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COURS D’INTRODUCTION

A L’ETUDE DE DROIT

Enseignante: Pr. Samia LOUADI

Semestre d’appartenance du module : 3ème semestre de la licence en sciences


économiques et gestion

Année universitaire : 2020/2021

1
Pour les non juristes, le droit est la peur du gendarme et le recours
au juge. Cette idée n’est pas totalement fausse parce que le gendarme
constate et prépare la sanction d’une règle de droit pénal violée. Toutefois,
on ne pourra réduire le droit à la répression. Le phénomène juridique est
beaucoup plus large. Par exemple, pour prouver la propriété d’un bien ou
pour créer une société, on n’a pas besoin des règles de droit pénal mais
plutôt d’autres branches de droit touchant le domaine civil ou encore
commercial. Quant au recours au juge, il est vrai que l’idée la plus
courante quand un individu entre en litige avec quelqu’un c’est d’avoir
recours à un juge étatique devant un tribunal qui va prononcer un
jugement. Toutefois, ce que la plupart des non juristes ne savent pas c’est
qu’il existe des modes de justice alternatifs à la justice étatique dans le
cadre d’une justice privée. L’on peut parler dans ce cadre de l’arbitrage ou
encore d’un autre mode transactionnel entre les parties connu sous le nom
de la médiation conventionnelle.

Dans ce cadre, il est important de définir la notion de « Droit » qui


peut-être défini selon deux acceptions : le droit objectif et le droit subjectif.
Le droit objectif constitue un ensemble de règles de conduite
destinées à organiser la vie en société, et qui ont vocation à s'appliquer à
toutes les personnes qui forment le corps social. Il est imposé par l’autorité
publique, pour régir l’organisation même de la société et la situation qui
est fait, dans cette société aux individus. Ces règles qui sont formulées de
manière générale et impersonnelle, concernent chacun et ne désignent
personne en particulier.

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Le droit subjectif peut être défini quant à lui par l’ensemble des
prérogatives reconnues aux sujets de droit par le droit objectif (c’est-à-dire
par les règles de droit) et sanctionnées par lui. Ils peuvent être classés entre
droits patrimoniaux et droits extrapatrimoniaux.
La nuance entre ces deux conceptions est plus marquée en langue
arabe et en langue anglaise utilisant deux notions différentes à savoir ‫القانون‬
et Law pour le droit objectif ainsi que ‫ الحق‬et Rights pour le droit subjectif.
" Quand au « droit positif » par opposition au « droit naturel » il est
défini comme l’ensemble des règles en vigueur dans un État à un moment
déterminé.

Notons que d’autres règles de conduite tendent au même but. Ce


sont la morale ou encore la religion. Mais si le droit s'en rapproche et s'en
inspire, poursuivant un idéal de ce qui est bien et juste, il s'en distingue
aussi dans ses modalités d'élaboration et surtout dans les sanctions qu'il
prévoit.

* Les rapports entre le Droit et la Morale

La Morale constitue les règles de conduite relatives au bien et au


mal, de devoirs, de valeurs répondant à un idéal de perfection individuel
élevé qu'une société se donne et qui s'imposent autant à la conscience
individuelle qu'à la conscience collective.
Notons que les finalités du Droit et de la Morale tendent à s’opposer.
La règle morale se préoccupe des devoirs de l'homme à l'égard des autres
hommes et de lui-même et a pour but le perfectionnement de la personne
et l'épanouissement de la conscience tandis que le Droit consiste à

3
préserver un ordre social satisfaisant englobant certaines règles de
morales.
Le droit prévoit des règles qui sont inspirées de la morale comme
l’enrichissement sans cause qui oblige celui qui s’enrichit injustement ou
sans raison à restituer à autrui le montant de son enrichissement. Enfin, la
nature des sanctions de la règle de droit et de la règle morale n'est pas la
même. Alors que le Droit comporte des sanctions concrètes, prévisibles et
organisées par l’Etat, la morale n’est sanctionnée que par la conscience ou
la pression sociale.

* Les rapports entre le Droit et la Religion


La différence entre le Droit et la religion, tient essentiellement à la
finalité de chacune: tandis que la règle religieuse organise principalement
les relations entre l'Homme avec Dieu, la règle de droit se préoccupe
d’assurer l'ordre social dans ce monde.
Il est à noter que la règle religieuse peut se confondre avec la règle
de droit dans le cas de l’absence de laïcité comme les législations
européennes du moment qu’elles ont les mêmes commandements et
caractères. Dans ce cadre, l’on sait que le droit marocain est inspiré dans
plusieurs textes comme le Dahir des obligations et contrats ou encore le
droit de la famille qui est largement par la tradition malékite.
L’on peut dire que la finalité du droit n’est pas celle de la morale ni
celle de la religion, chose qui n’empêche pas que le droit puisse reprendre
des principes de la morale ou de la religion.

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PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF : La règle de droit
CHAPITRE 1- LES CARACTERES DE LA REGLE DE DROIT
Section I : La règle de droit est générale, impersonnelle et permanente
Section II : La règle de droit est obligatoire et sanctionnée
§ 1- Règle obligatoire

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a- Lois impératives
b- Lois supplétives
§2- Règle sanctionnée
a- Sanctions civiles
b- Sanctions pénales
CHAPITRE 2 –Les sources de la règle de droit
SECTION 1- LES SOURCES PRINCIPALES
§ 1- La constitution
§2- Les traités
§ 2- La loi
a- Définition de la loi
b- La force obligatoire de la loi
c- L’application de la loi
§ 3- Les règlements
§ 4- La coutume
SECTION 2- LES SOURCES AUXILIAIRES
§1- La jurisprudence
§ 2- La doctrine
CHAPITRE 3- LES DISCIPLINES JURIDIQUES
SECTION 1 : DISTICNTION ENTRE DROIT PUBLIC ET DROIT PRIVE
SECTION 2- LES BRANCHES DU DROIT PRIVE
§ 1- Le droit civil
§2- Le droit commercial
§ 3- Le droit social
§ 4- La procédure civile
§ 5- Le droit pénal

6
§ 6- Le droit international privé
SECTION 2- LES BRANCHES DU DROIT PUBLIC
§ 1- Le droit constitutionnel
§ 2- Le droit administratif
§ 3- Le droit des finances publiques
§ 4- Le droit fiscal
§ 5- Le droit international public

