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TD N°4 Fluage

Vous êtes responsable de la conception d’une turbine à gaz fonctionnant à 800 ºC. Les aubes du
rotor de cette turbine ont une longueur initiale 𝒍𝟎 = 𝟏𝟎 𝒄𝒎 et sont faites d’un superalliage de
nickel, qui, à cette température, a un module d’Young égal à 180 GPa. En service et sous l’effet de
la force centrifuge, les aubes sont soumises à une contrainte de 450 MPa. Le bureau d’étude a prévu
un jeu initial de 3 mm entre le stator et l’extrémité des aubes (voir schéma ci-dessous).

Conscient que les aubes vont fluer en service, vous décidez de prévoir une inspection préventive
de la dimension des aubes après un certain temps t de fonctionnement de la turbine. Pour déterminer
ce temps t, vous ne disposez que des quelques données suivantes concernant le fluage de ce
superalliage lorsqu’il est soumis à une contrainte de 450 MPa.

Déformation plastique 𝜀 de fluage (en %) NB : Toutes ces données sont


Température (ºC) relatives à des points
Temps (h) 700 800 900 expérimentaux situés dans le stade
1 000 0,100 0,500 0,900 II des courbes de fluage du
11 000 0,200 ? 22,036 superalliage (fluage secondaire).
a) Quelle est la valeur de la vitesse de fluage 𝒅𝜺/𝒅𝒕 (en ℎ ) pour le stade II de fluage de ce
superalliage à 700 et à 900 °C ?

b) Quelle est la valeur de l’énergie apparente d’activation Q (en kJ/mole) de la vitesse de fluage en
stade II pour ce superalliage ?

c) À quelle déformation élastique instantanée 𝜀é (en %) sont soumises les aubes quand la turbine est
mise en service ?

d) Après combien d’heures de service continu de la turbine à 800 °C (temps t exprimé en h)


recommandez vous de procéder à l’inspection dimensionnelle des aubes pour vérifier si le jeu entre
le stator et l’extrémité des aubes est réduit à la moitié de sa valeur initiale ?

e) Si la vitesse de rotation en service du moteur est plus élevée, le temps t requis pour l’inspection
sera-t-il plus long ou plus court ? Justifiez votre réponse.
CORRIGE

Les données expérimentales sur le comportement en fluage du superalliage peuvent être


schématiquement résumées sur le graphique suivant qui sera utile pour répondre aux questions.

Sur la figure la courbe à la température de 800°C (correspondant à la température de fonctionnement


de la turbine à gaz), est tracée arbitrairement et sera utilisée ultérieurement.

a) Vitesse de fluage à 700 et 900 °C :

Pour une température donnée, la vitesse de fluage 𝒅𝜺/𝒅𝒕 est égale à la pente de la droite qui
caractérise le stade II de fluage (fluage secondaire). Avec les données numériques, on obtient
aisément la valeur de cette vitesse de fluage pour les deux températures considérées :

Température (°C) Vitesse de fluage (𝒉 𝟏 )


𝒅𝜺 𝜺𝒑𝑩 𝜺𝒑𝑨 𝟐×𝟏𝟎 𝟑 𝟏×𝟏𝟎 𝟑
700 = = 𝟏𝟎 𝟕
𝒅𝒕 𝒕𝑩 𝒕𝑨 𝟏𝟏𝟎𝟎𝟎 𝟏𝟎𝟎𝟎
𝒅𝜺 𝜺𝒑𝑫 𝜺𝒑𝑪 𝟐,𝟐𝟎𝟑𝟔×𝟏𝟎 𝟏 𝟗×𝟏𝟎 𝟑
900 𝒅𝒕
= 𝒕𝑫 𝒕𝑪
= 𝟏𝟏𝟎𝟎𝟎 𝟏𝟎𝟎𝟎
𝟐, 𝟏𝟏𝟑𝟔 × 𝟏𝟎 𝟓

b) Énergie d’activation Q du fluage secondaire :

Le fluage étant un phénomène activé thermiquement la vitesse de fluage secondaire varie en fonction
de la température selon l’équation suivante :
𝒅𝜺 𝑸
𝒅𝒕 𝑻
= 𝑪𝒆𝒙𝒑 𝑹𝑻
(1)

où : T est la température exprimée en degré absolu (K), C une constante caractéristique du matériau,
R la constante des gaz parfait et Q l’énergie d’activation qui est ici l’inconnue à trouver.
Si l’on applique l’équation (1) à deux températures différentes T1 et T3 et que l’on fait le rapport des

vitesses de fluage à ces températures, on obtient :


𝑸
(𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟑 𝒆𝒙𝒑 𝑹𝑻𝟑 𝑸 𝟏 𝟏
(𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟏
= 𝑸 = 𝒆𝒙𝒑 𝑹 𝑻𝟏
−𝑻 (2)
𝒆𝒙𝒑 𝑹𝑻𝟏 𝟑

En prenant le logarithme des deux membres de l’égalité (2) et en réarrangeant pour faire apparaître
l’énergie d’activation Q, on obtient :
(𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟑 𝑸 𝟏 𝟏 (𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟑 𝑸 𝟏 𝟏
𝑳𝒏 (𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟏
= 𝑳𝒏 𝒆𝒙𝒑 𝑹 𝑻𝟏
−𝑻 𝑳𝒏 (𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟏
=𝑹 𝑻𝟏
−𝑻
𝟑 𝟑

(𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻
𝑹𝑳𝒏 (𝒅𝜺/𝒅𝒕) 𝟑
𝑻𝟏
d’où 𝑸= 𝟏 𝟏 (3)
𝑻𝟏 𝑻𝟑

Ici, on choisit T1 = 700 °C = 973 K et T3 = 900 °C = 1173 K ; avec R = 8,314 J/mole et les valeurs
des vitesses de fluage calculées ci-dessus, on obtient la valeur suivante de l’énergie d’activation Q du
fluage secondaire de ce superalliage.
𝟐,𝟏𝟏𝟑𝟔×𝟏𝟎 𝟓
𝟖,𝟑𝟏𝟒×𝑳𝒏
𝟏𝟎 𝟕
AN : 𝑸= 𝟏 𝟏 = 𝟐𝟓𝟒𝟎𝟎𝟎, 𝟎𝟑𝟖𝟏 𝑱/𝒎𝒐𝒍𝒆 ≈ 𝟐𝟓𝟒 𝒌𝑱/𝒎𝒐𝒍𝒆
𝟗𝟕𝟑 𝟏𝟏𝟕𝟑

c) Déformation élastique instantanée des aubes en service :

La déformation élastique instantanée des aubes est donnée par la loi de Hooke appliquée à l’aube :

𝜎 450 𝑀𝑃𝑎
𝜀é = = = 2,5 × 10 = 0,25%
𝐸 180 𝐺𝑃𝑎
d) Temps pour réaliser l’inspection dimensionnelle des aubes travaillant à 800 °C :

Il faut tout d’abord connaître la déformation totale tolérable quand le jeu sera réduit de moitié donc
égal à 1,5 mm. L’allongement absolu des aubes sera donc égal à 1,5 mm, ce qui donne une
,
déformation totale : 𝜀 = = = 𝟏, 𝟓 %

Cette déformation totale 𝜀 est la somme de la déformation élastique 𝜀é et de la déformation


plastique 𝜀 de fluage. On en déduit donc la déformation plastique maximale permise 𝜀 :

𝜀 = (𝜀 −𝜀é ) = (1,5 − 0,25) % = 1,25% = 1,25 × 10

On peut décomposer la déformation plastique 𝜀 en deux parties, la première étant la déformation

D’après la figure ci-dessus, il faut donc déterminer le temps 𝑡 d’inspection correspondant au point
F de la courbe à 800 °C.

𝜀 = 𝜀 −𝜀 = (1,25 − 0,5) % = 0,75% = 7,5 × 10

L’intervalle de temps ΔtEF requis pour produire la déformation plastique 𝜀 est donné par
l’équation suivante :
∆𝑡 = (𝒅𝜺/𝒅𝒕) (4)
𝑻𝟐

La valeur de la vitesse de fluage à la température T2 ( égale à 800 °C soit 1073 K) n’étant pas
connue, il faut donc calculer cette valeur en appliquant l’équation (2) donnée ci-dessus pour les
températures T2 = 1073 K et T1 = 973 K. On obtient la valeur suivante de la vitesse de fluage à 1073
K:
𝑸
(𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟐 𝒆𝒙𝒑 𝑹𝑻𝟐 𝑸 𝟏 𝟏 𝒅𝜺 𝒅𝜺 𝑸 𝟏 𝟏
(𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟏
= 𝑸 = 𝒆𝒙𝒑 𝑹 𝑻𝟏
−𝑻 d’où 𝒅𝒕 𝑻𝟐
= 𝒅𝒕 𝑻𝟏
𝒆𝒙𝒑 𝑹 𝑻𝟏
−𝑻
𝒆𝒙𝒑 𝑹𝑻𝟏 𝟐 𝟐

𝒅𝜺 𝟐𝟓𝟒𝒌𝑱/𝒎𝒐𝒍𝒆 𝟏 𝟏
AN : 𝒅𝒕 𝑻𝟐
= 𝟏𝟎 𝟕 𝒆𝒙𝒑 𝟖,𝟑𝟏𝟒𝑱/𝒎𝒐𝒍𝒆 𝟗𝟕𝟑
− 𝟏𝟎𝟕𝟑 = 𝟏𝟖, 𝟔𝟓𝟕 × 𝟏𝟎 𝟕
≅ 𝟏, 𝟖𝟔𝟔 × 𝟏𝟎 𝟔
𝒉 𝟏

En portant dans l’équation (4) les valeurs numériques obtenues pour 𝜀 et pour (𝒅𝜺/𝒅𝒕)𝑻𝟐 , on
obtient ainsi l’intervalle de temps ∆𝑡 :
, ×
= (𝒅𝜺/𝒅𝒕) ∆𝑡 = 𝟏,𝟖𝟔𝟓𝟕×𝟏𝟎 𝟔 = 4019,94 ℎ ≅ 4020 ℎ
𝑻𝟐

À cet intervalle de temps, il faut ajouter les 1000 heures requises pour atteindre le point E. Donc le
temps auquel il faudra procéder à l’inspection est égale à 5020 heures (environ 209 jours).

e) Temps d’inspection pour une vitesse de rotation plus élevée :

Une vitesse de rotation plus élevée signifie une force centrifuge plus grande, donc une contrainte
plus élevée dans l’aube. La contrainte étant plus élevée, la vitesse de fluage sera plus grande. Il
faudra donc inspecter les aubes plus fréquemment.

Plus court

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