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IDP - EXERCICES PRATIQUES (1ère séance)

Premier thème : Droit de suite et droit de préférence


a. Premier casus
Marcel est fonctionnaire à l’administration communale de Liège. Après une vie de dur labeur, il accède enfin
à la pension. Malheureusement, ce bonheur tant attendu est de courte durée, car Marcel décède aussitôt d’une
crise cardiaque.
Nous sommes le 25 novembre 2002. Sa succession s’ouvre. Elle se compose d’un studio, situé rue Barbe
d’Or, d’une valeur de 20.000€, ainsi qu’un mobilier garnissant cet immeuble (5000€) et sa fidèle Lada
(5000€). Marcel devait encore rembourser 25.000€ à l’OCCH, qui dispose bien entendu d’une hypothèque
sur le studio. Marcel devait, en outre, 10.000€ ) son vieil ami Jules depuis le 1er janvier 2010, et 15.000€ à sa
tante Adélaïde qui avait financé l’achat de sa Lada en 1998. Marcel n’a pas d’héritier légal; sa concubine, à
qui il avait légué toute sa « fortune » par testament, s’empresse de refuser la succession.
Question 1: Que va recueillir chacun de ses créanciers?
1. Si il n’y a que des créanciers chirographaires, dépourvus d’un droit de suite ou de préférence, se
répartissent l’argent au marc le franc. Chaque créancier chirographaire reçoit une partie de l’actif
proportionnellement à sa créance.
Actif: 30.000€ Passif: 50.000€
=> 30.000€/50.000€ = 3/5 donc chaque créancier chirographaire devrait obtenir 3/5 de sa créance.
2. Mais on a un créancier hypothécaire. Le droit d’hypothèque est muni d’un droit de suite et d’un droit de
préférence car il s’agit d’un droit réel. Le créancier hypothécaire sera remboursé de sa créance en priorité.
Mais ici l’hypothèque ne porte que sur l’appartement, mais n’oublions pas que cet appartement ne vaut que
20.000€. Sur ces 20.000€ uniquement, le créancier hypothécaire sera privilégié.
L’actif est passé de 30.000 à 10.000€ après remboursement d’une partie de la créance de l’OCCH et du cote
du passif on a 30.000€.
3. La banque n’a plus de droit de préférence et redevient créancier chirographaire pour le reste de sa créance
(5.000€). On procède donc à une répartition au marc le franc entre les 3 créanciers chirographaires.
=> 10.000€/ 30.000€ = 1/3 donc chaque créancier chirographaire devrait obtenir 1/3 de sa créance.
Ainsi, Adélaïde reçoit 5.000€; Jules reçoit 3.333,33€ et l’OCCH reçoit 1.666,66 €

CONCLUSION: L’OCCH reçoit au total 21.666,66€; Adélaïde reçoit 5.000€ et Jules reçoit 3.333,33€.

b. Deuxième casus
La S.P.R.L. Lada-Embourg, concessionnaire de Marcel, tombe en faillite. Le curateur chargé de liquider la
faillite constate que le garage a pour créanciers principaux:
- Lada Belgium qui a fourni de nombreuses pièces détachées impayées (100.000€);
- ING et BNP, créancières du garage à concurrence de 100.000€ chacune;
- Le garage Mercedes de Liège qui avait fourni récemment une dépanneuse au garage Lada pour remorquer
ses clients en panne.
Le prix de la dépanneuse avait été fixé à 50.000€.

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ING et BNP ont chacune un hypothèque sur les bâtiments de l’entreprise faillite; ces ING et BNP; ces
hypothèques ont été inscrites dans le registre de la conservation des hypothèques de Liège respectivement le
26 février 2010 et le 5 septembre 2012.
Le contrat de vente de la dépanneuse stipule que « le bien vendu, par dérogation à l’article 1583 du code
civil, restera la propriété du vendeur jusqu’au complet paiement du prix ». Dans l’actif de la faillite, on
trouve les bâtiments (vendus pour 150.000€), le matériel (50.000€) et la dépanneuse (qui vaut toujours
50.000€).
Par souci de simplification on suppose qu’aucun des créanciers ne bénéficie d’un privilège légal.
Question 2: Comment répartir l’actif entre les créancier?

1. Actif = 150.000€ d’immeuble, 50.000€ dépanneuse; 50.000€ de matériel Passif= 350.000€


On donne effet a la clause de réserve de propriété. Les obligations de dare sont en principe réalisées de
manière automatique par et au moment de l’échange des consentements en vertu de l’article 1138 et plus
particulièrement en matière de vente en vertu de l’article 1583. Il existe deux exceptions légales à cela:
les choses de genre et les choses futures. A coté de ces deux exceptions légales, les parties peuvent
prévoir entre elles que le transfert de propriété va être retardé. C’est la clause de réserve de propriété.
Article 101 de la loi sur les faillites: pour que cette clause soit valable il faut qu’elle existe au moment où
Mercedes a livré la voiture au garage.
La réforme des suretés réelles mobilières renforce l’efficacité des clauses de réserve de propriété:
soustrait la clause de réserve de propriétés de la loi sur les faillites pour la placer dans le code civil.
Articles 69 et suivants viseront cette clause de réserve de propriété. En l’intégrant dans le code, ça veut
dire qu’on ne réduit plus son effet au seul cas de la faillite mais à toutes les hypothèses de concours qui
peuvent survenir. Cette réforme repose sur le registre national des gages qui n’est pas encore mis en
place et donc il faut attendre au plus tard le 1er janvier 2017 pour que la loi entre en vigueur.
=> La dépanneuse sortait donc de l’actif
2. Actif = 150.000€ d’immeuble et 50.000€ de matériel Passif= 300.000€
On regarde la date d’inscription au registre des hypothèques. Ici, ING est créancier hypothécaire en
premier rang car il est le premier a avoir inscrit son hypothèque au registre. Il peut donc se rembourser
avec 100.000€ de l’argent de la vente des bâtiments. Fortis récupère le solde de cette vente, à savoir
50.000€. ING n’a plus de créance mais Fortis doit encore récupérer 100.000€. Fortis passe créancier
chirographaire.
3. Actif = 50.000€ de matériel Passif = 150.000€
Nous sommes face à deux créanciers chirographaires donc on procède à une répartition au marc le franc.
50.000€/150.000€ = 1/3 donc chacun des créanciers va pouvoir être remboursé de 1/3 de la créance qui
lui est due.
Fortis reçoit donc 16.666€ en plus et Lada reçoit 33.333€

CONCLUSION:
- Fortis a reçu 66.666€
- Lada a reçu 33.333€
- Mercedes reprend les 50.000€ de la dépanneuse
- ING a reçu 100.000€.

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Deuxième thème: Droits, Obligations et Actions
c. Troisième casus
X est usufruitier d’un immeuble, qu’il a occupé durant toute l’année 2001. En février 2002, il reçoit un
avertissement extrait de rôle pour le précompte immobilier relatif à l’année 2001. Sauf convention contraire,
le précompte immobilier relatif à un immeuble dont le droit de propriété est démembré est à charge de
l’usufruitier.
Question 3: L’obligation de payer le précompte est-elle morale, réelle, personnelle ou intellectuelle?
* Obligation réelle: obligation qui pèse sur une personne car elle est propriétaire d’un bien qu’elle a mis au
service d’autrui en lui conférant un droit réel. Dans ce cas c’est le nu-propriétaire qui est tenu d’une
obligation réelle.
* L’obligation de payer le précompte est une obligation personnelle.
d. Quatrième casus
Dirk est propriétaire d’une parcelle de terrain au bord de la Semois. Malheureusement, son fond est grevé
d’une servitude de passage au profit du voisin, Koen. En outre, son titre de propriété prévoit que c’est lui qui
doit procéder aux répartitions du chemin.
Question 4: Quelle affirmation est inexacte?
- L’obligation de laisser passer est une obligation réelle principale.
- L’obligation d’entretenir le chemin est une obligation personnelle accessoire.
- L’obligation de laisser passer est une obligation négative de non-facere.
- L’obligation d’entretenir le chemin n’est pas une obligation positive de dare.
Question 5: Dirk, après une dizaine d’inondations de son terrain, jette le gant et part s’installer dans les
Alpes. Il donne son terrain à son vieil ami Bart. Dans la rigueur des principes, qui doit, à partir de ce
moment, entretenir le chemin que continue à employer Koen?
- Koen lui même
- Dirk
- Bart
- Personne, le droit s’éteint
- Dirk et Bart solidairement.

Question 4
3
L’obligation réelle principale ne peut jamais qu’être une obligation de non-facere.
e. Cinquième casus
Johan vient enfin de trouver le terrain de ses rêves. Ne disposant cependant pas de tous les fonds nécessaires
à l’acquisition de ce terrain, il contracte un emprunt auprès de Belfius. Cette dernière exige cependant une
sûreté. Aussi, Johan lui concède une hypothèque sur le terrain et sur le chalet qu’il y édifie. Johan est donc
débiteur hypothécaire de Belfius. En cette qualité, il a notamment l’obligation de ne pas dégrader son
immeuble.
Hélas, par mégarde, Johan s’endort en fumant une cigarette et son beau chalet s’envole en fumée. Belfius
s’attaque à lui en disant qu’il n’ a pas respecté ses obligations.
Question 6: Que trouve-t-on dans le chef de Johan?
1. Une obligation réelle uniquement
2. Personnelle uniquement
3. Des obligations personnelle et réelle
4. Un droit réel accessoire
5. Une obligation réelle accessoire
Johan a contracté une dette auprès de la banque. Il s’est engage envers quelqu’un d’autre à restituer une
somme d’argent = obligation personnelle.
En tant que propriétaire il a mis son bien au service de la banque en lui conférant un droit d’hypothèque
dessus = obligation réelle.
Attention son obligation est une obligation de moyen, pas de résultat.
f. Sixième casus
Simone a vendu sa machine à coudre industrielle à Josiane. Il y a eu un transfert de propriété dés l’échange
des consentements (articles 1138 et 1583 c.c.). Josiane ne paye pas le prix et Simone s’énerve. Elle est en
droit de demander l’anéantissement du contrat. A cet effet, elle doit intenter ce qu’on appelle une action en
résolution. L’effet de cette action est le retour au « pristin état »: Josiane ne payer pas mais elle doit restituer
la machine.
Question 7: L’action résolutoire est:
- personnelle
- réelle
- imprescriptible
- inutile

Action réelle: action intentée soit par une personne qui se prétend propriétaire d’une chose (action en
revendication) soit titulaire d’un droit réel sur cette chose (action confessoire et négatoire).
Simone ne prétend pas être propriétaire de la machine, elle veut récupérer son bien car la personne en face
d’elle n’a pas exécuté les obligations qui découlent du contrat.