DEUXIEME PARTIE LES DROITS SUBJECTIFS


CHAPITRE 1 : LES SUJETS DES DROITS SUBJECTIFS
SECTION 1- LA PERSONNE PHYSIQUE
§1- L'acquisition de la personnalité juridique
§2- L'identification de la personne physique
§3- Le régime de la capacité juridique
SECTION 2- LA PERSONNE MORALE
§1- Les grandes distinctions entre les sociétés
§2- L'acquisition de la personnalité morale et ses effets
CHAPITRE 2- LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS
SECTION 1- LES ACTES JURIDIQUES
§1- L’acte unilatéral et la convention
§2- Les actes a titre gratuit et les actes a titre onéreux
§3- Les actes sous seing prive et les actes authentiques
SECTION 2 - LES FAITS JURIDIQUES
§1- Les faits volontaires
§2- Les faits involontaires
CHAPITRE 3 - LA CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS

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SECTION 1- LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX
§1- Les catégories des droits extrapatrimoniaux
§2- Le régime des droits extrapatrimoniaux
SECTION 2- LES DROITS PATRIMONIAUX
§1- Les catégories de choses
§2- Les droits portant sur les choses

TROISIEME PARTIE : LE SYSTEME JUDICIAIRE MARCAIN


CHAPITRE 1- LES JURIDICTION DE DROIT COMMUN
SECTION 1- LES JURIDICTIONS DE PROXIMITE
§1- Organisation
§2- Attributions
SECTION 2 -LE TRIBUNAL DE PREMIERE INSTANCE
§1- Organisation
§2- Attributions
SECTION 3- LA COUR D’APPEL
§1- Organisation
§2- Attributions
SECTION 4- LA COUR de cassation
§1- Organisation
§2- Attributions
CHAPITRE 2 - LES JURIDICTIONS DE COMMERCE
SECTION 1- ORGANISATION DES TRIBUNAUX DE COMMERCE
SECTION 2- ATTRIBUTIONS DES TRIBUNAUX DE COMMERCE
CHAPITRE 3- LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES

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PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF : LA REGLE DE DROIT
A ce niveau, vu que le droit objectif constitue un ensemble de règles
de conduite, il est important de définir la règle de droit et ses caractères

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(Chapitre 1), les sources de la règle de droit (Chapitre 2) ainsi que les
disciplines juridiques (Chapitre 3).

CHAPITRE 1- LES CARACTERES DE LA REGLE DE DROIT


Section I : La règle de droit est générale et permanente
§ 1- Le caractère général
La règle de droit est générale car elle s’applique à un nombre
indéterminé de personnes sans les viser nommément. Ainsi, ceci est une
manifestation de l’égalité de tous devant la loi. Dans ce cadre l’article 6 de
la constitution1 précise que « … l’expression suprême de la volonté de la nation.
Tous, personnes physiques ou morales, y compris les pouvoirs publics, sont égaux
devant elle et tenus de s’y soumettre ».

§ 2- Le caractère impersonnel

La règle de droit est impersonnelle car elle s'applique sans


distinction de personne à quiconque se trouve placé dans la même
situation (ex. : règles permettant de déterminer l'existence juridique d'une
personne).

§ 3- Le caractère permanent

1
Dahir n° 1-11-91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet 2011) portant promulgation du texte de la Constitution, Bulletin
officiel n° 5964 bis du 28 chaabane 1432 (30/07/2011).

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La règle de droit est permanente car elle s'applique de manière
continue tant qu'elle n'a pas été supprimée et remplacée par une autre
règle de droit.

Section II : La règle de droit est obligatoire et sanctionnée


La règle de droit est obligatoire car tous ceux qui sont soumis à la
règle de droit qui régit leur situation ne peuvent y échapper et, s'ils tentent
de le faire en la violant, ils seront sanctionnés soit par une sanction civile
(ex.: condamnation à réparer le préjudice causé par un versement de
dommages et intérêts), soit par une sanction pénale (peine privative de
liberté et/ou amende ...), soit par les deux.

§ 1- Règle obligatoire
a- Les lois impératives :
Une loi est dite impérative lorsque tout individu auquel elle
s'applique est obligé de s'y soumettre sans pouvoir opter pour une autre
règle.

Également appelée loi d’ordre public, la majorité des règles de droit


pénal et de droit public constitue des règles impérative.

Certaines règles de droit civil sont également impératives: c’est le cas


des empêchements perpétuels du mariage comme par exemple
l’interdiction d’épouser sa mère, sa tante ou sa sœur).

b- Les lois supplétives :


Une loi est dite supplétive lorsqu'elle s'applique en l'absence de toute
autre volonté de l'individu.

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Egalement appelées, loi interprétative, la loi supplétive laisse donc
aux personnes la possibilité d'effectuer un autre choix (pourvu que ce
choix soit lui-même conforme au droit en vigueur: respect de l'ordre
public et des bonnes mœurs ...) et, en l'absence de choix de leur part, on
leur applique une solution que la loi prévoit.

Exemple: la matière contractuelle

§2- Règle sanctionnée


a- Les sanctions civiles
L’on s’attachera à étudier dans le cadre des sanctions civiles, la
nullité, les dommages-intérêts ainsi que la contrainte.

1- La nullité

Lorsque l’une des conditions de validité du contrat prévue par


l’article 2 du Dahir des obligations et contrats (D.O.C.)2 fait défaut, le
contrat est annulable. La nullité du contrat s’exerce en principe contre le
contrat tout entier et le fait disparaître rétroactivement, mais il existe
plusieurs sortes de nullités.

La nullité absolue peut être invoquée par toute personne justifiant


d'un intérêt : les contractants eux-mêmes, leurs héritiers, leurs ayants
causes à titre particulier, leurs créanciers chirographaires, mais non pas
n’importe quel tiers.

Il est à noter que l’action en nullité relative ne peut être exercée que
par la partie que la règle violée entend protégée) (Art. 313 du D.O.C.),
(l’incapable s’il s’agit d’une nullité pour incapacité, la victime d’un vice

2
Dahir (9 ramadan 1331) formant Code des obligations et des contrats (B.O. 12 septembre. 1913)

12
du consentement s’il s’agit d’une nullité pour vice du consentement, le
contractant lésé si la rescision se fonde sur la lésion, le malade et les
personnes assimilés si la rescision est demandé en vertu de l’article 54 du
D.O.C).

