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CADRAGE DU MODULE « INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE ET PSYCHOLOGIE


DE L’ESPACE
Le présent module vise à doter les futurs architectes d’un ensemble d’outils nécessaires à la
compréhension du contexte de l’urbanisme et de l’architecture ; En effet, de par l’interaction
de l’homme avec l’espace dans lequel il vit (formes urbaines, organisation de l‘espace, formes
architecturales, et surtout le mode de s’approprier l’espace ) d’une part et les différentes
priorités et intérêts d’autre part, nait une réalité très complexe sur le mode de
fonctionnement de chaque type d’espace.
Ainsi le fonctionnement de l’espace dédié à l’habitat ne fonctionne pas de la même manière
que celui des équipements publics (enseignement, santé, sport…) ni celui réservé aux
commerces et encore moins celui des espaces récréatifs ou de repos (parcs, jardins, places,
promenades …) ; Cet enchevêtrement de la perception de l’espace nécessite alors la dispense
d’un module susceptible d’éclairer ces différences et nuances.
L’élève - architecte habitué jusqu’alors à un apprentissage cloisonné selon les matières
dispensées au niveau du lycée, doit désormais acquérir un background qui lui permettra de
mieux assimiler et appréhender l’interaction des domaines ayant trait à l’architecture,
l’habitat et la perception de l’espace dans une approche horizontale qui serait à même de
l’aider à mieux appréhender son domaine d’exercice…

Sachant que le domaine d’exercice du métier d’architecte étant la ville par excellence, et que
cette dernière constitue l’espace d’interactions et de relations très complexes entre les
individus ou groupes d’individus de par leurs intérêts, leurs modes de vie ainsi que leurs
manières de la perception et de l’appropriation de l’espace, la dispense de ce module
permettra alors aux étudiants une sorte d’immersion dans leur métier d’avenir.

L’objectif vise alors à préparer l’élève- architecte à s’ouvrir sur le domaine des sciences
humaines et sociales d’une manière générale, et sur la sociologie urbaine et la psychologie de
l’espace de façon particulière (notamment leurs éléments de convergence qui définissent ou
créent un espace) ; Cette manière de faire est à même de fournir les éléments nécessaires à
la compréhension des différents soubassements du contexte de la ville, son mode de
fonctionnement mais aussi les raisons de ses dysfonctionnements.
Pour ce faire, et en nous inspirant du cadrage fourni par l’administration de l’ENA nous nous
proposons donc d’articuler ce cours autour de trois grands axes à savoir :

La sociologie et psychologie de l’espace en tant que disciplines faisant partie de


l’univers des sciences humaines et sociales
Vue globale sur les sciences humaines et sociales
• L’analyse sociologique ;
• La psychologie de l’espace ;
• Les points communs et convergences des deux domaines ;
• L’analyse anthropologique ;
(La lumière sera focalisée, en particulier, sur les trois premiers éléments.)

Introduction à la sociologie et psychologie de l’espace (ENA/O) élaboré par N. ABDELJALIL


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Ce premier axe permettra aux étudiants de connaitre le volet du module d’une manière
générale, alors que les deux autres axes traiteront de l’interaction de la question sociologique
et psychologique dans sa dimension spatiale à travers notamment :
La question urbaine
▪ Politique de la ville et politique urbaine ;
▪ La morphologie urbaine ;
▪ Les quartiers périphériques.
▪ Les modes d’appropriation de l’espace.
• Les questions architecturales et urbanistiques
▪ Le tissu urbain ;
▪ Les normes urbaines ;
▪ La perception de l’espace.
Telle est donc l’ossature du cours, ainsi, les cours magistraux s’articuleront autour de ces
différents axes, dont le cadrage sera préparé sous forme de documents (support du cours) à
mettre, au préalable, à la disposition des étudiants, lesdits cours magistraux seront étayés par
des projections d’illustrations explicatives ou au fur et à mesure et en cas de besoin.

Il est à noter que les exemples d’illustrations seront choisis dans la région en loccurence la
ville d’Oujda et ce afin de faciliter l’assimilation des différents concepts auprès des étudiants.

D’autre part, des travaux dirigés seront programmés selon le développement de chacun des
axes sus-cités ; et porteront sur l’analyse de cas ou la préparation de fiches de lecture ; Aussi
des visites sur le terrain, seront éventuellement prévues selon les disponibilités et les
conditions générales du contexte de travail.
Toutefois, les étudiants sont tenus, de leur part, de prendre des notes lors des séances du
cours en complément du support mis à leur disposition et de faire les recherches et les
investigations nécessaires afin d’étayer et d’enrichir leurs connaissances en la matière suivant
un recueil bibliographique ou sur le net.

Déroulement des cours et modalités d’évaluation


Comme il a été signalé précédemment, le module sera réparti en cours magistral, travaux
dirigés et éventuellement des comptes rendus de sorties sur le terrain, quant à l’évaluation
des étudiants, elle sera basée simultanément sur les contrôles des connaissances acquises, les
travaux effectués par chaque étudiant ou groupes d’étudiants et sur l’assiduité et
participation selon des coefficients de pondération correspondant respectivement à 0.5, 0.25
et 0.25.

Toutefois, et avant d’entamer les différentes parties du cours, il sera procédé à une
introduction générale qui portera sur la préparation et l’explication de l’utilité de la matière
en question et sa relation avec le futur métier de l’architecte.

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PREMIER AXE : LA SOCIOLOGIE, LA PSYCHOLOGIE ET L’UNIVERS DES SCIENCES HUMAINES ET


SOCIALES.

VUE GLOBALE SUR LES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES


Le domaine des sciences humaines et sociales comporte plusieurs disciplines ou spécialités
dont les bases de réflexion, d’analyse, et de méthodologie d’approche diffèrent de celles des
sciences naturelles ou exactes telles que la physique, les mathématiques, la biologie etc.
En effet, les sciences humaines et sociales prônent d’autres méthodes d’analyse et de
recherche dont les faits sociaux, le comportement de l’Homme et toutes les relations qui en
découlent en constituent les bases.
Toutefois ces sciences humaines et sociales peuvent utiliser des outils statistique ou
mathématique pour mesurer un phénomène, ou pour montrer l’acuité d’un comportement
ou un lien de causalité par rapport à certains faits économiques et /ou sociaux.
Ainsi donc, les sciences humaines et sociales se déclinent en une grande panoplie de
spécialités et domaines d’investigation où il s’avère difficile d’être exhaustif :

• L’Histoire ; l’histoire de l’art, l’archéologie ;


• Langues et littératures ;
• La philosophie ;
• La Psychologie ;
• L’Economie ;
• La démographie ;
• La Sociologie ;
• L’anthropologie ;
• Le Droit, sciences politiques ;
• Les Sciences de l’éducation ;
• La Géographie ;
• Les Médias ;
• ………..