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IDP - EXERCICES PRATIQUES (2ème séance)
Premier thème: la possession
Premier casus
Anémone vient de décéder à l’âge de 77 ans. Sa fille, Marie-Rose, est seule héritière. Celle-ci n’était
cependant plus en contact avec sa maman depuis de nombreuses années. La rancoeur et l’amertume s’étaient
en effet installées entre les deux dames en suite d’une violente dispute causée par les tumultes de la vie
amoureuse de Marie-Rose et au cours de laquelle les nom d’oiseaux, les plus divers avaient été échangés. En
feuilletant les albums de photo de sa maman, prises une dizaine d’années plus tôt, elle s’aperçoit qu’un
cheval Tang de la collection de cette dernière a disparu. On finit par découvrir cet objet chez un voisin,
Joseph. Il s’avère que celui-ci était un ami proche de la défunte, qui, depuis des années, venait bénévolement
entretenir le jardin, lui mijoter des bons plats et lui tenir compagnie dans ses vieux jours. Joseph explique
qu’Anémone, quelques mois avant son décès, sentant venir sa fin, est venue sonner à sa porte et lui a remis
une boite en carton qui contenait la terre cuite avec le mot suivant: « En remerciement pour votre
chaleureuse amitié et votre précieuse présence ». Marie-Rose ne l’entend pas de cette oreille: cette poterie
appartenait à sa mère; Joseph n’exhibe aucun titre de propriété: rien ne prouve que le mot qu’il produit
n’était pas attaché à un simple bouquet de fleurs! Elle revendique par conséquent le cheval Tang.
Question 1: Qu’en pensez vous?
1. Joseph n’a rien à craindre. En effet, étant donné la relation amicale qu’il entretenait avec la défunte, il
peut légitimement être considéré comme un acquéreur a non domino de bonne foi. Il est donc protégé par
l’article 2279 du code civil.
2. Joseph a intérêt à invoquer la règle de preuve contenue dans l’article 2279 du Code civil afin d’être
présumé propriétaire.
3. Joseph n’aura d’autre choix que de remettre le cheval à Marie-Rose, héritière légitime d’Anémone,
l’article 2279 du Code civil ne jouant pas en cas de décès.
Article 2279:
1) Règle de preuve: conflit entre deux possesseurs successifs. Le conflit survient généralement entre le
possesseur 2 et les héritiers du possesseur 1. => La possession vaut présomption de titre.
Marie-Rose va devoir renverser cette présomption de propriété:
- soit prouver que les conditions de 2279 ne sont pas remplies => Ex: Joseph est de mauvaise foi
- soit que les conditions de la donation ne sont pas rencontrées. Donc il n’y a pas réellement de titre.
Dans cet article, la bonne foi est la croyance du possesseur dans le caractère licite de son acquisition.
2) Règle de fond: le verus dominus se dessaisît volontairement ou involontairement d’un bien au profit du
non dominus qui vend le bien à un acquéreur a non domino. Le verus dominus intente une action en
revendication pour récupérer son bien.
Dans cet article, la bonne foi consiste à dire que l’acquéreur a non domino doit avoir la croyance d’avoir
acquis son bien du propriétaire véritable.
Deuxième thème: le patrimoine
Deuxième casus
Il y a quelques années, Monsieur Dugluck, riche propriétaire d’un appartement à Knokke-Heist et d’une villa
à Marbella, décide d’investir dans une activité prometteuse: la vente de GSM. Il retire donc 100.000€ de son
compte en banque et les investit dans la S.P.R.L.U. Dugluck, créée pour accomplir cette nouvelle activité
commerciale. Malheureusement , trois magasins similaires ouvrent dans la même rue, si bien que Dugluck
met la clé sous la porte. Le propriétaire de l’immeuble dans lequel la société avait son activité lui réclame le
payement des loyers, mais sans succès.
Question 2: Que peut faire ce dernier?

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1. Il peut saisir les immeubles de M. Dugluck afin de se rembourser sur leur prix de vente.
2. Rien, les immeubles de M. Dugluck font partie de son patrimoine privé, distinct de son patrimoine
commercial.
3. Il ne peut saisir que l’appartement à Knokke, la villa de Marbella étant hors des juridictions belges.
4. Il ne peut toucher au patrimoine de M. Dugluck.
Quand on crée une S.P.R.L.U. on crée une société qui a sa personnalité juridique propre et son patrimoine
propre.

Troisième casus
M. Lefuneste, bon père de famille, décède en laissant un actif de 240.000€ et des dettes de 206.000€.
Lefuneste fils, qui a toujours été dépensier, présente un actif de 60.000€ et un passif de 80.000€. Il est seul
héritier.
Question 3: Qu’a-t-il intérêt à faire?
1. Accepter purement et simplement la succession
2. Refuser la succession
3. Accepter sous bénéfice d’inventaire

Actif Passif Total

Patrimoine du père 240.000 € 206.000 € 34.000 €

Patrimoine du fils 60.000 € 80.000 € -20.000 €

En acceptant purement et simplement, le fils récupère le patrimoine de son père après désintéressement des
créanciers. Il reçoit donc 34.000€ ce qui rembourse ses dettes de 20.000€. Au final, son patrimoine sera en
positif et vaudra 14.000€
En acceptant sous bénéfice d’inventaire, les patrimoines ne sont pas confus immédiatement. Il y a d’abord un
remboursement des créanciers du père, puis une confusion des patrimoines, mais le résultat est le même. Au
final, le patrimoine du fils vaudra 14.000€.

Changeons de données. M. Lefuneste, bon père de famille, décède en laissant un actif de 40.000€ et des
dettes de 220.000€. Lefuneste fils, qui a toujours été dépensier, présente un actif de 60.000€ et un passif de
100.000€. Il est seul héritier et accepte la succession purement et simplement.
Question 4: Les créanciers du père ont-ils intérêt à agir d’une quelconque manière?
1. Oui. Ils doivent introduire une action paulienne
2. Non, la confusion améliore en effet leur situation.
3. Oui, ils ont intérêt à invoquer le bénéfice de séparation des patrimoines.
4. Non, ils n’ont aucun droit sur le choix successoral réalisé par l’héritier.
L’action paulienne n’est pas envisageable car elle requiert une notion de fraude.
Dans le cas d’une acceptation pure et simple, on assiste à une confusion directe des patrimoines, l’actif de la
succession se mélange à celui de l’héritier, de même pour le passif. Or si on avait fait une acceptation sous
bénéfice d’inventaire, on aurait d’abord désintéressé les créanciers du défunt avec le patrimoine du défunt et
le solde irait à l’héritier.
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Actif Passif Total

Patrimoine du père 240.000 € 220.000 € 20.000 €

Patrimoine du fils 60.000 € 100.000 € -40.000 €

Si confusion 300.000 € 320.000 € -20.000 €

Les créanciers étant des créanciers chirographaires n’obtiendront que 30/32 de leur créance si il y a
confusion au lieu de la somme due qu’ils auraient pu récupérer si il n’y avait pas eu confusion des
patrimoines => Ils ont donc intérêt à invoquer le bénéfice de séparation des patrimoines.
Troisième thème: naissance, transmission et extinction des droits
Quatrième casus
Richard décède, sans enfant, ni conjoint. Il a seulement un frère, Jean mais avec qui il n’a plus de contact
depuis qu’il a quitté son pays natal. Son testament stipule ce qui suit: « Je lègue mes biens à deux vieux potes
de gaindaille, Boris et Helmut ».
Question 5: Est-ce envisageable?
1. Non, Jean était héritier réservataire, il a droit à la moitié de la succession de Richard.
2. Oui, Helmut et Boris sont légataires. La succession volontaire prime la succession légale.
3. Oui, car Jean n’est pas un héritier réservataire, la succession volontaire qui n’atteint pas la réserve prime
sur la succession légale
Question 6: Mais qu’advient-il si Helmut, qui n’aime pas les libéralités, refuse la succession?
1. Si Helmut refuse, sa part ira à Boris
2. Si Helmut refuse, sa part ira à Jean
3. Si Helmut refuse, sa part ira à l’Etat.
Question 7: Quid si le testament indiquait « Je lègue la moitié de mes biens à Boris et la moitié à Helmut » et
que Helmut refuse le legs?
1. Si Helmut refuse, sa part ira à Boris
2. Si Helmut refuse, sa part ira à Jean
3. Si Helmut refuse, sa part ira à l’Etat
Boris et Helmut sont des légataires ayant causes universels: le défunt ne donne pas une affectation
particulière à chacun il leur lègue l’ensemble de son patrimoine.
Jean n’est pas héritier réservataire, les héritiers réservataires sont les parents, les enfants et le conjoint
survivant.
Face à deux ayant cause universels, si l’un refuse le legs dont il est bénéficiaire, sa part ira au deuxième
avant-cause universel.
Dans la question 7, on est face à deux ayant-cause à titre universel, en cas de renonciation par l’un à la
succession, sa part ne peut pas revenir à l’autre ayant-cause à titre universel car la volonté du défunt était que
chacun reçoive une moitié de son patrimoine et pas plus. L’héritier légal revient en course pour la
succession.

