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MICHEL CROZIER ET L’ANALYSE STRATÉGIQUE

1-Présentation de l’Analyse Stratégique


2-Fondements théoriques de l’A.S (les inventeurs
3-Les postulats de base de l’A.S
4- Les concepts de l’A.S
Présentation de l’Analyse Stratégique
-L’analyse stratégique s’inscrit d’abord comme une réponse contre les insuffisances des théories de
l’organisation qui ont dominé la pensée sociologique au début du XXème siècle, en l’occurrence la théorie
taylorienne, l’école des relations humaines et la théorie des besoins.
-L’A.S est une approche particulière
-Elle adopte une approche inverse de celle des théories d’organisations classiques;
-Dans les théories classiques l’organisation forme et conditionne les individus (c’est l’approche holiste).
- Ces théories longtemps dominantes considèrent l’organisation comme une sorte de « production de
société ».
- L’organisation est le fruit de contraintes humaines, sociales, techniques, technologiques.
- En d’autres termes, on ne part de l’organisation, on revient vers elle :
- L’AS a pour unité d’analyser l’acteur qui est dans le système.
-Cet acteur est un individu rationnel mais sa rationalité est limitée car il ne maitrise pas totalement
l’environnement.
- C’est pourquoi, l’AS considère l’organisation comme un système dans lequel les acteurs adoptent des
stratégies.
- Autrement dit, ils ne sont pas totalement contraints ils détiennent une marge de manœuvre (liberté) ;
-c'est-à-dire, dans les organisations chaque acteur peut détenir un pouvoir sur son vis-à-vis.
- L’A.S propose une nouvelle approche:
- Les individus dans une organisation se créent et exploitent des espaces de libertés, en cherchant à
augmenter leur marge de manœuvre pour exploiter les espaces de liberté qui sont créés;
-Dans cette approche on part donc du comportement de l’individu.
- Ce qui fait que l’A.S a comme objet l’étude du comportement de l’acteur dans le système.
-Elle est une théorie sociologique qui permet d’analyser et de comprendre les problèmes rencontrés
par les organisations.
-Grâce à cette compréhension, il est possible d’anticiper les événements.
-Il s’agit précisément de:
-Comprendre ce qui va poser problème;
-Comprendre les attitudes d’opposition ou de résistance,
-Prévoir les actions d’information ou de négociation à mener.
DEFINITION DE L’AS
-À la tête du mouvement, deux sociologues : Michel Crozier et Erhard Friedberg
Ouvrages de référence :
-Michel CROZIER, Le Phénomène bureaucratique, Le Seuil, Paris, 1963.
-Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG, L’Acteur et le système, Le seuil, 1977.
- Erhard FRIEDBERG, Le Pouvoir et la Règle, 1993.
LES POSTULATS DE BASE DE L’A.S
- Deux (2) grands postulats structurent l’analyse stratégique :
- 1. L’organisation est une construction sociale, c’est-à-dire elle résulte des actions de tous les individus ;
-2. Ces individus utilisent l’espace de jeu entre les contraintes et c’est cette zone d’incertitude qui est le
point le clé ;
- En effet, L’organisation impose des contraintes, mais ce qui est intéressant, ce ne sont pas les contraintes,
c’est justement la zone d’incertitude entre ces contraintes sur laquelle on va se concentrer.
- Le raisonnement consiste à traiter la problématique des organisations comme une contrainte dictée par
des contraintes économiques, sociales, humaines.
- Ce qui veut dire l’organisation n’est pas un phénomène naturel.
- Michel CROZIER et Ehrard FRIEDBERG, dans L’Acteur et le système, sont les premiers à proposer
d’étudier l’organisation comme PHÉNOMÈNE AUTONOME.
- L’organisation est un « phénomène totalement autonome et artificiel, dont il faut expliquer l’existence
comme un construit contingent » L’Acteur et le système, le Seuil, 1977, p. 84.
- Elle est une construction sociale, un CONSTRUIT SOCIAL qui a ses propres règles de fonctionnement.
- Une organisation, est toujours un construit social, qui existe et se transforme seulement si d’une part elle
peut s’appuyer sur des jeux permettant d’intégrer les stratégies de ses participants et si d’autre part elle
assure à ceux-ci leur autonomie d’agents libres et coopératifs.
- L’organisation doit être pensée de l’intérieur comme un champ de coopération et d’interdépendance entre
des acteurs qui ont des intérêts même contradictoires, c’est-à-dire un ensemble de "jeux "(page 20).