Cette grande diversité des sciences humaines et sociales dont l’histoire remonte au milieu du
18ème siècle, découle de la complexité et la grande étendue des interactions humaines, ce qui
a conduit au fil du temps à l’apparition de plusieurs domaines de spécialisations notamment
à partir de la fin du 19ème siècle (émergence de la science économique et de la sociologie…). A
partir de cette époque il va y avoir beaucoup de changement et de séparation entre plusieurs
domaines ; en effet, progressivement on va assister à la séparation du domaine de la
littérature de celui des sciences, mais aussi la séparation de certaines sciences humaines et
sociales entre elles telles que l’économie par rapport à la sociologie ou la psychologie.

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Il est à souligner que les approches méthodologiques des sciences humaines et sociales sont
sujet de beaucoup de débats épistémologiques quant aux procédés et démarches
d’investigations.
A cet égard ; l’épistémologie qui fait partie de la philosophie a pour objet la définition des
principes des sciences ainsi que les méthodes utilisées pour établir les hypothèses, les vérifier
etc. Or si les méthodologies appliquées pour les sciences naturelles s’avèrent plus évidentes
car elles concernent des objets concrets, elles le sont beaucoup moins quand il s’agit de
sciences humaines et sociales où l’objet de l’étude est plus abstrait et difficilement repérable.
Toutefois, le schéma de recherche reste similaire dans une large mesure du moment où il se
base sur une hypothèse que l’on cherche à démontrer par l’expérience, par la logique et pour
arriver en fin de parcours par l’expliquer et l’admettre :

L’EXPLORATION
Explorer tous les aspects par :

*idées objectives ;

LA CONQUETE *Collectes de points de vue et études sur l’objet ;

Définition de l’objet ou du *entretiens auprès d’institutions et personnes


phénomène ressources

LA CONSTRUCTION DE L’OBJET DE L’ETUDE

*Elaboration d’une problématique aussi claire que


possible ;

*Affinement des résultats statistiques ;

*Facilitation des interprétations ;

*idées objectives ;

*Collectes de points de vue ;


*entretiens auprès d’institutions et personnes
ressources

LA CONSTATATION

LA CONCLUSION
*Présentation du résultat *Expérimentation et interprétation des données ;
obtenu qui sera adopté avec *Comparaison entre les résultats et les hypothèses de
rappel de la démarche. départ.

*Facilitation des interprétations ;

*idées objectives ;

*Collectes de points de vue ;


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*entretiens auprès d’institutions par N. ABDELJALIL
et personnes
ressources
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Les sciences humaines et sociales utilisent plusieurs méthodes dont la méthode inductive et
la méthode déductive :

• La démarche de la méthode inductive se base sur plusieurs données


observables au sujet d’un phénomène quelconque et à partir des informations
recueillies et des résultats de recherches obtenus, elle explique alors ledit
phénomène et généralise cette explication. On comprenant le
phénomène sur des cas particuliers on le généralise alors à tous les
cas.
• La démarche déductive part, quant à elle, d’une hypothèse pour expliquer un
phénomène et à partir de déductions logiques elle finit par l’explication de ce
phénomène. (Lien de causalité)

Pour mieux baliser, notre raisonnement nous allons nous inspirer d’une démonstration
comprenant une quinzaine de minutes publiée sur YouTube par Mr Sylvain DRAMEX au sujet
de la démarche en sciences sociales.

Pour ce faire, il a d’abord commencé par l’explication via une démarche scientifique d’un
phénomène naturel très élémentaire à savoir : l’explication de l’apparition de bulles à la
surface d’une casserole pleine d’eau mise sous le feu.

D’abord, il détermine l’objet de l’étude à partir du monde réel c’est-à-dire que toute démarche
scientifique part de choses réelles, et ensuite il construit sa démarche, globalement, de la
manière suivante :

• Partir de phénomènes réels qui sont l’eau, l’Energie, la température, la formation des
bulles à la surface de l’eau…
• Lui, il est convaincu que c’est le feu qui fait changer la température de l’eau ce qui a
donné naissance aux bulles à la surface (ébullition) ; Objectivité

• Il faut qu’il le démontre en faisant l’expérience

• Après diverses expériences menées avec les éléments nécessaires à la démonstration


Le résultat est le même Vérité scientifique

• Il y a toujours un lien de causalité parfaite entre la température de l’eau et la formation


des bulles ; Conclusion

• La conclusion constitue l’explication du phénomène observé est alors admise comme


réalité scientifique.

Cependant, lorsqu’il va exposer la démarche dans les sciences sociales et même si le schéma
suivi reste globalement similaire, ses composantes sont plutôt réadaptées au cas de figure.
Il a pris comme question de départ c’est-à-dire l’objet de la recherche : la réussite scolaire
comment expliquer la réussite scolaire ? ou l’échec scolaire d’ailleurs…

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La conquête : la réussite scolaire : on doit avoir une idée claire sur le phénomène
que l’on veut étudier, on ne doit pas porter un jugement de valeur, par contre on
peut avoir certaines idées ou représentations personnelles basées sur une logique acceptable
(objectivité : ex : c’est celui qui travaille qui réussit) ;

Exploration : c’est une sorte de collecte d’informations auprès des organismes qui travaillent
ou qui publient des informations dans le domaine (spécialistes), faire des entretiens avec des
personnes du milieu scolaires, les responsables pédagogiques, les parents d’élèves ainsi que
la réalisation d’enquêtes par questionnaires + observation

La construction de l’objet de l’étude affinement des résultats consolidés par des


Statistiques, (les notes, origine sociale, la capacité d’apprentissage, les diplômes…), qui
doivent être traités auparavant en vue d’en faciliter l’interprétation et le recoupement avec
les points de vue personnels

La constatation et construction d’un modèle mesurable la mesure de de réussite

scolaire en tant que concept n’est pas de la même nature que la mesure de la température,
c’est une chose abstraite qu’il va falloir modéliser en adoptant les tendances générales que
l’on a pu constater et vérifier dans plusieurs cas : ex l’orientation scolaire.