2- Les dommages-intérêts

Les dommages-intérêts constituent la compensation financière à


laquelle peut prétendre une personne qui a subi un préjudice moral ou
une atteinte dans son patrimoine ou les deux la fois.

Il est à noter que l’inexécution de l’obligation par un débiteur dans une


obligation implique le recours à l’exécution par équivalent à savoir la
condamnation à des dommages -intérêts ordonnée par le juge

Les dommages-intérêts constituent une somme d’argent versée au


créancier pour compenser son le préjudice subi par l’inexécution de
l’obligation. Aussi, les dommages et intérêts compensatoires sont versés à
la suite de l’inexécution de l’obligation afin de réparer le préjudice subi
par le créancier.

Les dommages et intérêts moratoires sont consistent en la réparation


du préjudice causé par le simple fait du retard dans l’exécution.

3- Les sanctions civiles destinées à la contrainte.

Notons que la contrainte peut être directe ou indirect.

Elle est directe dans certaines sanctions civiles exercent une


contrainte directe sur la personne elle-même. Exemple : la personne qui

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occupe un local sans pouvoir justifier d’un contrat écrit ou verbal de
location risque de faire l’objet d’une mesure d’expulsion.

Elle est indirecte quand la sanction s’exerce non contre la personne


elle-même mais contre ses biens. Exemple : si un débiteur refuse de payer
ses dettes, il sera possible à la suite d’un jugement de condamnation de
procéder à la saisie de ses biens et de les vendre aux enchères publiques.

b- Les sanctions pénales


1- Les peines et les mesures de suretés

La peine constitue une sanction punitive, qualifiée comme telle par


le législateur, infligée par une juridiction répressive à l’auteur d’une
infraction.

L’objectif poursuivi par la sanction étant d’assurer la protection de


la société, de prévenir la commission de nouvelles infractions et de
restaurer l’équilibre social, dans le respect de l’intérêt des victimes.

On distingue, selon leur gravité et en fonction de la classification


tripartite des infractions dans le cadre des peines principales les peines
criminelles, les peines délictuelles et les peines contraventionnelles.

Il existe également des peines accessoires comme l'interdiction légale , la


dégradation civique

La mesure de sûreté est une sanction pénale de nature préventive


décidée par un juge lorsqu'une personne présente un caractère dangereux.
L’on retrouve deux types de mesures de suretés : les mesures de suretés
personnelles et réelles. Les mesures de sûretés personnelles visent la
protection de la société par la neutralisation de la personne présentant un
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caractère dangereux. Il s’agit de la relégation, l'obligation de résider dans
un lieu déterminé, l'interdiction de séjour. Par ailleurs, les mesures de
suretés réelles visent exercer un contrôle sur une personne en se voyant
infliger des mesures comme la confiscation des objets ayant un rapport
avec l'infraction ou des objets nuisibles ou dangereux même s’ils
appartiennent à un tiers ou dont la possession est illicite ou la fermeture
de l'établissement qui a servi à commettre une infraction.

2- Les différentes sanctions en fonction de la classification des


infractions
- Sanctions pénales pour
crime
Les crimes constituent des infractions sanctionnées par une peine
criminelle comme la mort, la réclusion perpétuelle, la réclusion à temps
pour une durée de cinq à trente ans, la résidence forcée, ou la dégradation
civique.
- Sanctions pénales pour délit
Le délit est une infraction dont l’auteur est puni de peines
correctionnelles.
- DELITS CORRECTIONNELS
Le délit correctionnel est une infraction que la loi punit d'une peine
d'emprisonnement ‫ الحبس‬dont elle fixe le maximum à plus de deux ans est
un délit correctionnel.

- DELITS DE POLICE

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Le délit de police est une infraction que la loi punit d'une peine
d'emprisonnement dont elle fixe le maximum à deux ans ou moins de
deux ans, ou d'une amende de plus de 200 dirhams.
- Sanctions pénales pour
contravention

La contravention constitue l’infraction la moins grave après les crimes


et les délits, sanctionnée de peines contraventionnelles à savoir une peine
de détention de moins d’un mois ou une amende de 30 dirhams à 1.200
dirhams.

CHAPITRE 2 –LES SOURCES DE LA REGLE DE DROIT


SECTION 1- LES SOURCES PRINCIPALES
§ 1- La constitution
La constitution est l’acte juridique suprême de l’État consignant les
règles constitutionnelles au sens matériel. Elle détermine les compétences
des différents organes de l’Etat, ainsi que ses principes juridiques
politiques et économiques.
§2- Les traités
La convention de Vienne de 1969 définit le traité dans son article 2
comme étant « un accord international conclu par écrit entre Etats et régi par le
droit international ».

§ 2- La loi
a- Définition de la loi
Le mot loi est un terme générique « au sens strict (parfois dit « formel »),
règle de droit écrite, générale et permanente, adoptée par le Parlement selon la

16
procédure législative et dans le domaine de compétence établis par la Constitution
»3.
La loi constitue l’œuvre du pouvoir législatif qui est le Parlement,
composé au Maroc de la chambre des représentants et de la chambre des
conseillers. Ce pouvoir peut être délégué au pouvoir exécutif aux termes
de l’article 70 de la Constitution marocaine par une loi d'habilitation qui
peut autoriser le gouvernement, pendant un délai limité et en vue d'un
objectif déterminé, à prendre par décret des mesures qui sont
normalement du domaine de la loi4 ainsi qu’à travers des décrets- lois5.

b- L’application de la loi
1. Entrée en vigueur de la loi
L’entrée en vigueur de la loi suppose que soient remplies deux
formalités : la promulgation ainsi que la publication de la loi.
- La promulgation

C'est l'acte par lequel le ROI atteste l'existence de la loi et en ordonne


la publication et l'exécution. L’article 50, alinéa 1er de la constitution
dispose que « Le Roi promulgue les lois dans un délai d’un mois qui suivent
la transmission au Gouvernement de la loi définitivement adoptée »

Il est à noter que la constitutionnalité d'une loi peut être contrôlée


par un organe spécial, la cour constitutionnelle (art.133 de la constitution)

3 Serge Guinchard et Thierry Debard, Lexique des termes juridiques, 25ème éd., 2017/2018, Dalloz, Paris, p. 1150.
4
Ces décrets doivent être soumis, au terme du délai fixé par la loi d'habilitation, à la ratification du Parlement.
(Art. 70 de la Constitution marocaine).
5
Le gouvernement peut prendre, dans l'intervalle des sessions, avec l'accord des commissions concernées des deux
Chambres, il s’agit des décrets-lois qui doivent être, au cours de la session ordinaire suivante du Parlement, soumis
à ratification de celui-ci (Art. 81 de la Constitution).

