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Triangle dramatique

http://fr.wikipedia.org/wiki/Triangle_dramatique

Le Triangle dramatique, dit aussi Triangle de Karpman, est une figure d'analyse transactionnelle
proposée par Stephen Karpman en 1968 qui met en évidence un scénario relationnel typique entre
Victime, Persécuteur et Sauveur (ces rôles étant symboliques, une même personne peut changer de
rôle).

C'est une schématisation qui tend à exprimer que si une personne utilise un de ces rôles (par
exemple la victime), elle entraîne l'autre à jouer un rôle complémentaire (le Sauveur ou le
Persécuteur). L'expression de ce scénario permet de déceler la mécommunication : on peut souvent
l'utiliser pour exprimer les mécanismes ayant généré un conflit.

Ce modèle peut également être appliqué à des situations de manipulation (donc subies comme
désagréables) : par exemple si nous appelons le sujet persécuteur S1 et son souffre-douleur S2, alors
S1 peut se poser en Sauveur, affirmant à S2 qu'il est le Bourreau d'une Victime (personnage en
général invité dans la conversation, pour les besoins de la manipulation).

Un exemple : S1 affirme à S2 : « Tu n'as pas honte de refuser de manger ces bons haricots verts ?
Quand je pense aux efforts que Pépé a faits pour les semer, les desherber, et les ramasser alors qu'il
a mal au dos, tu me fais de la peine ! » Dans cet exemple, où le grand-père (décrit en Victime) est
bien sûr absent, le parent S1 qui gronde l'enfant S2 aurait tout aussi bien pu évoquer la personne qui
a fait l'effort de cuisiner, ou n'importe qui d'autre, comme victime du bourreau… Nous ressentons
dans de telles circonstances l'envie de dire : « mais ça n'a rien à voir ! » au manipulateur S1, qui se
fait passer ici pour un Sauveur, alors qu'il fait pression de manière indue (il serait possible de parler
de l'utilité qu'il y a à goûter de chaque plat, ou d'avertir l'enfant que s'il refuse totalement les
haricots il n'aura pas à réclamer une seconde part de dessert, etc. ce qui serait une manière moins
détournée de gérer le refus d'un enfant de manger ce qui est proposé…).

Des manipulations peuvent être analysées selon ce modèle du triangle dramatique, en considérant
chacun des trois sommets du triangle, selon les cas rencontrés ; c'est-à-dire que S1 pourrait se
positionner en Victime et parle alors de S2 comme de son Bourreau, etc.
http://www.executivecoaching.be/Article_TriangleDramatique_Fr_1.htm

Pour détecter et sortir des jeux de pouvoir en entreprise


Le triangle dramatique : comment le détecter, comment s’en sortir ?

« Les victimes d'hier sont les bourreaux de demain. » Victor Schoelcher (Homme politique antillais)

Parmi les jeux de pouvoir les plus présents en entreprise, le plus courant est le triangle dramatique.
Le triangle dramatique mis en exergue en 1968 par le Dr. Stephen Karpman (psychologue
américain spécialisé en analyse transactionnelle) est un mode de fonctionnement relationnel
préjudiciable pour chaque personne impliquée et pour l’entourage. La plupart d’entre nous tombons
encore régulièrement dans le panneau, par manque de vigilance, tant dans notre vie professionnelle
que personnelle. A chaque fois, on en sort épuisé et meurtri.

L’objet de cet article est d’analyser la problématique du triangle dramatique dans le contexte de
l’entreprise et notamment de répondre à trois questions-clés : Comment le détecter ? Comment
l’éviter ? Comment s’en sortir ?

Qu’est-ce que le triangle dramatique ?

Le triangle dramatique illustre schématiquement un jeu de pouvoir impliquant trois rôles différents
mais intimement liés :

 Persécuteur (ou Bourreau) : il s’agit du rôle de l’agresseur, de l’attaquant. Le persécuteur peut


être une personne, un événement, une situation donnée. Il est généralement perçu comme
négatif quoique dans certaines situations, le persécuteur puisse être un innovateur, un initiateur,
la source d’une salutaire remise en question.

 Victime : il s’agit du rôle de la personne qui subit l’agression du persécuteur. A nouveau, ce


rôle est généralement perçu comme non désirable quoique dans certains cas, la victime puisse
profiter du déséquilibre créé pour enclencher un changement bénéfique.

 Sauveur : il s’agit du rôle du protecteur, du chevalier blanc. A première vue, ce rôle est perçu
comme positif alors qu’il contribue souvent à renforcer la dynamique du triangle dramatique.