Le résultat en sciences sociales et humaines :la présentation du résultat n’est pas une vérité
absolue mais représente une base d’explication souvent sous forme d’une adoption de la
tendance générale de cette vérité.

De par cet essai de comparaison entre deux méthodologies d’approches à savoir celle d’une
science appartenant au bloc dur ou naturel, et une autre faisant partie des sciences humaines
et sociales nous avons pu mettre en évidence l’objectif commun des deux sciences qui se
résume en la démonstration et l’explication d’un objet ou d’un phénomène, cependant les
méthodes et les vérités scientifiques dégagées restent étroitement liées aux spécificités et la
nature de chaque type de science.

Par ailleurs, et en vue de chercher plus de complémentarité, de spécificités et de précision à


l’intérieur même du bloc des sciences humaines et sociales, nous nous proposons de faire une
petite comparaison entre deux domaines qui nous intéressent le plus dans le présent cursus
à savoir la sociologie et l’économie.

Les éléments de définition de la sociologie : c’est alors une science dont le domaine d’étude
est la société c’est-à-dire qu’elle étudie le mode de fonctionnement et d’évolution des
différentes sociétés, or l’Homme étant l’élément central de toute société ; l’objet de l’étude
comportera alors aussi bien les comportements de l’individu, ceux des groupes d’individus,
que leurs interactions et les résultats de ces interactions dans le temps et dans l’espace. (Voir
document sur fichier PPT, publié dans Classroom).

Dans le temps : l’évolution du contexte de la vie commune et des phénomènes


sociaux tels que, l’alphabétisation, la culture, l’urbanisation, la consommation
l’immigration, les effets de la technologie… à travers les périodes : année, décennie, siècle…

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Dans l’espace : l’évolution des phénomènes et le contexte de la vie collective : ça


peut être à l’intérieur d’un petit espace au sein d’une ville, entre les villes d’un pays,
entre un groupe de pays, à l’échelle planétaire…
Les éléments de définition de la science économique : à l’instar de la sociologie, l’homme est
au centre de la science économique en ce sens que cette dernière étudie aussi l’activité
humaine. Toutefois l’activité humaine étudiée par cette science concerne plutôt tout ce qui
a un rapport avec la production des biens et services, leurs distributions, leurs degrés de
consommation, la préférence d’un produit par rapport à un autre et le comportement du
consommateur dans le choix des produits qui peut être le prix et la qualité du produit etc.

Ainsi le domaine de l’économie peut paraitre plus maitrisable lors de l’étude d’un objet
quelconque tel que la production d’un bien qui peut dépendre de la disponibilité de la matière
première, d’une main d’œuvre spécialisée, et d’un cout de revient laissant une bonne marge
de profit pour le producteur, ces paramètres constituent des éléments quantifiables se
prêtant facilement au calcul et permettant d’expliquer une situation et de prendre une
décision. Cet état de fait se confirme davantage par les branches dérivées de l’économie à
savoir la, microéconomie, la macro économie et l’économétrie qui se basent de plus en plus
sur des modèles mathématiques qui servent de support d’étude pour la prise de décision.

Toutefois, d’autre facteurs plus compliqués et peu commensurables entrent en jeu il s’agit de
la psychologie du consommateur, de son comportement social, de ses priorités, de ses
préférences d’où les premiers rapports avec le domaine de la sociologie.
Exemple de comportement social : le snobisme c’est un comportement imprévisible qu’on ne
pas mesurer avec précision le consommateur va vers un produit « spécial » pour
satisfaire son égo, il le manifeste par son désir d’appartenance à une certaine
classe sociale, et ce même si un produit ayant les mêmes caractéristiques est mis à sa
disposition mais utilisé par le grand public…

Chercher le consommateur rationnel et logique pour qui le choix est dicté par le
meilleur rapport : qualité/prix ? quel est le groupe social de ce consommateur ?

Il ressort de ce qui précède qu’au sein même des sciences humaines et sociales il n’y a pas une
ligne de conduite unique à adopter dans la recherche et l’analyse.
Dans notre cas de comparaison entre la sociologie et l’économie, cette dernière peut paraitre
comme un domaine qui baigne dans l’univers du social mais dont la méthodologie d’approche
tend plutôt vers la mesure basée sur l’arithmétique directe des différents objets et
phénomènes. Tandis que la sociologie qui brasse toute la sphère sociale ne peut adopter les
mêmes outils de mesure que d’une manière partielle parce que l’étendue de son domaine
d’investigation est en même temps très large et très hétérogène.
Cela n’exclue pas le fait qu’entre la sociologie et l’économie il existe plusieurs objets d’étude
à expliquer mutuellement par l’une ou l’autre.

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Les éléments de définition de la psychologie de l’espace :

Globalement on peut définir la psychologie comme la science appartenant à la classe des


sciences humaines ayant pour objet la compréhension et l’explication du fonctionnement de
l’activité mentale des individus ou groupes d’individus et son impact sur leurs différents
comportements (manière de réfléchir, de communiquer, de tisser les relations…).
C’est une sorte de relation entre le cognitif et la manière de se comporter et d’agir… Sachant
que le cognitif est le processus mental par lequel l’homme perçoit, analyse, juge, formule un
point de vue ou une opinion. Ce sont en définitive les facultés de l’esprit pour distinguer le
bon du mauvais le rationnel de l’irrationnel les intentions, les suspicions…
Il existe plusieurs branches de la psychologie à savoir la psychologie clinique relative à la santé
et qui concerne plutôt l’individu, la psychologie sociale qui a trait à l’ensemble d’une société
donnée, la psychologie du consommateur qui a une forte relation avec la sociologie et
l’économie etc.

Cependant, ce qui nous intéresse le plus c’est la psychologie de l’espace dans sa relation avec
la sociologie urbaine. Ainsi la psychologie de l’espace peut paraitre comme étant cette relation
qui existe entre l’homme et son environnement spatial (physique) mais en incluant la
dimension sociale, cependant cette relation n’est pas instantanée mais elle prend naissance
chez les individus dans leurs contextes temporel et spatial.
En effet, depuis sa naissance l’homme assiste au développement de son psychique qui
intériorise les espaces successifs dans lesquels il vit, en commençant dès son jeune âge par la
maison parentale, son espace personnel ou propre (sa chambre), l’école, la classe, la cour…
Et plus tard par son lieu de travail, lieux de rencontre etc.
Durant toutes ces phases il va y avoir un ensemble d’interactions qui vont finir par la création
d’un imaginaire propre sur la manière de la perception de l’espace ; Cet espace imaginaire
qu’il construit au fur et à mesure va alors se projeter et s’extérioriser sur l’espace dans lequel
il vit.
Ainsi donc la réaction de chaque individu par rapport à la manière d’aménager, de concevoir
ou d’organiser un espace ainsi que l’usage qui doit en être fait dépendra de sa perception
propre, de ses préférences, ses désirs et aussi de son état d’esprit et sa culture.
Toutefois, il faut noter que la psychologie de l’espace induit au moins deux types d’espace à
savoir :

• Un espace concret et tangible qui découle de l’espace physique mais incluant la


dimension sociale ;
• Un espace abstrait cartésien mesurable et repérable par les coordonnées
géographiques.
En tout état de cause nous aurons l’occasion de détailler davantage ces notions plus loin
quand nous aurons à analyser la psychologie de l’espace.