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Cinquième casus
Fortunato Di Lapido, veuf, décède. Il a un enfant: Mario. Au décès de Fortunato, il reste, une fois ses dettes
payées, des biens d’une valeur totale de 40.000€. On découvre un testament dans lequel Fortunato lègue à
Giovanni une somme de 30.000€. De son vivant, Fortunato avait fait diverses donations: 20.000€ à Maria en
1995, 40.000€ à Sylvia en 1999; 80.000€ à Julia en 2008.
Question 8: Mario est furieux des excès de générosité de son paternel. En réalité:
1. Mario peut prétendre à 20.000€
2. Mario peut prétendre à 180.000€
3. Mario peut prétendre à 70.000€
4. Mario peut prétendre à 90.000€
5. Mario peut prétendre à 10.000€

Bénéficiaire Année Montant

à Maria 1995 20.000 €

à Sylvia 1999 40.000 €

à Julia 2008 80.000 €

Héritage de Giovanni 2015 40.000 €

MASSE HEREDITAIRE 180.000 €

En tant que seul héritier réservataire, Mario peut prétendre à la moitié de la masse héréditaire à savoir
180.000/2 = 90.000 (= réserve). Il récupérera le solde par rapport à l’actif restant, c-à-d 50.000€ dans les
donations faites par son père en partant de la plus récente à la plus ancienne par une action en réduction.
Il pourra donc réclamer 50.000€ des 80.000€ légués à Julia en 2008.
=> QUOTITE DISPONIBLE (= ce que la personne garde pour legs) ET RESERVE (= héritiers
réservataires)?

IDP - EXERCICES PRATIQUES (3ème séance)


Premier thème: formation du contrat
Premier casus
M. Dupont hérite d’un immeuble situé dans une petite rue poussiéreuse, bruyante et mal famée. Il décide de
s’en débarrasser et le vend pour 50.000€.
Les années passent et la ville restructure le quartier dont l’immeuble fait partie. Le tout est transformé en un
splendide piétonnier de lux l’ « Archipel Saint Marcel ». La valeur de l’immeuble quintuple.
M. Dupont enrage
Question 1: Que peut-il faire?
1. Invoquer la lésion pour obtenir l’anéantissement de la vente
2. Introduire une action en nullité de la vente sur base du dol
3. Demander l’anéantissement de la vente sur base de l’erreur.

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4. Se mordre les doigts
Question 2: Quid si l’acheteur, qui se révèle être un des promoteurs des travaux d’embellissement du
quartier, était à l’époque au courant du projet et a démarché activement M. Dupont? M. Dupont peut alors:
1. Invoquer la lésion qualifiée pour obtenir l’anéantissement de la vente
2. Introduire une action en nullité de la vente sur base de dol
3. Demander l’anéantissement de la vente sur base de l’erreur
4. Rien. Telle est la loi du marché.
Question 1:
On est au stade de la formation du contrat. On pourrait penser à une lésion: disproportion manifeste entre les
prestations réciproques des parties. Or, la lésion doit être contemporaine au moment de la vente, or, ce sont
des années après la vente que l’immeuble a quintuplé de valeur. La lésion n’était pas existante au moment de
la vente. Dans ces conditions, la lésion n’est pas admise.
- Dans le partage entre co-propriétaires, on ne peut invoquer la lésion uniquement quand la partie est lésée
de plus de 1/4
- Un propriétaire lésé de plus de 7/12 dans le prix de vente peut demander la récision (=nullité qui est liée à
la lésion).
Deuxième question:
Lésion qualifiée: un des cocontractants se trouve en situation d’infériorité. L’autre partie profite de cette
infériorité pour contracter à des conditions qui vont provoquer un déséquilibre manifeste entre les avantages
perçu par les différentes parties.
Le dol: manoeuvres frauduleuses destinées à influencer le cocontractant pour l’amener à la conclusion du
contrat. Sans ce dol, le contrat n’aurait:
- soit pas du tout été conclu
- soit le cocontractant aurait conclu le contrat à des conditions qui auraient été différentes.
Ces manoeuvres peuvent être actives ou passives (ex: réticence d’informations).
Le consentement de M. Dupont a été vicié. L’action en nullité pour vice du consentement connait une
prescription de 10 ans car c’est une action personnelle (Article 2262 bis).

Deuxième casus
M. Lambert vend son duplex de la rue Charles Magnette à son neveu parce que ses fonctions l’appellent à
Bruxelles pour un mandat politique. Il est cependant entendu que si la coalition gouvernementale tombe dans
un délai de deux ans, M. Lambert reviendra dans la cité ardente et reprendra son appartement.
Le gouvernement tombe et M. Lambert revient alors que l’immeuble est donné en location par son neveu à
un tiers depuis 8 mois et pour une période de 3 ans.
Question 3: Que va-t-il se passer?
1. M. Lambert invoquera avec succès la condition résolutoire pour obtenir l’anéantissement de la vente et
du bail.
2. La condition suspensive n’entrainera pas l’annulation du bail.
3. M. Lambert redevient propriétaire du duplex, mais sera obligé de respecter le bail jusqu’à son terme.
4. La condition ne peut jouer car elle dépend d’un élément incertain.

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Condition résolutoire: événement futur, mais de réalisation incertaine, dont la réalisation entraine
l’anéantissement du contrat.
Condition suspensive: événement futur et incertain dont la réalisation entraine la naissance d’un contrat.
=> Ces conditions ne sont pas valables si elles sont purement potestatives = si sa réalisation dépend
uniquement de la volonté de l’une des parties. La partie pourrait se délier de ses obligations à son bon
vouloir, ce ne serait pas un acte juridique valable.
Tant que la condition résolutoire n’est pas réalisée, l’acte de vente a ses pleins effets, le neveu devient plein
propriétaire de l’immeuble et a le pouvoir de conclure un contrat de bail avec un locataire tiers. Mais si la
condition joue dans le délais déterminé, la vente va être anéantie avec effet rétroactif, le neveu n’est donc
censé jamais avoir été propriétaire. La logique voudrait que le neveu n’ait jamais pu conclure un contrat de
bail n’ayant jamais été propriétaire. Mais cela entraine des conséquences assez dommageables pour le
locataire.
On applique donc une exception jurisprudentielle au principe => Tout acte d’administration peut subsister
malgré l’anéantissement de l’acte juridique initial. Le bail de courte durée rentre dans la catégorie des actes
d’administration de courte durée.
=> M. Dupont récupère son immeuble ainsi que le locataire qui est dedans.
Deuxième thème: exécution du contrat
Troisième casus
Le « Théâtre du rire » a engagé Lagaff pour une représentation unique de son one man show « Le Big
Débile ». Le grand soir, Lagaff n’est pas là, car il n’a pas trouvé l’autoroute Paris-Bruxelles; personne n’était
évidemment prévenu de sa défection, et il y a 600 places occupées dans la salle. Le directeur du théâtre
réclame à la vedette 1.500.000€ de dommages et intérêts. L’avocat de Lagaff soulève l’absence de mise en
demeure.
Question 4: Qu’en pensez-vous?
1. L’avocat a raison, la mise en demeure est toujours un préalable obligé pour obtenir l’exécution forcée
d’une obligation.
2. La mise en demeure n’est pas obligatoire lorsqu’il s’agit d’une exécution par équivalent
3. La mise en demeure n’était pas nécessaire compte tenu de la nature de l’engagement de Lagaff
4. L’existence d’un cas fortuit dispense le directeur du théâtre d’une mise en demeure.
Question 5: Que pensez-vous de la somme réclamée?
1. Nonobstant sa responsabilité, Lagaff pourra demander au juge de réduire ces D & I
2. Le directeur du théâtre ne peut réclamer des D & I, car il doit d’abord exiger l’exécution en nature de
l’obligation.
3. Lagaff peut échapper aux D & I en proposant l’exécution en nature de sa prestation.
4. Sa responsabilité contractuelle ne faisant aucun doute, Lagaff ne peut contester le montant réclamé.
Question 4
L’obligation de Lagaff est particulière dans la mesure où elle devait être effectuée à un moment précis et à
une date bien précise. Une exécution du contrat à un autre moment n’avait aucun intérêt (Article 1146 C.c.)
La mise en demeure est un préalable obligé pour obtenir l’exécution forcée d’une obligation en nature ou par
équivalent. Il y a des exceptions à ce principe.

Question 5

10
La réponse 2 n’est pas correcte en l’espèce car il y a une perte d’intérêt de l’exécution en nature, de plus, il
n’y a pas de contrainte physique sur Lagaff de la part du directeur. On va donc nécessairement passer par des
dommages et intérêts lorsqu’on se trouve face à un débiteur qui est réticent à s’exécuter.
Pour que la responsabilité de Lagaff puisse être engagé il faut que l’inexécution de l’obligation doit être
imputable au débiteur, qu’il y ait l’existence d’un dommage et il faut l’existence d’un lien directe entre
l’inexécution fautive et le dommage.
1. L’inexécution de l’obligation doit être imputable au débiteur
On doit donc se demander si on est face à une obligation de moyen ou de résultat pour
- obligation de résultat: engagement à donner un résultat défini au créancier. A partir du moment ou le
résultat n’est pas atteint, le créancier n’a pas a prouver l’imputabilité de l’inexécution au débiteur. =>
C’est le cas de l’obligation à laquelle s’est engagée Lagaff
- obligation de mise en oeuvre de moyens adéquats pour obtenir un résultat. Ce n’est pas parce que le
résultat n’est pas atteint qu’on est directement présumé en faute.
2. Existence d’un dommage
OUI. (prix des tickets, location de la salle, personnel, publicité,.)
3. Existence d’un lien directe entre l’inexécution fautive et le dommage.
Le lien de cause-à-effet ne concerne que le remboursement des places aux spectateurs.

