –SH et à la formation de ponts
S-S. Pour les protéines où les ponts disulfures ne se forment pas de façon séquentielle (co-
traductionnelle), certains réarrangements (des échanges de ponts disulfures) peuvent s’avérer
nécessaires. Comme nous l'avons signalé précédemment, la protéine PDI (Protein Disulfide
Isomerase) remplit cette fonction dans la lumière du réticulum et contribue de cette façon au
reploiement protéique.
51
Les diverses liaisons que nous avons signalées précédemment, sont utilisées pour assurer la
stabilité de la structure tertiaire. Les interactions hydrophobes jouent un rôle important,
conduisant à une sorte de séquestration à l'intérieur de la protéine, des résidus hydrophobes
d'acides aminés et à l'établissement de liaisons de Van der Waals entre ces fonctions.
Quant aux résidus hydrophiles, ils auront tendance à se placer en surface, en contact avec l'eau.
A titre d'exemple, est donnée la structure tertiaire de la ribonucléase A. On distingue très
nettement des endroits en hélice , et d'autres en feuillet plissé , indiqués par des têtes de
flèches. On peut également voir les quatre ponts disulfures dont l’importance a été testée grâce à
l’expérience d’Anfinsem, décrite précédemment.
Structure tridimensionnelle de la
ribonucléase A
52
6- Structure quaternaire
La structure quaternaire résulte de l'association de plusieurs chaînes polypeptidiques. La protéine
est dans ce cas constituée de plusieurs sous-unités. L'union entre les sous-unités met en jeu des
liaisons non covalentes. Les sous-unités (protomères) sont unies par des liaisons hydrogènes,
ioniques, hydrophobes, jamais par des liaisons de covalence. L'association se fait grâce à une
certaine complémentarité des protomères et suivant un ou plusieurs axes de symétrie. Au sens
strict, une protéine constituée de plusieurs chaînes peptidiques indépendantes, liées par des ponts
disulfures inter-chaines n’a donc pas de structure quaternaire.
7- Dénaturation
Le terme dénaturation s'applique à tout processus dans lequel la configuration de la protéine
change sans qu'il y ait rupture de la chaine peptidique (structure primaire). Il existe de nombreux
traitements dénaturants : acides, bases, urée, chaleur, rayonnement ionisants, métaux lourds,
détergents… Notons que la perte de solubilité et l'agrégation accompagnent fréquemment la
dénaturation.
La dénaturation par la chaleur se conçoit aisément. La liaison hydrogène (en particulier) est
instable lorsque la température s'élève. L'urée et le chlorure de guanidium dénaturent
principalement en brisant les liaisons hydrogènes. Ils réalisent des liaisons hydrogènes avec les
groupes peptidiques. Aux concentrations auxquelles ces molécules sont utilisées pour exercer
leur effet dénaturant (6-8 Mol/L), elles entraînent également une profonde modification de la
structure de l’eau. Les détergents sont également dénaturants. Leur partie ionique se fixe sur les
groupements chargés, leur chaîne hydrocarbonée hydrophobe établit des interactions
hydrophobes avec les résidus non polaires de la molécule, généralement masqués au coeur des
protéines globulaires. La présence des détergents permet l'apparition en surface de ces résidus
hydrophobes, dont l'hydrophobicité est "masquée" par la présence du détergent. Cet effet
équivaut donc à une disparition des interactions hydrophobes qui contribuaient à la stabilisation
de la structure native. Citons le SDS pour « sodium dodecyl sulfate », un détergent très
couramment utilisé en laboratoire.
53
CFTR et mucoviscidose
Le CFTR est une protéine dotée de 12 traverses transmembranaires, localisée dans la membrane
plasmique des cellules épithéliales. Cette protéine agit comme un transporteur actif d'ions
chlorures. La délétion d'un seul acide aminé en position 508 (une phénylalanine) est la
conséquence d'une mutation par délétion d'un codon. La forme mutante du transporteur
(CFTRF508) n'est pas capable de satisfaire aux mécanismes de contrôle de la qualité des
protéines néosynthétisées et "transloquées" dans le réticulum endoplasmique. Il en résulte une
protéolyse rapide du CFTR muté, qui par conséquent n'apparaît pas dans la membrane
plasmique, ce qui est directement responsable du déficit de flux ionique. On voit donc que la
mucoviscidose résultant de la mutation F508 peut être considérée comme une maladie du
transport intracellulaire d'une protéine, résultant d'un reploiement inadéquat de la protéine
mutée.
Les molécules protéiques de taille importante peuvent se retrouver exclues des billes et sont par
conséquent éluées rapidement dans le volume mort de la colonne. La séparation des protéines
observées est donc basée sur le poids moléculaire, c’est à dire que les molécules de taille
importante sont éluées de la colonne plus rapidement que les molécules de petite taille.
56
Electrophorèse native
L’électrophorèse native, à ne pas confondre avec la technique dite « SDS-PAGE » (voir plus
loin) consiste à séparer les constituants d’un mélange de protéines sur base de leurs différences
de vitesses de migration dans un champ électrique. La vitesse de migration électrophorétique
peut s’écrire : V= ExZ / f, où E représente l’intensité du champ électrique, Z, la charge de
l’espèce moléculaire soumise à la migration électrophorétique et f, le coefficient de friction. Il
est bien entendu que la migration sera par conséquent dépendante de la charge nette de la
protéine au pH auquel se déroule l’électrophorèse. Pour rappel, la charge nette de la protéine
peut être estimée en calculant le degré d’ionisation de toutes les fonctions ionisables de la chaîne
peptidique (chaînes latérales ionisables et extrémités amino- et carboxy-terminales).