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Après avoir défini le contexte général des trois sciences humaines et sociales nous nous
proposons dans ce qui suit de donner un exemple d’illustration où s’entremêle les trois
sciences à plusieurs niveaux.
Toutefois, fort est de constater que les domaines de la sociologie et de la psychologie sont
très vastes et brassent pratiquement tous les domaines des sciences humaines et sociales au
point qu’il s’avère parfois très difficile d’en tracer le contour.
D’ailleurs, cet état de fait se manifeste clairement au niveau de l’utilisation des termes : social,
société, sociologie ; psychologie et psychologie sociale où le préfixe socio- est très présent
dans les adjectifs usuels : socio-économique, socio-éducatif, socio-collectif, psycho-
sociologique, socio-cognitif etc. Ce sont alors des termes et des concepts qu’on trouve très
fréquemment aussi bien dans les domaines de la recherche scientifique, des débats divers,
des médias et auprès de l’administration où la portée de chaque terme désigne une certaine
orientation.
Exemple d’illustration :

Après la réalisation d’un projet qui consiste en la construction d’un local « bâtiment » destiné
à accueillir trois associations qui partagent simultanément l’espace du bâtiment et dont les
activités sont différentes et ayant chacune un objectif propre :

▪ Association N°1 : la production et la mise en valeur de produits alimentaires issus du


terroir au profit d’un ensemble de femmes sans revenus.
▪ Association N°2 : l’assistance et l’accompagnement de malades souffrant de
problèmes cardio-vasculaires.
▪ Association N°3 : l’assistance et l’accompagnement des enfants autistes.
Quelle serait alors l’évaluation de l’impact socio-économique de ce projet ?

Eléments d’analyse :
La réalisation du projet est un fait important

• La construction du projet (le bâtiment) c’est-à-dire l’élément physique a occasionné


une dépense bien chiffrée donc économique : de cet angle de vue l’action est plus
économique qu’autre chose, l’instrument de mesure est très évident (X M DH) qu’il
faudrait rentabiliser.
• Le fait d’avoir un local propre aux associations procure une certaine satisfaction
psychologique auprès de chacune d’elles et créé une relation directe entre cette
satisfaction et l’espace en question (l’espace du travail). Dans ce cas l’instrument de
mesure est difficile à établir mais l’évaluation de la satisfaction quoiqu’elle apparaisse
subjective demeure, tout de même, possible.
• Le tissage de relations sociales aussi bien au niveau des trois associations entre elles,
du fait qu’elles partagent le même espace, qu’au niveau des relations entre chaque
association et ses usagers.

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Evaluation des résultats :

Pour l’association N° 1 : action ayant permis la mise en valeur de produits physiques


engendrant une valeur marchande qu’on peut mesurer et en déduire d’autres ordres
de grandeur tel que le revenu global de l’action ou alors le revenu individuel de chaque femme
donc jusqu’ici il s’agit d’une valeur mesurable et purement économique.
Après viendra alors l’étape de mesurer le degré de satisfaction de chaque femme, alors là les
divergences vont apparaitre, il peut y avoir une satisfaction partielle sur le revenu et une
insatisfaction totale sur les conditions de travail au sein de l’association, ou alors paracerque
les conditions du foyer de chaque femme sont très différentes les unes des autres… auquel
cas la mesure devient un peu difficile mais le coté économique prend tout de même le dessus :
(l’action a permis de créer des emplois et générer des revenus.)

C’est une action économico-sociale qui permettra à ces femmes de vivre avec plus de dignité
au sein de la société et d’avoir un cadre physique de travail qui leur appartient(indépendance)
dont l’organisation spatiale (lieu de conditionnement des produits par rapport au lieu de la
commercialisation) est mêlée inconsciemment avec l’objectif économique et l’objectif social.
Le résultat de l’association N° 2 : l’action de cette association n’a pas d’objectif de
production d’un quelconque produit, c’est un service qu’elle présente sans contrepartie
c’est un service de santé mais, il est vite dissout dans le vaste contexte social (entraide).
La pérennité d’une telle action dépendra tout de même de l’économique c’est à dire de
ressources matérielles que l’association N°2 procurera d’une autre manière que l’association
N°1 où les termes achat et vente n’apparaîtront pas et seront remplacés par des dons ou des
subventions.
A ce stade l’impact peut paraitre purement social, cependant si on pousse l’analyse plus loin,
on se rend compte que le social est mélangé à l’économique car si cette action gratuite auprès
de malades n’existait pas, il y aurait nécessairement une opération économique pour payer
les traitements médicamenteux et les services du médecin.
On se rendra compte plus loin que les donateurs chercheront aussi à avoir une contrepartie à
caractère psychologique, philanthropique ou encore politique d’où l’enchevêtrement du
social, de l’économique, du psychologique…
On pourra constater chez les usagers notamment l’apparition d’une perception de cet espace
comme étant un espace paramédical qui leur procure plus de satisfaction et une certaine prise
en charge gratuite (psychologie spatiale) différente de celle d’un établissement médical.
Le résultat de l’association N°3 : c’est une action de type socio- éducatif ou socio-
cognitif l’objectif et le mode opératoire est le même que celui de l’action N°2 (entraide
sociale visant à porter assistance) mais dont l’objectif concerne une autre tranche sociale c’est
des enfants ayant des difficultés d’intégration et d’apprentissage qui s’avère une action plus
fine et très contemporaine.

Le fait de créer un centre dédié à l’assistance des enfants autistes touche dans une large
mesure les parents de ces derniers ; ainsi donc et outre l’impact social ; la dimension psycho-

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spatiale est aussi présente, notamment par l’existence d’un espace désormais spécialisé dans
l’accompagnement des enfants autistes.