Réponse 1: Les dommages et intérêts ne servent qu’à réparer le dommage tel que commis par le débiteur, pas
a punir le débiteur

Quatrième casus
Le couturier Legar Field est engagé pour confectionner les costumes des vedettes du film « Le Pizzaïolo du
cosmos » tout au long du tournage qui doit commencer le 1er janvier 2011. Celui-ci dure assez longtemps et
le payement du couturier doit en principe se faire le premier de chaque mois pour les fournitures du mois
précédent.
Au mois de juin 2011, le réalisateur commande les uniformes d’hôtesses de l’espace, conformément au
contrat. Bien sûr, ces costumes sont dans les ateliers de Field, mais celui-ci n’a plus été payé depuis le mois
de février. Il vous consulte:
Question 6: Que lui conseillez-vous?
1. De remplir ses obligations contractuelles, indépendamment des problèmes qui peuvent surgir et qui se
règleront de manière indépendante.
2. De vendre les costumes pour récupérer ses arriérés de salaires.
3. De mettre fin au contrat grâce à l’exception d’exécution, avant que la situation ne s’aggrave.
4. De livrer une partie des costumes seulement
Question 7: Malgré ses demandes, la situation ne s’améliore pas et Legar veut en terminer. Que peut-il faire?
1. Introduire une action en nullité
2. Simplement prendre ses affaires et partir
3. Demander la résolution du contrat
4. Poursuivre la récision de la convention.
Question 6:

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La nature du contrat qui lie le couturier à l’équipe de tournage serait en pratique discutée (entreprise? travail?
fourniture? vente?). Peu importe la qualification, on est face à un contrat synallagmatique. Dans ces contrats,
il existe un mécanisme particulier que l’on peut utiliser lorsque le cocontractant ne s’exécute pas du tout, ou
en partie: l’exception d’inexécution. L’effet de ce mécanisme est purement suspensif. On ne met pas fin au
contrat. => La réponse 3 est fausse pour 2 motifs:
- « exception d’exécution » => Ce nom n’existe pas.
- grâce à cette exception on peut mettre fin au contrat => NON
La réponse 1 n’est pas fausse en soi mais dans ce cas la le créancier perd tout moyen de pression pour palier
à l’inexécution de son débiteur a part le procès. => OUI mais NON
Dans le cas de la réponse 2, en vendant les costumes, le couturier se met lui-même dans une position
d’inexécution fautive. => NON
C’est la réponse 4 qui est la bonne: En proportion de ce qui restait impayé il ne doit donc livrer qu’une partie
des costumes.
Question 7
La réponse 3 est correcte car la résolution pour inexécution fautive est inhérente au contrat synallagmatique.
(Article 1184 C.c.)
La réponse 1 est fausse car dans une action en nullité on se trouve au niveau de la formation du contrat or ici,
on est face à un acte juridique tout à fait valablement formé. On est au stade de l’exécution du contrat.
La réponse 2 est fausse car le créancier se mettrait lui-même dans une position d’inexécution fautive.
La réponse 4 est fausse car la récision ne concerne que la lésion.
Troisième thème: effets des conventions vis à vis des tiers
Cinquième casus
Planiol loue son immeuble à Ripert le 3 février 2000. Le 5 février, Planiol vend le même immeuble à
Boulanger. Le compromis de vente est enregistré le lendemain; le bail l’est le 14 février. La vente est
transcrite le 16 février. Lorsque Boulanger veut prendre possession de la maison, il y trouve Ripert.
Question 8: Comment résoudre le conflit entre Ripert et Boulanger?
1. Le bail est antérieur à la vente de l’immeuble, il subsiste malgré celle-ci.
2. Boulanger peut expulser Ripert car il ne peut être lié par un contrat de bail qu’il n’a pas signé.
3. Il faut donner préférence au bail qui est antérieur à l’enregistrement du compromis de vente.
4. Le bail dont l’enregistrement est antérieur à la transcription de la vente, prime celle-ci.
5. Boulanger pourra expulser Ripert car sa vente a date certaine avant l’enregistrement du bail. (Article
1743 c.c.)
Article 1328: un acte acquiert date certaine
- du jour de l’enregistrement
- de la constatation de la substance de l’acte dans un p-v d’inventaire réalisé par un officier public
- de la date du décès d’une des parties v
=> La vente a date certaine du 4 février 2000
=> Le bail a date certaine du 14 février. 2000
La transcription n’a ici aucun rôle a jouer. La transcription est en principe une condition d’opposabilité des
actes translatifs, constitutifs ou déclaratifs de droits réels immobiliers.

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En fait, seuls certains tiers sont protégés dans le cadre de l’obligation de transcription ou d’inscription. Ce
doit être un tiers protégé de bonne foi (= qui n’a pas connaissance au moment de la constitution de son droit
de l’acte juridique constitutif de droit réel qui n’a pas fait l’objet d’une transcription).
La loi hypothécaire protège uniquement:
- Les titulaires de droit réel. Le locataire n’est pas titulaire d’un droit réel mais d’un droit personnel.
- Les créanciers chirographaires qui ont mis en oeuvre leur droit de créance par des mesures de saisies. Un
locataire est créancier chirographaire de son bailleur. Mais dans le cas d’espèce, le locataire ne rentre pas
dans cette catégorie.
Le locataire ne peut donc pas se prévaloir du défaut de transcription d’un acte juridique.
REMARQUE:
Dans le cas où Planiol aurait concédé un droit d’usufruit sur son bien. Alors on serait face à deux droits
réels:
- droit d’usufruit sur l’immeuble vendu
- droit de propriété dans le chef de l’acheteur
Pour solutionner le conflit entre ces deux droits réels, on applique l’adage prior tempore potior jure, on verra
lequel a transcrit le premier l’existence de son droit réel.
Sixième casus
Le Comte Mattias de Coo est propriétaire du superbe château construit par un de ses vassal de Godefroy de
Bouillon. Malheureusement, la demeure, située au bord de la Lesse, est en piteux état; la toiture a
particulièrement souffert des intempéries. Le Comte de Coo contacte Adalbert, maitre-ardoisier réputé, et lui
confie la tâche de restaurer le toi du château. Celui-ci, confiant, n’exige aucun acompte malgré l’importance
du travail dont le cout s’élève à 500.000€. Pendant les travaux, le Comte fait donation sa fille Philippine du
château. Il est cependant entendu qu’il restera dans les lieux. L’acte notarié est transcrit au bureau de la
Conservation des Hypothèques. Une fois les travaux achevés, l’entrepreneur réclame au Comte ce qui lui est
dû. Celui-ci explique alors qu’il n’a pas de quoi le payer; l’entrepreneur prend par ailleurs connaissance de la
donation du château, qui était en réalité le seul bien dont disposait le Comte.
Question 9: Que diriez-vous à Adalbert?
1. Il n’y a rien à faire puisque le débiteur est libre de disposer de son patrimoine comme il l’entend,
notamment par des donations.
2. La donation n’est pas opposable à Adalbert qui n’y est pas partie; il ne doit donc pas s’en soucier.
3. D’assigner le Comte et sa fille pour fraude.
4. D’agir contre Philippine, qui, en tant que propriétaire du château, est tenue des dettes qui y sont relatives.
La réponse 4 est fausse car Philippine est ayant cause à titre particulier. En tant qu’ayant cause à titre
particulier, elle ne peut recevoir que les obligations réelles attachées au bien qu’elle reçoit. L’obligation du
comte envers l’entrepreneur est personnelle et ne passe donc pas a l’ACTP
Le créancier est titulaire d’un droit personnel, il n’a pas de droit réel accessoire venant garantir sa créance.
Articles 7 et 8 de la loi hypothécaire: le créancier chirographaire suit la foi de son débiteur. Il ne peut rien
faire à l’appauvrissement du Comte. Mais le législateur a prévu une protection pour les tiers contre les
pratiques malhonnêtes des débiteurs visant à organiser son insolvabilité: l’action paulienne. Elle va permettre
au créancier de ne pas supporter les conséquences d’un acte accompli par le débiteur en fraude des droits du
créancier => L’acte juridique existe mais il est inopposable au tiers. Exception au principe de l’opposabilité
des actes juridiques.
Conditions pour pouvoir intenter l’action paulienne:

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- créance antérieure à l’acte frauduleux
- acte d’appauvrissement du débiteur
- fraude de la part du débiteur. La fraude est suffisamment établie lorsqu’on démontre que le débiteur avait
une parfaite connaissance du préjudice qu’il causerait au créancier en concluant un certain acte juridique.
C’est le cas ici, il se réserve la jouissance du château d’ailleurs
- condition de tierce complicité: le tiers doit se rendre complice de l’acte frauduleux. Avoir conscience que
le débiteur entendait porter préjudice au créancier. Mais lorsqu’on a affaire à un acte juridique à titre
gratuit, cette condition n’est pas exigée. Ici, c’est le cas, on est face à une donation.

Septième casus
Le 1er janvier 2007, M. Dercol prend en location pour une période de neuf ans un charmant bungalow à
Sclessin, vue sur Meuse. Une clause du bail prévoit que le locataire ne pourra porter plainte contre les
entreprises installées dans le voisinage. Un mois plus tard, suite à une forte brise d’est, il est terrassé par des
odeurs nauséabondes. Après de nombreuses investigations, il découvre que ce désagrément provient de
l’usine située sur l’autre rive: Cockerill-Sambre. Il tient bon et mord sur sa chique. En février 2008, il
constate cependant que son mobilier est rongé par des particules chimiques rejetées dans l’atmosphère.
Excédé, il assigne Cockerill sur base de la théorie des troubles de voisinage. Cockerill-Sambre invoque alors
la clause du bail.
Question 10: Qu’en pensez-vous?
1. Le principe de relativité des conventions implique que Cockerill ne peut se prévaloir d’un contrat auquel
elle n’est pas partie (Article 1165 Code civil)
2. La clause litigieuse contient une stipulation pour autrui dont peut se prévaloir Cockerill qui en est la
bénéficiaire.
3. Le bail n’est pas opposable à Cockerill car il n’a pas été enregistré.