Voici quelques exemples de situations d’entreprise susceptibles de refléter un triangle dramatique :

- supérieur hiérarchique, moi et responsable RH,

- collègue, moi et supérieur hiérarchique,


- collègue, collègue et moi,

- restructuration, moi et syndicat,

- licenciement, moi et bureau d’outplacement,

- situation, personne coachée et coach.

Les trois rôles impliquent généralement trois intervenants différents mais pas toujours. Un triangle
dramatique peut se dérouler entre deux personnes, une d’entre elles passant alors d’un rôle à l’autre.
Lorsqu’il y a plus de trois personnes impliquées, un même rôle est rempli par plusieurs d’entre
elles.

La plupart d’entre nous sommes programmés pour jouer les trois rôles. En fonction des
circonstances et de notre état d’esprit du moment, nous choisirons consciemment ou
inconsciemment un des trois rôles. Certaines personnes privilégient toutefois un rôle donné car il
leur apporte l’illusion de certains avantages. Par exemple, le rôle de victime permet d’attirer
l’attention des autres, le rôle de persécuteur nous donne du pouvoir, et le rôle du sauveur nous
donne une image positive de nous-même.

Lorsque nous sommes mis en présence d’un de ces trois rôles, nous avons tendance à adopter
inconsciemment un des deux autres rôles. Face à une victime, nous endosserons instinctivement le
rôle du sauveur ou du persécuteur. Nous pouvons aussi passer d’un rôle à l’autre sans nous en
rendre compte. Par exemple, après avoir voulu secourir dans un premier temps un collègue
geignard, nous nous impatientons face à son auto-apitoiement et devenons nous-même persécuteur.

Les managers et les coachs sont régulièrement confrontés à des situations de triangle dramatique.
Comme déjà mentionné, toutes les situations triangulaires ne sont pas négatives. Certaines sont
même nécessaires. Il est toutefois utile de savoir identifier une situation sujette à un triangle
dramatique afin de pouvoir désactiver tout jeu de pouvoir dommageable pour les intervenants et
pour l’entreprise.

En quoi est-il préjudiciable à l’entreprise ?

Une situation de triangulaire devient de type “dramatique” lorsqu’un jeu de pouvoir s’établit entre
les protagonistes. Ce jeu de pouvoir active souvent une dynamique négative qui amplifie le
problème plutôt qu’elle ne le résout, poussant chacun à se retrancher davantage dans ses positions.

Dans le contexte d’une entreprise, ce type de fonctionnement quoique courant est malsain car il
attise les conflits larvés ou déclarés, coupe toute forme de dialogue constructif, génère du
ressentiment, encourage les interprétations erronées et provoque souvent des réactions
émotionnelles exagérées. Il en résulte une mauvaise performance, des conflits interpersonnels, une
mauvaise ambiance de travail, voire une augmentation de l’absentéisme.

Comment le détecter ?

Tout jeu de pouvoir génère un malaise dans le chef d’un ou de plusieurs protagonistes.

Un moyen simple pour détecter rapidement lorsqu’un jeu de pouvoir de type triangle dramatique se
met en place est d’évaluer l’équilibre dans la relation. « Cette interaction est-elle à parité ou me
sens-je supérieur ou inférieur à mon ou mes interlocuteurs ? » Si la réponse est du genre « Je suis
OK mais vous n’êtes pas OK », il y a fort à parier que vous endossiez le rôle de persécuteur ou dans
une certaine mesure de sauveur. Si la réponse est « Je ne suis pas OK mais vous êtes OK », vous
vous comportez vraisemblablement en victime. Dès qu’un protagoniste de la relation se sent
inférieur ou supérieur à l’autre, il convient d’être vigilant.

Comment l’éviter ?

Le meilleur moyen d’éviter d’être pris dans un triangle dramatique est de veiller à ne pas soi-même
endosser spontanément un des trois rôles.

Si je me sais enclin à chercher la sympathie ou le soutien des autres, je serai particulièrement


attentif à ne pas me poser en victime pour faire en sorte que les autres règlent mes problèmes.

Si je suis de nature colérique, autoritaire ou directive, je serai vigilant à ne pas agresser verbalement
mon entourage même si je juge qu’il fait mal son boulot.