Cependant, l’aspect économique est occulté par la forte présence du social et du


psychologique mais demeure présent à travers l’origine de la prise en charge matérielle
nécessaire au fonctionnement de cette action sociale.
En définitive revenons au bâtiment qui héberge ces différentes associations, et
posons-nous la question sur la nature de l’institution qui l’a construit ? ça peut être
l’Etat, la ville ou une ONG …

Dans chaque cas de figure l’utilité socio-économique et socio psychologique sera invoquée et
mise en évidence soit sous forme de politique de l’Etat, stratégie de la ville, politique urbaine
ou action de bienfaisance…
L’ANALYSE SOCIOLOGIQUE
Une analyse sociologique ne peut pas se faire à partir de points de vue personnels, car il ne
s’agit pas de traiter un sujet et de donner son opinion et où cette opinion n’a qu’une valeur
très relative restreinte au contexte de la discussion, mais plutôt de faire une analyse dans le
cadre d’une science sociale ayant ses propres fondements, ses propres théories et ses outils
d’analyse.

Cet état de fait nous pousse alors à nous orienter dans ce sens en vue de se faire une idée
aussi claire que possible sur les différentes approches théoriques afin de nous permettre de
replacer l’étude d’un tel ou tel phénomène dans son contexte scientifique pour ensuite
procéder à son analyse sociologique.

Pour ce faire, nous allons, dans un premier temps, nous intéresser à deux grandes théories
de la sociologie en l’occurrence celle d’Emile DURKHEIM et Max WEBER qui sont considérés
comme les grands fondateurs de la sociologie.
→ Emile DURKHEIM 1858-1917 : ce sociologue français considère que les éléments de la
compréhension des faits sociaux sont à chercher dans la société elle-même et non pas dans
les comportements individuels de chaque individu, et de ce fait l’individu subit l’influence de
la société et il est déterminé par elle d’où la notion de « déterminisme ».
« Les causes déterminantes d’un fait social doivent être cherchées parmi les faits sociaux et
non pas être comprises dans la conscience individuelle » E. Durkheim.

Toutefois les déterminants des faits sociaux sont eux même multiples dont les plus importants
sont : les groupes sociaux, les pratiques sociales et les représentations collectives

▪ Les groupes sociaux : un groupe social peut se définir comme un ensemble d’individus
ayant des caractéristiques communes ou/et des objectifs communs tout en
développant une certaine conscience de faire partie de ce groupe ; et dont l’effet de
cette appartenance se manifeste par les rencontres, les rassemblements qui peuvent
être réels ou virtuels. Ex : milieu social, âge, sexe…

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Cependant il faut toujours distinguer les groupes sociaux qui tissent une relation
sociale entre ses individus des autres groupes ou groupements (agrégat) qui se
trouvent groupés par une circonstance passagère telle qu’une file d’attente pour payer
une facture ou prendre un ticket du cinéma…
On peut distinguer dans les différents groupes sociaux selon la nature des relations et
le type de lien au moins deux catégories à savoir les groupes primaires, et les groupes
secondaires.
o Les groupes primaires : ils sont généralement de petite taille et sont
caractérisés par une relation étroite et directe souvent imprégnée
d’affection et c’est le cas notamment de la famille, de l’amitié ou
encore du voisinage.
o Les groupes secondaires : là ce sont des relations sociales qui ne sont
pas aussi étroites et moins proches telles que les relations qui
peuvent exister au sein du travail dont l’objectif est l’échange vertical
ou horizontal ou alors dans une corporation de métiers traitant de
problèmes ou d’objets commun etc.

Les groupes sociaux présentent plusieurs caractéristiques que l’on peut résumer dans le cadre
d’un tableau englobant certains groupes sociaux et certaines caractéristiques comme suit :
ROLE HIERARCHIE DEGRE DE COHESION
La socialisation des
LA FAMILLE individus (affection Très faible Très fort
éducation)
La socialisation des
LE TRAVAIL individus (travailler Faible Assez Fort
pour vivre)
Socialisation des
L’ENTREPRISE individus (salaire Très forte Faible
contre travail)
Socialisation des
L’ECOLE individus (éducation Forte Assez faible
savoir)

Par ailleurs, il y a lieu de bien faire la distinction entre « catégorie sociale » et « groupe social »,
en effet et comme nous l’avons déjà précisé précédemment, le groupe social est un ensemble
d’individus ayant des caractéristiques communes, une conscience d’appartenir au groupe et
des interactions plus ou moins étroites entre les individus du groupe. Alors qu’une catégorie
sociale est une sorte de groupement qui peut avoir plusieurs caractéristiques en commun tel
que l’âge par exemple, sans pour autant, qu’il y ait de conscience d’identification entre les
éléments de ce groupement ni d’interactions directes pour défendre un quelconque intérêt
commun.
▪ Les pratiques sociales : en sociologie, on désigne par pratique sociale la manière de
faire ou de pratiquer une action tel que le travail, l’acquisition du savoir, le
développement personnel, l’exercice du sport, l’engagement pour la défense d’une
cause, l’exécution d’un contrat etc. Toutefois la sociologie ne se contente pas de faire

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une description des différentes pratiques sociales mais va bien au-delà en


conceptualisant le terme selon les différentes approches théoriques afin de donner un
sens sociologique à ce phénomène.
La vie sociale regorge de pratiques sociales : la consommation, la négociation
commerciale, la pratique de la politique, la pratique de la religion, la pratique de
l’éducation, la pratique de l’apprentissage …
Dans ce contexte et afin de donner un exemple de sens sociologique, prenons le cas
de la consommation et posons-nous la question de la pratique de la consommation :
la consommation est un acte quotidien pratiqué par toutes les sociétés mais la manière
de consommer suscite une multitude de questions : les catégories de produits de
consommation ? (Alimentaire, électroménager, culturel, cosmétique et esthétique,
sport…), la société de consommation en relation avec le développement durable, le
recyclage ? le comportement d’un groupe social ou catégorie sociale par rapport à
cette question ?...
▪ Les représentations collectives :

Les représentations collectives s’inscrivent dans la même lignée de pensée du sociologue


Emile DURKHEIM qui qualifie ces représentations collectives comme étant des perceptions
(des choses) bien distinctes des perceptions individuelles voire supérieures à ces
dernières ; et qu’en fin de parcours c’est ce qui permet et nourrit la vie en commun.