Le contrat de bail conclu entre Decrol et le bailleur n’est pas opposable à Cockerill en vertu de l’article 1165.
Exception au principe de la relativité des conventions: les conventions ne profitent au tiers que dans le cas
prévu par l’article 1121 du code civil relatif au mécanisme de la stipulation pour autrui
Le stipulant (le bailleur) fait promettre au promettant (le locataire) d’exercer une obligation au profit du tiers
bénéficiaire (Cockerill-Sambre), titulaire d’un droit né d’un acte juridique auquel il n’est pas partie.
Stipulant <=> Promettant
=> Tiers-bénéficiaire
Conditions de la stipulation pour autrui:
- La stipulation pour autrui doit être accessoire par rapport a une convention de base. Dans cette convention
de base, le stipulant doit avoir un rôle juridique personnel. OK
- il faut déceler l’intention des parties de faire naitre un droit dans le chef d’un tiers. OK
- le tiers-bénéficiaire doit être déterminable. On doit pouvoir l’identifier clairement. +/- OK

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IDP - EXERCICES PRATIQUES (4ème séance)
Thème unique: la responsabilité aquilienne
Premier casus
M. Rijkman est chauffeur de taxi. Alors qu'il lisait son journal pendant sa pause de midi, M. Lupino, que son
récent séjour à Lantin a quelque peu rendu nerveux, voit une occasion rêvée de se procurer un peu d'argent
de poche : il menace Rijkman au moyen d'un cutter pour que celui-ci lui remette les clefs de sa voiture. Il se
jette dans l'automobile et démarre en trombe. Malheureusement, dès le premier carrefour, il percute de plein
front M. Pat Bolle, qui sortait de la clinique communale. M. Pat Bolle est tué sur le coup.
Remarque : la résolution de ce casus pourrait être nuancée par l'application des dispositions relatives à
l'indemnisation des usagers faibles des accidents de la circulation. Il en est cependant fait abstraction, par
souci de simplification.
Question 1: L’épouse de M. Pat Bolle assigne tant M. Rijkman que M. Lupino. Que va t-elle obtenir sur base
de l’article 1382 du Code civil ?
1. La condamnation de M. Rijkman et de M. Lupino.
2. Uniquement la condamnation de M. Lupino.
3. Uniquement la condamnation de M. Rijkman.
4. rien.
Question 2: Au regard des éléments du cas d’espèce, le dommage dont l’épouse de M. Pat Bolle peut
réclamer la réparation, c’est:
1. Le dommage qu’elle a personnellement subi
2. Le dommage subi par son mari
3. Son dommage et celui de son époux
Question 3: Quid si la femme avec laquelle M. Pat Bolle entretient une relation adultérine assigne elle aussi
en réparation du dommage moral qu’elle a subi suite au décès de son amant?
1. Elle ne pourra pas obtenir la réparation car son dommage n’était pas prévisible.
2. Elle ne pourra pas obtenir de réparation car son dommage n’est pas légitime
3. Elle pourra obtenir réparation, sauf si la veuve de M. Pat Bolle s’y oppose
4. Elle pourra en principe obtenir réparation de son dommage.
Question 4: Quid si M. Rijkman n’a pas été menacé d’un cutter mais a laissé ses clefs sur le contact, le
moteur allumé, alors qu’il montait chercher une cliente âgée chez elle?
1. Il est responsable du dommage car il a tout de même commis une faute en laissant les clés sur le contact
2. Il n’est pas responsable du dommage car la faute commise n’est pas en lien causal avec l’accident.
3. Il n’est pas responsable car on ne peut pas raisonnablement prétendre que laisser ses clés sur le contact
est un fait constitutif de faute.
4. Il n’est pas responsable car sa faute n’était pas un événement de nature à produire le dommage.
Question 5: Quid maintenant si M. Rijkman avait garé sa voiture pour aller pinter avec ses collègues et,
complètement ivre, avait remis ses clés à M. Lupino, sans réaliser qu’il ne le connaissait pas?
1. Il n’est pas responsable du dommage car la faute commise n’est pas en lien causal avec l’accident
2. Il n’est pas responsable car il n’était pas doté de discernement au moment où il a remis ses clés.
3. Il est responsable du dommage car il a commis une faute en lien causal avec l’accident.
4. Il n’est pas responsable car sa faute n’était pas un événement de nature à produire le dommage.
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Question 6: Quid enfin s’il est établi que M. Pat Bolle a traversé la route en courant sans regarder?
1. M. Pat Bolle est seul responsable de son dommage, personne d’autre ne doit en supporter les
conséquences.
2. M. Pat Bolle a commis une faute mais elle n’est pas en lien causal avec son dommage
3. M. Pat Bolle a commis une faute mais il s’agissait d’un événement qui ne devait normalement pas
produire de dommage.
4. M. Pat Bolle a commis une faute, mais il n’est pas le seul responsable, si bien qu’il y aura partage de
responsabilité.

Question 1
Pour pouvoir condamner quelqu’un sur base de l’article 1382:
- faute
- dommage
- lien causal
Le chauffeur de taxi n’a commis ici aucune faute, puisqu’il a été menacé au cutter. M. Lupino a lui commis
plusieurs infractions pénales:
- vol avec circonstance aggravante de violence
- homicide involontaire
La faute civile se compose de deux éléments:
* Un élément subjectif: discernement
* Un élément objectif: acte objectivement illicite
- Soit un manquement volontaire/involontaire aux dispositions législatives ou réglementaires qui
interdisent ou prescrivent certains actes.
- Soit un manquement volontaire/involontaire aux règles de conduite que va observer l’homme honnête,
prudent et diligent. Manquement à l’obligation générale de prudence.
=> Il y a bel et bien une faute dans le chef de M. Lupino.
Lien causal = la faute a eu pour effet direct de provoquer le dommage tel qu’il est survenu.
Question 2
Quand on parle du dommage on parle de la lésion d’un droit ou d’un intérêt légitime. Il doit être:
1) né et actuel
2) légitime
3) certain
4) personnel
Le dommage peut être invoqué par la victime et par ses ayant-causes universel et à titre universel qui sont ses
continuateurs.
Il peut être d’ordre matériel (atteinte au patrimoine de la victime) ou d’ordre moral (atteinte de la victime
dans son affection profonde, dans ses sentiments, dans sa sensibilité physique).
Le dommage peut être subi directement par la victime mais aussi par répercussion par un tiers. En ce qui
concerne le dommage moral, en cas d’accident mortel, la jurisprudence accorde à la famille de la victime des
dommages et intérêts pour compenser la perte d’un être cher. C’est valable pour le conjoint de la victime, les

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parents en ligne directe et la jurisprudence a tendance à l’admettre aussi en faveur des fiancés et des
collatéraux.
Les proches de la victime peuvent aussi subir des dommages matériels.
Quand on attaque quelqu’un pour demander des dommages et intérêts le but est la réparation du dommage,
c-à-d tenter d’obtenir un retour au pristin état.
La victime a droit a la réparation intégrale et la plus adéquate possible de son dommage.
Dans notre cas, la veuve peut en principe réclamer la réparation de son dommage propre (d’ordre moral et
matériel). En principe, elle pourrait aussi postuler en principe en tant qu’ayant-cause universel ou à titre
universel la réparation du dommage de son mari.
Mais ici, la victime est décédée sur le coup, elle n’a donc subi aucun dommage étant donné qu’elle est morte
sans souffrance.
Question 3
De prime abord, elle n’aura aucun dommage et intérêt car la jurisprudence a longtemps estimé que le
dommage subi par une maitresse n’était pas légitime.
A la suite du revirement de jurisprudence, la cour de cassation a décidé que le compagnon adultérin
survivant peut obtenir la réparation du dommage subi par la perte de son amant. Sous l’ancien régime du
divorce, on admettait le divorce pour faute; dans le cadre de ce régime on estimait que le caractère illicite et
injurieux de l’adultère ne pouvait être invoqué que par l’époux trompé et pas par la personne auteur du
dommage.
Question 4
Au niveau de la faute, il faut retrouver un élément objectif et un subjectif.
- Element subjectif: OK
- Element objectif: il n’y a pas de violation d’une norme de droit positif. Néanmoins, on a une violation de
la norme générale de prudence, on est loin du comportement du bon père de famille qui aurait pris la peine
d’éteindre le moteur et de prendre ses clés.
=> Il y a une faute dans le chef de M. Rijkman
Lien causal entre la faute et le dommage? En jurisprudence il y a différentes théories de la causalité: -
- Théorie de la causa proxima: est en lien causal avec le dommage l’événement qui est chronologiquement
le dernier avant le dommage
=> Selon cette théorie, dans le cas présent le lien causal ne serait pas établi
- Théorie de la causalité adéquate: on retient comme étant en lien causal avec le dommage les événements
qui devraient normalement, de manière prévisible, pouvoir produire le dommage.
=> Selon cette théorie, dans le cas présent, le lien causal ne serait pas établi
- Théorie de la causalité efficiente: on retient comme étant en lien causal avec le dommage les événements
qui ont joué un rôle majeur dans la survenance du dommage. On regarde toutes les fautes qui ont été
commises dans l’affaire et on se demande laquelle a joué le rôle le plus important dans la survenance
dommage.
=> Selon cette théorie, dans le cas présent, le lien causal ne serait pas établi
- Théorie de l’équivalence des conditions: on retient comme étant en lien causal avec le dommage toute
faute en l’absence de laquelle le dommage ne se serait pas produit de la manière où il s’est produit. Toutes
les fautes ayant contribué à la réalisation du dommage entrainent la responsabilité de leur auteur. C’est la
théorie adoptée par la cour de cassation belge.
=> La faute de M. Rijkman est en lien causal avec le dommage. Car si il n’avait pas laissé ses clés sur la
voiture, M. Pat Bolle ne serait surement pas décédé, ou en tout cas pas de cette façon.