Electrophorèse SDS-PAGE
La technique électrophorétique dite SDS-PAGE signifie « sodium dodecyl sulfate
polyacrylamide gel electrophoresis ».
principalement sur leur poids moléculaire. Les plus petites protéines pourront migrer plus
loin que les protéines de poids moléculaire plus important. Ces dernières sont en effet
retardées par les mailles du gel de polyacrylamide. On peut déterminer de la sorte (en SDS-
PAGE) les poids moléculaires des protéines en comparant leur mobilité à celle de l'étalon de
poids moléculaire connu. Notons qu'il existe une relation linéaire entre la distance
parcourue et le logarithme du poids moléculaire.
Western blotting
Il s’agit d’une méthode permettant la mise en évidence spécifique d’une protéine après avoir
réalisé sa migration électrophorétique. Les étapes de sa mise en œuvre sont les suivantes.
Une séparation électrophorétique sera réalisée sur gel, comme décrit précédemment
(généralement SDS-PAGE). Les protéines seront ensuite transférées vers la surface d’une
feuille (par exemple de nitrocellulose). On obtient donc une réplique. L’accessibilité des
protéines à la surface de ce support permettra la mise en œuvre d’une détection spécifique de
la protéine d’intérêt à l’aide d’un anticorps primaire qui sera lui-même reconnu par un
anticorps secondaire marqué.
Electrofocalisation
L’électrofocalisation (ou IEF pour « isoelectric focusing ») utilise le point isoélectrique des
protéines comme critère pour permettre leur séparation. L’électrofocalisation consiste à
provoquer la migration électrophorétique de la protéine dans un support hétérogène constituant
un gradient de pH. Dans ces conditions, la migration de la protéine aura lieu aussi longtemps
qu’elle sera porteuse d’une charge nette. Dès l’instant où la protéine aura rejoint la zone de pH
correspondant à son point isoélectrique, la neutralité acquise par la protéine provoquera l’arrêt
de sa migration, autrement dit, sa focalisation à un endroit précis du gel où le pH correspond à
son PI.
« Gels 2D »
L’électrophorèse en deux dimensions (technique des « gels 2D ») combine l’utilisation d’une
séparation par électrofocalisation et d’une électrophorèse de type SDS-PAGE dans la
deuxième dimension.
59
Fragmentation
L'identification d'une protéine nécessite fréquemment sa fragmentation. Les procédés les plus
couramment utilisés reposent sur la spécificité de certaines endoprotéases, enzymes capables de
scinder les peptides (et protéines).
Les protéases ou peptidases sont des enzymes qui catalysent la scission hydrolytique de la
liaison peptidique.
60
On connaît de nombreuses protéases qui se distinguent entre autres, par l'endroit d'une chaîne
peptidique qu'elles attaquent de préférence, c'est-à-dire leur spécificité de substrat. Les protéases
qui sont utiles pour générer des fragments applicables à l'analyse protéique appartiennent au
groupe des endoprotéases.
Parmi les protéases utilisées pour analyser la structure d'une chaîne peptidique, signalons la
trypsine et la chymotrypsine. Ce sont des enzymes secrétées par le pancréas. La trypsine scinde
les liaisons peptidiques qui engagent la fonction acide carboxylique d'une lysine ou d'une
arginine. La chymotrypsine scinde les liaisons peptidiques qui engagent la fonction acide
carboxylique d'un acide aminé aromatique : phenylalanine, tyrosine, tryptophane.
Spectrométrie de masse
Récemment, le domaine de l’identification des protéines (la protéomique) a évolué à un rythme
étonnant grâce aux progrès enregistrés simultanément dans plusieurs disciplines : la biochimie
des protéines, en particulier les techniques de fragmentation des chaînes peptidiques, et de
séparation des constituants d’un mélange de peptide (électrophorèse bidimensionnelle,
électrophorèse capillaire, chromatographie HPLC capillaire), l’informatique et en particulier les
possibilités offertes aux chercheurs de confronter des données expérimentales (séquence
partielle, poids moléculaires, taille et nombre de fragments) aux données stockées dans des bases
de données informatiques, et enfin les techniques directement liées à la spectrométrie de masse.
La spectrométrie de masse se base sur les différences de rapport masse/charge (m/z) des atomes
ionisés ou des molécules pour les séparer les uns des autres. Pour une molécule, la valeur m/z est
une caractéristique hautement spécifique et donc fort utile pour son identification. Les étapes de
cette analyse sont 1-l’ionisation et la volatilisation des molécules dans le vide poussé de
l’appareil, ce qui crée une phase de gaz ionisé ; 2-la séparation des ions en fonction de leurs
valeurs respectives de m/z et 3-la quantification des ions de valeurs m/z identiques.
Grâce à ces techniques, on peut envisager au départ d’un extrait cellulaire relativement brut de
séparer les différentes formes protéiques (par électrophorèse bidimensionnelle ou par
chromatographie multidimensionnelle), et de soumettre les fractions protéiques ainsi obtenues à
une digestion trypsique. Les peptides résultant de cette hydrolyse spécifique peuvent alors être
61
analysés par spectrométrie de masse. La masse des peptides obtenus peut constituer une réelle
carte d’identité de la protéine qui pourra être comparée avec toutes les masses de peptides
possibles obtenus de la même façon, en interrogeant des bases de données. On peut ainsi espérer
identifier une protéine sans avoir à la séquencer.
La spectrographie de masse en tandem permet le séquençage d’une chaîne peptidique.
Brièvement, l’instrument est composé de deux spectromètres de masse. Toutes les molécules
résultant de la digestion d’une protéine sont ionisées et volatilisées. Dans le premier appareil,
elles sont « triées » en fonction de leur m/z. Chaque oligopeptide est alors automatiquement
envoyé, isolément, dans le deuxième appareil après avoir subi une fragmentation par collision.