Et finalement, si je suis du genre à vouloir aider les autres, je vérifierai si les quatre conditions
suivantes sont remplies : 1) m’a-t-on explicitement demandé mon aide ? 2) ai-je l’envie, les
compétences et les moyens pour intervenir ? 3) le demandeur est-il prêt à se prendre en charge lui-
même ou va-t-il me refiler son fardeau ? 4) quels sont les critères qui me permettront de juger quand
ma mission d’aide est accomplie ?

Comment s’en sortir ?

Lorsque vous estimez être pris dans une situation de triangle dramatique, et ce quelque soit le rôle
que vous y jouiez, vous avez la capacité de vous en sortir. Le moyen le plus radical est la fuite.
Quoique nécessaire dans certaines situations, cette attitude risque de ne pas résoudre le problème
qui se répétera à l’envi.

Voici une technique en cinq étapes pour non seulement vous dégager personnellement d’une telle
situation inconfortable mais aussi pour la désamorcer efficacement, pour le bien de tous. Cette
technique part du postulat que les trois protagonistes sont si étroitement reliés entre eux que le
changement de comportement d’un d’entre eux aura un impact sur les autres.

- Etape 1 : Tout d’abord, il convient de ressentir le déplaisir croissant suscité par le jeu de
pouvoir en action. La prise de conscience de ce malaise va nous pousser à réagir et à provoquer
un changement, quitte à devoir traverser un moment d’inconfort.

- Etape 2 : Avant de réagir, il est utile de prendre du recul par rapport à la situation et d’identifier
le rôle présent de chacun, y compris de nous-même.

- Etape 3 : Nous établissons mentalement une stratégie d’intervention selon nos aptitudes, notre
humeur du moment, les autres protagonistes et la situation en jeu : humour, expression de notre
ressenti à propos de la situation, recherche d’intentions positives derrière les comportements,
symbolisation des interactions en cours, usage de métaphores, etc.

- Etape 4 : Nous exprimons clairement notre analyse de la situation, non plus en nous acharnant
sur le contenu mais en communiquant sur l’interaction elle-même. Un moyen efficace pour
recevoir l’assentiment des autres protagonistes vis-à-vis de cette démarche, est d’énoncer des
faits incontestables relatifs à l’interaction, non pas pour juger mais pour dépassionner le débat et
rétablir une communication « neutre ». Nous insistons ensuite sur les points d’accord et
remercions chaque protagoniste pour sa contribution à restaurer un climat de relation équilibrée.
- Etape 5 : Finalement, nous vérifions que chacun se sente confortable avec les points d’accord
tout en essayant de les élargir le plus possible et de mettre en place un nouveau « modus
operandi » entre les protagonistes.

Avec un peu de pratique, ce processus devient de plus en plus naturel. Appliqué dans le cadre de
l’entreprise, il s’avère également bien utile dans notre vie familiale et notre environnement social.

Conclusion

Si l’on n’y prend garde, beaucoup d’interactions dans l’entreprise sont sujettes à des jeux de
pouvoir du type triangle dramatique. Pour notre propre confort et celui de notre entourage, il
convient d’être vigilant par rapport à notre mode d’interaction favori afin de ne pas engendrer de
telles situations. Si nous nous surprenons à être pris dans un triangle dramatique, le meilleur moyen
de s’en sortir est d’inviter de façon bienveillante les différents acteurs à analyser le mode de
fonctionnement de la relation plutôt que de continuer à discuter du contenu. Cette technique permet
à chacun de prendre du recul par rapport à son comportement et de restaurer ainsi une relation
équilibrée.
http://www.psycho-ressources.com/bibli/aider.html

Aider sans agir en sauveteur *

Par Alain Rioux Ph. D., Psychologie


| Ma page Psycho-Ressources |
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Êtes vous un sauveteur?

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Vous arrive-t-il de venir en aide à des personnes qui ne vous ont pas
clairement exprimé qu'elles avaient besoin de vous ?

Vous sentez-vous coupable ou fautif lorsque quelqu'un de votre entourage


éprouve des difficultés à se prendre en charge ?

Vous sentez-vous quelquefois en colère parce que vous êtes convaincu que
cette personne irait beaucoup mieux si elle suivait vos directives ?

Vous arrive-t-il de vous sentir exploité dans votre travail et d'avoir


l'impression que vous n'êtes pas apprécié malgré tout ce que vous faites pour
aider les autres ?

Si vous avez répondu: OUI, à une de ces questions, il est possible que vous
adoptiez à l'occasion des comportements de sauveteur à l'égard de votre
entourage. Ces comportements vous placent dans une situation inconfortable et
risquent de vous mener à l'épuisement. Ils peuvent vous empêcher d'aider les
personnes qui ont légitimement besoin d'aide et le demande.