Cependant ce fondement de la pensée en sociologie a été repris par un spécialiste


contemporain de la psychologie sociale Serge MOSCOVICI (1925-2014) et en a élaboré
toute une théorie à savoir la représentation sociale.

Ainsi donc « la représentation sociale » est définie par le toupictionnaire : « Les


représentations sociales s'avèrent être des phénomènes complexes très présents dans la
vie sociale. Elles sont constituées de différents éléments qui ont longtemps été
appréhendés séparément : attitudes, opinions, croyances, valeurs, idéologies, etc. La
représentation qu'a un groupe social d'un objet s'appuie sur un ensemble d'informations,
d'opinions, de croyances, d'interprétations idéologiques, etc. relatives à cet objet. Elle
permet notamment au groupe social de comprendre et d'expliquer la réalité, de définir
son identité sociale, d'orienter son action en fonction du contexte et de justifier a posteriori
ses choix ou attitudes. »
→ Jusqu’ici, nous avons développé l’approche analytique de Durkheim considérant
l’explication des phénomènes sociaux à partir des causes déterminantes au sein des faits
sociaux eux-mêmes et non pas chez les individus qui subissent ces déterminants.
Cependant, un autre courant qui se trouve presque à l’opposé de cette approche prônant une
démarche explicative des phénomènes sociaux basée sur l’individu a été développée
chronologiquement par plusieurs sociologues.
Toutefois, et afin d’éviter toute controverse des différentes approches d’analyse, nous
considèrerons les approches compréhensive et individualiste développées par Max weber
d’abord (sociologie compréhensive) et Raymond Boudon ensuite (individualisme

Introduction à la sociologie et psychologie de l’espace (ENA/O) élaboré par N. ABDELJALIL


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méthodologique) comme étant parallèles et complémentaires à celles présentées


précédemment.

La sociologie compréhensive part du principe que la compréhension d’un phénomène en


sociologie passe nécessairement par l’analyse des actions individuelles qui le composent,
autrement dit, cette approche met le sociologue à la place des acteurs qui l’intéressent, afin
de comprendre le sens des différentes actions individuelles. Ainsi pour Weber la sociologie est
basée sur l’action sociale et que cette dernière n’est autre que l’ensemble des
comportements individuels ayant des sens respectifs pour les autres membres de la société
(autrui).

L’action sociale peut alors avoir plusieurs origines ou déterminants, ils sont classés par Weber
en quatre catégories de la manière suivante :

▪ L’action traditionnelle : c’est une action rattachée généralement aux habitudes, aux
us, aux rituels, au culte…
▪ L’action affectuelle : c’est à dire tout ce qui se rapporte à l’affect, à l’émotion, aux
sentiments…
▪ L’action relative aux valeurs : tout ce qui se rapporte à la vertu, à l’honnêteté à
l’appréciation, au rehaussement des qualités humaines, au mérite, au courage…
▪ L’action rationnelle : elle part du principe que tout individu est rationnel c’est-à-dire il
sait mesurer le pour et le contre dans une situation donnée et en déduire la meilleure
action cette dernière repose alors sur un calcul logique qui se manifeste notamment
dans le calcul économique.

Par ailleurs, et dans le même ordre d’idée, Raymond Boudon qui est un sociologue français
contemporain (né en 1934) voit que pour parvenir à l’explication d’un phénomène social il est
nécessaire de reconstruire toutes les motivations des individus et en faire des agrégats ou des
sommes ce qui débouche dans cette théorie à « l’individualisme méthodologique ». Cette
théorie a pour objet de mettre en relief les causes individuelles qui expliquent les phénomènes
sociaux. C’est une sorte d’interactions entre les différentes actions des individus.

Ces deux approches sont donc plutôt complémentaires que contradictoires comme le souligne
d’ailleurs Jean Louis Loubet Del Bay dans son ouvrage : Initiations aux méthodes des sciences
sociales « En fait, ces deux positions sont plus complémentaires que contradictoires et Georges
Gurvitch (1894-1965) n’avait peut-être pas tort de ranger ce débat parmi "les faux problèmes
de la sociologie du XIXe siècle". Il s’agit plutôt en effet de deux approches différentes d’une
même réalité, qui est à la fois faite de collectivités structurées et organisées et de relations
interindividuelles, l’importance relative de ces deux aspects variant suivant les phénomènes
étudiés. C’est ce que soulignait d’ailleurs la classification proposée par Georges Gurvitch, qui
distinguait dans la diversité de la réalité sociale trois niveaux : le plan macrosociologique des
sociétés globales, qui comprend les ensembles sociaux assez complets pour suffire à tous les
besoins de leurs membres, tels, par exemple, une nation ou une civilisation ; le plan des
groupements partiels qui entrent dans la composition des sociétés globales, comme la famille,
les groupes de parenté, les associations volontaires, les classes sociales, etc. ; le plan
microsociologique des différents modes de liaison sociale - que Gurvitch appelait aussi les

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"formes de sociabilité" - c’est-à-dire les divers types de rapports sociaux qui s’établissent entre
les membres d’une collectivité et les "différentes manières dont ces membres sont liés au tout
social et par le tout social »
Les principaux niveaux d’analyse en sociologie

L’analyse sociologique peut être classée en deux niveaux à savoir le niveau macrosociologique
et le niveau microsociologique :

• La microsociologie : elle est définie comme étant la branche de la sociologie qui étudie
les relations sociales d’ordre élémentaire c’est à dire l’étude des différentes formes de
liaisons et de relations internes qui existent entre les petits groupes sociaux tels que la
famille, un groupe d’amis, ou alors des sous-groupes sociaux tels qu’un groupe de
jeunes, un groupe de détenus, un groupe de malades, un groupe de voyageurs… Et par
extension le concept s’est développé pour englober d’autres sphères on parle alors de
l’analyse de relations sociales entre individus ou groupes d’individus comme :
l’isolement, la subordination, le contact, l’opposition l’intégration, la différentiation
sociale telles qu’elles sont interprétées par Georg Simmel (philosophe et sociologue
allemand 19è et début 20° siècles.). Elle se caractérise par l’utilisation de l’observation
plus que les analyses statistiques.
• La macro sociologie : c’est alors le niveau d’analyse supérieur de la sociologie,
supérieur par le volume ou le format du domaine d’analyse qui peut concerner
l’ensemble d’une société, une ville… et par extension il englobe l’étude et l’analyse des
institutions sociales, ainsi que les structures et système sociaux dans leurs globalité et
en faisant émerger des grands phénomènes vécus par les sociétés à travers le passé ;
le présent et le futur : l’industrialisation , l’immigration, la technologie, les nouveaux
concepts socio-économiques : développement durable etc.
Cependant, il ne s’agit pas de faire un clivage entre micro et macro car les définitions ci-dessus
ont été données afin de jalonner les différentes classes d’analyse sans, pour autant, les
cloisonner ainsi donc l’analyse sociologique reste caractérisée par l’interpénétration de ces
deux niveaux d’analyse.