La collection de fragments de tailles diverses est analysée dans le second spectromètre de masse.
Il faut savoir que la fragmentation s’effectue principalement au niveau des liaisons peptidiques.
On obtient donc une collection de peptides dont la taille ne diffère que d’un seul acide aminé,
c’est-à-dire de la somme des masses du squelette peptidique NH-CH-CO (56Da) et de la chaîne
latérale (comprise entre 1Da pour la glycine et 130Da dans le cas du tryptophane).
fragmentation – ions y:
ion y
62
d'après: Textbook of BIOCHEMISTRY, 6th ed, Devlin, T.M., Wiley-Liss., Hoboken NJ.
1. Introduction
Les protéines ont des propriétés et des structures uniques qui leur permettent de remplir des
fonctions biologiques spécifiques. Dans ce chapitre, nous considèrerons quelques exemples de
protéines remplissant des fonctions biologiques variées. L’insuline représentera une catégorie de
peptides à fonction hormonale, le couple myoglobine / hémoglobine constitue le paradigme de
la relation structure / fonction, le rôle de ces protéines étant d’assurer le stockage et le transport
de l’oxygène. Le collagène, protéine fibreuse, représentera la catégorie des protéines de
structure. Nous n’oublierons pas le groupe des enzymes ou protéines catalytiques.
Néanmoins, leur étude fera l’objet d’un chapitre séparé, entièrement consacré à l’enzymologie.
2. Insuline
L'insuline est une hormone secrétée par les cellules des îlots de Langerhans du pancréas. C'est
un polypeptide constitué de 51 acides aminés. Ceux-ci sont répartis entre deux chaînes (chaînes
A et B) unies par deux liaisons disulfures. La chaîne A contient 21 acides aminés et la chaîne B,
30. La forme active de l’insuline a donc la structure d’un hétérodimère dans lequel on trouve
deux ponts disulfures inter-chaînes et un pont intra-chaîne.
65
L'insuline est synthétisée sous forme d’un précurseur inactif renfermant 86 acides aminés, qui
est scindé dans les granules de sécrétion pour donner l'insuline active. Le précurseur (pré-
prohormone) est constitué d’une chaîne peptidique unique NH2-B-C-A-COOH. L’obtention de la
forme mature active nécessite l’élimination par clivage protéolytique de la chaîne C, aussi
appelée peptide de liaison. L'insuline agit sur différents métabolismes, en particulier sur celui
des hydrates de carbone. Les régulations métaboliques exercées par l'insuline seront vues en
détails dans les cours suivants (Q2 et Bac2).
L’importance de l’insuline dans le traitement du diabète explique que la communauté
scientifique se soit beaucoup attardée sur l’étude de sa structure, de sa fonction et pour
développer des moyens de production de peptides hormonaux capables de substituer l’insuline
endogène. L’insuline fut ainsi la première hormone peptidique purifiée, cristallisée, produite par
synthèse chimique et produite par expression d’ADN recombinant.
Le diabète humain peut être traité par injection d’insuline de porc et d’insuline bovine. Dans
certains cas, une réponse immunologique délétère, entraînant une résistance à l’insuline peut
apparaître. Cette réponse est due à la reconnaissance de l’insuline injectée comme « étrangère »
avec production d’un titre important d’anticorps anti-insuline. Pareille réponse est relativement
peu fréquente, en particulier avec la forme porcine. Cette faible réponse immunitaire s’explique
par la forte conservation de nombreux acides aminés dans les différentes formes d’insuline, à la
nature conservative des acides aminés substitués, et au fait qu’ils n’entraînent pas de
modification majeure de la structure tridimensionnelle de la protéine. Actuellement, dans les
pays industrialisés, l’insuline principalement utilisée est la forme humaine, obtenue par
production procaryote ou au départ de forme porcine modifiée.
Les alignements de séquences, et la comparaison des structures tridimensionnelles des
différentes formes d’insuline permettent de révéler les éléments de structures les plus importants
de la chaîne peptidique, c'est-à-dire ce qui dans la structure de l'insuline conditionne son
interaction avec le récepteur insulinique. On retrouvera de cette façon les domaines qui
conditionnent le « fonctionnement » de l’insuline, c’est-à-dire le déclenchement de la réponse
cellulaire au signal insuline. Ce déclenchement d'une réponse cellulaire est donc dans tous les
cas la conséquence de la fixation de l'insuline sur un récepteur membranaire. Le récepteur à
insuline appartient à la famille des récepteurs RTK, c'est-à-dire des protéines
transmembranaires dont le domaine cytosolique est porteur d'une activité tyrosine kinase.
L’hyperglycémie est la manifestation biologique principale du déficit en insuline. Cette
hormone exerce un rôle régulateur de première importance dans le métabolisme. L’effet
66
3. Le collagène
Le collagène représente un exemple de protéine fibreuse. Les molécules de collagène constituent
la partie protéique la plus importante du tissu conjonctif. On les rencontre dans la peau, les os,
les tendons, les cartilages. Il existe au moins 12 types de collagènes, distribués différemment
dans les tissus de mammifères. Ces différents types de collagène ont en commun d'exister sous
forme de triples hélices droites, obtenues par enroulement de trois chaînes polypeptidiques
ayant chacune une structure secondaire spécifique en hélice gauche, ou hélice du collagène.
Les molécules de collagène s’organisent, dans le milieu extracellulaire, sous forme de fibres.
La structure de la molécule de collagène lui donne des propriétés particulièrement bien adaptées
à sa fonction. En effet, le collagène s’assemblera en fibres insolubles particulièrement
résistantes à la tension, tout en gardant une certaine souplesse.