Les sauveteurs potentiels

Plusieurs personnes ont choisi de travailler dans les secteurs de la santé et des
services sociaux, motivées par le désir d'aider. Elles ont généralement une conscience
sociale plus développée et sont sensibles aux difficultés vécues par leur entourage. La
compassion qu'elles ressentent guide une attitude authentique et leur permet
d'accorder leur aide en toute connaissance de cause. Cependant, l'aidant doit se
protéger des missions de sauvetage ou de l'investissement total en autrui qui sont
désastreuses pour lui-même et les personnes qu'il souhaite aider. Effectuer un
sauvetage prive souvent l'autre de sa liberté d'action. La motivation du sauveteur est
souvent d'accomplir un exploit qui s'éloigne du désintéressement propice à une aide
thérapeutique.

D'après Melody Beattie, thérapeute auprès d'alcooliques et de toxicomanes, les


attitudes du sauveteur se retrouvent beaucoup chez les conjoints d'alcooliques. Il s'agit
d'une des composantes propre à la codépendance que vivent ces personnes à l'égard
des conjoints alcooliques. Le codépendant agit souvent en sauveteur en se sacrifiant
pour l'autre. Il vole à son secours en mettant de côté ses propres besoins, émotions et
désirs. Selon Melody Beattie, le sauvetage est constitué de "tous les actes qui
contribuent à faire qu'un alcoolique continue de boire, qui l'empêchent d'en supporter
les conséquences ou lui rendent les choses plus faciles sans qu'il ait rien à changer à
ses habitudes". Un autre thérapeute, Scott Egleston signale que "l'on agit en sauveteur
chaque fois que l'on prend quelqu'un en charge, dans ses pensées, ses sentiments,
ses décisions, ses attitudes, son évolution, son bien-être, ses problèmes ou son
destin."

Le triangle de Karpman

Les observations de Stephen B. Karpman sur les comportements de sauveteur et les


rôles correspondants lui ont permis de mieux comprendre cette dynamique qu'il résume
dans un triangle étonnamment véridique.

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TRIANGLE TRAGIQUE DE KARPMAN

SAUVETEUR

VICTIME
PERSÉCUTEUR

La dynamique

C 'est souvent de la pitié, de la culpabilité ou simplement l'anxiété qui mettent le


sauveteur en action. Celui-ci est la plupart du temps convaincu qu'il doit absolument
faire quelque chose. Il croit savoir ce qu'il faut faire mieux que quiconque, se sent
indispensable et irremplaçable même si on ne lui a rien demandé. Il est porté à croire
que le monde ne peut fonctionner sans lui, que la personne en face de lui est incapable
de se débrouiller seule, de se prendre en charge elle-même. En fait, il se croit plus
compétent que la personne elle-même pour décider de ce qui est bon pour elle. Le
sauveteur agit avec une bonne intention, il se sent à cette étape une âme charitable et
un grand coeur, mais il protège quelqu'un sans tenir compte de ses besoins réels.

Malgré cette image de pureté relative, c'est plutôt pour se libérer de l'inconfort ressenti
par la détresse de l'autre, que le sauveteur passe à l'action. Malheureusement, il se
rend compte rapidement qu'il ne voulait pas vraiment faire cela, il s'irrite et la plupart du
temps il s'en veut. Il s'aperçoit que ce qu'il a fait n'était pas vraiment de son ressort ou
encore il se retrouve avec des problèmes qui ne le concernent pas ou sont très
différents de ce qu'il avait imaginé. Il se demande s'il n'est pas allé trop loin, ne sait
plus où s'arrêter et voit la dépendance de l'autre s'installer. Bref, il s'est sacrifié et il
s'en veut. De plus, la victime, cette âme en détresse ne lui témoigne aucune
reconnaissance. Elle ne se comporte pas correctement et n'écoute plus les conseils.
Elle se sent contrôler, incapable d'agir et résiste.

Le persécuteur et la victime

Loin de s'améliorer, la personne sauvée, libre de toutes responsabilités, poursuit ses


comportements destructeurs et elle a tout le loisir d'en faire le reproche au sauveteur.
Si celui-ci est convaincu de sa mission, il poursuit un peu plus ses efforts, toujours en
laissant de côté ses besoins et désirs. A ce moment, le sauveteur peut finir par
s'épuiser et abandonner. Il se sent alors exploité, vidé et devient lui-même victime.
Autrement, il laisse le gilet de sauvetage pour le gourdin et se transforme en
persécuteur. Il impose des règles sévères qui doivent être respectées. Il surveille
attentivement le comportement de l'autre et au moindre écart, intervient. Il se met en
colère et menace de couper les privilèges. Dans le couple où un conjoint est
alcoolique, c'est à cette étape que le sauveteur menace de le quitter s'il ne stoppe pas
sa consommation d'alcool. Quelquefois cette tactique fonctionne, mais le changement
est factice puisque le buveur est menotté plutôt que libéré de son alcoolisme.