17
Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l'article
133 est abrogée à compter de la date fixée par la Cour dans sa décision.

Les décisions de la Cour Constitutionnelle ne sont susceptibles


d'aucun recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les
autorités administratives et juridictionnelles (Art. 134 de la constitution).

- La publication

C'est l'insertion de la loi ou du règlement dans le bulletin officiel


marocain afin de la porter à la connaissance du public. Au Maroc, la
procédure de publication de la loi est précisée dans l’article 50, alinéa 2 de
la constitution.

En vertu de l'adage selon lequel « nul n'est censé ignorer la loi »,


celle-ci s'applique alors en principe un jour franc après que le numéro du
bulletin officiel qui la contient est parvenu au chef-lieu d'arrondissement,
et ce, sauf dispositions particulières (délais plus longs pour l'étranger,
spécification d'une date précise par le texte de loi lui-même ...).

2. Cessation des effets de la loi

Une loi cesse ses effets soit par abrogation expresse (une loi nouvelle
abroge expressément une loi ancienne), soit par abrogation tacite (une
disposition d'une loi nouvelle est manifestement incompatible avec une
loi ancienne et l'emporte de facto pour l'avenir sur cette dernière).

Il y a aussi l’abrogation par désuétude, il s’agit d’une loi qui a cessé


de s’appliquer ou qui n’est plus respectée par les particuliers. Le droit

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marocain interdit purement et simplement le procédé de l’abrogation par
désuétude.

3. Domaine d'application de la loi dans l'espace

A ce niveau, il s’agit de déterminer jusqu'où s'étend


géographiquement l'application d'une loi donnée, pour résoudre ainsi les
conflits de lois dans l'espace.

- Principe de la territorialité de la loi

La loi marocaine s'applique sur tout le territoire marocain (aux


marocains, comme aux étrangers) s'il s'agit d'une loi de police ou de
sûreté.

-Principe de la personnalité de la loi

La loi marocaine s’applique à tous les marocains même à l’étranger,


si elle concerne leur état civil, leur capacité juridique, leur statut personnel
(Art. 3 du Dahir sur la condition des étrangers au Maroc6.

4. Domaine d'application de la loi dans le temps

Il convient de définir dans le temps le champ d'application d'une loi


donnée afin de résoudre les éventuels conflits entre une loi nouvelle et une
loi ancienne.

- Principe: la non- rétroactivité des lois

L’article 6 de la constitution dispose que « la loi ne peut avoir d’effet


rétroactif ». Une loi nouvelle a, en principe, dès sa publication, un effet

6
Dahir (9 ramadan 1331) sur la condition civile des Français et des étrangers dans le Protectorat français du Maroc
(B.O. 12 septembre 1913).

19
immédiat et ne s'applique que pour l'avenir. La loi nouvelle régit donc
toutes les situations nées à dater de son entrée en vigueur mais elle ne
s'applique pas à des situations nées avant.

- Principe de l’effet immédiat des lois

Le principe de l'effet immédiat des lois nouvelles implique qu'une


loi nouvelle s'applique sans restriction dès le moment où elle entre en
vigueur.
Si la loi nouvelle n’est pas destinée à régir le passé, elle doit
s’appliquer immédiatement, en se substituant à la loi ancienne qui n’a plus
raison d’être. Il est à noter que deux idées expliquent cette situation : d’une
part, la loi nouvelle est présumée meilleure que la loi ancienne, sinon il
n’y aurait pas eu réforme, d’autre part, il faut assurer l’unité du droit, en
évitant de faire coexister la loi ancienne et la loi nouvelle.

Le principe de l’effet immédiat n’est pas toujours absolu. Dans


certains cas, il faut accepter de maintenir en vigueur la loi ancienne

Exceptions :

La loi nouvelle a un effet immédiat et rétroactif lorsqu'il s'agit d'une:

– Loi pénale plus douce aux termes de l’article 6 du code pénal


(ex. : qui allège les peines prévues jusque-là pour une infraction donnée);

– Loi de compétence et de procédure (qui détermine les


modalités de saisine des juridictions ...) ;

– Loi interprétative (qui clarifie une loi antérieure) ;

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– Loi expressément rétroactive (la loi nouvelle dispose, par
exemple, qu'elle a vocation à s'appliquer à toutes les situations en cours
de jugement et pourtant nées six mois avant son entrée en vigueur).

– En pareils cas, les dispositions de la loi nouvelle ont une


implication non seulement sur les situations nées à dater de son entrée en
vigueur mais aussi sur les situations pendantes (non définitivement
jugées) nées antérieurement à son entrée en vigueur.

La loi nouvelle n’a pas d’effet rétroactif mais elle n’a pas davantage
d’effet immédiat :

Ceci vise les contrats en cours d'exécution car leurs effets continuent
à être régis par la loi ancienne sous l'empire de laquelle ils ont été conclus:
bien que les effets d'un contrat en cours d'exécution perdurent après
l'entrée en vigueur d'une loi nouvelle, celle-ci n'aura sur ce contrat aucune
incidence et la loi nouvelle ne régira que les contrats formés à dater de son
entrée en vigueur.

§ 3- Les règlements
Les règlements sont les actes émanant du pouvoir exécutif dans des
domaines qui lui sont réservés. Toutes les autres matières autres que celles
qui sont du domaine de la loi appartiennent au domaine réglementaire.
(art.72 de la constitution). Les règlements englobent l'ensemble des
décisions du pouvoir exécutif et des autorités administratives.
On distingue :

21
- Les règlements d'application: ce sont des destinées à assurer l'exécution
d'une loi (ex. : Décrets précisant le montant du salaire minimum que loi
oblige à verser à un salarié) ;

- Les règlements autonomes: ils sont pris par les autorités administratives
compétentes dans les matières autres que celles réservées à la loi (décrets
ministériels ou arrêtés ministériels, arrêtés préfectoraux, arrêtés
municipaux).

Bien entendu, les règlements, doivent respecter les sources du


droit « supérieures» (Constitution, traités, lois).