A partir de tissus de jeunes animaux, on peut extraire du collagène sous forme soluble que l'on
appelle le tropocollagène. C'est la molécule tri-hélicoïdale à partir de laquelle sont structurées
67
les microfibrilles et les fibres de collagène. Le tropocollagène a un poids moléculaire de 285 kDa
et une longueur d'environ 300 nm. Le tropocollagène entrant dans la composition du collagène
de type 1 (la forme de collagène la mieux représentée), est formé de trois chaînes de même
taille: 2 chaînes 1 et 1 chaîne 2. Chaque chaîne comprend environ 1000 acides aminés de
composition et de séquence plutôt étonnantes. En effet, la glycine représente environ 30% des
acides aminés.
Ces glycines se retrouvent en première position de triplets répétés dans la structure primaire.
On trouve également dans ces chaînes un grand nombre de molécules de proline dont certaines
sont hydroxylées : hydroxyproline (HyP) ainsi qu'un autre acide aminé inhabituel :
l’hydroxylysine (HyL).
Notons que les chaînes latérales des hydroxylysines (HyL) peuvent être porteuses de chaînes
disaccharidiques.
68
Comme nous l’avons évoqué dans le chapitre précédent (voir graphique de Ramachandran),
chaque chaîne peptidique du collagène s’organise en une structure secondaire particulière. Il
s’agit d’une hélice différente de l'hélice , l’hélice du collagène. Ils'agit d'une structure
secondaire hélicoïdale de pas gauche dont la stabilité n'implique pas des liaisons hydrogènes
établies entre les atomes impliqués dans la liaison peptidique (comme dans la structure
secondaire en hélice ). Ce ne sont donc pas des ponts hydrogènes intracaténaires qui stabilisent
la structure en hélice du collagène. Cette hélice gauche est plus étirée que l’hélice : elle compte
3 résidus par tour (3.6 résidus par tour pour l'hélice ). L’enroulement de cette hélice gauche
résulte en fait de la répulsion (encombrement stérique) des structures cycliques formées par les
résidus Proline (cycles pyrrolidiniques), enfouis à l'intérieur de la structure hélicoïdale.
On trouve par contre des ponts hydrogène inter-chaînes qui mettent en jeu les Glycine
(agissant comme donneurs de protons) et des groupements carbonyles fonctionnant comme
accepteurs de protons). Les trois chaines sont ainsi unies les unes aux autres en une structure en
superhélice droite, maintenue grâce à ces liaisons hydrogènes inter-chaînes dont la régularité
est permise par le positionnement systématique de la glycine au même niveau, à la surface de
l’hélice, du fait de l’organisation en triplets de la structure primaire et de la présence de trois
résidus par tour d’hélice.
Les molécules de tropocollagène (triples hélices) s'alignent les unes à la suite des autres pour
donner des rangées de molécules décalées d'un quart les unes par rapport aux autres. C'est ce
qui donnera au collagène son aspect strié en microscopie électronique avec une périodicité
d'environ 67 nm.
Les fibres de collagène sont stabilisées grâce à la formation de liaisons covalentes inter-
moléculaires. On parle de réticulation (ou cross-links). Une des liaisons fréquentes résulte
d'une condensation aldolique entre deux aldéhydes dérivés de deux lysines (résidus
allysine). La transformation des résidus lysine en résidus allysine est catalysée par une
enzyme spécifique : la lysyl oxydase.
69
La prolyl hydroxylase est une oxygénase. L'hydroxylation de la proline se fait aux dépends
de la conversion d'une molécule d'-cétoglutarate en succinate et CO2. Cette réaction
nécessite la participation de fer ferreux Fe++. Le mécanisme de la catalyse est tel qu'une
réaction partielle peut se produire, dans laquelle l'-cétoglutarate est transformé en succinate
sans hydroxylation de la proline. Dans cette réaction partielle, le Fe++ est oxydé en Fe+++, ce
qui inactive l'enzyme. Le rôle de la vitamine C est de réduire le Fe+++, permettant ainsi à
l'enzyme de retrouver sa forme active. Nous verrons plus loin que l'ascorbate exerce cette
fonction d'antioxydant dans d'autres contextes également.
71
L'ostéogenèse imparfaite est un groupe de maladies dans lequel la fragilité des os est la
caractéristique principale (« os de verre »). Certaines formes sont relativement bénignes,
occasionnant des fractures occasionnelles. D’autres peuvent être sévères, conduisant à des
déformations du squelette, un nanisme et même une mortalité prénatale. L’ostéogenèse
imparfaite est la conséquence de mutations survenant dans les gènes codant pour les chaînes
du collagène de type I. Le syndrome d’Ehlers-Danlos se traduit par une hyperflexibilité
des articulations, par des problèmes cutanés (hyperélasticité) et une fragilité anormale des
tissus. On distingue plus de 10 types de syndromes d’Ehlers-Danlos. Ce syndrome peut être
la conséquence de mutations dans le collagène, de mutations provoquant un déficit en
activité lysine hydroxylase ou en pro-collagène protéinase.
La maladie de Menkes est un exemple de maladie du collagène où l’altération de la structure
des fibres est "indirecte" ou "secondaire". En effet, cette maladie est une répercussion d’un
métabolisme anormal du cuivre, ce qui provoque une activité anormalement basse de la lysyl
oxydase.
4. Myoglobine - Hémoglobine
Le couple Myoglobine-Hémoglobine représente une belle illustration de la manière dont la
structure d’une protéine peut influencer sa fonction. En effet, ces deux protéines qui ont en
commun de fixer l’oxygène, partagent des structures primaires, secondaires et tertiaires fort
proches. Toutefois, c’est l’adoption par la seule hémoglobine d’une structure quaternaire qui
lui permet de remplir sa fonction de transporteur d’oxygène alors que la myoglobine sert à son
stockage.