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Quand deux auteurs peuvent être condamnés in solidum il faut distinguer deux stades dans le raisonnement:
1) Niveau de l’obligation à la dette: la victime ne devra pas diviser son recours, concrètement, elle peut
regarder entre M. Rijkman et Lupido lequel est le plus solvable et lui réclamer la réparation intégrale du
dommage.
2) Stade de la contribution à la dette: l’auteur amené à réparer l’entièreté du dommage à la victime peut
exercer un recours contributoire contre le co-auteur qui n’a encore rien payé. La part de chaque auteur
est fixée en fonction du rôle que sa faute a joué dans la réalisation du dommage. Chacun paye ce qu’il
doit.
Question 5
La faute de M. Rijkman ne consiste pas a avoir remis ses clés au moment où il était en état d’ivresse; elle se
situe en amont: dans le fait de s’être mis dans un état d’ébriété tel qu’il ne sait plus se rendre compte d’à qui
il donne ses clés.
Question 6
Lorsque le dommage trouve sa seule cause dans la faute de la victime, cette faute agit comme une cause
étrangère libératoire, la victime devra supporter toute seule son dommage.
Mais ici, M. Pat Bolle n’est pas le seul responsable de son dommage eu égard à la théorie de l’équivalence
des conditions. Si M. Rijkman n’avait pas abandonné sa voiture et si M. Lupino n’avait pas volé la voiture;
alors le dommage ne se serait pas produit ou en tout cas pas de cette manière. = Concours de responsabilité

Deuxième casus
A l’occasion de ses 12 ans, Tiffany emmène ses amis d’école, dont Kevin et Dylan, au Manège enchanté
pour une escapade à dos de poney. Accompagnée de leur professeur de gymnastique, M. Zebulon, la petite
troupe se met en route, très vite; Kevin et Dylan, très dissipés, préfèrent se livrer à leur passe-temps du
moment: se canarder de projectiles en tout genre au moyen d’un revolver à ressort, à l’image des cow-boys et
des indiens. A un moment, un des projectiles tirés par Kevin pénètre dans l’oreille de Tiffany. Son tympan
est perforé et en outre elle choit et se brise une jambe. Les parents de Tiffany souhaitent obtenir réparation
du dommage causé à leur fille.
Question 7 : Qui peuvent-ils uniquement assigner?
1. Kevin et Dylan
2. Kevin et ses parents ainsi que Dylan et ses parents
3. Kevin
4. Kevin et ses parents
5. Kevin, Dylan et M. Zebulon
6. Kevin et ses parents, Dylan et ses parents mais aussi M. Zebulon
7. Kevin, ses parents et M. Zebulon
8. Les parents de Kevin
9. Les parents de Kevin et M. Zebulon
Article 1382: responsabilité simple
Y a-t-il une faute dans le chef de Kévin? OUI
- élément objectif: OUI, violation de la norme générale de prudence

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- élément subjectif: problématique du discernement… Kevin a-t-il le discernement pour comprendre la
portée de ses actes? La jurisprudence fixe l’âge du discernement à 7 ans. Kevin a donc le discernement
nécessaire.
Article 1384 al.2: Responsabilité complexe des pères et mères pour le dommage causé par leur enfant
mineur. Une personne est responsable d’un dommage causé à autrui indépendamment de tout acte de sa part.
Conditions:
- La victime doit prouver le dommage.
- Il faut et il suffit que le dommage ait été causé par un acte objectivement illicite de l’enfant (violation
d’une norme légale ou réglementaire ou de la norme générale de prudence) peu importe qu’il soit doté ou
non du discernement.
- Il faut que l’enfant soit mineur au moment des faits.
=> Une fois que les conditions sont remplies, on a une double présomption de faute dans le chef des parents:
1) présomption de faute dans la surveillance et dans l’éducation de l’enfant auteur du dommage
2) présomption de lien causal entre la faute dans le chef des parents (de défaut de surveillance et de
mauvaise éducation) et le dommage.
Cette présomption est réfragable. Les parents peuvent s’attaquer soit à la présomption de mauvaise
éducation, soit à celle de lien causal (ce n’est pas parce qu’ils ont mal éduqué qu’il y a eu le dommage). Ici,
les parents vont pouvoir renverser facilement la présomption de lien causal étant donné qu’ils n’étaient pas
présents mais par contre la jurisprudence admet très rarement le renversement de la présomption de mauvaise
éducation car un enfant qui commet un acte objectivement illicite est généralement mal éduqué.
Article 1384 al.4: Responsabilité de l’instituteur pour le fait de ses élèves. Toute personne qui exerce une
mission d’enseignement est considérée comme instituteur.
Conditions:
- Il faut que la victime prouve son dommage
- Acte objectivement illicite commis par l’élève
- Il ne faut pas que l’enfant soit mineur au moment des faits. Peu importe si l’élève est mineur ou majeur
- Il faut que l’élèvee ait été sous la surveillance de l’instituteur au moment des faits.
=> Une fois que les conditions sont remplies, on a une double présomption de faute dans le chef de
l’instituteur:
1) présomption de faute dans la surveillance de l’élève sous sa surveillance
2) présomption de lien causal entre la faut de défaut de surveillance et le dommage.
Cette présomption est réfragable, l’instituteur peut prouver qu’il n’aurait rien su faire pour empêcher le
dommage de se produire. Ou alors il peut dire que ce n’est pas parce qu’il a mal surveillé l’étudiant que le
dommage s’est produit de telle manière.
Responsabilité de mètres et commettants (Article 1384 al.3): les employeurs sont dans une certaine mesure
responsables des actes de leurs employés.
Commettant = personne qui a le pouvoir de donner des ordres et des instructions à une autre quant à la
manière d’exercer ses fonctions.
Le préposé doit avoir commis une faute (élément objectif + élément subjectif).
Le commettant est responsable de manière irréfragable: il n’a pas la possibilité d’apporter la preuve contraire
de la faute qui lui est présumée.

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=> L’établissement scolaire qui engage le professeur pourrait également être tenu d’une responsabilité dans
cette affaire.
Troisième casus
Marcel, à bord de son nouveau tracteur, circule sur un chemin de terre qui mène à sa ferme et longe la route
carrossable. Un groupe de chasseurs, mené par Charles-Henri, se présente en sens inverse. Au moment où
Marcel arrive à la hauteur des chasseurs, Rantanplan, le chien de Charles-Henri fait un écart. Pour l’éviter,
Marcel braque et veut freiner. Malheureusement, ses freins ne répondent pas et il aboutit sur la route,
renversant Marjorie revenant du marché dominical sur sa bicyclette.
On précise que Rantanplan appartient à Charles-Edouard du Pont de l’Amblève. Celui-ci, étant parti pêcher
en Ecosse la semaine de l’accident, l’avait confié à son neveu Charles-Henri.
Question 8
1. Rantanplan
2. Marcel
3. Charles-Henri
4. Charles-Edouard
5. Charles-Henri et Charles-Edouard
6. Marcel et Charles-Henri
7. Marcel et Charles-Edouard
8. Marcel, Charles-Henri et Charles-Edouard
Article 1385: responsabilité du fait des animaux.
Charles-Henri n’est pas le propriétaire de l’animal, mais en tant que gardien il est responsable du fait de
l’animal. Le gardien c’est celui qui au moment des faits dommageables avait la pleine maitrise de l’animal:
- pouvoir de contrôle et de direction sur l’animal
- pouvoir non subordonné au contrôle du propriétaire.
On considère que le propriétaire a transféré la garde a autrui.
- Il faut que la victime prouve que le fait de l’animal est en lien causal avec le dommage qu’elle a subi.
Dans ce cas, il y a une présomption de responsabilité de la part du gardien qui est irréfragable. La seule
voie de sortie est d’invoquer une cause étrangère libératoire.
Par exemple: soit la victime est fautive car elle est venue agacer l’animal, soit un coup de tonnerre a
effrayé l’animal,…

Le fermier a voulu freiner mais le tracteur n’a pas répondu => Responsabilité des choses viciées (Article
1384 al.1er).
Lorsqu’on a une chose inanimée qui intervient dans la réalisation d’un dommage, le gardien de cette chose
devra réparation à la victime. La victime doit établir que la chose avait un vice au moment ou le dommage
est intervenu et que la chose est en lien causal avec la réalisation du dommage. On estime que c’est une faute
d’avoir sous sa garde une chose viciée. Seul le propriétaire de la chose peut être tenu pour responsable et pas
le gardien.
Si il y a une caractéristique anormale du bien, le propriétaire de la chose va pouvoir se retourner contre le
vendeur qui lui a vendu une chose viciée. Des recours existent donc.

NB: Article 1386: responsabilité du fait des bâtiments. Responsabilité qui comme pour la chose viciée
incombe uniquement au propriétaire du bâtiment en ruine. Il doit y avoir un dommage causé par la ruine du
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bâtiment (chut, écroulement ou effondrement total ou partiel du bâtiment). Cette ruine doit être causée par un
défaut d’entretien ou par un vice de construction. Le résultat de cette responsabilité est une présomption
irréfragable de responsabilité dans le chef du propriétaire => Pas de possibilité de s’exonérer de cette
responsabiltié.

IDP - EXERCICES PRATIQUES (5ème séance)


Thème unique: la preuve
Premier casus
Von Lupingen est un escroc incorrigible. Il a récemment réalisé une fausse reconnaisse de dette. Aux termes
de ce document, son ennemi juré, Marcos, reconnait lui devoir la somme de 325€ pour prestations diverses.
Sur base de ce document, Von Lupnngen assigne Marcos en paiement devant le juge de paix. Marcos, pour
se défendre, demande que soient entendus 3 témoins auprès desquels Von Lupnngen s’est vanté d’avoir
réalisé un faux particulièrement génial.
Question 1: Que va en penser le juge de paix? Les témoins peuvent-ils être entendus?
1. Oui, en droit civil, on applique le système de la preuve libre.
2. Oui, l’article 1341 code civil permet de recevoir les témoignages lorsque la valeur du litige n’excède pas
375€
3. Non, on ne peut prouver contre un écrit que par un autre écrit.
4. Non, sa seule possibilité est d’introduire une procédure d’inscription en faux civil.
Question 2: Que devrait, à votre avis, faire Marcos?
1. Demander à Von Lupingen de jurer devant le juge que l’actes est un faux (serment décisoire)
2. Dire que l’acte n’est pas écrit de sa main et obliger par là même Von Lupnngen à le prouver.
3. Ordonner une vérification en écriture pour prouver que l’acte n’est pas écrit de sa main.
4. Solliciter la réalisation d’une enquête
Question 1
On est au stade de la recevabilité de la preuve.
- Droit pénal: le système de la preuve est libre. Tous les types de preuve sont toujours recevables pour
autant que l’élément de preuve n’ait pas été obtenu de manière illégale + Jurisprudence Antigone qui
nuance cela. En ce qui concerne la force probante de la preuve soumise au juge, le juge est aussi libre, il
décide sa valeur.
- Droit civil: système de la preuve légale; la loi intervient à 3 niveaux (dans le code judiciaire):
* Pour déterminer la recevabilité des différents modes de preuve
* leur force probante

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* comment on peut administrer la preuve
Article 1341 du code civil vient régler la recevabilité des témoignages: ils ne sont en principe pas recevables
lorsqu’il s’agit de prouver un acte juridique qui a une valeur qui dépasse 375€. Ici, le faux porte sur
325€ donc en principe on pourrait recevoir les témoignages.
Mais ATTENTION: on ne peut prouver outre ou contre un écrit que par un autre écrit (aussi article 1341)