Pour plus d’explication et en vue de se familiariser avec ces deux niveaux d’analyse
sociologique nous examinerons ensemble la synthèse d’un débat sur les aspects macro et
micro en sociologie animé par le sociologue Mohamed Cherkaoui à travers le lien ci-après :

Les outils d’analyse en sociologie


Dans chaque science et pour chaque démarche scientifique, il existe des outils de travail à
l’aide desquels on réalise, on interprète ou on explique une vérité portant sur tel ou tel objet
et qui peut être en sociologie → un fait social ou un phénomène.
En recherche scientifique, rappelons-nous on cherche une vérité, cette dernière, on va la
trouver en appliquant une certaine démarche et une fois démontrée et expliquée elle va faire
partie des théories et lois scientifiques pour être à son tour utilisée et faire avancer ainsi la
recherche.

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Quelles sont les types de vérités à chercher et à démontrer ? il existe en gros deux types de
vérités :

• Montrer l’existence d’un phénomène comme par exemple : l’existence d’un trou dans
la couche d’ozone (science de la nature) ou alors expliquer le phénomène : la réussite
scolaire des filles par rapport aux garçons… (sociologie).
• Montrer la présence d’une relation causale entre deux phénomènes comme par ex :
le développement du couvert végétal en rapport avec le volume des précipitations
(science de la nature) ou alors expliquer la réussite des enfants en rapport avec le
niveau socio-économique des parents (sociologie)

Lorsqu’on prouve une vérité d’une manière ou d’une autre, elle est alors scientifiquement
admise et constitue par là même une vérité supplémentaire qui viendrait en cumul des autres
vérités pour constituer ainsi une théorie scientifique.
Cependant, toute vérité doit être approuvée, ce qui correspondrait dans notre cas en
sociologie à deux types de preuves :

• Prouver la vérité d’un phénomène ou d’un fait social en utilisant la force de


l’argumentation, des justifications et du syllogisme, en d’autres termes montrer la
véracité de l’explication par divers raisonnements logiques, acceptables et
admissibles. Ex : monter les causes d’un résultat électoral …
• Prouver la vérité par l’expérience notamment lorsqu’il s’agit de montrer une liaison de
causalité entre deux phénomènes et ce ne faisant varier l’une ou l’autre des variables
et conclure que le résultat suit le sens de la variation dans le cadre du lien de causalité.

Toutefois, il faut toujours avoir à l’esprit qu’en, sciences humaines en général et en sociologie
en particulier, la vérité même si elle est démontrée et scientifiquement admise, reste tout de
même imprégnée par une certaine relativité. Cet état de fait est d’autant plus expliqué par
la complexité des phénomènes que par l’observation elle-même.
Les méthodes : Lorsqu’on cherche à comprendre ou à expliquer un phénomène en sociologie,
on a besoin de méthodes qui vont cadrer notre travail en vue d’atteindre l’objectif escompté
(but de la recherche). Ces méthodes seront à même de fixer des hypothèses afin de limiter ou
d’éliminer toute recherche hasardeuse.

A cet effet, et en vue de garder le plus de clarté possible, et abstraction faite du schéma cité
précédemment (décrivant les phases), nous considérerons que la méthode en sociologie
comprend deux grandes phases à savoir :

• L’observation : elle consiste donc à observer le phénomène à comprendre ou à


expliquer en recueillant toutes les informations nécessaires aussi bien par les
documents disponibles traitant de la chose, que par les entretiens (qualitatifs et
quantitatifs) à effectuer sur le terrain. Il est toutefois important de signaler que dans
cette phase, l’observation peut être elle-même biaisée : l’interlocuteur ou l’interviewé
peut changer d’opinion ou de comportement au moment même du déroulement du
recueil de l’information. Par contre l’observation dans les sciences de la nature n’agit

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pas sur l’objet observé (neutralité totale). Comment corriger ou prendre en


considération ce paramètre ?
• L’explication : elle consiste à mettre de l’ordre et de la cohérence dans l’ensemble des
éléments observés pour les rendre susceptibles à expliquer le phénomène observé.

Il importe de souligner qu’à l’intérieur de ces deux phases, on utilise toute une panoplie
d’outils : enquête, questionnaire, entretiens (directif, semi directif), analyse de discours,
sondage… l’utilisation de ces outils est valable aussi bien pour traiter les aspects qualitatifs
que quantitatifs.

Il est indéniable que mener une enquête sociologique est un exercice très délicat, d’abord
parce qu’elle constitue une opération couteuse et ensuite parce qu’il s’agit de faire des
sondages et questionner les gens soit dans leurs lieu de travail, en pleine rue, dans les lieux
d’apprentissage, dans les lieux de soin, …. Et aussi sur leurs quotidiens, leurs points de vue par
rapport à un fait, sur leur présents leurs pratiques, leurs passés voire leurs secrets…

Il faut donc s’attendre à se retrouver avec une grande masse d’informations parfois biaisée et
incohérente qu’il faut interpréter et corriger selon des procédés scientifiques et statistiques.

A ce propos je vous conseille le manuel de monsieur M. RAVELET (doc PDF) qui est un manuel
très riche en matière de techniques d’enquêtes sociologiques, et qui explique par ailleurs les
différentes méthodes en sociologie illustrées par des exemples en plus d’une large liste de
références en la matière diffusée en annexe.
Les pages à consulter en priorité : 12-13-15-16 25-26-28-29-30-31 et 32.

http://ins.tn/sites/default/files/pdf_actualites/ravelet-techniques-enquetes-
sociologiques.pdf

LES ELEMENTS D’ANALYSE DE LA PSYCHOLOGIE DE L’ESPACE


Nous avons auparavant défini les éléments globaux de la psychologie de l’espace en faisant
notamment un rapport entre la psychologie en tant que science à travers laquelle nous
comprenons et expliquons le comportement de l’individu guidé par son cognitif d’une part, et
son interaction avec son environnement, en l’occurrence l’espace dans lequel il vit, d’autre
part.