Myoglobine et hémoglobine sont des hémoprotéines, c’est-à-dire des protéines dont la fonction
impose l’association de leur structure peptidique à un ligand de nature non protéique (le
groupement prosthétique) : l’hème.
72
L’hème est une porphyrine (quatre noyaux pyrroles reliés par quatre ponts méthyléniques), liée
à un atome de fer.
4.1. Structure de la myoglobine
La myoglobine est une petite protéine. Elle présente une chaîne peptidique de 153 acides
aminés, pour un poids moléculaire d’environ 16 kDa. Sa structure secondaire montre une
fraction importante de ses acides aminés organisés en hélices . On trouve 8 hélices (appelées
A, B, C…) au sein desquelles les acides aminés sont numérotés de 1 à n.
La chaîne peptidique de la myoglobine adopte une structure globulaire, qui ménage en son sein
une fente hydrophobe. Ce sillon peut accueillir la structure plane d’une molécule d’hème b.
Lorsque l’hème est « installé » dans la structure globulaire de la protéine, le fer qu’il contient est
lié par les quatre atomes d’azote des quatre noyaux pyrroles de la porphyrine et par un atome
d’azote du groupement imidazole de l’histidine F8. La dernière liaison de coordination
disponible sur l’atome de fer pourra être établie avec une molécule d’oxygène dans l’oxy-
myoglobine.
73
Notons que le micro environnement hydrophobe dans lequel se retrouve l’hème permet
l'oxygénation du fer sans oxydation en Fe+++ incapable de fixer l’oxygène (la myoglobine
porteuse de fer oxydé Fe+++ est appelée métmyoglobine). Un hème libre serait beaucoup plus
facilement oxydé.
Notons enfin que dans cet assemblage, l’encombrement stérique dont est responsable l’histidine
E7 réduit l’affinité de l’hème pour un de ses ligands potentiels : le CO, en lui imposant de fixer
le fer d l'hème avec un angle de 120°. Cette réduction d’affinité imposée par la présence de E7
(par rapport à l'affinité de l'hème libre qui fixe le CO perpendiculairement au plan de la
porphyrine) permet de tolérer notre production endogène de CO, issue notamment du
catabolisme ...de l’hème (voir plus loin).
La fixation de l'oxygène sur la myoglobine révèle une courbe de type hyperbole. Dans cette
courbe, représente la fraction des sites de fixation occupés par le ligand (l'oxygène). La pO2
est exprimée en kPa (1 mm Hg = 0.133 kPa)
74
Dans le phénomène coopératif, tout se passe donc comme si la fixation de l’oxygène aux
premières sous unités d’une hémoglobine désoxygénée provoquait une « tension », répercutée
d’une sous unité à l’autre. L’accumulation de cette « tension » provoque à son tour le
basculement en bloc de la protéine tétramérique T vers son état R dans lequel chaque sous unité
présente une haute affinité pour l’oxygène. Cette affinité élevée des sous unités non encore
75
oxygénées s’explique notamment par le fait que le fer est rapproché du plan de l’hème et se
trouve par conséquent dans une position plus favorable pour accueillir la molécule d’oxygène.
Le phénomène coopératif, qui résulte de l'inter-conversion prenant place entre deux structures
d'une même protéine lors de la fixation de son ligand, peut être représenté par deux modèles:
symétrique ou séquentiel. Un comportement identique (coopératif) est observé lorsqu'on
analyse la relation qui existe d'activité et la concentration du substrat pour une enzyme
allostérique (voir chapitre enzymologie).
Comme nous l'avons signalé plus haut, l’hémoglobine peut également assurer le transport direct
du CO2 en fixant cette molécule (sous la forme d'un carbamate) à ses extrémités amino-
terminales. Dans ces conditions, la charge négative nouvelle (remplaçant une charge positive)
localisée aux extrémités amino-terminales contribue à l'établissement de ponts salins nouveaux,
76
qui facilite la « décharge » de l’oxygène en stabilisant l'état T. A noter que la formation d'un
carbamate libère un proton qui contribue à l'effet Bohr.
Il existe un grand nombre de maladies liées à la présence de mutations dans les chaînes ou
de l’hémoglobine. On parle d’hémoglobinopathies lorsque la fonction biologique de
l’hémoglobine est modifiée suite à la mutation.
77
Un exemple est l’hémoglobine S, une forme mutée dans laquelle un glutamate (le 6è acide aminé
de la chaîne ) est remplacé par une valine. Cette substitution peut être détectée en mesurant la
vitesse de migration électrophorétique de la chaîne peptidique en conditions natives. Cette
mutation est responsable d’une maladie appelée anémie falciforme, caractérisée par la
déformation des hématies qui prennent la forme de faucilles. Cette relation étonnante entre d’une
part une mutation ponctuelle apparaissant au sein d’une chaîne peptidique, et d’autre part la
profonde modification morphologique subie par la cellule renfermant cette hémoglobine mutée
trouve son explication dans un phénomène d’agrégation que subissent les molécules de
désoxyhémoglobine mutées. Le remplacement d'un Glu par une Val fait apparaître une structure
nouvelle capable d'interactions hydrophobes, à la surface des chaines , ce qui est responsables
de la fixation des tétramères désoxygénés les uns aux autres par des interactions -. Ces
interactions hydrophobes nouvelles sont donc responsables de la formation spontanée
d'assemblages moléculaires dans un milieu peu oxygéné. Cela conduit à la formation de "fibres"
renfermant de multiples copies de la désoxy-Hb mutée, déformant les globules rouges et les
rendant plus vulnérables à l’hémolyse.