§ 4- La coutume
C'est un usage suivi de façon générale et prolongée qui finit par
avoir un caractère obligatoire selon l'opinion commune. La règle
coutumière, qui est en principe une règle de droit non écrite, résulte donc
de deux éléments: une pratique répétée dans le temps et la croyance que
cette pratique est obligatoire

SECTION 2- LES SOURCES AUXILIAIRES


§1- La jurisprudence
La jurisprudence désignant l'ensemble des décisions rendues par les juges
a pour rôle de combler les lacunes de la loi de remédier aux imperfections
de celle-ci à travers un rôle créateur de droit. Il s'agit donc de décisions
précédemment rendues, qui illustrent comment un problème juridique a
été résolu.

22
§ 2- La doctrine
Elle constitue une source auxiliaire de la règle de droit en donnant
une analyse méthodique de la matière aussi rationnelle que possible.
La critique du droit et la suggestion des réformes visant à l’améliorer.
Elle ne constitue pas une source ayant une valeur obligatoire mais
une simple autorité se faisant respecter par les tribunaux et entendu
également par le législateur en raison de la pertinence de ses
raisonnements et la qualité de ses suggestions7.

CHAPITRE 3- LES DISCIPLINES JURIDIQUES


SECTION 1 : DISTICNTION ENTRE DROIT PUBLIC ET DROIT
PRIVE
Le droit privé constitue l’ensemble des règles de droit qui sont
applicables dans les rapports des particuliers encore appelés personnes
privées, ce qui correspond non seulement aux individus, mais également
aux personnes dites morales
Par ailleurs, le droit public est l’ensemble des règles de droit qui non
seulement organisent les pouvoirs publics mais également applicables aux
rapports entre les pouvoirs publics et les personnes privées

SECTION 2- LES BRANCHES DU DROIT PRIVE


§ 1- Le droit civil
C'est l'ensemble des règles juridiques régissant les rapports des
particuliers entre eux sur le plan individuel, familial et pécuniaire

7
Yves Guyon, Droit des affaires, 12ème éd., Economica, Paris, 2003, p. 23.

23
(filiation, mariage, divorce, biens, succession, contrats, responsabilité
civile ... ).
Le droit civil est la branche dite de « droit commun» car elle
s'applique, en outre, à toutes matières en l'absence d'autres dispositions
spécifiques.
Le Dahir des obligations et contrats constitue une œuvre original qui
s’est inspiré de trois sources:
- Le droit musulman comme source légère du D.O.C. par référence au
« fikh » notamment l’école « malékite ».
- Le Droit français (code civil de 1804 ) : source directe et principale
du DOC marocain.
§ Autres sources d’inspirations du DOC: Code civil allemand et le
Code civil suisse

§2- Le droit commercial


Le droit commercial est la partie du droit privé encadrant les opérations
juridiques faites par les commerçants, soit entre eux soit avec leurs clients.

Ces opérations de production et de circulation des richesses se rapportent


à l’exercice du commerce, et sont dites pour cette raison actes de
commerce.

§ 3- Le droit social
C'est l'ensemble des règles juridiques régissant les relations de travail
existant entre employeurs et salariés, sur le plan individuel (embauche,
rémunération, formation, congés payés, licenciements individuels...) et
sur le plan collectif (conventions collectives, représentation du personnel,
licenciements collectifs ... ).
24
§ 4- La procédure civile
La procédure civile est l'ensemble des règles relatives à
l'organisation d'une action en justice devant une juridiction civile. Elle
s'entend aussi de toutes les démarches à entreprendre pour saisir une
juridiction civile.

§ 5- Le droit pénal
Le droit pénal peut être défini comme l'ensemble des règles ayant
pour objet de déterminer les actes antisociaux les qualifiant d’infractions
(‫ )الجرائم‬, de désigner les personnes pouvant être déclarées responsables et
de fixer les peines )‫ )العقوبات‬qui leur sont applicables.

§ 6- Le droit international privé


Le droit international privé peut donc être défini par l’ensemble de
règles régissant les relations juridiques (mariage mixtes, contrats
internationaux,….) relevant un élément d’extranéité entre personnes
privées (individus, sociétés commerciales,…).

SECTION 2- LES BRANCHES DU DROIT PUBLIC


§ 1- Le droit constitutionnel
Le droit constitutionnel est un ensemble de règles juridique relatives
à l’organisation et au fonctionnement de l’Etat et de l’ensemble des
institutions publiques à caractère politique, il est situé au sommet des
sources de droit. Il forme également les règles relatives à la participation
des citoyens à l’exercice de ces pouvoirs

25
Les règles fondamentales de ce droit sont en général contenues dans
un document spécial : la Constitution.

§ 2- Le droit administratif
C'est l'ensemble des règles juridiques réglementant l'organisation de
l'Administration, des collectivités territoriales (communes, provinces,
préfectures et régions ...), des services publics (ONE, ONEP. ) et leurs
rapports avec les particuliers.

§ 3- Le droit fiscal
C'est l'ensemble des règles juridiques qui déterminent les sortes et
modalités d'impositions (types de prélèvements, assiettes, taux ...).
Le droit public n'a pas seulement un rayonnement national...

§ 4- Le droit international public


C'est l'ensemble des règles juridiques qui régissent les relations entre
États (définition d'espaces territoriaux ...).

DEUXIEME PARTIE LES DROITS SUBJECTIFS


L’on s’attachera à étudier dans le cadre des droits subjectifs, les
sujets des droits subjectifs (Chapitre 1), Les sources des droits subjectifs
(Chapitre 2) ainsi que la classification des droits subjectifs (Chapitre 3).
CHAPITRE 1 : LES SUJETS DES DROITS SUBJECTIFS
SECTION 1- LA PERSONNE PHYSIQUE
§1- L'acquisition de la personnalité juridique
Les personnes physiques constituent les principaux sujets des droits
subjectifs. Elles jouissent de la personnalité juridique. Notons que la

26
personne physique acquiert la personnalité juridique dès la naissance et la
perd à la mort. Ainsi, la personnalité en soit veut dire l'aptitude à être
titulaire de droits et d’obligations et de pouvoir en jouir librement.
§2- L'identification de la personne physique
- Le nom de famille
Toute personne doit avoir un nom de famille qu'elle choisi lors de la
première
inscription à l'état civil. L’état civil est régi par la loi n°37-998. Il est à noter
aux termes de l’article 20 de cette loi le choix du nom de famille ne doit
pas être différent de celui du père ni porter atteinte aux bonnes mœurs ou
à l'ordre public ni être un nom ridicule, un prénom on un nom étranger
ne présentant pas un caractère marocain, un nom d'une ville, de village ou
de tribu, ni un nom composé sauf s'il s'agit d'un nom composé déjà porté
notoirement par la famille paternelle de l'intéressé. Aussi, si le nom de
famille choisi est un nom de chérif, il en sera justifié par une attestation du
Naquib des chorfas correspondant ou, à défaut de Naquib, par un acte
adoulaire (Lafif).
- Le prénom
Le prénom choisi par la personne faisant la déclaration de naissance
en vue de l'inscription sur les registres de l'état civil doit présenter un
caractère marocain et ne doit être ni un nom de famille ni un nom composé
de plus de deux prénoms, ni un nom de ville, de village ou de tribu,
comme il ne doit pas être de nature à porter atteinte aux bonnes mœurs
ou à l'ordre public.