Question 2
La première réponse est fausse car on dit de demander à l’adversaire de juger devant le juge que l’acte est un
faux, or c’est l’inverse qu’il faut demander, lui demander de jurer devant le juge que l’acte est un vrai. Car si
il jure il remporte le procès.
Le seul moyen pour Marcos de s’en sortir est de faire valoir qu’il n’est pas l’auteur de l’écrit et que l’écrit
présenté est un faux. Il doit faire un désaveu formel d’écriture. Comme la reconnaissance de dette est un
simple acte sous seing privé, Von Lupigen devra entamer une procédure en vérification d’écriture privée.
Articles 1322 à 1324: lorsqu’une partie a désavoué formellement un ASSP, et que le résultat de la procédure
de vérification d’écriture privée conclut que l’écrit est bel et bien rédigé par Marcos, alors l’ASSP acquiert la
force probante d’un acte authentique et on devra passer par une procédure d’inscription en faux pour le
contre-prouver.
Le problème avec la réponse 3 c’est que le défendeur ne doit que désavouer son écriture. C’est à la personne
qui se prévaut de l’acte contesté qui doit entamer la procédure de vérification d’écriture privée, donc à Van
Lupingen pas à Marcos de la faire.
Deuxième casus
Von Lupingen, déçu par l’échec de son précédent méfait, ne renonce pas pour autant à ses noirs desseins: il
obtient de Marcos la signature d’une nouvelle reconnaissance de dette, de 500€ cette fois, en le menaçant,
s’il refuse, de faire sauter la cervelle de sa dulcinée, qu’il a séquestrée dans son grenier. Marcos s’exécute et
Von Lupingen l’assigne à nouveau devant le juge de paix.
Question 3: Que peut faire valoir Marcos?
1. Le juge de paix n’est pas compétent pour les reconnaissances de dette de plus de 375€
2. Cet acte juridique est affecté d’un vice de consentement: la violence. Il faudra prouver cette violence via
un écrit conformément à l’article 1341C.c.
3. Cet acte juridique est affecté d’un vice de consentement: la violence. La preuve de cette violence est
libre.
4. Rien puisqu’on ne peut prouver outre ou contre un écrit que par un autre écrit.
La compétence générale du juge de paix s’étend pour les litiges de 0 à 2500€.
On a un acte juridique affecté du vice de violence, 3 conditions constitutives:
- menace exercée sur une partie contractante ou un de ses proches (Article 1113) peu importe que cette
menace soit exercée par un tiers au contrat.
- menace d’une certaine gravité
- la menace ne doit pas être légitime.
=> Marcos peut faire valoir que la reconnaissance de dette est nulle. Mais comment prouver cette violence?
La violence est un fait juridique, les faits juridiques se prouvent pas toutes voies de droit. On peut donc
utiliser des témoignages et des présomptions.

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Remarque: il est question de séquestration, c’est une infraction pénale. Que se passe-t-il si Van Lupigen est
aussi poursuivit pénalement? Le pénal tient le civil en l’état. Le juge de paix devra surseoir à statuer jusqu’à
ce que la procédure pénale soit menée à son terme.
Troisième casus
Dorothée, venant de terminer ses études secondaires avec brio dans son village natal d’Aubel, se sent une
vocation de ténor du barreau. Elle s’est inscrite en première baccalauréat en droit à l’U.lg. et cherche à
présent un « kot » dans le centre-ville. Après pas mal de recherches infructueuses, elle visite un meublé au
calme, rue du Pot d’or. Elle est d’autant plus emballée qu’une ouvrier est en train de repeindre le living d’un
ton vert pistache frais qui lui plait beaucoup. Sur le champ, elle rédige un contrat de bail. Le loyer est fixé à
200€ et la durée du bail à un an. Elle et le propriétaire des lieux signent le document, qu’elle emporte.
Le lendemain, elle téléphone au propriétaire et lui demande quand elle pourra venir chercher les clés.
Cependant, celui-ci, qui a entre-temps trouvé un locataire prêt à payer un loyer plus élevé, soutient que le
contrat de bail n’est pas valable car il n’a pas été rédigé en deux exemplaires.
Question 4: Comment cette affaire va-t-elle se résoudre?
1. L’acte sous seing privé de bail n’est pas valable parce qu’il n’a pas respecté l’article 1325 C.c. qui
stipule que « les actes sous seing privé qui contiennent des conventions synallagmatiques, ne sont
valables qu’autant qu’ils ont été faits en autant d’originaux qu’il y a de parties ayant un intérêt distinct.
(…) Chaque original doit contenir la mention du nombre d’originaux qui en ont été faits.
2. L’acte sous seing privé de bail est valable puisqu’il a été signé par les deux parties et qu’il sera aisé de le
prouver en présentant simplement le bail au juge qui fera éventuellement, procéder à une vérification
d’écriture.
3. L’acte sous seing privé de bail est valable car l’ouvrier pourra attester que les deux parties ont signé le
bail.
4. L’acte sous seing privé de bail ne sera valable que si le bailleur fait un serment supplétoire devant le juge
en admettant que le bail existe et est valable.
Question 5: Quid s’il n’y avait même pas eu de papier signé mais que Dorothée, après avoir occupé pendant
deux mois les lieux et avoir payé deux premiers mois de loyer, était menacée d’expulsion part le propriétaire,
invoquant qu’il n’existe pas de bail les liant?
1. Dorothée n’a ici pas de commencement de preuve par écrit, elle ferait mieux de quitter les lieux avant
d’avoir plus de problèmes
2. Dorothée peut agir par témoignage ou serment puisque le loyer est inférieur à 375€
3. Bien qu’il s’agisse d’un acte juridique de plus de 375€, Dorothée pourra appeler des personnes à
témoigner de l’existence du contrat de bail.
4. Dans ce cas, il n’y a effectivement aucun bail liant Dorothée au propriétaire du meublé.
Question 4
L’ouvrier pourra-t-il témoigner de l’existence du bail? On est au dessus de 375€, le témoignage est
irrecevable au dessus de 375€.
Il serait possible que le bailleur fasse un serment devant le juge. Dorothée peut lui déféré un serment
décisoire.
Les parties ont échangé leur consentement quant à la conclusion d’un contrat de bail, le négotium existe bel
et bien mais on n’a pas réalisé la formalité de l’article 1325, ainsi, l’instrumentum est nul. Seul le bailleur
peut invoquer la nullité relative.
L’instrumentum peut être re-qualifié en commencement de preuve par écrit car il a été signé par les deux
parties. L’écrit va donc ouvrir la voie à d’autre modes de preuve et donc elle va pouvoir notamment utiliser

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les témoignages même si on a un contrat qui porte sur plus de 375€ grâce à ce commencement de preuve par
écrit.
Question 5
Article 1341: témoignages et présomptions sont irrecevables au dessus de 375€.
Article 1715 du code civil =deux exceptions à l’article 1341:
1) exception restrictive: « (…) la preuve par témoins ne peut être apportée quelque modique qu’en soit le
prix du contrat de bail ». Peu importe que le contrat de bail porte sur plus ou moins que 375€ on ne peut
pas en faire la preuve par témoins si le bail n’a pas encore reçu exécution.
2) exception extensive:on la tire d’une interprétation a contrario de l’article 1715. Si on est confronté à un
bail qui a déjà reçu exécution, dans ce cas, on peut en faire la preuve par témoignages même au dessus
de 375€.
Dans notre hypothèse Dorothée occupe les lieux depuis plus de deux mois, donc les témoignages sont
recevables grâce à l’exception extensive à l’article 1341 contenue dans l’article 1715.
Le bail est un contrat en principe consensuel, la réponse 4 est donc fausse.
Quatrième casus
Le 23 juillet 209, Colin conclut avec Capitant la vente d’une vieille ferme château qu’il possède dans le
Namurois. Ils passent l’après-midi même l’acte authentique de cette vente dans l’étude du notaire
Carbonnier, cousin de Colin, à Rhode-Saint-Genèse.
a) L’administration fiscale est convaincue que ce document est antidaté. La date qui est indiquée est en
effet antérieure d’une semaine à l’entrée en vigueur d’une loi portant majoration des taux de droits
d’enregistrement en matière de vente immobilière. Pour l’administration, la vente a été conclue le 7 aout
2009, après l’entrée en vigueur des nouveaux taux des droits d’enregistrement.
Question 6: Que peut faire l’administration?
1. L’acte authentique vaut jusqu’à inscription de faux pour toutes ses mentions authentiques;
l’administration doit engager cette procédure pour prouver que l’acte est faux.
2. L’acte authentique vaut jusqu’à preuve du contraire, l’administration doit donc prouver contre cet écrit
via un autre écrit (Article 1341 code civil)
3. L’acte authentique n’a de valeur que transcrit. N’étant pas transcrit, l’administration a la libre preuve de
la fraude à la loi.
4. L’administration étant tiers à l’acte, elle peut en prouver la date par toutes voies de droit.

b) L’administration ne remet pas en question la date de l’acte mais bien sa nature: elle est convaincue qu’il
s’agit d’une donation et non pas d’une vente et qu’il y a donc simulation. Cette simulation est mise en
place pour échapper au taux des droits d’enregistrement en matière de donation, supérieurs au taux
applicable en cas de vente.
Question 7: Que peut faire l’administration?
1. L’acte authentique vaut jusqu’à inscription de faux en ce qui concerne la nature de l’acte que le notaire a
personnellement constatée.
2. La nature de la convention n’est pas une des mentions couvertes par l’authenticité, l’administration peut
prouver contre cet écrit par toutes voies de droit.
3. La nature de la convention n’est pas une des mentions couvertes par l’authenticité, l’administration ne
peut prouver contre cet écrit que via un autre écrit.
Question 6