Enzymologie
L'étude fondamentale d'une fonction catalytique est basée sur des mesures quantitatives de la
vitesse des réactions catalysées. De nombreux facteurs agissent sur cette vitesse, l'étude cinétique
que nous allons présenter montrera dans une certaine mesure comment une réaction enzymatique
est influencée par ces facteurs. Rappelons tout d'abord quelques notions de cinétique générale
concernant l'ordre d'une réaction. La vitesse d'une réaction chimique se mesure par la vitesse de
disparition ou d’apparition d’un composant de la réaction :
A+ B → X + Y
vitesse. Cette constante de vitesse est obtenue en mesurant la pente de la droite donnant
l'évolution de la concentration - ou de la quantité si le volume est constant - du réactif (ou du
produit de réaction) en fonction du temps.
Dans une réaction d'ordre 1, la vitesse est directement proportionnelle à la concentration d'un
constituant.
d'enzyme. Des écarts de la linéarité peuvent aussi s'observer du fait uniquement de conditions de
mesures faussées par le procédé expérimental utilisé. Afin de ne pas sous-estimer la vitesse de
réaction il y aura lieu d’être particulièrement attentif au risque de s’écarter d’une cinétique
d’ordre 0 lorsque la concentration de l’enzyme augmente (chute rapide de la concentration du
substrat).
Si nous considérons que l’étape caractérisée par la constante de vitesse k3 représente l’étape
"limitante" du processus, on peut écrire que la vitesse de la réaction est égale à la vitesse de la
Voyons maintenant quelle est la vitesse nette de formation du complexe ES. Il est produit à une
vitesse qui est égale à :
Au fur et à mesure que plus de complexe est formé, la vitesse de sa formation à partir de E et S
diminue parce que (e-c) principalement diminue. Par contre la vitesse de disparition augmente
puisque c augmente. On peut imaginer qu’à un certain moment la vitesse de formation égale la
vitesse de disparition :
et comme : v = k3c
83
soit :
Km, celle-ci peut être négligée au dénominateur de l’expression donnant la vitesse de la réaction.
Très souvent, le déroulement d'une réaction enzymatique implique un nombre d'étapes largement
supérieur à ce que nous avons posé ici, chacune caractérisée par sa propre constante de vitesse.
84
où Vm = kcat e
kcat est le "turn over number".
La détermination de Vm et Km
l’on se réfère à la courbe hyperbolique. Elle nécessite en effet une extrapolation pour une
concentration infinie en substrat. Il existe différentes méthodes de calcul permettant de pallier cet
inconvénient. Une des plus communément utilisée est celle de Lineweaver et Burk dans
laquelle 1/v est exprimé en fonction de 1/s.
L’équation est celle d’une droite dont l’ordonnée à l’origine vaut 1/Vm, en effet si s = ∞, 1/s = 0,
d’où
En traçant la droite, on peut donc déterminer Km et Vm. Un inconvénient de cette méthode est
qu’elle attribue beaucoup de poids aux valeurs élevées de 1/v, c’est-à-dire obtenues à partir des
valeurs expérimentales faibles de v qui sont souvent les moins précises.
85
Inhibition compétitive
Dans cette inhibition réversible, l’inhibiteur (I), du fait de sa ressemblance structurale avec le
substrat, peut former un complexe avec l’enzyme (EI), en se fixant au centre actif de celui-ci, là
où se fixe normalement le substrat. L’inhibiteur entre donc en compétition pour l’enzyme avec
le substrat. Ce complexe ne peut toutefois pas donner naissance au produit. Les réactions que
l’on doit envisager sont dès lors :
ou
différence que le Km est devenu K'm avec nécessairement K'm > Km Par contre Vm qui est
égal à k3e ne change pas, d'où :
86
A concentration suffisante en substrat, l'inhibition n'est plus manifeste, "le substrat l'emporte sur
l'inhibiteur". C'est la manifestation du caractère compétitif de cette inhibition.
- b) Le degré d'inhibition à une concentration en substrat donnée dépend du K'm qui lui-même
Remarquons que la détermination graphique du K'm pourra se faire comme pour le Km par
exemple :
Lorsque l'inhibition est non compétitive, l'inhibiteur n'affecte pas le Km, mais diminue la vitesse
maximale. La relation donnant la variation de la vitesse en fonction de la concentration en
substrat sera donc :
De plus, en supposant que la liaison du substrat sur le site actif ne soit pas affectée par la
présence de l'inhibiteur fixé et celle de l'inhibiteur ne l'étant pas par la présence du substrat.
on dira que Ks = Ks' et Ki = Ki'.
On constate qu'en présence d'un inhibiteur non compétitif, Km demeure inchangé et Vm diminue
du facteur (1 + (I)/Ki).
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Ce qui caractérise également ce type d'inhibition est le fait que le degré d'inhibition est
indépendant de la concentration en substrat.
Inhibition mixte
Un inhibiteur peut agir à la fois sur Km et sur Vm donnant une inhibition mixte du type
compétitif et non compétitif.
Régulation allostérique
L'activité de certaines enzymes régulatrices est modifiée par des effecteurs allostériques de
faible poids moléculaire qui ont généralement peu ou pas de ressemblance structurale avec les
substrats ou les coenzymes de l'enzyme régulatrice.