8
Dahir n° 1-02-239 du 25 rejeb 1423 portant promulgation de la loi n° 37-99 relative à l'état civil (B O du 7
novembre 2002).

27
- Le domicile
Le domicile représente le lieu où elle a son habitation habituelle et le
centre de ses affaires et de ses intérêts. Il est important de distinguer le
domicile réel, légal et élu.
Le domicile réel de toute personne physique et au lieu où elle a sa
résidence
et le centre de ses affaires et de ses intérêts. Le code de procédure civile
marocain précise que « la résidence est le lieu où la personne se trouve
effectivement à un
moment déterminé ».
Le domicile légal qui est celui assigné d’office par la loi, pour
certaines personnes : ainsi, Le domicile légal d'un incapable est au lieu du
domicile de son tuteur ou encore le fonctionnaire public est assigné au lieu
où il exerce ses fonctions.
Le domicile élu représente le Lieu, autre que le domicile réel, choisi
par les parties à un acte juridique pour l’exécution de cet acte.
- La nationalité
La nationalité constitue le lien de droit rattachant un individu à un
Etat. La nationalité marocaine est encadrée au Maroc par le code de la
nationalité9 traitant l’acquisition et l’attribution de la nationalité ou encore
la perte de la nationalité.
§3- Le régime de la capacité juridique
La capacité consiste en l’aptitude à acquérir et à exercer un droit. En
droit marocain, l’âge de la majorité légale est fixé à 18 années grégoriennes

9
Dahir du 6 septembre 1958 portant code de la nationalité marocaine tel qu'il a été modifié et complété par le dahir
du 23 mars 2007.

28
révolues aux termes de l’article 209 du code de la famille. L’article 206 du
même code précise qu’il existe deux sortes de capacité: la capacité de
jouissance et de capacité d’exercice. L’article 207 du même code définit
la capacité de jouissance comme étant la faculté qu’a la personne
d’acquérir des droits et d’assumer des devoirs tels que fixés par la loi.
Cette capacité est attachée à la personne durant toute sa vie et ne peut lui
être enlevée. Quant à la définition de la capacité d’exercice, l’article 208 du
même code la définit comme étant la faculté qu’a une personne d’exercer
ses droits personnels et patrimoniaux et qui rend ses actes valides. La loi
fixe les conditions d’acquisition de la capacité d’exercice et les motifs
déterminant la limitation de cette capacité ou sa perte.

SECTION 2- LA PERSONNE MORALE


La personnalité morale constitue « une fiction juridique en vertu de
laquelle un groupement, ici une société, est considéré comme un sujet distinct de
la personne des membres qui la composent»10. Il existe plusieurs types de
personnes morales comme les groupements de biens. L’on retrouve dans
cette catégorie les fondations religieuses (Habous ou Wakf), les fondations
laïques comme la Fondation Mohammed V pour la solidarité ou encore
la Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de
l’Education Formation. Aussi, il y a les groupements de personnes comme
les personnes morales de droit public à savoir l’Etat, les collectivités
territoriales, les offices et établissements publics. Dans les groupements de
personnes, l’on retrouve les personnes morales de droit privé comme les
personnes morales à but lucratifs c’est le cas les sociétés et celles à but

10
S. CHATILLON, op. cit., p. 66.

29
désintéressé (les associations, les coopératives, les mutuelles, les syndicats
professionnel etc).
Dans ce cadre, notons que ans tous les systèmes juridiques, la
personnalité morale résulte de l’accomplissement de la formalité de
l’immatriculation au Registre de commerce tel qu’il est nommé au
Maroc11. Il est à noter qu’en droit marocain, les sociétés civiles et les
sociétés commerciales ont la personnalité morale. A ce titre, il faut dire
que les sociétés en participation régies par la loi 5-96 ne jouissent pas de la
personnalité morale (article 88 de la loi 5-96)12.

CHAPITRE 2- LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS


SECTION 1- LES ACTES JURIDIQUES
§1- L’acte unilatéral et la convention
Les actes juridiques constituent des manifestations de volonté
accomplies en vue de produire des effets de droit (ex: contrat ou
testament).
L’acte juridique unilatéral est aussi une variété d’acte juridique.
Comme le contrat, il fait intervenir la volonté. Comme le contrat, il peut
faire naître des obligations à la charge d’un individu et au profit d’un
autre, mais aussi les modifier, les transférer (les legs contenu dans un
testament) ou les éteindre (actes abdicatifs comme, par exemple, la
renonciation à un droit). par exemple : Les effets de commerce à savoir les

11
Article 7 de la loi sur la S.A. et l’article 2 de la loi sur les autres types des sociétés.
L’article 88 de la loi n°5-96 sur la Société en nom collectif, la Société en commandite simple, la Société en
12

commandite par actions, la Société à responsabilité limitée et la société en participation dispose que « La société
en participation n’existe que dans les rapports entre associés et n’est pas destinée à être connue des tiers.Elle n’a
pas la personnalité morale. Elle n’est soumise ni à l’immatriculation, ni à aucune formalité de publicité et son
existence peut être prouvée par tous les moyens.Elle peut être créé de fait».

30
lettres de change, les billets à ordre faisant naître un droit de paiement de
la somme portée sur l’effet au profit à tout endossataire c’est-à-dire à toute
personne à laquelle il a été transmis. Par conséquent, le débiteur qui paiera
à l’échéance peut être considéré ayant pris un acte unilatéral
§2- Les actes à titre gratuit et les actes à titre onéreux
L’acte à titre onéreux est l’accord par lequel chacune des parties
s’engage à donner ou à faire quelque chose et recevra une contrepartie.
Toutefois, l’acte à titre gratuit est l’accord par lequel seulement une des
parties procure un avantage à l’autre sans contrepartie.