En harcelant, contrôlant et persécutant l'autre, le sauveteur finit tôt ou tard dans le coin
de la victime. Les sentiments à cette étape sont extrêmement douloureux et vont de la
perte d'estime à une sensation profonde d'inadéquation. Malheureusement, le cycle
continue de se répéter tant et aussi longtemps que le sauveteur ne se rend pas compte
de sa dynamique. Il parcourt à nouveau le triangle de Karpman, quelquefois en une
journée, quelquefois en plusieurs mois.

Se libérer du sauvetage

Il n'est pas facile pour le sauveteur de changer sa façon d'agir. Comme nous l'avons
dit, il ressent au point de départ de la pitié, de la culpabilité ou de l'anxiété et c'est pour
calmer ses émotions désagréables qu'il se porte au secours de l'autre. Cette façon de
réagir, le sauveteur l'a souvent apprise dans son enfance surtout s'il a dû prendre soin
d'un parent malade, alcoolique ou souffrant d'un problème d'adaptation sociale. Même
enfant, il a dû prendre soin de l'autre à un moment de sa vie où il aurait dû apprendre à
prendre soin de lui-même. Ainsi, il perpétue à l'âge adulte ce qu'il a appris dans
l'enfance et continue de porter secours à tous sauf à lui-même. Le sauveteur a de la
difficulté à reconnaître ses propres désirs, ses propres besoins. C'est à travers les
autres, et à son propre détriment, qu'il cherche à se valoriser et à se réaliser. Pour ne
plus avoir besoin de voler au secours des autres, il doit apprendre à prendre soin de lui-
même. Il doit le faire malgré la culpabilité, la tristesse et la colère qui surgissent
lorsqu'il se rend compte qu'il s'est négligé pendant tant d'années.

Pour briser le cycle du sauvetage et sortir du triangle, le sauveteur doit d'abord se


prendre en charge lui-même mais il doit aussi, au quotidien, apprendre à distinguer le
rôle d'aidant du gilet de sauveteur. En premier lieu, lorsque quelqu'un près de lui vit
une difficulté, l'aidant doit prendre le temps de bien écouter le message qui lui est livré
en intervenant le moins possible. Quelquefois, écouter suffit mais si ce n'est pas le cas,
écouter lui permettra d'évaluer s'il peut être utile ou non.

Deuxièmement, il est primordial d'avoir une demande claire avant d'aider quelqu'un,
dans la mesure où la personne a la possibilité de faire cette demande. Il est souvent
utile de poser simplement la question: "Aimeriez-vous avoir mon aide ?" Par la suite, il
est possible de clarifier si tout le problème est de son ressort où s'il n'aura pas, lui
aussi, besoin d'aide. Avant de passer à l'action, l'aidant peut se poser plusieurs
questions: Suis-je la meilleure personne pour répondre à cette demande ? De quelle
façon vais-je partager les responsabilités ? Quel est mon objectif ? Qu'est-ce que je
dois éviter de faire ? Quelles sont les limites à l'aide que je désire prodiguer ? Suis-je
confortable avec l'aide que je me prépare à offrir ?

Finalement, les besoins, les désirs et le bien-être de l'aidant ne devraient jamais souffrir
ou alors le moins possible, du secours qu'il porte à autrui. Lorsque l'inconfort surgit
c'est le meilleur signal d'alarme pour qu'il se rende compte qu'il se sacrifie au lieu
d'aider et que le sauveteur se prépare à faire son apparition.

Bibliographie

Beattie, M. (1992). Vaincre la codépendance. Montréal: Éditions Hazelden.

Bradshaw, J. (1992). La famille. Laval: Éditions Modus Vivendi.

Freudenberger, H. (1987).L'épuisement professionnel: La brûlure interne. Québec:


Gaétan Morin.

Schuller, R. A.(1994).Maîtriser vos comportements. Québec: Les Éditions un monde


différent Ltée.

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Note

* Cette article a été publié dans Psychologie Québec en août 1994.

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