La rétro - inhibition est le phénomène par lequel un produit d'une longue séquence de réactions
biosynthétiques inhibe l'activité d'une enzyme dont l'activité se manifeste au début de la voie
biosynthétique. Dans la série des réactions biosynthétiques conduisant de A à D et catalysées par
les enzymes Enz1 à Enz3, une concentration élevée de D inhibe de façon typique la conversion
substrat selon que l'enzyme est mise en présence d'un effecteur positif ou négatif. Ces
déplacements de la courbe sigmoïde vers la droite ou la gauche traduisent des modifications,
induites par la fixation du régulateur allostérique au site régulateur, de l'affinité du site de
reconnaissance du substrat pour le substrat. A noter l'analogie avec le phénomène coopératif de
saturation de l'hémoglobine en oxygène vue précédemment, et, par exemple, l'impact du 2,3
bisphosphoglycérate sur l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène (déplacement de la courbe de
saturation). Le 2,3 bisphosphoglycérate agit donc d'une manière comparable à un effecteur
allostérique régulant négativement l'activité d'une enzyme allostérique.
Effet du pH
Il est normal qu'une réaction enzymatique dépende du pH. L'enzyme est une protéine et certaines
fonctions qui interviennent dans le centre actif, et dans le mécanisme catalytique, peuvent être
dissociables. Le rôle qu'elles ont, soit dans la fixation du substrat, soit dans la catalyse peut
dépendre de la forme (dissociée ou non dissociée) sous laquelle elles se trouvent. Le substrat
peut aussi être dissociable et, ici également, peut se complexer à l'enzyme sous une forme plutôt
qu'une autre.
En général, une enzyme présente un optimum d'activité dans une zone de pH déterminée.
L'endroit sur l'échelle de pH où celle zone se trouve peut-être variable d’une enzyme à l'autre.
Supposons que l'activité d’une enzyme dépende de deux fonctions dissociables présentes dans le
centre actif, soit -COOH (résidu d'acide glutamique) et un imidazole (résidu d'histidine), et que
la catalyse exige que la fonction acide carboxylique soit ionisée et que le groupe imidazole soit
protonné. Si nous nous référons uniquement à ces deux fonctions, nous pouvons considérer
l'enzyme comme pouvant exister sous les trois formes suivantes : AH2+, AH et A-. La manière
dont varie la forme sous laquelle l'enzyme est active sera une courbe avec maximum, atteint
lorsque la molécule enzymatique présentera sa forme AH.
Effet de la température
La plupart des réactions chimiques dépendent fortement de la température, les réactions
enzymatiques également. Les effets de la température sur une réaction enzymatique peuvent
également être dus à différentes causes. Peuvent être concernées : la stabilité de l'enzyme, la
vitesse de dissociation du complexe, l'affinité de l'enzyme pour le substrat, etc. La plupart de ces
causes sont analysables expérimentalement. Rappelons qu'une réaction enzymatique comprend
au moins trois étapes : la formation du complexe enzyme-substrat, la transformation de ce
90
Les molécules A et B possèdent une énergie de translation due à leur mouvement. Si elles
entrent en collision, un réarrangement de la distribution électronique se produit dans chaque
molécule conduisant éventuellement à un transfert d'atomes d'une molécule à l'autre. Lorsque la
réaction se produit un état de transition s'établit dont la structure ne correspond pas à un mélange
de A et de B mais à un complexe intermédiaire qui donnera naissance à C + D.
Pour que cet état de transition apparaisse, il faut que A et B possède une énergie de translation
suffisante, énergie que l'on appelle énergie d'activation Ea.
On peut considérer la formation du complexe de transition comme une simple réaction
chimique, régie par un équilibre :
où AB* représente l'état de transition. Cet équilibre est caractérisé par une constante K* :
92
l’état de transition qu’on qualifie ce mécanisme de « tension de substrat ». Une illustration de cet
effet nous est donnée dans le mécanisme de la réaction catalysée par le lysozyme (voir plus
loin).
La catalyse acide-base
La catalyse acide-base est rencontrée dans la plupart des réactions enzymatiques. Elle résulte de
l’intervention de chaînes latérales d’acides aminés présents au site actif et qui sont ionisables,
pouvant jouer le rôle de donneur et/ou d’accepteurs de protons pour contribuer à la
transformation du substrat vers l’état de transition. Notons que dans ces mécanismes, il y a
apparition de charges. Des liaisons électrostatiques entre le substrat à l’état de transition et des
groupements ionisés de l’enzyme peuvent contribuer à la stabilisation de l’état de transition
(diminution de l’énergie libre). Notons enfin que la catalyse acide-base est une raison importante
pour laquelle les réactions enzymatiques sont dépendantes du pH.
La catalyse covalente
Le mécanisme enzymatique peut enfin donner lieu à l’établissement d’une liaison covalente
transitoire entre l’enzyme et le substrat transformé (catalyse covalente). Ce mécanisme ne
s’applique pas à tous les exemples de réactions.
Ces dérivés de monosaccharides sont unis par des liaisons osidiques 1-4 pour donner la
structure suivante :
Chymotrypsine
La chymotrypsine est une enzyme protéolytique secrétée par le pancréas. La chymotrypsine est
donc une hydrolase, une protéase (ou peptidase) et plus précisément une endoprotéase (ou
endopeptidase). Elle intervient dans la dégradation des protéines alimentaires au niveau de
l'intestin grêle. La réaction constitue un exemple de catalyse covalente.
L'enzyme hydrolyse une liaison peptidique préférentiellement quand le résidu de l'acide aminé
donneur du -C=O est aromatique : Tyr, Trp, Phe.
96
Une telle réaction est importante pour étudier le mode d'action de l'enzyme, car un des produits
libérés, le p-nitrophénol est coloré (il absorbe la lumière vers 400 nm).
Dans le pancréas, l'enzyme est fabriquée sous forme de précurseur, le chymotrypsinogène, qui
est inactif. Cette molécule est constituée d'une chaîne polypeptidique unique de 245 acides
aminés. Le chymotrypsinogène est converti en chymotrypsine active par plusieurs clivages
endo- et exo-protéolytiques de la chaine peptidique. Au terme de cette maturation post-
traductionnelle, la chymotrypsine active est constituée de trois peptides. Ils sont unis grâce à
deux liaisons disulfures inter-chaines.