-Avec Michel CROZIER, l’A.S comprend 2 axes majeurs: une étude générale des organisations, une
critique libérale de la bureaucratie, (Pour CROZIER le sociologue n’est pas seulement un chercheur son
rôle est de diagnostiquer les rapports de pouvoir dans les organisations d’où la méthode de
l’interventionnisme sociologique).
-Il développe ainsi le cercle vicieux de la débureaucratie.
LES NOTIONS CLÉS DE L’ANALYSE STRATÉGIQUE
-Crozier et Friedberg rénovent la sociologie des organisations autour de concepts forts :
- Pouvoir »;
- « Zones d’incertitude »;
- « Système d’action concret »;
- « Stratégie et système ».
-Pouvoir
L’une des définitions classiques de la notion de pouvoir a été donnée par Weber dans
Économie et société (1922) :
« le pouvoir de A sur B est la capacité de A d’obtenir que B fasse quelque chose qu’il n’aurait pas
fait sans l’intervention ».
Pouvoir ≠ puissance
On voit ici que les comportements sont interprétés en termes de relation de pouvoir entre chefs et
subordonnés.
Exemple : le pouvoir du roi vient de ce qu’il une relation asymétrique particulière avec ses sujets
(droit de grâce…)
-Pour Crozier, cette définition pose problème : le pouvoir, ce n’est pas qu’une relation
déséquilibrée, c’est aussi une « relation négociée ».
- La seule position hiérarchique ne suffit pas. Le pouvoir est une notion relationnelle et non pas
attributive pour Crozier.
- Cela ne veut dire que B subit automatiquement les ordres de A ; B a une marge de manœuvre et il accepte
la soumission parce qu’il obtient lui aussi quelque chose en échange.
- En fait, A n’obtient pas ce qu’il veut simplement parce qu’il est supérieur : les dominés doivent accepter
la domination en échange d’un gain ; B accepte la relation de subordination avec A.
Par conséquent, Crozier réactualise la définition de pouvoir, il en propose une version nouvelle : le pouvoir
de A sur B est la capacité de A d’obtenir que, dans sa relation avec B, les termes de l’échange lui soit
favorable : le pouvoir n’est plus un attribut mais une relation négociée.
Les zones d’incertitude
-Dans chaque organisation, il existe des zones mal définies, où il y a un déficit en termes de règles, de
communication.
- Par exemple, la Seita, il n’y avait pas de normes pour le temps de réparation des petites pannées,
accidentelles.
- Les ouvriers d’entretien se sont appropriés en conséquence cette zone de non définition.
- Crozier appelle ces espaces les zones d’incertitude.
- La maîtrise de ces zones d’incertitude est importante parce qu’elle confère du pouvoir informel : celui qui
maîtrise une zone devient autonome.
- il y a une marge de liberté supplémentaire, et une nouvelle ressource:
La capacité à cacher son jeu : cas des ouvriers d’entretien qui s’arrangent pour être les seuls experts.
- l’incertitude externe ou interne aux entreprise ne sont pas que des contraintes – discours classique ; c’est
une ressource pour certains acteurs.
LE CONCEPT DE STRATÉGIE ET D’ENJEU
- Les individus sont des stratèges : ils ont toujours une marge de manœuvre (grâce aux zones d’incertitude).
- Pour atteindre leurs objectifs ils développent des « stratégies » dans le cadre de relations asymétriques :
les acteurs n’ont pas les mêmes ressources formelles et informelles parce que l’organisation ne distribue
pas ces ressources de façon égalitaire.
- L’un des enjeux est le contrôle des zones d’incertitude qui sont source de pouvoir. Les enjeux de la lutte
ne sont donc pas qu’économiques ou psychologique.
LE SYSTÈME D’ACTION CONCRET
-Cette notion est centrale à l’analyse stratégique.
- Cela vient du fait que l’on définit l’organisation comme un construit humain.
- L’organisation n’est pas une structure technique, technologiques, dans laquelle évolue des individus :
c’est un ensemble composé de stratégies particulières qui structurent des relations régulières ou
changeantes.
- L’organisation n’est pas naturelle, elle ne réagit pas comme un corps humain car les ajustements sont
construits.
- Les individus sont des « acteurs » plus ou moins libres, dont les interactions stratégiques créent un «
système ».
- L’entreprise est donc le produit d’un « système d’action » entre des acteurs.
- Ce système d’action est concret : ce n’est pas celui qui se décrète formellement dans les règles, c’est celui
que les acteurs produisent en fonction des règles.

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