Toutefois, force est de constater qu’il s’agit là de l’espace dans sa globalité (espace et sous
espaces). Ex :

• Espace public : rue, place publique, jardin, espace commercial…


• Espace intermédiaire : lieu de travail, bureau, salle de réunion, cage d’escalier d’un
immeuble, lieux semi-publics…
• Espace privé : maison, chambre, salon, cuisine…

Cette première hiérarchisation de l’espace sera de nature à nous simplifier la compréhension


des différentes perceptions psychologiques de l’espace.

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Pour ce faire, essayons de délimiter l’espace au sens psychologique, et nous allons nous rendre
compte que cette délimitation est tout simplement impossible, en raison de l’infinité de
l’espace psychologique et ce malgré l’existence d’un espace réel et physique commun à tout
le monde, mais où tout individu admet sa perception propre pour chaque type d’espace et
sous espace :

Individu 1 Perception i 1
Espace public
Individu 2 Perception i 2
Groupe d’individus 1
Espace réel Espace intermédiaire
Perception Gi1
Groupe d’individus 2 Espace privé Perception Gi 2

« L’espace n’est pas un concept extérieur au cerveau de l’homme, il est perçu et il est vécu. »
A. BERTHOZ
Face à cette diversité des perceptions à tout ce qui se rapporte à la psychologie de l’espace,
et en vue de focaliser l’analyse sur l’essentiel, et en partant de l’espace réel comme référence,
nous nous proposons d’examiner les axes suivants :

L’espace dans sa dimension topologique :

C’est le premier aspect de l’espace réel qui introduit l’ordre, l’orientation la localisation, le
gabarit, le volume, les objets…
Ainsi donc l’espace topologique qui doit être compris au sens général du terme et non pas au
sens mathématique stricte est un concept commun aux différents individus pour se repérer,
créer des contours spatiaux, instaurer des mesures décrire : avant, après, à côté un peu à
droite, un peu à gauche en haut en bas etc. (ex : manière d’indiquer un chemin à quelqu’un.)
Toutefois, ces repères quoiqu’ils soient physiques ou réels, n’ont pas nécessairement la même
signification pour tous les individus car chaque observateur en associe son système cognitif
personnel.
Cet état de fait va alors induire plusieurs types d’espaces différents ou du moins nuancés que
l’on peut regrouper en deux grandes catégories :

• La perception de l’espace observé : c’est la description de la perception à travers les


sens visuels : olfactif, auditif etc. qui peut être assez rapprochée chez les différents
observateurs.
• La représentation de l’espace : c’est plutôt une vision imaginaire consciente de
l’observateur où le cognitif et l’émotionnel prennent une grande place.
A ce stade, nous pouvons déjà déduire que la relation qui existe entre l ‘espace physique- réel
et l’individu est une relation imprégnée par les caractéristiques propres à chaque individu.
Toutefois, il faut noter que cette relation est elle-même liée, d’une manière indéfectible, au

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contexte social, culturel, religieux, politique… (le contexte socio-spatial) dans lequel vit
l’individu.

L’espace dans sa dimension sociale :

L’espace ou l’environnement dans lequel on vit peut-être perçu comme étant le support dans
lequel se déroulent et se manifestent les phénomènes sociaux ainsi que les relations et
interactions entre les individus et groupes d’individus. Cet espace fédérateur peut être aussi
défini comme tout ce qui est extérieur à l’individu et à son corps ; A cet effet, nait alors une
sorte de distinction entre cet espace extérieur et l’espace intérieur :

(Illustration pratique selon les différents niveaux de l’espace en séance du cours.).

• Le concept de la proxémie : voir document, travail collégial sur le document.


• Relation et interaction avec l’espace primaire ou privé (maison, chambre personnelle.)
• Relation et interaction avec l’espace public et semi public.
L’espace dans sa dimension urbanistique et architecturale :

De prime abord, il faut souligner que les professionnels de l’espace (architectes, urbanistes,
géographes…) sont tenus d’intégrer la question de la psychologie de l’espace comme élément
important pour comprendre les attentes des différents usagers ainsi que le stress urbain et le
bien être (dans leur dimension humaine) qui peut être généré par les aménagements urbains,
les formes architecturales et toutes les formes de pollution (phoniques, thermiques,
environnementales…).

« En effet pour l’architecte, son activité est de créer le creux, pour contenir, il lui donnera une
forme concrète pour offrir un lieu de séjour et une relative liberté de mouvement dont l’homme
a besoin » (P. Von Meiss, 1985).

« L’espace n’est donc pas un milieu objectif, mais une réalité psychologique vivante. Il ne
s’impose pas à nous comme une contrainte absolue, il peut et doit être modelé au gré de notre
personnalité » (G. Mesmin, 1973).
Cependant, l’individu ou le groupe d’individus interagissent avec ces espaces à deux niveaux
au moins :

• Au niveau de la perception : la sensation par rapport à l’image que reflète cet espace
auprès de l’individu : représentation, satisfaction, acceptation, rejet …
• Au niveau de l’action : manifestation du désir de s’approprier l’espace ou au contraire
de le modifier ou de l’altérer en agissant effectivement.

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LES TRAVAUX DIRIGES ET ETUDE DE CAS :

Il est indéniable que l’explication des phénomènes sociaux relevant aussi bien de la sociologie,
de la psychologie sociale ou de la psychologie de l’espace ne saurait être complète sans ses
deux volets qualitatif et quantitatif. A cet effet, le côté quantitatif nécessite un certain
apprentissage quant à la lecture et l’interprétation des chiffres.
Eu égard à cela, des travaux dirigés et études de cas seront prévus au fur et à mesure du
déroulement du cours et à chaque fois que la nécessité d’illustration s’impose (expliquer un
concept, démonter un phénomène …).

Les TD porteront notamment sur les chiffres concernant la société marocaine, ainsi, il sera
programmé au moins deux TD pour se familiariser avec la lecture et l’interprétation des
chiffres au sujet des indicateurs sociaux au Maroc sur la base d’un document officiel édité par
le haut-commissariat au plan (Edition 2020) mis auparavant à la disposition des étudiants.

Les thèmes concerneront notamment : la Démographie, l’Activité, l’Emploi, le Chômage,


l’Alphabétisation et éducation, la Santé, Habitat et conditions d’habitation, le Degré de
Cohabitation, la Croissance, les Revenus et niveaux de vie des ménages, les Loisirs, la Culture
et le Divertissement.

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