97
Trois résidus sont essentiels pour comprendre le mécanisme de la réaction catalysée par la
chymotrypsine. Il s’agit de la sérine 195, de l’histidine 57 et de l’aspartate 102, qui constituent
la triade catalytique.
La catalyse par la chymotrypsine est une séquence de deux réactions consécutives : 1- le clivage
de la liaison peptidique avec fixation covalente d’un des produits de la réaction à la sérine 195,
pour former un intermédiaire acyl-enzyme ; 2- la réaction de cet acyl-enzyme avec une
molécule d’eau conduisant à la libération du deuxième produit (voir schéma ci-dessous).
A noter que la réaction globale peut être considérée comme la succession de deux réactions pour
lesquelles deux états de transitions existent correspondant à deux intermédiaires
tétrahédriques. L’intermédiaire acyl-enzyme ne représente donc pas l’état de transition. La
réaction globale est constituée de deux réactions successives : l'acylation et la déacylation de la
sérine 195.
Le recours au p-nitrophénylacétate comme substrat de la chymotrypsine (voir plus haut) pour
suivre le déroulement de la réaction au cours du temps, permet de mettre en évidence l'acylation
rapide de la sérine 195 qui s'accompagne de la libération du p-nitrophénol. Peu de temps après le
début de la réaction, l'apparition du p-nitrophénol se ralenti. La pente moindre observée alors est
celle de la réaction globale, dont la vitesse est celle de l'étape limitante qui correspond à la
déacylation de la sérine 195.
98
99
De très nombreuses drogues mises au point par l'industrie pharmaceutique sont des molécules
agissant comme inhibiteurs d'enzymes. Le "design" de ces molécules à action inhibitrice peut
bénéficier de la connaissance du mécanisme catalytique de l'enzyme cible. Un exemple nous est
donné par la famille des inhibiteurs de l'activité protéase du virus HIV. Ce virus appartient au
groupe des rétrovirus. Son génome est constitué d'ARN. Sa multiplication implique trois phases
faisant intervenir trois activités enzymatiques : la rétro-transcription de l'ARN en ADN,
l'intégration de l'ADN dans le génome de la cellule hôte et le clivage protéolytique des
précurseurs protéiques codés par le génome viral permettant d'obtenir les protéines nécessaires à
la construction de nouvelles particules virales. Il est clair que ces trois activités enzymatiques :
transcriptase inverse, intégrase, protéase, sont autant de cibles intéressantes pour le
développement d'une stratégie anti virale. Il existe quatre classes de protéases : les protéases à
sérine (voir la chymotrypsine étudiée précédemment), les protéases à cystéine, les métallo-
protéases et les aspartyl-protéases. La protéase du HIV appartient à cette dernière catégorie.
L'enzyme clive une liaison peptidique établie entre une phénylalanine et une proline. Deux
aspartates, situés dans le site actif de l'enzyme, permettent le déroulement d'une catalyse acide-
base, permettant le clivage de la liaison peptidique par une molécule d'eau. Cette catalyse passe
par un état de transition tétraédrique stabilisé par ponts hydrogènes (voir figure projetée).
Plusieurs inhibiteurs de la protéase HIV ont été développés de manière telle que ces molécules
forment avec l'enzyme un complexe non-covalent, mais suffisamment stable pour agir comme
des inhibiteurs irréversibles. Ces molécules ont été conçues de manière telle que leur structure
ressemble à celle de l'intermédiaire tétraédrique obtenu à l'état de transition. Ces molécules
ont en commun de pouvoir s'associer à la poche de reconnaissance de la phénylalanine
(spécificité de substrat). Elles présentent pour ce faire un groupement benzyle. Ce benzyle est
situé à proximité d'un hydroxyle qui prend la place de l'oxygène chargé négativement dans la
structure de l'état de transition. Pour le reste, les inhibiteurs ont été conçus pour s'associer le plus
efficacement à la protéase.
101
La greffe (et l'enlèvement) de groupements phosphate sur une chaine peptidique sont des
événements catalysés respectivement par des protéine kinases et par des phosphatases. Ces
phosphorylations-déphosphorylations peuvent provoquer un changement de conformation de la
protéine, provoquant à son tour une modification de l'activité biologique de l'enzyme.
Un exemple bien connu est l'effet de la phosphorylation (par une kinase) de la glycogène
phosphorylase, ce qui conduit à l'élévation de son activité enzymatique (passage de la forme b
peu active à la forme a fort active). La régulation par phosphorylation-déphosphorylation de la
102
glycogène phosphorylase prend toute son importance dans le cadre de la régulation hormonale
(glucagon / insuline) du métabolisme du glycogène, comme nous le verrons dans le cours
suivant.
Dans certains cas, une protéine dépourvue de traverse transmembranaire peut perdre son
caractère "soluble" et s'associer aux membranes du fait de la greffe post-traductionnelle d'une
molécule lipidique, agissant comme une "ancre hydrophobe". On verra ainsi des protéines fixées
à un acide gras (protéines palmitoylées, myristoylées etc…), associées à des groupements
isoprènes (protéines isoprénylées, géranylées, farnésylées…)
spécifiquement enrichies dans certains tissus grâce à une simple électrophorèse. Celle-ci, menée
en conditions non dénaturantes sera suivie d’une mise en évidence de l’activité enzymatique des
différentes formes de LDH, directement sur l’électrophorégramme.
Le profil d’activité, comparé au profil « contrôle » peut par exemple révéler un accident
cardiaque ou une souffrance hépatique.