§3- Les actes sous seing privé et les actes authentiques


L'acte authentique est celui qui a été reçu avec les solennités requises
par des officiers publics ayant le droit d'instrumenter dans le lieu où l'acte
a été rédigé. Les décisions de justice rendues par les tribunaux marocains
et étrangers constituent également des actes authentiques.
Les actes sous seing privé constituent des actes juridiques rédigés par les
parties à l'acte ou par un tiers dès lors que celui-ci n'agit pas en tant
qu'officier public. Au contraire des actes authentiques les actes sous seing
privé ne sont soumis à aucun formalisme sauf la signature. L'acte sous
seing privé, reconnu par celui auquel on l'oppose, ou légalement tenu
pour reconnu, fait la même foi que l'acte authentique, envers toutes
personnes.
SECTION 2 - LES FAITS JURIDIQUES
Les faits juridiques constituent des événements quelconques
auxquels une règle de droit attache des effets juridiques qui n’ont pas été
spécialement voulus par les intéressés (accident, le décès…). Le délit civil,
le quasi-civil et les quasi-contrats constituent des faits juridiques.

31
Les quasi-contrats constituent des faits licites et volontaires d’où
découlent des obligations soumises à un régime s’appartenant à celui des
contrats à la charge de son auteur et d’un tiers, non lien entre eux par une
convention. Ex : la gestion d’affaires.

Les délits civils quant é eux constituent tout fait illicite de l’homme
engageant sa responsabilité civile en raison du dommage causé à autrui
résultant d’une faute intentionnelle.

Les quasi-délits constituent sont les faits de l’homme illicite mais


commis sans intention de nuire, qui cause un dommage à autrui et oblige
son auteur à le réparer.

CHAPITRE 3 - LA CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS


SECTION 1- LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX

Les droits extra –patrimoniaux ne font pas partie du patrimoine du


sujet auquel ils sont rattachés. Ils n’ont pas de valeur pécuniaire. Ces
droits ne peuvent ni être cédés, ni échangés ni saisis par les créanciers.
L’on peut donner à titre d’exemple, les droits politiques du citoyen comme
la liberté de circuler, la liberté d’association….ou encore les droits
familiaux comme l’obligation alimentaire ou la garde de l’enfant.

SECTION 2- LES DROITS PATRIMONIAUX

Les droits patrimoniaux font partie du patrimoine du sujet de droit


c'est-à-dire qu’ils ont une valeur pécuniaire. C’est le cas du droit de la
propriété ou de créance. Ils sont cessibles, transmissibles aux héritiers,

32
saisissables par les créanciers, et prescriptibles. L’on peut faire entrer dans
ce cadre : la vente, l’hypothèque, l’emprunt …. A ce titre, il est important
de parler des droits réels qui sont divisés en deux catégories : les droits
réels principaux et les droits réels accessoires.
Pour les droits réels principaux, ils concernent le droit de propriété et ses
démembrements: Le droit de propriété, le droit d’usufruit, le droit des
Habous, les droits d’usage et d’habitation, le droit de l’emphytéose, le
droit de superficie, le droit de servitude.
Quant aux droits réels accessoires, ils sont liés à l’existence d’une
créance dont ils garantissent le recouvrement. C’est le cas essentiellement
de l’hypothèque et du gage.
Il est également important de parler des droits personnels ou de
créance dans le cadre des droits patrimoniaux, le droit personnel ou de
créance lie deux personnes. Il peut être défini comme étant le droit
subjectif qu'a une personne, appelée créancier, d'exiger d'une autre
personne, le débiteur, une certaine prestation.
Dans le cadre de l’étude des droits patrimoniaux, il est important de
parler des droits de la propriété intellectuelle qui sont divisés en droits de
propriété industrielle ou commerciale ainsi que les droits de propriété
littéraire et artistique (droits d'auteur).
- Les droits de propriété industrielle ou commerciale qui regroupent d'une
part les droits sur les signes distinctifs (en particulier les marques), d'autre
part les droits sur les créations (brevets d'invention, dessins et modèles…).
- Les droits de propriété littéraire et artistique ou encore les droits d'auteur
sont appliqués également aux logiciels, aux bases de données et aux
oeuvres " numériques " ou " multimédias ".

33
TROISIEME PARTIE : LE SYSTEME JUDICIAIRE MAROCAIN
L’on s’attachera à étudier dans le cadre du système judiciaire
marocain, les juridictions de droit commun (Chapitre 1), Les juridictions
de commerce (Chapitre 2) ainsi que les juridictions administratives
(Chapitre 3).

CHAPITRE 1- LES JURIDICTION DE DROIT COMMUN


SECTION 1- LES JURIDICTIONS DE PROXIMITE
Les juridictions de proximité organisées par de Dahir portant
organisation des juridictions de proximité et fixant leur compétence,
connaissent des affaires ne dépassant pas 5000,00 Dhs sauf en matière de
code de la famille, de code du travail et du droit immobilier et procédures
d’expulsion13. Dans ce cadre, la procédure est orale et gratuite sauf pour
les personnes morales. Quant aux audiences des sections des juridictions
de proximité, elles sont publiques et leurs jugements sont rendus au nom
de Sa Majesté le Roi14 et sont consignés sur un registre spécial et revêtus
de la formule exécutoire. Les jugements doivent être rédigés avant leur
prononcé. Une copie de ces jugements est délivrée aux intéressés, dans un
délai de 10 jours à compter de la date du prononcé15.
De plus, les voies de recours ne sont pas ouvertes contre les
jugements émanant de ces juridictions sauf le recours en annulation.

13
Art. 10 du dahir n° 1-11-151 du 16 ramadan 1432 (17 août 2011) portant promulgation de la loi n° 42-10
portant organisation des juridictions de proximité et fixant leur compétence; Bulletin Officiel n° 5978 du 16
chaoual 1432 (15 septembre 2011), p. 2080. Tel qu’il a été modifié et complété).
14
L’expression « au nom du Roi et en vertu de la loi» a remplacé l’expression « au nom de sa Majesté le Roi »
dans les jugements rendus en vertu de l’article 124 du dahir n° 1-11-91 du 27 chaabane 1432 (29 juillet 2011)
portant promulgation du texte de la Constitution ; Bulletin Officiel n° 5964 bis du 28 chaabane 1432 (30 juillet
2011), p. 1902.
15
Art. 7 de la loi sur les juridictions de proximité.