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Pour l’acte authentique, seuls certains événements vont se voir reconnaitre une force probante particulière
qui vaut tant pour les parties à l’acte que pour les tiers. Ils vont faire pleine foi jusqu’à inscription en faux.
Ces éléments couverts par l’authenticité sont:
- Origine de l’acte
- Date de l’acte
- Constations que le notaire a du et à pu légalement faire
Toutes les autres mentions de l’acte authentique ne sont pas couvertes par l’authenticité et n’ont pas cette
force probante particulière.
=> Si l’administration veut remettre en cause cette date elle doit engager une procédure en inscription de
faux, chère et longue. Car on a l’intervention d’un officier public assermenté et que l’inscription en faux est
particulièrement grave.
La réponse 3 est fausse. Si l’administration pouvait se prévaloir de la non-transcription de l’acte cela veut
dire que l’acte de vente lui est inopposable, cela signifie qu’elle ne devrait pas en tenir compte, l’avantage
pour l’administration serait nul car elle ne pourrait plus percevoir de droits d’enregistrement (étant donné
que le négotium ne lui est pas opposable). Elle n’a donc aucun intérêt à invoquer la non-transcription.
La réponse 4 est fausse; la date est couverte par l’authenticité même pour les tiers à l’acte
=> Procédure d’inscription en faux.
Question 7
Toutes les constatations que le notaire a pu et du légalement opérer sont couvertes par l’authenticité. Le
notaire sait-il matériellement constater que la nature de l’acte n’est pas une donation mais une vente? Le
notaire ne peut personnellement pas s’assurer de la réalité de l’opération qui lui est présentée, il se peut que
les parties se soient glissé de l’argent sous la table à son insu.
La nature de la convention authentique est une déclaration de la part des parties. Cela ne fait donc pas pleine
foi jusqu’à inscription en faux.
En principe, on ne peut prouver outre ou contre un écrit que par un autre écrit. Mais attention,
l’administration est tiers à la convention, et donc, elle peut établir la preuve contraire par toutes voies de
droit.
Cinquième casus
Le 18 mars 2001, Yvonne est de sortie avec ses quatre meilleures amies, au café « jusqu’au bout de la nuit ».
Elle y rencontre Maxime, dont le charme la submerge immédiatement. Au petit matin, malgré les réticences
de ses amies, elle prête une somme de 887€ à Maxime, qui, grâce à cette somme, a l’intention de se lancer
dans le domaine des assurances après avoir payé 887€ de frais de dossier à la firme qui lui promet un brillant
avenir.
Sous l’insistance de ses amies, Yvonne rédige à contrecoeur ces quelques mots sur un carton de bière:
« Moi, Maxime Duvivier, je m’engage à remettre d’ici six mois à Yvonne Gigogne la somme de huit cent
quatre-vingt sept euros reçue ce jour »
Ce même jour, Maxime Duvivier date le carton et y appose sa signature.
Six mois plus tard, l’amour envolé, Yvonne réclame à Maxime la somme prêtée. Ce dernier conteste la
valeur du carton de bière, l’engagement unilatéral ne respectant pas le prescrit de l’article 1326 du code civil.
Question 8: Devant le juge de paix,
1. Les témoignages des amies de Yvonne sont recevables bien que leur impartialité soit douteuse,
2. Yvonne peut déférer à Maxime le serment supplétoire qui liera le juge;
3. le carton de bière est irrecevable comme mode de preuve car un contrat de prêt ne peut figurer sur un tel
support
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Quel serment Yvonne peut-elle déférer à Maxime?
Question 8
On a un engagement unilatéral qui porte sur une somme d’argent soumis à article 1326 du code civil. Pour
que l’instrumentum soit valable il doit être rédigé entièrement par Maxime ou alors porter sa signature avec
la mention « bon pour » « approuvé pour ». => 1326 n’est pas respecté; nullité relative de l’instrumentum
mais le négocium existe toujours
Mais Yvonne n’a rien pour prouver son négocium. Mais on a tout de même un écrit signé par la partie auquel
on veut l’opposer. Il peut donc être re-qualifié en commencement de preuve par écrit. Il va avoir pour effet
d’ouvrir la voie à tous les autres modes de preuves et donc même si on est au dessus de 375€, les
témoignages sont donc autorisés.
La réponse 2 est fausse, une partie ne peut pas déferrer le serment supplétoire; elle peut uniquement déférer
le serment décisoire.
La réponse 4 est fausse car a partir du moment où Maxime respecté la formalité du bon pour, peu importe
que ce soit un carton de bière, l’instrumentum est tout à fait valable.
Quel serment Yvonne peut-elle déférer à Maxime?
Le serment décisoire.
Le juge de son coté peut chercher par lui même à compléter les informations qu’il a sur base des
témoignages. Pour compléter sa conviction, il va pouvoir déférer le serment supplétoire à Maxime. Il ne va
pas lier le juge, et il pourra statuer selon son intime conviction.
Sixième casus
En visite au salon Batibouw, Raymond et Lisette décident de confier la rénovation de leurs châssis posés en
1981 à Mr Isolat, exposant du hall C du Heysel. Mr. Isolat encaisse un chèque de 3.300€ et, étant débordé à
ce moment, promet à Raymond et Lisette de leur envoyer les documents nécessaires au contrat dés lundi.
Le soir même, Mme Isolat fait les comptes de la journée et inscrit la somme de 3.300€ dans son journal
comptable.
Un an après, Raymond et Lisette vont trouver Maitre Y pour introduire une action en justice contre Mr
Isolat.
Ils versent à Maitre Y, une provision de 396€, sans rédiger un seul écrit, après tout, il s’agit d’un avocat.
10 mois plus tard, ils se voient contraint d’agir à la fois contre leur premier avocat qui nie avoir reçu cet
acompte et contre Mr Isolat.
A l’encontre de l’avocat, ils invoquent une conversation que celui-ci aurait tenue avec un confrère,
conversation relatant leur histoire et l’acompte versé.
Question 9: Qu’en pensez vous?
1. Raymond et Lisette peuvent prouver le versement de la provision à l’avocat par toutes voies de droit,
2. Ils ne peuvent utiliser l’enregistrement téléphonique de l’avocat car il ne s’agit pas d’un des 5 modes de
preuve prévus par le Code civil;
3. Ils bénéficient de règles de preuve plus souples tant à l’égard de M. Isolat que de Maitre Y car il s’agit de
commerçants.
La conversation téléphonique est un aveu extrajudiciaire.
La recevabilité de l’aveu extrajudiciaire dépend de la façon dont il est rapport. Article 1355: l’allégation d’un
aveu extra-judiciaire purement verbal, ne pourra pas se faire toutes les fois qu’il s’agit d’une demande dont
la preuve testimoniale ne serait pas admissible.
Comment savoir si la preuve testimoniale est recevable ou non?

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- Au dessus de 375€ pas de preuve par témoin => Donc pas de possibilité d’aveu extrajudiciaire verbal
- Sous 375€ preuve par témoin => Donc possibilité d’aveu extrajudiciaire verbal
Mais le truc c’est qu’il est d’usage entre un client et son avocat il n’y ait pas d’écrit. En raison de cet usage
uniquement, la preuve des 396€ de provision peut s’apporter par témoignage.
Attention, un avocat n’est pas un commerçant, il est titulaire d’une profession libérale.
Mr Isolat, lui, est commerçant, en tant que particulier, on peut utiliser les règles de preuves du droit
commercial contre lui, cela a pour but de protéger le particulier. En matière commerciale, le système veut
qu’on puise prouver par témoignage et présomptions, c’est le système de la preuve libre. De plus, on peut
faire la preuve de certains droits et obligations grâce à la comptabilité et toutes les factures du commerçant.
Septième casus
Serena van der Woodsen, 17 ans, fille d’une riche héritière de la haute société new-yorkaise et d’un
milliardaire belge, assiste à la fashion week d’Anvers accompagnée de son amie Blair. Elle ne peut résister à
l’appel d’une robe de soirée Vera Wang, d’escarpins Manolo Blahnik et d’un sac Marc Jacobs. De retour à
son luxueux appartement dans l’Upper East Side; elle doit affronter sa maman qui, avertie de ces folles
dépenses, est furieuse de la prodigalité dont sa fille est coutumière. Elle charge ses avocats de poursuivre et
d’obtenir l’anéantissement de ces ventes.
Question 10: Qu’en pensez-vous au regard du droit belge?
1. Ces trois achats sont des actes nuls en la forme car Serena ne pouvait pas les accomplir.
2. Serena ne pourra conserver ses achats que si le rapport entre le prix réel et le prix de vente est supérieur à
7/12.
3. Vu la fortune familiale, Serena pourra in fine conserver ses achats.
4. Les ventes ne sont pas annulées mais les biens seront conservés par les parents de Serena jusqu’à 18 ans.
Serena est une mineur ordinaire, elle est donc frappée d’incapacité générale. Elle sera représentée par ses
parents. Le mineur ordinaire ne peut accomplir que des actes conservatoires ou certains actes personnels, en
dehors de ces actes, le mineur doit être représenté par ses parents qui doivent parfois eux mêmes être
autorisés par le juge de paix pour certains actes.
Ici, il s’agit d’un acte de disposition, elle ne pouvait pas accomplir cet acte seule, elle devait être représentée
par ses parents.
Sanction?
Articles 410 et 378: nullité en la forme. Elle vient frapper les actes que le représentant légal ne pouvait pas
passer sans l’autorisation du juge.
La liste ne reprend pas l’achat mobilier, le représentant ne doit pas obtenir d’autorisation mais l’achat que la
mineure ordinaire à fait seule est susceptible de récision pour lésion. Ici, on est face à une lésion extrinsèque.
Le juge ne doit pas contenir compte uniquement du déséquilibre entre les prestations réciproques, il peut
prendre en considération des événements extérieurs. Il va prendre en compte l’état du patrimoine du mineur
et voir si il y a un déséquilibre entre le patrimoine et le montant de l’achat. La famille est fortunée, le juge ne
va pas conclure à la récision de la vente. Néanmoins si c’était le cas, l’effet de la récision est le retour au
pristin état.
Mais pour les mineurs, la récision est atténuée. Le mineur devra uniquement restituer ce qui a tourné à son
avantage: ce qu’il a conservé dans son patrimoine à la suite de l’acte annulé. (Article 312)
Cette nullité est relative: invoquée que par la personne protégée ou son représentant légal.

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