34
SECTION 2 -LE TRIBUNAL DE PREMIERE INSTANCE
Les tribunaux de première instance connaissent de toutes les affaires
civiles, les affaires de la famille, commerciales, immobilières,
administratives, sociales et pénales, soit en premier et dernier ressort, soit
à charge d'appel.

De plus, toutes les questions relatives au statut personnel, familial


et successoral relèvent de la compétence du tribunal de 1 ère instance que
ces questions mettent en cause des nationaux, musulmans ou israélites ou
étrangers.

En matière pénale, les tribunaux de 1ère instance sont compétents


pour juger les contraventions et les délits. Par contre, les infractions les
plus graves les crimes sont réservées à la compétence d’une juridiction
collégiale : la Cour d’appel.

SECTION 3- LA COUR D’APPEL


La cour d’appel connait aussi bien des appels des jugements des
tribunaux de 1ère Instance que des appels des ordonnances rendues par
leurs présidents.
La cour d’appel, étant un second degré de juridiction, examine une
seconde fois les affaires déjà jugées en premier ressort par les tribunaux
de première instance.
En matière criminelle, la cour d’appel est habilitée à juger en 1er et
dernier ressort les infractions les plus graves : Les crimes.
Le nombre des magistrats est de cinq.

SECTION 4- LA COUR DE CASSATION

35
La Cour de cassation ne constitue pas un troisième degré de
juridiction, elle contrôle la conformité au droit sans réexaminer les faits, et
fixe le sens dans lequel la règle de droit doit être appliquée.

Les principales attributions de la Cour de cassation sont :

– Les recours en annulation pour excès de pouvoirs formés


contre les décisions émanant des autorités administratives

– Les pourvois en cassation formés contre les décisions rendues


en dernier ressort par toutes les juridictions du Royaume

La cour de cassation est donc chargée de contrôler la régularité de


toutes les décisions judiciaires rendues au Maroc, aussi bien par les
juridictions de droit commun que par les tribunaux d’exception.

CHAPITRE 2 - LES JURIDICTIONS DE COMMERCE


SECTION 1- ORGANISATION DES TRIBUNAUX DE COMMERCE
Aux termes de l’article 2 de la loi n°53-95 instituant les tribunaux de
commerce, « Le tribunal de commerce comprend :
— un président, des vice-présidents et des magistrats;
— un ministère public composé du procureur du Roi et de un ou plusieurs
substituts;
— un greffe et un secrétariat du ministère public.
Le tribunal de commerce peut être divisé en chambres suivant la nature des
affaires dont il est saisi. Toutefois, chaque chambre peut instruire les affaires
soumises au tribunal et y statuer.
Le président du tribunal de commerce désigne, sur proposition de l’assemblée
générale, un magistrat chargé du suivi des procédures d’exécution ».

36
SECTION 2- ATTRIBUTIONS DES TRIBUNAUX DE COMMERCE
L’article 5 de la loi n°53-95 instituant les tribunaux de commerce Les
tribunaux de commerce sont compétents pour connaître :

1 — des actions relatives aux contrats commerciaux;


2 — des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités
commerciales;
3 — des actions relatives aux effets de commerce;
4 — des différends entre associés d’une société commerciale;
5 — des différends à raison de fonds de commerce.
Sont exclues de la compétence des tribunaux de commerce les affaires
relatives aux accidents de la circulation.
Le commerçant peut convenir avec le non commerçant d’attribuer compétence au
tribunal de commerce pour connaître des litiges pouvant les opposer à l’occasion
de l’exercice de l’une des activités du commerçant.
Les parties pourront convenir de soumettre les différends ci-dessus énumérés à la
procédure d’arbitrage conformément aux dispositions des articles 306 à 327 du
code de procédure civile16.
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître des
demandes dont le principal excède la valeur de 20.000 dirhams17.
L’article 18 de la loi n°53-95 instituant les tribunaux de commerce
précise que « 15 jours à compter de la notification La cour d'appel de commerce
comprend :
- un premier président, des présidents de chambres et des conseillers.
- un ministère public composé d'un procureur général du Roi et de ses substituts.

16
V. Article 306 du Code de procédure civile qui dispose que « L’arbitrage a pour objet de faire trancher un litige
par un tribunal arbitral qui reçoit des parties la mission de juger en vertu d’une convention d’arbitrage ».
17
Art. 6 de la loi n°53-95 instituant les tribunaux de commerce.

37
- un greffe et un secrétariat du ministère public.
La cour d'appel de commerce peut être divisée en chambres suivant la nature des
affaires dont elle est saisie. Toutefois, chaque chambre peut instruire les affaires
soumises à la cour et y statuer ».
CHAPITRE 3- LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES
Les tribunaux administratifs sont régis par la loi n°41-9018. Les
juridictions administratives comprennent d’une part les tribunaux
administratifs, et d’autre part les cours d’appels administratives.

La loi instituant les tribunaux administratifs dans son article 8


reconnaît aux juridictions administratives de juger en premier ressort les
affaires suivantes :
- Les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les
décisions des autorités administratives.
- Les litiges relatifs aux contrats administratifs.
- Les actions en réparation des dommages causée par les actes ou les
activités des personnes publiques, à l'exclusion toutefois de ceux causés
sur la voie publique par un véhicule quelconque appartenant à une
personne publique.
- Les litiges nés à l'occasion de l'application de la législation et de la
réglementation des pensions et du capital-décès des agents de l'Etat, des
collectivités locales, des établissements publics et du personnel de
l'administration de la Chambre des représentants et de la Chambre des
conseillers, de la législation et de la réglementation en matière électorale ;
- Le contentieux fiscal ;

18
Dahir n° 1-91-225 (22 rebia I 1414) portant promulgation de la loi n° 41-90 instituant des tribunaux
administratifs (B.O. 3 novembre 1993).

38
- Le droit de l'expropriation pour cause d'utilité publique ;
- Les actions contentieuses relatives aux recouvrements des créances du
Trésor,
- Les litiges relatifs à la situation individuelle des fonctionnaires et agents
de l'Etat, des collectivités locales et des établissements publics.

39

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